Corpus Essonnien

Histoire et patrimoine du département de l'Essonne

Outils pour utilisateurs

Outils du site


hn:hn.marquis.1867a

Différences

Ci-dessous, les différences entre deux révisions de la page.

Lien vers cette vue comparative

Les deux révisions précédentesRévision précédente
Prochaine révision
Révision précédente
hn:hn.marquis.1867a [2025/07/06 23:54] bghn:hn.marquis.1867a [2025/07/07 00:19] (Version actuelle) – [2. Philippe-Auguste fait enfermer la reine Ingeburge dans le château d’Étampes — Histoire de cette princesse (1193–1207)] bg
Ligne 21: Ligne 21:
 **1867** |2| **1867** |2|
  
-{{:hn.l.marquis.1867.01.png}} +{{:hn.l.marquis.1867.01.png}} |3|
-|3|+
  
 === NOTICE HISTORIQUE === === NOTICE HISTORIQUE ===
Ligne 29: Ligne 28:
  
 === LE CHÂTEAU FÉODAL D'ÉTAMPES ===  === LE CHÂTEAU FÉODAL D'ÉTAMPES === 
-|4| 
  
-ÉTAMPES — IMPRIMERIE DE AUG. ALLIEN. |5|+ 
 +|4| ÉTAMPES — IMPRIMERIE DE AUG. ALLIEN. |5|
  
 === NOTICE HISTORIQUE === === NOTICE HISTORIQUE ===
Ligne 42: Ligne 41:
  
 PAR   PAR  
 +
 **Léon MARQUIS** **Léon MARQUIS**
  
-*Les ruines fournissent au cœur de majestueux souvenirs,   +//Les ruines fournissent au cœur de majestueux souvenirs,//  
-> et aux arts des compositions touchantes.  +//et aux arts des compositions touchantes.//   
-> — *Chateaubriand*, _Génie du Christianisme_, 3ᵉ partie, livre V, chap. 3.+> — Chateaubriand*, //Génie du Christianisme//, 3ᵉ partie, livre V, chap. 3.
  
 PARIS   PARIS  
Ligne 102: Ligne 102:
 fut bâtie par Robert-le-Pieux, ou au moins considérablement agrandie par ce roi ;   fut bâtie par Robert-le-Pieux, ou au moins considérablement agrandie par ce roi ;  
 l’autre, la plus ancienne, qui |12| la plus ancienne, qui remonte à deux mille ans, nommée par cela même *Estampes-les-Vieilles*,   l’autre, la plus ancienne, qui |12| la plus ancienne, qui remonte à deux mille ans, nommée par cela même *Estampes-les-Vieilles*,  
-comprenait du côté d’Orléans le bourg Saint-Martin (1).+comprenait du côté d’Orléans le bourg Saint-Martin ((Étampes-les-Vieilles était une ville tout à fait distincte d’Étampes-le-Chastel, et ayant comme cette dernière plusieurs églises dans une enceinte fortifiée.)).
  
 Dom Basile Fleureau, dans son *Histoire des Antiquitez de la ville et du duché d’Estampes*,   Dom Basile Fleureau, dans son *Histoire des Antiquitez de la ville et du duché d’Estampes*,  
 dit qu’on n’a pas de preuves suffisantes pour justifier que le roi Robert ait été le fondateur   dit qu’on n’a pas de preuves suffisantes pour justifier que le roi Robert ait été le fondateur  
-d’Estampes-les-Nouvelles ou Estampes-le-Chastel (2).+d’Estampes-les-Nouvelles ou Estampes-le-Chastel ((Basile Fleureau naquit vers 1620. Il entra dans l’ordre des barnabites, et consacra sa vie à l’histoire de sa ville natale. Son œuvre fut publiée en 1683.)).
  
 On voit dans l’*Histoire du Gastinois*, par dom Guillaume Morin, que :   On voit dans l’*Histoire du Gastinois*, par dom Guillaume Morin, que :  
Ligne 112: Ligne 112:
 > y fonda l’église Notre-Dame où il mit un collège de chanoines,   > y fonda l’église Notre-Dame où il mit un collège de chanoines,  
 > et ordonna le comté d’Estampes à son frère naturel Amaury,   > et ordonna le comté d’Estampes à son frère naturel Amaury,  
-> le même qui fit bâtir Montfort-l’Amaury. » (3)+> le même qui fit bâtir Montfort-l’Amaury. » ((Guillaume Morin, //Histoire du Gastinois//, Paris, 1630.))
  
 André Du Chesne ne doute pas non plus que   André Du Chesne ne doute pas non plus que  
-> « le roi Robert n’ait jeté les premiers fondements du chasteau d’Estampes. » (4)+> « le roi Robert n’ait jeté les premiers fondements du chasteau d’Estampes. » ((André Du Chesne, //Antiquitez...//, Paris, 1609.))
  
 Le chroniqueur Helgaud dit que   Le chroniqueur Helgaud dit que  
 > « la reine Constance, seconde femme de Robert-le-Pieux,   > « la reine Constance, seconde femme de Robert-le-Pieux,  
-> avait fait bâtir un beau palais et un oratoire au castel d’Estampes. » (5)+> avait fait bâtir un beau palais et un oratoire au castel d’Estampes. » ((Helgaud, //Vie du roi Robert//, dans le //Recueil des historiens des Gaules et de la France//, t. X. 
 +))
  
-Avant le roi Robert, on ne trouve dans l’histoire aucune trace d’Estampes-le-Chastel.+Avant le roi Robert, on ne trouve dans l’histoire aucune trace d’Estampes-le-Chastel. |13|
  
-(1) Étampes-les-Vieilles était une ville tout à fait distincte d’Étampes-le-Chastel,   +On doit donc conclure que le nom d’Estampes-le-Chastel fut donné à cette partie de la ville à cause de la construction d’une vaste forteresse.
-et ayant comme cette dernière plusieurs églises dans une enceinte fortifiée.   +
-(2) Basile Fleureau naquit vers 1620. Il entra dans l’ordre des barnabites,   +
-et consacra sa vie à l’histoire de sa ville natale. Son œuvre fut publiée en 1683.   +
-(3) Guillaume Morin, *Histoire du Gastinois*, Paris, 1630.   +
-(4) André Du Chesne, *Antiquitez...*, Paris, 1609.   +
-(5) Helgaud, *Vie du roi Robert*, dans le *Recueil des historiens des Gaules et de la France*, t. X. +
- +
-|13| +
- +
-On doit donc conclure que le nom d’Estampes-le-Chastel   +
-fut donné à cette partie de la ville à cause de la construction d’une vaste forteresse.+
  
 Du reste, une tradition locale bien connue attribue la construction du châtel d’Étampes au roi Robert.   Du reste, une tradition locale bien connue attribue la construction du châtel d’Étampes au roi Robert.  
Ligne 142: Ligne 132:
  
 **CASTELLVM STAMPIS**   **CASTELLVM STAMPIS**  
-(c’est-à-dire : *Estampes-le-Chastel*) (1)+(c’est-à-dire : //Estampes-le-Chastel//) ((ramard, //Notice historique sur l’origine de la ville d’Étampes//.))
  
 Il existe plusieurs modèles de ces pièces.   Il existe plusieurs modèles de ces pièces.  
 Voici un dessin que nous extrayons des *Essais historiques sur la ville d’Étampes*,   Voici un dessin que nous extrayons des *Essais historiques sur la ville d’Étampes*,  
-par M. Maxime de Mont-Rond (2) :+par M. Maxime de Mont-Rond ((De Mont-Rond, //Essais historiques//, Étampes, 1836, t. I.)) :
  
 {{:hn.l.marquis.1867.02.png}} {{:hn.l.marquis.1867.02.png}}
Ligne 154: Ligne 144:
 Voici un autre dessin tiré des *Monnaies féodales*, par Faustin Poey d’Avant : Voici un autre dessin tiré des *Monnaies féodales*, par Faustin Poey d’Avant :
  
-{{:hn.l.marquis.1867.03.png}} +{{:hn.l.marquis.1867.03.png}} |14| 
- +Poey d’Avant, que nous devons à l’obligeante communication de MM. Rollin, à Paris ((Faustin Poey d’Avant, //Monnaies féodales//, Paris, 1860, pl. 42, fig. 2.)).
-(1) Dramard, *Notice historique sur l’origine de la ville d’Étampes*.   +
-(2) De Mont-Rond, *Essais historiques*, Étampes, 1836, t. I. +
- +
-|14| +
-Poey d’Avant, que nous devons à l’obligeante communication   +
-de MM. Rollin, à Paris (1).+
  
 {{:hn.l.marquis.1867.04.png}} {{:hn.l.marquis.1867.04.png}}
Ligne 174: Ligne 158:
 Néanmoins, quelques écrivains ont pu fournir récemment de précieux renseignements   Néanmoins, quelques écrivains ont pu fournir récemment de précieux renseignements  
 déduits d’un examen sérieux des ruines du donjon.   déduits d’un examen sérieux des ruines du donjon.  
-Non seulement ils ont assigné une époque à cette construction,   +Non seulement ils ont assigné une époque à cette construction, mais ils ont donné aussi de curieux détails sur ses dispositions intérieures.
-mais ils ont donné aussi de curieux détails sur ses dispositions intérieures.+
  
-Dans sa *Notice sur le donjon d’Étampes*, insérée dans le *Bulletin monumental*,   +Dans sa *Notice sur le donjon d’Étampes*, insérée dans le *Bulletin monumental*, M. Victor Petit en fait remonter l’origine à la fin du XIe siècle, et pour ainsi dire « à la première période du règne de Philippe-Auguste, de 1180 à 1200 » ((//Bulletin monumental//, 1847, t. XI.)).
-M. Victor Petit en fait remonter l’origine à la fin du XIe siècle,   +
-et pour ainsi dire « à la première période du règne de Philippe-Auguste, de 1180 à 1200 » (2).+
  
 D’après M. Viollet-le-Duc,   D’après M. Viollet-le-Duc,  
 > « On ne doit assigner à la construction du donjon d’Étampes une époque antérieure à 1150,   > « On ne doit assigner à la construction du donjon d’Étampes une époque antérieure à 1150,  
-> ni postérieure à 1170. » (3)+> ni postérieure à 1170. » ((Viollet-le-Duc, //Dictionnaire raisonné de l’architecture française//, t. V, art. Donjon.)) |15|
  
-(1) Faustin Poey d’Avant, *Monnaies féodales*, Paris, 1860, pl. 42, fig. 2.   +Tout ceci ne s’applique évidemment qu’au donjon, et ne contredit pas ce que nous avons dit sur l’origine du château.  
-(2) *Bulletin monumental*, 1847, t. XI.   +
-(3) Viollet-le-Duc, *Dictionnaire raisonné de l’architecture française*, t. V, art. Donjon. +
- +
-|15| +
-Tout ceci ne s’applique évidemment qu’au donjon,   +
-et ne contredit pas ce que nous avons dit sur l’origine du château.  +
 Comme le dit M. Victor Petit :   Comme le dit M. Victor Petit :  
 > « On doit présumer que Philippe-Auguste,   > « On doit présumer que Philippe-Auguste,  
 > qui pourvut à la défense des villes de ses États en les entourant de hautes murailles,   > qui pourvut à la défense des villes de ses États en les entourant de hautes murailles,  
 > a achevé la forteresse commencée par Robert-le-Pieux   > a achevé la forteresse commencée par Robert-le-Pieux  
-> et bâti le donjon dont on admire encore les ruines. » (1)+> et bâti le donjon dont on admire encore les ruines. » ((Victor Petit, //Bulletin monumental//))
  
-Les emblèmes qui composent les blasons des villes ont généralement été adoptés   +Les emblèmes qui composent les blasons des villes ont généralement été adoptés pour perpétuer le souvenir des circonstances particulières de leur fondation ou de leur histoire.  
-pour perpétuer le souvenir des circonstances particulières de leur fondation ou de leur histoire.  +
 Les armes de la ville en sont un exemple frappant. Les armes de la ville en sont un exemple frappant.
  
-Plusieurs symboles ont été adoptés successivement pour les armoiries de cette cité ;   +Plusieurs symboles ont été adoptés successivement pour les armoiries de cette cité ; ils rappellent sans contredit le castel qui a donné naissance à la nouvelle ville :
-ils rappellent sans contredit le castel qui a donné naissance à la nouvelle ville :+
  
 > « De gueules, à un château maçonné de sable,   > « De gueules, à un château maçonné de sable,  
 > chargé d’un écu écartelé aux 1er et 4e de France,   > chargé d’un écu écartelé aux 1er et 4e de France,  
-> aux 2e et 3e de gueules à la tour d’or crénelée d’argent. » (2)+> aux 2e et 3e de gueules à la tour d’or crénelée d’argent. » ((Fleureau, //Antiquités d’Étampes//, p. 28.))
  
 > « De gueules, à une tour crénelée d’or, flanquée de deux tourelles en forme de guérite,   > « De gueules, à une tour crénelée d’or, flanquée de deux tourelles en forme de guérite,  
Ligne 213: Ligne 186:
 > chargée d’un écusson d’azur à trois fleurs de lys d’or, deux et une,   > chargée d’un écusson d’azur à trois fleurs de lys d’or, deux et une,  
 > et brisé en cœur d’un bâton raccourci et péri en bande de gueules,   > et brisé en cœur d’un bâton raccourci et péri en bande de gueules,  
-> chargé de trois lionceaux d’argent. » (3)+> chargé de trois lionceaux d’argent. » ((Armoiries concédées par lettres patentes de Louis XVIII, 17 avril 1819.))
  
 > « De gueules, à une tour crénelée, flanquée de deux tourelles en forme de guérites,   > « De gueules, à une tour crénelée, flanquée de deux tourelles en forme de guérites,  
Ligne 219: Ligne 192:
 > au-dessus de la porte de la tour, un écusson... » > au-dessus de la porte de la tour, un écusson... »
  
-Nous devons à M. Viollet-le-Duc les plus sincères remerciements   +Nous devons à M. Viollet-le-Duc les plus sincères remerciements pour ses conseils judicieux et pour les encouragements qu’il a bien voulu nous donner. |16|
-pour ses conseils judicieux et pour les encouragements qu’il a bien voulu nous donner. +
- +
-(1) Victor Petit, *Bulletin monumental*   +
-(2) Fleureau, *Antiquités d’Étampes*, p. 28   +
-(3) Armoiries concédées par lettres patentes de Louis XVIII, 17 avril 1819. +
- +
-|16|+
  
 > « De gueules, à un château d’or crénelé et surmonté d’une tour carrée et crénelée du même,   > « De gueules, à un château d’or crénelé et surmonté d’une tour carrée et crénelée du même,  
 > chargée d’un écusson écartelé, au premier et au quatrième de France,   > chargée d’un écusson écartelé, au premier et au quatrième de France,  
-> au deuxième et au troisième de gueules à une tour d’or. » (2)+> au deuxième et au troisième de gueules à une tour d’or. » ((Ibid.))
  
 > « De gueules, à trois tours crénelées d’or, accolées ensemble et finissant en cul-de-lampe ;   > « De gueules, à trois tours crénelées d’or, accolées ensemble et finissant en cul-de-lampe ;  
Ligne 236: Ligne 202:
 > est chargée dans son milieu d’un écusson écartelé :   > est chargée dans son milieu d’un écusson écartelé :  
 > le 1er et le 4e d’azur à une fleur de lis d’or,   > le 1er et le 4e d’azur à une fleur de lis d’or,  
-> le 2e et le 3e de gueules à une tour crénelée d’or. » (3)+> le 2e et le 3e de gueules à une tour crénelée d’or. » ((Giraud de Saint-Fargeau, //Dictionnaire des Communes de France//, Paris, 1844, t. I.))
  
 Dans chacun de ces symboles, qui ont entre eux une certaine ressemblance,   Dans chacun de ces symboles, qui ont entre eux une certaine ressemblance,  
Ligne 253: Ligne 219:
 - Mais la plupart des étymologistes font venir avec raison *Guinette*   - Mais la plupart des étymologistes font venir avec raison *Guinette*  
   du vieux mot français *guignier* (voir de loin, observer),     du vieux mot français *guignier* (voir de loin, observer),  
-  parce que la situation et l’élévation de cette tour la rendaient propre à cet usage. (4)+  parce que la situation et l’élévation de cette tour la rendaient propre à cet usage. ((De Mont-Rond, t. I, p. 49.))
  
 (1) Traversier, *Armorial national de France*, Paris, 1843, p. 27.   (1) Traversier, *Armorial national de France*, Paris, 1843, p. 27.  
-(2) Ibid.   +(2)    
-(3) Giraud de Saint-Fargeau, *Dictionnaire des Communes de France*, Paris, 1844, t. I.   +(3)    
-(4) De Mont-Rond, t. I, p. 49.+(4) 
  
 |17| |17|
Ligne 266: Ligne 232:
 ==== 1. Le château sous les rois Robert-le-Pieux, Philippe Ier, Louis VI, Louis VII (1020–1193) ==== ==== 1. Le château sous les rois Robert-le-Pieux, Philippe Ier, Louis VI, Louis VII (1020–1193) ====
  
-Chez Helgaud, on trouve l’anecdote suivante qui s’est passée au palais d’Étampes-le-Chastel,   +Chez Helgaud, on trouve l’anecdote suivante qui s’est passée au palais d’Étampes-le-Chastel, sous Robert-le-Pieux (1) :
-sous Robert-le-Pieux (1) :+
  
 > La reine Constance avait fait bâtir un beau palais et un oratoire au château d’Étampes.   > La reine Constance avait fait bâtir un beau palais et un oratoire au château d’Étampes.  
Ligne 297: Ligne 262:
  
 Et, se réjouissant de la perte qu’il venait de faire, il se rendit dans son oratoire.   Et, se réjouissant de la perte qu’il venait de faire, il se rendit dans son oratoire.  
-Là étaient présents : Guillaume, abbé de Dijon, le comte Eudes et plusieurs grands du royaume. (1)+Là étaient présents : Guillaume, abbé de Dijon, le comte Eudes et plusieurs grands du royaume. ((Helgaud, //Vie du roi Robert//.))
  
-Quand le roi Robert passait à Étampes et dans quelques autres villes,   +Quand le roi Robert passait à Étampes et dans quelques autres villes, il faisait distribuer abondamment du pain, du vin et des aliments à trois cents, et quelquefois à mille pauvres.   
-il faisait distribuer abondamment du pain, du vin et des aliments à trois cents,   +Le Jeudi saint, il assemblait avec soin plus de trois cents pauvres ; et lui-même, à la troisième heure du jour, leur servait à chacun des légumes, des poissons, du vin, et leur donnait un denier.
-et quelquefois à mille pauvres.   +
-Le Jeudi saint, il assemblait avec soin plus de trois cents pauvres ;   +
-et lui-même, à la troisième heure du jour, leur servait à chacun des légumes, des poissons, du vin,   +
-et leur donnait un denier.+
  
-À la sixième heure, après avoir fait de semblables aumônes à cent pauvres clercs   +À la sixième heure, après avoir fait de semblables aumônes à cent pauvres clercs et gratifié d’un denier douze d’entre eux, il chantait de cœur et de bouche les cantiques du roi-prophète ; puis, ceignant un cilice, il lavait les pieds des douze pauvres, les essuyait avec ses cheveux, et après le repas donnait à chacun deux sous. ((Ibid. — Le sou d’argent représentait environ 36 francs de notre monnaie.))
-et gratifié d’un denier douze d’entre eux,   +
-il chantait de cœur et de bouche les cantiques du roi-prophète ;   +
-puis, ceignant un cilice, il lavait les pieds des douze pauvres,   +
-les essuyait avec ses cheveux,   +
-et après le repas donnait à chacun deux sous. (2)+
  
-Un acte passé à Étampes-le-Châtel, en 1030, prouve que Robert-le-Pieux y séjournait quelquefois. (3)+Un acte passé à Étampes-le-Châtel, en 1030, prouve que Robert-le-Pieux y séjournait quelquefois. ((//Recueil des historiens de France//, t. X, p. 623.))
  
 Des prévôts, des baillis et des vicomtes commandèrent autrefois au château d’Étampes.   Des prévôts, des baillis et des vicomtes commandèrent autrefois au château d’Étampes.  
-Un vicomte en avait la garde vers l’an 1100,   +Un vicomte en avait la garde vers l’an 1100, quand Louis VI, dit le Gros, fut associé au trône par Philippe Ier, son père, qui éprouvait le besoin de réprimer ses vassaux rebelles.   
-quand Louis VI, dit le Gros, fut associé au trône par Philippe Ier, son père,   +Le jeune prince, âgé de vingt-deux ans, se signala aussitôt contre les barons du nord de Paris ; et plus tard, devenu roi, c’est du château d’Étampes qu’il partit pour |19| batailler contre ses grands vassaux, c’est-à-dire les sires de Montlhéry, du Puiset, de Rochefort, et d’autres seigneurs qui, maîtres d’une foule de places inexpugnables enserrant la capitale, interceptaient les communications de Paris à Orléans et bravaient impunément la colère des souverains(1)
-qui éprouvait le besoin de réprimer ses vassaux rebelles.   +
-Le jeune prince, âgé de vingt-deux ans, se signala aussitôt contre les barons du nord de Paris ;   +
-et plus tard, devenu roi,   +
-c’est du château d’Étampes qu’il partit pour...+
  
-(1) Helgaud*Vie du roi Robert*  +Qu’on lise //La Tour de Montlhéry//de MViennet, et on aura une idée nette de la situation que les seigneurs féodaux avaient faite à nos rois en ce temps-là. (2)
-(2) Ibid. — Le sou d’argent représentait environ 36 francs de notre monnaie  +
-(3*Recueil des historiens de France*, t. X, p. 623.+
  
-|19| batailler contre ses grands vassaux,   +En 1107, Louis-le-Gros fit mettre en prison dans la tour d’Étampes le seigneur Hombaus, châtelain de Sainte-Sévère, pour le châtier des outrages qu’il faisait subir aux habitants des campagnes.   
-c’est-à-dire les sires de Montlhéry, du Puiset, de Rochefort,   +Tous les gens qui étaient renfermés dans le château de Sainte-Sévère furent pendus après qu’on leur eût crevé les yeux, et les bâtiments du seigneur rebelle furent détruits de fond en comble.  
-et d’autres seigneurs qui, maîtres d’une foule de places inexpugnables enserrant la capitale,   +
-interceptaient les communications de Paris à Orléans   +
-et bravaient impunément la colère des souverains. (1) +
- +
-Qu’on lise *La Tour de Montlhéry*, de M. Viennet,   +
-et on aura une idée nette de la situation que les seigneurs féodaux   +
-avaient faite à nos rois en ce temps-là. (2) +
- +
-En 1107, Louis-le-Gros fit mettre en prison dans la tour d’Étampes   +
-le seigneur Hombaus, châtelain de Sainte-Sévère,   +
-pour le châtier des outrages qu’il faisait subir aux habitants des campagnes.   +
-Tous les gens qui étaient renfermés dans le château de Sainte-Sévère   +
-furent pendus après qu’on leur eût crevé les yeux,   +
-et les bâtiments du seigneur rebelle furent détruits de fond en comble.  +
 Cette nouvelle répandit la terreur dans tout le pays. (3) Cette nouvelle répandit la terreur dans tout le pays. (3)
  
-Ce fut sous Louis-le-Gros, en 1130, que se tint au château   +Ce fut sous Louis-le-Gros, en 1130, que se tint au château le quatrième concile d’Étampes, pour décider lequel avait été élu légalement à la papauté : Anaclet II ou Innocent II.   
-le quatrième concile d’Étampes,   +Saint Bernard, ce simple moine, véritable chef du monde chrétien, se prononça pour Innocent II, qui fut reconnu par l’Église. (4)
-pour décider lequel avait été élu légalement à la papauté : Anaclet II ou Innocent II.   +
-Saint Bernard, ce simple moine, véritable chef du monde chrétien,   +
-se prononça pour Innocent II, qui fut reconnu par l’Église. (4)+
  
 (1) Le Puiset (près de Toury) est aujourd’hui en ruines.   (1) Le Puiset (près de Toury) est aujourd’hui en ruines.  
Ligne 415: Ligne 348:
 Voici le portrait de //Ingeburge// tracé par Étienne, évêque de Tournai : Voici le portrait de //Ingeburge// tracé par Étienne, évêque de Tournai :
  
-> « Elle est plus prudente que Sara, plus sage que Rebecca,   +> « Elle est plus prudente que Sara, plus sage que Rebecca, plus gracieuse que Rachel, plus dévote qu’Anne, plus chaste que Suzanne, plus belle qu’Hélène, plus noble que Polixène... »
-plus gracieuse que Rachel, plus dévote qu’Anne,   +
-plus chaste que Suzanne, plus belle qu’Hélène,   +
-plus noble que Polixène... »+
  
 On n’a jamais su les motifs de l’antipathie étrange que le roi conçut inopinément pour elle,   On n’a jamais su les motifs de l’antipathie étrange que le roi conçut inopinément pour elle,  
Ligne 424: Ligne 354:
  
 (1) Gérault Hercule, //Mémoire sur Ingeburge de Danemark//.   (1) Gérault Hercule, //Mémoire sur Ingeburge de Danemark//.  
-Ce mémoire, couronné par l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres le 11 août 1844,   +Ce mémoire, couronné par l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres le 11 août 1844, est inséré dans le tome I, 2ᵉ série, de la //Bibliothèque de l’École des chartes// (1844).
-est inséré dans le tome I, 2ᵉ série, de la //Bibliothèque de l’École des chartes// (1844).+
  
 |22| |22|
Ligne 431: Ligne 360:
 On se perd en conjectures sur les causes de cette subite aversion. On se perd en conjectures sur les causes de cette subite aversion.
  
-Philippe essaya de faire prononcer canoniquement le divorce,   +Philippe essaya de faire prononcer canoniquement le divorce, sous prétexte de parenté ou d’affinité aux degrés prohibés ; mais les prélats et les barons se montrèrent si peu disposés à partager le blâme d’une pareille mesure que le roi se vit obligé de temporiser.  
-sous prétexte de parenté ou d’affinité aux degrés prohibés ;   +
-mais les prélats et les barons se montrèrent si peu disposés à partager le blâme d’une pareille mesure   +
-que le roi se vit obligé de temporiser.  +
 On lui persuada même de faire une tentative pour se réconcilier avec la reine.   On lui persuada même de faire une tentative pour se réconcilier avec la reine.  
-Il manda donc //Ingeburge// à Saint-Maur, près Paris,   +Il manda donc //Ingeburge// à Saint-Maur, près Paris, et entra seul dans sa chambre à coucher ; mais il en ressortit au bout de quelques instants, jurant que //Ingeburge// ne pouvait être sa femme et pénétré pour elle d’une aversion si profonde qu’à peine endurait-il qu’on la nommât devant lui ((Géraud, § 1.)).
-et entra seul dans sa chambre à coucher ;   +
-mais il en ressortit au bout de quelques instants, jurant que //Ingeburge// ne pouvait être sa femme   +
-et pénétré pour elle d’une aversion si profonde   +
-qu’à peine endurait-il qu’on la nommât devant lui (1).+
  
-//Ingeburge// fut renvoyée de la cour, et Philippe prit la résolution de se séparer d’elle,   +//Ingeburge// fut renvoyée de la cour, et Philippe prit la résolution de se séparer d’elle, prétendant n’avoir jamais consommé le mariage, contrairement à la déclaration de //Ingeburge//  
-prétendant n’avoir jamais consommé le mariage,   +Le roi allégua la parenté existant entre sa première femme, Isabelle de Hainaut, et la reine //Ingeburge//, du chef de Charles-le-Bon, comte de Flandre, fils de Canut IV, roi de Danemark ((Michaud, //Biographie universelle//, art. //Ingeburge//.)).
-contrairement à la déclaration de //Ingeburge//  +
-Le roi allégua la parenté existant entre sa première femme, Isabelle de Hainaut,   +
-et la reine //Ingeburge//, du chef de Charles-le-Bon, comte de Flandre,   +
-fils de Canut IV, roi de Danemark (2).+
  
-Dès que le caprice du roi fut connu, plusieurs seigneurs français,   +Dès que le caprice du roi fut connu, plusieurs seigneurs français, esprits serviles comme il y en a dans toutes les cours, se présentèrent à une assemblée présidée par l’archevêque de Reims, et qui eut lieu au château de Compiègne,  
-esprits serviles comme il y en a dans toutes les cours,   +
-se présentèrent à une assemblée présidée par l’archevêque de Reims,   +
-et qui eut lieu au château de Compiègne,  +
 quatre-vingt-deux jours après le mariage (5 novembre 1193).   quatre-vingt-deux jours après le mariage (5 novembre 1193).  
-Là, ils affirmèrent par serment qu’il y avait parenté à un degré prohibé   +Là, ils affirmèrent par serment qu’il y avait parenté à un degré prohibé entre la première et la seconde femme du roi.
-entre la première et la seconde femme du roi.+
  
-L’assemblée, intimidée par la présence des courtisans,   +L’assemblée, intimidée par la présence des courtisans, jugea cet obstacle suffisant, quoique cette parenté éloignée ne fût pas comprise dans les prohibitions de l’Église, et elle prononça immédiatement la sentence du divorce ((Martin, Henri, //Histoire de France//, t. X ; Géraud, § 1.)).
-jugea cet obstacle suffisant,   +
-quoique cette parenté éloignée ne fût pas comprise dans les prohibitions de l’Église,   +
-et elle prononça immédiatement la sentence du divorce (3).+
  
-La Danoise assistait à l’assemblée sans comprendre ce qui se disait. +La Danoise assistait à l’assemblée sans comprendre ce qui se disait. |23|
- +
-(1) Géraud, § 1.   +
-(2) Michaud, //Biographie universelle//, art. //Ingeburge//  +
-(3) Martin, Henri, //Histoire de France//, t. X ; Géraud, § 1. +
- +
-|23|+
 Quand l’interprète le lui eut expliqué, elle s’écria tout en pleurs :   Quand l’interprète le lui eut expliqué, elle s’écria tout en pleurs :  
 « Mala Francia ! Mala Francia ! Roma ! Roma !... »   « Mala Francia ! Mala Francia ! Roma ! Roma !... »  
Ligne 475: Ligne 380:
  
 Philippe voulut renvoyer //Ingeburge// en Danemark.   Philippe voulut renvoyer //Ingeburge// en Danemark.  
-Elle y consentit d’abord,   +Elle y consentit d’abord, mais quelques-uns lui ayant fait remarquer que quitter la France serait abandonner sa cause et se condamner elle-même, elle changea d’avis et se retira dans l’abbaye des chanoines réguliers de Cisoing, dans le diocèse de Tournai (Belgique).
-mais quelques-uns lui ayant fait remarquer que quitter la France   +
-serait abandonner sa cause et se condamner elle-même,   +
-elle changea d’avis et se retira dans l’abbaye des chanoines réguliers de Cisoing,   +
-dans le diocèse de Tournai (Belgique).+
  
 Là, réduite à une pénurie extrême, elle vendit ses vêtements et sa vaisselle pour vivre.   Là, réduite à une pénurie extrême, elle vendit ses vêtements et sa vaisselle pour vivre.  
Ligne 485: Ligne 386:
  
 La décision du concile de Compiègne fut loin de rendre au roi sa tranquillité.   La décision du concile de Compiègne fut loin de rendre au roi sa tranquillité.  
-Le roi de Danemark Canut, indigné d’apprendre le traitement qu’avait subi sa sœur,   +Le roi de Danemark Canut, indigné d’apprendre le traitement qu’avait subi sa sœur, fit partir pour Rome son chancelier André et l’abbé Guillaume d’Eskil, génovéfain français, deux hommes qui avaient conseillé le mariage ; il les chargea de demander justice au pape (1194).
-fit partir pour Rome son chancelier André   +
-et l’abbé Guillaume d’Eskil, génovéfain français,   +
-deux hommes qui avaient conseillé le mariage ;   +
-il les chargea de demander justice au pape (1194).+
  
 Sur ces entrefaites, //Ingeburge// fit entendre de son côté de justes plaintes à la cour de Rome.   Sur ces entrefaites, //Ingeburge// fit entendre de son côté de justes plaintes à la cour de Rome.  
-Célestin III, après avoir mûrement examiné la généalogie de //Ingeburge//,   +Célestin III, après avoir mûrement examiné la généalogie de //Ingeburge//, cassa la sentence du divorce et enjoignit à l’archevêque de Reims et aux autres prélats français de s’opposer, en vertu de l’autorité apostolique, à ce que le roi contractât un nouveau mariage (1195) ((Géraud, § 2.)).
-cassa la sentence du divorce   +
-et enjoignit à l’archevêque de Reims et aux autres prélats français   +
-de s’opposer, en vertu de l’autorité apostolique,   +
-à ce que le roi contractât un nouveau mariage (1195) (4).+
  
-Les deux envoyés danois obtinrent du Saint-Père une lettre   +Les deux envoyés danois obtinrent du Saint-Père une lettre qui fut portée au roi par le légat Censius.  
-qui fut portée au roi par le légat Censius.  +
 Mais le légat et la lettre furent fort mal reçus à la cour.   Mais le légat et la lettre furent fort mal reçus à la cour.  
-Le chancelier André et l’abbé Guillaume,   +Le chancelier André et l’abbé Guillaume, avertis d’un piège qui leur était tendu par les émissaires de Philippe, quittèrent subitement la capitale du royaume. |24|
-avertis d’un piège qui leur était tendu par les émissaires de Philippe,   +
-quittèrent subitement la capitale du royaume.+
  
-(1) Géraud, § 2. 
- 
-|24| 
 Les deux envoyés danois traversèrent la France au milieu de mille dangers.   Les deux envoyés danois traversèrent la France au milieu de mille dangers.  
-Arrivés à Dijon, ils furent arrêtés par Eudes III, duc de Bourgogne,   +Arrivés à Dijon, ils furent arrêtés par Eudes III, duc de Bourgogne, qui les enferma dans une étroite prison en leur enlevant des lettres du pape adressées au roi de France, au cardinal-légat Mélior, et au clergé de France.   
-qui les enferma dans une étroite prison en leur enlevant des lettres du pape   +Outre les lettres originales du pape, les envoyés danois en avaient des copies qu’ils parvinrent à soustraire aux recherches de leurs ennemis.
-adressées au roi de France, au cardinal-légat Mélior, et au clergé de France.   +
-Outre les lettres originales du pape, les envoyés danois en avaient des copies   +
-qu’ils parvinrent à soustraire aux recherches de leurs ennemis.+
  
-Grâce à l’intercession des abbés de Citeaux et de Clairvaux,   +Grâce à l’intercession des abbés de Citeaux et de Clairvaux, ils obtinrent leur liberté et se rendirent à Paris.   
-ils obtinrent leur liberté et se rendirent à Paris.   +Le prieur de Saint-Praxède vint en France avec des lettres du pape qui auraient remplacé au besoin celles dont le duc de Bourgogne s’était emparé.
-Le prieur de Saint-Praxède vint en France avec des lettres du pape   +
-qui auraient remplacé au besoin celles dont le duc de Bourgogne s’était emparé.+
  
-Célestin ordonnait de convoquer un concile le 7 mai 1196,   +Célestin ordonnait de convoquer un concile le 7 mai 1196, sous la présidence du cardinal Mélior ; mais ce concile, qui eut lieu à Paris, fut intimidé par la présence de la cour, et se sépara sans avoir rien décidé.   
-sous la présidence du cardinal Mélior ;   +Philippe, regardant cette issue comme une preuve en sa faveur, contracta un nouveau mariage avec Marie-Agnès, fille de Berthold, duc de Méranie (Tyrol) ((Géraud, § 3.)).
-mais ce concile, qui eut lieu à Paris, fut intimidé par la présence de la cour,   +
-et se sépara sans avoir rien décidé.   +
-Philippe, regardant cette issue comme une preuve en sa faveur,   +
-contracta un nouveau mariage avec Marie-Agnès, fille de Berthold, duc de Méranie (Tyrol) (1).+
  
-Le mariage fut célébré solennellement au mois de juin 1196,   +Le mariage fut célébré solennellement au mois de juin 1196, au mépris d’une bulle du pape Célestin III qui avait annulé le divorce et interdit au roi de se remarier sous peine d’excommunication.
-au mépris d’une bulle du pape Célestin III   +
-qui avait annulé le divorce et interdit au roi de se remarier sous peine d’excommunication.+
  
 //Ingeburge// renouvela ses plaintes, et le roi de Danemark les appuya. //Ingeburge// renouvela ses plaintes, et le roi de Danemark les appuya.
  
-Ce furent sans doute ces démarches qui déterminèrent Philippe   +Ce furent sans doute ces démarches qui déterminèrent Philippe à aggraver encore la position de sa malheureuse épouse.   
-à aggraver encore la position de sa malheureuse épouse.   +Arrachée du monastère où elle avait édifié le monde par toutes sortes de vertus, //Ingeburge// se vit enfermée dans une forteresse lointaine d’où elle adressa au pape de nouvelles peintures de ses malheurs (1198) ((Géraud, § 3. — On trouve deux lettres touchantes de //Ingeburge// dans les //Essais historiques sur la ville d’Étampes//, par M. de Mont-Rond, t. I, p. 155.)). |25| 
-Arrachée du monastère où elle avait édifié le monde par toutes sortes de vertus,   +Innocent III, successeur de Célestin III, soupçonnant que cette affaire n’avait pas été traitée dans les précédents conciles avec le discernement et l’équité nécessaires, embrassa avec chaleur la cause de //Ingeburge//.
-//Ingeburge// se vit enfermée dans une forteresse lointaine   +
-d’où elle adressa au pape de nouvelles peintures de ses malheurs (1198) (2). +
- +
-(1) Géraud, § 3.   +
-(2) Géraud, § 3. — On trouve deux lettres touchantes de //Ingeburge//   +
-dans les *Essais historiques sur la ville d’Étampes*, par M. de Mont-Rond, t. I, p. 155. +
- +
-|25| +
-Innocent III, successeur de Célestin III, soupçonnant que cette affaire   +
-n’avait pas été traitée dans les précédents conciles avec le discernement et l’équité nécessaires,   +
-embrassa avec chaleur la cause de //Ingeburge//.+
  
-Après plusieurs vaines démarches auprès du roi,   +Après plusieurs vaines démarches auprès du roi, il chargea son légat en France, Pierre de Capoue, d’assembler un troisième concile à Dijon pour juger la conduite du roi.
-il chargea son légat en France, Pierre de Capoue,   +
-d’assembler un troisième concile à Dijon pour juger la conduite du roi.+
  
-La cour de Rome voulait éloigner du roi Agnès de Méranie   +La cour de Rome voulait éloigner du roi Agnès de Méranie et lui faire reprendre //Ingeburge//, sa légitime épouse.
-et lui faire reprendre //Ingeburge//, sa légitime épouse.+
  
-Innocent écrivit aux prélats des églises de France pour les exhorter   +Innocent écrivit aux prélats des églises de France pour les exhorter à exécuter avec vigueur la sentence quelconque,   
-à exécuter avec vigueur la sentence quelconque,   +soit d’interdit, soit d’excommunication, qui serait prononcée, sans se laisser déconcerter par un appel du roi en cour de Rome.
-soit d’interdit, soit d’excommunication, qui serait prononcée,   +
-sans se laisser déconcerter par un appel du roi en cour de Rome.+
  
-Ensuite le pape dépêcha lettres sur lettres au roi   +Ensuite le pape dépêcha lettres sur lettres au roi et à l’évêque de Paris, son diocésain, pour sommer Philippe « de rentrer dans le devoir et de renvoyer sa concubine. »
-et à l’évêque de Paris, son diocésain,   +
-pour sommer Philippe « de rentrer dans le devoir et de renvoyer sa concubine. »+
  
-Le 6 décembre 1199, les archevêques de Lyon, de Reims, de Bourges, de Vienne ;   +Le 6 décembre 1199, les archevêques de Lyon, de Reims, de Bourges, de Vienne ; dix-huit évêques ; les abbés de Cluny, de Vézelay, de Saint-Remi de Reims et de Saint-Denis se réunirent à Dijon, sous la présidence de Pierre de Capoue.   
-dix-huit évêques ; les abbés de Cluny, de Vézelay, de Saint-Remi de Reims et de Saint-Denis   +Les commissaires de Philippe, prévoyant l’interdit, en appelèrent d’avance au souverain pontife, comme on s’y était attendu.  
-se réunirent à Dijon, sous la présidence de Pierre de Capoue.   +
-Les commissaires de Philippe, prévoyant l’interdit,   +
-en appelèrent d’avance au souverain pontife, comme on s’y était attendu.  +
 Mais les prélats n’en tinrent aucun compte et la sentence fut formulée. Mais les prélats n’en tinrent aucun compte et la sentence fut formulée.
  
-On jugea prudent d’en différer la promulgation, peut-être pour ne pas compromettre   +On jugea prudent d’en différer la promulgation, peut-être pour ne pas compromettre la sûreté du légat et des évêques.
-la sûreté du légat et des évêques.+
  
-Le vingtième jour de Noël, c’est-à-dire le 15 janvier 1200,   +Le vingtième jour de Noël, c’est-à-dire le 15 janvier 1200, Pierre de Capoue présida une nouvelle assemblée à Vienne sur le Rhône, parce que les prélats comptaient être plus libres dans une ville qui n’appartenait pas encore à la France.   
-Pierre de Capoue présida une nouvelle assemblée à Vienne sur le Rhône,   +Là, en présence d’un grand nombre de prélats, dont quelques-uns étaient sujets de Philippe, le légat prononça solennellement l’interdit (1).
-parce que les prélats comptaient être plus libres dans une ville   +
-qui n’appartenait pas encore à la France.   +
-Là, en présence d’un grand nombre de prélats,   +
-dont quelques-uns étaient sujets de Philippe,   +
-le légat prononça solennellement l’interdit (1).+
  
 (1) Géraud, § 4. (1) Géraud, § 4.
  
 |26| |26|
-La sentence qui soumettait à l’interdit tous les domaines du roi   +La sentence qui soumettait à l’interdit tous les domaines du roi fut envoyée par le légat à tous les évêques du royaume, avec injonction de la publier et de la faire observer dans leurs diocèses, sous peine d’être suspendus de leurs fonctions et dépouillés de leurs bénéfices, et cita ceux d’entre eux qui refuseraient de se soumettre, à comparaître devant le Souverain Pontife à la prochaine fête de l’Ascension (1).
-fut envoyée par le légat à tous les évêques du royaume,   +
-avec injonction de la publier et de la faire observer dans leurs diocèses,   +
-sous peine d’être suspendus de leurs fonctions et dépouillés de leurs bénéfices,   +
-et cita ceux d’entre eux qui refuseraient de se soumettre,   +
-à comparaître devant le Souverain Pontife à la prochaine fête de l’Ascension (1).+
  
 Voici la traduction littérale de cette sentence, que nous nous empressons de reproduire d’après M. Géraud : Voici la traduction littérale de cette sentence, que nous nous empressons de reproduire d’après M. Géraud :
  
-> « Que toutes les églises soient fermées ; que personne n’y soit admis,   +> « Que toutes les églises soient fermées ; que personne n’y soit admis, si ce n’est pour faire baptiser les petits enfants ; qu’on ne les ouvre jamais, sinon pour entretenir les lampes, ou lorsque le prêtre prendra l’eucharistie et l’eau bénite à l’usage des malades.  
-si ce n’est pour faire baptiser les petits enfants ;   +
-qu’on ne les ouvre jamais, sinon pour entretenir les lampes,   +
-ou lorsque le prêtre prendra l’eucharistie et l’eau bénite à l’usage des malades.  +
 > Nous permettons que la messe soit célébrée une seule fois dans la semaine,   > Nous permettons que la messe soit célébrée une seule fois dans la semaine,  
 > le vendredi de grand matin ; on conservera les hosties pour les malades,   > le vendredi de grand matin ; on conservera les hosties pour les malades,  
hn/hn.marquis.1867a.1751842476.txt.gz · Dernière modification : de bg

Donate Powered by PHP Valid HTML5 Valid CSS Driven by DokuWiki