Corpus Essonnien

Histoire et patrimoine du département de l'Essonne

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 +**[[bul.shaeh|SOCIÉTÉ HISTORIQUE ET ARCHÉOLOGIQUE DE CORBEIL, D'ÉTAMPES ET DU HUREPOIX]]**
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 ======Bulletin n°3 (1897)==== ======Bulletin n°3 (1897)====
  
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 +BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ HISTORIQUE & ARCHÉOLOGIQUE DE CORBEIL, D'ÉTAMPES ET DU HUREPOΙΧ 1-3
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 +|**00000006**| 1. IMPRIMERIE G. BELLIN, A MONTDIDIER.
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 +|**00000007**| BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ HISTORIQUE & ARCHEOLOGIQUE DE CORBEIL D'ÉTAMPES ET DU HUREPOIX Ire Année - 1895 Ire IT LIVRAISON CORBEIL THURE POD
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 +METAMPES PARIS ALPHONSE PICARD ET FILS, ÉDITEURS LIBRAIRES DES ARCHIVES NATIONALES ET DE LA SOCIÉTÉ DE L'ÉCOLE DES CHARTES Rue Bonaparte, 82 1895
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 +|**00000008**| Fr 29.36 MARVARD COLLEGE LIBRARY INGRAHAM FUND July 7, 1933 (153,4/5)
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 +|**I**|
 +SOCIÉTÉ HISTORIQUE & ARCHÉOLOGIQUE DE CORBEIL, D'ÉTAMPES ET DU HUREPOIX www 
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 +====STATUTS====
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 + Approuvés par arrêté préfectoral en date du 19 février 1895 ARTICLE I. Une Société est fondée à Corbeil sous le titre de - Société historique et Archéologique de Corbeil, d'Étampes et du Hurepoix. Elle a pour but les études, les recherches et les publications concernant l'histoire et l'archéologie de notre contrée et des régions circonvoisines, ainsi que la description et la conservation des monuments anciens situés dans ces mêmes régions. Elle a son siège à Corbeil et tiendra ses séances soit à la SousPréfecture, soit à la Mairie, avec l'autorisation préalable du SousPréfet ou du Maire. - ART. II. La Société s'interdit toutes discussions ou publications politiques ou religieuses. ART. III. La Société se compose de tous les fondateurs et, en nombre illimité, des personnes qui, adhérant aux Statuts, sont admises par le Conseil sur la présentation de deux membres. Le Conseil peut aussi désigner des membres correspondants qui seront nommés par l'Assemblée générale. 1
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 +|**II**|
 +Les mineurs ne seront admis dans la Société que sur le consentement soit de leurs parents, soit de leur tuteur. ART. IV. - Le titre de fondateur est acquis: 10 aux signataires des présents statuts, 2º à tout membre qui fait don à la Société d'une somme de cent francs au moins. ART. V. - Chaque sociétaire paie une cotisation annuelle de dix francs; cependant cette cotisation est réduite à cinq francs pour les personnes appartenant au clergé et à l'enseignement. ART. VI. Tout membre adhérent qui aura effectué un versement de cent francs au moins sera exonéré du paiement des cotisations annuelles. ART. VII. La Société est administrée par un Conseil composé de vingt-et-un membres, élus pour trois ans en Assemblée générale. Ce Conseil se renouvelle chaque année par tiers. Les membres sortants sont rééligibles. ART. VIII. Le Conseil, sur la proposition du Comité de publication, statue sur l'impression des travaux et la composition des bulletins; il soumet aux auteurs les modifications qu'il juge nécessaires et détermine l'ordre des insertions. ART. IX. - Aucune dépense ne peut avoir lieu qu'en vertu d'une délibération du Conseil. Le trésorier ne doit effectuer aucun paiement sans le visa du Président ou d'un Vice-Président. ART. X. La Société se réunit tous les ans au mois de mai, en Assemblée générale, soit à Corbeil, soit dans toute autre ville désignée par le Conseil. Cette assemblée nomme les membres du Conseil. Elle entend les rapports qui lui sont présentés par le Conseil et qui sont relatifs à l'état des travaux et à la situation financière de la Société. Elle délibère sur toutes les propositions qui lui sont soumises par le Conseil. - ART. XI. La Société pourra organiser des excursions archéologiques, faire exécuter des fouilles, établir une bibliothèque, un musée, acquérir, recueillir ou recevoir, à titre de dons manuels, tous les objets et documents qui l'intéressent. Toutes ces questions seront décidées par le Conseil. ART. XII. Les membres correspondants reçoivent les publications de la Société et sont affranchis de toute cotisation.
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 +|**III**|
 +ART. XIII. En cas de dissolution de la Société, les membres titulaires, réunis en une Assemblée générale spécialement convoquée à cet effet, seront appelés à statuer sur la liquidation de l'actif social et sur la destination des collections appartenant à la Société. ART. XIV. Les présents Statuts pourront être modifiés par l'Assemblée générale, sur une proposition écrite et signée de dix membres au moins, mais aucune modification ne deviendra exécutoire qu'après avoir été autorisée par l'autorité compétente, en exécution de l'article 291 du Code pénal. - ART. XV et dernier. Un règlement intérieur, adopté par l'Assemblée générale, arrête les conditions de détail propres à assurer l'exécution des présents Statuts et le bon fonctionnement de la Société. Vu par le Vice-President : Vu et soumis à l'approbation de Monsieur le Préfet de Seine-et-Oise. Le Sous-Préfet de Corbeil, G. DE LINIÈRES. P. BOUCHER. Le Préfet de Seine-et-Oise, Chevalier de la Légion d'honneur, autorise la « Société Historique et Archéologique de Corbeil, d'Étampes et du Hurepoix » à se constituer légalement, en vertu de l'artiele 291 du Code pénal et conformément aux présents Statuts. Fait à Versailles, le 19 février 1895. Pour le Préfet, Le Secrétaire-général délégué, DUFOIX.
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 +|**IV**|
 +RÈGLEMENT DE LA SOCIÉTÉ HISTORIQUE ET ARCHÉOLOGIQUE DE CORBEIL, D'ÉTAMPES ET DU HUREPOIX Arrêté par l'Assemblée générale du 4 Décembre 1894 ARTICLE I. — Messieurs les Sous-Préfets de Corbeil et d'Etampes sont Présidents d'honneur de la Société. ART. II. Le Conseil, conformément à l'article VII des statuts, désigne, chaque année parmi ses membres, un Président, deux ou plusieurs vice-Présidents, un Secrétaire-général, un Secrétairerédacteur et un Trésorier. ART. III. Le Président ouvre et dirige les séances, maintient l'ordre dans les discussions, fait exécuter les statuts et les décisions de la Société, la convoque pour les séances ordinaires et extraordinaires et ordonnance les dépenses. En cas d'absence des Président et vice-Présidents, le Conseil est présidé par le plus âgé des membres présents. ART. IV. Le Secrétaire-général est chargé, sous la direction du Conseil, de la composition et de la rédaction du bulletin; il veille à l'impression et à la correction de toutes les publications de la Société; il se met en rapport avec les auteurs et leur soumet, s'il y a lieu, les observations approuvées par le Conseil, sur le rapport du Comité de publication. Il fait annuellement à l'assemblée générale un rapport sur les travaux de la société; enfin il remplit les fonctions d'archiviste.
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 +|**V**|
 +ART. V. - Le Secrétaire-rédacteur rédige les procès-verbaux des séances et est chargé de tout ce qui se rapporte à la correspondance. ART. VI. - Le Trésorier est chargé du recouvrement des cotisations annuelles; il paie les dépenses ordonnancées et donne, chaque année, à la séance générale, un état de la situation financière de la Société. ART. VII. Le Conseil se réunit tous les trois mois; cependant le Président peut le convoquer chaque fois que les intérêts de la Société l'exigent. ART. VIII. Les décisions du Conseil sont prises à la majorité des suffrages; pour qu'elles soient valables, sept membres au moins doivent être présents. En cas de partage, la voix du Président est prépondérante. - ART. IX. Le Conseil statue sur les demandes d'admission et désigne la catégorie à laquelle doit appartenir chaque candidat admis, afin de déterminer le montant de sa cotisation, conformément à l'article V des statuts. Les délibérations du Conseil ont lieu au scrutin secret, et les noms des candidats refusés ne sont pas inscrits au procès-verbal. ART. X. Les décisions du Conseil ordonnant une dépense sont transmises sans retard au Trésorier par un extrait du procès-verbal, signé du Secrétaire-rédacteur. - ART. XI. Les fonds disponibles de la Société seront déposés à la caisse d'épargne de Corbeil ou dans toute autre caisse désignée par le Conseil. ART. XII. janvier 1895. L'ouverture de l'année sociale est fixée au 1er Tout candidat admis doit sa cotisation à partir du 1er janvier de l'année de son admission. - ART. XIII. La Société publiera un bulletin périodique et, si ses ressources le lui permettent, elle pourra également publier des mémoires et des documents. ART. XIV. Un Comité de publication; composé d'un vicePrésident et du Secrétaire-général, membres de droit, et de cinq membres choisis par le Conseil et renouvelables chaque année, proposera la publication, sous les auspices de la Société, des mémoires et documents dont il aura apprécié la valeur réelle.
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 +|**VI**|
 +ART. XV. - Les Sociétaires ont droit à toutes les publications de la Société à partir de l'année de leur admission. ART. XVI. — Tous les Sociétaires peuvent assister aux séances du Conseil, mais ils ne peuvent prendre part aux votes. Le Président peut leur donner la parole quand ils ont à faire des communications qui rentrent dans l'ordre des travaux de la Société. Cependant le Conseil peut se former en Comité secret sur la demande de deux de ses membres. ART. XVII. Les auteurs pourront faire exécuter, à leurs frais, des tirages à part des travaux publiés par la Société. Tout tirage à part devra porter la mention du volume dont il aura été extrait. Aucun tirage à part ne pourra être mis en circulation avant la publication par la Société du travail dont il est l'objet. ART. XVIII. — Les demandes de modifications aux statuts devront être adressées au Président quinze jours au moins avant l'assemblée générale; il en sera fait mention sur les lettres de convocation. ART. XIX et dernier. - Le présent règlement pourra être modifié par le Conseil sur la proposition et à la majorité de sept membres au moins.
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 +|**VII**|
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 +====LISTE DES MEMBRES====
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 + Les noms précédés d'un astérique (*) sont ceux des MEMBRES FONDATEURS qui ont racheté leur cotisation. MM. ALLAIN, Maire de Soisy-sous-Etiolles. ALLIOT (l'Abbé), Curé de Bièvres. AUBRY-VITET, Archiviste-Paléographe, 9, rue Barbet-de Jouy, Paris. BARTHÉLEMY (André), à Villeneuve-le-Roi, par Ablon. BARTHÉLEMY (Jules), Géomètre-expert, rue Feray, Corbeil. BARTISSOL, Maire de Fleury-Mérogis, par Saint-Michel-surOrge. BAZIN, au château de Villegenis, par Massy. BERNON (le Baron de), à Palaiseau, et à Paris, 3, rue des Saints Pères. BESSIN, Conseiller d'arrondissement à Corbeil. La BIBLIOTHÈQUE COMMUNALE DE CORBEIL, représentée par M. DUFOUR, bibliothécaire. BLAVET, Président de la Société d'Horticulture d Etampes, 11, place de l'Hôtel-de-Ville, Etampes. BONNEFILLE, Conseiller général de Seine-et-Oise, à Massy. BONNIN (l'Abbé), Curé d'Ablon. BOSQUILLON DE JARCY, Maire de Varennes, par Mandres. BOUCHER (le De Paul), Médecin en chef de l'Hôpital de Corbeil. CAILLOT-GERSON (Oscar-Louis), Artiste-peintre, 62, rue de Paris, Massy.
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 +|*VIII**|
 +MM. CAUVILLE (Paul de), Sénateur, au château des Tourelles, par 1 Evry-Petit-Bourg; à Paris, place d'Iéna, 8. CHAMBERET (Paul de), ancien Sous-Préfet, 20, rue des Capucines, Paris. CHÉRON, à Lardy. CHERRIÈRE (le Dr), à Essonnes. CHEVALIER (Léon), Conseiller-Maitre à la Cour des Comptes, à Soisy-sous-Etiolles, et à Paris, 216, rue de Rivoli. CLÉMENT, Architecte de l'arrondissement d'Etampes, à Etampes. COCHIN (Henry), Député du Nord, au château de Wetz, à StPierre-Brouck, par Bourbourg (Nord). COLAS (l'Abbé), Curé de Soisy-sous-Etiolles. COLLARDEAU DU HEAUME (Philéas), Conseiller général de la Seine, 6, rue Halévy, Paris. * COURCEL (le Baron Alphonse de), Ambassadeur et Sénateur, au château d'Athis-Mons, et à Paris, 10, boulevard Montparnasse. *COURCEL (George de), à Vigneux, et à Paris, 178, boulevard Haussmann. * COURCEL (Valentin de), Maire d'Athis-Mons, et à Paris, 20, rue de Vaugirard. *CROS (Louis), Conseiller général de Seine-et-Oise, à Corbeil. DANGER, géomètre, à Etampes. * DARBLAY (Aymé), au château de St-Germain, par Corbeil. DARBLAY (Paul), au château de St-Germain, par Corbeil. DAVID (l'Abbé), Curé de Boussy-St-Antoine, par Brunoy. DELESSARD (Edouard), Avoué honoraire près le Tribunal de la Seine, à Ris-Orangis. DEPOIN (Joseph), Secrétaire général de la Société historique de Pontoise, 50, rue Basse, à Pontoise, et à Paris, 62, rue Bonaparte. DEVOUGES (le Dr), Président de la Société d'Horticulture de l'arrondissement de Corbeil, rue Feray, à Corbeil. DION (le Comte de), Président de la Société archéologique de Rambouillet, à Montfort-l'Amaury. DUFOUR (M. A.), Conservateur de la Bibliothèque et des Archives de la ville de Corbeil, rue du 14 Juillet, 21, à Corbeil.
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 +|**IX**|
 +MM. * DUVAL (Rubens), Professeur au Collège de France, à Morsangsur-Seine, et à Paris, 11, rue de Sontay. FLAMMARION (Camille), Directeur de l'Observatoire de Juvisy, à Juvisy. FORTEAU (Charles-Marie), Trésorier de la Caisse d'Epargne d'Etampes, à Etampes. FOUDRIER (l'Abbé), Curé de Morsang-s-Orge, par Savignys-Orge. GÉHIN (l'Abbé), Curé de Chilly-Mazarin, par Longjumeau. GENET (l'Abbé), Curé de Méréville. GENNERAT, Architecte, 5 bis, Boulevard Morland, à Paris. GENTY (l'Abbé), Curé de Livry. GRANGE (le Marquis de la), Maire de Montgeron. GUÉBIN (Edmond), Avoué à Corbeil. HAURÉAU (Barthélemy), Membre de l'Institut, Rond-Point Bugeaud, 5, à Paris. * JACQUEMOT (l'Abbé), Curé-Doyen de Boissy-St-Léger. JANCOURT-GALIGNANI, Maire d'Etiolles, par Corbeil, et à Paris, 182, rue de Rivoli. JARRY (Henri), Pharmacien, Membre de la Commission d'hygiène de l'arrondissement de Corbeil, à Corbeil. JOZON (Charles), Notaire honoraire, à Corbeil, et à Paris, 12, Boulevard Malesherbes. LACOMBE (Paul), Trésorier de la Société de l'Histoire de Paris, 5, rue de Moscou, à Paris. LADMIRAL (le Dr), au château d'Etiolles, par Corbeil. LAROCHE (Mme Jules), rue Saint Spire, à Corbeil. LASNIER (E.) Receveur des finances en non activité, 28, rue de Champlouis, à Corbeil. LEGROS, Notaire, Maire de Boissy-St-Léger. LEMAIRE (Jules), homme de lettres, rue Féray, à Corbeil. LORIN, Avoué, Secrétaire général de la Société historique de Rambouillet, à Rambouillet.
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 +MM. MAREUSE (Edgar), Secrétaire du Comité des Inscriptions parisiennes, 81, Boulevard Haussmann, à Paris. MARSAUX (l'Abbé), Curé-Doyen de Chambly (Oise). MARTELLIÈRE, ancien Magistrat, à Pithiviers (Loiret). *MAUBAN (Georges), à Soisy-sous-Etiolles, et à Paris, 5 bis, rue de Solférino. MONTGERMONT (le Comte G. de), 62, rue Pierre Charron, à Paris, et au château de Montgermont, par Ponthierry (S.-et M.) MOTTHEAU, 4, place St-Médard, à Brunoy, et à Paris, 87, rue d'Assas. MURET (l'Abbé), Curé de Brunoy. OUDIOU, Architecte de la ville de Corbeil, avenue Darblay, à Corbeil. PASQUET (Alfred-Marc), Architecte de l'arrondissement de Corbeil, à Corbeil. PASTRÉ (Aymé), Maire d'Evry-Petit-Bourg. PÉCOUL (Auguste), Archiviste-Paléographe, 12, rue Boissyd'Anglas, à Paris. PÉRIN (Jules), Avocat à la Cour d'Appel de Paris, Docteur en droit, Archiviste-Paléographe, à Ris-Orangis, et à Paris, 8, rue des Ecoles. PINSON (Paul), d'Étampes, 39, rue de Valenciennes, à Douai (Nord). PRESTAT, Receveur des finances de l'arrondissement de Corbeil. RABOURDIN (Charles), Maire de Paray, à la ferme de Contin, par Athis-Mons. RAVAUT (Paul), au château de Ste-Radegonde, commune du Coudray-Montceau, par le Plessis-Chenet. RICHERAND (le Baron), Maire de Villecresnes. ROBELIN (Léon), Président de la Société d'Encouragement à l'instruction, à Longjumeau. SABATIER, Maire de Viry-Châtillon. SAVARY, Conseiller général de Seine-et-Oise, à Villecresnes.
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 +MM. SÉRÉ-DEPOIN, Président de la Société historique de Pontoise, 56, rue Charles-Laffitte, à Neuilly (Seine). SIMON (Paul), Architecte, à Villeneuve-St-Georges. SOUPAULT, Maire de Villeneuve-le-Roi, par Ablon. TANON (M. L.), Président de Chambre à la Cour de Cassation, 90, rue d'Assas, à Paris, et au château du Clos-Bernard, à Soisy-sous-Etiolles. TETON (Gabriel), instituteur à Epinay-sous-Senart, par Brunoy. TOURNEUX (Maurice), 14, rue du Cardinal-Lemoine, à Paris. VALLET (l'Abbé), Curé de Fleury-Mérogis, par St-Michel-surOrge. VAUFRELAND (le Baron de), Maire de Morsang-sur-Seine, au château des Roches, commune de Morsang-sur-Seine, et à Paris, 38, avenue Gabriel. WARIN, Directeur de la papeterie d'Essonnes, à Essonnes. MEMBRES HONORAIRES-CORRESPONDANTS MM. BOURNON (Fernand), Archiviste-Paléographe, 12, rue Antoine Roucher, à Paris. COUARD (Emile), Archiviste de Seine-et-Oise, à Versailles. LEGRAND (Maxime), Avocat, rue de la Porte-dorée, à Etampes. MARQUIS (Léon), d'Etampes, 32, rue de la Clef, à Paris. MONTAIGLON (Anatole de), Professeur à l'école des Chartes, 9, place des Vosges, à Paris. PHARISIER, Rédacteur en chef de l'Abeille de Seine-et-Oise, à Corbeil. QUESVERS (Paul), à Montereau-faut-Yonne (Seine-et-Marne). STEIN (Henri), Archiviste aux Archives nationales, 38, rue Gay-Lussac, à Paris.
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 +LISTE DES MEMBRES DU CONSEIL D'ADMINISTRATION MM. BARTHÉLEMY (Jules), de Corbeil. BLAVET, d'Etampes. BONNIN (l'Abbé), d'Ablon. BOUCHER (le Dr Paul), de Corbeil. COLAS (l'Abbé), de Soisy-s-Etiolles. COURCEL (George de), de Vigneux. COURCEL (Valentin de), d'Athis-Mons. DEPOIN (Joseph), de Pontoise. DUFOUR (M. A.), de Corbeil. GENTY (l'Abbé), de Livry. HAURÉAU (de l'Institut), de Paris. JACQUEMOT (l'Abbé), de Boissy-St-Léger. JARRY (Henri), de Corbeil. LASNIER (E.), de Corbeil. LEGRAND (Maxime), d'Etampes. MAREUSE (Edgar), de Paris. MARQUIS (Léon), d'Etampes. MARTELLIÈRE, de Pithiviers. MOTTHEAU, de Brunoy. PASQUET (Alfred-Marc), de Corbeil. PÉRIN (Jules), de Ris-Orangis.
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 +BUREAU DE LA SOCIÉTÉ Présidents d'honneur: MM. les Sous-Préfets de Corbeil et d'Etampes. Président: Vice-Présidents: M. HAURÉAU, Membre de l'Institut. M. le Dr P. BOUCHER, Médecin en chef de l'hôpital de Corbeil. M. G. de COURCEL, ancien officier de marine. M. BLAVET, Président de la Société d'horticulture d'Etampes. Secrétaire-Général: M. DUFOUR, Conservateur de la bibliothèque Trésorier: et des archives de la ville de Corbeil. M. LASNIER, Receveur des finances en non activité. Secrétaire-Rédacteur: M. JARRY, Membre du Comité départemental d'hygiène. COMITÉ DE PUBLICATION MM. le Dr P. BOUCHER, Vice-Président, membre de droit. A. DUFOUR, Secrétaire-général, membre de droit. V. DE COURCEL, d'Athis-Mons. H. JARRY, Secrétaire-rédacteur, de Corbeil. L'Abbé JACQUEMOT, Curé-Doyen de Boissy-St-Léger. J. PÉRIN, de Ris-Orangis. Léon MARQUIS, d'Etampes.
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 +|**XIV**|
 +SOCIÉTÉ HISTORIQUE & ARCHÉOLOGIQUE DE CORBEIL, D'ÉTAMPES ET DU HUREPOIX ORIGINE DE LA SOCIÉTÉ ET PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES Dans le courant de l'année 1894, un groupe d'érudits et d'archéologues de Corbeil et de ses environs se réunissaient dans le but de jeter les bases de la fondation d'une société d'histoire et d'archéologie qui devrait embrasser les régions de Corbeil, d'Etampes et de l'ancien Hurepoix. L'entente fut promptement établie et un bureau provisoire fut nommé qui se composait de M. J. Laroche, ancien architecte de l'arrondissement de Corbeil, comme président; de M. Lasnier, receveur des finances en non activité, comme trésorier, et de M. A. Dufour, Bibliothécaire-Archiviste de la ville de Corbeil, comme secrétaire-général. L'on décida ensuite qu'une circulaire serait adressée à toutes les personnes susceptibles de s'intéresser à l'œuvre entreprise. Cette circulaire, appelée à définir clairement le but que poursuivaient les initiateurs, fut immédiatement rédigée dans les termes suivants: << Depuis de la Barre, prévôt et historien de Corbeil au commencement du xvii siècle, aucun écrivain, si ce n'est l'abbé Lebeuf au siècle suivant, ne s'est occupé spécialement et d'une manière continue de l'histoire de Corbeil et de la région qui l'entoure. Et cependant ce ne sont pas les éléments qui manquent: les Archives publiques et privées, inexplorées jusqu'à présent, renferment de précieux trésors his-
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 +|**XV**|
 +toriques qui ne demandent qu'à voir le jour; le souvenir des monuments disparus, et ils sont nombreux, risque de tomber dans l'oubli, si des archéologues de bon vouloir ne viennent bientôt rappeler leur histoire et retracer leurs beautés, presque ignorées aujourd'hui. Et pourtant ces édifices ont fait durant des siècles l'orgueil des populations qui nous ont précédés sur ce sol que l'on foule à présent d'un pied trop souvent indifférent, parce qu'on ne le connaît pas assez. Nos environs sont encore riches en monuments, peu ou mal connus, qu'il serait intéressant d'étudier, aussi bien dans le passé que dans leurs modifications postérieures. Il n'est pas jusqu'à la mémoire des hommes, qui sont nôtres par leur naissance ou leur séjour parmi nous, et qui nous honorent par leurs travaux ou les services rendus, qui ne soit prête à s'effacer, faute d'historiens qui les rappellent à leurs concitoyens. Il n'y a pas de pays, si peu étendu ou important qu'il soit, qui ne trouve profit à créer dans son sein une société savante. C'était l'opinion de Viollet-le-Duc qui la traduisait ainsi, dans une lettre à un de ses amis: « Si chacun tenait à mettre en lumière toutes les richesses possédées par une division territoriale, nous aurions bientôt une histoire complète de la France par ses monuments ». Le vœu de l'éminent archéologue a été en très grande partie réalisé, car chacun de nos départements possède aujourd'hui au moins une société savante et, le plus souvent, il en a plusieurs; il en existe dans presque tous les arrondissements et il n'est pas rare d'en rencontrer dans les chefs-lieux de canton. Notre région, qui confine aux limites de l'Ile-de-France, du Gâtinais et du Hurepoix, et encore aux territoires de la Beauce et de la Brie, est entourée de toutes parts de sociétés savantes dont les sièges sont à Paris, Pontoise, Versailles, Rambouillet, Melun et Fontainebleau; seules nos vieilles villes de Corbeil et d'Étampes n'en possèdent pas. Ce regrettable état d'infériorité a frappé un groupe d'hommes amis de notre pays et de son histoire; ils se sont réunis dans la pensée commune de le faire cesser, et c'est en vue de ce résultat, qu'ils ont décidé la création d'une société historique et archéologique dont le champ d'études embrasserait l'ancien Comté de Corbeil, ainsi que la partie du Hurepoix la plus rapprochée de nous, en y joignant Étampes et la région qui nous en sépare, Etampes, ville intéressante à tant d'égards par son passé si fertile en souvenirs et son sol si riche en monuments. Le but qu'elle poursuit et qui ne peut être atteint que par la coopération du plus grand nombre possible d'adhérents, souscripteurs et travailleurs, peut se résumer en peu de mots: l'Étude en commun de l'histoire et de l'archéologie de notre cher pays et la publication, dans la mesure de ses ressources, de tous documents pouvant jeter un jour nouveau sur son passé, ses monuments, les événements qui s'y sont accomplis, les personnalités qui l'ont honoré. » Cet appel fut entendu et les adhésions reçues furent assez nombreuses pour permettre la réunion d'une première assemblée préparatoire qui se tint à la Sous-Préfecture de Corbeil, sous la présidence et avec l'obligeant concours de M. G. de Linières, SousPréfet de Corbeil qui, dès le début, montra le plus bienveillant empressement à aider la Société de son expérience et de ses relations.
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 +En ouvrant la séance à laquelle assistent un certain nombre de notabilités de l'arrondissement de Corbeil, M. G. de Linières souhaite la bienvenue aux personnes présentes et il félicite celles d'entre elles qui ont pris l'initiative de la fondation de la jeune Société. Il dit que l'idée de fonder une Société historique et archéologique à Corbeil est excellente et sera féconde en résultats utiles, cette Société étant appelée à rendre des services réels en étudiant l'histoire de la contrée, en exhumant et mettant au jour des documents intéressants peu ou mal connus et surtout en étudiant les monuments et objets d'art de notre région et en veillant à leur bonne conservation. M. de Linières ajoute qu'il est heureux de saluer à son aurore la jeune Société historique et archéologique de Corbeil et d'Etampes: il forme les vœux les plus sincères pour sa réussite et lui promet son plus entier appui, ainsi que l'hospitalité de la Sous-Préfecture chaque fois qu'elle croira en avoir besoin. L'assemblée nomme ensuite son bureau provisoire qui n'est autre que celui antérieurement désigné, auquel on adjoint comme vicePrésidents M. le Dr Paul Boucher, de Corbeil; M. Blavet, d'Etampes et M. G. de Courcel, de Vigneux, ainsi que M. Henri Jarry, de Corbeil, comme Secrétaire-rédacteur. M. Laroche, sur l'invitation de M. de Linières, prend alors possession de la présidence et remercie l'assemblée de l'honneur qu'elle a bien voulu lui faire. Il constate que les fonctions qu'il a acceptées sont essentiellement provisoires et il espère que, lors de la nomination d'un bureau définitif, la Société saura choisir un Président non moins dévoué que lui, mais plus expérimenté et plus apte à diriger les travaux de la Société. L'assemblée nomme encore un Conseil d'administration provisoire, puis elle acclame comme Présidents d'honneur de la Société M. de Linières, Sous-Préfet de Corbeil, et son collègue d'Etampes. La question des statuts et du règlement est soumise ensuite à l'assemblée qui décide que le Secrétaire-général en préparera le projet qui sera soumis à la prochaine séance du Conseil provisoire. Avant de se séparer, l'assemblée décide que la Société prendra le titre de: Société historique et archéologique de Corbeil, d'Etampes et du Hurepoіх. L'enfantement d'une Société dont les membres sont dispersés dans un rayon étendu est laborieux et assez lent; en outre la
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 +|**XVII**|
 +Société avait eu la douleur de perdre son premier Président, M. Jules Laroche, qui avait succombé le 11 juin 1894, après une longue maladie courageusement supportée; c'est ce qui explique que la première assemblée générale ne put être réunie que le 6 août 1894. Cependant, plusieurs réunions du Conseil avaient eu lieu dans l'intervalle; les statuts et le règlement avaient été lus et discutés et le texte à présenter à l'assemblée générale avait été adopté. ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DU 6 AOUT 1894 M. de Linières, Sous-Préfet de Corbeil, ouvre la séance au milieu d'une réunion nombreuse de personnes venues de tous les points de l'arrondissement et même de plus loin; il rappelle que la Société a été douloureusement éprouvée parla mort de M. Laroche, enlevé trop tôt à l'affection des siens et aux travaux de la Société dont il avait été le Président provisoire et dont il serait certainement resté le Président définitif. M. le Sous-Préfet exprime les regrets unanimes qu'a causés dans l'arrondissement de Corbeil et dans les arrondissements voisins la perte de cet homme affable, aussi modeste que distingué, dont l'existence entière a été consacrée à la recherche du bien et du beau. Il rappelle les efforts tentés par M. Laroche pour créer la Société historique de Corbeil-Etampes. Le succès, du reste, a couronné ses efforts, car un grand nombre de personnes honorables, s'intéressant vivement aux souvenirs du passé et aux choses de l'art, ont donné ou promis leur adhésion. M. le Président évoque encore le souvenir de la manifestation imposante, toute de douleur et de sympathie, qui s'est produite aux obsèques de M J. Laroche. Le Secrétaire-général de la Société, tout désigné pour prendre la parole à la cérémonie funèbre, a rendu avec émotion un sincère hommage aux qualités de l'ami et au mérite de l'architecte éminent qui avait l'autorité nécessaire pour présider aux débuts de l'œuvre entreprise. M. de Linières termine en disant que reconnaître la vitalité de la Société historique de Corbeil-Etampes et faire des vœux pour sa prospérité, c'est honorer la mémoire de M. Laroche. M. le Président invite ensuite l'assemblée à nommer le bureau 2
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 +définitif de la Société. Un vote par acclamation donne les résultats suivants : Présidents d'honneur: MM. les Sous-Préfets de Corbeil et d'Etampes. Président: M. Hauréau, membre de l'Institut. Vice-Présidents: M. le Dr Paul Boucher, médecin en chef de l'hôpital-hospice Galignani, de Corbeil. M. G. de Courcel, ancien officier de marine, à Vigneux. M. Blavet, président de la Société d'horticulture d'Etampes, à Etampes. Trésorier: M. Lasnier, receveur des finances en non activité, à Corbeil. Secrétaire-général : M. A. Dufour, conservateur de la bibliothèque et des archives de la ville, à Corbeil. Secrétaire-rédacteur: M. H. Jarry, membre de la Commission départementale d'hygiène, à Corbeil. M. le Sous-Préfet déclare alors constitué le bureau de la Société historique et archéologique de Corbeil, d'Etampes et du Hurepoix, et cède la présidence à M. Paul Boucher, premier vice-Président. M. le Dr Boucher remercie l'assemblée de l'honneur qu'elle a bien voulu lui faire en le nommant premier vice-Président; puis en son nom et au nom de tous les membres de la Société, il exprime à M. le Sous-Préfet sa reconnaissance pour le vif intérêt qu'il n'a cessé de porter, depuis la première heure, à la jeune Société en formation; il le remercie surtout des sympathiques paroles qu'il vient de prononcer pour rappeler ce qu'avait été M. Laroche et la grande part qu'il avait prise à la fondation de la Société. M. le Président donne ensuite lecture des projets de statuts e de règlement. Les articles des statuts et du règlement sont successivement discutés et adoptés, sauf deux qui furent réservés et renvoyés à l'examen du Conseil, pour une modification demandée par la majorité. L'assemblée désigne ensuite, pour compléter le Conseil, M. l'abbé Jacquemot, Curé-Doyen de Boissy-St-Léger, M. l'abbé Colas, Curé de Soisy-sous-Etiolles et M. Jules Barthélemy, géomètre-expert à Corbeil; puis elle nomme les membres correspondants, qui sont
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 +au nombre de huit et dont on trouvera les noms à la suite de la liste des membres de la Société. M. le Trésorier présente la situation financière de la Société, arrêtée au 6 août 1894. Il résulte de ce document que les sommes encaissées jusqu'à ce jour se montent à 412 francs (M. le trésorier en donne le détail), les dépenses diverses à 19 fr. 90 c., et que les sommes à recouvrer s'élèvent à 666 fr.; M. Lasnier ajoute que le nombre des souscripteurs, à la même date, est de 68. Ce compte-rendu financier est adopté à l'unanimité et des remerciements sont votés au Trésorier. La presse locale et la plupart des organes spéciaux de Paris ayant applaudi à la formation de la Société de Corbeil-Etampes et lui ayant adressé leurs félicitations et les meilleurs souhaits de prospérité, l'assemblée, par l'organe de son Président, exprime la gratitude de la Société pour les témoignages de sympathie et d'encouragement qu'elle a reçus de tous côtés. Toutes les questions à l'ordre du jour étant ainsi réglées, le Président lève la séance et l'on se sépare en applaudissant à la constitution définitive de la Société. Il restait encore à fixer le texte des deux articles des statuts qui avaient été réservés: le Conseil se réunit donc le 3 novembre 1894 et, dans cette séance, la rédaction définitive des statuts et du règlement fut arrêtée, et l'on décida qu'une nouvelle assemblée générale se réunirait le 4 décembre suivant pour donner son adhésion à ce texte définitif et permettre ainsi de demander l'approbation des statuts à l'autorité préfectorale. Lors de cette assemblée générale du 4 décembre 1894, l'accord fut complet et les statuts ainsi que le règlement furent entièrement adoptés, notamment l'article V des statuts qui fixait à dix francs la cotisation annuelle, réduite encore à cinq francs pour les membres du clergé et de l'enseignement. Une modification importante avait encore été apportée à l'article VII, en vue de faciliter la constitution d'une majorité dans le sein du Conseil d'administration, dont les membres disséminés sur tous les points de l'arrondissement, pouvaient ne pas être toujours réunis en nombre suffisant; c'est afin de parer à cette difficulté que le nombre des membres du Conseil fut porté de dix à vingt-et-un. En conséquence, onze membres nouveaux furent immédiatement 4
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 +nommés; on trouvera leurs noms plus haut sur la liste du Conseil d'administration. Sur la demande du Secrétaire-général, l'assemblée comblant une lacune, décida la création d'un Comité de publication, appelé à donner son avis sur les travaux qui devront être publiés par la Société. Ce comité fut composé d'un vice-Président et du Secrétaire-général, membres de droit, et de cinq membres élus pour un an et rééligibles. Furent nommés: MM. Valentin de Courcel, d'Athis-Mons. l'Abbé Jacquemot, Curé-Doyen de Boissy-St-Léger. J. Périn, Archiviste-Paléographe, de Ris-Orangis. Léon Marquis, d'Etampes. Henri Jarry, membre du Comité départemental d'hygiène, de Corbeil. Dans le but de faciliter le travail du trésorier, il fut encore décidé que l'année sociale commencerait le 1er janvier 1895. En terminant la séance, M. le Président, au nom de l'assemblée, charge le Secrétaire-général de solliciter de l'autorité préfectorale l'approbation des statuts dont le texte venait d'être définitivement arrêté et voté. Cette formalité fut immédiatement remplie et, le 19 février 1895, les statuts revenaient de Versailles, revêtus de l'approbation de M. le Préfet; on en trouvera le texte ci-dessus ainsi que celui du règlement qui, rédigé en vue du fonctionnement intérieur de la Société, n'avait pas à être approuvé. La Société historique et archéologique de Corbeil, d'Etampes et du Hurepoix se trouvait ainsi définitivement et légalement constituée et pouvait enfin se livrer aux travaux en vue desquels elle avait été fondée.
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 +=====GUILLAUME ET GUY D'ÉTAMPES=====
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 +Il y eut à Paris, vers le milieu du XIIIe siècle, deux prédicateurs nommés Guillaume et Guy, surnommés De Stampis, c'est-à-dire originaires d'Etampes ou des environs, qui n'ont pas, à la vérité, fait beaucoup de bruit, mais ont néanmoins prononcé des sermons que leurs contemporains ont pris le soin de nous transmettre. Si le caractère des gens est trahi par le ton de leurs discours, voilà deux prédicateurs qui ne se ressemblaient guère. Ils étaient pourtant l'un et l'autre religieux, et religieux mendiants; mais ils ne portaient pas la même robe. Frère Guillaume était dominicain et Frère Guy, franciscain. Echard ne parle pas de Guillaume d'Etampes. C'est qu'il n'a pas su qu'il y avait un de ses sermons dans la librairie de la Sorbonne. Mais il a dû connaître son nom, Etienne de Salagnac l'ayant très honorablement inscrit, entre ceux d'Albert le Grand et de saint Thomas, sur la liste des docteurs qui professèrent la théologie dans l'illustre maison de Saint-Jacques (1). Les docteurs étaient obligés de faire au moins un sermon chaque année (2). On est donc certain que Guillaume d'Etampes a prêché plus d'une fois; cependant on n'a pu retrouver encore qu'un seul de ses sermons, aujourd'hui conservé dans le n° 15.955 de la Bibliothèque nationale, fol. 365. Il fut prononcé, le jour de l'Ascension, dans le couvent de Saint-Jacques; on ne dit pas en quelle année. C'est un sermon très grave, un vrai sermon de docteur, (1) H. Denifle, Quellen zur Gelehrtengeschichte des Predig., p. 41. (2) Thurot, Organ. de l'enseign. dans l'univ. de Paris, p. 158.
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 +|**00000030**| 2 sur ce thème : « Tout ce que vous demanderez en mon nom à mon père vous sera donné (1); » et l'amplification de ce thème est faite tout entière avec des centons de l'Ecriture; il n'y a là presque rien de personnel. Quelques traits pourtant sont à noter. S'adressant à des religieux dont le mandat principal est de prêcher, l'orateur va jusqu'à leur dire, pour les flatter, non seulement que le Saint-Esprit se fait entendre par leur bouche, mais qu'il opère, par leur bouche, des miracles. Quels miracles? Les plus grands de tous, auxquels pas un n'est comparable. Il est en effet, dit-il, plus difficile et plus glorieux << de convertir un pécheur que de créer le ciel et la terre; Peccatores ad Dominum convertere est majus quam creare cælum el terram ». L'auditoire dut vivement applaudir. Il applaudit aussi probablement cette véhémente déclamation contre les usuriers: <<< Tous les Saints crient contre l'usurier, par qui tant de gens sont précipités dans l'enfer, tant de gens par lui dépouillés de leurs biens, et contraints pour vivre de voler et de se prostituer. » On sait que les clercs et particulièrement les religieux de ce temps-là appelaient usurier tout laïque enrichi par les fruits accumulés d'un négoce quelconque. Ainsi, du reste, les pauvres ont, dans tous les temps, traité les riches, même les plus honnêtes et les plus bienfaisants. Nous n'avons aussi qu'un sermon de Guy d'Etampes, prononcé le jour de la fête de la Sainte-Croix, in Campellis, aux Champeaux, post prandium, après dîner. Ici la date ne nous manque pas; c'est l'orateur lui-même qui nous la fait connaître, rappelant que l'instituteur de la fête, le pape Célestin, est mort depuis trente-quatre ans. Il s'agit de Célestin IV, mort en 1241. Le sermon est donc de l'année 1275. Quant aux Champeaux, ce sont les halles de Paris. Ainsi notre Mineur fit son sermon sous ces halles, quelque tréteau lui servant de chaire. Qu'on ne s'en étonne pas. Les clercs séculiers prêchaient toujours dans leurs églises; mais les prédicateurs nomades, c'est-à-dire les religieux, à qui l'accès des églises était souvent interdit, n'hésitaient pas, dans l'occasion, à prêcher en plein air, sur les places. On soupçonne qu'ils n'y avaient pas un auditoire très sensible aux élégances littéraires. Aussi le haranguaient-ils habituellement, sans (1) Evang. Joannis, c. xv1, 23.
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 +|**00000031**| -3 - doute par calcul, dans un latin macaronique, qu'ils assaisonnaient volontiers de propos vulgaires, disons grossiers. Aux Champeaux, après dîner, devaient s'être donné rendez-vous bien des écoliers en humeur de rire. Eh bien, ils riront. Le thème choisi par Guy d'Etampes fut ce passage de saint Matthieu: << Un homme planta une vigne, l'entoura d'une haie et y mit un pressoir (1) ». Comment l'orateur va-t-il tirer de ce thème un sermon de circonstance, en l'honneur de la croix? On se le demande. C'est pourquoi celui-ci s'empresse de répondre: Nous sommes au 14 septembre, à la veille des vendanges; disons donc que la vigne est la Vierge, le pressoir la Croix et le Christ le bon vin. Il ne s'agit plus ensuite que de paraphraser cette interprétation de l'allégorie. Nous traduisons: <« Quand le Christ fut né, bientôt la grappe se montra. Il fut nourri par la Vierge, sa mère, ne la quitta pas, lui obéit, et, croissant en âge, en grâce, contribua de plus en plus à l'édification de l'Eglise. Et quand le fruit fut mûr, il fallut vendanger cette vigne, couper cette grappe. Alors Judas prit à loyer les vendangeurs, qu'il amena avec leurs sarcloirs, c'est-à-dire leurs bâtons et leurs glaives; et la Vierge fut spoliée de son fils, comme la vigne de sa grappe... Et comme la grappe est ensuite pressée, tordue dans le pressoir, ainsi advint-il du Christ. A quoi bon serait-il né s'il n'avait pas dû, comme dit saint Grégoire, nous racheter par sa mort?... » Et tout le sermon est cette paraphrase burlesquement développée. Citons encore quelques lignes: <<< Nous buvons dans le sacrement de l'autel, poursuit l'orateur, le vin rouge produit par la grappe noire, et les martyrs, les apôtres, ayant tellement bu de ce moût qu'ils en étaient ivres, couraient tous à la mort. Jusqu'au temps du pape Silvestre, le moût resta si chaud que tout le monde voulait être martyr; on courait au martyre comme nos lécheurs (lecatores) courent à la cuve où le vin doux fermente. Buvez et énivrez-vous, mes très chers. Battez l'ivrogne. Il ne sait ce que vous faites; il est insensible aux coups comme aux injures... >>> C'en est assez; on devine le reste. Qu'on ne soit pas d'ailleurs trop surpris d'entendre prêcher ainsi. Nous avons de tels sermons récités même dans les églises. Assurément ni saint Thomas ni saint Bonaventure ne nous en ont laissé de semblables; mais (1) Evangel. Matthæi, cap. xx1, 33.
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 +|**00000032**| 4 beaucoup de leurs confrères, gens de la foule, sans souci d'une bonne tenue, se sont librement exercés dans ce genre familier, facétieux, et, quand la mode en eut pris, elle dura longtemps. Il nous a paru bon de faire connaître à leurs compatriotes ces deux religieux de robe diverse, Guillaume et Guy d'Etampes, par eux certainement tout à fait ignorés. B. HAURÉAU, Membre de l'Institut.
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 +|**00000033**| SAINT SPIRE A BALLENCOURT & A CORBEIL Le Culte des reliques de Saint Spire ou Exupère (1), premier évêque de Bayeux, remonte au temps de la fondation de Corbeil, on prétend même qu'elles en furent l'occasion principale. Les restes de l'Apôtre du Bessin, vénérés à Bayeux dès les premiers siècles de l'Eglise, furent transportés à l'intérieur du pays pour les soustraire aux déprédations des hommes du Nord qui envahissaient les régions du littoral. L'histoire, ou plutôt la légende, rapporte que ces reliques furent d'abord déposées au château de Palluau (2), près de Ballancourt, où l'on bâtit une chapelle pour les recevoir et où elles furent l'objet, pendant près d'un siècle, de la pieuse vénération des habitants de tout le pays circonvoisin. Quatre-vingts ans plus tard, toujours selon la légende, en 943 ou 963, car on n'est pas d'accord sur cette date, Haymon, premier comte de Corbeil, trouvant que ces reliques insignes n'étaient point encore assez en sûreté dans le château de Palluau, situé au milieu de la campagne, vint, accompagné de nombreux chevaliers, mettre le siège devant ce château dont il s'empara; puis il transporta les précieuses reliques dans sa forteresse de Corbeil, près de laquelle il fit construire, pour les abriter dignement, l'église qui (1) Le nom véritable de ce saint est Exuperius, Exupère, forme qui s'est conservée à Bayeux, mais qui s'est profondément altérée chez nous; d'Exupère on a fait Supère, Supire, Cepire et enfin Spire, forme dernière qui a prévalu et qui remonte déjà très loin. (2) Palluau, aujourd'hui Palleau, commune de Ballancourt, canton de Corbeil. On dit encore Palleau-la-Chapelle, pour distinguer ce lieu d'un endroit voisin, nommé Palleau-le-Moulin.
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 +|**00000034**| - - 6 porte encore aujourd'hui le nom du grand Saint dont elle devait conserver pendant de longs siècles les restes vénérés. La ville de Corbeil dut ses commencements à la forteresse et à l'église autour desquelles les habitations vinrent se grouper; l'église, incendiée par deux fois et partiellement reconstruite, existe encore; quant à la forteresse, réédifiée plus tard sous Louis VI, les grands moulins de Corbeil en occupent aujourd'hui l'emplacement; il en reste seulement la grosse tour carrée qui fait saillie sur l'antique place Saint-Guenault, dénommée maintenant place Galignani. Cette tour, où fut enfermé Georges d'Amboise, le grand ministre de Louis XII, servit, pendant plusieurs siècles, de logement aux Capitaines de Corbeil. C'est en souvenir de ce séjour de 80 ans des reliques du premier évêque de Bayeux dans le village de Ballancourt et des miracles qu'elles y avaient produits, que les habitants de ce lieu avaient conservé certains privilèges, auxquels ils étaient très attachés, et qui leur avaient été accordés dès l'origine, pour les dédommager de la perte de leurs chères reliques. Ces privilèges, qui durèrent jusqu'à la Révolution, donnaient le droit aux gens de Ballancourt de porter la châsse du Saint depuis l'église de SaintSpire, où elle reposait, jusqu'au seuil du cloître du même nom, le jour de la grande procession annuelle qui eut lieu, chaque année, pendant plus de huit siècles, le cinquième dimanche après Pâques, jour anniversaire de la translation des reliques à Corbeil. Pour accomplir ce pieux devoir, les Confrères de Ballancourt devaient être à jeun, pieds nus, revêtus d'aubes blanches et couronnés de fleurs; ils devaient au préalable s'être confessés et avoir communié. Et quand après tous les offices qui y étaient célébrés, la procession revenait du champ du Tremblay, les Confrères de Ballancourt reprenaient, à la porte du cloître, leur précieux fardeau et le reportaient dans l'église qui lui servait de temple et d'asile. Si les gens de Ballancourt ne portaient la châsse que pendant un si faible trajet, c'est que la Confrérie de Saint-Spire de Corbeil, autrement importante et nombreuse, reprenait ensuite son droit de lui faire effectuer le reste du parcours. La grande Confrérie de Corbeil remontait aux premiers temps du culte de Saint Spire dans cette ville; on tenait à honneur d'en faire partie, aussi les personnages les plus qualifiés se faisaient
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 +|**00000035**| - 7inscrire sur ses registres, dont plusieurs sont encore conservés dans les archives de la paroisse. Les visiteurs de marque y apposaient parfois leur signature; c'est ainsi que, sur l'un d'eux, figurait celle de la reine Anne d'Autriche avec la date 1663.(1) Cette Confrérie avait ses dignitaires; en 1788, M. du Perray en était le Procureur, MM. Ancel et Jassenne, conseillers, et Guérin, greffier. Le costume des Confrères était le même qu'à Ballancourt, c'està-dire aubes blanches, couronnes de roses et bâton fleuri; mais ils n'avaient plus les pieds nus, à cause du trajet assez long qu'ils avaient à parcourir, et dans une saison où le temps est assez souvent froid et pluvieux. (2) La Confrérie s'en est allée avec la fête; les Confrères, ne se renouvelant plus, diminuaient chaque année. Vers 1850, il n'en restait plus que deux, très âgés, qui venaient, chaque année, dans leur costume traditionnel, accomplir leur pieux et antique devoir. L'un venait du hameau des Brosses, l'autre de Champrosay. Ils étaient les derniers survivants d'une compagnie qui ne se recrutait plus; avec eux disparut tette grande Confrérie, bien des fois séculaire, qui avait tenu une place si importante dans la vie sociale de nos ancêtres, et la grande procession dont ils étaient les acteurs, et non les moins importants, ne tarda pas à disparaître à son tour. Elle était cependant bien imposante cette belle procession, où figuraient toutes les reliques de la ville et qui était suivie par une immense population venue de très loin à la ronde. Les rois de France, ainsi que les princes et princesses de leur maison, l'accompagnèrent fréquemment. C'est ainsi que l'on vit en 1519, le 6 août (3), le roi François Ier, avec les reines Louise de Savoye, sa mère et régente du royaume, et Claude de France, son épouse, (1) Almanach de Corbeil de 1789, p. 19. (2) La gravure de 1789 que nous reproduisons ici les représente chaussés, mais tous les auteurs anciens sont d'accord pour dire qu'ils accomplissaient leur trajet toujours pieds nus. Cet adoucissement leur aura été accordé dans les derniers temps. (3) C'était une procession exceptionnelle, comme on en faisait souvent aux époques de calamité. Celle-ci avait pour but de demander la cessation d'une grande sécheresse.
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 +|**00000036**| 8 - suivre dévotement à pied les châsses qui faisaient alors la joie et l'honneur de la ville de Corbeil. Claude Malingre, dans ses Antiquités de la ville de Paris, publiées en 1640, nous a laissé une description de cette cérémonie, qu'il n'est point inutile de reproduire ici. (1) < Ledit jour (2), à dix heures se fait la procession, en laquelle assistent les < paroisses tant de la ville que des faubourgs et une multitude presque infinie de << peuple, et sont portées avec magnificence icelles châsses, par une quantité < d'hommes, tous revêtus d'aubes blanches, ayant des chapeaux de fleurs sur leurs << têtes, tenant des cierges blancs en leurs mains, et nus pieds, appelés les Confrères < de la sainte et dévote Confrérie des porteurs des châsses desdits saints; et la < dite procession, précédée de clérons, cornets à bouquins, hauts-bois et lumi- < naires, arrive au lieu du Tremblay, où, pour mémoire perpétuelle de la pre- << mière translation qui y fut faite, a été posée une haute croix de pierre et mise < aussi une grande table aussi de pierre sur laquelle l'on fait reposer les dites << châsses; et là se chantent plusieurs antiphônes et cantiques de louanges, comme << aussi se disent plusieurs suffrages et oraisons, et ensuite se fait la prédication, < laquelle finie, l'on s'en retourne en pareil ordre à l'église, où est célébrée la < grand'messe fort solemnellement ». Beaupied, qui fut Abbé de St-Spire de 1732 à 1753, et qui a été inhumé au chœur de cette église, a écrit la vie de St Spire et de St Leu, petit volume orné de deux gravures et assez difficile à rencontrer aujourd'hui, malgré ses deux éditions de 1732 et 1773. Parlant de la procession, Beaupied, mieux placé que personne pour bien savoir ce qui se passait, s'exprime ainsi : (3) < On ne saurait exprimer la quantité des peuples qui viennent de toutes parts < pendant ce temps, même des extrémités de la France; le nombre en est si « grand qu'à peine les Chanoines peuvent-ils passer dans le chœur de leur église, < pour la célébration du service divin, même avec le secours de plusieurs halle- < bardiers qui les conduisent. >> Du Breul, l'historien de Paris (4), a aussi parlé de la procession de St Spire; dans son supplément, page 95, il dit que: De Paris et de plusieurs autres lieux y accourt une affluence si grande de < peuple qu'à peine la ville suffit-elle pour la contenir. A ce jour solennel se fait < une très belle procession, où se porte la châsse de St Spire, à laquelle tout le (1) Liv. 4, p. 145. (2) 5m dimanche après Pâques. (3) Edit. de 1773, p. 46. (4) Paris, 1612.
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 +|**00000037**| -9 - < peuple assiste et fait le tour de la ville, puis retourne dire la messe en son < église qui se trouve si pleine de monde que souventes fois il y en a d'étouffez ». Lors du rétablissement du culte en 1795, la procession de St Spire se fit comme autrefois, malgré que la plus grande partie des reliques qui l'avaient motivée dès son origine eussent été détruites pendant la Révolution (1). Son point terminus, le champ du Tremblay, avait été aliéné et vendu comme bien national (2); la procession s'arrêtait donc devant l'église St-Jacques, qui se trouvait à l'extrémité de la rue du même nom, au bas du chemin qui monte à St-Germain. Cette église, désaffectée à la Révolution, fut vendue, puis démolie au commencement de ce siècle, mais la procession continua, chaque année, à faire sa station, bien courte désormais, devant l'emplacement de l'église disparue, où une simple croix avait été érigée. Cette imposante cérémonie, qui attirait autrefois à Corbeil un immense concours de populations, se continua pendant plus de la moitié du XIXe siècle, déclinant chaque année jusqu'au jour où elle fut supprimée administrativement (3). Nous donnons ici la reproduction d'une gravure devenue très rare et qui représente cette procession à son arrivée au champ du Tremblay. Cette œuvre n'a rien d'artistique, mais elle offre un vif intérêt pour la ville de Corbeil, en retraçant fidèlement l'épisode le plus important d'une fête religieuse, qui se célébra chaque année pendant de longs siècles et dont le souvenir, qui se perd de jour en jour, subsiste seul aujourd'hui. Cette gravure a été exécutée en 1789 par un artiste du nom d'Eustache Lépine, sous la direction de l'abbé Guiot, dernier Prieur de St Guenault, de Corbeil. On y remarque, au premier plan à gauche, un groupe de ces confrères de St Spire dont il est question dans cette notice, puis les châsses, posées sur les stèles destinées à les recevoir à chaque procession. Tout à fait à gauche, sur la terrasse de la propriété voisine, qui domine ce champ du (1) Cette destruction fut l'objet d'une fête civique qui fut célébrée le 20 Pluviose An II (8 février 1794); le procès verbal de cette cérémonie a été conservé, mais nous ne croyons pas opportun de le reproduire ici.. (2) Ce champ, qui est en bordure de la Seine, est devenu le potager de la maison qui se trouve en face, de l'autre côté de la rue des Marines.. (3) L'arrêté du maire Litzelmann supprimant les processions est du 26 septemb. 1887.
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 +|**00000038**| 10 - ( Tremblay, un prêtre, qui fut souvent un Evêque, prononce un discours devant le peuple assemblé. Notre estampe a en outre un intérêt topographique: elle nous montre en effet la rive gauche de la Seine, telle qu'elle était il y a plus d'un siècle, c'est-à-dire presque dépourvue d'habitations dans cette partie d'aval du fleuve, puis le grand magasin de la ré. serve de Paris, construit sous les ordres de l'abbé Terrai en 1767 et disparu, lui aussi, dans une catastrophe récente, et enfin l'ancien Coche de Corbeil, l'antique bateau Corbillat, qui fut si longtemps l'unique moyen de transport entre Corbeil et Paris (1). Les privilèges des gens de Ballancourt avaient été reconnus de toute ancienneté par des documents royaux qui ne nous sont pas parvenus et qui furent confirmés par François Ier, par l'Officialité de Paris et aussi par une bulle du Pape Clément XI, datée de 1710. On trouvera aux pièces justificatives ces documents, tels qu'ils nous ont été conservés par l'abbé Guiot, dans l'un de ses manuscrits conservés à la bibliothèque de Rouen (2). Le même abbé Guiot avait aussi retrouvé un ancien diplôme délivré à un confrère de Ballancourt par le curé du lieu; on y lisait, sous la forme des commandements de Dieu, les devoirs à remplir par les confrères. L'abbé Guiot a inséré cette pièce curieuse dans le même manuscrit, ce qui nous permet de pouvoir en donner la reproduction. Elle intéressera certainement les habitants de Ballancourt, dont bien peu doivent avoir conservé le souvenir des pieux devoirs de leurs ancêtres. Les commandements des confrères de Ballancourt indiquant les devoirs qu'ils ont à remplir à la suite de leurs droits sur la châsse qu'ils vont porter. Le bon saint Spire porteras A jeun respectueusement. (1) Il existe une seconde estampe de la procession de St Spire, toute différente de celle que nous reproduisons. Elle est du même auteur et porte la date de 1793. On y voit la procession en marche, arrivant au champ du Tremblay. Cette gravure est aussi rare que la première; toutes deux font partie de la collection iconographique de la bibliothèque communale de Corbeil. Nous espérons pouvoir donner la reproduction de cette seconde gravure dans un de nos prochains bulletins. (2) Fonds Montbret, ms. 115.
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 +|**00000039**| II Le même jour communieras Tout comme à Pâques exactement. Tête et pieds nuds tu marcheras En portant la châsse humblement. Profond silence garderas Pour éviter tout différend. D'Aube blanche tu couvriras De pied en cap ton vêtement. De fleurs ou rubans orneras Ton chef et bourdon proprement. Du fardeau tu ne te plaindras S'il pesoit inégalement. Le saint dépôt tu remettras A ceux de Corbeil loyalment. A ta famille reviendras Sans t'arrêter aucunement. Et de retour remercieras Le Ciel et les Saints mêmement. Une chapelle avait été élevée au lieu de Palleau, sur l'emplacement où avaient reposé les reliques de St Spire. Pendant tout le moyen-âge, cette chapelle fut en honneur et le culte du Saint s'y célébra jusqu'à la Révolution. De nos jours on y a encore connu un petit oratoire; maintenant tout a disparu et le souvenir des cérémonies d'autrefois, qui tenaient une si grande place dans la vie des habitants de la contrée, tend de plus en plus à s'effacer; seuls, les documents que nous transcrivons ici peuvent rappeler un culte qui a été si longtemps et si pieusement exercé par les habitants de la commune de Ballancourt. A. DUFOUR, Bibliothécaire.
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 +|**00000040**| PIÈCES JUSTIFICATIVES Extrait de la sentence du Parlement de Paris, en date du 23 avril 1529, pour le port de la Châsse de saint Spire. FRANÇOYS, par la grâce de Dieu, Roy de France, à notre premier huissier de notre Court de Parlement, nos sergents, juges sur ce requis, salut. Humblement et supplians, nos bien amez manans et habitans du village de Balancourt près Corbeil nous représentent que aux dits supplians et à leurs ancêtres il appartient, de toute ancienneté, le jour et fête de saint Spire, porter en procession la châsse dudit saint Spire, d'où elle se pose dans l'église de Corbeil jusqu'à la porte et issue du cloistre d'icelle, et la mettre sur un poteau en fasson de reposoir, et icelle bailler aux pellerins dudit saint Spire pour la porter jusqu'au lieu du Tremblay, là où on a accoustumé de les sermonner par chacun an en l'honneur et louange dudit Saint; et au retour de ladite procession, après que lesdits pellerins l'auront rapportée et remise sur ledit poteau, ou tréteau, ou reposoir, en face de ladite porte et issue du cloistre, icelle reprendre et reporter jusqu'en ladite église; lesquels de ce droit ont foy et tant qu'eux que leurs prédécesseurs, non seulement par dix, vingt, trente, quarante, cinquante et même par cent ans et tel et si long tems qu'il n'est mémoire de l'usage qu'ils en sont en possession et saisine, ladite possession et saisine les remet en droit de disposer et de se nommer possesseurs, en possession et saisine, et autres qu'eux ne s'en peuvent dire ni nommer possesseurs (1) etc... Suit un arrêt en faveur desdits habitants de Balancourt, confirmé par deux autres arrêts du Parlement datés, l'un de 1575, l'autre du 30 avril 1597. (1) L'abbé Guiot, à qui nous empruntons ces textes insérés dans son ms. 115 de Rouen, a arrêté là sa citation; de même qu'il se contente de mentionner les arrêts de 1575 et 1597 sans en donner la teneur.
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 +|**00000041**| 13 Extrait des registres de l'Officialité de Paris du mercredi 20 mai 1620. Aujourd'hui, sur la remontrance à nous Official de Paris faite par les Abbé séculier, chanoines et chapitre de l'Eglise Royale et collégiale de Monsieur Saint Spire de Corbeil, diocèse de Paris, assistés de M. Thomas Vallot leur Procureur, tendante à ce que sur et vu le renvoy à nous fait par la Cour, il nous plaise ordonner que conformément à la requête à nous faite en jugement le dernier jour, les habitans de Balancourt, confrères et porteurs de la Châsse dudit Saint Spire, soient définitivement condamnés à porter ladite châsse le jour de dimanche prochain, qui est le jour de la translation dudit saint Spire, qui est le 5me dimanche après la fête de Pasques, en habit décent, suivant et conformément aux règlemens faits par ledit Chapitre le 21 juillet 1618 et autres subséquens, et à continuer par chacun an, au désir desdits règlemens, leur accordant ledit Chapitre, pour la présente année seulement et sans tirer à conséquence à l'advenir, eu égard à la briefveté du temps, de leur fournir, pour cette fois seulement, aubes pour la quantité de 18 à 20 personnes, aux charges que lesdits de Balancourt se gouverneront et comporteront avec toute l'honnêteté, respect et décence requise en un acte si saint et si solemnel. A quoi respondant par Me Pierre le Cousturier pour François Blanchard et Adrien de France, Procureur fondé de procuration desdits habitans de Balancourt, passée pardevant Larchet, notaire, le 17 juillet 1619, a été dit que, sans préjudicier à l'arrêt par eux obtenu en la Cour de Parlement, en quoique ce soit à ce qui a été arrêté au parquet de MM. les gens du Roy, par lequel ils sont maintenus en leurs droits et possession de porter ladite châsse le dit jour de la translation, et s'y offrant, suivant le renvoy fait par ladite Cour, pour la décence du port de ladite Châsse, de la porter, revêtus d'aubes par dessus leurs habits et nuds pieds, les chapeaux de fleurs sur leurs têtes, afin d'honorer davantage le corps saint; encores que par cy-devant, ils ne portaient que par coustume ladite châsse avec leurs habits ordinaires, et promettant doresnavant de continuer cette cérémonie avec lesdites aubes et nuds pieds, comme dit est, pour chacun an audit jour. 3
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 +|**00000042**| 14 Lesdites parties ouïes, assistées de leurs dits Procureurs, disons et ordonnons que, pour cette année, lesdits du Chapitre, de leur consentement ci-dessus, accommoderont d'aubes blanches et nettes les dits de Balancourt, avec ceintures de fils blancs, et jusqu'au nombre de 18 à 20; et, pour le regard des années subséquentes, condamnons les dits de Balancourt à se fournir à leurs propres coûts et dépends, à se confesser et à communier auparavant que de s'ingérer au port de ladite Châsse, et de s'y comporter avec honneur, révérence et ordre requis, pour cette châsse porter et rapporter ès lieux accoustumés, avec défenses d'y commettre ni envoyer à cet effet aucunes personnes qui ne soient natifves dudit lieu de Balancourt; et, à cet effet, les marguilliers ou le Curé dudit Balancourt seront tenus d'envoyer aux dits du chapitre, huit jours devant le jour de la translation, les noms et surnoms desdites 18 ou 20 personnes qui devront porter ladite châsse, le tout sans désordre ni confusion, et sans dépends du consentement desdites parties. Fait les an et jour que dessus. Ainsi signé en la minute, BOCQUET (1), prêtre et chanoine de ladite église, H. SÉNESCHAL, procureur de la Confrérie des porteurs de Châsses, François BLANCHARD, VALLOT, le COUSTURIER et de BERTHIER. Ledit de FRANCE a déclaré ne savoir écrire, ni signer. Signé sur expéditions: DUVAL avec paraphe. L'an 1620, le mercredi, dixième jour de juin, pardevant nous Official de Paris, sont comparus au Prétoire de l'Officialité Mª Pierre le Cousturier, Procureur des manans et habitans de Balancourt, demandeurs en requeste et à fin de rapport de nostre sentence du 20me du mois de mai dernier passé, d'une part, et Me Thomas Vallot, Procureur des Abbé séculier, chanoines et chapitre de l'église royale et collégiale de St Spire de Corbeil, défendeurs d'autre part, lesdits procureurs ouïs, et après que ledit le Cousturier auxdits noms a conclud aux fins de ladite requeste à nous présentée le 23me jour de mai dernier, laquelle a été signifiée auxdits du Chapitre dudit Corbeil, et requis que au lieu de ces (1) Jean Bocquet, chanoine de St-Spire et de Notre-Dame, auteur d'une vie de St Spire publiée à Paris en 1657, in-8°. Cet ouvrage est très rare.
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 +|**00000043**| - - 15 mots: natifs dudit lieu de Balancourt, mis en nostre dite sentence, concernant le port de ladite Châsse, il soit dit que les manans et habitans dudit Balancourt seront reçus au port de ladite Châsse, et que au lieu du nombre de 18 ou 20 personnes pour porter ladite Châsse, mentionné par ladite sentence, il soit dit qu'ils viendront en tel nombre que bon leur semblera pour le port de ladite Châsse de St Spire, et en ce faisant, que lesdits mots de natifs et de 18 ou 20 personnes seront rayés de ladite sentence, afin que à l'advenir il ne s'en puisse ensuivre aucun trouble ou procès entre lesdites parties, et outre qu'il nous plut décharger lesdits habitans qui seront nommés pour porter ladite châsse de St Spire de communier, attendu qu'il y a bien trois lieues dudit Balancourt audit Corbeil, et que, lorsqu'ils arrivent audit Corbeil, ils sont lassés, à quoi il conclud; Et que, par ledit Vallot auxdits noms a été dit qu'il consent la réformation de notre dite sentence ès mots ci-dessus cottés, au lieu desquels il sera dit que lesdits manans et habitans de Balancourt seront reçus au port de ladite châsse de St Spire en tel nombre que bon leur semblera venir, pourvu qu'ils envoyent auxdits du Chapitre de Corbeil les noms et prénoms, tous les ans, huit jours anparavant le jour et fête de la translation dudit St Spire, et qu'ils observent et gardent au surplus les règlemens portés par notre dite sentence du 20me mai dernier. Nous, Official susdit, disons et ordonnons, du consentement desdites parties, que notre dite sentence dudit jour 20 mai dernier passé sera réformée en ces mots: natifs dudit lieu de Balancourt, au lieu desquels sera mis: manans et habitans dudit Balancourt, et qu'au lieu de ces mots: 18 ou 20 personnes, sera mis qu'ils viendront en tel nombre que bon semblera auxdits manans et habitans de Balancourt pour le port de ladite Châsse, les Curé et Marguilliers duquel lieu de Balancourt seront tenus d'envoyer, huit jours auparavant le jour et fête de la translation dudit St Spire, auxdits du Chapitre, les noms et surnoms de ceux qu'ils auront destinés et nommés pour porter et rapporter ladite châsse, afin d'éviter la confusion, lesquels porteurs et rapporteurs seront tenus se confesser et communier lesdits jours, et icelle châsse porter et rapporter à jeun. Au surplus du résidu de notre dite sentence dudit jour 20 mai dernier, sera fait selon les règlemens y mentionnés; disons et
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 +|**00000044**| 16 - ordonnons qu'elle sera exécutée et en sortira son plein et entier effet selon sa forme et teneur. Fait au Prétoire de l'Officialité, avec lesdits comparans, en la présence de Me Jean BOCQUET, Procureur chanoine de ladite église St-Spire, pour et au nom desdits du Chapitre, et de Simon PouLAIN, l'un des quatre Maîtres de la Confrairie des porteurs de ladite Châsse de St Spire, les an et jour que ci-dessus. Signé sur expédition : DUVAL, avec paraphe. A Monseigneur l'Archevêque de Sens, Primat des Gaules et de Germanie, Conseiller d'Etat ordinaire du Roy. Supplient humblement les Curé et habitans de la paroisse de Balancourt, diocèse de Sens, disant que dans l'étendue de ladite paroisse de Balancourt, il y auroit une chapelle sous l'invocation de St Spire ou Exupère, à Palleau, dans laquelle auroient reposé pendant un long tems les reliques dudit St Spire, lesquelles, à cause des guerres civiles, auroient été transportées à Corbeil-surSeine pour être en plus grande sûreté; nonobstant la translation desdites reliques, ils auroient toujours continué leurs dévotions envers ledit St Spire et iroient fréquemment dans ladite chapelle présenter à Dieu leurs très humbles prières par l'entremise dudit Saint, aussi bien que les villages tant voisins qu'éloignés, où ils viennent souvent en procession, et notamment dans les temps de sécheresse. Et comme ils auroient senti plusieurs fois des effets particuliers de leur intercession pour eux auprès de Dieu, et particulièrement depuis huit jours, ils désireroient lui témoigner leur reconnaissance et l'honorer encore d'une manière particulière par une Confrérie qu'ils souhaitteroient ériger dans ladite chapelle, pour contribuer chacun de son côté à y faire le service divin d'une manière la plus décente qu'ils pourroient, les jours de St Spire, et notamment le 1er dimanche d'après la St Spire d'Août (1), auquel jour sont attachées des indulgences accordées par Notre Saint Père (1) La fête patronale de St Spire tombe le 1er Août; celle qui se célèbre à Corbeil le 5me dimanche après Pâques n'est que l'anniversaire de la translation des reliques du saint.
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 +|**00000045**| 17 le Pape Clément XI (2) pour ceux qui visiteront ladite Chapelle à pareil jour et feront ce qui est porté par la bulle, lesquelles indulgences Votre Grandeur auroit approuvées le 5 Juillet de la présente année, et en outre pour l'entretien de ladite Chapelle et contribuer à son ornement. Ce considéré, Monseigneur, il plaise à Votre Grandeur de permettre aux Curé et habitans de ladite paroisse de Balancourt d'ériger dans ladite Chapelle de St Spire de Palleau une Confrérie en l'honneur dudit St Spire; ce faisant, lesdits Curé et habitans continueront de prier Dieu pour la prospérité et santé de Votre Grandeur. Présentée le 17 Juillet 1710. - BESNARD, curé de Ballancourt, BEAUDELÈRE, POUSSIN, MERCIER, LEQUET, BOUCHARD, POULET et autres. STATUTS ET RÈGLEMENS DE LA CONFRÉRIE DE ST SPIRE érigée en la Chapelle de Saint Spire de Palleau, paroisse de Balancourt, diocèse de Sens. I. II. III. - - Toutes sortes de personnes de l'un et de l'autre sexe, faisant profession de la religion Catholique, Apostolique et Romaine, étant de bonne vie et mœurs, pourront être reçues dans ladite Association. Le Curé de la paroisse en aura la conduite et en fera faire le service par qui bon lui semblera. Le Marguillier de la Confrérie sera celui de la Chapelle, qui sera élu à la manière accoutumée. Ledit Marguillier (2) Nous ne croyons pas nécessaire de donner ici le texte latin de la bulle de Clément XI accordant, sous certaines conditions, des indulgences à ceux qui visiteront, le dimanche après la fête de St Spire « Ecclesiam seu capellam Sancti Exuperii sitam infrà limines parrochiæ Ecclesiæ de Balancourt, Senonensis diocesi. » Cette bulle se termine ainsi: Datum Romæ, apud sanctum Petrum sub annulo piscatoris die 13 septembris 1709, Pontifici nostri anno decimo. » Elle est approuvée et contresignée par Hardouin, archevêque de Sens, sous la date du 5 Juillet 1710.
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 +|**00000046**| - - 18 IV. V. VI. VII. VIII. IX. gardera, avec les registres et papiers de ladite Chapelle, ceux de la Confrérie, dans un coffre à double serrure, dont le curé aura une clef et lui l'autre. L'argent de la Confrérie y sera pareillement enfermé, et il ne pourra faire aucune dépense desdits deniers sans la participation du sieur curé et des principaux Confrères. Le Marguillier rendra son compte quinze jours après son année d'exercice. Chaque Confrère sera tenu de se confesser et communier, si cela se peut, le jour de son entrée dans ladite Confrérie, et la même chose le dimanche d'après la fête de St Spire d'Août, pour gagner les indulgences accordées par N. S. P. le Pape Clément XI; et en cas que quelqu'un se trouve avoir manqué à ce devoir sans cause légitime, il pourra être rayé du nombre des Confrères, si le sieur curé le juge à propos, comme aussi les Confrères qui se trouveront être de mauvaise vie. - Après le décès de l'un des Confrères, il sera célébré un service le jour que le sieur curé le jugera à propos, aux dépens de la Confrérie, pour le repos de l'âme du défunt. Le lundi d'après le dimanche de la fête de St Spire d'Août, sera célébré un service général pour le repos des âmes des Confrères décédés. - - - - Ceux qui s'associeront doivent aumôner à ladite Confrérie, le jour de leur entrée, cinq sols, et deux sols six deniers par chacun an. Le sieur vicaire dira comme ci-devant une messe tous les mardis de chaque semaine à ladite Chapelle, si faire se peut, pour les besoins et nécessités desdits Confrères tant vivants que trépassés. Toutes buvettes sont interdites aux Confrères pour quelque raison et prétexte que ce soit. HARDOUIN FORTIN DE LA HOGUETTE, par la grâce de Dieu et du Saint-Siège Apostolique, Archevêque de Sens, Primat des Gaules et de Germanie, Conseiller d'Estat ordinaire, Veu la requête cidessus et y faisant droit, avons permis au sieur curé de Balancourt, en notre diocèse, d'ériger la Confrérie en question et, en conséquence, nous avons approuvé les Statuts ci-dessus, pour être obser-
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 +|**00000047**| 19 - vés par tous les Confrères qui s'y voudroient faire inscrire; laquelle Confrérie sera gouvernée par ledit sieur curé et ses successeurs, curés de Balancourt, sous notre autorité, autant de temps que nous le jugerons à propos et qu'elle contribuera à augmenter la dévotion et piété des fidèles. Donné à Sens ce 17me jour de Juillet 1710. Signé: HARDOUIN, Archevêque de Sens. et: par Monseigneur : HAMETTE.
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 +|**00000048**| L'ÉGLISE DE SAINT-GERMAIN-lès-CORBEIL et sa restauration. Un éminent archéologue à qui nous devons un très utile ouvrage sur les inscriptions de l'ancien diocèse de Paris, s'exprimait ainsi en parlant de l'Eglise de St-Germain-lès-Corbeil : La chute du clocher, survenue en 1796, a privé l'église de Saint Germain du plus beau motif de sa décoration extérieure ; mais il lui reste encore une porte monumentale, une nef du meilleur style accompagnée de collatéraux, une rose et plusieurs baies garnies de brillantes verrières, et tout cela date de la grande époque qui s'étend du règne de Philippe-Auguste à celui de Saint Louis. En écrivant ces lignes, le Baron de Guilhermy rendait pleine justice à ce gracieux monument où la légèreté s'allie à l'élégance et qui a mérité les suffrages de tous ceux qui ont su l'admirer. L'abbé Lebeuf lui-même, si autorisé en ces matières, le qualifie ainsi : <<< c'est une des plus belles églises du diocèse ». Sa construction remonte à la fin du XIIe siècle, à cette époque où l'art roman arrivant à sa dernière période allait être bientôt remplacé par l'architecture ogivale qui devait, depuis le XIIIe siècle jusqu'à la renaissance, nous donner les splendides monuments qui sont la gloire de notre pays et font l'admiration des archéologues. L'église de St-Germain est de cette période dite de transition; il est facile de le reconnaître à son architecture générale, plus élancée et moins sévère qu'aux époques précédentes, à ses chapiteaux qui se décorent de crochets tout en conservant le galbe de l'ornementation romane. Ses fenêtres accusent l'ogive encore hésitante et peu prononcée; l'abside circulaire des temps antérieurs est remplacée par la forme rectangulaire qui ne fut adoptée que plus tard et non partout, en même temps que les grandes fenêtres à meneaux, dont on remarque un timide essai dans l'abside des chapelles latérales.
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 +|**00000049**| 21 - Le chœur, qui se termine carrément, comme on vient de le voir, est percé de trois grandes fenêtres surmontées d'un oculus, tous décorés de belles verrières du XIIIe siècle. Le portail de l'église de St-Germain est particulièrement remarquable par son mélange d'ornementation romane, ses colonnettes, ses légères moulures en bâtons brisés et autres décorations qui annoncent déjà la venue prochaine de l'art gothique, nettement accusé ici par la belle arcade ogivale, trilobée, qui a servi de prétexte à cette belle décoration et qui encadre le tympan, resté nu, hélas! Cette belle église avait, à diverses époques et sous prétexte d'embellissement, subi des modifications regrettables qui avaient altéré dans une certaine mesure le caractère de son style original; frappé de cette triste situation, un amateur éclairé, doué de quelque fortune, résolut d'entreprendre à ses frais la restauration de cet intéressant monument et de lui rendre son aspect primitif en refaisant ce qui a été détruit et en le débarrassant de tout ce qui y a été intempestivement ajouté. Muni des autorisations nécessaires, il sut s'adresser, et ce ne fut pas là son moindre mérite, à un architecte de grande valeur doublé d'un archéologue éminent, qui entra de suite dans les vues de son client et ne tarda pas à se mettre à l'œuvre, heureux d'apporter le concours de son talent et de son érudition à un travail de restitution qui rentrait dans ses goûts d'archéologue et qui ne pouvait que lui faire honneur. Les travaux sont commencés depuis deux mois à la satisfaction des amateurs du beau. Ceux-ci désiraient depuis longtemps qu'on s'occupât enfin de la restauration de la charmante église de SaintGermain qui avait, par des badigeonnages superposés, perdu la belle apparence que sa construction en pierres de taille lui avait autrefois assurée. Il y aura cent ans à la fin de la prochaine année que son haut clocher s'est écroulé, épargnant heureusement la nef dans sa chute, et lorsque M. Darblay jeune entreprit à ses frais en 1862 la restauration extérieure de l'église, il n'était point question alors de la restitution intérieure dont on s'occupe aujourd'hui. On se contenta de réédifier la façade, que couronnait alors un modeste clocher, qui fut remplacé par un campanile de pierre, surmonté de la haute croix que nous y voyons à présent; la cloche qui provenait de l'église paroissiale de St-Pierre-du-Perray détruite en 1819. y fut installée; un bas relief, dû au ciseau d'Elias Robert, orna la
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 +|**00000050**| 22 façade, mais on se garda bien de toucher au beau portail de la fin du XIIe siècle qui décore si heureusement l'entrée de l'édifice, et ses élégantes colonnettes, ses légers chapiteaux, ainsi que toute sa curieuse ornementation du déclin de la période romane furent religieusement respectés. Quelque incomplète que fût cette restauration, on y dépensa près de 40.000 fr. La toiture pourtant n'avait pas été refaite et les travaux furent repris après la guerre franco-allemande. En 1882, M. Charles Béranger, neveu de M. Darblay jeune et son successeur à la mairie de St Germain-lès-Corbeil, obtenait du Gouvernement une subvention de 1.000 fr. pour refaire en ardoises le toit de la grande nef et ce travail a été tout récemment étendu aux bas-côtés, faisant ainsi disparaître le fâcheux aspect de grange ou de fabrique que l'emploi de la tuile mécanique, aux tons si crus, avait donné à tout l'édifice. Restait l'intérieur du monument qui semblait devoir toujours conserver ses couches de monotone badigeon, ses lourds décors de boiseries, avec ses tableaux qui cachaient en partie les beaux vitraux du XIIIe siècle, ses pierres tombales dont les antiques inscriptions s'effaçaient sous les souliers ferrés des bambins de l'école. L'église n'était pourtant point délaissée, car depuis quelque temps cinq verrières, offertes par MM. Paul et Aymé Darblay, étaient venues remplacer au midi les verres blancs qui ne tempéraient pas les ardeurs du soleil d'été, et l'installation d'un calorifère vint adoucir la température des mois d'hiver; mais ces quelques travaux avaient pu être faits sans annoncer un plan complet de restauration de l'intérieur. C'est avec une véritable joie que nous avons appris ces mois derniers que le plan, décidé en principe depuis trois ans par un généreux bienfaiteur, avait été approuvé à Versailles et qu'on allait se mettre à l'œuvre. Il y a deux mois, en effet, M. l'abbé Brisacier, bien connu dans tout l'Ouest de la France par ses savantes et heureuses restaurations, revenait à St-Germain et donnait ses dernières indications à M. Louis Vollant, Ingénieur des Arts et Manufactures et Architecte, qui dirige les travaux sous son inspiration. Déjà les badigeons ont disparu, les assises de pierres renaissent, les larges joints de mortier se dessinent, des colonnes endommagées sont entièrement refaites; sur les voûtes est figuré le même
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 +|**00000051**| 23 - appareil qui constitue les pieds-droits et les nervures, les belles clefs de voûtes, débarrassées de leur épaisse couche de poussière, sont de nouveau visibles; les beaux vitraux du XIIIe siècle, nettoyés et réparés, vont resplendir au-dessus d'un autel de marbre et de pierre élevé au milieu du sanctuaire et détaché du chevet de l'église. D'autres vitraux, enchâssés dans les baies du Nord et du Sud, ainsi que dans les hautes fenêtres de la nef, nous sont promis également. Nous signalerons encore les treize pierres tombales ou inscriptions diverses relevées soigneusement et fixées, dans leur ordre chronologique, sur les murs des nefs latérales. Trois de ces intéressants monuments manquent, hélas! à l'appel: la plus ancienne dalle funéraire, signalée par l'abbé Lebœuf (1), par un manuscrit de l'abbé Guiot, ancien Prieur de St-Guenault de Corbeil (2), par Dulaure (3) et même par Pinard (4), avait déjà disparu lors du beau travail entrepris par M. de Guilhermy (5). La pierre tombale de Pierre Jacques de Bretignères (1697-1772), que cite seul l'abbé Guiot, a aussi disparu et celle de Marie, femme de Pierre Leteinturier, qu'a déchiffrée si récemment M. de Guilhermy, n'a pu être retrouvée malgré toutes les recherches faites pour la découvrir sous le dallage du chœur. En faisant ces recherches l'on découvrit les restes de trois anciens curés de cette paroisse, qui avaient été inhumés là en 1287, 1309 et 1340, et dont les pierres tombales, citées par Guilhermy (6), ont été relevées contre le mur méridional. Ces sépultures avaient été fouillées déjà, et l'on ramassa tout autour de nombreux débris de poterie qui provenaient de petits vases en terre assez fine et décorés de ces bandes rouges si fréquentes sur la céramique de cette époque. Quelques-uns de ces vases contenaient encore des charbons, selon la coutume de ces temps reculés. L'un d'eux put être reconstitué; il était de forme commune, à une seule anse et sans (1) Histoire du diocèse de Paris 1757, tome XIII, p. 129. (2) Fonds Montbret, n° 115,.... de la Bibliothèque de Rouen, p. 169. (3) Nouvelle description des environs de Paris, 1790, p. 128. (4) Mémoire historique et archéologique sur la commune de St-Germain-leVieux-Corbeil. 1848, p. 8. (5) Inscriptions de la France du V• au XVIIIe siècle, 1879, 1V. p. 226. (6) IV, 229 à 231. L'une de ces dalles funéraires, celle de 1340, est gravée.
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 +|**00000052**| 24 - goulot. L'on trouva également quelques débris d'étoffe, des boucles et un crucifix de bois en assez mauvais état. Un fait intéressant s'est encore produit au cours de ces travaux: quand on eut déplacé les boiseries qui garnissaient le chevet de l'église, on vit apparaître, un peu au-dessous des trois hautes fenêtres ogivales, des fragments de peinture qu'il fallut épousseter et laver pour en comprendre la signification. Sous la baie du milieu, à la limite inférieure du glacis, se voyaient nettement deux médaillons octogonaux, un peu allongés dans le sens de leur hauteur; à gauche, le Christ tenant de la main gauche le globe crucifère; à droite, la Sainte Vierge, la tête couverte d'un voile : entre les deux médaillons d'un coloris encore très vif, divers ornements aux tons plus pâles où figurait un bouquet composé de trois roses et de quelques autres fleurs. Non loin de ces médaillons, sous les deux fenêtres latérales, le peintre de l'époque avait fait toute une composition de style Louis XIII: deux grands cartouches représentaient une croix grecque peinte en or dans un cercle à fond rouge, au milieu d'un encadrement gris perle. Si la date de ces peintures avait été douteuse, toute hésitation serait tombée devant le millésime de 1640 qu'on vit bientôt apparaître sous les deux cartouches, au milieu de la teinte rouge brique qui occupait tout le reste du chevet. Enfin, en face des derniers piliers du chœur et accolés à ces croix, deux saints en pied, St Philippe à gauche et St Barthélemy à droite, d'après des inscriptions en français, suffisamment lisibles. St Philippe tient un livre ouvert et, sans doute, une longue croix de bois; St Barthélemy paraît tenir aussi un livre; il se peut que ce soit un couteau pour rappeler également l'instrument de son supplice. Mais, sous cette peinture, apparaissait en quelques endroits une autre décoration plus ancienne, faite à l'huile comme l'autre, soit sur la pierre elle-même, soit sur quelques parties de plâtre. Cette peinture se voyait notamment au-dessus des épaules des deux apôtres dont la tête avait disparu; quelques caractères gothiques étaient entrevus sous St Philippe et on lisait assez facilement le verset suivant du Credo sous St Barthélemy « Indè venturus judicare vivos et mortuos » et plus bas, toujours en gothique, << St Philippe ».
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 +|**00000053**| 25 - On a pu retrouver en grande partie cette décoration antérieure qui avait plus de valeur archéologique et même artistique que l'autre, en enlevant avec beaucoup de précautions la mince couche de plâtre, de 4 à 5 millimètres d'épaisseur sur laquelle étaient les peintures décrites tout à l'heure. Sous la partie centrale il n'a rien été découvert, mais au-dessous des cartouches rouge et or, deux nouvelles croix sont apparues, les croix de consécration probablement, puis, sous les deux apôtres, les mêmes saints personnages sont venus au jour, mieux dessinés, mieux peints, mais dans l'ordre inverse, c'est-à-dire que c'est maintenant St Barthélemy qui occupe la gauche et St Philippe la droite, au-dessus d'ailleurs de son nom en caractères gothiques. La tête des deux apôtres est nimbée; St Philippe tient une longue croix de bois, marque de son crucifiement, et St Barthélemy, un couteau, pour rappeler qu'il a été écorché vif. Au-dessous de ce dernier on lit « Ascendit ad cælos, sedet ad dextera dei patris oipotentis » et, comme à droite, sous ce verset, le nom en français, St Barthélemy. On compte utiliser ces fragments dans la future décoration à faire au-dessus de l'autel, et on conservera dans la sacristie ceux du XVIIe siècle qu'on a pu détacher. Une couche de peinture rouge brique, tirant plus sur le grenat que celle dont nous avons parlé plus haut, régnait aussi à la partie inférieure et semble avoir été étendue jusque sur les glacis des fenêtres, on y voit figurer des fruits dans des ornements en losange. Cette couche de peinture brique a du reste été retrouvée au milieu de la nef sur l'un des piliers, derrière la chaire, ce qui tendrait à faire croire que la décoration refaite en 1640 ne s'est pas étendue au delà du chœur. On distingue sur quelques pierres voisines des fenêtres du chevet des restes d'une autre peinture à fresque, mais ici rien de net, quelques tons rouge brun, quelques fleurs blanches très simples, de vagues ornements et c'est tout. Des traces de différentes couches de peinture de cette époque reculée se voient aussi sur les piliers du chœur, la plus ancienne est vert malachite, la plus récente rouge brique. Dans le mur du chevet de l'église, à droite de l'Autel, on a encore trouvé une double et très grande piscine, de o m. 40
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 +|**00000054**| - - 26 de profondeur. Elle est formée de deux arcatures ogivales géminées. Les retombées des deux arcs sont soutenues par une élégante colonnette. Cette piscine, par son style, accuse l'époque de la construction de l'église. L'ogive qui est la plus rapprochée de l'Autel a sa clef de voûte à quelques centimètres plus haut que sa voisine. L'ensemble occupe un emplacement d'environ 2 mètres de hauteur sur 2 m. 40 de largeur. Derrière l'autel, dans la base du mur, on remarque aussi les traces d'une large baie ogivale avec moulures qui a été bouchée, mais dont les deux parties de l'ogive ne se rencontrent pas exactement. Telles sont les curieuses découvertes qui ont été faites au cours de ces intéressants travaux. L'architecte espère pouvoir utiliser ces anciennes peintures pour la décoration du sanctuaire; elles contribueraient ainsi à l'ornementation du chœur et ne seraient pas le côté le moins intéressant de l'intelligente restauration dont l'église de St Germain est en ce moment l'objet, restauration qui vaudra au généreux bienfaiteur qui en a pris l'initiative et qui, seul, en fait tous les frais, la reconnaissance des amis des temps anciens et des beaux monuments qu'ils nous ont légués. R. DE L.
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 +|**00000055**| BIBLIOGRAPHIE M. L. TANON (Président de chambre à la Cour de cassation). - L'ORDRE DU PROCÈS CIVIL AU XIV SIÈCLE, AU CHATELET DE PARIS (1). Aux Archives nationales se trouvait conservé un manuscrit sur papier (LL, nº 1088), commençant par ces mots: « C'est le papier des Esplez de la Prévosté de Villeneuve Saint-Georges » (du 16 novembre 1371 au 13 mai 1373). Ce manuscrit, précieux pour l'histoire de la Procédure civile, c'est-à-dire de l'Ordre du procès civil, a justement attiré l'attention de l'érudit magistrat, très versé dans la connaissance du Droit féodal et des juridictions du Moyen âge (2). C'était l'un des cahiers de la série des Registres d'audience de la Seigneurie de Villeneuve-Saint-Georges, concernant l'administration de la justice civile et pénale. M. Tanon crut, avec raison, devoir publier in extenso, comme << Pièce justificative » de son livre (p. 85-165), ce petit manuscrit, qui, dit-il (p. 65), « fournit le témoignage le plus authentique de l'application pratique de la Procédure » en usage au XIVe siècle. Il contient, en effet, les appointements et autres actes de la Procédure civile jusqu'aux sentences rendues, dont il donne l'indication, nous dirions aujourd'hui <«la notice» ou «le sommaire»; il mentionne un certain nombre d'engagements pris et de contrats passés devant le juge; et, enfin, ce qui n'est pas le moins intéressant, il enregistre les sentences pénales intervenues sur de petites infrac- (1) Paris, 1886, Libr. Larose. - 1 vol. in-8°. (2) Nous ferons remarquer que, d'ailleurs, M. le Président Tanon devait être sollicité d'autant plus à porter intérêt à ce document, qu'il est propriétaire du Clos Bernard, l'un des châteaux de Soisy-sous-Etioles (peu distant de Villeneuve-SaintGeorges.)
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 +|**00000056**| - 28 tions (contraventions), sentences qui nous révèlent de piquants détails sur les mœurs du temps. La teneur même de ce curieux Registre, que nous nous bornons à signaler aujourd'hui, comme document d'intérêt local, analysé d'ailleurs par son publicateur (p. 65 et suiv.), méritera bien de faire l'objet d'un examen ultérieur au point de vue de l'intérêt particulier qu'il présente pour les noms de lieux de la contrée. Nous ajouterons, nous aurions peut-être dû commencer par là, que M. L. Tanon a encadré la publication qu'il a faite de ce document dans une savante étude, placée en tête de l'ouvrage, étude de reconstitution, portant sur l'ensemble des phases de la Procédure civile suivie au XIVe siècle, depuis l'acte introductif d'instance à la contestation en cause, jusqu'au jugement définitif de cette contestation, sans oublier les causes sommaires qui abrègent le procès. Pour cette savante Etude, ont été mises à profit toutes les sources, telles que les Olim, le Grand Coutumier, Josse, Damhoudère, Jean Desmares, les Styles du Châtelet de Paris, l'Ordonnance de Villers-Coterets (de 1539), l'Edit de Moulins (de 1566), etc., afin d'éclairer, par leur rapprochement, la « praticque » du Châtelet de Paris et aussi celle de la seigneurie de VilleneuveSaint-Georges. M. Tanon a bien mérité des amis de notre ancien Droit en général et en particulier de notre Comité; nous devions le remercier en son nom (1). J. PÉRIN. (1) Nous nous voyons obligé, faute de place, de renvoyer au prochain bulletin la suite de cette notice bibliographique; nous le regrettons d'autant plus que nous aurions vivement désiré signaler ici l'érudite et très intéressante publication que M. le Cu G. de Montgermont vient de publier dans les annales de la Société historique du Gâtinais, sous le titre: Notes sur la Seigneurie de Montgermont, 128 pp. in 8º avec gravures et plans; mais il vaut mieux retarder que de trop écourter, et afin de donner satisfaction à nos sociétaires, nous allons presser la mise au jour de notre deuxième bulletin, dans lequel le compte rendu du travail de M. de Montgermont aura la place qu'il mérite. A. D.
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 +|**00000057**| SOCIÉTÉ HISTORIQUE & ARCHÉOLOGIQUE DE CORBEIL, D'ÉTAMPES ET DU HUREPOIX COMPTE-RENDU DES SÉANCES SÉANCE DU CONSEIL D'ADMINISTRATION Tenue à la Sous-Préfecture de Corbeil le 16 Mars 1895. Présidence de M. le Dr P. BoUCHER, vice-président. Étaient présents: MM. le Dr P. Boucher, A. Dufour, G. de Courcel, E. Mareuse, Lasnier, Barthélemy, Mottheau et Jarry. Absents excusés: MM. les Abbés Genty, Jacquemot, Bonnin et Colas; MM. Max. Legrand, V. de Courcel, A. Marc-Pasquet et J. Périn. M. le Président informe le Conseil que les Statuts, envoyés à Versailles, ont été approuvés par M. le Préfet après quelques modifications sans importance, et que la Société se trouve ainsi légalement autorisée par l'arrêté préfectoral du 19 février 1895, date de l'approbation des Statuts. Le Conseil arrête les termes de son règlement intérieur qui comprend 19 articles; le texte en a été inséré dans le 1er Bulletin. Le trésorier renseigne le Conseil sur la situation financière de la Société qui est jugée satisfaisante. Le Conseil s'occupe ensuite de la publication du 1er Bulletin de la Société et il détermine le choix des matières qui devront y figurer. A propos de l'impression de ce Bulletin, M. le Président estime qu'en principe la préférence doit être accordée à une imprimerie de Corbeil ou, à son défaut, à une maison d'Étampes; cependant BULLETIN. - 11. 4
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 +|**00000058**| - - 30 les ressources de la Société étant encore très limitées, il propose et l'on décide que ce travail sera confié à l'imprimeur qui offrira les conditions les plus avantageuses. Le Secrétaire général est chargé des démarches à faire dans ce sens. Le Conseil détermine ensuite le format et les caractères du Bulletin. Un membre présente au Conseil des armes de l'époque Romaine, trouvées dans un champ aux environs de Corbeil; ces curieux objets sont examinés avec intérêt par les membres présents. SÉANCE DU CONSEIL D'ADMINISTRATION Tenue à la Sous-Prefecture de Corbeil le 27 Avril 1895. Présidence de M. le Dr P. BOUCHER, vice-président. Étaient présents: MM. le Dr Boucher, G. de Courcel, A. Dufour, Lasnier, J. Depoin, E. Mareuse, Barthélemy, J. Périn, Mottheau, V. de Courcel, Jarry. M. de Linières, Sous-Préfet, et MM. les Abbés Jacquemot, Bonnin et Genty s'excusent par lettre de ne pouvoir assister à la réunion de ce jour. Le Conseil, après avoir pris connaissance des spécimens et des propositions des différents imprimeurs, décide que l'impression du Bulletin sera confiée à M. Bellin, de Montdidier, qui a offert des conditions beaucoup plus avantageuses que celles de ses confrères. Le rer Bulletin comprendra 32 pages de texte et une gravure, et il sera tiré à 300 exemplaires, en vue de la propagande; les suivants ne seront tirés qu'à 200 exemplaires. Les tirages à part seront limités à 50 exemplaires. Le Conseil désigne MM. Mareuse et A. Dufour pour représenter la Société au Congrès archéologique de Clermont-Ferrand. Le trésorier fournit des renseignements satisfaisants sur la situation financière de la Société jusqu'à ce jour, et sur le mode qu'il a adopté pour la perception des cotisations. Le Secrétaire-général communique au Conseil une étude très intéressante qu'il a reçue de M. Hauréau, Membre de l'Institut et Président de la Société; cette étude, qui a un caractère étampois, sera insérée en tête du rer Bulletin.
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 +|**00000059**| 31 SÉANCE DU CONSEIL D'ADMINISTRATION Tenue à la Sous-Préfecture de Corbeil le 4 Novembre 1895. Présidence de M. le Dr P. BOUCHER, vice-président. Étaient présents: MM. le Dr Boucher et Blavet, d'Étampes, Vice-Présidents; MM. Lasnier, A. Dufour, V. de Courcel, l'Abbé Colas, de Soisy-s-Étiolles, Barthélemy, Mottheau et Jarry. Sont excusés: MM. de Linières, Sous-Préfet; G. de Courcel, l'Abbé Bonnin, d'Ablon; l'Abbé Genty, de Livry; J. Périn, M. Legrand, E. Mareuse et J. Depoin. Il est donné lecture d'une lettre de M. Picard, éditeur du Bulletin, par laquelle il propose M. de Bizemont, comme membre fondateur, avec versement de 100 fr. Le Conseil accepte cette proposition et décide qu'une remise de 5 0/0 sera accordée à M. Picard, tant pour cette adhésion que pour celles qu'il pourra obtenir par la suite. Par une autre lettre, M. Pinson, de Douai, propose à la Société, pour son Bulletin, des travaux de bibliographie et autres dont il est l'auteur. Le Conseil charge le Secrétaire général de remercier M. P. Pinson de sa proposition qu'il prend en sérieuse considération, mais dont il est obligé d'ajourner l'acceptation, quant à présent, par suite de l'abondance des matières déjà reçues et aussi à cause de la situation modeste des finances de la Société. M. l'Abbé Marsaux, Curé de Chambly (Oise) et membre de la Société, offre à celle-ci, pour sa bibliothèque, vingt et quelques brochures historiques et archéologiques dont il est l'auteur; des remercîments sont votés au généreux donateur. Le Conseil prononce l'admission de: M. COLAS (Albert), de Villeneuve-le-Roi, présenté par MM. Soupault et Dufour, M. MALLET, banquier à Corbeil, présenté par MM. Lasnier et Dufour, M. l'Abbé DEVERRE, Curé de Boigneville, présenté par MM. Boucher et Lasnier, M. Bouju (Albert), au Château du Tremblay à Corbeil, présenté par MM. Dufour et l'Abbé Colas, Curé de Soisy-sous-Étioles, M. BONNEFOY (Gustave), Architecte à Corbeil, présenté par MM. Jarry et Dufour, 1
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 +|**00000060**| 32 M. MORIZET (Émile), à l'Arquebuse de Corbeil, présenté par Mme Vve Laroche et Dufour, M. RADOT (Émile), industriel à Essonnes, présenté par MM. Lasnier et Dufour, M. GRAND (Émile), Avoué à Corbeil, présenté par MM. Valentin et Georges de Courcel, M. BIZEMONT (le Vte Arthur de) au Château du Tremblois (Meurthe-et-Moselle), présenté par MM. Picard et Lasnier, M. HARO (Henri), peintre-expert à Paris, présenté par MM. Dufour et Boucher, M. le Dr GEFFROY, de Villeneuve-St-Georges, présenté par MM. Boucher et Jarry, M. CALLIET, Président du Tribunal de Commerce de Corbeil, présenté par MM. Lasnier et Dufour. M. le trésorier présente la situation financière de la Société arrêtée au 4 Novembre 1895; il résulte de ce document qu'il a été recouvré: 9 fondations à 100 fr. 900 fr. 66 cotisations à 10 fr. 660 fr. 13 cotisations à 5 fr. 65 fr. Total: 1.625 fr. Il reste encore quelques cotisations à recouvrer. D'après le livre journal, les recettes de toute nature se montent à et les dépenses à Reste en caisse. 1.631 fr. 535 fr. 1.096 fr. Cette dernière somme est représentée par un livret de la caisse d'épargne de. et en numéraire en caisse par • 802 fr. 294 fr. 1.096 fr. Somme égale : Ces comptes sont approuvés et des remercîments sont votés à M. le Trésorier. Le Conseil, vu l'état des finances de la Société, décide qu'il sera publié un second Bulletin pour clore l'exercice 1895; il sera composé des travaux déjà approuvés. Le Secrétaire général informe le Conseil que, sur la demande de
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 +|**00000061**| - - 33 la Commission des Antiquités et des Arts de Seine-et-Oise, M. Darblay a consenti à mettre à la disposition de la Société de Corbeil-Étampes, en vue de la création d'un musée artistique et archéologique, l'ancienne église des Chevaliers de St-Jean de Jérusalem, qui remonte au XIIIe siècle. Le loyer a été gracieusement fixé par M. Darblay à 1 fr. par an, et le bail doit être fait pour une période de 12 années consécutives. Au nom de la Société, le Conseil, heureux de cette décision, accepte avec reconnaissance la concession généreuse de M. Darblay et charge le Secrétaire général de lui transmettre ses plus sincères remercîments. En présence de la situation nouvelle faite à la Société par l'acte gracieux de M. Darblay, et vu le peu d'importance de ses ressources, le Conseil estime qu'il y a lieu de tenter de faire intervenir la ville de Corbeil dans les dépenses de premier établissement du futur musée, et aussi de lui demander le prêt des divers objets qu'elle possède déjà et qu'il serait intéressant d'y voir figurer. En conséquence, il charge MM. Dufour et Jarry de se mettre en rapport avec la municipalité, en vue d'arrêter de concert les termes d'une convention qui devrait être soumise à l'approbation du Conseil Municipal et du Conseil d'Administration de la Société. Il serait stipulé dans la dite convention que le Conseil d'Administration se réserve le droit absolu d'agréer les œuvres d'art offertes au musée et de procéder selon ses vues au classement des objets reçus. M. Dufour annonce en termes émus le décès récent de M. A. de Montaiglon, membre correspondant de la Société. Les regrets unanimes du Conseil accueillent cette triste communication. M. A. Dutilleux, chef de division à la Préfecture de Seine-etOise, est nommé membre honoraire correspondant en remplacement de M. A. de Montaiglon.
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 +|**00000062**| LA CHAPELLE et la Fontaine de St-Symphorien à Etampes Parmi les nombreuses chapelles que comptait Etampes avant la Révolution et dont aujourd'hui la trace même est perdue, se trouve la chapelle de St Symphorien. Ni l'art ni l'archéologie n'ont dû perdre à sa disparition. Voisine de l'église St Pierre qui, dépendant du Prieuré célèbre établi en ce temps-là depuis l'époque mérovingienne, fut vendue et démolie sous la Terreur, si elle en a suivi le sort, c'est assurément un fait bien moins regrettable. Ou les apparences seraient par trop trompeuses, ou bien la chapelle de St Symphorien n'était qu'un simple oratoire champêtre élevé par la piété des fidèles aux abords d'une source, sinon sur la source elle-même, à laquelle on avait attribué des vertus curatives dans les affections d'yeux. De l'oratoire, plus de traces; la fontaine a subsisté sous le vocable du saint dont le nom est resté au champtier. Du premier, il ne me serait pas venu à l'idée de parler, si la publication du Pouillé de l'ancien diocèse de Sens, par MM. Paul Quesvers et Henri Stein, ne relatait deux opinions contradictoires au sujet de l'emplacement même de ce modeste monument religieux, sans trancher la question, laissant ainsi un doute dans les esprits. On lit en effet à la page 280 de ce remarquable travail, rédigé avec une clarté, une science et une compétence à laquelle les auteurs nous ont certainement habitués, mais qui en feront l'auxiliaire le plus précieux des amateurs d'histoire locale, le passage suivant: < St Symphorien, paroisse de St-Germain-les-Etampes (cartes de Cassini et d'Ou- <thier), et plus bas en note: « Cependant M. Léon Marquis, dans son excellent <<< ouvrage « Les Rues d'Etampes », p. 193, est d'avis que cette chapelle dépendait < de la paroisse Saint Pierre ».
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 +|**00000063**| 35 - Telles sont les deux opinions émises. Or qui a raison de Cassini et d'Outhier, ou de Léon Marquis? La Chapelle de St Symphorien était-elle au territoire de St Germain-les-Etampes, ou appartenaitelle à la paroisse de St-Pierre, voisine de la fontaine de ce nom, c'est-à-dire à la ville d'Etampes? C'est à ce point d'interrogation que je voudrais répondre. D'un côté deux cartes du xvIIe siècle, de l'autre un texte de l'époque Révolutionnaire; entre les deux que décider? A défaut d'autres documents, à défaut même de mention dans les vieux Pouillés de Sens, en raison même de l'insignifiance de la fondation, il me semble résulter d'un ensemble de faits précis et concordants, comme on dit au Palais, que la seconde opinion est la vraie et que c'est bien à Etampes qu'il faut restituer la chapelle de St Symphorien. Voyons d'abord ce que dit notre collègue Léon Marquis. Sous la rubrique Ruelle saint Symphorien, page 193 des Rues d'Etampes, on lit: < Petite ruelle à droite de la rue du Sablon et qui menait autrefois à la chapelle < et à la fontaine de St Symphorien. La fontaine existe toujours, mais la chapelle < fut détruite après avoir été vendue comme bien national venant de la fabrique <St Pierre, à Jean-Elie-François Menault, le 2 janvier 1793, moyennant 1.145 fr. (1). Si l'on s'en tient à ce texte, la question paraît tranchée, du moins pour l'époque Révolutionnaire. Vendue comme bien dépendant de la fabrique St Pierre, il serait étonnant qu'elle appartînt à celle de St Germain-les-Etampes. Cependant reste l'objection territoriale et l'identification du siège de la chapelle avec le lieu ou coule la fontaine. On pourrait continuer d'objecter que du temps de Cassini et d'Outhier, la chapelle de St Symphorien pouvait être au terroir de St Germain, que les nombreux changements apportés à certaines époques aux divisions territoriales ont pu modifier les limites des deux paroisses, et même aller jusqu'à supposer que, tout en étant assise au territoire de l'une des paroisses, elle a pu être la possession de l'autre. La chapelle n'existant plus, comment répondre à ces objections topographiques ? Pour qui connaît Etampes et en particulier le faubourg St Pierre, limitrophe du terroir de Morigny - jadis St Germain-les-Etampes, - le doute peut exister un instant, mais, à mon avis, ne peut pas (1) Archives départementales.
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 +|**00000064**| - - 36 subsister. Un regard sur la carte, un coup d'œil à l'emplacement de la fontaine et l'hésitation n'est plus permise. On sort du faubourg St Pierre par deux issues. La première, filant droit en prolongement de la rue de la Boucherie, se dirige vers Pithiviers d'une part, et, par la Montagne, sur Malesherbes de l'autre. La seconde, prenant à gauche au bout de la rue du Sablon et près du vieux cimetière paroissial de St Pierre, gagne la Ferté d'un côté et, de l'autre, par Bonvilliers, Milly et Fontainebleau. Or ces deux hameaux de La Montagne et de Bonvilliers font partie de Morigny comme ils dépendaient autrefois de St Germain; mais, bien que situés sur le plateau, entre les deux routes que je viens d'indiquer et au-dessus du faubourg St Pierre, il ne s'ensuit pas que leurs limites aient pu à un moment donné avancer jusqu'à l'endroit connu encore aujourd'hui sous le nom de St Symphorien. Car si la limite des paroisses de St Germain-lès-Etampes et de St Pierre profile bien du N.-O. au S.-E. une ligne qui court à peu près parallèlement à la rue du Sablon pendant quelque temps, il est impossible d'admettre que cette ligne de démarcation vînt faire une pointe aussi hardie jusque dans le faubourg d'Etampes. Pour donner raison à Cassini et à d'Outhier, il faudrait admettre que la chapelle et la fontaine St Symphorien eussent été séparées et même éloignées l'une de l'autre par une distance assez sensible. Cette nouvelle hypothèse est-elle admissible ? Tout d'abord existe-t-il deux lieux-dits St Symphorien, l'un au territoire de Morigny, l'autre sur celui d'Etampes? La réponse est négative et d'ailleurs il semble que l'examen des lieux et certaines circonstances que je vais relater répondent victorieusement à cette supposition. C'est, en effet, à l'extrémité N. E. du faubourg St-Pierre, presque au bout de la rue du Sablon et tout près de l'emplacement du cimetière St Pierre, que se trouve la petite ruelle St Symphorien. Cette ruelle, un petit chemin non pavé, raviné par les pluies, monte brusquement à droite, perpendiculairement à la rue et parallèlement à la route de la Ferté-Alais. Au bout de quelques mètres d'une montée assez raide, on accède à un petit mamelon, premier ressaut de la colline vallonnée qui enserre Etampes du côté de l'Est et qui se termine par ce plateau où sont établis les hameaux de La Montagne et de Bonvilliers que j'ai cités tout à l'heure.
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 +|**00000065**| - - 37 Sur cette petite ondulation sablonneuse, dans laquelle les entrepreneurs de la ville ont ouvert des carrières, d'où la rue a pris son nom, soit à moins de 50 mètres des habitations du faubourg et presque en face de ce qui fut autrefois le Bourgneuf, on aperçoit, à demi cachée dans des cépées de chênes, une sorte de cave ouverte dans le flanc de la colline. Quelques pierres gisent çà et là près de l'ouverture cintrée soutenue par des piles en pierres de taille. C'est la fontaine St Symphorien. Pénétrant sous le cintre en descendant une sorte de marche, on se trouve dans un réduit en forme de galerie qui s'enfonce en pente douce dans le sol jusqu'à une profondeur de trois ou quatre mètres environ, sur à peu près un mètre de large. Le plafond, sous lequel on se tient facilement debout, est voûté, il suit la pente du sol; la fontaine vient sourdre modestement au fond de cette galerie dans une petite cuvette carrée, ensablée. Son débit est actuellement nul, mais si elle était dégagée du sable qui l'obstrue, elle recommencerait certainement à remplir l'espace qui lui avait été ménagé. Cette sorte d'antre sert actuellement de domicile à un brave homme qui vit de la charité publique et trouve là le grand avantage d'être abrité des intempéries des saisons, sinon de l'humidité, sans payer de loyer. Ce troglodyte moderne a accaparé pour son usage personnel la fontaine et son habitacle. Aux alentours de cette cave, nulle trace de constructions, ni pierres sculptées ni assises, rien qui révèle l'existence de la Chapelle, si ce n'est la découverte qui vient d'être faite tout dernièrement. Il y a quelques mois, en effet, un entrepreneur de la ville, M. Auclerc, en fouillant du sable dans le mamelon sur lequel est posée la fontaine, au-dessous de l'ouverture dusouterrain, découvrit des ossements humains mêlés à des débris de poteries et à des morceaux de planches pourries. Il me fit part de sa trouvaille et je pus constater que toute la surface du tertre était sillonnée de tranchées parallèles orientées de l'Est à l'Ouest et dans lesquelles se montraient de nombreuses traces de sépultures. Les corps ainsi retrouvés étaient enterrés dans des cercueils en planches très épaisses. Presque tous avaient aux pieds un ou deux vases en terre rouge à anses, forme pichet, à bec ou à col rond. Ces poteries, dont la pâte assez fine et très cassante était d'un beau rouge brique, sans peinture ni émail, contenaient des charbons
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 +|**00000066**| - - 38 1 i : et de la cendre. Leur panse était généralement percée de trois ou quatre trous irréguliers. L'usage de ces vases est fort connu des archéologues, qui ont coutume de les rencontrer dans les sépultures du Moyen âge, vieux souvenir de l'antiquité qui s'est perpétué, en passant par les Gaulois et les Mérovingiens, presque jusqu'au XVIIIe siècle. Leurs dimensions variaient ici de 0.09 à 0.15 centimètres de haut. Jusqu'à présent rien n'a été découvert à côté de ces poteries, ni bijoux, ni monnaies; seule une paire de forces, très rouillée, a été ramassée sur le sol de la carrière. Elle provenait sans doute de la couche supérieure. Ces sépultures, en réalité peu nombreuses, ainsi placées au devant de la fontaine St Symphorien, à quelques mètres du cimetière St-Pierre, ne sont-elles pas l'indice, sinon la preuve, de l'existence de la chapelle en cet endroit? A mon avis, l'affirmative n'est pas douteuse. Longtemps les moindres monuments religieux ont abrité des tombes; les uns amenaient les autres, et, pendant tout le Moyen âge, les cimetières sont venus se grouper à l'ombre des clochers. Ne serait-il pas étonnant que des sépultures, en somme assez récentes, sépultures régulières et n'ayant aucuns caractères des ensevelissements consécutifs de batailles, se rencontrassent à moins de cent mètres du cimetière paroissial, sur ce coteau, si près du Bourgneuf, si une chapelle n'avait existé là pour les justifier ? Il en est qui ont vu dans ce petit cimetière le champ de repos des troupes bretonnes qui campèrent, au XVe siècle, à l'entrée du faubourg et qui donnèrent son nom au hameau de Bretagne situé de l'autre côté de la route de La Ferté, derrière le prieuré de StPierre. La chose paraît impossible en raison même du soin et de la régularité avec lesquels sont disposées les tombes et de l'ensevelissement des corps dans des cercueils. D'ailleurs, en coupant la route de La Ferté, un peu plus haut, les ouvriers ont découvert jadis des ossements enfouis de ci de là et qui doivent marquer le passage de ces troupes. D'autres ont penché pour un cimetière juif, placé au bas et en dehors des remparts St-Pierre qui, précisément, aboutissaient de ce côté à la fontaine St-Symphorien. L'hypothèse ne semble guère plus admissible. Certainement le cimetière juif devait être situé
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 +|**00000067**| 39 - extra muros, mais le quartier juif est trop éloigné du faubourg St-Pierre pour donner raison à cette opinion. On sait que la synagogue, devenue depuis la Collégiale de Ste Croix, était située dans le quartier St-Basile et les juifs, groupés autour, vers la rue qui porte encore leur nom. Cette opinion, d'ailleurs, cadre mal avec nos poteries funéraires. A mon sens, ce petit cimetière entourait tout simplement la chapelle de St-Symphorien. Cette preuve, qui vient à l'appui du dire de notre excellent confrère Léon Marquis, me paraît répondre victorieusement aux cartes de Cassini et d'Outhier. Ces cartes d'ailleurs bonnes, comme renseignements, ne sont point d'une justesse inattaquable et leur affirmation est loin d'être un dogme. Il ne faudrait pas, je crois, s'y fier outre mesure et leur accorder beaucoup plus de créance qu'à certaines gravures des XVIe et XVIIe siècles représentant Etampes, j'en appelle sur ce point aux collectionneurs Etampois. Si mes réflexions sont exactes, le différend serait tranché et la chapelle de St-Symphorien restituée définitivement à la ville d'Etampes. Février 1895. Maxime LEGRAND.
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 +|**00000068**| UNE PAGE DE L'HISTOIRE DE SOISY-SOUS-ÉTIOLLES GILLES MALET, SEIGNEUR DE SOISY ... † 1410 Le site gracieux et les antiques avenues de Soisy avaient rendu ce village célèbre autant que le souvenir de l'Intendant de Bailleul; mais il est un nom qui le fit briller d'un éclat plus vif et plus durable, c'est le nom du maître d'hôtel du roi Charles V, du bibliothécaire du Louvre, réputé à juste titre, le fondateur de la Bibliothèque nationale, Gilles Malet. L'origine de cette localité est assez peu connue; peut-être vient-elle de quelque général romain, appelé Sosius; d'où le nom de Soisiacum, devenu parla succession des temps Soisy-sur-Seine et depuis le XVIII siècle, Soisy-sous-Etiolles, son territoire venant après celui d'Étiolles, en suivant la rive droite de la Seine. Toutefois il en est fait mention dès le Xe siècle quand Alran, fils de Bouchard, comte de Corbeil, rentra en possession d'une terre, avec maison et pressoir, située in Soisiaco (1). La liste de ses Seigneurs est difficile à établir, de nombreuses familles portant le nom de Soisy, qui peut se confondre avec Choisy et même Choisiel. La nomination à la cure fut dévolue dès le XIIIe siècle au Trésorier de St Frambourg de Senlis et plus tard au chapitre de cette Collégiale. Le curé est gros décimateur; il était souvent, en (1) Lebeuf, Histoire du diocèse de Paris XIII, page 109.
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 +|**00000069**| 41 même temps, Chanoine de St-Spire de Corbeil et avait avec lui un vicaire. On trouvait dans l'étendue de ce village plusieurs fiefs, parmi lesquels le fief de la Grange, qui disparut dans le cours du XVIIIe siècle et celui du Jardin, qui appartenait à Gilles Malet. On a cru longtemps que le château de Soisy, que l'on voyait encore en 1876, près de l'Église, et qui appartenait alors à M. Subervielle, avait été habité par les Seigneurs du pays de temps immémorial; l'abbé Guiot (1) avait cependant écrit qu'il avait été construit par Nicolas de Bailleul, vers 1625; un poème très rare, Soisy-sur-Seine, Au Seigneur dudit lieu, édité à Paris en 1619 (2), nous apprend qu'il avait été sinon construit, du moins restauré, par l'abbé Belot, mort à Soisy le 25 décembre 1619 et inhumé dans l'Église de cette paroisse. L'habitation de Gilles Malet n'était pas là; son fief était mieux situé: il était placé du côté d'Étiolles, sur une hauteur, d'où l'œil pouvait se porter tant dans la direction de Melun, que vers Paris, au lieu dit aujourd'hui Gerville. Il s'appelait à cette époque le Jardin, dont on fit plus tard Jarville (3) et enfin Gerville. Le nom du Jardin se rencontre déjà en 1385, quand Gilles Malet (4) fit l'aveu de ses biens au roy, pour le comté de Corbeil. Le document suivant, daté du 1er août 1411 et retrouvé aux Archives de Versailles (5), indique avec certitude la position et l'étendue du fief du Jardin et confirme nos allégations. < Aveu et dénombrement rendu, par Nicole Chambli dame de Villepescle et < Soisy (6), à Messire Jean de la Marche, conseiller du roy, seigneur de Perigny, < d'un fief, sis à Soisy-sur-Seine, appelé la terre du Jardin, consistant: < 1º En seigneurie foncière, tant en Domaine que cens, rentes, hots et autres droits < de lods et ventes, saisines ou amendes jusqu'à 60 livres et au-dessous et plusieurs (1) Almanach de Corbeil, 1789, p. 136. (2) Bibliothèque de M. A. Dufour, de Corbeil. On n'en connaît pas d'autre exemplaire jusqu'à présent. (3) Lebeuf, XIII, p. 113. (4) les antiquités de la ville, Comté et Chatelenie de Corbeil par Jean de la Barre, Paris, 1647, p. 61. (5) Archives de Seine-et-Oise, A. 467. (6) Nicole de Chambli était alors veuve de Gilles Malet; elle figure sur la curieuse pierre votive conservée dans l'église de Soisy.
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 +|**00000070**| 42 - < fiefs en relevant le tout tenu et mouvant en plein fief et hommage de la dite < Seigneurie de Périgny. > < 2º Et en plusieurs cens, tailles, droitures et autres droits de lods et ventes, < saisines et amendes jusqu'à 60 livres et au-dessous avec droit de mouture franche < à un ancien moulin assis à Essonnes, et autres droits, le tout tenu et mouvant en < plein fief, foi et hommage, moitié de la dite Seigneurie de Périgny, et l'autre < moitié du Seigneur de Mons sur Orge. Domaine utile dudit fief < 1º Un hôtel, cour, jardin, colombier, trois arpens de vigne et un quartier de < terre, assis près la Croix de Neuville, tenant d'une part à la rue du Jardin, < d'autre part à Guillaume Canart et au prieur de Notre-Dame en Sénart, d'un <bout au grand chemin de Soisy à Corbeil. » < 2º Neuf quartiers en deux pièces, assis devant ledit hôtel, de l'autre part de < la dite rue du Jardin, tenant aux vignes de Mons... < 3º Deux arpents de vigne, au lieu dit les Claux. < 4º Un quartier de vigne, au lieu dit la Vacherie, tenant tout au long à la rue du Jardin; << Les deux derniers articles, tenus par Messire Étienne Berruyer, prêtre... > Droit dû au dit fief < Item en la ville et paroisse de Soisy 8 hots (1): Guillot Christophe, Jean « Crépin dit Petit, Edelot la crépinienne, Martine Vve de feu Rogier le roux, < Louis Chartier, Jean le Page l'aîné, Barthélemy Loyant et Milet Belin... < Item a la dite dame droit de prendre à cause de son hôtel du Jardin, 30 livres < de rente et le droit de mouture franche sur une place assise en la rivière < d'Essonnes, près de l'Église dudit lieu, en laquelle il y avait un moulin, nommé le moulin d'Hersant. >> On peut juger maintenant de l'emplacement et de l'importance de la propriété de Gilles Malet, seigneur de Soisy et il est facile de conclure que son château était au lieu dit actuellement Gerville, dont une partie appartient encore, comme autrefois, au territoire de Soisy, et le reste à la commune d'Étiolles. C'est en 1369, le 20 décembre, qu'il est parlé pour la première fois de Gilles Malet, seigneur de Villepescle, qui reçoit l'aveu de Philippe, sire de Tanlay, de Vanvres et de Saintry pour un tiers de la Seigneurie de Saintry (2). Ensuite il en est fait mention en 1373, lorsque, chargé de la garde de la bibliothèque royale, il en dressa l'inventaire dont l'original manuscrit est précieusement conservé dans le fonds Colbert, (1) Hot ou Hoste, paysan, sorte de fermier d'une classe intermédiaire entre les serfs et les hommes libres. V. la Curne de Ste Palaye. (2) Lebeuf, XIII, p. 155.
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 +|**00000071**| 43 - sous le n° 8354 3. Il a été publié en 1835 par Van Praët, qui dirigeait alors la Bibliothèque nationale. On lit sur le second feuillet de ce manuscrit: « Cy après en ce << papier, sont escrits les livres du très Souverain et très excellent << prince Charles le Quint de ce nom par la grâce de Dieu, roi de << France, estans en son chastel du Louvre en trois chambres, l'une « sur l'autre, l'an de gráce MCCCLXXIII, enregistrés de son com- << mandement par moi Gilles Malet son varlet de chambre. » L'inventaire se divise en autant de chapitres que la bibliothèque comptait de chambres. La première contenait 269 volumes, la seconde 260 et la troisième 381. Le 7 janvier 1409, Malet ajouta à son catalogue une vingtaine de volumes, donnés par le duc de Guyenne, fils du roi Charles VI. Il est de nouveau parlé de Gilles Malet en 1385, comme nous l'avons vu plus haut. Dans l'inventaire des biens de l'Église collégiale et royale de St Spire, à Corbeil, dressé en 1424 (1), Gilles Malet est inscrit au nombre des bienfaiteurs, en qualité de seigneur de Villepescle (2) et de Soisy-sur-Seine. La ville de Pont-Ste-Maxence, pour laquelle il avait une vraye amour et singulière affection, fut aussi l'objet de ses libéralités: II établit, par un acte passé devant notaires le 31 août 1407, une fondation pieuse, « pour qu'une messe de la Trinité fut célébrée le jeudi « de chaque semaine, à perpétuité, par les prieur et curé, à l'autel de « St Jean-Baptiste, dans l'église de Pont pour le repos de son âme, « de celle de Mme Nicole de Chambly, sa femme et de celles de leurs « amis et bienfaiteurs. » En même temps, il faisait participer les enfants aux bienfaits de l'éducation chrétienne sous la responsabilité du prieur, qui avait pouvoir de nommer et de destituer les maîtres, chargés d'ailleurs, d'amener de l'école à l'église les enfants pour chanter cette messe. Dans le cas où les charges ne seraient pas remplies, le Doyen de Pont devait convertir les revenus de la fondation, selon que l'évêque de Beauvais en déciderait (3). (1) Le trésor de Saint Spire de Corbeil en 1424, par A. Dufour, pp. 18, 20 et 21. (2) Villepescle, Seine-et-Marne, commune de Lieusaint et à 6 kilomètres de Corbeil. (3) Gilles Malet, par l'abbé Pihan, Beauvais, 1888, p. 7.
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 +|**00000072**| 44 Les titres dont fut honoré Gilles Malet sont consignés de la sorte dans le texte de la fondation (1): « Chevalier, conseiller, maistre « d'ostel du roi notre dit seigneur, seigneur de Villepescle, de Soisy- «sur-Seine et de Rithel et chastellain de Pont-Ste-Maxence»; il faut y ajouter le titre de Vicomte de Corbeil et même celui de capitaine du château de Beaumont-sur-Oise (2). Son éloge a été ainsi tracé par un auteur contemporain (3): « Le roi Charles avait un sien varlet de chambre qu'il aimait beaucoup, parce < qu'il savait qu'il y avait en lui plusieurs vertus. Celui-ci, spécialement sur tous < les autres, lisait souverainement bien et faisait bien ressortir les points du <<< discours et était homme entendu, ainsi qu'il y paraît; car il est encore vivant, < chevalier, maître d'hostel, sage et honoré, et il fut fort enrichi par le roi. < Il advint une fois à celui-ci, qui avait nom Gilles Malet, tel inconvénient: < un de ses petits enfants, courant avec un petit couteau pointu, tomba dessus et < se tua. Cela, ce n'est point douteux, fut une grande douleur et perplexité pour < le père; néanmoins, ce même jour, il était devant le roi, lisant longuement, de < même apparence et physionomie, ni plus ni moins qu'il avait coutume d'être; < ce dont le sage roi, qui considérait la vertu de toutes choses, le prisa fort et dit < de lui en son absence de telles paroles: si cet homme n'avait point ferme vertu < et plus grande que la nature ne la donne communément aux hommes, la pitié < naturelle ne lui permettrait pas de couvrir son malheur, sous une pareille cons- < tance. > Le roi Charles VI continua de lui témoigner la même bienveillance que son père. Nous en trouvons la preuve dans le passage suivant de la Barre: Par les lettres de Villepesque, il se void qu'au sortir de la Forest de Sennard, il se retiroit en cette Maison, lors appartenante à Gilles Malet, son Maître d'Hostel et à cause de ce logement il annoblit cette Maison d'un droit de garde, à laquelle il obligeoit les voisins par ses lettres de l'an 1382 (4). Les portraits de Gilles Malet sont rares, cependant son effigie et celle de sa femme se voyaient sur un vitrail de l'abbaye de Bonport (5), perdu aujourd'hui, mais dont on retrouve la reproduction (1) L'abbé Pihan, pp. 8 et suivantes, donne in extenso le texte de cette fondation. (2) Guiffrey, Fragments du monument de Gilles Malet à Soisy-sous-Étiolles, page 6. (3) Christine de Pisan: Le livre des faits et bonnes mœurs du sage roi Charles V. Société de St Augustin, 1892, chapitre XX, III. partie. (4) Antiquités de Corbeil, p. 199. (5) Abbaye de l'ordre de Citeaux, fondée par Richard Cœur de Lion. Bonport est dans le voisinage de Pont-de-l'Arche.
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 +|**00000073**| 45 - dans un article du Magasin pittoresque (1). Tous deux sont représentés agenouillés et revêtus de costumes blasonnés; Gilles Malet appuie ses mains sur le pommeau de son épée fichée en terre. On ignore ce qu'est devenu ce vitrail qui appartenait en 1814 au savant archéologue normand Hyacinthe Langlois; c'est à Alexandre Lenoir, le fondateur du Musée des monuments français, que nous en devons la description et le dessin (2). L'Église de Soisy a été plus heureuse; si elle n'a plus la lame de cuivre (3) qu'on y voyait autrefois et qui relatait la fondation de deux messes par semaine pour son Seigneur et sa femme, elle est justement fière de pouvoir montrer aujourd'hui les traits de Gilles Malet et de Nicole de Chambly, gravés de leur vivant sur une pierre votive qui fut retrouvée en 1854, lors de la réfection du dallage de l'église de Soisy. Cette pierre mesure 2 mètres de longueur sur 65 centimètres de hauteur; elle est gravée au ciseau et rehaussée de couleurs qui lui donnent l'aspect d'un tableau. Le Christ en croix, avec un nimbe crucifère, occupe le centre de la composition; deux petits anges recueillent dans des calices les gouttes du précieux sang. A la droite du Sauveur se tient la vierge Marie enveloppée d'un long voile ; à la gauche est St Jean, le disciple préféré; derrière ces personnages l'on voit les donateurs, Gilles Malet et Nicole de Chambly, son épouse, agenouillés, les mains jointes et dans l'attitude de la prière. Gilles est en armure de fer, Nicole en jupe et en corsage; leurs vêtements sont ornés des hermines et des coquilles de leurs blasons. Tous deux sont accompagnés de leurs patrons, St Gilles avec la biche qui partagea sa solitude dans le désert, et St Nicolas avec les trois enfants qu'il ressuscita. La composition est terminée à chaque extrémité de la pierre par deux anges revêtus de longues robes et qui portent les armoiries des pieux donateurs. Le fond du tableau est divisé en compartiments carrés, chargés alternativement de rosaces et de quatre feuilles (4). (1) Tome XXIX, page 236. (2) Le Musée des monuments français, T. VIII, p. 93, pl. 289. (3) Lebeuf, XIII, p. 108. (4) Pour détails complémentaires, V. Guilhermy - Inscriptions de la France du Ve au XVIII siècle T. IV, p. 207 et suiv. avec planches. 1 5
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 +|**00000074**| 46 - En haut de la pierre et dans toute sa longueur, on lit l'inscription suivante gravée en caractères gothiques: MONSEIGNIEUR Giles Malet ChevaliER SEIGNIEUR DE VILLEPESCLE, CONSEILLIER ET MAISTRE DOSTEL du Roy, CHASTELLAIN DE PONT-SAINTE-MAXENCE, VISCONTE DE CORBEIL ET SEIGNIEUR DE SOISY. MADAME NICOLE DE CHAMBLY SA FEME. Gilles Malet mourut en 1410 et cette pierre ayant été faite de son vivant, elle date certainement de la fin du XIV. siècle; Guilhermy dit qu'elle fut offerte par les donateurs vers 1370. Il est probable que ce curieux monument était accompagné à l'origine de deux autres parties qui en faisaient une sorte de triptyque. Cette supposition a été en partie confirmée par la découverte, il y a une dizaine d'années, dans une propriété de Soisy où elle servait de marche d'escalier, d'une autre pierre, de dimensions plus restreintes, mais offrant les mêmes caractères de dessin et d'ornementation que celles de Gilles Malet. Elle représente les deux fils du seigneur de Soisy, Jehan Malet, qui y est qualifié de Chevalier Chambellenc du Roy et Charles Malet, escuier (1). Il semble bien que cette seconde pierre a dû faire suite à celle des donateurs dont il est question ci-dessus, c'est pourquoi l'on a eu la bonne inspiration de la faire placer dans l'église à côté de la première. Mais tout porte à croire qu'elle devait avoir un pendant, le second volet en quelque sorte de ce tableau. On ne l'a pas encore retrouvé; espérons que le hasard bienfaisant qui a déjà fait découvrir les deux premières parties de cet intéressant monument nous procurera quelque jour la découverte de la troisième. Les fils de Gilles Malet étaient déjà connus par un passage de l'abbé Lebeuf (2) où il dit que Gilles Malet étant mort en 1410 laissa sa veuve, qui ne lui survécut que d'une année, et deux fils, Jean, maître d'hôtel du roi, et Charles, licencié ès-loix. Ils moururent probablement peu de temps après leur mère, car il n'est pas (1) V. dans le Bulletin des travaux historiques de 1884, archéologie nº 2, un article de M. J. Guiffrey, intitulé: Fragment du monument de Gilles Malet, conservé à Soisy-sous-Étiolles, 8 pp. in 8º avec planche. (2) XIII, p. 196.
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 +|**00000075**| - 47 fait mention de leurs noms dans la succession des propriétaires du fief du Jardin. Jehan Malet, Chevalier, avait rendu hommage au roi le 1er août 1399 pour la terre de Villepescle, la justice de Fontenay-lès-Louvres, du Plessis-Gassot, de partie de la Châtellenie de Pont-Sainte-Maxence et de la terre du Mesnil près cette ville (1). Il aurait été marié en 1403 à Jeanne de Soyecourt, qu'il laissa sans enfants (2). Plus tard, en 1438, nous trouvons les noms de deux frères, Gilles et Jacques Malet, écuyers, seigneurs du fief du Jardin (3); ils n'étaient probablement que les petits-fils du célèbre bibliothécaire de Charles V. C'est sans doute ce Gilles Malet, qui en 1432, le 5 mai, fit hommage au roi des terres de Brettencourt et de BourgAsselin, qu'il avait eues de sa femme Jeanne Sanguin, petite-fille de Guillaume Sanguin (4). Le même document donne ensuite comme descendants de ce Gilles Malet, deuxième du nom: Gilles III, Guillaume, Jacques et Louise, en spécifiant que : Le dit fief fut et appartenoit à Gilles Malet, à Gilles Malet, son fils, après à Guillaume Malet, et successivement à Jacques Malet et à l'Eigle d'Agincourt, à < cause de sa femme Louise Malet, lequel a été depuis vendu (5) à Olivier le < d'ains, dernièrement exécuté en justice (6) ». Le château du Jardin avait certainement une tour qui formait donjon, car l'auteur des antiquités de Corbeil l'a encore vue, au commencement du XVIIe siècle: <<< L'antiquité de la tour de Soisy, << dit-il (7), qui ornoit cette contrée, lorsque j'ai commencé à escrire <<< ces mémoires... >> C'est dans cette tour seigneuriale, sans doute, écrit l'abbé Lebeuf (8), qu'avait subsisté la chapelle castrale du titre de St Jean, dont j'ai vu des provisions du 24 août 1476 et du 17 août 1484. (1) Arch. Nat. P. P. reg. 2, fol. 354. (2) P. Anselme, VIII, 527. (3) Arch. de S.-et-O., A. 697. (4) P. Anselme, VIII, 264. (5) En 1480. (6) 18 août 1485. (7) Page 217. (8) XIII, p. 113.
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 +|**00000076**| 48 Le château de Gilles Malet n'existe plus, mais son souvenir qui a traversé près de cinq siècles, subsistera dans les générations futures grâce à son mérite personnel, à ses travaux et à la fervente piété qui l'a porté à ériger dans l'église de Soisy-sous-Étiolles cet intéressant monument que l'on peut justement considérer comme la pièce capitale de ses archives. E. COLAS, Curé de Soisy-sous-Étiolles.
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 +|**00000077**| UNE MENTION DE CORBEIL EN 1639 Notre confrère M. Lacombe a eu, il y a une dizaine d'années, la bonne fortune de découvrir, à la Bibliothèque royale de Bruxelles, un poème extrêmement rare, intitulé: Itinerarii per diversa Gallicæ ac Italiæ locao memores notæ: et rerum Romanarum curiosi ac religiosi indagatoris dies decem. Cet ouvrage, publié à Mons en 1639, ex officina Ioannis Havart, in plateâ Nimianâ, prope Minimos, comprend une description en vers élégiaques des principales villes de France et d'Italie que l'auteur a visitées. Notre confrère a publié les 194 vers consacrés à Paris (1), et j'ai moimême reproduit les go vers qui suivent, et qui sont relatifs à Saint Denis, Argenteuil et Pontoise (2). Il m'a semblé intéressant de publier dans notre Bulletin les vers qu'ont inspirés à notre auteur les villes de Briare, Montargis et Corbeil, qu'il a visitées à son retour d'Italie. Je ne crois pas devoir répéter ici les renseignements biographiques que M. Lacombe a pu recueillir sur Antoine de Rombise et qu'on pourra retrouver dans les Mémoires de la Société de l'Histoire de Paris; qu'il me suffise seulement de dire qu'il était professeur au collège du Rœulx, petit bourg à mi-chemin de Mons à Nivelles. Ne nous étonnons donc pas que le style de l'ouvrage soit d'une aussi bonne latinité. De Lyon, Rombise passe par Tarare, et arrive à Briare (3): Ad Briarum Læuas fluuij dimisimus vndas, Sequana non illo calle petendus erat. Lictus vt est retro collis qui dicitur Argi, In pulchrâ regio valle perennat iter. Cæsar Agendicum terras, aut oppida dixit Prima, sed hic variant scripta, virûmque labor. (1) Mémoires de la Société de l'Histoire de Paris et de l'Ile de France, t. XIII, page 274. (2) Mémoires de la Société historique de Pontoise et du Vexin, t. XI, page 69. (3) Page 334. 1
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 +|**00000078**| 50 Mox vt Corbolium dederit vicinia castrum, Vicus ab Hebræa gente vocatus adest. Redditur inde breui populosa Lutetia cursu, Rursus vbi dulces nos tenuere moræ. TRADUCTION A Briare, nous quittons les eaux farouches du fleuve (1); nous ne pouvions gagner la Seine par cette voie. Nous laissons de côté la colline appelée Argis (2), et la route suit une jolie vallée (3). César a appelé Agendicum le pays, ou la première ville que l'on rencontre (4), mais ici les auteurs ne sont pas d'accord et les textes diffèrent. Bientôt nous nous approchons du château de Corbeil, et plus loin nous rencontrons un bourg qui doit son nom à la nation juive (5). Nous ne tardons pas ensuite à arriver dans la populeuse Lutèce, où nous faisons un séjour nouveau et charmant (6). De Paris, Rombise retourne en Belgique par Clermont, Amiens, et la Flandre. Nous ne l'y suivrons pas. En terminant, je suis heureux d'apprendre à ceux de nos confrères qui désireraient connaître le poème intégral, que depuis la publication du travail de M. Lacombe, la bibliothèque de la ville de Paris a eu la bonne fortune d'en rencontrer un exemplaire, provenant de la bibliothèque de M. Chalon, de Mons, le célèbre mystificateur connu sous le nom de comte de Fortsas. C'est le seul qui soit dans nos dépôts publics. Tout dernièrement M. Dufour, notre dévoué secrétaire général, en a découvert un autre sur un catalogue de librairie, et a eu l'amabilité de me le signaler. Grâce à lui, j'en suis l'heureux possesseur, et je tiens à lui en témoigner ici toute ma reconnaissance. E. MAREUSE. (1) La Loire. (2) Montargis. (3) Vallée du Loing. (4) Allusion à une question controversée: César a-t-il voulu désigner Sens ou Provins? Voir à ce sujet l'article Agendicum, dans le Dictionnaire de géographie ancienne et moderne, supplément au Manuel du libraire, de Brunet. (5) Villejuif. Voir l'abbé Lebeuf, Histoire de la ville et de tout le diocèse de Paris, édition publiée par MM. Augier et Bournon, t. iv, p. 26. (6) L'auteur fait allusion ici à son premier séjour à Paris,
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 +|**00000079**| ETRECHY ET LES FIEFS ENVIRONNANTS I LE BOURG ET SON PRIEURÉ Ainsi que pour la plupart des anciennes localités, on ne connaît pas l'origine reculée de l'ancien bourg d'Étréchy près d'Étampes. Remonte-t-il à l'époque de l'âge de pierre? La découverte en ce lieu et aux environs de quelques instruments en pierre taillée et polie ne sont pas une preuve suffisante. On ne peut non plus affirmer son existence à l'époque galloromaine ou à l'époque franque, malgré la découverte de quelques monnaies romaines et d'une petite monnaie d'or au type d'Anastase, frappée par un monétaire mérovingien et trouvée il y a peu d'années au fond d'un puisard. L'Itinéraire d'Antonin et les Tables de Peutinger n'indiquent pas Étréchy sur le passage de la voie romaine de Lutèce à Genabum, et donnent seulement le nom de Salioclita comme lieu d'étape entre ces deux villes; mais, selon toute apparence, elle passait par Étréchy, dont le nom même rappelle la position sur cette route (1). Remarquons en outre qu'il était à la rencontre de la voie romaine et de l'ancien chemin du Gâtinais se dirigeant sur Chartres, comme nous le verrons par la suite. En l'absence de preuves sérieuses, bornons là nos conjectures et constatons que ce bourg est très ancien et qu'il y a des preuves certaines de son existence sous le règne de Philippe Ier. Autrefois Estrechi, Estrechy et Estréchy-le-Larron; en latin Stripiniacum, Stripaniacum, Attichiacum, Estreciacum, Estrechiacum, Estorciacum. Situé dans la Beauce gâtinaise et dans le Hurepoix, ce bourg était de la coutume, du bailliage et du doyenné d'Etampes, et (1) Dutilleux. Les anciennes routes de S. et O. 1881 in-8.
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 +|**00000080**| 52 - par suite du diocèse de Sens; enfin, il appartenait à la fois à l'Orléanais et à la généralité de Paris (1). Nous ne confondrons pas cette localité avec deux autres du même nom qui en sont assez éloignées et qui sont situées l'une dans le Berry et l'autre dans la Champagne. L'Église d'Étréchy est dédiée à Saint-Etienne et remonte à la fin du XIe siècle. Elle se compose d'une nef, d'un transept et de deux bas-côtés. Le clocher est une tour carrée assez élégante située au centre de l'église. Elle est percée de huit fenêtres ogivales à abat-son, dans le style du XIIe siècle. Ces fenêtres, accouplées deux à deux sur chacune des faces, ainsi que la forme de la toiture font de ce clocher un diminutif de celui de St-Basile d'Etampes. A l'intérieur, on remarque plusieurs grandes et belles fenêtres ogivales et sur les parois latérales des murs des bas-côtés, des restes apparents d'anciens tombeaux arqués: il y en a encore neuf à gauche qui sont assez bien conservés, mais on n'en découvre plus que trois à droite, les autres ayant à peu près disparu. Enfin, sur le sol et servant de dalles, se voient quelques pierres tombales assez anciennes, si on en juge par le peu qui reste des inscriptions. Ces pierres proviennent sans doute de l'ancien cimetière qui, comme c'était autrefois l'usage, était contigu à l'édifice. Cette église dépendait du prieuré de St-Étienne d'Étréchy, de l'ordre de saint Benoît, bâti sur des terres données à l'abbaye de St-Germer de Flex en Beauvaisis, par un gentilhomme nommé Anselle ou Anseau, qui fut touché des vertus et de la sainteté des religieux de cette abbaye de bénédictins. L'église d'Étréchy leur fut également donnée par Anseau et par Haymon qui en avaient chacun la moitié. Elle existait donc avant la donation qui remonte, selon toute apparence, à la fin du xi siècle et qui posait cette condition qu'un certain nombre de moines quitteraient leur abbaye pour fonder une succursale à Étréchy, où s'établit en effet une colonie de religieux. L'ancien fief, qui existe encore, longe le mur septentrional de l'église et comprenait autrefois un corps-de-logis et une grange dans laquelle on déposait les dîmes. (1) Expilly. Dict. geog. - 1763. in-fol.
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 +|**00000081**| - - 53 Anseau fit peu de temps après à l'abbaye naissante une nouvelle donation, car il lui abandonna « les héritages et les biens qu'il avait au village de Morigny... » (1). Mais le séjour des moines à Étréchy fut de courte durée et ils allèrent s'installer à Morigny, invités, dit la chronique, par la beauté et la fertilité du lieu. Ils mirent aussitôt la main à l'œuvre et en peu de temps, aidés de la charité des habitants d'Étampes et des environs, ils bâtirent une église et un monastère capable de contenir un nombre considérable de religieux. 《 - O toi qui lis ceci, dit le chroniqueur du couvent, admire et loue la constance de nos prédécesseurs. Apprends comment ils surent par bien des fatigues et bien des labeurs se fixer dans ces lieux, et bâtir, des aumônes du pauvre, tous ces édifices qui frappent tes regards. Nul roi, nul comte, aucun puissant seigneur ne les a élevés (2) ». Mais, nous ne voulons pas écrire l'histoire de la célèbre abbaye de Bénédictins. Qu'il nous suffise de constater qu'elle a eu son origine à Étréchy vers la fin du règne de Philippe Ier et que ce prince fait mention de l'abbaye de Morigny dans plusieurs actes au commencement du XIIe siècle. Le plus ancien est un acte approuvé par ce roi en l'année 1102, contenant bail, moyennant vingt sols de rente annuelle, d'une métairie située à Maisons-en-Beauce, par les religieuses de l'abbaye de Saint-Eloi de Paris, à l'abbaye de Morigny représentée par l'abbé Regnault, rer abbé (3). La date de 106, donnée dans plusieurs ouvrages, comme année de la fondation, est donc tout à fait erronée. Cette date est celle de la donation à l'abbaye de Morigny de l'église collégiale de St-Martin d'Etampes et de ses prébendes. L'établissement religieux d'Étréchy fut conservé comme prieuré, et quelques bénédictins continuèrent d'y résider sous l'autorité d'un prieur claustral. Mais l'abbaye de Morigny exerçait sur le prieuré, qui lui était subordonné, des droits de juridiction, de redevance et de mense conventuelle; réservant aussi les droits de (1) D. Fleureau. Antiq. d'Etampes, 1683, in-4°, pp. 474, 497. (2) De Montrond. Essai historique sur Etampes, 1836, in-8. Tome 1. p. 99. Interprétation du liv. 2 de la Chronique de Morigny. (3) D. Fleureau, p. 498.
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 +|**00000082**| 54 nomination non seulement au priorat, mais encore à la cure de St-Étienne. D'après une charte datée de l'année 1120, le roi Louis-le-Gros prend sous sa protection et sauvegarde plusieurs terres, villages et églises des environs d'Étampes, notamment « le village de Morigny avec tous les droits appartenant à l'abbaye, ses métairies, le village de Bonvilliers... l'Église d'Étréchy, la dîme et tout ce qui en dépend, avec cent soixante hostes ou habitans qui doivent censive .. (1) ». Vers l'année 1140, Thevin, 5e abbé de Morigny, fit embellir et agrandir les cours du prieuré d'Étréchy. Quelques années plus tard, il y eut des contestations entre l'abbaye de Morigny et un nommé Guillaume, du bourg d'Étréchy, qui prétendait avoir des droits sur la justice et la prévôté d'Etréchy, mais le roi jugea lui-même le différend et Landry, 7º abbé de Morigny, ayant apporté des preuves de ses droits, Guillaume fut débouté de sa demande par des lettres patentes datées du Palais d'Etampes, en l'année 1158. En 1161, Hugues de Toucy, archevêque de Sens, confirma à l'abbaye de Morigny la possession de l'église d'Étréchy (2). En l'an 1200, Pierre de Corbeil, archevêque de Sens, pour mettre un terme aux contestations qui avaient lieu entre l'abbaye de Morigny et le curé d'Étréchy, fit un règlement sur leurs droits respectifs concernant les émoluments accordés au curé et au prieur d'Étréchy, pour les messes et offices religieux, droits payés en seigle, vin et argent. En 1232, Robert II, 13º abbé de Morigny, fit faire un règlement en 11 articles pour la bonne administration de son abbaye. L'article 7 dit << qu'il unit au prieuré d'Étréchy la dîme du même lieu en échange de la terre de Parey ». C'est pendant que Robert II était abbé de Morigny que Guillaume Menier, bailli et châtelain d'Étampes, fit à l'abbaye de Morigny deux donations: l'une de janvier 1230, d'un clos de vigne appelé le Clos Camel, situé à Fourchainville, près Villeconin, à condition de distribuer le vin en provenant pendant l'avent et le carême de chaque année dans le réfectoire des religieux; l'autre, de (1) D. Fleureau, p. 494. (2) D. Fleureau, pp. 512, 514 et 517.
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 +|**00000083**| - 55 l'année 1232, de tout droit qu'il avait sur une métairie de Boinville près Châlo-St-Mard, à condition également que le revenu en provenant serait employé à la nourriture des religieux pendant l'avent et le carême (1). Guillaume Menier était un personnage éminent, très considéré à la cour de Philippe-Auguste, car, d'après des actes de ce roi, on voit qu'il l'a choisi plusieurs fois comme arbitre avec frère Aimard, trésorier du Temple ou Guérin, évêque de Senlis, pour régler des différends entre des seigneurs et des hauts dignitaires de son temps. Il est qualifié de châtelain d'Étampes en 1207 (2), de bailli du roi en 1219 et 1221 (3) et de châtelain et bailli d'Étampes de 1230 à 1232 (4). Or, la matrice en bronze du sceau de Guillaume Menier fut trouvée à Étréchy en 1832. C'est au cours de travaux pratiqués sur l'ancien cimetière contigu à l'église, pour la construction d'une école communale, que l'on découvrit un ossuaire; et, parmi les ossements, on rencontra le dit sceau. D'après les recherches consciencieuses de M. le Dr Duhamel, l'ossuaire provenait de sépultures existant dans l'intérieur de l'église et qui auraient été violées sous la Terreur. L'ancien bailli avait-il une résidence à Etréchy, auquel cas il aurait eu son tombeau dans l'église du lieu, car sa famille semble être des environs ? Cela est possible, ou bien, le sceau aurait-il été confié à l'abbaye de Morigny, qui avait des fiefs à Étréchy, ainsi que le conjecture M. Dramard (5) ? C'est ce que nous ne pouvons établir. N'est-il pas plus probable que Guillaume Menier, bienfaiteur de l'abbaye de Morigny et du prieuré d'Étréchy, aura tenu à reposer près de ceux dont il avait voulu s'assurer, par ses libéralités, les prières et la reconnaissance; et c'est là, du (1) D. Fleureau, pp. 520, 527 et 526. (2) D. Fleureau, p. 597. (3) Delisle. Actes de Philippe-Aug. 1856, in-8. (4) Chronique de Morigny et D. Fleureau, p. 526. (5) Bull. du comité des travaux hist. et scientif. 1882, p. 70. Dans ce bulletin et dans une feuille locale M. Dramard dit que le sceau en bronze a été découvert en 1866 par un maçon occupé à réparer un mur de soutènement, au sud-ouest de l'église; notre compatriote a sans doute été induit en erreur, car M. Duhamel, qui habite la localité, doit avoir des données plus précises.
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 +|**00000084**| 56 - reste, un usage constant dans l'histoire des fondations pieuses? Cet objet très intéressant et en très bon état est conservé aujourd'hui au musée d'Etampes. Ajoutons qu'un autre sceau analogue, mais en cire et plus petit, est appendu à une charte de l'année 1211 conservée aux Archives nationales (1). Au mois de juillet 1243 (2), nous voyons Guillaume Ier, 150 abbé de Morigny, obliger par lettres données sous ses sceaux, le nommé Anseau, prieur d'Étréchy, de payer tous les ans à l'abbaye de Morigny 20 sols parisis de rente pour la nourriture des frères le jour anniversaire de la mort de Guyard Papillon. Le prieuré avait reçu de l'abbaye une vigne qui avait été achetée avec la somme léguée par Papillon pour la fondation de son anniversaire (3). Nous avons vu plus haut que les émoluments dus au prieur d'Étréchy étaient payés en vin, au commencement du XIIIe siècle; cela prouve qu'il y avait des vignes à Étréchy à cette époque. Elles étaient même nombreuses encore au XVIe siècle, car dans des manuscrits du temps, il est souvent question du « vignol » ou vignoble d'Étréchy. En 1573, Noël Blossier était vigneron dans ce lieu (4). En 1740, d'après une statistique officielle, il y avait encore 140 arpents de vigne produisant 420 muids de vin, année moyenne (5). En 1789, il en restait encore une certaine quantité ainsi que le constatent les cahiers de doléances de Vaucelas et Chauffour (6). Adam Allaire était prieur-curé d'Étréchy en 1370, d'après un sceau conservé aux archives de Seine-et-Oise (7). Dans une transaction du 26 mars 1391 entre Louis d'Évreux, (1) Douet d'Arcq. - Collection de sceaux. (2) D'après D. Fleureau, il faut lire juin 1240 (p. 531), mais d'après les termes de la charte citée par M. Menault (Morigny et son abbaye, p. 129) c'est plutôt juillet 1243 qu'il faudrait lire. (3) D. Fleureau, p. 531. (4) Arch. de Seine-et-Oise. E - 4475, E - 4376. (5) Mém. manuscrit de la généralité de Paris en 1740 de l'intendant Hérault. (6) M. Legrand et L. Marquis. Le bailliage d'Etampes aux Etats généraux. Les cahiers des paroisses pp. 225 et 268. (7) Henri Stein. Quelques sceaux inédits du Gâtinais. Ann. de la Soc. hist. du Gât., 1885, p. 270.
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 +|**00000085**| 57 comte d'Étampes et Guillaume III, 24º abbé de Morigny, au sujet des droits de justice, on voit que le seigneur Louis d'Évreux « délaisse et abandonne aux religieux de Morigny et à leurs successeurs toute la justice et jurisdiction qu'il avait et pouvait avoir en toute la ville, paroisse et terroir, et en tous les fiefs et voiries de la dite ville d'Estrechy; sauf audit M. le comte, comme souverain, la voyrie de la grande rue de la dite ville, et toute justice haute, moyenne et basse en plusieurs fiefs et censives tenues par gentilhommes en la dite ville et terroir, qui en rien ne sont tenus ni mouvans des dits religieux, en fief et en censive... Auront les dits religieux, à toujours, toute justice haute, moyenne et basse en et sur tous leurs fiefs de la dite ville et paroisse et territoire d'Estrechy... (1) ». L'abbé Guillaume III aurait donc obtenu par cette transaction des avantages pour les droits de l'abbaye dans la paroisse d'Étréchy, sans compter d'autres droits de justice dans d'autres villages de Beauce et dans <<< la Foire d'Estampes, qui dure chacun an depuis le samedy après l'Ascension, soleil couchant, jusqu'à la veille de la Pentecoste, soleil couchant, et de tous les droits, profits et émolumens d'icelle foire... (2) ». En 1856, on découvrit dans l'église d'Étréchy, une matrice de sceau en bronze qui paraît être celui de Guillaume III, abbé de Morigny. D'après le savant rapport de M. le docteur Duhamel, inséré vingt ans après dans une feuille locale, l'abbé Rames, curé d'Étréchy, en faisant pratiquer des fouilles dans un vaste caveau situé au-dessous de l'abside, fit mettre à découvert des squelettes mêlés à des gravois. Dans les déblais, qui furent transportés au dehors, un enfant ramassa le sceau en question qui est d'une belle conservation; nous en donnons plus loin la reproduction. Il a 20 millimètres de diamètre et 2 millimètres d'épaisseur. Il porte dans le champ, entre les majuscules Pet G, une crosse abbatiale ornementée. Il est monté sur un manchon aplati, long de 28 millimètres et percé d'une ouverture à son extrémité (3). (1) D. Fleureau, p. 541. (2) D. Fleureau, p. 541. (3) Ce sceau fait aujourd'hui partie des collections de notre collègue, M. M. Legrand, d'Etampes, auquel nous en devons la bienveillante communication. Nous sommes 1
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 +|**00000086**| 58 Le style des lettres et la forme de la crosse font remonter le sceau à la fin du XIVe siècle. Les initiales PG peuvent signifier Pater Guillelmus, et c'est alors à Guillaume III, qui succéda à Jean de Jaussigny en 1373 et mourut vers 1398, qu'on devrait l'attribuer, d'autant plus que cet abbé a été enterré ailleurs qu'à Morigny, son nom ne figurant pas dans la liste des tombes qui se voyaient encore dans l'abbaye en 1683 (1). Enfin, on remarque sur les murs latéraux dans chacun des bascôtés de l'église, des restes assez importants de pilastres et d'arcades formant saillie, qui indiquent certainement d'anciens tombeaux arqués ou Enfeux. C'est là que reposaient, selon toute apparence, les anciens prieurs et curés d'Étréchy; peut-être aussi l'abbé Guillaume III et quelques autres abbés de Morigny. L'hypothèse ainsi formulée ne serait pas trop hardie. Dom Fleureau nous apprend que le territoire d'Étréchy appartenait à plusieurs seigneurs à la fin du XVIIe siècle. Une partie relevait de Jean de Bauchar (ou Bochart), seigneur de Champigny, qui y exerçait justice haute, moyenne et basse, en titre de prévòté sur ses sujets. Un de ses ancêtres, Jean de Bochart, 2me du nom, possédait Champigny dès le XV. siècle, par suite de son mariage avec Jeanne Simon, nièce de Jean Simon de Champigny, évêque de Paris, qui lui donna cette terre (2). Trois ou quatre maisons étaient de la censive et justice du sieur Mérault, seigneur de Villeconin. Enfin, le roi avait censives sur toutes les maisons de la Grande-rue, de part et d'autre, depuis celle des Trois-Rois, jusheureux d'ajouter qu'il nous a aidé de ses conseils judicienx, nous communiquant beaucoup de renseignements précieux et de notes intéressantes utilisées au cours de ce travail. (1) D. Fleureau, p. 556. (2) Moréri. Dict. historiq., art. Bochart.
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 +|**00000087**| - - 59 qu'à la porte de Paris, et le prévôt d'Etampes y avait juridiction (1). D'après ceci, le bourg était fortifié et entouré, sinon de murailles flanquées de tours, au moins de fossés plus ou moins profonds. Le 21 mai 1573, Jean d'Orléans, seigneur de Bastardes, reçut l'hommage de Jacques d'Estampes de Valençay pour une dîme appelée « la dixme de bled d'Estréchy, mouvante du lieu seigneurial de Rere (2) ». En 1700, le revenu du prieuré d'Étréchy était de 400 livres et l'abbé Nouet, docteur en Sorbonne, en était titulaire (3). En 1740, la Prévôté d'Étréchy relevait du marquis de Talaru. Il y avait à cette époque sur ce territoire 166 arpents de prés et 266 arpents de bois (4). De 1713 à 1760 on sait qu'il y eut en France de grandes dissensions religieuses par suite de la publication de la célèbre Bulle Unigenitus du pape Clément XI (5). Dès l'année 1717, dans un acte pardevant notaire, 23 prêtres d'Étampes et des environs font appel de la Bulle, et dans le nombre nous voyons l'abbé Navet, curé d'Étréchy (6). La publication d'un nouveau catéchisme par l'archevêque de Sens ne calma pas les esprits, car 76 curés du diocèse de Sens signèrent des mémoires et des remontrances au sujet de la Bulle et de ce nouveau catéchisme. Nous n'entrerons pas dans le détail des troubles qui eurent lieu dans notre contrée notamment à la Ferté-Alais et chez les religieuses de la Congrégation à Étampes; disons seulement qu'à cette époque, suivant une lettre d'un Récollet à l'archevêque de Sens du 5 août 1735, une assemblée aurait été tenue à Étréchy et présidée par un des plus célèbres docteurs parmi les appelants (7). (1) D. Fleureau, p. 48. (2) D'Hozier, Armorial de France, Reg. 3, 2º partie. Art. Orléans, p. 61. Le lieu de Rere dont il est ici question, est sans doute le même que Parey dont nous avons parlé précédemment à la date de 1232. (3) De Boislisle. Mém. cité. p. 50. (4) Mém. ms. cité. (5) Nouvelles ecclésiastiques. Années 1731 et suiv. (6) Lettre de MM. les doyens, chanoines... d'Etampes et du district a Mgr le cardinal de Noailles, par Voizot, doyen de Ste Croix, 1717. (7) Nouv. eccl. Année 1738, p. 167.
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 +|**00000088**| - - 60 En 1755, la cure d'Etréchy valait 900 livres par an à son titulaire l'abbé Cassin et le revenu du prieuré était de 300 livres (1). La maison prieurale, avec basse-cour, jardin et dépendances, fut vendue comme bien national en 1791 et adjugée le 23 mars au nommé Choiseau, moyennant 7225 livres (2). Nous donnons ci-dessous quelques chiffres pour la population du bourg: 136 feux (3). En 1709 En 1740 - 177 feux, 537 habitants au-dessus de 8 ans, En 1778 - En 1789 - 90 chevaux, 128 vaches, 275 moutons et 5 pourceaux (4). 165 feux et 420 communiants (5). envoyé des députés à l'assemblée des Trois États du 9 mars (6). 182 feux, d'après l'État des paroisses... qui ont En 1810 - 969 habitants. En 1832 - 1.040 En 1862 - 1.201 En 1880 1.256 - En 1895 - 1.406 (7) On voit que la population a sensiblement augmenté dans ces derniers temps et surtout depuis la construction de charmantes villas auprès de la station du chemin de fer. II LA MALADRERIE ST NICOLAS D'ÉTRÉCHY Dès le XIIe siècle il y avait à Étréchy un hôpital ou une maladrerie dédiée à St Nicolas. En l'année 1173, un accord eut lieu entre Haimery, 8º abbé de Morigny et le maître de l'hôpital d'Étréchy, pour une terre dépendant de l'abbaye de Morigny qui avait été donnée à cet établissement hospitalier (8). (1) Hernandez, Descr. de la généralité de Paris, 1759, in-8. (2) Arch. de Seine-et-Oise. (3) Saugrain. Dénombr. du royaume. 1709, in-12. (4) Mém. ms. cité. (5) Almanach de Sens pour 1778. Avant la révolution, la population de Vaucelas est comprise en dehors de celle de la paroisse. (6) M. Legrand et L. Marquis. 1789, pp. 5 et 6. (7) Annuaires de Seine-et-Oise. (8) D. Fleureau, p. 518. - Les Trois Etats du bailliage d'Etampes en
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 +|**00000089**| - 61 Lors de la rédaction de la coutume d'Étampes, le 20 septembre 1556, on voit comparaître en la salle du Séjour pour « l'État de l'Église >> : <<< Messire François Merault, Maistre et Administrateur de la Maladrerie Saint Nicolas d'Estrechy... Le curé d'Estrechy, représenté par Messire Jean Houdon, son vicaire, assisté de Soreau son Procureur... » (1) C'est probablement dans cet hôpital qu'étaient soignés les blessés et les malades lors du passage des gens de guerre à Étréchy. Sans doute là aussi furent établies les cuisines où furent soignés et nourris les pauvres et les infirmes pendant la misère de 1652 et années suivantes, comme il sera dit ci-après, en parlant des gens de guerre à Étréchy. Suivant un arrêt du conseil du roi du 15 avril 1695, les biens de la maladrerie d'Étréchy furent réunis à l'Hôtel-Dieu d'Étampes, à charge de satisfaire aux prières, services de fondation et de recevoir les pauvres malades d'Étréchy, à proportion du revenu de la maladrerie, lequel était alors de 100 livres (2). Un autre hôpital a existé dans la Grande rue non loin de l'église d'après ce qu'a bien voulu nous dire un ancien maire d'Étréchy, mais nous n'avons trouvé ailleurs aucun autre renseignement à ce sujet. III LA CHAPELLE DES CORPS-SAINTS La maladrerie dont nous venons de dire quelques mots était située à droite de la route de Paris en partant d'Étampes, et à 1 kilomètre environ avant Étréchy; mais il y avait à gauche, à peu près en face, sur les bords d'un petit ruisseau affluent de la Juine (3), la chapelle dite des Corps Saints sur laquelle on n'a également que très peu de documents, car D. Fleureau et de Montrond ont gardé le silence sur ces deux fiefs. Ajoutons que ce ruisseau s'appelle encore le Ruisseau des CorpsSaints. (1) Coutume d'Étampes, 1720, in-8, p. 486. (2) Voir la pièce justificative A. Menault. Morigny et son abbaye, 1867, in-8, p. 206. (3) Voir la carte de Cassini.
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 +|**00000090**| 62 On sait cependant que la chapelle était de fondation royale et à la collation du roi et qu'elle rapportait environ 200 livres à son titulaire. En l'année 1658, Charton, grand pénitencier de Paris, en était chapelain et en 1695 elle était possédée par le sieur François, ès-chevalier (1). Un miracle a été opéré, dit-on, à l'endroit appelé la Chapelle des Corps-Saints, soit que cette chapelle existât déjà, soit qu'elle ait été érigée à cette occasion. C'était un jour où l'on faisait la translation des reliques des Corps Saints ou Patrons de la ville d'Étampes dans une nouvelle châsse, à l'église Notre-Dame d'Étampes. Un bûcheron d'Étréchy en travaillant de son métier s'était coupé le pied d'un coup de hache et se sentant défaillir tant par la vivacité de la douleur que par la quantité de sang qu'il perdait, il invoqua les saints dont on transférait ce jour-là les reliques et il fut instantanément guéri. Nous trouvons la relation de ce miracle dans une notice sur les martyrs Can, Cantien et Cantianille, par l'abbé Bonvoisin, curé de Notre-Dame d'Étampes (1866, in-16), mais il n'y a aucune indication de la date à laquelle il a eu lieu. Nous y lisons que le récit a été puisé dans un vieil auteur. Est-ce dom Hardy ou Pierre Legendre qui ont publié la vie de ces martyrs, l'un en 1610, l'autre en 1650? ou bien, est-ce l'un des nombreux auteurs qui ont écrit sur le même sujet dans le courant du XVIIIe siècle ? D'autres plus heureux que nous trouveront sans doute la solution de ce problème. Les translations des reliques ayant eu lieu dans les années 1282, 1570 et 1620, c'est à l'une de ces trois dates qu'il faut, selon nous, rapporter le fait en question. Un procès qui eut lieu vers le commencement du XVIIIe siècle nous fournit quelques détails sur la Chapelle des Corps-Saints. Nous les trouvons dans un Mémoire imprimé, sans aucune indication de date ni de nom d'imprimeur, mais comme il est inséré dans des recueils de factums de la bibliothèque de l'Arsenal remontant la plupart aux dates de 1700 à 1725, nous pensons que celui qui nous occupe est de la même époque. Dans cette pièce très rare, Jean Lazare Henrion, prêtre, chapelain de la chapelle des Corps-Saints, et en cette qualité seigneur (1) Menault. Déjà cité, p. 206. Quesvers et Stein, Pouillé de Sens 1894, in-4°.
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 +|**00000091**| - 63 du fief de Bretigny, conteste au marquis de Chalmoisel la possession de ce fief, et comme principale preuve à l'appui il cite le texte d'une pierre tombale adossée à un mur de la chapelle. Suivant cette inscription, Arnault de Viscaret aurait donné en toute propriété à la chapelle des Corps-Saints la seigneurie, les censives, rentes, revenus et héritages qu'il possédait à Étréchy et aux environs (1). Nous ne connaissons pas l'issue de ce procès dans lequel le chapelain eut sans doute gain de cause. Le factum ne donne pas exactement le nom du défendeur qui était probablement Louis de Talaru, marquis de Chalmazel, comte de Chamarande en Hurepoix, fils de François Hubert de Talaru et de Marie d'Ornaison de Chamarande (2). Louis de Talaru marié en 1717 à Catherine d'Harcourt était un proche parent de Clair Gilbert d'Ornaison de Chamarante ou Chamarande, qui donna à la commune de Bonnes le nom de Chamarande, suivant arrêt du parlement de Paris du 5 avril 1686 (2). Un fragment de pierre tumulaire, trouvé auprès de la chapelle des Corps-Saints il y a quelques années, et paraissant provenir de cet édifice, porte l'inscription suivante : E. POVR LE SALVT DE LEVRS AMES LVI ET LEDIT AGEVYN LE .... IIII SOVS TOVRNOIS A PRENDRE ICELLE SOMME SVR CHATELOV DVG BOVT AVCT Cette pierre, qui relate une fondation pieuse d'un sieur Angevin sur une terre sise à Chanteloup, paraît remonter à la fin du XV. siècle d'après la forme des lettres et le style de l'inscription. La chapelle des Corps-Saints fut adjugée comme bien national le 22 ventôse an deux, au nommé Favereau, agent national d'Étréchy, moyennant 805 livres (3). Les objets du culte provenant de cette chapelle furent transportés à Étampes sous la Terreur. D'après la personne notable et digne de foi qui nous fournit ce détail, le fait était relaté dans un registre des délibérations du conseil municipal qui a été lacéré et perdu et (1) Voir la pièce justificative B. (2) Moréri. Dict. hist. - la Chenaye Desbois. Dict. de la noblesse. Art. Talaru. (3) Arch. de Seine-et-Oise.
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 +|**00000092**| - - 64 qui contenait, dit-on, des choses compromettantes pour les premières années de la gestion du maire Limet, qui remplit ses fonctions depuis la révolution jusqu'en 1832. La chapelle, qui a été démolie depuis 1791, était à quelques pas de la source du ruisseau, et avec les matériaux provenant de la démolition on construisit une maison sur son emplacement. IV LA GRANDE ROUTE D'ÉTRÉCHY Quelques détails maintenant sur la grande route qui traverse Étréchy. En 1700, dans l'élection d'Étampes, le roi n'entretenait que le pavé depuis Étampes jusqu'à Étréchy. Un mémoire de l'intendant de la généralité de Paris à cette époque nous apprend que cette route n'était pas en très bon état. Ainsi, à la croix de <<< Vernaze >> (sic), entre St-Lazare et les Capucins, il y a 12 toises de pavé à relever. A la porte d'Étréchy, du côté d'Étampes, entre la chapelle St-Nicolas et le moulin de PierreBrou, il y a 8 toises de pavé à relever et 8 autres toises, en sortant d'Étréchy, du côté de Paris. Il est nécessaire, dit le Mémoire, de travailler à ces articles, si S. M. passe dans la ville d'Étampes. (1). A la même époque, d'après le même document, le pont de Vaux, sur la Juine, était en bois et composé de 3 arches. On constate qu'il est en très mauvais état, ce qui fait de la dépense pour son entretien et on dit << qu'il est nécessaire de le construire en pierre, parce que c'est un grand passage pour tous les bestiaux qui viennent du Limousin et du Berry au marché de Sceaux et pour les vins du Gâtinais pour la provision de Paris (2) ». Le grand passage dont il est question ici n'est autre que le 130 embranchement de la route de Paris à Étampes dont il est parlé plus loin. (Sera continué). L. MARQUIS. (1) De Boislisle. Mém. des intendants des généralités 1881. in-4. Tome 1. p. 736. (2) De Boislisle... Déjà cité. p. 360.
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 +|**00000093**| BIBLIOGRAPHIE MONTGERMONT (Georges de) — Notes sur la Seigneurie de Montgermont (1). Fontainebleau, Bourges, imp., 1895, in-8º de 128 pages avec planches. Extrait des Annales de la Société historique du Gâtinais, année 1894; tirage à part à 150 exemplaires. Dans ce travail très étudié, l'auteur fait, avec preuves à l'appui, l'historique d'une très ancienne paroisse qui n'existe plus aujourd'hui et dont le château seul a été conservé. Grâce à ses archives personnelles et aux documents divers qu'il a su découvrir dans les dépôts publics, M. G. de Montgermont établit la succession des différentes familles qui ont tour à tour possédé ce domaine depuis le XIII. siècle; il fait en même temps l'histoire de la contrée environnante et raconte les misères qu'elle a subies aux tristes époques de la guerre de Cent ans et de la Ligue. Comme le village, l'église a disparu, mais il en reste quatre pierres tumulaires d'anciens seigneurs du lieu, intelligemment conservées dans la propriété et dont l'auteur s'est heureusement servi dans son travail de reconstitution, au cours duquel il a reproduit ces dalles intéressantes ainsi que les plans du château à différentes époques. La série des possesseurs de Montgermont est continuée jusqu'en 1840, époque où il passa dans la famille de l'auteur qui rappelle heureusement que le comte de Gontaut-Biron, le dernier propriétaire, avait eu la louable pensée de recueillir, en 1823, une des travées de la belle église Notre-Dame de Corbeil, que l'on démolissait alors, et de la réédifier dans son parc dont ce vénérable vestige fait encore aujourd'hui l'ornement. Si tous les propriétaires de Châteaux historiques faisaient ainsi l'histoire de leur domaine en mettant à profit les archives qu'ils possèdent et qui sont ignorées le plus souvent, ce serait une contribution fort utile à l'histoire générale de notre pays. A. D. Revue Étampoise - 1896 Almanach d'Étampes et annuaire de l'arrondissement, publié par le Réveil d'Etampes, 5me année. (Étampes. - Humbert-Droz, imprimeur-éditeur, in 8º carré de 120 pages). Almanach très bien fait, dans lequel les habitants d'Étampes trouveront une foule de renseignements utiles sur cette ville et son arrondissement. L'auteur, un (1) Montgermont, commune de Ponthierry (Seine-et-Marne), à ro kilomètres de Corbeil.
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 +|**00000094**| 66 - de nos plus sympathiques confrères, y a joint une notice historique et archéologique sur la ville d'Etampes et il a su en augmenter l'intérêt par quelques croquis des principaux monuments de cette ville. Estampes ou Étampes, Stampæ, ville de France dans la Beauce avec titre de Duché. Étampes, Humbert-Droz, 1895, in-8°, de vi et 18 pp. Publication, par M. Maxime Legrand, d'un ms. de la Bibliothèque d'Étampes, où il est parlé un peu de tout ce qui a rapport à cette ville depuis les temps les plus anciens. Dans une judicieuse préface, M. Legrand émet quelques doutes sur l'âge de ce manuscrit qu'il croit n'être qu'une copie, et sur le nom de l'auteur qui signe Alexandre Budée, un pseudonyme selon lui, sous lequel se dissimulerait le copiste nommé Goberville. A. D. DION (de). - Quelques mots sur l'Architecture militaire du moyen-âge, à propos du Château de Dourdan, in-8º de 7 pp. Tours, imp. Deslis, 1895. Savante étude de l'éminent archéologue qui préside avec tant de science et d'autorité la société archéologique de Rambouillet. MERLET (R.) - Les origines du monastère de St Magloire de Paris, par René Merlet in-8º de 37 pp. Nogent-le-Rotrou, imp. Daupeley-Gouverneur. Extrait de la Bibliothèque de l'Ecole des Chartes, (T. 56 année 1895). On trouve dans le travail de M. Merlet des documents sur St Guenault de Corbeil qui ont été signalés par notre confrère M. J. Périn, de Ris. STEIN (Henri) — La Papeterie d'Essonnes, in-8º de 32 pp. Paris, Picard et fils. Extrait des Annales de la Société historique et archéologique du Gâtinais, 1894. Tirage à part publié à 50 exemplaires et paru en 1895. Dans cette brochure de 30 pages, l'érudit Secrétaire général de la Société du Gâtinais traite le côté historique de la fabrication du papier en France; il passe en revue les auteurs autorisés, français et étrangers, qui se sont occupés de cette question et il énumère les fabriques les plus anciennes en s'appuyant sur des Chartes et des documents authentiques. Il s'appesantit surtout sur les fabriques de Troyes, de Corbeil et d'Essonnes et, à propos de cette dernière qu'il étudie plus spécialement, il cite un document de 1380 où l'existence de moulins à papier à Essonnes est clairement constatée. Cette question des origines du papier est assez obscure et a été fort peu étudiée jusqu'à présent; il faut donc savoir gré à M. Stein d'avoir prouvé, avec pièces à l'appui, qu'en 1380 on fabriquait déjà le papier dans notre pays. Souhaitons que de nouvelles recherches lui permettent de reculer encore cette date. A. D. LORIN (F.) - Etudes sur la Révolution; Lebrun, les bailliages de Dourdan et de Montfort, le district de Montfort, le curé de
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 +|**00000095**| 67Boissy, par F. Lorin, Secrétaire général de la Société archéologique de Rambouillet, in-8º de 160 pp. avec gravures. Tours, imp. Deslis fils, 1895. Extrait du 10 volume des Mémoires de la Société archéologique de Rambouillet. Volume très intéressant et bien écrit dans lequel l'auteur fait revivre les personnages marquants de la révolution qui ont habité les environs de Rambouillet; il les suit dans leur vie publique et privée en agrémentant son récit de faits et d'anecdotes, inédits pour la plupart. Les portraits et gravures qui ornent cet ouvrage en augmentent encore l'intérêt. COSSONNET (F.) — Recherches historiques sur Palaiseau. Versailles, Pavillet, imp., 1895, in-8º de 509 pp. avec gravures. Comme son titre l'indique fort bien, cet ouvrage est le fruit de patientes et nombreuses recherches qui ont permis à son auteur de faire revivre l'histoire de Palaiseau depuis ses origines jusqu'à nos jours. FLAMMARION (Camille) - Rapport sur les travaux de la station de Climatologie agricole de Juvisy pendant l'année 1894, par M. Camille Flammarion, directeur de la station. Grand in-8º de 270 pp. avec tracés graphiques. Paris, Imp. nat. 1895. Extrait du bulletin de 1895 du Ministère de l'Agriculture. Publication annuelle de l'éminent directeur de l'Observatoire astronomique de Juvisy. MEIGNEN (E.) — La vallée de Chevreuse, in-18 jésus de 211 pp. avec 98 dessins de Georges Scott. Paris, May et Motteroz, 1895. FRANZ (Dr Fréd.) - Die Schlacht bei Montlhéry ein Beitrag zur Geschichte Karls des Kuhnen, in-4º de 16 рр. Berlin, R. Gaertner, 1894. GÉHIN (l'abbé J.) — Louis XVI et Marie-Antoinette à Chilly-Mazarin. Récit d'une fête qu'a offerte au Dauphin et à la Dauphine la Duchesse de Duras-Mazarin en son château de Chilly, par l'abbé J. Géhin, curé de Chilly-Mazarin (S.-et-O.). Versailles, H. Lebon, éditeur, 1895, in-8º de 26 pp. 5 gravures et un plan du château. Charmant opuscule pour lequel l'auteur a su mettre à contribution les notes conservées dans sa paroisse et les renseignements donnés par le Mercure de France. Le récit de cette fête, qui eut lieu en septembre 1770 et où les invités furent amenés par 1500 carrosses, est très intéressant; l'auteur l'a intelligemment fait précéder d'un aperçu historique et d'une fort curieuse lettre, probablement inédite, de Marie-Antoinette. Dans une préface d'un bon style, le jeune curé de Chilly fait montre de sentiments qui l'honorent. L'ouvrage est complété par des gravures qui en rehaussent encore l'intérêt. A. D.
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 +|**00000096**| 68 JOANNE (P.) - Dictionnaire géographique et administratif de la France et de ses colonies. Paris, Hachette, 1895, in-4°. Voir, livraison 39, au mot Corbeil, une notice historique sur cette ville, accom. pagnée de deux gravures donnant, l'une une vue générale de Corbeil, principalement de la rive droite de la Seine, d'après une photographie de M. Béglet, l'autre, la belle ogive de l'entrée du Cloître St Spire. Le Génie civil. T. XXV, nº 25 20 octobre 1894, in-4°. Cette livraison esten majeure partie consacrée aux grands moulins de Corbeil. Au point de vue technique, le fonctionnement de toutes les parties de cette importante usine y est démontré en détail; de nombreuses gravures, dont une jolie vue générale des grands moulins, ajoutent encore à la clarté du texte dont l'auteur est M. G. Foris. THIRION (H.) - La vie privée des financiers au XVIIIe siècle. Paris, Plon et Nourrit, 1895, in-8º de xv et 531 pp. Les financiers dont s'occupe cet ouvrage sont pour la plupart des fermiers généraux et plusieurs de ceux-ci ayant habité les environs de Corbeil, Brunoy, Draveil, Athis, Etiolles etc., ce livre nous intéresse par les détails qu'on y trouve sur les manieurs d'argent de cette époque, qui ont habité parmi nous, sur leurs propriétés, leur vie privée et leurs aventures, le tout agrémenté d'anecdotes plus ou moins scandaleuses. J. P.
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 +|**00000097**| TABLE DE LA I ANNÉE Statuts et règlement de la Société Liste des membres 1 Conseil d'administration, bureau, comité de publication. Origine de la Société et procès verbaux des séances. ......... Page I VII XIII .. XIV Guillaume et Guy d'Étampes, par M. HAURÉAU. .... I Saint Spire à Ballencourt et à Corbeil, par M. A. DUFOUR. L'Église de St Germain et sa restauration, par M. R. DE L. 5 20 Bibliographie, par M. J. PÉRIN. 27 Compte-rendu des séances. La Chapelle et la Fontaine de St Symphorien à Étampes, par M. Maxime LEGRAND 29 34 Une page de l'Histoire de Soisy-sous-Étoiles, par M. l'Abbé E. COLAS. 40 Une Mention de Corbeil en 1639, par M. E. MAREUSE Étréchy et les Fiefs environnants, par M. L. MARQUIS. Bibliographie . 49 51 65 GRAVURES: Procession et station annuelles des Chapitre et Confrérie de Saint Spire au champ du Tremblay à Corbeil. Sceau et empreinte de Guillaume III 9 58 58 :
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 +|**00000098**| ۲
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 +|**00000099**| BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ HISTORIQUE & ARCHÉOLOGIQUE DE CORBEIL, D'ÉTAMPES ET DU HUREPOΙΧ
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 +|**00000100**| IMPRIMERIE G. BELLIN, A MONTDIDIER
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 +|**00000101**| BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ HISTORIQUE & ARCHÉOLOGIQUE DE CORBEIL D'ÉTAMPES ET DU HUREPOIX 2º Année - 1896 re IT LIVRAISON
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 +CORBEIL THUNE POIN ETAMPES PARIS ALPHONSE PICARD ET FILS, ÉDITEURS LIBRAIRES DES ARCHIVES NATIONALES ET DE LA SOCIÉTÉ DE L'ÉCOLE DES CHARTES Rue Bonaparte, 82 1896
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 +|**00000102**|
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 +|**00000103**| SOCIÉTÉ HISTORIQUE & ARCHÉOLOGIQUE DE CORBEIL, D'ÉTAMPES ET DU HUREPOIX STATUTS Approuvés par arrêté préfectoral en date du 19 février 1895 ARTICLE I. Une Société est fondée à Corbeil sous le titre de SOCIÉTÉ HISTORIQUE ET ARCHÉOLOGIQUE DE CORBEIL, D'ÉTAMPES ET DU HUREPOIX. Elle a pour but les études, les recherches et les publications concernant l'histoire et l'archéologie de notre contrée et des régions circonvoisines, ainsi que la description et la conservation des monuments anciens situés dans ces mêmes régions. Elle a son siège à Corbeil et tiendra ses séances soit à la SousPréfecture, soit à la Mairie, avec l'autorisation préalable du SousPréfet ou du Maire. ART. II. La Société s'interdit toutes discussions ou publications politiques ou religieuses. - ART. III. La Société se compose de tous les fondateurs et, en nombre illimité, des personnes qui, adhérant aux Statuts, sont admises par le Conseil sur la présentation de deux membres. Le Conseil peut aussi désigner des membres correspondants qui seront nommés par l'Assemblée générale.
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 +|**00000104**| VI Les mineurs ne seront admis dans la Société que sur le consentement soit de leurs parents, soit de leur tuteur. - ART. IV. Le titre de fondateur est acquis: 1º aux signataires des présents statuts, 2º à tout membre qui fait don à la Société d'une somme de cent francs au moins. ART. V. Chaque sociétaire paie une cotisation annnuelle de dix francs; cependant cette cotisation est réduite à cinq francs pour les personnes appartenant au clergé et à l'enseignement. ART. VI. Tout membre adhérent qui aura effectué un versement de cent francs au moins sera exonéré du paiement des cotisations annuelles. - - ART, VII. La Société est administrée par un Conseil composé de vingt-et-un membres, élus pour trois ans en Assemblée générale. Ce Conseil se renouvelle chaque année par tiers. Les membres sortants sont rééligibles. ART. VIII. Le Conseil, sur la proposition du Comité de publication, statue sur l'impression des travaux et la composition des bulletins; il soumet aux auteurs les modifications qu'il juge nécessaires et détermine l'ordre des insertions. ART. IX. - Aucune dépense ne peut avoir lieu qu'en vertu d'une délibération du Conseil. Le trésorier ne doit effectuer aucun paiement sans le visa du Président ou d'un Vice-Président. - ART. X. La Société se réunit tous les ans au mois de mai, en Assemblée générale, soit à Corbeil, soit dans toute autre ville désignée par le Conseil. Cette assemblée nomme les Membres du Conseil. Elle entend les rapports qui lui sont présentés par le Conseil et qui sont relatifs à l'état des travaux et à la situation financière de la Société. Elle délibère sur toutes les propositions qui lui sont soumises par le Conseil. ART. XI. La Société pourra organiser des excursions archéologiques, faire exécuter des fouilles, établir une bibliothèque, un musée, acquérir, recueillir ou recevoir, à titre de dons manuels, tous les objets et documents qui l'intéressent. Toutes ces questions seront décidées par le Conseil. ART. XII. - Les membres correspondants reçoivent les publications de la Société et sont affranchis de toute cotisation.
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 +|**00000105**| VII ART. XIII. En cas de dissolution de la Société, les membres titulaires, réunis en une Assemblée générale spécialement convoquée à cet effet, seront appelés à statuer sur la liquidation de l'actif social et sur la destination des collections appartenant à la Société. ART. XIV. Les présents Statuts pourront être modifiés par l'Assemblée générale, sur une proposition écrite et signée de dix membres au moins, mais aucune modification ne deviendra exécutoire qu'après avoir été autorisée par l'autorité compétente, en exécution de l'article 291 du Code pénal. - ART. XV et dernier. Un règlement intérieur, adopté par l'Assemblée générale, arrête les conditions de détail propres à assurer l'exécution des présents Statuts et le bon fonctionnement de la Société. Vu par le Vice-Président: P. BOUCHER. Vu et soumis à l'approbation de Monsieur le Préfet de Seine-et-Oise. Le Sous-Préfet de Corbeil, G. DE LINIÈRES. Le Préfet de Seine-et-Oise, Chevalier de la Légion d'honneur, autorise la <<< Société Historique et Archéologique de Corbeil, d'Étampes et du Hurepoix » à se constituer légalement, en vertu de l'article 291 du Code pénal et conformément aux présents Statuts. Fait à Versailles, le 19 février 1895. Pour le Préfet, Le Secrétaire-général délégué, DUFOIX.
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 +|**00000106**| RÈGLEMENT DE LA SOCIÉTÉ HISTORIQUE ET ARCHÉOLOGIQUE DE CORBEIL, D'ÉTAMPES ET DU HUREPΟΙΧ Arrêté par l'Assemblée générale du 4 Décembre 1894 - ARTICLE I. Messieurs les Sous-Préfets de Corbeil et d'Étampes sont Présidents d'honneur de la Société. ART. II. - Le Conseil, conformément à l'article VII des statuts, désigne, chaque année parmi ses membres, un Président, deux ou plusieurs vice-Présidents, un Secrétaire-général, un Secrétairerédacteur et un Trésorier. - ART. III. Le Président ouvre et dirige les séances, maintient l'ordre dans les discussions, fait exécuter les statuts et les décisions de la Société, la convoque pour les séances ordinaires et extraordinaires et ordonnance les dépenses. En cas d'absence des Président et vice-Présidents, le Conseil est présidé par le plus âgé des membres présents. ART. IV. Le Secrétaire général est chargé, sous la direction du Conseil, de la composition et de la rédaction du bulletin; il veille à l'impression et à la correction de toutes les publications de la Société; il se met en rapport avec les auteurs et leur soumet, s'il y a lieu, les observations approuvées par le Conseil, sur le rapport du Comité de publication. Il fait annuellement à l'assemblée générale un rapport sur les travaux de la société; enfin il remplit les fonctions d'archiviste.
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 +|**00000107**| IX ART. V. Le Secrétaire-rédacteur rédige les procès-verbaux des séances et est chargé de tout ce qui se rapporte à la correspondance. ART. VI. Le Trésorier est chargé du recouvrement des cotisations annuelles; il paie les dépenses ordonnancées et donne, chaque année, à la séance générale, un état de la situation financière de la Société. - ART. VII. Le Conseil se réunit tous les trois mois; cependant le Président peut le convoquer chaque fois que les intérêts de la Société l'exigent. ART. VIII. Les décisions du Conseil sont prises à la majorité des suffrages; pour qu'elles soient valables, sept membres au moins doivent être présents. En cas de partage, la voix du Président est prépondérante. ART. IX. - Le Conseil statue sur les demandes d'admission et désigne la catégorie à laquelle doit appartenir chaque candidat admis, afin de déterminer le montant de sa cotisation, conformément à l'article V des statuts. Les délibérations du Conseil ont lieu au scrutin secret, et les noms des candidats refusés ne sont pas inscrits au procès-verbal. ART. X. - Les décisions du Conseil ordonnant une dépense sont transmises sans retard au Trésorier par un extrait du procès-verbal, signé du Secrétaire-rédacteur. ART. XI. Les fonds disponibles de la Société seront déposés à la caisse d'épargne de Corbeil ou dans toute autre caisse désignée par le Conseil. - ART. XII. L'ouverture de l'année sociale est fixée au rer janvier 1895. Tout candidat admis doit sa cotisation à partir du 1er janvier de l'année de son admission. ART. XIII. - La Société publiera un bulletin périodique et, si ses ressources le lui permettent, elle pourra également publier des mémoires et des documents. ART. XIV. Un Comité de publication, composé d'un vicePrésident et du Secrétaire-général, membres de droit, et de cinq membres choisis par le Conseil et renouvelables chaque année, proposera la publication, sous les auspices de la Société, des mémoires et documents dont il aura apprécié la valeur réelle.
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 +|**00000108**| X ART. XV. - Les Sociétaires ont droit à toutes les publications de la Société à partir de l'année de leur admission. ART. XVI. Tous les Sociétaires peuvent assister aux séances du Conseil, mais ils ne peuvent prendre part aux votes. Le Président peut leur donner la parole quand ils ont à faire des communications qui rentrent dans l'ordre des travaux de la Société. Cependant le Conseil peut se former en Comité secret sur la demande de deux de ses membres. ART. XVII. Les auteurs pourront faire exécuter, à leurs frais, des tirages à part des travaux publiés par la Société. Tout tirage à part devra porter la mention du volume dont il aura été extrait. Aucun tirage à part ne pourra être mis en circulation avant la publication par la Société du travail dont il est l'objet. ART. XVIII. Les demandes de modifications aux statuts devront être adressées au Président quinze jours au moins avant l'assemblée générale; il en sera fait mention sur les lettres de convocation. ART. XIX et dernier. Le présent règlement pourra être modifié par le Conseil sur la proposition et à la majorité de sept membres au moins.
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 +|**00000109**| LISTE DES MEMBRES Les noms précédés d'un astérisque (*) sont ceux des MEMBRES FONDATEURS qui ont racheté leur cotisation. MM. ALLAIN, Maire de Soisy-sous-Étiolles. ALLIOT (l'Abbé), Curé de Bièvres. AUBRY-VITET, Archiviste-Paléographe, 9, rue Barbet-de Jouy, Paris. BARREAU (Eugène), Juge au tribunal de Commerce de Corbeil, à Ris-Orangis. BARTHÉLEMY (André), à Villeneuve-le-Roi, par Ablon. BARTHÉLEMY (Jules), Géomètre-expert, rue Feray, Corbeil. BARTISSOL, Maire de Fleury-Mérogis, par Saint-Michel-surOrge. Bazin, au château de Villegenis, par Massy. BEGLET (Armand), à Corbeil et, à Paris, 162, boulevard Haussmann. BERNON (le Baron de), à Palaiseau, et, à Paris, 3, rue des Saints-Pères. BESSIN, Conseiller d'arrondissement à Corbeil. La BIBLIOTHÈQUE COMMUNALE DE CORBEIL, représentée par M. DUFOUR, bibliothécaire. * BIZEMONT (le Vte Arthur de) au Château du Tremblois par Bouxières-aux-Chênes (Meurthe-et-Moselle). BLAVET, Président de la Société d'Horticulture d'Étampes, 11, place de l'Hôtel-de-Ville, Étampes. BONNEFILLE, Conseiller général de Seine-et-Oise, à Massy.
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 +|**00000110**| XII MM. BONNIN (l'Abbé), Curé d'Ablon. BOSQUILLON DE JARCY, Maire de Varennes, par Mandres. BOUCHER (le Dr Paul), Médecin en chef de l'Hôpital de Corbeil. BOUJU-TANDOU (J. Albert) au Château du Tremblay, à Corbeil et, à Paris, 67, avenue Kléber. BUFFIER (Gaston), hommes de Lettres, 146, rue des Vallées à Brunoy. CAILLOT-GERSON (Oscar-Louis), Artiste-peintre, 62, rue de Paris, Massy. CALLIET, Président du tribunal de Commerce, à Corbeil. CAUVIGNY (l'Abbé), Curé de Ballancourt. CAUVILLE (Paul de), Sénateur, au château des Tourelles, par Évry-Petit-Bourg; à Paris, place d'Iéna, 8. CHAMBERET (Paul de), ancien Sous-Préfet, 20, rue des Capucines, Paris. CHAMBON, avoué à Corbeil. CHÉRON, à Lardy. CHERRIÈRE (le Dr), à Essonnes. CHEVALIER (Léon), Conseiller-Maître à la Cour des Comptes, à Soisy-sous-Étiolles, et à Paris, 216, rue de Rivoli. CLÉMENT, Architecte de l'arrondissement d'Étampes, à Étampes. COCHIN (Henry), Député du Nord, au château de Wetz, à St-Pierre-Brouck, par Bourbourg (Nord). COLAS (l'Abbé), Curé de Soisy-sous-Étiolles. COLAS (Albert) propriétaire à Villeneuve le-Roi. COLLARDEAU DU HEAUME (Philéas), 6, rue Halévy, Paris. * COURCEL (le Baron Alphonse de), Ambassadeur et Sénateur, au château d'Athis-Mons, et à Paris, 10, boulevard Montparnasse. * COURCEL (George de), à Vigneux, et à Paris, 178, boulevard Haussmann. * COURCEL (Valentin de), Maire d'Athis-Mons, et à Paris, 20, rue de Vaugirard. * CROS (Louis), Conseiller général de Seine-et-Oise, à Corbeil. DANGER, géomètre, à Etampes. * DARBLAY (Aymé), au château de St-Germain, par Corbeil.
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 +|**00000111**| XIII MM. DARBLAY (Paul), au château de St-Germain, par Corbeil. DELESSARD (Edouard), Avoué honoraire près le Tribunal de la Seine, à Ris-Orangis. DEPOIN (Joseph), Secrétaire général de la Société historique de Pontoise, 50, rue Basse, à Pontoise, et à Paris, 62, rue Bonaparte. DEVERRE (l'Abbé), Curé de Boigneville. DEVOUGES (le Dr), Président de la Société d'Horticulture de l'arrondissement, rue Feray, à Corbeil. DION (le Comte de), Président de la Société archéologique de Rambouillet, à Montfort-l'Amaury. DUFAURE (Amédée), ancien député, au Château de Gillevoisin, par Étréchy, et 11, Avenue Percier, à Paris. DUFOUR (M. A.), Conservateur de la Bibliothèque et des Archives de la ville de Corbeil, rue du 14 Juillet, 21, à Corbeil. DURANDET (l'Abbé), Curé de Ris-Orangis. * DUVAL (Rubens), Professeur au Collège de France, à Morsangsur-Seine, et à Paris, 11, rue de Sontay. FLAMMARION (Camille), Directeur de l'Observatoire de Juvisy, à Juvisy. FORTEAU (Charles-Marie), Trésorier de la Caisse d'Epargne d'Étampes, à Étampes. FOUDRIER (l'Abbé), Curé de Morsang-s-Orge, par Savignys-Orge. FRITSCH (l'Abbé), Curé d'Étréchy. GATINOT, inspecteur-primaire honoraire, à Montgeron. GEFFROY (le Dr), à Villeneuve-Saint-Georges. GÉHIN (l'Abbé), Curé de Chilly-Mazarin, par Longjumeau. GENET (l'Abbé), Curé de Méréville. GENTY (l'Abbé), curé de Livry. GRAND (Émile), avoué à Corbeil. GRANGE (le Marquis de la), Maire de Montgeron. GUÉBIN (Edmond), Avoué à Corbeil. GUÉNIN (Eugène), Critique d'art et sténographe au Sénat, Villa des Fresnes, à Juvisy.
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 +|**00000112**| XIV MM. HARO (Henri), Peintre-Expert, 20, rue Bonaparte, à Paris. HAURÉAU (Barthélemy), Membre de l'Institut, Rond-Point Bugeaud, 5, à Paris. *JACQUEMOT (l'Abbé), Curé-Doyen d'Argenteuil. JANCOURT-GALIGNANI, Maire d'Étiolles, par Corbeil, et à Paris, 182, rue de Rivoli. JARRY (Henri), Pharmacien, Membre du Conseil départemental d'hygiène, à Corbeil. JOZON (Maurice), Notaire à Corbeil. LACHASSE (Auguste), Adjoint au Maire de St-Germain-lèsCorbeil. LACOMBE (Paul), Trésorier de la Société de l'histoire de Paris, 5, rue de Moscou, à Paris. LADMIRAL (le Dr), au château d'Étiolles, par Corbeil. LAROCHE (Mme Jules), rue Saint-Spire, à Corbeil. LASNIER (E.), Receveur des finances en non activité, 28, rue de Champlouis, à Corbeil. LECACHEUR (Mume), rue Saint-Spire, à Corbeil. LEGROS, Notaire, Maire de Boissy-St-Léger. LEMAIRE (Jules), homme de lettres, rue Féray, à Corbeil. LEPROUST (l'Abbé), 3, rue Pavée, à Étampes. LORIN, Avoué, Secrétaire général de la Société historique de Rambouillet, à Rambouillet. MALLET, Conseiller d'Arrondissement, à Corbeil. MAREUSE (Edgar), Secrétaire du Comité des Inscriptions parisiennes, 81, Boulevard Haussmann, à Paris. MARSAUX (l'Abbé), Curé-Doyen de Chambly (Oise). MARTELLIÈRE, ancien Magistrat, à Pithiviers (Loiret). * MAUBAN (Georges), à Soisy-sous-Étiolles, et à Paris, 5 bis, rue de Solférino. MONTGERMONT (le Comte G. de), 62, rue Pierre Charron, à Paris, et au château de Montgermont, par Ponthierry (S-et-M.) MORIZET (Emile), Hôtel de l'Arquebuse, à Corbeil. MOTTHEAU, 4, place St-Médard, à Brunoy, et à Paris, 87, rue d'Assas. MURET (l'Abbé), Curé de Brunoy.
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 +|**00000113**| XV MM. OUDIOU, Architecte de la ville, avenue Darblay, à Corbeil. PANNIER (le Pasteur Jacques), rue Féray, à Corbeil. PASQUET (Alfred-Marc), Architecte de l'arrondissement, à Corbeil. PASTRÉ (Aymé), Maire d'Evry-Petit-Bourg. PÉRIN (Jules), Avocat à la Cour d'Appel de Paris, Docteur en droit, Archiviste-Paléographe, à Ris-Orangis, et à Paris, 8, rue des Écoles. PINSON (Paul) d'Étampes, 39, rue de Valenciennes, à Douai (Nord). PRESTAT, Receveur des finances de l'arrondissement de Corbeil. PRIVÉ, Directeur du moulin français, à Salonique (Turquie). RABOURDIN (Charles), Maire de Paray, à la ferme de Contin, par Athis-Mons. RADOT (Émile), industriel, à Essonnes. RAVAUT (Paul), au château de Ste-Radegonde, commune du Coudray-Montceau, par le Plessis-Chenet. RICHERAND (le Baron), Maire de Villecresnes. ROBELIN (Léon), Président de la Société d'Encouragement à l'instruction, à Longjumeau. SABATIER, Maire de Viry-Châtillon. SAVARY, Conseiller général de Seine-et-Oise, à Villecresnes. SÉRÉ-DEPOIN, Président de la Société historique de Pontoise, 56, rue Charles Laffitte, à Neuilly (Seine). SIMON (Paul), Architecte, à Villeneuve-St-Georges. SOUPAULT, Maire de Villeneuve-le-Roi, par Ablon. SWARTE (Victor de), Trésorier-Payeur-Général du Nord, à Lille. TANON (M. L.), Président de Chambre à la Cour de Cassation, 90, rue d'Assas, à Paris, et au château du Clos-Bernard, à Soisy-sous-Étiolles. TETON (Gabriel), instituteur à Épinay-sous-Senart, par Brunoy. TOURNEUX (Maurice), 14, rue du Cardinal-Lemoine, à Paris. TourNEVILLE, ancien juge de paix de Corbeil, à Lyons-laForêt (Eure).
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 +|**00000114**| XVI MM. VACQUER, Architecte, chargé du service archéologique de la ville de Paris, 2, rue Boutarel, à Paris. VALLET (l'Abbé), Curé de Fleury-Mérogis, par St-Michel-surOrge. VAUFRELAND (le Baron de), Maire de Morsang-sur-Seine, au château des Roches, commune de Morsang-sur-Seine, et à Paris, 38, avenue Gabriel. VILLENEUVE-SAINT-GEORGES (la Commune de). WARIN, Directeur de la papeterie d'Essonnes, à Essonnes. MEMBRES HONORAIRES-CORRESPONDANTS MM. BOURNON (Fernand), Archiviste-Paléographe, 12, rue Antoine Roucher, à Paris. COÜARD (Emile), Archiviste de Seine-et-Oise, à Versailles. DUTILLEUX (A.), Chef de division à la Préfecture de Seine-etOise, à Versailles. LEGRAND (Maxime), Avocat, rue de la Porte-dorée, à Étampes. MARQUIS (Léon), d'Étampes, 32, rue de la Clef, à Paris. PHARISIER, Rédacteur en chef de l'Abeille de Seine-et-Oise, à Corbeil. QUESVERS (Paul), à Montereau-faut-Yonne (Seine-et-Marne). STEIN (Henri), Archiviste aux Archives nationales, 38, rue Gay-Lussac, à Paris.
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 +|**00000115**| XVII LISTE DES MEMBRES DU CONSEIL D'ADMINISTRATION MM. BARTHÉLEMY (Jules), de Corbeil. BLAVET, d'Étampes. BONNIN (l'Abbé), d'Ablon. BOUCHER (le Dr Paul), de Corbeil. COLAS (l'Abbé), de Soisy-s-Étiolles. COURCEL (George de), de Vigneux. COURCEL (Valentin de), d'Athis-Mons. DEPOIN (Joseph), de Pontoise. DUFOUR (M. A.), de Corbeil. DUTILLEUX (A.), de Versailles. GENTY (l'Abbé), de Livry. HAURÉAU (de l'Institut), de Paris. JARRY (Henri), de Corbeil. LASNIER (E.), de Corbeil. LEGRAND (Maxime), d'Étampes. LEMAIRE (Jules), de Corbeil. MAREUSE (Edgar), de Paris. MARQUIS (Léon), d'Étampes. MARTELLIÈRE, de Pithiviers. MOTTHEAU, de Brunoy. PASQUET (Alfred-Marc), de Corbeil. PÉRIN (Jules), de Ris-Orangis. 2
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 +|**00000116**| XVIII Président: Vice-Présidents: BUREAU DE LA SOCIÉTÉ Présidents d'honneur : M. le Sous Préfet de Corbeil. M. le Sous-Préfet d'Étampes. M. HAURÉAU, Membre de l'Institut. M. le Dr P. BOUCHER, Médecin en chef de l'hôpital de Corbeil. M. G. de COURCEL, ancien officier de marine. M. BLAVET, Président de la Société d'horticulture d'Étampes. Secrétaire-Général: M. DUFOUR, Conservateur de la bibliothèque Trésorier: et des archives de la ville de Corbeil. M. LASNIER, Receveur des finances en non activité. Secrétaire-Rédacteur: M. JARRY, Membre du Comité départemental d'hygiène. COMITÉ DE PUBLICATION MM. le Dr P. BOUCHER, Vice-Président, membre de droit. A. DUFOUR, Secrétaire général, membre de droit. V. DE COURCEL, d'Athis-Mons. H. JARRY, Secrétaire rédacteur, de Corbeil. J. LEMAIRE, de Corbeil. J. PÉRIN, de Ris-Orangis. Léon MARQUIS, d'Étampes.
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 +|**00000117**| '. SOCIÉTÉ HISTORIQUE & ARCHÉOLOGIQUE DE CORBEIL, D'ÉTAMPES ET DU HUREPOIX COMPTE-RENDU DES SÉANCES SÉANCE DU CONSEIL D'ADMINISTRATION Tenue à la Sous-Préfecture de Corbeil le 14 Mars 1896. Présidence de M. le Dr BoUCHER, vice-président. Étaient présents: MM. J. Barthélemy, le Dr P. Boucher, l'Abbé Colas, Valentin de Courcel, A. Dufour, H. Jarry, Lasnier, MarcPasquet et Mottheau. MM. de Linières, G. de Courcel, Mareuse, l'Abbé Bonnin, l'Abbé Genty, J. Périn et Legrand s'excusent de ne pouvoir assister à la réunion de ce jour. Le secrétaire-général informe le Conseil que le 2º bulletin, qui clôt l'exercice 1895, vient d'être distribué et que le rer bulletin de l'année 1896 est en préparation et ne tardera pas à être publié. M. le Président annonce au Conseil que la Société historique et archéologique de Corbeil, d'Étampes et de Hurepoix vient d'être nommée membre correspondant de la Société de l'histoire de Paris et de l'Ile de France et qu'il y aura par conséquent échange de bulletins entre ces deux sociétés. Le Conseil, tout en les regrettant, accepte les démissions de MM. Gennerat et Pécoul, justifiées par des motifs divers. Le secrétaire présente une requête de M. Jacques Pannier, pasteur de l'église réformée pour l'arrondissement de Corbeil, qui exprime le désir de faire partie de la Société à titre de membre du clergé.
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 +|**00000118**| XX Le Conseil, consulté à ce sujet, reconnaît le bien fondé de la demande de M. Jacques Pannier et décide qu'il sera inscrit sur les listes de la Société comme membre du clergé et qu'il jouira en conséquence des avantages réservés par les statuts aux sociétaires de cette catégorie. Le Conseil prononce ensuite l'admission d'un certain nombre de membres nouveaux dont les noms suivent: M. DE SWARTE (Victor), trésorier-payeur général du Nord, à Lille (Nord), présenté par MM. Lasnier et Dufour. M. LACHASSE (Auguste), adjoint au maire de St Germain-lès-Corbeil, présenté par MM. Boucher et Dufour. M. CHAMBON, avoué à Corbeil, présenté par MM. Dufour et Guébin. M. PRIVÉ, Directeur du moulin français, à Salonique (Turquie), présenté par MM. Dufour et Lemaire. La commune de VILLENEUVE-ST-GEORGES, présentée par MM. Mottheau et Lasnier. M. DUFAURE (Amédée), ancien député, au château de Gillevoisin, par Etréchy (S.-et-O.) et, à Paris, 11, avenue Percier, présenté par MM. Blavet et Legrand, d'Étampes. M. PANNIER (Jacques), pasteur de l'Église réformée, à Corbeil, présenté par MM. de Linières et Dufour. M. CAUVIGNY (l'Abbé), curé de Ballancourt, présenté par MM. l'Abbé Colas et Dufour. M. BUFFIER (Gaston), homme de lettres, 149, rue des Vallées, à Brunoy, présenté par MM. Dufour et Lasnier. M. BARREAU (Eugène), juge au tribunal de Commerce de Corbeil, à Ris-Orangis, présenté par MM. Dufour et Bonnefoy. M. LEPROUST (l'Abbé), 3, rue Pavée à Etampes, présenté par MM. Maxime Legrand et Dufour. M. TOURNEVILLE, ancien juge de paix de Corbeil, à Lyons-la-Forêt, (Eure), présenté par MM. Lasnier et Dufour. M. GATINOT, inspecteur primaire honoraire, à Montgeron, présenté par MM. Lemaire et Dufour. M. BEGLET (Armand), à Corbeil, et à Paris, 162, Boulevard Haussmann, présenté par MM. Boucher et Dufour. M. GUÉNIN (Eugène), critique d'art et sténographe au Sénat, à la villa des Fresnes, à Juvisy, présenté par MM. Depoin et Dufour.
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 +|**00000119**| XXI M. DURANDET (l'Abbé), curé de Ris-Orangis, présenté par MM. l'Abbé Colas et Dufour. M. VACQUER, architecte, chargé du service archéologique de la ville de Paris, 2, rue Boutarel à Paris, présenté par MM. Dufour et Mareuse. M. le Président donne lecture d'une lettre de M. l'Abbé Jacquemot, curé-doyen d'Argenteuil, par laquelle il offre sa démission de membre du Conseil d'administration, justifiant cette résolution par son éloignement actuel de Corbeil. Le Conseil, regrettant cette décision qui le prive des lumières d'un de ses membres les plus érudits, mais comprenant les motifs qui l'ont dictée, accepte la démission de M. l'Abbé Jacquemot et nomme pour le remplacer au Conseil, M. Jules Lemaire, homme de lettres à Corbeil. M. le Trésorier donne des renseignements sur la situation financière de la Société, qui est jugée satisfaisante; il présentera son rapport officiel à ce sujet à la prochaine assemblée générale et ce rapport sera inséré in extenso au procès-verbal de cette séance. MM. Jacques Pannier, l'Abbé Marsaux et l'Abbé Colas offrent à la Société pour sa bibliothèque des ouvrages dont ils sont les auteurs. Le Conseil remercie ces généreux donateurs et invite M. Dufour à tenir registre des ouvrages offerts à la bibliothèque de la Société. M. le Président communique au Conseil le bail de l'Église St-Jean-en-l'île, consenti par MM. Darblay à la Société, en vue de la création d'un musée dans la dite église. Il donne lecture de ce bail, en appuyant sur les clauses, charges et conditions diverses qui y sont énoncées et il invite le Conseil à en délibérer. Le Conseil, après délibération, déclare accepter ce bail, dans toutes ses parties, sans exceptions ni réserves, et, M. Darblay l'ayant déjà signé, il donne tout pouvoir à M. le Vice-Président P. Boucher pour y apposer sa signature au nom de la Société; puis il renouvelle à MM. Jarry et Dufour le mandat d'arrêter, de concert avec la municipalité de Corbeil, les termes d'une convention en vue d'assurer le concours de la ville en faveur de la création projetée. Aux termes de l'article X des statuts, l'Assemblée généraleannuelle devant se tenir dans le mois de mai, le Conseil décide que cette réunion aura lieu, cette année, à Étampes dans le courant du mois
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 +|**00000120**| XXII de mai prochain; la date en sera fixée ultérieurement et des invitations seront adressées aux membres de la Société. M. Dufour rend compte de l'état d'avancement des travaux de l'Église de St-Germain lès-Corbeil; cette communication sera insérée dans un prochain bulletin. M. A..Marc Pasquet informe le Conseil qu'il est possesseur d'une poutre sculptée qu'il a retirée de la charpente d'un magasin qui faisait partie de l'ancienne auberge de la Coupe d'or, sur la place du marché de Corbeil. Cette poutre, sculptée sur deux de ses faces, représente des personnages qui paraissent remonter au XVe siècle. M. Marc Pasquet ajoute qu'il fera photographier ces sculptures qui ne sont pas sans mérite et qu'il en offrira des épreuves à la Société.
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 +|**00000121**| UNE VICTIME DE LA TERREUR A ARPAJON PIERRE GUENOT (1) 28 Mars 27 Avril 1794 Le Moniteur universel, dans son numéro du 15 floréal an II (4 mai 1794), place sur la liste des condamnés à mort par le tribunal criminel révolutionnaire, siégeant à Paris, en son audience du 8 floréal (27 avril): P. Guenot, âgé de 58 ans, natif de Saint-Sulpice-de-Favières, district d'Étampes, vigneron à Yon-la-Montagne, convaincu de complots et de conspirations tendant à la dissolution de la représentation nationale, au rétablissement du despotisme, etc. Le crime pour lequel Guenot avait été poursuivi et était condamné, avait été commis par lui, en germinal (mars 1794) à Francval, ci-devant Arpajon; son affaire avait été instruite par le comité de surveillance d'Arpajon et le conseil général du district de Corbeil (2). Le 8 germinal (28 mars), J. B. Gérard Latour, membre du comité de surveillance de Francval, s'était présenté, à trois heures de l'aprèsmidi, devant son comité; là il avait raconté à ses collègues que s'étant trouvé chez Loret, pâtissier à Francval, avec Guignard meunier à Biron, commune de Longpont, et Guenot (ou Guignot ou Guegnot) natif du ci-devant Saint-Sulpice (3), Guenot s'était permis des propos qui ne tendaient à rien moins qu'à une sorte d'insurrection, disant: où était cette liberté qu'on avait promise ?, qu'il était bien plus riche dans l'ancien temps que dans celui-ci, que Marat (assassiné le 13 juillet 1793 par Charlotte Corday) et Lepelle- (1) Archives nationales W 354 dossier 734. (2) Le décret du 27 janvier 1790 qui créait le département de Seine-et-Oise, formait le district de Corbeil renfermant 7 cantons: Corbeil, Arpajon, Brunoy, Montlhéry, Mennecy, Sucy et Villeneuve-Saint-Georges, et 83 municipalités. (Almanach de Versailles année 1791). (3) Le nom révolutionnaire de Saint Sulpice de Favières, célèbre par son église, était Favière défanatisé. Saint Sulpice, qui était alors dans le district d'Etampes, est aujourd'hui dans l'arrondissement de Rambouillet.
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 +|**00000122**| - 2 - tier de Saint-Fargeau (poignardé le 20 janvier 1793, par l'ancien garde du corps Pâris), étaient des coquins, que sous 15 jours leurs bustes seraient brisés, que Catherine Cordey (sic) l'assassin de Marat, serait regardée comme sainte et qu'elle avait bien fait. Gérard Latour déclarait qu'il dénonçait Guenot et signait sa dénonciation. Le comité de surveillance faisait immédiatement appeler des témoins. Le premier témoin était Julien Guignard, âgé de 40 ans, meunier, domicilié à Biron; le comité lui demandait si les faits énoncés dans la dénonciation étaient exacts, si Guenot avait vraiment dit que les bustes de Marat et de Lepelletier seraient brisés d'ici à 15 jours. Guignard répondit que oui, mais que pour le surplus il n'avait pas connaissance d'autre chose; il ajoutait que des relations anciennes expliquaient sa rencontre avec Guenot. Le comité s'enquit auprès de Guignard si Guenot avait tenu spontanément les propos qu'on lui prêtait, ou s'il avait eu un prétexte pour parler ainsi : Guignard ne put fournir à cet égard aucun renseignement. Le deuxième témoin se nommait Lupereaux, compagnon charpentier, demeurant à Arpajon, âgé de 42 ans, natif de Chateaudun: Lupereaux était chez Loret au moment de la scène incriminée; il a entendu dire à Guenot que les bustes de Marat et de Lepelletier seraient brisés et que l'assassin de Marat serait reconnue sainte et regardée comme sainte Geneviève de Paris. Le même jour à 6 heures du soir, le comité mandait Guenot; on l'interrogeait; il déclarait avoir 58 ans et demeurer à Saint-Yon, actuellement Yon-la-Montagne; il reconnaissait avoir dit que Marat et Lepelletier seraient brisés d'ici à quinze jours, mais il ajoutait qu'il ne faisait que répéter un propos par lui entendu; un ancien maître d'école de Saint-Yon, Le Roy, employé au district d'Etampes, avait tenu ce propos devant lui, à Boissy-la-Montagne, ci-devant Saint-Yon. Pourquoi, lui demande-t-on, l'avez-vous répété? Guenot répond qu'il était ivre au point de ne savoir ce qu'il faisait. Pourquoi avez-vous dit que vous étiez plus riche dans l'ancien régime? - C'est que j'étais alors meunier et aujourd'hui, ajoute-t-il, je ne suis plus que vigneron. Il ne se rappelle plus les autres propos qu'on lui prête.
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 +|**00000123**| -3 - Le comité cherche à savoir s'il a eu des relations avec le curé de la commune et si celui-ci ne l'a point engagé à injurier la République, s'il est en rapport avec des émigrés ou femmes d'émigrés. La réponse est négative. Guenot est mis en état d'arrestation et son dossier, composé de la dénonciation de Gérard Latour et de l'interrogatoire du 8 germinal, est adressé au district de Corbeil. Le dossier part pour Corbeil le 13 germinal (2 avril); le district se réunit le 16 germinal (5 avril); après examen des pièces, le conseil général du district estime qu'il est constant que Guenot a tenu les propos qu'on lui prête et qui tendent à la subversion de l'esprit public, à l'avilissement du Gouvernement révolutionnaire et sont attentatoires à la Liberté: en conséquence, le district décide que Guenot sera traduit devant le tribunal révolutionnaire et que les pièces seront envoyées à l'accusateur public à Paris. Guenot était très menacé; aussitôt après son arrestation du 8 germinal, sa famille a demandé au maire de sa commune, à la municipalité d'Yon-la-Montagne, un certificat constatant qu'il était un bon patriote, ainsi qu'au juge de paix de Chamarande (1). Le 10 germinal (30 mars) le maire, les officiers municipaux d'Yonla-Montagne, parlant en leur nom et au nom de la totalité des habitants de la commune, certifient que Pierre Guenot, père de six enfants, s'est comporté avant et depuis la Révolution en bon patriote et que c'est sous l'empire du vin qu'il a tenu les propos qu'on lui attribue. Le lendemain 11 germinal (31 mars) Mathurin Petit, juge de paix de Chamarande, déclare qu'il n'est pas à sa connaissance que Pierre Guenot, de Feugères (hameau de St-Yon), ait tenu des propos révolutionnaires. Le 24 germinal (13 avril) Guenot est à Paris, à la Conciergerie. Un juge du tribunal révolutionnaire procède à son interrogatoire. Est-il vrai, lui demande ce magistrat, nommé Jean Ardoin, que vous ayez dit que Catherine Corday serait regardée comme sainte, ainsi que Ste Geneviève? Même réponse que précédemment de Guenot qui était tellement ivre qu'il ne se rappelle plus avoir tenu de tels propos. (1) Chamarande, autrefois Bonnes, était chef-lieu de canton du district d'Étampes.
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 +|**00000124**| 4 - - Êtes-vous habitué à vous livrer au vin, ajoute le juge? - Non, répond Guenot, mais si peu que j'en prenne, je suis en état d'ivresse. Avez-vous fait choix d'un défenseur, dit en terminant le magistrat? Comme Guenot ne connaît personne, on lui désigne le citoyen du Château ou Duchateau (1). Le 3 floréal (22 avril) le tribunal révolutionnaire rend contre Guenot une ordonnance de prise de corps, son nom est inscrit sur le registre d'écrou de la maison d'arrêt, en conformité de l'acte d'accusation dressé contre lui ce même jour, 3 floréal, par FouquierTinville. C'est le 7 floréal (26 avril) que l'huissier notifie au vigneron de Yon-la-Montagne cet acte d'accusation, dans lequel FouquierTinville expose que Guenot a témoigné son aversion pour la liberté par des propos qu'il tint au mois de germinal à Francval: ces propos sont rappelés par lui; Guenot a dit en présence de plusieurs personnes: Où est cette liberté? J'étais bien plus riche dans l'ancien régime que dans celui-ci. Fouquier-Tinville ajoutait que Guenot avait insulté aux mânes des deux célèbres victimes de la Liberté, disant que Marat et Lepelletier étaient des coquins, que dans 15 jours leurs bustes seraient brisés, que Catherine Corday, assassin de Marat, serait regardée comme sainte. La liste des témoins qui devaient être entendus se composait de deux noms: Guignard et Lupereaux. Guenot fut cité à comparaître devant le tribunal révolutionnaire pour le 8 floréal (27 avril). Le 8 il comparaît: lecture est donnée d'abord de l'acte d'accusation; le prévenu et les témoins sont entendus; à la fin des déposi- (1) Les défenseurs existaient encore au tribunal révolutionnaire; ils furent écartés par la loi du 19 juin 1794 qui autorisa le tribunal à ne pas même entendre de témoins l'audience. Le 15 avril, la Commune de Paris accordait avec acclamation au défenseur de Guenot, un certificat de civisme, à raison du trait suivant: Duchateau avait reçu de gros honoraires pour défendre un contre-révolutionnaire; le jour de l'audience, il dit au tribunal: je ne puis défendre davantage la cause d'un contre-révolutionnaire; j'ai reçu une somme, je la remets; cependant, sur l'insistance du tribunal, il conserva le tiers de cette somme. (Moniteur universel (réimpression) nº du 28 germinal, an 2).
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 +|**00000125**| 5 tions le président demande à l'accusé s'il a quelque chose à répondre: l'accusateur public, Fouquier-Tinville, expose l'affaire, le défenseur de Guenot prend la parole et le président résume les débats. Le président (Claude Emmanuel Dobsent), qui est assisté de ses deux juges, Etienne Masson et Foucault, résume l'affaire et rédige la série des questions à poser aux jurés. La question (il n'y en a qu'une seule) est celle-ci: Il a existé des conspirations et des complots tendant à la dissolution de la représentation nationale et au rétablissement du despotisme et de tout autre pouvoir attentatoire à la liberté. Guenot est-il complice de ces conspirations et complots? Les jurés se retirent pour délibérer: l'accusé est emmené hors de l'audience; puis les jurés rentrent, Guenot est réintroduit, la déclaration des jurés est: oui, sur la question concernant Guenot; il n'y a que deux acquittements ce jour-là. Le substitut est entendu en ses conclusions sur l'application de la loi (1). Le président demande à Guenot s'il a quelque chose à dire. Le tribunal opine alors à haute voix et le président prononce un jugement de condamnation contre le pauvre vigneron. Le jugement déclare Guenot et d'autres accusés, complices de conspirations et de complots, vise l'article 2, 2me section, titre rer, 2me partie du Code pénal, le décret de la Convention du 4 décembre 1792 qui punit de mort toutes les conspirations: le greffier écrit le jugement et insère le texte de la loi sur la minute. Guenot est condamné à mort: ses biens sont confisqués; le jugement devra être exécuté dans les 24 heures: le tribunal se retire. Le jour même Guenot monta sur l'échafaud, et fut guillotiné avec 28 autres personnes, à la barrière de la Déchéance, ci-devant barrière du Trône: il s'était écoulé un mois entre son arrestation et sa mort. LORIN, Secrétaire de la Société archéologique de Rambouillet. (1) Toute cette partie du jugement est imprimée sur la minute. (Archives nationales, W 354 dossier 734 in fine): en dehors de Fouquier, un des juges de Guenot, Remi Foucault, fut à son tour condamné à mort; Dobsent fut arrêté, mais échappa au châtiment suprême.
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 +|**00000126**| UN QUARTIER DE CORBEIL ÉTUDE TOPOGRAPHIQUE : L'Hôtel-Dieu.- La place du Marché. L'Église Notre-Dame. L'Auditoire. Les prisons. — Saint Jean de l'Ermitage. - Augustines. - L'Auberge de la Coupe d'or. .د : Les : Les habitants du Corbeil actuel se représenteraient difficilement ce qu'était autrefois cette ville, restreinte qu'elle était entre ses murailles dont quelques parties existent encore et dont la rue dite des Remparts indique aujourd'hui la majeure partie du circuit. C'est justement parce qu'elle était resserrée dans son enceinte que les rues étaient étroites et tortueuses, les places exiguës, les maisons et les bâtiments publics entassés, pressés les uns contre les autres. Aujourd'hui, la ceinture de pierres a disparu et la petite ville du moyen âge, prenant son essor, s'est largement étendue au dehors, vers le sud surtout où elle est sur le point de rejoindre Essonnes, sa voisine Mérovingienne, à laquelle elle a emprunté autrefois le territoire qu'elle occupe aujourd'hui. Cependant, quelques rues anciennes, sombres et étroites, rappellent encore la vieille cité du moyen-âge. : Mais si la plus grande partie de la ville s'est redressée, agrandie, embellie, il n'en est point qui ait subi de plus étonnantes transformations que la place du Marché qui fait le sujet de cette notice, pour laquelle nous avons puisé des renseignements à des sources diverses, toutes autorisées. Nous citerons d'abord de la Barre, le Prévôt et l'historien de notre ville, qui a écrit son livre « les Antiquitex de la ville, Comté et Chatelenie de Corbeil » pendant sa Prévôté, c'est-à-dire entre 1607 et 1624; puis l'abbé Lebeuf, l'érudit auteur de l'« Histoire de la ville et de tout le diocèse de Paris » qui, lui-même, a emprunté beaucoup de détails à de la Barre, qu'il cite souvent. Les archives
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 +|**00000127**|
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 +Heliog-Dujardin. 10 CORBEIL
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 +|**00000129**| 7 de l'Hôtel-Dieu, celles de la ville nous ont aussi fourni des indications utiles. Nous pouvons ajouter encore nos souvenirs personnels qui datent déjà de loin et les témoignages des anciens que nous avons connus autrefois, car il est à remarquer que c'est dans notre XIXe siècle surtout que les plus grands changements sont survenus dans cette partie centrale de notre ville. Et afin de mieux renseigner ceux qui voudront bien nous lire, nous avons joint, à ce modeste essai topographique d'une partie de notre cité, la reproduction par l'héliogravure du plan de Tassin; c'est le plus ancien plan connu de Corbeil; il remonte à 1634 et est extrait de l'ouvrage intitulé: Les plans et profils de toutes les principales villes et lieux considérables de France, par Nicolas Tassin, Paris, 1634. LA PLACE DU MARCHÉ La place du Marché remonte au temps de la fondation de la ville, c'est-à-dire au règne de Philippe Ier ou de Louis VI. Jusqu'au siècle dernier, cette place n'était en quelque sorte qu'un carrefour, formé par la rencontre des rues St-Spire, Notre-Dame et de l'Orberie (1). Elle était à peu près triangulaire, avec une croix au centre. C'est sur cette place que s'ouvrait le beau portail, décoré de statues du XIIe siècle, de ce magnifique bijou d'architecture de l'époque de transition qui s'appelait l'église Notre-Dame, que l'on a si malheureusement détruite en 1823, parce que l'on manquait de ressources pour l'entretenir. Elle avait subi bien des vicissitudes depuis sa fermeture à la révolution. On y avait établi un corps-de-garde et un cabaret; on en avait fait aussi une salle de danse, en même temps qu'elle servait de grenier à foin, ce qui inspirait les craintes d'incendie les plus sérieuses aux habitants du voisinage. Les bateleurs y donnaient leurs représentations, et les gens qui venaient au marché y remisaient leurs voitures. Il existe dans les archives de la ville un curieux bail de l'an IV, par lequel la municipalité autorise << Hébert, dit sans gêne, à faire danser les jeunes gens de l'un et de l'autre sexe dans la ci-devant Église Notre Dame, seulement les jours appelés en vieux style dimanches, depuis 3 heures de relevée jusqu'à 9 heures du soir. » (1) Aujourd'hui rue de l'Ombrerie, mais ce nom n'est qu'une inconsciente et regrettable corruption.
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 +|**00000130**| 8 i Cette permission était donnée moyennant une redevance de 25 livres par chaque séance de danse. On voulut plus tard faire de la pauvre église un hôtel-de-ville, c'était le salut. Il y eut de nombreux plans dressés, des rapports écrits, sans compter les démarches sans fin, mais ce beau projet ne plut pas à la Préfecture et il dut être abandonné. Désaffectée à la révolution, mais non aliénée, l'Église NotreDame avait été rendue, lors du Concordat, à la fabrique de l'Église Saint-Spire, en même temps que cette dernière. Mais que pouvait faire cette fabrique, privée de tous ses revenus et ayant à sa charge l'entretien de deux édifices importants qui lui étaient rendus dans le plus déplorable état? Elle alla au plus pressé et s'occupa de Saint-Spire où le culte avait été rétabli dès 1795. Quant à NotreDame, on ne fit rien parce que l'on ne put rien faire. Des secours furent bien demandés, mais le vent qui soufflait alors n'était point un vent artistique, trop de plaies étaient à panser et d'ailleurs le souci n'était point à la conservation des monuments anciens. Finalement, le temps passa, les ruines s'aggravèrent en devenant menaçantes et, en 1820, tout espoir de secours étant perdu, la reconstruction étant impossible faute de ressources, la fabrique dut se résigner à la démolition de cet admirable monument qui avait fait pendant tant de siècles la gloire et l'honneur des habitants. C'était leur plus beau monument et ils en étaient fiers à juste titre. Commencée en 1820, la démolition de Notre-Dame dura jusqu'en 1823. La rue Neuve Notre-Dame fut ouverte dans l'axe de sa nef, et les bordures des trottoirs de cette rue sont faits des débris de l'Église et surtout des nombreuses pierres tombales qu'elle renfermait; on en trouve aussi dans les corridors et les escaliers des maisons voisines, dont plusieurs se sont servies des caveaux funéraires de l'Église pour en faire des fosses d'aisances! Le chantier de démolitions fut une sorte de carrière où chacun vint prendre ce qui était à sa convenance; c'est ainsi que l'on retrouve dans quelques jardins de très curieux chapiteaux romans du XIIe siècle. A Montgermont, près de Ponthierry, M. de Gontaut-Biron, propriétaire à cette époque de ce domaine, a fait transporter dans son parc toute une travée de Notre-Dame, avec ses archivoltes, ses colonnes et leurs chapiteaux; réédifiée en belle place, cette intéressante épave n'est pas le moindre ornement de ce beau parc. A St-Denis encore, se voient deux des belles statues qui ornaient :
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 +1. Croix du Tremblay. 4 Chasse de S. Spire 1. 3 thisse de Ston Chi e de N' Ronobert. 1. Abhe de 5 Spire Cliché E. Mareuse. PROCESSION ET STATION ANNUELLES, Des Chapitre et Confrerie de S. Spire. au champ de Tremblair Vaub. S. Jacques à Corbeil, trem apri Piques, det des Resetuna. 6. Malades autour des Chasse. 7. Porteurs privil. destit. Chasses. 8. Chanoines de la Collégiale). Religions en Chaire?. 10. Le Prieuw de s'ovenault.. Phot. Charles Chambon. 1789 Bx
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 +|**00000133**| - 9 le portail de Notre-Dame; elles avaient été sauvées par Lenoir qui les avait déposées au musée des monuments français, aux petits Augustins de Paris. On en peut voir le moulage au musée de l'art rétrospectif du Trocadéro. Il semblerait qu'un souffle destructeur a passé depuis cent ans sur notre ville de Corbeil; presque tous ses monuments ont en effet disparu l'un après l'autre depuis un siècle; Ste-Geneviève des Récollets, St-Jacques dans le faubourg de ce nom, Notre-Dame, St-Jean de l'Ermitage et, tout récemment encore, St-Léonard et St-Guenault sont tombées à leur tour sous le marteau du démolisseur. Ces six églises, anciennes et intéressantes à plus d'un titre, ont été volontairement vouées à la destruction. Il ne nous reste plus que l'église St-Spire et la belle porte ogivale de son cloître; cette dernière, gracieux spécimen de l'architecture du XIIIe siècle, est dans un état navrant de dégradation, et l'on ne s'en occupe même pas ! En face de l'église Notre-Dame se trouvait l'Hôtel-Dieu qui, lui aussi, remontait à l'origine de la ville et qui a occupé le même emplacement jusqu'aux dernières années du XVIIIe siècle. La belle halle que l'on a construite récemment est placée sur le sol même de notre antique Hôtel-Dieu qui se trouvait adossé, comme la halle elle-même, au bras de rivière dit de la Boucherie. A la suite de ces bâtiments, devant peut-être, se trouvait un assez grand jardin dans lequel était un vivier pour la conserve du poisson; ce vivier s'alimentait par la rivière de la Boucherie à l'aide d'un petit canal. La voûte de ce canal était encore très visible, quoique bouchée, quand on fit la réfection du mur de soutènement sur la rivière, à l'occasion de la construction de la halle. Au-delà des bâtiments de l'Hôtel-Dieu, se trouvait la chapelle, puis le cimetière. D'après un procès verbal de 1757, cette chapelle avait 48 pieds de long sur une largeur variant entre io et 12 pieds. Quant au cimetière, il ne devait pas être très grand, car nous avons trouvé dix-sept inhumations de 1620 à 1623, soit une moyenne de six décès environ par année. La ville de Corbeil était petite, très peu peuplée, par conséquent l'Hôtel-Dieu n'avait que peu d'importance; ainsi, en 1790, il y avait quatorze lits de malades, moitié pour les hommes, moitié pour les femmes. Et quand, dans les moments de presse ou les temps d'épidémie, ces quatorze lits devenaient insuffisants, on y
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 +|**00000134**| 10 suppléait au moyen de bottes de paille, ainsi que nous l'apprend un livre de comptes de 1620 où on lit : « Il a esté payé pour l'achapt de deux cens et demy de feurre fourny pour changer les couches des pauvres pour les coucher, quand il en aborde plus grande quantité que n'y a de lictz audict Hôtel-Dieu, pour ce XV livres. » En outre de sa mission de bienfaisance, l'Hôtel-Dieu de Corbeil eut souvent l'occasion de rendre aux habitants de cette ville des services qu'il n'est point inutile de rappeler. Pendant les guerres si fréquentes des siècles passés, notre pauvre cité eut à subir des assauts terribles; elle fut souvent prise, reprise et pillée; alors la chapelle de l'Hôtel-Dieu était un asile plus sacré encore que les autres églises et c'est sous ses voûtes que se réfugiaient les femmes et les filles pour échapper à la furie et aux outrages des soldats, les mercenaires indisciplinés d'alors. Il en fut ainsi le 16 octobre 1590, date sanglante et inoubliable qui vit notre malheureuse ville de Corbeil prise d'assaut par les troupes du duc de Parme. Il y eut ce jour-là dans nos rues un massacre épouvantable et un pillage sans précédent. « Le pillage fut si violent, dit de la Barre, qu'ils ne laissèrent aucune ustancile de ménage qui se peust transporter, que les fripiers de Paris n'achetassent à vil prix, et l'enlevèrent à Paris ». Le même auteur ajoute (1): « Les femmes et les filles s'estoient retirées de bonne heure en la chapelle de l'Hostel-Dieu et n'en sortirent point que la fureur de la tuerie et du pillage ne fust cessé; alors elles furent contraintes de payer rançon au Capitaine qui s'estoit emparé de la maison. » Toujours sur la place du Marché, près de l'Hôtel-Dieu, se trouvaient l'Auditoire (nous disons aujourd'hui le tribunal), le greffe et les prisons, qui étaient antérieurement sur la place St-Guenault, près de l'église de ce nom; mais ces bâtiments avaient été détruits pendant les guerres du XVIe siècle et transportés sur la place du Marché au commencement du XVIIe; de la Barre, qu'il faut toujours citer, nous l'apprend ainsi: (2) « L'Auditoire et la Geole de la Prévosté de Corbeil qui anciennement estoient devant la porte de l'Eglise St-Guenault, avoient esté brûlées durant les guerres, et les officiers de la justice avoient esté contraints de loüer aux despens du Domaine une maison particulière, pour y tenir les plaids et rendre la (1) Page 265. (2) Page 279.
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 +|**00000135**| II -- justice au peuple, avec une grande incommodité et indécence; ce qui les meut à composer avec Maistre André Courtin, Administrateur de l'Hostel-Dieu, d'une place size sur le marché de la ville, devant l'Eglise de Nostre Dame, moyennant 50 livres de rente, qui, du consentement de Monsieur de Villeroy (1), furent assignez sur le Domaine Royal de Corbeil le 9 aoust l'an 1611. En ce lieu le Prévost fit accommoder l'auditoire, le greffe et les prisons ». Ces tribunaux et prisons improvisés restèrent là un peu moins de deux siècles; et quand le district vint s'établir dans l'ancien Prieuré de St-Guenault, à l'époque de la révolution, le tribunal en occupa le rez-de-chaussée; le greffe fut installé au 2º étage, et la prison fut transférée dans l'ancienne église désaffectée de Saint-Guenault, qui était contiguë. Le Prieuré de St-Jean de l'Ermitage, ainsi nommé pour le distinguer de St-Jean en l'Isle qui en était peu éloigné, occupait, sur la place du Marché, à peu près l'emplacement de la halle qui a disparu depuis peu, mais il s'étendait jusqu'à l'entrée de la rue du Grand pignon et de celle des Rosiers. Ce prieuré se composait d'une église, d'un grand jardin et de bâtiments d'habitation. Son origine était fort ancienne; l'abbé Lebeuf dit que sa fondation remonte à la première moitié du XIe siècle et il lui donne comme fondateur Nanterus, Vicomte de Corbeil, du temps du Comte Mauger; ce même Vicomte donna, en 1040, ce Prieuré à l'Abbaye de St-Maurdes-fossés, dont il continua à relever par la suite. L'abbé Lebeuf a donné une liste des Prieurs de cette maison; le dernier cité, avec la date de 1530, est Mathurin Charpentier qui ne paraît pas avoir eu de successeur. Plus tard, en 1610, on obtint de l'Évêque de Paris de pouvoir loger au Prieuré du Petit St-Jean, comme on disait alors, les prêtres de la paroisse Notre-Dame et les Prédica. teurs; les écoles y furent aussi installées; mais cet état de choses ne dura pas longtemps, car le Prieuré fut donné en 1642, moyennant 2.500 livres, aux Religieuses Augustines de Joigny, qui y fondèrent une communauté avec écoles de filles. Un procès-verbal de visite fut dressé à cette occasion; il énumère en détail toutes les parties du Petit St-Jean; les cours, les jardins, les bâtiments, la chapelle, tout y est décrit en détail et mesuré. C'est à M. l'Abbé Colas, l'érudit Curé de Soisy, que nous devons de connaître ce curieux procès- (1) Le marquis de Villeroy était alors Seigneur-engagiste de Corbeil. 3
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 +|**00000136**| - 12 verbal qu'il a su retrouver et qu'il a inséré dans son intéressant travail sur la Congrégation de Notre-Dame à Corbeil (1). Le Prieuré de St-Jean fut occupé par les Augustines jusqu'en 1792, époque où elles furent chassées de la ville pour refus de serment. A cette époque, les bâtiments de l'Hôtel-Dieu, situés en face, tombaient en ruines; on trouva tout naturel de les démolir pour agrandir la place du Marché et d'installer la maison de l'humanité, c'était l'appellation nouvelle, dans les locaux laissés vides par les pauvres Religieuses Augustines. On démolit en même temps l'Auditoire et les prisons qui avaient été transportés depuis peu à la place St-Guenault, ainsi que nous l'avons dit plus haut. Ce transfert de l'Hôtel-Dieu eut lieu en 1797, et la majeure partie des habitants de Corbeil ont connu là, pendant plus d'un demi-siècle, cet utile établissement qui avait encore changé de nom et était devenu l'Hospice. Il resta dans l'antique Prieuré jusqu'en 1866, époque où tous les services hospitaliers furent réunis dans le magnifique établissement actuel que la ville de Corbeil doit à l'intelligente générosité des Frères Galignani. Le Prieuré de St-Jean disparut alors à son tour, contribuant, lui aussi, à l'élargissement de la place du Marché, mais ce qui augmenta beaucoup aussi cette place à cette même époque, ce fut la disparition de la rue St-Jean de l'Ermitage, appelée plus tard rue des Religieuses, parce que, s'ouvrant sur la rue NotreDame en face de l'impasse du même nom (2), elle conduisait à l'hospice, dont la grande porte se trouvait à quelques mètres de l'entrée de la rue du Grand pignon, pour aller ensuite aboutir sur le rempart. Toutes les maisons qui formaient le côté gauche de cette rue étaient très profondes et avaient une double issue, sur la rue et sur la place; toutes furent démolies et leur emplacement, joint au sol de la rue supprimée, procura un très notable agrandissement à la place du Marché. Il résulte de cette disparition que toutes les maisons du côté droit de la rue disparue ont maintenant vue sur (1) La Congrégation de Notre-Dame à Corbeil par l'Abbé Colas. Orléans, 1890, in-8. L'auteur a retrouvé de nombreux documents et inventaires qui ne laissent subsister aucune obscurité sur le séjour des Augustines à Corbeil. (2) Lors de l'ouverture du quai Bourgoin en 1840, cette impasse trouva un débouché sur la nouvelle voie et prit alors le nom de Petite rue Notre-Dame.
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 +|**00000137**| 13 le marché, dont elles forment la limite actuelle en face de la halle nouvelle. Mais si la place dont nous nous occupons ici s'étendait ainsi en largeur, elle avait encore des progrès à accomplir pour atteindre en profondeur les limites que nous lui connaissons aujourd'hui. En face du grand pont sur la Seine, la place du Marché était terminée par une rangée de maisons dont l'alignement correspondrait à peu près à l'axe de la rue aux Tisseurs. Celle du milieu, appelée la maison Voclin, était devenue depuis 1805 la mairie de la ville; c'est à cette époque en effet qu'on avait tout à fait abandonné le très ancien Hôtel-de-ville de Corbeil, qui était situé place de l'Arquebuse, tout près de la porte St-Nicolas. Une ancienne tour, respectée par le propriétaire, en montre encore l'emplacement. Derrière cette Mairie provisoire et jusqu'au rempart, il y avait, outre les jardins de l'ancien Prieuré de St-Jean, des rues et de nombreuses maisons. Une fois l'hospice attaqué, la pioche du démolisseur eut facilement raison de ces vieux bâtiments qui disparurent à leur tour; les limites de la place du Marché furent alors portées jusqu'à la rue des Remparts; c'est la place telle que nous la voyons aujourd'hui, largement ouverte, nivelée et aérée, et c'est afin de ne point laisser tomber dans l'oubli les établissements qui la couvraient jadis que nous avons cru bon d'en rappeler ici le souvenir. Qu'était cet emplacement avant la fondation même de la ville? C'est ce qu'on ne saurait dire; il est certain cependant que ce lieu a été habité à une époque très reculée, car lors des travaux entrepris pour la démolition de l'hospice, qui était, on s'en souvient, l'ancien Prieuré de St-Jean, on dut faire, afin de niveler la place, des fouilles assez profondes pour arracher les fondations de la chapelle et, au cours de ce travail, les ouvriers découvrirent des cercueils en plâtre de l'époque Mérovingienne, qui contenaient encore des squelettes. Personne ne fut avisé, les cercueils furent brisés et jetés aux gravats avec les ossements qu'ils renfermaient. Ce ne fut que peu de temps après que l'on eut connaissance de cette découverte par les ouvriers qui y avaient pris part. Sur la place du Marché se trouvait encore, tout près du corpsde-garde actuel, une antique auberge où souloit pendre pour enseigne la Coupe d'or. Pendant des siècles, cette auberge reçut les voyageurs et les habitants des environs qui apportaient leurs denrées
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 +|**00000138**| 14 - au marché de Corbeil. Elle existait encore au début de notre siècle et les anciens de la ville ont pu la connaître. Il n'en reste que peu de chose aujourd'hui, une grande porte et une petite cour au fond de laquelle se trouve un vieux bâtiment éclairé seulement par la porte d'entrée. C'est une sorte de magasin où un tonnelier du voisinage a installé son atelier. La maison de la Coupe d'or n'offre plus aucun intérêt et nous n'en parlons que pour signaler une découverte assez curieuse qu'y a faite dernièrement un de nos confrères. Dans l'atelier du fond de la cour, parmi les poutres assombries qui sontiennent le toit, s'en trouvait une qui attira l'attention de notre sympathique Collègue, amateur éclairé de tout ce qui touche à l'art et à l'histoire de notre pays. A l'aide d'une échelle, il se rendit compte que la poutre en question était sculptée et représentait un personnage. Son titre de proche parent de la propriétaire lui donnant toute facilité, il fit enlever cette poutre et la transporta chez lui, où elle fut photographiée. Cet antique morceau de châtaignier (1) est carré et sculpté sur deux de ses faces; sur l'une, la moins importante comme travail, on voit deux personnes agenouillées, en costume de la fin du XVe siècle et dans l'attitude de la prière. Ce sont certainement des donateurs, le mari et la femme, celle-ci derrière son mari qui tient, dans ses mains jointes, un phylactère, sur lequel on lit, en caractères gothiques: Sancta Maria ora pro nobis. Cette partie est assez bien conservée et l'attitude, les traits expriment la pensée pieuse et le recueillement voulus par l'artiste. L'autre face sculptée est plus intéressante: on y voit un personnage de 1 m. 15 c. de hauteur, sur om. 22 c. de largeur. C'est une figure assez énigmatique représentant un homme à longue barbe et à grands cheveux, revêtu d'une armure que recouvre en partie un surcot à grands plis, serré à la taille et orné sur les épaules et les manches, qui sont très courtes, d'un petit dessin, gravé en creux, qui rappelle l'hermine héraldique, et qui pourrait aussi bien être une fleurette. La tête est couverte d'une coiffure un peu en forme de mitre, surmontée d'un cimier dont l'extrémité manque et qui (1) Le châtaignier était très apprécié autrefois par les architectes qui s'en servaient presque toujours dans les charpentes des églises. On sait que ce bois possède la propriété d'éloigner les araignées.
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 +|**00000139**| 15 paraît ressembler à la coiffure des rois Juifs. Il porte au bras gauche un bouclier garni de son umbo; de la main droite, il fait le geste de tirer du fourreau son sabre à la lame large et recourbée; et il le tire en effet, puisque l'arme est déjà un peu sortie du fourreau. La coiffure ainsi que la figure ont un peu souffert, mais il est aisé de reconnaître que cette statue, de haut-relief, offre un ensemble artistiquement traité; les vêtements sont bien drapés, la pose et le geste sont naturels, le tout enfin prouve l'habileté de l'artiste. Mais quel est ce personnage, qui représente-t-il? Il y a lieu de poser ici un gros point d'interrogation, car l'attribution n'en est pas aisée, et nous invoquons les connaissances de plus érudits que nous parmi nos confrères, pour élucider ce mystère. Personnellement, nous inclinerions à y voir la représentation d'un des rois de l'ancien testament, le roi David peut-être, habillé et armé à la mode de la fin du XVe siècle. Le possesseur de cette curieuse sculpture a bien voulu en offrir à notre Bulletin la reproduction par l'héliogravure; nous la joignons à cette notice avec l'espoir que les lumières de nos Confrères pourront aider à trouver le mot de cette énigme. Maintenant, comment cette poutre artistique s'est-elle trouvée faire partie de la charpente d'un vulgaire hangar? C'est une nouvelle question à laquelle des présomptions seules peuvent répondre. Il n'est pas téméraire, en effet, de supposer qu'elle peut provenir d'un des monuments qui se trouvaient sur cette même place du Marché et qui ont disparu tour à tour. St-Jean de l'Ermitage, l'Hôtel-Dieu, sa chapelle, ont dû, lors de leurs démolitions successives, laisser libres bien des matériaux, et il est très probable que cette poutre sculptée, provenant de l'un d'eux, aura été utilisée dans la construction de ce magasin. Quoi qu'il en soit, c'est à coup sûr un curieux et très intéressant vestige d'un de nos anciens édifices, et nous ne pouvons que féliciter notre jeune et intelligent Confrère de l'avoir découvert et surtout d'en avoir assuré la conservation. A. DUFOUR.
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 +|**00000140**| ÉTRÉCHY ET LES FIEFS ENVIRONNANTS IV (Suite) Le chemin du Gâtinais continuait de l'autre côté de la route de Paris et allait à Chartres en longeant les murs du parc du Roussay. D'après une lettre de Colbert à Ménars, intendant à Orléans, datée du 28 juin 1679, un arrêt du conseil du 21 avril 1671, prescrit aux voituriers qui retourneront à vide à Paris en passant par Étampes, d'y voiturer et décharger deux douzaines de gros pavés ou bordures et deux poinçons de sable... Colbert rappelant les termes de l'arrêt, donne ensuite des détails sur les meilleurs moyens de son exécution (1). Le 11 juin 1689, de Creil, intendant à Orléans, écrivant au contrôleur général des finances, lui dit qu'un arrêt du 13 mai 1687 ordonne aux voituriers, allant à Paris par la route d'Orléans à Étampes, de consigner 3 liv. chacun avec engagement de charger à leur retour du sable à Étampes et des pavés à Étréchy pour l'entretien de la chaussée. Il ajoute que certains rouliers font une résistance opiniâtre et intentent une action aux commis chargés de recevoir les consignations (2). Malgré ces mesures indiquées dans les lettres de Colbert, plusieurs arrêts rendus par le conseil d'état, notamment les 11 juillet 1681, 13 février 1683, 10 juin 1684, 13 mai 1697, 17 avril 1717; malgré une ordonnance du roi du 23 mai 1718 et surtout, d'après un autre arrêt du conseil du 19 août 1720, ordonnant que les charretiers refusant les corvées de pavés et de sable seront conduits dans les prisons d'Étampes et condamnés à 500 livres d'amende, il y eut toujours des charretiers, rouliers et voituriers récalcitrants qui se (1) Lettres de Colbert, publiées par Clément. 1867, in-8. Tome 4, p. 484. (2) De Boislisle. Correspondance des contrôleurs gen. des finances. 1883, in-4°. Tome 1, nº 717.
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 +|**00000141**| - - 17 servaient de toutes sortes de moyens pour éluder les peines portées par les arrêts et ordonnances (1). Dans une pièce imprimée en 1783, portant bail à Edme Raymond pour l'entretien de la route de Paris à Orléans pendant neuf ans à compter du 1er avril 1781, moyennant 47.300 livres par an, on trouve le renseignement topographique suivant, sur la chapelle qui nous occupe et sur quelques noms géographiques: << Route de Paris à Etampes, 23º mille, ter quart. Pavés et bordures de grès passant devant la chapelle Saint Cantien. A 163 toises, 3 pieds du 23º mille, 13º embranchement à gauche de la route, conduisant dans le Gâtinais par Gravelle... (2) > On indique plus loin les endroits où doivent être pris les matériaux pour l'entretien des chaussées et l'on cite « les grès de StMartin d'Étréchy, à 1300 toises de distance (3). » Il est question ici de l'ermitage de St-Martin de la Roche près Fontaine-Livault (4). Les bestiaux passent aujourd'hui par la voie ferrée; quant aux vins du Gâtinais, ils n'existent plus guère que de souvenir! On sait que le culte des saints, appelés aussi < martyrs d'Étampes », était très en faveur au moyen âge; s'il avait lieu seulement certains jours de l'année à l'église collégiale Notre-Dame d'Étampes, il semble qu'il n'en était pas de même à Étréchy, où la dévotion à la chapelle des Corps-Saints devait être permanente et à l'usage surtout des pèlerins et des nombreux passagers de la grande route de Paris à Orléans et du Gâtinais à Chartres. Cela explique, selon nous, pourquoi il y avait autrefois, dans notre contrée, un très grand nombre de personnes dont les prénoms étaient: Can, Cantien, Cancien, Cancian, Cantienne, Cancienne, Cancianne, etc... Ces surnoms fourmillent dans les anciens titres, surtout dans les aveux, dénombrements et actes de foi et hommage du XVIe siècle (5). (1) De Lamare, Traité de la police, 1730, in fol. Tome IV, pp. 501 et 511. (2) Département de Versailles. Inspection d'Etampes. Bail à Edme Raymond... Du 6 février 1781. Paris, de l'Imp. royale, 1783, in-8 de 236 pp. avec carte, page 26. (3) Id., p. 206. (4) Voir la carte de Cassini. (5) Arch. de Seine-et-Oise. E, 3899 à 3904.
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 +|**00000142**| 18 - V LA COMMANDERIE DE CHAUFFOUR ET AUTRES FIEFS La commanderie de St Jean-de-Latran ou de l'Hôpital ancien, à Paris, se composait de sept membres ou commanderies dont l'une était la maison de Chauffour près d'Étréchy, qui se composait au XVe siècle d'une habitation près de l'église du lieu, et de 120 arpents de terre avec la haute, moyenne et basse justice, cens, rentes, fiefs et arrière-fiefs (1). Le Commandeur avait la collation de la cure et de la dîme de tout le territoire de Chauffour, d'une partie de celui d'Étréchy jusqu'à la mare de Bretigny. Cette dîme était d'un grand rapport et formait le principal revenu de la maison. Elle avait appartenu aux religieux de Morigny qui l'avaient cédée en 1290 aux Hospitaliers de Paris. Une dame Mahaut de Neuviz avait, en juillet 1303, vendu aux Hospitaliers de Paris tout ce qu'elle possédait dans la châtellenie d'Étampes, en maisons, terres, cens et fiefs qui furent recueillis plus tard par la maison de Chauffour. Cette commanderie parait avoir été très riche, car elle possédait des terres et seigneuries importantes, notamment à St-Évroult, Sermaise, Breuillet, Lardy, Villeconin et Bruyères-le-Châtel. En dépendaient également: Le fief de Fontaine-Livault qui comprenait le petit ermitage de St-Martin de la Roche; La terre et seigneurie de Vaucelas, autrefois Vauceloys, dont dépendait encore au XVIIe siècle celle de Villeconin. La maison de Chauffour a été détruite au commencement du XVIe siècle, et ses terres furent affermées à divers particuliers, mais on ignore si elle a appartenu primitivement aux Templiers comme la plupart des maisons de l'ordre de Malte. En 1525, Georges de Cochefilet était seigneur de Vaucelas, Villeconin, Étréchy en partie et autres lieux. Plus tard, c'est André de Cochefilet, sans doute un de ses descendants, qui possède les mêmes fiefs. En 1654, Elisabeth de l'Aubespine de Vauvineux, sa veuve, est dame des dits lieux qui étaient possédés en 1683 par un sieur Mérault (2). (1) Mannier. Les commanderies du grand prieuré de France, 1872, in-8, p. 43. (2) Dom Fleureau. Antiquités d'Etampes, p. 65.
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 +|**00000143**| 19 D'après un manuscrit des Archives du Loiret, Vaucelas a été réuni à la paroisse d'Étréchy en 1685 (1), Un mémoire inédit sur la généralité de Paris en 1740, nous apprend que Vaucelas était une collecte de cette paroisse et qu'elle avait pour décimateurs le prieur et le curé du lieu par moitié. En 1738, François de la Rochebrochard, chevalier, est qualifié de Grand Croix de l'ordre de Malte, bailli de Morée et commandeur de Saint Jean de Latran et de Chauffour (2). Il est probable qu'il ne résidait pas à sa commanderie, car les chemins qui y conduisaient étaient, dit-on, d'un accès difficile et même impraticables. Au Roussay, hameau dépendant d'Étréchy, on voit les ruines importantes d'un château qui aurait été construit par les Templiers, selon quelques dictionnaires géographiques, mais aucun document ne justifie cette assertion. Quoi qu'il en soit, la grande et belle ferme du Roussay a conservé l'aspect d'un véritable château fort. Il y a encore des fossés larges et profonds de 6 à 8 mètres, de hautes murailles et on devine des tourelles sous le lierre qui a tout envahi. On entre dans la ferme en passant sur un pont et on arrive à un grand corps-de-logis long de 20 mètres, large de 10, établi sur trois séries de caves superposées et contenant une grande salle ajourée d'une porte renaissance. Les fenêtres ont été mutilées, mais on remarque encore les grandes cheminées, les encadrements sculptés des larges portes et une partie de l'ancien carrelage. En 1558, d'après le Procès-verbal de rédaction de la coutume d'Étampes, Jacques de Paviot, écuyer, est seigneur du Roussay et de Boissy-le-Sec. C'est au Roussay, le 18 avril 1584, que le médecin Malmedy se coupa la gorge en désespoir des grandes dettes dont il était accablé (3). Un seigneur du Roussay, probablement Guillaume Fournier, écuyer de Henry IV, n'est pas étranger à une découverte intéressante qui eut lieu en avril 1628 dans la chapelle de St Julien et de St Phalier, ancienne abbaye de religieuses située près d'Étréchy, (1) Archives du Loiret. A, 1237. (2) Archives du Loiret. A, 1668 et 1195. (3) Mémoires de Pierre de l'Estoile. Coll. Petitot. T. 1, p. 274.
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 +|**00000144**| 20qui a été fondée, dit-on, par la reine Brunehaut. Ce seigneur faisait restaurer la chapelle, lorsque les ouvriers découvrirent un coffret de plomb ou reliquaire que l'on ouvrit avec tout le cérémonial usité. Il contenait notamment des reliques de St Christophe et une inscription très ancienne. Le tout fut transporté à l'abbaye de Morigny, dit Dom Fleureau, et déposé dans la sacristie par les soins des religieux. En 1683, Jean de Beauchar, seigneur de Champigny et d'Étréchy en partie, était aussi seigneur du Roussay, où il avait justice moyenne et basse à cause de Madeleine Houël, son épouse (1). En 1688, le comte d'Ornaison de Chamarande acheta la terre du Roussay, dans l'intérieur de laquelle il y avait une chapelle et des messes fondées, et obtint de l'archevêque de Sens que les offices fussent célébrés dans la chapelle du château de Chamarande (2). On montre encore aujourd'hui l'emplacement de l'ancienne chapelle du Roussay. En 1740, le Roussay ou Rousset était une mairie relevant du marquis de Talaru (3). La ferme du Roussay, ses bâtiments, 380 arpents de bois taillis et terres labourables, dépendant de l'abbaye de Morigny, furent vendus comme biens nationaux le 23 mars 1791, au nommé Bournisien (de Paris), moyennant la somme de 120.500 livres (4). Le moulin de Pierre-Brou situé près d'Étréchy, sur la Juine, est assez ancien. Une pièce imprimée vers 1764 nous apprend que ce moulin existait au commencement du XVIIe siècle. Nicolas Lamoureux en était meunier, lorsque le 24 juillet 1745, l'une de ses voitures chargée de 15 sacs de blé fut saisie, rue de l'Étape à Étampes, où elle venait d'être chargée en l'hôtellerie des Bons-Enfants, par Pierre Sureau, huissier royal à Étampes, sur l'ordre des princes héritiers du duché d'Étampes, et en vertu d'une ordonnance du lieutenant général de la dite ville du 15 juillet précédent, défendant aux meuniers de chasser et enlever les grains, tant du marché que des maisons particulières, s'ils n'ont payé un abonnement. L'affaire traîna beaucoup en longueur, car Lamoureux présenta (1) Dom Fleureau, p. 48. (2) Lebeuf. Histoire du diocèse de Paris, 1" édit. T. XI, p. 1. (3) Mém. manuscrit de l'Intendant Hérault, déjà cité. (4) Archives de Seine-et-Oise.
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 +|**00000145**| 21 requêtes sur requêtes, faisant appel devant le parlement. Dans l'une d'elles, du 16 mars 1752, il déclare que <<< depuis cent ans et plus les meuniers de Pierre-Brou, ses prédécesseurs, ni lui-même, n'ont payé aucuns droits d'abonnage ni autres droits aux seigneurs d'Étampes, ni aux receveurs de leurs domaines... » Malgré cela, la cour confirma l'ordonnance de saisie par arrêt du 31 janvier 1763 (1). VI LES GENS DE GUERRE A ETRECHY Nous avons cité précédemment un acte du roi Louis-le-Gros daté de 1120 concernant l'église d'Étréchy. Il en existe un semblable de Louis VII, de 1145, et quelques autres peu importants de ce roi concernant Étrechy (2). On trouve également dans le Cartulaire de Longpont, publié en 1879, quelques documents remontant au commencement du XIIe siècle et concernant des fondations pieuses, mais ils n'offrent qu'un intérêt secondaire, et il faut franchir plus de deux siècles pour avoir quelque chose de saillant à noter. Au XIVe siècle, pendant la guerre de Cent ans, nous trouvons un capitaine français, Regnault de Goillons, fait prisonnier à Étréchy par les Anglais; ce fait est ainsi raconté dans une ancienne chronique normande: < Vers l'année 1359, un capitaine de Paris nommé Regnault de Goillons combattit les Anglais en Beauce près d'une ville que l'on appelle Estréchi. Les Anglais étaient environ onze cents combattants et les Français étaient en bien plus grand nombre. Beaucoup de ces derniers se débandèrent et s'enfuirent et malgré la bravoure de ceux qui étaient restés fidèles, la plupart furent tués ou faits prisonniers car les Anglais gagnèrent cette journée où fut pris également le capitaine Regnault. » (3) Au XVe siècle, on peut relater plusieurs passages de rois de France à Étréchy. (1) Arrest de la cour de parlement concernant la quête et chasse des grains dans la ville et ressort d'Etampes. Du 31 janvier 1763. (Paris, s. d.) in-4º de 16 pp. (2) Luchaire. Etude sur les actes de Louis VII. 1885, in-fol. p. 130. (3) A. Molinier. Chronique normande du XIV. siècle. Dans le Recueil de la Société de l'histoire de France.
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 +|**00000146**| 22 Charles VII a daté de cette localité, en septembre 1436, des Lettres pour les privilèges des habitants d'Orléans (1). Six ordonnances du roi Louis XI sont également datées d'Étréchy en septembre 1461 (2). En avril 1465, un seigneur, résidant à Étréchy, nommé Pierre Paviot, maître d'hôtel de Charles duc de Berry, semble avoir joué dans la contrée un rôle de pacificateur lors de la guerre du Bien public. Il servit en effet de négociateur entre le roi et le duc de Berry, et entre Charles de Melun et Christophe de Bailleul, ainsi qu'il résulte des lettres de Charles de Melun à Paviot et des entrevues qui eurent lieu chez ce dernier à Étréchy (3). Pierre Paviot était, croyons-nous, le second mari de Jacqueline de Dicy (4), fille du capitaine de Corbeil Jean, dit Moreau de Dicy. Il habitait Étréchy, selon un registre conservé aux Archives nationales et peut-être le château du Roussay, car Jacques de Paviot, qui était sans doute un de ses descendants, est qualifié seigneur du Roussay, comme nous l'avons déjà dit (5). Est-ce au Roussay que Louis XI séjourna en septembre 1641; est-ce là qu'il établit sa résidence quand il s'arrêta à Étréchy le 14 juillet 1465 et le 27 novembre 1468? (6) Ce qui est certain, c'est que la présence du roi à Étréchy en 1465 s'explique par celle des gens de guerre dans la contrée après la bataille de Montlhéry. On constate en effet la présence dans la forêt de Torfou, voisine d'Étréchy, de Louis de Luxembourg, comte de Saint-Pol qui, accompagné de quarante hommes d'armes, rejoignait l'armée des princes dans la ville d'Étampes (7). En 1892, lors des fouilles pratiquées pour la construction d'un calorifère, dans la belle crypte de l'église d'Étréchy, on trouva parmi des ossements les monnaies et objets suivants : deux grands (1) Blanchard. Compilation chronolog. 1715, in-fol. T. 1, p. 251. D'Aubais. Pièces fugitives. 1759, T. 1, p. 94. (2) Pardessus. Ordonn. des rois de France. T. XV, pp. 102 à 118. (3) Champollion-Figeac. Docum. historiques, extraits des bibliothèques. T. 2, p. 194. (4) Elle avait épousé en premières noces Mathurin de Douzonville. (5) Anselme. Histoire généalogique. T. 8. p. 471. (6) Thoison. Les séjours des rois de France dans le Gâtinais. 1888, in-8. p. 32. Cet ouvrage ne parle pas du passage de Charles VII à Étréchy. (7) Mémoires de Commines. Liv. 1, chap. 3.
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 +|**00000149**| 23 - blancs à la couronne, de Charles VI; un grand blanc de Henri VI, roi d'Angleterre, frappé à Rouen, et un poids tournois en plomb, avec fleur de lis pesant environ 220 grammes (1). Ces objets, enfouis sans doute à une époque de troubles, attestent selon nous le passage des gens de guerre à Étréchy en 1465.. Deux siècles après, le 23 avril 1652, l'armée des Princes ayant occupé la ville d'Étampes par surprise, Turenne résolut d'en entreprendre le siège. Parti de Chastres (plus tard Arpajon), il arrivait à Étampes avec son armée en passant par Villeconin et Boissy-le-Sec; profitant d'une revue que l'ennemi faisait en l'honneur de Mademoiselle (de Montpensier), il le surprend et le taille en pièces dans le faubourg Saint-Martin, tuant plus de six cents hommes et faisant plus de deux mille prisonniers (2). L'armée du roi reprit ensuite la route de Paris, campa aux environs d'Étréchy et deux jours après elle arrivait à Palaiseau. Elle devait du reste revenir bientôt faire le siège d'Étampes, car le 26 mai, à la nouvelle que Turenne s'approchait d'Étréchy, le comte de Tavannes, enfermé à Étampes, se fortifiait à outrance, abattant les murs et les édifices et incendiant les maisons. Du 27 mai au 5 juin, il y eut des escarmouches où beaucoup furent tués ou blessés de part et d'autre (3). Mais arrivons à un combat plus meurtrier rapporté par une Mazarinade dont nous donnons un extrait: « Le sixième de ce mois (Juin 1652) jour de la petite feste-Dieu, les troupes qui sont dans cette ville (d'Etampes), firent une sortie par la porte d'Orléans avec 200 chevaux... pour charger les troupes Mazarines commandées par le maréchal de Turenne qu'elles repoussèrent hors de leurs retranchements et lignes, dans lesquelles il demeura bien deux cent cinquante des leurs tant tuez que blessez, entre lesquels il y en eust plusieurs de qualité... De laquelle sortie les ennemis n'ayant pu avoir leur revenche comme les autres précédentes, ils demeurèrent tellement rebutez qu'ils commencèrent à se retirer de leurs retranchements le lendemain 7 de ce mois sur le midy et à faire défiler leur infanterie et charger leur bagage pour s'acheminer vers le village d'Estréchy, où ils furent poursuivis par notre cavalerie; ils peuvent avoir perdu dans l'attaque de la ville d'Estampes trois mille hommes (1) Ces renseignements sont dus à l'obligeance de M. le Dr Duhamel. (2) Dom Fleureau, p. 270. Lettre du roy envoyée à Mgr le Mal de l'Hopital sur ce qui s'est passé entre les deux armées aux environs d'Estampes. Paris, 1652, in-4º de 8 pp. (3) Dom Fleureau, p. 273 à 279.
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 +|**00000150**| 24 et plus, particulièrement plusieurs personnes de condition, beaucoup de bagages, munitions de guerre, bombes, mortiers, grenades, poudre, mèches, et quantité d'armes qui sont demeurées en ceste ville, les advenues d'icelle estant pleines des fosses de leurs morts... (1) > D'après Dom Fleureau, « les assiégés pensant qu'on levait le siège envoyèrent partout de l'infanterie pour escarmoucher, mais Turenne avait mis son armée en si bon ordre qu'il fut impossible de lui nuire, si ce n'est que l'on fit quelques prisonniers sur l'arrière-garde. Cette armée campa à Estréchy et passa le lendemain la rivière d'Estampes ». (2) La levée du siège d'Étampes est racontée différemment et d'une façon plus explicite dans une autre Mazarinade; nous y lisons en effet ce qui suit: <... Le vendredi 7 juin, Turenne fit travailler à la levée de ce siége et sur les quatre heures après midy il fit retirer la plupart de ses canons et munitions de guerre... Cela fait, la retraite fut sonnée par ses ordres aux quartiers du camp... L'infanterie commença à marcher vers Estréchy,... la cavalerie ensuite... ... Cette armée n'estoit plus que de sept à huit mille hommes, de douze mille qu'elle estoit lorsqu'ils firent les approches de la ville... ... Mais ceux d'Estampes qui les voyaient décamper ne manquèrent pas de s'apprester pour sortir. Pour cet effet, le comte de Tavannes fit mettre en estat toute la cavalerie avec les régimens de Languedoc, de Valois et trois autres qui faisoient près de quatre mille hommes, lesquels sortis, allèrent contre les ennemis et les chargèrent de telle sorte en queue, qu'ils en tuèrent plus de trois cents, les poursuivant jusques à Estrechy, l'espée aux reins. » (3) Après avoir campé à Étréchy et traversé la Juine, l'armée de Turenne alla à Itteville près de la Ferté-Alais; elle se porta ensuite à Villeneuve-St-Georges à la rencontre des troupes du duc de Lorraine. La ville d'Étampes ne fut débarrassée de l'armée des princes que le 23 juin, ceux-ci craignant la rencontre des troupes royales (4). Les environs d'Étampes eurent tellement à souffrir des effets de la guerre que la mortalité fut effrayante. Il en était de même, du (1) Lettre envoyée à M. le duc de Beaufort sur la levée du siège de la ville d Estampes... ensemble la marche de l'armée Mazarine vers le village d'Estréchy. Paris, 1652, in-4° de 7 pp. (2) Dom Fleureau, p. 279. (3) La levée du siège de la ville d'Estampes par le mareschal de Turenne avec la deffaite de son arrière-garde poursuivie jusques à Estréchy,... 1652, in-4º de 6 pp. (4) Dom Fleureau, p. 281.
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 +|**00000151**| 25 - reste, dans tout le Hurepoix, ainsi que dans la Brie, la Bourgogne, la Picardie et la Champagne. << Les villages de Châtres, Linas, etc, sont déserts, et il faut faire ce qu'on fait dans les quarante lieues de pays de St-Quentin à Sédan, dans ces quartiers où l'on n'entend parler que de meurtres, pillages, voleries, violences et sacrilèges. A Etréchy, les vivants sont mêlés avec les morts et le pays en est rempli > (1). On vit alors saint Vincent de Paul apporter ses précieuses consolations et ses secours dans les localités les plus éprouvées, amener les filles et les pères de la Mission et des serviteurs appelés aéreux (2) pour les seconder. Beaucoup de ces personnes charitables succombèrent à la tâche. En octobre 1652, l'un des missionnaires qui s'occupait des secours spirituels et temporels, ainsi que de la sépulture des cadavres corrompus, alla à Etréchy, en enterrer douze qui infectaient le pays, après quoi il tomba malade et mourut (3). Pour les malades et les pauvres on avait établi à Étampes deux cuisines; quatre autres à Étréchy, Villeconin, Guillerval et SaintArnoult. Des stations passagères de secours avaient été établies dans beaucoup de localités voisines, notamment à Boissy-le-Sec, Guillerval, Morigny, Champigny et Brières. Seule, la mort de saint Vincent de Paul, arrivée le 27 septembre 1660, mit un arrêt dans le zèle déployé presque partout en France pour les œuvres charitables qu'il avait fondées (4). La cuisine établie à Étréchy en 1652 était sans doute installée dans la maladrerie Saint-Nicolas ou dans l'Hôtel-Dieu d'Étréchy. Nous n'avons trouvé sur cette maladrerie qu'un seul document constatant sa suppression et sa réunion à l'Hôtel-Dieu d'Étampes en juin 1699 (5). La réunion à l'Hôtel-Dieu d'Étampes des autres établissements hospitaliers d'Étampes et d'Étréchy faisait partie d'une mesure générale pour toute la France. (1) Feillet. La misère au temps de la Fronde et St Vincent de Paul, 4º édit., 1868, in-8, p. 411. (2) Parce qu'ils purifiaient l'air en enterrant les morts. (3) Feillet. Ouvrage cité, p. 413. Collet. Vie de St Vincent de Paul. Recueil des relations par les Missionnaires. 1655, in-4°. (4) Feillet, id. p. 414, 446, 518. - Magasin charitable, Janvier 1653. (5) Voir la pièce justificative C. - M. Mannier, qui a publié dans la Revue nobiliaire de 1879 un travail important sur les réunions des hôpitaux, ne semble pas avoir eu connaissance de la réunion de l'Hôtel-Dieu d'Étréchy.
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 +|**00000152**| - - 26 En 1700, la ville d'Étréchy était désignée pour le logement d'une demi-compagnie de cavalerie (1). En mars 1789, lors de la réunion de l'assemblée générale des trois états du bailliage d'Étampes dans l'église Sainte-Croix, on voit comparaître comme députés: Dans l'ordre du clergé, l'abbé Le Doux, curé d'Étréchy; Dans l'ordre de la noblesse, César Marie de Chalmazel, marquis de Talaru, seigneur de Chamarande, Étréchy, Vaucelas, Mauchamp, représenté par Louis Nicolas de Bois Guyon, son procureur; Et dans l'ordre du Tiers-Etat, Pierre Louis Choiseau et Marie Pierre Choiseau, père et fils, anciens maîtres de poste et cultivateurs, bourgeois d'Étréchy, députés de cette paroisse; Louis Gilbon et Charles Simonneau, cultivateurs et députés de la communauté des habitants de Vaucelas (2). Que dire d'Étréchy sous la Terreur? Son histoire est un peu celle de la plupart des autres petites villes. En 1793, la municipalité de cette commune, qu'on appelait alors Étréchy-la-Montagne, félicite la Convention et envoie à plusieurs reprises des députés à Paris pour assister aux séances de cette assemblée. L'abbé Ledoux, curé d'Étréchy, brûle ses lettres de prêtrise, poussé sans doute à cette extrémité par le terroriste Couturier qui était en mission dans les environs d'Étampes (3). A cette époque néfaste, on avait sans doute caché les vases sacrés et les objets du culte provenant des édifices religieux, car vers l'année 1865, on a retrouvé à une certaine profondeur au-dessous du sol, près de la chapelle des Corps-Saints, un ciboire en vermeil très bas et qui, par son style, appartiendrait peut-être à l'époque mérovingienne. Par malheur, ce précieux vase a été échangé contre un autre moderne. Deux ouvrages, écrits il y a environ un siècle, citent la localité qui nous occupe. Dans Jeanne Royez ou la Bonne Mère, où l'auteur anonyme (4) a (1) Boislisle. Mém. des Intend. des généralités, 1881, in-4°. T. 1, p. 167. (2) Maxime Legrand et Léon Marquis. Les Trois Etats du Bailliage d'Étampes. 1892, in-8 pp. 175, 251 et 195. Les cahiers des Paroisses, 1896, in-8, pp. 263 et 269. (3) Procès-verbaux de la Convention. T. 4, p. 263; T. 16, p. 202: T. 25. p. 224; Τ. 40, p. 95; Т. 42, p. 276. (4) François Marlin, connu sous le nom anagrammatique de Milran.
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 +|**00000153**| 27 - écrit en 1794 l'histoire de sa mère et raconté ses voyages en France, on lit qu'il a passé par Étampes en venant de Toury et d'Orléans et qu'il a été hébergé généreusement à Étréchy et à Saint-Mard (Chalo-Saint-Mard). (1) << Voilà Etréchy, c'est un village pour moi d'un souvenir hospitalier, j'en parlerai ailleurs » (2), s'écrie le même anonyme dans les Voyages d'un Français. (3) Nous avons dit que cette localité s'appelait autrefois Étrechy-leLarron. D'après Dom Morin, historien du Gâtinais, elle était ainsi nommée parce que ses auberges et hôtelleries étaient remplies de filous et de joueurs qui dévalisaient les passants, de connivence avec les hôteliers (4). S'il faut en croire l'abbé Lebeuf, historien du diocèse de Paris, la vallée de Torfou et la ville d'Étréchy étaient tristement célèbres du temps de la maréchale de Bassompierre (XVIIe siècle), par les meurtres et les vols de deux de ses gardes-chasse. Ces serviteurs indignes s'embusquaient sous une roche pour dévaliser et égorger les voyageurs. Ils s'affublaient d'habits de différents ordres et de livrées les plus distinguées, changeant de forme et de figure plusieurs fois par jour. Mais ils finirent par être découverts et arrêtés, puis traduits en justice et condamnés au dernier supplice. D'après une ancienne pièce imprimée devenue rare, dont le titre nous échappe et qui doit être réimprimée, un seigneur de Bois-Morand, passant à cheval sur la route de Paris, aurait été attaqué par des bandits, mais n'ayant pas eu le temps d'accomplir leur forfait par suite de l'arrivée fortuite d'autres passants, ils éventrèrent le cheval, puis cachèrent dans son abdomen, débarrassé des entrailles, Bois-Morand qui n'était que blessé ; après quoi ils recousirent le ventre de l'animal. Le cavalier, dit le narrateur, dut son salut à cette circonstance singulière, sinon invraisemblable, qu'il respirait par les fondements du cheval. Étréchy ne mérite plus son ancienne épithète, c'est aujourd'hui (1) Jeanne Royez.,. Paris, Le Normand, 1814, 4 vol. in-12. T. 2. p. 231. (2) Voir Jeanne Royez. (3) Voyages d'un Français de 1775 à 1807. Paris, Guillaume, 1817, 4 vol. in-8 Τ. 1, p. 275. Quérard. Supercheries litt. Art. Jeanne Royez. (4) Dom Morin. Histoire du Gâtinais, p. 479.
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 +|**00000154**| 28 - une localité paisible où quelques bourgeois d'Étampes vont établir leur résidence. Louis-Isidore Foye, né à Étampes le 24 janvier 1779, sous-préfet d'Étampes en 1830 et député de cette ville de 1834 à 1837, mourut à Étréchy vers 1853. Le Dr Alexandre Bouret, né à Saclas, exerçait la médecine à Étréchy vers 1841 et mourut au même lieu en 1872. Bien connu par ses opinions avancées, il publia en 1851 une plaquette intitulée: Quarante jours de cellule, où il raconte sa vie, son incarcération en 1851 pour raisons politiques, le revirement dans ses idées, et sa conversion par l'abbé Brossard, vicaire de Saint-Basile d'Étampes. Les habitants d'Étréchy se livrent à l'exploitation de pavés de grès, au commerce des chevaux, à l'agriculture et à la fabrication des meules de moulins; mais cette dernière industrie a beaucoup souffert depuis la transformation des usines et l'adoption presque générale des cylindres, qui font, dit-on, de meilleure farine. Des fabriques d'un tout autre genre se sont quelquefois substituées aux moulins comme cela a eu lieu pour le moulin de Vaux, près d'Étréchy, qui est transformé en manufacture de bijouterie et d'articles pour bicyclettes. Nous nous arrêtons à cette chronique trop contemporaine. Nous voulions nous borner à noter quelques faits et quelques personnages peu connus. Heureux si, entraîné par nos recherches, nous avons réussi en même temps à faire revivre certains monuments oubliés ou disparus et à mentionner certains détails qui paraissent avoir été inconnus de nos anciens historiens. L. MARQUIS.
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 +|**00000155**| Pièces justificatives A Arrêt du Conseil du Roi portant Réunion de la maladrerie d'Etrechy à l'Hôtel-Dieu d'Etampes (1). « Veu par le Roy en son conseil, les avis du sieur archevêque de Sens et du *sieur Phélypeaux, conseiller d'Estat, intendant et commissaire départi en la généralité de Paris, sur l'employ à faire au proffit des pauvres, des biens et revenus des maladreries, hospitaux et autres lieux pieux y mentionnés du diocèse de Sens, en exécution de l'édit et des déclarations des mois de mars, avril et aoust 1693; ouy le raport du sieur Le Camus, maistre des requestes et des sieurs commissaires deputez par Sa Majesté pour l'exécution desdits édits et déclarations, et, tout considéré, Le Roy en son conseil, en exécution desdits édit et déclarations, a uni et unit à l'Hôtel-Dieu de la ville d'Estampes les biens et revenus de la maladrerie de Saint Lazare de ladite ville, le quart du total du revenu de l'Hospital de Saint Jacques de l'Espée dudit Estampes payable chacun an par les relligieux Barnabites de ladite ville suivant l'arrest du Conseil du 13 novembre 1693, et les biens et revenus de la maladrerie d'Estréchy pour estre lesdits revenus employez à la nourriture et entretien des pauvres malades dudit Hostel-Dieu, à la charge de satisfaire aux prières et services de fondation dont peuvent estre tenues lesdites maladreries de recevoir les pauvres malades d'Estréchy à proportion des revenus de la maladrerie dudit lieu et de payer la somme de trois cens livres par chacun an ausdits relligieux Barnabites sur les revenus de ladite maladrerie d'Estampes, conformément audit arrest, et en conséquence ordonne Sa Majesté que les tiltres et papiers concernans lesdites maladreries, biens et revenus en dépendans, qui peuvent estre en la possession de Me Jean Baptiste Macé, cy devant greffier de la Chambre roialle aux archives de l'ordre de Saint-Lazare, et entre les mains des commis et préposez par le sieur intendant et commissaire départi en la généralité de Paris, mesme en celles des chevaliers dudit ordre, leurs agens, commis et fermiers ou autres qui jouissoient desdits biens et revenus avant l'édit du mois de mars 1693, seront délivrez aux administrateurs dudit Hostel-Dieu; à ce faire les dépositaires contraints par (1) La maison bâtie sur l'emplacement de la maladrerie Saint-Nicolas s'appelle encore aujourd'hui Maison Saint-Nicolas; elle est située sur la route près le pont sur lequel passe la voie ferrée et qu'on appelle dans le pays: Pont-Royal.
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 +|**00000156**| 30 touttes voies, ce faisant ils en demeureront bien et valablement déchargez, et pour l'exécution du présent arrest seront touttes lettres nécessaires expédiées. (Signé: Boucherat, Le Camus, de la Reynie, de Marillac, Ribeyre, de Harlay, de Fourcy, de Richebourg, Le Blanc, de la Vieuxville). A Paris, le 15 avril 1695. » (Archives nationales, V6 1166 n° 15.) B « Mémoire pour M. Jean-Lazare Henrion, prêtre, ancien chanoine de l'Eglise de Vendôme, Chapelain de la Chapelle des Corps-Saints d'Etréchy, et en cette qualité Seigneur du Fief de Bretigny, intimé, Contre le sieur Marquis de Chalmoisel, ayant repris au lieu du feu sieur comte de Chamarande, appelant (1). Il s'agit, au procès entre les parties, au rapport de M. de Maupéou, de l'appel de deux sentences rendues au Bailliage d'Estampes, sur une demande formée par le sieur Henrion, contre le sieur Comte de Chamarande, afin d'exhibition des titres et contracts d'acquisition, de passer titre nouvel et reconnaissance par nouveaux tenans, des héritages qu'il possède en roture dans l'étendue de la seigneurie de Bretigny, sise dans le bourg d'Étréchy, suivant que les dits héritages sont détaillés dans l'exploit de demande et dans une Requête particulière et d'en payer les Lods et Rentes... Par la première, il est ordonné que le sieur comte de Chamarande sera tenu d'exhiber ses titres et contracts d'acquisition. Par la deuxième, l'exécution de la première est ordonnée, sinon et à faute de ce faire, il est condamné à payer 25 années de cens et rentes..... Il n'a pas été difficile au sieur Henrion de faire voir au sieur comte de Chamarande, qu'il s'en faut bien qu'il soit seigneur universel sur tout le territoire d'Étréchy puisque non seulement le fief de Bretigny qui y est situé, a une existence certaine, mais qu'il y a plusieurs autres seigneuries dans l'étendue dudit territoire et notanıment la Commanderie de Chaufour. Le sieur Henrion en a rapporté la preuve et il n'est pas possible de s'y refuser... D'ailleurs le sieur comte de Chamarande prétendra-t-il que c'est justifier qu'il possède lesdits héritages en fief, par le rapport qu'il fait de prétendues déclarations qu'il s'est fait passer des terres qui sont comprises dans les aveux et dénombremens fournis par les précédents Chapelains de la Chapelle des Corps Saints, dans les papiers terriers et dans les saisies féodales du fief de Bretigny... Il oublie que dans le territoire d'Étréchy est situé le fief de Bretigny dont il ne peut plus contester la réalité, et la Commanderie de Chaufour appartenant à l'ordre de Malte, qui a une seigneurie distincte dans ledit territoire. (1) (S. 1. n. d.) (1735 environ). In-folio de 4 pages. Bibliothèque de l'Arsenal. Factums, procès modernes. Tome 3, J. 5242.
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 +|**00000157**| - - 31 Toute la question du procès que l'on a affecté de rendre considérable par le nombre de pièces qui y ont esté produites et par la multitude des écritures, est des plus simples. Elle se réduit à un seul point de fait. Le Sr Henrion a-t-il un fief appelé Bretigny dépendant de la Chapelle des Corps Saints d'Etréchy, situé dans ledit lieu d'Etréchy ou n'en a-t-il point ? L'on peut dire avec confiance que la réalité de ce fief ne peut être évoquée en doute. Le Sr Henrion a rapporté et produit tant en la cause principale qu'en la cour, tous les titres de propriété de ce fief et seigneurie de Bretigny. Ils consistent, ces titres, en aveux et dénombremens fournis aux Sgrs Suzerains, en foy et hommages, en papiers terriers et censiers; enfin, en titres respectables et authentiques et de fondation. Il en rapporte entre autres un qui ne peut être critiqué ni effacé: il est gravé sur une pierre en manière d'épitaphe, qui est apposée le long d'un mur de la Chapelle des Corps Saints. Voici les termes de ce titre : Salut: tous présens et à venir, que Arnault de Viscaret vouloir pourvoir au salut des âmes de ses père et mère et de ses bienfaicteurs et pour spécialement Anchiel jadis demeurant en la ville d'Étréchy, a donné, cédé, quitté, transporté et délaissé pour la fondation et augmentation de la Chapelle des Saints Corps, Saint Can, Saint Cantien et Sainte Cantienne, fondée en la ville d'Étréchy près la ville d'Estampes, tout et tel droit, toute propriété, seigneurie et actions, tant en propriété, possessions, censives qu'autrement, en quelque sorte que ce soit, que ledit Arnault avoit et pouvoit avoir en certains héritages, rentes, revenus et autres droits assis audit lieu d'Étréchy et terroir d'iceluy, qui furent audit Anchiel, à la charge, etc. Le sieur Henrion ne s'étendra pas sur la quantité et sur la qualité des titres produits au procès... Il sait avec combien d'attention la cour aura la bonté de les examiner et il espère de sa justice ordinaire la confirmation des sentences dont est appel. Monsieur de Maupeou, rapporteur. Daude, proc. Dupin. >>> C Ordonnance du roi portant réunion de l'Hôtel-Dieu d'Etréchy à l'Hôtel-Dieu d'Etampes. << Louis par la grâce de Dieu, Roy de France et de Navarre. A tous présens et à venir, Salut. Mes bien amés les administrateurs de l'Hostel-Dieu de la ville d'Estampes, diocèse de Sens, nous ont fait remontrer que par nos édits et déclarations des mois de mars, avril et août 1693, nous aurions desuny de l'ordre de N.-D. du Mont-Carmel et de Saint-Lazare les maladreries et léproseries qui y avoient esté jointes et incorporées par autres; nostre édit du mois de décembre 1672, déclarations et arrêts rendus en conséquence, et celles remises aux hospi-
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 +|**00000158**| - - 32 taux desquels avoient esté désunies, ce qui a donné lieu à l'arrest rendu en nostre conseil le 6 février de la présente année 1699, portant union audit Hostel-Dieu de la ville d'Estampes des biens et revenus de l'Hospital de Saint-Jean-SaintAntin et Hostel-Dieu de Buval scitués dans les Fauxbourgs d'Estampes et ceux de l'Hostel-Dieu d'Estréchy, et qu'à cet effet toutes lettres nécessaires en servir expédiées. Lesquels ils nous ont très humblement fait supplier leur vouloir accorder à ces causes après avoir fait voir en nostre conseil le susdit arrest rendu en iceluy le 6 febvrier dernier et attaché sous le contre-scel de nostre chancellerie et désirant que nosdits édits et déclarations des mois de mars, avril et août 1693, soient exécutés selon leur forme et teneur, nous avons joint, réuni et incorporé, et par ces présentes signées de nostre main, joignons, réunissons et incorporons audit Hostel-Dieu de la ville d'Estampes les biens et revenus dudit Hospital de SaintJean-Saint-Antin et Hostel-Dieu de Buval scitués dans les Fauxbourgs d'Estampes, et ceux dudit Hostel-Dieu d'Estréchy pour en jouir du rer juillet 1695, à estre lesdits revenus employés à la nourriture et entretien des pauvres malades dudit Hostel-Dieu d'Estampes à la charge de satisfaire aux prières et services de fondation dont peuvent être tenus ledit Hospital de Saint-Jean-Saint-Antin et lesdits Hostels-Dieu de Buval et d'Estréchy, et de recevoir les pauvres malades du lieu et paroisses où est situé ledit Hostel-Dieu d'Estréchy à proportion de son revenu. Et en conséquence, ordonnons que les titres et papiers concernant ledit Hospital de Saint-Jean-Saint-Antin et lesdits Hostels-Dieu de Buval et d'Estréchy, biens et revenus en dépendans qui peuvent estre en la possession de Me JeanBaptiste Macé cy devant greffier de la chambre royalle aux archives de l'ordre de Saint-Lazare et entre les mains du commis préposé pour le Sr intendant et commissaire par nous départy en la généralité de Paris, même en celle des chevaliers dudit ordre, leurs agens, commis ou serviteurs ou autres qui jouissent desdits biens et revenus avant nostre édit du mois de mars 1693, seront délivrés auxdits administrateurs dudit Hostel-Dieu d'Estampes; à ce faire les dépositaires contraints par touttes voies; ce faisant, ils en demeureront bien et valablement deschargez. S'y donnons et mandons à nos amés et féaux, les gens tenans nostre cour de Parlement de Paris que ces présentes ils fassent registrer et de leur contenu jouir et user lesdits administrateurs dudit Hostel-Dieu de la ville d'Estampes et ceux qui leur succèderont en ladite qualité, plainement, paisiblement et perpétuellement, cessant et faisant cesser tous troubles et empêchements, nonobstant tous édits, déclarations, arrests et règlements au contraire auxquels nous avons dérogé et dérogeons par lesdites présentes, car tel est nostre plaisir, et afin que ce soit chose ferme et stable à toujours, nous avons fait mettre nostre scel à cesdites présentes. Donné à Versailles, au mois de juin, l'an de grâce mil six cent quatre-vingtdix-neuf, et de nostre règne le cinquante-septième. Signé, Louis. - Par le roy, Philippeaux. (Archives nationales, X 1 nº 8694, Fo 255).
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 +|**00000159**| 33 B. HAURÉAU Au moment de mettre sous presse la dernière feuille de ce bulletin, nous apprenons la triste nouvelle de la mort de Monsieur Barthélemy HAURÉAU, le membre éminent de l'Académie des inscriptions et belles-lettres et le très regretté Président de notre Société. Nous avions déjà subi une pénible épreuve en perdant M. J. Laroche qui avait présidé à nos débuts et que nous avions espéré garder longtemps, et voici qu'un nouveau deuil vient frapper notre jeune Société qui, dès sa seconde année, a perdu ses deux premiers Présidents. Dans sa séance du 1er mai dernier, M. Schlumberger, Président de l'Académie des inscriptions et belles-lettres, annonça à ses collègues la grande perte que venait d'éprouver l'Académie; puis, avant de lever la séance en signe de deuil, il retraça en termes émus la vie si bien remplie de M. Hauréau. Jean-Barthélemy Hauréau était né à Paris le 9 Novembre 1812. Après avoir fait ses études aux Collèges Louis-le-Grand et Bourbon et collaboré activement à divers journaux, il alla s'établir au Mans où il séjourna de 1838 à 1845 et où il se livra à ces travaux de haute érudition qui lui ont valu une juste renommée. M. Schlumberger cite entre autres ses recherches sur la philosophie scolastique et surtout la publication des tomes XIV, XV et XVI du Gallia Christiana, qui traitent des Métropoles de Tours, Vienne et Besançon et qui valurent plusieurs fois à leur auteur le grand prix Gobert. Rentré à Paris, Hauréau fut nommé, en 1848, Conservateur des manuscrits à la Bibliothèque nationale; presque en même temps le département de la Sarthe l'envoyait à la Constituante et l'Académie des Sciences morales et politiques lui décernait un prix pour son mémoire sur l'Examen critique de la philosophie scolastique. Après la dissolution de l'assemblée, Hauréau renonça à la politique; au 2 décembre, il donna sa démission de Conservateur à la Bibliothèque nationale et vécut quelque temps de son travail. En 1861, il fut nommé Bibliothécaire de l'ordre des Avocats de Paris et, en 1862, il fut choisi pour occuper à l'Académie des inscriptions une place qu'il occupa pendant 44 ans avec autant de distinction que de savoir. C'est dans cette période qu'il publia un certain nombre d'ouvrages d'érudition et de bibliographie critique parmi lesquels on doit citer l'Examen des œuvres de Hugues de St-Victor et les Singularités historiques et littéraires, où se révèle son talent de chercheur heureux.
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 +|**00000160**| - 34 En 1870, après le 4 septembre, Hauréau fut nommé Directeur de l'Imprimerie Nationale; il y resta jusqu'en 1882; ces douze années furent encore profitables à la science, car de nouveaux et savants ouvrages virent le jour pendant cette période. Après avoir ainsi retracé l'existence si laborieuse, si digne en même temps du savant et de l'homme de bien, et montré par de nombreux traits de quels sentiments libéraux et patriotiques il fut constamment animé, le Président de l'Académie rappelle que d'illustres amitiés auxquelles Hauréau témoigna toujours un attachement inaltérable, avaient honoré et charmé sa vie; en 1893, déjà octogénaire, il n'hésita pas, en souvenir de l'une d'elles qui lui était particulièrement chère, à accepter la direction de la fondation Thiers, à laquelle il se consacra avec une volonté, une énergie bien rares dans un âge aussi avancé. C'est là que la mort est venu le frapper, debout à son poste, en homme du devoir qu'il avait toujours été. Résumant cette vie austère et laborieuse, M. Schlumberger termine l'éloge de M. Hauréau par ces belles paroles qu'il nous plaît de citer textuellement: <<< Il était d'une politesse grave, très bon sous une apparente << froideur, bienveillant, accueillant pour les jeunes; il avait sur- << tout un parfait esprit de justice, la plus profonde, la plus rigou- <<< reuse honnêteté. Plein de fougue généreuse dans sa jeunesse, <<< ses opinions s'étaient fort modifiées avec l'âge. Il avait cessé <<< d'être journaliste vers la quarantième année de sa vie; il n'y <<< avait plus en lui qu'un savant, un de ceux qui ont le plus honoré << la France. Sa mémoire vivra parmi nous comme celle d'un des << plus profonds érudits, d'un des plus nobles cœurs qui aient ho- << noré la science et leur pays ». La Société de Corbeil-Étampes s'honorera en s'associant à ces belles paroles et en unissant ses regrets à ceux de la docte assemblée au sein de laquelle elles ont été prononcées. Nous perdons du même coup un illustre président qu'il nous sera très difficile de remplacer et en même temps un aimable collaborateur qui nous avait déjà donné un article très remarqué (1), surtout par nos confrères d'Étampes, et qui nous en avait fait espérer d'autres plus intéressants encore. Si la mort de M. Hauréau est un deuil cruel pour la science, elle est une perte irréparable pour nous, et il nous faut toute notre énergie et notre volonté pour ne point nous laisser abattre par ce coup douloureux et trouver la force de continuer l'œuvre que nous avons entreprise. (1) Guillaume et Guy d'Étampes, 1er bulletin, pp. 1 à 4. A. D.
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 +|**00000161**| SOCIÉTÉ HISTORIQUE & ARCHÉOLOGIQUE DE CORBEIL, D'ÉTAMPES ET DU HUREPOIX COMPTE-RENDU DES SÉANCES SÉANCE DU CONSEIL D'ADMINISTRATION Tenue à la Sous-Préfecture de Corbeil le 22 août 1896. Présidence de M. le Dr BOUCHER, Vice-Président. Étaient présents: MM. le Dr Boucher, A. Dufour, V. de Courcel, Maxime Legrand, J. Barthélemy, Mottheau, l'Abbé Colas et Jarry. Absents excusés: MM. de Linière, G. de Courcel, Mareuse, J. Depoin, J. Lemaire, Lasnier et l'Abbé Bonnin. Il est fait hommage à la Société, par leurs auteurs, des ouvrages suivants : Principaux droits de l'Abbaye de Saint Germain-des-Pres en Seineet-Oise. Vues de l'Abbaye en 1368, 1410, 1640, par M. l'Abbé Bonnin, curé d'Ablon. Paris, Desclée, 1896, in-12. Ablon-sur-Seine. Recherches historiques, par le même. Paris, Lecène-Oudin, 1890, in 8°, gravures. Le trésor d'Antoing (Belgique), par M. le Chanoine Marsaux, curé de Chambly (Oise). Extrait de la Revue de l'art Chrétien, T. VII. Ire livr. de 1896. Etudes historiques sur la réforme dans le Vermandois. L'Eglise de St Quentin de 1599 à 1620, par M. le Pasteur Jacques Pannier. Extrait du Bulletin historique et littéraire de la Société de l'histoire du protestantisme français - 1895-1896. BULLETIN. - 2. 5
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 +|**00000162**| 36 La Société a également reçu les bulletins 3, 4 et 5, année 1896, de la Société de l'histoire de Paris et de l'Ile de France dont elle est correspondante. M. le Président rappelle en termes émus les décès récents de MM. Charles Jozon et G. Bonnefoy, tous deux de Corbeil; il exprime les regrets sincères que cause à tous les membres de la Société historique de Corbeil-Etampes la perte de ces collègues distingués. A l'unanimité, le Conseil décide qu'il est de son devoir de témoigner aux deux familles, si tristement éprouvées, la grande part que la Société prend à leur profonde douleur, et il charge M. le Président d'être son interprète auprès d'elles. Il est fait lecture d'une lettre de M. Caillot-Gerson, de Massy, par laquelle il donne, pour raisons de santé, sa démission de membre de la Société. Le Conseil prononce ensuite l'admission des onze nouveaux membres dont les noms suivent: M. l'Abbé FRITSCH, curé d'Étréchy, présenté par MM. Marquis et Dufour. Mme LECACHEUR, de Corbeil, présentée par MM. Boucher et Dufour. M. l'Abbé DESRUES, curé de Limours, présenté par MM. Dufour et Lemaire. M. JOZON (Maurice), notaire à Corbeil, présenté par MM. Boucher et Dufour. M. LE PAIRE (Jacques-Amédée), de Lagny (Seine-et-Marne), présenté par MM. Dufour et Pasquet. M. l'Abbé GLIMPIER, curé de Santeny, présenté par MM. de Linière et Pasquet. M. le Chanoine GALLET, de Versailles, présenté par MM. Dufour et l'Abbé Colas. M. LEROY (Jules), de Corbeil, présenté par MM. Boucher et Dufour. M. LAISNEY, Directeur des grands moulins de Corbeil, présenté par MM. Boucher et Lasnier. M. GÉRARD (Octave), avoué à Corbeil, présenté par MM. Calliet et Jarry. M. l'Abbé LÉGER, curé de Domont, présenté par MM. l'Abbé Colas et Dufour. M. le Président parle du musée dont la Société a entrepris la création dans l'église de Saint Jean en l'Isle, gracieusement mise à
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 +|**00000163**| 37 sa disposition par son propriétaire, M. Darblay. Il rappelle qu'une demande de concours a été adressée au Conseil municipal de Corbeil, par le Conseil de la Société, et qu'il appartient à l'Assemblée générale, seule, de résoudre cette question. Dans le but, ditil, de satisfaire un désir fréquemment exprimé, le bureau du Conseil a décidé que cette réunion aurait lieu à Etampes et il en a fixé la date au 19 octobre 1896. Le Secrétaire-général donne lecture d'une note élogieuse pour la Société, que M. J. Depoin a insérée dans les mémoires de la Société de Pontoise (1). Des remercîments sont votés à M. J. Depoin, le très érudit Secrétaire-général de la Société de Pontoise, qui fait aussi partie de la Société de Corbeil-Etampes. Au nom de M. J. Périn, de Ris, M. Dufour émet le vœu que cinq pierres tombales, très intéressantes, qui se trouvent dans l'Eglise de Longpont, soient relevées et fixées au mur afin de les sauver de la détérioration complète dont elles sont menacées. L'une de ces dalles recouvre, ou recouvrait, la tombe d'Hodierne, femme de Guy, Seigneur de Montlhéry, qui mourut vers 1060. Ses restes étaient dans le cimetière et ils furent rapportés dans l'église, en 1641, par Michel le Masle, Prieur de l'Abbaye. Hodierne et son époux ont été les fondateurs du Prieuré de Longpont; ce titre suffit à justifier l'intérêt qui s'attache à la conservation de la tombe d'Hodierne, celle de Guy de Montlhéry n'existant plus. A la suite de cette communication, le Conseil décide de s'associer au vœu de M. J. Périn et de le transmettre à la Commission des antiquités et des arts de Seine-et-Oise. M. Mottheau, de Brunoy, signale l'existence de curieux débris provenant d'une fontaine en marbre, avec personnages, paraissant remonter à l'époque de François I, et qui ont été trouvés à Vauxla-Reine, ancienne résidence d'Isabeau de Bavière, non loin de Combs-la-ville. M. Mottheau y a encore trouvé des carreaux vernissés en assez grand nombre, qui lui ont paru plus anciens que la fontaine. Il croit que ces objets, qui sont d'une réelle valeur archéologique, pourraient être acquis, sans grande dépense, pour le musée de St Jean en l'Isle. Le Conseil remercie M. Mottheau de son intéressante communication et décide de la prendre en sérieuse considération. (1) Tome XVIII, page XVII.
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 +|**00000164**| 38 Parlant du 2me bulletin de 1896, le Secrétaire général dit que les éléments en sont à peu près rassemblés, qu'il s'occupe de les mettre en ordre et qu'il espère que le prochain bulletin paraîtra avant la fin de l'année. M. le Président termine la séance en saluant la mémoire de M. de Goncourt, décédé récemment à Champrosay, près de Corbeil, chez M. Alphonse Daudet, son ami. Le Conseil s'associe à l'hommage rendu par M. le Président à la mémoire de l'éminent écrivain. Assemblée Générale Tenue à l'Hôtel-de-Ville d'Etampes le 19 Octobre 1896. Présidence de M. BLAVET, Vice-Président. En ouvrant la séance, le Président constate avec satisfaction que la réunion est nombreuse, car 60 personnes environ, dont plusieurs dames, sont venues des arrondissements et même des départements voisins pour y assister; il fait agréer les excuses de plusieurs membres empêchés, puis il prononce l'allocution suivante: Mesdames, Messieurs, Messieurs de Corbeil, comme on disait au siècle dernier, nous vous souhaitons la bienvenue. Permettez-moi de vous dire combien nous sommes heureux et fiers de vous recevoir dans notre vieille ville d'Etampes pour y tenir vos premières assises. Sous la direction de notre zélé et sympathique historiographe Etampois, il vous a été donné de visiter avec fruit les principaux monuments de notre antique cité. J'espère que vous en emporterez le meilleur souvenir et que, dans un temps peu éloigné, vous nous reviendrez pour continuer chez nous vos intéressantes études archéologiques. Et maintenant, me reportant par la pensée aux vues et aux vœux qui ont présidé à la création de la Société historique et archéologique de Corbeil, d'Etampes et du Hurepoix, je serai l'interprète de tous, fondateurs et nouveaux venus, en lui souhaitant prospérité et longue vie. Ces bonnes paroles, simplement dites, sont accueillies avec une faveur marquée par l'assemblée, puis le Président donne la parole au Secrétaire-général pour lire son rapport sur la situation et les travaux de la Société pendant l'année courante 1896. Ce rapport est ainsi résumé:
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 +|**00000165**| 39 Messieurs, Appelé pour la première fois à vous rendre compte de la situation et des travaux de notre société, je suis heureux de constater avec vous que les espérances que nous avions formées au début se sont pleinement réalisées; le nombre des personnes qui sont venues se joindre à nous a subi une marche ascendante très satisfaisante, car après une année d'existence, notre société compte aujourd'hui 137 membres et tout nous fait espérer que la progression que nous constatons se continuera. Paris et l'arrondissement de Corbeil nous ont amené la majeure partie de nos sociétaires, il nous en est venu de tout Seine-et-Oise et même de départements très éloignés, et c'est un plaisir pour moi de vous apprendre que nos publications vont jusqu'en Turquie. Nous désirerions cependant que notre excellente voisine, la bonne ville d'Etampes, qui nous fait aujourd'hui l'honneur de nous recevoir, pût nous envoyer quelques membres nouveaux afin d'être représentée plus largement parmi nous et de justifier plus complètement le titre de notre société. Nous avons ici la qualité par quelques membres très dévoués, je le sais, et nous apprécions les efforts qu'ils font pour nous amener aussi un peu la quantité; nous les en remercions de grand cœur en souhaitant vivement que leur propagande soit couronnée de succès. Je n'ai point à vous parler ici des différentes phases que notre société a traversées pour parvenir à sa constitution définitive, vous avez pu en prendre connaissance dans nos bulletins périodiques. Nos statuts ont été approuvés par l'autorité préfectorale et un règlement intérieur a été élaboré pour définir les droits et les devoirs de chacun de nous. 1 Usant de l'article XI des statuts, plusieurs de nos confrères ont eu l'heureuse pensée de fonder un musée à Corbeil, œuvre éminemment utile, destinée à réunir et à conserver des objets, souvent intéressants pour notre contrée, qui nous échappent ou se perdent la plupart du temps faute d'un asile pour les recevoir. Cette pensée, approuvée par votre Conseil d'administration, a pris corps grâce à la généreuse bienveillance de M. Darblay, qui a gracieusement consenti à louer à notre société, pour un prix des plus modiques (1 fr. par an), l'ancienne église des Chevaliers de St Jean de Jérusalem, un charmant édifice du XIIIe siècle, bien connu des archéologues, et qui sera le plus merveilleux cadre que l'on puisse rêver pour un musée. La reine Isburge, la malheureuse épouse de PhilippeAuguste, bien connue ici à Etampes pour avoir été retenue captive dans votre imposant donjon de Guinette, passe pour avoir été la fondatrice de l'église de St Jean en l'Isle de Corbeil, où elle fut inhumée en 1236, et nous déplorons aujourd'hui la perte de son curieux tombeau, détruit en 1793 par le vandalisme révolutionnaire, et qui eût été le monument le plus intéressant de notre futur musée. Des pourparlers ont été engagés avec le Conseil municipal de Corbeil, en vue de faire concourir la ville à l'établissement de notre musée. Tous les détails de cette affaire vont vous être exposés, et il vous appartiendra d'en décider.
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 +|**00000166**| 40 En 1895, notre première année, nous avons publié deux bulletins, à l'exécution desquels nous avons apporté tous nos soins. Votre Conseil d'administration, avec l'aide du Comité de publication, s'est efforcé, dans la mesure des ressources restreintes encore de notre société, de faire œuvre de bibliophile, en vous donnant des publications, dont l'exécution matérielle, nous l'espérons, ne vous aura rien laissé à désirer. Le premier de ces bulletins débutait par un article fort intéressant « Guillaume et Guy d'Etampes », dû à l'éminent membre de l'Institut, M. Hauréau, notre regretté Président que nous n'avons pas encore remplacé. Le zèle et le dévoûment de nos aimables Vice-Présidents ont suffi jusqu'à ce jour à la tâche nouvelle que leur imposait cette peite regrettable, mais des négociations sont entamées pour combler le vide laissé par M. Hauréau et nous espérons pouvoir bientôt vous annoncer la nomination d'un nouveau Président. Une modeste étude sur le Culte de St Spire à Corbeil et à Ballancourt, par M. A. Dufour, faisait suite à l'article de M. Hauréau; cette notice, intéressante pour Corbeil, était accompagnée de la reproduction d'une gravure aussi rare que curieuse. Venaient ensuite quelques pages dues à notre Confrère anonyme R. de L. et relatives aux travaux qui s'exécutaient alors dans l'église de St-Germain-lèsCorbeil. Le 2e bulletin de cette même année 1895 contenait d'abord une très intéressante notice de notre sympathique confrère, M. Maxime Legrand, sur la Chapelle et la fontaine de St Symphorien d'Etampes, dans laquelle il a su faire la lumière sur un point de topographie locale, obscur et discuté jusqu'à présent. M. l'Abbé Colas, curé de Soisy-sous-Etiolles, nous a donné ensuite, sous ce titre: Une page de l'histoire de Soisy-sous-Etiolles, un article très documenté sur Gilles Malet, l'éminent bibliothécaire de Charles V, qui était en même temps Seigneur de Soisy et vicomte de Corbeil. Notre savant confrère, M. Mareuse, a tenu, lui aussi, à apporter son appoint à notre bulletin en lui donnant la traduction d'un extrait du poème rarissime de Rombise, sur son voyage en France au 17e siècle, qu'il a intitulée: Une mention de Corbeil en 1639 et qu'il a enrichie de notes explicatives. Ce 2e bulletin se terminait par la tre partie de la consciencieuse monographie d'Etrechy et des fiefs environnants, due à M. Léon Marquis, l'érudit enfant d'Etampes, pour qui l'histoire de son pays n'a rien d'étranger et qui consacre, avec un zèle digne d'éloges, ses quelques loisirs à tout ce qui se rapporte à sa ville natale et à ses environs. Ne voulant pas trop empiéter sur l'année 1896, non encore terminée et dont le compte rendu doit appartenir à la prochaine Assemblée générale, c'est-à-dire en 1897, je ne vous parlerai que pour mémoire et en peu de mots du rer bulletin de cette année courante, dans lequel vous avez pu lire les notices suivantes: Une victime de la Terreur à Arpajon, par M. Lorin, un sympathique confrère de Rambouillet; Un quartier de Corbeil, par A. Dufour, avec deux gravures; la suite et
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 +|**00000167**| 41 la fin de la notice sur Etrechy et les fiefs environnants par M. Léon Marquis, et une notice nécrologique sur le regretté M. Hauréau. Le second bulletin de 1896 est à l'impression et ne tardera pas à paraître. Il contiendra une très intéressante étude archéologique de notre collègue, M. l'abbé Marsaux, curé-doyen de Chambly (Oise), sur une curieuse chasuble ancienne conservée dans l'église de Viry-Chatillon. Cette étude sera accompagnée de deux gravures représentant la chasuble sur ses deux faces. Nous aurons encore un important article sur l'histoire et la description de l'église de St Germain-lès-Corbeil'; ce sera une monographie complète de cet intéressant monument et je me risque à commettre l'indiscrétion de vous dire que cette monographie doit servir de prétexte à de très belles illustrations (1). D'autres notices nous sont promises et tout nous fait espérer que notre prochain bulletin ne sera pas inférieur aux précédents ni pour la forme, ni pour le fond. Vous le voyez, Messieurs, notre Société marche, progresse et travaille, suivant en cela le but qu'elle s'était proposé. Merci à vous tous qui l'avez encouragée de votre influence, aidée de vos cotisations; merci aussi aux vaillants travailleurs qui nous ont permis, par leurs travaux, de vous donner des bulletins, non seulement beaux, mais intéressants et qui continueront, nous en avons l'espoir, à nous favoriser du résultat de leurs recherches et de leurs études, et, en terminant permettez-nous de vous adresser une prière: Travaillez tous, chers confrères, à faire connaître notre Société parmi vos connaissances et vos amis, ameneznous des adhérents nouveaux dont les cotisations nous permettront de faire mieux et plus que nous n'avons fait jusqu'à présent: l'argent, on l'a dit assez souvent, est le nerf, non seulement de la guerre, mais aussi de toutes les créations, et celle du musée de Corbeil que nous avons entreprise, va nous obliger à des travaux et à de nouvelles dépenses. Nous comptons donc sur vous tous pour nous faire une active et fructueuse propagande et nous aider dans la mesure de vos forces et de vos relations. M. le trésorier donne ensuite lecture de son rapport sur la situation financière de la Société à la fin de l'exercice 1895; il a augmenté l'intérêt de ce document en y ajoutant les états comparatifs de l'année 1896 jusqu'à ce jour 19 octobre. Nous donnons ci-dessous l'analyse de cet intéressant rapport qui sera inséré in-extenso au registre des procès-verbaux: SITUATION FINANCIÈRE DE LA SOCIÉTÉ AU 31 DÉCEMBRE 1895. A cette époque il avait été encaissé : (1) Les soins artistiques qu'exige ce travail ont occasionné des retards qui nous obligent à ajourner la publication de cette notice au premier bulletin de 1897.
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 +|**00000168**| 42 9 fondations à 100 fr. 79 cotisations à 10 fr. 14 cotisations à 5 fr. . . Recettes diverses en plus des souscriptions A la même date les dépenses effectuées s'élevaient à 900 fr. 790 fr. 70 fr. .. .. .. 9 fr. 03 Total 1769 fr. 03 586 fr. 30 Il restait donc un excédent de recettes de. 1182 fr. 73 Représenté par un livret de caisse d'épargne se montant à 952 fr. 03 Et numéraire en caisse. . 230 fr. 70 Somme égale: 1182 fr. 73 Pour l'année 1896, les recettes et les dépenses jusqu'à ce jour, 19 octobre 1896, présentent les chiffres suivants: Excédent de recettes de 1895. Cotisations de 1896 et recettes diverses. 1182-73 : 1098-21 Total des recettes: 2280-94 Les dépenses pendant la même période se sont élevées à. 562-92 L'excédent de recettes s'élève donc à. 1718-02 Cette dernière somme est représentée par un livret de Caisse d'épargne dont le montant à ce jour est de. 1525-24 Et numéraire en caisse. 192-78 Somme égale : 1718-02 L'Assemblée approuve les comptes ci-dessus et vote des remerciments à MM. le Trésorier et le Secrétaire-général pour leurs intéressants rapports. M. le Président invite l'assemblée à examiner les propositions du Conseil municipal de Corbeil, relatives au musée, et à prendre une résolution à leur sujet. Plusieurs orateurs sont successivement entendus et, après une assez longue discussion, M. J. Périn, de Ris, présente l'ordre du jour suivant: La Société historique et archéologique de Corbeil, d'Étampes et du Hurepoix, réunie en Assemblée générale, le 19 octobre 1896, à l'Hôtelde-Ville d'Etampes, regrette de ne pouvoir accepter les conditions que le Conseil municipal de Corbeil a mises à son concours, en vue de l'organisation et de l'aménagement du musée, créé par la Société dans l'Eglise St Jean en l'Isle. Elle estime qu'il est preférable qu'elle conserve sa liberté d'action, indispensable, selon elle, à la réussite et à la prospé-
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 +|**00000169**| - - 43 rite de l'œuvre qu'elle a entreprise. Elle espère néanmoins que la ville de Corbeil voudra bien confier au musée, à titre de dépôt conditionnel, ses collections particulières. Cet ordre du jour, mis aux voix par M. le Président, est voté à la presque unanimité des membres de la Société. Il est décidé en outre que l'extrait du procès-verbal de la séance, relatant les conclusions et l'ordre du jour adoptés par l'Assemblée générale, à propos de la question du musée de St-Jean, sera communiqué à la municipalité de Corbeil, par les soins de M. le Secrétaire. M. Paul Ravaut, maire du Coudray-Montceaux, désirant apporter son concours pécuniaire à la création du musée de St-Jean, s'engage, si l'Assemblée veut bien agréer sa proposition, à verser annuellement, entre les mains du trésorier, une somme de cinquante francs, qui sera affectée spécialement à ce musée. L'Assemblée accepte avec reconnaissance l'offre qui lui est faite par ce généreux donateur. Le Secrétaire-général annonce à l'assistance qu'un bienfaisant anonyme, dont il ne lui est pas permis de révéler encore le nom, a promis une rente annuelle de cent francs en faveur du musée. Cette communication est également accueillie par des applaudissements. M. le Président dépose sur le bureau un Christ en bois sculpté provenant de Marseille-le-Petit (Oise) et il convie l'assistance à admirer cette œuvre curieuse qu'il estime très ancienne. M. Maxime Legrand obtient de l'Assemblée de vifs remerciements à l'adresse de M. Forteau, d'Etampes, qui fait hommage à la Société de son étude sur les paroisses du canton de Méréville. M. Mottheau, de Brunoy, émet le vœu que des cartes personnelles soient distribuées à tous les sociétaires; ces cartes, dit-il, faciliteraient l'entrée des musées, mairies, bibliothèques et églises à tous les chercheurs de documents historiques et archéologiques. Cette demande, très appuyée, est adoptée par l'Assemblée; le Secrétaire-général est chargé de faire le nécessaire à ce sujet. M. le Président rappelle qu'aux termes de l'article VII des statuts, l'Assemblée générale de la Société doit procéder au renouvellement partiel des membres du Conseil d'administration. Le tirage au sort ayant désigné pour sortir en 1896, MM. G. de Courcel, Depoin, Abbé Genty, Lasnier, Mareuse, Pasquet et Jarry,
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 +|**00000170**| 44 ces Messieurs sont renommés membres du Conseil d'administration pour trois années. SÉANCE DU CONSEIL D'ADMINISTRATION Tenue à la Sous-Préfecture de Corbeil le 23 Novembre 1896 Présidence de M. le Dr BOUCHER, Vice-Président. Présents: MM. Boucher, de Linière, Dufour, Lasnier, J. Barthélemy, Martellière, Mottheau, Mareuse, G. de Courcel, V. de Courcel, A. Pasquet, Abbé Colas et Jarry. Sont excusés: MM. les Abbés Genty et Bonnin et M. J. Périn. M. Max. Legrand, d'Etampes, offre à la Société les deux premiers volumes de son important ouvrage, Les trois états du bailliage d'Etampes aux Etats-géneraux, ainsi que les huit premières livraisons de son intéressante publication, si artistiquement illustrée, Etampes pittoresque. De vifs remerciements sont votés à l'adresse de M. Max. Legrand. On a reçu également le tome XVIII des mémoires de la Société historique et archéologique de l'arrondissement de Pontoise et du Vexin, Société qui est correspondante de celle de Corbeil. Le Conseil prononce les admissions suivantes: M. l'Abbé Massuchetti, curé de Viry-Châtillon, présenté par MM. l'Abbé Colas et Dufour. M. Lot (Thomas), de Brunoy, présenté par MM. Mottheau et Dufour. M. Maille-Saint-Prix, au Château de la Grange, présenté par MM. Boucher et Lasnier. M. Darnet (Jérôme), greffier en chef du tribunal de Corbeil, présenté par MM. Devouges et Jarry. M. Garnier (Paul), de Paris, présenté par MM. Radot et Lasnier. M. Gibert, ancien percepteur à Corbeil, présenté par MM. Lasnier et Dufour. M. Humbert-Droz, imprimeur à Etampes, présenté par MM. Мах. Legrand et Blavet. M. Delessard, de Lardy, ingénieur des arts et manufactures, présenté par MM. J. Périn et Delessard, de Ris. M. Guilbert (Denys), avocat à Paris, présenté par MM. l'Abbé Géhin et Dufour. Mlle Basserie (J. P.), au Mans (Sarthe), présentée par MM. l'Abbé Géhin et Dufour.
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 +|**00000171**| - - 45 Le Conseil accepte les démissions motivées de MM. Chamberet, de Paris, et Savary, de Villecresnes. Le Secrétaire-général annonce que le second bulletin de 1896 est sous presse; plusieurs articles sont déjà imprimés et il espère pouvoir le mettre en distribution, au plus tard, en janvier prochain; il ajoute que la notice de M. Lorin, de Rambouillet, sur le procès d'Anisson-Duperron, est ajournée, et que la monographie de l'église de St Germain sera reportée au bulletin suivant, par suite des retards qu'entraîne l'exécution de la partie iconographique de ce travail. Sur la proposition de M. Dufour, le Conseil émet le vœu que des pierres tombales, placées dans le dallage de l'église de Vert-lePetit, soient relevées afin d'en assurer la conservation. M. le SousPréfet, présent à la séance, veut bien se charger de faire le nécessaire à ce sujet. M. Barthélemy propose de déposer au musée, des chapiteaux et d'autres débris lapidaires provenant de l'église de l'ancien monastère de Notre-Dame des Champs, fondé à Essonnes par Suger, au temps de Louis VI; débris qu'il a trouvés dans sa propriété d'Essonnes, qui occupe l'emplacement de ce monastère. L'offre de M. Barthélemy est acceptée avec remerciements. Le Conseil décide que le recouvrement des souscriptions volontaires annuelles, consenties en faveur du musée, ne sera opéré par M. le Trésorier qu'à partir du 1er janvier 1897. Conformément au règlement, le Conseil procède à la nomination du bureau de la Société. L'ancien bureau est maintenu en fonctions et ses pouvoirs sont renouvelés pour une année. Avant de clore la séance, M. le Président rappelle que M. Humbert-Droz, d'Etampes, a gracieusement offert les charmants menus qui ont été si admirés lors de la récente excursion à Etampes; et que le réel succès de cette journée du 19 octobre dernier est dû en grande partie à M. Maxime Legrand, qui s'est multiplié pour en assurer la réussite dans tous ses détails. M. le Président pense donc être l'interprète de tous en adressant les plus vifs remerciements de la Société à MM. Maxime Legrand et Humbert-Droz.
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 +|**00000172**| EXCURSION DE LA SOCIÉTÉ HISTORIQUE ET ARCHÉOLOGIQUE DE CORBEIL, ÉTAMPES ET HUREPOIX à Etampes Le 19 Octobre 1896 Compte-rendu du Réveil d'Étampes du 24 Octobre 1896 Depuis longtemps et à plusieurs reprises, les membres de la Société avaient exprimé le désir de faire une promenade archéologique à Etampes, la charmante ville si féconde en souvenirs et si riche en monuments. La tenue de l'Assemblée générale en ayant fourni l'occasion, il fut décidé en Conseil que cette excursion aurait lieu le 19 octobre 1896, et le succès remporté ce jour-là par la Société de Corbeil, d'Etampes et du Hurepoix a dépassé, on peut le dire, toute espérance. Le temps, chagrin depuis quelques jours, a bien voulu, pour la circonstance, suspendre ses rigueurs, et le soleil lui-même a daigné sortir des nuages pour recevoir dignement nos visiteurs. Quarante personnes avaient répondu à l'appel du bureau et parmi elles plusieurs dames, bravant à la fois les menaces d'un ciel incertain et la sécheresse ordinaire de ces sortes de réunions, avaient tenu, ainsi que l'a fait spirituellement remarquer l'honorable président, à y apporter le charme qui fait si souvent défaut à ces excursions. Nous ne pouvons citer tout le monde, mais on nous en voudrait de passer sous silence la présence de M. le baron de Courcel, Ambassadeur de France en Angleterre et Sénateur de
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 +|**00000173**| 47 Seine-et-Oise, qui n'a cessé de donner à la Société naissante les plus précieux encouragements. A défaut de M. Léon Marquis, l'historien des Rues d'Etampes, retenu à Paris, quelques amateurs étampois s'étaient donné rendez-vous à la gare pour souhaiter la bienvenue à la Société et diriger les excursionnistes. C'est par la tour de Guinette que la promenade a commencé et c'était justice: A tout Seigneur tout honneur! Après avoir contemplé de la terrasse le joli panorama d'Etampes et s'être fait nommer de loin les principaux monuments, les sociétaires ont pénétré dans le donjon dont ils ont admiré la masse imposante et plus d'un détail d'architecture. Le monument a été jugé à sa valeur par de véritables amateurs et nous ne serions pas étonnés de voir se produire d'ici peu quelque opinion neuve, quelque vue toute spéciale sur certains points encore énigmatiques. En regagnant la place de la gare, les excursionnistes y trouvaient des omnibus qui les conduisaient immédiatement à l'église SaintMartin, dont la belle ordonnance et la pureté du style ont fait sur plus d'un une profonde impression. M. Dujardin, membre de la Commission des Antiquités et des Arts de Seine-et-Oise, en a fait admirer les parties les plus remarquables. Les belles pierres tombales, retrouvées il y a quelques années, ont eu, en particulier, les honneurs d'un examen attentif. Les archéologues, désireux de les voir conserver à la postérité, ont émis le vœu de voir relever celle qui sert actuellement de marche aux fonts baptismaux et qui est signée de Le Moyne, ainsi que celle qui sert de table d'autel dans une des chapelles de l'abside. En revenant de Saint-Martin, quelques-uns ont visité Saint-Gillesau-Marché, ses pierres tombales et son retable de bois sculpté, œuvre de Legendre; d'autres, plus pressés, ont regagné le GrandCourrier où un déjeûner... archéologique attendait tout le monde. Rien ne creuse comme une promenade matinale. Aussi les quarante convives de M. Lirot (qui s'était ce jour-là surpassé) ont-ils fait honneur au menu, au dos duquel s'étalaient d'élégantes vignettes, tirées d'Etampes Pittoresque, représentant nos principaux monuments et signées R. Ravault (1). (1) Etampes Pittoresque, en cours de publication, est en souscription permanente à l'imprimerie Humbert-Droz à Etampes, 16, rue Saint-Mars. Huit livraisons ont déjà paru, au prix de 25 ou 50 centimes l'une, selon la qualité du papier. ト ​ |**00000174**| - - 48 Au dessert, M. le docteur Boucher, président, a prononcé la charmante allocution suivante que nous sommes heureux de pouvoir reproduire: Mesdames, Messieurs, C'est à mon collègue, monsieur Blavet, qu'aurait dû échoir l'honneur et le grand plaisir de présider notre amicale réunion d'aujourd'hui. Vous savez la pénible circonstance qui l'éloigne de nous; nous lui adressons, avec nos regrets, l'expression de notre douloureuse syınpathie, qui ne peut être suspecte de la part d'habitants de Corbeil, car madame Blavet était notre compatriote et a laissé, parmi ceux de nous qui l'ont connue, le meilleur et le plus respectueux souvenir. Nous savons que notre Société s'abrite sous les vocables de Corbeil, d'Etampes et du Hurepoix, et nous désirions depuis longtemps, afin de justifier notre titre, qu'une de nos assemblées générales se tint dans cette ville d'Etampes, si riche en souvenirs historiques et en monuments intéressants. Je remercie donc nos collègues d'Etampes, et particulièrement, M. Maxime Legrand, qui ont si bien organisé notre réunion. C'est avec un vif plaisir, avec une grande curiosité, que nous, qui nous intéressons aux choses et aux monuments du passé, avons admiré cette vieille tour de Guinette, vestige imposant du château féodal ruiné par Henri IV, après avoir subi tant d'assauts et de sièges mémorables. Quel excellent souvenir ne garderons-nous pas de notre visite, sous la conduite de M. Dujardin, à l'église Saint-Martin, et à sa tour penchée. Cette perle d'Etampes a excité chez nous tous autant d'étonnement que d'admiration. Nous avons encore à voir Saint-Gilles, Saint-Basile, dont nous avons apercu, en passant, le splendide portail, la belle et curieuse église Notre-Dame, dont nous avons déjà, du haut de la terrasse de Guinette, admiré le gracieux et élégant clocher. Nous aussi, Messieurs, nous avions à Corbeil une église Notre-Dame, la plus grande et la plus belle de notre ville, avec un clocher semblable; elle a malheureusement été désaffectée sous la Révolution, ce qui a entraîné sa ruine et finalement sa démolition. Des souvenirs moins austères et plus gracieux se rencontrent à Etampes, où nous trouvons la trace du séjour de la belle Anne de Pisseleu, faite duchesse d'Etampes par son royal amant, François Ier. C'est en son honneur qu'un poète du temps a donné pour étymologie à Etampes le nom de Tempé, cette douce vallée célébrée par Virgile et les poètes anciens. Ce n'est pas sans émotion, que nous verrons cette maison curieuse qu'habita Diane de Poitiers, qui fut successivement aimée par trois rois, et tint en échec la beauté et l'esprit de Catherine de Médicis. L'on ne pouvait mieux faire que de la consacrer à un musée qui contient déjà bien des richesses intéressantes pour l'art et pour l'histoire de la ville d'Etampes. Après un hommage rendu au courage civique du maire Simonneau, vous per-
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 +|**00000175**| - 49 mettrez à un médecin de s'incliner devant la belle statue de Geoffroy-SaintHilaire, le grand naturaliste. Vous ne me pardonneriez pas, Messieurs, de taire ici le doux nom de Rose Chéri, une autre enfant d'Etampes, aussi célèbre par son grand talent d'artiste que par ses vertus domestiques et son dévouement maternel. Messieurs, je bois d'abord aux dames qui ont bien voulu honorer notre réunion de leur gracieuse présence. Je bois à la ville d'Etampes et à nos collègues Etampois. En l'absence de M. Blavet, Vice-Président de la Société pour Etampes, retenu par un deuil récent, et qui s'était réservé de souhaiter la bienvenue à nos visiteurs lors de leur entrée en séance, personne ne s'est cru autorisé à adresser au Président des remerciements pour les paroles flatteuses qu'il venait de prononcer à l'endroit d'Etampes et des Etampois. Après lui, M. Delessart, avocat, a spirituellement rappelé que la bouche, au dire d'un philosophe de l'antiquité, avait été donnée à l'homme pour trois choses: parler, manger et bailler; que la Société venait d'entendre très bien parler; quelle avait, ma foi, très bien mangé, et qu'il était certain qu'à la réunion personne ne serait tenté d'accomplir la troisième fonction. Il a terminé en levant son verre à la prospérité de la Société et à son Président. Enfin, M. Ravaut, de Sainte-Radegonde, a rallié tous les suffrages en portant un toast à M. le baron de Courcel, dont la présence était pour la Société un précieux témoignage d'intérêt. A son tour, M. le baron de Courcel demande la parole. En termes charmants, il résume très bien le rôle de la Société, et, avec un mot aimable pour tous, remercie les personnes qui, ce jour-là, ont bien voulu se dévouer à l'œuvre commune, sans oublier les hôtes, M. et Mme Lirot, dont la cuisine archéologique a mis tout le monde en bonne humeur. M. de Courcel a été fort applaudi. Puis, l'heure s'avançant, chacun s'empressa de gagner l'hôtel-deville, saluant au passage Geoffroy-Saint-Hilaire, donnant un regard, trop rapide, à la tourelle de la maison des Barnabites, propriété de la famille d'Aug. Magne, dont on rappelait en chemin les œuvres principales, puis à la porte de la gendarmerie, vieux reste du palais du Séjour; enfin à ce qui fut l'emplacement de l'église collégiale de Sainte-Croix.
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 +|**00000176**| 50 Une rapide visite des salles de l'hôtel-de-ville, très admirées, et la séance commence. En l'ouvrant, M. Blavet, Vice-Président, adresse à l'Assemblée un petit discours tout plein de cordialité et de paroles accueillantes, qui est écouté par l'assistance avec une faveur marquée (1). L'ordre du jour est examiné et les articles se déroulent avec une furia toute francese; on sent que l'heure tourne et qu'il reste encore bien des choses à voir. Compte rendu de la situation de la Société, compte rendu financier, tout cela est enlevé non sans un vote de félicitations et de remerciements au zélé Secrétaire-général et au Trésorier. La question de fondation d'un musée à Corbeil par la Société, le morceau capital de la réunion, amène des discussions intéressantes. Il en ressort que la Société désire un musée, mais, le désire independant et ce avec raison. Un propriétaire d'une rare générosité, M. Darblay, lui loue, comme local pour installer le nouveau-né, l'église des chevaliers de Saint Jean en l'Isle. Quel cadre pour un musée, surtout quand ce cadre coûte i fr. par an ! Reste le côté subvention. Grâce à deux généreux donateurs, dont l'un se fait connaître en séance aussi bon confrère qu'aimable compagnon, la question est résolue. L'ordre du jour s'enlève à la grande majorité. De même pour les élections. Les pouvoirs du bureau sont renouvelés par acclamation. Quel exemple pour plus d'une assemblée délibérante! Et c'est à peine si les derniers votes sont consignés qu'une partie des congressistes est déjà devant le Pont-Doré, l'hôtel Saint-Yon et NotreDame. Là, il faut bien se partager la besogne, et ce n'est pas de trop de MM. Dujardin, Leproust et Legrand pour faire connaître le curieux monument fondé par le roi Robert, dont le mur crénelé constitue une rareté à peu près sans seconde. On tire sa montre: Maison d'Anne de Pisseleu! Vite un regard à cette frise, un autre à cette tourelle coiffée en cloche, encore un à ce mascaron, qui fut le portrait du roi-chevalier, et déjà l'on s'engouffre sous la voûte de la maison de Diane de Poitiers qui abrite maintenant le musée. On se répand dans les salles; les exclama- (1) L'allocution de M. Blavet a été reproduite au compte-rendu de l'Assemblée générale, page 40.
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 +|**00000177**| 51 - tions, les demandes, les réponses se croisent; ici une critique, là un compliment; on s'incline devant nos gloires étampoises: Narcisse Berchère, Louise Abbéma et autres, et l'on sort ayant à peine vu, ayant beaucoup à dire, regrettant l'heure fugitive. Un dernier rayon de soleil accompagne l'entrée des sociétaires à Saint-Basile, dont le curieux souhait d'achèvement: Faxit Deus perficiar, attire tous les regards et sollicite toutes les réflexions; bas-côtés, boiseries, bas-reliefs, peintures, on voit tout à la hâte ; on soupire de regret en donnant un simple coup d'œil à un beau portail roman qui vaudrait à lui seul de longues minutes d'examen. La visite d'Etampes, commencée en manière de promenade, finit par un << steeple-chase », et les quelques amateurs à qui les beautés de l'antique n'ont point fait perdre le souvenir des renommées du temps présent, ont à peine eu le temps de dévaliser les pâtissiers de l'endroit, qu'un coup de sifflet strident retentit. Des poignées de maîns, des: <<< Au revoir! » et les voilà partis, nos hôtes d'un jour, emportant peut-être une agréable impression de leur voyage, mais laissant certainement derrière eux, dans le cœur de ceux qui ont eu le plaisir de les guider, le plus aimable et le plus excellent souvenir. M. L.
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 +|**00000178**| LA CHASUBLE DE VIRY-CHATILLON L'église de Viry-Châtillon, remaniée et trop modernisée à l'extérieur, offre à l'intérieur quelques particularités intéressantes. On y remarquera des colonnes du XIIIe siècle avec chapiteaux à crochets; dans les bas-côtés, des boiseries de style Louis XV, finement sculptées; enfin dans le chœur une toile assez bonne, malheureusement peu éclairée, représentant une vision de Saint Romuald, fondateur des Camaldules (1). Le visiteur ne perdra donc pas son temps, s'il s'arrête un instant à Viry. Cependant notre visite avait un autre objet. Le revestiaire, comme on disait autrefois, possède une chasuble tissée et brodée qui nous paraît mériter une description. Commençons par en faire l'historique. La chose est facile, grâce aux renseignements qu'a bien voulu nous communiquer M. l'abbé Massuchetti, curé de la paroisse. La chasuble de Viry, avant de venir enrichir la sacristie de son église, appartenait à la chapelle du Château d'Altoz, en Westphalie, que possédait un oncle de Madame veuve Bardoulat, une habitante de Châtillon, hameau de Viry. A la mort de ce parent, cette dame, devenue son héritière, en fit don à sa paroisse. C'est à cette époque, en 1874, que la Chasuble, qui était sur un fond or très usé, subit la transformation dont nous parlerons tout à l'heure. Il faut distinguer dans cet ornement deux parties: l'étoffe du (1) Ce tableau est une copie, peut-être même une répétition du tableau d'Andrea Sacchi conservé au Vatican. Il provient très probablement du couvent des Camaldules qui se trouvait non loin de Viry, dans la forêt de Sénart.
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 +|**00000183**| 53 fond et les orfrois. L'étoffe du fond est toute moderne ainsi que les galons qui ont été placés sans grand souci de les harmoniser avec les orfrois. C'est une moire verte; ce qui est à la fois un anachronisme et une erreur au point de vue artistique. La moire ne saurait convenir aux ornements anciens, et par ses reflets ondoyants elle nuit aux broderies. Ce n'est pas une valeur, un fond mat serait préférable. C'est à l'époque où la chasuble a été donnée à l'église que les orfrois ont été ainsi appliqués sans goût sur le fond actuel. Cette critique faite, sans accuser ni les personnes, ni les intentions, mais par respect de la vérité, abordons la description des orfrois. Dans toute chasuble, du moins dans les chasubles de forme française, on distingue trois orfrois: deux verticaux, un dans la partie antérieure et un dans la partie postérieure, un troisième orfroi est horizontal et destiné à couper en croix l'orfroi de la partie postérieure. Nous trouvons ces trois orfrois dans notre chasuble, mais l'orfroi horizontal est d'une autre provenance, comme nous le prouverons bientôt. Il a été juxtaposé pour former la croix. Ces trois orfrois sont tissés et brodés tout à la fois. Les têtes et les mains des personnages sont brodées, tandis que le reste est tissé. Il fallait nécessairement recourir à la broderie pour rendre les chairs; on n'aurait pu, au tissage, obtenir la même finesse. L'artiste a eu également recours à la broderie pour tracer les plis des vêtements. Ce mélange est un cachet d'origine et constitue un travail curieux dont nous connaissons peu d'exemples (1). C'est bien le style d'outre-Rhin. Les orfrois, à imayges, pour employer le terme médiéval, sont tissés sur fond vieil or. Commençons par l'orfroi du dorsal. Il présente 1º l'Apôtre Saint Paul, en chasuble, forme ample (2), de couleur bleue (3) à doublure rouge. Il porte une épée, instrument de sa décapitation, son insigne ordinaire. Son nom était inscrit au-dessous. Par suite de l'adjonction de l'orfroi horizontal, l'inscription se trouve mala- (1) On conserve au Musée de Kensington une bande brodée en ouvrage de Cologne, c'est le même procédé; les têtes sont brodées pendant que tout le reste du dessin est tissé. Cf. Ernest Lefébure, Broderies et dentelles, page 101, fig. 43. (2) Ou peut-être la pénule antique qui a été l'origine des chasubles. (3) La couleur bleue, prohibée par la liturgie romaine, a été en usage autrefois et est encore admise en Espagne.
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 +|**00000184**| - - 54 droitement reportée au-dessous de l'image du Christ. Elle est, comme toutes les autres, en lettres semi-gothiques: S. Paulus. 2º Au-dessous du Christ on voit Sainte Barbe. Elle est vêtue d'une robe rouge, bordée d'hermine, et tient une tour de la maindroite et une palme de la main gauche. La caractéristique est complète. L'hermine rappelle sans doute la haute naissance de la sainte, car son père était un homme de qualité; la tour est là en souvenir de la prison où elle fut enfermée; la palme est un symbole de son martyre. En dessous on lit: S. Barbara. 3º Enfin au bas de l'orfroi, un guerrier, la tête nimbée, vêtu d'une cotte de mailles, appuyant la main droite sur son écu: de gueules à neuf besants d'or posés 2, 2, 2, 2 et 1. Il tient de la main gauche une lance, dont la hampe de couleur verte est terminée par une banderole également de gueules portant le même meuble. Il est difficile de l'identifier; connaissant l'origine allemande de l'ornement, il n'est pas téméraire de penser à Saint Géréon (Géronce ou Géronte, formes du même mot), très honoré au delà du Rhin. Il y a à Cologne une église dédiée à Saint Géréon, mélange de byzantin et de gothique, construite au XIIIe siècle (1). Mais que signifie le blason? L'orfroi que nous venons de décrire est coupé au-dessous de l'image de Saint Paul par un orfroi horizontal, qui n'était pas fait pour cet ornement. Il est du reste très beau et très soigné. Au centre on voit le Christ. Il porte un manteau de pourpre, attaché par un pectoral en forme de quatrefeuilles, orné de cabochons. Autour de sa tête on voit un nimbe crucifère fleurdelisé. La bordure est décorée de gemmes. Il bénit de la main droite et tient de la gauche le globe du monde, sommé d'une croix, dont les branches se terminent par des quatrefeuilles. Il est abrité par un dais en forme d'arcade trilobée avec trèfles aux points de rencontre des cercles. L'arcade repose sur deux colonnes trapues surmontées de pinacles en forme d'édicules. A l'extrémité des bras on lit, écrit verticalement en caractères gothiques, le mot Jhesus. L'orfroi de la partie antérieure comprend trois sujets: En commençant par le haut: 1º Saint Pierre, vêtu de la pénule ou d'une chasuble à ample forme. Il tient de la main droite une clef (1) Dans les stalles de cette église, St Géréon est représenté debout et armé. Cf. Migne, Dict. d'iconographie, col. 247.
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 +|**00000185**| 55 - ajourée au centre, et terminée par un anneau en forme de losange. Dans sa main gauche est un livre ouvert. La clef, on le sait, est l'emblème du pouvoir spirituel confié par Jésus-Christ au chef des Apôtres, et le livre est le symbole de la doctrine. On le donne souvent aussi à Saint Paul, pour le même motif, car nous lisons dans une antienne du bréviaire romain: << Petrus apostolus et Paulus doctor gentium ipsi nos docuerunt legem tuam, Domine. » Au-dessous de l'Apôtre on lit en lettres gothiques : S. Petrus. 2º Sainte Catherine, le front ceint d'une couronne, pour rappeler son titre de princesse, appuyant sa main gauche sur l'épée de sa décollation. Devant elle est un objet difficile à préciser; nous pensons qu'il s'agit de la roue qui éclata au lieu de la torturer. Sainte Catherine porte le surcot étroit qui était le costume en vogue au xvIe siècle, époque que nous croyons pouvoir assigner à l'ornement. 3º Saint Nicolas. Il est vêtu d'un amict paré, d'une chasuble rouge, avec orfrois en forme d'Y, qui est précisément celle adoptée longtemps par l'Allemagne. Il tient de la main droite une crosse dont la volute se termine par un trèfle; dans la main gauche on voit trois boules d'or, qui rappellent les trois bourses qu'il donna à trois jeunes filles pour les empêcher de se livrer au vice (1). Enfin sa tête nimbée porte une mitre rose décorée de deux orfrois de pourpre, l'un en titre, l'autre en cercle. Le bas du corps fait défaut ainsi que l'inscription; l'orfroi a sans doute été coupé pour s'adapter à la forme de nos chasubles écourtées. Une planche vaut mieux que toutes les descriptions. Nous sommes heureux de donner ici la reproduction des photographies que nous devons à l'obligeance de notre collègue et ami, M. Martin Sabon. On pourra se faire une idée du bel ornement de Viry. Outre la chasuble ci-dessus décrite, signalons encore une bannière de Sainte Luce, seconde patronne de la paroisse (le patron principal est Saint Denis). Cette bannière (2), qui remonte à la fin (1) Dans une peinture de Sainte-Marie de la Paix, à Rome, Saint Nicolas est représenté en costume grec, tenant un livre ouvert, sur lequel sont placées trois boules d'or. (2) Primitivement cette bannière, don de la duchesse de Raguse, était double. Elle portait d'un côté l'effigie de Saint Denis; de l'autre celle de Sainte Luce. La bannière a été dédoublée, et l'image de Sainte Luce, appliquée sur un fond différent, est traitée de la même façon que celle de Saint Denis.
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 +|**00000186**| 56 du siècle dernier ou au commencement de ce siècle, est brodée au point lancé. L'artiste, malheureusement, ne savait pas broder les figures; la tête de la Sainte est en carton peint et elle est loin d'être un chef-d'œuvre. Quoi qu'il en soit, cette bannière est d'un bon genre et nous paraît bien préférable aux personnages habillés de clinquant et de paillettes d'or, bourrés de coton pour leur donner plus de relief, qu'on voit sur tant de bannières, produits du mercantilisme. C'est le fléau de l'art religieux. L. MARSAUX, curé-doyen de Chambly.
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 +|**00000187**| LES CLOCHES DE SOISY-SOUS-ÉTIOLLES Une fête splendide, qui avait attiré un concours considérable de spectateurs, a été célébrée dans le charmant village de Soisy-sousEtiolles, le 25 mai de cette année. C'était le lundi de la Pentecôte; jamais foule aussi nombreuse ne s'était rassemblée dans cette petite église, dont le décor gracieux est si universellement goûté. La cérémonie du baptême des cloches est une fête assez rare et bien propre à exciter la curiosité de tous. Soisy venait d'en acquérir de nouvelles que l'on allait baptiser et tous, à l'envi, remplis encore du souvenir de la Savoyarde, voulaient les voir, les entendre. Pour cet heureux village, ce n'était pas chose nouvelle, mais les générations qui avaient été témoins de cet intéressant spectacle, n'étaient plus là pour en raconter les curieux détails. C'est ainsi qu'au mois de juillet 1641, deux cloches furent baptisées (1); elles remplaçaient trois anciennes cloches, que l'Eglise avait possédées, comme le prouve l'extrait suivant d'un testament, daté du 14 avril 1611 (2). <<< Le dit testateur veult et entend que le marguillier soit tenu à faire sonner << la grosse cloche trois fois, et la faire tinter un quart d'heure durant, auparavant « le salut, et durant la procession, faire sonner les trois cloches à branle... » En 1719, le 21 septembre, nouveau baptême d'une cloche qui fut nommée Marie-Magdeleine. Six ans plus tard, le 15 juillet 1725, eut lieu semblable cérémonie pour la grosse cloche; elle reçut les noms de Nicole-Louise-Marthe-Clémence; le parrain fut Monsieur de Bailleul, seigneur de Soisy, la marraine Madame de Courchamp (3). (1) Archives départementales; registre de Soisy. (2) Archives de la Mairie de Soisy; registres paroissiaux. (3) Ibid.
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 +|**00000188**| 58Le clocher qui jusque-là se trouvait au milieu de l'église, s'écroula le 29 mars 1728 et les cloches s'en ressentirent bien probablement, car en 1774, quatre cloches nouvelles furent fondues: elles portèrent les noms de Éléonore, Sophie, Césarine et MarieLouise, et furent baptisées le 7 juillet de cette même année. Pendant la tourmente révolutionnaire, trois d'entre elles furent enlevées du clocher, la quatrième, Marie-Louise, fut seule épargnée. Elle portait cette inscription: « L'an 1774, j'ai été bénite par Mre Réné Antoine Mellet prêtre gradué en l'Université de Paris, et nommée Marie Louise par le très-haut et très-puissant Seigneur Louis César baron de Choiseul, capitaine de gendarmerie, brigadier des armées du roy, ambassadeur de la Cour de France près le roy de Sardaigne, et par très-haute et très-puissante dame Marie Sophie Eléonore de Choiseul, veuve de très-haut et très-puissant Seigneur Jean Charles Joseph d'Andigné, comte de Vesins, lieutenant du roy en Saumurois, dame de Soisy-sur-Seine. Gervais Merger, marguiller en charge. Louis Bourot, marguiller. Pierre Mascé, marguiller contable. >>> Pendant plus d'un siècle, c'est-à-dire jusqu'au 16 octobre 1895, cette unique cloche appela aux offices paroissiaux les habitants de Soisy, en même temps que sa voix retentissante leur annonçait au loin les heures qui s'écoulaient. Quelques anciens se souvenaient qu'elle avait été fêlée il y a une trentaine d'années à l'occasion du mariage de la fille du jardinier du château, et, depuis ce temps, le son s'en était trouvé altéré. Un jour qu'elle venait de sonner l'Angelus de midi et que le bedeau annonçait le trépas d'un pauvre ouvrier, sous les coups du battant, la fente, presque imperceptible, s'agrandit démesurément; la pauvre cloche était devenue aphone et il fallut songer à la remplacer. Une souscription fut • ouverte par les soins de M. le Curé et, grâce à la générosité des habitants, on put rendre au clocher une partie de son antique richesse, c'est-à-dire deux cloches nouvelles. L'une, Charlotte-Louise-Eugénie, pèse 705 kilogrammes, l'autre Amélie-Marie-Louise, en pèse 514. L'ancienne ne pesait que 480 kil. Elles furent bénites par M. le chanoine Vigeas, curé de Notre-Dame de Versailles, délégué à cet effet par Sa Grandeur Mgr Goux, Evêque du diocèse. L'Archiprêtre de Corbeil, M. l'abbé Benoist, dans un sermon religieusement écouté, fit ressortir avec éloquence le rôle des cloches.
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 +|**00000189**| 59 - Voici les inscriptions de chacune d'elles. « J'ai été bénite le 25 mai 1896 pour remplacer Marie Louise baptisée en 1774 avec ses trois sœurs, enlevées en 1793. J'ai été appelée Charlotte Louise Eugénie par Charles Denys Albert de Vandeul, parrain; et par dame Adélaïde Augustine Boichard Vve Mauban, marraine. Curé, Mre Louis Eugène Colas; Président de Fabrique, Charles Philippe; trésorier, Jules Goulet, chevalier de la légion d'honneur; marguillier, Ernest Commelin; maire de Soisy-sous-Etiolles, Gaston Allain. Chambon, fondeur à Montargis, Loiret. L'image de la Ste Vierge, et celle d'un Évêque. J'ai été bénite le 25 mai 1896. J'ai été appelée Amélie Marie Louise par Léon Charles Chevalier, Conseiller-Maître à la Cour des Comptes, officier de la légion d'honneur, parrain; et par dame Sophie Augustine Jolly Vve Lepage, marraine. Curé, Mre Louis Eugène Colas; Président de Fabrique, Charles Philippe; trésorier, Jules Goulet, chevalier de la légion d'honneur; marguillier, Ernest Commelin. Chambon fondeur à Montargis, Loiret. Cette belle cérémonie laissera d'inoubliables souvenirs que la voix harmonieuse des cloches rappellera à chaque instant aux générations futures. E. COLAS, Curé de Soisy-sous-Etiolles.
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 +|**00000190**| LETTRES INÉDITES DE JABINEAU DE LA VOUTE Henry Jabineau de la Voute naquit à Etampes le 30 mars 1724, de Pierre Jabineau de la Voute, procureur au bailliage, prévôt, juge civil et criminel du prieuré de Saint-Pierre. Après avoir fait ses études à Paris, il entra chez les prêtres de la Doctrine Chrétienne à l'âge de seize ans et passa le temps de son noviciat dans leur maison de Saint Charles. Envoyé comme professeur au collège de Vitry-le-François, il en devint ensuite le recteur. Etant janséniste comme sestompatriotes les Hémard de Danjouan et l'abbé Michel Godeau, il refusa de signer le formulaire, et conséquemment il n'était pas entré dans les ordres. Mgr. de ChoiseulBeaupré, évêque de Châlons, l'ordonna prêtre et voici comment: Le feu ayant consumé la petite ville de La Fère-Champenoise faisant partie de son diocèse, il fit son possible pour secourir les incendiés. Un jour, conversant avec Poncet des Essarts, qui avait dépensé beaucoup d'argent pour soutenir l'église janséniste de Sainte Gertrude d'Utrecht, celui-ci lui dit: <<< Vous vous plaignez, Monseigneur, de manquer de bons sujets et vous les écartez par votre formulaire et votre bulle: vous avez à Vitry un M. Jabineau, doctrinaire excellent, ordonnez-le et je vous donne 20.000 francs pour vos incendiés. Tout cela se fit. L'abbé Jabineau acquit une certaine réputation comme prédicateur et prêcha souvent à Paris et même à Châlons. Interdit en 1765 par Mgr. de Juigné, successeur de Mgr. de Choiseul, à cause de ses sermons fort goûtés dans le parti janséniste, il vint à Paris et fut interdit une seconde fois par Mgr. de Beaumont, qui avait quitté
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 +|**00000191**| 61 l'évêché de Bayonne pour l'archevêché de Vienne, et ce dernier pour celui de Paris. L'abbé Jabineau, pour éviter des désagréments à ses confrères doctrinaires, sortit de sa Congrégation et fut pourvu du prieuré d'Andelot, près de Chaumont en Bassigny, et d'une place de chapelain du chapitre de Saint Benoît à Paris. Peu de temps après il obtint le grade de licencié en droit et se fit recevoir avocat au Parlement de Paris, le 19 décembre 1768, ainsi qu'il résulte de la pièce sur parchemin que nous possédons, dont voici la teneur: Me Henry Jabineau présenté par Me Jacques-François d'Orléan. Extrait du registre et matricule des avocats reçus et jurés en la cour des céans au présent Parlement, commençant le douze novembre dernier qui ont fait le serment accoutumé. Fait en Parlement, le dix-neuf décembre mil sept cent soixante-huit. Signé: Savin. Plus bas cette mention: Collationné: Langèle. Vu: la présente matricule de Me Jabineau qui m'a dit avoir choisy le ge banc. Signé: Boys de Maisonneuve. Ce 18 février 1769. Quelques années plus tard, l'abbé Jabineau ayant pris part à la querelle du Parlement avec le chancelier de Maupeou, fut mis à la Bastille où il demeura très peu de temps. Lorsque la Révolution éclata, il en fut d'abord un des plus chauds partisans; mais ensuite il combattit la constitution civile du clergé. Le 15 septembre 1791, il publia un journal intitulé: Nouvelles ecclésiastiques ou memoire pour servir à la constitution prétendue civile du clerge, qui dura jusqu'au 1er août 1792. Il mourut à Paris le 10 juillet de la même année, instituant pour exécuteur testamentaire son ami Me Meunier, avocat. Quérard, dans La France littéraire, a donné la liste des nombreux écrits de l'abbé Jabineau. Les deux lettres que nous publions sont curieuses à plusieurs titres et prouvent que l'abbé Jabineau, quoique janséniste, avait des relations avec les hommes les plus distingués de son temps, et qu'il savait juger sainement les choses et rendre justice, non seulement aux écrivains dont les croyances religieuses étaient opposées aux siennes, mais encore à ceux dont la morale dans leurs écrits n'avait rien de l'austérité des disciples de Port-Royal. On va en juger. Paul PINSON.
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 +|**00000192**| 62 - A Monsieur Le Comte Malvassi, Monsieur Le Comte, de l'Académie royale des Sciences de Paris, à Bologne. Paris, ce 14 juin 1774. Je proffite du départ de M. Zanuzzi pour avoir l'honneur de répondre à celle que j'ai reçûe il y a quelques mois. Je n'aurois pas pu le faire plus tôt, attendu que depuis le 6 septembre dernier, je n'ai pas quitté le lit ou la chambre. On m'a fait quatre fois l'opération de la taille, et on m'a tiré beaucoup de pierres. Heureusement je crois en être débarrassé pour toujours, mais la playe n'est pas encore fermée, et je ne sors point. Quand je me ferai peindre, je ferai mettre au bas de ma figure cette inscription italienne : Ritratto d'un povero diavolo, nella di cui vesica sono piu pietre Che non sono pidocchi nella tonaca d'un Capuccino. Je ne vous donnerai point, Monsieur le Comte, des nouvelles de notre Cour, vous aurez sçu par les papiers publics la mort du Roi, et vous devinez facilement que cela a dû produire à la Cour bien des changements; ils ne sont encore que commencés, et on croit qu'il y en aura par la suite beaucoup d'autres, il n'y a point encore de Ministres déplacés, mais cela viendra: Au reste notre jeune Roi commence son règne d'une manière bien propre à lui gagner le cœur de ses sujets : non seulement il a fait remise d'un impôt qu'on appelle le joyeux avènement, ce qui se paye à l'arrivée des Rois au throsne (1), mais il a promis d'acquitter toutes les dettes de son ayeul. Outre cela il veut mettre beaucoup d'économie dans sa dépense, il a réformé beaucoup de chevaux et d'équipages de Saxe (sic), et il paroît ne point aimer le luxe ni la dépense. Mais ce qui fâchera beaucoup nos agréables et les demoiselles de l'Opéra, c'est que le Roi montre une grande sévérité de mœurs, qu'il veut que les maris vivent en bonne intelligence avec leurs femmes, et qu'on n'affiche point, comme on fait, le libertinage et la débauche. M. le Prince de Condé vivoit avec Madame de Monaco, le Roi lui en a fait reproche, et lui a dit qu'il ne falloit point troubler un ménage, ni enlever une femme à son mari. M. le Prince de Condé s'est excusé en disant que c'étoit un ancien attachement et qu'il ne lui étoit pas possible de s'en défaire. L'absence, a dit le Roi, est le meilleur remède en pareil cas, ainsi je vous conseille d'aller passer quelque temps à Chantilly. Effectivement le Prince est parti le lendemain pour y aller. Vous comprenez bien, Monsieur, que quand on traite ainsi les plus grands seigneurs, les autres n'auront pas beau jeu à mener une conduite scandaleuse. Pour la Reine, elle seroit adorable et charmante quand elle ne seroit qu'une bourgeoise, jugez combien elle l'est davantage avec la qualité de Reine. Il n'y a point de nouvelles dans la Littérature; car c'est toujours la même déca- (1) Cet impôt a été évalué à 24 millions.
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 +|**00000193**| - - 63 dence, le mauvais goût augmente tous les jours, et dans cent ans les gens de lettres seront aussi loin des bons écrivains du siècle de Louis XIV, que les vers de l'abbé Pedrini sont loin de ceux du Tasse et de l'Arioste. Le pauvre M. de Voltaire va toujours, et son hyver est plus fleury que le printemps de tous nos autres poètes. Je vous envoye une petite pièce de vers qu'il vient de faire, et qui porte à 80 ans toute la fraîcheur et les grâces d'une muse de vingt ans.. Vers de M. DE VOLTAIRE à Madame DU DEFFAND. Eh quoi! vous êtes étonnée Qu'au bout de quatre-vingts hivers, Ma muse faible et surannée Puisse encor fredonner des vers ! Quelquefois un peu de verdure Rit sous les glaçons de nos champs; Elle console la nature, Mais elle est sèche en peu de temps. Un oiseau peut se faire entendre Après la saison des beaux jours; Mais sa voix n'a plus rien de tendre : Il ne chante plus ses amours. Ainsi je touche encor ma lyre, Qui n'obéit plus à mes doigts; Ainsi j'essaie encor ma voix Au moment même qu'elle expire. << Je veux dans mes derniers adieux, Disait Tibulle à son amante, Attacher mes yeux sur tes yeux, Te presser de ma main mourante. >>> Mais quand on sent qu'on va passer, Quand l'âme fuit avec la vie, A-t-on des yeux pour voir Délie, Et des mains pour la caresser? Dans ces moments chacun oublie Tout ce qu'il a fait en santé, Quel mortel s'est jamais flatté D'un rendez-vous à l'agonie? Délie elle-même à son tour, S'en va dans la vie éternelle, En oubliant qu'elle fut belle, Et qu'elle vécut pour l'amour.
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 +|**00000194**| - 64Nous naissons, nous vivons, bergère, Nous mourons sans savoir comment, Chacun est parti du néant : Où va-t-il? Dieu le sait, ma chère ! Qu'en dites-vous, M. le Comte, vous qui aimez les beaux vers? Ne trouvezvous pas dans ceux-ci toute l'harmonie, la douceur et l'élégance qui caractérisent les autres pièces fugitives de M. de Voltaire. Il y a à la fin un petit trait d'impiété, mais c'est le cachet qu'il met aujourd'huy à tous ses ouvrages. A propos d'impiété, voicy de jolis vers où il n'y en a point, puisqu'on demande pardon à Dieu de son péché. Vers de M. DE LA FAYE à Madame la marquise DE GONTAULT. C'étoit un jour de Fête-Dieu Qu'aux grands Cordeliers, à la messe, Je vis entrer en ce saint lieu, Gontault, des amours la déesse. Quoi qu'en suite priant d'un modeste maintien, Elle semblât du Ciel méditer la conquête, Pardonne-lui, grand Dieu, car le tort fut tout mien; Un moment, j'oubliai de qui c'étoit la fête. Je joins mes remerciemens, Monsieur le Comte, à ceux que ma voisine vous fait pour les beaux et nombreux saucissons que vous nous avez envoyés; ils se sont trouvés excellemment bons, et M. Zanuzzi qui en a goûté vous en dira des nouvelles. Pour moi, je n'ose me livrer au plaisir que j'aurois à en manger parce que je crains toutes les choses salées. Adieu, Monsieur le Comte, conservez-moi, je vous prie, une petite place dans votre souvenir, et donnez-nous des nouvelles de votre santé. Croyez que l'éloignement n'a rien changé à l'attachement que je vous ai voué, et qu'en quelque temps que ce soit vous trouverez toujours en moi un serviteur toujours rempli d'estime pour vos talens, vos connoissances et vos belles qualités, de reconnoissance pour toutes vos bontés, de regret pour votre absence, d'empressement pour vous revoir et de tous les sentimens respectueux et sincères que vous méritez. JABINEAU DE LA VOUTE. A Monsieur d'Alembert, secrétaire perpétuel de l'Académie françoise. Je sors de chez moi, Monsieur, pour avoir l'honneur de vous voir; si je n'ai pas le bonheur de vous rencontrer, je laisserai ma lettre. L'objet de ma visite est de vous présenter un exemplaire des Œuvres de M. Colardeau. Recevez-le, je vous prie, Monsieur, non seulement comme un hommage rendu à l'Académie françoise, en la personne de son chef, mais comme un témoignage de mon res-
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 +|**00000195**| - - 65 pect et de mon estime pour vous. Je n'ai point à vous demander grâce pour l'auteur: le choix que vous aviez fait de lui prouve le cas que vous faisiez de sa personne et de ses ouvrages; mais je sollicite votre indulgence pour l'Editeur qui a fait de son mieux, mais qui croira n'avoir bien fait que quand il sçaura que vous en êtes content. Il manquera toujours à un ouvrage une vie de l'auteur, c'est à vous, Monsieur, qu'il faudra s'en prendre, si elle n'est pas aussi intéressante qu'elle l'auroit été, si vous aviez bien voulu prendre la peine de la faire (1). J'ai l'honneur d'être, avec le sentiment que je vous ai voué, Monsieur, Votre très-humble et très-obéissant serviteur. Ce 14 février 1779. JABINEAU DE LA VOUTE. (1) Le poète Charles-Pierre Colardeau est né à Janville (Eure-et-Loir)en 1732. 11 fut élu à l'Académie française au commencement de l'année 1776, et mourut à Paris le 7 avril de la même année avant qu'il eût été reçu. Ses œuvres ont été recueillies et publiées pour la première fois à Paris, en 1779, chez les libraires Ballard et Lejay, en 2 vol. in-8°, avec figures, par l'abbé Jabineau qui les a fait précéder d'une notice biographique sur l'auteur. Cette édition est recherchée des curieux.
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 +|**00000196**| FÊTE DONNÉE PAR MADAME LA DUCHESSE DE MAZARIN A MESDAMES DE FRANCE FILLES DE LOUIS XV EN SON CHATEAU DE CHILLY, LE 13 SEPTEMBRE 1769 Un opuscule, paru récemment, donnait la relation d'une fête offerte au Dauphin et à la Dauphine, Louis XVI et Marie-Antoinette, dans le château de Chilly-Mazarin (1). Voici le récit d'une autre fête donnée l'année précédente par cette même duchesse de Mazarin (2) à Mesdames de France (3). Quoique moins importante, cette narration renferme encore quelques détails intéressants. Citons d'abord l'annonce de la fête que nous devons à l'obligeance de M. Patrice-Salin, l'érudit historien de Chilly-Mazarin, qui a bien voulu mettre ses notes à notre disposition, nous lui en exprimons ici notre vive gratitude. J. G. 13 SEPTEMBRE 1769. - CLÔTURE DE LA COMÉDIE FRANÇAISE POUR JOUER A CHILLY CHEZ LA DUCHESSE DE MAZARIN, POUR LE SERVICE DE LA COUR, DEVANT MESDAMES DE FRANCE: (1) Louis XVI et Marie-Antoinette à Chilly-Mazarın. Récit d'une fête qu'a offerte au Dauphin et à la Dauphine la Duchesse de Duras-Mazarin en son château de Chilly, par l'abbé Géhin, curé de Chilly-Mazarin. Versailles, 1895. (2) Louise-Jeanne de Durfort de Duras, Duchesse de Mazarin, de la famille des Durfort de Duras, ducs et pairs de France, avait épousé Louis-Marie-Guy d'Aumont. Celui-ci avait hérité de son parent, Guy Paul-Jules, fils d'Hortense Mancini, la belle nièce du cardinal Mazarin, le titre de duc de Mazarin et le château de Chilly donné à Hortense Mancini lors de son mariage avec le marquis de la Meilleraie. (3) Mesdames Adélaïde, Victoire et Sophie, filles de Louis XV et tantes du Dauphin qui fut plus tard Louis XVI.
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 +|**00000199**| - 67 LA PARTIE DE CHASSE DE HENRI IV (1) Acteurs: BRIZARD, DALAINVAL, DAUBERVAL, CHEVALIER, PRÉVILLE, MORLÉ, AUGÉ. Actrices: MMmes DROUIN, LUZY, DOLIGNY. La Comédie italienne a joué Lucile. Ensuite un beau feu d'artifice. Après quoi, Mesdames ont soupé. Quelques notes trouvées dans les mémoires secrets de Bachaumont (2) vont nous donner des détails intéressants sur cette fête. << 20 Septembre 1769. - On parle beaucoup d'un bon mot de <<< Madame à Préville le jour où cette princesse fut chez Mme la <<< Duchesse de Mazarin avec les autres Dames de France, voir une << représentation de la partie de chasse de Henri IV. << Il faut savoir qu'un devoir et un privilège des comédiens est << de porter le flambeau devant les Princes, lorsqu'ils vont au spec- << tacle, de la salle jusqu'à leur carosse ou à l'endroit où ils vont. <<< Il faut savoir encore que Préville avait fait le rôle de Michau <<< dans la partie de chasse de Henri IV, et Michau est le paysan << chez lequel ce Prince arrive incognito et est fêté avec tant de <<< cordialité. Préville donc, après avoir représenté le rôle de <<< Michau, éclairait Madame pour passer de la salle de spectacle au << salon; elle lui dit: « Il était très convenable qu'après avoir reçu aussi bien le grand père, « vous éclairassiez la petite fille. » << 21 Septembre 1769. - <<< Mesdames ayant témoigné à Mme la <<<< duchesse de Mazarin le désir de voir Chilly, château célèbre du << Maréchal d'Effiat, elle a fait tous les préparatifs qui pouvaient <<< leur rendre cette partie agréable et ses soins ont été heureuse- <<< ment favorisés par le temps qui était très beau. Le mercredi, 13 << septembre, jour auquel Mesdames avaient fixé leur voyage, elles << arrivèrent l'après-midi sur les 4 heures 1/2. Elles furent reçues << dans un salon admirable par son étendue, sa proportion et les (1) La partie de chasse de Henri IV, comédie en trois actes et en prose, par M. Collé, lecteur de Monseigneur le Duc d'Orléans. Paris, 1766. (2) Mémoires secrets pour servir à l'histoire de la république des lettres en France depuis 1762 jusqu'à nos jours, et journal d'un observateur contenant etc., etc., par feu de Bachaumont (et autres). Londres 1777-1789. 35 vol. in-12. 7
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 +|**00000200**| 68 - <<< ornements dont il a été décoré. Elles montèrent dans les calè- <<< ches qu'on avait préparées pour les promener dans les jardins. << Cette promenade dura jusqu'à 7 h. On les mena alors à la salle << de spectacle qui est une galerie très vaste où l'on a construit un <<< fort beau théâtre. On y représenta La partie de chasse de Henri IV. <<< L'exécution fut parfaite et comme Mesdames avaient donné la <<< permission d'applaudir, les spectateurs qui étaient en très grand <<< nombre marquèrent leurs transports de la manière la plus écla- <<< tante. Mesdames, non seulement parurent très contentes, mais <<< elles furent attendries jusqu'aux larmes dans tous les endroits qui <<< donnent une idée si belle et si vraie de la bonté de Henri IV et << qui a tant de rapports à celle du prince qui les touche encore <<< de plus près. Elles n'ont pu s'empêcher de marquer de la sur- << prise de ce qu'on n'avait pas permis de représenter ce drame à <<< Paris où il aurait encore fait plus d'effet que dans la province où << il est joué avec le plus grand succès. Elles se promettent d'ob- <<< tenir la permission qui a été refusée jusqu'à présent. Si elles <<< réussissent, comme il y a lieu de l'espérer, ce sera une fortune << pour les comédiens et une satisfaction pour le public qui sup- << porte avec peine la privation de ce spectacle. La partie de chasse <<< fut suivie de Lucile, opéra-comique qui plut aussi beaucoup. La << comédie fut terminée par un ballet très ingénieusement composé <<< et très bien exécuté. Ce divertissement ayant fini plus tôt qu'on << n'avait cru, l'espace qui restait jusqu'au souper fut rempli par un <<< feu d'artifice qui mérite qu'on en fasse mention. << Au lieu de fusées ordinaires, c'était des bombettes, espèce de << bombes qui produit une grande quantité d'étoiles et dont l'effet <<< est beaucoup plus agréable que celui des fusées. Il parut des <<< feux dans toutes sortes de formes, toutes très bien inventées et << exécutées avec autant de vivacité que de précision. Il y eut <<< ensuite des hommes montés sur des chevaux véritables et qui <<< combattirent les uns contre les autres avec l'artifice dont ils <<< étaient environnés et qu'ils lançaient de toutes parts. Le feu fut << terminé par des portiques très illuminés et à chacun desquels il << y avait une gerbe de feu. Un bouquet de trois mille fusées qui << partirent à la fois mit le comble à la beauté de ce spectacle. << On servit le souper dont la magnificence répondit à tout le << reste de la fête. Mesdames étaient à une table au salon où, sui- << vant l'étiquette ordinaire, il n'y avait point d'hommes, mais
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 +|**00000201**| 69 << comme toutes les dames qui composaient leur Cour ne pouvaient << y trouver place, il y en eut plusieurs qui se mirent à celle des <<< hommes qui ne fut pas moins bien servie. <<< Mesdames, malgré l'usage ordinaire selon lequel elles n'ad- << mettent à leur table que des femmes mariées et par conséquent << présentées, firent souper avec elles Mademoiselle d'Aumont, <<< fille de Madame la Duchesse de Mazarin. Elle est âgée d'environ << 12 ans. Après souper, chacune de Mesdames fit sa partie de <<< Whisk (sic); elles y admirent de préférence tout ce qui est de la << maison de Duras. Le reste de la Compagnie joua au vingt et un. << Le jeu dura jusqu'à environ deux heures après minuit que Mes- <<< dames remontèrent dans leurs carosses, très satisfaites de tout ce << qui s'était passé. >>> Aux lecteurs qui désirent savoir ce que devinrent la duchesse de Mazarin et sa fille, admise dès l'âge de douze ans à la table des trois princesses, nous dirons encore que Louise-Jeanne de Durfort de Duras, duchesse de Mazarin, qui donna cette fête, mourut avant la révolution, le 19 Mars 1781 à l'âge de 45 ans. Sa jeune fille s'appelait Louise-Félicité-Victoire d'Aumont, duchesse de Mazarin; elle épousa Honoré-Anne-Charles-Maurice Grimaldi Monaco Valentinois et c'est par elle que les biens et les titres des Mazarin passèrent dans la famille des princes régnants de Monaco qui gardent encore, parmi leurs titres de noblesse, ceux de Ducs de Mazarin, marquis de Chilly et seigneurs de Longjumeau. Les armes de Louise-Jeanne de Durfort de Duras et de son mari Louis-Marie-Guy d'Aumont, duc de Mazarin, étaient blasonnées sur la litre extérieure de l'église de Longjumeau. Comme cette litre et ces armoiries s'effacent tous les jours de plus en plus, il est bon de les rappeler ici; elles portent: Parti, au premier, d'argent au chevron de gueules accompagné de 7 merlettes de même, 4 en chef et 3 en pointe, qui est d'Aumont; Au deux, écartelé au I et 4 d'argent, à la bande d'azur, au 2 et 3 de gueules, au lion d'argent qui est de Duras. L'écu environné du manteau de Pair, semé d'Hermine et recouvert de merlettes de gueules, est sommé de la couronne ducale. Supports: deux griffons becqués et onglés de gueules soutenant deux bannières aux armes d'Aumont.
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 +|**00000202**| 70 - A l'intérieur de l'église sont les armes des ducs de Mazarin: << D'azur à une hache d'armes d'argent, futée d'or, posée en pal, au pied fiché, environnée d'un faisceau de verges d'or, lié d'argent; une fasce de gueules, chargée de trois étoiles d'or, brochant sur le tout. L'écu environné du manteau de Pair, semé d'hermine et recouvert d'une fasce de gueules à trois étoiles d'or, est sommé de la couronne Ducale (1). De toutes ces splendeurs que reste-t-il? Rien, ou fort peu de chose: à Chilly-Mazarin à peine quelques vestiges de cet opulent château (2) qui faisait jadis la gloire et la richesse de ce joli village, et, à l'église de Longjumeau, les restes d'une litre portant des armoiries à demi effacées. Sic transit gloria mundi! Mais le souvenir de ces grandeurs disparues survit au-dessus de toutes ces ruines, et c'est en cherchant dans la poussière des archives et des bibliothèques que l'on retrouve ces récits de fêtes, ces épisodes de la vie intime, tachés de sang quelquefois, qui, mis au jour, l'empêchent de tomber dans l'oubli. Tel est le but que nous nous sommes proposé en publiant l'an passé le compte-rendu de la fête donnée dans le château de Chilly, en l'honneur du Dauphin et de la Dauphine, et en donnant aujourd'hui le récit de celle qui fut offerte, dans ce même château, par la duchesse de Mazarin, à Mesdames de France, filles de Louis XV. J. GÉHIN, Curé de Chilly-Mazarin. (1) Cf. Notice sur Chilly-Mazarin, le Château, l'Eglise, le Maréchal d'Effiat, par Patrice Salin. Paris, 1867. (2) Nous avons donné au commencement de cette notice la reproduction de la gravure de Pérelle, montrant le château de Chilly-Mazarin du côté de l'entrée.
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 +|**00000203**| ST EUTROPE D'ARPAJON L'historique de cette maison religieuse était toujours resté un peu dans l'ombre; l'abbé Lebeuf avait recueilli quelques notes, assez vagues; l'abbé Alliot (1) en avait fait mention, tout en regrettant que Fisquet n'en ait rien dit dans la France pontificale, que le Pouillé du diocèse de Versailles (2) ne l'ait pas même nommée et que l'histoire manuscrite de St-Germain-lès-Arpajon n'ait point élucidé cette question, et il terminait en exprimant le vœu qu'un chercheur plus heureux rendît un jour à St-Eutrope la place qui lui est due. Un travail assez détaillé, trouvé dans un manuscrit de l'abbé Guiot (3) et complétant les notes de l'abbé Lebeuf, fera connaître cet antique hôpital devenu plus tard un monastère. L'abbé Guiot, dernier prieur de St-Guenault de Corbeil, avait formé le projet d'écrire l'histoire religieuse de Corbeil et de ses environs. Il avait fait appel au zèle de ses confrères et c'est à l'un de ses dévoués collaborateurs que nous devons bien probablement cet intéressant travail, inséré dans les Fasti (4). Citons d'abord ce que dit l'abbé Lebeuf de St-Eutrope (5). La dévotion particulière du roi Philippe-le-Bel et de la reine son épouse envers St Eutrope, m'a fait conjecturer ci-dessus que la Chapelle sous son nom qui est à Chanteloup (6) a été fondée par eux et peut-être en même temps que le château ou manoir qu'ils y avoient. On a vu aussi ci-dessus qu'au XVe siècle c'étoit une Maladrerie ou Aumône, c'est-à-dire Hôpital, dont la présentation étoit attachée au (1) Les Curés d'Arpajon, p. 61. (2) Par l'abbé Gauthier, curé de St-Cyr-l'Ecole. (3) Fasti Corbolienses, p. 81. Bibliothèque nationale, mss. fonds latin n° 9969. (4) Cette notice insérée dans les Fasti, est d'une autre main que celle de l'abbé Guiot; c'est pourquoi nous l'attribuons à un collaborateur resté inconnu. (5) Histoire du diocèse de Paris, T. X, p. 243. (6) Chanteloup, écart d'Arpajon.
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 +|**00000204**| 72 seigneur de la terre de Chanteloup. Je n'ai point trouvé par quelles personnes l'Hôpital étoit administré avant le règne de Louis XII. Ce prince le donna par lettres du 14 avril 1504 aux Sœurs grises hospitalières du Tiers Ordre, à condition que le nombre des religieuses, qui devoient y demeurer, seroit limité par l'Evêque de Paris (1). On en tira depuis quelques-unes pour le monastère de Saint Nicolas de Melun. Il est sûr que la même année 1504, le 2 juin, l'Evêque de Paris nomma un administrateur de cet Hôpital de St-Eutrope. Quelques uns assurent que cet Hôpital avoit été rétabli par les soins de l'amiral de Graville, qui y introduisit les religieuses Sœurettes pour le secours des malades et qu'il fut accru et augmenté par les libéralités de M. de Neuville, devenu en 1518 Seigneur de Chanteloup. Il est certain que pour supplément de fondation, il leur donna 200 livres de rente. Dans certains registres du Parlement, on lit que les bois de Gaillon et de la Baguette furent cédés au Roi par les religieuses de St-Eutrope-lez-Chastres (2) en échange des bois brûlés, par contrat ratifié au mois de février 1580. En 1597 le Seigneur de Chanteloup fut inhumé dans l'église de ce petit monastère, où il est représenté avec sa femme, en marbre blanc, à genoux. On y lit cette épitaphe: Cy gist Messire Jehan de Neuville, Chevalier, Seigneur de Chanteloup, Bouconvillier, Hardeville, Cresnes, La Grange sur Villeconin et Villarceau, Conseiller, Maitre d'Hôtel du Roi, Bailli de Chaumont et Magny; qui trépassa le 22 Décembre 1597 l'an 70me de son dge. Et Dame Geneviève Allard, sa femme, qui trépassa le..... Il paroît que les Religieuses qui occupoient cette Maison étoient en grande réputation sous le règne de Louis XIII, puisque l'Archevêque de Sens en demanda pour mettre à St-Nicolas de Melun (3). Un arrêt du Conseil privé de l'an 1638 lui permit d'y en faire transférer trois. Les religieuses Annonciades ont été depuis introduites dans le monastère de Saint-Eutrope. L'abbé Chastelain (4) les appelle les Religieuses des dix vertus et dit qu'on leur donne aussi le nom d'Ancelles. Le Cardinal de Noailles leur permit le 9 juin 1700 de porter au col un ruban bleu céleste qui supporte une médaille pendante sur la poitrine. Dans la basse-cour, il y a un Hôpital pour les hydropiques de l'un et de l'autre sexe qui y sont sustentés pendant leur neuvaine et un cimetière pour enterrer ceux qui y meurent. >>> Ces dernières expressions indiquent le but de la fondation de cet hôpital; on en trouvera la confirmation dans le mémoire anonyme qu'avait su conserver l'abbé Guiot et que nous reproduisons plus loin. (1) Pouillé ms. de Sens. (2) Chastres, nom ancien d'Arpajon. (3) Pouillé ms. de Sens. (4) Voyages manuscrits de l'an 1690.
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 +|**00000205**| 73 - D'après un procès-verbal du 31 décembre 1738, les Frères des Ecoles chrétiennes de Rouen donnaient à l'Eglise d'Arpajon, en échange de quelquesreliques de saint Yon, d'autres reliques de saint Didier et de saint Eutrope, dont la fête se célébrait le 30 avril (1). Détruit de fond en comble, il ne reste ni une pierre, ni une trace de ce monastère, et l'emplacement qu'il occupait est maintenant. enclos dans le parc du château de Chanteloup. Puissent ces quelques lignes rappeler tant de libéralités perdues, perpétuer tant de dévouements oubliés, faire revivre tant de souvenirs effacés. Eug. COLAS, curé de Soisy-sous-Etiolles. SAINT EUTROPE Jeanne de Navarre, épouse de Philippe-le-Bel, par compassion pour les hydropiques, leur fonda en 1297 un hôpital dans l'enceinte de son parc de Chantelou près Arpajon. Cet hôpital fut sous le vocable de St Eutrope, de ce que ce saint est invoqué particulièrement dans l'hydropisie. Cette reine dotta cet hôpital de terres labourables et de prés adjacens, de soixante-cinq arpens de bois proche le Plessis-le-Comte, le tout en fief de francaleu. Le peu de cens dont cette maison s'est trouvée successivement chargée ne provenoit que de quelques acquisitions ou donations de biens-fonds. On ignoroit à St-Eutrope par qui cet hôpital avait été desservi pendant les deux premiers siècles écoulés depuis sa fondation: on sçavoit seulement que l'an 1504 des hospitalières du Tiers-Ordre de St François y furent mises par les soins de Louis de Graville, Amiral de France, de l'autorité d'Etienne Poncher, Évêque de Paris et de celle du Cardinal Georges d'Amboise, Légat du St-Siège. Les hospitalières y prirent leur direction spirituelle des frères mineurs dits Cordeliers, sous la juridiction, correction et supériorité de l'Évêque de Paris. C'est aussi de ce tems qu'on a connoissance que les charges de cet hôpital se réduisoient à loger et défrayer les malades hydropiques pendant le tems de leur neuvaine à St-Eutrope et, s'ils y mouroient pendant ce tems, de leur donner aussi la sépulture. Ces mêmes hospitalières embrassèrent en 1529 la Règle des Annonciades des dix vertus de la Ste Vierge, du consentement de l'Évêque de Paris auquel elles ne furent plus soumises, mais au St-Siège. Cette Règle avait été instituée à Bourges en 1498 et 1499 par Jeanne de France, où cette Reine s'étoit retirée aussitôt après que son mariage avec Louis XII eut été déclaré nul. Alexandre VI approuva cette Règle en 1501, du vivant de cette princesse. Ce Pape, pour ne point con- (1) L'abbé Alliot, Les Curés d'Arpajon, p. 74.
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 +|**00000206**| 74 trevenir à la défense (1) d'instituer de nouveaux ordres dans l'Eglise, déclara ces nouvelles religieuses étre de celui de St François, et leur permit cependant de posséder en commun des immeubles. Léon X confirma, en 1517, cette Règle. « Pour témoigner aussi (dit ce Pape) la sincère dévotion que nous avons toujours « portée et que nous portons à cette même Vierge, [mère] de Dieu, nous approu- « vons cette Règle et la confirmons de la même Autorité Apostolique, nous l'am- << plifions de plusieurs grâces, faveurs, privilèges et indulgences. » Les nouvelles Religieuses de St-Eutrope tirèrent une copie fidèle de cette Règle du Monastère de Bourges, vérifiée et attestée par le Chancelier, Grand-Vicaire et Official de Bourges. Elle étoit conservée soigneusement pour monument perpétuel de l'obligation que ce monastère s'étoit imposée lors de cette réformation que toutes les sœurs ont professée depuis ce tems. Les Pères de l'observance de St François qui avoient la conduite des couvens des dix vertus continuèrent leur service en ces hospitalières devenues Religieuses. C'est [autant] au crédit et à la libéralité du seigneur de Chantelou que ces hospitalières doivent leur entrée dans ce nouvel ordre, qu'au désir de suivre un Etat plus parfait. Nicolas de Neuville possédoit la terre de Chantelou par échange de la maison, court et jardin qu'il avoit sur le rivage droit de la Seine, un peu au-delà de Paris (2), dont la duchesse d'Angoulême avoit envie. Son fils François I l'acquit de lui par le moyen de cet échange fait en 1518. Ce seigneur fit rebâtir de neuf, à ses seuls frais et dépens, l'Eglise et tous les lieux séculiers et réguliers tels qu'on les voioit en 1792. Il leur avoit constitué deux cens livres de rente à prendre sur tous ses biens, pour fondation de deux Religieuses de Chœur en sus du nombre des hospitalières, ces deux Religieuses à sa présentation et, après son décès, à celle de sa famille. Peu de temps après il donna à ce monastère 1º la ferme de la Folie et toutes les terres, vignes et prés que cette ferme exploitoit; 2º le moulin de Fourcon, ses prés et aulnois; 3º les bois dits de Bailleau et de la Baguette, contenans quatre-vingt-seize arpens, situés sur le terroir d'Olainville; ces bois ont été échangés par Henri III en 1578, qui en contre échange a donné à ce monastère environ deux cens arpens de bois dits les bois de Ste Catherine. Tous ces biens, tant ceux de la dotation de l'hôpital que ceux donnés par M. de Neuville, sont énoncés dans les lettres patentes qu'il obtint de François I, dattées du 10 mars 1530 et établis en fief de franc-aleu. Ces lettres patentes ont été confirmées par Henri II, le 6 septembre 1547 et par Charles IX en février 1567. Henri IV, par lettres patentes, donna à ce monastère et hôpital, seize mines de sel à prendre à la Gabelle de Paris par chaque année. Le Prieuré de Notre-Dame-des-Champs à Paris, devoit aussi à ce monastère dix septiers de bled mouture, à prendre par chacun an sur le moulin de Juvisy. Les (1) Du concile de Latran de 1215, Canon XIII. (2) C'est actuellement le jardin des Thuilleries en partie.
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 +|**00000207**| 75 biens de ce Prieuré aiant été affectés au séminaire d'Orléans, c'étoit ce séminaire qui étoit chargé de cette redevance et qui la payoit annuellement le jour de la St Martin d'hiver. Le propriétaire du moulin du Pré, scis à Arpajon, devoit une rente de trois septiers de bled-mouture le jour de St Jean-Baptiste. Les Messieurs de Bischecorne devoient quinze septiers de bled-méteil, mais il y a plus d'un siècle que cette rente est éteinte. Les hospitalières, en embrassant la Règle des dix vertus, ne se déchargèrent pas entièrement du soin des malades hydropiques. « On aura grand soin des ma- « lades d'hydropisie qui seront reçus dans l'hôpital du dehors: et parce que les <<< sœurs n'y peuvent veiller par elles-mêmes, la Mère nommera une des tourières << du dehors pour en être hospitalière, qu'elle chargera spécialement de prendre « ce soin, elle lui donnera un règlement de son Office pour s'en faire rendre << compte de tems en tems, et le rendre aussi au supérieur dans le cours de sa << visite. » (1) En 1646 le S. Siège jugea à propos de remettre ces sœurs sous le gouvernement de l'Ordinaire par la bulle contradictoire d'Innocent X du 18 septembre, registrée au secrétariat de l'Archevêché de Paris et aux greffes du Parlement et du Grand Conseil, en conséquence des Lettres patentes du Roy. Cette communauté avoit un supérieur particulier pourvu d'une commission spéciale dudit seigneur Archevêque, pour la conduire sous son autorité. Jean-François de Gondy a pris par lui-même et en sa qualité d'Archevêque de Paris, le 29 juillet 1648, possession de la Supériorité; voici les noms des Supérieurs que les Archevêques chargèrent de la conduite de ce monastère. 1648.- MM. Louis Abelly, curé de S. Josse. 1650 à 1674. - Hippolyte Feret, curé de St Nicolas du Chardonnet. 1674 à 1692. - François Vinot. 1692 à 1702. Paul Boucher. 1702 à 1705. 1705 à 1711. - Charles Fontaine. François Dupré. 1711 à 1726. - Michel-Philippe Mallet. 1726 à 1729. 1729 à 1746. De la Chasse, Archidiacre de Josas dans l'Eglise de Paris. Urbain Robinet, Vicaire-général. 1746. Le Père Racolis, doctrinaire, le siége Archiepiscopal vacant, délégué du chapitre de Paris. 1747 à 1776. - Mgr l'ancien Évêque de Quebec, Pierre Hermant Dosquet. 1777 à 1783. 1783. Simon Du Quesne. Charles-Antoine-Henri du Val de Dampierre, Vicaire-général. Dans les couvens des Annonciades des dix vertus, la Supérieure n'étoit dénommée que Mère Ancelle et la sousprieure de mere vicegente (2), elles étoient (1) Extrait du Livre des constitutions du monastère de St Eutrope, (2) Vice-régente.
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 +|**00000208**| - - 76 l'une et l'autre trienales. Voici, depuis que ces Religieuses rentrèrent sous la Crosse de l'Archevêque, la liste chronologique des Mères Ancelles. Elles pouvoient, après leur premier trienat, en faire un second, mais par une nouvelle élection. Lorsqu'elles avoient été au moins six ans en place, il falloit au moins trois ans d'intervalle, puis elles redevenoient éligibles. Lorsqu'une mère ancelle décédoit en place, celle qui étoit élue achevoit le trienat de la défunte et pouvoit être mère ancelle six autres années de suite, mais toujours par élection. Aucune sœur n'avoit voix active qu'après trois ans révolus de profession, aucune ne pouvoit être élue mère Ancelle qu'après au moins cinq ans de profession et qu'elle fut âgée au moins de trente ans. SÉRIE DES MÈRES ANCELLES (1) Les Maisons de cet ordre établies à Pont-à-Mousson en Lorraine, à Roye en Picardie, à Gisors dans le Vexin Normand, dans le cours du XVI au XVII siècles avoient eü pour premières Religieuses des Professes de S. Eutrope, que l'on faisoit sortir de ce cloître pour propager cet ordre. Je ne sçais si celle de Popincourt de Paris a été formée par des Religieuses professes de S. Eutrope (2). Voici les Seigneurs de Chanteloup, venus à ma connoissance par les titres de ce couvent : Nicolas de Neuville fondateur, mourut en 1554. Le 14 avril, il avoit donné de son vivant cette seigneurie à Jean de Neuville, son deuxième fils, mort en 1597 le 22 décembre, enterré à S. Eutrope. L'abbé Le Beuf retranscrit son épitaphe qui étoit plaquée en la muraille en face de l'autel de la chapelle des seigneurs de Chanteloup. Le 30 octobre 1606, Geneviève Allard sa veuve fut inhumée dans le même lieu. Pendant le 17e siècle, les MM. de Savari de Breves et René Amelon; ensuite pendant le 18e MM. Mallet père et fils jusqu'en 1759, actuellement M. Chabanet. Le mausolée de marbre blanc placé entre la chapelle de Chanteloup et l'Eglise des Séculiers représentoit M. de Breves et son épouse, à genoux devant un prie-Dieu. Je ne sçai s'il est au museum; des gens m'ont dit que c'étoit un très bel ouvrage et fait par un habile sculpteur dans le bas âge de Louis XIV. (1) Cette liste est restée en blanc dans le ms. (2) Comme complément de cette notice, on pourra consulter l'ouvrage suivant: La règle et les constitutions du Monastère de St Eutrope lez Chastres, de l'ordre de la B. Vierge Marie, appelé de l'Annonciade ou des dix vertus de N. Dame, institué par la B. Jeanne, Reine de France, Duchesse de Berry. Paris, 1683. Petit in-12, figures.
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 +|**00000209**| LE VIEUX CHATEAU DE CORBEIL ET LA DÉMOLITION DE SA TOUR EN 1714 La Seine divise Corbeil en deux parties inégales; la ville proprement dite occupe la rive gauche sur des terrains naguère empruntés au territoire d'Essonnes. La rive droite était donc hors la ville et ne comprenait que les deux faubourgs, Saint-Jacques en aval, et Saint-Léonard, en amont du fleuve. Un pont très ancien unissait autrefois comme aujourd'hui la ville aux faubourgs et, à l'entrée de ce pont, sur la rive droite de la Seine, une forteresse, dite tête de pont, en défendait l'accès. L'emplacement de ce château fort est encore marqué de nos jours par les deux petites places carrées qui existent à cet endroit à droite et à gauche de l'entrée du pont. Celle de droite, en venant de la ville, porte encore le nom significatif de Place de la tournelle, et les deux grands murs qui baignent leurs pieds dans la Seine en aval et en amont du pont, indiquent clairement des restes de fortifications. L'historien de la Barre, ancien prévost de Corbeil, parle de ce château comme d'une construction très ancienne: (1) << Toutefois il est certain que Charles le Chauve fit fortifier le << pont du costé de la Brie par le moyen de ce chasteau, lequel (au << temps que l'on n'usoit point d'artillerie) estoit d'assez bonne def- << fence, à cause qu'il est flanqué de cinq tourelles, et estoit attaché << à une haute tour qui lui servoit de donjon. Le Chasteau est main- (1) Antiquités de la ville, comté et châtelenie de Corbeil, Paris 1647, in-4°, page 10.
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 +|**00000210**| 78 - << tenant en ruine, et cette tour, que l'on appelloit le Hourdy, a esté << sapée jusques aux fondemens. >> Ailleurs, de la Barre dit que cette grosse tour, sorte de donjon, était habitée, avant les guerres civiles, par le capitaine de Corbeil qui faisoit sa demeure au chasteau qui est sur l'avenüe du pont, << du costé de la Brie. Ce pont est basty sur la rivière de Seine et << composé de neuf arches de pierre de taille. >> Et plus loin, à propos du siège de Corbeil par le duc de Parme en 1590, de la Barre dit encore: <<< Le 24 dudit mois (septembre), les Espagnols braquèrent quatre <<< canons sous les ormes du carrefour St-Léonard, et en battirent << le Chasteau qui est sur l'advenüe du pont, qui joint la ville au <<< faux-bourg. Morsang, Capitaine du Chasteau, sachant que la << place n'estoit pas tenable, l'avoit garnie de fagots pour y mettre << le feu quand il seroit contraint de la quitter, ce qu'il fit aussi tost << qu'il sentit que le canon, en dix ou douze volées, avoit percé à << jour la muraille en divers endroits; il mit le feu au chasteau qui <<< en est demeuré désolé. Avant que de se retirer, pour amuser l'en- <<nemy, il jetta une douzaine de soldats dedans la tour du Hourdy, << qui servoit de donjon au Chasteau, et estoit de meilleure estoffe << que le reste du bastiment; il leur avoit donné des vivres et des << munitions pour s'y maintenir quelques jours: Cependant les << Espagnols se saisirent du Chasteau, esteignirent le feu et s'accom- <<< modèrent de ce qui restoit entier. » (1) Cet épisode du siège de Corbeil fut le commencement de la ruine de cette forteresse; elle ne fut plus réparée et son état de délabrement alla s'accentuant de plus en plus jusqu'au moment de sa disparition finale qui eut lieu dans la seconde moitié du XVIII siècle. : Une gravure des Antiquités nationales de Millin (2) nous montre ce vieux château ruiné, dont les murs, élevés encore, dominent les maisons qui sont venues se construire autour et qui servent en quelque sorte de contre-forts à ses murailles délabrées. La jolie gravure de Flamen, dont nous donnons la reproduction, représente la forteresse au XVIIe siècle, entière encore, mais complètement dévastée. On en a une représentation plus ancienne dans la vue cavalière (1) Antiquités de la ville, comté et châtelenie de Corbeil, pp. 259-260. (2) Paris, 1791.
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 +B. Flamen in.et fe. The viel Chasteau et partie du pont de Corbeil veu du coſté de Seinemont. و avec prunt du Roy
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 +|**00000213**| 79 - de Corbeil par Chastillon, de la fin du XVIe siècle, et presque contemporaine du siège de 1590. On y voit que cet ouvrage de défense, dont la base baignait dans la Seine, etait entouré par derrière d'un fossé alimenté par l'eau du fleuve, fossé qui existe encore à l'état de souterrain allant du port des boulangers à celui des gendarmes, en aval et en amont du pont, et qui sert aujourd'hui de caves à plusieurs maisons de ce quartier, qui ont été construites depuis au-dessus de ce fossé en partie comblé. On le traversait sur un petit pont pour arriver à la porte, dite porte de Brie (1), qui donnait accès sur le grand pont par lequel on allait à la ville proprement dite. Cette porte était flanquée de deux tours; en 1714, une seule subsistait encore, c'était celle qui occupait la petite place de la Tournelle, maintenant plantée d'arbres. Elle se trouvait dans un état de ruine qui était une menace permanente pour les passants, toujours nombreux à cet endroit, et le représentant de l'autorité centrale, d'accord avec la municipalité de la ville, résolut de la faire démolir, ce qui fut exécuté. Nous avons retrouvé dans les archives de la ville les pièces en vertu desquelles fut décidée et entreprise la démolition de la tour dont nous venons de parler; c'est une page intéressante de l'histoire monumentale de la ville de Corbeil qu'il nous a paru utile de faire connaître; on s'en rendra compte en lisant ces documents, que nous reproduisons ci-après. La suppression de cette tour fut le commencement de la fin de ce vieux château dont l'origine remontait à une époque très lointaine et qui était peut-être contemporain de la fondation de la ville de Corbeil. Le siège de 1590 en avait déjà commencé la ruine; cette démolition de 1714 en enleva la partie la plus importante et la plus pittoresque et fut le prélude de sa disparition totale qui eut lieu, comme nous venons de le dire, vers la fin du siècle dernier, ne laissant que les substructions que nous voyons aujourd'hui. A. DUFOUR. (1) Corbeil avait deux autres portes: la porte St-Nicolas, au Sud, et la porte de Paris, au Nord; cette dernière se trouvait tout près de l'ancien château de la ville bâti par Louis le Gros et immédiatement après le bras principal de la rivière l'Essonne qui baignait de ce côté les murailles de la ville. L'emplacement du château de Louis le Gros est occupé actuellement par les grands moulins de Corbeil.
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 +|**00000214**| - 80 A MESSIEURS LES MAIRE, LIEUTENANT ET ESCHEVINS DE LA VILLE DE CORBEIL. Vous remontre le Procureur du Roy de l'hostel de ville qu'une des tours du vieil chasteau qui est à main gauche en entrant dans la ville par le fauxbourg SaintLéonnard, proche et à costé de la porte qui sert d'entrée à ladite ville et de sortie d'icelle par ledit fauxbourg, estante remplye d'ouvertures considérables et crevée de toutes parts, elle menace d'une chutte prochaine, ce qui pouroit causer du domage et mesme écraser ceux qui entrent et qui sortent par ladite porte, c'est pour quoy ledit Procureur du Roy est obligé de vous donner la présente requeste. A ces causes vous requiert, Messieurs, ledit Procureur du Roy qu'il vous plaise ordonner qu'à sa diligence il sera incessamment mis ouvriers et massons pour faire la démolition de ladite tour en telle sorte que le publique nayt plus lieu de craindre la chute de ladite tour et que les matéreaux qui proviendront de ladite démolition seront vendus après trois publications, que sur le prix qui proviendra de la vente d'yceux, les ouvriers et massons seront payez et le surplus mis entre les mains du greffier dudit hostel de ville en attendant la destination qui en sera faite. Et vous ferez bien. PAUMIER. Plus bas, et d'une autre écriture, on lit la note suivante: Nous, avant faire droit sur la présente requeste, ordonnons que la tour en question sera vüe et visitée par André Pouillot, maitre masson et juré expert demeurant à Corbeil, pour conoistre si elle est en un péril évident d'une prochaine chute dont il nous fera son rapport qui en contiendra l'état. Fait le 27 Janvier 1714. MESNARD. L'AN MIL SEPT CENT QUATORZE, le vingt huitième jour de janvier jay, André Pouillot maitre maçon, entrepreneur et juré expert, demeurant au faulbourg de Saint-Léonnard de Corbeil, soussigné, certiffie qu'en vertu de l'ordonnance de Messieurs les maire, lieutenant et eschevins audit Corbeil en datte du vingt sept du présent mois, étant ladite ordonnance rendue sur la requeste de Monsieur le Procureur du Roy de l'hôtel de ladite ville, jay me suis transporté en un lieu appellé le vieil-château situé audit faulbourg de Saint-Léonnard de ladite ville, où estant, j'aurois veu visitté et examiné une grosse tour ronde qui est attenant le passage du petit-pont qui conduit au grand pont et dans ladite ville, et après l'avoir veüe et visittez de touttes parts, j'ay remarqué que ladite tour est entièrement en ruine et que la partie qui est du côté du chemain et pont qui conduit du faulbourg dans ladite ville est entrouverte, divercée, corrompüe, penchante et menassant ruine totalle de fond en comble et ne peult plus subsister aulcunement en l'état qu'elle est présentement, et venant à tomber comme elle le poura faire au premier dégel ou temps humide qu'il fera, elle pouroit causer un préjudice considérable aux voituriers et harnois qui y passent journellement et par sa chutte
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 +|**00000215**| 8г elle empescheroit la liberté du commerce des voituriers par terre et même d'aporter aulcuns grains en ladite ville du côté de la Brie. Pourquoy mon avis est qu'il est absolument nécessaire, pour évitter un péril éminent dont le public est menassé par la mauvaise qualité de la dite tour, d'y mettre des ouvriers incessamment pour en démolir la partie qui est du côté du dit chemain et pont, ne pouvant plus subsister en l'état qu'elle est, laquelle démollition coustera la somme de cent cinquante livres et après laquelle démollition faite, il conviendra de jetter et transporter les immondices et démollitions qui en proviendront dans les fossez qui sont attenant pour rendre le chemain libre aux passants, ce que j'ay certiffié d'abondant vray et véritable; enfoi de quoy jay signé le présent procest-verbal de visitte pour servir et valloir ce qu'il appartiendra ainsy que de raison. A. POUILLOT. A MESSIEURS LES MAIRE ET ESCHEVINS DE LA VILLE DE CORBEIL. Vous remontre le Procureur du Roy que par le rapport d'André Pouillot, juré. expert nommé par vostre ordonnance du 27 janvier dernier, la chute prochaine de la tour qui est au vieil chasteau de cette ville, proche l'entrée d'icelle du costé de la Brie, estant assurée, à ces causes requiert le dit Procureur du Roy qu'il vous plaise, Messieurs, ordonner que la dite tour sera abbatue et démolie par ouvriers qui seront pris à cet effet à la requeste et diligence du dit Procureur du Roy, pour après ladite démolition estre les dits ouvriers payés de la somme qu'il conviendra sur les deniers communs de l'octroi de la dite ville, à ce faire le receveur contraint, quoy faisant serez déchargés et vous ferez bien. 30 Janvier 1714. Plus bas se lit la note suivante : PAUMIER. Nous, ayant égard à la présente requeste et réquisitoire du Procureur du Roy, veu le rapport d'André Pouillot, juré-expert par nous nommé d'office du 28 janvier dernier, par lequel appert que la partie de la tour qui est le long du chemin du faulbourg à la ville est dans un péril éminent d'une chutte prochaine qui seroit fort préjudiciable au public. Nous, pour éviter la dite chutte et les accidens qui en arriveroient, ordonnons que la dite partie de la dite tour qui menace ruine sera incessamment démolie par ouvriers qui y seront employez par le dit Procureur du Roy et à sa dilligence, lesquels seront payez de leurs paines sur les deniers d'octroy de cette ville et faulxbourgs, à l'effet de quoy sera dellivré une ordonnance suivant et ainsy qu'il appartiendra. Faict le 30 janvier mil sept cent quatorze. F. VYNAND GUYMARD.
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 +|**00000216**| LE TITRE DE MARQUISE DE POMPADOUR La naissance de la célèbre Marquise de Pompadour, son rôle, son influence sous le règne de Louis XV sont assez connus; mais il me semble qu'aucun auteur n'a fait ressortir l'origine du titre nobiliaire qu'elle s'était attribué. Souvent, en effet, les princes ont créé des lettres de noblesse pour récompenser la valeur, l'héroïsme, les services rendus à la Patrie; d'autres fois ils ont fait revivre des titres tombés en déshérence. Pour Madame Le Normand d'Etiolles, c'est sous cette dernière raison qu'elle a été anoblie et investie du titre de Marquise de Pompadour en 1745. Pendant qu'elle demeurait à Etiolles, vivait à Soisy-sous-Etiolles, à une très courte distance de son château, Madame de Courcillon, Marquise de Pompadour; c'est un point d'histoire locale qui a son intérêt. La famille de Pompadour est originaire du Limousin, il en est fait mention dès le XIVe siècle; en 1355, un Pompadour épouse l'unique héritière de Chanac. En 1514 meurt Geoffroy de Pompadour qui avait été Président en la cour des comptes, Evêque de Périgueux, du Puy et enfin Grand Aumônier du roy. Le 13 octobre 1640, Jean, Marquis de Pompadour, lieutenant du roi en Limousin, épousa Marie, vicomtesse de Rochechouart. En 1720, Madame Françoise de Pompadour, veuve de très-haut et très puissant Seigneur Messire Philippe Egon, marquis de Courcillon de Pompadour, en son vivant brigadier des armées du roi, gouverneur et lieutenant-général pour sa Majesté de la Province de Touraine, acheta la propriété de Soisy-sous-Etiolles qui appartient actuellement à M. L. Chevalier, Conseiller-Maître à la Cour des Comptes. C'est une partie détachée de l'ancien fief le Jardin,
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 +|**00000217**| 83 - qui avait appartenu jadis à Giles Malet, le célèbre bibliothécaire et valet de chambre du roi Charles V (1). De 1727 à 1731, la signature de Mme de Courcillon de Pompadour se rencontre à plusieurs reprises sur les registres paroissiaux de Soisy, mais nous savons qu'en 1743 elle ne possédait plus la propriété qu'elle y avait acquise en 1720. Elle était morte alors, si nous en croyons une histoire de Soisy, rédigée par M. A. Jolly, ancien maire de cette commune, et restée inédite jusqu'à présent (2). D'autre part, cette Mme de Pompadour n'avait qu'une fille, Marie Sophie de Courcillon de Pompadour, qui avait épousé Charles François d'Albert d'Ailly, comte, puis duc de Picquigny et de Chaulnes. Mme Le Normand d'Etiolles, dont le château touchait presque à Soisy, savait donc fort bien que cette famille était éteinte, aussi obtint-elle du roi, facilement on s'en doute, de faire siens un titre et un nom dont la prononciation harmonieuse sonnait agréablement à son oreille, et de se faire appeler à l'avenir Marquise de Pompadour. Elle s'appropria également les armoiries de cette famille qui étaient d'azur à trois tours d'argent, maçonnées de sable. Puisque nous parlons du château d'Étiolles, rappelons que Voltaire y vint quelquefois visiter Mme de Pompadour; une gravure, assez rare aujourd'hui, nous le montre dans ce château, lisant ses vers à la Marquise; celle-ci, couchée dans son lit et vêtue d'un élégant déshabillé, paraît l'écouter avec plaisir (3). E. COLAS, Curé de Soisy-sous-Etiolles. (1) Cf. Bulletin de la Société de Corbeil-Etampes, année 1895, p. 40, notre article sur Giles Malet, Seigneur de Soisy. (2) I.e manuscrit de cette histoire de Soisy se trouve actuellement en la possession de M. Allain, Maire de cette commune. (3) Bibliothèque de Corbeil, collection iconographique. 8
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 +|**00000218**| BIBLIOGRAPHIE Revue d'histoire littéraire de la France, (Paris, Armand Colin et Cie) nº du 15 octobre 1895. A signaler un article de M. Paul d'Estrée, intitulé: Une académie bachique au XVIIe siècle. C'est l'histoire d'un diner littéraire fondé par Pinchesne, neveu du célèbre Voiture, qui en a consigné les annales dans un volume écrit presque entièrement de sa main et qui fait partie des manuscrits de la Bibliothèque nationale, sous le titre assez inexact de: Recueil de rondeaux (n° 15125). Quelquesunes des poésies de circonstance, contenues dans ce manuscrit, célèbrent la demeure hospitalière des demoiselles Melson, à Antony, et surtout l' « agréable maison de Viry », où Charles Perrault, « le jeune Orphée », réunissait une nombreuse société d'artistes et de littérateurs. C'est là qu'après bien des péripéties racontées en détail par M. Paul d'Estrée, l'Académie des gourmets, présidée par Pinchesne, paraît avoir tenu ses dernières agapes. Nous trouvons dans le même nº de la Revue d'histoire littéraire et dans les nos des 15 avril et 15 juillet 1896, un intéressant travail de M. Charles Joret sur J. B. Gaspard d'Ansse de Villoison et ses relations avec la Cour de Weimar. Ce savant helléniste appartient, comme l'on sait, à la ville de Corbeil, où il est né en 1750. Son caractère original, son existence tout entière consacrée à l'érudition et aux relations que lui valait une célébrité européenne, son penchant très marqué à la flatterie des personnages princiers auprès desquels il trouvait un accueil empressé, ressortent d'une manière vivante des extraits de sa correspondance. V. C. Commission des antiquités et des arts du département de Seineet-Oise. T. XVI (Versailles, imprimerie Cerf). M. Coüard, archiviste de la Préfecture de S.-et-O., a inséré dans ce volume des extraits d'un vif intérêt pour la Société de Corbeil-Etampes, relatifs au service des bateaux de Paris à Corbeil, d'où « l'origine possible du mot Corbillard », et à divers marchés passés avec des entrepreneurs: 12 août 1586, refonte de deux cloches de l'église N.-D. de Corbeil par « Guyon de la Bouticle et Guyon de Longchamp, marchans fondeurs demeurans à Trois en Champaigne » ; 17 et 26 novembre 1596, travaux à exécuter au Château de Corbeil par Guillaume Gar-
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 +|**00000219**| 85 - nier, maître maçon; 1651, travaux de « charpenterye » à exécuter au-dessus de la grande porte du Cloître Saint Spire; 1657, marché passé avec Guy Jolly, facteur d'orgues à Paris, « pour faire un orgue en l'église Saint Spire de Corbeil » ; 1662, marché passé avec Rodolphe Parent, peintre du Roi, « pour peindre la gallerie du Chasteau de Petit-Bourg; » 1625, marché passé avec Jehan Hébert, maître vitrier à Corbeil, pour la réparation des vitraux de l'église de Saint-Germain-du-vieux-Corbeil (1). A. D. Journal de Jean de Roye, connu sous le nom de <<< Chronique scandaleuse », 1460-1483, publié pour la Société de l'histoire de France, par Bernard de Mandrot. Paris, Renouard, Laurens successeur. T. I, 1894, XXIX 366 pp. T. II, 1896, 472 pp. Le tome II de cette belle édition, qui vient de paraître, contient en appendice une description de la bataille de Montlhéry, livrée entre Louis XI et le Comte de Charolois, Charles-le-Téméraire, le 16 juillet 1465. C'est le récit le plus complet et le plus étudié que nous possédions encore sur ce combat mémorable. FINOT (Jules). - L'artillerie bourguignonne à la bataille de Montlhéry. Lille, imprimerie Danel, 1896, in-8º de 66 pp. Extrait des Mémoires de la Société des sciences, de l'agriculture et des arts de Lille; se série, fascic. 5. BONNIN (M. l'abbé), curé d'Ablon. - Principaux droits de l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés en Seine-et-Oise (543-1793), avec vues de l'Abbaye en 1368, 1410 et 1640. Paris (et Lille) Desclée, 1896. 1 vol. in-12 de 386 pp. tiré à 150 exemplaires. Poursuivant ses études sur notre région, M. l'abbé Bonnin nous donne aujourd'hui un nouveau volume très documenté qui est le fruit de longues et laborieuses recherches; on y trouve d'importants détails sur Essonnes, Palaiseau, Gif, Gagny, Verrières, Villeneuve-Saint-Georges, Corbeil, Saint-Germain-en-Laye, Epinay, Etampes, Arpajon, Montlhéry, Valenton, Villemoisson-sur-Orge, Périgny, Savigny-sur-Orge, Morigny, Villebon, Paray, Bruyères-le-Châtel, Massy, Mons, (Athis) etc. etc. C'est un travail de bénédictin qui épargnera bien des démarches et des recherches à ceux qui voudront s'occuper désormais de l'histoire de nos environs; aussi l'on doit remercier et féliciter l'érudit auteur qui, avec une patience digne d'éloges, a su l'entreprendre et le mener à bien. MARTIN (Alexis). - Les Etapes d'un touriste en France; promenades et excursions dans les environs de Paris. II. Région sud: de (1) Ces divers documents ont été relevés par M. Coüard dans le fonds des minutes notariales des archives départementales; ils figureront dans le nouveau volume d'inventaire qui doit paraître prochainement.
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 +|**00000220**| 86Larchant à Etampes, d'Etampes à Malesherbes, de Malesherbes à Orléans, de Patay à Auneau. Paris, imp. et lib. Hennuyer, 1896. Un vol. in-16 de 1x et 260 pp. avec 81 gravures, une vue panoramique et deux cartes coloriées. PIEYRE (Adolphe). - De Paris à Limours, pièce en un acte. in-16 de 38 pp. Nimes, 1896. Imp. La Fare frères. - COURTAUX (Théodore). Histoire généalogique de la famille Bosquillon d'Aubercourt, de Bouchoir, du Fay, de Fontenay, de Frescheville, de Jarcy, de Jenlis, de Marigny; (Picardie, Beauvaisis et Isle de France), 1464-1892, d'après les documents conservés dans les dépôts publics, accompagnée de tables de noms de familles et de localités. Paris, cabinet de l'historiographe, 1894, in-4° de 96 pp. tiré à 75 exemplaires. - QUESVERS (Paul) et STEIN (Henri). Pouillé de l'ancien diocèse de Sens, publié d'après des manuscrits et des documents inédits. Paris, 1894, un vol. in-4º de VIII et 407 pp. tiré à 100 exemplaires. Cet ouvrage dont la valeur et l'importance ne sont pas à discuter, a fourni à l'aimable et érudit bibliothécaire de Melun, M. G. Leroy, l'occasion d'une appréciation des plus élogieuses et des mieux méritées; aussi ne pouvant mieux dire, nous empruntons à M. Leroy quelques passages de l'article qu'il a consacré à l'ouvrage de MM. Quesvers et Stein. « Ceci est une œuvre de pure érudition, une gemme dont les savants, les <<< historiens, les amateurs d'antiquités locales apprécieront la valeur. Elle s'a- << dresse à un petit nombre, à des spécialistes qui la considéreront comme une <<< mine féconde renfermant d'immenses matériaux, pour l'édification de travaux <<< historiques ayant trait à l'ancien diocèse de Sens, un des plus vastes du <<< royaume de France et dont le pays Melunais et de nombreuses paroisses des << régions de Corbeil et d'Étampes faisaient partie avant 1789. <<< L'ouvrage de MM. Quesvers et Stein rappelle les œuvres des Bénédictins, « dont la rédaction exigeait une patience et une science qui semblaient être des << dons spéciaux aux cénobites d'autrefois. Pour réunir, contrôler, condenser, <<< mettre en œuvre la quantité de documents contenus dans le Pouillé qu'ils << viennent d'éditer, il a fallu remuer, compulser, étudier, soumettre à une déli- << cate critique, des monceaux de documents, conservés dans les archives et les << collections privées. Rien de ce qui se rattache à la fondation des Abbayes, à <<< l'existence des paroisses, des Prieurés, des Chapelles, Hôtels-Dieu, léproseries, <<< Commanderies, etc., n'a été omis par les auteurs. Chaque fait avancé est <<< documenté avec une sûreté de critique qui ne laisse prise à aucune observation. <<« Nous saluons la publication du bon livre de MM. Quesvers et Stein; il est « comme le corollaire de la Gallia Christiana, l'immortel ouvrage qui suffirait à
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 +|**00000221**| 87 - << la gloire des Bénédictins, si d'autres titres, non moins légitimes, ne consa- << craient la réputation de ces grands savants ». LEGRAND (Maxime). - Etampes pittoresque, Guide du promeneur dans la ville et l'arrondissement, texte par M. Maxime Legrand, membre des sociétés historique et archéologique du Gâtinais et du Hurepoix, avec le concours de MM. Léon Marquis, René Ravault et d'un groupe d'amateurs Etampois; orné d'un très grand nombre de gravures dans le texte et hors texte par M. René Ravault. Etampes, Humbert-Droz, imprimeur, 1896-1897. Charmant et utile recueil en cours de publication; to livraisons (à 25 cent.) ont déjà paru, formant 160 pages; l'ouvrage complet doit en compter 12, nous a-t-on assuré. L'on sait que la ville d'Etampes est très riche en souvenirs et en curieux monu ments qu'elle a eu la bonne fortune de savoir conserver. L'auteur s'est complu à les faire revivre dans son ouvrage où, de sa plume alerte et savante, il décrit les édifices de tout âge, les sites remarquables, les maisons historiques et jusqu'aux monuments disparus. Pas une pierre, pas un vestige ne lui échappent et, se souvenant qu'il est l'historien attitré de son pays, il exhume les souvenirs et raconte avec verve les événements qui se sont passés ici et là dans cette vieille cité d'Etampes, dont l'histoire n'a pas de secrets pour lui. Quel que soit l'intérêt de cette publication, et nous l'estimons très grand, il est encore singulièrement augmenté par les très nombreuses gravures qui montrent à chaque page les monuments décrits. C'est encore un mérite de l'auteur qui a su s'assurer le précieux concours de M. René Ravault, un dessinateur de talent qui ne connaît pas de difficultés et qui sait rendre tout ce qu'il voit avec un brio et une fidélité qui révèlent un artiste aussi consciencieux qu'habile. A. D. LEGRAND (Maxime) et MARQUIS (Léon) - 1789. Le bailliage d'Etampes aux Etats-généraux. Cahiers de la ville et des paroisses. Historique, Documents, Procès-verbaux d'assemblée, Rédaction des cahiers, etc, etc, avec une carte du bailliage en 1789; d'après les documents originaux. T. II. Etampes, 1895, in-8° xxiv et 288 pages. Deuxième volume d'une publication importante qui se complétera avec un troisième qui doit paraître prochainement; le premier a paru en 1892. Les auteurs y ont réuni une quantité considérable de documents, correspondances, procès-verbaux, historique des paroisses et des maisons religieuses etc, qui en font un ouvrage de premier ordre au point de vue local, et très important encore
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 +|**00000222**| 88 pour l'histoire de notre France dont les états-généraux de 1789 étaient appelés à résumer les aspirations. Des biographies, des portraits, des cartes augmentent encore l'intérêt de ces volumes qui ont nécessité tant de recherches et de travaux. De nombreuses communes des environs de Corbeil y sont citées. Revue Etampoise. 1897. Almanach d'Etampes et annuaire publié par le Réveil d'Etampes; sixième année. Etampes, Humbert-Droz, imprimeur-éditeur, 1897, un vol. petit in-8°, de 136 pages, orné de gravures. En dehors des renseignements utiles contenus dans ces sortes d'ouvrages, les lecteurs y trouveront des notices historiques fort intéressantes dont le style facile et très documenté trahit sans peine l'anonymat dont l'auteur a voulu s'entourer. Annuaire de l'arrondissement de Corbeil pour 1897, contenant des renseignements généraux sur l'arrondissement, la nomenclature des communes de l'arrondissement, avec renseignements sur chacune d'elles; population, municipalité, commerçants etc, un almanach pour 1897, calendrier, nouvelles, variétés, médecine domestique, médecine vétérinaire etc; une carte de l'arrondissement et des cantons limitrophes, un plan de Corbeil, et illustré de quatre gravures hors texte (vues de Corbeil) et d'un grand nombre de vignettes dans le texte. Corbeil, imprimerie E. Crété, in-8°, couverture en couleurs. Abondant recueil de renseignements spéciaux, d'anecdotes plus ou moins gaies et d'annonces diverses. C'est un livre parfait au point de vue de l'actualité; il est seulement permis de regretter que les éditeurs n'y aient pas réservé une plus large place aux souvenirs historiques. L'Hôpital de Villiers, œuvre des enfants tuberculeux, 35, rue Miromesnil, Paris, s. d., in-12 de xv et 244 pages, avec gravures dans le texte et une vue comparative, hors texte, de l'hôpital de Villiers en 1892 et 1896. Historique des Hôpitaux de Villiers et d'Ormesson (arrondissement de Corbeil), consacrés au traitement des enfants tuberculeux. BASSERIE (Mile J. P.). — La Conjuration de Cinq-Mars, avec une préface par M. Alfred Mézières, de l'Académie française. Paris, librairie académique Didier, 35, Quai des Grands Augustins, 1896. Petit in-8°, de ix et 326 pages avec un tableau généalogique et un portrait de Henry Ruzé d'Effiat, marquis de Saint-Mars (sic), grand escuier de France,
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 +|**00000223**| - - 89 L'éminent académicien qui a signé la préface de ce volume rempli de documents authentiques, s'exprime ainsi en commençant : << Alfred de Vigny a écrit en << artiste, en poète, le roman de Cinq-Mars. Voici maintenant l'histoire vraie, << puisée aux meilleures sources, plus dramatique et plus poignante encore que le << roman. On l'a souvent remarqué, lorsque l'historien étudie de près la réalité, il « y rencontre des aventures plus extraordinaires et des incidents plus inattendus « que l'imagination n'oserait en concevoir. La vie de Cinq-Mars résume en un << très petit nomhre d'années tous les contrastes et toutes les extrémités des choses « humaines. Ce qui lui arrive en si peu de temps paraîtrait invraisemblable si ce << n'était vraiment arrivé... Son sort nous fait pitié, nous suivons avec émotion, << dans le récit très touchant de Mlle Basserie, les longues tortures morales et phy- << siques auxquelles il est soumis dans sa prison jusqu'au jour où sa tête tombe <<< sous la hache du bourreau. » En dehors de ses qualités intrinsèques, ce livre offre un intérêt tout spécial pour notre contrée: En effet, Antoine Coiffier, le célèbre Maréchal de France, le père de Cinq-Mars, était seigneur de Chilly et de Longjumeau et, au cours de son récit, Mlle Basserie nous ramène souvent au merveilleux château de Chilly, que le Maréchal avait fait reconstruire et dont il avait fait « un palais enchanté où l'art et le luxe avaient réuni toutes leurs séductions. » Le jeune Cinq-Mars avait grandi dans le séjour charmant de Chilly; Richelieu y vint souvent et l'on y vit même le roi Louis XIII et toute la Cour. C'est l'histoire d'une famille illustre, liée en quelque sorte à celle d'une demeure quasi-royale qui, l'une et l'autre, ont brillé autrefois d'un si vif éclat sur notre contrée.. A. D. Etat des propriétés communales et des différents services de la ville de Corbeil, mis à jour au 31 mars 1896. Corbeil, imprimerie Drevet, 1896, in-4º de 48 pages. : Ce travail reproduit l'Exposé de la situation financière et de l'état des différents services communaux qui fut présenté en 1878 au Conseil municipal par M. Leclerc, avoué et conseiller municipal. Le rédacteur de 1896 y a ajouté, en petits caractères, des notes qui indiquent les modifications survenues dans les propriétés comme dans les divers services de la ville de Corbeil depuis la publication du travail de M. Leclerc. - A. DE DION. Notice sur Beynes, extrait du XIme volume des mémoires de la Société archéologique de Rambouillet. Tours, imprimerie Deslis frères, 1896, in-8º de 45 pages, deux gravures. On ne peut que féliciter et remercier l'excellent et très sympathique président de la Société de Rambouillet de l'intelligente pensée qu'il a eue en adressant à ses amis, au lieu et place de la banale carte de visite du 1er janvier, le tirage à part dé son intéressant travail sur Beynes et son vieux château, situés dans le canton de Montfort-l'Amaury. A. D.
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 +|**00000224**| TABLE DE LA 2ª ANNÉE Statuts et Règlement de la Société Liste des membres Conseil d'administration, Bureau, Comité de publication. Compte-rendu des séances Une Victime de la Terreur à Arpajon, par M. LORIN. Un quartier de Corbeil, par M. A. DUFOUR. .. Étréchy et les Fiefs environnants, suite et fin, par M. L. MARQUIS. + B. HAURÉAU. Compte-rendu des séances Excursion de la Société à Etampes le 19 octobre 1896, par M. M. L. La Chasuble de Viry-Châtillon, par M. l'Abbé L. MARSAUX. Les Cloches de Soisy-sous-Etiolles, par M. l'Abbé E. COLAS. Lettres inédites de Jabineau de la Voute, par M. Paul PINSON Fête donnée par Madame la duchesse de Mazarin en son château de Chilly, le 13 septembre 1769, par M. l'Abbé J. GÉHIN St Eutrope d'Arpajon, par M. l'Abbé E. COLAS. Le Vieux Château de Corbeil et la démolition de sa tour en 1714, par M. A. DUFOUR. Le Titre de marquise de Pompadour, par M. l'Abbé E. COLAS. Page v XI XVII XIX I 6 16 33 35 46 52 57 60 66 71 77 82 84 Bibliographie GRAVURES: Ancien plan de Corbeil. 6 Poutres sculptées trouvées à Corbeil 14 La Chasuble de Viry-Chatillon, 2 gravures . 52 Vue du Château de Chilly-Mazarin 66 Vue du vieux Château de Corbeil 78 Montdidier. Imprimerie G. BELLIN.
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 +|**00000225**| alofe J BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ HISTORIQUE & ARCHÉOLOGIQUE DE CORBEIL, D'ÉTAMPES ET DU HUREPOΙΧ
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 +|**00000226**| IMPRIMERIE G. BELLIN, A MONTDIDIER
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 +|**00000227**| BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ HISTORIQUE & ARCHÉOLOGIQUE DE CORBEIL D'ÉTAMPES ET DU HUREPOIX 3º Année - 1897 Ire LIVRAISON
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 +CORHEIL THUNEPOL ETAMPES PARIS ALPHONSE PICARD ET FILS, ÉDITEURS LIBRAIRES DES ARCHIVES NATIONALES ET DE LA SOCIÉTÉ DE L'ÉCOLE DES CHARTES Rue Bonaparte, 82 1897
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 +|**00000229**| : SOCIÉTÉ HISTORIQUE & ARCHÉOLOGIQUE DE CORBEIL, D'ÉTAMPES ET DU HUREPOIX STATUTS Approuvés par arrêté préfectoral en date du 19 février 1895 ARTICLE I. — Une Société est fondée à Corbeil sous le titre de SOCIÉTÉ HISTORIQUE ET ARCHÉOLOGIQUE DE CORBEIL, D'ÉTAMPES ET DU HUREPOIX. Elle a pour but les études, les recherches et les publications concernant l'histoire et l'archéologie de notre contrée et des régions circonvoisines, ainsi que la description et la conservation des monuments anciens situés dans ces mêmes régions. Elle a son siège à Corbeil et tiendra ses séances soit à la SousPréfecture, soit à la Mairie, avec l'autorisation préalable du SousPréfet ou du Maire. - - ART. II. La Société s'interdit toutes discussions ou publications politiques ou religieuses. ART. III. La Société se compose de tous les fondateurs et, en nombre illimité, des personnes qui, adhérant aux Statuts, sont admises par le Conseil sur la présentation de deux membres. Le Conseil peut aussi désigner des membres correspondants qui seront nommés par l'Assemblée générale.
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 +|**00000230**| VI Les mineurs ne seront admis dans la Société que sur le consentement soit de leurs parents, soit de leur tuteur. ART. IV. - Le titre de fondateur est acquis: 1º aux signataires des présents statuts, 2º à tout membre qui fait don à la Société d'une somme de cent francs au moins. ART. V. Chaque sociétaire paie une cotisation annuelle de dix francs; cependant cette cotisation est réduite à cinq francs pour les personnes appartenant au clergé et à l'enseignement. ART. VI. Tout membre adhérent qui aura effectué un versement de cent francs au moins sera exonéré du paiement des cotisations annuelles. ART. VII. La Société est administrée par un Conseil composé de vingt-et-un membres, élus pour trois ans en Assemblée générale. Ce Conseil se renouvelle chaque année par tiers. - Les membres sortants sont rééligibles. ART. VIII. Le Conseil, sur la proposition du Comité de publication, statue sur l'impression des travaux et la composition des Bulletins: il soumet aux auteurs les modifications qu'il juge nécessaires et détermine l'ordre des insertions. ART. IX. Aucune dépense ne peut avoir lieu qu'en vertu d'une délibération du Conseil. Le trésorier ne doit effectuer aucun paiement sans le visa du Président ou d'un Vice-Président. ART. X. - La Société se réunit tous les ans au mois de mai, en Assemblée générale, soit à Corbeil, soit dans toute autre ville désignée par le Conseil. Cette assemblée nomme les Membres du Conseil. Elle entend les rapports qui lui sont présentés par le Conseil et qui sont relatifs à l'état des travaux et à la situation financière de la Société. Elle délibère sur toutes les propositions qui lui sont soumises par le Conseil. ART. XI. La Société pourra organiser des excursions archéologiques, faire exécuter des fouilles, établir une bibliothèque, un musée, acquérir, recueillir ou recevoir, à titre de dons manuels, tous les objets et documents qui l'intéressent. Toutes ces questions seront décidées par le Conseil. ART. XII. - Les membres correspondants reçoivent les publications de la Société et sont affranchis de toute cotisation. : :
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 +|**00000231**| VII ART XIII. En cas de dissolution de la Société, les membres titulaires, réunis en une Assemblée générale spécialement convoquée à cet effet, seront appelés à statuer sur la liquidation de l'actif social et sur la destination des collections appartenant à la Société. ART. XIV. Les présents Statuts pourront être modifiés par l'Assemblée générale, sur une proposition écrite et signée de dix membres au moins, mais aucune modification ne deviendra exécutoire qu'après avoir été autorisée par l'autorité compétente, en exécution de l'article 291 du Code pénal. - ART. XV et dernier. Un règlement intérieur, adopté par l'Assemblée générale, arrête les conditions de détail propres à assurer l'exécution des présents Statuts et le bon fonctionnement de la Société. Vu par le Vice-Président: Vu et soumis à l'approbation de Monsieur le Préfet de Seine-et-Oise. Le Sous-Préfet de Corbeil, G. DE LINIÈRES. P. BOUCHER. Le Préfet de Seine-et-Oise, Chevalier de la Légion d'honneur, autorise la <<< Société Historique et Archéologique de Corbeil, d'Étampes et du Hurepoix » à se constituer légalement, en vertu de l'article 291 du Code pénal et conformément aux présents Statuts. Fait à Versailles, le 19 février 1895. Pour le Préfet, Le Secrétaire-général délégué, DUFOIX. eo
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 +|**00000232**| RÈGLEMENT DE LA SOCIÉTÉ HISTORIQUE ET ARCHÉOLOGIQUE DE CORBEIL, D'ÉTAMPES ET DU HUREPOIX Arrêté par l'Assemblée générale du 4 Décembre 1894 - ARTICLE I. Messieurs les Sous-Préfets de Corbeil et d'Étampes sont Présidents d'honneur de la Société. ART. II. Le Conseil, conformément à l'article VII des statuts, désigne, chaque année parmi ses membres, un Président, deux ou plusieurs vice-Présidents, un Secrétaire général, un Secrétaire rédacteur et un Trésorier. - ART. III. Le Président ouvre et dirige les séances, maintient l'ordre dans les discussions, fait exécuter les statuts et les décisions de la Société, la convoque pour les séances ordinaires et extraordinaires et ordonnance les dépenses. En cas d'absence des Président et vice-Présidents, le Conseil est présidé par le plus âgé des membres présents. ART. IV. Le Secrétaire général est chargé, sous la direction du Conseil, de la composition et de la rédaction du bulletin; il veille à l'impression et à la correction de toutes les publications de la Société; il se met en rapport avec les auteurs et leur soumet, s'il y a lieu, les observations approuvées par le Conseil, sur le rapport du Comité de publication. Il fait annuellement à l'assemblée générale un rapport sur les travaux de la société; enfin il remplit les fonctions d'archiviste.
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 +|**00000233**| ART. V. Le Secrétaire rédacteur rédige les procès-verbaux des séances et est chargé de tout ce qui se rapporte à la correspondance. - ART. VI. Le Trésorier est chargé du recouvrement des cotisations annuelles; il paie les dépenses ordonnancées et donne, chaque année, à la séance générale, un état de la situation financière de la Société. - ART. VII. Le Conseil se réunit tous les trois mois; cependant le Président peut le convoquer chaque fois que les intérêts de la Société l'exigent. - ART. VIII. Les décisions du Conseil sont prises à la majorité des suffrages; pour qu'elles soient valables, sept membres au moins doivent être présents. En cas de partage, la voix du Président est prépondérante. - ART. IX. Le Conseil statue sur les demandes d'admission et désigne la catégorie à laquelle doit appartenir chaque candidat admis, afin de déterminer le montant de sa cotisation, conformément à l'article V des statuts. Les délibérations du Conseil ont lieu au scrutin secret, et les noms des candidats refusés ne sont pas inscrits au procès-verbal. ART. X. Les décisions du Conseil ordonnant une dépense sont transmises sans retard au Trésorier par un extrait du procès-verbal, signé du Secrétaire rédacteur. ART. XI. - - Les fonds disponibles de la Société seront déposés à la caisse d'épargne de Corbeil ou dans toute autre caisse désignée par le Conseil. ART. XII. L'ouverture de l'année sociale est fixée au rer janvier. Tont candidat admis doit sa cotisation à partir du 1er janvier de l'année de son admission. ART. XIII. La Société publiera un bulletin périodique et, si ses ressources le lui permettent, elle pourra également publier des mémoires et des documents. ART. XIV. Un Comité de publication, composé d'un vicePrésident et du Secrétaire général, membres de droit, et de cinq membres choisis par le Conseil et renouvelables chaque année, proposera la publication, sous les auspices de la Société, des mémoires et documents dont il aura apprécié la valeur réelle.
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 +|**00000234**| X ART. XV. - Les Sociétaires ont droit à toutes les publications de la Société à partir de l'année de leur admission. ART. XVI. Tous les Sociétaires peuvent assister aux séances du Conseil, mais ils ne peuvent prendre part aux votes. Le Président peut leur donner la parole quand ils ont à faire des communications qui rentrent dans l'ordre des travaux de la Société. Cependant le Conseil peut se former en Comité secret sur la demande de deux de ses membres. ART. XVII. - Les auteurs pourront faire exécuter, à leurs frais, des tirages à part des travaux publiés par la Société. Tout tirage à part devra porter la mention du volume dont il aura été extrait. Aucun tirage à part ne pourra être mis en circulation avant la publication par la Société du travail dont il est l'objet. ART. XVIII. Les demandes de modifications aux statuts devront être adressées au Président quinze jours au moins avant l'assemblée générale; il en sera fait mention sur les lettres de convocation. ART. XIX et dernier. Le présent règlement pourra être modifié par le Conseil sur la proposition et à la majorité de sept membres au moins.
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 +|**00000235**| LISTE DES MEMBRES Les noms précédés d'un astérisque (*) sont ceux des MEMBRES FONDATEURS qui ont racheté leur cotisation. MM. ALLAIN, Maire de Soisy-sous-Étiolles. ALLIOT (l'Abbé), Curé de Bièvres. AUBRY-VITET, Archiviste-Paléographe, 9, rue Barbet de Jouy, Paris. BARREAU (Eugène), Juge au tribunal de Commerce de Corbeil, à Ris-Orangis. BARTHÉLEMY (André), à Villeneuve-le-Roi, par Ablon. BARTHÉLEMY (Jules), Géomètre-expert, rue Feray, Corbeil. BARTISSOL, Maire de Fleury-Mérogis, par Saint-Michel. BASSERIE (Mlle) 49, rue St Vincent, au Mans (Sarthe). BAZIN, au château de Villegenis, par Massy. BEGLET (Armand), à Corbeil et, à Paris, 162, boulevard Haussmann. *BÉRANGER (Charles), 82, avenue des Champs-Élysées, Paris. BERNON (le Baron de), à Palaiseau, et, à Paris, 3, rue des Saints-Pères. BESSIN, Conseiller d'arrondissement, à Corbeil. La BIBLIOTHÈQUE COMMUNALE DE CORBEIL, représentée par M. DUFOUR, bibliothécaire. *BIZEMONT (le Vte Arthur de) au Château du Tremblois, par Bouxières-aux-Chênes (Meurthe-et-Moselle). BLAVET, Président de la Société d'Horticulture d'Étampes, 11, place de l'Hôtel-de-Ville, Étampes.
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 +|**00000236**| XII MM. BONNEPILLE, Conseiller genéral de Seine-et-Oise, à Massy. BONNIN (l'Abbé), Curé d'Ablon. BOSQUILLON DE JARCY, Maire de Varennes, par Mandres. BOUCHER (le Dr Paul), Médecin en chef de l'Hôpital de Corbeil. BOUJU-TANDOU (J. Albert) au Château du Tremblay, à Corbeil et, à Paris, 67, avenue Kléber. BUFFIER (Gaston), homme de lettres, 146, rue des Vallées, à Brunoy. CALLIET, Président du tribunal de Commerce, à Corbeil. CAUVIGNY (l'Abbé), Curé de Ballancourt. CAUVILLE (Paul de), Sénateur, au château des Tourelles, par Évry-Petit-Bourg; à Paris, place d'Iéna, 8. CHAMBON, avoué à Corbeil. CHÉRON, à Lardy. CHERRIÈRE (le Dr), à Essonnes. CHEVALIER (Léon), Conseiller-Maître à la Cour des Comptes, à Soisy-sous-Étiolles, et à Paris, 216, rue de Rivoli. CLÉMENT, Architecte del'arrondissement d'Étampes, à Étampes. COCHIN (Henry), Député du Nord, au château de Wetz, à St-Pierre-Brouck, par Bourbourg (Nord). COLAS (l'Abbé), Curé de Soisy-sous-Étiolles. COLAS (Albert) propriétaire à Villeneuve-le-Roi. COLLARDEAU DU HEAUME (Philéas), 6, rue Halévy, Paris. *COURCEL (le Baron Alphonse de), Ambassadeur et Sénateur, au château d'Athis-Mons, et à Paris, to, boulevard Montparnasse. *COURCEL (George de), à Vigneux, et à Paris, 178, boulevard Haussmann. *COURCEL (Valentin de), Maire d'Athis-Mons, et à Paris, 20, rue de Vaugirard. *CROS (Louis), Conseiller général de Seine-et-Oise, à Corbeil. DANGER, géomètre, à Étampes. *DARBLAY (Aymé), au château de St-Germain, par Corbeil. DARBLAY (Paul), au château de St-Germain, par Corbeil. DARNET (Jérôme), Greffier en chef du tribunal de Corbeil. DEBLED, artiste-peintre à Linas, par Montlhéry.
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 +|**00000237**| XIII MM. DELESSARD (Edouard), Avoué honoraire près le Tribunal de la Seine, à Ris-Orangis. DELESSARD (Ernest), Ingénieur civil, à Lardy. DEPOIN (Joseph), Secrétaire général de la Société historique de Pontoise, 50, rue Basse, à Pontoise, et à Paris. 62, rue Bonaparte. DESRUES (l'Abbé), Curé Doyen de Limours. DEVERRE (l'Abbé), Curé de Boigneville. DEVOUGES (le Dr), Président de la Société d'Horticulture de l'arrondissement, rue Feray, à Corbeil. DION (le Comte de), Président de la Société archéologique de Rambouillet, à Montfort-l'Amaury. DUFAURE (Amédée), ancien député, au Château de Gillevoisin, par Étréchy, et 11, Avenue Percier, à Paris. DUFOUR (M. A.), Conservateur de la Bibliothèque et des Archives de la ville de Corbeil, rue du 14 Juillet, 21, à Corbeil. DURANDET (l'Abbé), Curé de Ris-Orangis. *DUVAL (Rubens), Professeur au Collège de France, à Morsangsur-Seine, et à Paris, 11, rue de Sontay. FÉRAY (Ernest), 5, rue de Stockolm, à Paris. *FÉRAY (Georges), 58, Boulevard Malesherbes, à Paris. FLAMMARION (Camille), Directeur de l'Observatoire de Juvisy, à Juvisy. FORTEAU (Charles-Marie), Trésorier de la Caisse d'Épargne d'Étampes, à Étampes. FOUDRIER (l'Abbé), Curé de Morsang-sur-Orge, par Savignysur-Orge. FRITSCH (l'Abbé), Curé d'Étréchy. GALLET (le Chanoine), 16, rue Royale, à Versailles, GARNIER (Paul), 16, rue Taitbout, à Paris. GATINOT, inspecteur-primaire honoraire, à Montgeron. GEFFROY (le Dr), à Villeneuve-Saint-Georges. GÉHIN (l'Abbé), Curé de Chilly-Mazarin, par Longjumeau. GFNET (l'Abbé), Curé de Méréville. GENTY (l'Abbé), Curé de Livry. GÉRARD (Octave), avoué à Corbeil.
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 +|**00000238**| XIV MM. GIBERT, ancien percepteur, à Corbeil. GIBOIN, rue Orbe, à Libourne (Gironde). GLIMPIER (l'Abbé), Curé de Santeny. GRAND (Émile), avoué à Corbeil. Grange (le Marquis de la), Maire de Montgeron. GUÉBIN (Edmond), Avoué à Corbeil. GUÉNIN (Eugène), Critique d'art et sténographe au Sénat, Villa des Fresnes, à Juvisy. GUILBERT (Denys), Avocat, au Château du Colombier, au Breuillet, par St-Chéron, et à Paris, 18, rue St-Sulpice. GUYOT (Joseph), au Château de Dourdan. HARO (Henri), Peintre-Expert, 20, rue Bonaparte, à Paris. + HAURÉAU (Barthélemy), Membre de l'Institut. Humbert-Droz, Imprimeur à Étampes. *JACQUEMOT (l'Abbé), Curé-Doyen d'Argenteuil. JANCOURT-GALIGNANI, Maire d'Étiolles, par Corbeil, et à Paris, 182, rue de Rivoli. JARRY (Henri), Pharmacien, Membre du Conseil départemental d'hygiène, à Corbeil. JOZON (Maurice), Notaire à Corbeil. LACHASSE (Auguste), Adjoint au Maire de St-Germain-lèsCorbeil. LACOMBE (Paul), Trésorier de la Société de l'histoire de Paris, 5, rue de Moscou, à Paris. LADMIRAL (le Dr), au Château d'Étiolles, par Corbeil. LAISNEY, Directeur des grands Moulins de Corbeil, 5, rue du Louvre, à Paris. LAROCHE (Mme Jules), rue Saint-Spire, à Corbeil. LASNIER (E.), Receveur des Finances en non activité, 28, rue de Champlouis, à Corbeil. LECACHEUR (Mme), rue Saint-Spire, à Corbeil. LÉGER (l'Abbé), Curé de Domont. LEGROS, Notaire, Maire de Boissy-St-Léger. LEMAIRE (Jules), homme de lettres, rue Féray, à Corbeil. LE PAIRE (Jacques-Amédée), à Lagny (S. et M.) LEPROUST (l'Abbé), 3, rue Pavée, à Étampes. LEROY (Jules), rue Feray, à Corbeil.
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 +|**00000239**| XV MM. LORIN, Avoué, Secrétaire général de la Société historique de Rambouillet, à Rambouillet. LoT (Thomas), à Brunoy, rue Talma, et 49, rue de Lille, à Paris. MAILLE ST-PRIX, au Château de la Grange, par Evry-PetitBourg, et à Paris, 11, Square de Messine. MALLET, Conseiller d'Arrondissement, à Corbeil. MAREUSE (Edgar), Secrétaire du Comité des Inscriptions parisiennes, 81, Boulevard Haussmann, à Paris. MARSAUX (le Chanoine), à Beauvais (Oise). MARTELLIÈRE, ancien Magistrat, à Pithiviers (Loiret). MASSUCHETTI (l'Abbé), Curé de Viry-Châtillon. *MAUBAN (Georges), à Soisy-sous-Etiolles, et à Paris, 5 bis, rue de Solférino. MONTGERMONT (le Comte G. de), 62, rue Pierre Charron, à Paris, et au château de Montgermont, par Ponthierry (S. et M.) MORIZET (Emile), à l'Hôtel des Arquebusiers, à Corbeil. MOTTHEAU, 4, place St-Médard, à Brunoy, et à Paris, 87, rue d'Assas. MURET (l'Abbé), Curé de Brunoy. OUDIOU, Architecte de la ville, avenue Darblay, à Corbeil. PAILLARD (Julien), architecte, à Corbeil. PANNIER (le Pasteur Jacques), rue Féray, à Corbeil. PASQUET (Alfred-Marc), Architecte de l'arrondissement, à Corbeil. PASTRÉ (Aymé), au Château de Beauvoir, par Evry-Petit-Bourg. PÉRIN (Jules), Avocat à la Cour d'Appel de Paris, Docteur en droit, Archiviste-Paléographe, à Ris-Orangis, et à Paris, 8, rue des Écoles. PINSON (Paul), d'Étampes, 39, rue de Valenciennes, à Douai (Nord). PRESTAT, Receveur des finances de l'arrondissement de Corbeil. PRIVÉ, Directeur du moulin français, à Salonique (Turquie). RABOURDIN (Charles), Maire de Paray, à la ferme de Contin, par Athis-Mons.
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 +|**00000240**| XVI MM. RADOT (Émile), industriel, à Essonnes. RAVAUT (Paul), au château de Ste-Radegonde, commune du Coudray-Montceau, par le Plessis-Chenet. RICHERAND (le Baron), Maire de Villecresnes. ROBELIN (Léon), Président de la Société d'Encouragement à l'instruction, Maire de Longjumeau. ROUSSELIN (l'Abbé), curé de Périgny (par Mandres). SABATIER, Maire de Viry-Châtillon. SAINT-MARC-GIRARDIN (Henri), au château de Morsang-surSeine, et à Paris, 15, rue du Cirque. SÉRÉ-DEPOIN, Président de la Société historique de Pontoise, 56, rue Charles Laffitte, à Neuilly (Seine). SIMON (Paul), Architecte, à Villeneuve-St-Georges. SOUPAULT, Maire de Villeneuve-le-Roi, par Ablon. SWARTE (Victor de), Trésorier-Payeur-Général du Nord, à Lille. TANON (M. L.), Président de Chambre à la Cour de Cassation, 90, rue d'Assas, à Paris, et au château du Clos-Bernard, à Soisy-sous-Étiolles. TETON (Gabriel), instituteur à Épinay-sous-Senart, par Brunoy. TOURNEUX (Maurice), 14, rue du Cardinal-Lemoine, à Paris. TOURNEVILLE, ancien juge de paix de Corbeil, à Lyons-laForêt (Eure). VACQUER, Architecte, chargé du service archéologique de la ville de Paris, 2, rue Boutarel, à Paris. VALLET (l'Abbé), Curé de Fleury-Mérogis, par St-Michel. VAUFRELAND (le Baron de), Maire de Morsang-sur-Seine, au château des Roches, commune de Morsang-sur-Seine, et à Paris, 38, avenue Gabriel. VILLENEUVE-SAINT-GEORGES (la Commune de). VOLLANT (Louis) ingénieur civil, Villa Rochefort, à SaintGermain-lez-Corbeil. WARIN, Directeur de la papeterie d'Essonnes, à Essonnes.
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 +|**00000241**| XVII MEMBRES HONORAIRES-CORRESPONDANTS MM. BOURNON (Fernand), Archiviste-Paléographe, 12, rue Antoine Roucher, à Paris. COUARD (Emile), Archiviste de Seine-et-Oise, à Versailles. DUTILLEUX (A.), Chef de division à la Préfecture de Seine-etOise, à Versailles. LEGRAND (Maxime), Avocat, rue de la Porte-dorée, à Étampes. MARQUIS (Léon), d'Étampes, 32, rue de la Clef, à Paris. PHARISIER, Rédacteur en chef de l'Abeille de Seine-et-Oise, à Corbeil. QUESVERS (Paul), à Montereau-faut-Yonne (Seine-et-Marne). STEIN (Henri), Archiviste aux Archives nationales, 38, rue Gay-Lussac, à Paris. LISTE DES MEMBRES DU CONSEIL D'ADMINISTRATION мм. MM. BARTHÉLEMY (Jules), de Corbeil. BLAVET, d'Étampes. BONNIN (l'Abbé), d'Ablon. BOUCHER (le Dr P.), de Corbeil. COLAS (l'Abbé), de Soisy. COURCEL (G. de), de Vigneux. COURCEL (V. de), d'Athis-Mons. DEPOIN (Joseph), de Pontoise. DUFOUR (M. A.), de Corbeil. DUTILLEUX (A.), de Versailles. GENTY (l'Abbé), de Livry. JARRY (Henri), de Corbeil. LASNIER (E.), de Corbeil. LEGRAND (Maxime), d'Étampes. LEMAIRE (Jules), de Corbeil. MAREUSE (Edgar), de Paris. MARQUIS (Léon), d'Étampes. MARTELLIÈRE, de Pithiviers. MOTTHEAU, de Brunoy. PASQUET (A. Marc), de Corbeil. PÉRIN (Jules), de Ris-Orangis. 2
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 +|**00000242**| XVIII BUREAU DE LA SOCIÉTÉ PRÉSIDENTS D'HONNEUR : M. le Sous-Préfet de Corbeil. M. le Sous-Préfet d'Étampes. - Président: M. François COPPÉE, de l'Académie française. Vice-Présidents: M. le Dr P. BOUCHER, Médecin en chef de l'hôpital de Corbeil. M. G. de COURCEL, ancier officier de marine. M. BLAVET, Président de la Société d'horticulture d'Étampes. Secrétaire-Général: M. DUFOUR, Conservateur de la bibliothèque Trésorier: et des archives de la ville de Corbeil. M. LASNIER, Receveur des finances en non activité. Secrétaire-Rédacteur: M. JARRY, Membre du Comité départemental d'hygiène. COMITÉ DE PUPLICATION MM. le Dr P. BOUCHER, Vice-Président, membre de droit. A. DUFOUR, Secrétaire général, membre de droit. V. DE COURCEL, d'Athis-Mons. H. JARRY, Secrétaire rédacteur, de Corbeil. J. LEMAIRE, de Corbeil. J. PÉRIN, de Ris-Orangis. Léon MARQUIS, d'Étampes.
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 +|**00000243**| SOCIÉTÉ HISTORIQUE & ARCHÉOLOGIQUE DE CORBEIL, D'ÉTAMPES ET DU HUREΡΟΙΧ COMPTE-RENDU DES SÉANCES SÉANCE DU CONSEIL D'ADMINISTRATION Tenue à la Sous-Préfecture de Corbeil le 24 Mars 1897. Présidence de M. le Dr BOUCHER, Vice-Président. Étaient présents MM. le Dr Boucher, G. de Courcel, V. de Courcel, Dufour, Lasnier, Barthélemy, Lemaire, l'abbé Colas, Alf. Marc Pasquet, Mottheau et Jarry. Absents excusés: MM. l'abbé Bonnin, l'abbé Géhin, Mareuse et Maxime Legrand. Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté sans observations. M. le Président rappelle que M. François Coppée, membre de l'Académie française, a bien voulu accepter la présidence de la Société en remplacement du regretté M. Hauréau: il propose de ratifier par un vote cette acceptation, qui fait le plus grand honneur à la jeune Société. Le Conseil, à l'unanimité des membres présents, acclame M. François Coppée président de la Société historique et archéologique de Corbeil, d'Étampes et du Hurepoix. M. le Secrétaire général informe le Conseil que les ouvrages suivants ont été offerts à la Société: 1º La Chasuble de Viry (tirage à part), par l'auteur, M. le chanoine Marsaux. 2º Le Petit Journal de Lagny, par l'auteur, M. J. Le Paire, de Lagny.
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 +|**00000244**| 1 XX 3º Histoire généalogique de la famille Bosquillon de Jarcy, par M. Théodore Courtaux, offert par M. Mottheau, de Brunoy. En outre M. Dufour dépose sur le bureau le catalogue des 43 ouvrages possédés actuellement par la Société; puis il annonce que le deuxième Bulletin de 1896, paru en février dernier, a été accueilli avec faveur. Des remercîments sont votés aux généreux donateurs et à M. le Secrétaire-général. Sur la proposition de M. G. de Courcel, il est décidé que le Catalogue, dressé par M. le Secrétaire général, portera la mention: « État des volumes offerts à la Bibliothèque de la Société. » Le Conseil prononce les admissions suivantes: Comme membres fondateurs: M. Beranger (Charles), de Paris, présenté par MM. Aymé Darblay et Aubry-Vitet. Et M. Feray (Georges), de Paris, présenté par MM. le Pasteur Pannier et Louis Cros. Comme membres adhérents: M. Vollant, de St Germain-lez-Corbeil, présenté par MM. Aymé Darblay et A. Dufour. M. Guyot (Joseph), au château de Dourdan, présenté par MM. Léon Marquis et Maxime Legrand. M. Saint-Marc-Girardin (Henri), présenté par MM. Aubry-Vitet et P. Boucher; M. Paillard (Julien), architecte à Corbeil, présenté par MM. Jarry et Dufour. M. l'Abbé Rousselin, curé de Périgny, présenté par MM. MarcPasquet et Glimpier. M. Debled, artiste-peintre à Linas, présenté par MM. G. de Courcel et Dufour. M. Giboin, de Libourne (Gironde), présenté par MM. Lasnier et Dufour. M. Féray (Ernest), de Paris, présenté par MM. G. de Courcel et E. Lasnier. En outre, le Conseil enregistre le versement d'une somme de 20 francs, fait par M. Asther, libraire à Berlin, pour un anonyme qui désire posséder les publications antérieures de la Société, jusques et y compris l'année 1897; les publications qui suivront lui
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 +|**00000245**| XXI seront également adressées, en échange de la cotisation annuelle. M. Aymé Darblay s'engage à verser annuellement à la Société une somme de cent francs qui sera affectée spécialement au service du Musée de St Jean en l'Isle; M. le Trésorier est invité à encaisser, chaque année, le montant de ce versement qui sera effectué par l'intermédiaire de M. Dufour. Le Secrétaire général informe le Conseil que des fouilles opérées dans le domaine de Villeroy, propriété de M. Darblay, ont amené la découverte de l'endroit où se trouvait située la fabrique de la porcelaine, dite de Villeroy, à la marque D. V. Ces fouilles ont été faites sous la direction de M. Aymé Darblay, que l'étude de documents anciens a guidé dans la recherche de la situation de cette fabrique, qui était inconnue jusqu'à présent. Le Conseil émet le vœu qu'un plan de cet emplacement soit établi. M. Dufour ajoute qu'une note lui est promise à ce sujet. D'autres fouilles pratiquées sur le territoire d'Essonnes, près du cimetière de cette commune, ont abouti à des résultats intéressants: plusieurs sépultures gallo-romaines ont été reconnues; des poteries et des débris de poteries de la même époque ont été trouvés; on a recueilli également quelques médailles romaines dont une à l'effigie de Néron. M. Dufour annonce que le Musée de St Jean-en-l'Isle doit recevoir prochainement une collection d'objets préhistoriques, promise par M. Delessard, de Lardy; en outre, plusieurs moulages de sculptures provenant de l'église de Brunoy, ont été offerts par M. Mottheau au nom de plusieurs habitants de cette commune. Des remercîments sont votés à l'unanimité aux différents auteurs de ces libéralités. Le transfèrement au musée d'une ancienne cloche de St Jean, placée actuellement dans le clocher de l'église de Villabé, est l'objet de négociations actives avec le Conseil de fabrique de cette paroisse; une solution favorable est espérée prochainement. M. le Trésorier donne ensuite des renseignements satisfaisants sur la situation financière de la Société. Il est invité à faire le nécessaire pour obtenir de l'administration, au profit de la Société, la faculté de verser à la Caisse d'épargne de Corbeil des sommes excédant 1500 francs, dans les limites indiquées par l'arrêté ministériel.
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 +|**00000246**| XXII M. Mottheau complète la communication intéressante, qu'il a faite antérieurement, au sujet du carrelage et des débris de la fontaine de Vaux. Il informe en outre le Conseil qu'il a découvert à Périgny une plaque de cheminée, provenant du château fort de Brie-comte-Robert; cette plaque est aux armes du duc d'Orléans, père de Louis XII et date d'une époque peu éloignée de l'année 1465; il désire en faire opérer le surmoulage. Le Conseil ne pourra assurer à M. Mottheau le concours pécuniaire de la Société que dans la limite de ses ressources et suivant la valeur des objets indiqués. M. Barthélemy promet d'écrire une notice sur la tour de Lardy, qu'il a eu l'occasion de visiter dernièrement. M. G. de Courcel fait connaître que M. le baron J. Pichon, qui a habité la commune de Limeil, a rédigé un manuscrit, appuyé de pièces authentiques, sur la seigneurie de cette commune; ce manuscrit appartient aujourd'hui à M. G. Vicaire. D'autre part, M. G. de Courcel estime qu'il est du devoir de la Société, dont la situation financière est satisfaisante, de faire paraître, avant le rer janvier 1898, son premier volume de mémoires. Or, il serait intéressant de commencer ce volume par la publication de la première partie du manuscrit de M. le baron Pichon. Il conviendrait donc de prier M. G. Vicaire d'écrire la préface de cette monographie, M. G. de Courcel se réservant la faculté de rédiger quelques notes complémentaires à la fin de la publication. Le Conseil, tout en réservant la question financière, adopte en principe la proposition de M. G. de Courcel. L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée; mais avant de se séparer, les membres du Conseil règlent ainsi l'ordre du jour de la prochaine réunion: Examen des affaires urgentes; Visite du Musée de St Jean en l'Isle.
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 +|**00000247**| NOTE SUR DES DOUBLES TOURNOIS DU XV SIÈCLE TROUVÉS A ANGERVILLE (S.-et-O.), Les découvertes numismatiques se font de plus en plus rares et bien peu maintenant dédommagent de sa peine l'heureux inventeur. Il en est cependant qui, à défaut de valeur intrinsèque ou de rareté, méritent par leur étrangeté les honneurs d'une courte description. C'est à ce titre que nous signalerons la trouvaille faite en 1893 à Angerville, département de Seine-et-Oise. Angerville est un gros bourg du canton de Méréville, arrondissement d'Étampes. A la limite de trois départements (Seine-etOise, Eure-et-Loir et Loiret), cette petite ville occupe entre Étampes et Orléans, dit son historien M. Menault, le centre d'un plateau élevé qui formait la plus grande partie de ce qu'on nommait autrefois la Haute-Beausse. La ligne de Paris à Orléans y a une station et les routes nombreuses qui traversent le pays conduisent encore vers Dourdan, Pithiviers, Chartres, Méréville, etc., etc... Jadis appelée Angerville la Gâte, cette localité est située en territoire Carnute. Ville royale au moyen âge, l'abbé de St-Denis et le seigneur de Méréville y avaient cependant des fiefs. Son nom se trouve mêlé aux guerres du XVe siècle, à l'invasion anglaise, et la Journée des Harengs eut tout à côté d'elle son épilogue. La Réforme s'y fit aussi sentir et y attira les guerres religieuses; des rois y séjournèrent à cette époque troublée; quant au XVIIIe siècle, il n'y garde que le souvenir de luttes épiques entre titulaires de fiefs : seigneurs de Méréville et dames de la Noble Maison de St-Cyr. Aujourd'hui Angerville, après avoir subi comme Étampes et Orléans la honte de l'invasion
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 +|**00000248**| 2 allemande en 1870, assise aux confins de la Beauce ce grenier de la France, est comme les villages voisins un centre presque exclusivement agricole. C'est en nettoyant le fonds d'un puits comblé à une époque inconnue, au lieu désigné dans le pays sous le nom de Chantalouet ou Chantaloë (chant à l'oè, à la volaille) sur l'emplacement d'un ancien fief dont il est fait mention dans des titres de 1315, 1326 et 1359 et mouvant de l'abbaye royale de St-Denis, que des ouvriers mirent à jour un petit amas d'environ 300 monnaies de cuivre ou de billon noir en fort mauvais état. Enfoui dans le fond du puits au milieu de gravois et de débris de démolition, ce petit dépôt ne formait qu'une masse rendue homogène par l'oxyde de cuivre. Il paraissait avoir été contenu dans un sachet ou un morceau de toile. Aucune trace d'argent n'était visible et au nettoyage ces pièces, dont les types officiels sont de très bas aloi, se sont encore montrées plus faibles qu'eux; aussi les inventeurs déçus les dédaignèrent-ils. Par bonheur, le propriétaire du terrain, M. Barre, aussitôt prévenu, eut la bonne pensée d'informer M. le Docteur Duhamel d'Etréchy, un fin connaisseur dont la science numismatique est bien connue à la ronde, et de lui soumettre des échantillons. Vingt de ces pièces lui furent ainsi remises. D'autre part, une soixantaine de ces monnaies me fut offerte par M. Charles Forteau, notre zèlé collègue, que l'aspect curieux et inusité des espèces avait heureusement intrigué. Notre confrère avait de suite reconnu le caractère étrange de ces monnaies, et n'avait pas hésité à en recueillir la plus grande quantité possible. C'est grâce à ces circonstances que nous avons pu, le Docteur Duhamel et moi, étudier sur un certain nombre de pièces, toutes très mal conservées, - les légendes bizarres que je vais essayer de reconstituer. De l'examen attentif auquel nous nous sommes livrés il résulte qu'à l'exception d'une légère différence dans la légende du droit, ainsi que dans la croix occupant l'autre champ crasse sur un tiers environ, grèle sur les autres toutes ces pièces sont semblables. En voici la description d'après mon savant collègue: PADIOPRIDSVRCONI sur le quart environ, avec cette variante: PÁDIOPRIDSVRCONIVI sur le plus grand nombre, et PAINOPREDSVRCONIVI sur quelques-unes: Trois fleurs de lis deux et une en plein champ. R/ ION. ou IOD. DNI. PEA. BUS. Croix pattée aux extré-
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 +|**00000249**| 3 mités fleurdelysées; chaque lys coupant la légende en quatre parties est accosté de deux points clos ou besants. Cuivre ou billon très bas. Pour ma part, je le répète, je n'ai trouvé aucune trace d'argent; mon confrère croit au contraire en avoir vu de faibles restes. Le métal est jaunâtre, l'oxyde très épais. Diamètre 22 millimètres. Poids pris sur la moyenne de 20 exemplaires, I gr. 34 cent. (1).
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 +BV Aile ad IXPAT CORIV 1203 Toutes ces monnaies étaient tellement corrodées par leur long séjour au fond du puits de Chantalouet ou Chantaloé, qu'il a fallu, pour essayer de reconstituer les légendes, en aligner un grand nombre, prendre une lettre de ci, une autre de là. Quelques rares exemplaires mieux conservés en ont fourni des fragments entiers; mais bien que la lecture ait été de notre part l'objet d'une attention très soutenue et d'un soin minutieux nous n'oserions affirmer que notre dernière interprétation ne pût être réformée. Quel que soit d'ailleurs le groupement que nous ayons pu adopter pour les lettres de ces légendes, il a été impossible d'y trouver un sens intelligible. Mais s'il est à peu près certain que ces légendes sont inexplicables, est-il impossible de rapprocher la monnaie elle-même d'un type connu et de lui fixer une époque? Assurément non. Le caractère des lettres et des signes employés nous est pour cela un guide sûr. Rien qu'à l'examen, on reconnaît que ces pièces portent avec elles l'empreinte du monnoyage de Charles VI. On peut avec certitude leur assigner une date d'émission postérieure à 1413. C'est en effet du type du double tournois de Charles VI, ouvré en Juin 1413 pendant la démence du Roi, sous l'administration du duc Jean de Berry, que l'on peut les rapprocher (2). Qu'il y ait (1) Dans la légende du droit, sur le cliché, lire IOD ou ION au lieu de IOP, qui est une erreur de gravure. (2) V. Le dessin d'Hoffmann. Catalogue des Monnaies Françaises de Hugues Capet à Louis XVI, pl. xxvi, nº 31.
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 +|**00000250**| 4 imitation calculée, qu'il y ait simplement contrefaçon, le fait est indiscutable et c'est là la date qu'il conviendrait de leur fixer. Ce point établi, à quelle place ranger ces espèces dans une série monétaire ? C'est ici que l'obscurité se fait profonde. Pour les uns, ces monnaies sont bien l'œuvre d'un faux monnayeur passible de la hart ou du chaudron. A leur avis elles ne devraient être conservées que comme documents, comme pièces à conviction, pour ainsi dire, dans l'histoire banale du faux monnayage, intéressant seulement les curieux et ne relevant que des musées. Le type royal n'est pas imité, il est contrefait, falsifié. - - Pour d'autres, au contraire, nous sommes en présence de véritables imitations du type royal, émises le fait n'est pas unique tant s'en faut par quelque mince principicule étranger, par quelque infime seigneur plus besogneux que scrupuleux et en somme assez peu tranquille sur le sort de son indélicate escapade. Ce point établi, l'attribution deviendrait assez facile ou du moins serait loin d'être impossible. Imitation! Voyons si des raisons sérieuses ne militent pas en faveur de cette dernière thèse et s'il est impossible d'appuyer l'opinion qui repousse la vulgaire contrefaçon. <<< L'examen des trouvailles fait découvrir chaque jour une << nouvelle imitation de la monnaie royale » écrivait en septembre 1895 M. le Comte de Castellane dans un article consacré par lui à un double Parisis inédit d'Eudes IV, duc de Bourgogne, 13151350 (1). Voici la description donnée par l'auteur de cette pièce rencontrée parmi des doubles parisis de Philippe de Valois. << EVDE. DEI. GRIII. DVX. Dans le champ: BUR-GVD: en << deux lignes sous une couronne, dans le cercle de laquelle figure <<< un petit écu de Bourgogne ancien. « R/ MONETA DVPLEX. Croix aux quatre branches égales <<< terminées par des fleurs de lis. Et il conclut: « Cette pièce bourguignonne vient s'ajouter aux <<< imitations déjà retrouvées du Double Parisis royal de février << 1346, fabriquées en Bretagne par Charles de Blois (1341-1364) et << Jean de Montfort (1345-1399) et dans le Barrois par Iolande, << régente pendant la minorité du comte Edouard (1344-1349) ». (1) Bulletin de Numismatique publié sous la direction de M. Raymond Serrure, expert, 53 rue de Richelieu, Paris.
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 +|**00000251**| 5 Les monnaies que signale M. le comte de Castellane sont des imitations du type royal que l'on peut qualifier d'éhontées, mais il en existe d'autres. L'imitateur n'a pas ici caché ses intentions et le type qu'il a créé pour lui, porte franchement sa signature. Dans l'espèce, Eudes IV est ce qu'on appellerait de nos jours un « récidiviste >; après avoir reçu défense d'imiter les espèces de Philippe VI, il ne tarde pas à manquer à ses engagements et à contrefaire ouvertement la monnaie de son Roi. 4 D'autres seigneurs y ont mis plus de discrétion ou, du moins, se sont montrés plus circonspects et plus craintifs. N'étaient-ils pas de force à résister à leur puissant suzerain? Etaient-ils plus honteux de leur rôle un peu louche? Toujours est-il qu'ils ont dissimulé davantage leur copie et n'ont point osé apposer leur signature au bas de leur plagiat. Ce sont là des copistes anonymes. Enfin nous en trouvons d'autres qui ont été autorisés à copier le type comme Ch. de Châtillon le fut par ordonnance royale (1341-1364). Donc, trois catégories distinctes dans ce que nous appelons l'imitation du type royal. Cet emprunt plus ou moins déguisé n'est pas une innovation du XIVe siècle et l'on peut, dès avant Eudes IV, Charles de Blois, Jean de Montfort et autres, trouver de ces copies plus ou moins répréhensibles. Elles procèdent du désir qu'avaient les seigneurs féodaux de procurer un cours plus étendu à la monnaie locale qu'ils créaient, en lui donnant l'apparence de ces espèces royales, usitées dans les provinces du Serment de France et si justement appréciées par les populations. Mais aux époques tranquilles et prospères, ces imitations qui ne trompaient que les gens ignorants pour lesquels la monnaie royale était seule de bon aloi, exposaient leurs auteurs à des poursuites dangereuses pour leur pouvoir. C'est là ce qui explique pourquoi elles ont été moins nombreuses. Dans les temps troublés, au contraire, ces copies se sont multipliées en raison directe du désarroi qui envahissait tout le royaume. Ne vit-on pas Henri VI d'Angleterre frapper en Normandie des Florettes imitées des pièces de Charles VI et du Dauphin Charles VII, conséquence de la guerre qui désolait alors nos provinces? Nous pourrions également citer de nombreux cas d'imitation des espèces de Jean le Bon, à ajouter à la copie des types de Phi-
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 +|**00000252**| 6 lippe VI et plus tard des parodies des Doubles tournois frappées probablement depuis que la démence du Roi et l'anarchie qui en était la suite laissaient le champ libre aux grands vassaux en assurant aux faussaires l'impunité. Et, remarque en l'espèce bien digne d'être faite, toutes les monnaies copiées à cette époque sont des espèces de petite valeur, destinées à circuler bien davantage dans les masses que les pièces de prix plus élevé. Parmi ces imitations, les unes sont, comme nous l'avons démontré, des copies non déguisées dont les auteurs acceptaient la responsabilité, ou qui avaient en poche une autorisation en bonne et due forme; les autres, au contraire, sont des parodies illisibles qui constituent pour les numismates des temps présents de véritables énigmes, et cela, en dehors de toute contrefaçon à mettre au passif de filous quelconques, gens de sac et de corde qui ont fait souche à l'intention de nos modernes bagnes. Négligées d'abord comme des bizarreries sans valeur et sans intérêt, ces monnaies sont aujourd'hui recherchées comme sujets d'étude et comme points de comparaison. La connaissance plus complète de l'époque qui les a vues naître, porte les curieux à ne point les rejeter comme jadis et voilà pourquoi M. le comte de Castellane a raison de dire que « l'examen (attentif) des trouvailles en fait découvrir chaque jour de nouvelles ». Si nos monnaies d'Angerville sont bien, comme nons le pensons, des imitations du type royal ouvré en juin 1413, il est évident que nous ne pouvons les ranger dans la catégorie des imitations franches et signées. Mais devons-nous pour cela les attribuer à un faussaire vulgaire et ne nous est-il pas permis de les ranger dans la catégorie des imitations anonymes et déguisées? On nous objectera que, précisément dans le Loiret, la Revue Numismatique de 1852, sous la signature de M. Mantellier, signale de nombreux ateliers de faux monnayeurs à cette époque troublée de la guerre de Cent ans. Devons-nous accepter cette opinion et renoncer à l'hypothèse d'une imitation, œuvre d'un étranger? M. Duhamel pense qu'il y a lieu de se ranger à la dernière opinion qui, je l'avoue, me séduit. << Sommes-nous, m'écrivait-il dans la notice accompagnant l'envoi des spécimens, en présence d'une contrefaçon du double tournois royal émise au XVe siècle par un de ces principicules obscurs dont
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 +|**00000253**| 7 les états situés dans le Limbourg, le Brabant septentrional et le Luxembourg avaient à peine quelques kilomètres d'étendue? Je ne suis pas éloigné de le croire. Quoique le cours, en France, de ces imitations serviles fût défendu et puni, elles y trouvèrent un écoulement facile, aussi longtemps que durèrent les embarras amenés par la querelle entre les deux couronnes de France et d'Angleterre; << grâce aussi à leur faible valeur, à l'inattention comme à l'igno- << rance des classes inférieures appelées journellement à les manier. <<< Aussi les rencontre-t-on bien plus fréquemment sur notre sol que <<< dans les pays mêmes dans lesquels elles ont été fabriquées « (J. Rouyer. Rev. Num. 1852) (1). << La plupart de ces monnaies, dit encore le même auteur (loc. <<< cit.) sont restées jusqu'à présent inexpliquées. Quelques-unes <<< sont complètement anonymes; sur d'autres les noms et les titres <<< inscrits dans les légendes ont été à dessein tellement tronqués et << défigurés qu'ils n'ont pu encore être reconnus. Tel serait notre cas. Après les imitateurs Français, les imitateurs étrangers, ces derniers plus intéressés encore que les premiers à contrefaire le type, mais aussi, indépendants du roi de France qui pouvait punir leurs émissaires opérant en terre française, mais non poursuivre directement les auteurs. Ainsi, aux pièces signalées dans la Revue Numismatique, nous pouvons ajouter une imitation en cuivre d'un demiblanc du roi Jean-le-Bon frappée à Rummen et dont voici la description. + JEHAN DE WESEMA. Ecusson triangulaire portant trois fleurs de lys deux et une. R/ + MONETA DE RVME Croix pattée. Diamètre 21 m/m. Cette pièce trouvée entre Etampes et Monnerville, à Moulineux, et qui fait aujourd'hui partie de la collection du docteur Duhamel, rentre dans le premier type des imitations. Les Wesemael, sires de Rummen, ceux de Schonvorst et de Sichem portant dans leurs armoiries comme sur leurs monnaies: De gueules à trois fleurs de lys d'argent, quoi de plus facile avec le prénom de Jean ou de (1) Consulter aussi sur le même sujet: Serrure, Messager des sc. hist. de Belgique. Van der Chifs. Mon. du Luxembourg, vol. I, p. 235, pl. XXVI.
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 +|**00000254**| 8 Jeanne de tromper des populations ignorantes et apeurées, toujours sous le coup de quelque invasion? Quant aux imitations qu'il est impossible d'expliquer et que l'on peut attribuer avec toute chance de certitude à ces principicules du Nord dont parle la Revue numismatique, on les rencontre plus fréquemment qu'on ne le pense. Un excellent article de M. R. Serrure, tiré de l'ouvrage cité plus haut et intitulé « Une Enigme», nous semble corroborer de la façon la plus concluante et la plus décisive les appréciations de M. J. Rouyer. En voici un extrait : <<< La pièce dont voici le dessin, fait partie de la collection de « M. P. Charles Robert. Elle appartient à une catégorie d'imitaTELLIVA ACOB닭 ​ BA P L TSA << tions dont les légendes déroutent complètement celui qui veut <<< essayer d'en pénétrer le sens. Le type de cette monnaie est servi- <<< lement copié de celui de doubles tournois du roi Charles VI « (1380-1422). L'inscription du droit + BAPOLVS. LRACOB † << quelle qu'en soit la bizarrerie, permet cependant de reconnaître « le + KAROLVS. FRANCORUM. REX des billons royaux, mais << la légende des prototypes a-t-elle été modifiée à dessein de ma- << nière à cacher le nom d'un petit seigneur Mosan, ou bien l'irré- << gularité de la transcription provient-elle uniquement de la « maladresse d'un faux monnayeur vulgaire ? Le revers où devrait <<< se lire MON + ETA + DVP + LEX, est plus inintelligible encore > que le droit. Que faire de JVD + NAP + NOI † ATE? Etc., etc. Ici cependant, je l'avoue, la restitution est un peu plus facile que dans nos pièces d'Angerville, mais le type est le même et l'origine pourrait bien être commune. En rapprochant de cette imitation notre trouvaille, nous voyons qu'il ne s'agit point dans cette dernière d'un fait isolé, mais bien au contraire que nos espèces rentrent dans une série qui a déjà fourni des éléments de comparaison. C'est là un point important. Telle n'est pas cependant l'opinion
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 +|**00000255**| 9 de M. R. Serrure auquel j'ai montré la trouvaille. Tel n'est point non plus l'avis de M. Maurice Prou, le distingué sous-bibliothécaire à la Bibliothèque nationale, département des médailles. Consulté par moi au sujet de l'attribution qu'il convenait de donner à la découverte d'Angerville, M. Prou n'a pas hésité à voir là le produit d'un atelier de faux monnayeurs. Tout en reconnaissant le vif intérêt qui s'attache à de semblables découvertes, intérêt qui lui a fait accepter pour le cabinet de France quatre exemplaires que j'ai été tout heureux de pouvoir lui offrir, il ne m'a pas dissimulé qu'il pensait qu'on ne devait pas aller trop loin dans le champ des hypothèses et qu'il croyait pour sa part devoir laisser à un simple faussaire la responsabilité de l'émission de nos mauvais billons. Ce faux monnayeur surpris par quelque visite de gens du roi dans la localité, aurait alors fait disparaître au fond de son puits le produit de sa coupable industrie avant même de lui avoir assuré par l'argenture une circulation facile. Si M. R. Serrure est un expert au coup d'œil sûr, de même M. Maurice Prou est un savant bien connu de tous les amis de la numismatique et il y a lieu de compter avec des opinions ainsi appuyées. Ces Messieurs peuvent avoir raison; cependant ne pourrait-on risquer encore l'objection suivante? La fausse monnaie de tous les temps, de tous les peuples, est toujours par son type, ses légendes, son diamètre et son poids, une copie aussi fidèle que possible de la monnaie de bon aloi, ayant un cours légal. Si les pièces d'Angerville réunissent une partie de ces conditions, elles s'en distinguent complètement par leurs légendes, leur métal, et feraient alors une exception à toutes leurs congénères jusqu'ici connues. Le fait n'est assurément pas impossible, mais il serait, croyons-nous, unique. Assurément l'intérêt des faussaires était de donner aux espèces créées par eux le plus de points de contact possible avec le type officiel, et de réduire au minimum possible les différences. Ils s'exposaient sans cela, d'une part, à se voir refuser par le premier venu leur trop grossière imitation; d'autre part, ils devaient redouter pour leur vie la découverte par les agents royaux de leur supercherie. Nombreuses donc devaient être leurs précautions avant de mettre en circulation les produits de leur fabrication clandestine: Comment supposer alors une imitation aussi peu soignée que celle que caractérise la trouvaille d'Angerville?
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 +|**00000256**| 10 Bien au contraire les simples imitateurs qui se trouvaient par leur situation ou leur position à l'abri des poursuites de l'auteur du type qu'ils copiaient, pouvaient en prendre plus à leur aise. Quant à expliquer la présence de ces imitations à Angerville, si on admet la première hypothèse, rien, croyons-nous, de plus simple. Les petites monnaies en question, ainsi que me le faisait observer M. le Dr Duhamel, avaient le privilège d'être admises sous le nom de Guillots par les manants et roturiers de France aussi bien qu'en Brabant, grâce à leurs fleurs de lys qui permettaient de les confondre avec la monnaie royale. En France, c'est dans la province du Maine qu'elles paraissent avoir surtout trouvé un cours facile. Mais elles n'ont pas circulé exclusivement dans cette région. Pendant toute la durée de la guerre de Cent ans, les armées du roi de France comptèrent un grand nombre de soldats mercenaires flamands ou brabançons. Qu'y aurait-il d'étonnant à ce que nos modestes billons, au lieu d'avoir été battus dans le pays, fussent arrivés des pays du Nord dans l'escarcelle de quelque reitre brabançon échouer au puits de Chantaloë? D'autre part, est-il impossible que ces espèces aient été ouvrées à Angerville même par le représentant d'un de ces principicules dont nous avons parlé, pendant le malheur de nos guerres civiles et étrangères? Je donne l'hypothèse pour ce qu'elle vaut. En tous cas, ce ne seraient pas les seules pièces de cette origine qui auraient envahi la contrée. Durant mon séjour à Orléans, j'ai recueilli de nombreuses mailles de cuivre émises par Jeanne de Wesmael et imitées des oboles de Louis XI. Ces piécettes très nombreuses étaient tirées des grèves de la Loire au bas du vieux pont des Tournelles. Cette même Jeanne fit forger à Rummen et à Gerdingen de nombreuses monnaies imitées pour la plupart des mites et doubles mites flamands de Philippe le Bon et de Charles le Téméraire et des doubles deniers et oboles tournois d'imitation française. Des deux opinions que je viens de relater quelle est la bonne? Le lecteur prononcera et optera pour l'attribution qui lui paraîtra la plus plausible. En ce qui me concerne, mon seul désir était de faire connaître ces étranges espèces et d'attirer l'attention des chercheurs sur leurs semblables. Si j'ai réussi, mon but sera atteint. M. LEGRAND,
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 +|**00000257**| LES LOUVOIS ET LES VILLEROY Sait-on que le marquis de Louvois, ministre de Louis XIV, était le proche parent du duc de Villeroy, maréchal de France et gouverneur de Louis XIV? Voici comment: François Mandelot, né à Paris vers 1529, seigneur de Pacy-surArmançon, Lezinnes (1) et autres lieux, était gouverneur de Lyon depuis 1571 lorsque, le 2 mai 1585, la populace de cette ville s'empara de la citadelle, construite sous Charles IX pour contenir la cité contre les Huguenots. Cette forteresse fut immédiatement rasée et on soupçonna fort le gouverneur de ne pas être resté étranger à ces faits, car le capitaine de la citadelle était une créature du duc d'Épernon, lequel désirait, pour son frère, réunir le gouvernement de Lyon à celui du Dauphiné. Mais grâce au crédit de Villeroy (2), Mandelot ne fut pas inquiété. C'est probablement à cette époque que fut négocié le mariage de M. d'Halincourt, fils unique de Villeroy, avec une fille de Mandelot, car M. de Villeroy convoitait aussi pour son fils le gouvernement de Lyon. Ce mariage eut lieu le 26 février 1588. Mandelot mourut le 24 novembre 1588 et fut enterré dans la métropole de Lyon. Il laissait de son mariage avec Léonore de Robertet deux filles: Catherine, morte vers 1614, sans avoir été mariée et Marguerite qui était l'aînée, épouse de M. d'Halincourt. Le 30 décembre 1588, M. d'Halincourt, sa femme et Léonore de Robertet, veuve de François de Mandelot, cette dernière comme ayant la garde noble de sa fille Catherine encore mineure et aussi à cause de son douaire, rendent foi et hommage à la comtesse de (1) Communes du canton d'Ancy-le-Franc et qui sont voisines de ce lieu. (2) Nicolas III de Neuville, seigneur de Villeroy et d'Halincourt, secrétaire et ministre d'État, trésorier des ordres du roi. Pour répondre aux désirs de Pierre Legendre, son grand oncle maternel, il avait pris le nom de Villeroy et les armes des Legendre (Testament du 15 nov. 1514). 3
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 +|**00000258**| 12 - Tonnerre, Louise de Clermont, duchesse d'Uzès, pour les fiefs de Pacy-Lézinnes, Vireaux et Sambourg et ce, par l'intermédiaire d'un mandataire qui baisa respectueusement une pierre faisant un des coins de la porte du château de Montbelliaud à Tonnerre. Léonore de Robertet mourut le 16 octobre 1620. On connaît les titres nombreux de Charles de Neuville, marquis d'Halincourt, chevalier des ordres du roi, conseiller en ses conseils d'Etat et privé, capitaine de cent hommes d'armes, gouverneur de Lyon, du Forez et du Beaujolais, maréchal des logis du roi, ambassadeur à Rome, etc... Malgré tout son crédit, il ne put obtenir la charge de grand maître de l'artillerie; Henri IV dit qu'il avait les ongles trop pâles > (1), il ne put non plus obtenir le bâton de maréchal que Louis XIV remit en 1685 à son fils. M. d'Halincourt reçut 476.174 1. pour rendre au roi Pontoise qu'il gouvernait pour la Ligue. Sur la fin de sa carrière, il se retira à Lyon où il mourut le 18 janvier 1642, âgé de 76 ans. Marguerite de Mandelot, connue sous le nom de dame de Pacy, était morte avant 1596, car le 11 février de cette année, le marquis d'Halincourt épousait Jacqueline de Harlay, fille du baron de Sancy. De son premier mariage étaient nées deux filles: Magdelaine, première femme de Pierre Bruslart, marquis de Sillery, qui paraît n'avoir eu aucune part dans les biens du Tonnerrois, morte le 21 novembre 1613; et Catherine, connue aussi sous le nom de dame de Pacy, dame d'atours de la reine Anne d'Autriche, morte en 1657. Elle avait épousé au mois de mai 1610 Jean II de Souvré, marquis de Courtanvaux, premier gentilhomme de la chambre du roi, mort à l'âge de 72 ans, le 9 novembre 1656. Il était fils de Gilles de Souvré, gouverneur de Louis XIII et frère de Jacques de Souvré, grand prieur de France. De ce mariage cinq enfants étaient nés: Nicolas, l'aîné, mort jeune; Louis, tué à l'attaque des lignes d'Arras, le 6 juin 1640; Charles, marié le 17 mai 1645 à Marguerite de Barentin, mort avant son père le 3 mai 1646, laissant sa femme enceinte d'une (1) Mém. de Sully, liv. IX, 1597.
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 +|**00000259**| 13 fille née posthume le 30 novembre 1646, qui fut Anne de Souvré; Enfin Eléonore et Marguerite de Souvré qui furent successivement abbesses de Saint Amand de Rouen. En sorte qu'Anne de Souvré se trouva hériter de tous les biens des Souvré, des Courtanvaux et de ceux qui avaient été attribués à Catherine de Neuville. Le 19 mai 1662 elle épousa François Le Tellier, marquis de Louvois, ministre et secrétaire d'Etat, mort le 16 juillet 1691, dont la biographie n'est plus à faire. En 1683, le marquis de Louvois avait acquis le château d'Ancyle-Franc et, en 1684, le reste du comté appartenant à Joseph de Clermont. Par partage du 1er avril 1694, le comté de Tonnerre et la terre d'Ancy-le-Franc furent attribués à Anne de Souvré. C'est dans son château de Pacy, aujourd'hui démoli, qu'Anne de Souvré reçut Mme de Sévigné et c'est d'Ancy-le-Franc que sont datées plusieurs lettres de M. de Coulanges, restées célèbres. Nous avons vu que Charles de Neuville, marquis d'Halincourt, avait épousé en deuxièmes noces Jacqueline de Harlay. Il eut de ce mariage: Nicolas de Neuville, marquis de Villeroy; Charles de Neuville, comte de Bury, mort sans postérité; Camille, archevêque et comte de Lyon; Ferdinand, évêque de Saint-Malo puis de Chartres; Léon-François, chevalier de Malte, commandeur de St Jean en l'Isle; Et Marie de Neuville qui épousa en premières noces Alexandre de Bonne, comte de Tallart et en secondes Louis de Champlouis, marquis de Courcelles. Nicolas de Neuville, marquis puis duc de Villeroy, était né le 14 octobre 1598. Il fut maréchal de France, gouverneur de Louis XIV et mourut en 1685. Par son mariage avec Anne de Souvré, le marquis de Louvois devint donc le petit-neveu du maréchal duc de Villeroy et par ainsi petit-fils du gouverneur du roi Louis XIII et petit-neveu du gouverneur de Louis XIV. J. V.
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 +|**00000260**| CHILLY-MAZARIN Les Tombeaux Le touriste qui visite les tombeaux et les mausolées de l'Église de Chilly est vivement étonné et déçu dans sa curiosité en constatant que toutes les épitaphes ont été effacées au ciseau avec un soin minutieux. Quand cet acte de vandalisme a-t-il été commis? A la grande révolution, évidemment, mais pourquoi et comment? Le Baron de Guilhermy, dans ses Inscriptions de la France, se contente de relever les quelques mots qui subsistent encore çà et là. M. Patrice Salin, après avoir fait d'une manière très intéressante ce même travail, cherche à donner une explication. Il pense que les habitants, par reconnaissance pour leurs anciens seigneurs, effacèrent les inscriptions des tombeaux afin d'éviter une mutilation plus grande. Ce sont de nobles sentiments qui ont suggéré à l'historien de Chilly cette supposition. Malheureusement la vérité est beaucoup plus vulgaire et beaucoup moins digne. Le maire de Chilly en 1793 avait un parent, marbrier à Palaiseau; celui-ci n'ayant plus d'ouvrage, il trouva tout simple de lui faire mutiler les inscriptions des tombeaux pour l'occuper et lui procurer un peu d'argent. Voici la délibération que nous relevons au registre de la commune. Nous la donnons avec ses fautes d'orthographe et de français. <<< Le dit an mil sept cent quatre-vingt-treize, onzième jour de septembre, dans une assemblée du Conseil général de la Commune réunie au lieu ordinaire des séances, au son de la grosse cloche sonnée par trois fois, où étaient présents les citoyens Lion maire, Paul Guibert officier municipal, Jeannin procureur de la Commune, Saturnin Marchais, Jean-Baptiste Aumont, Simon Marchais, tous trois notables, à l'effet des armoiries féodales, gissant dans l'église de la commune de Chilly. Le citoyen Lion marbrier s'étant présenté séance tenante à la réquisition des citoyens maire et pro-
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 +siqin, Heliog Dujardın Imp Ch Wittmann
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 +|**00000263**| 15 - cureur de la commune du dit Chilly pour entreprendre d'effacer tout ce qui respire dans l'intérieur de l'Église, tant sur le marbre que sur le bois les traces de la féodalité. En conséquence, le dit citoyen Lion demande pour cet ouvrage la somme de deux cent vingt-cinq livres qui lui ont été accordés par les citoyens composant la dite assemblée sous les conditions qu'il serait remis tous les débris en cuivre qui sortiront des dites armoiries aux citoyens Maire et officiers municipaux par le dit citoyen Lion qui, après avoir achevé ses entreprises dans la dite église, la visite en sera faite par tous les citoyens composant la municipalité et conseil général de la commune, qui, après l'avoir reçue (mot illisible) il sera donné un mandat des dits Maire et officiers municipaux et procureur de la Commune au citoyen Etienne Lebas receveur de la Commune et fabrique du dit lieu pour délivrer la somme portée par la dite délibération au citoyen Lion qui en donnera quittance et ont les dits citoyens Maire et officiers municipaux et conseil général de la Commune signé avec le dit citoyen Lion et contresigné par le secrétaire greffier les jours mois et an cy-dessus. - Signé Lion maire. Guibert off. Simon Marchais notable. Saturnain Marchais notable. Jean-Baptiste Aumont notable. Jeannin procureur de la commune. Lion marbrier. Porcherot greffier. >>> Le travail n'a été que trop bien exécuté. A peine le haut de quelque majuscule, sortant du rang, indique-t-il vaguement la place d'une lettre. Mais l'inconnu excite la curiosité. J'ai cherché et j'ai trouvé. C'est un vieux manuscrit de la Bibliothèque nationale (1) qui m'a livré non seulement le texte des inscriptions effacées, mais même le croquis de deux tombes et d'un monument triomphal existant autrefois dans le château, maintenant détruit. Il est important, on le comprendra, de conserver ces textes dans le Bulletin archéologique. Commençons donc par le plus intéressant et le plus remarquable des monuments, celui de Martin Ruzé de Beaulieu. (1) Biblioth. nat. mss. Épitaphes 6, Ile-de-France, fonds Clairambault 946. On trouve également dans ce volume des textes d'inscriptions concernant La Villedu-Bois.
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 +|**00000264**| 16 Monument de Martin Ruzé de Beaulieu Nous empruntons d'abord la description du monument dans son état actuel à l'ouvrage de M. Patrice Salin sur Chilly. Voici ce qu'il dit page 91: << Le premier tombeau se compose d'un piédestal quadrangulaire sur lequel repose un sarcophage surmonté d'une statue agenouillée; sur le socle des colonnes sont gravées des palmes et les initiales M. R. Le piédestal et le sarcophage sont en pierre peinte en blanc et en noir. La statue en marbre représente un personnage à genoux, les mains jointes, le cou entouré d'une fraise, un manteau sur les épaules, culottes courtes et bouffantes. Il porte les moustaches et la barbe. La tête a été mutilée et séparée du corps. Cette statue avait été longtemps abandonnée hors de l'église et exposée aux insultes des enfants. Elle a été remise en place, il y a une quinzaine d'années, après avoir été restaurée tant bien que mal. Le monument a été replacé sous une large niche cintrée avec des entrelacs sculptés sur le plat de l'arc. Aux côtés de l'archivolte on voit deux anges tenant des couronnes et des palmes; au milieu de la frise qui est à rinceaux, on voit une tablette dont l'inscription a été grattée. Sur le piédestal il y avait une longue inscription de dix-neuf lignes, qu'on a effacée avec le plus grand soin. Ce tombeau ne peut être que celui de Martin Ruzé de Beaulieu, l'oncle de Coiffier d'Effiat... Il mourut en 1613 et avait acheté la terre de Chilly en 1596. » Cette description est exacte, mais elle demande à être encore expliquée et complétée. Ce monument n'est pas à proprement parler un tombeau, puisque le corps a été inhumé en face, à quelques pas de là, au milieu du chœur, sous une dalle de marbre noir dont nous donnons plus loin l'inscription retrouvée. Le sarcophage est, non pas en pierre peinte, mais en marbre noir. La tête de la statue servait de cible aux enfants quand ils jouaient à lancer des pierres. Les yeux, le nez, la bouche sont mutilés. Mais d'après ce qu'on voit encore, c'est bien la statue de Martin
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 +|**00000265**| 17 Ruzé de Beaulieu. Pour s'en convaincre on n'a qu'à regarder le portrait de ce personnage au musée de Versailles, salle 154, n° 3323. La ressemblance est frappante. Du reste les inscriptions achèveront de nous fixer. Dans le manteau on voit une large entaille avec le reste d'un scellement. C'était la place de l'épée. Je me suis laissé raconter par un ancien habitant du pays, précisément Etienne Marchais, descendant de ce Simon Marchais signataire de la délibération précitée, qu'un curé de mes prédécesseurs aurait arraché cette épée en disant qu'il ne fallait pas avoir d'armes à l'église. N'est-il pas plus vraisemblable que cette épée était en bronze ou cuivre doré et qu'elle aura été enlevée par le marbrier comme l'acte communal le demandait. Chose étrange! les deux colonnes de style corinthien qui soutiennent la frise sont en bois peint, tandis que tout le reste est en pierre ou marbre. Il paraît, d'après la même tradition rapportée plus haut, que ce n'étaient pas les colonnes primitives, mais qu'elles furent mises là, à la restauration du monument. Citons maintenant les inscriptions. Elles vont nous dire ce qu'était le personnage. La tablette signalée au milieu de la frise en haut portait ces mots: Antonius Ruzœus d'Effiat, ex sorore nepos, nominis et partis bonorum præcipuæ ex testamento heres, marchio de Loniumeau utriusque ordinis torquati eques, in sanctiori Consistorio et Curia Parium Franciæ Consiliarius, summus fodinarum ærarii fiscique gallici præfectus, atque in provincià Turonensi pro rex, hoc pii et grati animi sui monumentum munusque lacrymabile quod avunculo charissimo optabat contra pietatis votum. P. C. A. ab ortu mundi redivivi CICICCXXVII Ce qui peut se traduire comme il suit : <<< Antoine Ruzé d'Effiat, neveu par sa sœur (1), héritier par testament du nom et de la principale partie des biens, marquis de Longjumeau, chevalier portant le collier des deux ordres, Conseil- (1) Bonne Ruzé, la sœur de Martin Ruzé de Beaulieu, était la mère d'Antoine d'Effiat.
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 +|**00000266**| 18 ler du grand Conseil et de la Chambre des Pairs de France, grand maître des mines, du trésor et du fisc, gouverneur en Touraine, a élevé ce monument de la piété et de la reconnaissance et cet hommage funèbre qu'il souhaitait à son oncle très cher, suivant son pieux désir. P. C. A. l'an de l'ère chrétienne 1627. >> L'inscription de dix-neuf lignes, signalée sur le piédestal, également en latin, est très remarquable. Elle était gravée sur une plaque de marbre noir incrustée dans la pierre du socle. Les majuscules qui se voient encore correspondent bien au texte du manuscrit que nous reproduisons. D. O. M. S. Suspice hospes, ut quem posteritas omnis suscipiet agnoscas atque in manes pios, si pius es, morare parum, non parvum more referes pretium, ubi pauca hæc summatim de virtutibus non paucis summi viri qui marmore tegitur proximo cognita habueris, priusquam abieris. Fuit is Martinus ille Ruzœus, de Beaulieu, Chilly, Loniumeau, Champeaux et de la Presaye dominus: qui generi nobilitate clarus, domi militiæque præclarus, illustrium virtutum splendore præclarior, pietate in Deum, fidelitate in reges suos et promeritis in omnes, omnibus retro sæculis memorabilis, ob maximam in naturæ metallicæ peritiam, maximum in rebus metallicis sustinuit magistratum, ob spectatam vitæ integritatem, summum utriusque ordinis torquati gessit questuram atque ob mentis manusque præstantiam Henrici III et IIII necnon Lud. XIII fidelem et strenuam ab epistolis et consiliis præstitit operam in quarum dignitatum amplitudine ita enituit, ut non plus ex eis acceperit quam eisdem contulerit ornamenti, imo non rem seipsum quam ipsos honores honestarit. Et augustiores promeritus, ætatis potius quam morbi gravitate confectus, annum agens sextum et octogesimum, omnibus ordinum omnium sui desiderium relinquens acerbum, inter suorum lacrymas devixit, ut ad gloriam longe ampliorem revivisceret, anno a Deo homine CICICCXIII. Habes lector in viro quod mireris, in virtute quod imiteris, in vita et morte quod expectas bona ergo animæ precare, et ad ejus exemplar, ut semper vivas, tanquam brevi moriturus, vive. Voici la traduction de cette longue épitaphe:
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 +|**00000267**| 19 - « D. O. M. S. Deo, Optimo, Maximo, Summo A Dieu Très Bon, Très Grand, Très puissant. << Regarde, passant, pour reconnaître Celui qui fixera l'admiration de toute la postérité, et si tu es pieux, reste un peu sur ces pieuses dépouilles, tu ne regretteras pas de t'y être arrêté, car avant de partir tu auras appris en substance, par ces quelques lignes, les nombreuses vertus de l'homme illustre qui repose en face sous ce marbre. Cet homme fut Martin Ruzé de Beaulieu, Seigneur de Chilly, Longjumeau, Champeaux, de la Presaye, qui, né d'une noble famille, célèbre dans la paix comme dans la guerre, fut plus illustre encore par l'éclat de ses belles vertus. Il se recommande au souvenir des âges suivants par sa piété envers Dieu, sa fidélité à ses rois et ses services envers tous. Par ses grandes connaissances du sol, il mérita l'intendance suprême des mines; l'intégrité extrême de sa vie lui valut d'être Grand-Maître des deux ordres de chevalerie. Son talent et son intelligence le firent nommer secrétaire et conseiller des rois Henri III, Henry IV et Louis XIII, charges qu'il remplit avec vigueur et fidélité (1). Arrivé à l'élévation de ces dignités, il y brilla d'un tel éclat qu'il ne les honora pas moins qu'il n'en était honoré. Bien plus, il s'illustra moins lui-même qu'il n'illustra ses charges. Digne de plus grands honneurs encore, accablé par l'âge plus que par le mal, il mourut à l'âge de 86 ans, amèrement regretté des personnes de tout rang qui l'entouraient et au milieu des larmes des siens, pour vivre d'une vie infiniment plus glorieuse l'an de la naissance du Christ 1613. Dans cet homme, lecteur, tu as sa personne à admirer, sa vertu à imiter, sa vie et sa mort à désirer. Fais donc des vœux pour cet homme de bien et, suivant son exemple, vis comme devant bientôt mourir afin de vivre éternellement. » PIERRE TOMBALE Sur la dalle en marbre noir qui est au bas de ce monument, on lit l'inscription suivante: << Cy gist Mre Martin Ruzé, vivant chevaler Seigur de Beaulieu, (1) C'est à Martin Ruzé que fut confiée la rédaction du serment prêté par Henri IV le jour de son sacre dans l'église de N. D. de Chartres (Le père Anselme, Hist, génér.).
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 +|**00000268**| 20 Chilly, Longjumeau, Champeaux, et la Presaye, Conser du Roy en ses Conseils d'Estat et privé, secrétaire des commandemens et finances de sa Majesté, commandeur trésorier de ses ordres et grand Mre des mines et minières de France, qui décéda le VIº de novembre mil VI XIII aagé de III** vi ans. >> Au centre de la pierre se trouve l'écu qui porte: <<< De gueules au chevron ondé d'argent et d'azur, de six pièces, accompagné de trois lionceaux d'or ». L'écu est timbré d'un casque d'argent taré au tiers à neuf grilles d'or, les bords de même, orné de ses lambrequins de gueules. Il est entouré du cordon bleu d'où pend la croix du St-Esprit. Le cimier est un lion issant d'or. Aux quatre coins de la dalle, des têtes de mort avec os en croix de St-André. En haut est écrit, entre les têtes de mort: Antonius Ruzœus Defuncti nepos, Regi a consiliis et Aulici Equitatus primus mærens hunc tumulum æternæ memoriæ dedicavit. TRADUCTION Antoine Ruzé neveu du défunt, président du Conseil royal et aulique, dans sa douleur a élevé ce tombeau en souvenir éternel. Au-dessous des armes et entre les deux têtes de mort, il y a << Priez Dieu pour son âme > (1). J. GÉHIN, Curé de Chilly-Mazarin. (1) Nous donnerons dans un bulletin suivant les autres épitaphes.
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 +|**00000269**| LA PORCELAINE DE VILLEROY Le XVIII siècle a repris étrangement faveur en cette fin du XIX. Pour ne parler que des arts de la céramique, tandis que les faïences de Bernard Palissy et certaines porcelaines de Chine sont moins recherchées qu'il y a trente ans, tous les yeux sont tournés, dans les ventes publiques, soit vers les porcelaines d'Outre-Rhin, soit vers les pâtes tendres des fabriques royales de Vincennes et de Sèvres, ou de leurs rivales placées sous la protection des plus hauts personnages. Tout a été dit sur les établissements royaux: leur emplacement précis, la composition de la pâte et de la couverte cristalline, les noms mêmes de leurs décorateurs nous ont été transmis par les archives officielles. Ce n'est point sur eux que nous avons pu trouver quoi que ce soit à glaner, mais, dans notre région, on ne sait presque rien sur Villeroy et Étiolles dont les productions céramiques sont moins belles assurément, mais non moins intéressantes. Nous ne parlerons ici que de la première de ces manufactures. Tout le monde sait que cette fabrique de porcelaine de pâte tendre a été fondée près de Mennecy; le nom de ce gros village est même souvent donné à ses produits, concurremment avec celui de Villeroy que la haute protection ducale et la marque D V auraient pourtant dû faire prévaloir, mais archéologues et collectionneurs en ignorent également l'emplacement précis. Beaucoup jusqu'ici le voulaient voir dans la principale agglomération de Mennecy, d'autres dans les écarts, certains le reléguaient vers Essonnes. Questionnés par nous, les anciens du pays ne comprenaient pas ce dont on leur parlait, cent ans après l'extinction de ces fours d'où sont sorties des pièces si remarquables. D'ailleurs, la description minutieuse des lieux faite par Dulaure en 1790, dans sa Nou-
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 +|**00000270**| 22 velle description des environs de Paris, ne fait mention à aucun moment de cette fabrique. L'abbé Lebeuf, dans son Histoire du diocèse de Paris (1757), dit simplement ceci: « il y a dans les dépendances de cette Maison (château de Villeroy) une Manufacture de Fayence »; l'abbé Guiot, auteur anonyme de l'Almanach de Corbeil pour 1789, dans son chapitre sur l'histoire naturelle (page 8), mentionne que « dans les autres règnes il n'y a rien à remarquer qu'une terre à porcelaine aux environs de Villeroi; ce qui avait fait penser à y établir une manufacture qui ne s'y est pas soutenue ». Voici tout ce qu'en ont écrit, à notre connaissance, les auteurs du dernier siècle. Si l'on consulte Millin (Voyage dans les départemens du Midi de la France, 1807), et Pinard (Études statistiques et topographiques sur l'Arrondissement de Corbeil), le premier nous confirme que « auprès du célèbre château de Villeroi on trouve une terre à porcelaine; elle a long-temps servi aux travaux d'une manufacture qui s'étoit établie dans une maison dépendante du château » ; le second dit de même qu' « il y a dans les environs de Mennecy, comme à Bagnolet, proche Paris, une argile blanche propre à la fabrication de la porcelaine; elle a été employée au dernier siècle et a donné de beaux produits; néanmoins on l'a abandonnée; nous en ignorons la cause. » Tout cela est bien vague. Un écrivain très compétent, Alexandre Brongniart, Directeur de la Manufacture de Sèvres dès 1800, cite, dans son Traité des Arts Céramiques (1841), la fabrique de Villeroy comme ayant suivi St-Cloud, Chantilly et Orléans, mais comme l'aînée de Vincennes et de Sèvres; il nous fait connaître que l'établissement fut fondé à « Mennecy-Villeroy par Barbin, au lieu dit les PETITES MAISONS ». Mais ce n'est vraiment que dans l'Histoire artistique, industrielle et commerciale de la porcelaine, d'Albert Jacquemard et Edmond Le Blant (1862), qu'on commence à trouver quelque chose d'un peu précis sur la manufacture qui nous occupe. Plus renseignés sans doute que leurs devanciers, ces écrivains nous initient plus complètement à l'existence de la manufacture de pâte tendre de Villeroy. L'année 1735 nous est indiquée comme la date fort probable de sa fondation, bien que les lettres patentes d'autorisation n'aient pu être retrouvées, disent-ils. François Barbin nous est donné comme le metteur en œuvre de la nouvelle fabrique; seul l'endroit précis demeure inconnu. Les
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 +|**00000271**| 23 auteurs s'en rapportent à Brongniart à ce sujet. Nous apprenons encore que « Les sieurs Jacques et Julien succedèrent à François Barbin dans la direction de la fabrique (1) et la maintinrent dans un état florissant jusqu'en 1773. Le bail des bâtiments expirait alors et nos industriels transportèrent leur matériel à Bourg-la-Reine ». Comment ne reste-t-il aucune trace de cette manufacture en pleine activité durant près de quarante années? Qu'entendait par dépendances son contemporain l'abbé Lebeuf? Etait-ce le parc, le domaine ou le duché de Villeroy? Les archives notariales seraient sans doute intéressantes à consulter, mais les archéologues savent combien ces recherches sont parfois rendues difficiles. Un précieux document, remontant à 1751, le terrier de Villeroy, (Pl. 1) que nous avons pu assez récemment acquérir, nous avait donné à penser que la fabrique de pâte tendre des derniers Ducs de Villeroy avait trouvé asile dans le parc, à moins de cent pas des communs de la demeure seigneuriale: à Vincennes et à Bagnolet, n'était-ce point dans l'enceinte même du château qu'était la manufacture du Roi ou celle du duc d'Orléans? Voici ce qui nous avait amené à faire cette supposition: ce terrier se compose de 79 feuilles de plans et chacun est accompagné de mentions ou de légendes explicatives, hormis pour le plan spécial au parc et au château, et, malgré un examen minutieux de toutes les parties de ce terrier, nous n'avions rien trouvé qui pût nous éclairer. On voit le château, on devine aisément les communs principaux, les pavillons des concierges ou des intendants, mais nombre d'autres constructions restent sans attribution évidente; ce terrier ayant été établi de 1751 à 1767, si la fabrique de pâte tendre a vécu prospère de 1735 à 1773, nous voulions voir là, dans un groupe de bâtiments assez compact, les dépendances de la maison de Villeroy, la maison dépendante du château, et les petites maisons dont parlèrent successivement Lebeuf, Millin et Brongniart. Ce n'était, il est vrai, qu'une hypothèse lorsque, l'hiver dernier, des travaux entrepris pour ouvrir, dans le parc reboisé, quelques larges avenues, ont amené au jour des débris fort curieux. Ce fut d'abord un morceau grand comme la main, de pâte à (1) Les auteurs nous disent que ce changement de directeurs dut se produire vers la fin de 1747-
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 +|**00000272**| 24 porcelaine fort dure, cuite assurément à une température très élevée, puis, le lendemain, un manche de couteau brisé, n'ayant point reçu sa couverte cristalline et portant en bleu la marque DV que la bague devait recouvrir. Le décor est en camaïeu d'un bleu foncé et de style Louis XV (Pl. 2). Les jours suivants d'autres manches de couteau, des pommes de cannes, avec ou sans décor, presque tous sans couverte, furent trouvés par les ouvriers, ainsi que plusieurs tessons de creusets, faits de terre jaune ou rouge; à l'un de ces creusets est même resté attaché le fond d'un objet en porcelaine ou plutôt un support. Ce qu'on rencontra le plus fréquemment ce furent des scories bleues et verdâtres provenant de briques à demi vitrifiées. En outre, des morceaux de calcaire naturel très blanc, en assez grand nombre, furent trouvés çà et là parmi les plâtras et les débris de briques. Nous avons pu, grâce à l'obligeant concours de M. G. Vogt, directeur des Travaux Techniques à la Manufacture Nationale de Porcelaine de Sèvres, connaître la composition exacte de la pâte d'un de ces manches de couteau. Elle diffère très peu de la composition des pâtes similaires de Sèvres et de St-Cloud. Renfermant moins de silice et plus de potasse et de soude, elle devait se cuire à une température moins élevée. Voici cette analyse et celles des pâtes similaires de St-Cloud et de Sèvres: Villeroy St Cloud Sèvres Silice 69.79 76.58 75.80 Alumine 4.78 2.37 1.89 Oxyde de fer 1.24 1.11 0.46 Acide titanique 0.20 > > Chaux 12.71 12.18 13.54 Potasse 3.29 2.22 3.54 Soude 5.43 4.09 2.63 Magnésie 1.86 0.88 1.36 Oxyde salin de manganèse 0.07 traces traces Chlorure de sodium > > 0.34 Acide sulfurique > » 0.41 Perte au rouge vif 1.10 1.22 > 100.47 100.65 99.97
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 +|**00000273**| Héliog. Dujardin 1000 Imp. Ch. Wittmann POMMES DE CANNES ET MANCHES DE COUTEAUX trouves dans le parc de Villeroy PL II
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 +|**00000274**|
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 +|**00000275**| 25 Le plan terrier de 1751 ne faisant figurer à l'endroit précis de ces découvertes aucun bâtiment, il est hors de doute qu'on s'est servi de ces gravats pour créer, entre les communs nouvellement remaniés et l'extrémité du parc vers Mennecy, la longue terrasse qui subsista jusqu'à 1896. Il est tout à fait improbable qu'on eût été chercher au loin, en dehors du parc, les quelques centaines de tombereaux de terre nécessités par ce travail. Les petits bâtiments démolis entre 1773 (date de l'arrêt de la manufacture de porcelaine) et la Révolution, étaient distants de cent pas environ des fouilles que nous avons faites. Il était donc fort naturel de charrier là les gravats de la manufacture dont les pierres servaient sans doute en partie à élever les murs de soutènement. Certes, nous n'avons pas ici une preuve aussi palpable qu'un plan authentique ou une minute notariale; en leur absence, nous croyons néanmoins que la question de savoir où était la fabrique de pâte tendre de Mennecy-Villeroy a fait un grand pas. Aymé DARBLAY.
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 +|**00000276**| UN BAIL SOUS LA RÉVOLUTION Il est peu de villes en France où le vandalisme se soit autant donné carrière qu'à Corbeil; le siècle qui va finir aura eu le triste privilège d'y voir détruire, sans nécessité apparente, presque tous les anciens monuments. C'est ainsi qu'ont disparu, l'une après l'autre, les églises Saint-Jacques, Notre-Dame, Saint-Léonard, Saint-Guenault qui, toutes, dataient des environs du XIIIe siècle(1). A cette sombre liste, on pourrait encore ajouter Sainte-Geneviève des Récollets et la chapelle de l'Hôtel-Dieu, qui avait été précédemment celle des Religieuses augustines. De toutes ces pertes que Corbeil a subies, la plus regrettable est celle de l'Église Notre-Dame, la plus belle entre toutes par sa richesse architecturale, et qui remontait à la fin du XIIe siècle, c'est-à-dire à l'époque dite de transition. Nous ne pouvons aujourd'hui nous occuper longuement de ce bel édifice, mais en attendant une description plus complète que nous espérons donner quelque jour, nous nous contenterons de citer un document de l'époque révolutionnaire, qui est intéressant pour l'histoire de l'Église Notre-Dame. Comme les autres églises, celle-ci fut fermée à la révolution et devint bien national; on en fit simultanément un magasin à fourrages, un corps de garde, une salle de danse et un théâtre où les forains donnaient leurs représentations. A la suite d'une pétition de la Société populaire, intervint un arrêté (2) des représentants en mission dans le département de Seine-et-Oise, Lacroix et Musset, par lequel la ville de Corbeil était autorisée à changer les cy-devant églises St-Spire et Notre-Dame, << la première en temple de la raison régénérée et maison d'apos- (1) L'église Saint-Jacques a été détruite en 1803, Notre-Dame en 1821; SaintLéonard et Saint-Guenault n'ont disparu que tout récemment, depuis 1885. (2) Cet arrêté porte la date du 20 frimaire an II.
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 +|**00000277**| 27 - << tolat révolutionnaire, et la seconde en maison commune et autres << établissemens d'utilité publique ». En conséquence de cet arrêté, la ville loua l'église Notre-Dame à un nommé Clergé, par un bail en date du onze brumaire an IV, auquel nous faisons les quelques emprunts qui suivent. A. D. Entre nous Commissaires du Conseil général de la Commune, nommés par délibération du 6 brumaire présent mois, à l'effet de faire la visite et estimation du prix de bail à loyer des lieux cy-après désignés........ d'une part, Et Henry Magloire Clergé, garde-magasin des fourrages de la République....... d'autre part, Sommes convenus de ce qui suit, c'est à savoir que nous, Commissaires soussignés, avons donné à bail audit nom, pour le temps et espace d'un an qui a commencé à courir du rer novembre 1795 (vieux stile) pour finir à pareil jour dans un an, audit citoyen Clergé, tant pour lui qu'au dit nom, un bâtiment sis en cette ville de Corbeil, dit la cy-devant église Notre-Dame. Le bail est fait à la charge par le citoyen Clergé de laisser subsister le retranchement pratiqué en mauvaises planches à l'entrée de la dite église, par la porte à droite et servant quelquefois de corps de garde, pour par la municipalité en disposer à tout événement, laissant ledit Clergé le maître de la faire clore plus exactement s'il le juge convenable; d'observer un espace de six pieds au moins entre ledit retranchement et les fourrages à emmagasiner dans ledit édifice, pour prévenir les accidens qui pourraient résulter de leur proximité. Ce bail est fait en outre moyennant le prix et somme de deux mille quatre cens livres pour l'édifice cy-devant Notre-Dame, qui seront payées par quartiers de trois mois en trois mois, et pour la pleine et solide exécution d'icelui, le citoyen Clergé s'oblige de le faire accepter et ratifier sous huitaine par le citoyen Bernard, directeur de l'agence des fourrages à Paris, ainsi que nous, Commissaires susdits, nous engageons pareillement à le faire ratifier par le Conseil général de cette commune. Fait et passé en double entre nous et sous nos signatures privées, à Corbeil, le onze brumaire l'an quatrième de la République française une et indivisible. LECLERC Officier municipal. Signé: COUSIN-LONGCHAMPS Agent national de la Commune, L'un des Commissaires du Conseil général. CLERGÉ. 4
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 +|**00000278**| UNE AUTOBIOGRAPHIE L'ABBÉ J.-A. GUIOT 1739-1807 L'ancienne église de Saint-Guenault de Corbeil, détruite dans ces dernières années, datait du XIIIe siècle. Elle dépendait de la puissante abbaye de Saint-Victor de Paris et était desservie par des religieux de cet ordre. Le titulaire avait le titre de PrieurCuré de Saint-Guenault. Depuis la fin du XIIe siècle, soixante Prieurs se succédèrent dans ce bénéfice-cure. Le soixantième et dernier, celui dont nous nous occupons ici, était Joseph André Guiot, né à Rouen le 31 janvier 1739 et mort Curé de Bourg-la-Reine, le 21 septembre 1807. C'était un homme d'une rare érudition et très versé dans la littérature et surtout dans la poésie latine. Il a laissé de nombreux écrits qui sont, pour la plupart, restés manuscrits. Il écrivait d'ordinaire sur de gros registres in-folio qui ont été dispersés après sa mort. La bibliothèque de Rouen en possède huit (1). Il y en a plusieurs aux Bibliothèques nationale et Sainte-Geneviève; celle de Caen en possède trois, deux autres se trouvaient dans la Bibliothèque de Sir Thomas Philipps, à Cheltenham (Angleterre), dispersée depuis peu. La Bibliothèque de Corbeil possède aussi un de ces registres qu'elle a obtenu en 1884, à la suite d'un échange avec la Bibliothèque nationale. C'est dans ce dernier que nous avons trouvé la biographie de Guiot, écrite de sa main, sous le titre de Mémoires olographes. En publiant cette autobiographie dans notre bulletin, nous croyons rendre un pieux et reconnaissant hommage à cet homme de bien qui s'est beaucoup occupé de l'histoire de notre pays et (1) Bibl. de Rouen, Fonds Coquebert de Montbret.
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 +|**00000279**| 29 - qui nous en a laissé tant de travaux intéressants, dûs autant à son érudition qu'à ses recherches incessantes. Mais cette biographie n'est pas complète et ne pouvait pas l'être, l'auteur paraissant bien l'avoir écrite vers 1794, à en juger par les chiffres qu'il a indiqués dans sa propre épitaphe, insérée à la fin de son travail. Nous croyons donc utile de la compléter à partir de cette époque, en remontant même un peu au-delà, car cette période de la vie du Prieur de Saint-Guenault n'a pas été la moins mouvementée de son existence: en effet il fut assailli par des tribulations sans nombre, conséquence des temps troublés de la Révolution. Ce fut en mai 1785 que Guiot vint à Corbeil; son Prieuré tombait alors en ruines et il en entreprit la reconstruction; l'Abbaye de Saint-Victor l'aida un peu, mais la plus grande partie de la dépense resta à sa charge et il y employa plus même qu'il ne possédait. Les bâtiments venaient d'être achevés quand éclata la Révolution; le département s'empara du nouveau Prieuré pour en faire le siège du district. Guiot, chassé de sa demeure, obtint cependant, après de nombreuses démarches et formalités, une indemnité de 12,000 fr. dont il ne toucha jamais un sou; on consentit seulement à indemniser les ouvriers qui n'étaient pas entièrement soldés. Après avoir longtemps servi de Sous-Préfecture, ce bâtiment, acheté par la Ville en 1864, est devenu l'Hôtel-de-Ville actuel. Privé de son Prieuré et de son église, dont on avait fait une prison, Guiot occupa ses loisirs forcés par des recherches historiques sur notre contrée, qui donnèrent naissance aux nombreux écrits qu'il nous a laissés. Il remplit encore plusieurs fonctions publiques: officier municipal de 1790 à 1792, il fit aussi partie du Conseil d'administration de l'Hôtel-Dieu. Mais il s'occupa surtout très activement de l'organisation de la Bibliothèque communale de Corbeil, formée alors d'emprunts faits aux maisons religieuses et à celles des émigrés. Mais ces fonctions et occupations étaient tout honorifiques et le pauvre Victorin, qui ne touchait plus aucun traitement et qui avait épuisé ses ressources pour la reconstruction de son Prieuré, en arriva à se trouver sans moyens d'existence. C'est alors qu'il sollicita et obtint l'emploi de Vicaire de la paroisse de Notre-Dame de Melun. Ses lettres de pouvoirs sont datées du 9 janvier 1793 et
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 +|**00000280**| 30 - signées du citoyen Pierre Thuin, évêque de Meaux. Ce ne fut pas à Melun, hélas! que le pauvre Abbé Guiot trouva la tranquillité et le repos, car il fut bientôt persécuté, dénoncé et finalement incarcéré comme suspect, le 1er novembre de cette même année, dans la prison dite de St-Jacques. Il écrivit alors des mémoires justificatifs qu'il nous a conservés et qui ne paraissent pas avoir hâté sa délivrance, car de Melun il fut transféré à Fontainebleau, dans une partie du château, transformée en prison. Le savant était chez lui doublé d'un philosophe, il le prouva en écrivant sur ce voyage un poème latin, presque humoristique, en trois chants, sous le titre suivant: Melodunensium iter curule Bellaqueum ad fontem, pedestre carmen ad sodales. Ce poème, resté manuscrit, est accompagné de notes nombreuses et de morceaux de poésie française, dont le suivant, relatif au Palais de Fontainebleau, montre le talent et le genre d'esprit de l'auteur: N'attandés donc ni plan géométrique, Ni récit amphatique, Des beautés d'un palais qui n'est plus ce qu'il fut, Mais sa métamorphose En prison affligeante, où l'on met au rebut Des citoïens que l'on suppose Pouvoir nuire au salut De la chose publique. Avant chaque captif civique, Il n'étoit point de corridor Qui ne comptât plus d'un esclave antique Chargé de chaînes d'or Sur les pas d'un chef despotique Dont il bénissoit encor Le pouvoir tyrannique. Aujourd'hui d'autres prisonniers Ont remplacé les premiers, Ce sont des citoïens libres, ou croïant l'être, Dont la plupart n'ont d'autre maître Que la loi de l'État, que l'austère devoir. :
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 +|**00000281**| 31 - Guiot fut ramené à Melun et mis en liberté au commencement de Germinal an II, sur la recommandation du citoyen Maure, représentant du peuple. Le 5 Nivose an III (25 décembre 1794), il obtient un certificat de civisme qui lui est délivré par le Conseil général de Melun. Sa qualité de prêtre l'ayant empêché d'obtenir l'emploi désiré de bibliothécaire de la ville de Melun, il demanda à revenir à Corbeil; mais à peine arrivé dans cette ville, il fut encore dénoncé comme suspect et emprisonné de nouveau, cette fois dans sa pauvre église St-Guenault, changée en prison. Sa détention à Corbeil lui parut plus pénible encore que les précédentes; c'est avec amertume qu'il s'en exprime ainsi en parlant de son ancienne église : << Je m'y suis vu préparer des fers dans mon propre domicile et « j'y ai éprouve les plus étonnantes vicissitudes de la fortune.. << C'étoit peu de m'en avoir dépouillé : Là même où je m'étois vu <<< environné de vrais croyans aux saints mystères que je célébrois « pour eux, là je me suis trouvé confondu avec les malfaiteurs, << comme coupable des mêmes excès. Ah! que m'avoit été bien << moins dur mon esclavage à Melun et à Fontainebleau ! J'étois << presque étranger à ceux qui m'y avoient condamné; mais à << Corbeil, mes titres de Citoyen et de propriétaire ont beaucoup < ajouté à la dureté de mon sort. >> Peu après il fut transféré dans les prisons de Versailles et nous trouvons, dans le manuscrit qui nous occupe, une note du gardien de la prison de cette ville qui constate que le citoyen Guiot vient d'être mis en liberté provisoire << sous le cautionnement du citoyen Stocard ». Cette note est datée du 5 germinal an IV (25 mars 1796). Six jours après, le tribunal de Versailles rendait le jugement suivant: << Le citoyen Joseph André Guiot, ministre du Culte catholique, demeurant à Corbeil, prévenu de contravention à la loi du sept vendémiaire dernier sur la police extérieure du culte, a été renvoyé des demandes du Commissaire du pouvoir exécutif et mis à l'instant en liberté. >>> Guiot revint de suite à Corbeil où le culte avait été rétabli dès le mois de Juin 1795. Sur la demande d'un certain nombre d'habitants, il fut désigné pour remplir les fonctions de Curé dans l'ancien temple de la raison, redevenu l'église Saint-Spire. C'est
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 +|**00000282**| 32 - là que Guiot, sorti pour un temps de ses épreuves, se consacra à son ministère en essayant de réparer dans Saint-Spire les ruines accumulées par la Révolution. Mais son installation n'avait pas été régulière et, de plus, il avait, pendant la Terreur, prêté le serment exigé des prêtres; aussi, quand arriva le Concordat en 1802, il dut résigner ses fonctions et céder la place à un successeur. Il se retira alors à Paris, en novembre 1802, et fut attaché pendant deux ans, comme prêtre habitué, à la paroisse Saint-Nicolas du Chardonnet.
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 +LOR milia L'Abbé GUIOT d'après son ex-libris. En 1804, l'Archevêque de Paris l'appela à la Cure de Bourg-laReine, et ce fut là qu'il termina, trois ans plus tard, le 21 septembre 1807, une existence qui avait été si agitée et si tourmentée. Malgré tant de traverses, elle n'en a pas moins été très utile par les nombreux travaux qu'il a laissés et qui lui ont assuré une place honorable dans l'estime du monde savant. Par ce qu'il a fait, on peut juger de ce qu'il aurait pu produire s'il avait vécu à une époque moins tourmentée. Nous aurions voulu joindre à cette notice déjà longue la bibliographie des travaux manuscrits et imprimés de l'abbé Guiot; le temps et la place nous manquant, nous en ferons l'objet d'un
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 +|**00000283**| 33 - nouvel article qui sera inséré dans un de nos prochains bulletins. Nous laissons donc la parole à l'éminent Victorin pour nous raconter sa vie jusqu'en 1794 ainsi qu'il l'a écrite dans son manuscrit. A. D. Mémoires olographes du 60° et dernier Prieur-Curé de Saint-Guenault, à Corbeil. Plusieurs personnes ont donné leur propre vie au public. StGrégoire de Nazianze l'a fait dans un long poëme à la tête de ses poésies, dans lesquelles il revient souvent à son histoire. Huët, évêque d'Avranches, a composé un ouvrage de rebus ad eum pertinentibus. Beaucoup d'autres les ont imités, même des femmes; et leurs écrits, sous le nom de mémoires ou de confessions, sont assés connus. Ils ont écrit sans affectation, et seulement pour l'amour de la vérité. C'est dans ces mêmes dispositions qu'on a mis sur le papier ce qui suit. Urbain IV étoit né à Troyes, dans une des plus basses conditions, et les biographes ne l'ont pas dissimulé à son article, ni à celui de tant d'autres, comme Jean Baluë, J. Bapt. Rousseau à Paris, etc., dont la naissance n'étoit pas plus relevée. Telle fut aussi l'origine de Joseph-André Guiot à Rouen le 31 janvier 1739. Ses père et mère étaient de Jumièges, et sont morts dans cette ville après avoir été près d'un demi siècle au service d'une petite paroisse ditte de St Cande le Jeune. C'est dans cette Église et comme à l'ombre de l'autel qu'il fut élevé. Alors en étoit curé Pierre Auber, à qui une éducation à peu près semblable rendit cher cet enfant, dont il voulut être le premier maître dans le chant et la musique qu'il possédoit parfaitement. Les dispositions de son élève lui en firent découvrir pour d'autres sciences, et afin de l'y former, il le mit en d'excellentes mains en le confiant à Louis Morizet, un de ses parens, et Maître-ès-arts en l'université de Paris. La détresse des tems obligea d'économiser, en préférant les répétitions gratuites du séminaire de St-Nicaise. On perdit beaucoup au changement, et l'enfant se trouva au dessous du médiocre, au milieu de ses humanités. Il revint à son premier instituteur, et sa rhétorique fut marquée par des succès. Dès auparavant le maître avoit cru pouvoir abandon-
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 +|**00000284**| 34 - ner le disciple à lui-même, sauf à le redresser, s'il venoit à s'écarter; et cette liberté, loin d'être un écueil, fut au contraire l'époque d'une application constante qui ne se démentit jamais. Elle fut même portée si loin, qu'on étoit obligé de le surveiller pour l'empêcher de passer les nuits à l'étude. On doit juger par là si le jeu, la promenade, ou autre dissipation étoient et pouvoient être du goût du laborieux adolescent. C'étoit à des choses qui pouvoient exercer son industrie qu'il s'occupoit en forme de délassement, comme l'hydraulique, machines et décorations ecclésiastiques surtout, ce qui déceloit son penchant pour un état qu'il s'est souvent félicité de n'avoir embrassé par aucune considération humaine. Il y fut irrévocablement fixé par le soudiaconnat en septembre 1760, sous et par Mgr de la Rochefoucaud, son métropolitain. Il fut ordonné diacre à Lizieux, pour Noël, en 1761, et reçut la prêtrise à Meaux, la veille de la trinité de 1763. Le vicariat de la paroisse natale l'attendoit à son retour, et il le desservit pendant environ trois ans. Les détails qu'il exigeoit, avec un curé toujours infirme, empêchant le jeune prêtre de se livrer à l'étude, dont il sentoit de jour en jour le charme et le besoin, l'obligèrent de quitter cette place en 1765, sans toutefois refuser ses services au même troupeau. Trois autres années à peu près se passèrent ainsi dans l'application à l'étude et dans l'exercice de la chaire. Quelques nuages s'élevèrent sur des jours si tranquilles et si heureux, et malgré les plus fortes attaches, il préféra le séjour de la capitale du Royaume à celui de Rouen, et se retira à Paris en juin 1769. La Providence le plaça dans une des premières paroisses (à St-Roch) et il ne tarda pas à s'y distinguer parmi les plus zélés ecclésiastiques. Son goût pour l'étude et par conséquent pour la retraite y étoit cependant trop contrarié par les charges du ministère, pour ne pas chercher une situation plus analogue à cette inclination dominante. L'abbaye de St Victor lui parut préférable à toute autre communauté, et il s'y ensevelit en février 1772, la veille de St Mathias. II aimoit souvent à rapprocher les circonstances de sa naissance dans une paroisse anciennement de St-Victor, séjour d'un autre martyr aussi célèbre (St Ignace d'Antioche), avec le second batême qu'il se disposa à recevoir par la profession Religieuse, la vigile d'une fête d'apôtre. Jamais année de sa vie ne lui parut si courte, ni si paisible que celle de son Noviciat. Il n'en fut pas plutôt sorti comme disciple, qu'il y entra comme maître et directeur de la jeunesse,
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 +|**00000285**| 35 par l'ordre de ses supérieurs. Il le quitta, malgré eux, au bout de dix-huit mois, pour trouver plus parfaitement ce qu'il avoit toujours désiré, la jouissance de lui-même. Son désintéressement servoit merveilleusement l'ambition de ses confrères, et il ne fut remis que longtemps après en place; mais ce fut celle dont l'octroi honnoroit d'avantage ceux qui le firent et celui sur lequel il tomba. Il s'agissoit de la garde de la bibliothèque. Nourri de livres toute sa vie, au milieu de ceux qu'il avoit eus en grand nombre à Rouen, il ne se trouva point étranger dans l'antique musée de St Victor. Cette bibliothèque étoit alors partagée en deux corps séparés et fort éloignés l'un de l'autre. Le premier soin du nouveau bibliothécaire fut de réunir cette immensité de volumes sous une même clef, et si l'ordre qu'il y mit n'étoit pas absolument le meilleur, du moins il n'étoit pas sans exemple, et il eut subsisté, si lui-même n'eut pas quitté ce poste honorable pour un prieuré-cure à Corbeil-sur-Seine. Il falloit qu'il eut de grandes raisons pour en agir ainsi, et sacrifier l'objet de sa plus chère inclination. Ce fut en may 1785. Une vaste masure à détruire, un plus vaste édifice à élever, tout à créer et à payer, telles furent les charges du nouveau bénéficier. Il étoit sur le point de jouir de ses travaux, lorsqu'arriva la Révolution de 1789 qui l'en priva entièrement. (1) La variété des lieux et des situations où s'est trouvé le prieur de St Guenault, celle des fonctions et des devoirs qu'il s'est toujours picqué de remplir avec exactitude, ont décidé des différentes sortes de compositions dont il s'est occuppé durant sa vie. Le cours des études ordinaires étant fait de très bonne heure, il se trouva engagé à se tourner du côté de l'éducation, mais il ne consentit à en suivre que de particulières, et après en avoir fait ou plutôt achevé deux domestiques, il composa un poëme intitulé Aristopædia, à l'instar et en forme de supplément à la pædotrophie de Ste Marthe et à la callipédie de Claude Quillet. Si cet ouvrage manque d'une certaine perfection, c'est que le temps et les conjonctures n'ont jamais permis à l'auteur de la lui donner. Auparavant et durant le cours de ces éducations privées, il avoit (1) Le Prieuré de St-Guenault que l'abbé Guiot venait d'édifier, était une très importante construction qui existe encore, à peu près dans son état primitif. La première pierre en fut posée le 1er septembre 1785; elle contient, sur une plaque de cuivre, une longue inscription terminée par six vers latins. (N. de la R.)
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 +|**00000286**| 36 - formé à l'usage de ses élèves et à celui des collèges un recueil de poésies françoises traduites en vers latins, à l'exemple de feu l'abbé Saas, chanoine de Rouen et son ami, lequel, en 1738, en avoit publié un semblable, mais moins étendu et moins méthodique que celui-ci, qui cependant est resté manuscrit, quoique plusieurs fois accepté par les libraires pour l'impression. De là, élancé dès la prêtrise et même antérieurement dans la carrière évangélique, d'assés nombreux discours furent le fruit de son application; mais il ne conserva que ceux qui pouvoient entrer dans les stations qu'il prêcha pendant près de 20 ans à Rouen et à Paris. Pour y réussir, il s'étoit fait un répertoire de tout ce qui pouvoit lui servir dans ses sermons; et persuadé qu'il pourroit être un jour de quelque utilité à d'autres, il y a ajouté des tables, pour en donner la clef. Ce gros in-folio a pour titre: Tyrocinium apostolicum. Dans sa jeunesse il avoit aimé à suivre les prédicateurs, surtout les Etrangers, et c'est autant aux pieds des chaires qu'il s'étoit instruit et formé, que dans les livres, c'est-à-dire dans l'Ecriture et les Pères; car c'est une chose vraye, quoique difficile à croire, les sermonaires, dont il avoit néanmoins un très grand nombre, n'étoient pas ceux qu'il lisoit le plus, et il leur préféroit les ouvrages ascétiques. Son système étoit de ne copier personne; et il eut craint qu'en se rendant trop familiers les anciens prédicateurs, il n'adoptât presque malgré lui leurs plans et leurs descriptions. Arrivé dans la capitale avec la plus haute idée de ceux qui s'y distinguoient dans la prédication, il n'en eut pas moins d'ardeur à les entendre, et pas une des listes où leurs noms s'inscrivoient à chaque année ne lui échappa. Ce catalogue s'étant grossi au bout d'un certain tems, il en fit un manuel qui pouvoit être agréable au public, en rédigeant son indicateur apostolique, in-4º de 358 pages. Ce livre étoit approuvé à la censure, lorsque vint à mourir Mgr de Beaumont, archevêque de Paris. Ce contretems fit perdre courage au rédacteur, et le recueil ne parut point. Une autre nomenclature de cette espèce manquoit au diocèse: c'étoit un almanach ecclésiastique différent de celui connu sous le nom d'almanach spirituel, et beaucoup plus détaillé. Ce qui regarde l'Église de Paris est à la vérité répandu dans diverses éphémérides, telles que l'almanach Royal et la France ecclésiastique, mais tout ce qui a trait à l'Église et au diocèse de Paris ne s'y trouve pas et il
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 +|**00000287**| -37 - se proposa de le renfermer dans un petit ouvrage exprès dont le succès lui paroissoit assuré. Déjà l'histoire du diocèse par l'abbé Lebeuf avoit été abrégée dans ce dessein, lorsque le désastre arrivé dans le Clergé en 1789 fit avorter ce projet et abandonner encore cette entreprise. Toute espèce de lectures avoit servi à la compilation apostolique, dont on a fait mention ci-dessus, mais surtout celle de l'Ecriture sainte. La moisson parut si abondante dans ce seul champ, qu'il en sépara tout ce qui pouvoit entrer dans la composition de ses sermons, pour en faire à part un recueil intéressant pour les savans, sous le titre de Bible des gens de lettres, grand in-folio. Ce n'étoit au fond qu'une extension d'une partie de la bibliothèque sacrée du P. Lelong; le bibliographe avoit oublié ou ignoré quantité de poésies sacrées relatives à son sujet, et c'est comme pour réparer cette négligence, que l'auteur Victorin s'est tracé un plan différent pour embrasser mille choses importantes que ne renfermoit pas celui de l'oratorien. Un ouvrage plus complet et sorti de la même plume est la traduction de l'avertissement de Vincent de Lérins. Il avoit été entrepris à la sollicitation de M. Bégile, ancien Supérieur du Séminaire de St Nicolas du Chardonnet à Paris, qui avoit dessein de faire entrer cette nouvelle version dans deux volumes de pièces polémiques en faveur de la religion. La poésie, on l'a déjà dû remarquer, étoit un des premiers talens du prieur de Corbeil. Après s'être essayé sur des sujets de peu d'étendue, il en embrassa de plus longue haleine; deux ébauches de poëmes épiques, l'un sur la ruine de Jérusalem, l'autre sur la Conception de la Vierge, en sont la preuve. Il n'a manqué que des lecteurs au poëte pour mettre l'un des deux en ordre et à exécution. Le canevas du premier est le plus avancé; et cependant c'est au second qu'il se fut attaché de préférence, s'il n'eut pas été continuellement détourné par des affaires et des peines de toute espèce. L'hymnographie, dont il a commencé un traité, eut toujours pour lui beaucoup d'attraits. Elevé dans l'Eglise et sans cesse employé au culte divin, le chant, dans lequel il passoit pour exceller, lui parut toujours trop peu de chose, s'il n'étoit pas accompagné d'images et d'expressions dignes de la Religion et de ses mystères. Et comme l'hymne demandoit moins de tems qu'un long poëme, il se livroit
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 +|**00000288**| - - 38 plus facilement à son génie, quand il se présentoit quelque occasion de l'exercer. On canonisoit à Paris la bienheureuse de Chantal en 1772, aussitôt il voulut payer son tribut à la nouvelle sainte, et il renferma toute sa vie dans un certain nombre d'hymnes pour toutes les parties de son office. Un de ses plus dignes amis l'invite à prêcher le Rosaire dans une de ses paroisses seigneuriales; de nouvelles hymnes furent composées pour cette solemnité, partie au château d'Acquigny, partie en retournant à la capitale. Une autre occasion de travailler en ce genre l'y attendoit: le feu curé de St Roch vouloit établir une fête en l'honneur du triomphe de la foi, le Victorin fut prié d'en composer les hymnes, mais sa mauvaise étoile voulut que d'autres lui fussent préférés. Il eut toutefois le mérite de leur avoir tracé la route; et la comparaison des hymnes imprimées avec les manuscrits feroit voir ce que les vainqueurs doivent à leur rival. Une troisième collection, pareille aux précédentes, est celle des hymnes en l'honneur de St Spire, évêque de Bayeux et patron de Corbeil. Il s'agissoit d'effacer le P. Gourdan, auteur de celles usitées dans la collégiale du nom depuis 1715; et longtems il respecta les productions de son pieux devancier. A la fin néanmoins il céda â des invitations puissantes, et travailla à des hymnes nouvelles pour la fête du saint et pour la translation de ses reliques; il fit plus et, comme il étoit question d'une dévotion publique et populaire, il mit le tout en vers françois sous le titre de cantiques. Les airs exigeoient de la gravure, il n'eut pas recours à d'autre art pour en imprimer les paroles. Ce cahier est in-8°, la musique en est exacte et soignée. Une neuvaine d'exercices pour chaque jour, dans l'octave de la translation de St Spire, fut aussi composée dans le même esprit; il n'attend pour sa publication qu'un tems plus favorable et plus tranquille. Dans l'intervalle de ces divers essais, le studieux solitaire avoit entrepris de mettre en vers latins l'Imitation de Jésus-Christ. Il ne connoissoit que la traduction de Boisguibert lorsqu'il y pensa et il ne désespéra pas de faire mieux. Ce fut dans ses promenades aux Thuilleries et à l'ancien palais royal qu'il traduisit le premier livre. Le second le fut dans le jardin de St Victor durant son noviciat. Il versifia à la même époque la règle de St Augustin dont il alloit faire profession et il l'intitula: Horologium augustinianum. La prédication qu'il reprit en 1773 et la connoissance qu'il eut d'une
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 +|**00000289**| 39 - seconde version poétique de l'Imitation par un bénédictin, lui firent interrompre ce travail, malgré le désir de finir les deux autres livres, le quatrième surtout dont il n'a traduit qu'un seul chapitre. Quelque tems après (en 1776), la société littéraire de Rotterdam publia un programme sur l'horreur que Dieu a du péché. Ce sujet fut traité en vers élégiaques par l'auteur des poésies précédentes et imprimé au burin, comme depuis les cantiques de St Spire. Sa dévotion constante à la Vierge lui fit rassembler avec soin tous les faits qu'il a rangés par dattes dans un Parthénologe, et tous les magnificat en vers latins et françois, pour enrichir un livre de méditations, partagées en autant de chapitres qu'il y a de versets à ce cantique. Il n'étoit pas encore bibliothécaire de St Victor lorsque, d'une station à l'autre, il se mit à un travail bien différent des précédens, en continuant la France littéraire, commencée par Duport du Tertre et suivie par l'abbé de la Porte. Le 4º volume parut presque la rre année de sa gestion dans cette place (en 1784), et ce fut comme son morceau de réception. Le changement d'Etat et plus encore les troubles civils ont depuis éloigné jusqu'à l'idée de refondre un ouvrage, jugé jusqu'alors essentiel dans la littérature françoise. Le goût de l'histoire ne paroissoit guère devoir être dominant dans le poëte et le prédicateur, mais il se développa du moment qu'il eut intérêt à faire des recherches pour sa propre instruction. La place de juge, puis de secrétaire, qu'il occupa dans l'Académie de l'Immaculée Conception, à Rouen, où il avoit été plusieurs fois couronné, le mit dans la nécessité de travailler aux antiquités de cette compagnie, et son éloignement ne put jamais ralentir son zèle et son dévoûment. A défaut de matériaux pour en composer l'histoire, il recueillit tout ce qui pouvoit avoir rapport à celle de la ville et de la province dont cette association étoit le premier lycée, de manière que le nombre de ses mémoires s'étant accru, il se mit à les classer, pour en faire avec le tems un corps complet d'histoire. Aucune partie toutefois n'a pu être traitée de suite, ni avec assés de perfection, à raison des évènemens publics et particuliers qui ont amené tant de changemens dans les choses et les conditions. Il n'y a peut-être que la partie littéraire qui pourroit être fondue avec quelque succès et, d'une
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 +|**00000290**| 40 - autre part, que l'histoire de l'Académie de la Conception qui soit avancée. Dans la province, c'étoit Rouen et sa plus ancienne Académie qui l'attachoient et faisoient l'objet de ses recherches, et ce soin ne perdit rien de son activité étant à Paris. Elle fut même d'autant plus grande qu'il avoit plus de secours pour réussir dans son entreprise. Il alla plus loin, et les deux communautés où il fut successivement admis devinrent également l'objet de son application. De là, un projet d'histoire de la paroisse de Saint-Roch, dans le goût de celle de Saint-Jacques-la-boucherie par l'abbé le Vilain. De là, celui d'une réforme générale de l'ouvrage du P. Gourdan et la vie de ce vertueux Victorin, puis un poème latin sur St Victor, invoqué à Marseille, à Paris, à Rouen etc. (Victoriados libri tres); autant de divisions qu'il se proposoit de remplir, et dont on trouve les matériaux dans le Dictionnaire des chanoines réguliers de Saint Victor (in-folio), et dans les mémoires particuliers sur le Prieuré et les Prieurs de Saint-Guenault à Corbeil. Il n'en fut pas autrement de son séjour en cette ville. Le nouvel intérêt qu'il avoit d'apprendre l'histoire du pays fut d'autant plus grand qu'y étoit lié celui de son temporel, et il fut bientôt en état d'instruire ses nouveaux concitoïens de leurs propres antiquités; et il le fit par un essay qui fût d'une utilité plus générale et à portée de tout le monde. Le nom d'almanach fut trouvé trop modeste, mais il n'en persista pas moins à garder cette forme, dans la suite des découvertes dont il se proposoit de faire part chaque année aux habitants de l'endroit. Les Fasti corbolienses furent conçus et entrepris dans le même - dessein, et avec les mêmes matériaux, mais pour plaire à un petit nombre de savans. Une des raisons qui le décidèrent à tourner son talent de ce côté-là, fut l'impossibilité de completter les Fasti Rothomagenses d'Hercules Grisel dont il chercha en vain, plus de 30 ans, le dernier trimestre. Il se proposoit d'en donner une nouvelle édition, avec des supplémens à tout ce qui manquoit à ce poëme historique, depuis la mort de son auteur. Les devoirs d'état partageant singulièrement chaque journée étoient un obstacle à un travail suivi; ce qui restoit de temps ne suffisoit qu'à des recherches qu'on peut laisser pour quelques heures, sans que rien n'en souffre. Ainsi se sont formées, suivant les rencontres, toutes les compilations de mémoires et d'anecdotes
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 +|**00000291**| 41 - sur quantité de sujets utiles, ou seulement agréables. Ces derniers étoient spécialement dans le dessein de dissiper les nombreux chagrins qu'eut à essuyer le prieur de Saint-Guenault, dans tout le cours de sa vie, avant même le tems de la Révolution. Souvent il y eut succombé sans ces heureuses distractions. Il ne faudra donc point s'étonner de trouver dans ses papiers mille bagatelles, en apparence, dont l'ensemble devoit faire autant de petits ouvrages de pur agrément. Et c'est à cela qu'il faut rapporter ce qu'il a recueilli dans ses lectures, sur le diable, par exemple. L'histoire sous ce nom, traduite de l'anglois, lui paroissoit depuis longtems insuffisante, dans le système même de son auteur: il n'en fallut pas davantage pour chercher à l'étendre et la redonner au public avec des augmentations et des commentaires considérables. La destruction du Saint-Christophe de Notre-Dame de Paris fut une des principales occasions qui réveillèrent à la fois ses talens historiques et poétiques. Tout fut mis à contribution pour donner une nouvelle édition de l'Elégie de Saint-Christophe, publiée en 1784, in-8º de huit pages avec des notes. Une sainte, dont le nom étoit porté par une personne qui lui fut chère par devoir et par inclination, lui fit naître l'idée de faire également toutes les perquisitions possibles sur ce qui peut concerner la Madeleine, si connue dans le monde profane et chrétien. L'histoire naturelle ne pouvoit manquer de fournir une ample matière à un esprit de cette trempe, et parmi les singularités dont le choix pouvoit l'embarasser, le sien tomba sur l'âne et sur l'oye. Le recueil sur l'animal de Silène fut intitulé : Asinaria. Le frontispice pour l'oiseau du Capitole portoit Ansérologie. La Flora genialis, petit in-folio, qui se trouve avec les répertoires, sembleroit annoncer quelque traité de botanique, mais, ce n'est ni un livre latin, ni un mémoire sur les fleurs, c'est un assemblage de bouquets en vers pour toute l'année. Peu de tems auparavant avoit été fait le dépouillement de tous les noms de batême (sic) des grands hommes cités dans Moréri, Ladvocat, et leurs nombreux éditeurs, à dessein de ranger sous la bannière de chaque saint tous ceux qui avoient porté son nom. Cette réunion de cliens sous chaque étendard ne laisse pas d'être amusante à cause de la singularité des rencontres, ce qui pourroit bien donner un jour l'idée de nouveaux dialogues des morts. La compilation précédente et celle-cy ne devoient faire qu'un seul et même livre.
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 +|**00000292**| 42 - Un des ouvrages de goût, qui étoit le plus du sien, et dont il avoit toujours désiré de donner une nouvelle édition, étoit les Poemata didascalica donnés par l'abbé D'Olivet en 1749. Souvent il en avoit parlé à deux de ses amis, dont l'un, bibliothécaire de la Cathédrale de Rouen, avoit promis d'exécuter ce projet, lorsque l'abbé Guiot quitta cette ville; l'autre, bibliothécaire de Sorbonne, parut encore s'intéresser vivement à cette nouvelle édition. Cependant, ni l'abbé Mauger, ni l'abbé Deshoussayes n'eurent pas assés de loisir pour mettre les choses en état de satisfaire le désir du public éclairé. Ce dernier souhaitait avant de mourir que cette collection fut recommandée à son ami, M. de Couronne, l'un des secrétaires de l'Académie Royale de Rouen; et ses nombreuses notices lui furent en effet envoyées pour mettre le tout en œuvre sous le titre de Musæ doctiores. Cet envoi n'opéra rien et tout le travail revint à son premier instigateur. Un peu d'humeur s'en mêla et la table générale de tous les poëmes didactiques dont on pouvoit avoir connoissance ne tarda pas à être dressée; elle forma un in-4º de près de 200 pages, et l'ancien nom a été conservé à l'ouvrage, Poemata didascalica, avec l'annonce du nouvel ordre qu'on y a mis: Gentilitio quælibet ordine digesta. Le pendant de cet ouvrage pourroit être une très ample collection de pièces de poésies sur les boissons, dont les premier articles lui furent confiés par un imprimeur de Paris (Nyon), pour completter et refondre le tout suivant les genres et les matières. C'est là que se trouvent quantité de pièces latines et françoises sur le vin, l'eau, le lait, la bière, etc.; la publication n'en est que retardée. Tel est à peu près l'usage qu'a fait de ses cinquante ans le dernier prieur de St Guenault, et des talens qu'il n'a cessé de cultiver durant un demi siècle. S'ils n'ont pas été couronnés par de plus grands avantages, c'est peut-être autant par indifférence pour la gloire et même pour la fortune que par la faute des circonstances, qui ne lui ont pas permis d'achever la plupart des sujets qu'il avoit conçus. Il pourroit être comparé à un homme qui veut toujours aborder à quelque rivage, et qui s'en trouve sans cesse éloigné par le gros tems, et manque de moyens pour manœuvrer avec succès. Ses qualités personnelles ont plus fait le bonheur d'autrui que le sien propre. Il étoit naturellement timide, et ce n'a été qu'avec les plus grands efforts qu'il est parvenu à parler en public avec une certaine confiance: très réservé dans la société, il laissoit volon-
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 +|**00000293**| - - 43 tiers le champ libre aux autres, et s'il avoit quelque chose à raconter, c'étoit avec un laconisme qui rendoit bientôt le dez à ses auditeurs. Ennemi des gazettes et du jeu, ou plutôt d'une apathie étonnante pour l'un et pour l'autre, son rôle étoit bientôt rempli, surtout dans les grandes compagnies; il s'ouvroit plus aisément avec ses amis, et les vers de société qu'il accorda à leurs instances prouvent que pour être froid et silencieux, il n'en étoit pas moins capable de faire les honneurs de sa muse, et les agréments de la vie civile, quoique pourtant enclin à la causticité. Ce flegme habituel tenoit en grande partie à sa constitution physique; non qu'il n'en sortît pas quelquefois, soit pour le plaisir, soit par humeur; en ce dernier cas, l'explosion étoit forte et d'autant plus violente que le feu avoit été plus longtemps à s'animer. Ces sortes d'oublis au reste étoient rares, et son attention à se vaincre en tout, fortifiée par la religion, le rendit plus tranquille. Aussi l'épithète lui en fut souvent donnée, lors même qu'intérieurement il souffrit le plus des autres. Elle éclatta quelquefois, cette intolérance, et ce lui fut une source de chagrins amers qui se convertirent à la longue en leçons utiles, mais tardives, dont il sçut profiter pour son propre bonheur. La cause de la plupart de ses épreuves fut une dévotion peut-être outrée et mal entendue, après une éducation très soignée, du côté de la religion surtout. Ce fut la piété la plus tendre qui produisit en lui les premiers fruits. Ceux qui les avoient cultivés, les virent croître avec plaisir, tant que leur élève ne leur porta nul ombrage, mais une fois en place et dans le cas de leur dire au moins par son exemple quelle différence il y avoit entre eux et lui, dès lors commença l'envie, et une sorte de persécution. Il crut s'y soustraire en se retirant par la suite dans un cloître, et il se trompa: elle y fut plus vive et plus ouverte que dans le monde. Sa tête qui en avoit déjà été affectée le fut encore d'avantage, et le fruit de tant d'efforts et de vertus fut le relâchement et la tolérance. Falloit-il combattre trente et quarante ans, se disoit-il souvent, pour céder ainsi la victoire, et être réduit à s'écrier presque avec le Romain: Vertu, tu n'es donc qu'une chimère. Un de ses désirs les plus fréquens, comme un de ses regrets les plus vifs de ne l'avoir jamais satisfait, a été la fréquentation des spectacles. Les larmes solitaires qu'il versoit à la simple lecture de plusieurs pièces de théâtre prouvoient un fond de sensibilité 5
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 +|**00000294**| 44 - qu'il eût peut-être été indiscret d'exposer à trop d'occasions et de combats. Il pouvoit néanmoins prétexter, comme tant d'autres, l'avantage de se former à la déclamation, mais la délicatesse de la conscience, la crainte du scandale et le respect humain s'y opposèrent constamment, et il le disoit quelquefois à ceux qui lui reprochoient sa simplicité: Je ne connois point Babylone et ne l'ai jamais vue. Autre passion, mais qui lui en épargna beaucoup d'autres, celle des livres. Sans d'autres fonds que ses épargnes, il s'étoit déjà formé une bibliothèque choisie et assés nombreuse, avant de quitter la ville de Rouen, où elle fut mise en vente pour s'en aider à Paris. Heureusement il se vit à la source dans la capitale et dans la célèbre abbaye, où il choisit sa retraite, et il n'eut rien à désirer de ce côté-là, que lorsqu'il prit le bénéfice de Corbeil, où il fut condamné à se suffire à lui-même. Il est vrai qu'avant d'épuiser son fonds, il avoit de quoi n'être pas oisif; mais ceux qui écrivent savent combien de secours il faut à qui veut donner la perfection à des matières qui ne sont qu'ébauchées. On ne reviendra point, ou fort légèrement, sur certaines aptitudes naturelles où brille l'industrie, et qui décèlent un goût décidé pour les beaux-arts. On a déjà parlé des germes de dispositions pour la mécanique et la sculpture ou plutôt pour l'art qui sçait multiplier ses chef-d'œuvres. C'étoit sa récréation favorite, et à l'exemple des anciens solitaires, longtemps avant de se mettre en communauté, il aimoit à se délasser de l'étude par des bagatelles manuelles, en copiant surtout les plus beaux modèles des reliefs qu'il pouvoit se procurer, tant dans le sacré que dans le profane. Cette ressource contre l'ennui lui étoit si chère qu'il en a fait le sujet d'un poème didactique sur la manière de mouler (Plastica), lequel manque au genre descriptif, mais il n'en existe que le canevas. Le dernier trait à donner, ce semble, à cette esquisse historique, sera de dire qu'il fut d'une stature grande, mais mince et peu robuste; physionomie longue et pâle, les yeux et la bouche de médiocre grandeur, le nés d'une forme très commune, poil châtain, air sérieux et réfléchi; son de voix doux et modéré dans la conversation, mâle et soutenu dans le chant, argentin et précipité dans la chaire. Rien de recherché ni de négligé dans sa parure. Une marche aussi lente dans la ville que forte et continue à la
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 +|**00000295**| - - 45 campagne, un maintien de bonhomie en général et rarement d'étiquette; tempérament sec et propre au travail, sans avoir jamais connu de maladies graves. Il ne s'en occuppoit pas moins de ses fins dernières, et d'autant plus douloureusement qu'il se rappelloit celles de ses amis, et qu'il comptoit plusieurs morts sinistres dans sa famille. La plus grande partie de ce tableau naturel, il l'envoyoit un jour à M. Ancillon, pasteur de l'Église françoise à Berlin, avec lequel il étoit en correspondance, et il se trouva que le ministre ressembloit si parfaitement au prieur, qu'il le soupçonna d'intelligence avec un tiers, pour avoir deviné si juste. Il a recueilli (in-folio) et composé trop d'épitaphes en l'honneur des autres pour oublier ici la sienne: D. O. M. Remuneratoris inquirentibus se Misericordiam hic præstolatur Josephus Andreas Guiot Sancti Candidi (olim sancti Victoris) in paræcia Ex humili loco Rothomagi natus, Immaculatæ Beatæ Mariæ Virginis conceptionis In ejusdem podio et eadem civitate Poeta-laureatus, Judex veteranus et historicus, Patriam Sacerdos reliquit et sæculum Parisiis immoraturus, Ubi Hypponensis episcopi regulam, Versibus a se expressam, (Aureis utinam semper et moribus!) In Sancti Victoris Regali cœnobis Professus est; Novitiorum director et bibliothecæ præfectus, Sancti Guinaïli Corboliensis Prior et Parochus Ac Sancti Exuperii ibidem Canonicus, Verbi divini præco non desidiosus, Rerum Neustriæ earum et Corboliensium Indefessus indagator.
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 +|**00000296**| - 46 Noctem in "quà nemo potest operari, ingressus est Anno reparatæ salutis 1794 (1), Vitæ temporalis 56, Regularis autem 22, Denique Prioratis et Pastoralis regiminis 5. Respiciat hunc Dominus in bonum! Ici repose en attendant la Miséricorde de celui qui récompense ceux qui le cherchent Joseph-André Guiot, né dans la petite paroisse de St Cande de Rouen, (dédiée autrefois à St Victor), poète et lauréat de l'académie de l'immaculée Conception de la bienheureuse Vierge Marie de cette même ville de Rouen et ancien juge et historien de cette Académie. Après avoir reçu la prêtrise, il abandonna le monde et sa patrie pour aller demeurer à Paris, où il fit sa profession dans le Royal monastère de St Victor, suivant la règle de l'Évêque d'Hippone, qu'il écrivit en vers; (Plaise à Dieu qu'elle brille toujours du plus vif éclat!) II y fut Directeur des novices et chargé de la garde de la bibliothèque; nommé ensuite Prieur et Curé de St Guenault de Corbeil et Chanoine de St Spire du même lieu, sans se lasser, il enseigna la parole divine; il fut aussi un infatigable chercheur de tout ce qui se rapporte à l'histoire de la Normandie et à celle de Corbeil. Il est entré dans cette nuit où personne ne peut plus travailler, l'an de notre salut 1794 (1), ayant accompli 56 ans de sa vie temporelle, 22 de sa vie religieuse, et exercé pendant 5 ans son ministère de Pasteur et de Prieur. Que Dieu le regarde d'un œil favorable ! (1) Le texte porte 1794, mais le 4 est barré. Ceci indique bien que c'est en 1794 que l'Abbé Guiot a écrit sa biographie terminée par son épitaphe. L'on sait en effet qu'il vécut 13 ans encore après l'avoir composée, puisqu'il mourut en 1807.
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 +|**00000297**| SOCIÉTÉ HISTORIQUE & ARCHÉOLOGIQUE DE CORBEIL, D'ÉTAMPES ET DU HUREPOIX COMPTE-RENDU DES SÉANCES SÉANCE DU CONSEIL D'ADMINISTRATION Tenue à la Sous-Préfecture de Corbeil le 3 Novembre 1897. Présidence de M. le Dr BOUCHER, Vice-Président. Étaient présents: MM. le Dr Boucher, Barthélemy, Lasnier, Dufour, A. Marc-Pasquet, J. Depoin, Mottheau, l'abbé Colas et Jarry. Absents excusés: MM. Horteur, sous-préfet, J. Lemaire, V. de Courcel, l'abbé Bonnin et l'abbé Genty. Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté sans observation. M. le Secrétaire général informe le Conseil que les ouvrages suivants ont été offerts à la Société: Le Tome XIX des mémoires de la Société de Pontoise; Le Bulletin de la Société des sciences morales, des lettres et des arts de Seine-et-Oise, année 1896, 2 fascicules in-8°; Le Bulletin de la Société de l'histoire de Paris et de l'Ile-deFrance; Les Annales du pays de Lagny, ouvrage offert par l'auteur, M. Jacques Lepaire, auquel des remercîments ont été adressés. D'autre part, Messieurs Vollant et Aymé Darblay ont fait don à la Société de la splendide monographie de l'Eglise de SaintGermain-lès-Corbeil, qui a été distribuée à tous ses membres. Cette œuvre, aussi remarquable par la forme que par le fonds, dénote BULLETIN 1897. 2. 6
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 +|**00000298**| - - 48 chez ses auteurs un esprit de recherche savante et consciencieuse, que, seuls, arrivent à posséder les amateurs passionnés des choses de l'art et des travaux d'archéologie. Le Conseil charge M. le Secrétaire général d'adresser à Messieurs Vollant et A. Darblay, le témoignage de son admiration pour leur belle œuvre, si richement illustrée, et de faire agréer par ces généreux donateurs l'expression des sentiments de vive gratitude de tous les membres de la Société. Le Conseil prononce ensuite les admissions suivantes: Comme membres fondateurs: M. Treuille (Raoul), 156, rue de Rivoli, à Paris, présenté par MM. A. Darblay et Aubry-Vitet; M. Chatoney (Eugène), 8, rue Rembrandt, à Paris, présenté par M. Georges Féray et M. le pasteur Pannier. Comme membres adhérents: M. Papin, agent des Assurances générales à Corbeil, présenté par MM. Cros et A. Marc-Pasquet; M. Pinat, architecte à Saint-Germain-lès-Corbeil, présenté par MM. le Dr Boucher et Dufour; M. Girard, conservateur des hypothèques à Corbeil, présenté par MM. Dufour et Lorin; M. Pinard (André), au château de Champcueil (S.-et-O.), présenté par MM. A. Darblay et le Dr Boucher; M. Pallain, directeur général des Douanes, 12, quai de Billy, à Paris, présenté par MM. A. Darblay et Dufour; M. Cheuvreux (Casimir), à Etiolles, et à Paris, 41, avenue Friedland, présenté par MM. Mauban et le Dr Boucher. En outre, M. Aubry-Vitet a été admis à racheter sa cotisation annuelle par un versement de 100 francs; en conséquence, il sera inscrit parmi les membres fondateurs de la Société. M. J. Depoin a été, comme secrétaire général de la Société de Pontoise, exonéré du paiement de la cotisation annuelle; renonçant au bénéfice de cette exonération, il exprime le désir d'acquérir le titre de membre fondateur de la Société historique de Corbeil, d'Etampes et du Hurepoix. Le Conseil félicite cordialement M. J. Depoin de sa généreuse détermination et il invite en conséquence M. le Trésorier à encaisser la somme de 100 francs, offerte par ce distingué collègue. Le Secrétaire général informe le Conseil de la non réussite des
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 +|**00000299**| - - 49 pourparlers engagés avec le Conseil de fabrique de Villabé, en vue de la cession de la cloche de l'église de cette commune. Cette cloche provenait de l'ancienne commanderie de St Jean, et, toute fêlée qu'elle était, il était désirable de la voir revenir dans le musée que la Société a fondé dans l'église de notre ancienne commanderie. Le Conseil, regrettant cette décision de la fabrique de Villabé, espère qu'elle se décidera ultérieurement à accepter les offres aussi avantageuses que désintéressées qui lui ont été faites par la Société. Le Secrétaire général rend compte de l'état d'avancement des travaux exécutés dans l'église de St-Jean-en-l'Ile et du projet d'aménagement des vitrines dans le futur musée. Il ajoute que ces travaux sont bien près d'être achevés. M. le Président rappelle que, contrairement à l'article to des Statuts, l'Assemblée générale n'a pas été convoquée en 1897; il expose les motifs qui ont amené le Conseil à ajourner cette réunion au mois de mai 1898. A cette époque, le Conseil sera en mesure d'offrir aux membres de la Société un programme intéressant qui comprendra notamment: la visite de l'église, récemment restaurée, de St-Germain-lès-Corbeil, et l'inauguration du musée de St-Jeanen l'Ile à Corbeil. Il est ensuite donné communication d'une lettre de M. MarcPasquet relative au don d'une pierre sculptée, offerte par M. Mérot, de Soisy-sous-Etiolles, pour le musée de St-Jean-en-l'Ile. Des remercîments sont votés au donateur ainsi qu'à M. Marc-Pasquet. Le Secrétaire général communique une lettre de M. Ferdinand Lot, bibliothécaire à la Sorbonne, qui fait appel à la libéralité de la Société en faveur de la bibliothèque qu'il dirige et dans laquelle il s'efforce de réunir toutes les publications des sociétés savantes de France. Le Secrétaire général ajoute qu'il s'est empressé de donner satisfaction à M. Lot en lui envoyant les bulletins déjà parus de la Société historique de Corbeil-Etampes. En réponse à une lettre adressée par le Secrétaire général, au nom de la Société, à M. Soupault, maire de Villeneuve-le-Roi, celui-ci a écrit qu'il croyait pouvoir affirmer que le menhir de la Pierrefitte, qui était menacé par des fouilles récemment entreprises, sera conservé; il laisse en outre espérer que les objets qui pourraient être recueillis dans l'exploitation de sable de MM. Moulton, Corvol et Cie seront réunis, classés et mis en sûreté.
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 +|**00000300**| 50 - M. Pinson, de Douai, a adressé à la Société, pour son bulletin, des documents inédits sur l'assassinat de Simonneau, ancien maire d'Etampes. Dans une lettre jointe à l'envoi, il demande l'insertion intégrale des commentaires qui accompagnent ces documents. Après lecture de ces commentaires, le Conseil, craignant que quelques phrases du manuscrit de M. Pinson ne soient fâcheusement interprêtées par nos collègues d'Etampes, décide qu'il sera demandé à l'auteur de vouloir bien atténuer la vivacité de quelques-unes de ses expressions. M. Dufour est chargé de s'entendre avec M. Pinson à ce sujet. Le Secrétaire général fait ensuite la briève analyse d'une monographie due à notre collègue M. Bournon, dans laquelle il est dit que Corbeil a été, de 1787 à 1789, chef-lieu d'un département qui s'est appelé le département de Corbeil. Plusieurs membres pensent que, à Corbeil comme ailleurs, cette dénomination devait se rapporter aux assemblées provinciales. Communication est encore donnée d'une lettre de M. Allorge, architecte à Montlhéry, par laquelle il proteste contre la démolition des derniers vestiges de l'ancienne porte dite de Paris, à Montlhéry, et demande l'appui de la Société à ce sujet. Le Conseil, consulté, émet un vœu en faveur de la conservation de ce qui subsiste encore de la porte de Paris à Montlhéry. Répondant à une lettre de M. Dufour, M. Chéron, de Lardy, lui a adressé des renseignements intéressants sur le dolmen de la bierre levée, situé sur la commune de Janville-sur-Juine. Ce curieux vestige d'un passé lointain appartient à Mme de Souancé, propriétaire à Lardy; il a été classé en 1885. <<« La pierre levée, dit M. Chéron, est un dolmen remarquable pour les environs de Paris où ils sont rares. Il ne reste plus debout qu'un fond d'allée couverte ; la table, ayant 4 mètres 10 de long, 3 mètres 20 de large et 50 centimètres d'épaisseur, est supportée à gauche par une, au fond par deux et à droite par trois pierres formant parois. » La Revue d'anthropologie s'est occupée de ce dolmen et lui a consacré un article de deux pages, dû à M. Delessard, notre collègue de Lardy. M. l'abbé Colas promet d'écrire une notice sur le rôle charitable des sœurs de St Vincent de Paul depuis leur arrivée à Corbeil. M. le Dr Boucher félicite M. l'abbé Colas de son heureuse initia-
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 +|**00000301**| 51 - tive; comme médecin en chef de l'hôpital-hospice de Corbeil, il se plaît à reconnaître hautement le dévouement de ses dignes collaboratrices; il rappelle que plusieurs deses ancêtres, chirurgiens en chef de l'Hôtel-Dieu de Corbeil, ont depuis plus d'un siècle, rendu publiquement hommage à l'abnégation de ces dévouées religieuses; c'est pourquoi il a tenu lui-même à perpétuer le souvenir de cette bienfaisante collaboration en faisant sceller, dans le vestibule de l'hospice de Corbeil, les anciennes plaques en marbre noir, sur lesquelles sont gravés les noms de deux de ces anciens chirurgiens. M. J. Depoin annonce qu'il prépare une étude historique et généalogique sur les familles ayant exercé l'office de comte, de vicomte et de prévôt à Corbeil et à Etampes, du XIe au XIVe siècle; il serait très reconnaissant aux confrères qui lui signaleraient les documents d'histoire, d'archives ou d'épigraphie qui concerneraient les familles ayant porté les titres suivants : de Corbeil, d'Etampes, Briart et des Glaisières. M. le Trésorier présente le compte financier de la Société, arrêté au rer novembre 1897. Il ressort de ce document que la somme actuellement disponible est de 2839 fr. 51 cent. se décomposant ainsi: Attribution au musée Attribution à la Société Somme égale 148 fr. 60 2690 fr. 91 2839 fr. 51 Plusieurs membres du Conseil émettent le vœu que le capital formé par le produit des fondations, serve à constituer une réserve intangible. Des propositions diverses sont émises à ce sujet, mais, en présence des difficultés qui pourraient surgir, la Société étant mineure, le Conseil décide de s'en remettre entièrement à la prudence éclairée de son trésorier, bien persuadé que celui-ci agira toujours au mieux des intérêts de la Société. Pour clore agréablement la réunion, M. le Président convie les membres présents à aller visiter la vieille église de St-Jean-en-l'Isle, dans laquelle le musée de la Société doit être bientôt installé. La séance est levée à 3 heures 1/2, et la plupart des membres du Conseil se rendent à St-Jean-en-l'Ile, où ils se rencontrent avec M. A. Darblay, qui leur fait le plus courtois accueil, tout en les guidant dans la visite du charmant édifice où fut inhumée la veuve de Philippe-Auguste.
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 +|**00000302**| UNE TENTATIVE D'ASSASSINAT A CORBEIL (1614) Depuis quelque temps déjà l'on s'est aperçu que les relieurs des siècles passés se servaient quelquefois, pour confectionner leurs reliures, de morceaux de parchemin empruntés à des documents que l'on considérait alors comme inutiles; ils employaient aussi de vieux papiers couverts d'écritures, pour préparer les gardes intérieures des volumes. Le hasard fit découvrir ce mode de travail : en défaisant une vieille reliure hors d'usage, on mit au jour une pièce intéressante. Cette découverte stimula les recherches et beaucoup de documents précieux furent ainsi retrouvés. La même bonne fortune nous est advenue dernièrement: dans la couverture d'un vieux registre, nous avons trouvé un acte bien entier, émané de l'Officialité de Paris, en 1614. C'est un ordre comminatoire enjoignant, sous peine d'excommunication, à tous ceux qui en seraient informés, de faire connaître l'auteur et les circonstances d'une tentative d'assassinat, commise à Corbeil, sur un ouvrier du moulin de Chantereine. Ce document est un curieux spécimen des coutumes juridiques de cette époque; il offre en outre un intérêt local, le fait incriminé s'étant passé à Corbeil, dans le moulin de Chantereine, qui existe encore et qui se trouvait alors en dehors des murs de la ville (1). Malgré son peu d'importance, nous transcrivons ici le texte de cette ordonnance de l'Officialité de Paris, notre bulletin étant surtout destiné à sauver les épaves du passé, en faisant connaître ces petites pièces qui sont plus exposées que d'autres à être perdues ou détériorées. A. D. Officialis parisiensis omnibus presbiteris et notariis nobis subditis, Salutem in Domino. (1) Cet ancien moulin, qui porte toujours le nom de Chantereine (du latin rana, grenouille), est situé rue des Grandes Bordes, non loin de la gare actuelle du chemin de fer. 1
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 +|**00000303**| 53 - Nous vous mandons de bien et diligemment admonester par nostre auctorité, soubz peyne d'excommunication, par troys dimanches consécutifs ès prosnes de voz églises parochiales, comme à présent par la teneur des présentes, à la supplication et requeste de Mathurin Thoison manœuvre, demeurant aux Petites bordes lez Sainct Jean en l'Isle, complaignant suyvant la permission par luy obtenue du prévost du dict Saint Jean de l'Isle, ou son lieutenant, le dix-neufème jour du présent moys de septembre, signée Michel, nous admonestons tous ceulx et celles qui sçavent que le samedy sixiesme du dict moys de septembre, le dict complaignant travaillant au moulin à eaue de Chantereyne aus dictes Petites bordes, il auroit esté appellé par ung certain quidam pour parler à luy, lequel ayant approché jusques dans le chemin proche ledict moulin à eaue, l'auroit ledict quidam battu et exceddé à coups de baston sur plusieurs partyes de son corps et jusques à playes, à raison de quoy ledict complaignant est retenu au lict malade et entre les mains des chirurgiens, en danger de sa personne, à son grand préjudice et dommage; et généralement tous ceulx et celles qui des choses susdictes, circonstances et dépendances d'icelles, ont veu, sceu, cognu, entendu, ouy dire ou apperçeu aucune chose, ou aultrement en peuvent déposer en quelque sorte et manière que ce soit, voire mesme qui ont commis ou faict commettre ce qui dict est, ou bien ont esté complices. Que quant aux premiers ilz ayent à dire et révéler ou faire révéler ce qu'ilz en ont veu, sçeu, cognu, entendu, ouy dire et apperçeu. Et quant aux aultres ils ayent à faire satisfaction par eulx ou par aultruy dans six jours après la troysiesme monition et publication des présentes, au publicateur d'icelles, en telle sorte et manière que ledict complaignant se puisse ayder des dictes révélations tant en jugement que dehors, ainsy qu'il appartiendra par raison; aultrement nous userons allencontre d'eulx des censures ecclésiastiques et, selon la forme de droict, nous nous servirons de la peyne d'excommunication. Datum parisiis, sub sigillo curiæ nostræ unà cum signeto nostro, anno Domini millesimo sexcentesimo decimo quarto, die vigesima, mensis septembris. Signé: LE GUAY. FOURNIER.
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 +|**00000304**| LA FÉODALITÉ ET LE DROIT DE VASSELAGE Un siècle à peine s'est écoulé depuis que la Révolution, modifiant profondément l'état social de la France, a emporté, dans sa marche rapide, la féodalité avec ses coutumes et ses droits si nombreux et quelquefois si bizarres. Certes, personne ne regrette ces usages qui ne pourraient plus exister aujourd'hui; mais, malgré le temps relativement court qui nous sépare de la fin du 18e siècle, bien peu de personnes les connaissent dans leurs détails et, si l'on en parle à l'occasion, ce n'est que d'une manière générale. Il faudrait des volumes pour décrire ces droits seigneuriaux dont l'origine remontait aux premiers temps de notre monarchie, et dont le nombre était infini puisqu'ils variaient, non seulement avec les provinces, mais aussi, pourrait-on dire, selon chaque seigneurie. Nous ne pouvons ni ne voulons entreprendre ce travail, et, sans même parler de ces religieux de Saint-Port (1) qui étaient tenus, à certain jour de l'année, de venir présenter, en grande cérémonie, trois chapeaux de roses au puissant abbé de St-Spire, nous donnons ici quelques actes de foi et hommage de seigneur à seigneur, que le hasard des recherches nous a fait rencontrer. On croit généralement que le peuple seul était soumis à ces droits, c'est une erreur et l'on verra par les pièces ci-après qu'un puissant seigneur était souvent tenu à rendre foy et hommage, indépendamment du cens ou redevance en argent, à un personnage de moindre importance que lui; il suffisait pour cela que ce puissant seigneur possédât, dans sa seigneurie, un fief qui fût mouvant, c'est-à-dire dépendant d'une seigneurie autre que la sienne, et ce fait se produisait constamment, car chaque fief avait sa mouvance spéciale et différente, et souvent une seigneurie se composait de dix, quinze et vingt fiefs. Aussi que de contestations, que de procès entre les seigneurs! Ces procès étaient bien plus longs (1) Aujourd'hui l'on dit Seine-Port, mais dans tous les anciens titres on lit SaintPort, Sanctus portus; ce nom tirait son origine du voisinage d'un monastère qui dépendait de la puissante abbaye de Barbeau, fondée non loin de là par Louis VII,
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 +|**00000305**| 55 autrefois qu'aujourd'hui, et ceux qui les intentaient n'en voyaient pas toujours la fin. Il en résultait des montagnes de papiers et de parchemins que les scribes d'alors noircissaient à l'envi sans parvenir à tarir leur encrier. C'est en feuilletant et en déchiffrant ces paperasses qu'on a quelquefois la bonne chance de retrouver des documents intéressants, comme ceux que nous reproduisons aujourd'hui et qui ont de plus le mérite de se rapporter à notre pays et de citer des noms et des lieux connus. A. D. NICOLAS DE FONTENAY (1387) Sachent tous que Je, Jehan de Servigny, Chevalier, ai, aujourd'hui, reçeu, à ma foy et homage, messire Nicolas de Fontenay, Seigneur du Val Coquatrix, de tout ce qu'il peust tenir de moy apartenant audit Val Coquatrix, à cause de ma terre de Morsant, et me tiens content du quint denier; en tesmoing de ce, j'ai seellé ceste lettre, de mon propre seel. Ce fust faict l'an mil trois cens quatre vingt sept, le seiziesme jour de juing. ESTIENNE TILLET, seigneur du Val Coquatrix (1459) Nous, Jehan, Guy, André et Guillaume Haguenin, seigneurs de Morsant sur Seine, près de Corbueil, confessons avoir eu et reçeu de Phelippe de Chaivigny, escuier, par les mains de Estienne Tillet, seigneur du Val Coquatrix, la somme de seize livres dix solz tournois, par composicion faicte avecques nous du quint denier et autres droiz, esquelz le dit Phelippe nous pouvoit estre tenu pour raison et à cause de la vente de certaines terres, cens, rentes et autres héritaiges appartenans audit hostel du Val Coquatrix, tenuz et mouvans de nous en fief, à cause de nostre terre et seigneurie de Morsant, lesquelles terres, cens, rentes, et autres héritaiges le dit Phelippe a vendu audit Estienne Tillet; de laquelle somme de seize livres dix solz tournois nous nous tenons pour contens et bien paiez et en quictons ledit Phelippe de Chaivigny et Estienne Tillet, c'est assavoir le dit Phelippe pour la vendicion des choses dessus dites et le dit Tillet pour lachait dicelles et tous autres, et oultre confessons que le dit Estienne Tillet nous a fait les foy et hommaige que tenu nous estoit de
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 +|**00000306**| - - 56 faire à cause des ditz fiefz, et lui avons donné terme et delay jusques au 1er jour davril prochain venant, de nous bailler son adveu et dénombrement d'iceulx fiefz, en tesmoing de ce, nous avons signé ces présentes de nos seings manuels, le 22e jour de février l'an mil quatre cens cinquante neuf. Signé: J. Haguenin, G. Haguenin, A. Haguenin, et G. Haguenin. GIRARD BOISSERIE, du Val Coquatrix (1477) Nous Guillaume Haguenin, dit le Duc, Conseiller du Roy nostre Sire en sa Court de Parlement et Seigneur de Morsant, confessons avoir reçeu de Girard Boisserie Escuier les foy et hommaige que tenu estoit nous faire à cause de Marie Brunel sa femme, des fiefz qu'il tient de nous, avecques leurs appartenances, appendences quelconques, assis au Val Coquatrix (lez] Corbeil et es terrouers d'environ et adjoincts à la seigneurie dudict Val, tenuz de nous à cause de nostre dicte terre et seigneurie de Mort sant (sic) et si nous a payé et contenté des rachaptz ou reliefz que tenu estoit nous payer à cause du mariage de luy et de la dicte Marie, dont nous nous tenons pour contens et bien payez et l'en quictons et tous aultres, sauf en tout et partout nostre droit et l'autruy; en tesmoing de ce nous avons mis nostre seing manuel et seel armoyé de nos armes, le dix huitiesme jour de juillet mil quatre cens soixante et dix sept. Signé: G. Le Duc. GUILLAUME ET FRANÇOIS DE BAULX, seigneurs de la Borde (1556) A tous ceulx qui ces présentes lettres verront, Claude Le Bergier licencié es loix, advocat en parlement, garde, pour le Roy nostre Sire, de la Prévosté de Corbueil, et Symon Du Pré, clerc, garde du seel dicelle, Salut, scavoyr faysons que aujourd'hui datte de ces présentes, en la présence de Jacques Patin, notaire royal audict Corbueil, et des tesmoingz cy après nommez, noble homme Pierre de Blosset escuier seigneur de Morsang sur Seyne a reçeu et reçoit en foy et hommaige noble homme Guillaume de Baulx, escuier, seigneur en partye du fief de la Borde, assis au vielz Corbueil, ad ce présent, tant en son nom que comme soy faisant et portant fort de Françoys de Baulx aussi escuier, son frère, seigneur en
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 +|**00000307**| - - 57 partye dudict fief et seigneurye de la Borde, assis audict vielz Corbueil, qui se consiste en Cens et Rentes à eulx advenuz et escheuz à cause de feuz Péronne et Yvonne de Fleury leurs tantes, filles de feuz dame Marguerite Sanguyn, leur mère, mouvant et tenu a une seulle foy et hommaige dudict de Blosset, à cause de sa dicte terre et seigneurye de Morsang, à la charge toutesfoys que ledict Guillaume de Baulx audict nom a promis et sera tenu de bailler dénombrement au dict de Blosset dudict fief et seigneurye de la Borde dedans quarante jours, à compter du jour et datte de ces présentes, sauf à le blasmer par ledict de Blosset, s'il y eschet, suyvant la coutume et, en ce faisant, ledict de Blosset a quicté et remis, audict de Baulx tous droictz et devoirs qui lui eussent peu estre deubz à cause dudict fief et seigneurye de La Borde, sauf audict seigneur de. Morsang son droict et l'aultruy en toutes choses et, en ce faisant, ledict de Blosset a confessé avoir esté payé et satisfaict par les dictz de Baulx des fraiz de saisye faictz pour raison de ce que dessus, dont et des quelles choses les dictes partyes nous ont requis lectres. Sy avons octroyé ces présentes audict de Baulx pour luy servir et valloyr en temps et lieu ce que de raison. En tesmoing de ce, nous, à la relation dudict notaire, avons faict mettre à ces lectres le dict seel, qui passées furent, données et octroyées audict lieu es présence de Noël Le Roy demourant aux Faulx bourgs de Corbueil, et Spire Loir vigneron, demourant à Essonne, tesmoings ad ce requis et appelez, le dimanche vint ungniesme jour de mars, l'an mil cinq cens cinquante six. Signé: Bordeau, tabellion. GALLERAND GAILLARD DE LA MORINIÈRE, seigneur de la Borde, du Colombier et du Val Coquatrix (1623) L'an mil six cens vingt trois, le lundy vingt septième jour de mars, après midy, en la présence du notaire royal et garde héréditaire du seel de la ville prévosté et chastelenie de Corbeil soubz signé, et des tesmoings cy après nommés, messire Gallerand Gaillard, sieur de la Morinière, conseiller du roy en ses Conseils d'Estat et privé, intendant général de la maison et finances de Madame, sœur de sa Majesté, seigneur de la maison seigneurialle du fief du Coulombier, autrement du Viel Corbeil, du fief
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 +|**00000308**| - - 58 de la Borde assis audict viel Corbeil, paroisse Saint-Germain, et autres fiefs et du Val Coquatrix en partie, demeurant le dict sieur ordinairement à Paris en sa maison, rue et paroisse Saint-Médéric, s'est transporté au-devant de la grande porte et principalle entrée du lieu seigneurial de Morsang sur Seine, distant du dict Corbeil environ une lieue, où estant parlant à Jehan Gaulthier serviteur domestique de la Dame dudict lieu, il a demandé si le seigneur ou dame dudict Morsang estoit audict lieu ou autre qui eust charge de recepvoir les foy et hommaige et offres qu'il luy vouloit faire et porter présentement, lequel Gauthier a dit et fait response que la dame veufve du seigneur de Morsang n'estoit audict lieu, ni autre pour elle qui eust charge de recepvoir la dicte foy et hommage que ledict sieur de La Morinière disoit vouloir faire et porter, au moyen de laquelle response icelluy sieur de La Morinière s'estant mis en debvoir de vassal devant ladicte porte, ayant un genouil en terre, la teste nue et sans espée ni esperons, auroit par trois fois derechef appellé ledict seigneur ou dame dudict Morsang, et n'ayant esté faicte autre response que celle cy-dessus, ny comparu autres personnes qui eussent charge de recepvoir ladicte foy et hommage, il a en cest estat dict et déclaré qu'il faisoit et portoit comme de fait a fait et porté les foy, hommage et serment de fidélité qu'il estoit tenu de faire et porter audict seigneur de Morsang, à cause et pour raison dudict fief de La Borde provenu dudict fief du Val Coquatrix; lequel fief de La Borde est tenu, mouvant et relevant en plain fief à une seulle foy et hommage dudict seigneur de Morsang, disant par ledict sieur de La Morinière que le dict fief de la Borde luy apartient à cause de l'acquisition qu'il en a faicte avec ledict fief du Coulombier ou autrement le Viel Corbeil, et aultres fiefs, et de la quatriesme partie dudict fief du Val Coquatrix, cens, rentes, terres, prez et héritages qui en dépendent, par décret faict sur Jehan de Régis et Damoiselle Florimonde Richard, sa femme, en la court du Parlement, le trentiesme jour de décembre dernier, lequel ledict sieur de La Morinière à faict apparoir signé Gaillard, et seellé. Et sy a offert de bailler cy après son adveu et dénombrement suivant la coustume aussi tost qu'il auroit esté faict certain des despendences dudict fief de la Borde, au pardessus de ce qui est contenu au dict décret; et aussy a le dict sieur de la Morinière, en ce faisant, offert de payer le droict de quint par luy deu, a cause de la dicte acquisition pour le dict
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 +|**00000309**| 59 fief de la Borde, relevant dudict sieur de Morsang, si tost que le dict sieur ou dame dudict Morsang aura faict ventiler et liquider avec les seigneurs des autres fiefs, contenus par ledict décret, ce qui leur apartient à chacun d'eux, à cause de ladicte acquisition; laquelle foy et hommage et tout ce que dessus a esté à l'instant signifié et d'icelle baillé copie audict Jehan Gaulthier qui a promis de la faire tenir à la dicte damoiselle de Morsang, dont et de ce que dessus, le dict sieur de la Morinière a requis acte à luy octroyer ces présentes pour servir ce que de raison. Ce fut faict, passé et octroyé devant ledict lieu seigneurial de Morsang, aprèsmidy ès présence de Me Guillaume Joubert, procureur en Parlement, demeurant rue et paroisse Saint Médéric, et de Pierre Richer, huissier de chambre de Madame la feu sœur du Roy, demeurant à Paris, rue de l'arbre sec, estant en la compagnie dudict sieur de La Morinière, lequel a signé avec les dicts tesmoings et ledict notaire sur la minutte des présentes, et ledict Gaulthier a déclaré ne sçavoir escrire ny signer, de ce interpellé par ledict notaire, et a la dicte minutte esté seellée ledict jour, comme ces présentes, suivant l'édict du Roy. Ainsy signé: Hideulx, et a costé est escrit: seelé le dict jour et an, avec paraffe. RENÉ DE BRETIGNÈRES, seigneur de Saint Germain le vieux Corbeil (1772) Aujourd'huy en la présence de Moy, Jean Popelin, notaire royal en la ville, prévosté et chatellenie royale de Corbeil soussigné et des témoins ci-après nommés. Messire Anne Charles René de Bretignères, chevalier, seigneur de Saint-Germain le vieux Corbeil, Val Cocatrix, Ormoye, Bienfaite et Mongaston et autres lieux, conseiller du roy en sa cour de parlement, demeurant ordinairement à Paris, rue du Foin, paroisse Saint Séverin, de présent, par ordre du roy, en son château de Saint-Germain, s'est transporté à la grande et principale porte d'entrée du château de Villepesque, situé en la paroisse de Lieusaint en Brie près Corbeil, où étant, après avoir frappé par trois diverses fois à la ditte porte, est comparu sieur Louis Claude de Forges, fermier à la ferme du dit château de Villepesque, y demeurant, auquel le dit sieur de Bretignères ayant demandé si le seigneur dudit Villepesque étoit au dit château ou s'il y avoit
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 +|**00000310**| - - 60 quelqu'un qui eust charge de recevoir les vassaux dudit Villepesque en foy et hommage, le dit sieur de Forges a fait réponse que ledit seigneur de Villepesque n'était point pour lors au dit château et qu'il n'y avoit personne qui eust charge de recevoir les vassaux du dit Villepesque en foy et hommage; après laquelle réponse, le dit sieur de Bretignères, s'étant mis en devoir de vassal, un genouil en terre, teste nue, sans espée ni esperons, suivant qu'il est requis par la coustume de Paris, a appelé par trois fois, à haute et intelligible voix le dit seigneur de Villepesque et a dit et déclaré qu'il est venu exprès pour lui faire et porter, comme de fait il faisoit et portoit au dit seigneur de Villepesque, la foy, hommage et serment de fidélité qu'il est tenu de luy faire et porter à cause des dittes terres, fief et seigneurie d'Ormoye, Bienfaite et Mongaston, circonstances et dépendances, pour ce qui relève du dit Villepesque, appartenantes les dittes terres et seigneurie d'Ormoye, Bienfaite et Mongaston, circonstances et dépendances, au dit sieur de Bretignères, au moyen de l'acquest qu'il en a fait de très haut et puissant Seigneur Eugène Octave Auguste comte de Rosen et de très haute et puissante dame Marie Antoinette Louise Esprit Juvénal Claude de Harville des Ursins de Traisnel, son épouze, par contract passé devant Me Chavet et son confrère, notaires à Paris, le deux octobre dernier, insinué au bureau de Corbeil le huit dudit mois, par Deschamps, pour raison duquel acquest les droits de quint ont été payés par le dit sieur de Bretignères à Mº François Pierre Fradin, avocat en parlement, au nom et comme fondé de la procuration de monsieur le comte de Jonzac, seigneur du dit Villepesque, suivant qu'il est énoncé par la quittance des dits droits, donnée par le dit sieur Fradin, en marge du dit contract, le seize du dit mois d'octobre; auxquels seigneur et dame comte et comtesse de Rosen les dites terres et seigneurie appartenoient du chef de la ditte dame, comme lui ayant été données en dot par son contract de mariage avec ledit seigneur comte de Rosen, passé devant Me Maréchal et son confrère, notaires à Paris, les trois et quatre février mil sept cent soixante, par très haut et puissant seigneur Claude Constant Juvénal de Harville des Ursins, marquis de Traisnel, et très haute et puissante dame MarieAntoinette de Matignon, son épouze, ses père et mère, auxquels seigneur et dame marquis et marquise de Traisnel les dits biens appartenoient du chef de la ditte dame comme luy ayant aussy
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 +|**00000311**| - - 61 été donnés en dot par très haut et puissant seigneur Marie Thomas Auguste marquis de Matignon et très haute et puissante dame Edmée Charlotte de Bresne son épouze, ses père et mère, lors et par le contract de son mariage avec le dit seigneur marquis de Traisnel, passé devant Maître Roger et son confrère, notaires à Paris, le vingt-neuf et le trente janvier mil sept cens quarante quatre; lesquelles terres et seigneurie d'Ormoye, Bienfaite et Mongaston, circonstances et dépendances, relèvent en plein fief, foy et hommage de la ditte terre et seigneurie de Villepesque, requérant le dit seigneur de Bretignères le dit seigneur de Villepesque, ou autre de luy ayant charge, qu'il luy plaise de le recevoir à la ditte foy et hommage et serment de fidélité, promettant le dit sieur de Bretignères de fournir aveu et dénombrement des dittes terres et seigneurie d'Ormoye, Bienfaite et Mongaston, en ce qui relève de la ditte seigneurie de Villepesque, dans le temps prescrit par la coustume; dont et de tout ce que dessus le dit sieur de Bretignères a requis acte audit notaire soussigné qui lui a octroyé le présent pour luy servir et valloir ce que de raison. Fait et passé comme dit est à la grande et principale porte d'entrée du dit château de Villepesque, l'an mil sept cent soixante douze, le dix sept décembre après midy, en présence de Me JeanLouis Paillot, prestre, curé de la paroisse d'Ormoye (1), y demeurant, et de Me Pierre de Laurencel, chevalier, conseiller du Roy, substitut de M. le Procureur Général, demeurant ordinairement à Paris, vieille rue du Temple, cul de sac d'Argenson, paroisse SaintGervais, étant de présent au chateau de Saint Germain le Vieux Corbeil, témoins à ce requis, qui ont avec le dit sieur de Bretignères et nous signé, et tout ce que dessus a été notifié au sieur de Forges (2) auquel a été laissé copie du présent pour le dit seigneur de Villepesque auquel il a promis de le faire savoir et a signé avec nous. Signé: de Bretignères de Saint-Germain, Paillot curé d'Ormoye, de Laurencel, Deforges, Popelin. (1) Ce village d'Ormoye ou Ormois, qui se trouvait dans la plaine de Lieusaint, proche de la forêt de Sénart, n'existe plus aujourd'hui; il en restait dans ces derniers temps un bâtiment de ferme qui a disparu à son tour. Aujourd'hui la charrue trace des sillons sur le sol de ce village qui possédait une église intéressante et un château seigneurial, résidence pendant plusieurs siècles de la famille de Postel. (2) La famille Desforges, bien connue à Corbeil, a occupé de père en fils, jusqu'à ces derniers temps, la ferme de Villepesque.
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 +|**00000312**| DÉDICACE DE L'ÉGLISE SAINT-SPIRE DE CORBEIL (1437) Les étrangers, comme les habitants de Corbeil, qui visitent l'église Saint-Spire, remarquent les croix de consécration peintes sur les piliers et accompagnées de la date 1437; mais la plupart ne savent pas que dates et croix sont récentes. Les auteurs qui se sont occupés de l'histoire de cette collégiale n'ignoraient pas que la dédicace en avait été faite; mais, contrairement à l'usage, rien ne rappelait cette importante cérémonie. C'est à M. l'abbé Girard, ce prêtre si populaire et si aimé qui exerça pendant 42 ans les fonctions curiales à Corbeil (1832-1874), que l'on doit d'avoir fait peindre, dans les derniers temps de sa vie, sur les piliers de son église, les croix de consécration qui lui manquaient et qui rappellent, avec la date de 1437, cette cérémonie que l'église catholique a toujours entourée d'un si vif éclat. Mais si l'on sait maintenant que l'antique collégiale de SaintSpire a reçu sa consécration, si l'on en connaît la date, bien peu, je pense, ont eu l'occasion d'en lire l'acte et par conséquent d'être informés des circonstances qui ont donné lieu à cette cérémonie; car je ne sache pas que ce document ait jamais été publié. L'original n'existe probablement plus, mais nous en possédons dans nos archives une copie qui paraît être du commencement du XVIIe siècle. C'est celle-ci que nous transcrivons ci-dessous, avec l'espoir que son insertion dans notre Bulletin, la tirera de l'oubli et assurera la conservation d'un document si important pour l'histoire religieuse de la ville de Corbeil. A. D.
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 +|**00000313**| - - 63 Texte de la dédicace de l'Église Saint-Spire tel qu'il est conservé dans les archives de Corbeil. Universis præsentes litteras inspecturis, Johannes, miseratio divina Trecensis Episcopus, Salutem in Domino (1). Notum facimus quod nuper nobis existentibus in civitate parisiensi pro quibusdam nostris et Ecclesiæ nostræ negotiis pertractandis, ad præsentiam nostram accedens venerabilis et discretus vir Magister Johannes de Calvomonte (2), Canonicus sanctæ et Regalis Capellæ Palacii Parisiensis et Abbas Sæcularis Ecclesiæ Collegiatæ Sancti Exuperii de Corbolio, parisiensis diocesis, nobis exposuit quod quamvis dicta Ecclesia, quæ fundata est sub titulo et vocabulo supradicti Sancti Exuperii Episcopi et Confessoris, sit notabilis valde et insignis, multis quoque redditibus tam ex sua primitiva fundatione quam ex donationibus et piis largicionibus Regum et principum dotata existat, sit quoque ipsa Ecclesia corporali præsentia supradicti sancti Confessoris decorata, aliisque plurimis sanctorum et sanctarum reliquiis et pignoribus præmunita et aliis • diversis gratiarum et privilegiorum titulis multipliciter insignita, ipsa tamen, ut dicebat supradictus Dominus Abbas, nondum fuerat consecrata seu dedicata, adjiciens quod ipse et cæteri ejusdem Ecclesiæ Canonici magno affectionis desiderio cupiebant eam suis (1) Jean Léguisé, 75° évêque de Troyes, naquit en cette ville de parents de condition inférieure (son père était teinturier). Il fut nommé évêque de Troyes le 5 juin 1426, succédant à Étienne de Givry. Il fut député par le Roi et l'Université de Paris au Concile de Bâle (1431-1443). Il mourut à Paris le 3 avril 1450 et fut ramené à Troyes où on l'inhuma dans la Cathédrale sous un mausolée de bronze qui portait l'épitaphe suivante: Hic jacet cadaver prudentissimi et nobilis Domini Magistri Johannis Léguisé, quondam Episcopi et nati de Trecis, quam ecclesiam administravit laudabiliter per 24 annos usque ad 3 Augusti 1450, quô decessit Lutetiæ, et corpus indè elatum, subtùs sepelitur. (2) Jean de Chaumont, Abbé séculier de l'Eglise Collégiale de Saint-Spire de Corbeil et Chanoine de la Sainte Chapelle de Paris, était peut-être déjà Abbé de Saint-Spire en 1410; il assiste, comme on le voit, à la dédicace de l'église SaintSpire en 1437. Plus tard, le 8 octobre 1448, il donne pouvoir à Jean et à Robert d'Estouteville, Chevaliers et Chambellans du roi, ainsi qu'à Robert Poitevin, Trésorier de Saint-Hilaire de Poitiers, et à Renaud de Thierri, Doyen de Mehun-surYèvre, de traiter de la permutation de son abbaye avec Jean Mortis pour la cure de Saint-André de Savigny, au diocèse de Lyon, dont ce dernier était titulaire. Jean Mortis fut en effet le successeur de Jean de Chaumont. 7
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 +|**00000314**| 64 - temporibus dedicari, ut ipsa quæ tam honorabilis valde et commendata apud universos habebatur, tam digno spirituali dedicationis et consecrationis munere adepto, honorabilior et deo gratior redderetur. Quapropter supradictus dominus Abbas suo et prædictorum canonicorum nominibus nobis supplicabat, cum in regressu nostro de dicta villa Parisiensi transituri essemus per dictam villam de Corbolio, quatinus tunc præfatæ Ecclesiæ dedicationi et quorumdam altarium in eadem existentium consecrationi intendamus et operam dare dignaremur, asserens super hoc habere consensum et licentiam Reverendi in Christo patris Domini Parisiensis Episcopi (1), sicut per ejus patentes litteras offerebat se idem Abbas nobis monstraturum. Cujus nos tandem supplicationibus inclinati, ac ipsius et cæterorum supradictorum canonicorum devotæ ac laudabili affectioni satisfacere volentes, cum per dictam villam de Corbolio transiremus, die scilicet decima octobris anno Domini millesimo quadringentesimo tricesimo septimo, Nos licet ad tantum ministerium indigni et minus idonei, et de speciali consensu et licentia benevola supradicti Domini Parisiensis Episcopi, cum adjutorio sanctissimi Salvatoris nostri Jesu Christi qui caput est universarum Ecclesiarum, ad laudem gloriam et honorem ipsius et gloriosissimæ et intemeratæ suæ genitricis Mariæ et omnium Sanctorum et specialiter sæpedicti gloriosi Episcopi et Confessoris, sancti scilicet Exuperii, sæpefatam Ecclesiam rite et canonice dedicavimus et in ipsa eodem contextu unà cum majori altari quod ad honorem et sub titulo ac nomine supradicti Sancti Exuperii tunc per nos consecratum exstitit septem altaria consecravimus, scilicet altaria sanctæ Trinitatis, beatæ Mariæ genitricis Dei, Sanctæ crucis, beatorum Apostolorum Petri et Pauli, Sancti Thomæ Apostoli, Sancti Dionisii et Sanctæ Katharinæ (2). (1) Jacques du Chastellier fut nommé évêque de Paris en février 1427 et sacré le rer juin suivant, dans l'église Sainte-Geneviève, par Pierre Cauchon, cet évêque de Beauvais qui se rendit si tristement célèbre lors du procès de Jeanne d'Arc. Jacques du Chastellier mourut de la peste le 2 novembre 1438 et fut inhumé dans le chœur de Notre-Dame de Paris. (2) Ces chapelles n'existent plus, du moins sous ces différents vocables; on retrouve cependant encore la Chapelle de la Vierge et celle des Saints Apôtres Pierre et Paul, mais elles ne sont plus les mêmes que celles qui étaient consacrées à ces Saints à l'époque de la dédicace de l'Eglise.
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 +|**00000315**| 65 Quibus sic peractis, fuit pro parte sæpedicti Domini Episcopi Parisiensis ordinatum quod a modo in prædicta Ecclesia annis singulis fiat annua solemnitas præfatæ dedicationis, prout assuetum est fieri in aliis Ecclesiis dedicatis, et quod tunc a Christi fidelibus acquiri valeant remissiones, indulgentiæ in talibus dedicationibus dari consuete. Hæc autem omnia universis certificamus et præsentibus nostris litteris attestamur sigillatis sigillo nostro eisdem apposito, die, mense et anno supranominatis (1). (1) L'abbé Lebeuf a peut-être connu ce document, car il dit (T. XI, p. 171) que ce fut Jean Léguisé, évêque de Troyes, délégué par Jacques du Chastellier, évêque de Paris, qui procéda à la consécration de l'église Saint-Spire de Corbeil, le to octobre 1437, à moins qu'il n'ait puisé ce renseignement dans la Gallia Christiana où il est indiqué dans le T. XII, au chapitre consacré à l'Évêque Jean Léguisé, si toutefois ce volume était publié du temps de l'abbé Lebeuf; mais à son défaut, il aurait eu les éditions précédentes. - NOTA. Le fleuron ci-dessous représente la belle porte ogivale qui s'ouvre sur le cloître dans le milieu duquel est l'église SaintSpire.
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 +|**00000316**| DOCUMENTS INÉDITS Sur Jacques-Guillaume SIMONNEAU MAIRE DE LA VILLE D'ÉTAMPES Assassiné par le peuple le 3 Mars 1792 En publiant ces documents inédits, nous n'avons d'autre but que de fournir aux historiens futurs des matériaux (qui peuvent disparaître par suite de circonstances indépendantes de la volonté de celui qui les possède) pour écrire l'histoire impartiale d'un événement mémorable dans les annales de la ville d'Etampes. La fin tragique de Jacques-Guillaume Simonneau, maire d'Etampes, eut en France un grand retentissement et fut considérée comme un deuil national. De toutes parts les municipalités et les sociétés patriotiques lui rendirent les honneurs funèbres par des services solennels dans les églises et par des discours prononcés dans les assemblées religieuses ou civiles, dont plusieurs ont été imprimés. Les scènes qui ont précédé l'assassinat de notre compatriote ont fait l'objet de bien des récits, mais n'ont jamais été bien éclaircies, quoiqu'elles eussent été racontées par des témoins oculaires qui se contredisent, circonstance qui prouve que dans les relations des événements de cette nature, la passion est substituée très souvent à la vérité. En effet, s'il faut en croire le procureur de la commune Sédillon, Baron-Delisle, neveu de Simonneau, Florat père et autres qui
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 +|**00000317**| 67 - accompagnaient le malheureux maire d'Étampes sur la place SaintGilles au moment où il fut assassiné, il aurait été abandonné par le détachement du 18º dragons-Berry, commandé par le lieutenant Godard. Baron-Delisle prétend même que Simonneau ayant saisi la queue du cheval de cet officier, celui-ci, pour lui faire lâcher prise, lui aurait abattu le poignet d'un coup de sabre. Ces contradictions dans les récits ont été relevées par un savant étampois, M. E. Dramard, dans un ouvrage intitulé: Episode de la Révolution française dans le département de Seine-et-Oise. La disette de 1789 à 1792 jusqu'à la loi du maximum, dans lequel on trouve l'histoire la plus impartiale et la plus complète de cet événement (1). L'auteur pense que la troupe n'a pas prêté dans la circonstance l'appui sur lequel le maire pouvait compter, et il se base pour émettre cette opinion sur un grand nombre de documents imprimés de l'époque, que nous considérons comme des plus suspects. Pour prouver le peu de fondement des griefs articulés contre le détachement du 18e dragons, nous reproduisons une lettre inédite du général Boissieu, qui est sans date et sans suscription, mais vraisemblablement adressée au président du Directoire de Seine-etOise, dans laquelle il l'informe de l'envoi d'une pièce constatant que les officiers municipaux et bon nombre de notables d'Étampes, certifient que le détachement avait fait tout ce qu'il pouvait pour sauver le maire. Voici la teneur de cet important document qui se trouve entre nos mains. 17º Division. Monsieur, << J'ai l'honneur de vous adresser ci-joint une pièce signée des officiers municipaux et des notables de la ville d'Etampes au sujet de la mort du maire, justificative en faveur du détachement du 18º régiment et de l'officier qui le commande. Dans les informations que j'ai prises sur les lieux, tous ceux que j'ai interrogé sont convenus que les gens n'atendoient que le moindre mouvement pour massacrer ce détachement que le maire avoit eu l'imprudence de mener au marché où il se trouvoit au milieu de voitures et investi par gens dans les maisons et touttes les rues très étroites et bar- (1) Versailles, imp. d'Aubert, 1873, in-8°.
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 +|**00000318**| - - 68 rées. Je reste convaincu que ce détachement a fait humainement tout ce qu'il lui étoit possible pour sauver le maire. > Le Mal de Camp employé provisoirement à la 17º Division. BOISSIEU. (1) Quelques jours après le meurtre de Simonneau, c'est-à-dire le 18 mars, sur le rapport de Jean Debry, député de l'Aisne, l'Assemblée nationale décréta qu'il serait élevé aux frais de la nation, sur la place du marché à Étampes, une pyramide triangulaire en l'honneur du maire d'Étampes et que ce décret serait adressé avec le rapport aux quatre-vingt-trois départements pour être envoyé et publié dans les districts et municipalités. La dernière partie du décret fut seule exécutée et donna lieu dans un grand nombre de villes à des cérémonies faites en son honneur. Nous connaissons pour notre part les villes de Versailles, Dijon, Orléans, Tulle, Blois, Arpajon, Beaumont-sur-Oise, Nemours, Saint Lô, qui participèrent à ces cérémonies; mais il y en a bien d'autres que nous ignorons et qu'il serait utile de rechercher. En voici une preuve: En compulsant les archives municipales de la ville de Douai, qui sont des plus importantes et à la tête desquelles se trouve un ancien élève de l'Ecole des Chartes, nous avons eu la bonne fortune de mettre la main sur le registre des procès-verbaux de la Société des Amis de la Constitution de cette ville, qui avait alors pour président le célèbre jurisconsulte Merlin de Douai, et en le (1) Louis-Henri-Augustin de Boissieu naquit au château du Bois-Noir, paroisse de Desze, en Auvergne, le 13 juillet 1741. Il fut l'un des premiers gentilshommes admis par le Roi à l'Ecole militaire, dès l'établissement de cette maison royale. II fut compris, avec éloge, dans la première promotion de cette Ecole, avec le grade d'enseigne au régiment de Champagne. Il fit avec valeur la guerre de Sept ans, et fut blessé à l'affaire de Fillighangen, en 1761. Nommé capitaine, puis major du régiment d'Austrasie, il s'embarqua en 1782 avec le bailli de Suffren, pour porter secours à nos possessions des Indes. Revenu en France en 1784, il reçut avec le grade de lieutenant-colonel, la croix de Saint-Louis. Enfin, il fut fait brigadier des armées le 20 mai 1785. Au mois de juin 1788, il se trouvait sous les ordres du maréchal de Vaux, en garnison à Grenoble, et, le 15, dans la fameuse journée des Tuiles, il fut blessé d'un coup de pierre. Le 23 septembre suivant il fut nommé maréchal de camp, et en même temps commandant du Pont-de-Beauvoisin. En 1791, il fut mis à la tête des gardes nationales de l'Oise, de la Marne et des Ardennes. Au 10 août 1792, il fut l'un des trois généraux qui commandaient aux Tuileries la 19ª division militaire. Compris dans la liste des émigrés du département de la Haute-Loire, il périt à Quiberon le 21 juillet 1795.
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 +|**00000319**| - - 69 feuilletant, nous avons trouvé les motions suivantes faites au sujet du maire d'Étampes, qui méritent d'être rapportées. Séance du 25 mars 1792. Honneurs à la mémoire de Simonneau, maire d'Étampes. << Sur la motion d'un membre, la Société a arrêté qu'il seroit fait jeudi prochain un service aux frais de la Société, pour célébrer l'action généreuse du vertueux maire d'Etampes; qu'il seroit envoyé un extrait du procès-verbal à la municipalité de la ville d'Etampes, et à la veuve du maire Simonneau. Qu'en outre, une pyramide triangulaire seroit placée dans la salle de la Société, à côté de Mirabeau, sur laquelle sera inscrit: d'un côté les dernières paroles du maire, et sur les deux autres les expressions consacrées par l'Assemblée nationale, qui a voulu, par un décret, manifester la reconnaissance nationale envers le maire d'Etampes. » Séance du 29 mars 1792. Pyramide placée dans la salle de la Société, à la mémoire du maire d'Etampes. -- Motions d'ordre à ce sujet. << Un spectacle attendrissant occupoit la Société: c'étoit celui de l'image de la pyramide, et des inscriptions décrétées par le Corps législatif, pour honorer la mémoire du vertueux Simonneau, maire d'Etampes. <<< Le vice-président en a fait l'éloge par un discours prononcé à la tribune, où il a été interrompu par des applaudissements réitérés. <<< Merlin, ancien député à l'Assemblée Constituante, a lu le discours qu'il avoit prononcé le matin dans l'église Saint-Pierre, où tous les corps administratif, judiciaire, militaire, celui de l'Université et de la garde nationale, s'étoient rendus avec une grande partie des citoyens amis de l'ordre et de la loi, pour assister au service solennel pour le vertueux Simonneau. <<< L'impression du discours a été arrêtée, ainsi que celle de ce procès-verbal. <<< Le but de cette impression a été de constater plusieurs événemens qui ont eu lieu depuis la dernière séance: << 1º L'empressement de la Société à honorer la mémoire du magistrat du peuple qui s'est sacrifié pour la loi; 2º « Le désir de pouvoir offrir à sa veuve un motif de consolation dans ce témoignage de l'estime publique, de la vénération et de la reconnoissance universelle; << 3º L'appareil touchant qu'ont mis à ce service MM. les officiers municipaux, en se chargeant, comme corps constitué, des invitations: « 4º L'action du maire de Douai, qui d'après une délibération entre ses collègues et lui, s'est dépouillé de son écharpe et en a couvert la tombe du maire d'Etampes;
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 +|**00000320**| - - 70 << 5º L'expression la plus vive par laquelle tous les amis de la Constitution ont adhéré à la motion du procureur de la commune, de les convoquer le lendemain, pour que tous les habitants, à l'exemple des officiers municipaux et des corps constitués, jurent sur le livre de la Constitution, de ne jamais balancer, en cas de sédition et de révolte à la loi, à se placer entre les bourreaux et la victime, et à devenir autant de Simonneau, pour assurer à la loi son empire et sa force. >>> Le 6 mai suivant, un grand nombre de citoyens adressèrent à l'Assemblée nationale une pétition par laquelle ils demandaient que les honneurs publics fussent rendus au maire d'Étampes, mort pour la loi. Un membre de l'assemblée convertit la pétition en motion, et le 12 du même mois, sur le rapport de Quatremère, elle rendit un décret instituant une cérémonie nationale, consacrée au respect dû à la loi, au champ de la Fédération, pour honorer la mémoire du maire d'Étampes. Les principaux organisateurs de cette fête furent les architectes Molinos et Legrand et le citoyen Palloy. Le patriote Palloy (c'est ainsi qu'il se faisait appeler), s'était fait connaître comme ayant pris part à la prise de la Bastille et aussi par le don fait aux quatre-vingt-trois départements d'une pierre provenant des cachots du château dont il s'était rendu adjudicataire pour en opérer la démolition. Homme remuant, ambitieux et exploiteur, il cherchait à profiter de tous les événements de la Révolution pour s'enrichir et se rendre populaire. Aussi s'empressa-t-il, aussitôt qu'il sut que l'Assemblée nationale avait décrété une fête nationale en l'honneur de Simonneau, de faire ses offres de service au président du Comité de l'instruction publique de l'Assemblée nationale. Celui-ci lui fit la réponse suivante que nous possédons: Paris, 12 mai 1792, l'an 4 de la Liberté. << Votre lettre, Monsieur, a été lue au Comité d'Instruction publique, au moment même où la discussion s'est ouverte sur la cérémonie funèbre que l'Assemblée nationale a décrétée, sur la demande de quelques citoyens, pour honorer la mémoire du maire d'Etampes. << Le Comité, en rendant hommage à l'empressement que vous montrez, en toute occasion, pour concourir à propager l'horreur du despotisme et l'amour de la liberté, a cependant senti que, s'il appartient aux représentans de la nation d'imprimer à cette cérémonie un caractère auguste et vraiment national, en appellant, au cortège, les fonctionnaires publics du département, afin de rendre un hommage solennel à la loi dans la personne du fonctionnaire qui s'immola pour elle, c'est au pouvoir exécutif, aux ordonnateurs de la cérémonie à entrer dans les détails de l'exécution et à
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 +|**00000321**| 71 - accueillir toutes les demandes particulières qui, comme la vôtre, peuvent y ajouter un nouvel intérêt. << Adressez-vous donc, Monsieur, au Ministre citoyen chargé de cet objet, M. Roland, et recevez les témoignages particuliers de l'estime de celui qui se plaît à mêler ici ses sentimens propres à ceux du Comité dont il est l'organe. >>> Le Président du Comité d'Instruction publique. G. ROMME (1) La fête de la Loi ayant été fixée au 3 juin, le patriote Palloy fit tous ses efforts avec ses Apôtres de la liberté pour donner à cette solennité le plus grand éclat (2). Toutefois, il eut soin de ne pas compromettre ses intérêts, car au lieu de prendre l'initiative de l'enlèvement des matériaux provenant de la démolition de la Bastille, qu'il avait déposés sur les boulevards et qui nuisaient à la circulation ou menaçaient la sécurité publique, il fut forcé de les enlever ou de les consolider pour faire place au cortège partant du boulevard Saint-Antoine pour se rendre au champ de la Fédération, ainsi qu'il résulte de la pièce suivante qui se trouve en notre possession. Département des Travaux publics. Municipalité de Paris. Ce 31 may 1792, 4º de la Liberté. <<< Le Directoire du département, Monsieur, chargé de l'exécution de la loi relative à la fête décrétée en l'honneur du Maire d'Étampes, nous a marqué qu'elle devoit avoir lieu dimanche prochain, que le cortège se rendra de la Bastille par les boulevards jusqu'à la porte St Honoré et de là au champ de la Fédération et qu'il étoit nécessaire de faire enlever tous les matériaux que les particuliers avoient fait déposer sur les boulevards. Nous sentons qu'il nous seroit impossible de faire exécuter l'enlèvement des entoisés de pierres dont vous avez fait l'acquisition, à cause du temps que cet enlèvement exigeroit et de la difficulté de trouver à proxi- (1) Gilbert Romme, conventionnel montagnard, mathématicien, l'un des créateurs du calendrier républicain, naquit à Riom en 1750. Député à l'Assemblée législative, en 1791, et ensuite à la Convention nationale, où il vota la mort de Louis XVI, il présida la Convention et fit divers rapports sur l'instruction publique. Ayant pris part à l'insurrection du 1er prairial an III, il fut décrété d'arrestation et condamné à mort le 18 juin 1794, et se poignarda à l'instant où on lui lut son jugement. (2) Palloy appelait ses Apôtres de la liberté les patriotes chargés de porter dans les départements les petits modèles de la Bastille et de présider à leur inauguration.
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 +|**00000322**| - - 72 mité des emplacemens convenables, mais il est une disposition à laquelle il est indispensable que vous vous livriez, c'est le rétablissement de ces entoísés qui s'éboulent et qui pourroient donner lieu à des accidens. Nous vous prions de vous occuper sur le champ de ce rétablissement. Nous ne doutons pas de votre empressement à vous rendre à notre invitation. Nous ne devons cependant pas vous dissimuler que la conservation de ces dépôts est d'un mauvais exemple, qu'il seroit important que vous débarrassiez la partie du boulevard St Antoine qui est occupée par vos matériaux. Les administrateurs des Travaux publics CHAMPION. Lorsque le cortège se forma sur la place de la Bastille, son point de départ, Palloy, entouré de ses Apôtres, prononça un discours en l'honneur de Simonneau, qui a été imprimé sous ce titre: Discours prononcé le 3 juin 1792, l'an IV de la liberté, par Palloy, le patriote, accompagné de ses Apôtres, lorsque le cortège de la fête célébrée en exécution du décret de l'Assemblée nationale du 18 mars 1792, à la mémoire de Jacques-Guillaume Simonneau, maire d'Étampes, s'est présenté sur l'emplacement de la Bastille (Paris, imp. J. Girouard, in-4º de 2 pages). Quelques jours plus tard, Palloy envoya à la famille du maire d'Étampes une pierre provenant de la Bastille, sur laquelle il avait fait graver la lettre de Gensonné, président de l'Assemblée nationale, à l'adresse de la veuve de Jacques-Guillaume Simonneau. Ce précieux souvenir est conservé au musée de la ville (1). Aujourd'hui que les statues de tant d'hommes inconnus encombrent nos places publiques, il est regrettable de constater que Simonneau n'a pas encore à Étampes le monument voté par l'Assemblée nationale, et cela par suite de l'indifférence des municipalités étampoises qui se sont succédé depuis cent ans. En 1873, la municipalité, à la tête de laquelle se trouvait un homme énergique et un vaillant patriote (2), songea à réparer cet oubli; mais sa bonne volonté vint se heurter devant une opposition systématique qui l'empêcha de donner suite à son projet. (1) Au sujet des pierres de la Bastille offertes à la ville d'Étampes, nous avons publié dans le Réveil d'Etampes du 16 octobre 1897, une lettre inédite du patriote Palloy, qui prouve qu'il donna à la ville deux pierres provenant de la Bastille, dont une seule a été conservée. (2) M. Brunard, qui fut maire d'Etampes pendant plusieurs années.
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 +|**00000323**| 73 Or, comme les conseillers municipaux actuels n'ont plus à redouter cette opposition, il leur appartient de prendre l'initiative de cette réparation tardive et de la mener à bonne fin. S'ils n'en font rien, leurs concitoyens pourront les traiter d'ingrats, eux qui sont pour la plupart les petits-fils de cette bourgeoisie qui doit tout à la Révolution et à laquelle appartenait Simonneau. Dans le même ordre d'idées, il est également triste de voir que les médecins Jacques Houllier, Gérard François (1) et Pierre Baron, praticiens célèbres, ces deux derniers poètes en même temps, le statuaire Nicolas Le Gendre, le magistrat poète René Hémard, l'universitaire Michel Godeau, le polémiste religieux Antoine Guénée, qui eut le talent de se mesurer avec Voltaire et de le mordre jusqu'au sang, et le savant naturaliste Etienne Guettard, qui ont illustré la ville d'Étampes, soit par leurs écrits ou leurs talents, soit par leur dévouement à la chose publique, attendent que les édiles étampois veuillent bien inscrire leurs noms sur les plaques indicatrices de quelques-unes des rues ou places qui ont été baptisées autrefois par des appellations bizarres que rien ne justifie plus aujourd'hui. Nous voulons espérer que nos plaintes seront entendues et que la nouvelle municipalité aura à cœur de remplir le devoir qui lui incombe. Paul PINSON. (1) Le nom patronymique de ce médecin étampois est François et non Gérard, comme le dit à tort M. le Dr Achille Chéreau, dans son livre le Parnasse médical français.
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 +|**00000324**| RELATION DE LA RÉCEPTION FAITE A LOUIS XIV A SON PASSAGE A ÉTAMPES (Septembre 1668) Nous avons toujours eu à cœur de recueillir avec la plus profonde sollicitude tous les documents imprimés ou manuscrits qui peuvent être de quelque intérêt pour la ville d'Etampes. En collectionnant ces épaves du passé, dont quelques-unes sont uniques, nous n'avons d'autre but que d'ajouter quelques pages de plus à l'histoire de la ville qui nous a vu naître; ces documents, sans être de la première importance, n'étant pas moins dignes de figurer dans les annales de la cité. De tout temps, en France, l'entrée du souverain dans une ville a été considérée comme un événement de la plus haute portée, que les chroniqueurs locaux ont eu soin de ne point oublier. En effet, ces fêtes ont pour l'homme sérieux une certaine importance qui échappe communément aux yeux du vulgaire; car, dans bien des cas, le voyage du prince a pour objet de se rendre compte par lui-même des besoins et de l'esprit d'une population qu'il croyait lui être hostile et qu'il jugeait sous un faux jour. Ce voyage, quand même il ne serait qu'une promenade d'agrément, procure toujours, dans les localités où il s'effectue, des bienfaits inattendus qui laissent dans les cœurs des souvenirs ineffaçables. On comprend donc l'utilité de recueillir avec le plus grand soin tout ce qui s'est dit ou fait en pareille circonstance. Les récits de ces fêtes procurent en outre aux générations futures de précieux :
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 +|**00000325**| 75 - enseignements qui les aident à connaître et à apprécier les faits et gestes de leurs ancêtres. Malheureusement, et par suite de l'incurie des municipalités des temps passés, dans bien des localités il n'existe aucune trace de la relation officielle de ces événements. Dans d'autres, où ce travail a été fait, le vandalisme révolutionnaire l'a anéanti, en dispersant à tous les vents les archives des hôtels-de-ville, dont les registres servirent maintes fois à confectionner des cartouches. Nous pensons que, si les archives de la ville d'Etampes sont muettes à l'égard du passage de Louis XIV dans notre ville, en 1668, la cause peut en être attribuée, non pas à la négligence de la municipalité, mais plutôt au bouleversement politique de 1793. Quoi qu'il en soit, les documents authentiques que nous possédons nous permettent de combler la lacune existante. L'année 1668 fut une des plus brillantes du règne de Louis XIV. Après avoir conquis, en 1667, toutes les places fortes de la Flandre, il s'empara, en trois semaines et en plein hiver, de la FrancheComté, qu'il dut rendre quelques mois après, en exécution du traité conclu à Aix-la-Chapelle. Forcé alors de rester quelque temps dans l'inaction d'une paix qui lui procurait quelques loisirs, ce monarque, qui, tout en aimant la guerre, ne dédaignait ni le faste ni les plaisirs, voulut faire voir aux populations de son royaume qu'il savait joindre à la gloire des armes la magnificence d'une cour qui n'avait pas d'égale en Europe. C'etait un spectacle vraiment curieux de voir alors la fine fleur de la noblesse, si arrogante et si fière, et avec laquelle la royauté comptait autrefois, mais que la hache de Richelieu avait rendue depuis si humble et si soumise, graviter autour de ce roi orgueilleux qui avait pris pour emblème le soleil, avec cette devise prétentieuse: Nec pluribus impar. Il n'y avait point de bassesse qu'elle ne fît pour lui plaire, et le plus petit sourire qui tombait des lèvres du maître était accueilli comme une insigne faveur par tous ces courtisans sans dignité. Au commencement de l'automne 1668, et sans doute pour complaire à la douce et touchante duchesse de La Vallière, sa maîtresse, qui était alors en grande faveur, Louis XIV résolut d'aller se promener à Chambord, afin de faire respirer l'air natal à celle qui devait, quelques années plus tard, sous le nom de sœur Louise de la Miséricorde, se renfermer au fond d'un cloître de Car-
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 +|**00000326**| - 76 mélites, pour y pleurer ses fautes et les infidélités de son royal amant. Le 21 septembre, le roi et la reine arrivèrent à Etampes; quelques jours auparavant, une foule d'équipages et un grand nombre de troupes de toutes armes les avaient précédés, et, depuis le fameux siège de 1652, notre ville n'avait point vu un tel déploiement de forces, qui ressemblait plutôt à une marche d'armée entrant en campagne qu'à l'escorte d'un roi en voyage. Les officiers municipaux, en apprenant le départ du roi pour Chambord, lui dépêchèrent à Chastres (1) un émissaire, pour connaître comment il voulait être reçu. Mais, quoiqu'il lui fût répondu qu'il n'y aurait, pendant tout le voyage, ni harangue ni présents à faire, ils ne purent souscrire à une aussi sèche résolution. Les habitants prirent donc les armes le matin et se rendirent hors la ville, où ils rencontrèrent le maître des cérémonies qui leur donna l'ordre de se retirer. Le maire et les échevins qui suivaient par derrière reçurent également de cet officier la même injonction, mais ils passèrent outre et continuèrent leur chemin jusqu'à la tête du faubourg, en face le couvent des Capucins, où ils demeurèrent exposés au soleil et à la poussière une partie de la journée. A cinq heures parut le carrosse du roi, précédé de plusieurs autres et de celui du capitaine des gardes. Le roi, en voyant les officiers de ville réunis et prêts à le recevoir, fit arrêter ses chevaux. Alors, le maire René Hémard (2), à la tête des échevins prononça à genoux la harangue suivante : <<< Sire, << Nous venons moins apporter aux pieds de Vostre Majesté les clefs de cette pauvre ville, que le zèle et les respects syncères du reste de ses habitans. Les premières luy sont deües comme au (1) Chastres, aujourd'hui Arpajon (depuis 1721), chef-lieu de canton de l'arrondissement de Corbeil. (2) René Hémard, sieur de Danjouan, Lieutenant particulier au bailliage d'Étampes, Conseiller du Roi, naquit à Étampes en 1622; élu maire de cette ville en 1667, il résigna ses fonctions en 1670. Il mourut le 25 janvier 1691. Il a publié en 1653 un recueil d'épigrammes assez lestes, portant ce titre : Les restes de la guerre d'Estampes, faisant ainsi allusion à ses papiers qui avaient été brûlés pendant le siège de 1652. Cet ouvrage, devenu très rare, a été réimprimé de nos jours
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 +|**00000327**| 77 monarque de la France, et les seconds comme à celuy qui mérite l'estime de toute la terre; l'un par cette puissance commune que les souverains ont sur les corps, et l'autre par ce doux empire particulier, qu'ils doivent avoir, et qu'ils n'ont pas souvent comme elle, sur les cœurs. Oui Grand Prince, quand la nature Par erreur ne t'eust pas fait Roy, Le Peuple françois en murmure Se seroit rangé sous ta loy. <<< Mais permettés vous, Sire, à des chétifs provinciaux, aveuglés de ce soudain bonheur, de bégayer un peu sur le sujet le plus illustre du monde? Des nains ozeront-ils pour un moment s'ériger en géans? Non, Sire, encore un coup nous n'apportons icy de bonne foy que des cœurs muets, mais ardens et fidelles; les plus belles paroles qui s'offrent, n'arrivent pas à la moitié de leur imagination, et ne trouvent rien dans le destin et la vie des Alexandres et des Césars, qui ne cedde à la gloire des vostres, soit au dedans, soit au dehors, soit en la céleste bénédiction d'une nombreuse famille royale qui leur a manqué, et fait toujours le plus seur bonheur de l'Estat, soit en la grandeur martiale de vos faits héroïques, relevés par la conjoncture des temps, infiniment au-dessus de ceux de ces anciens braves. Dans leurs siècles maladroits et presque sans deffence, le gain d'un royaume ne coustoit pour l'ordinaire que celui d'une bataille, au lieu qu'en celui-cy, l'esprit et le courage liés ensemble, résistans pied à pied, ne laissent plus guère monter sur les remparts ruinés d'une bicoque, qu'à travers les ponts encore demy vivans d'un millier de corps morts. Et néanmoins où en sont à présent ces vieilles testes ruzées de Madrid, et ces pezans bras d'Allemagne, devant mon Roy? Où en est toute l'Europe? En cervelle, en admiration et en crainte; et ne sçait-on pas de bonne part, que ces importantes impressions ont donné à Raab, et donnent ailleurs jusques dans le turban mesme? Grand Prince nous n'avions pas peut estre dessein d'aller si avant, mais comment ne pas essayer à suivre Vostre Majesté, quoy que de loing, et comment finir une gloire infinie, si ce n'est en disant sans fin, après les protestations ordinaires et extraordinaires d'une fidélité inviolable, de bouche et de cœur, Vive le Roy ! >> Ce discours, presque inintelligible pour nous, reçut cependant les applaudissements de la foule, et le cri de vive le roi fut répété
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 +|**00000328**| - 78 par toute la population accourue, qui se trouvait groupée en manière d'amphithéâtre sur le penchant de la petite colline faisant face à la route. Aussitôt après, le maire se leva, prit les clefs dorées de la Ville, qui étaient déposées dans une corbeille de gaze d'argent, et les présenta au roi, lequel, avec un visage satisfais, répondit obligeamment: Gardez-les, je vous les rends, elles sont en bonnes mains. Pendant que le maire prononçait sa harangue, les pères Capucins de leur côté offrirent et firent recevoir à la reine, qui se trouvait dans le carrosse à gauche, ainsi qu'aux dames de sa suite, des fruits de leur jardin, lesquels furent trouvés si savoureux que, plus tard, ils attirèrent au couvent une foule de visiteurs dont ces bons pères se seraient bien passés. Les officiers du bailliage, ayant à leur tête le lieutenant-général de Bry, attendaient le roi entre la porte de la Couronne et la porte Saint-Jacques, qui était décorée des armes de France et de celles de la ville et sous laquelle on avait étendu un très grand tapis (1). Ce magistrat harangua également Leurs Majestés, qui entrèrent ensuite en ville au son des cloches de toutes les églises et se rendirent à l'hôtel des Trois-Rois où elles couchèrent. Cet accueil bienveillant ayant fait renaître la confiance dans les cœurs des officiers municipaux qui savaient que le roi était fortement prévenu contre les habitants, qu'il croyait avoir pris les armes contre lui en 1652, le maire se proposa alors de faire des présents et de parler à la reine à part, afin d'apitoyer cette princesse sur le sort de sa malheureuse cité. A cet effet, il chargea deux échevins de sonder le terrain; mais le maître des cérémonies, auquel le roi avait fait des reproches sur l'inobservation de ses ordres, se montra si irrité contre eux qu'il fallut en demeurer là. Le maréchal de Turenne, sans doute par esprit de politique ou (1) A cette époque, la grande route aboutissait par le faubourg Evezard à la porte de la Couronne. Il existait le long des fossés un chemin qui reliait cette dernière porte à celle Saint-Jacques; la route actuelle était un cimetière. En 1775, le peu d'élévation de la voûte de la porte de la Couronne ayant occasionné de graves accidents, la porte fut démolie et la route prolongée jusqu'à l'endroit appelé aujourd'hui la Pointe. L'entrée principale de la ville était par la porte de la Couronne, la route traversant la ville suivait les rues Evezard, de la Juiverie, Saint-Antoine, Basse-de-la-Foulerie, des Cordeliers, et sortait de la ville par la rue d'Enfer et la porte Saint-Gilles, vers la ruelle du Mouton, près de laquelle on voit encore aujourd'hui le chemin de ronde longeant les anciens remparts
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 +|**00000329**| 79 - de divertissement, monta à cheval aussitôt qu'il fut descendu de carrosse et alla revoir les restes des demi-lunes, les brèches et les autres fracas du siège auquel il avait pris une si grande part. Cette curiosité intempestive, qui semblait rouvrir des plaies encore mal fermées, ne plut guère aux habitants, qui en manifestèrent hautement leur mécontentement. Le lendemain, le roi se remit en route, après avoir entendu la messe au couvent des pères Cordeliers, et tous les officiers qui avaient assisté la veille à la réception se trouvèrent en dehors de la porte Saint-Martin, qui était décorée comme celle de SaintJacques, pour le saluer en passant. Le 19 octobre suivant, le roi coucha encore à Étampes en revenant de Chambord. Le corps de Ville alla à sa rencontre jusqu'aux dernières maisons du faubourg. Le Maire lui présenta de nouveau les clefs de la Ville, mais il ne fit point arrêter son carrosse et donna simplement l'ordre à son cocher d'aller au pas. En prenant congé d'eux, il leur dit en riant, et faisant signe de la main: Elles sont bien, je vous l'ai déjà dit. Le lendemain, entre dix et onze heures, le roi, la reine et toute la cour allèrent entendre la messe à l'Église Notre-Dame. En leur honneur, la châsse fut descendue et placée vers l'Évangile, disposition qui causa un très grand trouble aux aumôniers pour le placement du prie-dieu du roi, qu'on avait relevé par un plus grand tabouret que celui de la reine. Enfin, après l'avoir changé cinq ou six fois de place, le premier fut laissé près de l'autel, du côté droit en entrant, vers l'Épître, et l'autre vis-à-vis, du côté de l'Évangile. Un peu avant l'issue de la messe, le corps de ville quitta l'église pour se rendre hors de la porte Saint-Jacques, où, quelques instants après, le roi passa et témoigna au maire et aux échevins par un baissement de tête qu'il agréait leurs respects (1). Paul PINSON. (1) Au cours de son règne, Louis XIV passa encore plusieurs fois à Étampes, pour se rendre au château de Chambord. Ce qui le prouve, c'est que, le 6 octobre 1669, Molière joua devant lui, à cette résidence royale, Monsieur de Pourceaugnac, et, le 14 octobre 1670, il y donna également pour la première fois sa comédie du Bourgeois Gentilhomme. Mais nous ne sachons pas que, dans ces différents voyages, le roi ait été reçu par les habitants de notre ville. 8
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 +|**00000330**| L'ABBAYE DE GERCY EN 1793 (*) L'Abbaye de Gercy fut fondée vers 1260 par Jeanne, comtesse de Toulouse, épouse d'Alphonse, comte de Poitiers, frère du roi Saint Louis. C'est avant de partir pour la Terre sainte, où elle voulut accompagner son mari appelé par la croisade, qu'elle fit cette fondation pieuse dans le voisinage de sa résidence de Vaux-la-Comtesse, où elle venait souvent, et qui a pris plus tard le nom de Vaux-laReine, après l'acquisition qui en fut faite par Isabeau de Bavière, la triste épouse de Charles VI (2). Au retour de cette croisade dont tant de preux ne revinrent pas, la Comtesse Jeanne tomba malade, en Toscane disent les uns, en Provence, selon d'autres. <<< En ces lieux destournez et esloignez de <<< secours, ils ne trouvèrent (3) aucun soulagement à leurs infir- <<< mitez. La Comtesse fit son testament où elle eut souvenance et << mémoire de ses religieuses de Jarcy, et esleut sa sépulture en leur << église. Et afin que cette sienne ordonnance fust mieux exécutée, <<< elle légua sa terre et seigneurie de Vaulx à Geofroy du Plessis, << son secrétaire, à la charge d'avoir soin de faire porter son corps << au lieu où elle avoit esleu sa sépulture, et l'y faire ensevelir ainsi << qu'il appartenoit à sa qualité; ce que Geofroy accomplit fidelle- << ment, comme l'on peut voir par un tombeau de marbre blanc de (1) Ce nom s'écrit aujourd'hui Jarcy. C'est un écart de la commune de Varennes, canton de Boissy-Saint-Léger, arrondissement de Corbeil. (2) Vaux-la-Reine, écart de la commune de Combs-la-Ville, canton de BrieComte-Robert (Seine-et-Marne). Voir: Notes complémentaires, page 89. (3) Le Comte et la Comtesse étaient tous deux tombés malades.
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 +|**00000331**| 81 « la Comtesse, qui est placé au milieu du chœur de l'église de << Jarcy avec cet éloge: << Cy gist le corps de haute et puissante dame Jeanne Comtesse << de Thoulouze et de Poictiers, espouse de Haut et Puissant << Prince Monseigneur Alphonce frère du Roy Saint Louis, << Fondateurs de Céans » (1). Les religieuses de Gercy suivaient la règle de Saint Victor, ordre de Saint Augustin; celle de Saint Benoît y fut substituée au XVI siècle. L'Abbaye devint très prospère, grâce aux nombreux dons et legs reçus depuis sa fondation, ainsi que l'apprend une charte de Philippe-le-Bel, datée de 1296 (2). L'église possédait de nombreuses reliques qui attiraient un grand concours de pèlerins, et ce concours devint si important par la suite que l'Abbesse obtint du roi Louis XII des lettres-patentes (3), datées de Blois au mois d'octobre 1510, qui permettaient l'établissement d'une foire en ce lieu le jour et le lendemain de la fête de Saint Barthélemy (4). Ce n'était que l'extension d'un droit déjà accordé par saint Louis. Cette foire existait encore au temps de l'abbé Lebeuf et il est probable qu'elle se continua jusqu'à la Révolution, qui dispersa les religieuses et détruisit l'abbaye. L'église renfermait beaucoup d'objets précieux, de riches châsses pour les reliques, des tableaux de grands maîtres pour orner les autels, de nombreux tombeaux et pierres tumulaires. Tout a disparu; les sépultures ont été violées pour en extraire le plomb et les pierres tombales sont venues échouer dans le moulin voisin, où elles sont usées par les pieds des paysans et des charretiers, fort peu soucieux de la sœur de saint Louis et des premières abbesses du couvent. Un ancien notaire de Brunoy, localité voisine de Jarcy, qui a encore connu les restes de ces monuments, nous apprend que la pierre qui recouvrait la sépulture de la Comtesse de Toulouse, fondatrice de l'Abbaye, était placée à l'entrée de la (1) De la Barre. Les Antiquités de la Ville, Comté et Châtelenie de Corbeil, Paris, 1647, page 176. (2) Histoire du diocèse de Paris par l'abbé Lebeuf. T. XIII, p. 274. (3) Ibid. T. XIII, p. 277. (4) La plus insigne des reliques de l'église de cette Abbaye était un bras de l'Apôtre saint Barthélemy, qui lui avait été donné par sa fondatrice, la Comtesse de Toulouse. V. de la Barre, p. 175.
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 +|**00000332**| - - 82 chambre à farine; celles des deux premières abbesses, Oda et Ameline, contre le mur de refend, sous les bluteries; d'autres étaient dans la salle des meules (1). Le Baron de Guilhermy en a encore connu des vestiges qui n'existent plus aujourd'hui. « L'église, dit-il, remarquable par son <<< étendue et le style de son architecture, a été détruite. Les bâti- <<< ments claustraux ont eu le même sort. La maison abbatiale, de <<< construction moderne (2), forme une élégante habitation. L'an- << cien enclos en est devenu le parc. Les pierres sépulcrales étaient <<nombreuses à Gercy. Nous en publions quelques-unes qui ser- <<< vaient, il n'y a pas longtemps, de dallage dans un magasin de <<< farine. On en avait employé d'autres au revêtement d'un canal <<< qui conduit une prise d'eau à la roue d'un moulin ; il fallait guet- <<< ter un moment favorable pour les atteindre, afin de leur donner << un jour place dans notre supplément. Le Comité des monuments <<< historiques s'est préoccupé plus d'une fois du triste sort de ces <<< monuments » (3). Nous avons dit que l'église de l'Abbaye de Gercy était riche en objets d'art; en outre du beau mausolée en marbre blanc de la Comtesse de Toulouse, qui se trouvait au milieu du chœur, il y avait beaucoup de tableaux anciens, des inscriptions sur marbre, celle, entre autres, qui rappelait que le cœur de Mgr de Péréfixe de Beaumont, Archevêque de Paris (4), avait été rapporté dans cette église par les soins de Madame Françoise de Péréfixe de Beaumont, sa sœur, qui était alors abbesse de Gercy. L'ancien notaire de Brunoy, dont il a été question ci-dessus, possédait une Vierge de Léonard de Vinci (c'est lui-même qui nous l'apprend), qui, dit-il, ornait l'oratoire de Madame de Braque, la dernière abbesse de Gercy. (1) Brunoy et ses environs, par Jeannest-Saint-Hilaire, maire de Brunoy. Paris, 1849, page 188. C'est ce même personnage qui, en qualité de notaire, a certifié le plan de l'Abbaye de Jarcy que nous reproduisons plus loin. (2) Madame de Braque, la dernière abbesse de Gercy, avait fait construire ce logis abbatial. La première pierre en fut posée le 21 septembre 1780 par le Comte de Provence, seigneur de Brunoy, qui fut plus tard Louis XVIII. (3) Inscriptions de la France du Vª au XVIII siècle, par le Baron de Guilhermy. Paris, 1873 et suiv. T. IV, p. 293 et suiv. On y trouve, reproduites par la gravure cinq des plus belles pierres tombales de Gercy. (4) Mgr de Beaumont, quatrième archevêque de Paris, occupa ce siège de 1662 à 1671.
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 +|**00000333**| 83 La révolution a passé là et il n'en reste plus que le souvenir, qui nous a été heureusement conservé par des auteurs autorisés tels que de la Barre, du Breul, l'abbé Lebeuf et d'autres encore qui ont consacré des pages intéressantes à l'histoire de l'Abbaye de Gercy. C'est d'après eux que nous avons rédigé ces notes sommaires, pour servir de préface à un document non encore publié et qui fait partie des archives du département de Seine-et-Oise. C'est le procès-verbal de prisée et estimation, en 1793, comme bien national, de l'abbaye de Jarcy. Ce document est en quelque sorte l'acte mortuaire de cet établissement religieux qui avait subsisté pendant plus de six siècles et qui, avec l'Abbaye d'Yerres, son opulente voisine, avait tenu une place si importante dans notre région, où toutes deux avaient brillé pendant de longs siècles d'un éclat que rien n'a encore pu remplacer (1). A. D. PROCÈS-VERBAL DE PRISÉE ET ESTIMATION DU BIEN NATIONAL DE L'ABBAYE DE JARCY (23 Janvier 1793) Ier RAPPORT L'an mil sept cent quatre-vingt-treize, le vingt-trois janvier et jours suivants, l'an deuxième de la République Française. Nous Philibert Sever Déforge, géomètre-expert nommé par les Citoyens administrateurs du Directoire du District de Corbeil-surSeine, par délibération du trente juillet dernier à l'effet de priser et estimer les Biens nationaux situés en l'étendue dudit district. Nous nous sommes transportés en la paroisse de Varennes-enBrie à l'effet de priser et estimer la maison abbatialle et conven- (1) Un membre de notre Société a eu l'heureuse pensée de photographier ce document relatif à l'Abbaye de Jarcy, avec le petit plan très rudimentaire qui l'accompagne, et de nous en envoyer les épreuves. La copie que nous donnons de l'un et de l'autre est donc absolument fidèle; c'est pourquoi nous sommes heureux de remercier ici cet aimable confrère qui ne nous a pas autorisé à le nommer.
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 +|**00000334**| - 84tuelle de Jarcy, et en fournir un plan géométrique qui sera annexé au présent dont le détail suit: Cette maison est située à environ sept lienes de Paris, deux lieues de Corbeil et à une lieue de Brie-Comte-Robert, et à très peu de distance de la forêt de Rougeau (1), ayant vue sur la ditte forêt qui est séparée de laditte maison par la rivierre d'Hyères. Le local présente le plus beau paysage en été, relativement aux coteaux qui environnent la ditte maison et qui sont d'excelente culture. Elle consiste: 1º Dans un grand corps de bâtiments nouvellement bâti, ayant deux ailes, l'une à chacune de ses extrémités; le tout s'entretenant et ayant issüe de l'un à l'autre par un corridor au milieu, tant dudit grand bâtiment que des deux ailes, lesquelles ailes font saillies sur la cour d'entrée; lequel grand bâtiment a deux cents pieds de long, sur trente-six de large, ce qui fait deux cents toizes de superficie, cу.. 200 toises La saillie de chacune desdites ailes est de quarante-cinq pieds de long sur trente-six pieds de large, ce qui produit pour les dites ailes quatre-vingt-dix toises de superficie, cy Le rez de chaussée est composé d'un superbe réfectoir et cuisine des Religieuses; attenant, cuisine de l'abbesse; en face chambre d'hoste; à côté, salle de communauté; deux infirmeries, chaufoirs, buanderie, et six chambres d'hôtes, garde-robes et cabinets, avec le parloir. 2º Sous les dits bâtiments: cave et bûcher voûté en pierre ayant sortie sur le jardin. Le premier étage est composé de trente-deux chambres à feu avec cabinets, et du parloir de l'abesse. Grenier sur tous les dits bâtiments le tout couvert en thuilles, le tout en assez bon état. Au bout des dits bâtiments, se trouve l'Église composée d'un avant-chœur, ensuitte le chœur des Dames, 90 toises (1) Le rédacteur a commis ici une erreur; c'est de la forêt de Sénart qu'il a voulu parler.
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 +|**00000335**| - - 85 la croisée de laditte Église, avec le sanctuaire. Laditte Église de cent soixante pieds de long sur soixante-six pieds de large, non compris la croisée de laditte Église, et contient en superficie, y compris le cul de lampe (1), la quantité de deux cent vingt-trois toizes, cy A l'Orient de la ditte Église et au pourtour du Culde-lampe, est le Cimetière qui contient en superficie cent onze toizes, cy. Au bout du cimetière, à l'orient de la ditte Église, se trouve le jardin, communément nommé le jardin de l'abbesse, planté en arbres fruitiers, contenant en superficie trois cent quatre-vingt toizes, cy Au bout du jardin se trouve le passage venant du chemin de Jarcy, pour entrer dans la cour en face de la ditte maison conventuelle, laquelle cour et passage contient cinq cent quatre-vingt toizes, cy. La basse-cour, composée de différents bâtiments, dont l'un servoit de pressoir, le surplus servant de vacherie, laiterie, écurie, toit à porc, poulailler au-dessus, contenant en totalité deux cents soixante-quinze toises, cy Au bout de la ditte basse-cour, est un passage allant à l'ancienne buanderie, et à une partie de terrein planté en arbres fruitiers. Le tout contenant mille cent cinquante toizes, cy Plus et enfin le grand jardin, planté d'arbres fruitiers, une avenue de charmille et une pièce d'eau, contenant en totalité cinq mille cinq cent cinquante-huit toizes, cy Ce qui fait un total de huit mille cinq cent soixantesept toises de supperficie qui valent neuf arpents, cinquante-deux perches, quatorze pieds, à la mesure de dix-huit pieds pour perches, et cent perches pour arpent, cy • 223 toises III toises 380 toises 580 toises 275 toises 1150 toises 5558 toises 9 arpts. 52 perches 14 pds Tous les dits objets, après avoir été vus et visités par nous expert susdit et soussigné, nous les avons estimés (1) L'abside, ou cul de four,
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 +|**00000336**| - - 86 à valoir la somme de cinquante-neuf mille cinquante livres, cy. 59.050 livres Item, deux arpents de préz situés près et sous les lieux cy-dessus, en descendant du côté de Boussy, tenant d'un côté au Sª Prévost, d'autre côté au Sª Pringe, d'un bout sur le sieur Prévost, et d'autre bout sur la rivierre d'Yerres, que nous avons estimés valoir la somme de deux mille livres, cy Total de l'estimation: • Soixante et un mille cinquante livres, cy. 2.000 livres 61.050 livres Dont et de ce que dessus j'ai fait et dressé le présent procèsverbal, auquel j'ai vacqué tant pour la ditte estimation que pour le plan annexé au présent, lesdits jour vingt trois janvier, jusques et compris le trente desdits mois et an sans interruption. Fait à Corbeil, ce trente janvier aud. an, et a signé: Déforge. AFFIRMATION DEVANT LE JUGE DU TRIBUNAL Le Rapport cy-dessus et des autres parts a été affirmé sincère et véritable en tout son contenu par le C. Déforge expert y dénommé, et qualifié devant nous, Jean-Michel-Thomas Dancourt, homme de loy, juge du tribunal du District de Corbeil, ce vingt-trois mars aud. an; et a signé avec nous: ainsy signé: J. M. T. Dancourt et Déforge. 2ª RAPPORT L'an mil sept cent quatre-vingt-treize, le deuxième de la République Française, le vingt-un juillet, A la requête du citoyen procureur susdit du district de Corbeilsur-Seine, Nous Philibert Sever Déforges, géomètre-expert du district dud. Corbeil, nous sommes transportés dans la paroisse de Varennes et de là à l'Abbaye de Jarcy, avec les citoyens Charles-Louis Gauthier, maire, Jacques Gravaux, François Mangeon, officiers municipaux, et Etienne Gaspard Lagneau, procureur de la commune dudit lieu de Varennes, tous y demeurant. Pour, en exécution de la loy du premier et quatre avril dernier, diviser par lots, s'il est possible, et d'après l'avis desdits Maire et officiers municipaux, la masse et enclos de la ditte abbaye.
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 +|**00000337**| - - 87 Le tout vû et examiné, et après avoir demandé l'avis desdits Maire et officiers municipaux, lesquels, d'une voix unanime, ainsy que moi expert, avons reconnu que lesdits bâtiments et clôture ne peuvent être divisés sans un domage considérable pour la Nation; c'est pourquoi, nous expert susdit et soussigné, avons clos et arrêté le présent procès-verbal, à Jarcy lesdits jour et an, et ont lesdits maire, officiers municipaux et procureur de la commune, signé avec nous. Ainsy signé: Gauthier maire, Gravot, officier municipal, F. Mangeon, off, Lagneau, procureur de la commune et Déforge. AFFIRMATION DEVANT L'UN DES JUGES DU Tribunal Le Rapport cy-dessus et de l'autre part a été affirmé sincère et véritable en tout son contenu par le S. Déforge expert y dénommé et qualiffié, devant nous Jean-Michel-Thomas Dancourt, homme de loy, juge du tribunal du district de Corbeil, ce vingt-deux juillet audit an, et a signé. Ainsy signé: Déforge, J. M. T. Dancourt. << Délivré pour seconde expédition conforme aux minuttes << déposées aux archives du ci-devant district de Corbeil, départe- <<< ment de Seine-et-Oise, par moi ex-secrétaire dudit ci-devant << district, secrétaire actuel de l'administration municipale dudit << Corbeil, chargé de la garde des dites archives, au citoyen << Bouillat, lui ce requérant, comand du citoyen Damoiseau, <<< adjudicataire des Domaines nationaux dont il s'agit (1). << A Corbeil, le quatorze vendémiaire l'an sept de la République <<< française une et indivisible. Signé: RANDOUIN, Sre. Vu pour légalisation à l'administration municipale du canton, à Corbeil, ce quatorze vendémiaire l'an sept de la République française. Signé: RABASSE, BERNADAS, procureur. TIMBRE HUMIDE : Administration municipale. - Canton de Corbeil. (1) Voir à la fin, aux notes complémentaires, des détails sur la vente de l'Abbaye de Jarcy, avec les prix d'adjudication.
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 +|**00000338**| - 88 TIMBRE 4 35 ef ROYAL. N№5. de Jarcy. Nord. Prairie N°10. N°13 Levée de l'ancien plan du Terrier de Jarcy. N°1 Rue de Jarcy. N№2.
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 +|**00000339**| - - 89 Certifié conforme au plan terrier de l'abbaye de Jarcy relevant du Marquisat de Brunoy, formant annexe aux déclarations à terrier des années mil sept cent quatre-vingt et mil sept cent quatre-vingt-et-un, par moi Alexandre Jeannest St. Hilaire, notaire à Brunoy, soussigné dépositaire dudit plan, comme successeur médiat de M. Favereau, ancien notaire audit lieu, qui a reçu les dites déclarations. A Brunoy, ce trois novembre mil huit cent trente-huit. Signé: JEANNEST-St. HILAIRE. NOTES COMPLÉMENTAIRES Après la mise en pages de cette notice, un confrère bienveillant nous a fait parvenir des notes intéressantes que nous insérons ici, faute d'avoir pu les mettre à la place qui leur convenait. Que notre aimable et très zélé correspondant reçoive ici tous nos remerciements. Abbaye de Jarcy. L'abbaye de Gercy-en-Brie fut fondée par Alphonse, comte de Poitiers, frère de S. Louis, et la comtesse Jeanne sa femme pour 40 religieuses de l'ordre de S. Augustin et de l'observance de l'abbaye de St-Victor de Paris. Les lettres d'Alphonse sont du mois d'août de l'an 1269. Cette fondation fut confirmée par le roi Philippe III, neveu du fondateur, au mois de février de l'an 1271. L'abbaye d'Issy a été réunie à l'abbaye de Gercy en 1751. On voit encore le tombeau de la comtesse, où elle est représentée en bosse, enveloppée d'un grand manteau avec guimpe, la tête couverte d'un voile et, par dessus, une couronne qui ressemble beaucoup à celle des reines de France (Histoire de France par Vély, tome 6, p. 280). Vaux-la-Comtesse. Vaux-la-Comtesse, puis Vaux-la-Reine. Jeanne de Toulouse, comtesse de Poitiers, acheta la terre de Vaux de Simon de la Porte et de Ainsée, sa femme, par lettres, scellées de l'Officialité de Paris, du mois de janvier 1261, le mercredi après la Conversion de S. Paul. Le Comte de Poitiers en a joui jusqu'à sa mort et, après lui, Philippe III le Hardy et son fils Charles de Valois. Ce dernier en donna la jouissance, sa vie durant, à Geoffroy du Plessis, par ses lettres du 26e jour de may 1297 (1). Dès 1374, Vaux était appelé Vaux-la-Reine, à cause de la Reine Jeanne d'Évreux, morte à Brie-Comte-Robert, le 4 mars 1370. Louis '1) Archives de Seine-et-Marne, série E, nº 1844. Vente par Jehan Andry à Claude de Raboudanges, 28 mai 1497.
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 +|**00000340**| 90 d'Orléans, 2e fils de Charles V, l'eut avec Brie dans son apanage et l'échangea en 1390 avec Isabeau de Bavière contre son hôtel de St Marcel-lez-Paris, que lui avait donné, le 1er janvier 1387, le comte de Poitou, duc de Berry et d'Auvergne. Aujourd'hui l'ancien domaine de Vaux-la-Reine est démembré; il n'en reste plus que le nom qui désigne un écart de la commune voisine de Combs-la-Ville. Dans ces derniers temps, un paysan faisant des fouilles dans son jardin, y a découvert de curieuses statues en marbre blanc qui avaient fait partie d'une riche fontaine des premiers temps de la Renaissance. Reliques de St Barthélemy. Dans l'église St-Barthélemy de Paris, qui était paroisse du palais de justice, le coffre de l'autel était de brêche violette et avait la forme d'un tombeau antique, dont la cavité renfermait une châsse où étaient les reliques de S. Barthélemy. On les découvrait à travers les chiffres du Saint, qui étaient entourés d'un cartel de bronze doré orné de fleurs et de palmettes. Ces reliques étaient apparemment ce qui fut détaché d'un bras de ce saint lorsqu'il fut rendu aux religieuses de l'abbaye de Gercy-en-Brie, qui l'avaient mis en dépôt dans cette église durant les guerres de religion, sous Charles IX (Dictionnaire de la ville de Paris, par Hurtaut et Magny. Paris, 1779, tome I, p. 589). Vente de l'Abbaye de Jarcy La vente de la maison conventuelle, de tous les bâtiments en dépendant, église, cour, basse-cour, jardin, avenue, pièce d'eau etc, a eu lieu à Corbeil, au district, le 12 Thermidor an II, et l'adjudication a été prononcée au profit de Damoiseau, demeurant à Paris, rue de Chartres No 333, moyennant 63.000 livres, payables en assignats, en 10 annuités. Le 10 février 1791, on avait déjà vendu le parc de l'Abbaye, plus la ferme de Jarcy, attenant à l'Abbaye et 216 arpents de terres labourables et prés, adjugés à le Prévost, demeurant à Paris, rue Guénégaud, moyennant 180.500 livres. Ce même jour, 10 février 1791, on vendait encore le moulin avec les bâtiments en dépendant, 275 perches de pré, avec maison, grange et bâtiments proche le dit moulin, adjugés au même le Prévost moyennant 16.000 livres (Archives de S. et O., dossier nº 40). Dans une partie de l'ancien parc de Jarcy, avait été édifiée plus tard une maison qui fut habitée par le célèbre compositeur Boïeldieu et où il mourut en octobre 1834. Il est très possible qu'une étude de Brunoy soit dépositaire d'une expédition du procès-verbal d'estimation de l'Abbaye de Jarcy, qui a été reproduit ci-dessus, mais c'est à Versailles, aux Archives départementales, que se trouve l'original de ce document; il y est catalogué sous le n° 1307.
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 +|**00000341**| LES SCŒURS DE SAINT VINCENT DE PAUL A CORBEIL ETABLISSEMENT D'UNE CHARITÉ EN 1672 A toutes les époques de notre histoire nationale, les grands fléaux ont suscité des dévouements admirables. La Providence, aux heures de tristesse et de deuil, a fait surgir des héros, des intelligences supérieures, des cœurs nobles et compatissants. De nos jours on les appelle savants, bienfaiteurs de l'humanité, philanthropes. C'est ainsi qu'on vit, au XVe siècle, la merveilleuse Pucelle d'Orléans sauver la France de la domination de l'Anglais; plus tard, au XVIIe siècle, c'est le bon Pierre Fourier, de Mattaincourt, qui prend en main la cause du peuple, se déclare partisan de l'instruction populaire et fait éclater des prodiges à travers tout le pays de France, sans charge pour personne, luttant de toutes ses forces contre l'ignorance du peuple. Corbeil en a ressenti les heureux effets pendant les 150 années que les religieuses Augustines de la Congrégation de Notre-Dame, dont il était le fondateur, ont passées dans cette ville. Puis c'est encore saint Vincent de Paul, l'admirable philanthrope, qui se montra aussi bon Français que catholique ardent, en fondant des œuvres merveilleuses, non seulement pour la propagation de l'instruction, mais aussi pour le soulagement des infirmes et des malades. Fort écouté à la Cour, quoique peu aidé par elle, il manquait des ressources qui lui étaient nécessaires, mais son esprit d'initiative lui suggérait des idées d'une grande simplicité, qui obtinrent alors de réels succès.
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 +|**00000342**| 92 Humbles furent les débuts, mais l'élan était donné et les œuvres du Père Vincent, comme on l'appelait alors, quelque modestes qu'elles fussent à l'origine, rendirent de grands services qui ne firent que s'augmenter et qui se continuent de nos jours. Dès 1652, pendant les troubles de la Fronde, l'influence de saint Vincent de Paul s'était fait sentir dans notre région. L'Abrégé véritable (1), imprimé à l'époque, rapporte les secours envoyés à l'inspiration de cette âme si noble et de cœurs généreux que son exemple avait enflammés du plus pur dévouement: << Les Capucins, y est-il dit, ont pris pour résidence Corbeil et < ont commencé leurs visites au dedans et au dehors. Ils y ont << trouvé des objets qui feraient fendre les cœurs les plus durs, des <<< malades ensevelis dans le fumier, d'autres mourans sur les cloa- << ques, où leur mal les conduisait... Le pauvre village d'Étiolles <<< est en tel estat, qu'il n'y a pas une maison entière, les malades, << exposés à l'injure du temps et destituéz de tout secours, et tem- << porel et spirituel. L'un de ces Pères s'est attaché à les servir, << jusques-là qu'il est obligé de faire les fosses pour enterrer ceux << qui meurent... (2) ». Ces œuvres, si utiles, si nécessaires cependant, répondant aux besoins du moment, ne devaient avoir qu'une durée passagère. La maladie ne chôme pas; l'ignorance se manifeste à toutes les époques de l'histoire; pour ces maux, il y aura des remèdes durables. A la voix de ce grand apôtre de la charité, des femmes admirables se lèveront, se réuniront en société ou en confrérie. Des appels seront faits pour réunir des aumônes et les secours seront portés à domicile. A certaines heures les filles de la Charité réuniront les enfants pauvres pour leur faire épeler le nom de Dieu, en même temps que les lettres de l'alphabet. Ainsi fut créée cette belle œuvre qui reçut le nom de Charité. Depuis longtemps Villeneuve-St-Georges avait le bonheur de jouir des bienfaits de cette institution (3). Corbeil ne devait pas tarder à en goûter les fruits: c'était en 1672, ainsi qu'en fait foi un vieux registre couvert de parchemin (4), relatant ainsi cette fondation. (1) Bibliothèque nationale, Recueil Thoisy, Hôpitaux, I, in-4°. (2) Les Récollets à Corbeil, Orléans, 1888, p. 17. (3) Lettres de St Vincent de Paul. Paris, Poussielgue. T. I et II, passim. (4) Archives de l'Hôtel-Dieu de Corbeil, série E, carton V.
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 +|**00000343**| - - 93 « Acte de l'établissement de la Confrairie de la Charité establie dans « les paroisses de Corbeil, ville et faubourgs, le 4º Juin, veille de la << Pentecôte 1672. <<< Nous soussigné, Claude Thomassin, prestre Conser et aumos- << nier, prédicateur ordinaire de Sa Majesté, certifions qu'en vertu << du pouvoir à Nous donné par Mgr I. et R. Évesque de Paris (1), << d'establir la Confrairie de la Charité en ces paroisses de son << diocèze pour le soulagement des pauvres malades, de l'autorité <<<< susdite de Mgr et du consentement de MM. les Curés de ces <<< paroisses; << Nous avons estably et establissons la dite Confrairie de la Cha- << rité dans l'Église parroissiale de Nostre-Dame, à l'autel de << St Claude, et afin que les personnes qui se feront recevoir assis- << tent les pauvres malades de la dite paroisse, selon le réglement << cy-dessus, elles ont été escriptes et reçues en la dite Confrairie << le même jour de l'establissement et, proceddant à l'Eslection du << procureur et des officières à la pluralité des voix, ont esté << nommés les 3 officières, sçavoir: pour Supérieure, Mlle Jeanne de << Launay (2), pour thrésorière, Marguerite Gauguin, pour garde- << meuble, Magdeleine Trayer et pour procureur, Me Nicolas Tar- <<< teret. <<< Et ont toutes lesd. Dames et officières fait résolution, moyen- << nant la grâce de Dieu, de bien faire leur devoir selon ledit << réglement de la Confrairie de la Charité; en tesmoing de quoy << j'ay signé le présent acte destablissement en présence desdits << Srs Curez et de F. Eustache Bouette de Blémur, prieur de St <<< Guenault dans Corbeil. ADINE, Signé: BOISNEUF, curé de Notre-Dame. curé de St Jacques. J. DE LOZIERS. J. TÉTREL, curé de St Léonard. F. Eust. BoUETTE DE BLÉMUR prieur de St Guenault. Magdeleine TRAYET. L'inscription des malades à visiter se fit régulièrement jusqu'au to avril 1700; à partir de cette date on n'en trouve plus de trace. Certains bienfaiteurs se signalèrent par leur générosité. C'est (1) François II de Harlay de Champvallon, 5º archevêque de Paris. (2) Fille de Jean de Launay, qui fut Prévôt de Corbeil et Abbé de Saint-Spire. Il exerça même simultanément ces deux fonctions pendant quelque temps.
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 +|**00000344**| 94 ainsi que le chapitre des recettes contient les mentions suivantes: le fonds, 12 pistoles d'or, a été donné par Mlle de Lamoignon; le tout a produit 121 livres, plus un écu blanc: total, 124 livres. Le 29 septembre suivant, Mlle de Lamoignon a versé 110 livres. Le 16 juin 1673, Mme la Maréchale de Villeroy a envoyé 27 l. 14 s. Les membres de l'œuvre se réunirent de nouveau le 15 janvier 1687, sous le titre d'Assemblée de Notre-Dame de Corbeil et de St-Jacques, en présence de Mre Jean Boisneuf, prêtre, curé de St-Jacques et de Pierre Lemercier, prêtre, curé de Corbeil (1). C'est dans le même temps que l'on vit à Corbeil, pour la première fois, les filles de la Charité; elles n'y vinrent qu'avec le consentement et sur l'avis des autorités de la ville, ainsi que le constate le registre des délibérations de l'hôtel de ville, où nous lisons, à la date du 5 juillet 1672: « Il a esté arrêté que Avoye Vigneron et Gabrielle Gauthier, sœurs de la Charité, envoyées par Mgr l'Archevêque, seront reçues et leur sera payé par le recepveur 300 livres de pension chacun an, pour les deux, et fourny aussi par chacun an 4 cordes de bois et 6 cents de fagots, à charge par elles d'assister les pauvres mallades et passants et enseigner les pauvres enfants. » Combien de temps ces libres servantes des pauvres se consacrèrent-elles à cette sublime mission, parcourant les rues de la ville, en portant à la main une de ces petites marmites qu'illustra le génie de Duménil et qui avaient fait surnommer les Sœurs de charité: les sœurs au petit pot? Les registres restent muets à cet égard. Au 5 août de cette même année 1672, eut lieu à Paris une réunion générale dont le but était de répandre et de faire connaître partout les règles de l'Association. On y vit la Supérieure de Corbeil, accompagnée de Sr Perrette Cefdeville, supérieure au Coudray (2). (1) L'Église Saint Nicolas, située dans le faubourg du même nom, avait été détruite vers 1562, dans l'intérêt de la défense de la ville, dont elle dominait les remparts. Cette église avait, de tout temps, été desservie par le clergé d'Essonnes, et, après sa disparition, on la remplaça, pour le service des habitants de ce faubourg, par l'église Notre-Dame, qui était abandonnée depuis la réunion de son chapitre à celui de la collégiale de St-Spire, d'où le titre de Curé de Notre-Dame et Saint Nicolas que prenaient les curés d'Essonnes. Ils se disaient même curés de Corbeil, comme ce Pierre Lemercier dont il est question dans le texte cité, et cela non sans quelque raison, puisque l'Eglise Notre-Dame qu'ils desservaient était située au centre même de la ville de Corbeil. (2) L'abbé Lebeuf (T. XIII, p. 167) dit: « J'ai appris par un registre de 1700 qu'il y avait alors au Coudray une fondation pour celui qui fait le catéchisme, et de deux sœurs de la Charité pour l'instruction des filles. >
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 +|**00000345**| 95 - Plus tard, Monseigneur le cardinal de Noailles étant venu à Corbeil pour donner le sacrement de la Confirmation, voulut montrer tout l'intérêt qu'il portait à une œuvre si excellente et, pour exciter le zèle des bienfaiteurs, il fit don d'une somme de 20 livres. Cette excellente institution ne paraît pas avoir duré longtemps; il est bien fait mention en 1674, au 14 octobre, de Marie David et de sa compagne, filles de la Charité et qui sont dites << demeurant à l'Hôtel-Dieu », mais les détails manquent et ce n'est plus qu'en 1715 que nous trouvons Adrianne, avec l'appellation de « servante des pauvres ». Toutefois l'œuvre s'est maintenue plus longtemps puisque les offrandes ont été inscrites jusqu'en mai 1751. LES SOBURS DE ST VINCENT DE PAUL CHARGÉES DE LA DIRECTION DE L'HOTEL-DIEU. L'histoire de l'Hôtel-Dieu de Corbeil, déjà écrite à différentes époques, est toujours restée fort incomplète; ses archives qui devaient être riches en documents anciens furent perdues à la mort de l'historien Thevet qui en était l'administrateur. « L'historien Thevet uous a osté le moyen de rapporter les particu- << laritez de l'histoire de l'hostel-Dieu, car lorsqu'il en estoit l'adminis- <«trateur, il en a porté les tiltres à Paris où, durant les troubles de la « Ligue, ils ont esté perdus en la maison où il est décédé, size en la rue « de Bièvre, qui est des appartenances de l'Hostel-Dieu de Cor- « beil »(1). Fondé au Xe siècle, il reçut de la reine Adèle, épouse de Louis VII et mère de Philippe-Auguste, de si généreuses libéralités, qu'elle en avait reçu le titre de fondatrice. La direction en fut d'abord confiée à des frères, plus tard à des religieuses, sans qu'il soit resté aucune indication d'ordre ou de communauté (2). L'Évêque de Paris en fut le supérieur pendant longtemps. Aussi, voyons-nous des religieuses, ou de simples servantes des pauvres ayant donné leurs soins à l'Hôtel-Dieu de Paris, envoyées par l'autorité diocésaine pour gouverner les malades de Corbeil, comme sœurs Marie Lamouche et Jeanne Chéron, venues en 1637 (3). (1) De la Barre. Antiquitex de Corbeil. Paris, 1647, p. 139. (2) Notes pour servir à l'histoire des établissements hospitaliers de la ville de Corbeil, par A. Dufour. Corbeil 1891, p. 6. (3) Almanach de Corbeil pour 1791, p. 141. 9
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 +|**00000346**| - - 96 En 1656, des plaintes se produisirent, à l'occasion de plusieurs passagers qui seraient morts sans secours devant la porte de l'Hôtel-Dieu; deux nouvelles religieuses furent alors détachées de l'Hôtel-Dieu de Paris, par ordre de l'archevêque, et envoyées à Corbeil. En 1719, il y avait des chanoinesses, peut-être des augustines de Paris, au nombre de quatre, portant l'habit noir et le voile blanc (1). Parmi les supérieures de ces religieuses dont les noms ont pu être relevés de 1729 à 1762, nous trouvons sœur Marguerite le Comte, native de Framicourt, diocèse d'Amiens, qui avait exercé aux Enfants trouvés du faubourg St-Antoine, étant fille de la Charité depuis 6 ans, et à l'Hôtel-Dieu de Paris, où elle était restée deux mois. Sœur la Broquère, qui fut supérieure à Corbeil de 1745 à 1762, était née à Corbeil en 1711 et avait été baptisée à Notre-Daine. Ce fut elle qui transmit les services hospitaliers aux Sœurs de St Vincent de Paul. Elle avait une grande affection pour cette maison qui avait été si longtemps le théâtre de son dévouement, elle en donna la preuve quand, en 1779, elle fit son testament en faveur de l'Hôtel-Dieu auquel elle laissa 3.285 livres, 13 sols, 7 deniers. L'Hôtel-Dieu possédait 14 lits: 7 pour les hommes, 7 pour les femmes. L'église était de petites dimensions, comme le prouve le toisé suivant dressé en 1757 (2). << En l'Église de l'hôtel-Dieu, dont ouverture nous a été faite <<< par une des sœurs, nous avons remarqué que la dite Église peut <<< être divisée en 3 parties, la dernière desquelles, plus élevée que << l'autre et où l'on monte par 3 marches, est fermée des deux << côtés de la porte par une petite grille. Ayant toisé cette dernière << et 3º partie, qui fait face à l'autel, avons remarqué qu'elle a dix << pieds, huit pouces de long, sur douze de large; ayant ensuite << toisé la 2º partie de la dite église formant la nef et sur le côté << droit de laquelle est une chapelle fermée par une balustrade en << bois, contenant six pieds, tant en longueur qu'en largeur et << presque à l'opposite de laquelle est l'entrée de la dite église, << donnant sur une espèce de grande allée, avons remarqué que la (1) Piganiol de la Force. Description de la ville de Paris et de ses environs. Paris, 1770. T. IX, p. 183. (2) Almanach de Corbeil pour 1791, p. 139 et Cueilloir de St Guenault (ms. de l'abbé Guiot). Bibliothèque de la ville de Corbeil.
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 +|**00000347**| 97 << dite partie a vingt-cinq pieds de long sur treize pieds par bas << du côté de la partie ci-devant dite, de dix pieds et demi par l'en- << trée du chœur, au moyen de la dite chapelle et du repaire des << murs. Ayant ensuite toisé la re partie de la dite église, qui est << celle du chœur, et où est le maître-autel, nous avons remarqué << qu'en partant, d'une part, des murs de la 2ª partie, où est la petite << chapelle, jusques au gros mur, où est adossé le maître-autel, <<< elle a douze pieds six pouces de long, sur dix pieds de large; << les quelles trois parties de la dite Église de l'hôtel-Dieu, ayant << toisé, porte, après calcul fait, suivant les opérations ci-dessus, << 48 pieds 2 pouces de longueur, sur les largeurs ci-observées. Signé: BAILLARD. >> Semblable travail avait été fait à St-Guenault et aux Récollets, à l'époque où le culte fut interdit à Notre-Dame, pendant la période des travaux qu'on y exécuta. Seuls, les fonts baptismaux de cette dernière furent placés à l'Hôtel-Dieu, le reste des fonctions paroissiales se fit à St-Guenault, du 2 octobre 1751 au 25 octobre 1761. Les prisons étaient attenantes à l'Hôtel-Dieu et la messe qui se disait les dimanches et jours de fêtes servait à la fois aux malades et aux prisonniers. Des négociations entre les membres du Conseil d'Administration hospitalière et la maison de St-Lazare, mère des Filles de la Charité, avaient été entamées dans le but de confier à celles-ci la direction de l'Hôtel-Dieu de Corbeil. Dès qu'elles furent conclues, trois religieuses vinrent à Corbeil sous la conduite de Sœur Marguerite Delafarge, économe; c'était le 17 mai 1762. Cette nouvelle prise de possession semble bien indiquer que les Filles de la Charité avaient quitté la ville en 1672 après un essai peu satisfaisant. La liste des livres de piété, apportés par la nouvelle communauté, le prouve en quelque sorte, ainsi que la quittance qui l'accompagne (1). Il serait aussi long qu'inutile de donner ici la liste de ces livres dont le détail est indiqué dans une pièce des archives de l'HôtelDieu, avec le prix en regard de chaque ouvrege; on y a même ajouté le port des ballots de Paris à Corbeil: 3 livres 12 sols, plus (1) Archives hospitalières de Corbeil.
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 +|**00000348**| 98 3 livres pour la toile d'emballage et 5 livres 5 sols pour le voyage des sœurs. Le tout forme un total de 57 livres 7 sols, somme qui fut remboursée aux sœurs, comme l'atteste une quittance ainsi conçue: <<< Je reconnais avoir reçu le contenu ci-dessus de Monsieur >> Duclos, administrateur de l'Hôtel-Dieu de Corbeille, qui fait la > somme de 57 livres 7 sols. A Corbeil, le 21 may 1762. Signé: Sœur DE LA FARGE, économe. >> Nous trouvons une autre quittance du même jour qui n'est pas sans intérêt : << Je soussigné sœur Marguerite Delafarge, économe des filles de << la charité, reconnais avoir reçu 600 livres pour les besoins et <<< acomodement personnel des 3 sœurs qui déservent l'hôpital sui- <<< vant le contrat passé pardevant Me Sibire notaire, dont quittance « à Corbeille (sic), ce 21 may 1762. >> La première supérieure s'appelait Thérèse Garnier; elle ne vint probablement que pour installer la communauté, car dès l'année suivante 1763, il y avait une autre supérieure, Sœur Marie Paparel, qui l'était encore en 1767; nous en avons la preuve par l'acte de décès suivant : « L'an 1767, le 6 janvier, a été inhumée par nous, Prêtre, curé << de la paroisse Notre-Dame, sœur Françoise Mallisse, décédée dès <<< hier, âgée d'environ trente-deux ans, dans la chapelle de cet << Hôtel-Dieu où, pendant environ 4 ans, elle servit les pauvres << avec un zèle infatigable. Ont assisté au convoy, Sœur Marie << Paparelle supérieure, Sœur Françoise Montelier et Sœur Louise <<< Joseph Mansion, toutes aussi Sœurs de la Charité, Congréga- << tion de Paris, et Monsieur Jean Duclos, bourgeois de Corbeil. >>> <<< BARBIER, curé. » Cinq ans après, elle était elle-même remplacée par Sœur Marie Anne Cordes. Cette dernière dirigeait depuis 14 ans cet établissement, quand le Conseil d'Administration obtint, de M. le Supérieur général de la Mission, son changement, ainsi que celui de l'une de ses compagnes. Son départ est confirmé par la quittance de l'Administrateur de service, ainsi conçue : « Le 22 mars 1782, remis à << Madame l'Assistante 18 livres pour lui tenir compte, tant des <<< frais de son voyage de Paris à Corbeil, par le coche d'eau, arri-
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 +|**00000349**| 99 << vée du mercredi 20 avec deux nouvelles Sœurs, que de son << départ, avec les sœurs Cordes et Martin led. jour 22 mars, par << un carrosse des nouvelles messageries. » << Item: J'ai payé d'anciennes factures à la sœur Cordes en << janvier 1782: 12 livres pour les peines de la fille Raymond > (1). La nouvelle Supérieure s'appelait Elisabeth d'Huy, ainsi que le constate un reçu daté du 23 mai 1782. A l'époque de la révolution, il fut assez sérieusement question, pour garder les Religieuses Augustines, de la Congrégation, alors établies dans l'ancien prieuré du petit St-Jean, situé en face de l'Hôtel-Dieu, de leur confier la direction des malades et des vieillards (2). Il ne fut pas donné de suite à ce projet et les Sœurs de St Vincent de Paul ne furent pas changées. En vertu des décrets de l'Assemblée Nationale du 29 mars 1790, un nouveau conseil d'administration fut établi. La direction de l'Hôtel-Dieu passa des mains de l'Archevêque de Paris en celles de la municipalité de la ville. Les réunions se tinrent le jeudi après-midi, deux fois par mois, au dit hôpital (3). Le changement de local de l'Hôtel-Dieu avait été discuté depuis 1789. On voulait transporter ce service dans la maison des P.P. Récollets, qui furent bientôt dépossédés de leurs biens et chassés de leur couvent. Mais les bâtiments furent trouvés en mauvais état, l'emplacement trop resserré, sans cour ni jardin, où les convalescents pussent prendre l'air, car ce n'était qu'une toute petite partie de la propriété, qui était très importante (4). Ce fut en 1797 que l'Hôtel-Dieu fut installé dans le couvent de la Congrégation, dont les Augustines avaient été dépossédées en 1792. L'Église, monument du XIIIe siècle, dernier vestige intéressant de l'ancien prieuré du petit St-Jean de l'ermitage, ayant servi de chapelle à la communauté de Notre-Dame, ne fut rendue au culte qu'en 1825 (5). Les filles de la Charité continuèrent de remplir leur mission charitable pendant la période révolutionnaire, mais ce fut au (1) Archives de l'Hôtel-Dieu de Corbeil. (2) La Congrégation de Notre-Dame à Corbeil, par l'Abbé E. Colas. Orléans, 1890, p. 24. (3) Almanach de Corbeil pour 1791 (par l'abbé Guiot, dernier prieur de SaintGuenault) p. 142. (4) Les Récollets à Corbeil, par l'abbé E. Colas. Orléans, 1888. (5) Les rues de Corbeil, par Th. Pinard, p. 29.
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 +|**00000350**| 100 prix des plus grands sacrifices. Elles durent quitter leur habit religieux, et prêter serment de fidélité aux lois nouvelles. L'HôtelDieu devint l'Hôtel de l'humanité; la supérieure ne pouvait plus s'appeler que la première officière de la Maison de l'humanité. Plus tard on les dépouilla des vases sacrés qui avaient servi à la chapelle; ils furent vendus 350 livres (1). En 1810, la supérieure s'appelait Marie Guillemette Jacquinot; elle fut marraine de la nouvelle cloche de St-Spire. Plus tard, en 1822, deux sœurs du même ordre lui furent adjointes pour tenir des classes; des raisons toutes politiques les firent supprimer en 1830 (2). Le choléra qui vint de nouveau ravager notre pays en 1849, trouva les filles de la Charité à la hauteur de leur tâche; leur dévouement alla comme en 1832 jusqu'à l'héroïsme. Comment passer sous silence le nom de sœur Oudin, morte supérieure de l'hospice en 1851? Le discours prononcé sur sa tombe, le 8 avril, par M. Magniant, maire de Corbeil, glorifiait ainsi cette digne religieuse: « La sœur Oudin nous a prouvé, ce <<< que peut l'abnégation de soi-même, le dévouement à l'huma- << nité, le désintéressement, un cœur véritablement religieux et << chrétien... Grande et salutaire leçon surtout au temps où nous <<< vivons! » Le nouveau local de l'Hôtel-Dieu, quoique plus spacieux que l'ancien, devint bientôt insuffisant; dès 1862, la commission administrative vota la reconstruction de l'hospice; les frères Galignani, qui avaient leur résidence d'été sur la paroisse d'Etiolles, répondirent à cet appel en offrant 150.000 fr. au maire de Corbeil, sous le voile de l'anonyme. Leurs générosités redoublèrent et se continuèrent même après la construction de l'édifice, puisqu'elles atteignirent en 1875, près de 500.000 fr. (3). Un terrain considérable fut acheté non loin de Corbeil, sur une hauteur qui domine la ville, très salubre par conséquent. La rre pierre du nouvel Hôtel-Dieu fut posée le lundi 1er août 1864; elle fut bénite par M. l'abbé Girard, curé de Corbeil, membre de la commission administrative, assisté de M. l'abbé Gillet, vicaire, de (1) Notes pour servir à l'histoire des établissements hospitaliers de Corbeil, p. 14. (2) Les rues de Corbeil, par Pinard, p. 29. (3) M. Antoine Galignani mourut le 30 septembre 1873, et son frère William, le II décembre 1882,
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 +|**00000351**| ΙΟΙ - MM. les curés d'Etiolles, de Soisy-sous-Etiolles, d'Essonnes et du Coudray-Montceaux. Deux ans plus tard, le 7 novembre 1866, l'inauguration du nouvel établissement était faite solennellement par Sa Grandeur Mgr Pierre Mabile, Evêque de Versailles, entouré d'un nombreux clergé (1). Ce fut la sœur Chabanette qui, en qualité de supérieure, eut la joie et l'honneur d'assister à cette belle cérémonie. La Chapelle, percée de jolies fenêtres, est très gracieuse; elle renferme plusieurs tableaux d'une réelle valeur. Depuis longtemps la messe y est dite chaque jour par l'un des vicaires de Saint-Spire qui, à tour de rôle avec un de ses confrères, est chargé du service religieux pendant la semaine. Parmi les richesses de la Chapelle, outre les ornements sacerdotaux, on remarque un magnifique ostensoir, don de Mlle de Liborel; les chandeliers et la croix de l'autel, dons de M. Darblay, député; un lustre, don de Mme Jozon; la statue de la Sainte Vierge et celle de Saint Joseph ont été offertes par M. et Mme Féray. L'horloge qui décore le fronton de l'entrée principale a été donnée par les fils de Mme Jozon, pour accomplir les dernières volontés de leur vénérable mère. L'hôpital-hospice Galignani qui a compté 100 lits au début, tend à s'accroître encore, pour le soulagement des infirmes et des malades. Actuellement le service est fait par dix religieuses qui ont pour supérieure sœur Françoise Brazier, qui a reçu du ministère une médaille, en récompense de ses anciens services, sans compter de nombreux témoignages de reconnaissance pour son dévoûment. Le docteur Boucher, continuant les nobles traditions de son grand-père et de son bisaïeul, les docteurs Petit, et de M. Mathez, chirurgien, son trisaïeul, est médecin en chef de l'hôpital depuis plus d'un quart de siècle. LISTE CHRONOLOGIQUE DES SUPÉRIEURES La liste des Supérieures des Filles de la Charité est difficile à établir. L'installation de chacune d'elles n'étant pas inscrite ou étant faite sans solennité, ce n'est que d'après les livres de (1) Inauguration du monument élevé à Corbeil à la mémoire de MM. Galignani, le 12 août 1888, par J. Lemaire, pp. 54 et suiv,
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 +|**00000352**| 102 comptes, des correspondances, ou des signatures de quittances, qu'on peut arriver à établir une liste moins imparfaite (1). 1762 17 mai 20 décembre 1762 1763 - 6 juin 6 janvier 1767 1768 - 21 avril - 22 mars 1782 - 1782 22 mars 4 juillet 1789 - 1791 1798 1798 - 1802 1802 1802 1810 1814 - 1810 - 1814 - 18151818 - 1851 1857 1860 - 1869 avril 6 avril 1815 1818 1851 1857 1860 : 1869 - - - - - Sr Thérèse Garnier. St Marie Paparel. St Marie-Anne Cordes. Sr Elisabeth d'Huy. St Jaubourg. St Tissier. Sr Fortin. St Dupont. St Marie Jacquinot. Sr Adélaïde Levasseur. Sr Mériaux. St Jeanne Oudin. Sr Bernard. Sr Bonnefoy. Sr Chabanette. St Françoise Brazier. ETABLISSEMENT d'une CrÈCHE A CORBEIL 29 avril 1847-1869 La ville de Corbeil n'a cessé de s'augmenter depuis la Révolution: des industries nombreuses et diverses sont venues s'y établir; c'est pourquoi l'on réclamait pour les ouvriers un hôpitalhospice plus important, où ils pussent trouver assistance dans leurs maladies, asile dans leurs infirmités. Mais les mères de familles, obligées de fréquenter les ateliers pour gagner le pain de chaque jour et ne voulant pas cependant négliger leurs jeunes enfants, se trouvaient dans un grand embarras. Pour obvier à ces inconvénients, des âmes généreuses proposèrent l'ouverture d'une crèche. Une commission fut nommée qui étudia un projet dont la réalisation fut entreprise. La ire séance du Conseil d'administration (1) Dans les registres municipaux de la ville de Corbeil, années 1789 et suivantes, on trouve les mentions suivantes relatives à des prestations de serment: 23 frimaire an II, les citoyennes Jaubourg et Augustine Duquesne, puis MarieFrançcise Boucherat. 2 floréal an III, la citoyenne Jaubourg, supérieure de la maison de l'humanité. 25 ventose an II, la citoyenne Adélaïde Levasseur prête serment comme attachée à la maison d'humanité,
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 +|**00000353**| - - 103 eut lieu le 29 avril 1847 (1). Le procès-verbal de la réunion nous fournit les noms des premiers fondateurs et bienfaiteurs de l'œuvre, parmi lesquels ceux de M. Magniant, maire, M. l'abbé Girard (2), curé, Messieurs les docteurs Petit père et Lionnet, M. Jassenne; Mesdames Tournant, Rolland, Dancongnée jeune, Boutin, Petit, Dufour, Tandou et Théophile Caille. Monsieur le Maire donne lecture de son arrêté du 27 avril 1847, pris en vertu de l'art. 12 de la loi du 18 juillet 1837, qui nomme, pour l'administration de la crèche, les dames sus-nommées et Mme Vallerand de la Fosse, dames conseillères inspectrices de l'œuvre. Puis, dans un discours précis et tout de circonstance, il fait ressortir le mal social, qui a tant préoccupé à toutes les époques, et auquel cet établissement doit porter remède. Après avoir fait ressortir le but des bienfaiteurs de l'œuvre, M. le Maire présente le règlement, dont voici les points principaux: <<< La Crèche est dirigée par une sœur de St Vincent de Paul. <<< L'administration est composée du maire, de M. le curé, de << deux médecins, d'un trésorier-secrétaire et de neuf dames con- <<< seillères inspectrices. >>> Il annonce ensuite que son intention est d'ouvrir la Crèche à l'occasion de la fête du roi, le mardi 3 mai. Sur la demande du conseil, M. le curé annonce qu'il viendra bénir cette œuvre si utile, le lundi suivant, après la messe qu'il célébrera dans la chapelle de l'hospice. On procéda ensuite à la désignation de la présidente; Madame Boutin fut nommée par acclamation. L'ouverture de la Crèche avait lieu tous les jours, excepté les dimanches et fêtes, du 1er octobre au 1er avril, de 7 h. du matin à 7 h. du soir, et du 1er avril au 1er octobre, de 5 h. du matin à 8 h. du soir. Il était perçu 0.15 par chaque enfant. Cette rémunération fut ensuite abaissée à ro c. En 1863, on fit le résumé de 16 années écoulées depuis l'ouverture de la crèche: Les dépenses s'étaient élevées à la somme de. et les recettes à la somme de 42.063 fr. 38.545 fr. (1) Archives de la ville de Corbeil: Registre des délibérations du Conseil d'administration de la Crèche. (2) M. l'abbé Girard a été curé de Corbeil de 1832 à 1874. Lors de sa mort, une souscription spontanée eut pour résultat l'érection, dans le cimetière de la ville, d'un beau monument en granit destiné à honorer sa mémoire.
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 +|**00000354**| 104 - Les recettes se décomposaient ainsi: 1º Fonds alloués par l'Etat. 800 fr. 2º Dons des bienfaiteurs et produit des quêtes 1.940 f. 55 3º Dons des fondateurs. 4.125 f. 4º Produit de 3 loteries. 6.627 f. 80 5° Subvention de la ville . 4.600 f. 6º Subvention de l'hôpital (en nature). 12.045 f. 7º Subvention du bureau de bienfaisance 8° Produit des rétributions. 1.400 f. 7.006 f. 65 Total. 38.545 f. 00 Pendant ce laps de temps, les soins avaient été donnés à 480 enfants, et les mères avaient pu faire 56.949 journées. La crèche avait été installée dans une maison contiguë à l'hospice, louée et aménagée en vue de sa destination. Les services occupèrent deux salles qui contenaient 24 berceaux et bercelonnettes. Il y avait en outre une salle d'allaitement Deux femmes de service aidaient la sœur directrice. En terminant ce petit travail, qu'il nous soit permis de rappeler que les Sœurs de St Vincent de Paul avaient dans les environs de Corbeil plusieurs maisons. Nous avons parlé plus haut du Coudray-Montceaux, qui possédait une école dirigée par deux filles de la Charité. Soisy-sous-Etiolles dut jouir de la même faveur; c'est le registre des actes de décès qui nous l'apprend : <<< Le 24 décembre 1679 fut << inhumée dans le cimetière de Soisy, Marie Poulete, sœur de la << Charité et maistresse descole pour les petits enfants. >>> A Evry et à Champrosay, elles desservaient les hospices établis dans ces paroisses, comme l'écrit l'abbé Guiot, à la page 32 de son Almanach de Corbeil pour l'année 1789. E. COLAS, curé de Soisy-sous-Etiolles.
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 +|**00000355**| - - 105 DOCUMENT-ANNEXE ENGAGEMENT DES SŒURS DE L'HOTEL-DIEU DE CORBEIL 15 Mai 1762 (1). Par devant les Conseillers du Roy, notaires au chatelet de Paris soussignés, furent présens Illustrissime et Reverendissime Seigneur Monseigneur Christophe de Beaumont (2) archevêque de Paris, duc de Saint-Cloud, pair de France, commandeur des ordres du Roy, demeurant à Paris en son palais archiepiscopal, au nom et comme seul administrateur-né de l'Hôtel-Dieu établi en la ville de Corbeil, d'une part; Et honnêtes et charitables filles sœurs Madelaine Philippe Lemaistre supérieure, Angélique Hénard assistante, Margueritte Delafarge économe et Marie Dalbiqué dépensière; toutes quatres officières présentement en charge, faisant au nom et pour toute la communauté des filles de la Charité, servantes des pauvres malades, établies en leur principale maison, grande rue du faubourg Saint-Denis, paroisse Saint Laurent, autorisées à l'effet des présentes de Mre Antoine Jacquier, Supérieur général de la Congrégation de la mission et de la Communauté des dites filles de la Charité, demeurant en la maison de Saint Lazare, susdite grande rue du faubourg Saint-Denis à Paris, à ce présent d'autre part. Lesquels voulant pourvoir au service et soulagement des pauvres malades de l'Hôtel-Dieu de Corbeil sont convenus de ce qui suit : ART. Ier Les sœurs supérieures et officières s'obligent, tant pour elles que pour celles qui leur succéderont en ladite charge, de tenir dans ledit hôtel-Dieu trois filles de leur Communauté ou plus grand nombre si besoin est dans la suite, pour y servir et soulager les pauvres malades, selon leur institut, et dans le cas que les trois premières sœurs ne puissent suffire au travail qu'il y a présentement dans ledit hôtel-Dieu, ou que l'on augmenteroit le nombre des malades, on aura égard (1) Archives de la ville de Corbeil. G. G. 382. (2) Christophe de Beaumont du Repaire, 9º archevêque de Paris, 1746-1781.
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 +|**00000356**| 106 - d'augmenter à proportion celui des sœurs, et elles seront aux mêmes clauses et conditions que les premières, sçavoir: deux cent livres une fois payées pour l'accomodement personnel de chacune, et quatre vingt livres par an pour leur entretient d'habits et linges. ART. 2e Pour ce qui regarde le temporel et le service des pauvres malades, lesdites filles seront sous la direction de M. Duclos père, demeurant à Corbeil, préposé à cet effet par mondit seigneur Archevêque de Paris, pour le tems que mondit seigneur Archevêque le jugera convenable. ART. 3e On n'associera auxdites filles aucunes femmes ou filles pour le service des pauvres malades, afin que, par l'Union et raport qui est entr'elles, les pauvres soient mieux servis; lesdites filles pourront cependant se faire aider, par quelques per - sonnes sures et bien connues, dans les travaux extraordinaires, au dépens dudit Hôtel-Dieu. ART. 4º Lesdites filles ne seront point obligées de recevoir ny soigner aucunes personnes pensionnaires; encore moins les filles ou femmes de mauvaise vie, ny les personnes qui sont atteintes du mal procédant de l'impureté, et ne serviront point les personnes riches, ny les femmes dans leurs accouchements, qui ne doivent point être reçues dans ledit Hôtel-Dieu. ART. Se Elles n'iront point en ville servir aucun malade de quelque qualité qu'ils soient. Le chapelain, s'il y en a un, ne sera point logé, nourri, ny blanchi dans ledit Hôtel-Dieu, et n'y aura point d'autre entrée que par la porte commune, ny aucune inspection sur la conduite desdites filles, non plus que sur l'administration du temporel. ART. 6e Lesdites filles de la Charité seront tenues de préparer les médicaments des malades dud. Hôtel-Dieu, elles feront elles-mêmes les sirops, tisannes, etc., et il leur sera fourni à cet effet l'argent nécessaire pour l'achat des drogues, dont elles rendront compte au receveur en charge, sous l'autorité de Mondit Seigneur Archevêque, tous les mois ou autrement. ART. 7e Lesdites filles seront logées et meublées convenablement dans un appartement séparé où les domestiques n'auront aucune entrée. ART. 8e Elles seront nouries et fournies de tous les besoins nécessaires à la vie et même entretenues de gros linge, comme draps, nappes, serviettes, torchons, essuye-
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 +|**00000357**| - 107 mains, tabliers blancs, aux dépens dudit Hôtel-Dieu; lequel donnera de plus auxdites trois filles la somme de deux cent quarante livres chaque année, sçavoir: quatre vingt livres à chacune par an, payables d'avance, de six en six mois, à compter du jour de leur arrivée audit hôtel-Dieu, pour leur entretien d'habits et menus linges à leur usage, sans qu'on puisse leur faire changer la couleur ny la forme de leurs habits, et sans qu'elles soient tenues de rendre compte de l'argent destiné pour leur entretien à d'autres qu'à leur supérieure de Paris. ART. 9 Quand lesdites filles tomberont malades elles seront traitées de médicamens et de vivres ainsy que les pauvres malades dudit Hôtel-Dieu et seront toujours considérées comme filles de la maison et non comme mercenaires. C'est pourquoy lorsqu'elles deviendront infirmes et hors d'état de travailler, après douze années de résidence audit Hôtel-Dieu, elles ne pouront être renvoyées à cause de leurs infirmités, si leur supérieure de Paris ne juge à propos de les rappeller; mais elles seront tenues dans ledit Hôtel-Dieu et traitées de médicaments et de vivres selon leurs besoins, et pour suppléer à celle qui seroit infirme, les personnes autorisées alors pour la direction dudit Hôtel-Dieu seront tenues d'en recevoir d'autres aux mêmes clauses et conditions, sans néantmoins qu'elles soient tenues de continuer l'honoraire à celle qui restera surnuméraire jusqu'à son décès. Néantmoins s'il se trouvoit deux infirmes ayant également douze années de séjour dans ledit HôtelDieu, la communauté, par égard pour la modicité du revenu de cette maison, promet et s'engage que, dans le cas d'infirmité de deux sœurs, il n'en resteroit qu'une audit Hôtel-Dieu. ART. 10e Lesdites filles ne rendront compte de leur service et administration qu'à Monseigneur l'Archevêque ou son préposé, qui doit les maintenir et appuyer, d'autant que, si elles n'étoient autorisées tant envers les officiers qu'envers les domestiques de la maison, elles n'y pourroient faire le bien que Dieu demande d'Elles. ART. LIE On donnera auxdites filles l'argent nécessaire pour l'achat des menues provisions, pour les faire en tems et lieu, dont elles rendront compte tous les mois au receveur, lequel signera et arrêtera ledit compte pour être représenté à mondit Seigneur l'Archevêque. ART 12e Les mandements pour admettre les pauvres malades audit Hôtel-Dieu seront adressés à la sœur qui aura la conduite des autres, laquelle n'en recevra ny congédiera que par ordre et tiendra registre des pauvres qu'elle recevra.
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 +|**00000358**| 108 ART. 13 Le décès d'aucune desdites filles arrivant, on aura égard qu'elles sont décédées au service des pauvres: il sera permis aux dites filles d'ensevelir décemment le corps de la deffunte, en la manière ordinaire, le laissant dans l'infirmerie jusqu'à ce qu'il soit levé pour être porté à l'Église; le corps de la deffunte sera suivi au convoy par les autres sœurs ayant chacune un cierge à la main, et après la célébration d'une messe haute et de deux basses, le corps sera inhumé dans la chapelle ou cimetière dudit Hôtel-Dieu. Le tout sans aucune rétribution de la part desdites filles. ART. 14 Quant au spirituel, lesdites filles seront soumises à mondit Sgr l'Archevêque de Paris et demeureront sous la conduite et dépendance du dit S. Supérieur général de la congrégation de la mission et de ses successeurs, lequel poura, par luy même ou par tel autre qu'il députera, les visiter et même les confesser de fois à autre, avec l'approbation de l'ordinaire, leur désigner un confesseur approuvé dans le diocèse, leur donner les avis nécessaires pour l'observance de leurs règles et l'acquit de leurs obligations envers Dieu et le prochain, les rappeller quand il le jugera à propos, et en envoyer d'autres en leur place, si les changements se font pour le bien dudit Hôtel-Dieu, ou à cause de mort survenue auxdites filles, ou parce qu'elles seroient devenues infirmes; dans lesdits cas, les frais de voyage, tant de celles qui seront rappelées que de celles qui iront les remplacer, seront aux dépens dudit Hôtel-Dieu; mais si les changemens se font pour le bien et à la réquisition de la Communauté des filles de la charité, audit cas les frais tant de retour que d'allée seront aux dépens de la dite communauté. ART. 15 Lesdites filles auront l'entière liberté dans led. Hôtel-Dieu de vivre sous l'obéissance dudit supérieur général et de ses successeurs, de leur supérieure de Paris, des officières de leur Communauté et de celle d'entr'elles qui aura la conduite des autres, non comme religieuses, mais comme filles d'une communauté réglée, et d'y observer tous les réglemens et exercices spirituels de leur institut, sans néanmoins préjudicier au soin et soulagement des pauvres malades qu'elles préféreront à toutes choses. ART 16e Si, par quelque évènement que l'on ne peut prévoir, les revenus se trouvant obérés, ils ne pouvoient fournir à la subsistance des pauvres malades dudit HôtelDieu, ny remplir les engagemens contractés envers les filles de la Charité, ou pour cause de mécontentement réciproque desdites parties, dans ces cas il sera permis à la Communauté de retirer les dites filles et on leur laissera emporter leurs habits, linges et livres à leur usage.
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 +|**00000359**| - 109 ART. 178 Avant le départ desdites trois filles de la charité pour l'Hôtel-Dieu de Corbeil, il sera fourni à la supérieure de Paris l'argent nécessaire pour l'accomodement personnel des dites trois filles, et pour chacune un Etuit garny de six lancettes, un autre étuit garny des instruments de chirurgie, les livres à leur usage et pour la pharmacie, les frais de voyage, port de balots, et il sera payé ès mains de ladite sœur Delafarge, économe, pour l'accomodement personnel, la somme de six cens livres; tous lesquels effets et livres demeureront et appartiendront audit Hôtel-Dieu, à l'exception, quant aux livres, de ceux contenus en l'article précédent. ART. 18 Il sera aussy fourny trois expéditions des présentes aux frais dudit Hôtel-Dieu, dont deux en parchemin, l'une pour l'Hôtel-Dieu, l'autre pour la Communauté, et la troisième en papier pour lesdites filles. Et pour l'exécution des présentes, les parties élizent domicile savoir: mondit Seigneur Archevêque de Paris en son palais archiepiscopal, et lesdites sœurs de la charité en la maison de leur communauté, auxquels lieux, nonobstant, obligeant, promettant, renonçant. Fait et passé à Paris, scavoir: pour Mondit Seigneur, en sondit palais, pour ledit S. Jacquier, en sa demeure, et pour lesdites sœurs, en leur maison, l'an mil sept cent soixante deux, le quinze may, avant midy, et ont signé la minutte des présentes demeurée audit Sibire, l'un des notaires soussignés. Signé: SIBIRE.
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 +|**00000360**| 110 BIBLIOGRAPHIE Dictionnaire biographique international des écrivains. Fascicule VIII, page 108, notice biographique sur Périn Jules, avec portrait. M. Jules Périn, archiviste-paléographe, et avocat à Paris, est connu pour ses travaux historiques et archéologiques; il est le fondateur de la Société d'études historiques la Montagne Sainte-Geneviève. M. Périn est doublement des nôtres, et comme habitant de Ris-Orangis, et comme membre du Conseil d'administration de notre Société. BOURNON (Fernand). - Deux pages de l'histoire administrative de Montmartre. Paris, 1897, in-8º de 11 pages. Dans cette intéressante plaquette, notre sympathique collègue M. Bournon nous apprend une chose fort curieuse et peu ou point connue: Entre l'ancienne division de la France en provinces et la nouvelle division en départements, qui date de la fin de 1789, il fut adopté un autre système qui fonctionna dès 1787 et dura près de trois ans. D'après ce système, l'ancienne province de l'Ile de France formait douze départements désignés chacun par le nom de la ville ou des villes qui y étaient les plus importantes. C'est ainsi que dans notre région il y eut les départements de Saint-Germain-en-Laye, de Corbeil, de Meaux, de Melun-Etampes etc. Le département de Corbeil était divisé en six arrondissements, qui étaient: Montlhéry, avec 35 paroisses; Longjumeau, 36; Corbeil, 36; Lagny, 46; Brie-Comte-Robert, 40 et Bourg-la-Reine, 34. Notre département exerçait donc sa tutelle administrative sur six arrondissements et 227 paroisses. Voici les noms des 36 paroisses qui formaient l'arrondissement de Corbeil : Ablon, Athis, Bondoufle, Corbeil-la-ville, Corbeil-Saint-Germain, Corbeil-SaintJacques, Corbeil-Saint-Pierre et Saint-Léonard, Draveil, Echarcon, Essonnes, Estiolles, Evry-s-Seine, Fleury-Mérogis, Fontenay-le-Vicomte, Grigny, Juvisy, le Coudray, le Plessis-Pâté, Lieursaint, Lisses et Courcouronnes, Mennecy, Moissy-Cramoyel, Mons, Morsang-s-Seine, Mousseaux, Orangis, Ormoy-enBrie, Ormoy-en-Gâtinais, Ris et la Borde, Saintry, Savigny, Soisy-s-Seine, Tigery, Viry-Chatillon, Villabé, Vigneux. M. Bournon a fait œuvre utile autant qu'intéressante en faisant connaître cette division administrative presque inconnue; c'est donc à lui qu'en revient tout l'honneur. A. D.
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 +|**00000361**| 111 G. L. MELUNAIS. - Le chemin de fer Corbeil-Melun-Montereau; voyage de Melun à Héricy-sur-Seine et à St-Fargeau. Melun, imp. Drosne, 1897, in-12 de 71 pp., deux gravures. Ce petit volume est arrivé à son heure, car sa mise au jour a coïncidé, si elle ne l'a devancée, avec l'inauguration de cette ligne nouvelle, qui eut lieu le rer juin 1897. L'auteur, qui se dissimule sous les initiales G. L., n'est autre que le sympathique bibliothécaire de la ville de Melun, dont il a écrit et publié l'histoire; c'est dire qu'il avait toute la compétence voulue pour guider les voyageurs dans la traversée du département de Seine-et-Marne, et rendre ce petit volume attrayant pour eux, en leur racontant l'histoire de chaque commune traversée, et en émaillant son récit d'anecdotes et de traits piquants. Mais il est permis de regretter que l'auteur, se bornant à son département, ait cru ne pas devoir en franchir les limites pour venir jusqu'à Corbeil. Il est resté à St-Fargeau, alors que quelques kilomètres seulement le séparaient de notre ville. Ce regret exprimé, il nous reste à féliciter M. G. L. pour cet intéressant travail, paru d'abord dans le Nouvelliste de Seine-et-Marne, dont il est un extrait. A. D. Bulletin de la Société des sciences morales, des lettres et des arts de Seine-et-Oise. Année 1896. N° I. Oberkampf à Jouy en 1791, pp. 46 et suiv. M. E. Coüard, l'érudit archiviste de Seine-et-Oise, rappelle dans cet article, que l'annuaire du département s'est occupé à plusieurs reprises du grand industriel que fut Oberkampf; celui de l'an X notamment (1801-1802), consacre un article aux << Manufactures de toiles peintes établies par le citoyen Oberkampf à Jouy et Essone (sic) ». Dans celui de 1817, se trouve une notice historique sur Oberkampf. M. Coüard ajoute qu'il est intéressant de constater que, dès l'année 1791, le Conseil général de Seine-et-Oise appréciait les services rendus par Oberkampf, et il cite à ce sujet une délibération du Conseil, en date du 15 décembre 1791, qui accorde une mention honorable à M. Oberkampf, Cette délibération, très longuement motivée, rend hommage au zèle de l'industriel et aux vertus de l'homme privé et du citoyen. Elle honore grandement cet Oberkampf que nous sommes fiers, nous aussi, d'avoir eu pour concitoyen. Bulletin de la Société de l'histoire de Paris et de l'Ile de France, année 1897, rre livraison, p. 36 et suiv.: Variétés. Les monnaies de Bouchard, comte de Paris et de Corbeil, par Maurice Prou, avec une reproduction de monnaie. M. Prou, attaché au département des médailles de la Bibliothèque nationale, avait toute la compétence voulue pour traiter cette question, un peu ardue, de la numismatique des premiers temps de la monarchie. Il s'en est tiré avec honneur. 10
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 +|**00000362**| 112 - Et ce qui prouve la valeur de son travail, c'est qu'il avait déjà été publié dans l'annuaire de la Société de numismatique (année 1896, p. 279). Corbeil est souvent cité dans le travail de M. Prou. Histoire générale de Paris. Registres des délibérations du bureau de la ville de Paris, publiés par les soins du service historique, T. VIII. 1576-1586. Texte édité et annoté par Paul Guérin, archiviste aux Archives nationales. Paris, 1896, I fort vol. in-4°. Le nom de Corbeil revient souvent dans ces registres; voici quelques mentions que nous avons relevées dans ce tome VIII, récemment paru et gracieusement offert, ainsi que les précédents, à la bibliothèque de Corbeil par la ville de Paris: 13 août 1582. Décision autorisant neuf habitants de Corbeil à exercer le métier de porteur de grains (p. 287 et notes, id. 288 et notes 1 et 2). 3 février 1583. Décision de l'Echevinage Parisien, nommant six déchargeurs de vins à Corbeil (pp. 311 et 312). Lettres de commissions délivrées sous la même date aux déchargeurs susmentionnés (p. 312). Le maître de port de Corbeil est requis de tenir la main à une ordonnance, en date du 8 mai 1586, défendant de transporter ailleurs qu'à Paris les grains chargés sur les bateaux de la Seine, de la Marne et de l'Oise (p. 580). - J. LE ROUZIC. Carnac et ses monuments. Morlaix 1897, in-12 de 40 pp. avec une carte. On trouve, dans ce petit volume, des détails curieux sur un dolmen du poids de 27.000 kilog. qui fut transporté des environs de Locmariaker (Morbihan), dans le cimetière de Meudon, où il fut réédifié sur la tombe de M. Piketty, l'antiquaire bien connu dans notre contrée par ses fouilles et ses trouvailles intéressantes. La Normandie, revue mensuelle historique, archéologique, littéraire etc., 13º année, No I, Janvier 1898, in-8°. L'Analyse de la bibliothèque de Corbeil, poème latin du Rouennais J. A. Guiot, par F. Bouquet, professeur honoraire au lycée Corneille, pages 1 à 14. Le poème latin de l'abbé Guiot sur la bibliothèque de Corbeil, se compose de 852 vers; il est inédit et ne se trouve, avec des variantes diverses, que dans plusieurs mss. du savant abbé, conservés à la bibliothèque publique de Rouen. Cette œuvre curieuse fut composée à Corbeil, pendant la période révolutionnaire qui créa des loisirs au dernier Prieur de St-Guenault; il s'occupait alors avec ardeur de l'organisation et du classement de la Bibliothèque de notre ville. Plusieurs auteurs se sont occupés du poème de Guiot, et M. F. Bouquet, de Rouen, séduit par la valeur intrinsèque de l'œuvre et par la qualité de Rouennais de son auteur, a voulu, lui aussi, en écrire une étude, qui est intéressante pour nous, car il y est
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 +|**00000363**| 113 beaucoup question de Corbeil. Il a mis à contribution, pour ce travail, les mss. de Guiot qu'il avait à sa disposition dans la bibliothèque de Rouen, et la notice Une autobiographie, l'abbé J. A. Guiot, 1739-1807, que nous avons publiée dans le rer bulletin de 1897 de notre Société. L'analyse de M. Bouquet révèle un lettré très érudit, et elle contribuera à rappeler l'attention sur ce digne abbé Guiot qui était tombé dans un oubli trop immérité. A. D. Léon MARQUIS. - Chalo-Saint-Mard, poème, suivi de l'histoire du pèlerin Eudes-le-Maire, dit Chalo-Saint-Mard, avec notes historiques et généalogiques sur sa postérité. Etampes, Humbert-Droz, 1897, in-8º de 64 pp. Notre excellent confrère, M. Léon Marquis, avait publié vers 1870 un petit poème tout étampois et sans prétention, intitulé la Tour de Cénive. Sur la demande qui lui en fut faite dernièrement, il consentit, non sans peine, à rééditer cette poésie de sa jeunesse, mais en l'enrichissant cette fois de nombreuses notes historiques et généalogiques sur la postérité de son héros; c'est ce qui nous a valu l'élégante plaquette qu'il vient de mettre au jour sous le titre nouveau de ChaloSaint-Mard. On connaît la donnée de cette histoire où la légende occupe une certaine place : Le roi Philippe I avait fait le vœu d'aller, armé de toutes pièces, visiter le tombeau du Christ à Jérusalem; mais les prélats et les seigneurs du royaume, prévoyant les dangers qu'occasionnerait son absence, s'efforcèrent de le retenir. Alors, un de ses serviteurs, nommé Eudes-le-Maire, dit Chalo-Saint-Mard, né à Etampes, offrit d'entreprendre lui-même le voyage à la place du roi. Il partit à pied, armé de toutes pièces et portant un cierge qu'il allumait en certaines occasions. Il alla en cet équipage à pied jusqu'à Jérusalem, sans se dépouiller, ni ôter le heaume et le casque. Il employa, dit-on, deux ans à faire ce pèlerinage; son retour dans sa patrie fut le signal des honneurs et des privilèges dont le roi se plut à le combler. Dans une charte, datée du palais d'Étampes en mars 1083, Philippe I confirma ces privilèges et exemptions en les étendant à tous les enfants et descendants d'Eudes-le-Maire, tant en ligne masculine que féminine. M. Noël Valois, dans une étude très documentée, publiée en 1887 par la Société de l'histoire de France, s'est attaché à réfuter cette légende qu'il appelle même « une grande mystification. >>> Quoi qu'il en soit, sous François I, et même sous Henri IV, la postérité plus ou moins authentique d'Eudes-le-Maire était très considérable, et si importants étaient les privilèges et les exemptions attribués à ses membres que, de tous les coins du royaume, on accourait à Étampes pour y prendre femme appartenant à tort ou à raison à cette heureuse lignée. M. Marquis, lui, ne s'est pas préoccupé de ces subtilités, il a raconté simplement avec sa foi naïve, ce qu'il avait entendu dans sa jeunesse. Son travail est un heu-
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 +|**00000364**| - - 114 reux commentaire des différents auteurs qui ont traité le même sujet ; il est intéressant surtout par les nombreuses recherches auxquelles il s'est livré et qui lui ont permis de pouvoir rattacher, d'une manière certaine, à la descendance d'Eudes-le-Maire nombre de grandes familles françaises comme les Noailles, les Montesquieu, les Luynes, la Ferté, Gréau, Geoffroy-St-Hilaire etc. C'est ce que beaucoup de personnes, très au courant même de l'histoire locale, n'avaient pas rouvé jusqu'à présent. M. L. Marquis a donc fait œuvre agréable et utile en même temps et nous ne saurions trop l'en féliciter. A. D. Noël VALOIS. - Note complémentaire sur le privilège de ChaloSaint-Mard, Paris, 1897, in-8º de 24 pp. Extrait de l'annuaire-bulletin de la Société de l'histoire de France (T. 33). Dans ce nouveau travail, l'auteur vient encore combattre la légende du pèlerin d'après des documents qui avaient échappé à ses précédentes recherches. Nous connaissons la profonde érudition de M. Valois et la sûreté de sa méthode, nous sommes donc certain qu'il n'y a rien à y reprendre. Néanmoins nous pensons que l'ouvrage de M. Marquis n'en est pas diminué, car il a su tirer de son sujet des renseignements exacts et intéressants; et c'est bénévolement qu'il n'a pas voulu entamer une légende qui existait avant lui. M. Marquis pense comme nous que les légendes font partie du patrimoine de notre histoire. Il est certain qu'elles n'ont pas été créées de toutes pièces et qu'elles ont pris naissance dans un fait quelconque, oublié le plus souvent et démesurément grandi par la succession des siècles. Que de désillusions, si on détruisait toutes les légendes ! Respectons-les donc, car elles sont la poésie de l'histoire. Département de la Seine. Direction des affaires départementales. Etat des Communes à la fin du XIXe siècle, publié sous les auspices du Conseil général. Orly, notice historique et renseignements administratifs. Montévrain, imprimerie typographique de l'école d'Alembert, 1896, in-8° de 68 pp., cartes. L'intéressante notice historique sur le village d'Orly, contenue dans ce volume, est due à la plume très compétente de notre érudit collègue, M. F. Bournon. Maurice GUILLEMET. - Villégiatures d'artistes. Paris, C. Flammarion, 1897, in-18, illustré. Ce petit volume, composé d'articles qui ont paru au journal le Figaro, est illustré de vues photographiques, dont la reproduction aurait pu être plus soignée. Il est dédié à Mme Alphonse Daudet et contient, entre autres, des notices sur les hôtes littéraires de Champrosay, Étiolles, Quincy, Sucy-Bonneuil, l'hermitage
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 +|**00000365**| 115 de Senart et Mandres, où l'illustre Président de la Société historique de Corbeil et d'Étampes a longtemps possédé et habité la jolie propriété de la Fraisière. L'abbé GéHIN. Géhin, curé de Chilly-Mazarin. Versailles, imp. Pavillet, 1897, in-18 Jésus, 14 pp. Chilly-Mazarin, son histoire, par M. l'abbé Notre excellent confrère, M. l'abbé Géhin, a résumé, avec beaucoup de tact, dans cette plaquette à l'usage de ses paroissiens, les faits les plus importants de l'histoire de cette commune, célèbre jadis par son magnifique château et les hôtes illustres qui le fréquentèrent. Commission des Antiquités et des Arts du département de Seine-et-Oise, T. XVII. Versailles, 1897, in-8°, imp. Cerf. Il n'y a pas à glaner pour nous cette année dans le volume de la Commission, ainsi que le prouve l'extrait suivant de la table des matières : Le couvre-pied en dentelle du lit d'apparat de Louis XIV au musée de Versailles, par M. V. Bart. La reconstruction de l'Hôtel archiepiscopal de Pontoise, par M. J. Depoin. Saint-Martin-la-Garenne. Droits seigneuriaux, mœurs et coutumes, par M. Gatin. Proverbes et dictons du Vexin, par M. Plancouard. E. COUARD. Inventaire sommaire des Archives départementales antérieures à 1790. Seine-et-Oise, archives civiles. Série E, articles 5864 à 6930. Versailles, imp. Cerf, 1797, gd in-4°, de LXXX et 431 pp. L'infatigable archiviste de Seine-et-Oise, notre très érudit collègue, publie dans ce volume le dépouillement des minutes des notaires et tabellions. Pour ce qui concerne notre région, nous trouvons Bretigny-sur-Orge, Marolles-en-Hurepoix, Saint-Michel-sur-Orge, Chanteloup, Chilly Mazarin, Cheptainville et Corbeil qui occupe les nºs 6836 à 6919, et les pages 351 à 416. Il y a là environ 15000 minutes qui s'étendent du milieu du XVIe siècle à la seconde moitié du XVIIIe. Dans cette masse de documents, on rencontre des actes fort intéressants sur le clergé de nos paroisses, sur le bateau le Corbilliard qui servait au transport des marchandises et des voyageurs entre Paris et Corbeil, sur l'état militaire et la défense de notre ville, sur les monuments de notre pays et cent autres sujets, dignes d'intérêt, qu'on ne peut énumérer ici. MALTE-BRUN. La tour et l'ancien château de Montlhéry, Paris, s. d., in-16 de 34 pp. Cette plaquette est un extrait de l'ouvrage de Malte-Brun sur Montlhéry; elle est vendue par le gardien de la tour.
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 +|**00000366**| 116 Alexis MARTIN. - Les étapes d'un touriste en France. Promenades et excursions dans les environs de Paris. Région du sud, III. Dourdan et la Vallée de l'Orge. Arpajon. Montlhéry. Longjumeau. Corbeil. De Seine-Port à VilleneuveSaint-Georges. La forêt de Sénart. Avec 38 gravures et trois cartes, dont deux coloriées. Paris, Hennuyer, 47, rue Laffitte, 1897, in-16°. Livre intéressant pour ses gravures, qui auraient pu gagner cependant à être un peu plus soignées. Quant au texte, on y rencontre beaucoup de négligences; on sent un auteur qui veut aller vite et prend des notes à la hâte dans un pays qu'il ne connaît pas. Nous avons rendu compte en 1897 du 2e vol. de cette publication qui comprenait le sud-ouest de Paris, Étampes, Malesherbes, Orléans, etc. L'Ami des monuments et des arts. T. XI, 4º partie. Notes sur l'ancien et le nouveau collège d'Étampes (pp. 192 à 203), par L. Marquis. M. Marquis est ici sur son terrain; historien d'Étampes et ayant déjà publié d'importants ouvrages sur sa ville natale, une entière autorité est acquise à ce qu'il peut en dire encore. D'ailleurs, les quelques lignes qu'il a écrites sur le collège d'Étampes n'ont été qu'un prétexte à gravures. Il y en a là 15 ou 16, dues au crayon facile de M. Ravault, qui rappellent d'une façon charmante l'excursion faite à Étampes par les amis des monuments et des arts. A. LAVILLE, R. VERNEAU, R. MANSUY. Stations préhistoriques des Hautes-Bruyères, commune de Villejuif (Seine). Description des restes humains. Paris, Masson, 1897, 14 pp. in-8°, figures. Extrait de l'Anthropologie, T. VIII. A. HUGUES. Les routes de Seine-et-Marne avant 1789. Notice historique par A. Hugues, archiviste de Seine-et-Marne. Melun, imp. Drosne; Paris, Picard. In-8º de 88 pp., avec carte des voies anciennes. L. JARRY. - Inventaire des Templiers d'Étampes et de l'église de Moulineux-lès-Chalo. 1444. in-8º de 16 pp. Fontainebleau, imp. Bourges, 1897. Tirage à part extrait des annales de la Société historique et archéologique du Gâtinais, année 1897, pp. 188-203. Ces vieilles chapelles des Templiers et des chevaliers de St-Jean de Jérusalem se rencontrent en beaucoup d'endroits et il est très important d'en parler et de
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 +|**00000367**| 117 - les décrire avant qu'elles n'aient tout à fait disparu. Celle de Moulineux est propriété privée, par conséquent plus exposée. M. L. Jarry a donc été bien inspiré en appelant sur elle l'attention, en citant les documents anciens qui la concernent et en reproduisant un curieux dessin de cette chapelle, par Hubert Robert, conservé à la bibliothèque de Besançon. Annuaire de la Société des sciences morales, des lettres et des arts de Seine-et-Oise. Année 1867. Compte rendu des travaux, séance publique annuelle, liste des membres. Versailles, imp. Aubert, in-8º de 28 pp. Cette société est correspondante de la Société historique et archéologique de Corbeil-Étampes. Mémoires de la Société archéologique de Rambouillet. T. XI et XII. Tours, imp. Deslis, 1896 et 1899, 2 vol. in-8°, gravures. Dans ces deux volumes si heureusement remplis, nous nous plaisons à relever les notices suivantes dues à nos sympathiques confrères, M. le Cte de Dion, l'éminent président de cette société, et M. Lorin, son infatigable secrétaire général. DION (A. DE). - pp. avec gravures. 1896 L'Église du Prieuré St-Thomas d'Épernon, 23 LORIN. Excursion au Plessis-Mornay, à Rochefort et à Bonnelles; in-8º de 47 pp. avec gravures. CHARPENTIER. Un ancien Constituant, M. le Curé Landrin; in-8° de 7 pp. - LORIN. L'Hôtel de la Sous-Préfecture de Rambouillet. Quelques pages de l'ancien Rambouillet; in-8º de 33 pp. LORIN. - Un rapport du Conventionnel Couturier, en mission en Seine-et-Oise; in-8º de 30 pp. LORIN. Une émeute à Montagne-sur-Remarde, Saint-Arnoult en 1793; in-8º de 30 pp. LORIN. LORIN. 70 pp. Six victimes de la Terreur, in-8º de 97 pp. 1897 Les prisons de Rambouillet sous la Terreur; in-8° de DION (A. DE). Limours aux temps féodaux ; in-8º de 2 pp.
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 +|**00000368**| 120 Catalogue de la Bibliothèque de feu M. le Bon Jérôme Pichon, I partie: livres rares et précieux, manuscrits et imprimés. Paris, Librairie Techner, 1897, grand in-8º de xvii et 460 pages, illustré. Cette première vente, qui eut lieu du 3 au 14 mai 1897, a été un événement dans le monde des livres et elle prendra rang parmi les ventes célèbres. Dans ses onze vacations elle a produit 505.524 fr. Une seconde vente a eu lieu en février 1898; une troisième se fait dans ce présent mois de mars. Celle-ci renferme beaucoup de numéros qui intéressent Corbeil et sa contrée. Cette vente n'étant pas terminée, nous en rendrons compte dans la bibliographie de 1898. Nous ne pouvons nous occuper aujourd'hui que de la vente de 1897, dans laquelle nous avons relevé un certain nombre de numéros qui ont pour nous un intérêt local; nous en citons les plus importants. No 1158. Les vies de Sainct Exupère et Sainct Loup, vulgairement appelez S. Spire et S. Leu, premier et troisiesme Evesques de Bayeux. La translation de leurs corps en la ville de Corbeil, et les miracles qui s'y font jusques à présent par leur intercession, par Jean Bocquet, Parisien. Paris, Pierre Gaillard, 1627, in-80 de iv et 139 pp. Ouvrage très rare, acquis par un de nos collègues, M. G. de C., au prix de 122 fr. 1386-1387 et 1388. Trois ouvrages sur Marcoussy, dont le premier, l'Anastase de Marcoussy, livre très rare, a été vendu 355 fr.; les deux autres ont atteint les prix de 275 et 210 fr. 882. Le Grifonage ou festin, jeux et récréations de la montagne du Grifon en Brie, etc., etc. Vendu 52 fr. Le Griffon est un monticule dans les bois de la Grange, près de VilleneuveSt-Georges. 583. L'art de bien traiter, divisé en trois parties, ouvrage nouveau, curieux et fort galant, utile à toutes personnes et conditions, exactement recherché et mis en lumière par L. S. R. Paris, 1674, in-12 de 415 pp. Ce livre, que Barbier attribue au Sr Robert, pourrait bien être du Sr Rolland; c'était un officier de la princesse de Carignan avec lequel Audiger, auteur de La maison réglée, dit qu'il servit le roi chez M. Rossignol, au château de Juvisy, à un retour de Fontainebleau et fit porter la collation dans toutes les allées où passait la Cour (note du baron Pichon). Ce volume a été adjugé à 86 fr. 447. Recueil de plans, élévations et vues du château de Petit-Bourg, année 1730; grand in-fol., maroq. rouge. Beau manuscrit exécuté pour le duc d'Antin, possesseur du château de PetitBourg, après Madame de Montespan, sa mère. Il est orné d'un superbe titre dessiné, à la plume et à l'aquarelle, par Chaufourier, et contient vingt-cinq dessins de double format, également à l'aquarelle, donnant des vues et plans du château, de ses jardins, de son parc (trois sont avec personnages), des appartements du
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 +|**00000369**| 121 château, très intéressantes pour la décoration intérieure; l'une représente le cabinet du duc d'Antin. Ce magnifique volume, que nous connaissions bien, a été acquis par M. Sommier au prix de 4260 fr. (le baron Pichon l'avait payé 400 fr.). 963. Fête donnée à Chilly le XIII de septembre MDCCLXX à Mgr le Dauphin, Madame la Dauphine et Mesdames de France. II feuillets, maroq. citron, très riches compartiments, où l'on voit des dauphins, des fleurs de lys, l'aigle d'Autriche etc. Manuscrit calligraphié par Fyot, contenant des chansons et scènes détachées, sans doute remarquées par Marie-Antoinette à la fête qui lui fut donnée, peu de temps après son mariage, par la duchesse de Mazarin. Magnifique reliure de la plus grande richesse, aux armes de Marie-Antoinette, à qui ce charmant volume a été offert. Adjugé au prix de 35.000 fr. à M. de Rostchild, de Londres. (Hélas!) Le Nº 1190, la Topographie françoise de Claude Chastillon, Paris, 1641, a été vendu 38.000 fr. Notice biographique sur Nicolas-Louis Robert, inventeur de la machine à papier continu, ornée d'un autographe et d'un portrait de Robert. Dreux, 1873. Petit in-8º de 23 pp. sous la signature de J. Bréville. La mémoire du grand inventeur que fut Louis Robert commence heureusement à sortir de l'injuste oubli où elle était tombée. L'on sait que c'est à la papeterie d'Essonnes qu'il a inventé cette belle machine qui devait opérer une si grande révolution dans l'industrie du papier et dans celles qui en dépendent. C'est là qu'il en fit les premiers essais et qu'il continua à la faire fonctionner, en y apportant des perfectionnements successifs. Louis Robert a habité Corbeil et Essonnes où déjà une rue porte son nom. Il est donc des nôtres, c'est pourquoi nous avons tenu à signaler cette brochure qui était à peu près inconnue chez nous. PLANS ET CARTES Grande carte cycliste des environs de Paris dans un rayon de 250 kilomètres, en 4 feuilles, à l'échelle de 1/250.000, d'après la carte de l'état-major, avec indication des routes pavées, macadamisées, trottoirs cyclables, montées, descentes et descentes dangereuses; dressée avec le concours du personnel consulaire de l'Union vélocipédique de France, de MM. les agents-voyers, ingénieurs et conducteurs des ponts-et-chaussées et des Sociétés vélocipédiques. Chaque carte, d'une dimension de 86 X 68, est imprimée sur papier simili-Japon. A. Taride, éditeur.
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 +|**00000370**| 122 On vend séparément les sections Sud-est et Sud-ouest. Nouvelle carte routière de Paris sud-est, à 200 kilomètres, (l'Aube, l'Yonne et le Gâtinais) à l'échelle de 1/250.000, gravée par A. Simon (le Vélo-kilométrique), Paris, imp. A. Simon, et Villeneuve-la-Guyard (Yonne), P. Guillot. Plan de la ville d'Étampes, dressé d'après le plan cadastral, le plan des chemins ruraux de M. Baudet et les documents les plus récents; par Léon Marquis. 6º édition, 1894, échelle de 1/5000, dimensions: 68 X 40. Dans ce plan, l'auteur a réservé une place pour une carte topographique de la vallée d'Étampes, à l'échelle de 1/40000. Joli plan exécuté avec le soin et la compétence que M. L. Marquis sait apporter à ses travaux en général, mais plus particulièrement encore à tout ce qui se rapporte à sa ville natale, à laquelle il a voué un amour qui se traduit sans cesse par des œuvres intéressantes. Plan de Corbeil, plan d'assemblage, 90 × 62, dressé par J. A. Gervaise, géomètre-expert à Corbeil, 1896. Plan édité par le Conseil municipal, indiquant les voies anciennes et nouvelles, les conduites d'eau, de gaz, les égouts etc. JOURNAUX ET REVUES Le Parisien de Paris, journal hebdomadaire illustré. Dans le N° du 17 octobre 1897, sous le titre de: Environs de Paris, excursions archéologiques et artistiques, on trouve une notice de notre confrère, M. J. Périn, de Ris, sur la belle église de St-Sulpice de Favières, celle que Viollet-le-Duc qualifiait à juste titre de la plus belle église de village de France. M. J. Périn, dont la compétence archéologique est bien connue, ne pouvait choisir un plus agréable sujet, aussi c'est en maître qu'il a décrit ce charmant bijou d'architecture. Le Journal officiel, 30 mai 1897 (p. 3060), a publié un avis relatif à l'ouverture à l'exploitation du chemin de fer de Corbeil à Melun et à Montereau. L'Abeille de l'arrondissement de Corbeil, dans son No du 13 mai 1897, a publié un article intitulé: Le duc d'Aumale à Corbeil. A l'occasion de la mort, récente alors, du duc d'Aumale, l'auteur de cet article rappelait le passage à Corbeil, en 1841, du jeune colonel du 17e léger qui revenait d'Afrique à la tête de son régiment. De Toulon à Paris, ce fut une marche triomphale, chaque ville offrait des fêtes magnifiques au régiment et à son bril-
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 +|**00000371**| - - 123 lant colonel. Corbeil, la dernière étape, suivit l'exemple, et les fêtes y eurent d'autant plus d'éclat que la famille royale y était venue au-devant du fils et du frère victorieux. Par une curieuse coïncidence, le même jour, 13 mai 1897, le Nouvelliste de Melun publiait un article à peu près semblable sous le même titre: Le duc d'Aumale à Melun. L'Echo de Versailles et de Seine-et-Oise. Dans le No du 28 novembre 1897 de ce journal, on lira avec intérêt une notice de notre sympathique confrère, M. E. Mangeant, membre de la Commission des antiquités et des arts de Seine-et-Oise, relative à l'une des anciennes tourelles de la porte de Paris, à Montlhéry. Le Conseil municipal de cette ville ayant décidé la suppression de cette tourelle, M. Mangeant s'élève avec énergie contre cet acte de vandalisme et, tout en faisant l'histoire de ce précieux vestige du passé, il appelle à son aide tous les archéologues et antiquaires, amis des vieux souvenirs et des monuments anciens, en vue de la conservation de cette curieuse tourelle que rien ne saurait remplacer. Diogène, finances, politique, assurances, industrie, paraissant le dimanche. Ce journal hebdomadaire, qui se publie à Versailles, croyons-nous, a publié le 25 juillet 1897, un article-causerie, consacré à la Société historique et archéologique de Corbeil. Nous ne saurions trop remercier l'auteur anonyme de tout le bien qu'il dit de notre Société et des membres qui la composent, mais qu'il nous permette de lui faire observer qu'il a quelque peu pris ses désirs pour la réalité, quand il parle avec enthousiasme du musée de St-Jean, œuvre de la Société, mais qui n'est pas encore sortie de la période de formation. << Chaque jour les dons abondent, écrit-il, chaque sociétaire s'empresse d'ap- « porter sa part au trésor commun. M. D., un des premiers, a enrichi le jeune << musée de véritables merveilles archéologiques. Tous ses collègues ont fait de « même. La région est parcourue en tous sens par ces nouveaux commis-voya- « geurs de la science, missi sapientiæ. » Le morceau est joli et il est fâcheux qu'il ne soit pas tout à fait exact. La vérité est que l'église St-Jean, affectée au futur musée, sort à peine d'une longue période de travaux. La Société n'en a pas encore pris officiellement possession; cette formalité n'aura lieu qu'en mai prochain, à l'occasion de la réunion générale de la Société. En dehors d'un certain nombre de pierres tombales et de chapiteaux, l'église St-Jean ne renferme encore que fort peu d'objets. Ces lignes ont pour but de renseigner exactement les membres de notre Société et autres lecteurs sur l'état actuel du musée St-Jean, et encore, après cette rectification nécessaire, d'exprimer nos remercîments à l'écrivain du Diogène pour son bon vouloir et ses paroles aimables envers notre jeune Société. A. D.
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 +|**00000372**| 124 - TROUVAILLES ET DÉCOUVERTES ESSONNES, Décembre 1897. En faisant une fouille pour établir des cabinets d'aisances à Essonnes, dans le carrefour, à droite et non loin du portail de l'église, les ouvriers ont mis au jour deux cercueils de plâtre, qu'ils ont brisés, comme toujours, hélas! Les corps qui y avaient été inhumés s'y trouvaient encore. Personne n'ayant été prévenu, il n'a pas été possible de savoir si un mobilier funéraire quelconque accompagnait ces sépultures. Le peu d'étendue qu'a eue cette fouille permet de supposer qu'il y a encore d'autres cercueils enfouis dans la partie de terrain voisine et non explorée, c'est-à-dire entre la mairie actuelle et l'église, terrain planté d'arbres aujourd'hui, et que cet emplacement avait dû servir de cimetière à l'époque mérovingienne. On sait d'ailleurs, par les monnaies, qu'Essonnes existait déjà dans ces temps reculés. LE CHATEAU DE VILLEROY. - On sait que ce château fut détruit à la Révolution et que ce qui en reste n'est qu'une partie des communs. Quant au château luimême, cette magnifique résidence dont les anciens auteurs ont fait de si pompeuses descriptions, on ignorait jusqu'à son emplacement. Tenté par une curiosité bien naturelle, le propriétaire actuel avait entrepris depuis quelque temps des recherches qui étaient restées sans succès jusqu'à présent. Loin de se décourager, il les continua avec ardeur, et la réussite vint enfin couronner ses louables efforts. Les substructions et le périmètre entier de l'ancien château de Villeroy viennent d'être mis au jour. Cette trouvaille étant toute récente, les détails nous manquent aujourd'hui, mais nous espérons pouvoir indiquer dans un prochain article l'emplacement exact et les mesures précises de cette demeure quasi royale de la puissante famille des ducs de Villeroy. LE MENHIR DE VIGNEUX. Les amis des monuments mégalithiques peuvent se rassurer au sujet de la conservation de ce menhir. La plaine où il se trouve depuis tant de siècles avait été livrée aux extracteurs de sable qui devaient la transformer en un vaste lac; mais grâce à ses démarches réitérées, un de nos plus zélés collègues a pu obtenir de l'entrepreneur qu'un îlot assez important serait réservé tout autour du menhir, qui en formerait ainsi le point central. En outre, l'îlot devait être empierré dans sa circonférence pour le garantir des érosions de l'eau. Tout cela est fait aujourd'hui et le menhir de Vigneux est mieux protégé que jamais, puisqu'on ne peut plus y accéder qu'en bateau. A. D.
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 +|**00000373**| 125 TABLE DE LA 3º ANNÉE Statuts et réglement de la Société Liste des membres Page V XI XVII XIX Conseil d'administration, bureau, comité de publication Compte rendu des séances Notes sur des doubles tournois du XVe siècle, trouvés à Angerville (S.-et-O.); par M. M. Legrand. Les Louvois et les Villeroy, par J. V. Chilly-Mazarin, par M. l'abbé Géhin La porcelaine de Villeroy, par M. Aymé Darblay. Un Bail sous la révolution, par A. D. Une autobiographie: l'abbé Guiot, 1739-1807, par A. D. Compte-rendu des séances I 11 14 21 26 28 47 Une tentative d'assassinat à Corbeil en 1614, par A. D. La féodalité et le droit de vasselage, par A. D. Dédicace de l'Église St-Spire de Corbeil, par A. D. Documents inédits sur J. G. Simonneau, maire de la ville 52 54 62 66 d'Étampes, par Paul Pinson Relation de la réception faite à Louis XIV à son passage à Étampes en 1668, par Paul Pinson L'abbaye de Gercy en 1793, par A. D. Les sœurs de St Vincent de Paul à Corbeil, par l'abbé E. Colas Bibliographie Trouvailles et découvertes 74 80 91 110 124 GRAVURES Extrait d'un plan manuscrit de Villeroy, 'dressé en 1751 Pommes de cannes et manches de couteaux trouvés dans . 23 le parc de Villeroy 24 L'abbé Guiot d'après son ex-libris. 324 La porte du cloître St Spire (cul-de-lampe). 65: Ancien plan du terrier de Jarcy 88
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 +|**00000374**| ERRATA Page 18, ligne 28, au lieu de: imo non rem seipsum, lire: imo non tam seipsum. Même page, ligne 35, au lieu de: ergo animæ precare, lire: ergo animæ bonæ precare.
  
  
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