Corpus Essonnien

Histoire et patrimoine du département de l'Essonne

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 +BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ HISTORIQUE & ARCHÉOLOGIQUE DE CORBEIL, D'ÉTAMPES ET DU HUREPOIX
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 +|**UCAL_$B769654_00000008**| IMPRIMERIE G. BELLIN, A MONTDIDIER
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 +|**UCAL_$B769654_00000009**| BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ HISTORIQUE & ARCHÉOLOGIQUE DE CORBEIL D'ÉTAMPES ET DU HUREPOIX 3e Année — 1897 Ire LIVRAISON
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 +CORNEIL ETAMPES PARIS ALPHONSE PICARD ET FILS, ÉDITEURS LIBRAIRES DES ARCHIVES NATIONALES ET DE LA SOCIÉTÉ DE L'ÉCOLE DES CHARTES Rue Bonaparte, 82 1897
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 +|**UCAL_$B769654_00000010**|
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 +|**UCAL_$B769654_00000011**| DC 611 S45856 V₁ 3-4 SOCIÉTÉ HISTORIQUE & ARCHÉOLOGIQUE DE CORBEIL, D'ÉTAMPES ET DU HUREPOIX STATUTS Approuvés par arrêté préfectoral en date du 19 février 1895 -- ARTICLE I. Une Société est fondée à Corbeil sous le titre de SOCIÉTÉ HISTORIQUE ET ARCHÉOLOGIQUE DE CORBEIL, D'ÉTAMPES ET DU HUREPOIX. Elle a pour but les études, les recherches et les publications concernant l'histoire et l'archéologie de notre contrée et des régions circonvoisines, ainsi que la description et la conservation des monuments anciens situés dans ces mêmes régions. Elle a son siège à Corbeil et tiendra ses séances soit à la SousPréfecture, soit à la Mairie, avec l'autorisation préalable du SousPréfet ou du Maire. ART. II. - La Société s'interdit toutes discussions ou publications politiques ou religieuses. -- ART. III. La Société se compose de tous les fondateurs et, en nombre illimité, des personnes qui, adhérant aux Statuts, sont admises par le Conseil sur la présentation de deux membres. Le Conseil peut aussi désigner des membres correspondants. qui seront nommés par l'Assemblée générale, 047
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 +|**UCAL_$B769654_00000012**| VI Les mineurs ne seront admis dans la Société que sur le consentement soit de leurs parents, soit de leur tuteur. ART. IV. Le titre de fondateur est acquis: 1° aux signataires des présents statuts, 2° à tout membre qui fait don à la Société d'une somme de cent francs au moins. - ART. V. Chaque sociétaire paie une cotisation annuelle de dix francs; cependant cette cotisation est réduite à cinq francs pour les personnes appartenant au clergé et à l'enseignement. ART. VI. Tout membre adhérent qui aura effectué un versement de cent francs au moins sera exonéré du paiement des cotisations annuelles. - -- ART. VII. La Société est administrée par un Conseil composé de vingt-et-un membres, élus pour trois ans en Assemblée générale. Ce Conseil se renouvelle chaque année par tiers. Les membres sortants sont rééligibles. -- ART. VIII. Le Conseil, sur la proposition du Comité de publication, statue sur l'impression des travaux et la composition des Bulletins : il soumet aux auteurs les modifications qu'il juge nécessaires et détermine l'ordre des insertions. -- ART. IX. — Aucune dépense ne peut avoir lieu qu'en vertu d'une délibération du Conseil. Le trésorier ne doit effectuer aucun paiement sans le visa du Président ou d'un Vice-Président. ―― ART. X. La Société se réunit tous les ans au mois de mai, en Assemblée générale, soit à Corbeil, soit dans toute autre ville. désignée par le Conseil. Cette assemblée nomme les Membres du Conseil. Elle entend les rapports qui lui sont présentés par le Conseil et qui sont relatifs à l'état des travaux et à la situation financière de la Société. Elle délibère sur toutes les propositions qui lui sont soumises par le Conseil. - ART. XI. La Société pourra organiser des excursions archéologiques, faire exécuter des fouilles, établir une bibliothèque, un musée, acquérir, recueillir ou recevoir, à titre de dons manuels, tous les objets et documents qui l'intéressent. Toutes ces questions seront décidées par le Conseil. - ART. XII. Les membres correspondants reçoivent les publications de la Société et sont affranchis de toute cotisation,
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 +|**UCAL_$B769654_00000013**| VII - ART XIII. En cas de dissolution de la Société, les membres titulaires, réunis en une Assemblée générale spécialement convoquée à cet effet, seront appelés à statuer sur la liquidation de l'actif social et sur la destination des collections appartenant à la Société. ART. XIV. — Les présents Statuts pourront être modifiés par l'Assemblée générale, sur une proposition écrite et signée de dix membres au moins, mais aucune modification ne deviendra exécutoire qu'après avoir été autorisée par l'autorité compétente, en exécution de l'article 291 du Code pénal. - - ART. XV et dernier. Un règlement intérieur, adopté par l'Assemblée générale, arrête les conditions de détail propres à assurer l'exécution des présents Statuts et le bon fonctionnement de la Société. Vu par le Vice-Président: Vu et soumis à l'approbation de Monsieur le Préfet de Seine-et-Oise. Le Sous-Préfet de Corbeil, G. DE LINIÈRES. P. BOUCHER. Le Préfet de Seine-et-Oise, Chevalier de la Légion d'honneur, autorise la « Société Historique et Archéologique de Corbeil, d'Étampes et du Hurepoix » à se constituer légalement, en vertu de l'article 291 du Code pénal et conformément aux présents Statuts. Fait à Versailles, le 19 février 1895. Pour le Préfet, Le Secrétaire-général délégué, DUFOIX.
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 +|**UCAL_$B769654_00000014**| RÈGLEMENT DE LA SOCIÉTÉ HISTORIQUE ET ARCHÉOLOGIQUE DE CORBEIL, D'ÉTAMPES ET DU HUREPOIX Arrêté par l'Assemblée générale du 4 Décembre 1894 ARTICLE I. Messieurs les Sous-Préfets de Corbeil et d'Étampes sont Présidents d'honneur de la Société. ART. II. Le Conseil, conformément à l'article VII des statuts, désigne, chaque année parmi ses membres, un Président, deux ou plusieurs vice-Présidents, un Secrétaire général, un Secrétaire rédacteur et un Trésorier. - ART. III. Le Président ouvre et dirige les séances, maintient l'ordre dans les discussions, fait exécuter les statuts et les décisions de la Société, la convoque ponr les séances ordinaires et extraordinaires et ordonnance les dépenses. En cas d'absence des Président et vice-Présidents, le Conseil est présidé par le plus âgé des membres présents. - ART. IV. Le Secrétaire général est chargé, sous la direction du Conseil, de la composition et de la rédaction du bulletin; il veille à l'impression et à la correction de toutes les publications de la Société ; il se met en rapport avec les auteurs et leur soumet, s'il y a lieu, les observations approuvées par le Conseil, sur le rapport du Comité de publication. Il fait annuellement à l'assemblée générale un rapport sur les travaux de la société; enfin il remplit les fonctions d'archiviste.
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 +|**UCAL_$B769654_00000015**| IX - ART. V. Le Secrétaire rédacteur rédige les procès-verbaux des séances et est chargé de tout ce qui se rapporte à la correspondance. ART. VI. Le Trésorier est chargé du recouvrement des cotisations annuelles; il paie les dépenses ordonnancées et donne, chaque année, à la séance générale, un état de la situation financière de la Société. -- ART. VII. Le Conseil se réunit tous les trois mois; cependant le Président peut le convoquer chaque fois que les intérêts de la Société l'exigent. ART. VIII. Les décisions du Conseil sont prises à la majorité des suffrages; pour qu'elles soient valables, sept membres au moins doivent être présents. En cas de partage, la voix du Président est prépondérante. ART. IX. Le Conseil statue sur les demandes d'admission et désigne la catégorie à laquelle doit appartenir chaque candidat admis, afin de déterminer le montant de sa cotisation, conformément à l'article V des statuts. Les délibérations du Conseil ont lieu au scrutin secret, et les noms des candidats refusés ne sont pas inscrits au procès-verbal. ART. X. Les décisions du Conseil ordonnant une dépense sont transmises sans retard au Trésorier par un extrait du procès-verbal, signé du Secrétaire rédacteur. ART. XI. - - Les fonds disponibles de la Société seront déposés à la caisse d'épargne de Corbeil ou dans toute autre caisse désignée par le Conseil. - ART. XII. L'ouverture de l'année sociale est fixée au Ier janvier. Tont candidat admis doit sa cotisation à partir du 1er janvier de l'année de son admission. -- ART. XIII. La Société publiera un bulletin périodique et, si ses ressources le lui permettent, elle pourra également publier des mémoires et des documents. ART. XIV. Un Comité de publication, composé d'un vicePrésident et du Secrétaire général, membres de droit, et de cinq membres choisis par le Conseil et renouvelables chaque année, proposera la publication, sous les auspices de la Société, des mémoires et documents dont il aura apprécié la valeur réelle.
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 +|**UCAL_$B769654_00000016**| X ART. XV. - Les Sociétaires ont droit à toutes les publications de la Société à partir de l'année de leur admission. ART. XVI. — Tous les Sociétaires peuvent assister aux séances du Conseil, mais ils ne peuvent prendre part aux votes. Le Président peut leur donner la parole quand ils ont à faire des communications qui rentrent dans l'ordre des travaux de la Société. Cependant le Conseil peut se former en Comité secret sur la demande de deux de ses membres. - ART. XVII. — Les auteurs pourront faire exécuter, à leurs frais, des tirages à part des travaux publiés par la Société. Tout tirage à part devra porter la mention du volume dont il aura été extrait. Aucun tirage à part ne pourra être mis en circulation avant la publication par la Société du travail dont il est l'objet. ART. XVIII. Les demandes de modifications aux statuts devront être adressées au Président quinze jours au moins avant l'assemblée générale; il en sera fait mention sur les lettres de convocation. ART. XIX et dernier. - Le présent règlement pourra être modifié par le Conseil sur la proposition et à la majorité de sept membres au moins.
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 +|**UCAL_$B769654_00000017**| LISTE DES MEMBRES Les noms précédés d'un astérisque (") sont ceux des MEMBRES FONDATEURS qui ont racheté leur cotisation. MM. ALLAIN, Maire de Soisy-sous-Étiolles. ALLIOT (l'Abbé), Curé de Bièvres. AUBRY-VITET, Archiviste-Paléographe, 9, rue Barbet de Jouy, Paris. BARREAU (Eugène), Juge au tribunal de Commerce de Corbeil, à Ris-Orangis. BARTHÉLEMY (André), à Villeneuve-le-Roi, par Ablon. BARTHÉLEMY (Jules), Géomètre-expert, rue Feray, Corbeil. BARTISSOL, Maire de Fleury-Mérogis, par Saint-Michel. BASSERIE (Mlle) 49, rue St Vincent, au Mans (Sarthe). BAZIN, au château de Villegenis, par Massy.. BEGLET (Armand), à Corbeil et, à Paris, 162, boulevard Haussmann. *BÉRANGER (Charles), 82, avenue des Champs-Élysées, Paris. BERNON (le Baron de), à Palaiseau, et, à Paris, 3, rue des Saints-Pères. BESSIN, Conseiller d'arrondissement, à Corbeil. La BIBLIOTHÈQUE COMMUNALE DE CORBEIL, représentée par M. DUFOUR, bibliothécaire. *BIZEMONT (le Vte Arthur de) au Château du Tremblois, par Bouxières-aux-Chênes (Meurthe-et-Moselle). BLAVET, Président de la Société d'Horticulture d'Étampes, 11, place de l'Hôtel-de-Ville, Étampes.
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 +|**UCAL_$B769654_00000018**| XII MM. BONNEFILLE, Conseiller général de Seine-et-Oise, à Massy. BONNIN (l'Abbé), Curé d'Ablon. BOSQUILLON DE JARCY, Maire de Varennes, par Mandres. BOUCHER (le Dr Paul), Médecin en chef de l'Hôpital de Corbeil. BOUJU-TANDOU (J. Albert) au Château du Tremblay, à Corbeil et, à Paris, 67, avenue Kléber. BUFFIER (Gaston), homme de lettres, 146, rue des Vallées, à Brunoy. CALLIET, Président du tribunal de Commerce, à Corbeil. CAUVIGNY (l'Abbé), Curé de Ballancourt. CAUVILLE (Paul de), Sénateur, au château des Tourelles, par Évry-Petit-Bourg; à Paris, place d'Iéna, 8. CHAMBON, avoué à Corbeil. CHERON, à Lardy. CHERRIÈRE (le D¹), à Essonnes. CHEVALIER (Léon), Conseiller-Maitre à la Cour des Comptes, à Soisy-sous-Étiolles, et à Paris, 216, rue de Rivoli. CLÉMENT, Architecte de l'arrondissement d'Étampes, à Étampes. COCHIN (Henry), Député du Nord, au château de Wetz, à St-Pierre-Brouck, par Bourbourg (Nord). COLAS (l'Abbé), Curé de Soisy-sous-Étiolles. COLAS (Albert) propriétaire à Villeneuve-le-Roi. COLLARDEAU DU HEAUME (Philéas), 6, rue Halévy, Paris. *COURCEL (le Baron Alphonse de), Ambassadeur et Sénateur, au château d'Athis-Mons, et à Paris, 10, boulevard Montparnasse. *COURCEL (George de), à Vigneux, et à Paris, 178, boulevard Haussmann. *COURCEL (Valentin de), Maire d'Athis-Mons, et à Paris, 20, rue de Vaugirard. *CROS (Louis), Conseiller général de Seine et-Oise, à Corbeil. DANGER, géomètre, à Étampes. *DARBLAY (Aymé), au château de St-Germain, par Corbeil. DARBLAY (Paul), au château de St-Germain, par Corbeil. DARNET (Jérôme), Greffier en chef du tribunal de Corbeil. DEBLED, artiste-peintre à Linas, par Montlhéry,
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 +|**UCAL_$B769654_00000019**| XIII MM. DELESSARD (Edouard), Avoué honoraire près le Tribunal de la Seine, à Ris-Orangis. DELESSARD (Ernest), Ingénieur civil, à Lardy. DEPOIN (Joseph), Secrétaire général de la Société historique de Pontoise, 50, rue Basse, à Pontoise, et à Paris. 62, rue Bonaparte. DESRUES (l'Abbé), Curé Doyen de Limours. DEVERRE (l'Abbé), Curé de Boigne ville. DEVOUGES (le Dr), Président de la Société d'Horticulture de l'arrondissement, rue Feray, à Corbeil. DION (le Comte de), Président de la Société archéologique de Rambouillet, à Montfort-l'Amaury. DUFAURE (Amédée), ancien député, au Château de Gillevoisin, par Étréchy, et II, Avenue Percier, à Paris. Dufour (M. A.), Conservateur de la Bibliothèque et des Archives de la ville de Corbeil, rue du 14 Juillet, 21, à Corbeil. DURANDET (l'Abbé), Curé de Ris-Orangis. *DUVAL (Rubens), Professeur au Collège de France, à Morsangsur-Seine, et à Paris, 11, rue de Sontay. FÉRAY (Ernest), 5, rue de Stockolm, à Paris. *FÉRAY (Georges), 58, Boulevard Malesherbes, à Paris. FLAMMARION (Camille), Directeur de l'Observatoire de Juvisy, à Juvisy. FORTEAU (Charles-Marie), Trésorier de la Caisse d'Épargne d'Étampes, à Étampes. FOUDRIER (l'Abbé), Curé de Morsang-sur-Orge, par Savignysur-Orge. FRITSCH (l'Abbé), Curé d'Étréchy. GALLET (le Chanoine), 16, rue Royale, à Versailles. GARNIER (Paul), 16, rue Taitbout, à Paris. GATINOT, inspecteur-primaire honoraire, à Montgeron. GEFFROY (le Dr), à Villeneuve-Saint-Georges. GEHIN (l'Abbé), Curé de Chilly-Mazarin, par Longjumeau. GENET (l'Abbé), Curé de Méréville. GENTY (l'Abbé), Curé de Livry. GÉRARD (Octave), avoué à Corbeil.
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 +|**UCAL_$B769654_00000020**| XIV MM. GIBERT, ancien percepteur, à Corbeil. GIBOIN, rue Orbe, à Libourne (Gironde). GLIMPIER (l'Abbé), Curé de Santeny. GRAND (Émile), avoué à Corbeil. Grange (le Marquis de la), Maire de Montgeron. GUÉBIN (Edmond), Avoué à Corbeil. GUÉNIN (Eugène), Critique d'art et sténographe au Sénat, Villa des Fresnes, à Juvisy. GUILBERT (Denys), Avocat, au Château du Colombier, au Breuillet, par St-Chéron, et à Paris, 18, rue St-Sulpice. GUYOT (Joseph), au Château de Dourdan. HARO (Henri), Peintre-Expert, 20, rue Bonaparte, à Paris. +HAURÉAU (Barthélemy), Membre de l'Institut. HUMBERT-DROZ, Imprimeur à Étampes. *JACQUEMOT (l'Abbé), Curé-Doyen d'Argenteuil. JANCOURT-GALIGNANI, Maire d'Étiolles, par Corbeil, et à Paris, 182, rue de Rivoli. JARRY (Henri), Pharmacien, Membre du Conseil départemental d'hygiène, à Corbeil. JOZON (Maurice), Notaire à Corbeil. LACHASSE (Auguste), Adjoint au Maire de St-Germain-lèsCorbeil. LACOMBE (Paul), Trésorier de la Société de l'histoire de Paris, 5, rue de Moscou, à Paris. LADMIRAL (le D'), au Château d'Étiolles, par Corbeil. LAISNEY, Directeur des grands Moulins de Corbeil, 5, rue du Louvre, à Paris. LAROCHE (Mme Jules), rue Saint-Spire, à Corbeil. LASNIER (E.), Receveur des Finances en non activité, 28, rue de Champlouis, à Corbeil. LECACHEUR (Mme), rue Saint-Spire, à Corbeil. LÉGER (l'Abbé), Curé de Domont. LEGROS, Notaire, Maire de Boissy-St-Léger. LEMAIRE (Jules), homme de lettres, rue Féray, à Corbeil. LE PAIRE (Jacques-Amédée), à Lagny (S. et M.) LEPROUST (l'Abbé), 3, rue Pavée, à Étampes. LEROY (Jules), rue Feray, à Corbeil.
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 +|**UCAL_$B769654_00000021**| XV MM. LORIN, Avoué, Secrétaire général de la Société historique de Rambouillet, à Rambouillet. Lor (Thomas), à Brunoy, rue Talma, et 49, rue de Lille, à Paris. MAILLE ST-PRIX, au Château de la Grange, par Evry-PetitBourg, et à Paris, 11, Square de Messine. MALLET, Conseiller d'Arrondissement, à Corbeil. MAREUSE (Edgar), Secrétaire du Comité des Inscriptions parisiennes, 81, Boulevard Haussmann, à Paris. MARSAUX (le Chanoine), à Beauvais (Oise). MARTELLIÈRE, ancien Magistrat, à Pithiviers (Loiret). MASSUCHETTI (l'Abbé), Curé de Viry-Châtillon. *MAUBAN (Georges), à Soisy-sous-Etiolles, et à Paris, 5 bis, rue de Solférino. MONTGERMONT (le Comte G. de), 62, rue Pierre Charron, à Paris, et au château de Montgermont, par Ponthierry (S. et M.) MORIZET (Emile), à l'Hôtel des Arquebusiers, à Corbeil. MOTTHEAU, 4, place St-Médard, à Brunoy, et à Paris, 87, rue d'Assas. MURET (l'Abbé), Curé de Brunoy. OUDIOU, Architecte de la ville, avenue Darblay, à Corbeil. PAILLARD (Julien), architecte, à Corbeil. PANNIER (le Pasteur Jacques), rue Féray, à Corbeil. PASQUET (Alfred-Marc), Architecte de l'arrondissement, à Corbeil. PASTRÉ (Aymé), au Château de Beauvoir, par Evry-Petit-Bourg. PERIN (Jules), Avocat à la Cour d'Appel de Paris, Docteur en droit, Archiviste-Paléographe, à Ris-Orangis, et à Paris, 8, rue des Écoles. PINSON (Paul), d'Étampes, 39, rue de Valenciennes, à Douai (Nord). PRESTAT, Receveur des finances de l'arrondissement de Corbeil. PRIVÉ, Directeur du moulin français, à Salonique (Turquie). RABOURDIN (Charles), Maire de Paray, à la ferme de Contin, par Athis-Mons.
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 +|**UCAL_$B769654_00000022**| XVI MM. RADOT (Émile), industriel, à Essonnes. RAVAUT (Paul), au château de Ste-Radegonde, commune du Coudray-Montceau, par le Plessis-Chenet. RICHERAND (le Baron), Maire de Villecresnes. ROBELIN (Léon), Président de la Société d'Encouragement à l'instruction, Maire de Longjumeau. ROUSSELIN (l'Abbé), curé de Périgny (par Mand res). SABATIER, Maire de Viry-Châtillon. SAINT-MARC-GIRARDIN (Henri), au château de Morsang-surSeine, et à Paris, 15, rue du Cirque. SÉRÉ-DEPOIN, Président de la Société historique de Pontoise, 56, rue Charles Laffitte, à Neuilly (Seine). SIMON (Paul), Architecte, à Villeneuve-St-Georges. SOUPAULT, Maire de Villeneuve-le-Roi, par Ablon. SWARTE (Victor de), Trésorier-Payeur-Général du Nord, à Lille. TANON (M. L.), Président de Chambre à la Cour de Cassation, 90, rue d'Assas, à Paris, et au château du Clos-Bernard, à Soisy-sous-Étiolles. TETON (Gabriel), instituteur à Épinay-sous-Senart, par Brunoy. TOURNEUX (Maurice), 14, rue du Cardinal-Lemoine, à Paris. TOURNEVILLE, ancien juge de paix de Corbeil, à Lyons-laForêt (Eure). VACQUER, Architecte, chargé du service archéologique de la ville de Paris, 2, rue Boutarel, à Paris. VALLET (l'Abbé), Curé de Fleury-Mérogis, par St-Michel. VAUFRELAND (le Baron de), Maire de Morsang-sur-Seine, au château des Roches, commune de Morsang-sur-Seine, et à Paris, 38, avenue Gabriel. VILLENEUVE-SAINT-GEORGES (la Commune de). VOLLANT (Louis) ingénieur civil, Villa Rochefort, à SaintGermain-lez-Corbeil. WARIN, Directeur de la papeterie d'Essonnes, à Essonnes.
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 +|**UCAL_$B769654_00000023**| XVII MEMBRES HONORAIRES-CORRESPONDANTS MM. BOURNON (Fernand), Archiviste-Paléographe, 12, rue Antoine Roucher, à Paris. COUARD (Emile), Archiviste de Seine-et-Oise, à Versailles. DUTILLEUX (A.), Chef de division à la Préfecture de Seine-etOise, à Versailles. LEGRAND (Maxime), Avocat, rue de la Porte-dorée, à Étampes. MARQUIS (Léon), d'Étampes, 32, rue de la Clef, à Paris. PHARISIER, Rédacteur en chef de l'Abeille de Seine-et-Oise, à Corbeil. QUESVERS (Paul), à Montereau-faut-Yonne (Seine-et-Marne). STEIN (Henri), Archiviste aux Archives nationales, 38, rue Gay-Lussac, à Paris. LISTE DES MEMBRES DU CONSEIL D'ADMINISTRATION MM. BARTHÉLEMY (Jules), de Corbeil. BLAVET, d'Étampes. BONNIN (l'Abbé), d'Ablon. BOUCHER (le Dr P.), de Corbeil. COLAS (l'Abbé), de Soisy. COURCEL (G. de), de Vigneux. COURCEL (V. de), d'Athis-Mons. DEPOIN (Joseph), de Pontoise. DUFOUR (M. A.), de Corbeil. DUTILLEUX (A.), de Versailles. GENTY (l'Abbé), de Livry. MM. JARRY (Henri), de Corbeil. LASNIER (E.), de Corbeil. LEGRAND (Maxime), d'Étampes. LEMAIRE (Jules), de Corbeil. MAREUSE (Edgar), de Paris. Marquis (Léon), d'Étampes. MARTELLIERE, de Pithiviers. MOTTHEAU, de Brunoy. PASQUET (A. Marc), de Corbeil. PERIN (Jules), de Ris-Orangis. 2
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 +|**UCAL_$B769654_00000024**| XVIII BUREAU DE LA SOCIÉTÉ PRÉSIDENTS D'HONNEUR : M. le Sous-Préfet de Corbeil. M. le Sous-Préfet d'Étampes. Président: Vice-Présidents: M. François COPPÉE, de l'Académie française. M. le Dr P. BOUCHER, Médecin en chef de l'hôpital de Corbeil. M. G. de COURCEL, ancier officier de marine. M. BLAVET, Président de la Société d'horticulture d'Étampes. Secrétaire Général: M. DUFOUR, Conservateur de la bibliothèque et des archives de la ville de Corbeil. Trésorier: M. LASNIER, Receveur des finances en non activité. Secrétaire-Rédacteur: M. JARRY, Membre du Comité départemental d'hygiène. COMITÉ DE PUPLICATION MM. le Dr P. BOUCHER, vice-Président, membre de droit. A. DUFOUR, Secrétaire général, membre de droit. V. DE COURCEL, d'Athis-Mons. H. JARRY, Secrétaire rédacteur, de Corbeil. J. LEMAIRE, de Corbeil. J. PERIN, de Ris-Orangis. Léon MARQUIS, d'Étampes.
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 +|**UCAL_$B769654_00000025**| SOCIÉTÉ HISTORIQUE & ARCHÉOLOGIQUE DE CORBEIL, D'ÉTAMPES ET DU HUREPOIX COMPTE-RENDU DES SÉANCES · SÉANCE DU CONSEIL D'ADMINISTRATION Tenue à la Sous-Préfecture de Corbeil le 24 Mars 1897. Présidence de M. le Dr BoUCHER, Vice-Président. Étaient présents: MM. le Dr Boucher, G. de Courcel, V. de Courcel, Dufour, Lasnier, Barthélemy, Lemaire, l'abbé Colas, Alf. Marc Pasquet, Mottheau et Jarry. Absents excusés: MM. l'abbé Bonnin, l'abbé Géhin, Mareuse et Maxime Legrand: Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté sans observations. M. le Président rappelle que M. François Coppée, membre de l'Académie française, a bien voulu accepter la présidence de la Société en remplacement du regretté M. Hauréau: il propose de ratifier par un vote cette acceptation, qui fait le plus grand honneur à la jeune Société. Le Conseil, à l'unanimité des membres présents, acclame M. François Coppée président de la Société historique et archéologique de Corbeil, d'Étampes et du Hurepoix. M. le Secrétaire général informe le Conseil que les ouvrages suivants ont été offerts à la Société : 1º La Chasuble de Viry (tirage à part), par l'auteur, M. le chanoine Marsaux. 2º Le Petit Journal de Lagny, par l'auteur, M. J. Le Paire, de Lagny.
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 +|**UCAL_$B769654_00000026**| XX 3° Histoire généalogique de la famille Bosquillon de Jarcy, par M. Théodore Courtaux, offert par M. Mottheau, de Brunoy. En outre M. Dufour dépose sur le bureau le catalogue des 43 ouvrages possédés actuellement par la Société; puis il annonce que le deuxième Bulletin de 1896, paru en février dernier, a été accueilli avec faveur. Des remercîments sont votés aux généreux donateurs et à M. le Secrétaire-général. Sur la proposition de M. G. de Courcel, il est décidé que le Catalogue, dressé par M. le Secrétaire général, portera la mention: État des volumes offerts à la Bibliothèque de la Société. » Le Conseil prononce les admissions suivantes : Comme membres fondateurs: M. Beranger (Charles), de Paris, présenté par MM. Aymé Darblay et Aubry-Vitet. Et M. Feray (Georges), de Paris, présenté par MM. le Pasteur Pannier et Louis Cros. Comme membres adhérents: M. Vollant, de St Germain-lez-Corbeil, présenté par MM. Aymé Darblay et A. Dufour. M. Guyot (Joseph), au château de Dourdan, présenté par MM. Léon Marquis et Maxime Legrand. M. Saint-Marc-Girardin (Henri), présenté par MM. Aubry-Vitet et P. Boucher; M. Paillard (Julien), architecte à Corbeil, présenté par MM. Jarry et Dufour. M. l'Abbé Rousselin, curé de Périgny, présenté par MM. MarcPasquet et Glimpier. M. Debled, artiste-peintre à Linas, présenté par MM. G. de Courcel et Dufour. M. Giboin, de Libourne (Gironde), présenté par MM. Lasnier et Dufour. M. Féray (Ernest), de Paris, présenté par MM. G. de Courcel et E. Lasnier. En outre, le Conseil enregistre le versement d'une somme de 20 francs, fait par M. Asther, libraire à Berlin, pour un anonyme qui désire posséder les publications antérieures de la Société, jusques et y compris l'année 1897; les publications qui suivront lui
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 +|**UCAL_$B769654_00000027**| XXI seront également adressées, en échange de la cotisation annuelle. M. Aymé Darblay s'engage à verser annuellement à la Société une somme de cent francs qui sera affectée spécialement au service du Musée de St Jean en l'Isle; M. le Trésorier est invité à encaisser, chaque année, le montant de ce versement qui sera effectué par l'intermédiaire de M. Dufour. • Le Secrétaire général informe le Conseil que des fouilles opérées dans le domaine de Villeroy, propriété de M. Darblay, ont amené la découverte de l'endroit où se trouvait située la fabrique de la porcelaine, dite de Villeroy, à la marque D. V. Ces fouilles ont été faites sous la direction de M. Aymé Darblay, que l'étude de documents anciens a guidé dans la recherche de la situation de cette fabrique, qui était inconnue jusqu'à présent. Le Conseil émet le vœu qu'un plan de cet emplacement soit établi. M. Dufour ajoute qu'une note lui est promise à ce sujet. D'autres fouilles pratiquées sur le territoire d'Essonnes, près du cimetière de cette commune, ont abouti à des résultats intéressants: plusieurs sépultures gallo-romaines ont été reconnues; des poteries et des débris de poteries de la même époque ont été trouvés; on a recueilli également quelques médailles romaines dont une à l'effigie de Néron. M. Dufour annonce que le Musée de St Jean-en-l'Isle doit recevoir prochainement une collection d'objets préhistoriques, promise par M. Delessard, de Lardy; en outre, plusieurs moulages de sculptures provenant de l'église de Brunoy, ont été offerts par M. Mottheau au nom de plusieurs habitants de cette commune. Des remercîments sont votés à l'unanimité aux différents auteurs de ces libéralités. Le transfèrement au musée d'une ancienne cloche de St Jean, placée actuellement dans le clocher de l'église de Villabé, est l'objet de négociations actives avec le Conseil de fabrique de cette paroisse; une solution favorable est espérée prochainement. M. le Trésorier donne ensuite des renseignements satisfaisants. sur la situation financière de la Société. Il est invité à faire le nécessaire pour obtenir de l'administration, au profit de la Société, la faculté de verser à la Caisse d'épargne de Corbeil des sommes excédant 1500 francs, dans les limites indiquées par l'arrêté ministériel.
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 +|**UCAL_$B769654_00000028**| XXII M. Mottheau complète la communication intéressante, qu'il a faite antérieurement, au sujet du carrelage et des débris de la fontaine de Vaux. Il informe en outre le Conseil qu'il a découvert à Périgny une plaque de cheminée, provenant du château fort de Brie-comte-Robert; cette plaque est aux armes du duc d'Orléans, père de Louis XII et date d'une époque peu éloignée de l'année 1465; il désire en faire opérer le surmoulage. Le Conseil ne pourra assurer à M. Mottheau le concours pécuniaire de la Société que dans la limite de ses ressources et suivant la valeur des objets indiqués. M. Barthélemy promet d'écrire une notice sur la tour de Lardy, qu'il a eu l'occasion de visiter dernièrement. M. G. de Courcel fait connaître que M. le baron J. Pichon, qui a habité la commune de Limeil, a rédigé un manuscrit, appuyé de pièces authentiques, sur la seigneurie de cette commune; ce manuscrit appartient aujourd'hui à M. G. Vicaire. D'autre part, M. G. de Courcel estime qu'il est du devoir de la Société, dont la situation financière est satisfaisante, de faire paraître, avant le 1er janvier 1898, son premier volume de mémoires. Or, il serait intéressant de commencer ce volume par la publication de la première partie du manuscrit de M. le baron Pichon. Il conviendrait donc de prier M. G. Vicaire d'écrire la préface de cette monographie, M. G. de Courcel se réservant la faculté de rédiger quelques notes complémentaires à la fin de la publication. Le Conseil, tout en réservant la question financière, adopte en principe la proposition de M. G. de Courcel. L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée; mais avant de se séparer, les membres du Conseil règlent ainsi l'ordre du jour de la prochaine réunion: Examen des affaires urgentes; Visite du Musée de St Jean en l'Isle.
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 +|**UCAL_$B769654_00000029**| NOTE SUR DES DOUBLES TOURNOIS DU XV SIÈCLE TROUVÉS A ANGERVILLE (S.-et-Q.). Les découvertes numismatiques se font de plus en plus rares et bien peu maintenant dédommagent de sa peine l'heureux inventeur. Il en est cependant qui, à défaut de valeur intrinsèque ou de rareté, méritent par leur étrangeté les honneurs d'une courte description. C'est à ce titre que nous signalerons la trouvaille faite en 1893 à Angerville, département de Seine-et-Oise. Angerville est un gros bourg du canton de Méréville, arrondissement d'Étampes. A la limite de trois départements (Seine-etOise, Eure-et-Loir et Loiret), cette petite ville occupe entre Étampes et Orléans, dit son historien M. Menault, le centre d'un plateau élevé qui formait la plus grande partie de ce qu'on nommait autrefois la Haute-Beausse. La ligne de Paris à Orléans y a une station et les routes nombreuses qui traversent le pays conduisent encore vers Dourdan, Pithiviers, Chartres, Méréville, etc., etc... Jadis appelée Angerville la Gâte, cette localité est située en territoire Carnute. Ville royale au moyen âge, l'abbé de St-Denis et le seigneur de Méréville y avaient cependant des fiefs. Son nom se trouve mêlé aux guerres du XVe siècle, à l'invasion anglaise, et la Journée des Harengs eut tout à côté d'elle son épilogue. La Réforme s'y fit aussi sentir et y attira les guerres religieuses; des rois y séjournèrent à cette époque troublée; quant au XVIIIe siècle, il n'y garde que le souvenir de luttes épiques entre titulaires de fiefs: seigneurs de Méréville et dames de la Noble Maison de St-Cyr. Aujourd'hui Angerville, après avoir subi comme Étampes et Orléans la honte de l'invasion
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 +|**UCAL_$B769654_00000030**| allemande en 1870, assise aux confins de la Beauce ce grenier de la France, est comme les villages voisins un centre presque exclusivement agricole. C'est en nettoyant le fonds d'un puits comblé à une époque inconnue, au lieu désigné dans le pays sous le nom de Chantalouet qu Chantaloë (chant à l'oè, à la volaille) sur l'emplacement d'un ancien fief dont il est fait mention dans des titres de 1315, 1326 et 1359 et mouvant de l'abbaye royale de St-Denis, que des ouvriers mirent à jour un petit amas d'environ 300 monnaies de cuivre ou de billon noir en fort mauvais état. Enfoui dans le fond du puits au milieu de gravois et de débris de démolition, ce petit dépôt ne formait qu'une masse rendue homogène par l'oxyde de cuivre. Il paraissait avoir été contenu dans un sachet ou un morceau de toile. Aucune trace d'argent n'était visible et au nettoyage ces pièces, dont les types officiels sont de très bas aloi, se sont encore montrées plus faibles qu'eux; aussi les inventeurs déçus les dédaignèrent-ils. Par bonheur, le propriétaire du terrain, M. Barre, aussitôt prévenu, eut la bonne pensée d'informer M. le Docteur Duhamel d'Etréchy, un fin connaisseur dont la science numismatique est bien connue à la ronde, et de lui soumettre des échantillons. Vingt de ces pièces lui furent ainsi remises. D'autre part, une soixantaine de ces monnaies me fut offerte par M. Charles Forteau, notre zèlé collègue, que l'aspect curieux et inusité des espèces avait heureusement intrigué. Notre confrère avait de suite reconnu le caractère étrange de ces monnaies, et n'avait pas hésité à en recueillir la plus grande quantité possible. C'est grâce à ces circonstances que nous avons pu, le Docteur Duhamel et moi, étudier sur un certain nombre de pièces, toutes très mal conservées, les légendes bizarres que je vais essayer de reconstituer. ― --- De l'examen attentif auquel nous nous sommes livrés il résulte qu'à l'exception d'une légère différence dans la légende du droit, ainsi que dans la croix occupant l'autre champ - crasse sur un tiers environ, grèle sur les autres toutes ces pièces sont semblables. En voici la description d'après mon savant collègue: PADIOPRIDSVRCONI sur le quart environ, avec cette variante: PADIOPRIDSVRCONIVI sur le plus grand nombre, et PAINOPREDSVRCONIVI sur quelques-unes: Trois fleurs de lis deux et une en plein champ. RION. ou IOD. DNI. PEA. BUS. Croix pattée aux extré-
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 +|**UCAL_$B769654_00000031**| 3mités fleurdelysées; chaque lys coupant la légende en quatre parties est accosté de deux points clos ou besants. Cuivre ou billon très bas. Pour ma part, je le répète, je n'ai trouvé aucune trace d'argent; mon confrère croit au contraire en avoir vu de faibles restes. Le métal est jaunâtre, l'oxyde très épais. Diamètre 22 millimètres. Poids pris sur la moyenne de 20 exemplaires, I gr. 34 cent. (1). 153 PATT
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 +નો R O Con Toutes ces monnaies étaient tellement corrodées par leur long séjour au fond du puits de Chantalouet ou Chantaloé, qu'il a fallu, pour essayer de reconstituer les légendes, en aligner un grand nombre, prendre une lettre de ci, une autre de là. Quelques rares exemplaires mieux conservés en ont fourni des fragments entiers; mais bien que la lecture ait été de notre part l'objet d'une attention très soutenue et d'un soin minutieux nous n'oserions affirmer que notre dernière interprétation ne pût être réformée. Quel que soit d'ailleurs le groupement que nous ayons pu adopter pour les lettres de ces légendes, il a été impossible d'y trouver un sens intelligible. Mais s'il est à peu près certain que ces légendes sont inexplicables, est-il impossible de rapprocher la monnaie elle-même d'un type connu et de lui fixer une époque? Assurément non. Le caractère des lettres et des signes employés nous est pour cela un guide sûr. Rien qu'à l'examen, on reconnaît que ces pièces portent avec elles l'empreinte du monnoyage de Charles VI. On peut avec certitude leur assigner une date d'émission postérieure à 1413. C'est en effet du type du double tournois de Charles VI, ouvré en Juin 1413 pendant la démence du Roi, sous l'administration du duc Jean de Berry, que l'on peut les rapprocher (2). Qu'il y ait (1) Dans la légende du droit, sur le cliché, lire IOD ou ION au lieu de IOP, qui est une erreur de gravure. (2) V. Le dessin d'Hoffmann. Catalogue des Monnaies Françaises de Hugues Capet à Louis XVI, pl. xxvi, n° 31.
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 +|**UCAL_$B769654_00000032**| 4 - imitation calculée, qu'il y ait simplement contrefaçon, le fait est indiscutable et c'est là la date qu'il conviendrait de leur fixer. Ce point établi, à quelle place ranger ces espèces dans une série monétaire? C'est ici que l'obscurité se fait profonde. Pour les uns, ces monnaies sont bien l'œuvre d'un faux monnayeur passible de la hart ou du chaudron. A leur avis elles ne devraient être conservées que comme documents, comme pièces à conviction, pour ainsi dire, dans l'histoire banale du faux monnayage, intéressant seulement les curieux et ne relevant que des musées. Le type royal n'est pas imité, il est contrefait, falsifié. -- --- Pour d'autres, au contraire, nous sommes en présence de véritables imitations du type royal, émises le fait n'est pas unique tant s'en faut par quelque mince principicule étranger, par quelque infime seigneur plus besogneux que scrupuleux et en somme assez peu tranquille sur le sort de son indélicate escapade. Ce point établi, l'attribution deviendrait assez facile ou du moins serait loin d'être impossible. Imitation Voyons si des raisons sérieuses ne militent pas en faveur de cette dernière thèse et s'il est impossible d'appuyer l'opinion qui repousse la vulgaire contrefaçon. << L'examen des trouvailles fait découvrir chaque jour une << nouvelle imitation de la monnaie royale » écrivait en septembre 1895 M. le Comte de Castellane dans un article consacré par lui à un double Parisis inédit d'Eudes IV, duc de Bourgogne, 13151350 (1). Voici la description donnée par l'auteur de cette pièce rencontrée parmi des doubles parisis de Philippe de Valois. « EVDE. DEI. GRIII. DVX. Dans le champ: BUR-GVD: en << deux lignes sous une couronne, dans le cercle de laquelle figure << un petit écu de Bourgogne ancien. « -- - R/ MONETA DVPLEX. Croix aux quatre branches égales << terminées par des fleurs de lis. Et il conclut: « Cette pièce bourguignonne vient s'ajouter aux <«<< imitations déjà retrouvées du Double Parisis royal de février «1346, fabriquées en Bretagne par Charles de Blois (1341-1364) et << Jean de Montfort (1345-1399) et dans le Barrois par Iolande, << régente pendant la minorité du comte Edouard (1344-1349) ». (1) Bulletin de Numismatique publié sous la direction de M. Raymond Serrure, expert, 53 rue de Richelieu, Paris,
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 +|**UCAL_$B769654_00000033**| 5 Les monnaies que signale M. le comte de Castellane sont des imitations du type royal que l'on peut qualifier d'éhontées, mais 'il en existe d'autres. L'imitateur n'a pas ici caché ses intentions et le type qu'il a créé pour lui, porte franchement sa signature. Dans l'espèce, Eudes IV est ce qu'on appellerait de nos jours un « récidiviste »; après avoir reçu défense d'imiter les espèces de Philippe VI, il ne tarde pas à manquer à ses engagements et à contrefaire ouvertement la monnaie de son Roi. D'autres seigneurs y ont mis plus de discrétion ou, du moins, se sont montrés plus circonspects et plus craintifs. N'étaient-ils pas de force à résister à leur puissant suzerain? Etaient-ils plus honteux de leur rôle un peu louche? Toujours est-il qu'ils ont dissimulé davantage leur copie et n'ont point osé apposer leur signature au bas de leur plagiat. Ce sont là des copistes anonymes. Enfin nous en trouvons d'autres qui ont été autorisés à copier le type comme Ch. de Châtillon le fut par ordonnance royale (1341-1364). Donc, trois catégories distinctes dans ce que nous appelons l'imitation du type royal. Cet emprunt plus ou moins déguisé n'est pas une innovation du XIVe siècle et l'on peut, dès avant Eudes IV, Charles de Blois, Jean de Montfort et autres, trouver de ces copies plus ou moins répréhensibles. Elles procèdent du désir qu'avaient les seigneurs féodaux de procurer un cours plus étendu à la monnaie locale qu'ils créaient, en lui donnant l'apparence de ces espèces royales, usitées dans les provinces du Serment de France et si justement appréciées par les populations. Mais aux époques tranquilles et prospères, ces imitations qui ne trompaient que les gens ignorants pour lesquels la monnaie royale était seule de bon aloi, exposaient leurs auteurs à des poursuites dangereuses pour leur pouvoir. C'est là ce qui explique pourquoi elles ont été moins nombreuses. Dans les temps troublés, au contraire, ces copies se sont multipliées en raison directe du désarroi qui envahissait tout le royaume. Ne vit-on pas Henri VI d'Angleterre frapper en Normandie des Florettes imitées des pièces de Charles VI et du Dauphin Charles VII, conséquence de la guerre qui désolait alors nos provinces? Nous pourrions également citer de nombreux cas d'imitation. des espèces de Jean le Bon, à ajouter à la copie des types de Phi-
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 +|**UCAL_$B769654_00000034**| -6 lippe VI et plus tard des parodies des Doubles tournois frappées probablement depuis que la démence du Roi et l'anarchie qui en était la suite laissaient le champ libre aux grands vassaux en assurant aux faussaires l'impunité. Et, remarque en l'espèce bien digne d'être faite, toutes les monnaies copiées à cette époque sont des espèces de petite valeur, destinées à circuler bien davantage dans les masses que les pièces de prix plus élevé. Parmi ces imitations, les unes sont, comme nous l'avons démontré, des copies non déguisées dont les auteurs acceptaient la responsabilité, ou qui avaient en poche une autorisation en bonne et due forme; les autres, au contraire, sont des parodies illisibles qui constituent pour les numismates des temps présents de véritables énigmes, et cela, en dehors de toute contrefaçon à mettre au passif de filous quelconques, gens de sac et de corde qui ont fait souche à l'intention de nos modernes bagnes. Négligées d'abord comme des bizarreries sans valeur et sans intérêt, ces monnaies sont aujourd'hui recherchées comme sujets d'étude et comme points de comparaison. La connaissance plus complète de l'époque qui les a vues naître, porte les curieux à ne point les rejeter comme jadis et voilà pourquoi M. le comte de Castellane a raison de dire que « l'examen (attentif) des trouvailles en fait découvrir chaque jour de nouvelles >>. Si nos monnaies d'Angerville sont bien, comme nons le pensons, des imitations du type royal ouvré en juin 1413, il est évident que nous ne pouvons les ranger dans la catégorie des imitations franches. et signées. Mais devons-nous pour cela les attribuer à un faussaire vulgaire et ne nous est-il pas permis de les ranger dans la catégorie des imitations anonymes et déguisées ? On nous objectera que, précisément dans le Loiret, la Revue Numismatique de 1852, sous la signature de M. Mantellier, signale de nombreux ateliers de faux monnayeurs à cette époque troublée de la guerre de Cent ans. Devons-nous accepter cette opinion et renoncer à l'hypothèse d'une imitation, œuvre d'un étranger? M. Duhamel pense qu'il y a lieu de se ranger à la dernière opinion qui, je l'avoue, me séduit. << Sommes-nous, m'écrivait-il dans la notice accompagnant l'envoi des spécimens, en présence d'une contrefaçon du double tournois. royal émise au XVe siècle par un de ces principicules obscurs dont
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 +|**UCAL_$B769654_00000035**| 7- ---- les états situés dans le Limbourg, le Brabant septentrional et le Luxembourg avaient à peine quelques kilomètres d'étendue? Je ne suis pas éloigné de le croire. Quoique le cours, en France, de ces imitations serviles fût défendu et puni, elles y trouvèrent un écoulement facile, aussi longtemps que durèrent les embarras amenés par la querelle entre les deux couronnes de France et d'Angleterre ; grâce aussi à leur faible valeur, à l'inattention comme à l'igno- <<rance des classes inférieures appelées journellement à les manier. << Aussi les rencontre-t-on bien plus fréquemment sur notre sol que << dans les pays mêmes dans lesquels elles ont été fabriquées « (J. Rouyer. Rev. Num. 1852) (1). << La plupart de ces monnaies, dit encore le même auteur (loc. <«< cit.) sont restées jusqu'à présent inexpliquées. Quelques-unes << sont complètement anonymes; sur d'autres les noms et les titres << inscrits dans les légendes ont été à dessein tellement tronqués et « défigurés qu'ils n'ont pu encore être reconnus. Tel serait notre cas. Après les imitateurs Français, les imitateurs étrangers, ces derniers plus intéressés encore que les premiers à contrefaire le type, mais aussi, indépendants du roi de France qui pouvait punir leurs émissaires opérant en terre française, mais non poursuivre directement les auteurs. Ainsi, aux pièces signalées dans la Revue Numismatique, nous pouvons ajouter une imitation en cuivre d'un demiblanc du roi Jean-le-Bon frappée à Rummen et dont voici la description. † JEHAN DE WESEMA. Ecusson triangulaire portant trois fleurs de lys deux et une. R/MONETA DE RVME Croix pattée. Diamètre 21 "/m¸ Cette pièce trouvée entre Etampes et Monnerville, à Moulineux, et qui fait aujourd'hui partie de la collection du docteur Duhamel, rentre dans le premier type des imitations. Les Wesemael, sires de Rummen, ceux de Schonvorst et de Sichem portant dans leurs armoiries comme sur leurs monnaies: De gueules à trois fleurs de lys d'argent, quoi de plus facile avec le prénom de Jean ou de (1) Consulter aussi sur le même sujet: Serrure, Messager des sc. hist. de Belgique. Van der Chifs. Mon. du Luxembourg, vol. I, p. 235, pl. XXVI.
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 +|**UCAL_$B769654_00000036**| 8Jeanne de tromper des populations ignorantes et apeurées, toujours sous le coup de quelque invasion? Quant aux imitations qu'il est impossible d'expliquer et que l'on peut attribuer avec toute chance de certitude à ces principicules du Nord dont parle la Revue numismatique, on les rencontre plus fréquemment qu'on ne le pense. Un excellent article de M. R. Serrure, tiré de l'ouvrage cité plus haut et intitulé « Une Enigme », nous semble corroborer de la façon la plus concluante et la plus décisive les appréciations de M. J. Rouyer. En voici un extrait : << La pièce dont voici le dessin, fait partie de la collection de << M. P. Charles Robert. Elle appartient à une catégorie d'imitaΟ B BAD zP 7S <<<tions dont les légendes déroutent complètement celui qui veut <<< essayer d'en pénétrer le sens. Le type de cette monnaie est servi- <«<lement copié de celui de doubles tournois du roi Charles VI (1380-1422). L'inscription du droit BAPOLVS. LRACOB + <<< quelle qu'en soit la bizarrerie, permet cependant de reconnaître <<le KAROLVS. FRANCORUM. REX des billons royaux, mais << la légende des prototypes a-t-elle été modifiée à dessein de ma- <<nière à cacher le nom d'un petit seigneur Mosan, ou bien l'irré- << gularité de la transcription provient-elle uniquement de la << maladresse d'un faux monnayeur vulgaire ? Le revers où devrait << se lire MON† ETA † DVP † LEX, est plus inintelligible encore » que le droit. Que faire de JVD † NAP † NOI† ATE? Etc., etc. Ici cependant, je l'avoue, la restitution est un peu plus facile que dans nos pièces d'Angerville, mais le type est le même et l'origine pourrait bien être commune. En rapprochant de cette imitation notre trouvaille, nous voyons qu'il ne s'agit point dans cette dernière d'un fait isolé, mais bien au contraire que nos espèces rentrent dans une série qui a déjà fourni des éléments de comparaison. C'est là un point important. Telle n'est pas cependant l'opinion
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 +|**UCAL_$B769654_00000037**| 9de M. R. Serrure auquel j'ai montré la trouvaille. Tel n'est point non plus l'avis de M. Maurice Prou, le distingué sous-bibliothécaire à la Bibliothèque nationale, département des médailles. Consulté par moi au sujet de l'attribution qu'il convenait de donner à la découverte d'Angerville, M. Prou n'a pas hésité à voir là le produit d'un atelier de faux monnayeurs. Tout en reconnaissant le vif intérêt qui s'attache à de semblables découvertes, intérêt qui lui a fait accepter pour le cabinet de France quatre exemplaires que j'ai été tout heureux de pouvoir lui offrir, il ne m'a pas dissimulé qu'il pensait qu'on ne devait pas aller trop loin dans le champ des hypothèses et qu'il croyait pour sa part devoir laisser à un simple faussaire la responsabilité de l'émission de nos mauvais billons. Ce faux monnayeur surpris par quelque visite de gens du roi dans la localité, aurait alors fait disparaître au fond de son puits le produit de sa coupable industrie avant même de lui avoir assuré par l'argenture une circulation facile. Si M. R. Serrure est un expert au coup d'oeil sûr, de même M. Maurice Prou est un savant bien connu de tous les amis de la numismatique et il y a lieu de compter avec des opinions ainsi appuyées. Ces Messieurs peuvent avoir raison; cependant ne pourrait-on risquer encore l'objection suivante? La fausse monnaie de tous les temps, de tous les peuples, est toujours par son type, ses légendes, son diamètre et son poids, une copie aussi fidèle que possible de la monnaie de bon aloi, ayant un cours légal. Si les pièces d'Angerville réunissent une partie de ces conditions, elles s'en distinguent complètement par leurs légendes, leur métal, et feraient alors une exception à toutes leurs congénères jusqu'ici connues. Le fait n'est assurément pas impossible, mais il serait, croyons-nous, unique. 1 Assurément l'intérêt des faussaires était de donner aux espèces créées par eux le plus de points de contact possible avec le type officiel, et de réduire au minimum possible les différences. Ils s'exposaient sans cela, d'une part, à se voir refuser par le premier venu leur trop grossière imitation; d'autre part, ils devaient redouter pour leur vie la découverte par les agents royaux de leur supercherie. Nombreuses donc devaient être leurs précautions avant de mettre en circulation les produits de leur fabrication clandestine. Comment supposer alors une imitation aussi peu soignée que celle que caractérise la trouvaille d'Angerville?
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 +|**UCAL_$B769654_00000038**| 10 -- Bien au contraire les simples imitateurs qui se trouvaient par leur situation ou leur position à l'abri des poursuites de l'auteur du type qu'ils copiaient, pouvaient en prendre plus à leur aise. Quant à expliquer la présence de ces imitations à Angerville, si on admet la première hypothèse, rien, croyons-nous, de plus simple. Les petites monnaies en question, ainsi que me le faisait observer M. le Dr Duhamel, avaient le privilège d'être admises sous le nom de Guillots par les manants et roturiers de France aussi bien qu'en Brabant, grâce à leurs fleurs de lys qui permettaient de les confondre avec la monnaie royale. En France, c'est dans la province du Maine qu'elles paraissent avoir surtout trouvé un cours facile. Mais elles n'ont pas circulé exclusivement dans cette région. Pendant toute la durée de la guerre de Cent ans, les armées du roi de France comptèrent un grand nombre de soldats mercenaires flamands ou brabançons. Qu'y aurait-il d'étonnant à ce que nos modestes billons, au lieu d'avoir été battus dans le pays, fussent arrivés des pays du Nord dans l'escarcelle de quelque reitre brabançon échouer au puits de Chantaloë? D'autre part, est-il impossible que ces espèces aient été ouvrées à Angerville même par le représentant d'un de ces principicules dont nous avons parlé, pendant le malheur de nos guerres civiles et étrangères? Je donne l'hypothèse pour ce qu'elle vaut. En tous cas, ce ne seraient pas les seules pièces de cette origine qui auraient envahi la contrée. Durant mon séjour à Orléans, j'ai recueilli de nombreuses mailles de cuivre émises par Jeanne de Wesmael et imitées des oboles de Louis XI. Ces piécettes très nombreuses étaient tirées des grèves de la Loire au bas du vieux pont des Tournelles. Cette même Jeanne fit forger à Rummen et à Gerdingen de nombreuses monnaies imitées pour la plupart des mites et doubles mites flamands de Philippe le Bon et de Charles le Téméraire et des doubles deniers et oboles tournois d'imitation française. Des deux opinions que je viens de relater quelle est la bonne? Le lecteur prononcera et optera pour l'attribution qui lui paraîtra la plus plausible. En ce qui me concerne, mon seul désir était de faire connaître ces étranges espèces et d'attirer l'attention des chercheurs sur leurs semblables. Si j'ai réussi, mon but sera atteint. M. LEGRAND.
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 +|**UCAL_$B769654_00000039**| LES LOUVOIS ET LES VILLEROY Sait-on que le marquis de Louvois, ministre de Louis XIV, était le proche parent du duc de Villeroy, maréchal de France et gouverneur de Louis XIV? Voici comment: François Mandelot, né à Paris vers 1529, seigneur de Pacy-surArmançon, Lezinnes (1) et autres lieux, était gouverneur de Lyon depuis 1571 lorsque, le 2 mai 1585, la populace de cette ville s'empara de la citadelle, construite sous Charles IX pour contenir la cité contre les Huguenots. Cette forteresse fut immédiatement rasée et on soupçonna fort le gouverneur de ne pas être resté étranger à ces faits, car le capitaine de la citadelle était une créature du duc d'Épernon, lequel désirait, pour son frère, réunir le gouvernement de Lyon à celui du Dauphiné. Mais grâce au crédit de Villeroy (2), Mandelot ne fut pas inquiété. C'est probablement à cette époque que fut négocié le mariage de M. d'Halincourt, fils unique de Villeroy, avec une fille de Mandelot, car M. de Villeroy convoitait aussi pour son fils le gouvernement de Lyon. Ce mariage eut lieu le 26 février 1588. Mandelot mourut le 24 novembre 1588 et fut enterré dans la métropole de Lyon. Il laissait de son mariage avec Léonore de Robertet deux filles: Catherine, morte vers 1614, sans avoir été mariée et Marguerite qui était l'aînée, épouse de M. d'Halincourt. Le 30 décembre 1588, M. d'Halincourt, sa femme et Léonore de Robertet, veuve de François de Mandelot, cette dernière comme ayant la garde noble de sa fille Catherine encore mineure et aussi à cause de son douaire, rendent foi et hommage à la comtesse de (1) Communes du canton d'Ancy-le-Franc et qui sont voisines de ce lieu. (2) Nicolas III de Neuville, seigneur de Villeroy et d'Halincourt, secrétaire et ministre d'État, trésorier des ordres du roi. Pour répondre aux désirs de Pierre Legendre, son grand oncle maternel, il avait pris le nom de Villeroy et les armes des Legendre (Testament du 15 nov. 1514). 3
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 +|**UCAL_$B769654_00000040**| - 12Tonnerre, Louise de Clermont, duchesse d'Uzès, pour les fiefs de Pacy-Lézinnes, Vireaux et Sambourg et ce, par l'intermédiaire d'un mandataire qui baisa respectueusement une pierre faisant un des coins de la porte du château de Montbelliaud à Tonnerre. Léonore de Robertet mourut le 16 octobre 1620. On connaît les titres nombreux de Charles de Neuville, marquis d'Halincourt, chevalier des ordres du roi, conseiller en ses conseils d'Etat et privé, capitaine de cent hommes d'armes, gouverneur de Lyon, du Forez et du Beaujolais, maréchal des logis du roi, ambassadeur à Rome, etc... Malgré tout son crédit, il ne put obtenir la charge de grand maître de l'artillerie; Henri IV dit « qu'il avait les ongles trop pâles » (1), il ne put non plus obtenir le bâton de maréchal que Louis XIV remit en 1685 à son fils. M. d'Halincourt reçut 476.174 1. pour rendre au roi Pontoise qu'il gouvernait pour la Ligue. Sur la fin de sa carrière, il se retira à Lyon où il mourut le 18 janvier 1642, âgé de 76 ans. Marguerite de Mandelot, connue sous le nom de dame de Pacy, était morte avant 1596, car le 11 février de cette année, le marquis d'Halincourt épousait Jacqueline de Harlay, fille du baron de Sancy. De son premier mariage étaient nées deux filles: Magdelaine, première femme de Pierre Bruslart, marquis de Sillery, qui paraît n'avoir eu aucune part dans les biens du Tonnerrois, morte le 21 novembre 1613; et Catherine, connue aussi sous le nom de dame de Pacy, dame d'atours de la reine Anne d'Autriche, morte en 1657. Elle avait épousé au mois de mai 1610 Jean II de Souvré, marquis de Courtanvaux, premier gentilhomme de la chambre du roi, mort à l'âge de 72 ans, le 9 novembre 1656. Il était fils de Gilles de Souvré, gouverneur de Louis XIII et frère de Jacques de Souvré, grand prieur de France. De ce mariage cinq enfants étaient nés: Nicolas, l'aîné, mort jeune; Louis, tué à l'attaque des lignes d'Arras, le 6 juin 1640; Charles, marié le 17 mai 1645 à Marguerite de Barentin, mort avant son père le 3 mai 1646, laissant sa femme enceinte d'une (1) Mém. de Sully, liv. IX, 1597.
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 +|**UCAL_$B769654_00000041**| 13 - fille née posthume le 30 novembre 1646, qui fut Anne de Souvré; Enfin Eléonore et Marguerite de Souvré qui furent successivement abbesses de Saint Amand de Rouen. En sorte qu'Anne de Souvré se trouva hériter de tous les biens des Souvré, des Courtanvaux et de ceux qui avaient été attribués à Catherine de Neuville. Le 19 mai 1662 elle épousa François Le Tellier, marquis de Louvois, ministre et secrétaire d'Etat, mort le 16 juillet 1691, dont la biographie n'est plus à faire. En 1683, le marquis de Louvois avait acquis le château d'Ancyle-Franc et, en 1684, le reste du comté appartenant à Joseph de Clermont. Par partage du 1er avril 1694, le comté de Tonnerre et la terre d'Ancy-le-Franc furent attribués à Anne de Souvré. C'est dans son château de Pacy, aujourd'hui démoli, qu'Anne de Souvré reçut Mme de Sévigné et c'est d'Ancy-le-Franc que sont datées plusieurs lettres de M. de Coulanges, restées célèbres. Nous avons vu que Charles de Neuville, marquis d'Halincourt, avait épousé en deuxièmes noces Jacqueline de Harlay. Il eut de ce mariage: Nicolas de Neuville, marquis de Villeroy; Charles de Neuville, comte de Bury, mort sans postérité; Camille, archevêque et comte de Lyon; Ferdinand, évêque de Saint-Malo puis de Chartres; Léon-François, chevalier de Malte, commandeur de St Jean en l'Isle ; Et Marie de Neuville qui épousa en premières noces Alexandre de Bonne, comte de Tallart et en secondes Louis de Champlouis, marquis de Courcelles. Nicolas de Neuville, marquis puis duc de Villeroy, était né le 14 octobre 1598. Il fut maréchal de France, gouverneur de Louis XIV et mourut en 1685. Par son mariage avec Anne de Souvré, le marquis de Louvois devint donc le petit-neveu du maréchal duc de Villeroy et par ainsi petit-fils du gouverneur du roi Louis XIII et petit-neveu du gouverneur de Louis XIV. J. V.
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 +|**UCAL_$B769654_00000042**| CHILLY-MAZARIN Les Tombeaux Le touriste qui visite les tombeaux et les mausolées de l'Église de Chilly est vivement étonné et déçu dans sa curiosité en constatant que toutes les épitaphes ont été effacées au ciseau avec un soin minutieux. Quand cet acte de vandalisme a-t-il été commis? A la grande révolution, évidemment, mais pourquoi et comment ? Le Baron de Guilhermy, dans ses Inscriptions de la France, se contente de relever les quelques mots qui subsistent encore çà et là. M. Patrice Salin, après avoir fait d'une manière très intéressante ce même travail, cherche à donner une explication. Il pense que les habitants, par reconnaissance pour leurs anciens seigneurs, effacèrent les inscriptions des tombeaux afin d'éviter une mutilation plus grande. Ce sont de nobles sentiments qui ont suggéré à l'historien de Chilly cette supposition. Malheureusement la vérité est beaucoup plus vulgaire et beaucoup moins digne. Le maire de Chilly en 1793 avait un parent, marbrier à Palaiseau; celui-ci n'ayant plus d'ouvrage, il trouva tout simple de lui faire mutiler les inscriptions des tombeaux pour l'occuper et lui procurer un peu d'argent. Voici la délibération que nous relevons au registre de la commune. Nous la donnons avec ses fautes d'orthographe et de français. << Le dit an mil sept cent quatre-vingt-treize, onzième jour de septembre, dans une assemblée du Conseil général de la Commune réunie au lieu ordinaire des séances, au son de la grosse cloche sonnée par trois fois, où étaient présents les citoyens Lion maire, Paul Guibert officier municipal, Jeannin procureur de la Commune, Saturnin Marchais, Jean-Baptiste Aumont, Simon Marchais, tous trois notables, à l'effet des armoiries féodales, gissant dans l'église de la commune de Chilly. Le citoyen Lion marbrier s'étant présenté séance tenante à la réquisition des citoyens maire et pro-
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 +|**UCAL_$B769654_00000043**| - 15 cureur de la commune du dit Chilly pour entreprendre d'effacer tout ce qui respire dans l'intérieur de l'Église, tant sur le marbre que sur le bois les traces de la féodalité. En conséquence, le dit citoyen Lion demande pour cet ouvrage la somme de deux cent vingt-cinq livres qui lui ont été accordés par les citoyens composant la dite assemblée sous les conditions. qu'il serait remis tous les débris en cuivre qui sortiront des dites. armoiries aux citoyens Maire et officiers municipaux par le dit citoyen Lion qui, après avoir achevé ses entreprises dans la dite église, la visite en sera faite par tous les citoyens composant la municipalité et conseil général de la commune, qui, après l'avoir reçue (mot illisible) il sera donné un mandat des dits Maire et officiers municipaux et procureur de la Commune au citoyen Etienne Lebas receveur de la Commune et fabrique du dit lieu pour délivrer la somme portée par la dite délibération au citoyen Lion qui en donnera quittance et ont les dits citoyens Maire et officiers municipaux et conseil général de la Commune signé avec le dit citoyen Lion et contresigné par le secrétaire greffier les jours mois et an cy-dessus. Signé Lion maire. Guibert off. Simon Marchais notable. Saturnain Marchais notable. Jean-Baptiste Aumont notable. Jeannin procureur de la commune. Lion marbrier. Porcherot greffier. » Le travail n'a été que trop bien exécuté. A peine le haut de quelque majuscule, sortant du rang, indique-t-il vaguement la place d'une lettre. Mais l'inconnų excite la curiosité. J'ai cherché et j'ai trouvé. C'est un vieux manuscrit de la Bibliothèque nationale (1) qui m'a livré non seulement le texte des inscriptions effacées, mais même le croquis de deux tombes et d'un monument triomphal existant autrefois dans le château, maintenant détruit. Il est important, on le comprendra, de conserver ces textes dans le Bulletin archéologique. Commençons donc par le plus intéressant et le plus remarquable des monuments, celui de Martin Ruzé de Beaulieu. (1) Biblioth. nat. mss. Épitaphes 6, Ile-de-France, fonds Clairambault 946. On trouve également dans ce volume des textes d'inscriptions concernant La Villedu-Bois.
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 +|**UCAL_$B769654_00000044**| - 16 --- Monument de Martin Ruzé de Beaulieu Nous empruntons d'abord la description du monument dans son état actuel à l'ouvrage de M. Patrice Salin sur Chilly. Voici ce qu'il dit page 91: << Le premier tombeau se compose d'un piédestal quadrangulaire sur lequel repose un sarcophage surmonté d'une statue agenouillée; sur le socle des colonnes sont gravées des palmes et les initiales M. R. Le piédestal ct le sarcophage sont en pierre peinte en blanc et en noir. La statue en marbre représente un personnage à genoux, les mains jointes, le cou entouré d'une fraise, un manteau sur les épaules, culottes courtes et bouffantes. Il porte les moustaches et la barbe. La tête a été mutilée et séparée du corps. Cette statue avait été longtemps abandonnée hors de l'église et exposée aux insultes des enfants. Elle a été remise en place, il y a une quinzaine d'années, après avoir été restaurée tant bien que mal. Le monument a été replacé sous une large niche cintrée avec des entrelacs sculptés sur le plat de l'arc. Aux côtés de l'archivolte on voit deux anges tenant des couronnes et des palmes; au milieu de la frise qui est à rinceaux, on voit une tablette dont l'inscription a été grattée. Sur le piédestal il y avait une longue inscription de dix-neuf lignes, qu'on a effacée avec le plus grand soin. Ce tombeau ne peut être que celui de Martin Ruzé de Beaulieu, l'oncle de Coiffier d'Effiat... Il mourut en 1613 et avait acheté la terre de Chilly en 1596. » Cette description est exacte, mais elle demande à être encore expliquée et complétée. Ce monument n'est pas à proprement parler un tombeau, puisque le corps a été inhumé en face, à quelques pas de là, au milieu. du chœur, sous une dalle de marbre noir dont nous donnons plus loin l'inscription retrouvée. Le sarcophage est, non pas en pierre peinte, mais en marbre noir. La tête de la statue servait de cible aux enfants quand ils jouaient à lancer des pierres. Les yeux, le nez, la bouche sont mutilés. Mais d'après ce qu'on voit encore, c'est bien la statue de Martin
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 +|**UCAL_$B769654_00000045**| 17 Ruzé de Beaulieu. Pour s'en convaincre on n'a qu'à regarder le portrait de ce personnage au musée de Versailles, salle 154, nº 3323. La ressemblance est frappante. Du reste les inscriptions achèveront de nous fixer. Dans le manteau on voit une large entaille avec le reste d'un scellement. C'était la place de l'épée. Je me suis laissé raconter par un ancien habitant du pays, précisément Etienne Marchais, descendant de ce Simon Marchais signataire de la délibération précitée, qu'un curé de mes prédécesseurs aurait arraché cette épée en disant qu'il ne fallait pas avoir d'armes à l'église. N'est-il pas plus vraisemblable que cette épée était en bronze ou cuivre doré et qu'elle aura été enlevée par le marbrier comme l'acte communal le demandait. Chose étrange! les deux colonnes de style corinthien qui soutiennent la frise sont en bois peint, tandis que tout le reste est en pierre ou marbre. Il paraît, d'après la même tradition rapportée plus haut, que ce n'étaient pas les colonnes primitives, mais qu'elles furent mises là, à la restauration du monument. Citons maintenant les inscriptions. Elles vont nous dire ce qu'était le personnage. La tablette signalée au milieu de la frise en haut portait ces mots: Antonius Ruzous d'Effiat, ex sorore nepos, nominis et partis bonorum præcipuæ ex testamento heres, marchio de Loniumeau utriusque ordinis torquati eques, in sanctiori Consistorio et Curial Parium Francia Consiliarius, summus fodinarum ærarii fiscique gallici præfectus, atque in provincià Turonensi pro rex, hoc pii et grati animi sui monumentum munusque lacrymabile quod avunculo charissimo optabat contra pietatis votum. P. C. A. ab ortu mundi redivivi CICICCXXVII Ce qui peut se traduire comme il suit : « Antoine Ruzé d'Effiat, neveu par sa sœur (1), héritier par testament du nom et de la principale partie des biens, marquis de Longjumeau, chevalier portant le collier des deux ordres, Conseil- (1) Bonne Ruzé, la sœur de Martin Ruzé de Beaulieu, était la mère d'Antoine d'Effiat.
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 +|**UCAL_$B769654_00000046**| 18 ler du grand Conseil et de la Chambre des Pairs de France, grand maître des mines, du trésor et du fisc, gouverneur en Touraine, a élevé ce monument de la piété et de la reconnaissance et cet hommage funèbre qu'il souhaitait à son oncle très cher, suivant son pieux désir. P. C. A. l'an de l'ère chrétienne 1627. » L'inscription de dix-neuf lignes, signalée sur le piédestal, également en latin, est très remarquable. Elle était gravée sur une plaque de marbre noir incrustée dans la pierre du socle. Les majuscules qui se voient encore correspondent bien au texte du manuscrit que nous reproduisons. D. O. M. S. Suspice hospes, ut quem posteritas omnis suscipiet agnoscas atque in manes pios, si pius es, morare parum, non parvum moræ referes pretium, ubi pauca hoc summatim de virtutibus non paucis summi viri qui marmore tegitur proximo cognita habueris, priusquam abieris. Fuit is Martinus ille Ruzous, de Beaulieu, Chilly, Loniumeau, Champeaux et de la Presaye dominus: qui generi nobilitate clarus, domi militiæque præclarus, illustrium virtutum splendore præclarior, pietate in Deum, fidelitate in reges suos et promeritis in omnes, omnibus retro sæculis memorabilis, ob maximam in naturæ metallicæ peritiam, maximum in rebus metallicis sustinuit magistratum, ob spectatam vitæ integritatem, summum utriusque ordinis torquati gessit questuram atque ob mentis manusque præstantiam Henrici III et IIII necnon Lud. XIII fidelem et strenuam ab epistolis et consiliis præstitit operam in quarum dignitatum amplitudine ita enituit, ut non plus ex eis acceperit quam eisdem contulerit ornamenti, imo non rem seipsum quam ipsos honores honestarit. Et augustiores promeritus, ætatis potius quam morbi gravitate confectus, annum agens sextum et octogesimum, omnibus ordinum omnium sui desiderium relinquens acerbum, inter suorum lacrymas devixit, ut ad gloriam longe ampliorem revivisceret, anno a Deo homine CICICCXIII. Habes lector in viro quod mireris, in virtute quod imiteris, in vita et morte quod expectas bona ergo animæ precare, et ad ejus exemplar, ut semper vivas, tanquam brevi moriturus, vive: Voici la traduction de cette longue épitaphe:
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 +|**UCAL_$B769654_00000047**| 19 --- « D. O. M. S. Deo, Optimo, Maximo, Summo A Dieu Très Bon, Très Grand, Très puissant. << Regarde, passant, pour reconnaître Celui qui fixera l'admiration de toute la postérité, et si tu es pieux, reste un peu sur ces pieuses dépouilles, tu ne regretteras pas de t'y être arrêté, car avant de partir tu auras appris en substance, par ces quelques lignes, les nombreuses vertus de l'homme illustre qui repose en face sous ce marbre. Cet homme fut Martin Ruzé de Beaulieu, Seigneur de Chilly, Longjumeau, Champeaux, de la Presaye, qui, né d'une noble famille, célèbre dans la paix comme dans la guerre, fut plus illustre encore par l'éclat de ses belles vertus. Il se recommande au souvenir des âges suivants par sa piété envers Dieu, sa fidélité à ses rois et ses services envers tous. Par ses grandes connaissances du sol, il mérita l'intendance suprême des mines; l'intégrité extrême de sa vie lui valut d'être Grand-Maître des deux ordres de chevalerie. Son talent et son intelligence le firent nommer secrétaire et conseiller des rois Henri III, Henry IV et Louis XIII, charges qu'il remplit avec vigueur et fidélité (1). Arrivé à l'élévation de ces dignités, il y brilla d'un tel éclat qu'il ne les honora pas moins qu'il n'en était honoré. Bien plus, il s'illustra moins lui-même qu'il n'illustra ses charges. Digne de plus grands honneurs encore, accablé par l'âge plus que par le mal, il mourut à l'âge de 86 ans, amèrement regretté des personnes de tout rang qui l'entouraient et au milieu des larmes des siens, pour vivre d'une vie infiniment plus glorieuse l'an de la naissance du Christ 1613. Dans cet homme, lecteur, tu as sa personne à admirer, sa vertu à imiter, sa vie et sa mort à désirer. Fais donc des voeux pour cet homme de bien et, suivant son exemple, vis comme devant bientôt mourir afin de vivre éternellement. >> PIERRE TOMBALE Sur la dalle en marbre noir qui est au bas de ce monument, on lit l'inscription suivante : << Cy gist Mre Martin Ruzé, vivant chevaler Seigur de Beaulieu, (1) C'est à Martin Ruzé que fut confiée la rédaction du serment prêté par Henri IV le jour de son sacre dans l'église de N. D. de Chartres (Le père Anselme, Hist, génér.).
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 +|**UCAL_$B769654_00000048**| 20 - Chilly, Longjumeau, Champeaux, et la Presaye, Conser du Roy en ses Conseils d'Estat et privé, secrétaire des commandemens et finances de sa Majesté, commandeur trésorier de ses ordres et grand Mre des mines et minières de France, qui décéda le VI de novembre mil VIc XIII aagé de ш vi ans. » Au centre de la pierre se trouve l'écu qui porte: << De gueules au chevron ondé d'argent et d'azur, de six pièces, accompagné de trois lionceaux d'or ». L'écu est timbré d'un casque d'argent taré au tiers à neuf grilles d'or, les bords de même, orné de ses lambrequins de gueules. Il est entouré du cordon bleu d'où pend la croix du St-Esprit. Le cimier est un lion issant d'or. Aux quatre coins de la dalle, des têtes de mort avec os en croix de St-André. En haut est écrit, entre les têtes de mort: Antonius Ruzous Defuncti nepos, Regi a consiliis et Aulici Equitatus primus mærens hunc tumulum æternæ memoriæ dedicavit. TRADUCTION Antoine Ruzé neveu du défunt, président du Conseil royal et aulique, dans sa douleur a élevé ce tombeau en souvenir éternel. Au-dessous des armes et entre les deux têtes de mort, il y a << Priez Dieu pour son âme » (1). J. GEHIN, Curé de Chilly-Mazarin. (1) Nous donnerons dans un bulletin suivant les autres épitaphes.
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 +|**UCAL_$B769654_00000049**| LA PORCELAINE DE VILLEROY Le XVIIIe siècle a repris étrangement faveur en cette fin du XIX. Pour ne parler que des arts de la céramique, tandis que les faïences de Bernard Palissy et certaines porcelaines de Chine sont moins recherchées qu'il y a trente ans, tous les yeux sont tournés, dans les ventes publiques, soit vers les porcelaines d'Outre-Rhin, soit vers les pâtes tendres des fabriques royales de Vincennes et de Sèvres, ou de leurs rivales placées sous la protection des plus hauts personnages. Tout a été dit sur les établissements royaux: leur emplacement précis, la composition de la pâte et de la couverte cristalline, les noms mêmes de leurs décorateurs nous ont été transmis par les archives officielles. Ce n'est point sur eux que nous avons pu trouver quoi que ce soit à glaner, mais, dans notre région, on ne sait presque rien sur Villeroy et Étiolles dont les productions céramiques sont moins belles assurément, mais non moins intéressantes. Nous ne parlerons ici que de la première de ces manufactures. Tout le monde sait que cette fabrique de porcelaine de pâte tendre a été fondée près de Mennecy; le nom de ce gros village est même souvent donné à ses produits, concurremment avec celui de Villeroy que la haute protection ducale et la marque D V auraient pourtant dû faire prévaloir, mais archéologues et collectionneurs en ignorent également l'emplacement précis. Beaucoup jusqu'ici le voulaient voir dans la principale agglomération de Mennecy, d'autres dans les écarts, certains le reléguaient vers Essonnes. Questionnés par nous, les anciens du pays ne comprenaient pas ce dont on leur parlait, cent ans après l'extinction de ces fours. d'où sont sorties des pièces si remarquables. D'ailleurs, la description minutieuse des lieux faite par Dulaure en 1790, dans sa Nou-
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 +|**UCAL_$B769654_00000050**| 22 - velle description des environs de Paris, ne fait mention à aucun moment de cette fabrique. L'abbé Lebeuf, dans son Histoire du diocèse de Paris (1757), dit simplement ceci: « il y a dans les dépendances de cette Maison (château de Villeroy) une Manufacture de Fayence; l'abbé Guiot, auteur anonyme de l'Almanach de Corbeil pour 1789, dans son chapitre sur l'histoire naturelle (page 8), mentionne que dans les autres règnes il n'y a rien à remarquer qu'une terre à porcelaine aux environs de Villeroi; ce qui avait fait penser à y établir une manufacture qni ne s'y est pas soutenue ». Voici tout ce qu'en ont écrit, à notre connaissance, les auteurs du dernier siècle. Si l'on consulte Millin (Voyage dans les départemens du Midi de la France, 1807), et Pinard (Études statistiques et topographiques sur l'Arrondissement de Corbeil), le premier nous confirme que « auprès du célèbre château de Villeroi on trouve une terre à porcelaine; elle a long-temps servi aux travaux d'une manufacture qui s'étoit établie dans une maison dépendante du château »; le second dit de même qu'« il ya dans les environs de Mennecy, comme à Bagnolet, proche Paris, une argile blanche propre à la fabrication de la porcelaine; elle a été employée au dernier siècle et a donné de beaux produits; néanmoins on l'a abandonnée; nous en ignorons la cause. » Tout cela est bien vague. Un écrivain très compétent, Alexandre Brongniart, Directeur de la Manufacture de Sèvres dès 1800, cite, dans son Traité des Arts Céramiques (1841), la fabrique de Villeroy comme ayant suivi St-Cloud, Chantilly et Orléans, mais comme l'aînée de Vincennes et de Sèvres; il nous fait connaître que l'établissement fut fondé à « Mennecy-Villeroy par Barbin, au lieu dit les PETITES MAISONS >>. Mais ce n'est vraiment que dans l'Histoire artistique, industrielle et commerciale de la porcelaine, d'Albert Jacquemard et Edmond Le Blant (1862), qu'on commence à trouver quelque chose d'un peu précis sur la manufacture qui nous occupe. Plus renseignés sans doute que leurs devanciers, ces écrivains nous initient plus complètement à l'existence de la manufacture de pâte tendre de Villeroy. L'année 1735 nous est indiquée comme la date fort probable de sa fondation, bien que les lettres patentes d'autorisation n'aient pu être retrouvées, disent-ils. François Barbin nous est donné comme le metteur en œuvre de la nouvelle fabrique; seul l'endroit précis demeure inconnu. Les
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 +|**UCAL_$B769654_00000051**|
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 +|**UCAL_$B769654_00000052**| Fol ان لوله لولو بولم ان و لوله لولو 0: B F ม่ 2222 E لو او له لو يو به او لوبو او اوبه ala of لولي نوم لوية ويع دهـ B. AA. Château Annexes C. D. E. F • Communs Pavillons d'entrée Demeure de l'intendant Emplacement présumé de is Manufacture de porcelaine FAHANT T 'N PLAN MANU drese en 1761 VILLERCY
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 +|**UCAL_$B769654_00000053**| 23 --- auteurs s'en rapportent à Brongniart à ce sujet. Nous apprenons encore que « Les sieurs Jacques et Julien succedèrent à François Barbin dans la direction de la fabrique (1) et la maintinrent dans un état florissant jusqu'en 1773. Le bail des bâtiments expirait alors et nos industriels transportèrent leur matériel à Bourg-la-Reine ». Comment ne reste-t-il aucune trace de cette manufacture en pleine activité durant près de quarante années? Qu'entendait par dépendances son contemporain l'abbé Lebeuf? Etait-ce le parc, le domaine ou le duché de Villeroy? Les archives notariales seraient sans doute intéressantes à consulter, mais les archéologues savent combien ces recherches sont parfois rendues difficiles. Un précieux document, remontant à 1751, le terrier de Villeroy, (Pl. 1) que nous avons pu assez récemment acquérir, nous avait donné à penser que la fabrique de pâte tendre des derniers Ducs de Villeroy avait trouvé asile dans le parc, à moins de cent pas des communs de la demeure seigneuriale: à Vincennes et à Bagnolet, n'était-ce point dans l'enceinte même du château qu'était la manufacture du Roi ou celle du duc d'Orléans? Voici ce qui nous avait amené à faire cette supposition: ce terrier se compose de 79 feuilles de plans et chacun est accompagné de mentions ou de légendes explicatives, hormis pour le plan spécial au parc et au château, et, malgré un examen minutieux de toutes les parties de ce terrier, nous n'avions rien trouvé qui pût nous éclairer. On voit le château, on devine aisément les communs principaux, les pavillons des concierges ou des intendants, mais nombre d'autres constructions restent sans attribution évidente; ce terrier ayant été établi de 1751 à 1767, si la fabrique de pâte tendre a vécu prospère de 1735 à 1773, nous voulions voir là, dans un groupe de bâtiments assez compact, les dépendances de la maison de Villeroy, la maison dépendante du château, et les petites maisons dont parlèrent successivement Lebeuf, Millin et Brongniart. Ce n'était, il est vrai, qu'une hypothèse lorsque, l'hiver dernier, des travaux entrepris pour ouvrir, dans le parc reboisé, quelques larges avenues, ont amené au jour des débris fort curieux. Ce fut d'abord un morceau grand comme la main, de pâte à (1) Les auteurs nous disent que ce changement de directeurs dut se produire vers la fin de 1747.
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 +|**UCAL_$B769654_00000054**| 24 - porcelaine fort dure, cuite assurément à une température très élevée, puis, le lendemain, un manche de couteau brisé, n'ayant point reçu sa couverte cristalline et portant en bleu la marque DV que la bague devait recouvrir. Le décor est en camaïeu d'un bleu foncé et de style Louis XV (Pl. 2). Les jours suivants d'autres manches de couteau, des pommes de cannes, avec ou sans décor, presque tous sans couverte, furent trouvés par les ouvriers, ainsi que plusieurs tessons de creusets," faits de terre jaune ou rouge; à l'un de ces creusets est même resté attaché le fond d'un objet en porcelaine ou plutôt un support. Ce qu'on rencontra le plus fréquemment ce furent des scories bleues et verdâtres provenant de briques à demi vitrifiées. En outre, des morceaux de calcaire naturel très blanc, en assez grand nombre, furent trouvés çà et là parmi les plâtras et les débris de briques. Nous avons pu, grâce à l'obligeant concours de M. G. Vogt, directeur des Travaux Techniques à la Manufacture Nationale de Porcelaine de Sèvres, connaître la composition exacte de la pâte d'un de ces manches de couteau. Elle diffère très peu de la composition des pâtes similaires de Sèvres et de St-Cloud. Renfermant moins de silice et plus de potasse et de soude, elle devait se cuire à une température moins élevée. Voici cette analyse et celles des pâtes similaires de St-Cloud et de Sèvres : Villeroy St Cloud Sèvres Silice 69.79 76.58 75.80 Alumine 4.78 2.37 1.89 Oxyde de fer 1.24 I.II 0.46 Acide titanique 0.20 » » Chaux 12.71 12.18 13.54 Potasse 3.29 2.22 3.54 Soude 5.43 4.09 2.63 Magnésie 1.86 0.88 1.36 Oxyde salin de manganèse 0.07 traces traces Chlorure de sodium 0.34 Acide sulfurique » 0.41 Perte au rouge vif I.10 1.22 » 100.47 100.65 99.97
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 +Héliog. Dujardin Imp Ch.Wittmann POMMES DE CANNES FT MANCHES DE COUTEAUX trouves dans le parc de Villeroy
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 +|**UCAL_$B769654_00000057**| — - 25 Le plan terrier de 1751 ne faisant figurer à l'endroit précis de ces découvertes aucun bâtiment, il est hors de doute qu'on s'est servi de ces gravats pour créer, entre les communs nouvellement remaniés et l'extrémité du parc vers Mennecy, la longue terrasse qui subsista jusqu'à 1896. Il est tout à fait improbable qu'on eût été chercher au loin, en dehors du parc, les quelques centaines de tombereaux de terre nécessités par ce travail. Les petits bâtiments démolis entre 1773 (date de l'arrêt de la manufacture de porcelaine) et la Révolution, étaient distants de cent pas environ des fouilles que nous avons faites. Il était donc fort naturel de charrier là les gravats de la manufacture dont les pierres servaient sans doute en partie à élever les murs de soutènement. Certes, nous n'avons pas ici une preuve aussi palpable qu'un plan authentique ou une minute notariale; en leur absence, nous croyons néanmoins que la question de savoir où était la fabrique de pâte tendre de Mennecy-Villeroy a fait un grand pas. Aymé DARBLAY.
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 +|**UCAL_$B769654_00000058**| UN BAIL SOUS LA RÉVOLUTION Il est peu de villes en France où le vandalisme se soit autant donné carrière qu'à Corbeil; le siècle qui va finir aura eu le triste privilège d'y voir détruire, sans nécessité apparente, presque tous les anciens monuments. C'est ainsi qu'ont disparu, l'une après l'autre, les églises Saint-Jacques, Notre-Dame, Saint-Léonard, Saint-Guenault qui, toutes, dataient des environs du XIIIe siècle (1). A cette sombre liste, on pourrait encore ajouter Sainte-Geneviève des Récollets et la chapelle de l'Hôtel-Dieu, qui avait été précédemment celle des Religieuses augustines. De toutes ces pertes que Corbeil a subies, la plus regrettable est celle de l'Église Notre-Dame, la plus belle entre toutes par sa richesse architecturale, et qui remontait à la fin du XIIe siècle, c'est-à-dire à l'époque dite de transition. Nous ne pouvons aujourd'hui nous occuper longuement de ce bel édifice, mais en attendant une description plus complète que nous espérons donner quelque jour, nous nous contenterons de citer un document de l'époque révolutionnaire, qui est intéressant pour l'histoire de l'Église Notre-Dame. Comme les autres églises, celle-ci fut fermée à la révolution et devint bien national; on en fit simultanément un magasin à fourrages, un corps de garde, une salle de danse et un théâtre où les forains donnaient leurs représentations. A la suite d'une pétition de la Société populaire, intervint un arrêté (2) des représentants en mission dans le département de Seine-et-Oise, Lacroix et Musset, par lequel la ville de Corbeil était autorisée à «< changer les cy-devant églises St-Spire et Notre-Dame, << la première en temple de la raison régénérée et maison d'apos- (1) L'église Saint-Jacques a été détruite en 1803, Notre-Dame en 1821; SaintLéonard et Saint-Guenault n'ont disparu que tout récemment, depuis 1885. (2) Cet arrêté porte la date du 20 frimaire an II.
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 +|**UCAL_$B769654_00000059**| 27- - << tolat révolutionnaire, et la seconde en maison commune et autres << établissemens d'utilité publique ». En conséquence de cet arrêté, la ville loua l'église Notre-Dame à un nommé Clergé, par un bail en date du onze brumaire an IV, auquel nous faisons les quelques emprunts qui suivent. A. D. Entre nous Commissaires du Conseil général de la Commune, nommés par délibération du 6 brumaire présent mois, à l'effet de faire la visite et estimation du prix de bail à loyer des lieux cy-après désignés........ d'une part, Et Henry Magloire Clergé, garde-magasin des fourrages de la République....... d'autre part, Sommes convenus de ce qui suit, c'est à savoir que nous, Commissaires soussignés, avons donné à bail audit nom, pour le temps et espace d'un an qui a commencé à courir du 1er novembre 1795 (vieux stile) pour finir à pareil jour dans un an, audit citoyen Clergé, tant pour lui qu'au dit nom, un bâtiment sis en cette ville de Corbeil, dit la cy-devant église Notre-Dame. Le bail est fait à la charge par le citoyen Clergé de laisser subsister le retranchement pratiqué en mauvaises planches à l'entrée de la dite église, par la porte à droite et servant quelquefois de corps de garde, pour par la municipalité en disposer à tout événement, laissant ledit Clergé le maître de la faire clore plus exactement s'il le juge convenable; d'observer un espace de six pieds au moins entre ledit retranchement et les fourrages à emmagasiner dans ledit édifice, pour prévenir les accidens qui pourraient résulter de leur proximité. Ce bail est fait en outre moyennant le prix et somme de deux mille quatre cens livres pour l'édifice cy-devant Notre-Dame, qui seront payées par quartiers de trois mois en trois mois, et pour la pleine et solide exécution d'icelui, le citoyen Clergé s'oblige de le faire accepter et ratifier sous huitaine par le citoyen Bernard, directeur de l'agence des fourrages à Paris, ainsi que nous, Commissaires susdits, nous engageons pareillement à le faire ratifier par le Conseil général de cette commune. Fait et passé en double entre nous et sous nos signatures privées, à Corbeil, le onze brumaire l'an quatrième de la République française une et indivisible. Signé : LECLERC Officier municipal. CLERGÉ. COUSIN-LONGCHAMPS Agent national de la Commune, L'un des Commissaires du Conseil général. 4
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 +|**UCAL_$B769654_00000060**| UNE AUTOBIOGRAPHIE L'ABBÉ J.-A. GUIOT 1739-1807 L'ancienne église de Saint-Guenault de Corbeil, détruite dans ces dernières années, datait du XIIIe siècle. Elle dépendait de la puissante abbaye de Saint-Victor de Paris et était desservie par des religieux de cet ordre. Le titulaire avait le titre de PrieurCuré de Saint-Guenault.. Depuis la fin du XIIe siècle, soixante Prieurs se succédèrent dans. ce bénéfice-cure. Le soixantième et dernier, celui dont nous nous occupons ici, était Joseph André Guiot, né à Rouen le 31 janvier 1739 et mort Curé de Bourg-la-Reine, le 21 septembre 1807. C'était un homme d'une rare érudition et très versé dans la littérature et surtout dans la poésie latine. Il a laissé de nombreux écrits qui sont, pour la plupart, restés manuscrits. Il écrivait d'ordinaire sur de gros registres in-folio qui ont été dispersés après sa mort. La bibliothèque de Rouen en possède huit (1). Il y en a plusieurs aux Bibliothèques nationale et Sainte-Geneviève; celle de Caen en possède trois, deux autres se trouvaient dans la Bibliothèque de Sir Thomas Philipps, à Cheltenham (Angleterre), dispersée depuis peu. La Bibliothèque de Corbeil possède aussi un de ces registres qu'elle a obtenu en 1884, à la suite d'un échange avec la Bibliothèque nationale. C'est dans ce dernier que nous avons trouvé la biographie de Guiot, écrite de sa main, sous le titre de Mémoires olographes. En publiant cette autobiographie dans notre bulletin, nous croyons rendre un pieux et reconnaissant hommage à cet homme de bien qui s'est beaucoup occupé de l'histoire de notre pays et (1) Bibl. de Rouen, Fonds Coquebert de Montbret.
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 +|**UCAL_$B769654_00000061**| -- - 29 - qui nous en a laissé tant de travaux intéressants, dûs autant à son érudition qu'à ses recherches incessantes. Mais cette biographie n'est pas complète et ne pouvait pas l'être, l'auteur paraissant bien l'avoir écrite vers 1794, à en juger par les chiffres qu'il a indiqués dans sa propre épitaphe, insérée à la fin de son travail. Nous croyons donc utile de la compléter à partir de cette époque, en remontant même un peu au-delà, car cette période de la vie du Prieur de Saint-Guenault n'a pas été la moins mouvementée de son existence: en effet il fut assailli par des tribulations sans nombre, conséquence des temps troublés de la Révolution. Ce fut en mai 1785 que Guiot vint à Corbeil; son Prieuré tombait alors en ruines et il en entreprit la reconstruction; l'Abbaye de Saint-Victor l'aida un peu, mais la plus grande partie de la dépense resta à sa charge et il y employa plus même qu'il ne possédait. Les bâtiments venaient d'être achevés quand éclata la Révolution ; le département s'empara du nouveau Prieuré pour en faire le siège du district. Guiot, chassé de sa demeure, obtint cependant, après de nombreuses démarches et formalités, une indemnité de 12,000 fr. dont il ne toucha jamais un sou; on consentit seulement à indemniser les ouvriers qui n'étaient pas entièrement soldés. Après avoir longtemps servi de Sous-Préfecture, ce bâtiment, acheté par la Ville en 1864, est devenu l'Hôtel-de-Ville actuel. Privé de son Prieuré et de son église, dont on avait fait une prison, Guiot occupa ses loisirs forcés par des recherches historiques sur notre contrée, qui donnèrent naissance aux nombreux écrits qu'il nous a laissés. Il remplit encore plusieurs fonctions publiques: officier municipal de 1790 à 1792, il fit aussi partie du Conseil d'administration de l'Hôtel-Dieu. Mais il s'occupa surtout très activement de l'organisation de la Bibliothèque communale de Corbeil, formée alors d'emprunts faits aux maisons religieuses et à celles des émigrés. Mais ces fonctions et occupations étaient tout honorifiques et le pauvre Victorin, qui ne touchait plus aucun traitement et qui avait épuisé ses ressources pour la reconstruction de son Prieuré, en arriva à se trouver sans moyens d'existence. C'est alors qu'il sollicita et obtint l'emploi de Vicaire de la paroisse de Notre-Dame de Melun. Ses lettres de pouvoirs sont datées du 9 janvier 1793 et
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 +|**UCAL_$B769654_00000062**| - 30 - signées du citoyen Pierre Thuin, évêque de Meaux. Ce ne fut pas à Melun, hélas ! que le pauvre Abbé Guiot trouva la tranquillité et le repos, car il fut bientôt persécuté, dénoncé et finalement incarcéré comme suspect, le 1er novembre de cette même année, dans la prison dite de St-Jacques. Il écrivit alors des mémoires justificatifs qu'il nous a conservés et qui ne paraissent pas avoir hâté sa délivrance, car de Melun il fut transféré à Fontainebleau, dans une partie du château, transformée en prison. Le savant était chez lui doublé d'un philosophe, il le prouva en écrivant sur ce voyage un poème latin, presque humoristique, en trois chants, sous le titre suivant: Melodunensium iter curule Bellaqueum ad fontem, pedestre carmen ad sodales. Ce poème, resté manuscrit, est accompagné de notes nombreuses et de morceaux de poésie française, dont le suivant, relatif au Palais de Fontainebleau, montre le talent et le genre d'esprit de l'auteur: N'attandés donc ni plan geométrique, Ni récit amphatique, Des beautés d'un palais qui n'est plus ce qu'il fut, Mais sa métamorphose En prison affligeante, où l'on met au rebut Des citoïens que l'on suppose Pouvoir nuire au salut De la chose publique. Avant chaque captif civique, Il n'étoit point de corridor Qui ne comptat plus d'un esclave antique Chargé de chaînes d'or Sur les pas d'un chef despotique Dont il bénissoit encor Le pouvoir tyrannique. Aujourd'hui d'autres prisonniers Ont remplacé les premiers, Ce sont des citoiens libres, ou croïant l'être, Dont la plupart n'ont d'autre maître Que la loi de l'Etat, que l'austère devoir.
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 +|**UCAL_$B769654_00000063**| ---- -- 31 Guiot fut ramené à Melun et mis en liberté au commencement de Germinal an II, sur la recommandation du citoyen Maure, représentant du peuple. Le 5 Nivose an III (25 décembre 1794), il obtient un certificat de civisme qui lui est délivré par le Conseil général de Melun. Sa qualité de prêtre l'ayant empêché d'obtenir l'emploi désiré de bibliothécaire de la ville de Melun, il demanda à revenir à Corbeil; mais à peine arrivé dans cette ville, il fut encore dénoncé comme suspect et emprisonné de nouveau, cette fois dans sa pauvre église St-Guenault, changée en prison. Sa détention à Corbeil lui parut plus pénible encore que les précédentes; c'est avec amertume qu'il s'en exprime ainsi en parlant de son ancienne église : « Je m'y suis vu préparer des fers dans mon propre domicile et « j'y ai éprouve les plus étonnantes vicissitudes de la fortune.. « C'étoit peu de m'en avoir dépouillé: Là même où je m'étois vu << environné de vrais croyans aux saints mystères que je célébrois « pour eux, là je me suis trouvé confondu avec les malfaiteurs, << comme coupable des mêmes excès. Ah! que m'avoit été bien << moins dur mon esclavage à Melun et à Fontainebleau ! J'étois << presque étranger à ceux qui m'y avoient 'condamné; mais à << Corbeil, mes titres de Citoyen et de propriétaire ont beaucoup « ajouté à la dureté de mon sort. » Peu après il fut transféré dans les prisons de Versailles et nous trouvons, dans le manuscrit qui nous occupe, une note du gardien de la prison de cette ville qui constate que le citoyen Guiot vient d'être mis en liberté provisoire « sous le cautionnement du citoyen Stocard ». Cette note est datée du 5 germinal an IV (25 mars 1796). Six jours après, le tribunal de Versailles rendait le jugement suivant: « Le citoyen Joseph André Guiot, ministre du Culte catholique, demeurant à Corbeil, prévenu de contravention à la loi du sept vendémiaire dernier sur la police extérieure du culte, a été renvoyé des demandes du Commissaire du pouvoir exécutif et mis à l'instant en liberté. » Guiot revint de suite à Corbeil où le culte avait été rétabli dès le mois de Juin 1795. Sur la demande d'un certain nombre d'habitants, il fut désigné pour remplir les fonctions de Curé dans l'ancien temple de la raison, redevenu l'église Saint-Spire. C'est
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 +|**UCAL_$B769654_00000064**| - - - 32 - là que Guiot, sorti pour un temps de ses épreuves, se consacra à son ministère en essayant de réparer dans Saint-Spire les ruines accumulées par la Révolution. Mais son installation n'avait pas été régulière et, de plus, il avait, pendant la Terreur, prêté le serment exigé des prêtres; aussi, quand arriva le Concordat en 1802, il dut résigner ses fonctions et céder la place à un successeur. Il se retira alors à Paris, en novembre 1802, et fut attaché pendant deux ans, comme prêtre habitué, à la paroisse Saint-Nicolas du Chardonnet.
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 +L'Abbé GUIOT d'après son ex-libris. En 1804, l'Archevêque de Paris l'appela à la Cure de Bourg-laReine, et ce fut là qu'il termina, trois ans plus tard, le 21 septembre 1807, une existence qui avait été si agitée et si tourmentée. Malgré tant de traverses, elle n'en a pas moins été très utile par les nombreux travaux qu'il a laissés et qui lui ont assuré une place honorable dans l'estime du monde savant. Par ce qu'il a fait, on peut juger de ce qu'il aurait pu produire s'il avait vécu à une époque moins tourmentée. Nous aurions voulu joindre à cette notice déjà longue la bibliographie des travaux manuscrits et imprimés de l'abbé Guiot; le temps et la place nous manquant, nous en ferons l'objet d'un
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 +|**UCAL_$B769654_00000065**| 33 nouvel article qui sera inséré dans un de nos prochains bulletins. Nous laissons donc la parole à l'éminent Victorin pour nous raconter sa vie jusqu'en 1794 ainsi qu'il l'a écrite dans son manuscrit. A. D. Mémoires olographes du 60° et dernier Prieur-Curé de Saint-Guenault, à Corbeil. Plusieurs personnes ont donné leur propre vie au public. StGrégoire de Nazianze l'a fait dans un long poëme à la tête de ses poésies, dans lesquelles il revient souvent à son histoire. Huët, évêque d'Avranches, a composé un ouvrage de rebus ad eum pertinentibus. Beaucoup d'autres les ont imités, même des femmes; et leurs écrits, sous le nom de mémoires ou de confessions, sont assés connus. Ils ont écrit sans affectation, et seulement pour l'amour de la vérité. C'est dans ces mêmes dispositions qu'on a mis sur le papier ce qui suit. Urbain IV étoit né à Troyes, dans une des plus basses conditions, et les biographes ne l'ont pas dissimulé à son article, ni à celui de tant d'autres, comme Jean Baluë, J. Bapt. Rousseau à Paris, etc., dont la naissance n'étoit pas plus relevée. Telle fut aussi l'origine de Joseph-André Guiot à Rouen le 31 janvier 1739. Ses père et mère étaient de Jumièges, et sont morts dans cette ville après avoir été près d'un demi siècle au service d'une petite paroisse ditte de St Cande le Jeune. C'est dans cette Église et comme à l'ombre de l'autel qu'il fut élevé. Alors en étoit curé Pierre Auber, à qui une éducation à peu près semblable rendit cher cet enfant, dont il voulut être le premier maître dans le chant et la musique qu'il possédoit parfaitement. Les dispositions de son élève lui en firent découvrir pour d'autres sciences, et afin de l'y former, il le mit en d'excellentes mains en le confiant à Louis Morizet, un de ses parens, et Maître-ès-arts en l'université de Paris. La détresse des tems obligea d'économiser, en préférant les répétitions gratuites du séminaire de St-Nicaise. On perdit beaucoup au changement, et l'enfant se trouva au dessous du médiocre, au milieu de ses humanités. Il revint à son premier instituteur, et sa rhétorique fut marquée par des succès. Dès auparavant le maître avoit cru pouvoir abandon-
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 +|**UCAL_$B769654_00000066**| - 34ner le disciple à lui-même, sauf à le redresser, s'il venoit à s'écarter; et cette liberté, loin d'être un écueil, fut au contraire l'époque d'une application constante qui ne se démentit jamais. Elle fut même portée si loin, qu'on étoit obligé de le surveiller pour l'empêcher de passer les nuits à l'étude. On doit juger par là si le jeu, la promenade, ou autre dissipation étoient et pouvoient être du goût du laborieux adolescent. C'étoit à des choses qui pouvoient exercer son industrie qu'il s'occupoit en forme de délassement, comme l'hydraulique, machines et décorations ecclésiastiques surtout, ce qui déceloit son penchant pour un état qu'il s'est souvent félicité de n'avoir embrassé par aucune considération humaine. Il y fut irrévocablement fixé par le soudiaconnat en septembre 1760, sous et par Mgr de la Rochefoucaud, son métropolitain. Il fut ordonné diacre à Lizieux, pour Noël, en 1761, et reçut la prêtrise à Meaux, la veille de la trinité de 1763. Le vicariat de la paroisse natale l'attendoit à son retour, et il le desservit pendant environ trois ans. Les détails qu'il exigeoit, avec un curé toujours infirme, empêchant le jeune prêtre de se livrer à l'étude, dont il sentoit de jour en jour le charme et le besoin, l'obligèrent de quitter cette place en 1765, sans toutefois refuser ses services au même troupeau. Trois autres années à peu près se passèrent ainsi dans l'application à l'étude et dans l'exercice de la chaire. Quelques nuages s'élevèrent sur des jours si tranquilles et si heureux, et malgré les plus fortes attaches, il préféra le séjour de la capitale du Royaume à celui de Rouen, et se retira à Paris en juin 1769. La Providence le plaça dans une des premières paroisses (à St-Roch) et il ne tarda pas à s'y distinguer parmi les plus zélés ecclésiastiques. Son goût pour l'étude et par conséquent pour la retraite y étoit cependant trop contrarié par les charges du ministère, pour ne pas chercher une situation plus analogue à cette inclination dominante. L'abbaye de St Victor lui parut préférable à toute autre communauté, et il s'y ensevelit en février 1772, la veille de St Mathias. Il aimoit souvent à rapprocher les circonstances de sa naissance dans une paroisse anciennement de St-Victor, séjour d'un autre martyr aussi célèbre (St Ignace d'Antioche), avec le second batême qu'il se disposa à recevoir par la profession Religieuse, la vigile d'une fête d'apôtre. Jamais année de sa vie ne lui parut si courte, ni si paisible que celle de son Noviciat. Il n'en fut pas plutôt sorti comme disciple, qu'il y entra comme maître et directeur de la jeunesse,
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 +|**UCAL_$B769654_00000067**| - --- 35 par l'ordre de ses supérieurs. Il le quitta, malgré eux, au bout de dix-huit mois, pour trouver plus parfaitement ce qu'il avoit toujours désiré, la jouissance de lui-même. Son désintéressement servoit merveilleusement l'ambition de ses confrères, et il ne fut remis que longtemps après en place; mais ce fut celle dont l'octroi honnoroit d'avantage ceux qui le firent et celui sur lequel il tomba. Il s'agissoit de la garde de la bibliothèque. Nourri de livres toute sa vie, au milieu de ceux qu'il avoit eus en grand nombre à Rouen, il ne se trouva point étranger dans l'antique musée de St Victor. Cette bibliothèque étoit alors partagée en deux corps séparés et fort éloignés l'un de l'autre. Le premier soin du nouveau bibliothécaire fut de réunir cette immensité de volumes sous une même clef, et si l'ordre qu'il y mit n'étoit pas absolument le meilleur, du moins il n'étoit pas sans exemple, et il eut subsisté, si lui-même n'eut pas quitté ce poste honorable pour un prieuré-cure à Corbeil-sur-Seine. Il falloit qu'il eut de grandes raisons pour en agir ainsi, et sacrifier l'objet de sa plus chère inclination. Ce fut en may 1785. Une vaste masure à détruire, un plus vaste édifice à élever, tout à créer et à payer, telles furent les charges du nouveau bénéficier. Il étoit sur le point de jouir de ses travaux, lorsqu'arriva la Révolution de 1789 qui l'en priva entièrement. (1) La variété des lieux et des situations où s'est trouvé le prieur de St Guenault, celle des fonctions et des devoirs qu'il s'est toujours picqué de remplir avec exactitude, ont décidé des différentes sortes de compositions dont il s'est occuppé durant sa vie. Le cours des études ordinaires étant fait de très bonne heure, il se trouva engagé à se tourner du côté de l'éducation, mais il ne consentit à en suivre que de particulières, et après en avoir fait ou plutôt achevé deux domestiques, il composa un poëme intitulé Aristopædia, à l'instar et en forme de supplément à la padotrophie de Ste Marthe et à la callipédie de Claude Quillet. Si cet ouvrage manque d'une certaine perfection, c'est que le temps et les conjonctures n'ont jamais permis à l'auteur de la lui donner. Auparavant et durant le cours de ces éducations privées, il avoit (1) Le Prieuré de St-Guenault que l'abbé Guiot venait d'édifier, était une très importante construction qui existe encore, à peu près dans son état primitif. La première pierre en fut posée le 1er septembre 1785; elle contient, sur une plaque de cuivre, une longue inscription terminée par six vers latins. (N. de la R.)
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 +|**UCAL_$B769654_00000068**| - - 36 - formé à l'usage de ses élèves et à celui des collèges un recueil de poésies françoises traduites en vers latins, à l'exemple de feu l'abbé Saas, chanoine de Rouen et son ami, lequel, en 1738, en avoit publié un semblable, mais moins étendu et moins méthodique que celui-ci, qui cependant est resté manuscrit, quoique plusieurs fois accepté par les libraires pour l'impression. De là, élancé dès la prêtrise et même antérieurement dans la carrière évangélique, d'assés nombreux discours furent le fruit de son application; mais il ne conserva que ceux qui pouvoient entrer dans les stations qu'il prêcha pendant près de 20 ans à Rouen et à Paris. Pour y réussir, il s'étoit fait un répertoire de tout ce qui pouvoit lui servir dans ses sermons; et persuadé qu'il pourroit être un jour de quelque utilité à d'autres, il y a ajouté des tables, pour en donner la clef. Ce gros in-folio a pour titre: Tyrocinium apostolicum. Dans sa jeunesse il avoit aimé à suivre les prédicateurs, surtout les Etrangers, et c'est autant aux pieds des chaires qu'il s'étoit instruit et formé, que dans les livres, c'est-à-dire dans l'Ecriture et les Pères; car c'est une chose vraye, quoique difficile à croire, les sermonaires, dont il avoit néanmoins un très grand nombre, n'étoient pas ceux qu'il lisoit le plus, et il leur préféroit les ouvrages ascétiques. Son système étoit de ne copier personne; et il eut craint qu'en se rendant trop familiers les anciens prédicateurs, il n'adoptât presque malgré lui leurs plans et leurs descriptions. Arrivé dans la capitale avec la plus haute idée de ceux qui s'y distinguoient dans la prédication, il n'en eut pas moins d'ardeur à les entendre, et pas une des listes où leurs noms s'inscrivoient à chaque année ne lui échappa. Ce catalogue s'étant grossi au bout d'un certain tems, il en fit un manuel qui pouvoit être agréable au public, en rédigeant son indicateur apostolique, in-4º de 358 pages. Ce livre étoit approuvé à la censure, lorsque vint à mourir Mgr de Beaumont, archevêque de Paris. Ce contretems fit perdre courage au rédacteur, et le recueil ne parut point. Une autre nomenclature de cette espèce manquoit au diocèse: c'étoit un almanach ecclésiastique différent de celui connu sous le nom d'almanach spirituel, et beaucoup plus détaillé. Ce qui regarde l'Église de Paris est à la vérité répandu dans diverses éphémérides, telles que l'almanach Royal et la France ecclésiastique, mais tout ce qui a trait à l'Église et au diocèse de Paris ne s'y trouve pas et il
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 +|**UCAL_$B769654_00000069**| - 37 se proposa de le renfermer dans un petit ouvrage exprès dont le succès lui paroissoit assuré. Déjà l'histoire du diocèse par l'abbé Lebeuf avoit été abrégée dans ce dessein, lorsque le désastre arrivé dans le Clergé en 1789 fit avorter ce projet et abandonner encore cette entreprise. Toute espèce de lectures avoit servi à la compilation apostolique, dont on a fait mention ci-dessus, mais surtout celle de l'Ecriture sainte. La moisson parut si abondante dans ce seul champ, qu'il en sépara tout ce qui pouvoit entrer dans la composition de ses sermons, pour en faire à part un recueil intéressant pour les savans, sous le titre de Bible des gens de lettres, grand in-folio. Ce n'étoit au fond qu'une extension d'une partie de la bibliothèque sacrée du P. Lelong; le bibliographe avoit oublié ou ignoré quantité de poésies sacrées relatives à son sujet, et c'est comme pour réparer cette négligence, que l'auteur Victorin s'est tracé un plan différent pour embrasser mille choses importantes que ne renfermoit pas celui de l'oratorien. Un ouvrage plus complet et sorti de la même plume est la traduction de l'avertissement de Vincent de Lérins. Il avoit été entrepris à la sollicitation de M. Bégile, ancien Supérieur du Séminaire de St Nicolas du Chardonnet à Paris, qui avoit dessein de faire entrer cette nouvelle version dans deux volumes de pièces polémiques en faveur de la religion. La poésie, on l'a déjà dû remarquer, étoit un des premiers talens du prieur de Corbeil. Après s'être essayé sur des sujets de peu d'étendue, il en embrassa de plus longue haleine; deux ébauches de poëmes épiques, l'un sur la ruine de Jérusalem, l'autre sur la Conception de la Vierge, en sont la preuve. Il n'a manqué que des lecteurs au poëte pour mettre l'un des deux en ordre et à exécution. Le canevas du premier est le plus avancé; et cependant c'est au second qu'il se fut attaché de préférence, s'il n'eut pas été continuellement détourné par des affaires et des peines de toute espèce. L'hymnographie, dont il a commencé un traité, eut toujours pour lui beaucoup d'attraits. Elevé dans l'Eglise et sans cesse employé au culte divin, le chant, dans lequel il passoit pour exceller, lui parut toujours trop peu de chose, s'il n'étoit pas accompagné d'images et d'expressions dignes de la Religion et de ses mystères. Et comme l'hymne demandoit moins de tems qu'un long poëme, il se livroit
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 +|**UCAL_$B769654_00000070**| 38 - -― plus facilement à son génie, quand il se présentoit quelque occasion de l'exercer. On canonisoit à Paris la bienheureuse de Chantal en 1772, aussitôt il voulut payer son tribut à la nouvelle sainte, et il renferma, toute sa vie dans un certain nombre d'hymnes pour toutes les parties de son office. Un de ses plus dignes amis l'invite à prêcher le Rosaire dans une de ses paroisses seigneuriales; de nouvelles hymnes furent composées pour cette solemnité, partie au château d'Acquigny, partie en retournant à la capitale. Une autre occasion de travailler en ce genre l'y attendoit: le feu curé de St Roch vouloit établir une fête en l'honneur du triomphe de la foi, le Victorin fut prié d'en composer les hymnes, mais sa mauvaise étoile voulut que d'autres lui fussent préférés. Il eut toutefois le mérite de leur avoir tracé la route; et la comparaison des hymnes imprimées avec les manuscrits feroit voir ce que les vainqueurs doivent à leur rival. Une troisième collection, pareille aux précédentes, est celle des hymnes en l'honneur de St Spire, évêque de Bayeux et patron de Corbeil. Il s'agissoit d'effacer le P. Gourdan, auteur de celles usitées dans la collégiale du nom depuis 1715; et longtems il respecta les productions de son pieux devancier. A la fin néanmoins il céda â des invitations puissantes, et travailla à des hymnes nouvelles pour la fête du saint et pour la translation de ses reliques; il fit plus et, comme il étoit question d'une dévotion publique et populaire, il mit le tout en vers françois sous le titre de cantiques. Les airs exigeoient de la gravure, il n'eut pas recours à d'autre art pour en imprimer les paroles. Ce cahier est in-8°, la musique en est exacte et soignée. Une neuvaine d'exercices pour chaque jour, dans l'octave de la translation de St Spire, fut aussi composée dans le même esprit; il n'attend pour sa publication qu'un tems plus favorable et plus tranquille. Dans l'intervalle de ces divers essais, le studieux solitaire avoit entrepris de mettre en vers latins l'Imitation de Jésus-Christ. Il ne connoissoit que la traduction de Boisguibert lorsqu'il y pensa et il ne désespéra pas de faire mieux. Ce fut dans ses promenades aux Thuilleries et à l'ancien palais royal qu'il traduisit le premier livre. Le second le fut dans le jardin de St Victor durant son noviciat. Il versifia à la même époque la règle de St Augustin dont il alloit faire profession et il l'intitula: Horologium augustinianum. La prédication qu'il reprit en 1773 et la connoissance qu'il eut d'une
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 +|**UCAL_$B769654_00000071**| -- - 39 seconde version poétique de l'Imitation par un bénédictin, lui firent interrompre ce travail, malgré le désir de finir les deux autres livres, le quatrième surtout dont il n'a traduit qu'un seul chapitre. Quelque tems après (en 1776), la société littéraire de Rotterdam publia un programme sur l'horreur que Dieu a du péché. Ce sujet fut traité en vers élégiaques par l'auteur des poésies précédentes et imprimé au burin, comme depuis les cantiques de St Spire. Sa dévotion constante à la Vierge lui fit rassembler avec soin tous les faits qu'il a rangés par dattes dans un Parthénologe, et tous les magnificat en vers latins et françois, pour enrichir un livre de méditations, partagées en autant de chapitres qu'il y a de versets à ce cantique. Il n'étoit pas encore bibliothécaire de St Victor lorsque, d'une station à l'autre, il se mit à un travail bien différent des précédens, en continuant la France littéraire, commencée par Duport du Tertre et suivie par l'abbé de la Porte. Le 4º volume parut presque la re année de sa gestion dans cette place (en 1784), et ce fut comme son morceau de réception. Le changement d'Etat et plus encore les troubles civils ont depuis éloigné jusqu'à l'idée de refondre un ouvrage, jugé jusqu'alors essentiel dans la littérature françoise. Le goût de l'histoire ne paroissoit guère devoir être dominant dans le poëte et le prédicateur, mais il se développa du moment qu'il eut intérêt à faire des recherches pour sa propre instruction. La place de juge, puis de secrétaire, qu'il occupa dans l'Académie de l'Immaculée Conception, à Rouen, où il avoit été plusieurs fois couronné, le mit dans la nécessité de travailler aux antiquités de cette compagnie, et son éloignement ne put jamais ralentir son zèle et son dévoûment. A défaut de matériaux pour en composer l'histoire, il recueillit tout ce qui pouvoit avoir rapport à celle de la ville et de la province dont cette association étoit le premier lycée, de manière que le nombre de ses mémoires s'étant accru, il se mit à les classer, pour en faire avec le tems un corps complet d'histoire. Aucune partie toutefois n'a pu être traitée de suite, ni avec assés de perfection, à raison des évènemens publics et particuliers qui ont amené tant de changemens dans les choses et les conditions. Il n'y a peut-être que la partie littéraire qui pourroit être fondue avec quelque succès et, d'une
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 +|**UCAL_$B769654_00000072**| - - 40 autre part, que l'histoire de l'Académie de la Conception qui soit avancée. Dans la province, c'étoit Rouen et sa plus ancienne Académie qui l'attachoient et faisoient l'objet de ses recherches, et ce soin ne perdit rien de son activité étant à Paris. Elle fut même d'autant plus grande qu'il avoit plus de secours pour réussir dans son entreprise. I alla plus loin, et les deux communautés où il fut successivement admis devinrent également l'objet de son application. De là, un projet d'histoire de la paroisse de Saint-Roch, dans le goût de celle de Saint-Jacques-la-boucherie par l'abbé le Vilain. De là, celui d'une réforme générale de l'ouvrage du P. Gourdan et la vie de ce vertueux Victorin, puis un poème latin sur St Victor, invoqué à Marseille, à Paris, à Rouen etc. (Victoriados libri tres); autant de divisions qu'il se proposoit de remplir, et dont on trouve les matériaux dans le Dictionnaire des chanoines réguliers de Saint Victor (in-folio), et dans les mémoires particuliers sur le Prieuré et les Prieurs de Saint-Guenault à Corbeil. Il n'en fut pas autrement de son séjour en cette ville. Le nouvel intérêt qu'il avoit d'apprendre l'histoire du pays fut d'autant plus grand qu'y étoit lié celui de son temporel, et il fut bientôt en état d'instruire ses nouveaux concitoïens de leurs propres antiquités; et il le fit par un essay qui fût d'une utilité plus générale et à portée de tout le monde. Le nom d'almanach fut trouvé trop modeste, mais il n'en persista pas moins à garder cette forme, dans la suite des découvertes dont il se proposoit de faire part chaque année aux habitants de l'endroit. Les Fasti corbolienses furent conçus et entrepris dans le même dessein, et avec les mêmes matériaux, mais pour plaire à un petit nombre de savans. Une des raisons qui le décidèrent à tourner son talent de ce côté-là, fut l'impossibilité de completter les Fasti Rothomagenses d'Hercules Grisel dont il chercha en vain, plus de 30 ans, le dernier trimestre. Il se proposoit d'en donner une nouvelle édition, avec des supplémens à tout ce qui manquoit à ce poëme historique, depuis la mort de son auteur. Les devoirs d'état partageant singulièrement chaque journée étoient un obstacle à un travail suivi; ce qui restoit de temps ne suffisoit qu'à des recherches qu'on peut laisser pour quelques heures, sans que rien n'en souffre. Ainsi se sont formées, suivant les rencontres, toutes les compilations de mémoires et d'anecdotes
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 +|**UCAL_$B769654_00000073**| - -- 41 sur quantité de sujets utiles, ou seulement agréables. Ces derniers étoient spécialement dans le dessein de dissiper les nombreux chagrins qu'eut à essuyer le prieur de Saint-Guenault, dans tout le cours de sa vie, avant même le tems de la Révolution. Souvent il y eut succombé sans ces heureuses distractions. Il ne faudra donc point s'étonner de trouver dans ses papiers mille bagatelles, en apparence, dont l'ensemble devoit faire autant de petits ouvrages de pur agrément. Et c'est à cela qu'il faut rapporter ce qu'il a recueilli dans ses lectures, sur le diable, par exemple. L'histoire sous ce nom, traduite de l'anglois, lui paroissoit depuis longtems insuffisante, dans le système même de son auteur: il n'en fallut pas davantage pour chercher à l'étendre et la redonner au public avec des augmentations et des commentaires considérables. La destruction du Saint-Christophe de Notre-Dame de Paris fut une des principales occasions qui réveillèrent à la fois ses talens historiques et poétiques. Tout fut mis à contribution pour donner une nouvelle édition de l'Elégie de Saint-Christophe, publiée en 1784, in-8° de huit pages avec des notes. Une sainte, dont le nom étoit porté par une personne qui lui fut chère par devoir et par inclination, lui fit naître l'idée de faire également toutes les perquisitions possibles sur ce qui peut concerner la Madeleine, si connue dans le monde profane et chrétien. L'histoire naturelle ne pouvoit manquer de fournir une ample matière à un esprit de cette trempe, et parmi les singularités dont le choix pouvoit l'embarasser, le sien tomba sur l'âne et sur l'oye. Le recueil sur l'animal de Silène fut intitulé: Asinaria. Le frontispice pour l'oiseau du Capitole portoit Ansérologie. La Flora genialis, petit in-folio, qui se trouve avec les répertoires, sembleroit annoncer quelque traité de botanique, mais, ce n'est ni un livre latin, ni un mémoire sur les fleurs, c'est un assemblage de bouquets en vers pour toute l'année. Peu de tems auparavant avoit été fait le dépouillement de tous les noms de batême (sic) des grands hommes cités dans Moréri, Ladvocat, et leurs nombreux éditeurs, à dessein de ranger sous la bannière de chaque saint tous ceux qui avoient porté son nom. Cette réunion de cliens sous chaque étendard ne laisse pas d'être amusante à cause de la singularité des rencontres, ce qui pourroit bien donner un jour l'idée de nouveaux dialogues des morts. La compilation précédente et celle-cy ne devoient faire qu'un seul et même livre.
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 +|**UCAL_$B769654_00000074**| 42 - Un des ouvrages de goût, qui étoit le plus du sien, et dont il avoit toujours désiré de donner une nouvelle édition, étoit les Poemata didascalica donnés par l'abbé D'Olivet en 1749. Souvent il en avoit parlé à deux de ses amis, dont l'un, bibliothécaire de la Cathédrale de Rouen, avoit promis d'exécuter ce projet, lorsque l'abbé Guiot quitta cette ville; l'autre, bibliothécaire de Sorbonne, parut encore s'intéresser vivement à cette nouvelle édition. Cependant, ni l'abbé Mauger, ni l'abbé Deshoussayes n'eurent pas assés de loisir pour mettre les choses en état de satisfaire le désir du public éclairé. Ce dernier souhaitait avant de mourir que cette collection fut recommandée à son ami, M. de Couronne, l'un des secrétaires de l'Académie Royale de Rouen; et ses nombreuses notices lui furent en effet envoyées pour mettre le tout en œuvre sous le titre de Muse doctiores. Cet envoi n'opéra rien et tout le travail revint à son premier instigateur. Un peu d'humeur s'en mêla et la table générale de tous les poëmes didactiques dont on pouvoit avoir connoissance ne tarda pas à être dressée; elle forma un in-4° de près de 200 pages, et l'ancien nom a été conservé à l'ouvrage, Poemata didascalica, avec l'annonce du nouvel ordre qu'on y a mis: Gentilitio quælibet ordine digesta. Le pendant de cet ouvrage pourroit être une très ample collection de pièces de poésies sur les boissons, dont les premier articles lui furent confiés par un imprimeur de Paris (Nyon), pour completter et refondre le tout suivant les genres et les matières. C'est là que se trouvent quantité de pièces latines et françoises sur le vin, l'eau, le lait, la bière, etc.; la publication n'en est que retardée. Tel est à peu près l'usage qu'a fait de ses cinquante ans le dernier prieur de St Guenault, et des talens qu'il n'a cessé de cultiver durant un demi siècle. S'ils n'ont pas été couronnés par de plus grands avantages, c'est peut-être autant par indifférence pour la gloire et même pour la fortune que par la faute des circonstances, qui ne lui ont pas permis d'achever la plupart des sujets qu'il avoit conçus. Il pourroit être comparé à un homme qui veut toujours aborder à quelque rivage, et qui s'en trouve sans cesse éloigné par le gros tems, et manque de moyens pour manoeuvrer avec succès. Ses qualités personnelles ont plus fait le bonheur d'autrui que le sien propre. Il étoit naturellement timide, et ce n'a été qu'avec les plus grands efforts qu'il est parvenu à parler en public avec une certaine confiance: très réservé dans la société, il laissoit volon-
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 +|**UCAL_$B769654_00000075**| - - 43 tiers le champ libre aux autres, et s'il avoit quelque chose à raconter, c'étoit avec un laconisme qui rendoit bientôt le dez à ses auditeurs. Ennemi des gazettes et du jeu, ou plutôt d'une apathie étonnante pour l'un et pour l'autre, son rôle étoit bientôt rempli, surtout dans les grandes compagnies; il s'ouvroit plus aisément avec ses amis, et les vers de société qu'il accorda à leurs instances prouvent que pour être froid et silencieux, il n'en étoit pas moins capable de faire les honneurs de sa muse, et les agréments de la vie civile, quoique pourtant enclin à la causticité. Ce flegme habituel tenoit en grande partie à sa constitution physique; non qu'il n'en sortît pas quelquefois, soit pour le plaisir, soit par humeur; en ce dernier cas, l'explosion étoit forte et d'autant plus violente que le feu avoit été plus longtemps à s'animer. Ces sortes d'oublis au reste étoient rares, et son attention à se vaincre en tout, fortifiée par la religion, le rendit plus tranquille. Aussi l'épithète lui en fut souvent donnée, lors même qu'intérieurement il souffrit le plus des autres. Elle éclatta quelquefois, cette intolérance, et ce lui fut une source de chagrins amers qui se convertirent à la longue en leçons utiles, mais tardives, dont il sçut profiter pour son propre bonheur. La cause de la plupart de ses épreuves fut une dévotion peut-être outrée et mal entendue, après une éducation très soignée, du côté de la religion surtout. Ce fut la piété la plus tendre qui produisit en lui les premiers fruits. Ceux qui les avoient cultivés, les virent croître avec plaisir, tant que leur élève ne leur porta nul ombrage, mais une fois en place et dans le cas de leur dire au moins par son exemple quelle différence il y avoit entre eux et lui, dès lors commença l'envie, et une sorte de persécution. Il crut s'y soustraire en se retirant par la suite dans un cloître, et il se trompa : elle y fut plus vive et plus ouverte que dans le monde. Sa tête qui en avoit déjà été affectée le fut encore d'avantage, et le fruit de tant d'efforts et de vertus fut le relâchement et la tolérance. Falloit-il combattre trente et quarante ans, se disoit-il souvent, pour céder ainsi la victoire, et être réduit à s'écrier presque avec le Romain: Vertu, tu n'es donc qu'une chimère. Un de ses désirs les plus fréquens, comme un de ses regrets les plus vifs de ne l'avoir jamais satisfait, a été la fréquentation des spectacles. Les larmes solitaires qu'il versoit à la simple lecture de plusieurs pièces de théâtre prouvoient un fond de sensibilité 5
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 +|**UCAL_$B769654_00000076**| -- 44 qu'il eût peut-être été indiscret d'exposer à trop d'occasions et de combats. I pouvoit néanmoins prétexter, comme tant d'autres, l'avantage de se former à la déclamation, mais la délicatesse de la conscience, la crainte du scandale et le respect humain s'y opposèrent constamment, et il le disoit quelquefois à ceux qui lui reprochoient sa simplicité: Je ne connois point Babylone et ne l'ai jamais vue. Autre passion, mais qui lui en épargna beaucoup d'autres, celle des livres. Sans d'autres fonds que ses épargnes, il s'étoit déjà formé une bibliothèque choisie et assés nombreuse, avant de quitter la ville de Rouen, où elle fut mise en vente pour s'en aider à Paris. Heureusement il se vit à la source dans la capitale et dans la célèbre abbaye, où il choisit sa retraite, et il n'eut rien à désirer de ce côté-là, que lorsqu'il prit le bénéfice de Corbeil, où il fut condamné à se suffire à lui-même. Il est vrai qu'avant d'épuiser son fonds, il avoit de quoi n'être pas oisif; mais ceux qui écrivent savent combien de secours il faut à qui veut donner la perfection à des matières qui ne sont qu'ébauchées. On ne reviendra point, ou fort légèrement, sur certaines aptitudes naturelles où brille l'industrie, et qui décèlent un goût décidé pour les beaux-arts. On a déjà parlé des germes de dispositions pour la mécanique et la sculpture ou plutôt pour l'art qui sçait multiplier ses chef-d'œuvres. C'étoit sa récréation favorite, et à l'exemple des anciens solitaires, longtemps avant de se mettre en communauté, il aimoit à se délasser de l'étude par des bagatelles manuelles, en copiant surtout les plus beaux modèles des reliefs qu'il pouvoit se procurer, tant dans le sacré que dans le profane. Cette ressource contre l'ennui lui étoit si chère qu'il en a fait le sujet d'un poème didactique sur la manière de mouler (Plastica), lequel manque au genre descriptif, mais il n'en existe que le canevas. Le dernier trait à donner, ce semble, à cette esquisse historique, sera de dire qu'il fut d'une stature grande, mais mince et peu robuste; physionomie longue et pâle, les yeux et la bouche de médiocre grandeur, le nés d'une forme très commune, poil châtain, air sérieux et réfléchi; son de voix doux et modéré dans la conversation, mâle et soutenu dans le chant, argentin et précipité dans la chaire. Rien de recherché ni de négligé dans sa parure. Une marche aussi lente dans la ville que forte et continue à la
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 +|**UCAL_$B769654_00000077**| 45 - - campagne, un maintien de bonhomie en général et rarement d'étiquette; tempérament sec et propre au travail, sans avoir jamais connu de maladies graves. Il ne s'en occuppoit pas moins de ses fins dernières, et d'autant plus douloureusement qu'il se rappelloit celles de ses amis, et qu'il comptoit plusieurs morts sinistres dans sa famille. La plus grande partie de ce tableau naturel, il l'envoyoit un jour à M. Ancillon, pasteur de l'Église françoise à Berlin, avec lequel il étoit en correspondance, et il se trouva que le ministre ressembloit si parfaitement au prieur, qu'il le soupçonna d'intelligence avec un tiers, pour avoir deviné si juste. Il a recueilli (in-folio) et composé trop d'épitaphes en l'honneur des autres pour oublier ici la sienne: D. O. M. Remuneratoris inquirentibus se Misericordiam hic præstolatur Josephus Andreas Guiot Sancti Candidi (olim sancti Victoris) in paræcia Ex humili loco Rothomagi natus, Immaculata Beatæ Mariæ Virginis conceptionis In ejusdem podio et eadem civitate Poeta-laureatus, Judex veteranus et historicus, Patriam Sacerdos reliquit et sæculum Parisiis immoraturus, Ubi Hypponensis episcopi regulam, Versibus a se expressam, (Aureis utinam semper et moribus!) In Sancti Victoris Regali cænobis Professus est; Novitiorum director et bibliothecæ præfectus, Sancti Guinaïli Corboliensis Prior et Parochus Ac Sancti Exuperii ibidem Canonicus, Verbi divini præco non desidiosus, Rerum Neustriæ earum et Ċorboliensium Indefessus indagator.
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 +|**UCAL_$B769654_00000078**| — — 46 - Noctem in quà nemo potest operari, ingressus est Anno reparata salutis 1794 (1), Vita temporalis 56, Regularis autem 22, Denique Prioratis et Pastoralis regiminis 5. Respiciat hunc Dominus in bonum! Ici repose en attendant la Miséricorde de celui qui récompense ceux qui le cherchent Joseph-André Guiot, né dans la petite paroisse de St Cande de Rouen, (dédiée autrefois à St Victor), poète et lauréat de l'académie de l'immaculée Conception de la bienheureuse Vierge Marie de cette même ville de Rouen et ancien juge et historien de cette Académie. Après avoir reçu la prêtrise, il abandonna le monde et sa patrie pour aller demeurer à Paris, où il fit sa profession dans le Royal monastère de St Victor, suivant la règle de l'Évêque d'Hippone, qu'il écrivit en vers; (Plaise à Dieu qu'elle brille toujours du plus vif éclat!) Il y fut Directeur des novices et chargé de la garde de la bibliothèque; nommé ensuite Prieur et Curé de St Guenault de Corbeil et Chanoine de St Spire du même lieu, sans se lasser, il enseigna la parole divine; il fut aussi un infatigable chercheur de tout ce qui se rapporte à l'histoire de la Normandie et à celle de Corbeil. Il est entré dans cette nuit où personne ne peut plus travailler, l'an de notre salut 1794 (1), ayant accompli 56 ans de sa vie temporelle, 22 de sa vie religieuse, et exercé pendant 5 ans son ministère de Pasteur et de Prieur. Que Dieu le regarde d'un œil favorable! (1) Le texte porte 1794, mais le 4 est barré. Ceci indique bien que c'est en 1794 que l'Abbé Guiot a écrit sa biographie terminée par son épitaphe. L'on sait en effet qu'il vécut 13 ans encore après l'avoir composée, puisqu'il mourut en 1807.
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 +|**UCAL_$B769654_00000079**| SOCIÉTÉ HISTORIQUE & ARCHÉOLOGIQUE DE CORBEIL, D'ÉTAMPES ET DU HUREPOIX COMPTE-RENDU DES SÉANCES SÉANCE DU CONSEIL D'ADMINISTRATION Tenue à la Sous-Préfecture de Corbeil le 3 Novembre 1897. Présidence de M. le Dr BOUCHER, Vice-Président. Étaient présents: MM. le Dr Boucher, Barthélemy, Lasnier, Dufour, A. Marc-Pasquet, J. Depoin, Mottheau, l'abbé Colas et. Jarry. Absents excusés: MM. Horteur, sous-préfet, J. Lemaire, V. de Courcel, l'abbé Bonnin et l'abbé Genty. Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté sans observation. M. le Secrétaire général informe le Conseil que les ouvrages suivants ont été offerts à la Société : Le Tome XIX des mémoires de la Société de Pontoise; Le Bulletin de la Société des sciences morales, des lettres et des arts de Seine-et-Oise, année 1896, 2 fascicules in-8°; Le Bulletin de la Société de l'histoire de Paris et de l'Ile-deFrance; Les Annales du pays de Lagny, ouvrage offert par l'auteur, M. Jacques Lepaire, auquel des remercîments ont été adressés. D'autre part, Messieurs Vollant et Aymé Darblay ont fait don à la Société de la splendide monographie de l'Eglise de SaintGermain-lès-Corbeil, qui a été distribuée à tous ses membres. Cette œuvre, aussi remarquable par la forme que par le fonds, dénote BULLETIN 1897. — 2. - 6
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 +|**UCAL_$B769654_00000080**| 50 M. Pinson, de Douai, a adressé à la Société, pour son bulletin, des documents inédits sur l'assassinat de Simonneau, ancien maire d'Etampes. Dans une lettre jointe à l'envoi, il demande l'insertion intégrale des commentaires qui accompagnent ces documents. Après lecture de ces commentaires, le Conseil, craignant que quelques phrases du manuscrit de M. Pinson ne soient fâcheusement interprêtées par nos collègues d'Etampes, décide qu'il sera demandé à l'auteur de vouloir bien atténuer la vivacité de quelques-unes de ses expressions. M. Dufour est chargé de s'entendre avec M. Pinson à ce sujet. Le Secrétaire général fait ensuite la briève analyse d'une monographie due à notre collègue M. Bournon, dans laquelle il est dit que Corbeil a été, de 1787 à 1789, chef-lieu d'un département qui s'est appelé le département de Corbeil. Plusieurs membres pensent que, à Corbeil comme ailleurs, cette dénomination devait se rapporter aux assemblées provinciales. Communication est encore donnée d'une lettre de M. Allorge, architecte à Montlhéry, par laquelle il proteste contre la démolition des derniers vestiges de l'ancienne porte dite de Paris, à Montlhéry, et demande l'appui de la Société à ce sujet. Le Conseil, consulté, émet un vou en faveur de la conservation de ce qui subsiste encore de la porte de Paris à Montlhéry. Répondant à une lettre de M. Dufour, M. Chéron, de Lardy, lui a adressé des renseignements intéressants sur le dolmen de la bierre levée, situé sur la commune de Janville-sur-Juine. Ce curieux vestige d'un passé lointain appartient à Mme de Souancé, propriétaire à Lardy; il a été classé en 1885. « La pierre levée, dit M. Chéron, est un dolmen remarquable pour les environs de Paris où ils sont rares. Il ne reste plus debout qu'un fond d'allée couverte ; la table, ayant 4 mètres 10 de long, 3 mètres 20 de large et 50 centimètres d'épaisseur, est supportée à gauche par une, au fond par deux et à droite par trois pierres formant parois. >>> La Revue d'anthropologie s'est occupée de ce dolmen et lui a consacré un article de deux pages, dû à M. Delessard, notre collègue de Lardy. M. l'abbé Colas promet d'écrire une notice sur le rôle charitable des sœurs de St Vincent de Paul depuis leur arrivée à Corbeil. M. le Dr Boucher félicite M. l'abbé Colas de son heureuse initia-
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 +|**UCAL_$B769654_00000081**| 51 tive; comme médecin en chef de l'hôpital-hospice de Corbeil, il se plaît à reconnaître hautement le dévouement de ses dignes collaboratrices; il rappelle que plusieurs de ses ancêtres, chirurgiens en chef de l'Hôtel-Dieu de Corbeil, ont depuis plus d'un siècle, rendu publiquement hommage à l'abnégation de ces dévouées religieuses; c'est pourquoi il a tenu lui-même à perpétuer le souvenir de cette bienfaisante collaboration en faisant sceller, dans le vestibule de l'hospice de Corbeil, les anciennes plaques en marbre noir, sur lesquelles sont gravés les noms de deux de ces anciens chirurgiens. M. J. Depoin annonce qu'il prépare une étude historique et généalogique sur les familles ayant exercé l'office de comte, de vicomte et de prévôt à Corbeil et à Etampes, du XIe au XIVe siècle; il serait très reconnaissant aux confrères qui lui signaleraient les documents d'histoire, d'archives ou d'épigraphie qui concerneraient les familles ayant porté les titres suivants: de Corbeil, d'Etampes, Briart et des Glaisières. M. le Trésorier présente le compte financier de la Société, arrêté au 1er novembre 1897. Il ressort de ce document que la somme actuellement disponible est de 2839 fr. 51 cent. se décomposant ainsi : Attribution au musée Attribution à la Société Somme égale 148 fr. 60 2690 fr. 91 2839 fr. 51 Plusieurs membres du Conseil émettent le vœu que le capital formé par le produit des fondations, serve à constituer une réserve intangible. Des propositions diverses sont émises à ce sujet, mais, en présence des difficultés qui pourraient surgir, la Société étant mineure, le Conseil décide de s'en remettre entièrement à la prudence éclairée de son trésorier, bien persuadé que celui-ci agira toujours au mieux des intérêts de la Société. Pour clore agréablement la réunion, M. le Président convie les membres présents à aller visiter la vieille église de St-Jean-en-l'Isle, dans laquelle le musée de la Société doit être bientôt installé. La séance est levée à 3 heures 1/2, et la plupart des membres du Conseil se rendent à St-Jean-en-l'Ile, où ils se rencontrent avec M. A. Darblay, qui leur fait le plus courtois accueil, tout en les guidant dans la visite du charmant édifice où fut inhumée la veuve de Philippe-Auguste.
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 +|**UCAL_$B769654_00000082**| UNE TENTATIVE D'ASSASSINAT A CORBEIL (1614) Depuis quelque temps déjà l'on s'est aperçu que les relieurs des siècles passés se servaient quelquefois, pour confectionner leurs reliures, de morceaux de parchemin empruntés à des documents que l'on considérait alors comme inutiles; ils employaient aussi de vieux papiers couverts d'écritures, pour préparer les gardes intérieures des volumes. Le hasard fit découvrir ce mode de travail : en défaisant une vieille reliure hors d'usage, on mit au jour une pièce intéressante. Cette découverte stimula les recherches et beaucoup de documents précieux furent ainsi retrouvés. La même bonne fortune nous est advenue dernièrement: dans la couverture d'un vieux registre, nous avons trouvé un acte bien entier, émané de l'Officialité de Paris, en 1614. C'est un ordre comminatoire enjoignant, sous peine d'excommunication, à tous ceux qui en seraient informés, de faire connaître l'auteur et les circonstances d'une tentative d'assassinat, commise à Corbeil, sur un ouvrier du moulin de Chantereine. Ce document est un curieux spécimen des coutumes juridiques de cette époque; il offre en outre un intérêt local, le fait incriminé s'étant passé à Corbeil, dans le moulin de Chantereine, qui existe encore et qui se trouvait alors en dehors des murs de la ville (1). Malgré son peu d'importance, nous transcrivons ici le texte de cette ordonnance de l'Officialité de Paris, notre bulletin étant surtout destiné à sauver les épaves du passé, en faisant connaître ces petites pièces qui sont plus exposées que d'autres à être perdues ou détériorées. A. D. Officialis parisiensis omnibus presbiteris et notariis nobis subditis, Salutem in Domino. (1) Cet ancien moulin, qui porte toujours le nom de Chantereine (du latin rana, grenouille), est situé rue des Grandes Bordes, non loin de la gare actuelle du chemin de fer.
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 +|**UCAL_$B769654_00000083**| 53 - - Nous vous mandons de bien et diligemment admonester par nostre auctorité, soubz peyne d'excommunication, par troys dimanches consécutifs ès prosnes de voz églises parochiales, comme à présent par la teneur des présentes, à la supplication et requeste de Mathurin Thoison manoeuvre, demeurant aux Petites bordes lez Sainct Jean en l'Isle, complaignant suyvant la permission par luy obtenue du prévost du dict Saint Jean de l'Isle, ou son lieutenant, le dix-neufeme jour du présent moys de septembre, signée Michel, nous admonestons tous ceulx et celles qui sçavent que le samedy sixiesme du dict moys de septembre, le dict complaignant travaillant au moulin à eaue de Chantereyne aus dictes Petites bordes, il auroit esté appellé par ung certain quidam pour parler à luy, lequel ayant approché jusques dans le chemin proche ledict moulin à eaue, l'auroit ledict quidam battu et exceddé à coups de baston sur plusieurs partyes de son corps et jusques à playes, à raison de quoy ledict complaignant est retenu au lict malade et entre les mains des chirurgiens, en danger de sa personne, à son grand préjudice et dommage; et généralement tous ceulx et celles qui des choses susdictes, circonstances et dépendances d'icelles, ont veu, sçeu, cognu, entendu, ouy dire ou apperçeu aucune chose, ou aultrement en peuvent déposer en quelque sorte et manière que ce soit, voire mesme qui ont commis ou faict commettre ce qui dict est, ou bien ont esté complices. Que quant aux premiers ilz ayent à dire et révéler ou faire révéler ce qu'ilz en ont veu, sçeu, cognu, entendu, ouy dire et apperçeu. Et quant aux aultres ils ayent à faire satisfaction par eulx ou par aultruy dans six jours après la troysiesme monition et publication des présentes, au publicateur d'icelles, en telle sorte et manière que ledict complaignant se puisse ayder des dictes révélations tant en jugement que dehors, ainsy qu'il appartiendra par raison; aultrement nous userons allencontre d'eulx des censures ecclésiastiques et, selon la forme de droict, nous nous servirons de la peyne d'excommunication. Datum parisiis, sub sigillo curiæ nostræ unà cum signeto nostro, anno Domini millesimo sexcentesimo decimo quarto, die vigesima, mensis septembris. Signé: LE GUAY. FOURNIER.
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 +|**UCAL_$B769654_00000084**| LA FÉODALITÉ ET LE DROIT DE VASSELAGE Un siècle à peine s'est écoulé depuis que la Révolution, modifiant profondément l'état social de la France, a emporté, dans sa marche rapide, la féodalité avec ses coutumes et ses droits si nombreux et quelquefois si bizarres. Certes, personne ne regrette ces usages qui ne pourraient plus exister aujourd'hui; mais, malgré le temps relativement court qui nous sépare de la fin du 18e siècle, bien peu de personnes les connaissent dans leurs détails et, si l'on en parle à l'occasion, ce n'est que d'une manière générale. Il faudrait des volumes pour décrire ces droits seigneuriaux dont l'origine remontait aux premiers temps de notre monarchie, et dont le nombre était infini puisqu'ils variaient, non seulement avec les provinces, mais aussi, pourrait-on dire, selon chaque seigneurie. Nous ne pouvons ni ne voulons entreprendre ce travail, et, sans même parler de ces religieux de Saint-Port (1) qui étaient tenus, à certain jour de l'année, de venir présenter, en grande cérémonie, trois chapeaux de roses au puissant abbé de St-Spire, nous donnons ici quelques actes de foi et hommage de seigneur à seigneur, que le hasard des recherches nous a fait rencontrer. On croit généralement que le peuple seul était soumis à ces droits, c'est une erreur et l'on verra par les pièces ci-après qu'un puissant seigneur était souvent tenu à rendre foy et hommage, indépendamment du cens ou redevance en argent, à un personnage de moindre importance que lui; il suffisait pour cela que ce puissant seigneur possédât, dans sa seigneurie, un fief qui fût mouvant, c'est-à-dire dépendant d'une seigneurie autre que la sienne, et ce fait se produisait constamment, car chaque fief avait sa mouvance spéciale et différente, et souvent une seigneurie se composait de dix, quinze et vingt fiefs. Aussi que de contestations, que de procès entre les seigneurs! Ces procès étaient bien plus longs (1) Aujourd'hui l'on dit Seine-Port, mais dans tous les anciens titres on lit SaintPort, Sanctus portus; ce nom tirait son origine du voisinage d'un monastère qui dépendait de la puissante abbaye de Barbeau, fondée non loin de là par Louis VII,
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 +|**UCAL_$B769654_00000085**| - 55 autrefois qu'aujourd'hui, et ceux qui les intentaient n'en voyaient pas toujours la fin. Il en résultait des montagnes de papiers et de parchemins que les scribes d'alors noircissaient à l'envi sans parvenir à tarir leur encrier. C'est en feuilletant et en déchiffrant ces paperasses qu'on a quelquefois la bonne chance de retrouver des documents intéressants, comme ceux que nous reproduisons aujourd'hui et qui ont de plus le mérite de se rapporter à notre pays et de citer des noms et des lieux connus. NICOLAS DE FONTENAY (1387) A. D. Sachent tous que Je, Jehan de Servigny, Chevalier, ai, aujourd'hui, reçeu, à ma foy et homage, messire Nicolas de Fontenay, Seigneur du Val Coquatrix, de tout ce qu'il peust tenir de moy apartenant audit Val Coquatrix, à cause de ma terre de Morsant, et me tiens content du quint denier; en tesmoing de ce, j'ai seellé ceste lettre, de mon propre seel. Ce fust faict l'an mil trois cens quatre vingt sept, le seiziesme jour de juing. ESTIENNE TILLET, seigneur du Val Coquatrix (1459) Nous, Jehan, Guy, André et Guillaume Haguenin, seigneurs de Morsant sur Seine, près de Corbueil, confessons avoir eu et reçeu de Phelippe de Chaivigny, escuier, par les mains de Estienne Tillet, seigneur du Val Coquatrix, la somme de seize livres dix solz tournois, par composicion faicte avecques nous du quint denier et autres droiz, esquelz le dit Phelippe nous pouvoit estre tenu pour raison et à cause de la vente de certaines terres, cens, rentes et autres héritaiges appartenans audit hostel du Val Coquatrix, tenuz et mouvans de nous en fief, à cause de nostre terre et seigneurie de Morsant, lesquelles terres, cens, rentes, et autres héritaiges le dit Phelippe a vendu audit Estienne Tillet; de laquelle somme de seize livres dix solz tournois nous nous tenons pour contens et bien paiez et en quictons ledit Phelippe de Chaivigny et Estienne Tillet, c'est assavoir le dit Phelippe pour la vendicion des choses dessus dites et le dit Tillet pour lachait ⚫ dicelles et tous autres, et oultre confessons que le dit Estienne Tillet nous a fait les foy et hommaige que tenu nous estoit de
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 +|**UCAL_$B769654_00000086**| 56 - - faire à cause des ditz fiefz, et lui avons donné terme et delay jusques au 1er jour davril prochain venant, de nous bailler son adveu et dénombrement d'iceulx fiefz, en tesmoing de ce, nous avons signé ces présentes de nos seings manuels, le 22º jour de février l'an mil quatre cens cinquante neuf. Signé: J. Haguenin, G. Haguenin, A. Haguenin, et G. Haguenin. GIRARD BOISSERIE, du Val Coquatrix (1477) Nous Guillaume Haguenin, dit le Duc, Conseiller du Roy nostre Sire en sa Court de Parlement et Seigneur de Morsant, confessons avoir reçeu de Girard Boisserie Escuier les foy et hommaige que tenu estoit nous faire à cause de Marie Brunel sa femme, des fiefz qu'il tient de nous, avecques leurs appartenances, appendences quelconques, assis au Val Coquatrix [lez] Corbeil et es terrouers d'environ et adjoincts à la seigneurie dudict Val, tenuz de nous à cause de nostre dicte terre et seigneurie de Mort sant (sic) et si nous a payé et contenté des rachaptz ou reliefz que tenu estoit nous payer à cause du mariage de luy et de la dicte Marie, dont nous nous tenons pour contens et bien payez et l'en quictons et tous aultres, sauf en tout et partout nostre droit et l'autruy; en tesmoing de ce nous avons mis nostre seing manuel et seel armoyé de nos armes, le dix huitiesme jour de juillet mil quatre cens soixante et dix sept. Signé: G. Le Duc. GUILLAUME ET FRANÇOIS DE BAULX, seigneurs de la Borde (1556) A tous ceulx qui ces présentes lettres verront, Claude Le Bergier licencié es loix, advocat en parlement, garde, pour le Roy nostre Sire, de la Prévosté de Corbueil, et Symon Du Pré, clerc, garde du seel dicelle, Salut, scavoyr faysons que aujourd'hui datte de ces présentes, en la présence de Jacques Patin, notaire royal audict Corbueil, et des tesmoingz cy après nommez, noble homme Pierre de Blosset escuier seigneur de Morsang sur Seyne a reçeu et reçoit en foy et hommaige noble homme Guillaume de Baulx, escuier, seigneur en partye du fief de la Borde, assis au vielz Corbueil, ad ce présent, tant en son nom que comme soy faisant et portant fort de Françoys de Baulx aussi escuier, son frère, seigneur en
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 +|**UCAL_$B769654_00000087**| 57 -- partye dudict fief et seigneurye de la Borde, assis audict vielz Corbueil, qui se consiste en Cens et Rentes à eulx advenuz et escheuz à cause de feuz Péronne et Yvonne de Fleury leurs tantes, filles de feuz dame Marguerite Sanguyn, leur mère, mouvant et tenu a une seulle foy et hommaige dudict de Blosset, à cause de sa dicte terre et seigneurye de Morsang, à la charge toutesfoys que ledict Guillaume de Baulx audict nom a promis et sera tenu' de bailler dénombrement au dict de Blosset dudict fief et seigneurye de la Borde dedans quarante jours, à compter du jour et datte de ces présentes, sauf à le blasmer par ledict de Blosset, s'il y eschet, suyvant la coutume et, en ce faisant, ledict de Blosset a quicté et remis, audict de Baulx tous droictz et devoirs qui lui eussent peu estre deubz à cause dudict fief et seigneurye de La Borde, sauf audict seigneur de Morsang son droict et l'aultruy en toutes choses et, en ce faisant, ledict de Blosset a confessé avoir esté payé et satisfaict par les dictz de Baulx des fraiz de saisye faictz pour raison de ce que dessus, dont et des quelles choses les dictes partyes nous ont requis lectres. Sy avons octroyé ces présentes audict de Baulx pour luy servir et valloyr en temps et lieu ce que de raison. En tesmoing de ce, nous, à la relation dudict notaire, avons faict mettre à ces lectres le dict seel, qui passées furent, données et octroyées audict lieu es présence de Noël Le Roy demourant aux Faulx bourgs de Corbueil, et Spire Loir vigneron, demourant à Essonne, tesmoings ad ce requis et appelez, le dimanche vint ungniesme jour de mars, l'an mil cinq cens cinquante six. Signé Bordeau, tabellion. GALLERAND GAILLARD DE LA MORINIÈRE, seigneur de la Borde, du Colombier et du Val Coquatrix (1623) L'an mil six cens vingt trois, le lundy vingt septième jour de mars, après midy, en la présence du notaire royal et garde héréditaire du seel de la ville prévosté et chastelenie de Corbeil soubz signé, et des tesmoings cy après nommés, messire Gallerand Gaillard, sieur de la Morinière, conseiller du roy en ses Conseils d'Estat et privé, intendant général de la maison et finances de Madame, sœur de sa Majesté, seigneur de la maison seigneurialle du fief du Coulombier, autrement du Viel Corbeil, du fief
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 +|**UCAL_$B769654_00000088**| -- 58de la Borde assis audict viel Corbeil, paroisse Saint-Germain, et autres fiefs et du Val Coquatrix en partie, demeurant le dict sieur ordinairement à Paris en sa maison, rue et paroisse Saint-Médéric, s'est transporté au-devant de la grande porte et principalle entrée du lieu seigneurial de Morsang sur Seine, distant du dict Corbeil environ une lieue, où estant parlant à Jehan Gaulthier serviteur domestique de la Dame dudict lieu, il a demandé si le seigneur ou dame dudict Morsang estoit audict lieu ou autre qui eust charge de recepvoir les foy et hommaige et offres qu'il luy vouloit faire et porter présentement, lequel Gauthier a dit et fait response que la dame veufve du seigneur de Morsang n'estoit audict lieu, ni autre pour elle qui eust charge de recepvoir la dicte foy et hommage que ledict sieur de La Morinière disoit vouloir faire et porter, au moyen de laquelle response icelluy sieur de La Morinière s'estant mis en debvoir de vassal devant ladicte porte, ayant un genouil en terre, la teste nue et sans espée ni esperons, auroit par trois fois derechef appellé ledict seigneur ou dame dudict Morsang, et n'ayant esté faicte autre response que celle cy-dessus, ny comparu autres personnes qui eussent charge de recepvoir ladicte foy et hommage, il a en cest estat dict et déclaré qu'il faisoit et portoit comme de fait a fait et porté les foy, hommage et serment de fidélité qu'il estoit tenu de faire et porter audict seigneur de Morsang, à cause et pour raison dudict fief de La Borde provenu dudict fief du Val Coquatrix; lequel fief de La Borde est tenu, mouvant et relevant en plain fief à une seulle foy et hommage dudict seigneur de Morsang, disant par ledict sieur de La Morinière que le dict fief de la Borde luy apartient à cause de l'acquisition qu'il en a faicte avec ledict fief du Coulombier ou autrement le Viel Corbeil, et aultres fiefs, et de la quatriesme partie dudict fief du Val Coquatrix, cens, rentes, terres, prez et héritages qui en dépendent, par décret faict sur Jehan de Régis et Damoiselle Florimonde Richard, sa femme, en la court du Parlement, le trentiesme jour de décembre dernier, lequel ledict sieur de La Morinière à faict apparoir signé Gaillard, et seellé. Et sy a offert de bailler cy après son adveu et dénombrement suivant la coustume aussi tost qu'il auroit esté faict certain des despendences dudict fief de la Borde, au pardessus de ce qui est contenu au dict décret; et aussy a le dict sieur de la Morinière, en ce faisant, offert de payer le droict de quint par luy deu, a cause de la dicte acquisition pour le dict
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 +|**UCAL_$B769654_00000089**| 59 --- fief de la Borde, relevant dudict sieur de Morsang, si tost que le dict sieur ou dame dudict Morsang aura faict ventiler et liquider avec les seigneurs des autres fiefs, contenus par ledict décret, ce qui leur apartient à chacun d'eux, à cause de ladicte acquisition; laquelle foy et hommage et tout ce que dessus a esté à l'instant signifié et d'icelle baillé copie audict Jehan Gaulthier qui a promis de la faire tenir à la dicte damoiselle de Morsang, dont et de ce que dessus, le dict sieur de la Morinière a requis acte à luy octroyer ces présentes pour servir ce que de raison. Ce fut faict, passé et octroyé devant ledict lieu seigneurial de Morsang, aprèsmidy ès présence de Me Guillaume Joubert, procureur en Parlement, demeurant rue et paroisse Saint Médéric, et de Pierre Richer, huissier de chambre de Madame la feu sœur du Roy, demeurant à Paris, rue de l'arbre sec, estant en la compagnie dudict sieur de La Morinière, lequel a signé avec les dicts tesmoings et ledict notaire sur la minutte des présentes, et ledict Gaulthier a déclaré ne sçavoir escrire ny signer, de ce interpellé par ledict notaire, et a la dicte minutte esté seellée ledict jour, comme ces présentes, suivant l'édict du Roy. Ainsy signé : Hideulx, et a costé est escrit: seelé le dict jour et an, avec paraffe. René de BretignÈRES, seigneur de Saint Germain le vieux Corbeil (1772) Aujourd'huy en la présence de Moy, Jean Popelin, notaire royal en la ville, prévosté et chatellenie royale de Corbeil soussigné et des témoins ci-après nommés. Messire Anne Charles René de Bretignères, chevalier, seigneur de Saint-Germain le vieux Corbeil, Val Cocatrix, Ormoye, Bienfaite et Mongaston et autres lieux, conseiller du roy en sa cour de parlement, demeurant ordinairement à Paris, rue du Foin, paroisse Saint Séverin, de présent, par ordre du roy, en son château de Saint-Germain, s'est transporté à la grande et principale porte d'entrée du château de Villepesque, situé en la paroisse de Lieusaint en Brie près Corbeil, où étant, après avoir frappé par trois diverses fois à la ditte porte, est comparu sieur Louis Claude de Forges, fermier à la ferme du dit château de Villepesque, y demeurant, auquel le dit sieur de Bretignères ayant demandé si le seigneur dudit Villepesque étoit au dit château ou s'il y avoit
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 +|**UCAL_$B769654_00000090**| - - 60 quelqu'un qui eust charge de recevoir les vassaux dudit Villepesque en foy et hommage, le dit sieur de Forges a fait réponse que ledit seigneur de Villepesque n'était point pour lors au dit château et qu'il n'y avoit personne qui eust charge de recevoir les vassaux du dit Villepesque en foy et hommage; après laquelle réponse, le dit sieur de Bretignères, s'étant mis en devoir de vassal, un genouil en terre, teste nue, sans espée ni esperons, suivant qu'il est requis par la coustume de Paris, a appelé par trois fois, à haute et intelligible voix le dit seigneur de Villepesque et a dit et déclaré qu'il est venu exprès pour lui faire et porter, comme de fait il faisoit et portoit au dit seigneur de Villepesque, la foy, hommage et serment de fidélité qu'il est tenu de luy faire et porter à cause des dittes terres, fief et seigneurie d'Ormoye, Bienfaite et Mongaston, circonstances et dépendances, pour ce qui relève du dit Villepesque, appartenantes les dittes terres et seigneurie d'Ormoye, Bienfaite et Mongaston, circonstances et dépendances, au dit sieur de Bretignères, au moyen de l'acquest qu'il en a fait de très haut et puissant Seigneur Eugène Octave Auguste comte de Rosen et de très haute et puissante dame Marie Antoinette Louise Esprit Juvénal Claude de Harville des Ursins de Traisnel, son épouze, par contract passé devant Me Chavet et son confrère, notaires à Paris, le deux octobre dernier, insinué au bureau de Corbeil le huit dudit mois, par Deschamps, pour raison duquel acquest les droits de quint ont été payés par le dit sieur de Bretignères à Me François Pierre Fradin, avocat en parlement, au nom et comme fondé de la procuration de monsieur le comte de Jonzac, seigneur du dit Villepesque, suivant qu'il est énoncé par la quittance des dits droits, donnée par le dit sieur Fradin, en marge du dit contract, le seize du dit mois d'octobre; auxquels seigneur et dame comte et comtesse de Rosen les dites terres et seigneurie appartenoient du chef de la ditte dame, comme lui ayant été données en dot par son contract de mariage avec ledit seigneur comte de Rosen, passé devant Me Maréchal et son confrère, notaires à Paris, les trois et quatre février mil sept cent soixante, par très haut et puissant seigneur Claude Constant Juvénal de Harville des Ursins, marquis de Traisnel, et très haute et puissante dame MarieAntoinette de Matignon, son épouze, ses père et mère, auxquels seigneur et dame marquis et marquise de Traisnel les dits biens appartenoient du chef de la ditte dame comme luy ayant aussy
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 +|**UCAL_$B769654_00000091**| -- - 61 été donnés en dot par très haut et puissant seigneur Marie Thomas Auguste marquis de Matignon et très haute et puissante dame Edmée Charlotte de Bresne son épouze, ses père et mère, lors et par le contract de son mariage avec le dit seigneur marquis de Traisnel, passé devant Maître Roger et son confrère, notaires à Paris, le vingt-neuf et le trente janvier mil sept cens quarante quatre; lesquelles terres et seigneurie d'Ormoye, Bienfaite et Mongaston, circonstances et dépendances, relèvent en plein fief, foy et hommage de la ditte terre et seigneurie de Villepesque, requérant le dit seigneur de Bretignères le dit seigneur de Villepesque, ou autre de luy ayant charge, qu'il luy plaise de le recevoir à la ditte foy et hommage et serment de fidélité, promettant le dit sieur de Bretignères de fournir aveu et dénombrement des dittes terres et seigneurie d'Ormoye, Bienfaite et Mongaston, en ce qui relève de la ditte seigneurie de Villepesque, dans le temps prescrit par la coustume; dont et de tout ce que dessus le dit sieur de Bretignères a requis acte audit notaire soussigné qui lui a octroyé le présent pour luy servir et valloir ce que de raison. Fait et passé comme dit est à la grande et principale porte d'entrée du dit château de Villepesque, l'an mil sept cent soixante douze, le dix sept décembre après midy, en présence de Me JeanLouis Paillot, prestre, curé de la paroisse d'Ormoye (1), y demeurant, et de Me Pierre de Laurencel, chevalier, conseiller du Roy, substitut de M. le Procureur Général, demeurant ordinairement à Paris, vieille rue du Temple, cul de sac d'Argenson, paroisse SaintGervais, étant de présent au chateau de Saint Germain le Vieux Corbeil, témoins à ce requis, qui ont avec le dit sieur de Bretignères et nous signé, et tout ce que dessus a été notifié au sieur de Forges (2) auquel a été laissé copie du présent pour le dit seigneur de Villepesque auquel il a promis de le faire savoir et a signé avec nous. Signé de Bretignères de Saint-Germain, Paillot curé d'Ormoye, de Laurencel, Deforges, Popelin. (1) Ce village d'Ormoye ou Ormois, qui se trouvait dans la plaine de Lieusaint, proche de la forêt de Sénart, n'existe plus aujourd'hui ; il en restait dans ces derniers temps un bâtiment de ferme qui a disparu à son tour. Aujourd'hui la charrue trace des sillons sur le sol de ce village qui possédait une église intéressante et un château seigneurial, résidence pendant plusieurs siècles de la famille de Postel.▾ (2) La famille Desforges, bien connue à Corbeil, a occupé de père en fils, jusqu'à ces derniers temps, la ferme de Villepesque.
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 +|**UCAL_$B769654_00000092**| DÉDICACE DE L'ÉGLISE SAINT-SPIRE DE CORBEIL (1437) Les étrangers, comme les habitants de Corbeil, qui visitent l'église Saint-Spire, remarquent les croix de consécration peintes sur les piliers et accompagnées de la date 1437; mais la plupart ne savent pas que dates et croix sont récentes. Les auteurs qui se sont occupés de l'histoire de cette collégiale n'ignoraient pas que la dédicace en avait été faite; mais, contrairement à l'usage, rien ne rappelait cette importante cérémonie. C'est à M. l'abbé Girard, ce prêtre si populaire et si aimé qui exerça pendant 42 ans les fonctions curiales à Corbeil (1832-1874), que l'on doit d'avoir fait peindre, dans les derniers temps de sa vie, sur les piliers de son église, les croix de consécration qui lui manquaient et qui rappellent, avec la date de 1437, cette cérémonie que l'église catholique a toujours entourée d'un si vif éclat. Mais si l'on sait maintenant que l'antique collégiale de SaintSpire a reçu sa consécration, si l'on en connaît la date, bien peu, je pense, ont eu l'occasion d'en lire l'acte et par conséquent d'être informés des circonstances qui ont donné lieu à cette cérémonie; car je ne sache pas que ce document ait jamais été publié. L'original n'existe probablement plus, mais nous en possédons dans nos archives une copie qui paraît être du commencement du XVIIe siècle. C'est celle-ci que nous transcrivons ci-dessous, avec l'espoir que son insertion dans notre Bulletin, la tirera de l'oubli et assurera la conservation d'un document si important pour l'histoire religieuse de la ville de Corbeil. A. D.
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 +|**UCAL_$B769654_00000093**| 63 - Texte de la dédicace de l'Église Saint-Spire tel qu'il est conservé dans les archives de Corbeil. Universis præsentes litteras inspecturis, Johannes, miseratio divina Trecensis Episcopus, Salutem in Domino (1). Notum facimus quod nuper nobis existentibus in civitate parisiensi pro quibusdam nostris et Ecclesiæ nostræ negotiis pertractandis, ad præsentiam nostram accedens venerabilis et discretus vir Magister Johannes de Calvomonte (2), Canonicus sanctæ et Regalis Capella Palacii Parisiensis et Abbas Sæcularis Ecclesiæ Collegiate Sancti Exuperii de Corbolio, parisiensis diocesis, nobis exposuit quod quamvis dicta Ecclesia, quæ fundata est sub titulo et vocabulo supradicti Sancti Exuperii Episcopi et Confessoris, sit notabilis valde et insignis, multis quoque redditibus tam ex sua primitiva fundatione quam ex donationibus et piis largicionibus Regum et principum dotata existat, sit quoque ipsa Ecclesia corporali præsentia supradicti sancti Confessoris decorata, aliisque plurimis sanctorum et sanctarum reliquiis et pignoribus præmunita et aliis diversis gratiarum et privilegiorum titulis multipliciter insignita, ipsa tamen, ut dicebat supradictus Dominus Abbas, nondum fuerat consecrata seu dedicata, adjiciens quod ipse et cæteri ejusdem Ecclesiæ Canonici magno affectionis desiderio cupiebant eam suis (1) Jean Léguisé, 75° évêque de Troyes, naquit en cette ville de parents de con. dition inférieure (son père était teinturier). Il fut nommé évêque de Troyes le 5 juin 1426, succédant à Étienne de Givry. Il fut député par le Roi et l'Université de Paris au Concile de Bâle (1431-1443). Il mourut à Paris le 3 avril 1450 et fut ramené à Troyes où on l'inhuma dans la Cathédrale sous un mausolée de bronze qui portait l'épitaphe suivante : Hic jacet cadaver prudentissimi et nobilis Domini Magistri Johannis Léguisé, quondam Episcopi et nati de Trecis, quam ecclesiam administravit laudabiliter per 24 annos usque ad 3 Augusti 1450, quo decessit Lutetiæ, et corpus indè elatum, subtus sepelitur. (2) Jean de Chaumont, Abbé séculier de l'Eglise Collégiale de Saint-Spire de Corbeil et Chanoine de la Sainte Chapelle de Paris, était peut-être déjà Abbé de Saint-Spire en 1410; il assiste, comme on le voit, à la dédicace de l'église SaintSpire en 1437. Plus tard, le 8 octobre 1448, il donne pouvoir à Jean et à Robert d'Estouteville, Chevaliers et Chambellans du roi, ainsi qu'à Robert Poitevin, Trésorier de Saint-Hilaire de Poitiers, et à Renaud de Thierri, Doyen de Mehun-surYèvre, de traiter de la permutation de son abbaye avec Jean Mortis pour la cure de Saint-André de Savigny, au diocèse de Lyon, dont ce dernier était titulaire. Jean Mortis fut en effet le successeur de Jean de Chaumont. 7
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 +|**UCAL_$B769654_00000094**| - 64 temporibus dedicari, ut ipsa quæ tam honorabilis valde et commendata apud universos habebatur, tam digno spirituali dedicationis et consecrationis munere adepto, honorabilior et deo gratior redderetur. Quapropter supradictus dominus Abbas suo et prædictorum canonicorum nominibus nobis supplicabat, cum in regressu nostro de dicta villa Parisiensi transituri essemus per dictam villam de Corbolio, quatinus tunc præfatæ Ecclesiæ dedicationi et quorumdam altarium in eadem existentium consecrationi intendamus et operam dare dignaremur, asserens super hoc habere consensum et licentiam Reverendi in Christo patris Domini Parisiensis Episcopi (1), sicut per ejus patentes litteras offerebat se idem Abbas nobis monstraturum. Cujus nos tandem supplicationibus inclinati, ac ipsius et cæterorum supradictorum canonicorum devotæ ac laudabili affectioni satisfacere volentes, cum per dictam villam de Corbolio transiremus, die scilicet decima octobris anno Domini millesimo quadringentesimo tricesimo septimo, Nos licet ad tantum ministerium indigni et minus idonei, et de speciali consensu et licentia benevola supradicti Domini Parisiensis Episcopi, cum adjutorio sanctissimi Salvatoris nostri Jesu Christi qui caput est universarum Ecclesiarum, ad laudem gloriam et honorem ipsius et gloriosissimæ et intemeratæ suæ genitricis Mariæ et omnium Sanctorum et specialiter sæpedicti gloriosi Episcopi et Confessoris, sancti scilicet Exuperii, sæpefatam Ecclesiam rite et canonice dedicavimus et in ipsa eodem contextu unà cum majori altari quod ad honorem et sub titulo ac nomine supradicti Sancti Exuperii tunc per nos consecratum exstitit septem altaria consecravimus, scilicet altaria sanctæ Trinitatis, beatæ Mariæ genitricis Dei, Sanctæ crucis, beatorum Apostolorum Petri et Pauli, Sancti Thomæ Apostoli, Sancti Dionisii et Sanctæ Katharine (2). (1) Jacques du Chastellier fut nommé évêque de Paris en février 1427 et sacré le 1er juin suivant, dans l'église Sainte-Geneviève, par Pierre Cauchon, cet évêque de Beauvais qui se rendit si tristement célèbre lors du procès de Jeanne d'Arc. Jacques du Chastellier mourut de la peste le 2 novembre 1438 et fut inhumé dans le chœur de Notre-Dame de Paris. (2) Ces chapelles n'existent plus, du moins sous ces différents vocables; on retrouve cependant encore la Chapelle de la Vierge et celle des Saints Apôtres Pierre et Paul, mais elles ne sont plus les mêmes que celles qui étaient consacrées à ces Saints à l'époque de la dédicace de l'Eglise.
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 +|**UCAL_$B769654_00000095**| - — 65 Quibus sic peractis, fuit pro parte sæpedicti Domini Episcopi Parisiensis ordinatum quod a modo in prædicta Ecclesia annis singulis fiat annua solemnitas præfatæ dedicationis, prout assuetum est fieri in aliis Ecclesiis dedicatis, et quod tunc a Christi fidelibus acquiri valeant remissiones, indulgentiæ in talibus dedicationibus dari consuetæ. Hæc autem omnia universis certificamus et præsentibus nostris litteris attestamur sigillatis sigillo nostro eisdem apposito, die, mense et anno supranominatis (1). (1) L'abbé Lebeuf a peut-être connu ce document, car il dit (T. XI, p. 171) que ce fut Jean Léguisé, évêque de Troyes, délégué par Jacques du Chastellier, évêque de Paris, qui procéda à la consécration de l'église Saint-Spire de Corbeil, le 10 octobre 1437, à moins qu'il n'ait puisé ce renseignement dans la Gallia Christiana où il est indiqué dans le T. XII, au chapitre consacré à l'Évêque Jean Léguisé, si toutefois ce volume était publié du temps de l'abbé Lebeuf; mais à son défaut, il aurait eu les éditions précédentes. — NOTA. Le fleuron ci-dessous représente la belle porte ogivale qui s'ouvre sur le cloître dans le milieu duquel est l'église SaintSpire.
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 +|**UCAL_$B769654_00000096**| DOCUMENTS INÉDITS Sur Jacques-Guillaume SIMONNEAU MAIRE DE LA VILLE D'ÉTAMPES Assassiné par le peuple le 3 Mars 1792 En publiant ces documents inédits, nous n'avons d'autre but que de fournir aux historiens futurs des matériaux (qui peuvent disparaître par suite de circonstances indépendantes de la volonté de celui qui les possède) pour écrire l'histoire impartiale. d'un événement mémorable dans les annales de la ville d'Etampes. La fin tragique de Jacques-Guillaume Simonneau, maire d'Etampes, eut en France un grand retentissement et fut considérée comme un deuil national. De toutes parts les municipalités et les sociétés patriotiques lui rendirent les honneurs funèbres par des services solennels dans les églises et par des discours prononcés dans les assemblées religieuses ou civiles, dont plusieurs ont été imprimés. Les scènes qui ont précédé l'assassinat de notre compatriote ont fait l'objet de bien des récits, mais n'ont jamais été bien éclaircies, quoiqu'elles eussent été racontées par des témoins oculaires qui se contredisent, circonstance qui prouve que dans les relations des événements de cette nature, la passion est substituée très souvent à la vérité. En effet, s'il faut en croire le procureur de la commune Sédillon, Baron-Delisle, neveu de Simonneau, Florat père et autres qui
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 +|**UCAL_$B769654_00000097**| ― - - 67 accompagnaient le malheureux maire d'Étampes sur la place SaintGilles au moment où il fut assassiné, il aurait été abandonné par le détachement du 18 dragons-Berry, commandé par le lieutenant Godard. Baron-Delisle prétend même que Simonneau ayant saisi la queue du cheval de cet officier, celui-ci, pour lui faire lâcher prise, lui aurait abattu le poignet d'un coup de sabre. Ces contradictions dans les récits ont été relevées par un savant étampois, M. E. Dramard, dans un ouvrage intitulé: Episode de la Révolution française dans le département de Seine-et-Oise. La disette de 1789 à 1792 jusqu'à la loi du maximum, dans lequel on trouve l'histoire la plus impartiale et la plus complète de cet événement (1). L'auteur pense que la troupe n'a pas prêté dans la circonstance l'appui sur lequel le maire pouvait compter, et il se base pour émettre cette opinion sur un grand nombre de documents imprimés de l'époque, que nous considérons comme des plus suspects. Pour prouver le peu de fondement des griefs articulés contre le détachement du 18e dragons, nous reproduisons une lettre inédite du général Boissieu, qui est sans date et sans suscription, mais vraisemblablement adressée au président du Directoire de Seine-etOise, dans laquelle il l'informe de l'envoi d'une pièce constatant que les officiers municipaux et bon nombre de notables d'Étampes, certifient que le détachement avait fait tout ce qu'il pouvait pour sauver le maire. Voici la teneur de cet important document qui se trouve entre nos mains. 17º Division. Monsieur, « J'ai l'honneur de vous adresser ci-joint une pièce signée des officiers municipaux et des notables de la ville d'Etampes au sujet de la mort du maire, justificative en faveur du détachement du 18e régiment et de l'officier qui le commande. Dans les informations que j'ai prises sur les lieux, tous ceux que j'ai interrogé sont convenus que les gens n'atendoient que le moindre mouvement pour massacrer ce détachement que le maire avoit eu l'imprudence de mener au marché où il se trouvoit au milieu de voitures et investi par gens dans les maisons et touttes les rues très étroites et bar- (1) Versailles, imp. d'Aubert, 1872, in-8°.
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 +|**UCAL_$B769654_00000098**| - 68 rées. Je reste convaincu que ce détachement a fait humainement tout ce qu'il lui étoit possible pour sauver le maire. >> Le Mal de Camp employé provisoirement à la 17 Division. BOISSIEU. (1) Quelques jours après le meurtre de Simonneau, c'est-à-dire le 18 mars, sur le rapport de Jean Debry, député de l'Aisne, l'Assemblée nationale décréta qu'il serait élevé aux frais de la nation, sur la place du marché à Étampes, une pyramide triangulaire en l'honneur du maire d'Étampes et que ce décret serait adressé avec le rapport aux quatre-vingt-trois départements pour être envoyé et publié dans les districts et municipalités.. La dernière partie du décret fut seule exécutée et donna lieu dans un grand nombre de villes à des cérémonies faites en son honneur. Nous connaissons pour notre part les villes de Versailles, Dijon, Orléans, Tulle, Blois, Arpajon, Beaumont-sur-Oise, Nemours, Saint Lô, qui participèrent à ces cérémonies; mais il y en a bien d'autres que nous ignorons et qu'il serait utile de rechercher. En voici une preuve : En compulsant les archives municipales de la ville de Douai, qui sont des plus importantes et à la tête desquelles se trouve un ancien élève de l'Ecole des Chartes, nous avons eu la bonne fortune de mettre la main sur le registre des procès-verbaux de la Société des Amis de la Constitution de cette ville, qui avait alors pour président le célèbre jurisconsulte Merlin de Douai, et en le (1) Louis-Henri-Augustin de Boissieu naquit au château du Bois-Noir, paroisse de Desze, en Auvergne, le 13 juillet 1741. Il fut l'un des premiers gentilshommes admis par le Roi à l'Ecole militaire, dès l'établissement de cette maison royale. Il fut compris, avec éloge, dans la première promotion de cette Ecole, avec le grade d'enseigne au régiment de Champagne. Il fit avec valeur la guerre de Sept ans, et fut blessé à l'affaire de Fillighangen, en 1761. Nommé capitaine, puis major da régiment d'Austrasie, il s'embarqua en 1782 avec le bailli de Suffren, pour porter secours à nos possessions des Indes. Revenu en France en 1784, il reçut avec le grade de lieutenant-colonel, la croix de Saint-Louis. Enfin, il fut fait brigadier des armées le 20 mai 1785. Au mois de juin 1788, il se trouvait sous les ordres du maréchal de Vaux, en garnison à Grenoble, et, le 15, dans la fameuse journée des Tuiles, il fut blessé d'un coup de pierre. Le 22 septembre suivant il fut nommé maréchal de camp, et en même temps commandant du Pont-de-Beauvoisin. En 1791, il fut mis à la tête des gardes nationales de l'Oise, de la Marne et des Ardennes. Au 10 août 1792, il fut l'un des trois généraux qui commandaient aux Tuileries la 19 division militaire. Compris dans la liste des émigrés du département de la Haute-Loire, il périt à Quiberon le 21 juillet 1795.
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 +|**UCAL_$B769654_00000099**| ― - 69 - feuilletant, nous avons trouvé les motions suivantes faites au sujet du maire d'Étampes, qui méritent d'être rapportées. Séance du 25 mars 1792. Honneurs à la mémoire de Simonneau, maire d'Étampes. << Sur la motion d'un membre, la Société a arrêté qu'il seroit fait jeudi prochain un service aux frais de la Société, pour célébrer l'action généreuse du vertueux maire d'Etampes; qu'il seroit envoyé un extrait du procès-verbal à la municipalité de la ville d'Etampes, et à la veuve du maire Simonneau. Qu'en outre, une pyramide triangulaire seroit placée dans la salle de la Société, à côté de Mirabeau, sur laquelle sera inscrit: d'un côté les dernières paroles du maire, et sur les deux autres les expressions consacrées par l'Assemblée nationale, qui a voulu, par un décret, manifester la reconnaissance nationale envers le maire d'Etampes. >> Séance du 29 mars 1792. Pyramide placée dans la salle de la Société, à la mémoire du maire d'Etampes. -- Motions d'ordre à ce sujet. << Un spectacle attendrissant occupoit la Société: c'étoit celui de l'image de la pyramide, et des inscriptions décrétées par le Corps législatif, pour honorer la mémoire du vertueux Simonneau, maire d'Etampes. << Le vice-président en a fait l'éloge par un discours prononcé à la tribune, où il a été interrompu par des applaudissements réitérés. << Merlin, ancien député à l'Assemblée Constituante, a lu le discours qu'il avoit prononcé le matin dans l'église Saint-Pierre, où tous les corps administratif, judiciaire, militaire, celui de l'Université et de la garde nationale, s'étoient rendus avec une grande partie des citoyens amis de l'ordre et de la loi, pour assister au service solennel pour le vertueux Simonneau. << L'impression du discours a été arrêtée, ainsi que celle de ce procès-verbal. << Le but de cette impression a été de constater plusieurs événemens qui ont eu lieu depuis la dernière séance: 1° L'empressement de la Société à honorer la mémoire du magistrat du peuple qui s'est sacrifié pour la loi; 2º« Le désir de pouvoir offrir à sa veuve un motif de consolation dans ce témoignage de l'estime publique, de la vénération et de la reconnoissance universelle; << 3º L'appareil touchant qu'ont mis à ce service MM. les officiers municipaux, en se chargeant, comme corps constitué, des invitations: 4° L'action du maire de Douai, qui d'après une délibération entre ses collègues et lui, s'est dépouillé de son écharpe et en a couvert la tombe du maire d'Etampes;
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 +|**UCAL_$B769654_00000100**| -- ____ 70 << 5° L'expression la plus vive par laquelle tous les amis de la Constitution ont adhéré à la motion du procureur de la commune, de les convoquer le lendemain, pour que tous les habitants, à l'exemple des officiers municipaux et des corps constitués, jurent sur le livre de la Constitution, de ne jamais balancer, en cas de sédition et de révolte à la loi, à se placer entre les bourreaux et la victime, et à devenir autant de Simonneau, pour assurer à la loi son empire et sa force. » Le 6 mai suivant, un grand nombre de citoyens adressèrent à l'Assemblée nationale une pétition par laquelle ils demandaient que les honneurs publics fussent rendus au maire d'Étampes, mort pour la loi. Un membre de l'assemblée convertit la pétition en motion, et le 12 du même mois, sur le rapport de Quatremère, elle rendit un décret instituant une cérémonie nationale, consacrée au respect dû à la loi, au champ de la Fédération, pour honorer la mémoire du maire d'Étampes. Les principaux organisateurs de cette fête furent les architectes Molinos et Legrand et le citoyen Palloy. Le patriote Palloy (c'est ainsi qu'il se faisait appeler), s'était fait connaître comme ayant pris part à la prise de la Bastille et aussi par le don fait aux quatre-vingt-trois départements d'une pierre provenant des cachots du château dont il s'était rendu adjudicataire pour en opérer la démolition. Homme remuant, ambitieux et exploiteur, il cherchait à profiter de tous les événements de la Révolution pour s'enrichir et se rendre populaire. Aussi s'empressa-t-il, aussitôt qu'il sut que l'Assemblée nationale avait décrété une fête nationale en l'honneur de Simonneau, de faire ses offres de service au président du Comité de l'instruction publique de l'Assemblée nationale. Celui-ci lui fit la réponse suivante que nous possédons: Paris, 12 mai 1792, l'an 4 de la Liberté. << Votre lettre, Monsieur, a été lue au Comité d'Instruction publique, au moment même où la discussion s'est ouverte sur la cérémonie funèbre que l'Assemblée nationale a décrétée, sur la demande de quelques citoyens, pour honorer la mémoire du maire d'Etampes. « Le Comité, en rendant hommage à l'empressement que vous montrez, en toute occasion, pour concourir à propager l'horreur du despotisme et l'amour de la liberté, a cependant senti que, s'il appartient aux représentans de la nation d'imprimer à cette cérémonie un caractère auguste et vraiment national, en appellant, au cortège, les fonctionnaires publics du département, afin de rendre un hommage solennel à la loi dans la personne du fonctionnaire qui s'immola pour elle, c'est au pouvoir exécutif, aux ordonnateurs de la cérémonie à entrer dans les détails de l'exécution et à
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 +|**UCAL_$B769654_00000101**| 71 accueillir toutes les demandes particulières qui, comme la vôtre, peuvent y ajouter un nouvel intérêt. << Adressez-vous donc, Monsieur, au Ministre citoyen chargé de cet objet, M. Roland, et recevez les témoignages particuliers de l'estime de celui qui se plaît à mêler ici ses sentimens propres à ceux du Comité dont il est l'organe. >> Le Président du Comité d'Instruction publique. G. ROMME (1) La fête de la Loi ayant été fixée au 3 juin, le patriote Palloy fit tous ses efforts avec ses Apôtres de la liberté pour donner à cette solennité le plus grand éclat (2). Toutefois, il eut soin de ne pas compromettre ses intérêts, car au lieu de prendre l'initiative de l'enlèvement des matériaux provenant de la démolition de la Bastille, qu'il avait déposés sur les boulevards et qui nuisaient à la circulation ou menaçaient la sécurité publique, il fut forcé de les enlever ou de les consolider pour faire place au cortège partant du boulevard Saint-Antoine pour se rendre au champ de la Fédération, ainsi qu'il résulte de la pièce suivante qui se trouve en notre possession. Département des Travaux publics. Municipalité de Paris. Ce 31 may 1792, 4º de la Liberté. « Le Directoire du département, Monsieur, chargé de l'exécution de la loi relative à la fête décrétée en l'honneur du Maire d'Étampes, nous a marqué qu'elle devoit avoir lieu dimanche prochain, que le cortège se rendra de la Bastille par les boulevards jusqu'à la porte St Honoré et de là au champ de la Fédération et qu'il étoit nécessaire de faire enlever tous les matériaux que les particuliers avoient fait déposer sur les boulevards. Nous sentons qu'il nous seroit impossible de faire exécuter l'enlèvement des entoisés de pierres dont vous avez fait l'acquisition, à cause du temps que cet enlèvement exigeroit et de la difficulté de trouver à proxi- (1) Gilbert Romme, conventionnel montagnard, mathématicien, l'un des créateurs du calendrier républicain, naquit à Riom en 1750. Député à l'Assemblée législative, en 1791, et ensuite à la Convention nationale, où il vota la mort de Louis XVI, il présida la Convention et fit divers rapports sur l'instruction publique. Ayant pris part à l'insurrection du 1er prairial an III, il fut décrété d'arrestation et condamné à mort le 18 juin 1794, et se poignarda à l'instant où on lui lut son jugement. (2) Palloy appelait ses Apôtres de la liberté les patriotes chargés de porter dans les départements les petits modèles de la Bastille et de présider à leur inauguration.
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 +|**UCAL_$B769654_00000102**| 72 • mité des emplacemens convenables, mais il est une disposition à laquelle il est indispensable que vous vous livriez, c'est le rétablissement de ces entoisés qui s'éboulent et qui pourroient donner lieu à des accidens. Nous vous prions de vous occuper sur le champ de ce rétablissement. Nous ne doutons pas de votre empressement à vous rendre à notre invitation. Nous ne devons cependant pas vous dissimuler que la conservation de ces dépôts est d'un mauvais exemple, qu'il seroit important que vous débarrassiez la partie du boulevard St Antoine qui est occupée par vos matériaux. Les administrateurs des Travaux publics CHAMPION. Lorsque le cortège se forma sur la place de la Bastille, son point de départ, Palloy, entouré de ses Apôtres, prononça un discours en l'honneur de Simonneau, qui a été imprimé sous ce titre: Discours prononcé le 3 juin 1792, l'an IV de la liberté, par Palloy, le patriote, accompagné de ses Apôtres, lorsque le cortège de la fête célébrée en exécution du décret de l'Assemblée nationale du 18 mars 1792, à la mémoire de Jacques-Guillaume Simonneau, maire d'Étampes, s'est présenté sur l'emplacement de la Bastille (Paris, imp. J. Girouard, in-4º de 2 pages). Quelques jours plus tard, Palloy envoya à la famille du maire d'Étampes une pierre provenant de la Bastille, sur laquelle il avait fait graver la lettre de Gensonné, président de l'Assemblée nationale, à l'adresse de la veuve de Jacques-Guillaume Simonneau. Ce précieux souvenir est conservé au musée de la ville (1). Aujourd'hui que les statues de tant d'hommes inconnus encombrent nos places publiques, il est regrettable de constater que Simonneau n'a pas encore à Étampes le monument voté par l'Assemblée nationale, et cela par suite de l'indifférence des municipalités étampoises qui se sont succédé depuis cent ans. En 1873, la municipalité, à la tête de laquelle se trouvait un homme énergique et un vaillant patriote (2), songea à réparer cet oubli ; mais sa bonne volonté vint se heurter devant une opposition systématique qui l'empêcha de donner suite à son projet. (1) Au sujet des pierres de la Bastille offertes à la ville d'Étampes, nous avons publié dans le Réveil d'Etampes du 16 octobre 1897, une lettre inédite du patriote Palloy, qui prouve qu'il donna à la ville deux pierres provenant de la Bastille, dont une seule a été conservée. (2) M. Brunard, qui fut maire d'Etampes pendant plusieurs années.
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 +|**UCAL_$B769654_00000103**| 73Or, comme les conseillers municipaux actuels n'ont plus à redouter cette opposition, il leur appartient de prendre l'initiative de cette réparation tardive et de la mener à bonne fin. S'ils n'en font rien, leurs concitoyens pourront les traiter d'ingrats, eux qui sont pour la plupart les petits-fils de cette bourgeoisie qui doit tout à la Révolution et à laquelle appartenait Simonneau. Dans le même ordre d'idées, il est également triste de voir que les médecins Jacques Houllier, Gérard François (1) et Pierre Baron, praticiens célèbres, ces deux derniers poètes en même temps, le statuaire Nicolas Le Gendre, le magistrat poète René Hémard, l'universitaire Michel Godeau, le polémiste religieux Antoine Guénée, qui eut le talent de se mesurer avec Voltaire et de le mordre jusqu'au sang, et le savant naturaliste Etienne Guettard, qui ont illustré la ville d'Étampes, soit par leurs écrits ou leurs talents, soit par leur dévouement à la chose publique, attendent que les édiles étampois veuillent bien inscrire leurs noms sur les plaques indicatrices de quelques-unes des rues ou places qui ont été baptisées autrefois par des appellations bizarres que rien ne justifie plus aujourd'hui. Nous voulons espérer que nos plaintes seront entendues et que la nouvelle municipalité aura à cœur de remplir le devoir qui lui incombe. Paul PINSON. (1) Le nom patronymique de ce médecin étampois est François et non Gérard, comme le dit à tort M. le Dr Achille Chéreau, dans son livre le Parnasse médical français.
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 +|**UCAL_$B769654_00000104**| RELATION DE LA RÉCEPTION FAITE A LOUIS XIV A SON PASSAGE A ÉTAMPES (Septembre 1668) Nous avons toujours eu à cœur de recueillir avec la plus profonde sollicitude tous les documents imprimés ou manuscrits qui peuvent être de quelque intérêt pour la ville d'Etampes. En collectionnant ces épaves du passé, dont quelques-unes sont uniques, nous n'avons d'autre but que d'ajouter quelques pages de plus à l'histoire de la ville qui nous a vu naître; ces documents, sans être de la première importance, n'étant pas moins dignes de figurer dans les annales de la cité. De tout temps, en France, l'entrée du souverain dans une ville a été considérée comme un événement de la plus haute portée, que les chroniqueurs locaux ont eu soin de ne point oublier. En effet, ces fêtes ont pour l'homme sérieux une certaine importance qui échappe communément aux yeux du vulgaire; car, dans bien des cas, le voyage du prince a pour objet de se rendre compte par lui-même des besoins et de l'esprit d'une population qu'il croyait lui être hostile et qu'il jugeait sous un faux jour. Ce voyage, quand même il ne serait qu'une promenade d'agrément, procure toujours, dans les localités où il s'effectue, des bienfaits inattendus qui laissent dans les cœurs des souvenirs ineffaçables. On comprend donc l'utilité de recueillir avec le plus grand soin tout ce qui s'est dit ou fait en pareille circonstance. Les récits de ces fêtes procurent en outre aux générations futures de précieux
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 +|**UCAL_$B769654_00000105**| - 75 - enseignements qui les aident à connaître et à apprécier les faits et gestes de leurs ancêtres. Malheureusement, et par suite de l'incurie des municipalités des temps passés, dans bien des localités il n'existe aucune trace de la relation officielle de ces événements. Dans d'autres, où ce travail a été fait, le vandalisme révolutionnaire l'a anéanti, en dispersant à tous les vents les archives des hôtels-de-ville, dont les registres servirent maintes fois à confectionner des cartouches. Nous pensons que, si les archives de la ville d'Etampes sont muettes à l'égard du passage de Louis XIV dans notre ville, en 1668, la cause peut en être attribuée, non pas à la négligence de la municipalité, mais plutôt au bouleversement politique de 1793. Quoi qu'il en soit, les documents authentiques que nous possédons nous permettent de combler la lacune existante. L'année 1668 fut une des plus brillantes du règne de Louis XIV. Après avoir conquis, en 1667, toutes les places fortes de la Flandre, il s'empara, en trois semaines et en plein hiver, de la FrancheComté, qu'il dut rendre quelques mois après, en exécution du traité conclu à Aix-la-Chapelle. Forcé alors de rester quelque temps dans l'inaction d'une paix qui lui procurait quelques loisirs, ce monarque, qui, tout en aimant la guerre, ne dédaignait ni le faste ni les plaisirs, voulut faire voir aux populations de son royaume qu'il savait joindre à la gloire des armes la magnificence d'une cour qui n'avait pas d'égale en Europe. C'etait un spectacle vraiment curieux de voir alors la fine fleur de la noblesse, si arrogante et si fière, et avec laquelle la royauté comptait autrefois, mais que la hache de Richelieu avait rendue depuis si humble et si soumise, graviter autour de ce roi orgueilleux qui avait pris pour emblème le soleil, avec cette devise prétentieuse: Nec pluribus impar. Il n'y avait point de bassesse qu'elle ne fît pour lui plaire, et le plus petit sourire qui tombait des lèvres du maître était accueilli comme une insigne faveur par tous ces courtisans sans dignité. Au commencement de l'automne 1668, et sans doute pour complaire à la douce et touchante duchesse de La Vallière, sa maî tresse, qui était alors en grande faveur, Louis XIV résolut d'aller se promener à Chambord, afin de faire respirer l'air natal à celle qui devait, quelques années plus tard, sous le nom de sœur Louise de la Miséricorde, se renfermer au fond d'un cloître de Car-
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 +|**UCAL_$B769654_00000106**| - - 76mélites, pour y pleurer ses fautes et les infidélités de son royal amant. Le 21 septembre, le roi et la reine arrivèrent à Etampes; quelques jours auparavant, une foule d'équipages et un grand nombre de troupes de toutes armes les avaient précédés, et, depuis le fameux siège de 1652, notre ville n'avait point vu un tel déploiement de forces, qui ressemblait plutôt à une marche d'armée entrant en campagne qu'à l'escorte d'un roi en voyage. Les officiers municipaux, en apprenant le départ du roi pour Chambord, lui dépêchèrent à Chastres (1) un émissaire, pour connaître comment il voulait être reçu. Mais, quoiqu'il lui fût répondu qu'il n'y aurait, pendant tout le voyage, ni harangue ni présents à faire, ils ne purent souscrire à une aussi sèche résolution. Les habitants prirent donc les armes le matin et se rendirent hors la ville, où ils rencontrèrent le maître des cérémonies qui leur donna l'ordre de se retirer. Le maire et les échevins qui suivaient par derrière reçurent également de cet officier la même injonction, mais ils passèrent outre et continuèrent leur chemin. jusqu'à la tête du faubourg, en face le couvent des Capucins, où ils demeurèrent exposés au soleil et à la poussière une partie de la journée. A cinq heures parut le carrosse du roi, précédé de plusieurs autres et de celui du capitaine des gardes. Le roi, en voyant les officiers de ville réunis et prêts à le recevoir, fit arrêter ses chevaux. Alors, le maire René Hémard (2), à la tête des échevins prononça à genoux la harangue suivante : << Sire, << Nous venons moins apporter aux pieds de Vostre Majesté les clefs de cette pauvre ville, que le zèle et les respects syncères du reste de ses habitans. Les premières luy sont deües comme au (1) Chastres, aujourd'hui Arpajon (depuis 1721), chef-lieu de canton de l'arrondissement de Corbeil. (2) René Hémard, sieur de Danjouan, Lieutenant particulier au bailliage d'Étampes, Conseiller du Roi, naquit à Étampes en 1622; élu maire de cette ville en 1667, il résigna ses fonctions en 1670. Il mourut le 25 janvier 1691. Il a publié en 1653 un recueil d'épigrammes assez lestes, portant ce titre : Les restes de la guerre d'Estampes, faisant ainsi allusion à ses papiers qui avaient été brûlés pendant le siège de 1652. Cet ouvrage, devenu très rare, a été réimprimé de nos jours
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 +|**UCAL_$B769654_00000107**| ― 77 - monarque de la France, et les seconds comme à celuy qui mérite l'estime de toute la terre; l'un par cette puissance commune que les souverains ont sur les corps, et l'autre par ce doux empire particulier, qu'ils doivent avoir, et qu'ils n'ont pas souvent comme elle, sur les cœurs. Oui Grand Prince, quand la nature Par erreur ne t'eust pas fait Roy, Le Peuple françois en murmure Se seroit rangé sous ta loy. << Mais permettés vous, Sire, à des chétifs provinciaux, aveuglés de ce soudain bonheur, de bégayer un peu sur le sujet le plus illustre du monde ? Des nains ozeront-ils pour un moment s'ériger en géans? Non, Sire, encore un coup nous n'apportons icy de bonne foy que des cœurs muets, mais ardens et fidelles; les plus belles paroles qui s'offrent, n'arrivent pas à la moitié de leur imagination, et ne trouvent rien dans le destin et la vie des Alexandres et des Césars, qui ne cedde à la gloire des vostres, soit au dedans, soit au dehors, soit en la céleste bénédiction d'une nombreuse famille royale qui leur a manqué, et fait toujours le plus seur bonheur de l'Estat, soit en la grandeur martiale de vos faits héroïques, relevés par la conjoncture des temps, infiniment au-dessus de ceux de ces anciens braves. Dans leurs siècles maladroits et presque sans deffence, le gain d'un royaume ne coustoit pour l'ordinaire que celui d'une bataille, au lieu qu'en celui-cy, l'esprit et le courage liés ensemble, résistans pied à pied, ne laissent plus guère monter sur les remparts ruinés d'une bicoque, qu'à travers les ponts encore demy vivans d'un millier de corps morts. Et néanmoins où en sont à présent ces vieilles testes ruzées de Madrid, et ces pezans bras d'Allemagne, devant mon Roy? Où en est toute l'Europe? En cervelle, en admiration et en crainte; et ne sçait-on pas de bonne part, que ces importantes impressions ont donné à Raab, et donnent ailleurs jusques dans le turban mesme? Grand Prince nous n'avions pas peut estre dessein d'aller si avant, mais comment ne pas essayer à suivre Vostre Majesté, quoy que de loing, et comment finir une gloire infinie, si ce n'est en disant sans fin, après les protestations ordinaires et extraordinaires d'une fidélité inviolable, de bouche et de cœur, Vive le Roy ! >> Ce discours, presque inintelligible pour nous, reçut cependant les applaudissements de la foule, et le cri de vive le roi fut répété
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 +|**UCAL_$B769654_00000108**| 78 - par toute la population accourue, qui se trouvait groupée en manière d'amphithéâtre sur le penchant de la petite colline faisant face à la route. Aussitôt après, le maire se leva, prit les clefs dorées de la Ville, qui étaient déposées dans une corbeille de gaze d'argent, et les présenta au roi, lequel, avec un visage satisfais, répondit obligeamment: Gardez-les, je vous les rends, elles sont en bonnes mains. Pendant que le maire prononçait sa harangue, les pères Capucins de leur côté offrirent et firent recevoir à la reine, qui se trouvait dans le carrosse à gauche, ainsi qu'aux dames de sa suite, des fruits de leur jardin, lesquels furent trouvés si savoureux que, plus tard, ils attirèrent au couvent une foule de visiteurs dont ces bons pères se seraient bien passés. Les officiers du bailliage, ayant à leur tête le lieutenant-général de Bry, attendaient le roi entre la porte de la Couronne et la porte Saint-Jacques, qui était décorée des armes de France et de celles de la ville et sous laquelle on avait étendu un très grand tapis (1). Ce magistrat harangua également Leurs Majestés, qui entrèrent ensuite en ville au son des cloches de toutes les églises et se rendirent à l'hôtel des Trois-Rois où elles couchèrent. Cet accueil bienveillant ayant fait renaître la confiance dans les cœurs des officiers municipaux qui savaient que le roi était fortement prévenu contre les habitants, qu'il croyait avoir pris les armes contre lui en 1652, le maire se proposa alors de faire des présents et de parler à la reine à part, afin d'apitoyer cette princesse sur le sort de sa malheureuse cité. A cet effet, il chargea deux échevins de sonder le terrain; mais le maître des cérémonies, auquel le roi avait fait des reproches sur l'inobservation de ses ordres, se montra si irrité contre eux qu'il fallut en demeurer là. Le maréchal de Turenne, sans doute par esprit de politique ou (1) A cette époque, la grande route aboutissait par le faubourg Evezard à la porte de la Couronne. Il existait le long des fossés un chemin qui reliait cette dernière porte à celle Saint-Jacques; la route actuelle était un cimetière. En 1775, le peu d'élévation de la voûte de la porte de la Couronne ayant occasionné de graves accidents, la porte fut démolie et la route prolongée jusqu'à l'endroit appelé aujourd'hui la Pointe. L'entrée principale de la ville était par la porte de la Couronne, la route traversant la ville suivait les rues Evezard, de la Juiverie, Saint-Antoine, Basse-de-la-Foulerie, des Cordeliers, et sortait de la ville par la rue d'Enfer et la porte Saint-Gilles, vers la ruelle du Mouton, près de laquelle on voit encore aujourd'hui le chemin de ronde longeant les anciens remparts
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 +|**UCAL_$B769654_00000109**| 79 de divertissement, monta à cheval aussitôt qu'il fut descendu de carrosse et alla revoir les restes des demi-lunes, les brèches et les autres fracas du siège auquel il avait pris une si grande part. Cette curiosité intempestive, qui semblait rouvrir des plaies encore mal fermées, ne plut guère aux habitants, qui en manifestèrent hautement leur mécontentement. Le lendemain, le roi se remit en route, après avoir entendu la messe au couvent des pères Cordeliers, et tous les officiers qui avaient assisté la veille à la réception se trouvèrent en dehors de la porte Saint-Martin, qui était décorée comme celle de SaintJacques, pour le saluer en passant. Le 19 octobre suivant, le roi coucha encore à Étampes en revenant de Chambord. Le corps de Ville alla à sa rencontre jusqu'aux dernières maisons du faubourg. Le Maire lui présenta de nouveau les clefs de la Ville, mais il ne fit point arrêter son carrosse et donna simplement l'ordre à son cocher d'aller au pas. En prenant congé d'eux, il leur dit en riant, et faisant signe de la main: Elles sont bien, je vous l'ai déjà dit. Le lendemain, entre dix et onze heures, le roi, la reine et toute la cour allèrent entendre la messe à l'Église Notre-Dame. En leur honneur, la châsse fut descendue et placée vers l'Évangile, disposition qui causa un très grand trouble aux aumôniers pour le placement du prie-dieu du roi, qu'on avait relevé par un plus grand tabouret que celui de la reine. Enfin, après l'avoir changé cinq ou six fois de place, le premier fut laissé près de l'autel, du côté droit en entrant, vers l'Épitre, et l'autre vis-à-vis, du côté de l'Évangile. Un peu avant l'issue de la messe, le corps de ville quitta l'église pour se rendre hors de la porte Saint-Jacques, où, quelques instants après, le roi passa et témoigna au maire et aux échevins par un baissement de tête qu'il agréait leurs respects (1). Paul PINSON. (1) Au cours de son règne, Louis XIV passa encore plusieurs fois à Étampes, pour se rendre au château de Chambord. Ce qui le prouve, c'est que, le 6 octobre 1669, Molière joua devant lui, à cette résidence royale, Monsieur de Pourceaugnac, et, le 14 octobre 1670, il y donna également pour la première fois sa comédie du Bourgeois Gentilhomme. Mais nous ne sachons pas que, dans ces différents voyages, le roi ait été reçu par les habitants de notre ville.
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 +|**UCAL_$B769654_00000110**| L'ABBAYE DE GERCY EN 1793 " (1) L'Abbaye de Gercy fut fondée vers 1260 par Jeanne, comtesse de Toulouse, épouse d'Alphonse, comte de Poitiers, frère du roi Saint Louis. C'est avant de partir pour la Terre sainte, où elle voulut accompagner son mari appelé par la croisade, qu'elle fit cette fondation pieuse dans le voisinage de sa résidence de Vaux-la-Comtesse, où elle venait souvent, et qui a pris plus tard le nom de Vaux-laReine, après l'acquisition qui en fut faite par Isabeau de Bavière, la triste épouse de Charles VI (2). Au retour de cette croisade dont tant de preux ne revinrent pas, la Comtesse Jeanne tomba malade, en Toscane disent les uns, en Provence, selon d'autres. « En ces lieux destournez et esloignez de << secours, ils ne trouvèrent (3) aucun soulagement à leurs infir- << mitez. La Comtesse fit son testament où elle eut souvenance et << mémoire de ses religieuses de Jarcy, et esleut sa sépulture en leur église. Et afin que cette sienne ordonnance fust mieux exécutée, <«<elle légua sa terre et seigneurie de Vaulx à Geofroy du Plessis, << son secrétaire, à la charge d'avoir soin de faire porter son corps << au lieu où elle avoit esleu sa sépulture, et l'y faire ensevelir ainsi << qu'il appartenoit à sa qualité ; ce que Geofroy accomplit fidelle- <<ment, comme l'on peut voir par un tombeau de marbre blanc de (1) Ce nom s'écrit aujourd'hui Jarcy. C'est un écart de la commune de Varennes, canton de Boissy-Saint-Léger, arrondissement de Corbeil. (2) Vaux-la-Reine, écart de la commune de Combs-la-Ville, canton de BrieComte-Robert (Seine-et-Marne). Voir: Notes complémentaires, page 89. (3) Le Comte et la Comtesse étaient tous deux tombés malades.
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 +|**UCAL_$B769654_00000111**| 81 << la Comtesse, qui est placé au milieu du choeur de l'église de << Jarcy avec cet éloge: « Cy gist le corps de haute et puissante dame Jeanne Comtesse << de Thoulouze et de Poictiers, espouse de Haut et Puissant « Prince Monseigneur Alphonce frère du Roy Saint Louis, << Fondateurs de Céans » (1). Les religieuses de Gercy suivaient la règle de Saint Victor, ordre de Saint Augustin; celle de Saint Benoît y fut substituée au XVI siècle. L'Abbaye devint très prospère, grâce aux nombreux dons et legs reçus depuis sa fondation, ainsi que l'apprend une charte de Philippe-le-Bel, datée de 1296 (2). L'église possédait de nombreuses reliques qui attiraient un grand concours de pèlerins, et ce concours devint si important par la suite que l'Abbesse obtint du roi Louis XII des lettres-patentes (3), datées de Blois au mois d'octobre 1510, qui permettaient l'établissement d'une foire en ce lieu le jour et le lendemain de la fête de Saint Barthélemy (4). Ce n'était que l'extension d'un droit déjà accordé par saint Louis. Cette foire existait encore au temps de l'abbé Lebeuf et il est probable qu'elle se continua jusqu'à la Révolution, qui dispersa les religieuses et détruisit l'abbaye. L'église renfermait beaucoup d'objets précieux, de riches châsses pour les reliques, des tableaux de grands maîtres pour orner les autels, de nombreux tombeaux et pierres tumulaires. Tout a disparu; les sépultures ont été violées pour en extraire le plomb et les pierres tombales sont venues échouer dans le moulin voisin, où elles sont usées par les pieds des paysans et des charretiers, fort peu soucieux de la sœur de saint Louis et des premières abbesses du couvent. Un ancien notaire de Brunoy, localité voisine de Jarcy, qui a encore connu les restes de ces monuments, nous apprend que la pierre qui recouvrait la sépulture de la Comtesse de Toulouse, fondatrice de l'Abbaye, était placée à l'entrée de la (1) De la Barre. Les Antiquités de la Ville, Comté et Châtelenie de Corbeil. Paris, 1647, page 176. (2) Histoire du diocèse de Paris par l'abbé Lebeuf. T. XIII, p. 274. (3) Ibid. T. XIII, p. 277. (4) La plus insigne des reliques de l'église de cette Abbaye était un bras de l'Apôtre saint Barthélemy, qui lui avait été donné par sa fondatrice, la Comtesse de Toulouse. V. de la Barre, p. 175.
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 +|**UCAL_$B769654_00000112**| 82 chambre à farine; celles des deux premières abbesses, Oda et Ameline, contre le mur de refend, sous les bluteries; d'autres étaient dans la salle des meules (1). Le Baron de Guilhermy en a encore connu des vestiges qui n'existent plus aujourd'hui. « L'église, dit-il, remarquable par son « étendue et le style de son architecture, a été détruite. Les bâti- <«<ments claustraux ont eu le même sort. La maison abbatiale, de << construction moderne (2), forme une élégante habitation. L'an- << cien enclos en est devenu le parc. Les pierres sépulcrales étaient << nombreuses à Gercy. Nous en publions quelques-unes qui ser- << vaient, il n'y a pas longtemps, de dallage dans un magasin de << farine. On en avait employé d'autres au revêtement d'un canal << qui conduit une prise d'eau à la roue d'un moulin ; il fallait guet- <<< ter un moment favorable pour les atteindre, afin de leur donner << un jour place dans notre supplément. Le Comité des monuments << historiques s'est préoccupé plus d'une fois du triste sort de ces << monuments » (3). Nous avons dit que l'église de l'Abbaye de Gercy était riche en objets d'art; en outre du beau mausolée en marbre blanc de la Comtesse de Toulouse, qui se trouvait au milieu du choeur, il y avait beaucoup de tableaux anciens, des inscriptions sur marbre, celle, entre autres, qui rappelait que le cœur de Mgr de Péréfixe de Beaumont, Archevêque de Paris (4), avait été rapporté dans cette église par les soins de Madame Françoise de Péréfixe de Beaumont, sa sœur, qui était alors abbesse de Gercy. L'ancien notaire de Brunoy, dont il a été question ci-dessus, possédait une Vierge de Léonard de Vinci (c'est lui-même qui nous l'apprend), qui, dit-il, ornait l'oratoire de Madame de Braque, la dernière abbesse de Gercy. (1) Brunoy et ses environs, par Jeannest-Saint-Hilaire, maire de Brunoy. Paris, 1849, page 188. C'est ce même personnage qui, en qualité de notaire, a certifié le plan de l'Abbaye de Jarcy que nous reproduisons plus loin. (2) Madame de Braque, la dernière abbesse de Gercy, avait fait construire ce logis abbatial. La première pierre en fut posée le 21 septembre 1780 par le Comte de Provence, seigneur de Brunoy, qui fut plus tard Louis XVIII. (3) Inscriptions de la France du V• au XVIII• siècle, par le Baron de Guilhermy. Paris, 1873 et suiv. T. IV, p. 293 et suiv. On y trouve, reproduites par la gravure cinq des plus belles pierres tombales de Gercy. (4) Mgr de Beaumont, quatrième archevêque de Paris, occupa ce siège de 1662 à 1671.
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 +|**UCAL_$B769654_00000113**| 83 La révolution a passé là et il n'en reste plus que le souvenir, qui nous a été heureusement conservé par des auteurs autorisés tels que de la Barre, du Breul, l'abbé Lebeuf et d'autres encore qui ont consacré des pages intéressantes à l'histoire de l'Abbaye de Gercy. C'est d'après eux que nous avons rédigé ces notes sommaires, pour servir de préface à un document non encore publié et qui fait partie des archives du département de Seine-et-Oise. C'est le procès-verbal de prisée et estimation, en 1793, comme bien national, de l'abbaye de Jarcy. Ce document est en quelque sorte l'acte mortuaire de cet établissement religieux qui avait subsisté pendant plus de six siècles et qui, avec l'Abbaye d'Yerres, son opulente voisine, avait tenu une place si importante dans notre région, où toutes deux avaient brillé pendant de longs siècles d'un éclat que rien n'a encore pu remplacer (1). A. D. PROCÈS-VERBAL DE PRISÉE ET ESTIMATION DU BIEN NATIONAL DE L'ABBAYE DE JARCY (23 Janvier 1793) Ier RAPPORT L'an mil sept cent quatre-vingt-treize, le vingt-trois janvier et jours suivants, l'an deuxième de la République Française. Nous Philibert Sever Déforge, géomètre-expert nommé par les Citoyens administrateurs du Directoire du District de Corbeil-surSeine, par délibération du trente juillet dernier à l'effet de priser et estimer les Biens nationaux situés en l'étendue dudit district. Nous nous sommes transportés en la paroisse de Varennes-enBrie à l'effet de priser et estimer la maison abbatialle et conven- (1) Un membre de notre Société a eu l'heureuse pensée de photographier ce document relatif à l'Abbaye de Jarcy, avec le petit plan très rudimentaire qui l'accompagne, et de nous en envoyer les épreuves. La copie que nous donnons de l'un et de l'autre est donc absolument fidèle; c'est pourquoi nous sommes heureux de remercier ici cet aimable confrère qui ne nous a pas autorisé à le nommer.
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 +|**UCAL_$B769654_00000114**| 84 tuelle de Jarcy, et en fournir un plan géométrique qui sera annexé au présent dont le détail suit: Cette maison est située à environ sept lieues de Paris, deux lieues de Corbeil et à une lieue de Brie-Comte-Robert, et à très peu de distance de la forêt de Rougeau (1), ayant vue sur la ditte forêt qui est séparée de laditte maison par la rivierre d'Hyères. Le local présente le plus beau paysage en été, relativement aux coteaux qui environnent la ditte maison et qui sont d'excelente culture. Elle consiste: 1º Dans un grand corps de bâtiments nouvellement bâti, ayant deux ailes, l'une à chacune de ses extrémités; le tout s'entretenant et ayant issue de l'un à l'autre par un corridor au milieu, tant dudit grand bâtiment que des deux ailes, lesquelles ailes font saillies sur la cour d'entrée; lequel grand bâtiment a deux cents pieds de long, sur trente-six de large, ce qui fait deux cents toizes de superficie, cy. • La saillie de chacune desdites ailes est de quarante-cinq pieds de long sur trente-six pieds de large, ce qui produit pour les dites ailes quatre-vingt-dix toises de superficie, cy. Le rez de chaussée est composé d'un superbe réfectoir et cuisine des Religieuses; attenant, cuisine de l'abbesse; en face chambre d'hoste; à côté, salle de communauté; deux infirmeries, chaufoirs, buanderie, et six chambres d'hôtes, garde-robes et cabinets, avec le parloir. 2º Sous les dits bâtiments: cave et bûcher voûté en pierre ayant sortie sur le jardin. Le premier étage est composé de trente-deux chambres à feu avec cabinets, et du parloir de l'abesse. Grenier sur tous les dits bâtiments le tout couvert en thuilles, le tout en assez bon état. Au bout des dits bâtiments, se trouve l'Église composée d'un avant-chœur, ensuitte le chœur des Dames, 200 toises 90 toises (1) Le rédacteur a commis ici une erreur; c'est de la forêt de Sénart qu'il a voulu parler.
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 +|**UCAL_$B769654_00000115**| - 85 - la croisée de laditte Église, avec le sanctuaire. Laditte Église de cent soixante pieds de long sur soixante-six pieds de large, non compris la croisée de laditte Église, et contient en superficie, y compris le cul de lampe (1), la quantité de deux cent vingt-trois toizes, cy A l'Orient de la ditte Église et au pourtour du Culde-lampe, est le Cimetière qui contient en superficie cent onze toizes, cy. Au bout du cimetière, à l'orient de la ditte Église, se trouve le jardin, communément nommé le jardin de l'abbesse, planté en arbres fruitiers, contenant en superficie trois cent quatre-vingt toizes, cy. Au bout du jardin se trouve le passage venant du chemin de Jarcy, pour entrer dans la cour en face de la ditte maison conventuelle, laquelle cour et passage contient cinq cent quatre-vingt toizes, cy. La basse-cour, composée de différents bâtiments, dont l'un servoit de pressoir, le surplus servant de vacherie, laiterie, écurie, toit à porc, poulailler au-dessus, contenant en totalité deux cents soixante-quinze toises, cy • • Au bout de la ditte basse-cour, est un passage allant à l'ancienne buanderie, et à une partie de terrein planté en arbres fruitiers. Le tout contenant mille cent cinquante toizes, cy • Plus et enfin le grand jardin, planté d'arbres fruitiers, une avenue de charmille et une pièce d'eau, contenant en totalité cinq mille cinq cent cinquante-huit toizes, cy Ce qui fait un total de huit mille cinq cent soixantesept toises de supperficie qui valent neuf arpents, cinquante-deux perches, quatorze pieds, à la mesure de dix-huit pieds pour perches, et cent perches pour arpent, cy . 223 toises III toises 380 toises 580 toises 275 toises 1150 toises 5558 toises 9 arpts. 52 perches 14 pds Tous les dits objets, après avoir été vus et visités par nous'expert susdit et soussigné, nous les avons estimés (1) L'abside, ou cul de four.
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 +|**UCAL_$B769654_00000116**| 86 - à valoir la somme de cinquante-neuf mille cinquante livres, cy. Item, deux arpents de préz situés près et sous les lieux cy-dessus, en descendant du côté de Boussy, tenant d'un côté au S' Prévost, d'autre côté au Sr Pringe, d'un bout sur le sieur Prévost, et d'autre bout sur la rivierre d'Yerres, que nous avons estimés valoir la somme de deux mille livres, cy Total de l'estimation : Soixante et un mille cinquante livres, cy. 59.050 livres 2.000 livres . 61.050 livres Dont et de ce que dessus j'ai fait et dressé le présent procèsverbal, auquel j'ai vacqué tant pour la ditte estimation que pour le plan annexé au présent, lesdits jour vingt trois janvier, jusques et compris le trente desdits mois et an sans interruption. Fait à Corbeil, ce trente janvier aud. an, et a signé: Déforge. AFFIRMATION DEVANT LE JUGE DU TRIBUNAL Le Rapport cy-dessus et des autres parts a été affirmé sincère et véritable en tout son contenu par le C. Déforge expert y dénommé, et qualifié devant nous, Jean-Michel-Thomas Dancourt, homme de loy, juge du tribunal du District de Corbeil, ce vingt-trois mars aud. an; et a signé avec nous: ainsy signé : J. M. T. Dancourt et Déforge. 2º RAPPORT L'an mil sept cent quatre-vingt-treize, le deuxième de la République Française, le vingt-un juillet, A la requête du citoyen procureur susdit du district de Corbeilsur-Seine, Nous Philibert Sever Déforges, géomètre-expert du district dud. Corbeil, nous sommes transportés dans la paroisse de Varennes et de là à l'Abbaye de Jarcy, avec les citoyens Charles-Louis Gauthier, maire, Jacques Gravaux, François Mangeon, officiers municipaux, et Etienne Gaspard Lagneau, procureur de la commune dudit lieu de Varennes, tous y demeurant. Pour, en exécution de la loy du premier et quatre avril dernier, diviser par lots, s'il est possible, et d'après l'avis desdits Maire et officiers municipaux, la masse et enclos de la ditte abbaye.
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 +|**UCAL_$B769654_00000117**| - - - 87 Le tout vû et examiné, et après avoir demandé l'avis desdits. Maire et officiers municipaux, lesquels, d'une voix unanime, ainsy que moi expert, avons reconnu que lesdits bâtiments et clôture ne peuvent être divisés sans un domage considérable pour la Nation; c'est pourquoi, nous expert susdit et soussigné, avons clos et arrêté le présent procès-verbal, à Jarcy lesdits jour et an, et ont lesdits maire, officiers municipaux et procureur de la commune, signé avec nous. Ainsy signé: Gauthier maire, Gravot, officier municipal, F. Mangeon, off, Lagneau, procureur de la commune et Déforge. AFFIRMATION DEVANT L'UN DES JUGES DU TRIBUNAL Le Rapport cy-dessus et de l'autre part a été affirmé sincère et véritable en tout son contenu par le S. Déforge expert y dénommé et qualiffié, devant nous Jean-Michel-Thomas Dancourt, homme de loy, juge du tribunal du district de Corbeil, ce vingt-deux juillet audit an, et a signé. Ainsy signé: Déforge, J. M. T. Dancourt. « Délivré pour seconde expédition conforme aux minuttes << déposées aux archives du ci-devant district de Corbeil, départe- <<<<ment de Seine-et-Oise, par moi ex-secrétaire dudit ci-devant << district, secrétaire actuel de l'administration municipale dudit << Corbeil, chargé de la garde des dites archives, au citoyen << Bouillat, lui ce requérant, comand du citoyen Damoiseau, << adjudicataire des Domaines nationaux dont il s'agit (1). << A Corbeil, le quatorze vendémiaire l'an sept de la République << française une et indivisible. Signé: RANDOUIN, Sre. Vu pour légalisation à l'administration municipale du canton, à Corbeil, ce quatorze vendémiaire l'an sept de la République française. Signé: RABASSE, BERNADAS, procureur. TIMBRE HUMIDE: Administration municipale. Canton de Corbeil. (1) Voir à la fin, aux notes complémentaires, des détails sur la vente de l'Abbaye de Jarcy, avec les prix d'adjudication.
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 +|**UCAL_$B769654_00000118**| - - 88 TIMBRE 35 ROYAL No5. Nord. Prairie de Jarcy. N°10. Nº2. N°13 Levée de l'ancien plan du Terrier de Jarcy. L N°19 Rue de larry
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 +|**UCAL_$B769654_00000119**| - - 89 Certifie conforme au plan terrier de l'abbaye de Jarcy relevant du Marquisat de Brunoy, formant annexe aux déclarations à terrier des années mil sept cent quatre-vingt et mil sept cent quatre-vingt-et-un, par moi Alexandre Jeannest St. Hilaire, notaire à Brunoy, soussigné dépositaire dudit plan, comme successeur médiat de M. Favereau, ancien notaire audit lieu, qui a reçu les dites déclarations. A Brunoy, ce trois novembre mil huit cent trente-huit. Signé: JEANNEST-St. HILAIRE. NOTES COMPLÉMENTAIRES Après la mise en pages de cette notice, un confrère bienveillant nous a fait parvenir des notes intéressantes que nous insérons ici, faute d'avoir pu les mettre à la place qui leur convenait. Que notre aimable et très zélé correspondant reçoive ici tous nos remerciements. Abbaye de Jarcy. L'abbaye de Gercy-en-Brie fut fondée par Alphonse comte de Poitiers, frère de S. Louis, et la comtesse Jeanne sa femme pour 40 religieuses de l'ordre de S. Augustin et de l'observance de l'abbaye de St-Victor de Paris. Les lettres d'Alphonse sont du mois d'août de l'an 1269. Cette fondation fut confirmée par le roi Philippe III, neveu du fondateur, au mois de février de l'an 1271. L'abbaye d'Issy a été réunie à l'abbaye de Gercy en 1751. On voit encore le tombeau de la comtesse, où elle est représentée en bosse, enveloppée d'un grand manteau avec guimpe, la tête couverte d'un voile et, par dessus, une couronne qui ressemble beaucoup à celle des reines de France (Histoire de France par Vély, tome 6, p. 280). Vaux-la-Comtesse. Vaux-la-Comtesse, puis Vaux-la-Reine. Jeanne de Toulouse, comtesse de Poitiers, acheta la terre de Vaux de Simon de la Porte et de Ainsée, sa femme, par lettres, scellées de l'Officialité de Paris, du mois de janvier 1261, le mercredi après la Conversion de S. Paul. Le Comte de Poitiers en a joui jusqu'à sa mort et, après lui, Philippe III le Hardy et son fils Charles de Valois. Ce dernier en donna la jouissance, sa vie durant, à Geoffroy du Plessis, par ses lettres du 26e jour de may 1297 (1). Dès 1374, Vaux était appelé Vaux-la-Reine, à cause de la Reine Jeanne d'Évreux, morte à Brie-Comte-Robert, le 4 mars 1370. Louis 1) Archives de Seine-et-Marne, série E, n° 1844. Vente par Jehan Andry à Claude de Raboudanges, 28 mai 1497.
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 +|**UCAL_$B769654_00000120**| - 90 d'Orléans, 2e fils de Charles V, l'eut avec Brie dans son apanage et l'échangea en 1390 avec Isabeau de Bavière contre son hôtel de St Marcel-lez-Paris, que lui avait donné, le 1er janvier 1387, le comte de Poitou, duc de Berry et d'Auvergne. Aujourd'hui l'ancien domaine de Vaux-la-Reine est démembré; il n'en reste plus que le nom qui désigne un écart de la commune voisine de Combs-la-Ville. Dans ces derniers temps, un paysan faisant des fouilles dans son jardin, y a découvert de curieuses statues en marbre blanc qui avaient fait partie d'une riche fontaine des premiers temps de la Renaissance. Reliques de St Barthélemy. Dans l'église St-Barthélemy de Paris, qui était paroisse du palais de justice, le coffre de l'autel était de brêche violette et avait la forme d'un tombeau antique, dont la cavité renfermait une châsse où étaient les reliques de S. Barthélemy. On les découvrait à travers les chiffres du Saint, qui étaient entourés d'un cartel de bronze doré orné de fleurs et de palmettes. Ces reliques étaient apparemment ce qui fut détaché d'un bras de ce saint lorsqu'il fut rendu aux religieuses de l'abbaye de Gercy-en-Brie, qui l'avaient mis en dépôt dans cette église durant les guerres de religion, sous Charles IX (Dictionnaire de la ville de Paris, par Hurtaut et Magny. Paris, 1779, tome I, p. 589). Vente de l'Abbaye de Jarcy La vente de la maison conventuelle, de tous les bâtiments en dépendant, église, cour, basse-cour, jardin, avenue, pièce d'eau etc, a eu lieu à Corbeil, au district, le 12 Thermidor an II, et l'adjudication a été prononcée au profit de Damoiseau, demeurant à Paris, rue de Chartres No 333, moyennant 63.000 livres, payables en assignats, en 10 annuités. Le 10 février 1791, on avait déjà vendu le parc de l'Abbaye, plus la ferme de Jarcy, attenant à l'Abbaye et 216 arpents de terres labourables et prés, adjugés à le Prévost, demeurant à Paris, rue Guénégaud, moyennant 180.500 livres. Ce même jour, 10 février 1791, on vendait encore le moulin avec les bâtiments en dépendant, 275 perches de pré, avec maison, grange et bâtiments proche le dit moulin, adjugés au même le Prévost moyennant 16.000 livres (Archives de S. et O., dossier nº 40). Dans une partie de l'ancien parc de Jarcy, avait été édifiée plus tard une maison qui fut habitée par le célèbre compositeur Boïeldieu et où il mourut en octobre 1834. Il est très possible qu'une étude de Brunoy soit dépositaire d'une expédition du procès-verbal d'estimation de l'Abbaye de Jarcy, qui a été reproduit ci-dessus, mais c'est à Versailles, aux Archives départementales, que se trouve l'original de ce document; il y est catalogué sous le nº 1307.
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 +|**UCAL_$B769654_00000121**| LES SŒURS DE SAINT VINCENT DE PAUL A CORBEIL ETABLISSEMENT D'UNE CHARITÉ EN 1672 A toutes les époques de notre histoire nationale, les grands fléaux ont suscité des dévouements admirables. La Providence, aux heures de tristesse et de deuil, a fait surgir des héros, des intelligences supérieures, des cœurs nobles et compatissants. De nos jours on les appelle savants, bienfaiteurs de l'humanité, philanthropes. C'est ainsi qu'on vit, au XVe siècle, la merveilleuse Pucelle d'Orléans sauver la France de la domination de l'Anglais; plus tard, au XVIIe siècle, c'est le bon Pierre Fourier, de Mattaincourt, qui prend en main la cause du peuple, se déclare partisan de l'instruction populaire et fait éclater des prodiges à travers tout le pays de France, sans charge pour personne, luttant de toutes ses forces contre l'ignorance du peuple. Corbeil en a ressenti les heureux effets pendant les 150 années que les religieuses Augustines de la Congrégation de Notre-Dame, dont il était le fondateur, ont passées dans cette ville. Puis c'est encore saint Vincent de Paul, l'admirable philanthrope, qui se montra aussi bon Français que catholique ardent, en fondant des œuvres merveilleuses, non seulement pour la propagation de l'instruction, mais aussi pour le soulagement des infirmes et des malades. Fort écouté à la Cour, quoique peu aidé par elle, il manquait des ressources qui lui étaient nécessaires, mais son esprit d'initiative lui suggérait des idées d'une grande simplicité, qui obtinrent alors de réels succès.
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 +|**UCAL_$B769654_00000122**| -- 92 Humbles furent les débuts, mais l'élan était donné et les œuvres du Père Vincent, comme on l'appelait alors, quelque modestes qu'elles fussent à l'origine, rendirent de grands services qui ne firent que s'augmenter et qui se continuent de nos jours. Dès 1652, pendant les troubles de la Fronde, l'influence de saint Vincent de Paul s'était fait sentir dans notre région. L'Abrégé véritable (1), imprimé à l'époque, rapporte les secours envoyés à l'inspiration de cette âme si noble et de cœurs généreux que son exemple avait enflammés du plus pur dévouement: « Les Capucins, y est-il dit, ont pris pour résidence Corbeil et << ont commencé leurs visites au dedans et au dehors. Ils y ont << trouvé des objets qui feraient fendre les cœurs les plus durs, des << malades ensevelis dans le fumier, d'autres mourans sur les cloa- <<ques, où leur mal les conduisait... Le pauvre village d'Étiolles << est en tel estat, qu'il n'y a pas une maison entière, les malades, <<< exposés à l'injure du temps et destituéz de tout secours, et tem- << porel et spirituel. L'un de ces Pères s'est attaché à les servir, << jusques-là qu'il est obligé de faire les fosses pour enterrer ceux << qui meurent... (2) ». Ces œuvres, si utiles, si nécessaires cependant, répondant aux besoins du moment, ne devaient avoir qu'une durée passagère. La maladie ne chôme pas; l'ignorance se manifeste à toutes les époques de l'histoire; pour ces maux, il y aura des remèdes durables. A la voix de ce grand apôtre de la charité, des femmes admirables se lèveront, se réuniront en société ou en confrérie. Des appels seront faits pour réunir des aumônes et les secours seront portés à domicile. A certaines heures les filles de la Charité réuniront les enfants pauvres pour leur faire épeler le nom de Dieu, en même temps que les lettres de l'alphabet. Ainsi fut créée cette belle œuvre qui reçut le nom de Charité. Depuis longtemps Villeneuve-St-Georges avait le bonheur de jouir des bienfaits de cette institution (3). Corbeil ne devait pas tarder à en goûter les fruits: c'était en 1672, ainsi qu'en fait foi un vieux registre couvert de parchemin (4), relatant ainsi cette fondation. (1) Bibliothèque nationale, Recueil Thoisy, Hôpitaux, I, in-4°. (2) Les Récollets à Corbeil, Orléans, 1888, p. 17. (3) Lettres de St Vincent de Paul. Paris, Poussielgue. T. I et II, passim. (4) Archives de l'Hôtel-Dieu de Corbeil, série E, carton V.
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 +|**UCAL_$B769654_00000123**| 93 - « Acte de l'établissement de la Confrairie de la Charité establie dans « les paroisses de Corbeil, ville et faubourgs, le 4º Juin, veille de la « Pentecôte 1672. « Nous soussigné, Claude Thomassin, prestre Conser et aumos- << nier, prédicateur ordinaire de Sa Majesté, certifions qu'en vertu << du pouvoir à Nous donné par Mgr I. et R. Évesque de Paris (1), << d'establir la Confrairie de la Charité en ces paroisses de son << diocèze pour le soulagement des pauvres malades, de l'autorité << susdite de Mgr et du consentement de MM. les Curés de ces << paroisses; << Nous avons estably et establissons la dite Confrairie de la Cha- «rité dans l'Église parroissiale de Nostre-Dame, à l'autel de << St Claude, et afin que les personnes qui se feront recevoir assis- <<< tent les pauvres malades de la dite paroisse, selon le réglement << cy-dessus, elles ont été escriptes et reçues en la dite Confrairie << le même jour de l'establissement et, proceddant à l'Eslection du << procureur et des officières à la pluralité des voix, ont esté << nommés les 3 officières, sçavoir: pour Supérieure, Mlle Jeanne de << Launay (2), pour thrésorière, Marguerite Gauguin, pour garde- « meuble, Magdeleine Trayer et pour procureur, Me Nicolas Tar- <<< teret. << Et ont toutes lesd. Dames et officières fait résolution, moyen- << nant la grâce de Dieu, de bien faire leur devoir selon ledit << réglement de la Confrairie de la Charité; en tesmoing de quoy << j'ay signé le présent acte destablissement en présence desdits << Srs Curez et de F. Eustache Bouette de Blémur, prieur de St << Guenault dans Corbeil. ADINE, Signé : BOISNEUF, curé de Notre-Dame. curé de St Jacques. J. de Loziers. J. TÉTREL, curé de St Léonard. F. Eust. BOUETTE DE BLÉMUR prieur de St Guenault. Magdeleine TRayet. L'inscription des malades à visiter se fit régulièrement jusqu'au 10 avril 1700; à partir de cette date on n'en trouve plus de trace. Certains bienfaiteurs se signalèrent par leur générosité. C'est (1) François II de Harlay de Champvallon, 5° archevêque de Paris. (2) Fille de Jean de Launay, qui fut Prévôt de Corbeil et Abbé de Saint-Spire. Il exerça même simultanément ces deux fonctions pendant quelque temps.
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 +|**UCAL_$B769654_00000124**| --- - 94 ainsi que le chapitre des recettes contient les mentions suivantes: le fonds, 12 pistoles d'or, a été donné par Mlle de Lamoignon; le tout a produit 121 livres, plus un écu blanc: total, 124 livres. Le 29 septembre suivant, Mlle de Lamoignon a versé 110 livres. Le 16 juin 1673, Mme la Maréchale de Villeroy a envoyé 27 l. 14 S. Les membres de l'œuvre se réunirent de nouveau le 15 janvier 1687, sous le titre d'Assemblée de Notre-Dame de Corbeil et de St-Jacques, en présence de Mre Jean Boisneuf, prêtre, curé de St-Jacques et de Pierre Lemercier, prêtre, curé de Corbeil (1). C'est dans le même temps que l'on vit à Corbeil, pour la première fois, les filles de la Charité; elles n'y vinrent qu'avec le consentement et sur l'avis des autorités de la ville, ainsi que le constate le registre des délibérations de l'hôtel de ville, où nous lisons, à la date du 5 juillet 1672: « Il a esté arrêté que Avoye Vigneron et Gabrielle Gauthier, sœurs de la Charité, envoyées par Mgr l'Archevêque, seront reçues et leur sera payé par le recepveur 300 livres de pension chacun an, pour les deux, et fourny aussi par chacun an 4 cordes de bois et 6 cents de fagots, à charge par elles d'assister les pauvres mallades et passants et enseigner les pauvres enfants. » Combien de temps ces libres servantes des pauvres se consacrérent-elles à cette sublime mission, parcourant les rues de la ville, en portant à la main une de ces petites marmites qu'illustra le génie de Duménil et qui avaient fait surnommer les Sœurs de charité: les sœurs au petit pot? Les registres restent muets à cet égard. Au 5 août de cette même année 1672, eut lieu à Paris une réunion générale dont le but était de répandre et de faire connaître partout les règles de l'Association. On y vit la Supérieure de Corbeil, accompagnée de Sr Perrette Cefdeville, supérieure au Coudray (2). (1) L'Église Saint Nicolas, située dans le faubourg du même nom, avait été détruite vers 1562, dans l'intérêt de la défense de la ville, dont elle dominait les remparts. Cette église avait, de tout temps, été desservie par le clergé d'Essonnes, et, après sa disparition, on la remplaça, pour le service des habitants de ce faubourg, par l'église Notre-Dame, qui était abandonnée depuis la réunion de son chapitre celui de la collégiale de St-Spire, d'où le titre de Curé de Notre-Dame et Saint Nicolas que prenaient les curés d'Essonnes. Ils se disaient même curés de Corbeil, comme ce Pierre Lemercier dont il est question dans le texte cité, et cela non sans quelque raison, puisque l'Eglise Notre-Dame qu'ils desservaient était située au centre même de la ville de Corbeil. (2) L'abbé Lebeuf (T. XIII, p. 167) dit: « J'ai appris par un registre de 1700 qu'il y avait alors au Coudray une fondation pour celui qui fait le catéchisme, et de deux sœurs de la Charité pour l'instruction des filles. >>
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 +|**UCAL_$B769654_00000125**| ― - 95 Plus tard, Monseigneur le cardinal de Noailles étant venu à Corbeil pour donner le sacrement de la Confirmation, voulut montrer tout l'intérêt qu'il portait à une œuvre si excellente et, pour exciter le zèle des bienfaiteurs, il fit don d'une somme de 20 livres. Cette excellente institution ne paraît pas avoir duré longtemps; il est bien fait mention en 1674, au 14 octobre, de Marie David et de sa compagne, filles de la Charité et qui sont dites « demeurant à l'Hôtel-Dieu »>, mais les détails manquent et ce n'est plus qu'en 1715 que nous trouvons Adrianne, avec l'appellation de « servante des pauvres ». Toutefois l'œuvre s'est maintenue plus longtemps puisque les offrandes ont été inscrites jusqu'en mai 1751. LES SCURS DE ST VINCENT DE PAUL CHARGÉES DE LA DIRECTION DE L'HOTEL-DIEU. L'histoire de l'Hôtel-Dieu de Corbeil, déjà écrite à différentes époques, est toujours restée fort incomplète; ses archives qui devaient être riches en documents anciens furent perdues à la mort de l'historien Thevet qui en était l'administrateur. « L'historien Thevet uous a osté le moyen de rapporter les particu- << laritez de l'histoire de l'hostel-Dieu, car lorsqu'il en estoit l'adminis- «trateur, il en a porté les tiltres à Paris où, durant les troubles de la « Ligue, ils ont esté perdus en la maison où il est décédé, size en la rue « de Bièvre, qui est des appartenances de l'Hostel-Dieu de Cor- « beil » (1). Fondé au Xe siècle, il reçut de la reine Adèle, épouse de Louis VII et mère de Philippe-Auguste, de si généreuses libéralités, qu'elle en avait reçu le titre de fondatrice. La direction en fut d'abord confiée à des frères, plus tard à des religieuses, sans qu'il soit resté aucune indication d'ordre ou de communauté (2). L'Évêque de Paris en fut le supérieur pendant longtemps. Aussi, voyons-nous des religieuses, ou de simples servantes des pauvres ayant donné leurs soins à l'Hôtel-Dieu de Paris, envoyées par l'autorité diocésaine pour gouverner les malades de Corbeil, comme sœurs Marie Lamouche et Jeanne Chéron, venues en 1637 (3). (1) De la Barre. Antiquitez de Corbeil. Paris, 1647, p. 139. (2) Notes pour servir à l'histoire des établissements hospitaliers de la ville de Corbeil, par A. Dufour. Corbeil 1891, p. 6. (3) Almanach de Corbeil pour 1791, p. 141. 9
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 +|**UCAL_$B769654_00000126**| - - 96 - En 1656, des plaintes se produisirent, à l'occasion de plusieurs passagers qui seraient morts sans secours devant la porte de l'Hôtel-Dieu; deux nouvelles religieuses furent alors détachées de l'Hôtel-Dieu de Paris, par ordre de l'archevêque, et envoyées à Corbeil. En 1719, il y avait des chanoinesses, peut-être des augustines de Paris, au nombre de quatre, portant l'habit noir et le voile blanc (1). Parmi les supérieures de ces religieuses dont les noms ont pu être relevés de 1729 à 1762, nous trouvons sœur Marguerite le Comte, native de Framicourt, diocèse d'Amiens, qui avait exercé aux Enfants trouvés du faubourg St-Antoine, étant fille de la Charité depuis 6 ans, et à l'Hôtel-Dieu de Paris, où elle était restée deux mois. Sœur la Broquère, qui fut supérieure à Corbeil de 1745 à 1762, était née à Corbeil en 1711 et avait été baptisée à Notre-Dame. Ce fut elle qui transmit les services hospitaliers aux Sœurs de St Vincent de Paul. Elle avait une grande affection pour cette maison qui avait été si longtemps le théâtre de son dévouement, elle en donna la preuve quand, en 1779, elle fit son testament en faveur de l'Hôtel-Dieu auquel elle laissa 3.285 livres, 13 sols, 7 deniers. L'Hôtel-Dieu possédait 14 lits: 7 pour les hommes, 7 pour les femmes. L'église était de petites dimensions, comme le prouve le toisé suivant dressé en 1757 (2). << En l'Église de l'hôtel-Dieu, dont ouverture nous a été faite << par une des sœurs, nous avons remarqué que la dite Église peut << être divisée en 3 parties, la dernière desquelles, plus élevée que << l'autre et où l'on monte par 3 marches, est fermée des deux << côtés de la porte par une petite grille. Ayant toisé cette dernière << et 3° partie, qui fait face à l'autel, avons remarqué qu'elle a dix << pieds, huit pouces de long, sur douze de large; ayant ensuite << toisé la 2º partie de la dite église formant la nef et sur le côté << droit de laquelle est une chapelle fermée par une balustrade en << bois, contenant six pieds, tant en longueur qu'en largeur et << presque à l'opposite de laquelle est l'entrée de la dite église, << donnant sur une espèce de grande allée, avons remarqué que la (1) Piganiol de la Force. Description de la ville de Paris et de ses environs. Paris, 1770. T. IX, p. 183. (2) Almanach de Corbeil pour 1791, p. 139 et Cueilloir de St Guenault (ms. de l'abbé Guiot). Bibliothèque de la ville de Corbeil.
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 +|**UCAL_$B769654_00000127**| 97 << dite partie a vingt-cinq pieds de long sur treize pieds par bas << du côté de la partie ci-devant dite, de dix pieds et demi par l'en- <<trée du chœur, au moyen de la dite chapelle et du repaire des murs. Ayant ensuite toisé la re partie de la dite église, qui est << celle du chœur, et où est le maître-autel, nous avons remarqué « qu'en partant, d'une part, des murs de la 2º partie, où est la petite << chapelle, jusques au gros mur, où est adossé le maître-autel, << elle a douze pieds six pouces de long, sur dix pieds de large; <<< les quelles trois parties de la dite Église de l'hôtel-Dieu, ayant << toisé, porte, après calcul fait, suivant les opérations ci-dessus, 48 pieds 2 pouces de longueur, sur les largeurs ci-observées. Signé: BAILLARD. » Semblable travail avait été fait à St-Guenault et aux Récollets, à l'époque où le culte fut interdit à Notre-Dame, pendant la période des travaux qu'on y exécuta. Seuls, les fonts baptismaux de cette dernière furent placés à l'Hôtel-Dieu, le reste des fonctions paroissiales se fit à St-Guenault, du 2 octobre 1751 au 25 octobre 1761. Les prisons étaient attenantes à l'Hôtel-Dieu et la messe qui se disait les dimanches et jours de fêtes servait à la fois aux malades et aux prisonniers. Des négociations entre les membres du Conseil d'Administration hospitalière et la maison de St-Lazare, mère des Filles de la Charité, avaient été entamées dans le but de confier à celles-ci la direction de l'Hôtel-Dieu de Corbeil. Dès qu'elles furent conclues, trois religieuses vinrent à Corbeil sous la conduite de Soeur Marguerite Delafarge, économe; c'était le 17 mai 1762. Cette nouvelle prise de possession semble bien indiquer que les Filles de la Charité avaient quitté la ville en 1672 après un essai peu satisfaisant. La liste des livres de piété, apportés par la nouvelle communauté, le prouve en quelque sorte, ainsi que la quittance qui l'accompagne (1). Il serait aussi long qu'inutile de donner ici la liste de ces livres dont le détail est indiqué dans une pièce des archives de l'HôtelDieu, avec le prix en regard de chaque ouvrege; on y a même ajouté le port des ballots de Paris à Corbeil: 3 livres 12 sols, plus (1) Archives hospitalières de Corbeil.
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 +|**UCAL_$B769654_00000128**| --- 98 - 3 livres pour la toile d'emballage et 5 livres 5 sols pour le voyage des sœurs. Le tout forme un total de 57 livres 7 sols, somme qui fut remboursée aux sœurs, comme l'atteste une quittance ainsi conçue: « Je reconnais avoir reçu le contenu ci-dessus de Monsieur >> Duclos, administrateur de l'Hôtel-Dieu de Corbeille, qui fait la » somme de 57 livres 7 sols. A Corbeil, le 21 may 1762. Signé Sœur DE LA FARGE, économe. >> Nous trouvons une autre quittance du même jour qui n'est pas sans intérêt : Je soussigné sœur Marguerite Delafarge, économe des filles de << la charité, reconnais avoir reçu 600 livres pour les besoins et << acomodement personnel des 3 sœurs qui déservent l'hôpital sui- << vant le contrat passé pardevant Me Sibire notaire, dont quittance « à Corbeille (sic), ce 21 may 1762. >> La première supérieure s'appelait Thérèse Garnier; elle ne vint probablement que pour installer la communauté, car dès l'année suivante 1763, il y avait une autre supérieure, Sœur Marie Paparel, qui l'était encore en 1767; nous en avons la preuve par l'acte de décès suivant : « L'an 1767, le 6 janvier, a été inhumée par nous, Prêtre, curé << de la paroisse Notre-Dame, sœur Françoise Mallisse, décédée dès << hier, âgée d'environ trente-deux ans, dans la chapelle de cet << Hôtel-Dieu où, pendant environ 4 ans, elle servit les pauvres << avec un zèle infatigable. Ont assisté au convoy, Sœur Marie << Paparelle supérieure, Soeur Françoise Montelier et Sour Louise << Joseph Mansion, toutes aussi Sœurs de la Charité, Congréga- <<tion de Paris, et Monsieur Jean Duclos, bourgeois de Corbeil. » << BARBIER, curé. » Cinq ans après, elle était elle-même remplacée par Sœur Marie Anne Cordes. Cette dernière dirigeait depuis 14 ans cet établissement, quand le Conseil d'Administration obtint, de M. le Supérieur général de la Mission, son changement, ainsi que celui de l'une de ses compagnes. Son départ est confirmé par la quittance de l'Administrateur de service, ainsi conçue: « Le 22 mars 1782, remis à << Madame l'Assistante 18 livres pour lui tenir compte, tant des << frais de son voyage de Paris à Corbeil, par le coche d'eau, arri-
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 +|**UCAL_$B769654_00000129**| 99 << vée du mercredi 20 avec deux nouvelles Sœurs, que de son « départ, avec les sœurs Cordes et Martin led. jour 22 mars, par << un carrosse des nouvelles messageries. >> << Item: J'ai payé d'anciennes factures à la sœur Cordes en << janvier 1782: 12 livres pour les peines de la fille Raymond » (1). La nouvelle Supérieure s'appelait Elisabeth d'Huy, ainsi que le constate un reçu daté du 23 mai 1782. A l'époque de la révolution, il fut assez sérieusement question, pour garder les Religieuses Augustines, de la Congrégation, alors établies dans l'ancien prieuré du petit St-Jean, situé en face de l'Hôtel-Dieu, de leur confier la direction des malades et des vieillards (2). Il ne fut pas donné de suite à ce projet et les Sœurs de St Vincent de Paul ne furent pas changées. En vertu des décrets de l'Assemblée Nationale du 29 mars 1790, un nouveau conseil d'administration fut établi. La direction de l'Hôtel-Dieu passa des mains de l'Archevêque de Paris en celles de la municipalité de la ville. Les réunions se tinrent le jeudi après-midi, deux fois par mois, au dit hôpital (3). Le changement de local de l'Hôtel-Dieu avait été discuté depuis 1789. On voulait transporter ce service dans la maison des P.P. Récollets, qui furent bientôt dépossédés de leurs biens et chassés de leur couvent. Mais les bâtiments furent trouvés en mauvais état, l'emplacement trop resserré, sans cour ni jardin, où les convalescents pussent prendre l'air, car ce n'était qu'une toute petite partie de la propriété, qui était très importante (4). Ce fut en 1797 que l'Hôtel-Dieu fut installé dans le couvent de la Congrégation, dont les Augustines avaient été dépossédées en 1792. L'Église, monument du XIIIe siècle, dernier vestige intéressant de l'ancien prieuré du petit St-Jean de l'ermitage, ayant servi de chapelle à la communauté de Notre-Dame, ne fut rendue au culte qu'en 1825 (5). Les filles de la Charité continuèrent de remplir leur mission charitable pendant la période révolutionnaire, mais ce fut au (1) Archives de l'Hôtel-Dieu de Corbeil. (2) La Congrégation de Notre-Dame à Corbeil, par l'Abbé E. Colas. Orléans, 1890, p. 24. (3) Almanach de Corbeil pour 1791 (par l'abbé Guiot, dernier prieur de SaintGuenault) p. 142. (4) Les Récollets à Corbeil, par l'abbé E. Colas. Orléans, 1888. (5) Les rues de Corbeil, par Th. Pinard, p. 29.
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 +|**UCAL_$B769654_00000130**| 100 - prix des plus grands sacrifices. Elles durent quitter leur habit religieux, et prêter serment de fidélité aux lois nouvelles. L'HôtelDieu devint l'Hôtel de l'humanité; la supérieure ne pouvait plus s'appeler que la première officière de la Maison de l'humanité. Plus tard on les dépouilla des vases sacrés qui avaient servi à la chapelle; ils furent vendus 350 livres (1). En 1810, la supérieure s'appelait Marie Guillemette Jacquinot; elle fut marraine de la nouvelle cloche de St-Spire. Plus tard, en 1822, deux sœurs du même ordre lui furent adjointes pour tenir des classes; des raisons toutes politiques les firent supprimer en 1830 (2). Le choléra qui vint de nouveau ravager notre pays en 1849, trouva les filles de la Charité à la hauteur de leur tâche; leur dévouement alla comme en 1832 jusqu'à l'héroïsme. Comment passer sous silence le nom de sœur Oudin, morte supérieure de l'hospice en 1851? Le discours prononcé sur sa tombe, le 8 avril, par M. Magniant, maire de Corbeil, glorifiait ainsi cette digne religieuse: « La sœur Oudin nous a prouvé, ce << que peut l'abnégation de soi-même, le dévouement à l'huma- << nité, le désintéressement, un cœur véritablement religieux et << chrétien... Grande et salutaire leçon surtout au temps où nous < vivons! >> Le nouveau local de l'Hôtel-Dieu, quoique plus spacieux que l'ancien, devint bientôt insuffisant; dès 1862, la commission administrative vota la reconstruction de l'hospice; les frères Galignani, qui avaient leur résidence d'été sur la paroisse d'Etiolles, répondirent à cet appel en offrant 150.000 fr. au maire de Corbeil, sous le voile de l'anonyme. Leurs générosités redoublèrent et se continuèrent même après la construction de l'édifice, puisqu'elles atteignirent en 1875, près de 500.000 fr. (3). Un terrain considérable fut acheté non loin de Corbeil, sur une hauteur qui domine la ville, très salubre par conséquent. La re pierre du nouvel Hôtel-Dieu fut posée le lundi 1er août 1864; elle fut bénite par M. l'abbé Girard, curé de Corbeil, membre de la commission administrative, assisté de M. l'abbé Gillet, vicaire, de (1) Notes pour servir à l'histoire des établissements hospitaliers de Corbeil, p. 14. (2) Les rues de Corbeil, par Pinard, p. 29. (3) M. Antoine Galignani mourut le 30 septembre 1873, et son frère William, le II décembre 1882.
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 +|**UCAL_$B769654_00000131**| ΙΟΙ - MM. les curés d'Etiolles, de Soisy-sous-Etiolles, d'Essonnes et du Coudray-Montceaux. Deux ans plus tard, le 7 novembre 1866, l'inauguration du nouvel établissement était faite solennellement par Sa Grandeur Mgr Pierre Mabile, Evêque de Versailles, entouré d'un nombreux clergé (1). Ce fut la sœur Chabanette qui, en qualité de supérieure, eut la joie et l'honneur d'assister à cette belle cérémonie. La Chapelle, percée de jolies fenêtres, est très gracieuse; elle renferme plusieurs tableaux d'une réelle valeur. Depuis longtemps la messe y est dite chaque jour par l'un des vicaires de Saint-Spire qui, à tour de rôle avec un de ses confrères, est chargé du service religieux pendant la semaine. Parmi les richesses de la Chapelle, outre les ornements sacerdotaux, on remarque un magnifique ostensoir, don de Mlle de Liborel; les chandeliers et la croix de l'autel, dons de M. Darblay, député; un lustre, don de Mme Jozon; la statue de la Sainte Vierge et celle de Saint Joseph ont été offertes par M. et Mme Féray. L'horloge qui décore le fronton de l'entrée principale a été donnée par les fils de Mme Jozon, pour accomplir les dernières volontés de leur vénérable mère. L'hôpital-hospice Galignani qui a compté 100 lits au début, tend à s'accroître encore, pour le soulagement des infirmes et des malades. Actuellement le service est fait par dix religieuses qui ont pour supérieure sœur Françoise Brazier, qui a reçu du ministère une médaille, en récompense de ses anciens services, sans compter de nombreux témoignages de reconnaissance pour son dévoûment. Le docteur Boucher, continuant les nobles traditions de son grand-père et de son bisaïeul, les docteurs Petit, et de M. Mathez,. chirurgien, son trisaïeul, est médecin en chef de l'hôpital depuis plus d'un quart de siècle. LISTE CHRONOLOGIQUE DES SUPÉRIEURES La liste des Supérieures des Filles de la Charité est difficile à établir. L'installation de chacune d'elles n'étant pas inscrite ou étant faite sans solennité, ce n'est que d'après les livres de (1) Inauguration du monument élevé à Corbeil à la mémoire de MM. Galignani, le 12 août 1888, par J. Lemaire, pp. 54 et suiv,
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 +|**UCAL_$B769654_00000132**| - 102 - comptes, des correspondances, ou des signatures de quittances, qu'on peut arriver à établir une liste moins imparfaite (1). 1762 1763 ― 17 mai --- 1768 1782 -- - 6 juin 21 avril -- 20 décembre 1762 - - 6 janvier 1767 ---- 22 mars 1782 - 22 mars 4 juillet 1789 1798 1802 1810 1814 - 1815 1818 1791 1798 1802 1802 1810 - 1814 Sr Thérèse Garnier. Sr Marie Paparel. Sr Marie-Anne Cordes. Sr Elisabeth d'Huy. S' Jaubourg. Sr Tissier. Sr Fortin. Sr Dupont. Sr Marie Jacquinot. 1815 1818 1851 1857 1860 -- - - - 1869 - avril 6 avril 1851 • 1857 1860 - -- • 1869 - Sr Adélaïde Levasseur. Sr Mériaux. Sr Jeanne Oudin. Sr Bernard. Sr Bonnefoy. Sr Chabanette. Sr Françoise Brazier. ETABLISSEMENt d'une Crèche a Corbeil 29 avril 1847-1869 La ville de Corbeil n'a cessé de s'augmenter depuis la Révolution: des industries nombreuses et diverses sont venues s'y établir; c'est pourquoi l'on réclamait pour les ouvriers un hôpitalhospice plus important, où ils pussent trouver assistance dans leurs maladies, asile dans leurs infirmités. Mais les mères de familles, obligées de fréquenter les ateliers pour gagner le pain de chaque jour et ne voulant pas cependant négliger leurs jeunes enfants, se trouvaient dans un grand embarras. Pour obvier à ces inconvénients, des âmes généreuses proposèrent l'ouverture d'une crèche. Une commission fut nommée qui étudia un projet dont la réalisation fut entreprise. La 1re séance du Conseil d'administration (1) Dans les registres municipaux de la ville de Corbeil, années 1789 et suivantes, on trouve les mentions suivantes relatives à des prestations de serment: 23 frimaire an II, les citoyennes Jaubourg et Augustine Duquesne, puis MarieFrançcise Boucherat. 2 floréal an III, la citoyenne Jaubourg, supérieure de la maison de l'humanité. 25 ventôse an II, la citoyenne Adélaïde Levasseur prête serment comme attachée à la maison d'humanité.
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 +|**UCAL_$B769654_00000133**| - - 103 eut lieu le 29 avril 1847 (1). Le procès-verbal de la réunion nous fournit les noms des premiers fondateurs et bienfaiteurs de l'œuvre, parmi lesquels ceux de M. Magniant, maire, M. l'abbé Girard (2), curé, Messieurs les docteurs Petit père et Lionnet, M. Jassenne; Mesdames Tournant, Rolland, Dancongnée jeune, Boutin, Petit, Dufour, Tandou et Théophile Caille. Monsieur le Maire donne lecture de son arrêté du 27 avril 1847, pris en vertu de l'art. 12 de la loi du 18 juillet 1837, qui nomme, pour l'administration de la crèche, les dames sus-nommées et Mme Vallerand de la Fosse, dames conseillères inspectrices de l'œuvre. Puis, dans un discours précis et tout de circonstance, il fait ressortir le mal social, qui a tant préoccupé à toutes les époques, et auquel cet établissement doit porter remède. Après avoir fait ressortir le but des bienfaiteurs de l'œuvre, M. le Maire présente le règlement, dont voici les points principaux: « La Crèche est dirigée par une sœur de St Vincent de Paul. « L'administration est composée du maire, de M. le curé, de << deux médecins, d'un trésorier-secrétaire et de neuf dames con- <<seillères inspectrices. >> Il annonce ensuite que son intention est d'ouvrir la Crèche à l'occasion de la fête du roi, le mardi 3 mai. Sur la demande du conseil, M. le curé annonce qu'il viendra bénir cette œuvre si utile, le lundi suivant, après la messe qu'il célébrera dans la chapelle de l'hospice. On procéda ensuite à la désignation de la présidente; Madame Boutin fut nommée par acclamation. L'ouverture de la Crèche avait lieu tous les jours, excepté les dimanches et fêtes, du 1er octobre au 1er avril, de 7 h. du matin à 7 h. du soir, et du 1er avril au 1er octobre, de 5 h. du matin à 8 h. du soir. Il était perçu o.15 par chaque enfant. Cette rémunération fut ensuite abaissée à 10 C. En 1863, on fit le résumé de 16 années écoulées depuis l'ouverture de la crèche: • Les dépenses s'étaient élevées à la somme de. 42.063 fr. 38.545 fr. et les recettes à la somme de • (1) Archives de la ville de Corbeil: Registre des délibérations du Conseil d'administration de la Crèche. (2) M. l'abbé Girard a été curé de Corbeil de 1832 à 1874. Lors de sa mort, une souscription spontanée eut pour résultat l'érection, dans le cimetière de la ville, d'un beau monument en granit destiné à honorer sa mémoire.
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 +|**UCAL_$B769654_00000134**| ― - 104 Les recettes se décomposaient ainsi: 1º Fonds alloués par l'Etat. 2º Dons des bienfaiteurs et produit des quêtes 800 fr. 1.940 f. 55 3º Dons des fondateurs. 4.125 f. 4º Produit de 3 loteries. 6.627 f. 80 5° Subvention de la ville 4.600 f. 6º Subvention de l'hôpital (en nature). 12.045 f. 7° Subvention du bureau de bienfaisance 1.400 f. 8° Produit des rétributions. 7.006 f. 65 Total. 38.545 f. 00 Pendant ce laps de temps, les soins avaient été donnés à 480 enfants, et les mères avaient pu faire 56.949 journées. La crèche avait été installée dans une maison contiguë à l'hospice, louée et aménagée en vue de sa destination. Les services occupèrent deux salles qui contenaient 24 berceaux et bercelonnettes. Il y avait en outre une salle d'allaitement Deux femmes de service aidaient la sœur directrice. En terminant ce petit travail, qu'il nous soit permis de rappeler que les Sœurs de St Vincent de Paul avaient dans les environs de Corbeil plusieurs maisons. Nous avons parlé plus haut du Coudray-Montceaux, qui possédait une école dirigée par deux filles de la Charité. Soisy-sous-Etiolles dut jouir de la même faveur; c'est le registre des actes de décès qui nous l'apprend : « Le 24 décembre 1679 fut << inhumée dans le cimetière de Soisy, Marie Poulete, sœur de la << Charité et maistresse descole pour les petits enfants. >> A Evry et à Champrosay, elles desservaient les hospices établis dans ces paroisses, comme l'écrit l'abbé Guiot, à la page 32 de son Almanach de Corbeil pour l'année 1789. E. COLAS, curé de Soisy-sous-Etiolles.
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 +|**UCAL_$B769654_00000135**| - - 105 DOCUMENT-ANNEXE · ENGAGEMENT DES SCEURS DE L'HOTEL-DIEU DE CORBEIL 15 Mai 1762 (1). Par devant les Conseillers du Roy, notaires au chatelet de Paris soussignés, furent présens Illustrissime et Reverendissime Seigneur Monseigneur Christophe de Beaumont (2) archevêque de Paris, duc de Saint-Cloud, pair de France, commandeur des ordres du Roy, demeurant à Paris en son palais archiepiscopal, au nom et comme seul administrateur-né de l'Hôtel-Dieu établi en la ville de Corbeil, d'une part ; Et honnêtes et charitables filles sœurs Madelaine Philippe Lemaistre supérieure, Angélique Hénard assistante, Margueritte Delafarge économe et Marie Dalbiqué dépensière; toutes quatres officières présentement en charge, faisant au nom et pour toute la communauté des filles de la Charité, servantes des pauvres malades, établies en leur principale maison, grande rue du faubourg Saint-Denis, paroisse Saint Laurent, autorisées à l'effet des présentes de Mre Antoine Jacquier, Supérieur général de la Congrégation de la mission et de la Communauté des dites filles de la Charité, demeurant en la maison de Saint Lazare, susdite grande rue du faubourg Saint-Denis à Paris, à ce présent d'autre part. Lesquels voulant pourvoir au service et soulagement des pauvres malades de l'Hôtel-Dieu de Corbeil sont convenus de ce qui suit : ART. Ier Les sœurs supérieures et officières s'obligent, tant pour elles que pour celles qui leur succéderont en ladite charge, de tenir dans ledit hôtel-Dieu trois filles de leur Communauté ou plus grand nombre si besoin est dans la suite, pour y servir et soulager les pauvres malades, selon leur institut, et dans le cas que les trois premières sœurs ne puissent suffire au travail qu'il y a présentement dans ledit hôtel-Dieu, ou que l'on augmenteroit le nombre des malades, on aura égard (1) Archives de la ville de Corbeil. G. G. 382. (2) Christophe de Beaumont du Repaire, 9° archevêque de Paris, 1746-1781.
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 +|**UCAL_$B769654_00000136**| 106 -- d'augmenter à proportion celui des sœurs, et elles seront aux mêmes clauses et conditions que les premières, sçavoir: deux cent livres une fois payées pour l'accomodement personnel de chacune, et quatre vingt livres par an pour leur entretient d'habits et linges. ART. 2º Pour ce qui regarde le temporel et le service des pauvres malades, lesdites filles seront sous la direction de M. Duclos père, demeurant à Corbeil, préposé à cet effet par mondit seigneur Archevêque de Paris, pour le tems que mondit seigneur Archevêque le jugera convenable. ART. 3e On n'associera auxdites filles aucunes femmes ou filles pour le service des pauvres malades, afin que, par l'Union et raport qui est entr'elles, les pauvres soient mieux servis; lesdites filles pourront cependant se faire aider, par quelques personnes sures et bien connues, dans les travaux extraordinaires, au dépens dudit Hôtel-Dieu. ART. 4° Lesdites filles ne seront point obligées de recevoir ny soigner aucunes personnes pensionnaires; encore moins les filles ou femmes de mauvaise vie, ny les personnes qui sont atteintes du mal procédant de l'impureté, et ne serviront point les personnes riches, ny les femmes dans leurs accouchements, qui ne doivent point être reçues dans ledit Hôtel-Dieu. ART. Se Elles n'iront point en ville servir aucun malade de quelque qualité qu'ils soient. Le chapelain, s'il y en a un, ne sera point logé, nourri, ny blanchi dans ledit Hôtel-Dieu, et n'y aura point d'autre entrée que par la porte commune, ny aucune inspection sur la conduite desdites filles, non plus que sur l'administration du temporel. ART. 6e Lesdites filles de la Charité seront tenues de préparer les médicaments des malades dud. Hôtel-Dieu, elles feront elles-mêmes les sirops, tisannes, etc., et il leur sera fourni à cet effet l'argent nécessaire pour l'achat des drogues, dont elles rendront compte au receveur en charge, sous l'autorité de Mondit Seigneur Archevêque, tous les mois ou autrement. ART. 7e Lesdites filles seront logées et meublées convenablement dans un appartement séparé où les domestiques n'auront aucune entrée. ART. 8e Elles seront nouries et fournies de tous les besoins nécessaires à la vie et même entretenues de gros linge, comme draps, nappes, serviettes, torchons, essuye-
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 +|**UCAL_$B769654_00000137**| - - 107 mains, tabliers blancs, aux dépens dudit Hôtel-Dieu; lequel donnera de plus auxdites trois filles la somme de deux cent quarante livres chaque année, sçavoir: quatre vingt livres à chacune par an, payables d'avance, de six en six mois, à compter du jour de leur arrivée audit hôtel-Dieu, pour leur entretien d'habits et menus linges à leur usage, sans qu'on puisse leur faire changer la couleur ny la forme de leurs habits, et sans qu'elles soient tenues de rendre compte de l'argent destiné pour leur entretien à d'autres qu'à leur supérieure de Paris. ART. 9º Quand lesdites filles tomberont malades elles seront traitées de médicamens et de vivres ainsy que les pauvres malades dudit Hôtel-Dieu et seront toujours considérées comme filles de la maison et non comme mercenaires. C'est pourquoy lorsqu'elles deviendront infirmes et hors d'état de travailler, après douze années de résidence audit Hôtel-Dieu, elles ne pouront être renvoyées à cause de leurs infirmités, si leur supérieure de Paris ne juge à propos de les rappeller; mais elles seront tenues dans ledit Hôtel-Dieu et traitées de médicaments et de vivres selon leurs besoins, et pour suppléer à celle qui seroit infirme, les personnes autorisées alors pour la direction dudit Hôtel-Dieu seront tenues d'en recevoir d'autres aux mêmes clauses et conditions, sans néantmoins qu'elles soient tenues de continuer l'honoraire à celle qui restera surnuméraire jusqu'à son décès. Néantmoins s'il se trouvoit deux infirmes ayant également douze années de séjour dans ledit HôtelDieu, la communauté, par égard pour la modicité du revenu de cette maison, promet et s'engage que, dans le cas d'infirmité de deux sœurs, il n'en resteroit qu'une audit Hôtel-Dieu. ART. 10e Lesdites filles ne rendront compte de leur service et administration qu'à Monseigneur l'Archevêque ou son préposé, qui doit les maintenir et appuyer, d'autant que, si elles n'étoient autorisées tant envers les officiers qu'envers les domestiques de la maison, elles n'y pourroient faire le bien que Dieu demande d'Elles. ART. IIe On donnera auxdites filles l'argent nécessaire pour l'achat des menues provisions, pour les faire en tems et lieu, dont elles rendront compte tous les mois au receveur, lequel signera et arrêtera ledit compte pour être représenté à mondit Seigneur l'Archevêque. ART 129 Les mandements pour admettre les pauvres malades audit Hôtel-Dieu seront adressés à la sœur qui aura la conduite des autres, laquelle n'en recevra ny congédiera que par ordre et tiendra registre des pauvres qu'elle recevra.
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 +|**UCAL_$B769654_00000138**| 108 - ART. 13 Le décès d'aucune desdites filles arrivant, on aura égard qu'elles sont décédées au service des pauvres : il sera permis aux dites filles d'ensevelir décemment le corps de la deffunte, en la manière ordinaire, le laissant dans l'infirmerie jusqu'à ce qu'il soit levé pour être porté à l'Église; le corps de la deffunte sera suivi au convoy par les autres sœurs ayant chacune un cierge à la main, et après la célébration d'une messe haute et de deux basses, le corps sera inhumé dans la chapelle ou cimetière dudit Hôtel-Dieu. Le tout sans aucune rétribution de la part desdites filles. ART. 14 Quant au spirituel, lesdites filles seront soumises à mondit Sgr l'Archevêque de Paris et demeureront sous la conduite et dépendance du dit S. Supérieur général de la congrégation de la mission et de ses successeurs, lequel poura, par luy même ou par tel autre qu'il députera, les visiter et même les confesser de fois à autre, avec l'approbation de l'ordinaire, leur désigner un confesseur approuvé dans le diocèse, leur donner les avis nécessaires pour l'observance de leurs règles et l'acquit de leurs obligations envers Dieu et le prochain, les rappeller quand il le jugera à propos, et en envoyer d'autres en leur place, si les changements se font pour le bien dudit Hôtel-Dieu, ou à cause de mort survenue auxdites filles, ou parce qu'elles seroient devenues infirmes; dans lesdits cas, les frais de voyage, tant de celles qui seront rappelées que de celles qui iront les remplacer, seront aux dépens dudit Hôtel-Dieu; mais si les changemens se font pour le bien et à la réquisition de la Communauté des filles de la charité, audit cas les frais tant de retour que d'allée seront aux dépens de la dite communauté. ART. 15e Lesdites filles auront l'entière liberté dans led. Hôtel-Dieu de vivre sous l'obéissance dudit supérieur général et de ses successeurs, de leur supérieure de Paris, des officières de leur Communauté et de celle d'entr'elles qui aura la conduite des autres, non comme religieuses, mais comme filles d'une communauté réglée, et d'y observer tous les réglemens et exercices spirituels de leur institut, sans néanmoins préjudicier au soin et soulagement des pauvres malades qu'elles préféreront à toutes choses. ART 16e Si, par quelque évènement que l'on ne peut prévoir, les revenus se trouvant obérés, ils ne pouvoient fournir à la subsistance des pauvres malades dudit HôtelDieu, ny remplir les engagemens contractés envers les filles de la Charité, ou pour cause de mécontentement réciproque desdites parties, dans ces cas il sera permis à la Communauté de retirer les dites filles et on leur laissera emporter leurs habits, linges et livres à leur usage.
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 +|**UCAL_$B769654_00000139**| · - 109 ART. 17e Avant le départ desdites trois filles de la charité pour l'Hôtel-Dieu de Corbeil, il sera fourni à la supérieure de Paris l'argent nécessaire pour l'accomodement personnel des dites trois filles, et pour chacune un Etuit garny de six lancettes, un autre étuit garny des instruments de chirurgie, les livres à leur usage et pour la pharmacie, les frais de voyage, port de balots, et il sera payé ès mains de ladite sœur Delafarge, économe, pour l'accomodement personnel, la somme de six cens livres; tous lesquels effets et livres demeureront et appartiendront audit Hôtel-Dieu, à l'exception, quant aux livres, de ceux contenus en l'article précédent. ART. 18e Il sera aussy fourny trois expéditions des présentes aux frais dudit Hôtel-Dieu, dont deux en parchemin, l'une pour l'Hôtel-Dieu, l'autre pour la Communauté, et la troisième en papier pour lesdites filles. Et pour l'exécution des présentes, les parties élizent domicile savoir: mondit Seigneur Archevêque de Paris en son palais archiepiscopal, et lesdites sœurs de la charité en la maison de leur communauté, auxquels lieux, nonobstant, obligeant, promettant, renonçant. Fait et passé à Paris, scavoir: pour Mondit Seigneur, en sondit palais, pour ledit S. Jacquier, en sa demeure, et pour lesdites sœurs, en leur maison, l'an mil sept cent soixante deux, le quinze may, avant midy, et ont signé la minutte des présentes demeurée audit Sibire, l'un des notaires soussignés. Signé: SIBIRE.
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 +|**UCAL_$B769654_00000140**| 110 - BIBLIOGRAPHIE Dictionnaire biographique international des écrivains. Fascicule VIII, page 108, notice biographique sur Périn Jules, avec portrait. M. Jules Périn, archiviste-paléographe, et avocat à Paris, est connu pour ses travaux historiques et archéologiques; il est le fondateur de la Société d'études historiques la Montagne Sainte-Geneviève. M. Périn est doublement des nôtres, et comme habitant de Ris-Orangis, et comme membre du Conseil d'administration de notre Société. BOURNON (Fernand). Deux pages de l'histoire administrative de Montmartre. Paris, 1897, in-8° de 11 pages. Dans cette intéressante plaquette, notre sympathique collègue M. Bournon nous apprend une chose fort curieuse et peu ou point connue : Entre l'ancienne division de la France en provinces et la nouvelle division en départements, qui date de la fin de 1789, il fut adopté un autre système qui fonctionna dès 1787 et dura près de trois ans. D'après ce système, l'ancienne province de l'Ile de France formait douze départements désignés chacun par le nom de la ville ou des villes qui y étaient les plus importantes. C'est ainsi que dans notre région il y eut les départements de Saint-Germain-en-Laye, de Corbeil, de Meaux, de Melun-Etampes etc. Le département de Corbeil était divisé en six arrondissements, qui étaient: Montlhéry, avec 35 paroisses; Longjumeau, 36; Corbeil, 36; Lagny, 46; Brie-Comte-Robert, 40 et Bourg-la-Reine, 34. Notre département exerçait donc sa tutelle administrative sur six arrondissements et 227 paroisses. Voici les noms des 36 paroisses qui formaient l'arrondissement de Corbeil : Ablon, Athis, Bondoufle, Corbeil-la-ville, Corbeil-Saint-Germain, Corbeil-SaintJacques, Corbeil-Saint-Pierre et Saint-Léonard, Draveil, Echarcon, Essonnes, Estiolles, Evry-s-Seine, Fleury-Mérogis, Fontenay-le-Vicomte, Grigny, Juvisy, le Coudray, le Plessis-Pâté, Lieursaint, Lisses et Courcouronnes, Mennecy, Moissy-Cramoyel, Mons, Morsang-s-Seine, Mousseaux, Orangis, Ormoy-enBrie, Ormoy-en-Gâtinais, Ris et la Borde, Saintry, Savigny, Soisy-s-Seine, Tigery, Viry-Chatillon, Villabé, Vigneux. M. Bournon a fait œuvre utile autant qu'intéressante en faisant connaître cette division administrative presque inconnue; c'est donc à lui qu'en revient tout l'honneur. A. D.
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 +|**UCAL_$B769654_00000141**| III G. L. MELUNAIS. Le chemin de fer Corbeil-Melun-Montereau; voyage de Melun à Héricy-sur-Seine et à St-Fargeau. Melun, imp. Drosne, 1897, in-12 de 71 pp., deux gravures. Ce petit volume est arrivé à son heure, car sa mise au jour a coïncidé, si elle ne l'a devancée, avec l'inauguration de cette ligne nouvelle, qui eut lieu le per juin 1897. L'auteur, qui se dissimule sous les initiales G. L., n'est autre que le sympathique bibliothécaire de la ville de Melun, dont il a écrit et publié l'histoire ; c'est dire qu'il avait toute la compétence voulue pour guider les voyageurs dans la traversée du département de Seine-et-Marne, et rendre ce petit volume attrayant pour eux, en leur racontant l'histoire de chaque commune traversée, et en émaillant son récit d'anecdotes et de traits piquants. Mais il est permis de regretter que l'auteur, se bornant à son département, ait cru ne pas devoir en franchir les limites pour venir jusqu'à Corbeil. Il est resté à St-Fargeau, alors que quelques kilomètres seulement le séparaient de notre ville. Ce regret exprimé, il nous reste à féliciter M. G. L. pour cet intéressant travail, paru d'abord dans le Nouvelliste de Seine-et-Marne, dont il est un extrait. A. D.- Bulletin de la Société des sciences morales, des lettres et des arts de Seine-et-Oise. Année 1896. No I. Oberkampf à Jouy en 1791, pp. 46 et suiv. M. E. Couard, l'érudit archiviste de Seine-et-Oise, rappelle dans cet article, que l'annuaire du département s'est occupé à plusieurs reprises du grand industriel que fut Oberkampf; celui de l'an X notamment (1801-1802), consacre un article aux «< Manufactures de toiles peintes établies par le citoyen Oberkampf à Jouy et Essône (sic) ». Dans celui de 1817, se trouve une notice historique sur Oberkampf. M. Couard ajoute qu'il est intéressant de constater que, dès l'année 1791, le Conseil général de Seine-et-Oise appréciait les services rendus par Oberkampf, et il cite à ce sujet une délibération du Conseil, en date du 15 décembre 1791, qui accorde une mention honorable à M. Oberkampf. Cette délibération, très longuement motivée, rend hommage au zèle de l'industriel et aux vertus de l'homme privé et du citoyen. Elle honore grandement cet Oberkampf que nous sommes fiers, nous aussi, d'avoir eu pour concitoyen. Bulletin de la Société de l'histoire de Paris et de l'Ile de France, année 1897, Ire livraison, p. 36 et suiv.: Variétés. Les monnaies de Bouchard, comte de Paris et de Corbeil, par Maurice Prou, avec une reproduction de monnaie. M. Prou, attaché au département des médailles de la Bibliothèque nationale, avait toute la compétence voulue pour traiter cette question, un peu ardue, de la numismatique des premiers temps de la monarchie. Il s'en est tiré avec honneur. 40
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 +|**UCAL_$B769654_00000142**| - - 112 Et ce qui prouve la valeur de son travail, c'est qu'il avait déjà été publié dans l'annuaire de la Société de numismatique (année 1896, p. 279). Corbeil est souvent cité dans le travail de M. Prou. Histoire générale de Paris. Registres des délibérations du bureau de la ville de Paris, publiés par les soins du service historique, T. VIII. 1576-1586. Texte édité et annoté par Paul Guérin, archiviste aux, Archives nationales. Paris, 1896, 1 fort vol. in-4°. Le nom de Corbeil revient souvent dans ces registres; voici quelques mentions que nous avons relevées dans ce tome VIII, récemment paru et gracieusement offert, ainsi que les précédents, à la bibliothèque de Corbeil par la ville de Paris : 13 août 1582. Décision autorisant neuf habitants de Corbeil à exercer le métier de porteur de grains (p. 287 et notes, id. 288 et notes 1 et 2). 3 février 1583. Décision de l'Echevinage Parisien, nommant six déchargeurs de vins à Corbeil (pp. 311 et 312). Lettres de commissions délivrées sous la même date aux déchargeurs susmentionnés (p. 312). Le maître de port de Corbeil est requis de tenir la main à une ordonnance, en date du 8 mai 1586, défendant de transporter ailleurs qu'à Paris les grains chargés sur les bateaux de la Seine, de la Marne et de l'Oise (p. 580). J. LE ROUZIC. Carnac et ses monuments. Morlaix 1897, in-12 de 40 pp. avec une carte. On trouve, dans ce petit volume, des détails curieux sur un dolmen du poids de 27.000 kilog. qui fut transporté des environs de Locmariaker (Morbihan), dans le cimetière de Meudon, où il fut réédifié sur la tombe de M. Piketty, l'antiquaire bien connu dans notre contrée par ses fouilles et ses trouvailles intéressantes. La Normandie, revue mensuelle historique, archéologique, littéraire etc., 13° année, No I, Janvier 1898, in-8°. L'Analyse de la bibliothèque de Corbeil, poème latin du Rouennais J. A. Guiot, par F. Bouquet, professeur honoraire au lycée Corneille, pages 1 à 14. Le poème latin de l'abbé Guiot sur la bibliothèque de Corbeil, se compose de 852 vers; il est inédit et ne se trouve, avec des variantes diverses, que dans plusieurs mss. du savant abbé, conservés à la bibliothèque publique de Rouen. Cette œuvre curieuse fut composée à Corbeil, pendant la période révolutionnaire qui créa des loisirs au dernier Prieur de St-Guenault; il s'occupait alors avec ardeur de l'organisation et du classement de la Bibliothèque de notre ville. Plusieurs auteurs se sont occupés du poème de Guiot, et M. F. Bouquet, de Rouen, séduit par la valeur intrinsèque de l'œuvre et par la qualité de Rouennais de son auteur, a voulu, lui aussi, en écrire une étude, qui est intéressante pour nous, car il y est
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 +|**UCAL_$B769654_00000143**| 113 - beaucoup question de Corbeil. Il a mis à contribution, pour ce travail, les mss. de Guiot qu'il avait à sa disposition dans la bibliothèque de Rouen, et la notice Une autobiographie, l'abbé J. A. Guiot, 1739-1807, que nous avons publiée dans le 1er bulletin de 1897 de notre Société. L'analyse de M. Bouquet révèle un lettré très érudit, et elle contribuera à rappeler l'attention sur ce digne abbé Guiot qui était tombé dans un oubli trop immérité. A. D. Léon MARQUIS. - Chalo-Saint-Mard, poème, suivi de l'histoire du pèlerin Eudes-le-Maire, dit Chalo-Saint-Mard, avec notes historiques et généalogiques sur sa postérité. Etampes, Humbert-Droz, 1897, in-8° de 64 pp. Notre excellent confrère, M. Léon Marquis, avait publié vers 1870 un petit poème tout étampois et sans prétention, intitulé la Tour de Cénive. Sur la demande qui lui en fut faite dernièrement, il consentit, non sans peine, à rééditer cette poésie de sa jeunesse, mais en l'enrichissant cette fois de nombreuses notes historiques et généalogiques sur la postérité de son héros; c'est ce qui nous a valu l'élégante plaquette qu'il vient de mettre au jour sous le titre nouveau de ChaloSaint-Mard. On connaît la donnée de cette histoire où la légende occupe une certaine place : Le roi Philippe I avait fait le vœu d'aller, armé de toutes pièces, visiter le tombeau du Christ à Jérusalem; mais les prélats et les seigneurs du royaume, prévoyant les dangers qu'occasionnerait son absence, s'efforcèrent de le retenir. Alors, un de ses serviteurs, nommé Eudes-le-Maire, dit Chalo-Saint-Mard, né à Etampes, offrit d'entreprendre lui-même le voyage à la place du roi. Il partit à pied, armé de toutes pièces et portant un cierge qu'il allumait en certaines occasions. Il alla en cet équipage à pied jusqu'à Jérusalem, sans se dépouiller, ni ôter le heaume et le casque. Il employa, dit-on, deux ans à faire ce pèlerinage; son retour dans sa patrie fut le signal des honneurs et des privilèges dont le roi se plut à le combler. Dans une charte, datée du palais d'Étampes en mars 1083, Philippe I confirma ces privilèges et exemptions en les étendant à tous les enfants et descendants d'Eudes-le-Maire, tant en ligne masculine que fémininę. M. Noël Valois, dans une étude très documentée, publiée en 1887 par la Société de l'histoire de France, s'est attaché à réfuter cette légende qu'il appelle même «< une grande mystification. >> Quoi qu'il en soit, sous François I, et même sous Henri IV, la postérité plus ou moins authentique d'Eudes-le-Maire était très considérable, et si importants étaient les privilèges et les exemptions attribués à ses membres que, de tous les coins du royaume, on accourait à Étampes pour y prendre femme appartenant à tort ou à raison à cette heureuse lignée. M. Marquis, lui, ne s'est pas préoccupé de ces subtilités, il a raconté simplement avec sa foi naïve, ce qu'il avait entendu dans sa jeunesse. Son travail est un heu-
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 +|**UCAL_$B769654_00000144**| 114 - reux commentaire des différents auteurs qui ont traité le même sujet ; il est intéressant surtout par les nombreuses recherches auxquelles il s'est livré et qui lui ont permis de pouvoir rattacher, d'une manière certaine, à la descendance d'Eudes-le-Maire nombre de grandes familles françaises comme les Noailles, les Montesquieu, les Luynes, la Ferté, Gréau, Geoffroy-St-Hilaire etc. C'est ce que beaucoup de personnes, très au courant même de l'histoire locale, n'avaient pas rouvé jusqu'à présent. M. L. Marquis a donc fait œuvre agréable et utile en même temps et nous ne saurions trop l'en féliciter. - A. D. Noël VALOIS. Note complémentaire sur le privilège de ChaloSaint-Mard, Paris, 1897, in-8° de 24 PP. Extrait de l'annuaire-bulletin de la Société de l'histoire de France (T. 33). Dans ce nouveau travail, l'auteur vient encore combattre la légende du pèlerin d'après des documents qui avaient échappé à ses précédentes recherches. Nous connaissons la profonde érudition de M. Valois et la sûreté de sa méthode, nous sommes donc certain qu'il n'y a rien à y reprendre. Néanmoins nous pensons que l'ouvrage de M. Marquis n'en est pas diminué, car il a su tirer de son sujet des renseignements exacts et intéressants; et c'est bénévolement qu'il n'a pas voulu entamer une légende qui existait avant lui. M. Marquis pense comme nous que les légendes font partie du patrimoine de notre histoire. Il est certain qu'elles n'ont pas été créées de toutes pièces et qu'elles ont pris naissance dans un fait quelconque, oublié le plus souvent et démesurément grandi par la succession des siècles. Que de désillusions, si on détruisait toutes les légendes ! Respectons-les donc, car elles sont la poésie de l'histoire. Département de la Seine. Direction des affaires départementales. Etat des Communes à la fin du XIXe siècle, publié sous les auspices du Conseil général. Orly, notice historique et renseignements administratifs. Montévrain, imprimerie typographique de l'école d'Alembert, 1896, in-8° de 68 pp., cartes. L'intéressante notice historique sur le village d'Orly, contenue dans ce volume, est due à la plume très compétente de notre érudit collègue, M. F. Bournon. Villégiatures d'artistes. Paris, C. FlamMaurice GUIllemet. marion, 1897, in-18, illustré. Ce petit volume, composé d'articles qui ont paru au journal le Figaro, est illustré de vues photographiques, dont la reproduction aurait pu être plus soignée. Il est dédié à Mme Alphonse Daudet et contient, entre autres, des notices sur les hôtes littéraires de Champrosay, Étiolles, Quincy, Sucy-Bonneuil, l'hermitage
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 +|**UCAL_$B769654_00000145**| - - 115 de Senart et Mandres, où l'illustre Président de la Société historique de Corbeil et d'Étampes a longtemps possédé et habité la jolie propriété de la Fraisière. L'abbé GEHIN. Chilly-Mazarin, son histoire, par M. l'abbé Géhin, curé de Chilly-Mazarin. Versailles, imp. Pavillet, 1897, in-18 Jésus, 14 pp. Notre excellent confrère, M. l'abbé Géhin, a résumé, avec beaucoup de tact, dans cette plaquette à l'usage de ses paroissiens, les faits les plus importants de l'histoire de cette commune, célèbre jadis par son magnifique château et les hôtes illustres qui le fréquentèrent. Commission des Antiquités et des Arts du département de Seine-et-Oise, T. XVII. Versailles, 1897, in-8°, imp. Cerf. Il n'y a pas à glaner pour nous cette année dans le volume de la Commission, ainsi que le prouve l'extrait suivant de la table des matières : Le couvre-pied en dentelle du lit d'apparat de Louis XIV au musée de Versailles, par M. V. Bart. La reconstruction de l'Hôtel archiepiscopal de Pontoise, par M. J. Depoin. Saint-Martin-la-Garenne. Droits seigneuriaux, mœurs et coutumes, par M. Gatin. Proverbes et dictons du Vexin, par M. Plancouard. E. COUARD. Inventaire sommaire des Archives départementales antérieures à 1790. Seine-et-Oise, archives civiles. Série E, articles 5864 à 6930. Versailles, imp. Cerf, 1797, gd in-4°, de LXXX et 431 PP. L'infatigable archiviste de Seine-et-Oise, notre très érudit collègue, publie dans ce volume le dépouillement des minutes des notaires et tabellions. Pour ce qui concerne notre région, nous trouvons Bretigny-sur-Orge, Marolles-en-Hurepoix, Saint-Michel-sur-Orge, Chanteloup, Chilly Mazarin, Cheptainville et Corbeil qui occupe les nºs 6836 à 6919, et les pages 351 à 416. Il y a là environ 15000 minutes qui s'étendent du milieu du XVIe siècle à la seconde moitié du XVIIIe. Dans cette masse de documents, on rencontre des actes fort intéressants sur le clergé de nos paroisses, sur le bateau le Corbilliard qui servait au transport des marchandises et des voyageurs entre Paris et Corbeil, sur l'état militaire et la défense de notre ville, sur les monuments de notre pays et cent autres sujets, dignes d'intérêt, qu'on ne peut énumérer ici. MALTE-BRUN. La tour et l'ancien château de Montlhéry, Paris, s. d., in-16 de 34 PP. Cette plaquette est un extrait de l'ouvrage de Malte-Brun sur Montlhéry; elle est vendue par le gardien de la tour.
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 +|**UCAL_$B769654_00000146**| - 116 Alexis MARTIN. Les étapes d'un touriste en France. Promenades et excursions dans les environs de Paris. Région du sud, III. Dourdan et la Vallée de l'Orge. Arpajon. Montlhéry. Longjumeau. Corbeil. De Seine-Port à VilleneuveSaint-Georges. La forêt de Sénart. Avec 38 gravures et trois cartes, dont deux coloriées. Paris, Hennuyer, 47, rue Laffitte, 1897, in-16°. Livre intéressant pour ses gravures, qui auraient pu gagner cependant à être un peu plus soignées. Quant au texte, on y rencontre beaucoup de négligences; on sent un auteur qui veut aller vite et prend des notes à la hâte dans un pays qu'il ne connaît pas. Nous avons rendu compte en 1897 du 2º vol. de cette publication qui comprenait le sud-ouest de Paris, Étampes, Malesherbes, Orléans, etc. L'Ami des monuments et des arts. T. XI, 4° partie. Notes sur l'ancien et le nouveau collège d'Étampes (pp. 192 à 203), par L. Marquis. M. Marquis est ici sur son terrain; historien d'Étampes et ayant déjà publié d'importants ouvrages sur sa ville natale, une entière autorité est acquise à ce qu'il peut en dire encore. D'ailleurs, les quelques lignes qu'il a écrites sur le collège d'Étampes n'ont été qu'un prétexte à gravures. Il y en a là 15 ou 16, dues au crayon facile de M. Ravault, qui rappellent d'une façon charmante l'excursion faite à Étampes par les amis des monuments et des arts. A. LAVILLE, R. VERNEAU, R. MANSUY. - Stations préhistoriques des Hautes-Bruyères, commune de Villejuif (Seine). Description des restes humains. Paris, Masson, 1897, 14 pp. in-8°, figures. Extrait de l'Anthropologie, T. VIII. A. HUGUES. - Les routes de Seine-et-Marne avant 1789. Notice historique par A. Hugues, archiviste de Seine-et-Marne. Melun, imp. Drosne; Paris, Picard. In-8° de 88 pp., avec carte des voies anciennes. L. JARRY. Inventaire des Templiers d'Étampes et de l'église de Moulineux-lès-Chalo. 1444. in-8° de 16 pp. Fontainebleau, imp. Bourges, 1897. Tirage à part extrait des annales de la Société historique et archéologique du Gâtinais, année 1897, pp. 188-203. Ces vieilles chapelles des Templiers et des chevaliers de St-Jean de Jérusalem se rencontrent en beaucoup d'endroits et il est très important d'en parler et de
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 +|**UCAL_$B769654_00000147**| --- - 117 les décrire avant qu'elles n'aient tout à fait disparu. Celle de Moulineux est propriété privée, par conséquent plus exposée. M. L. Jarry a donc été bien inspiré en appelant sur elle l'attention, en citant les documents anciens qui la concernent et en reproduisant un curieux dessin de cette chapelle, par Hubert Robert, conservé à la bibliothèque de Besançon. Annuaire de la Société des sciences morales, des lettres et des arts de Seine-et-Oise. Année 1867. Compte rendu des travaux, séance publique annuelle, liste des membres. Versailles, imp. Aubert, in-8° de 28 pp. Cette société est correspondante de la Société historique et archéologique de Corbeil-Étampes. Mémoires de la Société archéologique de Rambouillet. T. XI et XII. Tours, imp. Deslis, 1896 et 1899, 2 vol. in-8°, gravures. Dans ces deux volumes si heureusement remplis, nous nous plaisons à relever les notices suivantes dues à nos sympathiques confrères, M. le Cte de Dion, l'éminent président de cette société, et M. Lorin, son infatigable secrétaire général. 1896 DION (A. DE). L'Église du Prieuré St-Thomas d'Épernon, 23 ―― pp. avec gravures. LORIN. Excursion au Plessis-Mornay, à Rochefort et à Bonnelles; in-8° de 47 pp. avec gravures. CHARPENTIER. Un ancien Constituant, M. le Curé Landrin; in-8° de 7 PP. - - LORIN. L'Hôtel de la Sous-Préfecture de Rambouillet. Quelques pages de l'ancien Rambouillet; in-8° de 33 pp. LORIN. Un rapport du Conventionnel Couturier, en mission en Seine-et-Oise ; in-8° de 30 pp. LORIN. Une émeute à Montagne-sur-Remarde, Saint-Arnoult en 1793; in-8° de 30 pp. LORIN. Six victimes de la Terreur, in-8° de 97 pp. - 1897 LORIN. Les prisons de Rambouillet sous la Terreur; in-8° de 70 pp. DION (A. DE). Limours aux temps féodaux ; in-8° de 2 pp. - -
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 +|**UCAL_$B769654_00000148**| 118 --- LORIN. - Henry Levasseur, adjudant général, maire et SousPréfet de Rambouillet. Napoléon Ier à Rambouillet. L'Invasion; in-8° de 347 PP. Catalogue de la Bibliothèque populaire de la ville de Corbeil. Corbeil, imp. Crété, 1898, plaq. in-8° de 38 pp. - GENTY (l'Abbé E. A.). Livry et son abbaye, recherches historiques. Paris, 1898. Un vol. in-8° de 334 pp., gravures. Messieurs les Curés sont tout indiqués pour écrire l'histoire de leur paroisse; ils ont l'instruction, la disposition des archives communales et paroissiales et souvent aussi l'entrée de dépôts privés importants. M. l'abbé Genty est tellement persuadé de cette vérité, qu'il a déjà publié les monographies des trois paroisses qu'il a successivement occupées; la Norville d'abord, puis Épinay-sur-Orge, deux volumes très documentés et qui ont fait leur chemin. Transféré à Livry, M. Genty s'est remis à son cher travail avec une nouvelle ardeur, et après un séjour d'environ deux ans à Livry, il nous donne aujourd'hui le beau volume où est racontée en détail, avec des anecdotes qui la rendent attrayante à tous, l'histoire de cette commune, de son antique abbaye et de tous les personnages de marque qui y ont passé, tels que, entre beaucoup d'autres, l'Abbé de Coulanges et Mme de Sévigné, qui occupent dans ce livre un chapitre spécial. M. l'Abbé Genty est un chercheur patient qui sait remonter aux sources et utiliser les documents qu'il a su retrouver. Grâce à lui, les habitants de Livry connaîtront dans tous ses détails l'histoire de leur pays, et c'est bien là le but qu'il a cherché, car c'est à ses paroissiens qu'il a dédié son livre. Remercions donc notre érudit collègue M. le Curé de Livry, qui vient ainsi d'enrichir notre département d'une nouvelle monographie locale, une des meilleures qui aient encore été faites. A. D. Revue Étampoise, 1898. Almanach d'Étampes et annuaire de l'arrondissement, publié par le Réveil d'Étampes. VII année. Étampes, imp. Humbert-Droz, 1898, in-8° carré (Prix: 25 cent.). Petit volume bien fait et qui contient, avec tous les renseignements utiles qu'il comporte, des nouvelles et des anecdotes intéressantes. Almanach-annuaire de l'arrondissement de Corbeil et des cantons limitrophes pour l'année 1898, contenant des renseignements généraux sur l'arrondissement, la nomenclature des communes de l'arrondissement, avec renseignements sur chacune d'elles : population, municipalité, commerçants etc., un almanach pour 1898, calendrier, nouvelles, variétés, médecine domestique, médecine vétérinaire etc., une carte de l'arrondissement et des cantons limitrophes, un plan de Corbeil, et illustré de quatre gravures
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 +|**UCAL_$B769654_00000149**| ― - 119 hors texte (vues de Corbeil) et d'un grand nombre de vignettes dans le texte. Corbeil, Crété (Prix: 1 fr.). En rendant compte l'année dernière de ce même almanach pour 1897, nous avions exprimé le regret que les éditeurs n'y aient pas réservé une place pour les souvenirs historiques. Cette année, nous constatons avec plaisir que ce regret a été entendu et que des notices historiques ont été jointes à plusieurs des communes de notre arrondissement, comme Chennevières-s-Marne, Corbeil, Épinaysous-Sénart, Étiolles, Longpont, la Queue-en-Brie, St Germain-lès-Corbeil, SaintPierre-du-Perray, Savigny-s-Orge, Soisy-s-Etiolles, Valenton et Yerres. C'est un commencement; nous voulons espérer que l'exemple sera suivi et que notre Almanach de Corbeil formera par la suite une véritable histoire de notre arrondissement. L'Intermédiaire des chercheurs et curieux. Dans le No du 10 avril 1896, p. 405, on lit un article sur le peintre d'histoire Mauzaisse, qui est né à Corbeil. Id. p. 411, un autre article s'occupe des armoiries de Villeneuve-SaintGeorges. Mémoires de la Société historique et archéologique de l'arrondissement de Pontoise et du Vexin. T. XIX, 1897. L'intelligent autant qu'érudit Secrétaire général de cette Société, que nous sommes heureux de compter parmi les membres de la nôtre, a eu l'excellente idée de dépouiller les catalogues de vente ou de librairie, et d'en extraire les autographes et pièces rares qui intéressent notre département de Seine-et-Oise et il publie, dans les Mémoires de la Société de Pontoise, le résumé de ce travail sous le titre de: Bibliographie des autographes et plaquettes rares sur Seine-et-Oise et le Vexin signalés dans les catalogues (1888-1895). Une première partie a déjà été publiée dans le T. XII, la seconde a paru dans le T. XIII; ces deux parties ont compris 315 numéros. Aujourd'hui, dans le T. XIX, M. Depoin nous donne une nouvelle série de son travail, qui s'étend du nº 316 au nº 794, occupant les 80 premières pages du volume. Il faut être un peu du métier pour se rendre compte de l'énorme quantité de catalogues divers qu'il a fallu lire, compulser et dépouiller pour en extraire ces 478 numéros, qui ne sont point une sèche nomenclature, car ils sont tous accompagnés d'un commentaire raisonné qui double, et au delà, la valeur du renseignement. C'est une mine, toute grande ouverte à tous les chercheurs qui s'occupent de l'histoire de Seine-et-Oise. Rien que dans cette partie, nous avons relevé 40 numéros qui concernent notre arrondissement. Le cadre de notre bibliographie est trop étroit pour que nous puissions les citer ici, mais nous nous proposons, avec l'agrément de M. Depoin, d'en faire, pour un prochain bulletin, un chapitre spécial qui, nous l'espérons, ne manquera pas d'intérêt. A. D.
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 +|**UCAL_$B769654_00000150**| 120 - Catalogue de la Bibliothèque de feu M. le Bon Jérôme Pichon, Ire partie livres rares et précieux, manuscrits et imprimés. Paris, Librairie Techner, 1897, grand in-8º de xvii et 460 pages, illustré. Cette première vente, qui eut lieu du 3 au 14 mai 1897, a été un événement dans le monde des livres et elle prendra rang parmi les ventes célèbres. Dans ses onze vacations elle a produit 505.524 fr. Une seconde vente a eu lieu en février 1898; une troisième se fait dans ce présent mois de mars. Celle-ci renferme beaucoup de numéros qui intéressent Corbeil et sa contrée. Cette vente n'étant pas terminée, nous en rendrons compte dans la bibliographie de 1898. Nous ne pouvons nous occuper aujourd'hui que de la vente de 1897, dans laquelle nous avons relevé un certain nombre de numéros qui ont pour nous un intérêt local; nous en citons les plus importants. No 1158. Les vies de Sainct Exupère et Sainct Loup, vulgairement appelez S. Spire et S. Leu, premier et troisiesme Evesques de Bayeux. La translation de leurs corps en la ville de Corbeil, et les miracles qui s'y font jusques à présent par leur intercession, par Jean Bocquet, Parisien. Paris, Pierre Gaillard, 1627, in-8° de IV et 139 pp. Ouvrage très rare, acquis par un de nos collègues, M. G. de C., au prix de 122 fr. 1386-1387 et 1388. Trois ouvrages sur Marcoussy, dont le premier, l'Anastase de Marcoussy, livre très rare, a été vendu 355 fr.; les deux autres ont atteint les prix de 275 et 210 fr. 882. Le Grifonage ou festin, jeux et récréations de la montagne du Grifon en Brie, etc., etc. Vendu 52 fr. Le Griffon est un monticule dans les bois de la Grange, près de VilleneuveSt-Georges. 583. L'art de bien traiter, divisé en trois parties, ouvrage nouveau, curieux et fort galant, utile à toutes personnes et conditions, exactement recherché et mis en lumière par L. S. R. Paris, 1674, in-12 de 415 pp. Ce livre, que Barbier attribue au Sr Robert, pourrait bien être du Sr Rolland; c'était un officier de la princesse de Carignan avec lequel Audiger, auteur de La maison réglée, dit qu'il servit le roi chez M. Rossignol, au château de Juvisy, à un retour de Fontainebleau et fit porter la collation dans toutes les allées où passait la Cour (note du baron Pichon). Ce volume a été adjugé à 86 fr. 447. Recueil de plans, élévations et vues du château de Petit-Bourg, année 1730; grand in-fol., maroq. rouge. Beau manuscrit exécuté pour le duc d'Antin, possesseur du château de PetitBourg, après Madame de Montespan, sa mère. Il est orné d'un superbe titre dessiné, à la plume et à l'aquarelle, par Chaufourier, et contient vingt-cinq dessins de double format, également à l'aquarelle, donnant des vues et plans du château, de ses jardins, de son parc (trois sont avec personnages), des appartements du
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 +|**UCAL_$B769654_00000151**| - 121 château, très intéressantes pour la décoration intérieure; l'une représente le cabinet du duc d'Antin. Ce magnifique volume, que nous connaissions bien, a été acquis par M. Sommier au prix de 4260 fr. (le baron Pichon l'avait payé 400 fr.). 963. Fête donnée à Chilly le XIII de septembre MDCCLXX à Mgr le Dauphin, Madame la Dauphine et Mesdames de France. 11 feuillets, maroq. citron, très riches compartiments, où l'on voit des dauphins, des fleurs de lys, l'aigle d'Autriche etc. Manuscrit calligraphié par Fyot, contenant des chansons et scènes détachées, sans doute remarquées par Marie-Antoinette à la fête qui lui fut donnée, peu de temps après son mariage, par la duchesse de Mazarin. Magnifique reliure de la plus grande richesse, aux armes de Marie-Antoinette, à qui ce charmant volume a été offert. Adjugé au prix de 35.000 fr. à M. de Rostchild, de Londres. (Hélas!) Le No 1190, la Topographie françoise de Claude Chastillon, Paris, 1641, a été vendu 38.000 fr. Notice biographique sur Nicolas-Louis Robert, inventeur de la machine à papier continu, ornée d'un autographe et d'un portrait de Robert. Dreux, 1873. Petit in 8º de 23 pp. sous la signature de J. Bréville. La mémoire du grand inventeur que fut Louis Robert commence heureusement à sortir de l'injuste oubli où elle était tombée. L'on sait que c'est à la papeterie d'Essonnes qu'il a inventé cette belle machine qui devait opérer une si grande révolution dans l'industrie du papier et dans celles qui en dépendent. C'est là qu'il en fit les premiers essais et qu'il continua à la faire fonctionner, en y apportant des perfectionnements successifs. Louis Robert a habité Corbeil et Essonnes où déjà une rue porte son nom. Il est donc des nôtres, c'est pourquoi nous avons tenu à signaler cette brochure qui était à peu près inconnue chez nous. PLANS ET CARTES Grande carte cycliste des environs de Paris dans un rayon de 250 kilomètres, en 4 feuilles, à l'échelle de 1/250.000, d'après la carte de l'état-major, avec indication des routes pavées, macadamisées, trottoirs cyclables, montées, descentes et descentes dangereuses; dressée avec le concours du personnel consulaire de l'Union vélocipédique de France, de MM. les agents-voyers, ingénieurs et conducteurs des ponts-et-chaussées et des Sociétés vélocipédiques. Chaque carte, d'une dimension de 86 X 68, est imprimée sur papier simili-Japon. A. Taride, éditeur.
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 +|**UCAL_$B769654_00000152**| - - 122 On vend séparément les sections Sud-est et Sud-ouest. Nouvelle carte routière de Paris sud-est, à 200 kilomètres, (l'Aube, l'Yonne et le Gâtinais) à l'échelle de 1/250.000, gravée par A. Simon (le Vélo-kilométrique), Paris, imp. A. Simon, et Villeneuve-la-Guyard (Yonne), P. Guillot. Plan de la ville d'Étampes, dressé d'après le plan cadastral, le plan des chemins ruraux de M. Baudet et les documents les plus récents; par Léon Marquis. 6º édition, 1894, échelle de 1/5000, dimensions: 68 X 40. Dans ce plan, l'auteur a réservé une place pour une carte topographique de la vallée d'Étampes, à l'échelle de 1/40000. Joli plan exécuté avec le soin et la compétence que M. L. Marquis sait apporter à ses travaux en général, mais plus particulièrement encore à tout ce qui se rapporte à sa ville natale, à laquelle il a voué un amour qui se traduit sans cesse par des œuvres intéressantes. Plan de Corbeil, plan d'assemblage, 90 X 62, dressé par J. A. Gervaise, géomètre-expert à Corbeil, 1896. Plan édité par le Conseil municipal, indiquant les voies anciennes et nouvelles, les conduites d'eau, de gaz, les égouts etc. JOURNAUX ET REVUES Le Parisien de Paris, journal hebdomadaire illustré. Dans le N° du 17 octobre 1897, sous le titre de : Environs de Paris, excursions archéologiques et artistiques, on trouve une notice de notre confrère, M. J. Périn, de Ris, sur la belle église de St-Sulpice de Favières, celle que Viollet-le-Duc qualifiait à juste titre de la plus belle église de village de France. M. J. Périn, dont la compétence archéologique est bien connue, ne pouvait choisir un plus agréable sujet, aussi c'est en maître qu'il a décrit ce charmant bijou d'architecture. Le Journal officiel, 30 mai 1897 (p. 3060), a publié un avis relatif à l'ouverture à l'exploitation du chemin de fer de Corbeil à Melun et à Montereau. L'Abeille de l'arrondissement de Corbeil, dans son Nº du 13 mai 1897, a publié un article intitulé: Le duc d'Aumale à Corbeil. A l'occasion de la mort, récente alors, du duc d'Aumale, l'auteur de cet article rappelait le passage à Corbeil, en 1841, du jeune colonel du 17e léger qui revenait d'Afrique à la tête de son régiment. De Toulon à Paris, ce fut une marche triomphale, chaque ville offrait des fêtes magnifiques au régiment et à son bril-
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 +|**UCAL_$B769654_00000153**| --- 123 lant colonel. Corbeil, la dernière étape, suivit l'exemple, et les fêtes y eurent d'autant plus d'éclat que la famille royale y était venue au-devant du fils et du frère victorieux. Par une curieuse coïncidence, le même jour, 13 mai 1897, le Nouvelliste de Melun publiait un article à peu près semblable sous le même titre Le duc d'Aumale à Melun. L'Echo de Versailles et de Seine-et-Oise. Dans le No du 28 novembre 1897 de ce journal, on lira avec intérêt une notice de notre sympathique confrère, M. E. Mangeant, membre de la Commission des antiquités et des arts de Seine-et-Oise, relative à l'une des anciennes tourelles de la porte de Paris, à Montlhéry. Le Conseil municipal de cette ville ayant décidé la suppression de cette tourelle, M. Mangeant s'élève avec énergie contre cet acte de vandalisme et, tout en faisant l'histoire de ce précieux vestige du passé, il appelle à son aide tous les archéologues et antiquaires, amis des vieux souvenirs et des monuments anciens, en vue de la conservation de cette curieuse tourelle que rien ne saurait remplacer. Diogène, finances, politique, assurances, industrie, paraissant le dimanche. Ce journal hebdomadaire, qui se publie à Versailles, croyons-nous, a publié le 25 juillet 1897, un article-causerie, consacré à la Société historique et archéologique de Corbeil. Nous ne saurions trop remercier l'auteur anonyme de tout le bien qu'il dit de notre Société et des membres qui la composent, mais qu'il nous permette de lui faire observer qu'il a quelque peu pris ses désirs pour la réalité, quand il parle avec enthousiasme du musée de St-Jean, œuvre de la Société, mais qui n'est pas encore sortie de la période de formation. Chaque jour les dons abondent, écrit-il, chaque sociétaire s'empresse d'ap- << porter sa part au trésor commun. M. D., un des premiers, a enrichi le jeune << musée de véritables merveilles archéologiques. Tous ses collègues ont fait de «< même. La région est parcourue en tous sens par ces nouveaux commis-voya- << geurs de la science, missi sapientiæ. » Le morceau est joli et il est fâcheux qu'il ne soit pas tout à fait exact. La vérité est que l'église St-Jean, affectée au futur musée, sort à peine d'une longue période de travaux. La Société n'en a pas encore pris officiellement possession; cette formalité n'aura lieu qu'en mai prochain, à l'occasion de la réunion générale de la Société. En dehors d'un certain nombre de pierres tombales et de chapiteaux, l'église St-Jean ne renferme encore que fort peu d'objets. Ces lignes ont pour but de renseigner exactement les membres de notre Société et autres lecteurs sur l'état actuel du musée St-Jean, et encore, après cette rectification nécessaire, d'exprimer nos remercîments à l'écrivain du Diogène pour son bon vouloir et ses paroles aimables envers notre jeune Société. A. D.
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 +|**UCAL_$B769654_00000154**| - -- 124 TROUVAILLES ET DÉCOUVERTES ― ESSONNES, Décembre 1897. En faisant une fouille pour établir des cabinets d'aisances à Essonnes, dans le carrefour, à droite et non loin du portail de l'église, les ouvriers ont mis au jour deux cercueils de plâtre, qu'ils ont brisés, comme toujours, hélas! Les corps qui y avaient été inhumés s'y trouvaient encore. Personne n'ayant été prévenu, il n'a pas été possible de savoir si un mobilier funéraire quelconque accompagnait ces sépultures. Le peu d'étendue qu'a eue cette fouille permet de supposer qu'il y a encore d'autres cercueils enfouis dans la partie de terrain voisine et non explorée, c'est-à-dire entre la mairie actuelle et l'église, terrain planté d'arbres aujourd'hui, et que cet emplacement avait dû servir de cimetière à l'époque mérovingienne. On sait d'ailleurs, par les monnaies, qu'Essonnes existait déjà dans ces temps reculés. - LE CHATEAU De Villeroy. On sait que ce château fut détruit à la Révolution et que ce qui en reste n'est qu'une partie des communs. Quant au château luimême, cette magnifique résidence dont les anciens auteurs ont fait de si pompeuses descriptions, on ignorait jusqu'à son emplacement. Tenté par une curiosité bien naturelle, le propriétaire actuel avait entrepris depuis quelque temps des recherches qui étaient restées sans succès jusqu'à présent. Loin de se décourager, il les continua avec ardeur, et la réussite vint enfin couronner ses louables efforts. Les substructions et le périmètre entier de l'ancien château de Villeroy viennent d'être mis au jour. Cette trouvaille étant toute récente, les détails nous manquent aujourd'hui, mais nous espérons pouvoir indiquer dans un prochain article l'emplacement exact et les mesures précises de cette demeure quasi royale de la puissante famille des ducs de Villeroy. Le menhir de ViGNEUX. — Les amis des monuments mégalithiques peuvent se rassurer au sujet de la conservation de ce menhir. La plaine où il se trouve depuis tant de siècles avait été livrée aux extracteurs de sable qui devaient la transformer en un vaste lac; mais grâce à ses démarches réitérées, un de nos plus zélés collègues a pu obtenir de l'entrepreneur qu'un flot assez important serait réservé tout autour du menhir, qui en formerait ainsi le point central. En outre, l'îlot devait être empierré dans sa circonférence pour le garantir des érosions de l'eau. Tout cela est fait aujourd'hui et le menhir de Vigneux est mieux protégé que jamais, puisqu'on ne peut plus y accéder qu'en bateau. A. D.
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 +|**UCAL_$B769654_00000155**| - - 125 TABLE DE LA 3° ANNÉE Statuts et réglement de la Société. Liste des membres · Page XI • XVII XIX Conseil d'administration, bureau, comité de publication Compte rendu des séances Notes sur des doubles tournois du XVe siècle, trouvés à Angerville (S.-et-O.); par M. M. Legrand. Les Louvois et les Villeroy, par J. V. . Chilly-Mazarin, par M. l'abbé Géhin La porcelaine de Villeroy, par M. Aymé Darblay. Un Bail sous la révolution, par A. D. . · • Une autobiographie: l'abbé Guiot, 1739-1807, par A. D. Compte-rendu des séances Une tentative d'assassinat à Corbeil en 1614, par A. D. La féodalité et le droit de vasselage, par A. D. Dédicace de l'Église St-Spire de Corbeil, par A. D. Documents inédits sur J. G. Simonneau, maire de la ville. d'Étampes, par Paul Pinson I II 14 21 26 28 47 • 52 54 62 66 Relation de la réception faite à Louis XIV à son passage à Étampes en 1668, par Paul Pinson +88 74 80 L'abbaye de Gercy en 1793, par A. D. Les sœurs de St Vincent de Paul à Corbeil, par l'abbé E. Colas Bibliographie. Trouvailles et découvertes GRAVURES Extrait d'un plan manuscrit de Villeroy, dressé en 1751 Pommes de cannes et manches de couteaux trouvés dans le parc de Villeroy · L'abbé Guiot d'après son ex-libris. La porte du cloître St Spire (cul-de-lampe). Ancien plan du terrier de Jarcy • 91 ΠΟ 124 • 23 24 32 88888 65
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 +|**UCAL_$B769654_00000156**| ERRATA Page 18, ligne 28, au lieu de: imo non rem seipsum, lire: imo non tam seipsum. Même page, ligne 35, au lieu de: ergo animæ precare, lire: ergo animæ bona precare.
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 +|**UCAL_$B769654_00000157**| BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ HISTORIQUE & ARCHÉOLOGIQUE DE CORBEIL, D'ÉTAMPES ET DU HUREPOIX
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 +|**UCAL_$B769654_00000158**| IMPRIMERIE G. BELLIN, A MONTDIDIER
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 +|**UCAL_$B769654_00000159**| BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ HISTORIQUE & ARCHÉOLOGIQUE DE CORBEIL D'ÉTAMPES ET DU HUREPOIX 4° Année — 1898 1 re LIVRAISON
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 +CORBEIL CHUREPO ETAMPES PARIS ALPHONSE PICARD ET FILS, ÉDITEURS LIBRAIRES DES ARCHIVES NATIONALES ET DE LA SOCIÉTÉ DE L'ÉCOLE DES CHARTES Rue Bonaparte, 82 1898
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 +|**UCAL_$B769654_00000160**| !
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 +|**UCAL_$B769654_00000161**| SOCIÉTÉ HISTORIQUE & ARCHÉOLOGIQUE DE CORBEIL, D'ÉTAMPES ET DU HUREPOIX STATUTS Approuvés par arrêté préfectoral en date du 19 février 1895 ARTICLE I. Une Société est fondée à Corbeil sous le titre de SOCIÉTÉ HISTORIQUE ET ARCHÉOLOGIQUE DE CORBEIL, D'ÉTAMPES ET DU HUREPOIX. Elle a pour but les études, les recherches et les publications concernant l'histoire et l'archéologie de notre contrée et des régions circonvoisines, ainsi que la description et la conservation des monuments anciens situés dans ces mêmes régions. Elle a son siège à Corbeil et tiendra ses séances soit à la SousPréfecture, soit à la Mairie, avec l'autorisation préalable du SousPréfet ou du Maire. ART. II. — La Société s'interdit toutes discussions ou publications politiques ou religieuses. - ART. III. La Société se compose de tous les fondateurs et, en nombre illimité, des personnes qui, adhérant aux Statuts, sont admises par le Conseil sur la présentation de deux membres. Le Conseil peut aussi désigner des membres correspondants qui seront nommés par l'Assemblée générale.
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 +|**UCAL_$B769654_00000162**| VI Les mineurs ne seront admis dans la Société que sur le consentement soit de leurs parents, soit de leur tuteur. ART. IV. Le titre de fondateur est acquis: 1° aux signataires des présents statuts, 2º à tout membre qui fait don à la Société d'une somme de cent francs au moins. ART. V. Chaque sociétaire paie une cotisation annuelle de dix francs cependant cette cotisation est réduite à cinq francs pour les personnes appartenant au clergé et à l'enseignement. - ART. VI. — Tout membre adhérent qui aura effectué un versement de cent francs au moins sera exonéré du paiement des cotisations annuelles. ART. VII. La Société est administrée par un Conseil composé de vingt-et-un membres, élus pour trois ans en Assemblée générale. Ce Conseil se renouvelle chaque année par tiers. Les membres sortants sont rééligibles. ART. VIII. Le Conseil, sur la proposition du Comité de publication, statue sur l'impression des travaux et la composition des Bulletins: il soumet aux auteurs les modifications qu'il juge nécessaires et détermine l'ordre des insertions. - ART. IX. Aucune dépense ne peut avoir lieu qu'en vertu d'une délibération du Conseil. Le trésorier ne doit effectuer aucun paiement sans le visa du Président ou d'un Vice-Président. ART. X. La Société se réunit tous les ans au mois de mai, en Assemblée générale, soit à Corbeil, soit dans toute autre ville désignée par le Conseil. Cette assemblée nomme les Membres du Conseil. Elle entend les rapports qui lui sont présentés par le Conseil et qui sont relatifs à l'état des travaux et à la situation financière de la Société. Elle délibère sur toutes les propositions qui lui sont soumises par le Conseil. ― ART. XI. La Société pourra organiser des excursions archéologiques, faire exécuter des fouilles, établir une bibliothèque, un musée, acquérir, recueillir ou recevoir, à titre de dons manuels, tous les objets et documents qui l'intéressent. Toutes ces questions seront décidées par le Conseil. ART. XII. Les membres correspondants reçoivent les publications de la Société et sont affranchis de toute cotisation,
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 +|**UCAL_$B769654_00000163**| VII ART. XIII. En cas de dissolution de la Société, les membres titulaires, réunis en une Assemblée générale spécialement convoquée à cet effet, seront appelés à statuer sur la liquidation de l'actif social et sur la destination des collections appartenant à la Société. ART. XIV. - Les présents Statuts pourront être modifiés par l'Assemblée générale, sur une proposition écrite et signée de dix membres au moins, mais aucune modification ne deviendra exécutoire qu'après avoir été autorisée par l'autorité compétente, en exécution de l'article 291 du Code pénal. ART. XV et dernier. Un règlement intérieur, adopté par l'Assemblée générale, arrête les conditions de détail propres à assurer l'exécution des présents Statuts et le bon fonctionnement de la Société. Vu par le Vice-Président: Vu et soumis à l'approbation de Monsieur le Préfet de Seine-et-Oise. Le Sous-Préfet de Corbeil, G. de Linière. P. BOUCHER. Le Préfet de Seine-et-Oise, Chevalier de la Légion d'honneur, autorise la « Société Historique et Archéologique de Corbeil, d'Étampes et du Hurepoix » à se constituer légalement, en vertu de l'article 291 du Code pénal et conformément aux présents Statuts. Fait à Versailles, le 19 février 1895. Pour le Préfet, Le Secrétaire-général délégué, DUFOIX.
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 +|**UCAL_$B769654_00000164**| RÉGLEMENT DE LA SOCIÉTÉ HISTORIQUE ET ARCHÉOLOGIQUE DE CORBEIL, D'ÉTAMPES ET DU HUREPOIX Arrêté par l'Assemblée générale du 4 Décembre 1894 - ARTICLE I. Messieurs les Sous-Préfets de Corbeil et d'Étampes sont Présidents d'honneur de la Société. ART. II. Le Conseil, conformément à l'article VII des statuts, désigne, chaque année parmi ses membres, un Président, deux ou plusieurs vice-Présidents, un Secrétaire général, un Secrétaire rédacteur et un Trésorier. - ART. III. Le Président ouvre et dirige les séances, maintient l'ordre dans les discussions, fait exécuter les statuts et les décisions de la Société, la convoque pour les séances ordinaires et extraordinaires et ordonnance les dépenses. En cas d'absence des Président et vice-Présidents, le Conseil est présidé par le plus âgé des membres présents. ― ART. IV. Le Secrétaire général est chargé, sous la direction du Conseil, de la composition et de la rédaction du bulletin; il veille à l'impression et à la correction de toutes les publications de la Société; il se met en rapport avec les auteurs et leur soumet, s'il y a lieu, les observations approuvées par le Conseil, sur le rapport du Comité de publication. Il fait annuellement à l'assemblée générale un rapport sur les travaux de la Société; enfin il remplit les fonctions d'archiviste.
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 +|**UCAL_$B769654_00000165**| IX ART. V. Le Secrétaire rédacteur rédige les procès-verbaux des séances et est chargé de tout ce qui se rapporte à la correspondance. ART. VI. Le Trésorier est chargé du recouvrement des cotisations annuelles; il paie les dépenses ordonnancées et donne chaque année, à la séance générale, un état de la situation financière de la Société. ART. VII. Le Conseil se réunit tous les trois mois ; cependant le Président peut le convoquer chaque fois que les intérêts de la Société l'exigent. ART. VIII. -Les décisions du Conseil sont prises à la majorité des suffrages; pour qu'elles soient valables, sept membres au moins doivent être présents. En cas de partage, la voix du Président est prépondérante. ― ART. IX. Le Conseil statue sur les demandes d'admission et désigne la catégorie à laquelle doit appartenir chaque candidat admis, afin de déterminer le montant de sa cotisation, conformément à l'article V des statuts. Les délibérations du Conseil ont lieu au scrutin secret, et les noms des candidats refusés ne sont pas inscrits au procès verbal. ART. X. Les décisions du Conseil ordonnant une dépense sont transmises sans retard au Trésorier par un extrait du procès-verbal, signé du Secrétaire rédacteur. - ART. XI. Les fonds disponibles de la Société seront déposés à la caisse d'épargne de Corbeil ou dans toute autre caisse désignée par le Conseil. ART. XII. L'ouverture de l'année sociale est fixée au 1er janvier. Tout candidat admis doit sa cotisation à partir du 1er janvier de l'année de son admission. - ART. XIII. La Société publiera un bulletin périodique et, si ses ressources le lui permettent, elle pourra également publier des mémoires et des documents. ART. XIV. Un Comité de publication, composé d'un vicePrésident et du Secrétaire général, membres de droit, et de cinq membres choisis par le Conseil et renouvelables chaque année, proposera la publication, sous les auspices de la Société, des mémoires et documents dont il aura apprécié la valeur réelle.
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 +|**UCAL_$B769654_00000166**| X ART. XV. Les Sociétaires ont droit à toutes les publications de la Société à partir de l'année de leur admission. - ART. XVI. Tous les Sociétaires peuvent assister aux séances du Conseil, mais ils ne peuvent prendre part aux votes. Le Président peut leur donner la parole quand ils ont à faire des communications qui rentrent dans l'ordre des travaux de la Société. Cependant le Conseil peut se former en Comité secret sur la demande de deux de ses membres. - ART. XVII. Les auteurs pourront faire exécuter, à leurs frais, des tirages à part des travaux publiés par la Société. Tout tirage à part devra porter la mention du volume dont il aura été extrait. Aucun tirage à part ne pourra être mis en circulation avant la publication par la Société du travail dont il est l'objet. - ART. XVIII. Les demandes de modifications aux statuts devront être adressées au Président quinze jours au moins avant l'assemblée générale; il en sera fait mention sur les lettres de convocation. - ART. XIX et dernier. Le présent réglement pourra être modifié par le Conseil sur la proposition et à la majorité de sept membres au moins.
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 +|**UCAL_$B769654_00000167**| LISTE DES MEMBRES Les noms précédés d'un astérique (*) sont ceux des MEMBRES FONDATEURS qui ont racheté leur cotisation, MM. ALLAIN, Maire de Soisy-sous-Étiolles. ALLIOT (l'Abbé), curé de Bièvres. ALLORGE, Professeur de dessin à Montlhéry. *AUBRY-VITET, Archiviste-Paléographe, 9, rue Barbet de Jouy, à Paris. BARREAU (Eugène), Juge au tribunal de commerce de Corbeil, à Ris-Orangis. BARTHÉLEMY (André), à Villeneuve-le-Roi, par Ablon. BARTHÉLEMY (Jules), Géomètre-expert, rue Féray, à Corbeil. BARTISSOL, Maire de Fleury-Mérogis, par Saint-Michel. BASSERIE (Mlle), 49, rue St Vincent, au Mans (Sarthe). BAZIN, au château de Villegenis, par Massy. BEGLET (Armand), à Corbeil et, à Paris, 162, boulevard Haussmann. *BÉRANGER (Charles), 82, avenue des Champs-Élysées, Paris. BESSIN, Conseiller d'arrondissement, à Corbeil. La BIBLIOTHÈQUE COMMUNALE DE CORBEIL, représentée par M. DUFOUR, bibliothécaire. *BIZEMONT (le Vte Arthur de), au Château du Tremblois, par Bouxières-aux-Chênes (Meurthe-et-Moselle). BLAVET, Président de la Société d'Horticulture d'Étampes, 11, place de l'Hôtel-de-Ville, Etampes,
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 +|**UCAL_$B769654_00000168**| XII MM. BLONDEAU, entrepreneur de travaux à Corbeil. BONNEFILLE, Sénateur de Seine-et-Oise, à Massy. BONNIN (l'Abbé), Curé d'Ablon. BOUCHER (le Dr Paul), Médecin en chef de l'Hôpital de Corbeil. BOUJU-TANDOU (J. Albert), au Château du Tremblay, à Corbeil et, à Paris, 45, avenue Marceau. BOULÉ (Alphonse), Juge de paix, à Pontoise. BUFFIER (Gaston), 146, rue des Vallées, à Brunoy. CALLIET, Président du tribunal de Commerce, à Corbeil. CAUVIGNY (l'Abbé), Curé de Ballancourt. CAUVILLE (Paul de), Sénateur, au château des Tourelles, par Évry-Petit-Bourg; à Paris, place d'Iéna, 8. CAYRON (l'Abbé), Curé de Lardy. CHAMBON, avoué à Corbeil. *CHATONEY (Eugène), 8, rue Rembrandt, à Paris. CHERON, à Lardy. CHERRIÈRE (le D¹), à Essonnes. CHEUVREUX, à Étiolles, par Corbeil, et 41, avenue de Friedland, à Paris. CHEVALIER (Léon), Conseiller-Maître à la Cour des Comptes, à Soisy-sous-Étiolles, et à Paris, 216, rue de Rivoli. CIBIEL (Alfred), Député de l'Aveyron, au château de Tigery, et 53, rue St-Dominique, à Paris. CLÉMENT, Architecte de l'arrondissement d'Étampes, à Etampes. COCHIN (Henry), Député du Nord, au château de Wetz, à St-Pierre-Brouck, par Bourbourg (Nord), et à Paris, 114, rue de la Boétie. COLAS (l'Abbé), Curé de Soisy-sous-Étiolles. COLAS (Albert), propriétaire à Villeneuve-le-Roi. COLLARDEAU DU HEAUME (Philéas), 6, rue Halévy, à Paris. COTHEREAU, Président du tribunal civil à Corbeil. *COURCEL (le Baron Alphonse de), Ambassadeur et Sénateur, au château d'Athis-Mons, et à Paris, 10, boulevard Montparnasse. *COURCEL (George de), à Vigneux, et à Paris, 178, boulevard Haussmann.
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 +|**UCAL_$B769654_00000169**| XIII MM. *COURCEL (Valentin de), Maire d'Athis-Mons, et à Paris, 20, rue de Vaugirard. *CROS (Louis), Conseiller général de Seine-et-Oise, à Corbeil. DANGER, géomètre, à Étampes. *DARBLAY (Aymé), au château de St-Germain, par Corbeil. DARBLAY (Paul), au château de St-Germain, par Corbeil. DARNET (Jérôme), Greffier en chef du tribunal de Corbeil. DEBLED, artiste-peintre à Linas, par Montlhéry. DELESSARD (Edouard), Avoué honoraire près le Tribunal de la Seine, à Ris-Orangis. DELESSARD (Ernest), Ingénieur civil, à Lardy. DEPOIN (Joseph), Secrétaire général de la Société historique de Pontoise, 50, rue Basse, à Pontoise, et à Paris, 150, boulevard St Germain. DESRUES (l'Abbé), Curé Doyen de Limours. DEVERRES (l'Abbé), Curé de Boigneville. DEVOUGES (le D¹), Président de la Société d'Horticulture de l'arrondissement, rue Feray, à Corbeil. DION (le Comte de), Président de la Société archéologique de Rambouillet, à Montfort-l'Amaury. DUFAURE (Amédée), ancien député, au Château de Gillevoisin, par Etréchy, et 11, avenue Percier, à Paris. DUFOUR (M. A.), Conservateur de la Bibliothèque et des Archives de la ville de Corbeil, rue du 14 Juillet, 21, à Corbeil. DURANDET (l'Abbé), Curé de Ris-Orangis. *DUVAL (Rubens), Professeur au Collège de France, à Morsangsur-Seine, et à Paris, 11, rue de Sontay. FÉRAY (Ernest), 5, rue de Stockolm, à Paris. *FÉRAY (Georges), 58, Boulevard Malesherbes, à Paris. FLAMMARION (Camille), Directeur de l'Observatoire de Juvisy, à Juvisy, et à Paris, 16, rue Cassini. FORTEAU (Charles-Marie), Trésorier de la Caisse d'Épargne d'Étampes, à Étampes.
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 +|**UCAL_$B769654_00000170**| XIV MM. FOUDRIER (l'Abbé), Curé de Morsang-sur-Orge, par Savignysur-Orge. FRITSCH (l'Abbé), Curé d'Étréchy. GALLET (le Chanoine), 16, rue Royale, à Versailles. GARNIER (Paul), 16, rue Taitbout, à Paris. GATINOT, inspecteur-primaire honoraire, à Montgeron. GÉHIN (l'Abbé), Curé de Chilly-Mazarin, par Longjumeau. GENET (l'Abbé), Curé de Méréville. GENTY (l'Abbé), Curé de Livry. GÉRARD (Octave), avoué à Corbeil. GIBERT, ancien percepteur, à Corbeil. GIBOIN, rue Orbe, à Libourne (Gironde). GIRARD Conservateur des Hypothèques à Corbeil. GLIMPIER (l'Abbé), Curé de Santeny. GRAND (Émile), avoué à Corbeil. GRANGE (le Marquis de la), Maire de Montgeron. GUÉBIN (Edmond), Avoué à Corbeil. GUÉNIN (Eugène), Critique d'art et sténographe au Sénat, Villa des Fresnes, à Juvisy. GUILBERT (Denys), Avocat, au Château du Colombier, au Breuillet, par St-Chéron, et à Paris, 12, rue de Tournon. GUYOT (Joseph), au Château de Dourdan. HARO (Henri), Peintre-Expert, 20, rue Bonaparte, à Paris. HAURÉAU (Barthélemy), Membre de l'Institut. HOUSSOY (le Comte du), au Château de Frémigny, par Bouray, (S.-et-O.) et 81, rue de Lille, à Paris. HUMBERT-DROZ, Imprimeur à Étampes. *JACQUEMOT (l'Abbé), Curé-Doyen d'Argenteuil. JEANCOURT-GALIGNANI, Maire d'Étiolles, par Corbeil, et à Paris, 82, rue du faubourg St Honoré. JARRY (Henri), Pharmacien, Membre du Conseil départemental d'hygiène, à Corbeil. JOZON (Maurice), Notaire à Corbeil.
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 +|**UCAL_$B769654_00000171**| XV MM. LACHASSE (Auguste), Adjoint au Maire de St-Germain-lèsCorbeil. LACOMBE (Paul), Trésorier de la Société de l'histoire de Paris, 5, rue de Moscou, à Paris. LADMIRAL (le Dr), au Château d'Étiolles, par Corbeil. LAINEY, Directeur des grands Moulins de Corbeil, 5, rue du Louvre, à Paris. LAROCHE (Mme Jules), rue Saint-Spire, à Corbeil. LASNIER (E.), Receveur des Finances en non activité, 28, rue de Champlouis, à Corbeil. LECACHEUR (Mme), rue Saint-Spire, à Corbeil. LÉGER (l'Abbé), Curé de Domont. LEGROS, Notaire, Maire de Boissy-St-Léger. LEMAIRE (Jules), homme de lettres, rue Féray, à Corbeil. LE PAIRE (Jacques-Amédée), à Lagny (S. et M.) LEPROUST (l'Abbé), 3, rue Pavée, à Étampes. LEROY (Jules), juge au tribunal de commerce de Corbeil. LORIN, Avoué, Secrétaire général de la Société historique de Rambouillet, à Rambouillet. MAILLE ST-PRIX, au Château de la Grange, par Evry-PetitBourg, et à Paris, 11, Square de Messine. MAINGUIN, professeur, à Corbeil. MALLET, Conseiller d'Arrondissement, à Corbeil. MARCHEIX, Bibliothécaire à l'École des Beaux-Arts, 47, rue de Vaugirard, à Paris. MAREUSE (Edgar), Secrétaire du Comité des Inscriptions parisiennes, 81, Boulevard Haussmann, à Paris. MARSAUX (le Chanoine), à Beauvais (Oise). MARTELLIÈRE, ancien Magistrat, à Pithiviers (Loiret). MASSUCHETTI (l'Abbé), Curé de Viry-Châtillon. *MAUBAN (Georges), à Soisy-sous-Etiolles, et à Paris, 5 bis, rue de Solférino. MICHELEZ (Léon), propriétaire à Lardy. MONTGERMONT (le Comte G. de), 62, rue Pierre Charron, à Paris, et au château de Montgermont, par Ponthierry (S. et M.) MORIZET (Emile), à l'Hôtel des Arquebusiers, à Corbeil.
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 +|**UCAL_$B769654_00000172**| XVI MM. MOTTHEAU, 4, place St-Médard, à Brunoy, et à Paris, 18, rue le Verrier. MURET (l'Abbé), Curé de Brunoy. OUDIOU, Architecte de la ville, avenue Darblay, à Corbeil. PAILLARD (Julien), architecte, à Corbeil. PALLAIN, gouverneur de la Banque de France, Hôtel de la Banque, à Paris. PANNIER (le Pasteur Jacques), avenue Carnot, à Corbeil. PAPIN, agent des assurances générales à Corbeil. PASQUET (Alfred-Marc), Architecte de l'arrondissement, à Corbeil. PASTRÉ (Aymé), au Château de Beauvoir, par Evry-Petit-Bourg, et à Paris, 29, rue du faubourg St Honoré. PÉRIN (Jules), Avocat à la Cour d'Appel de Paris, Docteur en droit, Archiviste-Paléographe, à Ris-Orangis, et à Paris, 8, rue des Écoles. PINARD (André), au château de Champcueil, par Mennecy. PINAT, architecte à St-Germain, par Corbeil. PINSON (Paul), d'Étampes, 39, rue de Valenciennes, à Douai (Nord). PRESTAT, Receveur des finances de l'arrondissement de Corbeil. PRIVÉ, Directeur du moulin français à Salonique (Turquie). RABOURDIN (Charles), Maire de Paray, à la ferme de Contin, par Athis-Mons. RADOT (Émile), industriel, à Essonnes. RAVAUT (Paul), 94, avenue Victor Hugo, à Paris. RICHERAND (le Baron), Maire de Villecresnes. RILLY (le Comte de), au château d'Oyzonville, par Sainville (Eure-et-Loir), et 1, rue de la Chaise, à Paris. ROUSSELIN (l'Abbé), curé de Périgny (par Mandres). SABATIER, Maire de Viry-Châtillon. SAINT-MARC-GIRARDIN (Henri), au château de Morsang-surSeine, et à Paris, 15, rue du Cirque.
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 +|**UCAL_$B769654_00000173**| XVII MM. SELVE (le marquis de), au château de Villiers, par la FertéAlais (S.-et-O.), et 36, avenue Hoche, à Paris. SÉRÉ-DEPOIN, Président de la Société historique de Pontoise, 56, rue Charles Laffitte, à Neuilly (Seine). SIMON (Paul), Architecte, à Villeneuve-St-Georges. SIMON (l'Abbé), vicaire à Argenteuil. SOUPAULT, Maire de Villeneuve-le-Roi, par Ablon. SWARTE (Victor de), Trésorier-Payeur-Général du Nord, à Lille. TANON (M. L.), Président de Chambre à la Cour de Cassation, 90, rue d'Assas, à Paris, et au château du Clos-Bernard, à Soisy-sous-Étiolles. TETON (Gabriel), instituteur à Épinay-sous-Senart, par Brunoy. TOURNEUX (Maurice), 14, rue du Cardinal-Lemoine, à Paris. TOURNEVILLE, ancien juge de paix de Corbeil, à Lyons-laForêt (Eure). *TREUILLE (Raoul), 156, rue de Rivoli, à Paris. TREILHARD (le Comte), au château de Marolles-en-Hurepoix, et 45, rue de Courcelles, à Paris. VACQUER, Architecte, chargé du service archéologique de la ville de Paris, 2, rue Boutarel, à Paris. VALLET (l'Abbé), Curé de Fleury-Mérogis, par St-Michel. VAUFRELAND (le Baron de), Maire de Morsang-sur-Seine, au château des Roches, commune de Morsang-sur-Seine, et à Paris, 38, avenue Gabriel. VILLENEUVE-SAINT-GEORGES (la Commune de). VOLLANT (Louis), ingénieur civil, Villa Rochefort, à SaintGermain-lez-Corbeil. WARIN, Directeur des papeteries d'Essonnes, à Essonnes.
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 +|**UCAL_$B769654_00000174**| XVIII MEMBRES HONORAIRES-CORRESPONDANTS MM. BOURNON (Fernand), Archiviste-Paléographe, 12, rue Antoine Roucher, à Paris. COUARD (Emile), Archiviste de Seine-et-Oise, à Versailles. DUTILLEUX (A.), Chef de division honoraire à la Préfecture de Seine-et-Oise, à Versailles. LEGRAND (Maxime), Avocat, rue de la Porte-dorée, à Étampes. MARQUIS (Léon), d'Etampes, 32, rue de la Clef, à Paris. PHARISIER, Rédacteur en chef de l'Abeille de Seine-et-Oise, à Corbeil. QUESVERS (Paul), à Montereau-faut-Yonne (Seine-et-Marne). STEIN (Henri), Archiviste aux Archives nationales, 38, rue Gay-Lussac, à Paris. LISTE DES MEMBRES DU CONSEIL D'ADMINISTRATION MM. BARTHÉLEMY (Jules), de Corbeil. BLAVET, d'Étampes. BONNIN (l'Abbé), d'Ablon. BOUCHER (le Dr P.), de Corbeil. COLAS (l'Abbé), de Soisy. COURCEL (G. de), de Vigneux. COURCEL (V. de), d'Athis-Mons. DEPOIN (Joseph), de Pontoise. DUFOUR (M. A.), de Corbeil. DUTILLEUX (A.), de Versailles. GENTY (l'Abbé), de Livry. MM. JARRY (Henri), de Corbeil. LASNIER (E.), de Corbeil. LEGRAND (Maxime), d'Etampes. LEMAIRE (Jules), de Corbeil. MAREUSE (Edgar), de Paris. MARQUIS (Léon), d'Etampes. MARTELLIÈRE, de Pithiviers. MOTTHEAU, de Brunoy. PASQUET (A. Marc), de Corbeil. PERIN (Jules), de Ris-Orangis.
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 +|**UCAL_$B769654_00000175**| XIX BUREAU DE LA SOCIÉTÉ Présidents d'honneur: M. le Sous-Préfet de Corbeil. M. le Sous-Préfet d'Étampes. Président : Vice-Présidents: M. François COPPÉE, de l'Académie française. M. le Dr P. BOUCHER, Médecin en chef de l'hôpital de Corbeil. M. G. de COURCEL, ancien officier de marine. M. BLAVET, Président de la Société d'horticulture d'Étampes. Secrétaire-Général: M. DUFOUR, Conservateur de la bibliothèque Trésorier: et des archives de la ville de Corbeil. M. LASNIER, Receveur des finances en non activité. Secrétaire-Rédacteur: M. JARRY, Membre du Comité départemental d'hygiène. COMITÉ DE PUBLICATION MM. le Dr P. BOUCHER, Vice-Président, membre de droit. A. DUFOUR, Secrétaire général, membre de droit. V. DE COURCEL, d'Athis-Mons. H. JARRY, Secrétaire rédacteur, de Corbeil. J. LEMAIRE, de Corbeil. J. PERIN, de Ris-Orangis. Léon MARQUIS, d'Étampes.
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 +|**UCAL_$B769654_00000176**| SOCIÉTÉ HISTORIQUE & ARCHÉOLOGIQUE DE CORBEIL, D'ÉTAMPES ET DU HUREPOIX COMPTE-RENDU DES SÉANCES SÉANCE DU CONSEIL D'ADMINISTRATION Tenue à la Sous-Préfecture de Corbeil, le 3 mai 1898. Présidence de M. le Dr BOUCHER, Vice-Président. Etaient présents: MM. le Dr Boucher, Lasnier, Dufour, G. de Courcel, Barthélemy, J. Lemaire, Marc Pasquet, Mottheau, V. de Courcel, Mareuse, l'abbé Colas et Jarry. Absents excusés: MM. J. Depoin et l'abbé Genty. Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté sans observation. M. le Président annonce le décès de M. Thomas Lot, de Brunoy; il est certain d'être l'interprète de tous ses collègues en exprimant les regrets causés par la perte de ce distingué collègue. Il espère que M. André Lot, son frère, maire d'Epinay-sous-Senart, voudra bien consentir à remplacer M. Thomas Lot comme membre de la Société. M. Mottheau de Brunoy est chargé de cette négociation. Le Conseil prononce l'admission, comme membres adhérents, de: M. Cothereau, président du tribunal civil de Corbeil, présenté par MM. Boucher et Dufour; M. le comte Meunier du Houssoy, au château de Fremigny, par Bouray (S.-et-O.), présenté par MM. de Montgermont et Aymé Darblay;
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 +|**UCAL_$B769654_00000177**| XXI M. le comte de Rilly, au château d'Oysonville, par Sainville (Eure-et-Loir), présenté par MM de Montgermont et Dufour; M. le marquis de Selve, au château de Villiers, par la FertéAlais (S.-et-O.), présenté par MM. de Montgermont et Dufour; M. Allorge, architecte à Montlhéry, présenté par MM. Boucher et Dufour; M. Cibiel (Alfred), au château de Tigery, présenté par MM. Raoul Treuille et Aymé Darblay; M. l'abbé Simon, vicaire à Argenteuil, présenté par MM. Boucher et Dufour; M. le comte Treilhard, au château de Marolles en Hurepoix, présenté par MM. Aymé Darblay et Charles Béranger. Le secrétaire général informe le Conseil qu'il a été offert à la Société 19 volumes ou brochures dont il donne les titres. Ces ouvrages seront inscrits au catalogue de la bibliothèque de la Société, dont la première partie sera insérée dans un des prochains bulletins. Des remercîments sont votés aux généreux donateurs. Le Conseil décide ensuite que tous les volumes appartenant à la Société seront estampillés au moyen d'un timbre spécial dont le modèle reste à décider. M. le Président rappelle au Conseil que la réunion générale de 1897 n'a pu avoir lieu par suite de circonstances indépendantes de la volonté du Conseil, parmi lesquelles il faut compter la durée prolongée des travaux de l'église St-Jean; ces travaux étant maintenant terminés, il y a lieu de fixer dès à présent l'époque de la réunion générale de 1898, qui devra coïncider avec l'inauguration et l'ouverture du musée de St-Jean. Le Conseil consulté, décide de donner le plus d'éclat possible à cette cérémonie, en fixe la date au 13 juin prochain et dit que la réunion générale aura lieu dans l'église St-Jean en même temps que l'inauguration du Musée. Le Conseil délègue ensuite à une commission de sept membres la mission d'élaborer le programme de la journée du 13 juin prochain et d'en surveiller les préparatifs. Cette commission est ainsi composée: MM. Boucher, Dufour, Lasnier, Barthélemy, J. Lemaire, Marc Pasquet et Jarry. M. le Trésorier donne ensuite des renseignements sur la situation
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 +|**UCAL_$B769654_00000178**| XXII financière de la Société au premier mai 1898. Cette situation est satisfaisante et se résume ainsi : Attribution au musée . . Attribution à la Société. • . 198.60 3.443.25 3.641.85 Total. M. Barthélemy entretient le Conseil des recherches qu'il a faites. sur l'emplacement de l'ancien prieuré de Notre-Dame des Champs, à Essonnes; il ajoute qu'il serait désirable que des fouilles fussent entreprises dans toute l'étendue du Champ attenant à la gendarmerie d'Essonnes, où il existe un grand nombre de sépultures anciennes. Le Conseil voudrait pouvoir donner satisfaction à M. Barthélemy, mais il ne croit pas devoir statuer immédiatement sur cette question, attendu qu'il y a en jeu des intérêts privés. Parlant des travaux de la Société, M. le Secrétaire général annonce qu'il s'occupe en ce moment de la préparation du premier bulletin de l'année courante. Il indique les différentes notices que, d'accord avec le Comité de publication, il a l'intention d'y faire figurer. Il ajoute qu'il s'occupe aussi de la publication du tome II des mémoires de la Société, dans lequel paraîtra l'ouvrage de M. le Pasteur Pannier, qui a pour titre : Etudes historiques sur la Réforme à Corbeil et aux environs au XVIe siècle. Ces propositions sont approuvées par le Conseil. Monsieur l'abbé Colas, curé de Soisy, fait une communication intéressante sur des pièces de monnaie trouvées dans la propriété de Mousseau; il ajoute que M. Henry Cochin à l'intention d'offrir ces pièces à la Société. Le Conseil vote des remerciements à M. l'abbé Colas pour sa communication et à M. Henry Cochin pour ses bonnes intentions envers la Société. M. le Secrétaire général informe le Conseil que M. le curé de Boigneville prépare un travail historique sur Milly, qu'il a l'intention d'offrir à la Société. L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée.
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 +|**UCAL_$B769654_00000179**| LES SCULPTURES DU CLOCHER DE BRUNOY Le joli village de Brunoy, situé à 24 kilomètres de Paris, dans la belle vallée de l'Yerre et tout près de la forêt de Sénart, jouit auprès des Parisiens d'une réputation méritée; aussi l'étranger qui vient visiter ce petit Eden est-il surpris à la vue des coquets châlets et des élégantes villas qui se succèdent sans interruption et dont le nombre s'accroît sans cesse. Ce n'est pas d'aujourd'hui que Brunoy jouit de cette faveur, car, sans remonter bien loin, nous trouvons parmi ses seigneurs, le grand financier Pâris de Montmartel, dont le fils fut ce légendaire marquis de Brunoy qui étonna le monde par ses extravagantes folies. Le comte de Provence, qui fut plus tard Louis XVIII, devint ensuite possesseur de la terre et du château de Brunoy. Talma, le grand tragédien, habitait aussi ce charmant village. Mais, depuis la Révolution, les splendeurs de Brunoy ont disparu; on remarque encore dans l'église quelques vestiges des fantaisies ruineuses du trop célèbre marquis, et ceux qui visitent en détail s'arrêtent surpris en voyant sur le clocher des sculptures anciennes dont on ne s'est pas assez occupé jusqu'à présent et qui semblent un majestueux point d'interrogation posé devant les yeux surpris des visiteurs. C'est donc en vue de répondre à des questions souvent posées que, profitant des récents travaux de restauration de la tour, nous avons étudié de près ces curieuses sculptures qui ont été pour nous l'occasion de nombreuses recherches dans les dépôts d'archives; c'est le résultat de ces recherches que nous donnons ci-dessous, avec l'espoir que
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 +|**UCAL_$B769654_00000180**| nous aurons réussi à faire la lumière sur un point d'histoire locale, enveloppé d'obscurité, et à appeler l'attention sur ces sculptures du clocher de Brunoy, restées presque inconnues jusqu'à présent. Au milieu de la face ouest de ce clocher, on remarque un cartouche portant l'inscription suivante, qu'une restauration récente et maladroite a rendue incompréhensible: LANMIL: VC:XXXIX: LEXXIII ME DEIVNG FVTASSIELAPREMIER TARNODI EDAMEFRANCOISE: DE ROVY VEFVEDE DEFFV I MESIRE C. Moltheau. PIEREDELAVNEY ENSO NVIVAT LI ECNLARDE BRVNEYSIVERIENBRYE The 1896. Cette inscription doit être ainsi restituée : L'an mil cinq cent trente-neuf, le vingt-troisième de Juin, fut assise la première (pierre) par noble dame Françoise de Rouy, veuve de défunt messire Pierre de Lannoy (1) en son vivant seigneur de Brunoy, Sivry-en-Brie. (2) Sur le contrefort droit de cette face on voit un écusson aux sept fusées ou fuseaux, trois, trois et un, dans une couronne de (1) Nous avons trouvé ce nom de Lannoy écrit quelquefois Laulnoy, Laulnay, Laulney, Launoy, Launay, Launey; mais tous signaient Lannoy. (2) Sivry, Seine-et-Marne, canton du Châtelet.
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 +|**UCAL_$B769654_00000181**|
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 +CLOCHER DE BRUNOY, SCULPTURE DU CONTREFORT DROIT, COTE OUEST.
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 +|**UCAL_$B769654_00000182**|
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 +|**UCAL_$B769654_00000183**|
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 +CLOCHER DE BRUNOY, SCULPTURE DU CONTREFORT GAUCHE, COTÉ OUEST.
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 +|**UCAL_$B769654_00000184**|
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 +|**UCAL_$B769654_00000185**| - -- 3 1 laurier, supportés par un chérubin; les émaux ne sont pas indiqués. Celui de gauche porte un écusson en abîme accompagné de huit coquilles en orle. Ecu penché et soutenu par deux griffons, surmonté d'un heaume cimé d'une tête de griffon; le tout dans un vol de palmes. Enfin sur le contrefort droit de la face nord, les mêmes deux écus mi-parti sont reproduits dans le même ordre, avec cette particularité que les fuseaux ont un support, tandis que les coquilles n'en ont pas. Pour un amateur, même peu versé dans la science héraldique, il est clair que les sept fuseaux sont les armes de la dame, comme les huit coquilles sont celles du mari, la règle constante étant de mettre les armoiries de la dame à droite et celles du mari à gauche; et puis, ces dernières étant surmontées d'un heaume, il ne peut y avoir confusion. Voilà ce que le raisonnement indiquait à Monsieur JeannestSaint-Hilaire quand, dans son ouvrage sur Brunoy et ses environs, il disait : « Sur les deux piliers de face sont sculptées en pierre les armes de la « famille de Lannoy ». Mais il avait mal vu ou ses souvenirs le servaient mal quand il ajoutait: « Sur le pilier septentrional se trouve un écusson sculpté portant << huit coquilles ; la barre du petit écu est en bosse. « Je crois que ces armes sont celles du prince d'Elbeuf » (1). Sans aucun doute cet auteur ignorait quelles étaient les armes de Charles de Lorraine, prince d'Elbeuf, né à Paris le deux novembre mil six cent cinquante et mort en seize cent quatre-vingtdix. Il était fils de Charles de Lorraine, duc d'Elbeuf, pair de France, gouverneur de Picardie et de Montreuil-sur-Mer, et de Anne Elisabeth, comtesse de Lannoy de la Boissière, veuve en premières noces de Henry-Roger du Plessis-Liancourt, comte de la Roche-Guyon et fille unique de Charles, comte de Lannoy, chevalier des ordres, gouverneur de Montreuil, morte à Amiens, à vingt-huit ans, le trois octobre seize cent cinquante-quatre. (1) Itinéraire de Paris à Sens, Brunoy et ses environs, Paris, 1848.
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 +|**UCAL_$B769654_00000186**| 4 Nous reproduisons ci-dessous son blason, d'après le Père Anselme (1).
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 +NGU Nous partagions l'avis de M. Jeannest-Saint-Hilaire quant aux écus de la face ouest et, nous appuyant sur l'inscription centrale, nous inférions que l'écu en abîme et les huit coquilles en orle étaient les armes de Lannoy et les sept fuseaux celles de Rouy; que l'écusson de la face nord était la confirmation de notre induction, puisque ces mêmes armes y sont reproduites mi-parti. Le malheur a voulu que le Père Anselme ait donné au comte Charles de Lannoy, arrière-petit-fils de Pierre et de Françoise de Rouy, les armes des Lannoy de Flandres (Trois lions de sinople, couronnés d'or, armés et lampassés de gueules) (2). (1) T. 2, page 494. (2) Les Grands officiers de la Couronne, par le P. Anselme, T. 8, p. 72.
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 +CLOCHER DE BRUNOY, SCULPTURE DU CONTREFORT DROIT, COTÉ NORD.
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 +|**UCAL_$B769654_00000189**| 5 Comment contredire l'affirmation d'un auteur qui jouit d'une très grande autorité et qui écrivait presque au temps où vivait le comte de Lannoy de la Boissière? Tous les archivistes et bibliothécaires, auxquels nous soumettions notre avis et tout ce qui milite en sa faveur, nous répondaient: << Parce qu'il y a sur un clocher de village un écusson en abîme <<et huit coquilles en orle, va-t-on prétendre, sans apporter de << documents irréfutables, que ce sont là les armes de la famille de << Lannoy de la Boissière que le Père Anselme aurait confondue << avec les Lannoy de Flandres ? » Vainement nous avions consulté tous les ouvrages traitant des armoiries, tous les généalogistes, l'armorial de Picardie, celui de Normandie et les anciens aveux de l'lle-de-France. Après trois années de patientes recherches, comme nous désespérions de trouver jamais la preuve que nos déductions n'étaient pas chimériques, le hasard nous fit mettre la main sur l'inventaire, fait par G. Demay, des sceaux de la collection Clairambault, et à la lettre L nous trouvions la description des titres ci-après (1). 5066 - DE LANNOY, Guillaume, chevalier, seigneur de la Boissière, enseigne de 80 lances sous le duc de Vendôme. Signet rond de 15 mill., Ecu à l'écusson en abîme, accompagné de huit coquilles en orle, sans légende. C'est un reçu de gages, daté de 1550, dont voici la copie exacte (2): << Nous Guille de Laulnoy, chevalier, seigneur de la Boissière, << porte-enseigne de quatre-vingts lances fournies des ordonnances « du roi notre seigneur, étant sous la charge et conduite de Mon- "sieur le duc de Vendosmoys, confessons avoir eu et reçu comp- <«<tant de maistre Jacques Veau, conseiller du roi et trésorier << ordinaire de ses guerres, par les mains de Eustace de Corbie, << payeur de la dite compagnie, la somme de cent cinquante livres << tournois tant pour nostre estat et gaiges anciens de porte-enseigne <<< de la dite compagnie que pour l'acquisition puis naguères << ordonnée par ledit seigneur à sa gendarmerie au lieu des vivres << en espèces que soulloit ci-devant fournir le peuple es-garnisons, (1) Bibliothèque nationale, département des manuscrits. (2) Collection des sceaux de Clairambault, reg. 171, cote 81.
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 +|**UCAL_$B769654_00000190**| 6 — << et ce pour le quartier de juillet, aoust et septembre mil cinq cent << cinquante devant passé. De laquelle somme de cent cinquante << livres tournois nous nous sommes tenu et tenons pour content << et bien payé et en avons quitté et quittons lesdits trésoriers Veau. <<et Corbie payeur, dessus nommés. << En témoing de ce nous avons signé les présentes de nostre << main et a ycelles faict mectre le cachet de nos armes le troisiesme << jour de novembre mil cinq cens cinquante >>. (Signé) G. de Lannoi,
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 +Ce Guillaume était le fils aîné de Pierre de Lannoy et de Françoise de Rouy. A la mort de son père, il fit l'aveu au roi des fief et seigneurie de Brunoy, à Paris le vingt novembre quinze cent trentehuit (1). — 5065. DE LANNOY, Chistophe, seigneur de la Boissière, gentilhomme ordinaire de la chambre, guidon de soixante lances sous monsieur de Villequier. Ecu en abîme accompagné de huit coquilles en orle, entouré de trois palmes; sans légende. Reçu de gages daté de 1581. << Nous Christophle de Launoy, seigneur de la Boissière, gen- << tilhomme ordinaire de la chambre du roi, guidon de la com- << pagnie de soixante lances de ses ordonnances sous la charge de <<< monseigneur de Villequier, gouverneur de Paris et élu de <<< France, confessons avoir eu et reçeu comptant de maistre << Estienne Galmet, conseiller du dit seigneur et trésorier de l'or- << donnance de ses guerres, par les mains de Prosper Brosseau << payeur de ladite compagnie, la somme de quatre-vingt-six écus << deux tiers, en quarts d'écus de quinze sols parisis, à nous ordonnée << pour nostre estat et place de guidon susdit, de deux mois dix-huit (1) Archives nationales, série P. 3, cote 15.
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 +|**UCAL_$B769654_00000191**| 7 — << jours du présent quartier d'avril, mai et juin, en moins les treize << jours dudit mois d'avril, et finissant le dernier jour de juin en << suivant, qui est à raison de soixante écus pour ledit quartier et << quarante sols par jour de notre dict état de guidon et de quarante << écus pour ladite place aussi à raison de vingt-six sols six deniers. << par jour. De laquelle somme de quatre-vingt-six écus nous nous << tenons content et en avons quitté et quittons ledit Galmet tré- «sorier susdit et tous autres. << En témoing de quoi nous avons signé le présent de nostre << main le dix-septième jour dudict mois de juin mil cinq cent qua- <<<<tre-vingt et un (1). (Signé) Crestofle de Lannoy.
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 +[Tous les sceaux de la collection Clairambault ayant été surmoulés sur les originaux et ces moulages déposés aux archives nationales, nous nous sommes fait délivrer un exemplaire de chacun des signets de Guillaume et Christophe de Lannoy, lesquels ont servi à la reproduction ci-dessus]. Enfin aucun doute ne pouvait plus subsister, les armoiries sculptées sur le pilier gauche de la face ouest de notre clocher sont incontestablement celles de Lannoy de la Boissière. Restait à établir aussi incontestablement que l'écu aux sept fusées sont celles de Rouy. C'est ce que nous avons tenté sans avoir encore su y parvenir. Tout ce que nous avons pu découvrir de relatif à cette famille, c'est que: Jean de Rouy, seigneur de la Boissière, colonel des légions de Picardie, maria sa fille Barbe, par contrat du 19 décembre 1525, à Antoine de Conflans (souche des vicomtes d'Ouchy, seigneurs d'Armentières) (2). (1) Collection des sceaux de Clairambault, reg. 171, cote S2. (2) Les Grands officiers de la couronne, T. 6, p. 148.
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 +|**UCAL_$B769654_00000192**| - - - 8 Françoise de Rouy, qui nous occupe, était, tout probablement, la fille aînée de ce Jean et devint, après lui, dame de la Boissière (1). Elle laissa cette seigneurie à son fils aîné Guillaume de Lannoy qui, le premier des seigneurs de Brunoy, est qualifié de seigneur de la Boissière. Aucun ouvrage généalogique, et nous les avons tous consultés, ne parle de cette famille de Rouy de la Boissière. L'armorial de Picardie, établi et révisé en 1688, n'en souffle mot; ce qui laisse à croire que Jean fut le dernier du nom. On ne peut contester que l'écu aux sept fusées ne soit celui d'une dame mariée à un de Lannoy, seigneur de Brunoy, puisque nous voyons sur le premier contrefort de la face nord ces mêmes sept fusées mi-parti avec les coquilles de Lannoy. Les fusées seules reposent sur un sol; ce qui semblent signifier que la dame était veuve; or, l'inscription que nous avons citée au début de cette notice nous apprend que le vingt-troisième de juin 1539 noble dame Françoise de Rouy était veuve de défunt messire Pierre de Lannoy. N'est-ce pas vraisemblable? Veut-on prétendre que les sculptures du pilier droit de la face ouest et celles de la face nord sont antérieures à 1539, ou bien qu'elles ont été exécutées postérieurement ? Tout d'abord nous ferons remarquer que les ornements qui accompagnent ces écussons semblent indiquer l'époque de la Renaissance et que (nous appuyons sur cette circonstance), aucune des dames alliées à la famille de Lannoy, avant ou après Pierre, n'avait de fuseaux dans ses armes. Pour l'édification du lecteur, nous lui soumettons par ordre chronologique la nomenclature des dames de Brunoy, de 1447 à 1649, année de la mort du dernier du nom de Lannoy, avec la reproduction des armes de chacune d'elles. - 1447. Isabeau de Braye, fille d'Arthus et de Jehanne de Gaillonnel, du chef de son père et de sa mère dame de Brunoy en partie, du Colombier (2), de Villememain (3), de Civry, et de Dannemois (4), mariée à Jehan de Lannoy dit Lamon, (1) La Boissière, village de la Somme entre Montdidier et Roye. (2) Le fief du Colombier était situé à Brie-Comte-Robert (Seine-et-Marne). (3) Villememain, aujourd'hui Villemain, terre et château près Brie-comte-Robert. (4) Dannemois, autrefois Dampenois, sur la rivière d'Ecole (Seine-et-Marne).
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 +|**UCAL_$B769654_00000193**| 9 - écuyer puis chevalier. Elle portait de... à deux haches de... adossées et posées en pal (1). — 1477. Marie de Braye, mariée à Rogerin de Lannoy dit Lamon, chevalier, seigneur de Brunoy, du Colombier, et de Civry. Mêmes armoiries que la précédente. — 1515. Françoise de Rouy, mariée à Pierre de Lannoy, seigneur de Brunoy, de Civry et du Colombier. - 1548. Anne Jouvenel des Ursins, mariée en 1548 (2) à Guillaume de Lannoy, sgr de Brunoy et de la Boissière, veuve en 1561. Bandé d'argent et de gueules de six pièces, au chef d'argent chargé d'une rose de gueules, boutonnée d'or, soutenue de même (3).
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 +(1) Collection Clairambault, reg. 22, D. 1576. (2) Archives de Seine-et-Oise, série A. nº 1189. (3) Les Grands officiers de la couronne, Tome 6, page 406.
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 +|**UCAL_$B769654_00000194**| Remariée à Louis d'Ongnies, comte de Chaulnes, elle prend alors les armoiries ci-dessous. D'azur au chevron d'or chargé de trois clous d'argent (1). 1580. Anne des Ursins a joui de la terre de Brunoy et de celle de Civry jusqu'à sa mort arrivée en août 1597 (2). — Charlotte de Villers-Saint-Pol, dame d'honneur de la reine Anne d'Autriche et gouvernante de Madame Henriette, sœur de Louis XIII, mariée à Christophe de Lannoy, seigneur de Brunoy et de la Boissière. D'argent à la bande de sable chargée de trois fleurs de lis d'or et accompagnée d'une merlette en chef et d'une étoile en pointe (3).
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 +(1) Nobiliaire de Picardie. (2) Archives de Seine-et-Oise, série A, n° 1189. (3) Collection Clairambault, reg. 114, D. 9536.
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 +|**UCAL_$B769654_00000195**| II - 1610. Anne d'Aumont, veuve d'Antoine Potier, seigneur de Bourg-la-Reine, mariée à Charles comte de Lannoy de la Boissière. D'argent à un chevron de gueules, accompagné de sept merlettes de même, posées quatre en chef, deux et deux, et trois en pointe, une et deux (1). 1649. — Anne Élisabeth comtesse de Lannoy, fille unique du comte Charles, avec laquelle s'éteint le nom de Lannoy de la Boissière. De l'examen de ces blasons ne découle-t-il pas que les armes sculptées sur le contrefort droit de la face ouest du clocher de Brunoy ne peuvent être attribuées à aucune des dames de Brunoy mariées à un Lannoy si ce n'est à Françoise de Rouy? Nous ajouterons, pour ne laisser subsister aucun doute, que nous avons recherché les armoiries des seigneurs et des dames de Brunoy depuis 1333 jusqu'à la révolution et que pas un de ces blasons ne se rapproche de celui aux sept fusées. Donc, pour nous et jusqu'à preuve irréfutable du contraire, l'écusson aux sept fusées est celui de Françoise de Rouy, veuve de Pierre de Lannoy. Profitant des échafaudages nécessités par les réparations faites l'an dernier au clocher, nous avons, avec l'aide de quelques habitants de Brunoy, que nous remercions de la sympathie qu'ils nous (1) Le P. Anselme, T. 4, page 876. 3
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 +|**UCAL_$B769654_00000196**| --- - 12 ont toujours témoignée, fait surmouler les armes de Lannoy tout en regrettant que nos ressources ne nous aient pas permis de mieux faire. Trois exemplaires de ces armoiries ont été exécutés sous la direction et avec le concours de Monsieur Paul Simon, architecte à Villeneuve-Saint-Georges. L'un de ces moulages doit rester au presbytère de Brunoy, un autre fait partie des collections du musée Saint-Jean de Corbeil et le troisième va être envoyé à Versailles pour faire partie du musée de la commission des antiquités et des arts de Seine-et-Oise. Les amateurs auront donc ainsi les plus grandes facilités pour étudier ce panneau, qui, sans remonter à une haute antiquité, n'en est pas moins curieux comme document héraldique de la fin de la chevalerie. Brunoy, septembre 1897. Ch. MOTTHEAU.
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 +|**UCAL_$B769654_00000197**| LA FÊTE DE LA FÉDÉRATION A MONTGERON (14 juillet 1790) La révolution de 1789 fut accueillie avec enthousiasme par la population de cette commune, qui entrevoyait par là le terme de ses souffrances, exprimées dans le cahier des États généraux de la paroisse. L'allégresse générale atteignit son apogée lors de la fête de la Fédération, premier anniversaire de la prise de la Bastille. A cet effet, la municipalité de Paris avait adressé une circulaire à toutes celles du royaume les priant de s'unir personnellement à elle pour « le pacte auguste et solennel que la nation allait contracter. >> " << Ce sera, disent ces instructions, le 14 juillet, à l'heure précise de midi, que le signal de la cérémonie sera donné à Paris. La com_ mune de la capitale invite toutes les municipalités du royaume à rassembler le même jour et à la même heure les communes respectives, conjointement avec les troupes de ligne qui se trouveraient dans leurs arrondissements, afin que le serment fédératif soit prononcé de concert et au même instant par tous les habitants et dans toutes les parties de cet empire... ». En communiquant cet avis à ses concitoyens, le procureur de la commune de Montgeron déclare que cela n'était pas nécessaire pour stimuler leur civisme et leur patriotisme; mais que, cependant, pour donner aux frères de Paris un témoignage de l'affection sincère qu'on leur porte et qu'ils ont si bien méritée puisqu'ils sont les premiers restaurateurs de la liberté, il demande que la municipalité fasse publier et afficher une ordonnance tendant à ce que: 1º à compter de ce jour, M. le commandant de la garde nationale ordonne de monter la garde, nuit et jour, autant pour recevoir, comme il convient, les frères fédérés qui passeront par cette
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 +|**UCAL_$B769654_00000198**| - 14 route pour se rendre à la confédération générale que pour en imposer, par l'appareil de la force, aux brigands qui pourraient déserter Paris dans la circonstance et se répandre dans les environs. << 2º vu la solennité du grand jour, 14 juillet, expresses inhibitions et défenses soient faites à tout citoyen de ce lieu de vaquer à aucune œuvre servile; << 3º l'on célèbre ce jour par une fête aussi complète que peuvent le permettre les faibles moyens de la grande partie des habitants. >> Ce réquisitoire fut exécuté à la lettre ainsi que le constate le rapport suivant envoyé aux administrateurs du district: «La garde nationale demandée a été accordée; et c'est avec le plus vif plaisir que nous avons vu nos frères fédérés nous payer par leur reconnaissance au delà de ce que nous pouvions leur offrir. « La fête a été annoncée à quatre heures du matin, par une salve de notre petite artillerie (1), par le son de nos cloches et par le bruit de nos tambours. A cet appel, les cultivateurs, oubliant les instruments aratoires, le marchand négligeant son commerce, tous, sans distinction d'âge, de sexe et de condition, à l'imitation de nos concitoyens de Paris, se sont rendus à notre place d'armes pour y travailler à la construction de l'autel champêtre sur lequel devait être fait le pacte fédératif. << L'autel de la patrie élevé, la garde nationale, réunie à la maréchaussée, vers les onze heures du matin, s'est transportée à l'hôtel commun pour prendre MM. de la municipalité et diriger sa marche vers l'église paroissiale. De là le cortège s'est rendu, suivi de tous les citoyens, au lieu où devait être célébrée la fête de la Fédération. <<< Trois coups de canon ont annoncé le commencement, le lever Dieu et la fin de la messe. Après le dernier, le célébrant, aumônier de la garde nationale, vicaire de la paroisse de Montgeron (2) a prononcé le remarquable discours suivant: Chers Concitoyens, « C'est dans ce jour à jamais mémorable, jour dont l'époque tiendra la première place dans l'histoire de la liberté des peuples, qu'appelés de toutes les (1) Espèce de boîtes, enlevées par les Allemands, en 1870. (2) C'était l'abbé Pigeard qui, plus tard, devint prêtre constitutionnel et « abdiqua publiquement le sacerdoce ».
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 +|**UCAL_$B769654_00000199**| 15 -- parties de l'empire, nos frères d'armes, nos compatriotes et trois de nos concitoyens à qui leurs vertus civiques ont mérité le titre glorieux de français confédérés, se rallient courageusement autour de la loi et s'obligent par le plus solennel et le plus sacré des serments à favoriser de tous leurs moyens le maintien d'une constitution qui assure notre bonheur comme elle fait notre gloire. « C'est dans ce moment précieux que se fait cette civique et fraternelle union de tous les citoyens, de tous les soldats de la liberté, de toutes les troupes destinées à la défense de notre commune patrie! « C'est à ce moment qu'ils mettent à l'abri de leurs drapeaux et sous la garde de leurs armes la nation, la loi, le roi; qu'ils jurent en présence de l'Éternel, de ne plus former qu'une garde nationale, animée d'un même esprit pour défendre les libertés publiques, pour faire respecter la loi de l'empire et l'autorité légitime du monarque. « Quel beau jour que celui de l'alliance des Français, un peuple de frères, les régénérateurs de l'empire, un roi citoyen, réunis pour un serment commun à l'autel de la patrie! Quel spectacle imposant et nouveau pour les nations! « Quelle gloire pour nos législateurs d'entendre autour d'eux un peuple immense répéter à l'envi le cri de: Vive la loi ! cette loi, chef-d'œuvre de l'humaine sagesse, fruit de leurs pénibles veilles et de leurs infatigables travaux ! « Quelle jouissance pour notre auguste monarque de voir l'élite de ses enfants se presser autour de lui, élever un cri de vive le roi! prononcé par l'amour! « Ah! cette fête à jamais célèbre nous unit tous par les liens les plus sacrés et les plus doux; les 25 millions d'âmes qui couvrent la surface de la France ne vont plus former qu'une société, qu'une famille. «< Soumission à la loi et au roi, son organe, voilà désormais notre devoir; amour et fraternité, voilà les sentiments qui doivent nous animer. C'est sur ces bases que reposent la paix, la prospérité, le salut de l'État. Notre union fait notre force, resserrons-en aujourd'hui les nœuds de la manière la plus authentique. << Ce vœu est celui qu'expriment en ce moment, sous les murs de la capitale, tous nos frères et confédérés, tous nos concitoyens, de toutes les parties de ce vaste royaume. « Réunissons-nous à eux d'esprit et d'intention. Que le cri général, que le cri unanime soit aujourd'hui celui de: Vive la nation, la loi, et le roi! Que ce cri soit à jamais celui de ralliement des amis de la patrie, et la terreur de ses ennemis ! « Oui, pénétrés de la nécessité où nous sommes d'être tous inséparablement unis pour voir, avec l'anéantissement des coupables espérances des malveillants, renaître partout le calme et la tranquillité qui font le bonheur public, nous jurons tous, sur l'autel de la patrie et en présence de l'Être suprême, de maintenir de tout notre pouvoir la constitution du royaume, d'être fidèles à la nation, à la loi et au roi! « Vous, nos dignes chefs, investis par nos suffrages d'une partie de l'autorité
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 +|**UCAL_$B769654_00000200**| - 16 publique, vous jurez d'exécuter et de faire exécuter les décrets de l'assemblée nationale, sanctionnés ou acceptés par le roi! << Vous milice citoyenne, gardes nationaux à qui la vertu civique a fait prendre les armes, vous jurez de prêter main forte à l'exécution des mêmes décrets, sur la réquisition des officiers civils; d'obéir fidèlement à vos chefs et à toutes les règles de la discipline militaire; d'être inviolablement attachés au grand principe de la liberté individuelle; de protéger les propriétés particulières et les propriétés déclarées nationales; d'assurer et de seconder la perception de tous les impôts ordonnés pour le maintien de la chose publique; de rétablir partout où vous serez appelés l'ordre, l'harmonie, la concorde, la paix, sans lesquels les sociétés se détruisent au lieu de se perpétuer! « Vous, pères et mères, citoyens et citoyennes de toutes les classes et de toutes les conditions, vous jurez de rappeler à leurs devoirs, par vos sages avis, ceux de vos enfants indociles, ceux de nos frères égarés qui confondent la liberté avec la licence. Ah! ils ignorent sans doute que la liberté élève l'âme, pour ainsi dire, au-dessus d'elle-même, dirige et soutient invariablement l'homme dans le chemin de la vertu et de l'honneur, symboles caractéristiques du vrai patriote, et que la licence au contraire, l'avilit et le dégrade, le précipite d'abus en abus, de crimes en crimes, et le rend pernicieux dans la société ! (1). « Nous jurons, enfin, tous, de regarder, comme ennemis de la patrie et de la constitution, tous ceux qui se porteraient à des excès indignes de l'homme, indignes du chrétien. « Et vous, Seigneur, qui tenez en vos mains la destinée des nations et de chacun des individus qui les composent, daignez agréer nos vœux, daignez recevoir nos serments; ils sont, nous n'en doutons pas, conformes à l'esprit de la religion sainte, que nous avons le bonheur de professer. Confirmez au milieu de nous l'ouvrage que nous avons si heureusement commencé avec vous; daignez surtout nous affranchir de la servitude de nos passions, source de tous les désordres, et nous fixer dans la pratique de toutes les vertus qui nous sont nécessaires dans ce nouvel ordre de choses! Ainsi-soit-il ! Conformément à cet appel, tous, officiers civils, gardes nationaux et citoyens, les enfants même, à l'exemple de leurs pères, se sont avancés vers l'autel de la patrie et ont prêté serment, ainsi qu'il est indiqué plus haut. « Le pacte fédératif ainsi conclu, l'aumônier qui avait célébré la messe a entonné, au pied de l'autel, le Te Deum en actions de grâces, pendant lequel il a été fait différentes décharges d'artillerie; après quoi le clergé fut reconduit à l'église pour se dé- (1) Paroles prophétiques qui ne tarderont pas à recevoir leur accomplissement.
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 +|**UCAL_$B769654_00000201**| - - 17 pouiller de ses habits sacerdotaux. Le même cortège revint sur la place d'armes où chaque chef de maison, riche et pauvre, sans aucune distinction, avait eu soin de faire apporter la quantité de comestibles que lui permettaient de fournir ses facultés. Neuf cents âmes environ ont participé à un repas frugal qui a paru d'autant meilleur qu'il était assaisonné par cette gaieté naturelle qu'inspirait un aussi beau jour. Ce repas n'a été interrompu que pour crier: Vive la constitution! pour porter des santés à l'assemblée nationale, au roi et à nos bons frères de Paris. Il a été suivi d'une danse champêtre, où les plus habiles se tenaient autour des restes de l'autel de la patrie. » << Cette fête ayant été commencée par un hommage rendu à l'Être suprême, on ne crut pouvoir la mieux finir qu'en se réunissant le soir dans le même ordre à l'église paroissiale pour y célébrer un salut solennel, suivi du Te Deum, annoncé par différentes décharges d'artillerie. Après le salut, la danse a recommencé, et les rues de notre village ont été illuminées. » << De tous lesquels faits nous avons dressé le présent procèsverbal à Montgeron, lesdits jour et an, à neuf heures et demie du soir et avons signé: Paque; Vigoureux; Lemoine, maire; Loriot, Landrieux, Delaporte, officiers municipaux >>. Il est à croire que ce rapport n'a pas été rédigé le 14 juillet, car ce ne fut qu'en novembre et après une lettre de rappel qu'il fut envoyé aux commissaires du district de Corbeil. Ces derniers faisaient observer que « cette fête ayant été celle de la réunion de tous les bons citoyens, il serait honteux qu'une municipalité ne mît pas de gloire à trouver son nom inscrit dans le procès-verbal qui sera fait de cette célèbre fédération. » (Extrait d'une monographie, en préparation). C. GATINOT.
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 +|**UCAL_$B769654_00000202**| RELATION DE LA RÉCEPTION FAITE A PHILIPPE V, ROI D'ESPAGNE. A SON PASSAGE A ÉTAMPES (5 Décembre 1700) M. Maxime de Montrond, dans ses Essais sur la ville d'Étampes, a consacré quelques pages aux différents passages dans la ville, pendant le cours du XVIIIe siècle, des princes et princesses de la famille royale. Le premier en date dont il parle est celui de l'Infante, Marie-Anne-Victoire d'Espagne, âgée de cinq ans, venue en France en 1722 pour épouser Louis XV (1). Mais antérieurement au passage de cette princesse, la ville d'Étampes avait reçu dans ses murs le roi d'Espagne, son père, lorsqu'il rejoignit ses États, et si l'auteur des Essais n'en parle pas, il est à présumer qu'il n'en a point eu connaissance ou qu'il n'a trouvé aucune pièce dans les archives de la ville pouvant le renseigner sur cet événement. Ayant en notre possession deux documents qui nous permettent de combler en partie cette lacune, nous croyons devoir les faire connaître à nos compatriotes. Par son testament du 2 octobre 1700, Charles II, roi d'Espagne, appela à lui succéder, Philippe, duc d'Anjou, petit-fils de Louis XIV et deuxième fils du Dauphin, à la condition qu'il renoncerait pour lui et ses héritiers à tous ses droits sur la couronne de France. Vingt-huit jours après avoir signé cet acte qui déshéritait sa maison, Charles mourut âgé de 39 ans. Le testament ayant été accepté par Louis XIV, décision terrible qui devait entraîner tant de guerres, de malheurs et placer Louis XIV au bord d'un abime, (1) Essais historiques sur la ville d'Étampes (Seine-et-Oise), avec des planches, des notes et des pièces justificatives. Étampes, 1836-1837, 2 vol. in-8°.
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 +|**UCAL_$B769654_00000203**| 19 - le nouveau roi d'Espagne prit le nom de Philippe V, et le 4 décembre 1700, il se mit en route pour rejoindre ses États, accompagné du duc de Bourgogne, père de Louis XV, du duc de Berry et d'une foule de seigneurs de la Cour. C'est au journal du voyage de ce prince qui se trouve inséré dans un ouvrage devenu rare, publié à Paris en 1769, sous le titre de Curiosités historiques, que nous allons emprunter les détails qui suivent concernant le passage à Etampes du roi d'Espagne (1). « Nous partîmes de Versailles le samedi quatrième décembre 1700, sur les onze heures, dans le carrosse du roi qui nous accompagna jusqu'à Sceaux. Là, étant entré dans le château, le roi d'Espagne lui dit adieu, et nous prîmes congé de lui avec beaucoup de larmes versées de part et d'autre. Nous montâmes alors dans nos carrosses. En sortant de Sceaux, nous trouvâmes, une grande demi-lieue durant, le chemin plein de beaucoup de monde, qui était venu pour voir le roi d'Espagne encore une fois. Nous traversâmes la plaine de Long-Boyau, nous passâmes à Longjumeau et à Linas, nous arrivâmes sur les quatre heures du soir à Châtres, petite ville à huit lieues de Paris et à sept de Versailles, qui fut notre première couchée (2). (1) Il existe une autre relation du voyage du roi d'Espagne faite par JosephFrançois Duché de Vanci, secrétaire du comte d'Ayen, qui l'accompagna jusqu'à l'île de la Conférence, frontière d'Espagne. et publiée sous ce titre: Lettres inédites de Duché de Vanci. Paris, 1830, in-8°. (2) Voici ce que raconte Duché au sujet de l'arrivée du roi à Arpajon. « Le carrosse du roi d'Espagne et des Princes ayant été arrêté par un embarras sous la porte de Linas, cela leur donna l'idée de dessiner la tour de Montlhéry. Ce n'est plus qu'un reste d'une ancienne tour, dont il est fort parlé dans les anciennes guerres de Paris; ils n'en firent alors qu'une ébauche qu'ils mirent au net aussitôt qu'ils furent arrivés à Châtres. Le roi d'Espagne a été logé dans une maison assez jolie appartenant à M. Petit, valet de chambre du roi, et les Princes dans une hôtellerie vis-à-vis. « Le roi d'Espagne alla jouer après son souper aux échecs chez le duc de Bourgogne, avec M. le Comte d'Ayen, et les Princes jouèrent au brelan avec quelquesuns des jeunes Seigneurs qui les suivent dans ce voyage. Il n'a pas mal gelé cette nuit, mais nous avons fait bon feu. On nous a traités un peu roide sur le paiement, et on nous fait,espérer que cela durera ainsi quelque temps sur cette route. On se lève le matin à 8 heures chez les Princes; je suis levé dès cinq heures. J'ai entendu la messe du père Confesseur. M. le marquis d'O et M. de la Marnallière y ont communié. « Le roi entendit la messe à la paroisse de Châtres. Il y eut un motet chanté par
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 +|**UCAL_$B769654_00000204**| 20 — << Il arriva dès ce jour du désordre dans les équipages, car les gens de Monsieur le maréchal de Noailles (1) ayant pris le chemin de Chartres pour celui de Châtres (2), n'arrivèrent qu'à dix heures du soir. Il serait difficile de remarquer la quantité d'équipages qui suivirent dans ce voyage, et je n'entreprends pas d'en faire le dénombrement je me contenterai de dire seulement que le roi d'Espagne et moi nous avions chacun un carrosse du corps et deux des musiciens que le comte d'Ayen a pris soin de faire suivre. C'est Gaye qui est maître de cette musique et qui la conduit. L'abbé Gastelier, curé de Châtres, fit un compliment à S. M. C. à la porte de son église, qui fut assez approuvé; mais les rieurs font courir le bruit qu'il tint ce discours: « Sire, j'ai entendu dire que de longues harangues étaient souvent incommodes et ennuyeuses: V. M. me permettra de lui en faire une très courte », et qu'il se mit à chanter ces paroles: « Les bourgeois de Châtres et de Montlhéry Mènent tous grande joie de vous trouver ici; Petit-fils de Louis, que Dieu vous accompagne Et qu'un prince si bon Don, don, Cent ans et par de-là Là, Là Règne dedans l'Espagne. Au sortir de la messe, le roi et les princes montèrent tous trois en carrosses, S. M. C. à droite et le duc de Bourgogne à gauche dans le fond, le duc de Berry sur le devant vis-à-vis du roi, et le maréchal de Noailles à côté de ce prince. Quand le duc de Beauvilliers nous aura rejoints, il partagera cet honneur avec lui; l'autre aura la portière droite, et la gauche est alternativement pour MM. de Saumery et d'O, seigneurs qui sont par honneur auprès du duc de Bourgogne, MM. de Louville et de Razilly, comme sous-gouverneurs du duc de Berry. (1) Anne-Jules de Noailles, pair et maréchal de France, capitaine de la première compagnie des gardes du Corps, fut honoré par Louis XIV d'accompagner le roi d'Espagne jusqu'à la frontière de ses Etats. Ce maréchal mourut à Versailles le 2 octobre 1708, âgé de 59 ans. (2) On a remédié à l'inconvénient que causait l'équivoque de ces deux villes en érigeant par lettres patentes, en date du mois d'octobre 1720, Châtres en marquisat en faveur de Louis de Séverac, lieutenant général, marquis d'Arpajon, mort au mois d'août 1736. Par les mêmes lettres, ce seigneur obtint que Châtres s'appellerait à l'avenir Arpajon, et voici comment s'y prit le marquis pour vaincre la résistance que lui opposait une longue et vieille coutume: il se promenait souvent dans les terres, et quand il rencontrait quelqu'un, il lui demandait comment s'appelait la petite ville qu'on voyait là. Si on lui répondait Châtres, il s'emportait et donnait des coups de canne; si on lui répondait Arpajon, il vidait sa bourse et ne tarissait pas de flatterie. Ce moyen-là lui réussit et Châtres n'est plus dans le souvenir de personne.
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 +|**UCAL_$B769654_00000205**| 21 de suite; et que M. de Beauvilliers (1) et M. de Noailles avaient aussi chacun quatre carrosses, et que plusieurs autres gens de qualité en avaient à eux, ou les avaient loués; il y avait beaucoup de chaises à une et à deux personnes. << Le lendemain, dimanche 5, nous partîmes de Châtres à onze heures, et après avoir passé par Étréchy-le-Larron, nous arrivâmes sur les deux heures à Estampes. Cette ville est située sur la rivière de Juine ou d'Estampes, car la ville lui donna ce nom et est assez raisonnable, elle est fort longue et n'a presque qu'une rue. Nous y fûmes complimentés par les officiers du bailliage. Cette même ville est célèbre par le combat qui y fut donné du temps de la guerre civile (2). « Le lundi 6, nous partîmes d'Estampes à dix heures et nous entrâmes dans les plaines de la Beauce, après avoir passé par Monerville et Angerville; nous arrivâmes sur les trois heures à (1) Paul, duc de Beauvilliers, pair de France, grand d'Espagne, était alors gouverneur de Philippe V, de Louis, duc de Bourgogne et de Charles, duc de Berry, ses frères. C'était en cette qualité qu'il était de ce voyage. Ce grand seigneur, qui ne fut pas d'avis que le duc d'Anjou acceptât le trône d'Espagne, mourut en 1714. (2) Voici la relation de Duché relative à l'arrivée du roi d'Espagne à Étampes. Nous partîmes de Châtres à 9 heures, et nous arrivâmes à Étampes à midi: journée aussi longue que la première, mais plus beau chemin et aussi beau temps. Étampes est une petite ville située sur un ruisseau qui n'a point d'autre nom que la rivière d'Étampes. Depuis la porte de la ville jusques à l'hôtellerie des Trois-Rois, où le roi d'Espagne a logé, toute la bourgeoisie était sous les armes. Les trois rois que porte l'enseigne de cette hôtellerie, sont les trois derniers rois de France, Henri IV, Louis XIII et Louis XIV, parce que tous les trois y ont couché dans leurs voyages. « Après que S. M. C. fut entrée dans sa chambre, les Echevins vinrent la haranguer et lui offrir pour présens de ville, du pain, du vin et des écrevisses que la rivière dont j'ai parlé produit en abondance, et les meilleures du monde. << Le roi et les Princes s'étaient amusés pendant quelques momens à tirer sur des pigeons; il y en eut trois de tués; et S. M. envoya trois pistoles à la maîtresse du logis pour l'en dédommager. Les Princes, après souper, mirent au net les dessins qu'ils avaient ébauchés en chemin : c'est une des choses auxquelles ils doivent s'occuper tous les jours dans leur voyage. « Les Cent Suisses de la garde prétendent qu'il leur est dû un minot de sel toutes les fois que le Roi passe par quelque ville où il y a un grenier à sel établi, et ils crurent le pouvoir exiger en cette occasion. Le receveur leur ayant contesté ce droit, l'affaire fut portée devant le roi d'Espagne, qui jugea que, supposé que cela fût dû aux Suisses, ce ne pourrait être que lorsque le Roi y était en personne; que pour lui il n'était qu'un roi étranger. On trouvera cette décision très judicieuse pour un jeune prince qui n'a encore eu aucun usage des affaires ».
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 +|**UCAL_$B769654_00000206**| 22 _______ Toury, qui n'est qu'un gros village à dix lieues d'Estampes, etc. etc. » On voit d'après ce qui précède que les officiers du bailliage d'Etampes complimentèrent le roi à son arrivée; mais le duc de Bourgogne, dans son journal, ne reproduit aucun passage des discours qui furent prononcés. Nous étions loin de penser, quand l'ouvrage dont nous avons parlé nous est tombé sous la main, d'avoir un jour la bonne fortune de connaître ces discours et même d'en posséder le brouillon, lorsque le hasard nous fit acquérir dans une vente publique de documents historiques, faite à Paris, un lot contenant un certain nombre de pièces sur la ville d'Etampes, plus ou moins intéressantes, parmi lesquelles nous avons trouvé les harangues prononcées par M. Liénard, Lieutenant général du bailliage, que nous reproduisons littéralement avec l'orthographe du temps: Sire, <<< Nous venons mesler notre joie aux acclamations des deux plus puissants peuples de l'Europe. Nous venons nous réjouir avec la France de l'élévation de Votre Majesté au Trosne d'Espagne, et féliciter en mesme temps les Espagnols de leur prochain bonheur d'être gouvernés par un prince tel que vous. La France, en vous perdant, ne peut que s'applaudir de vous avoir fait naître pour le bonheur de nos voisins et l'Espagne, dans la perte qu'elle vient de faire de son roy, a de quoy se consoler dans le choix judicieux qu'il a fait de Vostre Majesté pour lui succéder dans le gouvernement de ses États. << La France admire en vous cette fierté noble et cette vivacité sage que l'on vante tant chez elle; et l'Espagne trouvera chez vous cette grandeur d'âme et cette gravité modeste qui a toujours été son partage. La nature a fait en vous l'heureux assemblage de tant de grandes qualités, le sang d'Espagne s'est meslé tant de fois avec celuy de vos ayeulx que vos sujets peuvent vous regarder comme un précieux dépost conservé parmi nous. « Ces deux grands peuples, Sire, attendent de Votre Majesté de grandes choses. Vous devez à la France un prince digne de Louisle-Grand et de votre illustre Père; et vous devez à l'Espagne un Roy qui soit l'amour de ses Peuples; cette qualité, Sire, renferme toutes les autres: elle est la seule que doit ambitionner un grand Roy. Nous félicitons par avance les peuples qui vont être sous
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 +|**UCAL_$B769654_00000207**| - - 23 votre domination du bonheur dont ils vont jouir; pour nous, nous allons faire mille vœux pour la durée de votre Empire, et pour la conservation d'un prince sy chéry du ciel. >> Comme l'on rend les mêmes honneurs aux Princes qu'au Roi d'Espagne, le lieutenant-général leur fit la harangue que voici: << Messeigneurs, << Nous tenons tous à grand honneur d'être des premiers à venir vous rendre nos hommages; notre propre intérêt nous y conduit agréablement, flattés que nous sommes par le plaisir de voir en vous des princes qui sont aujourd'hui l'espoir de toute la France, et qui doivent faire un jour le plus parfait bonheur des cœurs vraiment français. >> Paul PINSON.
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 +|**UCAL_$B769654_00000208**| CHATRES-SOUS-MONTLHÉRY ÉRIGÉ EN MARQUISAT EN OCTOBRE 1720 ET DEVENANT ARPAJON (1) La petite ville d'Arpajon (arrondissement de Corbeil) portait, avant 1720, le nom de Châtres-sous-Montlhéry, lequel apparaît dans notre histoire dès le x1° siècle. D'abord simple seigneurie, dépendant de la châtellenie de Montlhéry, Châtres lui-même devint châtellenie et finit par être érigé en marquisat. Il reçut en 1720 le nom d'Arpajon, qu'il quitta quelque temps, aux pires jours de la Révolution, pour celui de Franc-Val. Les premiers seigneurs de Châtres descendaient de Bouchard Ier, baron de Montmorency, par Thibaut, dit File-Étoupe, son fils puîné. Après avoir été possédé par divers seigneurs, puis par le roi, auquel il avait fait retour, Châtres le fut par les Montagu, les Graville, les Balzac d'Entragues, auxquels succéda, en 1606, Camus de Saint-Bonnet. Les héritiers de ce dernier vendirent, en 1656, la seigneurie de Châtres à Jean Brodeau, seigneur de Candé, grand maître des eaux et forêts de France. Ce nouveau propriétaire commença à porter le titre de marquis de Châtres, sans doute de son autorité privée. En 1691, Jean-Baptiste du Deffand, marquis de la Lande, colonel de dragons et lieutenant général du roi dans ses provinces d'Orléanais, Dunois et Vendômois, fit l'acquisition de la terre de Châtres et continua de s'en intituler marquis, l'étant déjà de la Lande. Du Deffand et son fils vendirent, le 15 avril 1720, la terre de Châ- (1) Cette notice, due à notre confrère M. A. Boulé, a paru une première fois dans le bulletin de la Société de l'histoire de Paris; nous avons obtenu l'autorisation de la reproduire dans le nôtre, en raison du grand intérêt qu'elle offre pour notre région. N. d. 1. R.
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 +|**UCAL_$B769654_00000209**| - ― 25 tres à Louis d'Arpajon moyennant 347.000 livres en principal et 5.000 livres de pot-de-vin. Ce nouveau propriétaire possédait déjà la Bretonnière et d'autres terres situées dans le voisinage, telles que la prévôté de SaintGermain, les fiefs du Mesnil-Brécourt, les grands et les petits Cochets. Au mois d'octobre 1720, il obtint des lettres patentes, enregistrées le 12 décembre suivant au Parlement, séant alors accidentellement à Pontoise, et, le 19 du même mois, à la Chambre des comptes (1). Les lettres du roi érigeaient Châtres, la Bretonnière, Saint-Germain et tous leurs fiefs en marquisat, sous le titre de marquisat d'Arpajon, nom que la ville de Châtres devait porter à l'avenir. Ce nom, dès lors, allait appartenir à deux paroisses du royaume (il y avait, en effet, un autre Arpajon près Aurillac). Louis d'Arpajon avait succédé, le 12 août 1715, au duc de Noailles comme gouverneur des duché et province de Berry, fonctions qu'il garda jusqu'en 1736. Il appartenait à une famille issue des anciens comtes de Toulouse. Fils de Jean-Louis d'Arpajon, marquis de Séverac et vicomte de Calmont, il avait pour grand-père Louis d'Arpajon, comte de Rodez, marquis de Séverac, vicomte de Montal, baron de Salvagnac et duc de Montclar. Ce dernier avait été un des remarquables hommes de guerre qui secondèrent Louis XIII et Louis XIV dans leur lutte contre la maison d'Autriche (2). Louis XIII, pour · récompenser ses services, l'avait fait, en 1633, chevalier de l'Ordre du Saint-Esprit, et, en 1651, Louis XIV avait érigé en duché-pairie, sous le nom d'Arpajon, le marquisat de Séverac, la vicomté d'Hauterive et les baronnies de Dolan et de Saint-Chely (3). Comme son grand-père, Louis d'Arpajon avait pris part à de nombreuses campagnes. En 1691, il était au siège de Mons, en 1692, à celui de Namur, en 1693, à la bataille de Nerwinde. Fait colonel du régiment-infanterie de Chartres en 1696, puis brigadier en 1703, il se trouva à la bataille d'Hochstett de cette année et à celle du même nom de 1704. Devenu maréchal de camp en 1709, il alla servir en Espagne jusqu'après la paix d'Utrecht, qui fut (1) Le texte de ces lettres a été imprimé tout au long dans l'Histoire généalogique du P. Anselme (1730), t. V, p. 884-887. Cf. aussi l'Histoire du diocèse de Paris de l'abbé Lebeuf (1757), t. X, p. 228. (2) Saint-Simon en parle dans ses Mémoires. (3) Histoire génealogique du P. Anselme, t. V, p. 878-882.
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 +|**UCAL_$B769654_00000210**| 26 - signée le 11 avril 1713. Philippe V, roi d'Espagne, le fit chevalier de l'Ordre de la Toison d'or. Il assista encore au siège de Barcelone, dont la capitulation (13 septembre 1714) devait signaler la fin de la guerre dite de la Succession d'Espagne, et il couronna sa carrière militaire par le grade de lieutenant général des armées du roi, lequel venait après celui de maréchal de France. Ce fut le Régent qui le lui conféra, le 8 mars 1716. Son mariage (mars 1715) avec Anne-Charlotte Lebas de Montargis, fille de Claude Lebas de Montargis, conseiller d'État, le fit se fixer dans le Hurepoix. Son beau-père y possédait le Bouchet, Valgrand, Valpetit, Montaubert, Lespine, les Renouillières et autres lieux. D'après un plan du marquisat d'Arpajon, gravé par Lucas et malheureusement sans date, en tout cas postérieur à 1721, plan conservé à la Bibliothèque nationale, Arpajon était fortifié et comptait six portes, dites: de Paris; Maurant (on écrit aujourd'hui Morand); d'Étampes; Saint-Denis; de Corbeil; Saint-Germain. Son enceinte fortifiée s'arrêtait à un bras de la Remarde (après la porte Maurant), et reprenait à la rive gauche de l'Orge, un peu avant la fausse porte ouvrant sur le chemin allant au moulin Cerpied, pour continuer jusqu'à la porte d'Étampes. Entre cette dernière et la porte Saint-Denis existait une autre fausse porte sur le chemin d'Avrainville dite de la Fontaine. De la porte de Corbeil à la porte Saint-Germain, l'enceinte cessait d'exister, tout l'emplacement intermédiaire étant occupé par le château d'Arpajon-laVille et ses jardins. L'église Saint-Clément avait déjà son parvis, tel qu'il existe aujourd'hui, dégagé des constructions anciennes. De nombreuses auberges bordaient surtout la grand'rue (dite d'un bout rue de Paris et de l'autre rue Étampoise), d'autres les abords de la halle (la légende du plan les nomme pour la plupart); c'étaient : Les Trois-Maillets, Le Grand-Monarque, La Licorne, Les Trois-Maures, Les Trois-Roys, Les Singes, Les Bons-Enfants, Le Duc-de-Berry, La Duchesse-de-Berry, La Ville-d'Arpajon,
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 +|**UCAL_$B769654_00000211**| - - - 27 La Croix-Blanche, Saint-Christophe, Le Lyon-d'Or, L'Ours, Le Mouton, Le Bouf-Couronné, La Croix-d'Or, L'Image-Saint-Pierre, Saint-Louis, La Fontaine, Le Vert-Galant, La Herse, Le Sauvage, La Vache-Noire, Et les Trois-Marchands. Le fief de Marivat, la halle, l'auditoire, au coin méridional de la place de la halle et de la rue des Poulets (ou du Renard), la Humblotière (rue Saint-Denis, dernièrement propriété Masseau) et l'Hôtel-Dieu se retrouvent sur ce plan. Les écuries du château étaient le long de la rue du Clos (où, en 1875, existait la maison Laroumets). La rivière de l'Orge, du moulin Cerpied à la place du Pont, n'allait pas, comme aujourd'hui, en ligne droite; son cours traçait une courbe dont le point extrême se rapprochait du jardin du fief de Marivat. Le château s'élevait dans la prairie au nord et à la hauteur environ des écuries qui étaient voisines de la porte de Corbeil. Saint-Germain-lès-Arpajon avait alors son église presque au milieu du cimetière et la cure semble avoir existé où, en 1875, était la maison du maire Simon. Le cimetière a été diminué dans son étendue et, sur une partie de son ancien emplacement, se trouvent pris aujourd'hui la place, la mairie, l'école, le nouveau presbytère, la ruelle qui longe et contourne l'église et le cimetière actuel. Les moulins indiqués sont: le moulin Picot, près la porte Maurant, sur la Remarde, et, sur l'Orge, outre le moulin Cerpied, en amont d'Arpajon, en aval, les moulins dits: du Pré (1), Baraillon, la Boisselle, Fourcon, et Daunois. Le chemin d'Olinville (Ollainville) tombait alors vers Arpajon, tout près et en deçà de Bel-Air. A la porte d'Étampes prenaient naissance le chemin d'Égly (le chemin Vert aujourd'hui), celui de Boissy-sous-Saint-Yon, celui d'Étampes (ayant à sa droite, pour le (1) C'était, du temps de Louis d'Arpajon, le moulin le plus rapproché du château. Son gendre, Philippe de Noailles, duc de Mouchy, le supprima en le faisant reporter plus en aval sous le nom de moulin de Saint-Germain 4
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 +|**UCAL_$B769654_00000212**| -- - 28 voyageur se dirigeant sur cette ville, les anciens bâtiments de l'Ermitage de Saint-Blaise). De la porte Saint-Denis partaient, comme aujourd'hui, le chemin de la Ferté-Aleps, en longeant le parc de la Norville, et celui qui montait le long des murs de ce parc à la Norville. Au-devant de l'esplanade du château de la Norville, et du côté est, se trouvent amorcés le chemin de Marolles, celui du Bouchet, et, tracé en entier, le chemin de la Norville à Arpajon-le-Château. Nous arrivons ici à un édifice important qui a disparu; c'est Arpajon-le-Château, sur l'emplacement duquel se trouvaient, en 1875, et se trouvent encore deux maisons qui appartenaient à la famille Laurent. Arpajon-le-Château jouissait au nord-ouest d'une vue splendide. De la porte de Corbeil partaient, outre les boulevards qui existaient tout autour de l'enceinte fortifiée, un chemin montant à la Norville et un autre longeant le Baraillon, lequel conduisait à Arpajon-le-Château, à partir de son point de rencontre avec la chaussée de la Boisselle. Un peu plus loin, ce chemin se bifurque pour, d'un côté, aller suivre les rives de l'Orge, par les moulins Fourcon et Daunois, et, de l'autre, conduire à Corbeil en longeant le côté nord d'Arpajon-le-Château. Au-devant d'Arpajon-le-Château, s'ouvrait l'avenue du château de Villeroy, passant devant les Grands-Cochets, et au sud-est était la Galanderie, aujourd'hui la Garenne du château de la Norville. Le chemin de Bretigny-sur-Orge arrivait à Arpajon-le-Château et s'amorçait sur le chemin de Corbeil. Chanteloup et son parc figurent sur le plan tels qu'ils existent aujourd'hui; et le fief des dames religieuses de Saint-Eutrope est indiqué intra muros du parc, tout proche la grille le fermant du côté de Saint-Germain-lès-Arpajon. La route de Paris à Arpajon suivait alors le chemin qui longeait Leuville (lequel se dirigeait sur Saint-Germain-lès-Arpajon), contournait le parc de Chanteloup au nord et arrivait à Arpajon par la porte de Paris, en passant devant le cimetière établi à sa droite. Aucune construction n'existait alors, ni au lieu dit la Montagne, ni à la Petite-Folie. Le chemin de Limours ne s'y trouve pas indiqué et la Grande-Folie y figure avec quatre à cinq feux. A l'époque à laquelle remonte le plan, la route de Paris à Orléans ne la traversait pas encore; elle suivait les murs du parc de Chanteloup.
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 +|**UCAL_$B769654_00000213**| - 29 dxxxxxxxxx Louis d'Arpajon mourut en 1736 et fut inhumé, suivant sa volonté expresse (car c'était en l'église des Filles de la Croix, rue de Charonne, à Paris, qu'existait la sépulture de sa famille), dans le choeur de l'église de Saint-Clément à Arpajon. Contre le mur, à l'entrée du bas-côté droit, sur une plaque en marbre noir, se trouve l'inscription suivante, qui a été publiée dans le recueil des Inscriptions de la France de M. de Guilhermy (t. IV, p. 11): D. O. M. Cy git très haut et très puissant seigneur Monseigneur Louis, marquis d'Arpajon, etc., etc., etc., lieutenant général des armées du Roi, chevalier de la Toison d'or et de St-Louis, chevalier né de l'Ordre de Malthe gouverneur de la province de Berry et des villes de Bourges et d'Issoudun, etc., issu d'une des plus illustres et des plus puissantes maisons du Rouergue, il marcha sur les traces de ses ancestres; non content d'avoir donné des preuves de sa valeur en Flandres, en Allemagne et en Italie, il soumit en Espagne les forts d'Arens, de Benasque, de Castelleon et de Solsonne et les pays de Ribagorça et de Valdaran. Après de si glorieux exploits, il ne se reposa que pour donner des preuves de sa générosité à cette église qu'il combla de bienfaits, aux pauvres dont il étoit le père, et sa protection particulière à cette ville à qui il donna sʊn nom avec l'agrément du Roy. Il rendit son âme aux (sic) Seigneur
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 +|**UCAL_$B769654_00000214**| - 30le xxi août de l'an MDCCXXXVI, de son âge le LXVIIeme, et est inhumé dans le coeur de cette église selon ses désirs. Requiescal in pace. Les armes de la maison d'Arpajon étaient: écartelé au de gueules, à la croix de Toulouse d'or (Lautrec), au 2 d'argent à 4 pals de gueules (Séverac), au 3 de gueules à la harpe d'or (Arpajon), au 4 d'azur à 3 fleurs de lys d'or; au bâton de gueules péri en barre (Bourbon-Roussillon), sur le tout de gueules à la croix d'argent (1). Louis d'Arpajon y ajouta, avec la couronne de marquis, le collier de l'Ordre de la Toison d'or. Il ne laissa pas de descendance mâle, et sa veuve maria leur fille, Anne-Claude-Louise d'Arpajon, le 27 novembre 1741, à Philippe, comte de Noailles, deuxième fils du maréchal de Noailles. Philippe était appelé à être lui-même maréchal de France et encore duc de Mouchy et prince de Poix. Alphonse BOULÉ. (1) Le P. Anselme, T. V, p. 878. (Seine-et-Oise) a prises pour elle. - Ce sont ces armes que la ville d'Arpajon
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 +|**UCAL_$B769654_00000215**| LA DATE DE LA MORT DE DOM BASILE FLEUREAU En 1873, notre savant compatriote, M. Ernest Dramard, conseiller à la cour d'appel de Limoges, publia dans le Cabinet historique, une notice biographique et bibliographique sur Dom Basile Fleureau, auteur des Antiquités de la ville d'Etampes Malheureusement, dans cette notice, l'auteur ne nous apprend de l'existence de Dom Fleureau que ce que celui-ci a dit de lui-même dans la préface de son précieux livre, c'est-à-dire peu de chose. Un savant du Gâtinais, M. Michel, mort il y a quelques années, fut plus heureux que M. Dramard, car il découvrit un ouvrage très rare en France, publié à Rome en 1836 par le barnabite Ungarelli, intitulé: Bibliotheca scriptorum e congregatione Clerr. Regg. S. Paulli, qui contient une notice biographique très concise sur l'historien étampois. D'après cet auteur, Basile Fleureau naquit à Etampes et entra dans la congrégation des Barnabites à l'âge de 19 ans, le 5 mai 1631, ce qui le fait naître en 1612. Cependant M. Michel déclare avoir en vain cherché son acte de baptême sur les registres de cette époque. Quant au lieu et à la date de sa mort, Ungarelli n'en parle pas. Toutefois M. Dramard infère qu'il mourut en 1668 ou peu de temps après. Lorsque nous publiâmes l'Histoire ae l'abbaye de Notre-Dame-deVilliers, ouvrage inédit de notre vieil historien, nous fîmes connaître qu'il ne pouvait être mort en 1668, puisque le manuscrit de l'auteur porte cette mention: Achevé le 25 d'octobre 1669. En présence de cette preuve nous crûmes devoir ajouter que sa mort n'avait pu arriver qu'à la fin de l'année ou, ce qui est plus probable, l'année suivante. Mais si la date exacte de son décès était ignorée en 1893, il en était de même du lieu où il s'est produit. Etait-ce à
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 +|**UCAL_$B769654_00000216**| 32 - Paris, à Montargis ou à Etampes, villes où il avait professé dans les collèges de l'ordre ? Personne jusqu'à ce jour n'a pu répondre. On dit que le hasard produit souvent des surprises inattendues qui tranchent les questions les plus difficiles, en voici un exemple. Il y a quelques mois nous avons eu la bonne fortune de trouver un exemplaire des Antiquités de la ville d'Etampes, ouvrage dont la rareté est bien connue, car c'est à des intervalles très éloignés qu'on rencontre ce livre dans les ventes publiques, où il est toujours vivement disputé et payé très cher. Ainsi, à la vente de la bibliothèque du baron Pichon, faite au mois de mars dernier, son exemplaire qui était revêtu d'une très modeste reliure en veau ancien, a été vendu 110 francs sans les frais. Quant à notre exemplaire qui est également relié en veau ancien, il porte en tête de la première page un ex dono signé Petit de Mesières, famille Étampoise bien connue et dont un des membres était chanoine de l'église NotreDame. D'un autre côté, on trouve sur la marge de la page 293, en face de la charte confirmant les prérogatives des chanoines, une note très curieuse d'une écriture du temps au sujet des paroisses Notre-Dame et Saint-Basile. Mais ce qui le rend précieux à nos yeux, c'est qu'on lit sur le titre, d'une écriture ancienne, cette mention: « Mon oncle D. Fleureau est mort à Estampes au mois d'Avril 1674, signé : Boureaux». Enfin, nous voilà fixés sur le lieu et la date de la mort de notre historien. Avec ce renseignement des plus explicites, il sera facile de trouver dans les registres paroissiaux l'acte de décès du savant Barnabite. Paul PINSON.
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 +|**UCAL_$B769654_00000217**| LE JOURNAL D'UN BOURGEOIS DE CORBEIL En visitant un fort lot de vieux papiers, nous y avons rencontré des pages, écrites par un habitant de Corbeil, vers 1740. C'est une sorte de journal dans lequel l'écrivain anonyme a consigné les événements plus ou moins importants dont il est le témoin. L'auteur, un homme du peuple très probablement, s'occupe surtout des variations atmosphériques, des gelées, des récoltes, du prix des vivres, des inondations, des travaux entrepris dans le pays, etc. Malheureusement ce journal est incomplet; nous n'en possédons que des fragments, des feuilles détachées qui ne se suivent pas toujours et qui sont dépourvues de pagination; nous n'avons même ni le commencement ni la fin, mais tels qu'ils sont et malgré leurs lacunes, ces fragments sont encore intéressants parce qu'ils nous montrent la vie que menaient autrefois nos pères dans notre bon pays de Corbeil et aussi les épreuves qui venaient les atteindre. C'est pourquoi nous avons tenu à reproduire ce journal dans notre bulletin afin de le sauver de l'oubli. On y rencontre en effet des renseignements et des détails qui ne se trouvent pas ailleurs et qu'il y a intérêt à conserver. Si ce document avait été complet, peut-ètre aurions-nous appris le nom de l'auteur, mais tel qu'il est il est anonyme et c'est par cette raison que nous l'avons intitulé: Le Journal d'un bourgeois de Corbeil. Le style est celui de l'époque où il a été écrit, très compréhensible cependant; l'orthographe laisse beaucoup à désirer (les lettrés étaient rares en ce temps), mais, autant que possible, nous avons respecté l'un et l'autre, afin de ne pas enlever à ces documents rétrospectifs cette couleur particulière de l'époque, qui ajoute encore à l'authenticité du récit. A. D.
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 +|**UCAL_$B769654_00000218**| -34JOURNAL D'UN BOURGEOIS DE CORBEIL En 1739 on commençoit à ne plus se sentir des fureurs de Bellonne, quoy que cependant les vivres estoient toujours très chères et principalement le pain, qui valloit jusqu'à trois sols et demy la livre, l'automne estant venu, on espéroit recueillir des bons vins, mais les pluyes estant venu très fréquentes on fit de très faibles vins, ce qui ne laissa pas de chagriner les vignerons des environs de Corbeil; l'hyver ne nous paroissoit pas des plus rudes au commencement, on croyoit que les astres avoient changé leurs cours et que les saisons avoient permuté ensemble, de sorte qu'à la Toussaint on eut dit estre dans le cœur du printemps. 1740 Ce ne fut pas tout, car, comme disoient les bonnes gens du temps passé que l'hyver est bon compagnon, que s'il ne vient tôt il vient tard; en effet le 6 janvier 1740, jour des Rois, il survint une gelée si grande, causé par un froid sy cuisant que le mesme soir il estoit presques impossible de metre le nez à la porte sans estre transy, ce froid fust si violent que le 8m la rivière fut couverte de glace et elle fut prise le 1ome jusqu'au 14me qu'elle débasclat par la raison d'un bouillon d'eau qui survint, et cette débascle ne dura qu'une heure et demy qui servit mesme de rencharge. La Seine reprit donc le mesme jour 14me de janvier, à 4 heures et demy du soir et dura arrestée jusqu'au jour de l'annontiation (1) qui fut la grande débascle, cependant ce n'estoit encore qu'un faux degelle, car nous avons eu huit fois de la glace sur la rivierre. Les bleds eurent fort à souffrir puisque le froid est venu à deux degrez près de l'année 1709; à Pasques on ne voyoit point profiter les bleds, on croyoit mesme qu'ils estoient gelez en terre. On dit ordinairement que le mois d'avril ne s'en va jamais sans espi: cela ne fut pas de mesme cette année là, car à la my may il n'y en avoit pas encore, on croyoit qu'ils ne pouroient jamais venir à (1) Le 25 mars,
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 +|**UCAL_$B769654_00000219**| - -- 35maturité. Il tomboit tous les jours des pluyes continuelles, des neiges et frimats comme en plein cœur d'hyver, puisqu'il y eût un bon nombre de fermiers et laboureurs des environs qui se vinrent plaindre à MM. l'Abbé et chanoines de Saint Spire, dont estoient à la teste M. Garnier de Pourly, pour lors prévost de Corbeil et M. Petit procureur du Roy, accompagné d'un grand nombre d'habitans et de confrères, pour prier MM. les Chanoines de Saint Spire de vouloir bien faire des prières publiques pour implorer la miséricorde de Dieu, par l'intercession de Saint Spire et Saint-Leu. MM. les Chanoines accordèrent la demande qu'on leur fit; d'autre costé, Mgr l'Archevesque avoit ordonné à tous les prestres de réciter, dans le sacrifice de la messe, les oraisons pour la sérénité de l'air. On fit cette prière publique pendant l'espace de neuf jours, à sept heures du soir où on chantoit le répons: Clamaverunt avec un des pseaumes de la pénitence avant le verset du dit répons, et tous les jours on changeoit de pseaume, ensuite on chantoit Domine non secundum, Sub tuum præsidium et l'antienne de Saint Spire et Saint Leu. Cette prière se commença dans l'octave Saint Spire, pendant que les Châsses estoient descendues. Il y eut plusieurs paroisses circonvoisines qui y vinrent en processions, quoy que cependant il y en vint tous les ans un bon nombre les jours des rogations, mais comme Mgr l'Archevesque avoit ordonné que les Curés fassent des processions extraordinaires et qu'ils visitent les églises les uns les autres, soit le matin ou l'après diné, c'est pourquoy l'église de Saint-Spire n'estoit point sans avoir quatre ou cinq processions à la fois soit le matin soit l'après diné. Il faut croire que les prierres des habitans de Corbeil n'estoient pas des plus ferventes, puisque le temps ne changeoit pas. Cependant on ne laissa que de remonter les châsses le jour ordinaire, quoy que cependant il y avoit plusieurs laboureurs et grand nombre d'habitans qui avoient demandé que l'on retardat la remontée des châsses et que l'on fit une procession generalle, telle qu'en l'année 1719; mais la crainte que l'on avoit d'alarmer le peuple des pays esloignés, qui auroient pu penser que tous les biens estoient perdus, ou à peu près dans nos cantons, ce qui auroit occasionné les fermiers et marchands de bled des pays un peu loin de vendre leurs bleds très chers, quoy qu'il estoit déjà à un prix fort élevé, puisque le bled se vendoit déjà 50 livres le septier; par
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 +|**UCAL_$B769654_00000220**| 36ces raisons on jugea plus a propos de recommencer une seconde neuvaine de prierre publique, ce qui fut fait, et on vit les airs changés, la saison devint bien favorable, puisque les bleds vinrent à maturité à leur temps ordinaire de la moisson, mais il vint des pluyes si fréquentes que l'on eut de la peine à les serrer, et c'est ce qui a fait que le bled a toujours esté d'un prix exorbitant. On se resouviendra longtemps de l'année 1740, tant pour le rigoureux hyver que pour le pain cher, car on eut dit que Dieu nous avoit envoyé une famine pour fléau du ciel, puisque le pain y a vallu jusqu'à cinq sols la livre et que l'on voyoit les pauvres mourir autant du froid que de la faim; c'estoit deux ennemis à combattre sans armes; je ne parle pas seulement des pauvres mendians, mais des pauvres honteux qui n'osoient pas faire paroitre la situation où ils estoient, sans pain, sans bois et sans argent, encore qu'en l'année 1709 nous ayons eu un grand hyver et une famine ensuite, l'argent y estoit commun, les bourgeois faisoient travailler et tout le monde vivoit, quoique à force d'argent; mais en 1740 il n'y avoit point d'ouvrage, point d'argent et le pain cher; encore s'il n'y avoit eu que le pain cher, mais tout l'estoit pareillement, le vin, les pois, fèves, enfin tous les légumes et potages (1) estoient hors de prix. L'eau-de-vie, les huiles, la chandelle et enfin toutes les marchandises estoient augmentées d'un tiers en sus et même de moitié, il n'y avoit que la peine du pauvre misérable qui estoit à bon marché, car il estoit bien tirannisé et surchargé de tailles et de nouveaux impôts. Il y survint encore de plus de si fréquentes maladies dans les grandes personnes, que les chirurgiens firent bien leur moisson après que les laboureurs eurent serré leurs bleds, et gagnèrent plus que les moissonneurs; mesmes les enfans furent aussi attaqués de la petite vérolle, puisque dans Corbeil il n'en est pas resté un qui ne l'ait eue, aussy bien que dans les environs; il y a eu bien des grandes personnes qui en ont esté attaquées, puisque dans le village de Soisy-sous-Etiolles, il est mort de cette seule maladie de 24 à 25 habitants mariés, en moins de deux mois. La récolte des bleds estant faite, il y avoit très belles apparences de belles vendanges et de faire de très bons vins, quoyque au (1) Potages, produits du potager; les gros légumes poussaient plutôt en plein champ.
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 +|**UCAL_$B769654_00000221**| - — 37 - quinzième de May on n'avoit pas encore vu une boure sortir du cep de vigne, cependant le roisin estoit venu très beau, en quantité et presque en maturité et on esperoit une année entière, mais Dieu qui auroit peut-être esté offensé par l'yvrognerie, qui auroit pu estre plus fréquente qu'à l'ordinaire, nous a seulement fait voir cette belle récolte à faire et preste a vendanger, puisque le jour de saint François, quatrième octobre, il survint une gelée si grande que les roisins qui n'étoient pas encore parfaitement murs, restèrent cuits et en verjus, de sorte qu'il en resta une grande moitié dans les champs, car il estoit impossible d'en rien retirer de celuy qui estoit cuit de la gelée, ny de celuy qui estoit en verjus et qui ne pouvoit plus profiter, attendu que le bois mesme estoit gelé jusque dans la moelle; quant au roisin qui estoit déjà mûr, il n'augmentoit pas et mesme il fannoit plustôt sur pied. L'attente des bons vins fut donc perdue dans un seul jour, et pour recueillir sy peu qu'il y en avoit de bons, il fut assez difficile, puisqu'on estoit obligé de faire du feu dans les vignes pour chaufer les vendangeurs, car ce froid là ne dura pas pour un jour, puisqu'à la saint Martin qu'il y avoit encore des vendanges dans les champs, le roisin estoit si froid et sy transy, que le vin estoit jusqu'à douze jours dans les cuves sans s'eschaufer et qu'il se faisoit sans bouillir. Voyant cela vous devez juger par vous mesmes que ce vin ne pouvoit pas avoir de force ny de couleur, mais bien de la verdeur, et de plus il n'a pas pu s'éclaircir il est resté trouble et nébuleux. Si les historiens anciens ont remarqué dans les annalles et dans les livres historiques les bonnes années et les heureux succès qui sont arrivés sous les règnes des Rois dans les années auxquels ils ont vescu et qu'il ont escrit, ils ont sans doute escrit aussy les facheuses et mauvaises années qui ont passé. Sy c'est avec raisons qu'ils les ont mises au jour, je ne dois donc rien craindre jusqu'à présent d'avoir mis en lumierre ce que j'ay escrit cy-devant, mais voicy une calamité bien grande, sur laquelle je ne puis passer, sans en donner une description totalle, sur le débordement des eaux, qui est pour ainsy dire un déluge universel puis que nous recevons des nouvelles de touttes parts que les rivierres dans touttes les provinces du Royaume de France, mesme des autres Royaumes, sont débordées, et comme le mal d'autruy ne peut nous donner aucun soulagement, c'est pourquoy je ne m'arresteray qu'a vous parler de la rivierre de Seine et de celle d'Es-
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 +|**UCAL_$B769654_00000222**| - 38 - tampes, puisque c'est elles qui arrosent cette ville de Corbeil et qui sont les causes des dommages qui sont arrivés et mesme qui ne sont pas encore visibles (1). Il n'est pas estonnant de voir la rivierre de Seine augmenter dans le mois de décembre, mais tous les ans il n'y a pas une augmentation si terrible que celle-cy. Il est vrai que dès le mois de novembre la rivierre estoit toujours dans son bassin et dans ses berges, elle s'est sous-tenue dans sa hauteur, mais le jour de Saint Nicolas, 6º de décembre, elle augmenta dans la nuit mesme de trois pieds de hauteur, de sorte que le coche de Corbeil (2) qui estoit allé à Paris, eut bien de la peine à remonter à Corbeil, à cause que la rivierre avoit monté plus haut que les berges; même sur la chaussée de Petit Bourg, il y en avoit plus d'un pied et demy. C'estoit beaucoup risquer pour les chartiers et les chevaux que de passer par des chemins que l'eau avoit effacés. La rivierre augmenta de plus en plus jusqu'au 15me de décembre, et elle commença à diminuer parce que ce n'estoit que la rivierre d'Yonne qui donnoit cette crüe, comme c'est d'ordinaire que cette rivierre produise ses eaux avant que la Seine y songe. Le jour de Saint Thomas (3), il y avoit bien de la diminution, puisqu'elle estoit rentrée dans ses limittes, mais le lendemain c'estoit tout le contraire, car la rivierre estoit augmentée de quatre pieds et demy dans cette seule nuit, de manière que tous les moulins de Corbeil furent noyés. Le 22 l'eau montoit à vue d'œil, puisqu'elle passoit sur le pavé de Nagis qui va à Essone. La place de Saint Guenault estoit aussy innondée, puisque M. le procureur du Roy fit amener un batteau pour passer les personnes qui avoient besoin aux envi- (1) L'inondation de 1740 a fait époque; elle n'a cependant pas causé de grands malheurs comme ses devancières, celle de 1408, par exemple, qui enleva Paris plusieurs ponts couverts de maisons. Voici ce que dit un historien du temps relativement à cette inondation de 1740: « le 14 décembre, l'eau était à 18 pieds 8 pouces, de sorte qu'elle entrait dans la place de la Greve, jusqu'au milieu de l'arcade de l'Hôtel-de-Ville. Le jour de Noel, elle monta à 24 pieds et le lendemain elle augmenta de 4 pouces et ne monta pas davantage. >> (2) Le coche de Corbeil, qui transportait les voyageurs et les marchandises de Corbeil à Paris et de Paris à Corbeil, était connu sous le nom de Corbillard; anciennement on l'appelait Corbeillac, puis Corbillat; le nom de Corbillard fut la dernière forme adoptée. On rapporte qu'il fut employé, lors d'une grande épidémie, à transporter les morts, que l'on enterrait nuitamment dans l'île des Cygnes, et que de là vint, dans la suite, le nom de Corbillard donné aux chars funèbres. (3) 21 décembre,
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 +|**UCAL_$B769654_00000223**| - - 39 - rons du pont de la manufacture des buffles (1), quoy que cependant, en payant les batteliers, ce n'estoit pas le plus difficile passage, car comme les reverends Pères Recollets estoient submergés dans leur couvent (2), puisque l'eau estoit dans leur jardin et menaçoit d'entrer dans leur sacristie et mesme dans leur cuisine, ils furent obligés de faire déboucher les bresches qui sont faites à ce dessein dans les murs de leur enclos, et ces bresches sont cintrées (3) afin que cela ne fasse pas de plus grands dégâts qu'il ne seroit de besoin pour le passage de l'eau. Ils en avoient débouché de quatre costés, et le courant estoit sy rapide par ces bouches, que les batteliers avoient assez de peine à passer leurs batteaux depuis la grille des Recollets jusqu'au pont de la manufacture, et mesme la rivierre passoit dessus la première vanne qui est au-dessus du dit pont et que ce pont ne pouvoit pas suffire pour le passage de la rivierre, qui découloit par-dessus la digue et venoit se répandre vers les Récollets, dans toutes les maisons du fauxbourg de la porte de Paris (4). Toutes les maisons de ce fauxbourg estoient inondées de plus de quatre pieds de hauteur d'eau et les habitants qui demeuroient dans les bas de ces maisons furent d'obligation de déménager de chez eux, et de monter dans les chambres d'en haut, où ils faisoient leur tripotage avec ceux qui habi- (1) La manufacture royale des buffles avait été installée à Corbeil par Louis XIV en 1667, pour fabriquer les buffleteries de l'armée: elle occupait les bâtiments où sont actuellement les grands moulins de Corbeil. Dans les fouilles que M. Darblay a fait faire pour les fondations de l'énorme bâtiment qui domine la Seine, on a retrouvé en grand nombre des cornes de buffles, seul vestige qui soit resté de cette importante fabrication. (2) Le couvent des Récollets occupait à Corbeil un enclos anciennement connu sous le nom du clos du petit Saint-Jean. De nos jours cette propriété a été habitée par M. Magniant, qui fut longtemps Maire de Corbeil sous Louis-Philippe. Ce clos du petit St Jean, situé à l'entrée de la rue des Grandes bordes, avait été donné par la ville, en 1638, aux Récollets, en témoignage de reconnaissance envers ces religieux, qui étaient venus, en cette même année, prodiguer leurs soins aux habitants de Corbeil, décimés par une cruelle épidémie. L'un d'eux paya même de sa vie son dévouement à nos concitoyens, Les Récollets restèrent à Corbeil jusqu'à leur expulsion en 1793. (3) On voit encore à la base de certains murs des propriétés de Corbeil ces petites voûtes que l'on débouchait lors des inondations, pour donner un libre cours au passage des eaux. (4) Il s'agit ici du quai en aval de la rive gauche de la Seine, auquel on a maladroitement donné le nom de l'apport-Paris qui ne signifie rien, tandis que le nom primitif rappelait la porte qui s'ouvrait à cet endroit sur le chemin de Paris et dont tout ce faubourg avait pris le nom.
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 +|**UCAL_$B769654_00000224**| - - - 40 - toient ces chambres, on a vu jusqu'à quatre et cinq ménages vivre et coucher ensemble, et chacun à son pain, et sy quelques uns d'entre eux en manquoient, les autres leur en fournissoient, mais quelquefois avec répugnance, de crainte d'en manquer euxmesmes. Sy les habitants de la porte de Paris estoient déménagés de leur azyle, ceux qui habitoient dans les Bordes n'avoient pas moins à craindre de l'inondation et ils furent obligés, aussy bien qu'eux, de remonter leur ménage dans les greniers et cimaus (1), car c'est la manière de construire ces maisons qui sont bâties de terre, couvertes de chaulme et n'ont qu'un grenier au dessus de la cuisine. Ces pauvres gens estoient ainsy dans les greniers à faire pauvre chere, puisqu'ils n'avoient rien ou presque rien, et quand mesme ils auroient eu quelques provisions ils n'auroient pu les faire cuire et s'en servir, car l'eau estoit montée jusques dans leurs fours. Maistre François Pasquier, substitut du procureur du Roy, ayant ouy dire par un marinier nommé Pierre Gautier, dit Monseigneur (2), qu'il auroit esté desja faire un voyage avec son batteau dans les Bordes, pour voir s'il pourroit donner quelque soulagement à ces pauvres gens, et voyant qu'ils n'avoient pas de pain, le dit Maistre François Pasquier achepta vingt-quatre pains de huit livres et se fit conduire par le dit Gautier dans toutes les Bordes, débitant le pain, chacun à proportion des personnes qui estoient dans les maisons, ce qui fut fait encore chaque jour, jusqu'à la délivrance de leur captivité, qui ne fut que le premier jour de l'an 1741, car pour de messe ny d'office pendant touttes les festes de Noël, ils n'ont pas salli les églises. Mais pendant que je m'amuse à vous représenter la triste situation des habitants des Bordes, je laisse tranquilles les personnes qui attendent des batteliers, pour pouvoir aller à Essonne par le faubourg St Nicolas et qui estoient dans l'obligation de prendre leur passage par derrière le cimetière (3) pour s'aller rendre au (1) Cimau, vieux mot français qui vient de cime, et signifie lieu élevé. (2) Alors, plus encore qu'aujourd'hui, les mariniers de Corbeil avaient chacun leur surnom, sorte de sobriquet sous lequel seulement ils étaient connus et on en arrivait ainsi à oublier leur nom réel. (3) L'ancien cimetière Saint-Nicolas, où l'on inhuma jusqu'en 1832, se trouvait dans l'ancienne rue de la Herse, qui était la continuation de la rue Saint-Spire, au delà du mur d'enceinte, car cette dernière, une des plus anciennes de Corbeil, se terminait à la muraille de la ville, qui la fermait à la hauteur de la maison de
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 +|**UCAL_$B769654_00000225**| - 41 coin du mur de Nagis, car la rivière passoit de plus de trois pieds sur le pavé et prenoit depuis les murs de Nagis jusques au coin du cimetière du costé de la ville, puisque tous les jardins qui sont dans ce faubourg et le cimetière mesme estoient pleins d'eau jusqu'à la porte. Les mariniers avoient assez de peine pour passer les personnes parce qu'il faisoit un froid sy grand que leurs rames et leurs crocs estoient couverts de glace de plus de deux lignes d'épais, et ils ne pouvoient presque pas se soutenir dans leurs batteaux; cela ne laissoit pas que de coûter aux personnes qui avoient besoin de ce costé-là, car ils prenoient deux sols par personne, et je peux assurer que c'estoit de l'argent bien gagné. La veille de Noël, l'eau fut à son plus haut degré, puisqu'elle monta jusque dans l'église Saint-Spire; il y en avoit sous le clocher dès l'heure de midy, de façon qu'on ne pût pas sonner les cloches pour la solemnité de la feste de Noël. Sur les cinq heures du soir, elle s'estoit avancée dans la nef jusqu'aux marches de la grille du chœur, et sy elle eut augmenté encore de dix pouces de plus, elle auroit été aussy haute qu'en l'année 1711. On ne sçavoit s'il seroit possible que le R. P. Aubin, Jacobin, prédicateur qui preschoit l'avent cette année-là, put prescher le jour de Noël à Saint-Spire, comme c'est la coutume, ou s'il prescheroit à Nostre-Dame, mais comme MM. les chanoines sont fort M. Laroche, architecte, dans le jardin duquel on en voit encore des restes. Ce cimetière occupait l'espace compris entre la rue des Fossés et la maison Léger d'une part, de l'autre entre ladite rue de la Herse et les terrains de la Quarantaine. Les chantiers Drapier, Blondeau et d'autres propriétés encore se trouvent aujourd'hui sur l'emplacement où ont si longtemps reposé nos pères. La rue Saint-Nicolas a été ouverte au travers de ce cimetière qui entourait jadis l'église Saint-Nicolas, détruite pendant la Ligue, pour les besoins de la défense de Corbeil, dont elle dominait les murailles. Après les délais exigés par la loi, la ville vendit les terrains du cimetière Saint-Nicolas, les familles qui y possédaient des concessions de terrain, firent transporter au cimetière actuel les restes de leurs parents; tous les autres ossements y furent également conduits et réunis dans une fosse commune que surmonte un monument que l'on peut encore voir aujourd'hui. Il se passa à ce sujet un fait assez étrange: ces ossements étaient transportés soir et matin an moyen de deux charrettes recouvertes de bâches noires et, après le transport du soir, les ouvriers chargeaient de nouveau ces deux voitures, afin qu'elles fussent toutes prêtes à être emmenées sans retard le lendemain de bon matin selon l'habitude. Un soir, elles furent chargées comme de coutume et le lendemain, quand les ouvriers vinrent pour accomplir leur funèbre transport quotidien, ces ossements avaient été volés pendant la nuit, et l'enquête à laquelle il fut procédé ne put rien faire découvrir.
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 +|**UCAL_$B769654_00000226**| 42 - jaloux de leurs droits, ils avoient résolu qu'ils feroient poser des planches pour pouvoir faire entrer les auditeurs dans le chœur, et que le Prédicateur prescheroit dans un fauteuil proche de l'autel, mais pendant la nuit de Noël, la rivière se trouva diminuée de quelque chose, de façon que l'eau s'estoit retirée de dedans la nef, du moins il y avoit quelques endroits de secs et le sermon fut presché comme à l'ordinaire. Cela n'empescha pas que le Prédicateur ne mouillat ses pieds pour aller gagner l'escallier de la chaire, et comme tous les habitants ne pouvoient pas assister à ce sermon, à cause que l'eau ne laissoit pas que de tenir la place de bien des personnes dans l'Eglise de Saint-Spire, le mesme Prédicateur prescha aussy à Notre-Dame après les vespres pour faciliter les paroissiens qui n'avoient pas pu assister au sermon de Saint Spire. La rivière donc diminua pendant les festes de Noël de huit pieds de hauteur. Sy la rivière estoit dans l'église Saint-Spire, elle pouvoit bien estre dans celle de Saint Jean en l'isle, puisque tous les prez estoient couverts et que les batteaux passoient dedans pour aller de Nagis jusqu'aux Bordes, sans rien trouver qui les pût arrester et empescher le passage. Je ne me suis encore occupé qu'à vous parler de ce qui se passoit du costé de la Beausse et du Gastinois (1), il est bon que je vous explique ce qui se passa du costé de la Brie, dans les fauxbourgs de Saint Jacques et de Saint Léonard, principalement dans la pescherie (2). (A suivre). (1) Corbeil était situé autrefois dans l'ancienne province de l'Ile de France, sauf la partie sud, les Bordes, etc., qui appartenaient au Gâtinais, subdivision de la Beauce; les quartiers à partir du pont, en allant vers la porte de Paris dépendaient du Hurepoix, dont Dourdan était la capitale, et toute la rive droite de la Seine, c'est-à-dire les faubourgs Saint-Jacques et Saint-Léonard se rattachaient à la Brie; le Hurepoix et la Brie étaient eux-mêmes des subdivisions de l'Ile de France. (2) Ainsi qu'il a été dit avant le commencement de ce récit, ce journal est incomplet et ici s'arrête brusquement la relation de l'inondation de 1740; cette lacune est particulièrement regrettable, car les détails de l'inondation dans la Pêcherie que l'auteur s'apprêtait à donner, eussent été très intéressants, ce quartier étant le plus bas de la ville et par conséquent le plus exposé aux ravages des eaux; tout le monde sait, en effet, que le sol de la Pêcherie a été à bien des reprises, exhaussé; que devait-il donc être en 1740? Cet arrêt subit dans la narration ne concerne que ce qui a trait à l'inondation, mais notre journal contient encore d'autres faits intéressants.
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 +|**UCAL_$B769654_00000227**| INAUGURATION DU MUSÉE SAINT-JEAN ET ASSEMBLÉE GÉNÉRALE Tenue dans l'ancienne Église de Saint-Jean, à Corbeil, le 13 Juin 1898. Présidence de M. GEORGE DE COURCEL, Vice-Président. Par une décision prise en Conseil d'administration le 3 mai 1898, la Société historique et archéologique de Corbeil-Etampes avait donné rendez-vous à ses membres pour le 13 juin suivant à Corbeil même, en vue d'assister à l'inauguration du musée St-Jean, fondé par la Société, et à l'assemblée générale qui devait se tenir dans l'ancienne église des chevaliers de St-Jean de Jérusalem, dans laquelle la société, aidée par un aimable bienfaiteur, avait commencé à installer son musée. L'Assemblée générale et l'inauguration du musée ayant eu lieu simultanément et dans le même local, un seul compte rendu décrira naturellement cette double cérémonie; mais auparavant il nous faut parler de la matinée qui l'a précédée. Le 13 juin, le soleil s'était mis de la partie et un temps magnifique a favorisé cette journée qui aura laissé, nous l'espérons, un agréable souvenir à ceux de nos membres qui ont bien voulu honorer Corbeil de leur visite. Ils étaient nombreux et venus de tous les points de Seine-et-Oise et des départements limitrophes. Des voitures, préparées par les soins de la Société, les attendaient à l'arrivée du train à 9 h. 1/2, pour les conduire au lieu du rendez-vous d'abord, où les rejoi3
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 +|**UCAL_$B769654_00000228**| - 44 gnirent ceux de Corbeil, d'Essonnes, etc, puis au charmant coteau de St-Germain, visite qui figurait en tête du programme de la journée. Là, les archéologues admirèrent la belle église du XIIe siècle, si intelligemment restaurée par les généreux châtelains de l'endroit. << C'est une véritable restitution, s'écriait l'un d'eux, car on a rendu << à ce charmant édifice l'aspect gracieux et sévère tout à la fois « qu'il avait dès les premiers temps de sa construction. » Après cette intéressante visite, les excursionnistes redescendirent à Corbeil, à pied cette fois, en parcourant le beau parc de St-Germain, dont les honneurs étaient faits par les propriétaires eux-mêmes, qui se faisaient un plaisir de guider leurs visiteurs à travers les serres, les allées ombreuses, les pièces d'eau, etc. de cette magnifique propriété. Rentrés à Corbeil par le bas du parc, nos confrères se réunirent à l'Hôtel de Bellevue autour d'une longue table ornée de fleurs, et dressée sur cette belle terrasse qui domine la Seine, d'où l'on jouit du beau panorama qu'offrent le fleuve et la ville à cet endroit. Les convives étaient au nombre de 49, parmi lesquels nous citerons: MM. Cothereau, président du Tribunal civil; Cros, conseiller général, remplaçant M. le Sous-Préfet, absent de Corbeil; G. de Courcel, vice-Président de la Société; son frère V. de Courcel, maire d'Athis-Mons; Bessin et Mallet, Président et membre du Conseil d'arrondissement; Vollant, Pinat et Lachasse, de St-Germain; E. Delessard, de Ris; E. Delessard, de Lardy; Cheuvreux, d'Étiolles; Martellière, de Pithiviers; Soupault, maire de Villeneuvele-Roi; Le Proust, d'Étampes; Fournez, de St-Germain-en-Laye; Dutilleux, de Versailles; Le Paire, de Lagny; M. et Mlle Mottheau, de Brunoy, et tous nos sympathiques collègues de Corbeil, tels que l'aimable poète M. Jules Lemaire et MM. le Dr Devouges, Lasnier, trésorier, Jarry et Dufour, secrétaires de la Société, etc., etc. Chaque convive, en s'asseyant, trouve devant lui un charmant menu, dessiné avec beaucoup de goût et donnant la vue de Corbeil et de ses principaux monuments. Cette jolie gravure excite l'admiration générale. En vue d'agrémenter ce compte rendu, un ami de notre Société a bien voulu en faire une réduction pour ceux de nos confrères qui n'ont pu venir se joindre à nous. A l'heure du champagne, M. Delessard, de Ris, porte le toast suivant:
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 +Societe HISTORIQUET ARCHEOLOGIQUE DE CORBEIL D'ETAMPES ET DU HUREPoix RBEIL HORGPO STAMPES Πεησ DU Déjeuner DU 13 Juin 1898 HORS D'OEUVRE VARIES STATELOTTE D'Anguilles DeSeine A LA MONTGARDE Poulets De Danemarck La Reine SBURGE Filer Piqué Monteypan Au Cresson DeLA FONTAINE AUK SOULIERS Pommes nouvelles Dollesnu BEURRE DE S.GERMAIN Petits pois Chantereine Jambon Yorck Glacé A LA VILLEROY SALADES DO Moulin GALANT FROMAGE ALA CREME De VilleDebor FRAISES DE PETIT BOURG GATEAU-POMPADOUR Vins COTEAU DES ROCHES DE MORSANG, ROUGE ET BLANC Cissac Des Chevaliers de Saint-Jean 1895 CATE - LIQUEURS
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 +|**UCAL_$B769654_00000231**| - - 45 Messieurs, << Notre Société compte à peine quelques années d'existence; au début elle n'avait qu'un mince capital, peu d'adhérents, et pas même d'asile pour abriter sa tête. Quel chemin parcouru depuis! Grâce à la munificence de généreux donateurs, elle possède aujourd'hui un palais historique et splendide que bien des chefs-lieux de département nous envieraient. Aussi je suis persuadé d'être votre interprète à tous, en adressant à MM. Darblay le témoignage de notre gratitude reconnaissante. Vous allez assister dans quelques instants à l'inauguration de notre musée, trop vaste, hélas! pour nos actuelles collections. Car il ne faut pas se dissimuler, mes chers collègues, que pour réussir dans notre œuvre, il faut la force qui naît du nombre et qui est l'apanage ordinaire des gros bataillons et des gros budgets; en un mot le recrutement de notre chère Société doit être en rapport avec sa haute mission. Nous ne saurions certes nous plaindre du chiffre des adhésions nouvelles reçues dans le courant de l'année. Il témoigne de la sympathie croissante des habitants notables de notre arrondissement. Je vous adresse donc à tous un appel chaleureux; faites de la propagande active dans le cercle de vos relations familiales et mondaines, amenez-nous de nouveaux sociétaires, stimulez la générosité des donateurs. Nous avons le palais, il faut le meubler. C'est sur cet appel et sur ce vœu que je termine, en vous conviant à boire à la prospérité et à l'avenir de notre Société, et permettez-moi d'associer à ce toast le nom de notre si dévoué secrétaire général, M. Dufour ». Le secrétaire général remercie M. E. Delessard de ses bonnes paroles, puis il explique le fâcheux contre-temps qui a empêché la venue de M. Armand Silvestre, inspecteur des Beaux-arts, qui avait été délégué par le Ministre de l'Instruction publique pour présider à l'inauguration du musée St-Jean; il lit la charmante lettre dans laquelle M. A. Silvestre exprime, en termes touchants, tout le regret qu'il éprouve, arrêté qu'il est par un mal subit, « de ne pouvoir venir s'asseoir au milieu de ses bons amis de Corbeil, ville où il a passé sa jeunesse et laissé un morceau de son cœur ». Le secrétaire général exprime encore les vifs regrets de M. le Sous-Préfet, parti en Savoie depuis quelques jours, et ceux de nombreux membres de la Société qui se sont excusés, pour des motifs divers, de ne pouvoir assister à cette belle réunion du 13 juin. Il termine en envoyant, au nom de la Société tout entière, un salut de condoléance à M. le Dr Boucher, son vice-président, qu'un deuil bien cruel et tout récent a empêché de se joindre à ses collègues.
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 +|**UCAL_$B769654_00000232**| - 46 - - Et pour dissiper le nuage de tristesse que viennent d'amener ces dernières paroles, M. Jules Lemaire se lève et lit un charmant toast en vers, tout de circonstance, car il est intitulé L'archéologue, qui a été applaudi avec enthousiasme par l'Assemblée. La reproduction de cette jolie poésie, que l'on trouvera ci-dessous, prouvera que les applaudissements qui l'ont accueillie étaient grandement mérités. L'ARCHÉOLOGUE Puisque tous les cœurs sont unis Dans cette fête improvisée, Et qu'en un banquet, réunis, Nous inaugurons un musée, Au dessert s'il me faut toaster, Sans préambule et sans prologue, En peu de mots je vais tenter De vous chanter l'archéologue. L'archéologue est un savant, Un amoureux de l'art antique, Un chercheur qui va retrouvant Plus d'un document authentique. Il en est un qui restaura Un vieux temple, jadis en vogue, Et complaisamment le livra Pour un musée archéologue. Notre musée, aux visiteurs, Offre une imposante structure, Et, pour bon nombre d'amateurs, Un spécimen d'architecture. Puis, bientôt, sur un large plan, Se dressera le catalogue Des collections de Saint-Jean Par les soins d'un archéologue. C'est très beau d'aimer l'art ancien Dans tout ce qu'il a d'esthétique, D'admirer le corinthien Et le flamboyant du gothique, Mais, lorsqu'une jeune beauté Près de vous ébauche une églogue, Ah! tant pis pour l'antiquité! Mais tant mieux pour l'archéologue.
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 +|**UCAL_$B769654_00000233**| - 47 De ces quelques couplets, messieurs, Vous excuserez, j'imagine, L'auteur qui, pourtant sérieux, A parfois la muse badine. Chacun a son petit travers, Moi, j'ai rimé mon monologue, On peut bien cultiver les vers Sans cesser d'être archéologue. Mais l'heure s'écoule et c'est à regret que l'on quitte cette jolie terrasse édifiée sur les substructions de l'ancienne forteresse qui défendait l'entrée du pont de Corbeil. Après une rapide visite à l'ancien hôtel des Arquebusiers de Corbeil, où fut reçu Louis XIII, et dont les honneurs furent gracieusement faits par l'aimable propriétaire, notre confrère M. Morizet, un coup d'œil jeté à ce qui subsiste encore des anciennes murailles de la ville et au beau panorama dont on jouit de la terrasse de l'Arquebuse, la compagnie se dirige vers l'antique église St-Spire, en passant sous la belle arcade ogivale du XIIIe siècle qui donnait accès au cloître des Chanoines. On visite rapidement cet intéressant monument, puis l'on remonte en voiture pour se rendre à St-Jean, où l'on arrive à 3 heures. Une nombreuse assistance s'y trouvait déjà réunie, car des invitations avaient été lancées en ville par les soins de la Société. Archéologues et visiteurs, tous se répandent dans ce charmant édifice qui fut pendant de longs siècles l'église des chevaliers de Saint Jean de Jérusalem; on en admire l'harmonie, les belles proportions et surtout l'intelligente restauration qu'en a faite son propriétaire. La Société y a réuni un certain nombre de pierres tombales qui proviennent de Saint-Jean même, ainsi que d'assez nombreux vestiges des anciens monuments de Corbeil, disparus hélas! Voici une belle vitrine toute remplie d'objets des temps préhistoriques, des âges de la pierre taillée, de la pierre polie, du bronze et du fer, tous recueillis dans notre contrée et généreusement offerts à notre musée par Madame de Souancé et M. Delessard, de Lardy. L'ancienne cloche de St-Léonard, qui occupe une place d'honneur, attire aussi les regards; elle porte les noms de Louise Michel et a été donnée en 1744 par le financier Michel Bouret, dont la luxueuse maison de campagne était près de Corbeil; il en fut le
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 +|**UCAL_$B769654_00000234**| - --- 48 parrain avec Dame Louise Bouret, d'où les noms de Louise Michel donnés à cette cloche. Mais la séance va s'ouvrir, on prend place sur les sièges préparés; aux premiers rangs sont MM. le Maire de Corbeil et l'un des adjoints. Cent chaises avaient été amenées, elles sont insuffisantes, et une partie de l'assistance reste debout. M. George de Courcel, vice-président de la Société et remplaçant M. Armand Silvestre, délégué par le Ministre de l'Instruction publique, se lève et, après quelques paroles de remercîment aux personnes qui ont bien voulu venir assister à cette cérémonie, déclare le Musée St-Jean ouvert et inauguré, et donne la parole à M. E. Delessard, de Lardy, un savant spécialiste, qui, dans une conférence très étudiée, fait l'histoire des temps préhistoriques, en montrant successivement les objets qui se rattachent aux différents âges de la pierre, du bronze et du fer (1). A la suite de cette conférence, M. le Président ouvre l'assemblée générale de la Société et donne la parole au secrétaire général pour lire son rapport sur la situation et les travaux de la Société pendant les années 1896 et 1897; ce rapport est ainsi résumé: Messieurs, L'article IV de notre règlement m'impose l'agréable devoir de vous rendre compte de la situation morale de notre Société et de ses travaux pendant l'année écoulée; aujourd'hui cependant, ce n'est pas d'une, mais de deux années que j'ai à vous entretenir, notre assemblée générale de 1897 n'ayant pu avoir lieu par suite de circonstances indépendantes de notre volonté, parmi lesquelles comptent pour beaucoup les importants travaux entrepris dans le gracieux édifice qui fut l'église St-Jean, où nous sommes réunis aujourd'hui. Son bienveillant propriétaire a voulu combler tous nos désirs en y faisant une restauration complète et préparant ainsi pour notre musée, avec un goût artistique que vous apprécierez tous, un cadre magnifique que beaucoup nous envieraient. Nous acquittons donc une dette de reconnaissance en lui adressant d'ici même nos plus vifs et sincères remercîments. Comme je vous le disais à Étampes, à l'automne de 1896, le nombre de nos sociétaires continue à suivre une marche régulièrement ascendante. Depuis deux ans, par des causes diverses, nous avons perdu 12 membres; cependant, malgré ces pertes regrettables mais que l'on ne peut éviter, le chiffre de nos adhérents s'est augmenté de 27 unités depuis notre dernière assemblée générale. A cette (1) La conférence de M. Delessard est insérée in-extenso dans le Bulletin à la suite de ce compte rendu.
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 +|**UCAL_$B769654_00000235**| 49 --- époque je vous indiquais 137 sociétaires, nous en comptons aujourd'hui 164, parmi lesquels se trouvent 14 membres fondateurs. Des 12 membres que nous avons perdus, trois nous ont été enlevés par la mort: MM. Ch. Jozon et Bonnefoy, de Corbeil, et Thomas Lot, de Brunoy. Les deux premiers, enfants de notre ville, étaient non seulement d'aimables confrères, mais aussi de bons amis pour la plupart d'entre nous. Vous connaissez tous la place qu'ils ont tenue dans Corbeil et de quelle estime ils y étaient entourés, c'est pourquoi je suis sûr d'être votre interprète en exprimant ici les regrets que leur perte nous a causés. M. Thomas Lot, de Brunoy, était des nôtres depuis peu, mais ses goûts et ses connaissances en archéologie nous avaient fait concevoir des espérances qu'un sort inflexible a empêchées de se réaliser; en saluant la mémoire de ces confrères disparus nous devons nous estimer heureux que cette liste funèbre n'ait pas été plus longue. Lors de notre dernière réunion, je vous signalais le vide laissé dans notre Conseil par la mort de notre regretté Président, M. Hauréau, de l'Institut. Aujourd'hui j'ai la satisfaction de vous apprendre que les démarches que nous avons faites pour lui donner un successeur ont été couronnées de succès et que M. François Coppée, de l'Académie française, a bien voulu accepter la tâche de présider aux destinées de notre Société, qui se sent très honorée par cet heureux choix. Mais nous regrettons que la santé encore chancelante de notre nouveau Président ne lui ait pas permis de se trouver à notre tête aujourd'hui. Je dois maintenant vous rendre compte de nos travaux pendant les années 1896 et 1897. En 1896, nous avons donné deux bulletins qui n'ont point été inférieurs à ceux de l'année précédente. Vous avez pu lire dans le premier un curieux article du sympathique secrétaire général de la Société de Rambouillet, M. Lorin, intitulé Une victime de la Terreur à Arpajon, fruit des patientes recherches de notre confrère sur la période révolutionnaire dans notre contrée; puis une Étude topographique sur un quartier de Corbeil, avec la reproduction d'un plan de cette ville en 1634 et l'héliogravure d'une curieuse statue en bois, trouvée à Corbeil et provenant d'une ancienne église disparue; la suite et fin de l'intéressante monographie de M. L. Marquis: Étrechy et ses environs. Une notice nécrologique sur M. Hauréau, terminait ce bulletin. Le suivant débutait par le récit pittoresquement imagé de notre excursion à Étampes en 1896, écrit par M. Legrand avec la verve qui caractérise son talent. Venaient à la suite: La Chasuble de Viry-Châtillon, avec deux gravures, par M. l'abbé Marsaux, le maître si autorisé dans cette branche toute spéciale de l'archéologie; Les lettres inédites de Jabineau de la Voute, publiées par notre estimable confrère, M. P. Pinson, qui les a tirées de sa riche collection d'autographes. On y aura certainement remarqué une très gracieuse pièce de vers de Voltaire, qui semble avoir tout le mérite de l'inédit. M. l'abbé Géhin, curé de Chilly-Mazarin, a encore apporté sa contribution à ce bulletin par l'intéressant récit d'une fête donnée à Mesdames de France par la Duchesse de Mazarin, en son Château de Chilly en 1769, curieuse notice agrémentée
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 +|**UCAL_$B769654_00000236**| 50 -- d'une vue du Château de Chilly, d'après Israël Silvestre; et encore trois bons articles les cloches de Soisy-sous-Étiolles, Saint Eutrope d'Arpajon et le titre de Marquise de Pompadour, dus tous les trois à M. l'abbé Colas, l'érudit curé de Soisy, toujours si dévoué à notre Société, pour laquelle il travaille sans cesse. Le vieux Château de Corbeil et la démolition de sa tour en 1714, orné d'une vue de ce château d'après Flamen, et la bibliographie de l'année terminaient ce bulletin, plus rempli que les précédents. En 1897, le premier bulletin a commencé avec une savante étude de notre confrère, M. Legrand, d'Étampes, sur des doubles tournois du XVe siècle trouvés à Angerville (S.-et-O.). L'auteur a fait preuve, en cette étude, de ses connaissances spéciales en numismatique. A la suite: un intéressant article sur les Louvois et les Villeroy, dû à un sympathique confrère que la maladie tient éloigné de nous et qui ne nous oublie pas cependant; une nouvelle notice de M. l'abbé Géhin qui nous fait connaître, avec sa compétence habituelle, des textes inédits d'inscriptions tumulaires de son église de Chilly-Mazarin, textes disparus aujourd'hui et qu'il a eu le mérite de retrouver dans d'anciens manuscrits. Cette notice porte le titre de Chilly-Mazarin, les tombeaux. Nous trouvons ensuite La porcelaine de Villeroy, par M. Aymé Darblay, qui a eu la bonne fortune de retrouver l'emplacement, inconnu de nos jours, de cette fabrique, célèbre autrefois par ses beaux produits, rivaux de ceux de la manufacture de Sèvres, et qui nous a fait profiter de sa découverte en donnant à notre bulletin, en outre de sa notice très documentée, deux belles héliogravures représentant, l'une les différents objets céramiques retrouvés par lui, l'autre, l'extrait d'un curieux plan manuscrit de Villeroy en 1751. Ce bulletin s'achevait avec Un bail sous la révolution (l'église N. Dame de Corbeil) par M. A. D., et Une autobiographie de l'abbé Guiot, par le même, ornée du portrait de ce savant et malheureux curé de St-Guenault de Corbeil, article qui a provoqué l'intérêt de plusieurs érudits rouennais et qui a valu à son auteur une intéressante correspondance. Dans le 2me bulletin de 1897, le dernier paru, vous avez pu lire, sous la signature A. D., quatre notices portant les titres suivants : Une tentative d'assassinat à Corbeil, en 1614; la féodalité et le droit de vasselage dans notre pays; la dédicace de l'église St-Spire de Corbeil en 1437, document en latin, orné d'un joli cul-de-lampe représentant la belle porte ogivale de l'ancien cloître St-Spire; enfin l'Abbaye de Jarcy, avec la reproduction d'un extrait d'un vieux plan terrier de cet ancien monastère. Ce même bulletin contenait encore deux intéressantes notices que M. P. Pinson a bien voulu tirer à notre profit de ses inépuisables collections sur Étampes, sa ville natale; savoir: Documents inédits sur Jacques Simonneau, maire d'Étampes, assassiné par le peuple en 1792, et la Relation de la réception faite à Louis XIV à son passage à Étampes en 1668. L'historique du séjour des sœurs de St Vincent de Paul à Corbeil, appuyé de docu-
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 +|**UCAL_$B769654_00000237**| - - 51 ments inédits, par M. l'abbé Colas dont le zèle ne se ralentit pas, la bibliographie de l'année et un article intitulé Trouvailles et découvertes, complétaient ce bulletin, encore plus important que les précédents. Entre les deux derniers, nous avons inauguré la série de nos Mémoires et documents en vous donnant la belle monographie de l'église de St-Germain-lès-Corbeil. Vous avez tous admiré le « luxe de cette élégante plaquette, ornée à profusion de belles planches héliographiques » (1) dont la publication a fait grand honneur à notre Société et lui a valu plusieurs adhésions importantes. L'éminent bibliothécaire des Sociétés savantes, à la bibliothèque nationale, m'assurait un jour qu'il n'y avait pas en France une seule Société savante qui ait jamais donné une aussi belle publication. Nous devons donc être fiers de nous être ainsi élevés au premier rang, mais surtout nous devons des remercîments à l'auteur, M. Vollant, dont le texte très étudié a servi de prétexte à une illustration hors ligne dont nous sommes redevables à la libéralité d'un bienfaiteur que sa modestie m'interdit de nommer, mais que vous avez tous deviné. C'est un devoir pour nous, et nous sommes heureux de le remplir, de lui adresser ici l'expression de notre gratitude. Voilà pour le passé; quant à l'avenir, il est assuré pour quelque temps encore. Le premier bulletin de 1898 est sous presse et ne tardera pas à être distribué, et vous lui ferez, nous n'en doutons pas, l'excellent accueil que vous avez fait aux précédents. Ce qui caractérise nos publications, vous le savez, c'est le côté artistique, le cachet de bibliophile que nous nous efforçons de leur donner; nous continuerons cette tradition estimée, et dès à présent, je puis commettre l'indiscrétion de vous dire que notre prochain bulletin sera très illustré. Nous avons l'intention de vous donner aussi un second volume des Mémoires et documents; il contiendra une étude, très fouillée, de notre bon confrère, M. J. Pannier, sur l'histoire de la réforme à Corbeil et dans les environs au XVIe siècle. D'autres travaux non moins intéressants nous sont promis, qui doivent servir de prétexte à de brillantes illustrations; il en viendra d'autres encore, nous en sommes certains, c'est pourquoi nous devons suivre tranquillement la route qui nous est tracée et regarder l'avenir avec confiance. Notre société est en bonne voie, elle a travaillé et travaillera encore afin de mériter vos suffrages. Merci à vous tous qui l'avez encouragée de votre influence, aidée par vos cotisations; merci aussi aux aimables collaborateurs qui ont bien voulu nous favoriser du fruit de leurs travaux et qui continueront, nous en avons l'espoir, à accroître et à enrichir nos publications. De votre côté, chers Confrères, aidez-nous en propageant notre œuvre et en la faisant connaître ; utilisez vos amis, vos relations; ameneznous de nouveaux sociétaires afin d'augmenter nos ressources, qui sont encore trop modestes et qui deviendront bientôt insuffisantes à cause des nouvelles charges que notre musée va nous imposer. (1) Société de l'histoire de Paris, année 1897, 6º bulletin, article: Bibliographie,
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 +|**UCAL_$B769654_00000238**| 52 Ce musée, que nous avons entrepris de fonder et que nous inaugurons aujourd'hui, n'est encore qu'à ses débuts. Nous avons un local historique, superbe, admirablement restauré par un intelligent bienfaiteur que nous ne saurions trop remercier, mais ce n'est encore qu'un beau cadre qu'il faudra remplir; c'est pourquoi nous demandons à tous, sociétaires et autres, de nous aider dans cette œuvre qui fera plus tard honneur à la ville de Corbeil. Nous sollicitons les dons de toute nature, même des dépôts de plus ou moins de durée, afin que notre belle église St-Jean, si bien restaurée, puisse justifier pleinement son titre de musée. M. le Président donne ensuite la parole à M. le trésorier pour lire son rapport sur la situation financière de la Société. Celui-ci fait d'abord observer que, par suite des circonstances déjà indiquées, l'assemblée générale de 1897 n'ayant pas eu lieu, il n'a pu donner connaissance de son rapport arrêté à la date du 31 décembre 1897; ce rapport était prêt cependant et il en a lu des extraits dans les diverses séances du Conseil d'administration, tenues depuis cette époque. L'exposé dont il va donner lecture comprendra donc deux exercices, c'est-à-dire la situation financière de la Société, arrêtée au 31 décembre 1896, et cette situation arrêtée au 31 décembre 1897. Nous analysons ci-dessous cet intéressant document qui fait grand honneur aux qualités d'ordre et de méthode de M. le trésorier, et dont tous les détails seront transcrits in-extenso au registre des procès-verbaux. SITUATION FINANCIÈRE de la SociÉTÉ AU 31 DÉCEMBRE 1896 A cette époque les fondations se montaient à Fr. En outre il a été encaissé : 95 cotisations à 10 fr. 22 cotisations à 5 fr. Excédent de l'année précédente et recettes diverses. 900 »»> 950 »» IIO »» 385 94 Total. · 2345 94 648 92 1697 02 1525 24 171 78 Somme égale, • 1697 02 A la même date les dépenses s'élevaient à . Il restait donc un excédent de recettes de . représenté par un livret de la Caisse d'épargne de Corbeil, N° 74695, se montant à En numéraire en caisse •
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 +|**UCAL_$B769654_00000239**| - 53 SITUATION FINANCIÈRE AU 31 DÉCEMBRE 1897 A cette époque les fondations se montaient à Fr. En outre il a été encaissé : 103 cotisations à 10 fr. . • 23 cotisations à 5 fr. Excédent de l'année précédente et recettes diverses. 1100 >> 1030 »» 115 »» 1395 26 Total. 3640 26 . A la même date les dépenses s'élevaient à . Il restait donc un excédent de recettes de . représenté par un livret de la Caisse d'épargne de Corbeil, N° 74695, se montant à. En numéraire en caisse 754 75 2885 51 • 2463 48 422 03 Somme égale. 2885 51 L'assemblée approuve les comptes ci-dessus et vote des remercîments à MM. le Trésorier et le Secrétaire général pour leurs intéressants rapports. M. le Président rappelle qu'aux termes de l'article VII des statuts, l'assemblée générale de la Société doit procéder chaque année au renouvellement partiel des membres du Conseil d'administration. En 1896, un tiers du Conseil, c'est-à-dire sept membres avaient été désignés par le sort et réélus pour trois ans: c'étaient MM. G. de Courcel, Depoin, abbé Genty, Lasnier, Mareuse, MarcPasquet et Jarry. En 1897, en séance du Conseil d'administration par exception, MM. Barthélemy, abbé Colas, Dr Boucher, Dufour, Legrand, Mottheau et Périn, ayant été désignés par le sort, furent renommés pour une nouvelle période triennale. En cette année 1898, sort à son tour le dernier tiers du Conseil, composé de MM. Blavet, abbé Bonnin, V. de Courcel, Dutilleux, Lemaire, Marquis et Martellière. A l'unanimité, ces messieurs sont renommés pour trois années. M. le Président fait remarquer que le roulement se trouvant ainsi régulièrement établi, il ne sera plus nécessaire d'avoir recours à des tirages pour les futures élections. Par acclamation, l'Assemblée générale renouvelle ensuite pour
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 +|**UCAL_$B769654_00000240**| -54- — une année, conformément aux articles II et XIV du réglement, les pouvoirs du bureau et du Comité de publication. Pour épuiser l'ordre du jour, M. le Président donne la parole à M. Dufour pour lire la notice qu'il a préparée sur la Reine Isburge et son séjour à St-Jean (1); puis, l'heure s'avançant et le train réclamant ses voyageurs, on termine cette laborieuse séance en sablant un excellent champagne qu'un aimable membre de la Société avait fait préparer, avec d'autres rafraîchissements pour les dames. Les échos sonores de la charmante église St-Jean résonnent au bruit des bouchons qui sautent; c'était probablement la première fois qu'ils résonnaient de la sorte. Enfin l'heure du départ a sonné et l'on se sépare, tous enchantés de la bonne journée qu'on venait de passer et ravis des belles choses et des beaux sites qu'on avait vus. Ceux que le train n'appelle pas immédiatement restent encore pour admirer plus en détail l'église St-Jean et ce qu'elle renferme déjà, tandis que les autres l'étudient du dehors en parcourant les jolis bosquets qui l'entourent. C'est ainsi que prit fin cette belle et bonne journée, si favorisée par un radieux soleil et la réussite de son programme; nous sommes assuré qu'elle aura laissé à nos visiteurs des souvenirs agréables qui les engageront à venir encore se joindre à nous lors de nos futures assemblées générales. A. D. (1) Cette notice est insérée au présent Bulletin.
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 +|**UCAL_$B769654_00000241**| LE PRÉHISTORIQUE EN SEINE-ET-OISE (1) Les premiers documents relatifs à l'histoire du genre humain, enveloppés d'un voile épais et ensevelis dans le passé des âges, ont échappé longtemps aux investigations des chercheurs. Nous allons présenter les premiers outils de l'homme, les ossements d'animaux disparus, exhumés du sol et rendus à la lumière après des milliers d'années et peut-être des milliers de siècles en un mot nous allons parler du préhistorique dans les arrondissements de Corbeil et d'Étampes. LE PRÉHISTORIQUE DANS LES ARRONDISSEMENTS DE CORBEIL ET D'ÉTAMPES Il y a une vingtaine d'années, les découvertes de Boucher de Perthes, les travaux des Lartet, des Gaudry, des Cartailhac en France, ceux des Evans, des Leyell, des Lubbock en Angleterre, en apportant des matériaux pour l'histoire primitive de l'homme, avaient développé partout le goût des recherches: dans certaines régions les trouvailles se faisaient de plus en plus abondantes. Le département de Seine-et-Oise était un des moins connus sous les rapports archéologique et paléontologique; et cependant tout semble indiquer à l'observateur que ces contrées ont dû être parcourues et habitées par de nombreuses populations préhistoriques. L'étude des terrains, il est vrai, offre de grandes difficultés: d'un (1) Conférence faite dans l'église St-Jean, à l'occasion de l'inauguration du musée de la Société.
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 +|**UCAL_$B769654_00000242**| - - - 56 côté le grand développement de la culture, en faisant disparaître les roches isolées, en nivelant les terrains, a changé la surface du sol et enfoui bien des objets du plus grand intérêt; de l'autre les coteaux, généralement couverts de grès exploités depuis de longues années, sont tellement couverts d'éclats de rebut que les recherches y sont impossibles. L'entrée des quelques cavernes existantes il y a une cinquantaine d'années, cavernes visitées par les vieillards de la contrée, s'est trouvée obstruée par ces éboulis de fragments de grès et leur position est devenue indéterminable. Nous allons indiquer brièvement les indices qui doivent encourager les recherches. 1° L'existence de monuments mégalithiques. 2º Les nombreuses carrières, sablières ou balastières qui ont fourni les restes des animaux éteints ou disparus. En effet, la découverte du premier renne trouvé en France fut faite à Étampes, dans le diluvium gris, en 1751. Guettard, médecin, le rapporta à Paris et il ne fut déterminé que 50 ans plus tard par Cuvier. 3º Les tourbières. Les larges vallées creusées autrefois par de puissants cours d'eau, dont nos rivières actuelles donnent une bien faible idée, les restes des grands végétaux trouvés dans les tourbières, tout indique, à l'époque quaternaire, un sol d'une végétation des plus actives, couvert d'énormes forêts, toutes conditions pour que la Faune y fût largement représentée. Aussi a-t-on trouvé de nombreux ossements de carnassiers, de bovidés, de cervidés etc. L'homme préhistorique a dû évidemment parcourir ces fructueux territoires de chasse et par suite y laisser de nombreux vestiges de son séjour et de son industrie. Nos grands musées nationaux, cependant, ne possèdent aucun objet provenant de nos régions. Convaincus qu'il devait se trouver dans nos localités des restes de l'industrie primitive de l'homme, nous avons, il y a quelque vingt ans, mon regretté ami de Souancé et moi, parcouru tous les environs, cherchant patiemment les moindres traces qui pouvaient nous mettre sur la voie, explorant les carrières, les sablières, les murgers, les tourbières: après plusieurs années de recherches, nous avons pu recueillir à peu près tous les types de l'âge de la pierre, de l'âge du bronze et du commencement de l'âge du fer.
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 +|**UCAL_$B769654_00000243**| - 57 - APERÇU GÉOLOGIQUE Les géologues ont classé les couches du globe, suivant leur ancienneté, en terrains primordiaux, en terrains de transition, puis en terrains secondaires, ensuite en terrains tertiaires subdivisés en éocène, miocène et pliocène, enfin en terrains quaternaires improprement appelés diluviens, caractérisés par l'apparition de l'homme. Les affleurements montrent que les terrains, dans les localités dont nous nous occupons, appartiennent au tertiaire miocène caractérisé principalement par les grès et sables (types de Fontainebleau). Ils sont recouverts directement par les terrains quaternaires formés entre la fin du pliocène et le commencement de l'époque actuelle. Si, partant d'un cours d'eau, nous remontons vers les plateaux, nous trouvons 1º les alluvions modernes formées par les dépôts d'eau douce, et, sur tout le parcours de l'Essonne et de la Juine, les tourbières; 2° les meulières, travertin et marnes de la Brie, le tuf travertin en partie calcaire. Les fossiles qui caractérisent ce niveau sont, en général, d'eau douce: Lymnées, Planorbes, Helix. Le calcaire lacustre de l'Orléanais se trouve en grande abondance à La Ferté-Alais ; il renferme des couches excessivement riches en débris de mammifères et coquilles. ; Entre les sables et les marnes viennent s'insérer les faluns (Étréchy, Jeurres, Auvers etc.) très riches en fossiles marins. Enfin les plateaux supérieurs sont constitués: 1° Par le limon des plateaux: dépôt argilo-siliceux exploité comme terre à brique. 2º Par le limon des terrasses, plus sableux que le précédent. 3º Par les argilettes jaunes, improductives, formant des espèces d'îlots. Tous ces terrains appartiennent au quaternaire. I. AGES DE LA PIERRE Nous croyons utile d'entrer dans quelques détails pour les collègues peu familiarisés avec le préhistorique, afin de leur permettre d'étudier les localités qu'ils habitent; espérant qu'ils nous
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 +|**UCAL_$B769654_00000244**| - - 58signaleront des objets ou des monuments qui ont, jusqu'à présent, échappé aux chercheurs. Pour la nomenclature, nous nous servons des désignations de M. G. de Mortillet, professeur à l'Ecole d'Anthropologie de Paris. Ire PÉRIODE DITE ACHEULÉENNE OU CHELLIENNE (1) Dans les plus anciens gisements du quaternaire, Boucher de Perthes découvrit à St-Acheul, près d'Amiens, probablement le type du premier instrument de pierre fabriqué par l'homme (2). Ensuite à Chelles (Seine-et-Marne), le même outil fut trouvé avec des ossements d'Elephas antiquus; il affecte la forme d'une amande, il est élargi et arrondi en bas et se termine en pointe. C'est la forme typique. Les variations en largeur et en longueur sont très nombreuses. La pierre employée appartient toujours à la localité. Cet instrument est désigné sous le nom de Hache de St-Acheul ou de Chelles. On est réduit à des conjectures sur son mode d'emploi, car sa forme même s'oppose à tout système d'emmanchement. Les outils chelléens se rencontrent dans trois gisements différents les alluvions caillouteuses, certaines couches argileuses, ou bien disséminés à la surface du sol. Ils sont assez rares en Seine-et-Oise. Nous en avons trouvé quelques échantillons aux Emmondants, à Villeconin et sur les plateaux d'Etampes. L'homme est caractérisé par le type dit de Néanderthal (3). 2º PÉRIODE DITE MOUSTÉRIENNE Elle tire son nom de la station du Moustier (Dordogne), c'est la première station signalée et décrite. Dans cette période, l'outillage est devenu plus complexe, des instruments spéciaux ont été fabriqués pour les principaux besoins: (1) Les périodes portent les noms des localités où les objets ont été trouvés en plus grand nombre et sans mélange avec d'autres types. (2) Je dis probablement, car les découvertes de l'abbé Bourgeois de silex taillés et brûlés trouvés à Thenay (Loir-et-Cher), dans le tertiaire moyen (calcaire de Beauce) (1867), feraient remonter l'origine de l'homme à une époque bien antérieure. Dans l'état actuel de nos connaissances, les silex présentés n'offrent encore aucune certitude. (3) Excessif développement des arcades sourcilières; presque absence de front (Dolichocéphales).
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 +|**UCAL_$B769654_00000245**| — ---- 59 c'est l'apparition des racloirs, des pointes et des scies retouchées sur un seul côté. Le racloir est un simple éclat présentant sur une face un plan uni d'éclatement avec une dépression nommée conchoïde de percussion. L'autre face, plus travaillée, est retouchée avec soin. La pointe moustérienne présente une face lisse avec conchoïde de percussion; l'autre, nommée dos, est seule retouchée sur les deux bords. C'est une pyramide triangulaire très allongée. Les instruments moustériens ne devaient pas être emmanchés: ils peuvent être aisément tenus à la main. Leur emploi devait être le travail du bois et des peaux. Les pointes devaient servir à percer le bois et le cuir. Les outils moustériens sont généralement faits en silex, surtout en silex crétacé. Ils sont abondamment répandus dans le département, mais les objets non profondément enterrés ont été depuis des siècles tellement tournés et retournés par l'homme, pour la culture, que les échantillons complets et bien conservés sont relativement rares. Les stations les plus abondantes sont les plateaux au-dessus d'Étampes, les territoires de Villeneuve-s-Auvers, de Villeconin, de La Ferté-Alais, Bouville, etc. les coteaux de la Seine, Draveil etc. A cette époque vivaient : l'Ursus Spelaus, ours des cavernes, le Rhinocéros tichorhinus, à narines cloisonnées, l'Elephas primigenius, le Mammouth. L'homme est caractérisé par les types d'Englis et de l'Olmo, présentant les caractères atténués du Néanderthal, volume cranien beaucoup plus considérable. 3º PÉRIODE MAGDALÉENNE Dans cette période, l'os se substitue en partie à la pierre dans la fabrication des menus outils: les premières manifestations de l'art apparaissent chez l'homme par la sculpture des bois de renne, par la représentation des figures de l'homme et des animaux de son époque, sur ivoire et sur schiste ardoisier. La période magdaléenne et solutéenne, qui a fourni des renseignements si précieux à l'histoire primitive de l'homme, ne paraît pas avoir laissé de traces dans nos localités. Les quelques instruments d'une taille plus soignée trouvés dans le voisinage des abris, des grottes ou des monuments mégalithiques, paraissent plutôt appartenir à l'âge de la pierre polie. Les fragments de bois de 6
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 +|**UCAL_$B769654_00000246**| - - 60 renne trouvés dans les grottes ou les tourbières, ne présentent aucunes traces de gravure intentionnelle. Ces périodes appartiennent à l'époque dite glaciaire. 4e PÉRIODE DE LA PIERRE POLIE Pendant les périodes précédentes les conditions de géographie physique, d'hydrographie, de climatologie, de flore et de faune étaient toutes différentes de celles de nos jours. En effet, une complète révolution s'accomplit entre le quaternaire et les temps actuels. Le climat devenant plus tempéré, les animaux du Nord ont émigré, les grands félins ont disparu. Les animaux domestiqués deviennent plus abondants; le type humain est fort varié, les populations sont sédentaires et se livrent à l'agriculture. Les instruments sont en pierre polie, les emmanchements sont faits au moyen de bois de cervidés. La poterie se montre (1), les premiers monuments mégalithiques apparaissent, les morts sont ensevelis. C'est à l'âge de la pierre polie qu'on peut faire remonter les habitations lacustres ou palafittes. La première découverte fut faite en 1853-1854 dans le lac de Zurich. L'eau du lac ayant baissé exceptionnellement cet hiver, on vit une accumulation de rejets d'habitation, des fragments de poteries et d'ossements, des instruments de pierre et d'os et même des graines. Cet amas était tout parsemé de pieux enfoncés dans le sol. L'examen fit découvrir que l'on se trouvait en présence des restes d'habitation construite au-dessus des eaux et soutenue par des pilotis. Dans plusieurs tourbières du département, on a pu constater l'existence d'un grand nombre de pilotis régulièrement espacés. Nous en avons extrait avec de grandes difficultés. Ces pieux, presque tous en chêne, travaillés, polis et vernis, offrent des couleurs et des veines tout à fait remarquables. Les dragages opérés en ces endroits nous ont fourni des objets de la pierre (1) La poterie primitive est en terre assez grossière les parois extérieures sont quelquefois rouges, mais l'intérieur des cassures est toujours noir. Pour éviter les gerçures, à la cuisson, on introduisait dans la pâte de gros grains calcaires ou de la pierre triturée. Les premières poteries sont généralement unies. On en a trouvé, cependant, avec des ornements produits par des coups d'ongle formant un cordon de petits croissants. La base est toujours très petite.
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 +|**UCAL_$B769654_00000247**| 61 ― polie, des poteries plus ou moins complètes, beaucoup d'ossements de chevaux de petite taille éclatés pour avoir la moelle. On ne peut donc nier l'existence de palafittes dans nos régions. Les ateliers de taille où l'on fabriquait les haches, les grattoirs, les tranchets et les pointes, se trouvent un peu disséminés partout; pour produire une hache, le silex, choisi convenablement, était d'abord dégrossi, puis les grosses aspérités enlevées, il était poli sur des grès; on retrouve des spécimens à tous ces degrés d'avancement. Les haches de grandes dimensions paraissent être des haches votives, car on ne les trouve que dans les dolmens. Toutes les haches ébréchées, brisées par l'usage, sont de dimensions plus restreintes, sans doute à cause des difficultés d'emmanchement. On nomme stations les emplacements où se trouvent en abondance éclats et rebuts de taille. Si l'arète vive du silex offre un coupant comparable à celui de nos rasoirs, ce coupant s'émousse rapidement. Les outils hors de service étaient jetés et remplacés par des nouveaux; c'est ce qui explique la masse d'outils à peine travaillés que l'on trouve en certains endroits que l'on désigne, pour cette raison, sous le nom d'ateliers (1). Principaux lieux de trouvaille : Bouville Boissy-le-Cutté - Etampes Lardy - - Grotte d'Amyot - Auvers-Villeneuve-s-Auvers - Orvaux - Villeconin — Cours et lit de la Seine. II. AGE DU BRONZE ----- L'âge du bronze est difficile à classer: il paraît avec la pierre polie et se montre encore avec le fer. Dans les tourbières, les sablières et les carrières nous avons trouvé : Les trois types principaux de la hache de bronze (celt en Angle - terre). 1° Hache à bords droits; 2° Hache à ailerons; 3° Hache à Douille ou Herminette. (1) Le grand intérêt de cette Conférence a surtout consisté dans l'exhibition faite par l'orateur des objets divers contenus dans la vitrine, ouverte devant lui, car, joignant la preuve au raisonnement, il montrait à l'assistance chaque objet qu'il décrivait (N. d. 1. R.).
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 +|**UCAL_$B769654_00000248**| - - 62 Une pointe de lance avec oreille. Une id. id. Des Torques, anneaux ou bracelets. Une fibule. Les analyses de ces bronzes ont montré que la composition s'éloigne peu de notre bronze des canons (9 à 10 % d'étain), rarement un peu de plomb, des traces de zinc et de nickel provenant sans doute des impuretés des minerais. Le cuivre rouge à l'état natif est rare, les pyrites très abondantes. L'étain ne se trouve qu'en Espagne, dans la Grande Bretagne, et dans la Bretagne française. J. César parle de l'étain Cornwall exporté en Gaule. Les moules trouvés sont en argile ou en pierre tendre. III. AGE DU FER Malheureusement le fer se détériore très rapidement quand il est exposé à l'humidité: aussi les pièces trouvées sont-elles en très mauvais état. On y reconnaît cependant les armes de nos ancêtres, la framée, la francisque, la grande épée à double tranchant, le scramassax. Ces pièces ont toujours été trouvées dans les endroits dits: le Carcan ou la Justice. MONUMENTS MÉGALITHIQUES I. DOLMENS Le Dolmen (du breton Dol, table et men, pierre) est un monument composé de dalles en pierre placées de champ, supportant d'autres dalles horizontales qui servent de plafond ou de toit. Ces dalles constituent une ou plusieurs chambres fermées, ordinairement précédées d'un vestibule ou couloir d'accès. Les pierres latérales sont nommées piliers ou supports, les dalles de recouvrement sont nommées tables. Suivant les localités, ces monuments portent les noms de pierre levée, maison des fées, pierre couverclée ou coclée. Tous les dolmens intacts qui ont été trouvés, soit dans le sein de la terre, soit sous un tumulus de terre ou de pierrailles, contenaient des sépultures: ce sont donc des tombeaux et généralement des tombeaux communs dans lesquels on ensevelissait un grand
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 +|**UCAL_$B769654_00000250**| A.L. Clem LA PIERRE LEVÉE; DOLMEN DE JANVILLE-SUR-JUINE. Gravure offerte par l'auteur. M Clément)
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 +|**UCAL_$B769654_00000251**| - 63 - nombre de personnes, et tout prouve que les ensevelissements étaient successifs. Les dolmens sont donc des chambres funéraires, des caveaux mortuaires servant à des familles ou à des tribus. L'entrée des monuments était soigneusement fermée et toutes les précautions étaient prises pour mettre ces sépultures à l'abri de l'homme ou des animaux. Les dolmens sont très abondants dans certaines régions de la France. Dans le département de Seine-et-Oise ils sont rares: il en reste très peu qui soient complets et intacts; beaucoup, indiqués par les anciens auteurs, ont complètement disparu. Dans nos régions nous citerons: A Boissy-le-Cutté, dolmen sur quatre supports. A Tionville (Méréville), restes peu importants. A Etréchy, sur le coteau faisant face à Fontaine-Livault, un pseudo-dolmen. La table repose sur des supports naturels. La chambre a pu être aménagée comme lieu de sépulture, mais il est plus probable que cette grotte a servi d'habitation. Des fouilles faites par le propriétaire, M. Bisson, auraient, m'a-t-on dit, mis au jour des silex taillés et quelques ossements. LA PIERRE LEVÉE. DOLMEN DE JANVILLE-S-JUINE - Ce monument, en très bon état de conservation, est situé à environ 300 mètres de la ferme de Pocancy. L'endroit porte sur le cadastre le nom de Champtier de la pierre levée. Ce dolmen ne figurant pas sur la carte générale des dolmens de France, grande carte exposée au musée de St-Germain-en-Laye, nous avons envoyé en 1880, dessin et description à M. G. de Mortillet. Le dolmen se compose de onze pierres, neuf supports et deux tables. Elles forment une chambre assez régulière, exactement orientée de l'Est à l'Ouest et précédée à l'Est d'un vestibule. La paroi Sud est formée de deux pierres debout et la paroi Nord de cinq. Le fond Ouest est formé de deux dalles : l'une est de dimension moindre que l'autre, très peu enfoncée en terre et n'allant pas jusqu'à la couverture. Cette dalle paraît avoir servi de porte d'introduction. La couverture se compose de deux dalles dont une, côté Est, a été renversée il y a bien des années et gît par terre en avant du
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 +|**UCAL_$B769654_00000252**| - 64 monument. L'autre, la dalle principale, a 4 m. 10 de longueur, 3 m. 60 de largeur et en moyenne o m. 55 d'épaisseur. Le poids de cette pierre peut être évalué à 16.000 kilog. environ. La chambre devait avoir à peu près les dimensions suivantes : longueur 4 m. 30, largeur en bas à l'entrée 2 m. 25, au fond côté Est 2 m. 58. Les supports formant les parois latérales sont légèrement inclinés à l'intérieur. La hauteur des piliers, constatée par les fouilles, est en moyenne de 2 m. 50. La Pierre levée est entièrement construite en dalles de grès: elle se trouve, du reste, au milieu d'une région parsemée de rochers de cette nature et tout autour se trouvent des exploitations de carrières pour pavés. Elle a dû être complètement recouverte d'un murger de pierres calcaires dont il reste encore une partie autour de la base. On l'a mise à découvert il y a, dit-on, une quarantaine d'années en enlevant des pierres pour la construction d'un chemin vicinal. Vers 1860, les cultivateurs qui se mettaient à l'abri dans la chambre, voulant la rendre plus habitable, en baissèrent le sol. En faisant ce travail, ils trouvèrent les squelettes d'une douzaine d'individus reposant sur un lit de cailloux ronds; ils dispersèrent tout le contenu dans les champs. Il est fort probable que bien des objets intéressants ont été perdus pour la science. Le dolmen fut acheté en 1872 par M. de Souancé, dans le but de le soustraire à la destruction. Nous fimes quelque temps après une fouille aussi profonde que possible. Nous ne trouvâmes que des cendres, un tranchet en silex, quelques pointes et des débris d'ossements humains. En avant se trouvait un fragment de grès portant une fraction de cavité hémisphérique d'un très beau poli, ayant environ 30 centimètres de diamètre. Il y a tout lieu de croire que c'est un fragment de meule à broyer le grain, au moyen d'un pilon de même matière. En examinant avec soin la surface externe de la table, on remarque à l'extrémité Ouest une sorte de bassin arrondi où l'eau peut séjourner, dont le fond est complètement lisse et tout autour des traces bien reconnaissables quoique un peu effacées, de cuvettes et de rainures ou stries. II. MENHIRS Les menhirs, qu'on nomme aussi Peulvans, Pierres fittes, sont des monolithes en pierre brute dressés et fichés dans le sol, dans le
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 +|**UCAL_$B769654_00000253**| - 65- - sens de leur plus grande dimension, de manière à former des espèces d'obélisques. Un grand nombre de Menhirs sont maintenant renversés, beaucoup ont disparu, mais les noms que portent certaines localités en ont conservé le souvenir (Champtiers dits de la Grosse pierre, du Gros caillou, de la Pierre fitte ou fritte, de la Pierre Laye, de la pierre Brou). Il est probable que ce sont des monuments commémoratifs. 10 MENHIR DE Villeneuve-LE-ROI Sur la rive gauche de la Seine, un peu en aval de VilleneuveSt-Georges, à 2 kilomètres environ au N. E. de la gare d'Ablon. Ce mégalithe est nommé dans le pays, la Pierre fitte ou fritte. Il a la forme d'un prisme triangulaire, ayant à la base 1 m. 90 sur I m. 23. C'est un bloc de meulière tendre dont la structure n'est nullement homogène: de sorte qu'il s'effrite constamment sous les actions atmosphériques. Actuellement il n'a que 1 m. 50 de haut. Sa hauteur était bien plus considérable en 1864. A. Barranger, archéologue, nous apprend qu'il avait 2 m. 50 de hauteur. 20 MENHIR DIT LA PIERRE A MOUSSEAUX A l'angle S. O. de l'excavation, servant à l'exploitation du sable, appartenant à M. Piketty, sur la rive droite de la Seine, à environ 300 mètres du fleuve (territoire de Vigneux), se dresse un bloc de grès mesurant 2 m. 10 de hauteur, 1 m. 40 de largeur et o m. 60 d'épaisseur. Au sommet se trouve une cavité en forme de fer à cheval (1). 3º Il y a aussi un menhir sur la commune de Draveil. Ph. Salmon a indiqué à la commission des monuments mégalithiques, un bloc de grès couché dans un trou près de la mal placée, dernière maison de Mainville. Suivant les habitants de ce village, la pierre aurait été renversée il y a une vingtaine d'années. Elle se termine en pointe, a 2 m. 70 de longueur, I m. 50 de largeur sur o m. 60 d'épaisseur. (1) L'exploitation du sable s'est étendue et a gagné la partie de la plaine où se trouve le menhir; il paraissait ainsi voué à une destruction prochaine; mais un archéologue dévoué, membre de notre Société, M. G. de G., a obtenu qu'un îlot assez étendu fût réservé autour du monolithe de Mousseaux; c'est ce qui a été fait, et maintenant la conservation du menhir se trouve plus assurée dans son îlot que lorsqu'il était dans un champ, exposé aux dégradations et aux accidents.
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 +|**UCAL_$B769654_00000254**| - 66 4° MENHIRS DISPARUS La grande Borne, près du Mesnil-Recoin. La pierre, près du château de Fascheville. A Bruyères-le-Chatel, 2 menhirs. A Soisy-sur-Ecole, id. 50 MENHIR D'ITTEVILLE Ce mégalithe se trouve à droite de la route allant de Janvillesur-Juine à La Ferté-Alais, entre les bornes marquées kilom. 10-7 et 10-8. Il est situé entre le coteau et la route. La plaine ne renferme aucune trace de rocher, les plus proches gisements de grès se trouvent sur la côte, à plusieurs centaines de mètres du menhir. Il est en partie couché sur le sol, et la partie visible porte une longueur d'environ 3 m. 80; sa forme et sa position isolée indiquent bien un monument élevé par la main de l'homme. Coupe A.B. Vue du Sommet 380 Menhir d'Itteville. 60 MENHIR DE MILLY Ce monolithe est connu, dans la localité, sous le nom de la pierre Droite. Il est situé à 1 kilom. environ de la ferme de Paly, dans la direction de Buno. Sa hauteur est de 4 mètres, sa largeur
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 +|**UCAL_$B769654_00000255**| - - 67 de 1 m. 65 et son épaisseur de o m. 70. La largeur et l'épaisseur diminuent quelque peu à partir de 2 m. 50 de hauteur. Il est en grès, pierre très abondante dans la région, et sa surface est couverte de lichens. 70 MENHIR DE PIERREFITTE Pierrefitte est un hameau très ancien, situé à 4.500 mètres à l'ouest d'Etampes. Son nom lui vient d'un monolithe placé sur le bord de la rivière la Louette. C'est un bloc de grès ayant hors terre une hauteur de 4 m. 20. Sa largeur en bas est de 2 m. 70, son épaisseur de o m. 80. La pierre est dressée dans un champ de très bonne terre. Le grand axe de la base du menhir est orienté de l'O. à l'E. Sa surface est criblée de trous, dont deux traversent complètement la pierre. Ce monument, le plus important de tous ses similaires du département, a un aspect à la fois étrange et sauvage. Menhir de Pierrefitte. Il n'a pas été fait de fouilles récentes au pied. Au commencemént du siècle, un énorme murger l'enveloppait complètement,
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 +|**UCAL_$B769654_00000256**| - 68 Auprès du hameau, on a découvert une caverne, et les alentours ont fourni de nombreux échantillons de silex taillés, généralement type du Moustier. III. PIERRES BRANLANTES ET TOURNANTES On rencontre quelquefois un énorme bloc de pierre reposant par un ou deux points sur un rocher: quand le bloc supérieur s'appuie sur l'inférieur par un seul point situé sur la ligne de son centre de gravité, un effort plus ou moins considérable suffit pour le faire osciller: c'est la pierre branlante ou la pierre qui sonne. Quand le rocher supérieur repose par deux points sur son support et qu'il s'attache une légende locale à ce monument, la pierre est dite tournante. On attribue généralement à ces pierres un caractère religieux ou symbolique. Dans les arrondissements qui nous intéressent, plusieurs champtiers du cadastre portent des noms de pierre de cette nature. LA ROCHE QUI TOURNE Ce monument est situé sur la commune de Lardy, à environ 5 m. de la clôture du chemin de fer d'Orléans, côté de la voie montante, approximativement au tiers de la distance de la station. de Lardy à celle de Chamarande. Il figure au cadastre de 1818 et une partie de la section E porte le nom de Champtier de la roche qui tourne. Ce mégalithe se compose d'une pierre de forme irrégulière, à arêtes arrondies, dont le grand axe (orienté sur la ligne O. N. O.), à 4 m. 40, le petit au milieu 2 m. 20. Son volume est d'environ 14 mètres cubes, son poids approximatif 36.000 kilog. Il repose par deux points sur un énorme rocher de même sorte. La nature de la roche est le grès ordinaire de ces régions, identique au grès de Fontainebleau. Au dire de M. Thomassi, on pourrait à l'aide d'un levier, faire subir à la pierre un mouvement de bascule. Peut-être autrefois a-t-elle été plus facile à mettre en mouvement, mais aujourd'hui rien ne permet de la ranger avec certitude dans la catégorie des pierres branlantes; ce n'est plus qu'une pierre à légende.
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 +|**UCAL_$B769654_00000257**| -69- - La Roche qui tourne présente, en dessus et latéralement, des cavités irrégulières qui paraissent dues à l'action du temps, des pluies et des gelées.
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 +Ade Mortiffer La Roche-qui-tourne, à Lardy (Seine-et-Oise). Vue prise du N.-E. Échelle: I m. 70 c. Les anciens du pays se rappellent avoir entendu raconter par leurs ancêtres que « tous les jours à midi précis, arrive un pigeon blanc qui fait tourner la roche ». Suivant une autre version, ce serait non à midi mais à minuit, que la pierre effectuerait son tour sur elle-même et seulement à la nuit de Noël. Ce qu'il y a de certain, c'est que dans toute la région on tenait beaucoup à cette pierre. Nous savons par M. Peccadeau de l'Isle que, lors de la construction du chemin de fer de Paris à Orléans, les habitants du pays s'opposèrent énergiquement à sa destruction. Afin de l'épargner, les ingénieurs de la compagnie modifièrent un peu le tracé. Par suite de l'exploitation d'une carrière de pavés, au pied du monument et des remblais faits par le chemin de fer, les fouilles, autour de la Roche qui tourne, sont devenues impossibles. On a signalé autrefois, tout auprès, l'entrée d'une caverne très importante, mais dans l'état actuel du terrain les recherches ne permettent pas d'en retrouver l'emplacement,
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 +|**UCAL_$B769654_00000258**| - - 70 - IV. - PIERRES STRIÉES POLISSOIRS - La pierre striée, légendaire à Villeconin, se trouve à gauche de la route allant de St-Sulpice à Villeconin, à environ 200 mètres du chemin, à la lisière du bois. C'est un bloc de grès qui paraît avoir été travaillé ; sa surface antérieure verticale est à peu près plane et est couverte d'entailles ayant la forme de V. Toutes sont plus ou moins parallèles ou perpendiculaires entre elles. Dans un coin fort pittoresque du Bois de la Bouillie (appartenant à M. Dufaure, territoire de Janville-sur-Juine) au milieu d'un amas de blocs de grès, se trouve une roche curieuse : une roche C présente une table A B légèrement inclinée, une roche R la couvre complètement, laissant en dessous un vide ayant en moyenne om 80 de hauteur. La table A B a environ 2 mètres de longueur sur 1 60 de largeur. C'est par centaines qu'on peut compter les rainures en forme de V. Ces stries ont une longueur variant de om 10 à un mètre, leur profondeur varie de 3m/m à 25"/m. R R Polissoir du bois de la Bouillie. Cette roche, grâce à sa position abritée des rayons solaires, à son grain mi-fin et son peu de dureté, présente encore aujourd'hui un mordant remarquable; toutes conditions qu'on recherche pour les pierres à aiguiser. Les deux pieds droits de la cavité et la voûte sont aussi couverts d'entailles.
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 +|**UCAL_$B769654_00000259**| 71 - M. A. de Mortillet, auquel j'ai fait examiner cette roche, prétend que ces stries n'ont que des rapports assez éloignés avec les rainures des véritables polissoirs de la période néolithique. Il objecte la difficulté de travailler dans cette cavité. L'idée que les outils d'acier des carriers auraient pu produire ces traces doit être également écartée. 1/gran de la grandeur M Entailles et Stries. * Si la table n'a pas servi à fabriquer les haches polies, n'a-t-elle pas pu servir à redonner seulement du coupant aux haches ébréchées par l'usage? Faut-il attribuer ces très nombreuses entailles, rappelant un peu les dessins incohérents des vieux grimoires cabalistiques, au désœuvrement des bergers ou des bûcherons? Cette hypothèse n'est pas un instant admissible. Ce qu'il y a de remarquable, c'est que ces mêmes entailles, avec leur disposition particulière, nous les retrouvons sur les monuments mégalithiques; sur la Pierre levée de Janville-sur-Juine et sur le pseudo-dolmen d'Étréchy. Il y a donc là certainement un point mystérieux que l'état actuel de nos connaissances ne permet pas d'élucider. V. GROTTES & CAVERnes - Les grottes naturelles se subdivisent en Cavernes, succession de chambres communiquant entre elles par des couloirs, le tout
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 +|**UCAL_$B769654_00000260**| 72- - obscur et généralement d'un accès difficile, et en Grottes, salles s'ouvrant à l'extérieur, plus ou moins bien éclairées; enfin en abris sous roche, espaces recouverts par une roche naturelle dans lesquels on est à l'abri des intempéries atmosphériques. Ces habitations primitives ne sont pas rares dans les localités qui nous occupent. Les cavernes connues, ayant été explorées depuis les temps les plus reculés par suite de cette idée populaire qu'elles abritent des trésors cachés, ne renferment plus de pièces remarquables: on n'y trouve plus en général que des débris de poterie. On a découvert de nouvelles cavernes à Villeneuve-St-Georges, à Essonnes (1), caverne à ossements humains et silex taillés, explorée par M. Campagne, conducteur des ponts et chaussées. En janvier 1870 une caverne fut découverte au lieu dit le Bassin de la Fontaine Saint-Léger, territoire de Buno-Bonnevaux; on y trouva 40 squelettes, des haches, des pointes en silex, des hachettes de bronze et diverses poteries primitives. Tous ces objets furent partagés entre M. Limnander, propriétaire à Moignanville et M. Campagne, de Corbeil. GROTTE DE PIERREPITTE En 1884, en exploitant des blocs de grès au dessous de la route d'Étampes à Pierrefitte les ouvriers, mirent à découvert une grotte naturelle assez spacieuse. D'après les on-dit elle pouvait avoir de 6 à 8 mètres de longueur, 4 à 5 mètres de largeur sur une hauteur variant de 1 à 2 mètres. Elle était en partie comblée par les limons des plateaux, les parois complètement noircies par la fumée; les nombreux signes indéchiffrables tracés sur les côtés témoignent d'une manière évidente du séjour prolongé de l'homme. De nombreux coprolithes, quelques haches polies, de nombreux éclats de silex, des nucleus y furent trouvés. Les ossements des mammifères fossiles et actuels étaient en abondance, dans un pêle-mêle qui fait supposer leur introduction par les eaux. La caverne paraît, d'après son contenu, avoir été habitée à des époques très différentes. Parmi les ossements rares, nous croyons y avoir trouvé la tête d'un singe de petite taille. Les fouilles, du reste, ont été faites avec très peu de soin, les ouvriers carriers travaillant en même temps et s'empressant d'aller vendre les objets trouvés. (1) Au lieu dit: les bas Vignons.
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 +|**UCAL_$B769654_00000261**| !
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 +|**UCAL_$B769654_00000262**| Plan Terre Végétale 0, 30Sable Sépulture de l'âge du bronze. Coupe
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 +|**UCAL_$B769654_00000263**| - - 73 - Tout a été à peu près dispersé, sauf quelques pièces recueillies par M. Thomassi, avec lequel j'ai exploré cette grotte. CIMETIÈRE DE L'age du BRONZE Sablières situées dans la vallée allant d'Auvers-St-Georges à Villeneuve. En 1877, les ouvriers, en enlevant la terre végétale de la surface pour exploiter le sable qui se trouve dans toute la vallée, découvrirent un véritable cimetière de l'âge du bronze, dans un terrain appartenant à M. Boucicault, alors propriétaire du château de Chamarande. Dans toute cette localité existent des carrières de sable calcaire à grain assez gros, renfermant en grande abondance des coquilles marines, surtout le Cardium et le Pectunculus. Ce cimetière contenait les squelettes, bien conservés, d'un vieillard, de trois adultes et d'un enfant : tous couchés parallèlement et orientés de la même manière de l'O. à l'E. Chaque squelette était placé dans un entourage fait en pierres debout assez bien assorties comme grosseur et hauteur, le tout formant un encadrement ayant environ 1, 90 de long sur 60 à 70 centimètres de largeur et 30 centimètres de profondeur jusqu'à la 'couche de cailloux ronds, de grosseur à peu près uniforme, sur laquelle reposait le squelette. Ces pierres ont dû être apportées d'assez loin et présentaient des indices de taille grossière. La couche de terre végétale qui couvrait le tout n'avait que 35 centimètres d'épaisseur. Prévenu de suite de la découverte, j'ai pu examiner avec soin les tombes avant qu'aucun objet ait été déplacé. Les squelettes du vieillard et des adultes présentaient la taille actuelle, les os de la voûte crânienne avaient une grande épaisseur (1). Les dents, même chez le vieillard, étaient au grand complet et remarquables par leur état de conservation. Presque tous les squelettes portaient aux poignets et aux chevilles des torques ou anneaux de bronze généralement non ouverts; deux en avaient au cou. (1) Un fragment se trouve dans la collection du Musée.
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 +|**UCAL_$B769654_00000264**| 74 - Il a été trouvé une amulette en pierre blanche représentant à peu près un poisson. Les yeux étaient en creux et remplis d'une matière rouge, probablement de la sanguine; il existait un trou de suspension. Il y avait aussi une espèce de boucle, en métal blanc, de forme rectangulaire à angles arrondis. Le métal très fragile n'a pu résister au coup de pioche (1). La levée des squelettes et l'examen des sépultures ont été faits avec très peu de soin. Tous les objets ont été mis dans une caisse, laquelle a été expédiée à Paris à un musée, dont ce n'était pas probablement le ressort, et elle est sans doute encore aujourd'hui oubliée dans quelque coin. Je ne puis mieux terminer cette conférence qu'en remerciant l'assistance de la bienveillante attention qu'elle a bien voulu me prêter et en offrant à M. Darblay l'expression de notre profonde gratitude pour le magnifique local qu'il a mis à notre disposition. Lardy, 10 juin 1898. Er. DELESSARD. (1) Le Musée en possède un fragment
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 +|**UCAL_$B769654_00000265**| LA REINE ISBURGE ET LA COMMANDERIE DE SAINT-JEAN-EN-L'ISLE Une des figures les plus intéressantes de l'histoire de France est certainement celle de la malheureuse épouse de Philippe-Auguste, dont les historiens ont dénaturé le nom de vingt façons barbares et que je désignerai sous celui d'Isburge qui était inscrit sur son tombeau (1). Cette pieuse reine nous intéresse directement, comme dame de Corbeil d'abord, puisque cette ville et son château faisaient partie de son doua re, et comme fondatrice du prieuré de Saint-Jean-enl'Isle de Corbeil, où elle se retira en 1223, après la mort du roi, où elle mourut et où elle fut inhumée en 1236, après y avoir séjourné treize années. Isburge était la fille de Valdemar, roi de Danemarck et petitefille de Canut le grand, roi du même pays et martyr. PhilippeAuguste étant veuf depuis deux ans d'Isabelle de Hainault, Estienne, évêque de Noyon, fut chargé de demander Isburge, pour son souverain, à Canut IV, roi de Danemarck et frère de cette princesse. Le mariage fut célébré à Amiens, le 14 août 1193, dans l'église Saint-Nicolas, qui n'existe plus aujourd'hui. Le lendemain, la nouvelle reine fut couronnée dans la primitive. cathédrale de cette même ville, au milieu de l'allégresse et des réjouissances générales, et, en témoignage de reconnaissance, Isburge fit don à cette même église d'un riche calice avec sa patère. On n'a jamais su et l'on ne saura probablement jamais pourquoi cette infortunée princesse déplut à son époux dès les premiers (1) Hic Jacet Isburgis Regum generosa propago... Le véritable nom de cette princesse, son nom Danois, était Ingeborg. Cf. Philippe II August von Frankreich und Ingeborg, von Dr Robert Davidsohn Stuttgart, 1888, in-8°. - 7
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 +|**UCAL_$B769654_00000266**| - -- 76 - jours de leur mariage. Les uns attribuent ce dégoût à un vice de conformation; d'autres, les crédules de ce temps-là, en accusèrent le diable et dirent que les sorciers s'en mêlaient. Tous les écrivains du temps attestent cependant qu'Isburge était aussi belle que vertueuse. L'un d'eux, Etienne de Tournay, dans une de ses lettres à Guillaume de Champagne, dit qu'elle était plus prudente que Sarah, plus sage que Rébecca, plus aimable que Rachel, plus dévote qu'Anne et plus chaste que Suzanne. De la Barre, qu'il faut toujours citer quand on parle de Corbeil, dit d'elle: « Elle était de belle taille et de majesté royalle, mais sa façon altière et ses mœurs trop sévères desplurent au roy, qui s'en trouva incontinent desgousté >> (1). Quoi qu'il en soit, la pauvre Isburge fut répudiée, non pas le lendemain de son mariage, comme beaucoup l'ont prétendu, mais vingt-huit jours après. Elle fut alors reléguée dans le monastère de Cesoris, près de Lille; là elle souffrit avec résignation l'injuste abandon auquel elle était condamnée, et se fit chérir par sa bonté et sa bienfaisance. Elle fuyait les jeux bruyants et ne s'occupait qu'à travailler, à lire et à prier. Philippe-Auguste voulut faire annuler son mariage et, dans ce but, il invoqua une prétendue parenté avec Isburge. De la Barre se livre, à ce sujet, à une dissertation qu'il serait trop long de rapporter, et il prouve, par une généalogie des plus compliquées, que cette parenté était illusoire (2). Le roi n'en obtint pas moins le divorce par le jugement de ses Barons et de quelques évêques complaisants et, en juin 1196, il épousa la belle Agnès de Méranie. Isburge réclama alors ses droits d'épouse et de Reine, elle se plaignit à son frère, le roi de Danemarck qui sut intéresser le pape Célestin III à sa querelle. Mais la pauvre reine eut alors à subir des persécutions de toute nature, elle fut emprisonnée et privée des choses les plus nécessaires à la vie. Sur ces entrefaites Célestin III mourut et son successeur, Innocent III, prit en main la défense de la pauvre opprimée. Il annula le nouveau mariage du roi, puis envoya en France le Cardinal Pierre de Capoüe, avec mission expresse d'excommunier le roi et (1) Antiquitez de Corbeil, p. 145. (2) Ibid. pp. 145 et suiv.
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 +|**UCAL_$B769654_00000267**| 77jeter l'interdit sur son royaume, s'il ne quittait sa nouvelle femme, pour vivre avec Isburge, son épouse légitime. Le Cardinal arrivé en France, convoqua les Prélats du royaume à un concile qui se tint dans la ville de Dijon et dans lequel il fut décidé que Philippe serait de nouveau admonesté et invité à rentrer dans le devoir, et que, s'il s'y refusait, l'excommunication et l'interdiction seraient publiées et fulminées. Cet arrêt fut rendu le jour de St Nicolas 1199. Philippe ne voulut pas céder et le légat du pape lança contre lui, de Besançon où il s'était retiré pour éviter les effets de son ressentiment, l'excommunication majeure et l'interdiction sur tous les pays de son obéissance. L'interdit dura sept mois, onze selon de la Barre; le service divin fut entièrement suspendu dans tout le royaume, à l'exception du baptême des enfants et de la pénitence pour les mourants. Les corps demeurèrent sans sépulture; enfin les choses furent portées à toutes les extrémités que l'ignorance et les préjugés du temps. pouvaient autoriser. L'excommunication était en effet une chose terrible à cette époque: l'excommunié ne pouvait ni boire, ni manger avec les autres chrétiens, on passait par le feu tout ce qu'il avait touché; les églises étaient voilées de deuil, les chants avaient cessé et les cloches restaient immobiles. Si l'excommunié était un prince, ses sujets étaient déliés du serment de fidélité; par tout le pays les cérémonies du culte étaient suspendues; et quand l'interdiction était lancée contre un royaume, cet état de choses était rendu plus terrible encore. Mais il n'était pas prudent d'offenser Philippe, et il se vengea sur les ecclésiastiques qu'il considérait comme complices de l'outrage qu'il venait de recevoir: il chassa les évêques de leurs sièges, les chanoines de leurs églises, les curés de leurs paroisses; il confisqua leurs biens et s'empara de tout ce qu'ils possédaient. En même temps il resserra la captivité d'Isburge qu'il avait fait enfermer au château d'Étampes. Cette conduite ne fit qu'irriter tous les ordres de l'État; il y avait des partis formés contre Philippe, le clergé soulevait le peuple qui ne pouvait supporter l'absence des cérémonies du culte. La France était en effet plongée dans un deuil général dont les historiens du temps ne peuvent parler sans une sorte de frémissement.
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 +|**UCAL_$B769654_00000268**| 78 - Philippe, après avoir résisté longtemps, dut enfin céder; il se rendit aux conseils de quelques-uns de ses barons et intercéda auprès du pape. Celui-ci envoya deux cardinaux qui obtinrent le renvoi d'Agnès de Méranie et la liberté d'Isburge, puis ils levèrent alors, à la joie générale, l'interdit qui avait pesé si longtemps sur le royaume. Alors les cloches retentirent de nouveau, on enleva les voiles qui couvraient les images des saints, et les portes s'ouvrirent à la foule, qui se précipita dans les églises. Le Pape avait posé comme condition que le roi ferait vider la cause de son divorce par deux légats du Saint-Siège et les Prélats du royaume, en présence des parents de la reine, dûment intimés pour défendre sa cause. Isburge choisit Soissons pour le lieu de l'assemblée et Canut envoya d'habiles gens pour assister aux débats. Le roi espérait encore peser sur l'assemblée, il pensait même avoir gagné à sa cause le légat Octavien et, par son moyen, triompher de toute opposition; mais ses calculs ne se réalisèrent pas. Dès qu'Octavien parut au Concile, il fut récusé par les envoyés du Danemarck. De la Barre raconte ainsi ce grand procès: << Les cardinaux firent assembler les Prélats de France en la ville de Soissons, « le jour de la Chandeleur, l'an de nostre salut mil deux cens et un. Le Roy et << la Reine comparurent en cette assemblée. Le Roy y vint assisté de fameux << advocats et grands orateurs, disposez à deffendre industrieusement sa cause, << en laquelle ils desployèrent toute leur éloquence et furent escoutez favorable- « ment sans estre interrompus de personne. D'autre costé il ne se présentoit << point d'advocat pour défendre la cause de cette reine désolée. Les Cardinaux «<et Prélats séans en cette assemblée attendoient avec estonnement l'issue de <«< cette procédure. Le dernier jour que la cause fut appellée, il sortit du milieu de « la foule du peuple un jeune homme de belle représentation, inconnu à tous ; il << se présenta modestement, et avec humilité demanda congé aux juges et au << Roy de parler et de plaider la cause de la Reine. Ce qui luy ayant esté accordé, << il commença à déduire si disertement les raisons de la Reine, représenta si <«< clairement sa généalogie, donna à connoistre son bon droit, et exposa si bien «< ses mérites, qu'il fut admiré de tous les auditeurs; il amolit le cœur du Roy « et le disposa à reconnoistre Isburge pour sa femme légitime. La bonne grâce et <«< la majesté de la Reine présente acheva le reste. Quand les parties furent << sorties de la salle, pour donner lieu aux juges de consulter entr'eux du juge- <«<ment qu'ils avoient à rendre, et que le Roy fut monté à cheval, il demanda à <<< Isburge si elle vouloit bien monter en croupe sur son cheval: elle accepta avec
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 +|**UCAL_$B769654_00000269**| -- 79 « grâce son offre, et au mesme instant elle fut eslevée et reçeue sur le courcier, «<et emmenée par le Roy en son hostel, où la réconciliation entière se para- «< cheva; de quoy tous les Prélats demeurèrent fort contens de se voir délivrez de << la peine de prononcer un jugement rigoureux contre un Roy si attaché à ses << affections >> (1). Philippe eut pour Isburge un peu plus d'égards, mais son antipathie était si forte qu'il refusa de la traiter en reine et la tint dix ans encore éloignée de lui, dans un état peu digne de son rang. Il ne céda tout à fait qu'en 1213, lorsqu'il eut perdu Agnès de Méranie et qu'Innocent III eut consenti à légitimer les deux enfants qu'il avait eus de cette princesse. Il reprit alors définitivement, vingt ans après la célébration de son mariage, celle que l'Eglise déclarait sa légitime épouse. La reine, après tant de malheurs immérités, reprit enfin possession de tous ses droits et elle vécut avec son royal époux jusqu'à la mort de celui-ci, arrivée en 1223. Ce fut alors qu'Isburge se retira dans les belles prairies arrosées par l'Essonne, où elle fonda un prieuré de l'ordre des hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem, sous le nom de Saint-Jean-en-l'Isle. Elle dota cet établissement religieux d'abondants revenus, dont une partie était prélevée sur le minage de Corbeil. Tous ces actes furent confirmés par Louis VIII, la première année de son règne, c'est-à-dire en 1224, et acceptés par Guérin de Montaigu, grand-Maître de l'ordre, dit alors de Rhodes et plus tard de Malte. La reine Isburge aurait dû fonder un couvent de femmes, dirat-on, plutôt qu'un prieuré de l'ordre militaire de Saint-Jean de Jérusalem, mais elle agit ainsi à l'instigation du célèbre Guérin, évêque de Senlis, grand dignitaire de cet ordre, celui-là même qui, à la bataille de Bouvines, assommait les ennemis avec une massue, pour ne pas désobéir aux préceptes de l'Eglise en répandant le sang. Certains auteurs font remonter la fondation du prieuré de St-Jean à l'année 1203, époque à laquelle cessa la captivité de la Reine; d'autres mettent en avant la date de 1223 qui coïncide avec le commencement de son veuvage; la première de ces dates paraît la plus vraisemblable, si l'on songe que l'église et les nombreux bâtiments du Prieuré étaient terminés depuis un certain temps déjà en 1236, à la mort de la reine Isburge, et que les quelques années (1) Antiquitez de Corbeil, pp. 150-151.
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 +|**UCAL_$B769654_00000270**| 80 écoulées depuis 1223 eussent été bien insuffisantes, surtout à cette époque, pour édifier l'église et les nombreux et importants bâtiments qui l'entouraient (1). Corbeil a fait partie du douaire de plusieurs reines de France; Isburge le possédait à ce titre et y résidait souvent, c'est ce qui explique le choix qu'elle fit de cette ville pour y établir son Prieuré. Elle lui donna le nom de St-Jean-en-l'Isle à cause du saint patron de l'ordre qu'elle y amenait, et parce que le lieu choisi par elle était une île formée par la rivière l'Essonne. Elle voulut aussi, par cette dénomination, distinguer sa fondation nouvelle du Prieuré, plus ancien, de Saint-Jean de l'Hermitage, situé non loin de là, dans l'enceinte de Corbeil, près des murailles de la ville. Quoi qu'il en soit de la date exacte de la fondation du Prieuré, il est certain que c'est à partir de 1223 que la reine y établit définitivement sa résidence. Elle vécut là treize ans, dans le calme et la prière, et quand elle mourut, au mois de juillet 1236, âgée d'environ 60 ans, elle fut inhumée dans le choeur de cette église qu'elle avait peut-être édifiée et où elle avait tant prié. Les religieux lui élevèrent un tombeau magnifique, recouvert d'une plaque de cuivre, sur laquelle la reine était représentée en pied, vêtue d'une large cotte-hardie, retenue par une ceinture, et d'un ample manteau doublé de vair; elle portait un sceptre sans fleur de lys et une couronne à simples fleurons de laquelle s'échappaient de longs cheveux flottant sur les épaules (2). Ce tombeau resta là, dans le choeur de l'église, pendant cinq siècles entiers, de 1236 à 1736, époque à laquelle les religieux (1) Aux diverses opinions émises au sujet de la date de la fondation du Prieuré de St-Jean, nous demandons la permission d'ajouter la nôtre: Nous sommes assuré qu'Isburge a été la bienfaitrice de St-Jean-en-l'Isle, peut-être même a-t-elle fait reconstruire l'église et d'autres bâtiments encore, mais elle n'a pas pu être la fondatrice d'un monastère qui existait déjà huit ans avant sa venue en France. Nous avons la preuve de ce fait par une charte originale de Maurice de Sully, évêque de Paris, qui porte la date de 1185 et se termine ainsi: Actum apud Corbolium in domo fratrum hospitalis ipso die dedicationis capelle eorum, anno incarnati verbi M° C LXXXV Episcopatus nostri XXV (Arch. Nat. S. 5144^, N° 7). Deux autres chartes des Archives nationales, datées de 1187 et 1188, accordent des biens aux frères hospitaliers in insula juxta Corboïlum. Or le mariage d'Isburge avec Philippe-Auguste eut lieu le 14 août 1193. Nous laissons au lecteur le soin de conclure. (2) C'est d'après Millin (Antiquités nationales) que nous reproduisons ces détails ainsi que la gravure qui les accompagne.
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 +|**UCAL_$B769654_00000271**|
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 +LA REINE ISBURGE Statue en cuivre qui ornait son tombeau
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 +|**UCAL_$B769654_00000272**|
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 +|**UCAL_$B769654_00000273**| 81 - ayant besoin de réparer leur église et d'en refaire l'autel, le transportèrent dans le côté droit du transept qui regarde le sud, où se trouvait déjà l'autel de la Vierge, puis afin de perpétuer le souvenir de ce déplacement du monument royal et indiquer la place qu'il avait précédemment occupée, ils firent placer dans le chœur une plaque de marbre noir sur laquelle était gravée l'inscription latine dont voici la traduction (1): << Ici repose la Reine Isburge, fille du roi des Danois, épouse de << Philippe-Auguste, roi des Français, pieuse et généreuse fonda- <<trice de ce Prieuré de Saint-Jean-en-l'Isle, de l'ordre de Saint- « Jean de Jérusalem. Elle mourut en l'an 1236 au mois de juillet. << Le Prieur et les Religieux firent placer cette pierre en témoi- << gnage de leur reconnaissance lorsqu'ils reconstruisirent, en 1736, <<< leur autel détruit par le temps >>. Au-dessus de cette inscription sont gravés au trait deux anges supportant deux écussons accolés, surmontés d'une couronne royale: celui de gauche est de France, aux fleurs de lys sans nombre; celui de droite est de Danemarck, à fond d'or aux trois lions léopardés d'azur, cantonnés de six cœurs de gueules. On remarquera que cette inscription dit: hic jacet, ici repose, ce qui indique bien que les religieux de 1736 déplaçaient seulement le monument et que la sépulture de la Reine restait dans le chœur à la place qu'elle avait toujours occupée. Selon Pinard (2), qui a connu St-Jean au commencement de notre siècle, cette plaque de marbre (3) avait été placée dans le dallage de l'église, à la place même qu'avait occupée le monument de la Reine, et nous tenons de M. Feray, qui a possédé St-Jean depuis 1835, qu'il avait retrouvé ce marbre, au milieu d'autres débris, dans la cuisine du bâtiment. voisin dit l'intendance, et que c'était lui qui l'avait fait transporter et sceller dans le mur de droite du choeur, où on le voit encore aujourd'hui. (1) Voici le texte exact de cette inscription: Hic jacet Regina Isburgis, Dacorum Regis filia, uxor Philippi-Augusti Francorum Regis, hujus Prioratus Sancti Joannis in insula, ordinis Sancti Joannis Hierosolimitani, fundatrix pia et munifica; obiit anno 1236, mense Julio. Marmoreum hoc saxum in gratitudinis monumentum poni curaverunt Prior et Religiosi, cum altare vetustate dirutum novum construxerunt, anno 1736. (2) Revue archéologique, 1852: Ancienne Commanderie de Malte, de Corbeil, p. Th. Pinard. (3) Dimensions: hauteur: 1 m. 15 c., largeur: om. 67 c.
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 +|**UCAL_$B769654_00000274**| 82 Les profanateurs de la révolution n'épargnèrent pas le tombeau royal; il fut violé, puis détruit pour tirer profit du métal. Il en reste un peu plus que le souvenir grâce aux détails et à la gravure que nous en a laissés Millin dans le troisième volume de son excellent ouvrage sur les antiquités nationales (1). En 1803, l'administration des poudres et salpêtres à qui était échue la propriété de St-Jean, eut besoin de faire quelques travaux dans l'église, qui amenèrent la découverte, au milieu du chœur, exactement à la place de la sépulture de la reine, d'un petit caveau en forme de cercueil; on y trouva un fémur et une couronne en cuivre doré, fermée par le haut, à simples dents de loup. Avec cette couronne, parfaitement conservée, on recueillit plusieurs vases en terre rouge, intacts et encore remplis de charbons. Il y a tout lieu de croire que cette sépulture, qui était celle de la royale fondatrice du prieuré de St-Jean, avait échappé aux recherches des profanateurs de 1794. Ces objets ont été longtemps conservés dans le cabinet de l'un des administrateurs des poudres et salpêtres; on ne sait plus ce qu'ils sont devenus. En 1793, le gouvernement ayant expulsé les religieux, adjoignit l'île St-Jean à sa fabrique de poudre qui était toute voisine; un pont jeté sur la rivière les réunit; l'église des Chevaliers fut alors transformée en carboniserie, c'est-à-dire qu'on y réduisait en charbon le bois destiné à la fabrication de la poudre. Ce triste état de choses dura jusqu'à la grande explosion de la poudrerie, survenue le 17 octobre 1820 (la quatorzième depuis 1736), qui détermina le gouvernement à écouter les plaintes des habitants de Corbeil et d'Essonnes et à transférer cet établissement dangereux dans le beau domaine du Bouchet (2), ancienne résidence du grand marin du Quesne qui y est mort et y a été inhumé, sans qu'on puisse retrouver aujourd'hui l'emplacement exact de sa sépulture. A la suite du transfèrement de la poudrerie, les terrains de celle-ci ainsi que l'île St-Jean furent aliénés par l'Etat; plusieurs propriétaires les possédèrent jusqu'en 1834, époque où M. Ernest (1) Pinard, op. cit., dit en parlant du tombeau de la Reine: Son mausolée a vait été porté au musée des petits Augustins, nous ignorons où il se trouve actuellement ». Malgré nos recherches, nous n'avons trouvé aucune trace de cette affirmation; le tombeau d'Isburge ne figure pas dans les archives du Musée des Monuments français de Lenoir. (2) Commune de Vert-le-Petit, arrondissement et à 12 kilom. de Corbeil.
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 +|**UCAL_$B769654_00000275**| - -- - 83 Feray acquit tout le domaine de St-Jean, au nom de son père, M. Louis Feray, gendre d'Oberkampf, pour le prix de 114.000 fr. La pauvre église St-Jean était alors dans un état lamentable: en outre des outrages et des mutilations que lui avaient fait subir les profanateurs de la révolution, son toit avait disparu; le comble aigu qui la surmontait avait été détruit en 1814 par les troupes prussiennes qui s'étaient emparées de la poudrerie d'Essonnes à laquelle la Commanderie était annexée. M. Feray refit la couverture, puis il entreprit de débarrasser le monument des nombreuses ruines qui l'entouraient, notamment des restes de la grande salle capitulaire qui était plus ancienne encore que l'Eglise. Cette vaste salle de 112 pieds de long sur 42 de large (1) était ornée de colonnes surmontées de beaux chapiteaux romans, dont quelquesuns sont aujourd'hui dans la chapelle St-Jean, transformée en Musée par la Société historique de Corbeil-Etampes. Les ruines étaient si nombreuses autour de l'église, que M. Feray y employa 40 terrassiers pendant trois mois pour débarrasser le sol et le niveler comme il est aujourd'hui (2). L'on sait que la chapelle ou église Saint-Jean était entièrement remplie de pierres tombales; la place ayant fait défaut, les sépultures avaient reflué à l'extérieur. A la Révolution, toutes ces tombes furent violées pour en extraire le plomb qui produisit, dit un auteur (3), 3723 livres. Quant aux pierres tombales, elles furent jetées au hasard sur le sol environnant. Ce fut une sorte de carrière où chacun vint prendre ce qui lui convenait: on en fit des tables. de jardin, des seuils de porte, des marches d'escalier, etc. (4). Une entre autres, en marbre noir, vint échouer dans l'officine d'un pâtissier où elle servit pendant trois quarts de siècle de table pour (1) Cf. Pinard, L'ancienne Commanderie de Malte, à Corbeil: Rev. arch., 1852. (2) Au cours de ces travaux, les ouvriers trouvèrent un certain nombre de pièces romaines éparses dans le sol, ce qui indique bien que l'île St-Jean avait été habitée à une époque très reculée. Nous tenons la majeure partie de ces détails de la bouche même de M. E. Feray, nous les avons écrits sous sa dictée le 21 février 1886. Il était alors âgé de 80 ans. (3) Pinard. (4) Alexandre Lenoir, le fondateur du Musée des Monuments français, vint aussi à St-Jean; voici ce qu'il écrivait au Ministre de l'intérieur le 24 mai 1809: « En visitant ces jours derniers la manufacture des poudres et salpêtres d'Essonne, j'ai remarqué dans l'ancienne église St-Jean deux tombes anciennes en pierre de liais très bien travaillées en intaille, curieuses pour la suite de nos Monuments historiques et précieuses à conserver pour l'art. L'église St-Jean n'étant plus aujourd'hui qu'un magasiu employé au service de la poudrerie d'Essonne, ces tombes y sont
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 +|**UCAL_$B769654_00000276**| - - 84 confectionner la pâtisserie (1). Cette belle dalle de 2 m. 25 de long sur 1 m. 10 de large, avait recouvert la tombe de M. de Boisboudran, un grand dignitaire de l'ordre de St-Jean de Jérusalem (2). Un amateur éclairé a recueilli, autant qu'il l'a pu, ces curieuses épaves, il les a fait restaurer intelligemment et aujourd'hui elles ont repris leur place dans l'église St-Jean qu'elles n'auraient jamais dû quitter. La belle pierre tombale de M. de Boisboudran y occupe la place d'honneur. M. Feray, le filateur connu, après avoir fait réparer et nettoyer l'église St-Jean, en avait fait un magasin pour abriter ses balles de coton et, en souvenir des travaux de restauration entrepris par son père, M. Louis Feray, il avait fait placer au fond de la chapelle une plaque de marbre noir, que les propriétaires actuels ont eu le bon goût de respecter; on y lit l'inscription suivante: L'an 1836, cette église a été restaurée par M. Louis Feray, << fondateur de la filature et des établissements de Chantemerle, et << cette pierre placée le 27 décembre, jour de ses obsèques, par << Mme Julie Oberkampf-Feray, sa veuve ». Autrefois, l'entrée de l'église était ornée d'un porche; on voit encore les corbeaux armoriés qui le supportaient. Ce porche était surmonté d'un petit clocher contenant l'horloge, dont l'oculus de la façade montre encore l'emplacement du cadran. Un autre clocher plus important renfermait les cloches; il était au centre du transept. Des cloches qu'il contenait, deux nous sont connues: l'une appartient à la ville de Corbeil et a servi longtemps de timbre à l'horloge de l'ancienne église Saint-Guenault, détruite aujourd'hui; elle porte l'inscription suivante : « Frère Estienne Bernard me fit reffaire en l'an mil cinq cens et cinq ». L'autre cloche, qui date de 1739, a été transabsolument inutiles; sur ma demande, MM. les administrateurs de l'Arsenal ont bien voulu s'en dessaisir en faveur du Musée des Monuments français. L'une de ces tombes porte 10 pieds de long sur 5 de large et 6 pouces d'épaisseur, la seconde 8 pieds de long sur 4 de large et même épaisseur ». Lenoir termine sa lettre en demandant l'autorisation de dépenser 120 fr. pour la dépose et le transport au Musée des Monuments français de ces curieux Monuments, ce qui lui fut accordé (Archives du Musée des Monuments français, T. I, p. 388). (1) Cette particularité est citée par Guilhermy, dans le tome IV de ses Inscriptions de la France. Le pâtissier en question demeurait rue N. Dame à Corbeil; cet établissement y existe encore. (2) Guillaume IV de Meaux Boisboudran, 72° grand Prieur de France, est mort le 2 octobre 1739.
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 +|**UCAL_$B769654_00000277**| - 85 portée dans l'église de Villabé (1), avec des stalles qui proviennent également de St-Jean. Nous voulons espérer que l'une au moins de ces cloches, celle de 1505, fera quelque jour retour à St-Jean où l'on a déjà réuni tant de souvenirs de cette ancienne commanderie. Nous n'entreprendrons pas ici une description archéologique de l'église Saint-Jean, qui nous entraînerait trop loin et qui d'ailleurs a été faite par des auteurs autorisés, tels que l'abbé Lebeuf et Millin, qui ont inspiré plus tard notre compatriote Pinard. Nous dirons seulement que l'église Saint-Jean affecte la forme de la croix latine; elle a 38m 90 de longueur, tandis que le transept mesure 20m 35. La voûte de la nef est divisée en quatre travées décorées de légères croisées d'ogive dont les retombées s'appuient sur d'élégants culs-de-lampe, pour se rejoindre à des clefs de voûte, remarquables par les curieux sujets qui les décorent. L'abside surtout, avec ses sept fenêtres ogivales, est du plus agréable effet. Aujourd'hui Saint-Jean est sorti de sa période de tristesse et d'abandon suivant les destinées de toutes choses, le domaine de Chantemerle, dont il faisait partie, a changé de maîtres, et les nouveaux propriétaires ont voulu rendre au charmant édifice des Chevaliers de Malte, sinon toute sa splendeur des temps passés, au moins l'aspect gracieux que lui donnait sa belle architecture qui, depuis si longtemps, disparaissait sous les mutilations et l'aspect de misère qui l'avait envahi tout entier. Ils y ont admirablement réussi un bon carrelage a remplacé la terre battue et bossuée, toutes les blessures ont été habilement pansées et, depuis la voûte jusqu'au sol, tout a été remis en état et à neuf. C'est une restauration et une restitution tout à la fois qui font grand honneur à ceux qui les ont entreprises. Au dehors, de beaux arbres, des fleurs, des gazons forment un cadre charmant au bel édifice restauré et rajeuni; et en se promenant sous les frais et tranquilles ombrages de ce beau parc, on est naturellement porté à évoquer le souvenir de cette douce et malheureuse princesse, fille et femme de Rois, qui, après tant de traverses imméritées, vint dans cette belle île Saint Jean, chercher le calme et la tranquillité et y termina, dans le recueillement et la prière, son existence si injustement tourmentée. (1) Villabé, village à trois kilom. de Corbeil. A. DUFOUR.
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 +|**UCAL_$B769654_00000278**| LE JOURNAL D'UN BOURGEOIS DE CORBEIL (Suite) Le jeudy quinzième de juin 1741, il arriva dans Corbeil une chose des plus surprenantes et des plus affreuses que l'on ait peutestre vües de la vie; c'estoit un second Caïn qui estoit venu sur la terre, vous en allez voir l'énorme fratricide, commis à coups de couteau avec effusion de sang, en la personne de la nommée MarieFrançoise Brierre, femme d'Amable Favier, masson audit Corbeil, par Augustin Brierre son frère, pendant la célébration des messes, dans l'église de Saint-Spire de Corbeil. Et, pour en donner une explication plus intelligible, ce malheureux estant venu d'Estampes, où il travailloit depuis quelque temps du métier de taillandier, vint à Corbeil pour assister à l'enterrement de sa mère qui estoit morte le douzième du mesme mois, et comme dans les successions il y a toujours des contestations, quoy que ce n'estoit pas dans celle-là qu'il pouvoit y en avoir beaucoup, néantmoins il arriva quelques chagrins entre eux, toutes fois par la faute de Marie-Françoise Brierre, ce qui mit Augustin Brierre son frère au désespoir. Le mercredy, et le lendemain jeudy, sur les sept heures du matin, estant de son sang-froid et comme une personne abandonnée de Dieu, il entra dans l'église de Saint-Spire, où estoit sa sœur à entendre la messe d'un des chanoines nommé Monsieur Dansse (1) qui la célébroit à l'autel de Sainte-Croix, et, comme elle estoit à genoux, proche le bénitier du costé de la chapelle de Saint Martin, au dessus des marches vis-à-vis la chapelle de Sainte-Croix, la voyant dans une posture favorable pour com- (1) Ce chanoine était l'oncle du savant helléniste Dansse de Villoison, notre compatriote, qui naquit à Corbeil, sur la paroisse Saint-Martin, le 5 mars 1750 et mourut à Paris le 26 avril 1805.
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 +|**UCAL_$B769654_00000279**| - - 87 mettre l'énorme crime dont il s'estoit résolu de luy trancher la teste, il l'aprocha en tirant son couteau et, voulant luy couper le col, l'adressa au visage; il luy donna ensuite trois ou quatre coups de couteau sans pouvoir venir à bout de son dessein, attendu qu'elle se débattoit et faisoit son possible pour luy échapper en poussant des cris affreux et arrosant l'église de son sang, ce qui causa un grand effroy aux prestres qui célébroient leurs messes et un terrible tumulte aux assistants puisqu'ils s'enfuyoient et mesme les prestres quittèrent les autels; ceux qui n'avoient pas encore commencé le sacrifice (1) purent se deshabiller à la sacristie et tous furent en allarme de voir un si funeste forfait. Le sacristain Huché fut commandé par les chanoines qui estoient à la sacristie, d'aller promptement requérir maistre Duruchanoy, Baillif de la justice de Saint-Spire, les sieurs Brunet, leur procureur fiscal et Lefebvre, greffier, pour en venir dresser un procèsverbal criminel, ce qui fut fait dans l'instant mesme, après avoir vü le lieu où cette funeste action avoit esté commise et le sang qui estoit par terre, dont ils comptèrent quatre-vingt-onze gouttes de répandu et bien distinctes. Pendant que l'on dressoit le procès-verbal, Messieurs les abbé, chantres et chanoines se transportèrent au tabernacle pour en ôter les vases sacrés dans lesquels estoient renfermées les saintes hosties, et furent les porter dans la chapelle la plus prochaine, qui fut celle du Collège (2) comme estant aussy sur la paroisse de Saint- (1) L'église de Saint-Spire n'était pas une paroisse, mais une Collégiale royale; es prêtres y étaient donc nombreux, car outre l'abbé, le chantre et le sous-chantre, (ces derniers étaient aussi des prêtres), il y avait le chapitre composé de douze chanoines. (2) Le Collège avait été fondé en 1656 par Jacques Bourgoin, gouverneur de Corbeil, sa ville natale, dont le mausolée, érigé d'abord dans l'église Notre-Dame, fut transporté, lors de la démolition de cette église en 1821, dans celle de St-Spire où on le voit encore aujourd'hui, surmonté de sa statue agenouillée. Ce fut sa propre maison qu'il donna pour y établir ce collège, transformé depuis la Révolution en écoles communales. La chapelle dont il est ici question y était attenante. La ville de Corbeil conserve encore dans ses archives l'acte de cette fondation daté du 31 janvier 1656. Cet établissement généreusement donné à la ville de Corbeil, avec une rente destinée à subvenir à son entretien, était situé alors sur le quai SaintLaurent, devenu plus tard quai de l'Instruction. Il est regrettable que cette partie de notre ville ne porte pas le nom de cet illustre et généreux enfant de Corbeil; elle y avait certainement beaucoup plus de droit que l'autre quai auquel on a donné son nom et dont la construction ne remonte qu'à 1840.
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 +|**UCAL_$B769654_00000280**| 88 ― Martin (1), afin que sy il se trouvoit une nécessité d'administrer les Saints Sacrements dans la paroisse de Saint-Martin, ils fussent tout à portée. Ce fut M. l'Abbé qui porta les saintes hosties, accompagné de quatre enfants de choeur, qui tenoient chacun un flambeau allumé; le sacristain et le maître des enfants de choeur portoient le dais, et Messieurs les Chanoines estoient tous en surplis, tenant chacun un cierge à la main, aussy allumé; ils accompagnèrent donc le Saint Sacrement, sans chants et sans sonnette, comme s'ils eussent esté en fuitte et poursuivis; ils furent par le chemin le plus court pour aller à la chappelle du Collège, où ils déposèrent les saintes hosties. dans les vases sacrés. Aussitôt qu'ils furent de retour à l'église de Saint-Spire, le tabernacle fut ouvert, tous les autels dépouillés, les crucifix et les chandeliers renversés sur les autels, enfin c'estoit une désolation totalle de voir l'église dans un dérangement si terrible, qu'il estoit impossible d'y entrer sans sentir son sang frémir et les cheveux se dresser sur la teste, car il n'y avoit plus d'office ny aucun son de cloche. Il ne resta dans l'église que les châsses de saint Spire, saint Leu et saint Renobert, avec les reliques qui sont renfermées dans des armoires qui ont leurs vues dans le sanctuaire, ce qui n'a pas été approuvé par Monseigneur l'archevesque de Paris, disant qu'il faloit les descendre et les transporter ailleurs, ainsy que les vases sacrés, et laisser l'église toute grande ouverte, et quand mesme les animaux y seroient entrés et y auroient fait leur retraitte, les y laisser comme dans un lieu pollué, abandonné et sans droit au respect (2). Mais comme les châsses ne sont pas des petits morceaux à pouvoir emporter sous le bras et Messieurs les Chanoines ne voulant pas les confier à d'autres églises, la chapelle du Collège estant (1) La paroisse St-Martin comprenait la rue St-Spire et les rues adjacentes; elle n'avait pas d'église et célébrait son culte dans la Collégiale de St-Spire où une chapelle lui était réservée et dont un des Chanoines portait habituellement le titre de Curé de St-Martin. (2) Cette partie du journal de 1740 est intéressante en ce qu'elle nous donne quelques indications utiles pour l'histoire de Corbeil au siècle dernier et surtout parce qu'elle nous fait voir combien grande était l'importance que nos devanciers attachaient aux questions religieuses. La suite du récit fera juger aussi du grand crédit et de la toute-puissance dont disposaient l'abbé et les chanoines de St-Spire.
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 +|**UCAL_$B769654_00000281**| - — 89 trop petite pour pouvoir les contenir, ou du moins par manque d'attention de Messieurs les Chanoines, elles furent laissées là où elles étoient, c'est-à dire à la place qu'elles ont occupée depuis tant de siècles dans l'Église Saint-Spire. Et cependant on fit ouïr les témoins qui avoient esté présents à cet horrible crime, de plus il fut député un des chanoines, nommé M. Thiboult, pour en porter les informations à Monseigneur l'archevesque de Paris et en obtenir permission de faire la bénédiction et réconciliation de l'église Saint-Spire, ce qui fut accordé. Le dimanche, dix-huitième de juin, à huit heures du matin, on commença la cérémonie de la bénédiction et réconciliation de la dite église, et comme c'est une cérémonie que l'on ne voit pas souvent, j'ay pensé faire mon devoir en la mettant icy en l'ordre telle qu'elle a esté faite: Premièrement, M. l'abbé estoit revetu d'aube, d'etolle et manipule et en chappe de couleur rouge; il estoit accompagné des diacre et sous-diacre revêtus des mesmes ornements; on fit d'abord la bénédiction de l'eau, comme à l'ordinaire, puis on prit de l'hysope dont on entortilla l'aspersoir, et le clergé tout entier se transporta sans chanter jusqu'à la maîtresse porte de l'Eglise, qui est sous les cloches, où, estant debout, M. l'Abbé entonna l'antienne Asperges, qui fut continuée par le choeur et les assistants, ensuite on entonna le pseaume Miserere Deus qui fut continué jusqu'à la fin avec Gloria patri, et, pendant ledit pseaume, on fut processionnellement autour de l'église, par le dehors, en chantant ledit pseaume sur un septième ton; et M. l'abbé aspergeoit les murs de l'église dans tous les coins et recoins, mesme dans le cimetière (1), dont à cet effet on avoit ouvert la porte qui donne du costé de la chapelle Saint-Gilles (2), pour passer au travers. Lorsque l'on fut à la porte de l'église, du costé de Saint-Martin, M. l'abbé y entra pour aller jeter de l'eau bénite sur le sang qui avoit esté répandu, puis après continua son chemin par le dehors jusqu'à la grande (1) Il y avait, en effet, un cimetière au devant de l'église St-Spire, entre celle-ci et la rivière ; c'est aujourd'hui une petite place autrefois plantée d'arbres, où, lors d'un nivellement fait, il y a déjà quelques années, on retrouva une assez grande quantité d'ossements. (2) La chapelle St-Gilles était un petit édifice situé au sud de St-Spire et tout à fait séparé de cette église. On croit qu'elle avait servi autrefois de baptistère. Elle a été détruite à la fin du siècle dernier. Seul, un lavoir voisin en a conservé le nom,
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 +|**UCAL_$B769654_00000282**| - -- 90 porte, où estant arrivé, on répéta l'antienne Asperges me et une oraison qui est marquée dans le rituel; ensuite M. l'abbé entonna les litanies des saints, qui furent continuées par le clergé en allant jusqu'au maistre autel; puis on fut en procession autour de l'église, par dedans, où M. l'abbé aspergea les murs et piliers dans tous les coins et recoins, mesme des chapelles et de la Sacristie, et quand il vint à l'endroit où le crime avoit esté commis, il jetta de l'eau bénite abondamment sur le sang répandu, et ayant continué la procession jusqu'au maistre-autel, il dit une oraison, et on sortit de l'église pour aller chercher processionnellement le SaintCiboire qui estoit dans la chapelle du collège. A cet effet, M. le Prévost avoit rendu une ordonnance qui enjoignoit aux habitans de tendre le devant de leurs maisons, dans les rues par où le saint Sacrement devoit passer, ce qui fut exécuté. On avoit dressé le grand dais de la Feste-Dieu, pour porter dans les rues. La procession sortit donc du Collège en chantant Pange lingua; toute la justice de la Prevosté marchoit sur une colonne et celle du Bailliage de Saint-Spire sur l'autre, avec les eschevins et un grand nombre des meilleurs habitans qui suivoient, tous en rang. Et pour lors il y avoit à Corbeil le bataillon de milice de Corbeil qui y estoit en garnison, et en cette occasion, Messieurs les officiers marquèrent leur dévotion et leur zèle: ils commandèrent un détachement de cent hommes qui, la bayonnette au bout du fusil, accompagnèrent le saint Sacrement, ce qui fit un effet charmant. Pendant cette procession, on commença à sonner les cloches et mesme d'une manière tout extraordinaire, attendu que c'estoit en effet une cérémonie qui n'arive pas souvent. Et pour accomplir la solemnité de cette feste, le nommé Estienne Hassel, marchand patissier de Corbeil, fit rendre un pain bénit par son fils, Estienne François Hassel, pour lors âgé de quatre ans et huit mois; il estoit habillé en ange, ce qui marquoit bien l'innocence de cette réconciliation. Le saint Sacrement fut exposé durant toute la journée et sur le soir il fut célébré un salut où on chanta le Te Deum, et pendant que le Saint-Sacrement estoit exposé, Messieurs les chanoines vinrent deux à deux, à tour de rôle, passer chaque fois une heure en prière, au pied de l'autel, à genoux, revêtus de surplis et d'aumusses. Depuis ce temps on ne parloit plus de ce malheureux Brierre,
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 +|**UCAL_$B769654_00000283**| - 91 parce qu'il s'estoit absenté et mis en fuite, quoy que dès l'heure mesme qu'il avoit commis cet assassinat, il avoit esté à la porte des prisons, prier le geolier de l'arrester, disant qu'il falloit qu'il fut pendu parce que il venoit de couper le col à sa sœur ou peu s'en falloit ; on crut d'abord qu'il avoit bu et qu'il disoit cela par risée; cependant, plusieurs personnes ayant appris les premières nouvelles de son forfait, le firent disparaistre de devant les yeux de la justice. Mais vers les festes de la Toussaint, il vint un huissier de Paris assigner les témoins qui avoient vu cet affreux spectacle, qui estoient Madame Jobidon, maîtresse sage-femme, Marguerite Huché, femme de Jean le Cler, Alexandrine Vanckisse, femme de Jean Heroux, geolier; on avoit aussi assigné Marie-Françoise Brierre, sœur du malheureux, qui fut aussy en témoignage et qui reçut le salaire comme les autres témoins, qui eurent chacun douze livres pour leur voyage, et elle en achepta un clavier d'argent (1), disant qu'elle vouloit se resouvenir de son frère (motif tout à fait desnaturé d'une sœur propre). Sur la déposition de ces témoins, on rendit un jugement au Chastelet de Paris, à la chambre criminelle, par contumasse, le 24 dudit mois de novembre, par lequel Augustin Brierre fut condamné à avoir les bras, jambes, cuisses et reins rompus vif, dans la place publique de Corbeil, et estre ensuite exposé sur une roüe, la face tournée vers le ciel, pour y demeurer tant et sy longtemps qu'il plairoit à Dieu lui conserver la vie. L'effigie en fut prononcée et exécutée le vendredy premier décembre, par le bourreau de Paris, qui fit payer les places du marché deux sols chacune et quatre sols par chacun sac de bled. (1738) En 1738, le vingt-cinquième jour de mars, Jacques Painchaux, natif de la Souterraine en Limosin, jardinier, demeurant à Trousseaux, confrère de la confrérie de Saint-Spire, fit présent de la châsse où reposent actuellement les reliques de saint Regnobert. Depuis plusieurs années il travailloit à cette châsse les jours où il faisoit trop mauvais pour travailler dehors. Messieurs les abbé, chantre et chanoines, en reconnoissance de sa dévotion, luy firent (1) Ornement qui se portait au cou.
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 +|**UCAL_$B769654_00000284**| - - 92 présent de la somme de 50 livres pour l'indemniser de la chandelle qu'il pouvoit avoir usé en y travaillant, ainsy que du bois qu'il avoit pu y employer. D'autre costé, M. le Procureur ancien et maître de la Confrérie et plusieurs confrères, en considération du présent de la châsse qu'il venoit de donner, luy firent remise des arrérages qu'il pouvoit devoir, tant de luy que de son espouse, et il fut accordé qu'il ne payeroit point à l'avenir pour sa cotisation à la Confrérie, ny pour celle de sa femme et qu'il jouiroit des mesmes privilèges que les autres confrères bien payants, puisqu'il y seroit gratis pour toujours, par acte passé devant notaire au bureau de la Confrérie, où ont signé les confrères présents, avec le maître de la Confrérie et les chanoines; mention dudit acte est faite sur le registre de la Confrérie et copie collationnée en a esté remise audit Jacques Painchaux (1). Il fut ensuite question de faire dorer la châsse, et pour cela on fit venir des maîtres doreurs de Paris, pour en faire le prix et pour, en conséquence, faire l'ouvrage. Ce fut le sieur Jean-Baptiste Coupé, maître doreur, demeurant à Paris, place de Cambray, qui fut choisi et lui fut payé 275 livres, selon les conditions du marché qui fut passé devant notaire et dont voici la copie attachée à ce feuillet (2). Quoy que le marché ne fit mention que de 275 livres, le doreur ne laissa pas d'estre payé de 300 livres, parce qu'il y eut quelques confrères qui s'intéressoient beaucoup à ce que la châsse fut dorée et prête pour le jour de la translation de Saint Spire qui estoit bien proche, et comme MM. les chanoines et plusieurs confrères ne vouloient donner que la dite somme de 275 livres, les 25 livres qui restoient furent payez incognito audit doreur. Les figures des saints qui sont indiquées dans le dit marché ont esté données par différentes personnes, sçavoir: l'ymage de la Vierge, par madame la veuve Dupont, de Gravois, mère de Louis Dupont, fermier au dit Gravois, celle de saint Bonaventure par (1) La confrérie de Saint-Spire avait alors une grande importance. Presque tous les habitants de Corbeil en faisaient partie, sans compter un grand nombre de personnes des environs, jusqu'à une distance quelquefois très éloignée. Ces faits sont attestés par les registres de cette confrérie, qui existent encore dans les archives de la fabrique de l'Eglise Saint-Spire. (1) Cette copie a été perdue probablement avec le feuillet auquel elle était attachée.
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 +|**UCAL_$B769654_00000285**| - ― 93 Bonaventure Mesnage, huissier à cheval au Chastelet de Paris, celle de saint Anthoine par le sieur Buffin, marchand espicier à Milly, celle de saint Louïs par Severin Cottereau, maître charron au fauxbourg saint Léonard de Corbeil, celle de saint Charles par Charles Formager, marchand espicier à Corbeil et Charles Divry, aussy marchand, celle de sainte Marguerite par Margueritte Mariette veuve de feu sieur Thevenet, vivant commissaire des moulins à poudre d'Essonne, elle bourgeoise de Paris lors du présent, celle de saint Pierre, par Pierre Gautier, dit Monseigneur, marinier et pour lors commis du receveur du domaine du pont du dit Corbeil (1), et celle de saint Regnobert fut payée aux dépens de la queste qui se fit chez tous les confrères, tant de la ville que des environs et qui fut faite par Estienne Hassel, marchand pâtissier au dit Corbeil, et Jean Huché, sacristain de Saint-Spire, qui en voulurent bien prendre la peine. Ce n'estoit pas peu que d'entreprendre une telle queste puisque le doreur a esté payé par elle seule, à la réserve de la somme de 100 livres qui a esté donnée par MM. du chapitre de Saint-Spire. L'acte du marché fut passé le 8 avril et la châsse fut dorée et livrée à Corbeil, bien conditionnée, le 7º may suivant. Le samedy on fit la translation des reliques de l'ancienne châsse dans la nouvelle et ce fut maître François Beaupied (2), abbé de Saint-Spire, qui fit cette cérémonie par la permission de monseigneur l'Archevesque de Paris, qui luy fut envoyée à cet effet. La cérémonie commença après la descente des châsses, dans le chœur de l'église, et après avoir bénit et bruslé de l'encens dans la nouvelle châsse, on fit ouverture de l'ancienne où il fut trouvé premièrement un suaire de saint Spire dans lequel son corps a esté mis au tombeau et qui porte la marque de tout (1) Les marchandises payaient alors un droit pour passer sous le pont de Corbeil, comme sous les autres ponts. Le receveur du domaine était préposé à la perception de ce droit. (5) M. Jean-François Beaupied, docteur en théologie et abbé de Saint-Spire, est connu par l'ouvrage qu'il nous a laissé et qui est intéressant pour les habitants de Corbeil. Ce livre, qui a eu deux éditions (1737 et 1773) a pour titre: Les vies et miracles de Saint Spire et Saint Leu, évesques de Bayeux, avec l'histoire de la translation de leurs reliques au château de Palluau en Gâtinois, et de là en l'Eglise Royale et Collégiale de Corbeil. Une gravure de ce livre, celle qui a trait à saint Spire, a fourni à notre compatriote, le peintre Mauzaisse, le sujet de son tableau de Saint Spire, qui se voit dans la chapelle de ce nom et qui est assurément l'un des meilleurs tableaux de notre église.
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 +|**UCAL_$B769654_00000286**| - son corps, de plus un autre suaire de saint Spire dans lequel il avoit esté apporté de Bayeux à Palleau; puis un autre suaire de saint Leu. Dans chacun de ces suaires, il y avoit un escrit indiquant le saint dont il provenoit avec la date de la translation dernière qui en avoit esté faite; l'inscription estoit en latin, et M. l'abbé de Saint-Spire en fit l'explication à tout le peuple. La dernière date estoit de l'année 1608. On trouva ensuite trois bourses, dont une estoit faite en réseau et contenoit un os du doigt de saint Regnobert, un morceau de sa chasuble et un morceau du crâne de saint Aubin. Dans la seconde, se trouvoit un ossement de sainte Austreberte et, dans la troisième, il y avoit plusieurs autres reliques dont il n'y avoit point d'indication; ces bourses estoient très richement travaillées, quoyque antiques. Ces reliques furent montrées à tout le peuple et M. l'Abbé fit à haute et intelligible voix l'explication de chacune d'elles et des inscriptions qui les mentionnoient. Le monde s'y portoit en foule et on avoit pour cet effet dressé une table entre la grille du chœur et le banc des choristes, où on faisoit cette cérémonie. Il fut fait aussy trois procès verbaux des reliques trouvées dans la dite châsse, dont l'un fut mis dans la nouvelle, un autre dans le trésor des archives du chapitre et le troisième déposé dans l'estude du sieur Duruchanoy, notaire royal au dit Corbeil. Ces procès verbaux furent signés par MM. les chanoines, MM. le Prévost, le procureur du Roy, les Eschevins, les habitans et confrères, et par tous ceux enfin qui savoient signer. M. l'abbé apposa le cachet de Monseigneur l'Archevesque, qui luy avoit esté envoyé avec la permission, puis les reliques furent mises, avec les suaires et le procès verbal, dans un taffetas verd, attaché avec des épingles, sur lesquels on apposa le mesme cachet avec de la cire d'Espagne. Après avoir encensé les reliques, on les mit dans la nouvelle châsse et il fut question de la fermer de manière qu'il ne fût pas possible de l'ouvrir. Elle se ferme par dessous, par deux escrous dont les vis répondent au couvercle; il fut mis un secret pour l'ouvrir que je diray autre part (1); en plus elle fut encore fermée avec de la cire d'Espagne à l'empreinte du cachet de l'Archevesque. On chanta ensuite la messe et le lendemain elle fut portée, comme les autres, à la procession de la translation. (1) Ce secret a été perdu avec la page où il était transcrit.
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 +|**UCAL_$B769654_00000287**| - - 95 (1740) Le proverbe nous dit que les guerres nous amènent des suittes fâcheuses, et qu'un fléau de Dieu n'arrive pas sans avoir des rigoureuses saisons à essuyer. On a vü aussy après les guerres que le Roy Louis quinze a eues contre l'Empereur, tant en Allemagne qu'en Italie (1), qui ont esté assez favorables pour la gloire de ses armes, malgré le dixième denier qui a esté levé dans la France, que Corbeil n'a pas esté moins sujette à cette imposition, pour laquelle on envoyoit des garnisons réelles pour la faire payer, quoyque cependant l'argent y estoit très rare; dès la première bataille qui fut remportée sur les Impériaux, il fut ordonné par M. le duc de Gesvres, pour lors gouverneur de l'île de France, que chaque habitant de Corbeil se mettroit sous les armes pour assister au Te Deum qui fut chanté à cet effet et au feü de joye qui fut dressé au milieu de la place vis à vis la porte du chasteau du gouvernement (2), et mesme que chaque habitant allu-. meroit un feu devant sa porte et des chandelles sur ses fenestres, ce qui fut exécuté; il en fut fait autant pour la bataille de Parme et celle de Goustalla. La guerre finie, on supprima le dixième denier et par là on croyoit estre bien en repos, mais cela ne dura pas longtemps, car il survint un autre impôt qui fut pour le joyeux advènement à la couronne, autrement dit le droit de confirmation, auquel les moindres habitans furent taxés à chacun douze livres, ce qui fut payé incontinent entre les mains du sieur Chantereau, commis à cet effet par M....., receveur du dit droit de confirmation. Et afin que ce droit fût plus promptement payé, M. l'Intendant de Paris envoya des garnisons pour faire payer les débiteurs. C'estoit comme un mirâcle, car ils faisoient trouver de l'argent là où il n'y en avoit pas, attendu qu'ils enlevoient les meubles et les portoient au marché pour les vendre, et aussitôt il se trouvoit de l'argent pour les payer; ils emportèrent de Corbeil, en deux jours de recepte, plus que plein un minot d'argent (3) pour le dit droit de confirmation. (1) En 1735, 1736 et 1737. (2) Aujourd'hui le grand moulin, sur la place dite autrefois de S. Guenault, aujourd'hui Galignani. En 1793, elle a porté le nom de place de la Révolution, pour reprendre ensuite son ancien nom de S. Guenault. (3) Minot, ancienne mesure qui valait environ la moitié du setier; il est assez difficile d'évaluer la contenance de ces mesures parce qu'elles variaient, non seule-
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 +|**UCAL_$B769654_00000288**| - 96 -- Le droit de confirmation estant perçu, on ne fut pas plus en repos, car les collecteurs des tailles, voyant que le receveur de ce nouveau droit avoit amassé tant d'argent en sy peu de temps, voulurent faire de mesme, pour sortir promptement de leur exercice. Mais ce ne fut pas encore tout et quand cette bourrasque fut passée et que le vent des vengeances des collecteurs fut apaisé, la tempeste recommença sur la mer de cruauté de la part du receveur des aydes, qui acheva de mettre les meubles et effets des habitans sur le marché et les pauvres gens au désespoir de leurs vies, car ils n'eurent aucun quartier. J'ai déjà parlé des tourmens endurés par les habitans à cause des lourds impôts dont on ne cessoit de les charger, droit pour la guerre, droit de confirmation, les tailles, les aydes, etc., on ne sçavoit plus de quelle manière tourmenter le peuple, on inventa alors les corvées pour rétablir les chemins. Ce fut M. Achille de Harlay, intendant de la généralité de Paris, qui envoya ses ordres à M. Guynand, son subdélégué, d'après un arrêté de Conseil du Roy. On commença ces corvées par le chemin de Corbeil à Soisy; cela commençoit depuis la grande porte du chasteau du Tremblay jusques vis-à-vis la fontaine du Soulier (1), il est vray qu'à cet endroit le chemin estoit très mauvais, tant pour les voitures que pour les gens de pied, on fit donc eslargir le chemin de manière qu'il falloit qu'il eût vingt-deux pieds de large, et dans les endroits où le passage estoit mauvais, on y faisoit mettre des cailloux et des pierrailles, que l'on prenoit dans les terres, dans les vignes et principalement où il y avoit des muryers, comme c'est assez en usage d'en voir dans les vignes aux environs de Corbeil; et sur ces pierrailles on mettoit de bonne terre pour faire comme un mastic, et mesme, à certains endroits, on mettoit autant qu'il estoit possible des gravats de crayon, venant des carrières de pierre à chaux, qui se dissout à la pluye, ce qui faisoit un très bon effet (2). Ces ment selon les pays, mais aussi selon la marchandise à mesurer. Ainsi dans notre pays, le minot de blé contenait trois boisseaux, celui d'avoine six boisseaux. Nous trouvons ailleurs que le minot de blé à Paris contenait six boisseaux. (1) Cette fontaine, qui se trouve à mi-chemin entre Corbeil et Soisy, existe encore sous le même nom. (2) Tout ce passage est intéressant en ce qu'il nous apprend comment se construisaient les chemins à cette époque; on jugera par là du progrès que nous avons fait et combien nos chemins sont meilleurs que ceux de nos ancêtres.
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 +|**UCAL_$B769654_00000289**| - 97 - pierrailles et terres estoient apportées par des voitures des laboureurs, commandées par un ordre que M. Guynand envoyoit aux syndics des paroisses. Les syndics estoient dans l'obligation de tenir un estat exact du nombre de leurs habitans et du jour qu'ils devoient marcher chacun à leur rang; après les avoir advertis le soir, ils fesoient sonner le tocsin le lendemain à quatre heures du matin, pour se trouver à l'astelier à cinq heures, où il se faisoit un appel de chacque habitant par noms et surnoms, ensuitte on les distribuoit par bandes pour travailler, les syndics devoient y rester tout le jour pour les surveiller, comme des picqueurs dans les ateliers de terrasses. Il y avoit pour inspecteur M. Pater, qui est substitut de M. Guynand (1). Il y avoit aussy un des cavaliers de la maréchaussée qui restoit tous les jours à l'atelier. Les premières paroisses qui furent adverties pour travailler au chemin de Soisy à Corbeil estoient sçavoir: Soisy, Estiolles, Tigery, Saint Germain, le Vieil Corbeil et le fauxbourg de Saint Jacques dudit Corbeil. Ces pauvres gens qui, pour ainsi dire, mouroient de faim dans leur ménage et n'avoient pas de pain pour nourrir leurs femmes et leurs enfants, ne laissèrent pas de travailler bien à regret à cet ouvrage. M. Guynand n'estoit pas encore si téméraire que M. Pestel, subdélégué de Melun, qui faisoit aussy travailler aux corvées à Melun, jusque dans les fauxbourgs de la ville et dont les pauvres travailleurs estoient obligés d'aller mendier leur pain, de porte en porte, dans la ville, à l'heure du repas, qu'on leur donnoit par charité; et cependant le dit M. Pestel les faisoit travailler sans relâche et sans pitié. Quant il fut questîon de travailler dans la ruelle du Tremblay, ce n'estoit pas une petite besogne pour la rendre en l'estat où elle est présentement, car elle estoit, pour ainsi parler, impraticable tant pour les voitures que pour les passants; on fit d'abord enlever le vieux pavé qui y restoit et on surchargea de cailloux et pierrailles que l'on fut prendre dans les vignes des chevreaux; on chargea ainsy la dite ruelle depuis le pavillon du Tremblay jusques à la grande Porte, et vers le milieu, là où il y avoit une arcade cintrée en pierre, sous laquelle couloit une fontaine où, en temps (1) M. Guynand était à cette époque Prévôt de Corbeil.
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 +|**UCAL_$B769654_00000290**| - 98 - ― d'hyvert, les femmes venoient laver leurs lessives. On mit des pierres de la hauteur de cinq pieds, de sorte que cette arcade est entièrement bouchée aujourd'hui; jugez par là combien il fallut y apporter de cailloux et néantmoins cela fut fait en quinze jours de temps. Environ deux mois après on fit revenir encore les mesmes habitans pour réparer et remplir les ornières que les voitures y avoient déjà faites, parce que les pierres et la terre n'estoient pas encore bien mastiquées ensemble. Ce chemin estant réparé, il prit fantaisie à M. Guynand de faire relever le pavé du chemin de la pescherie qui conduit à la montagne de la route de Melun, et cela, par corvées des habitans de la ville de Corbeil, du fauxbourg Saint-Léonard, du Perray, Villededon et Saintry; il vouloit ainsy parvenir à son dessein caché qui estoit de faire aplanir et accomoder le chemin qui passe derrière l'église Saint-Léonard (1) et derrière le jardin de sa maison, pour avoir plus de facilité à aller prendre le frais à sa glacière, qui est au pied de la montagne de Melun, derrière la Tuilerie (2). Il commença à faire dépaver et barrer le chemin de la Pescherie et à faire arracher de grosses pierres qui estoient derrière la maison de Rochefort de la paroisse de Saint-Germain-le-vieil-Corbeil, sur le chemin qui va à Tigery; il les fit casser et charger dans des charettes par les habitans qui travailloient à la corvée, il en fit de mesme arracher des fondations des murs de la ferme de Villouvette, pour faire les bordures du pavé de la Pescherie. Pendant ce temps d'autres travailleurs fouilloient et chargeoient les cailloux et pierrailles au-dessus de la glacière de M. Guynand, pour les faire porter par les bestes de somme sur le dit chemin derrière l'église Saint-Léonard. Ces pierrailles n'estant pas très convenables, on fut dans les vignes qui aboutissent sur le chemin de Melun, vis-à-vis la grille du Perray, dans lesquelles il y a encore beaucoup de restes d'anciennes constructions qui n'estoient faites que de ces pierrailles, et, pendant quinze jours on ne fit qu'en apporter pour la réfection du dit chemin. Il ne manquoit pas de monde employé à ces travaux puisqu'on (1) C'est la rue actuelle des Fours-à-chaux. (2) La route de Melun n'était pas alors celle qui existe aujourd'hui et qui passe au hameau des Brosses; c'était le chemin qui, faisant suite à la rue des Fours-àchaux, monte à travers les vignes vers le parc du Perray.
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 +|**UCAL_$B769654_00000291**| 99 - y faisoit marcher tous les habitans de la ville en trois colonnes ou équipes; la première colonne comprenoit les habitans depuis la porte de Paris jusqu'au commencement du marché; le lendemain la seconde colonne comprenoit tous ceux du marché, la rue de l'Orberie et une partie de la rue Saint-Spire, et la troisième estoit formée des habitans du restant de la rue Saint-Spire et de toutes les petites rues qui sont du costé de l'hostel de ville (1). De cette manière, il y avoit tous les jours 45 travailleurs, que l'on appeloit prisonniers, 14 bestes de somme et 5 voitures à deux chevaux; outre cela les habitans du fauxbourg Saint Léonard marcheoient aussi en trois colonnes, ceux du Perray, Ville dedon et Saintry pareillement. Il y avoit ainsi plus de cent personnes à travailler tous les jours. Les pêcheurs de la paroisse de Saint Léonard avoient esté exemptés de cette corvée, mais par contre ils estoient obligés de pescher, tous les trois jours, chacun une toussée (2) de sable de rivière, qu'ils tiroient du milieu de la Seine, au-dessus du village de Saintry et l'amenoient à port à la Pescherie. Bien que Monseigneur l'Intendant n'empeschoit point de sanctifier le dimanche, il n'en ordonnoit pas moins que chaque habitant, sur les six jours de travail que Dieu avait imposés à l'homme, en donnât deux par semaine pour travailler aux corvées. Ce n'estoit pas le moyen que les pauvres habitans des paroisses puissent entretenir leurs familles, payer les subsides qui sont dûs au Roy, le loyer des maisons, le logement des gens de guerre et avoir du pain pour vivre, puisqu'ils n'avoient que quatre jours de travail pour subvenir à tout cela et se nourrir eux et leurs familles pendant 7 jours; et encore il y avoit les jours de pluye, pendant lesquels ils ne pouvoient travailler, et malgré cela les deux jours de travail estoient toujours dûs à la corvée. Le chemin de derrière Saint Léonard estant achevé, on fit (1) L'hôtel de ville de Corbeil était depuis des siècles place de l'Arquebuse, à l'angle de la rue de la Juiverie. Il fut démoli il y a quelques années, mais le propriétaire, qui avait le culte du souvenir, a eu l'intelligente idée de conserver la tourelle qui était le principal ornement de cet édifice. On se rappelle encore la voûte obscure qui passait au travers du bâtiment même où nos pères s'étaient réunis pendant tant de siècles pour discuter les intérêts de la cité; l'ancienne porte Saint-Nicolas était tout près et le chemin qui passait sous cette voûte y conduisait. (2) Toussée, mesure de sable équivalant à la contenance d'un petit bateau ordinaire.
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 +|**UCAL_$B769654_00000292**| - 100 - brouetter des terres qui estoient le long des maisons de la Pescherie pour élever et aplanir le sol afin d'obtenir une pente douce depuis la place du carrefour Saint Léonard jusqu'au coin des murs. de la Pescherie, proche les prez du champ-Dieu. Ces travaux durèrent très longtemps, car ils commencèrent le (1) et se continuèrent jusqu'au 23 décembre, parce que à ce moment il n'estoit plus possible de travailler davantage à cause de la rigueur de la saison; il fesoit alors si froid qu'on ne pouvoit plus bêcher la terre, ni séparer les pierrailles tant elles estoient gelées ensemble; on fut donc obligé de laisser les habitans tranquilles jusqu'au mois de mars qu'il fallut recommencer à essuyer les mesmes ennuis et, ce qui estoit plus désagréable encore, il falloit servir de manœuvre aux paveurs, qui avoient entrepris de paver le dit chemin de la Pescherie, à la toise, par un acte qui fut passé à cet effet en l'hostel de ville du dit lieu de Corbeil. Il y avoit si peu d'humanité chez les subdélégués pour cette sorte d'ouvrage que, lorsqu'il y avoit quelque pauvre habitant de malade, plutôt que de l'exempter pour le jour où il devoit marcher, on mettoit un homme de journée à sa place, auquel il falloit payer 15 sols par jour, taxe fixée par M. Guynand, heureusement, car sans cela ils auroient exigé jusqu'à 20 et 24 sols par jour. De plus sy parfois il survenoit quelques affaires à aucuns habitans qui les empeschoient de se trouver à l'appel de la corvée, qui se faisoit le matin, sans qu'ils pussent, faute d'argent, mettre quelqu'un à leur place, on alloit chez eux et sy on les y trouvoit, on les menoit immédiatement en prison, pour avoir désobéy aux ordres du roi, et il en coûtoit six francs pour la course des archers et le geolier, pour la journée seulement. Sy on ne les trouvoit pas chez eux, la course des archers devenoit inutile et en se représentant le lendemain matin à l'appel, on les obligeoit à travailler deux jours de suite, pour punition de ne s'estre pas présenté à leur rang. Ce qui faschoit encore bien les habitans, c'estoit de voir que sy les syndics avoient quelque parent ou ami à faire exempter de ce travail pénible, ils n'avoient qu'à prévenir M. Guynand pour que ces personnes en fussent exemptes, mesmes pour toujours. Et (1) Cette date est restée en blanc dans le manuscrit.
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 +|**UCAL_$B769654_00000293**| 101 quand quelqu'un vouloit représenter qu'il y en avoit qui n'estoient point appelez aux corvées, M. le subdélégué, ou son substitut, respondoit que tel estoit son bon plaisir de les exempter, et que sy on continuoit à réclamer sur ce sujet, on seroit mis en prison pour mutinerie. Plusieurs de la ville ainsy que des fauxbourgs ont employé à ce sujet des amis qui avoient du crédit auprès de M. Guynand, et ont esté, par ce moyen, exemptés des corvées. Tout cela estoit bien injuste, mais on n'osoit encore rien dire. LA MANUFACTURE ROYALE DES BUFFLES La manufacture Royalle des buffles (1) a commencé son origine et establissement à Corbeil en l'année 1667 et, pour en marquer vérité, j'ay tiré coppie du privilège du Roy, de l'année 1686, que le sieur Porcher, directeur de la dite manufacture, m'a confié pour le transcrire, le voicy en suivant tel que je l'ai copié. Lettres patentes portant establissement dans la ville de Corbeil et autres villes du Royaume de manufactures de peaux de chamois, buffles, aignaux, etc, Louis, par la grâce de Dieu, Roy de France et de Navare, à tous présents et advenir salut. Par nos lettres patentes du mois de juillet 1667, nous aurions accordé à Antoine de la Haye, et autres proposez par luy, la permission d'establir dans la ville de Corbeil et autres lieux de nostre Royaume qui seroient jugez les plus commodes, pendant le temps de quinze années, les manufactures de peaux de chamois, buffles, aigneaux, boeufs, veaux, moutons, boucs et autres, avec la faculté de tanner, ainsy qu'il est plus particulièrement porté par nos dites lettres patentes, au droit duquel privilège des dites manufactures, nostre bien amé Evrard Jaback, marchand de nostre bonne ville de Paris, auroit esté subrogé, et d'autant que par un acte faict et passé par devant Me Gallois, notaire, chez Me Moreau, notaire à Paris, dépositaire des minutes de Gallois, le onzième du présent mois de janvier, entre le sieur Marquis de Louvois, secrétaire d'estat et de nos commandemens et sur-intendant général de nos bastimens, arts et (1) La manufacture Royale des buffles était ainsi nommée parce qu'on y préparait la peau de ces animaux pour en fabriquer les larges courroies qui servaient à confectionner des buffleteries nécessaires à l'armée. - On sait que, de notre temps, le ceinturon a remplacé ces buffleteries qui, croisées sur la poitrine, supportaient le sabre, la baïonnette et la giberne. Cette manufacture a été installée dans l'ancien château de Corbeil, à la place des moulins banaux du Roi, à l'endroit même où sont aujourd'hui les grands moulins de Corbeil,
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 +|**UCAL_$B769654_00000294**| - - 102 manufactures de France, d'une part, et le dit Jaback d'autre part, ils sont convenus que le dit sieur Marquis de Louvois obtiendra de nous, en faveur dudit Jaback la continuation pendant trente années consécutives dudit privilège de manufacture de buffles établie audit Corbeil, semblable à celuy accordé audit de la Haye, a commencer du premier jour du présent mois de janvier, aux charges et conditions y contenues, mesme de nous payer en buffles, dans la fin de la présente année 1686, la somme de vingt deux mil livres; le dit sieur Marquis de Louvois nous a très humblement supplié de vouloir, conformément aux susdits acte et convention, accorder au dit sieur Jaback nos lettres patentes sur ce nécessaires, a quoy ayant égard, tant pour l'avantage qui nous revient que pour le bien et utilité du commerce, et de celuy du public, sçavoir faisons que, pour ces causes, de nostre grâce spécialle, pleine puissance et authorité royale, nous avons, en connoissance tant du susdit acte passé le dict jour onzième du présent mois entre le dit sieur Marquis de Louvois et le dit sieur Jaback, que nos dites lettrespatentes dudit privilège, accordé audit de la Haye, audit mois de juillet 1667, dont coppies düement collationées sont cy-attachées sous le contre-scel de nostre chancellerie, octroyé et accordé, octroyons et accordons, par ces présentes, signées de nostre main, au dit sieur Jaback la continuation du dit privilège de buffles, avec pouvoir de l'établir en tels lieux de nostre royaume que bon luy semblera, avec faculté de tanner, le tout selon et ainsy qu'il a esté accordé au dit de la Haye en la dite année 1667, auquel, comme dit est, le dit Jaback a esté subrogé, pour, par le dit Jaback, ses associez, leurs hoirs et ayans cause, en jouir pendant le dit temps de trente années consécutives, tout ainsy et en la mesme manière qu'il a faict ou dû faire par le passé en vertu de nos dites lettres-patentes du mois de juillet 1667 ; à la charge par luy de nous payer, pour raison de la présente concession et des bastimens qui luy seront délaissez, en buffles sans manches, dont l'eschantillon sera cacheté du dit sieur Marquis de Louvois, dans la fin de la présente année 1686, à raison de 36 livres la pièce, la somme de vingt deux mil livres, outre celle de dix huit mil cinq cens dix neuf livres quinze sols qui a esté par luy et ses cy-devant associez deboursée de leurs propres deniers, pour la construction des moulins de la dite manufacture, au delà de trente cinq mil livres par nous accordées pour partie de la dite construction desdits moulins et machines, ainsy qu'il est porté par les comptes de société et les quittances que le dit Jaback a rapportés et desquels il a justifié, au moyen de quoy nous voulons qu'il demeure quitte dès à présent autant que besoin est ou seroit, deschargé de l'employ des dites trente cinq mil livres et de toutes choses généralement quelconques envers nous, sans qu'à l'avenir, lui, ses associez, ny leurs hoirs et ayans cause, ne puissent estre recherchez ny inquiétez en quelque sorte et manière que ce soit ou puisse estre. Et moyennant le payement de la susdite somme de vingt deux mil livres en buffles, comme dit est, nous voulons que le corps des bastimens du moulin de la dite manufacture establie présentement audit Corbeil et qui pourra estre establie et transférée ailleurs, comme bon
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 +|**UCAL_$B769654_00000295**| 103 - luy semblera, ensemble les machines, ustancilles et matériaux et généralement tout ce qui se trouvera dépendant après les dites trente années expirées, appartiennent au dit Jaback, ses hoirs et ayans cause, pour par eux en faire et disposer comme bon leur semblera; et pour convier les estrangers à s'employer à la dite manufacture, nous voulons et il nous plaît que conformément à nos dites lettrespatentes du dit privilège du dit mois de juillet 1667, lesdits ouvriers estrangers actuellement employez audit travail, soient préposez et intéressez audit négoce joint à eux et réputez regnicolles (1) sans qu'en cas de déceds leurs veuves, enfants et ayans cause puissent estre troublez ni inquiétez en la jouissance de leurs successions et autres biens et effets, et qu'à cet effet toutes lettres de naturalitté soient expédiées auxdits estrangers sans frais; voulons pareillement qu'eux et tous ceux qui seront employez dans la dite manufacture soient et demeurent exempts de logement de gens de guerre (2), guet et garde de ville, tant de jour que de nuit et de toutes autres charges publiques et personnelles, mesmes de toutes tailles, subsides et impositions, pourveü qu'ils n'y aient esté imposés et n'aient payé la taille dans d'autres lieux contribuables de nostre Royaume, le tout en rapportant par eux certificats des surintendants de nos bastimens portant qu'ils sont actuellement employez dans les dites manufactures; voulons aussy que ledit Evrard Jaback et ses préposez puissent prendre dans les hopitaux des lieux où lesdites manufactures sont establies le nombre de vingt enfans âgés de douze à seize ans, auxquels ils ne seront tenus de payer aucune chose pendant les quatre premières années, après lesquelles lesdits enfans seront payez de leurs peines à proportion du travail qu'ils pourront faire; permettons en outre aux ouvriers estrangers de brasser la bière et cuire le pain nécessaires pour leur usage, mesme d'en vendre et débiter entre eux sans que pour raison de ce, ils soient tenus de payer aucuns droits, dont nous les avons quittez et deschargez; n'entendons aussy que ceux qui seront employez ou intéressez en ladite manu facture dérogent en quelque sorte que ce soit aux privilèges de nobles s'ils le sont. Sy donnons en mandement à nos amez et féaux conseillers les gens tenant nostre cour de Parlement de Paris, Chambre des comptes et cour des Aydes au dit lieu, que ces présentes ils ayent à enregistrer et du contenu en icelles faire jouir et user le dit Evrard Jaback et ses préposez pleinement et paisiblement, cessant et faisant cesser tous troubles et empeschemens qui pourroient estre mis et donnés au contraire, car tel est nostre bon plaisir; et afin que ce soit chose ferme et stable à toujours, nous avons fait mettre nostre scel à ces dites pré- (1) Regnicole. Terme de jurisprudence qui, par extension, et appliqué à des étrangers naturalisés, signifie qu'ils jouissent absolument de tous les droits des nationaux. (2) Ce n'était pas un petit privilège que d'être exempté du logement des gens de guerre, car cette charge était alors bien lourde; on verra à la suite par les autres privilèges, aussi nombreux qu'énormes, que le roi accordait, par ces lettres patentes, aux ouvriers étrangers, quel désir et aussi quel besoin il avait de les attirer dans ses manufactures.
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 +|**UCAL_$B769654_00000296**| - - 104 sentes, sauf en autres choses réservant nostre droit, et celuy de l'autruy en toutes. Donné à Versailles au mois de janvier, l'an de grâce mil six cens quatrevingt six et de nostre règne le quarante troisième ». Signe Louis, et par le Roy, Colbert. Enregistrées ès cour de Parlement, Chambre des comptes et cour des Aydes, les huit, dix-sept et vingt-neuf may suivants. — Nota. Par l'advis des députez du commerce en date du (1), il a esté dit qu'il est de l'avantage de l'état d'employer dans la fabrique de ladite manufacture les deux tiers d'ouvriers françois afin de former les sujets du Roy à ce travail, afin que dans la suite on puisse se passer des ouvriers estrangers. Cet avis a esté confirmé par un arrest contradictoire du Conseil d'estat et lettres-patentes en conséquence du douzième juillet 1718 et continué par autre arrest du Conseil d'estat et lettres patentes du 19 août 1739 [en faveur de la direction des créanciers du sieur Dumontoir, président au Parlement de Metz (2) ]. Le journal se termine ici par quelques notes sommaires qui ne sont pas sans intérêt. La place qu'elles occupent en tête ou au milieu de pages blanches, indiquent bien que ce sont des titres que l'auteur du journal se proposait de remplir; la mort ou toute autre circonstance l'en aura empêché. A la première de ces notes la date est restée en blanc, mais il y a tout lieu de croire qu'il s'agit ici de l'année 1740. Les grandes eaux de la saint Pierre en l'année... La maison de la veuve Pater tombée à l'eau. L'arche du pont où estoit ladite maison de la veuve Pater refaite en pierre. Les estaux des boucheries de dedans le marché de Corbeil détruits. Les moulins à poudre establis en 1656. La butte des chevaliers de l'Arquebuse establie (3). (1) Cette date est restée en blanc dans l'original. (2) Dans le texte, cette dernière phrase est d'une encre et d'une écriture différentes; elle aura vraisemblablement été ajoutée plus tard par une autre personne. (3) Une curieuse peinture du siècle dernier montre cette butte des Arquebusiers qui faisait suite à leur jardin sur le quai St-Laurent (aujourd'hui de l'instruction). Elle était sur un ancien bastion très élevé, plantée d'arbres, et avançait jusque dans la Seine, interrompant ainsi la circulation sur le quai.
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 +|**UCAL_$B769654_00000297**| - - 105 La porte Royalle ouverte au lieu du cul de sac qui y estoit appelé le cul de sac de la herse (1). Deux arches refaites à neuf au grand pont du costé du fauxbourg en 1717 (2). La grande arche du pont faite à neuf en l'année 1726. NOTA. Everhard JABACH, auquel Louis XIV, par ses lettres patentes de 1686, concède, comme on vient de le voir, la manufacture royale des Buffles de Corbeil, était un personnage très connu à cette époque par son goût éclairé pour les beauxarts et les grandes richesses artistiques qu'il possédait. En 1671, il avait déjà vendu au Roi sa première collection de tableaux; il en refit une nouvelle qui, à sa mort, remplissait sa demeure dans la rue St-Merry. Beaucoup de ses tableaux ont enrichi nos musées; les plus importants sont au Louvre. Everhard Jabach était né à Cologne vers 1610; mais venu jeune à Paris, il était vite devenu très parisien, et jouissait d'une réelle notoriété. Il mourut en 1695 dans son hôtel de la rue St-Merry, disparu aujourd'hui, mais ce qui en reste se nomme encore le passage Jabach. Indépendamment de la manufacture des Buffles, Jabach avait aussi une maison à Corbeil, où il résidait souvent. Cf. Everhard Jabach, collectionneur parisien (1695), par le Vicomte de Grouchy. Paris, 1894. (1) La rue St-Spire était fermée par la muraille de la ville un peu au-delà de la rue actuelle de la Juiverie, l'ancien Ghetto de Corbeil. De l'autre côté de la muraille, la rue de la Herse, venant de la campagne, arrivait aussi en cul de sac sur le rempart. Pour sortir de la ville, ou y entrer, il fallait donc faire un détour et gagner la porte St-Nicolas. Sur la demande des habitants, on ouvrit d'abord une petite poterne qui donnait passage de la rue St-Spire à la rue de la Herse; plus tard, comme le dit notre journal, on fit une porte nouvelle qui fut appelée la porte Royale et qui porta à quatre le nombre des portes de la ville. (2) Ces deux mêmes arches ont été emportées par la débâcle du 1er janvier 1802. Il existe une gravure de l'époque qui représente le pont après cet événement et qui doit être reproduite dans un de nos prochains bulletins.
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 +|**UCAL_$B769654_00000298**| BIBLIOGRAPHIE " PERRAULT-DABOT. -- Monographie de l'église de Marolles-enBrie. Paris, Lechevalier, 1898. 1 vol. in-8° de 39 pp. orné de six planches hors texte et de neuf vignettes. Monographie très étudiée et très élégamment éditée. L'auteur y fait montre de ses connaissances en archéologie, et les gravures qu'il y a jointes ajoutent encore à l'intérêt que présente la savante description de cette vieille église, dont l'auteur fait remonter la construction à la fin de la période romane, à l'époque dite de transition, c'est-à-dire dans le premier quart du XIIe siècle. Les Registres paroissiaux du canton de Méréville. Notre sympathique confrère, M. Forteau, d'Etampes, a entrepris de publier les registres paroissiaux du canton de Méréville. Il ne s'est pas borné, dans son travail, à une sèche nomenclature, mais, au contraire, il l'a enrichi de notes importantes sur les localités et sur les familles qui les ont possédées; il a fait en outre de larges emprunts aux registres municipaux des communes pendant la période révolutionnaire, ce qui ajoute grandement à l'intérêt de sa publication. M. Forteau s'est chargé là d'une lourde tâche, car, dans les 72 pages déjà parues, pages in-4º à deux colonnes de texte très serré, deux communes seulement ont pu trouver place, Abbéville et Angerville, et encore cette dernière n'est pas terminée. M. Forteau a donc encore fort à faire, mais dès à présent son intelligente initiative mérite des éloges et, tout en les lui adressant, nous souhaitons qu'il mène son travail à bonne fin et qu'il ait de nombreux imitateurs. A. D. Monnaies françaises, jetons et médailles, monnaies antiques grecques et romaines composant les collections de feu M. le Dr Teilleux, du Mans et d'un amateur parisien. Vente du 17 et 18 novembre 1898. Expert, M. Etienne Bourgey, 19, rue Drouot. Le No 538 de cette vente concerne une pièce très rare, presque inconnue et qui offre de l'intérêt pour notre région, c'est pourquoi nous la signalons. Voici l'extrait du Catalogue :
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 +|**UCAL_$B769654_00000299**| ― 107 538. Brunoy (S.-et-O.) Ecu de France entouré des cordons de l'ordre du St-Esprit, de St-Michel et de la Toison d'or. R. JETTON DE BRUNOI, en trois lignes; octogone, cuivre, très rare. Ce jeton de Brunoy a été adjugé au prix de 15 fr., il remonte certainement à l'époque où le comte de Provence, plus tard Louis XVIII, était propriétaire du château et de la terre de Brunoy, après l'inoubliable marquis du même nom. - CLOVIS PIERRE et YVON HELMIC. Guide rose illustré. ParisArpajon. Historique des localités desservies par cette ligne, 1898, in-16, sur papier rose, avec de nombreuses gravures (50 cent.). Joli petit guide à l'usage des voyageurs de la ligne de Paris à Arpajon (tramway sur route). Chacune des 29 communes qu'elle dessert est l'objet d'une notice historique plus ou moins étendue, ornée au moins d'une gravure, et de tous les renseignements que peuvent désirer les voyageurs. Notre érudit confrère, M. l'abbé Géhin, curé de Chilly, a donné l'exemple en fournissant une petite monographie de sa commune, écrite avec la compétence à laquelle il nous a habitués. Almanach-Annuaire de l'arrondissement de Corbeil et des cantons limitrophes pour 1899, contenant des renseignements généraux sur l'arrondissement... etc. etc. Corbeil, Crété (Prix: 1 fr.). Cet almanach est orné, comme les précédents, d'une carte de l'arrondissement, de quatre gravures hors texte (vues de Corbeil) et d'un grand nombre de vignettes dans le texte; il est la reproduction exacte, avec les changements obligés, des annuaires des deux années précédentes. Les notices historiques sont les mêmes, le nombre n'en a pas été augmenté. -- Almanach commercial et industriel de Seine-et-Oise pour 1898, in-16, 183 pp. Versailles, imp. Cerf-Leroux, 18, rue au Pain (Prix : I f. 50). Revue Étampoise. — Almanach d'Étampes et annuaire de l'arrondissement pour 1899, publié par le Réveil d'Étampes, 8° année. Étampes, Humbert-Droz, imprimeur, 16, rue St-Mars. In-8° carré. (Prix: 25 cent.). Almanach bien fait et qui contient, avec tous les renseignements utiles qu'il comporte, des nouvelles intéressantes et des conseils utiles. - CHENAL (A.). Histoire de Maisons-Alfort et d'Alfortville depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours, par A. Chenal, maire de Maisons-Alfort. 111-292 pp. Corbeil, imp. Crété, 1898. - Paris, librairie Asselin et Houzeau. Commission départementale des antiquités et des arts de Seineet-Oise. Album archéologique et monumental du département de Seine-et-Oise Fascicules 1, 2 et 3, grand in 4º, texte et gravures. - 9
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 +|**UCAL_$B769654_00000300**| - - 108 Le 1er fascicule, 8 pages et une grande planche, est consacré à la porte du cloître Saint-Spire, à Corbeil; auteur: M. A. Dufour. Le 2e se rapporte aux ruines du Château de Beynes, 7 pages et deux grandes planches, et est dû à M. le Cte de Dion; le 3e a pour titre : Les statuts de l'ordre de St Michel, manuscrit appartenant à la bibliothèque de Saint-Germain-en-Laye. 8 pages et une belle planche en photogravure, auteur anonyme. Les gravures, culs-de-lampe et vignettes sont dûs à M. Mangeant. Guides Flammarion. Guide illustré de Paris à Étampes, par route et par chemin de fer, avec 46 vues photographiques décorées, 5 plans de villes et 20 profils, exécutés par Albert Sauvert, ingénieur. Paris, Flammarion, 1898, in-16, 32 pp. (1 fr.). Guides Flammarion. Guide illustré de Paris à Fontainebleau, par route et par chemin de fer, avec 46 vues photographiques décorées, 5 plans de villes et 20 profils, exécutés par Albert Sauvert, ingénieur. Paris, Flammarion, 1898, in-16, 32 pp. (1 fr.). ESPINAY (G. D'). -Les Comtes du Gâtinais, par G. d'Espinay, ancien Conseiller à la Cour d'appel d'Angers. Angers, Lachèse et Cie, 1898. In-8° de 20 pp. Extrait des mémoires de la Société nationale d'agriculture, sciences et arts d'Angers. - LAVILLE (A.). Etude des limons et graviers quaternaires à silex taillés de la Glacière, Bicêtre et Villejuif, suivie d'une note sur un gisement de silex taillés dans les limons à briques de Mantes-laVille. Paris, libr. Masson et Cie, 1898, in-8°, 29 pp. avec figures. Extrait de l'Anthropologie, T. IX. - LEGRAND (Maxime) et MARQUIS (Léon). 1789. Le Bailliage d'Etampes aux Etats-généraux. Tome II, 2º partie. Cahiers de la ville et des paroisses. Historique. Documents. Procès-verbaux d'assemblées. Rédaction des cahiers, etc, etc, avec une carte du bailliage en 1789, d'après les documents originaux. Etampes, 1895-1898, in-8° de xxiv-292 pp. Imprimé à Etampes chez Humbert-Droz, en vente chez Brière, libraire. Ce bel et utile ouvrage a été tiré à 300 exemplaires, dont 260 sur papier ordinaire, 30 numérotés sur papier de Hollande et 10 exemplaires sur Japon. Le premier volume de ce grand ouvrage a paru en 1892, les auteurs y ont donc travaillé pendant six années; c'est dire tout le soin qu'ils ont apporté à réunir une quantité considérable de documents, correspondances, procès-verbaux, historique des paroisses et des maisons religieuses etc., qui en font un ouvrage de premier ordre au point de vue local, et très important aussi pour l'histoire de
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 +|**UCAL_$B769654_00000301**| 109 notre France, dont les Etats-généraux de 1789 étaient appelés à résumer les aspirations. Des biographies, des portraits, des cartes augmentent encore l'intérêt de ces volumes, qui ont nécessité tant de recherches et de travaux. De nombreuses communes des environs de Corbeil y sont citées. Nous ne saurions donc trop féliciter nos érudits collègues, Messieurs M. Legrand et L. Marquis, d'avoir heureusement mené à bien et terminé ce grand travail, appelé à rendre de réels services et auquel leurs noms resteront attachés comme un titre à la reconnaissance des habitants de leur ville natale. A. D. La création du département de Paris et son étendue (1789-1798). Paris, Champion, 1898. In-8° (1 fr. 50). Discours prononcé à la réunion générale tenue, le 25 octobre 1897, à la Bibliothèque nationale, par M. Georges Pallain, Président de la Société historique et archéologique du Gâtinais. Petit in-16 de 32 pp. Fontainebleau, imprimerie Bourges, 1898. Extrait des Annales de la Société historique et archéologique du Gâtinais. PINSON (Paul). — Un excentrique au XVIIIe siècle. Etude biographique sur l'Abbé Desforges, chanoine de l'Église Collégiale de Sainte-Croix d'Étampes, 1723-1792, d'après des documents inédits, dont une lettre reproduite en fac-similé. Paris, Champion, 1897, in-12 de 97 pp. Ce curieux petit livre, tiré à so exemplaires seulement, n'est pas précisément un traité de morale et l'on fera bien de ne pas le laisser à portée de toutes les mains. C'est un réquisitoire intéressé en faveur du mariage des prêtres. Du reste, le titre sous lequel l'abbé Desforges fit imprimer ce factum renseigne suffisamment sur le sujet traité : Avantages du mariage et combien il est nécessaire et salutaire aux prêtres et aux évêques de ce temps-ci d'épouser une fille chrétienne (Deux volumes de 265 et 252 pages, tirés à plus de 2.500 exemplaires et publiés à Bruxelles en 1758). L'ouvrage fut saisi et brûlé par la main du bourreau, ce qui explique sa rareté, et l'auteur mis à la Bastille. M. Pinson n'en a donné ici que des extraits accompagnés de notes et de commentaires intéressants. - LAMBIN (E.) — Les églises de l'Ile de France, par Emile Lambin, professeur d'histoire et d'archéologie nationales à l'Institut populaire du Trocadéro. Paris, imp. Colombier, 4 Boulevard Poissonnière, in-8° de 86 pp. Extrait de la Semaine des Constructeurs. Annuaire de la Société des sciences morales, des lettres et des arts de Seine-et-Oise pour l'année 1898. Versailles, imp. Aubert. In-8° de xxxvi pp.
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 +|**UCAL_$B769654_00000302**| -- - 110 Mémoires de la Société d'Agriculture et des arts du département de Seine-et-Oise, du 1er octobre 1897 au 1er octobre 1898. Versailles, imp. Aubert, 1898. In-8° de 243 pp. FLAMMARION (Camille). - Rapport sur les travaux de la station climatologique agricole de Juvisy pendant l'année 1897, par M. C. Flammarion, Directeur de la station. Paris, Imp. nat. 1898, In-8° de 37 pp., avec figures. Extrait du Bulletin du ministère de l'agriculture. Mémoires de la Société archéologique de Rambouillet. Tome XII. 1897. In-8°, gravures. Nous relevons dans ce volume les deux notices suivantes dont la première est de notre sympathique collègue M. Lorin; toutes deux ont été tirées à part: Excursion à Limours, Briis et Courson; Richelieu, Gaston d'Orléans et la Comtesse de Brionne, par M. Lorin. Tours imp. Deslis frères, 1897. In-8° de 109 pp. Notice historique sur Briis, par M. Combaz. Tours, imp. Deslis frères, 1897. In-8° de 63 pp. et gravures. Association française pour l'avancement des sciences. Congrès de Saint-Étienne, 1897. Vaux-la-Reyne, ancien domaine royal, par MM. E. Rivière et C. Mottheau. Paris, au secrétariat de l'association, s. d., in-8° de 19 pp. et gravures. Le château de Vaux-la-Reine était situé près de Combs-la-Ville, à quelques kilomètres de Corbeil. La description qu'en donnent les auteurs est fort intéressante; M. Mottheau, l'un d'eux, y a retrouvé de curieux carreaux vernissés qui paraissent remonter au XIIIe siècle et il en a offert quelques échantillons au musée de Corbeil. Chaque type de ces carreaux est reproduit dans la brochure que nous signalons. - MARCHANDON DE LA FAYE. Chilly - Mazarin, Seine-et-Oise. Regards d'eau établis sur la canalisation servant à alimenter les fossés du château. 6 pp. in-8°, avec gravures. Extrait du Bulletin monumental, année 1896, pages 58 à 63. Monographie intéressante des derniers restes du splendide château de ChillyMazarin. Les maisons-Dieu et léproseries du diocèse de Paris au milieu du XIVe siècle, d'après le registre de visites du délégué de l'Evêque (1351-1369), par Léon le Grand, archiviste-paléographe, archiviste aux archives nationales.
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 +|**UCAL_$B769654_00000303**| III - Extrait du tome XXIVe des mémoires de la Société de l'histoire de Paris et de l'Ile de France, pp. 61 à 365, in-8°. Document des plus importants pour l'histoire des établissements hospitaliers de l'ancien diocèse de Paris au moyen âge et particulièrement de ceux de notre région, parmi lesquels se trouvent cités Chastres (Arpajon), Bruyères-le-Châtel, Champlan, Chateaufort, Corbeil, Juvisy, Lieusaint, Brie-Comte-Robert, Linas, Longjumeau, Montgeron, Montlhéry, la Queue-en-Brie, Palaiseau, Saint-Vrain, Saint-Yon etc. Des notes nombreuses et des notices historiques très étudiées ajoutent encore à la valeur du travail de M. L. le Grand. Commission des Antiquités et des arts de Seine-et-Oise (Commission de l'inventaire des richesses d'art). XVIII volume, Versailles, Cerf, 1898; in-8 de 116 pp. L'Ami des monuments et des arts, organe du Comité des monuments français, fondé et dirigé par Ch. Normand. XI volume 1897, in-8°. Souvenir de l'excursion des amis des monuments et des arts à Etampes. Courte notice, mais enrichie de jolies gravures. Annales de la Société historique et archéologique du Gâtinais. Tome XV, 1897, in-8°. Pages 92 à 96, Nouvelles recherches sur l'imprimerie à Etampes. Notice écrite par notre collègue M. Stein, avec l'érudition et la compétence auxquelles il nous a accoutumés. BORIS-MINZÈS. La vente des biens nationaux pendant la Révolution française, avec une considération particulière du département de Seine-et-Oise. Iéna, 1892, in-8° de 250 pp. environ. Ouvrage publié en allemand. Le titre que nous donnons ici est la traduction du titre original, que nous ne connaissons pas assez. L'auteur est venu faire son travail en France, puis de retour en Russie, son pays, il l'a présenté comme thèse de professorat. Il est maintenant professeur à Sofia (Bulgarie). TOUGARD (l'Abbé). - Les trois siècles palinodiques ou histoire générale des Palinods de Rouen, Dieppe, etc., par Jos. André Guiot, de Rouen, publiés pour la première fois d'après le manuscrit de Rouen par l'Abbé A. Tougard. Rouen et Paris, 1898, 2 vol. in-8° (355 et 345 PP.).
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 +|**UCAL_$B769654_00000304**| 112 --- Il semblerait, d'après son titre, que cet ouvrage dût nous être indifférent; il n'en est rien cependant, puisque l'auteur est l'abbé Guiot, le dernier Prieur de Saint-Guenault de Corbeil, et le premier Curé de Saint-Spire de la même ville, après le rétablissement du culte dans les églises. L'Abbé Guiot a longtemps séjourné parmi nous et, utilisant les loisirs forcés que lui faisait la révolution, il étudiait et écrivait sur l'histoire de Corbeil et de sa contrée. Malheureusement, ses nombreux manuscrits sont presque perdus pour nous; la majeure partie se trouve à la bibliothèque de Rouen, où il nous faut aller pour les consulter. C'est dans un de ces manuscrits que se trouvent les trois siècles palinodiques que l'abbé Tougard, de Rouen, un homme aimable doublé d'un érudit, a eu la bonne pensée d'aller chercher et publier. Il y a joint la biographie de Guiot par lui-même, que nous avons publiée dans le premier bulletin de 1897, et il a complété son travail en l'enrichissant de notes abondantes et de savants commentaires. C'est avec une grande satisfaction que nous avons salué l'apparition de cet ouvrage, car l'abbé Guiot est presque des nôtres; aussi nous sommes heureux de lui voir rendre la justice due à son mérite et à ses malheurs. Après un siècle écoulé, Rouen, son pays, s'occupe de lui, il n'est plus un inconnu pour les érudits de sa ville natale; c'est presque une exhumation, et ce n'est pas sans quelque fierté que nous avons la conscience d'y avoir un peu contribué. A. D. Versailles illustré, publication mensuelle de l'Association artistique et littéraire, in-4°. Publication mensuelle de grand luxe, richement illustrée. On y remarque, au numéro 28, 20 juillet 1898 (3me année), un charmant article sur le musée Saint-Jean à Corbeil, dû à la plume élégante de notre aimable collègue M. G. Girard. Cette notice, bien documentée et d'une très agréable lecture, est en richie de deux jolies gravures: l'une montre la petite porte de l'ancienne église SaintJean, entrée ordinaire du musée; l'autre représente notre vieille porte du Cloître Saint-Spire. En écrivant cet article, M. Girard a été très bienveillant pour notre Société; nous l'en remercions cordialement, tout en souhaitant que, de temps à autre, il veuille bien faire profiter notre bulletin de ses brillantes qualités de style et d'historien. A. D. - ALLIOT (l'Abbé). — Histoire de l'Abbaye et des Religieuses bénédictines de Notre-Dame d'Yerres, au diocèse actuel de Versailles, par l'Abbé J. M. Alliot, curé de Bièvres. Paris, Picard, 1899, un vol. in-12, de xvI-313 pages, deux gravures. ― En écrivant l'histoire de cet ancien monastère, fondé dans notre voisinage par Eustachie de Corbeil, l'auteur a voulu être plus complet que ses prédécesseurs; c'est ainsi qu'il nous donne un fort volume de plus de 300 pages pour la confection duquel il a su mettre à contribution les dépôts publics d'archives et aussi
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 +|**UCAL_$B769654_00000305**| 113 les collections privées. De ses recherches a surgi une longue suite d'abbesses dont plusieurs étaient inconnues jusqu'à présent. Nous craignons cependant qu'il ne se soit un peu embrouillé dans la succession des sept abbesses, qui selon lui, ont porté le nom de Marguerite; il y en a notamment quatre qui se succèdent d'une façon ininterrompue sous ce même nom de Marguerite, ce qui peut faire croire à quelque confusion. M. Alliot nous fait assister à l'existence qu'on menait à l'abbaye à des époques diverses; il nous initie à la vie privée des abbesses, qui n'est pas toujours exemplaire. Une entre autres, Jeanne de Rauville, gouverne son troupeau d'une façon toute spéciale: Un soir elle réunit ses nonnes dans l'église et leur ordonne, sous le précepte d'obéissance, de relever leurs jupes, puis elle introduit le Capitaine de la maréchaussée de Corbeil, qu'elle a fait venir tout exprès, et le soudard (sic) fouette énergiquement les infortunées moniales malgré leurs cris d'épouvante (1). Proh pudor! mais rassurons-nous, l'abbesse avait, pour cette exécution, fait éteindre les chandelles. Cette Jeanne de Rauville gouverna l'abbaye jusqu'en 1487 et, pendant 27 ans, elle fut la terreur de ses religieuses. En racontant ce fait étrange, qu'il aurait peut-être pu passer sous silence, l'auteur aura voulu donner quelque piquant à son ouvrage qui, par sa nature, est forcément sérieux. M. l'abbé Alliot parle ailleurs (p. 116) du Prévôt de Corbeil, Pierre de Chastres, qui apaisa, vers 1340, un différend qui s'était élevé entre l'abbaye d'Yerres et l'Hôtel-Dieu de Corbeil et, dans une note, il paraît vouloir identifier ce personnage avec un tout jeune homme, Pierrot de Chastres, dont la pierre tombale existe encore dans l'église d'Arpajon. Il fait certainement erreur, car celui-ci, presque un enfant, mourut en 1349, tandis que Pierre de Chastres, le Prévôt, exerça cette fonction jusqu'en 1361. Dans sa préface, l'auteur critique vivement ce qu'il appelle une mode du jour, consistant à multiplier les notes et les indications de sources au bas des pages; nous lui demandons la permission de n'être pas de son avis, car, selon nous, les notes éclairent le récit, montrent la bonne foi de l'auteur et, de plus, rendent service au lecteur en le renvoyant à des sources qui souvent peuvent lui être utiles. Nous pensons cependant que, malgré sa préface, M. l'abbé Alliot partage un peu notre manière de voir à ce sujet puisque, dans les 20 premières pages de son livre, nous avons compté 40 notes, pas une de moins ; et il en est à peu près de même jusqu'à la fin. M. le curé de Bièvres voudra bien nous pardonner ces quelques critiques: elles n'ont rien d'amer, mais elles prouvent, au contraire, le grand intérêt que nous prenons à son ouvrage; car il comble une lacune importante dans l'histoire d'un monastère célèbre qui, avant lui, n'était pas assez connue. A. D. - FLORANGE (Jules). Souvenirs numismatiques du tir français avant 1789, avec 69 dessins et 8 planches hors texte. Paris, chez (1) Page 161,
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 +|**UCAL_$B769654_00000306**| 114 -- J. Florange, expert en médailles, 21, quai Malaquais. 1899, in-4º. Ouvrage édité avec luxe, dans lequel sont cités et gravés quatre jetons des arquebusiers de Corbeil. Contrairement à la date ci-dessus (1899), il a paru en 1898. Annuaire du département de Seine-et-Oise pour 1898. Versailles, Cerf, in-12. Rien que des renseignements administratifs et autres, comme dans la plupart des annuaires de ce genre. Les éditeurs nous avaient cependant habitués à des notices historiques, qui n'étaient pas sans valeur; ils paraissent y avoir renoncé, c'est regrettable. Catalogue de la Bibliothèque de feu M. le B. Jérôme Pichon, 3º partie. Histoire, ouvrages relatifs à Paris et aux provinces etc. Paris, librairie Techener, 1898; in-4° de 310 pp. Dans cette 3e vente, qui eut lieu du 7 au 24 mars 1898, figuraient nombre d'ouvrages se rapportant à notre région, parmi lesquels nous citerons : Le nº 4936. — Arpajon, Longjumeau, Montlhéry. 4 vol. et pièces, adjugés à 53 fr. - - N° 4941. Recueil de pièces, la plupart relatives à la demande d'interdiction du Marquis de Brunoy, 1 vol. petit in-4°. Réunion de pièces de grand intérêt, vendu 50 fr. N° 4942. -- Catalogue d'une très grande quantité d'ornements précieux, vases sacrés d'or et d'argent, argenterie, dentelles et autres effets provenant de l'église de Brunoy. Paris, imp. de Monsieur 1785, in-8° maroq. de 32 pp. (très curieux), vendu 70 fr. Nº 4943. — Les folies du marquis de Brunoy, 29 tr. No 4944. Le Marquis de Brunoy par Guérin, 21 fr. Nº 4947. Notice sur Chilly-Mazarin, par Patrice Salin, 10 fr. No 4951. - Mémoire de la ville, Prévosté et baillage de Corbeil... etc, de la recherche de M. Jehan de la Barre, Prévost de Corbeil, 1623, in-4°. Précieux manuscrit des antiquités de Corbeil, adjugé 505 fr. à un éminent membre de notre Société. No 4952. Corbeil. Recueil de 45 pièces sur Corbeil et son arrondissement en 3 vol. in-8°, vendu 65 fr. -- N° 4953. Recueil des pièces manuscrites et imprimées sur Corbeil en 1 vol. pet. in-4º, adjugé 122 fr. No 4954. 210 fr. No 4955. - - Corbeil et son arrondissement, 13 vol. et brochures, adjugés à Adveu et dénombrement du fief de Laborde-lez-Ris, situé en la Châtellenie de Corbeil, près Paris, fait par Charles d'Albiac à Marie Chevalier, dame de Grigny. Curieux manuscrit du XVIe siècle, vendu 25 fr.
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 +|**UCAL_$B769654_00000307**| - -- 115 No 4957 bis. Les antiquités de la ville et du Duché d'Étampes etc. etc, par le R. P. D. Basile Fleureau. Paris 1683. Ouvrage rare, acquis par un de nos collègues pour 110 fr. No 4971. - - La vie de Messire Jean de Montagu, grand maître de France sous le Roy Charles sixième. Manuscrit de 1674, très important pour l'histoire des Célestins de Marcoussy dont Jean de Montagu avait été le fondateur; vendu 155 fr. No 4979. - Origine de Montlhéry, ville, Château, Comté, Prévosté, baillage et chatelnie etc. Manuscrit du commencement du XVIIIe siècle, vendu 52 fr. - No 5004. Mémoire de l'établissement de la chapelle et hermitage de NotreDame de Consolation en la forêt de Sénart, ancien monument de la piété de S. Louis, par le Frère Pacôme, religieux solitaire de ce même lieu. Paris, 1703, in-4º de 26 pp., adjugé 58 fr. à l'un de nos collègues. Les trois nos 5007, 5008 et 5009 concernent Sucy et ont été vendus 25, 11 et 28 fr. - No 5023. Villecresnes, Seigneurie de Cersay. Inventaire général des titres de la terre et seigneurie de Cersay en Brie, paroisse de Villecresnes etc; manuscrit in-folio, vendu 150 fr. -- No 5024. Extraits des anciens titres de propriété du ci-devant fief de Belleplace à Villeneuve-St-Georges et d'une maison contigüe, ci-devant dite maison de la grille, qui lui a été réunie en 1752. Corbeil, 1867, in-4º de 138 pp. et 2 plans; imprimé à 100 exempl. numérotés. Vendu 13 fr. Beaucoup d'ouvrages encore étaient intéressants pour notre contrée, nous n'avons cité que les principaux pour ne pas trop charger cette bibliographie, déjà longue. Société de l'histoire de Paris et de l'Ile de France; 6me bulletin de 1897. Bibliographie. Article élogieux pour notre Société, dû à M. H. Omont, de la Bibliothèque nationale, dans lequel il rend compte des travaux publiés par la Société de Corbeil-Étampes pendant la 2me et la 3me année de son existence, compris la monographie de l'église de Saint-Germain-lès-Corbeil, au sujet de laquelle l'auteur ne ménage pas son admiration. Débaptisations révolutionnaires des communes, Seine, Seine-etOise, Seine-et-Marne. Paris, tous les libraires, in-8°, 12 pp. RIVIÈRE (E). - Le Menhir de Boussy-Saint-Antoine et nouvelles recherches sur Brunoy. Extrait de la 25me session de l'Association française pour l'avancement des sciences; tome II, pp. 524-531,
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 +|**UCAL_$B769654_00000308**| - ― 116 L'Intermédiaire des chercheurs et curieux. Dans le 2º semestre de l'année 1897, pages 168 et 258, se trouvent deux articles sur la descendance des Gaillard de Longjumeau. - LAVIGERIE (Bon Olivier de). Châteaux et Châtelains. Le Chȧteau de Grosbois. Paris, A. la Fare, éditeur, 1892. In-16 carré de 46. pp. LEROY (Gabriel). -Les Singularités de l'Obituaire de l'Abbaye du Jard, proche Melun, diocèse de Sens, au XIIIe siècle. Melun, imp. Legrand, 1898. Recherches curieuses dues au sympathique bibliothécaire de la ville de Melun. MOLINIER (Auguste). Les Obituaires français au moyen âge, ouvrage couronné par l'Académie des inscriptions et belles-lettres. Paris, 1890. In-8°. Dans ce volume qui a exigé une somme considérable de travail, sont indiqués les obituaires de St-Nicolas et de St-Spire de Corbeil, du Perray près Corbeil, de Longpont-lès-Montlhéry, de St-Eloi de Longjumeau, de l'Abbaye d'Yères, etc. JOURNAUX ET REVUES La Chronique des arts et de la Curiosité; supplément à la Gazette des Beaux-arts. - - N° 42. 31 décembre 1898, pages 381-382. Bibliographie. L'Église de Saint-Germain-lez-Corbeil, par L. Vollant. Paris, Picard; in-8°, 42 pages avec 16 planches hors texte et gravures dans le texte. Notice très bien faite, dans laquelle l'auteur, qui se dissimule sous les initiales A. M., apprécie comme elle le mérite la belle monographie de l'église de SaintGermain, publiée par notre Société et qui nous a valu tant de félicitations et de si nombreux encouragements. Il ne nous appartient pas de faire nous-même l'éloge de notre publication, c'est pourquoi nous renvoyons les curieux à la Chronique des arts, importante annexe de la Gazette des beaux-arts, en faisant remarquer que c'est déjà un honneur d'être apprécié et loué par cette importante revue. The Builder. Londres, 2 juillet 1898. Journal anglais qui rend compte en quelques lignes de l'ouverture du musée de la Société à Saint-Jean-en-l'Isle,
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 +|**UCAL_$B769654_00000309**| 117 - Le Petit Journal. — 3 janvier 1899. Le musée de Corbeil. - L'auteur anonyme (M. Desormeaux) a consacré une colonne du journal au musée Saint-Jean et à son inauguration par la Société. Détails historiques sur celle-ci et sur le monument. - La Croix de Paris, 1er janvier 1899. - Le musée de Corbeil. Reproduction de l'article du Petit Journal. Le Petit Journal, 1er janvier 1899. Seine-et-Oise. - Les pierres druidiques en Article un peu fantaisiste dans lequel l'auteur cite les principaux monuments mégalithiques de notre département et dit qu'il avait été question de transporter ces vénérables monuments à Paris pour l'exposition de 1900, mais que les municipalités intéressées s'y seraient opposées. Journal de Brunoy, organe des intérêts communaux de Montgeron, Yerres, Villecresnes, Mandres, Périgny, Boussy, Santeny, Quincy, Épinay et Brunoy. Journal hebdomadaire fondé en 1898; il s'occupe spécialement de la contrée qui rayonne autour de Brunoy, et donne de temps à autre des articles historiques sur le passé des communes qui la composent. Les Affiches de Corbeil-Essonnes, journal d'annonces, judiciaire, commercial, industriel et littéraire, paraissant une fois par mois, et plus souvent quand les annonces l'exigent. Feuille spécialement consacrée aux annonces judiciaires et commerciales ainsi que son titre l'indique, mais il est un peu ambitieux quand il se dit littéraire. L'Écho Arpajonnais, journal des vallées de l'Orge, de l'Essonne, de l'Yvette et de la Bièvre, paraissant le dimanche. Dixième année. A signaler dans le no du 5 janvier 1899, une importante notice historique et archéologique sur Montlhéry, par notre collègue M. Paul Allorge.
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 +|**UCAL_$B769654_00000310**| - - - 118 ERRATUM A propos d'un passage du procès-verbal du 3 mai 1898 (1er bulletin de 1898, p. XXII), dans lequel M. J. Barthélemy émettait le vœu que des fouilles fussent entreprises dans le champ attenant à la gendarmerie d'Essonnes..... lire: dans le champ qui se trouve en face de la gendarmerie, dont il se trouve séparé par la route de Paris à Lyon. M. Barthélemy ajoute qu'à plusieurs reprises des cercueils en plâtre ont été découverts dans ce terrain.
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 +|**UCAL_$B769654_00000311**| TABLE DE LA 4° ANNÉE Statuts et réglement de la Société. Liste des membres. . Conseil d'administration, bureau, comité de publication. Compte-rendu des séances. Page V XI · XVIII XX I Les sculptures du clocher de Brunoy, par M. Ch. Mottheau. La fête de la Fédération à Montgeron (14 juillet 1790), par M. C. Gatinot. Relation de la réception faite à Philippe V, roi d'Espagne, à son passage à Etampes (5 décembre 1700), par M. Paul Pinson. Châtres-sous-Montlhéry érigé en marquisat en octobre 1720 · et devenant Arpajon. • La date de la mort de don Basile Fleureau, par M. Paul Pinson • • Le Journal d'un Bourgeois de Corbeil (1re partie), par M. A. D. Inauguration du Musée Saint-Jean et Assemblée générale du 13 juin 1898. 13 18 24 31 33 · 135 43 55 75 86 • 106 118 Le Préhistorique en Seine-et-Oise, par M. Er. Delessard La Reine Isburge et la commanderie de Saint-Jean-en-l'Isle, par M. A. Dufour. . Le Journal d'un Bourgeois de Corbeil (suite et fin) Bibliographie Erratum. · GRAVURES Sculptures du clocher de Brunoy : Hors texte. Dans le texte. · 2, 3 et 4 2, 4, 6, 7, 9, 10-II
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 +|**UCAL_$B769654_00000312**| - 120 - Reproduction du Menu du 13 juin 1898. La Pierre-Levée: dolmen de Janville-sur-Juine Le Menhir d'ltteville. . Le Menhir de Pierrefitte La Roche qui tourne, à Lardy Polissoir du Bois de la bouillie. Entailles et Stries. . · Sépulture de l'âge du bronze. La Reine Isburge. • . 44 63 66 67 69 70 71 73 80
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 +|**UCAL_$B769654_00000313**|
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 +|**UCAL_$B769654_00000314**|
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 +|**UCAL_$B769654_00000315**| L'ÉGLISE DE SAINT-GERMAIN-LEZ-CORBEIL
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 +|**UCAL_$B769654_00000316**| 6455-97. - CORBEIL. Imprimerie Éd. CRÉTÉ.
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 +|**UCAL_$B769654_00000317**| DOCUMENTS PUBLIÉS PAR LA SOCIÉTÉ HISTORIQUE ET ARCHÉOLOGIQUE DE CORBEIL, D'ÉTAMPES ET DU HUREPOIX 1. L'ÉGLISE DE SAINT-GERMAIN-LEZ-CORBEIL PAR L. VOLLANT MEMBRE DE LA SOCIÉTÉ
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 +CORBEIL THUHE POLY ETAMPES PARIS ALPHONSE PICARD ET FILS, ÉDITEURS Libraires des Archives nationales et de la Société de l'École des Chartes MDCCCXCVII
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 +L'Eglife de SGermain-le-Vieux-Corbeil Extrait d'une gravure de Flamen, 1659.1 L'ÉGLISE DE SAINT-GERMAIN-LEZ-CORBEIL Saint-Germain-le-Vieux-Corbeil (1) était, jusqu'à la fin du dernier siècle, le chef-lieu d'un important doyenné du diocèse de Paris; il ne comprenait pas moins de soixante et une paroisses. Construite sur la hauteur, aux confins de la Brie, à l'endroit où le terrain s'abaisse brusquement vers la Seine, son église se présente d'une façon très heureuse quand on s'y rend de Corbeil, par la nouvelle route. Son riche portail, qu'on aperçoit tout d'abord, indique nettement que l'on a devant soi un monument de la fin (1) Une charte du roi Robert de 1029 désigne ainsi le lieu actuel de Saint-Germainlez-Corbeil : « In veteri Corboilo de terra Sancti Germani quæ dicitur Pradels, mansum unum et dimidium. » L'abbé Lebeuf ajoute : « J'écris ceci conformément à l'original de cette charte que j'ai vu.... Il faut observer.... que c'est-là le premier titre où l'expression de Vieux Corbeil soit employée. Odon, Moine des Fossés, qui écrivoit en 1058 la vie du Comte Burchard, s'en sert pareillement.... par opposition au nouveau Corbeil qu'il appelle Junius Corboilum. » Histoire du diocèse de Paris, par M. l'abbé Lebeuf, Paris, 1757, t. XIII, p. 132. L'épithète de Vieux Corbeil est restée dans l'usage officiel jusqu'en 1822.
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 +|**UCAL_$B769654_00000320**| 2 - du x siècle; les chevrons, les feuilles régulièrement imbriquées, qui ornent les archivoltes de ses voussures, rappellent le style monacal; mais le trèfle du tympan, l'ogive bien accusée des arcs, font déjà pressentir l'influence de l'esprit laïque. Un porche avec gâble précédait autrefois l'entrée de l'église; démoli depuis longtemps, il n'en reste plus aujourd'hui que deux colonnettes d'angle, qui devaient recevoir les retombées des nervures de la voûte. Un mémoire adressé en 1766, par un architecte parisien, à M. de Bretigneres, seigneur de Saint-Germain, et relatif aux réparations à faire à l'église de sa paroisse, parle de l'état de vétusté de ce porche; il conclut à sa démolition (1). A l'intérieur, les piliers qui séparent la nef des bas-côtés divisent l'église en cinq travées; les deux du haut forment le sanctuaire et le chœur. Des colonnes, assises sur de larges bases ornées de griffes, cantonnent les piliers; leurs chapiteaux, à tailloir très accentué, offrent une grande variété d'ornementation. L'élément roman y figure encore à côté de la flore locale; beaucoup portent déjà des crochets largement détachés. De légères colonnettes, blotties dans les angles rentrants, s'élèvent jusqu'aux voussures; elles reçoivent la retombée des arcs diagonaux et de quelques parties d'arcatures. Les arêtes des voûtes sont formées d'un double tore; deux boudins, séparés par une nervure saillante, décorent également les grands arcs doubleaux. Les arcatures aveugles qui forment le triforium rappellent par leur ordonnance la tradition romane; les élégantes fenêtres à meneaux et trèfles qui s'ouvrent sur le fond des collatéraux n'en conservent au contraire aucune trace. La structure générale de l'édifice est caractéristique; les murs, construits en blocage, ne supportent que les égouts de la toiture; la poussée des voûtes se transmet uniquement sur les piliers, par l'intermédiaire des arcs d'ogive et des arcs doubleaux. Aussi ces parties sont-elles spécialement soignées, construites en pierres de taille bien appareillées. Un examen, même rapide, de l'église de Saint-Germain ne laisse aucun doute sur l'époque de sa construction. Tous les archéologues attribuent ce monument à la période dite de transition. A la fin du XIe siècle, une tendance se manifeste; on veut, dans (1) Archives du château de Saint-Germain-lez-Corbeil.
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 +|**UCAL_$B769654_00000321**| 3 les églises qui s'élèvent, donner un plus large accès à la lumière; et d'ailleurs la substitution du vitrail à la pierre ajourée (claustra) permet d'élargir les proportions des fenêtres, souvent si réduites dans les siècles précédents. Il devient nécessaire de surhausser les voûtes pour agrandir les baies qui s'ouvrent au-dessus des bascôtés. On peut voir dans cette nécessité, et aussi dans l'obligation de donner plus d'ampleur aux monuments religieux, une des causes qui ont donné naissance à l'arc brisé. En possession de cet élément, l'architecte laïque entrera dans une voie nouvelle et féconde, mais il n'avancera d'abord qu'avec précaution: il connaît les mécomptes du moine de Cluny, son maître. Le défaut de stabilité provoque, en effet, la ruine prématurée d'un grand nombre d'édifices construits pendant la période romane. Il faudra près d'un demi-siècle de tâtonnements et d'études pour arriver à édifier ces immenses vaisseaux fermés de hautes voûtes aiguës, si merveilleusement maintenues en équilibre par une série d'arcsboutants appuyés sur de robustes contreforts, chargés de pinacles. N'osant franchir certaines limites de hauteur, l'architecte de l'église de Saint-Germain se sera décidé à pousser l'archivolte des fenêtres, jusques et au delà de l'intrados des formerets. Pareille anomalie se retrouve à Saint-Spire de Corbeil. Certains archéologues attribuent cette disposition à des remaniements postérieurs à la construction; c'est la pensée qui se présente tout d'abord à l'esprit, mais l'examen attentif du blocage qui entoure l'appareil des baies nous fait plutôt croire à un parti pris des premiers constructeurs. Nous ne possédons aucun document sur les origines de l'église de Saint-Germain qui puisse assigner une date précise à sa fondation; nous devons donc nous en rapporter exclusivement à secaractères architectoniques. D'après l'abbé Guiot (1), saint Germain, évêque de Paris, aurait dédié, au vi° siècle, à saint Vincent martyr, l'église de cette paroisse, dont il est devenu lui-même l'un des patrons, après sa canonisation; nous trouvons dans les Acta Sanctorum l'histoire des miracles qui lui sont attribués, ainsi que la description du trans- (1) Almanach de la ville Chatellenie et Prévôté de Corbeil, année 1789, p. 24. Son auteur anonyme, l'abbé Joseph-André Guiot, né à Rouen en 1739, a été curé de SaintGuenault, de Corbeil, du 2 mai 1785 jusqu'à la suppression du culte dans cette église, le 30 décembre 1790. Il est mort curé de Bourg-la-Reine, le 21 septembre 1807.
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 +|**UCAL_$B769654_00000322**| 4 -- fert de ses restes à l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés; l'auteur que nous traduisons termine ainsi son récit : « Enfin il y avait dans cette même église, où le saint prêtre avait dormi de son vivant, une botte de foin aussi vert que s'il avait été coupé récemment car personne jusque-là n'avait osé emporter ce foin. » Cette légende s'est conservée jusqu'à nos jours dans la paroisse de Saint-Germain (1). L'église actuelle occupe-t-elle l'emplacement de celle qui fut consacrée par le saint évêque de Paris? Nous l'ignorons. Aucun document ne nous est parvenu à cet égard. Plus de deux cents ans s'étaient écoulés depuis la mort de saint Germain, lorsque l'auteur anonyme de l'histoire de la translation de ses restes écrivait simplement ceci : nam et eamdem villam quondam Beati fuisse Germani adhuc rarus qui nesciat (2). Le même auteur, en parlant du village de Saint-Germain, le qualifie ainsi : Corboïlus vicus (3). Le faubourg Saint-Jacques de Corbeil, qui se développa plus tard sur la rive droite de la Seine, dépendait de la paroisse de SaintGermain, ou plutôt du Vieux Corbeil, car c'est sous ce nom qu'elle a été connue jusqu'à la fin du dernier siècle. Le faubourg SaintJacques avait cependant son église (4) et son presbytère où résidait le plus souvent le curé de Saint-Germain, ce qui amena à plusieurs reprises des contestations entre lui et ses paroissiens. Depuis une centaine d'années, le faubourg Saint-Jacques est rattaché à l'église Saint-Spire de Corbeil. Jusqu'au milieu du xvII° siècle, le chemin (5), qui montait du faubourg Saint-Jacques au village de Saint-Germain, arrivait directement en face du portail de l'église (Pl. I). (1) Acta Sanctorum, 28 mai; Historia translationis [sancti Germani], auctore monacho Sancti Germani de Pratis, ch. III, 25. (2) Ibid. (3) Histoire du diocèse de Paris, par l'abbé Lebeuf, t. XIII, p. 125. (4) L'église Saint-Jacques, qui datait du XIIIe siècle, était formée de deux nefs qui se terminaient carrément. Elle avait appartenu aux Templiers par la donation que leur en fit Marguerite de la Grange, en 1267; après eux, elle devint la propriété des chevaliers de Malte qui la cédèrent aux habitants de ce faubourg, vers 1510. Elle fut démolie en 1803. Mémoire sur la Cne de Saint-Germain-le-Vieux-Corbeil, par M. Pinard, Wassy, 1848. - (5) Nous donnons ci-contre le fac-simile réduit d'un plan ms. de 1645, qui fait partie des archives du château de Saint-Germain, et sur lequel le tracé de ce chemin est indiqué. Ce plan avait été dressé pour accompagner une pétition des habitants qui demandaient le déplacement du vieux chemin. Le plan qui lui fait face représente l'état actuel (Pl. II).
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 +|**UCAL_$B769654_00000324**| ! I come chemin Brad chemin. Gassewae tourduchas de monieur Padur Jarden Drent Jarin Jarden Jardin Vignes chemor Helo Durardin kemen Réduction du plan manufcrit de 1645 lop CA Wium 1*-
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 +|**UCAL_$B769654_00000325**| Stern gray Route de Tigery Château de S!Germain Parc Route de Lieusaint Etat actuel des abords de l'Eglise de St Germain 1896 G Route de Corbeil Imp Ch Wmann.
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 +|**UCAL_$B769654_00000326**|
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 +|**UCAL_$B769654_00000327**| Hehog Dujardin Veue de S.Germain le vieil Corbeil et maifon de M. de Bouille Imp. Ch. Wittmann PL HI
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 +|**UCAL_$B769654_00000329**| 5 Un clocher surmonté d'une haute flèche, recouverte d'ardoises, se voyait autrefois au nord de l'église de Saint-Germain (Pl. III) (1). Le mémoire de 1766, que nous avons cité plus haut, nous donne d'intéressants détails sur cette construction qui s'élevait au-dessus du collatéral. Sa face sud, établie en encorbellement sur un formeret, se trouvait en partie soutenue par la voûte du chœur; cette disposition donne lieu, dans le mémoire, à une discussion assez subtile sur la répartition des dépenses à faire au clocher entre les gros décimateurs, les habitants et les propriétaires de fonds. Faut-il voir, dans ce vice de construction, l'origine de l'affaissement d'un des grands arcs du chœur? Nous ne le croyons pas. L'auteur du mémoire, qui nous fait de l'état des différentes parties de l'église une description minutieuse, n'aurait pas manqué d'en parler s'il eût existé de son temps. Le clocher, qui déjà menaçait ruine en 1766, s'écroula le 15 octobre 1793, écrasant en partie la toiture et les voûtes du collatéral nord (2). En exécution d'un avis émis par le conseil général de la commune, le 11 septembre 1793, ce clocher avait été dépossédé de trois de ses cloches; une seule, la plus importante (3), n'avait (1) Dans la gravure de Flamen, le clocher est figuré à la droite de l'église, tandis qu'en réalité il était à gauche. Nous avons ici corrigé cette erreur en renversant simplement la gravure. (2) C'est à tort que Pinard, et d'autres après lui, ont donné la date de 1796. Voici en effet le texte d'une délibération conservée dans les Archives municipales de Saint-Germain: « Aujourd'huy quatrieme jour de la premiere décade du deuxieme mois de la seconde année de la Republique françoise.... assemblée général des hábitans de SaintGermain-le-Vieux-Corbeil, .... convocquées extraordinairement au son du thámbourg faute de la clôche qui cest trouvée cassée par la chûtte du clochée.... arrivée le vingt quatrième jour du premiée mois de la ditte seconde année (15 octobre 1793) aux fins de déliberée... sur le ráports... rélatif a la chûtte du dit clochet et au repárátions à faire à la ditte Eglisse... [qui] s'eleve à douze où quinze mil livres... le Directoire.. vúe le dangé que les dits hábitans courroient dans leur Eglisse [émet l'avis] de faire loffice du culte dans l'Eglisse de Saint-Jacques leur surculçale... » « L'assemblée... arétée ûnanimement que vúe lurgeance... davoir au moins une mêsse basse dans son Eglisse... il est tres hurgent nom pas daitaizée toustes les voûte ny de faire la vissite des fondation qui reste dans l'Eglisse... mais quil sagit seullement de rétablire le mûre du bas cottée de l'Eglisse que le clochet a entrainée par ça chûtte dans une longueur de six toize au plus sur quatre toize de haûx et de rétablire la couverture de cette partie en thuille comme celle qui est restée.. et en atendent... l'assemblée arrête que [vu] l'état de soliditée où est la châpelle Saint-Pierre dans cette Eglisse quil y serat dit une messe basse au moint toust les dimanches... et en conséquence que une extrait de la présente déliberation cérats notifiée au citoyen Jozon curée de cette commune, absent pour le présent... » Archives municipales de Saint-Germain-le-Vieux-Corbeil, du 4 brumaire an II (25 octobre 1793). (3) Cette cloche pesait 1715 livres. Archives municipales, 25 floréal, an 11.
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 +|**UCAL_$B769654_00000330**| 6 - pas été déplacée, circonstance qui aurait, dit-on, déterminé la chute de l'édifice (1). Nous voyons cette opinion formulée en 1807 dans le procès-verbal d'une délibération du conseil municipal de Saint-Germain (2); elle semble justifiée par les termes du mémoire de 1766 qui s'étend longuement sur le mauvais état du clocher. A la suite de cette dernière délibération, les substructions de la tour furent enlevées; sa face orientale, érigée contre l'un des grands piliers qui sont à l'entrée du Sanctuaire, lui servait de contrefort; il n'est pas téméraire d'attribuer à la suppression de cet appui la déformation du pilier qu'il soutenait et le léger affaissement de l'arc doubleau qui s'élève au-dessus de la Sainte Table. Ces mouvements, peu importants du reste, ne paraissent pas s'être accentués. Un plancher en bois a remplacé pendant longtemps les voûtes du bas-côté nord; vers 1835 (3), un modeste clocher (Pl. IV) fut établi provisoirement sur le pignon de la façade, pour abriter l'unique cloche de la paroisse. Cette cloche provient de l'église voisine de Saint-Pierre-du-Perray (4); elle porte l'inscription suivante en caractères gothiques : ✩ lan : m : vz xu fnt fait celte cloche pour : leglile: de S Pierre de Peray : Jbs: maria: (5) L'abbé Guiot nous apprend (6) que l'église de Saint-Germain a subi, vers 1750, des remaniements intérieurs assez importants. Plus tard, en 1793, la chute du clocher a donné lieu à quelques reprises de maçonnerie, mais ce n'est qu'à partir de 1862 que cet édifice a été l'objet de travaux dont l'importance a toujours été croissante jusqu'en 1896. En 1862, M. Darblay jeune, député de Seine-et-Oise, avait fait entreprendre à ses frais la reprise et la décoration de la façade principale. (1) L'écroulement ne peut être attribué à une bourrasque; le registre de l'Observatoire de Paris indique, en effet, que l'atmosphère était calme le 14 octobre, jusque dans la nuit, et parle simplement d'un vent ordinaire le lendemain. (2) Archives municipales de Saint-Germain-le-Vieux-Corbeil, du 8 mai 1807. (3) Ibid., 26 octobre 1834. (4) Ibid., 22 septembre 1816. (5) Inscriptions de la France, du ve au XVIIIe siècle, par M. F. de Guilhermy. Paris, 1879. (6) Bibliothèque de Rouen, fonds Montbret, ms. 115.
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 +|**UCAL_$B769654_00000331**| Cogo Jos de Eglise de S. Gomain ter Corbeil 4 Juilles 1841. Heliog. Dujardin P. IV
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 +Imp Ch. Wittmann VUE DE L'EGLISE DE ST GERMAIN LEZ CORBEIL (4 Juillet 1841 )
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 +|**UCAL_$B769654_00000332**| 1 •
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 +|**UCAL_$B769654_00000333**| 7 La partie qui surmonte le portail fut presque entièrement reconstruite, ornée de statues modelées par Elias Robert (1) et couronnée par le campanile actuel. A ces travaux, il faut ajouter la reconstruction des voûtes du collatéral nord, la réfection des bases des
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 +colonnes et d'un certain nombre de chapiteaux, le renouvellement des vitraux de la façade. Plus tard, en 1872, M. Darblay jeune faisait construire le grand tambour d'entrée, au-dessus duquel s'élèvent les orgues, qui sont également dues à sa générosité. En 1882, quelques travaux de restauration relatifs à la couverture et au ravalement extérieur du chevet furent entrepris sous les aus-. pices de M. Charles Beranger, maire de la commune (2). Désireux de compléter l'œuvre de leur père et grand-père, MM. Paul et Aymé Darblay firent venir auprès d'eux, en 1891, (1) Robert (Louis-Valentin dit Elias), né à Étampes, le 15 septembre 1819, décédé à Passy le 29 avril 1874. Élève de David d'Angers et de Fradier, auteur de nombreux bustes et statues, ses œuvres les plus connues sont : l'Enfant Dieu, la France couronnant l'Art et l'Industrie, qui surmonte le Palais des Champs-Élysées, la statue en marbre d'Etienne Geoffroy Saint-Hilaire, à Étampes, la Justice, statue en bronze pour la fontaine Saint-Michel, la Loi, statue en pierre pour le tribunal de commerce, le Fronton de l'École des Mines, en pierre également deux Cariatides pour l'Opéra, etc., etc. (2) M. Charles Beranger est le petit-fils de M. Darblay jeune. Cf. à ce sujet le Bulletin de la Société historique et archéologique de Corbeil, d'Étampes et du Hurepoix, année 1895, pp. 20 à 26.
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 +|**UCAL_$B769654_00000334**| - 8 M. l'abbé Brisacier, curé de Fontenay-Lignières, architecte et archéologue distingué, dont ils avaient eu l'occasion d'apprécier le savoir et le talent. Sur ses conseils, MM. Darblay faisaient commencer, en 1895, des travaux qui devaient avoir pour effet de mettre en relief les beautés architecturales de l'église de SaintGermain, entreprise importante, pour qui se rappelle l'état dans lequel se trouvait, à cette époque, l'intérieur de ce charmant édifice, dont tous les détails de sculptures étaient noyés sous la couche épaisse d'une succession de badigeons. Une partie du chevet disparaissait derrière de grandes boiseries (1). Celles du sanctuaire ne laissaient plus voir qu'en partie de superbes vitraux du xII° siècle, véritable richesse, dont plus d'une cathédrale serait fière. Habilement restaurés, ils font aujourd'hui l'admiration des savants et des artistes. Le mobilier en sapin recouvert de peinture était complètement vermoulu; ici, tout était à refaire, rien à regretter. Les vases sacrés que possédait autrefois l'église ont été enlevés, pour être portés à la Monnaie, le 14 brumaire an II; les fleurs de lis qui les ornaient ont été sans doute la cause de leur destruction (2); parmi ces objets, figurait un étui en argent renfermant un bras de sainte Catherine. Depuis sa fondation jusqu'à la fin du siècle dernier, l'intérieur de l'église de Saint-Germain semble avoir toujours été décoré de peintures. La plus ancienne, faite à la fresque en deux tons d'ocre rouge, consistait en nielles très simples. Nous en avons trouvé des traces dans toutes les parties de la nef, au-dessous du bandeau du triforium. Plus tard, à une époque difficile à préciser, l'église fut entièrement recouverte d'une décoration polychrome qui, d'après l'abbé Guiot, existait encore en 1760 (3). Un certain nombre de colonnes, de nervures, en conservaient encore des traces (1) Nous lisons dans le Mémoire sur la commune de Saint Germain-le-Vieux-Corbeil, par Pinard, pp. 7 et 8 : « Les boiseries du retable du maître-autel proviennent de la chapelle du domaine appelé le grand Tremblay, à Corbeil; le tableau principal qui s'y voit représente saint Germain distribuant des aumônes; il est l'œuvre et l'hommage de Mme Pinson, qui habite depuis longtemps la commune de Saint-Germain. » Ce tableau est placé maintenant sur un panneau du tambour, à droite de l'entrée. (2) Leur poids total était de 21 marcs 6 onces 3 gros (5kil,58cgr). Archives municipales de Saint-Germain-le-Vieux-Corbeil, 13 brumaire an II. (3) « En 1760, l'église étoit toute peinte jusqu'à la voute qui étoit or et azur. Les douze apôtres étoient autour, aux bas côtés. Il y avoit une grille au chœur et un beau Christ que le tonnerre renversa vers 1750. A cette époque on détruisit deux autels qui étoient à côté, alors furent aussi enlevées beaucoup de figures en pierre et de peintures sur bois. » Bibliothèque de Rouen, fonds Montbret, ms. 115.
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 +|**UCAL_$B769654_00000335**| 9 - sous le badigeon de chaux qui les recouvrait ; il en était de même pour les clefs de voûte peintes à l'huile et dorées dans les fonds. La peinture du sanctuaire paraît avoir été plus souvent modifiée que celle du reste de l'église. L'enlèvement des boiseries a permis de constater, qu'au-dessus de l'autel jusqu'à la naissance des glacis, une succession d'enduits peints étaient venus à diverses époques changer l'aspect de l'abside. La dernière de ces peintures datait du règne de Louis XIII. Elle était faite à l'huile, ce qui a permis d'en détacher les fragments encore intacts et de les maroufler sur des panneaux de plâtre (1). Les boiseries masquaient également une importante crédence, composée de deux arcatures géminées, séparées par une élégante colonnette. Les piliers, les nervures, et en général toutes les parties construites en pierre de taille, ont été grattés au vif, leurs joints réparés au plâtre. Une nouvelle couche de plâtre, parfaitement dressée, est venue remplacer celle qui recouvrait le blocage des murs. Les joints, creusés dans la masse et remplis de mortier de chaux, donnent au monument l'aspect d'une construction en pierre de taille; effet en partie réel, du reste, puisque dans toute l'ossature, l'ancien appareillage a été scrupuleusement respecté. Enfin un très léger lait de chaux, diversement teinté, rompt l'uniformité de ce travail, dont l'ensemble a donné pleine satisfaction. Les chapiteaux, en grand nombre, tous d'un modèle différent, débarrassés de l'épaisse couche de badigeon qui les empâtait, ont été trouvés en assez bon état; quelques-uns seulement ont dû être réparés. Dans le collatéral nord, la plupart des chapiteaux sont en plâtre, ils datent de la restauration faite en 1862 par M. Darblay jeune. Les anciens avaient été détruits par la chute du clocher. Les bases des colonnes ont nécessité des reprises plus importantes; ici, l'emploi du ciment de Fresne a donné d'excellents résultats. Exécutés par des ouvriers spéciaux, les travaux de ravalement intérieur ont été enlevés assez rapidement, malgré l'obligation de déplacer les échafaudages importants nécessités par la hauteur de l'édifice, dont les clefs de voûte sont à dix-sept mètres au-dessus du dallage. (1) Au sujet de ces peintures, voir le Bulletin de 1895 de la Société historique et archéologique de Corbeil, d'Étampes et du Hurepoix, pp. 24-25. Ces fragments de peinture ont été depuis déposés au musée de la Société historique et archéologique de Corbeil, d'Étampes et du Hurepoix, dans l'ancienne église des Chevaliers-de-Saint-Jean.
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 +|**UCAL_$B769654_00000336**| - - IO Le sol de l'église de Saint-Germain offre l'exemple d'une particularité qui se rencontre quelquefois, quoique très rarement, dans les monuments de ce genre. Il est disposé en pente, de l'abside au portail. Si la disposition en gradins des différentes parties d'une église, avec l'autel surélevé de quelques marches, semble symboliser les grandes divisions de la hiérarchie chrétienne; pas plus les considérations de cet ordre que celles tirées des nécessités matérielles, n'expliquent l'anomalie que nous trouvons ici. Quoique ne pouvant expliquer son origine, peut-être même à cause de cela, l'architecte a cru devoir conserver cette disposition. Une montée de trois marches séparait, comme aujourd'hui, les deux travées hautes du reste de l'église. Le sol des trois premières travées était recouvert d'un carrelage en terre cuite commune, sous lequel ont été trouvés quelques fragments de carreaux de terre vernissée, jaune verdâtre, dont l'emploi fut fréquent à partir du XIII° siècle. Dans le choeur, le sanctuaire et la partie haute du collatéral sud, le dallage était formé d'anciennes pierres tombales; quelques-unes étaient entières; celles dont la gravure était encore visible ont été restaurées, plusieurs, favorisées par leur position, se trouvaient dans un excellent état de conservation. La gravure de ces tombes, rafraîchie au ciseau, a été réchampie en brun rouge. Quelques pierres, portant des inscriptions, se voyaient aussi le long des murs ou sur les piliers; leurs lettres, également restaurées, ont été rehaussées de noir; le rouge vif a été réservé aux restitutions de mots grattés sous la période révolutionnaire. Toutes ces tombes et inscriptions, soigneusement classées dans leur ordre chronologique, sont actuellement scellées le long des murs des collatéraux. Cette succession de monuments, qui tous se rattachent étroitement à l'histoire de la paroisse de Saint-Germain, forme aujourd'hui un élément de décoration du plus haut intérêt. Plusieurs archéologues, principalement l'abbé Lebeuf (1) et Guilhermy (2), ont étudié et décrit les pierres tombales de l'église de Saint-Germain; l'état d'usure de ces tombes et plus encore leur position, quelques-unes étant engagées dans la maçonnerie, en rendaient l'examen particulièrement difficile; de là plusieurs omissions ou inexactitudes relevées dans leurs ouvrages. (1) Histoire du diocèse de Paris, par l'abbé Lebeuf, t. XIII, pp. 129-130. (2) Inscriptions de la France du ve au XVIIIe siècle, par Guilhermy, t. IV, pp. 226-248.
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 +|**UCAL_$B769654_00000337**| XVI-LAS@MAINRE DEVANT LA 8 LAVRENZ PRIEZ POVR LM Heliog Dujardin OE DALVIM IαI G) GRACE.M EV PIERRE LEGGINGVRIER LE DIELOVI TRESPASSA D Imp Ch Wittmann TOMBE DE PIERRE LETEINTURIER PL. V
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 +|**UCAL_$B769654_00000338**|
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 +|**UCAL_$B769654_00000339**| Placé dans de meilleures conditions, il nous a été permis de faire de ces monuments une étude plus complète. Nous avons trouvé un auxiliaire précieux dans l'abbé Guiot, qui avait eu l'heureuse pensée de copier ces textes avant la Révolution et de les consigner dans un de ses manuscrits (1). Derrière les fonts baptismaux sont placées les pierres tombales dont la date est la plus reculée. La première, celle que Guilhermy considère comme la plus ancienne, possède, en effet, tous les caractères du XIII° siècle. Elle est sans effigie ni ornementation et ne présente qu'une épitaphe en bordure. Voici ce qu'on y lit en lettres gothiques : [Jei gil[t]: ....[ilar] de [Corb]ueil et m a dame arguerite [la fa]me: [priez (2) pour leurs almes ame[n]: Haut. 2,025, larg. au sommet om,75, larg. à la base om,56. Le nom du mari a disparu en partie avec un morceau de la pierre. A côté, est la tombe de Pierre Le Teinturier, assez bien conservée, celle-là, grâce à sa gravure large et profonde (Pl. V). Le défunt est représenté les mains jointes, un chien sous les pieds; un surcot à capuchon doublé de fourrure recouvre sa cotte. Deux colonnettes ornées de chapiteaux à crochets, réunis par un arc trilobé avec fleuron et crossettes, forment l'encadrement. Deux anges nimbés, disposés dans le haut, encensent la tête du défunt. Dans la bordure qui entoure cette tombe se lit l'inscription suivante : • Jei gilt f • • en Pierre le Teinturier · le · viel · qui · treſpalla · lan de grace · m · cc · .. et xvi. lafemainne · devant · la· S · Janrenz · priez · pour · la' me de . Ini. • Haut. 2,41, larg. au sommet 1m,17, larg. à la base 1m,09 (1) Bibliothèque de Rouen, fonds Montbret, ms. n° 115. (2) Les lettres placées ici entre crochets ont été simplement figurées sur la pierre ou le ciment par un double trait, parce qu'elles ne sont que le résultat d'une hypothèse, il est vrai, très probable. Corbueil même était difficile à déchiffrer.
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 +|**UCAL_$B769654_00000340**| 12 La date de 1287, rapportée par l'abbé Lebeuf, n'est pas exacte. On ne peut lire que M.CC... et XVI. Elle n'a pas été regravée à cause de l'incertitude où l'on se trouvait. Les mots qui trespassa lan de grace M.CC.... et XVI lasemainn étaient recouverts de maçonnerie, à l'époque du travail de Guilhermy. Entre cette dalle et la suivante, a été scellée une petite plaque de pierre qui figure, d'après la description qu'en a donnée Guilhermy, la tombe de Marie Le Teinturier, femme de Pierre. Nous n'avons pu la retrouver; la tombe disparue mesurait deux mètres de longueur et un mètre de largeur. Voici le texte de l'épitaphe qu'elle portait : * Jei : gilt: Marie : fame : Pi erre Leleiturier priez por fame : m : cc lxxın : Viennent ensuite les tombes de trois prêtres; les personnages, de grandeur naturelle, sont revêtus de leurs ornements sacerdotaux, aube, chasuble, étole et manipule; au-dessus de l'encadrement, deux anges thuriféraires occupent les angles supérieurs de la pierre. mort Sur la première (Pl. VI), des colonnettes à chapiteau feuillagé, une archivolte trilobée avec fleuron encadrent le défunt, en 1287. La partie essentielle de l'inscription a disparu; on n'y lit plus que les mots suivants : feltum Beati Georgi : anno Domini ; m° ; cc° ; octnag' ; vu° ; anıma eins; reqelcat : Haut. 2,47, larg. au sommet 1,18, larg. à la base om,98. Sur la seconde (Pl. VII), l'inscription est plus importante; le défunt porte aussi un calice, les ornements du cadre sont à peu près semblables, mais on y voit en plus un gâble à crochets; les pieds du personnage reposent sur un dragon. L'inscription est incomplète; elle nous apprend cependant que le défunt était chanoine de Saint-Quentin et qu'il portait le prénom de Jean; quant
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 +|**UCAL_$B769654_00000341**| IA T
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 +Hehog Irajardin ANNO DNIA: OCGVAO VII HI EI REQESⱭAT: FAST BI GEORGI TOMBE D'UN PRÊTRE DÉCÉDÉ EN 1287 Imp Ch Wittmann ・・・・玉 ​121
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 +|**UCAL_$B769654_00000342**|
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 +|**UCAL_$B769654_00000343**| DIGILIFT ASSUOD MONIS ThⱭIHAAT OAGISTARIOHAN EOARIE VIRGINIS CUIUS ANIONT REQUIES CAT IN PAAE AMEN ㄨ​ㄨ ​RIO CONOTON CANONICUS SANATI QUINTINI DE VIROOVANOIFAO CURATUS ISTIUS CAS DICTOLISIA Hélio Dujardin 00:00 Imp Ch Wittmann TOMBE D'UN CURE DU VIEUX-CORBEIL décédé en 1309 PL VII
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 +|**UCAL_$B769654_00000344**|
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 +|**UCAL_$B769654_00000345**| PL. VIII
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 +PRO O ORAGE Iua hic LACEY QAGIS QUER IOHANNES AVRAUVS ISTIVS ECCLESIA DE VEGERI CORBOLIO E DECANVS (31) για ˋ 園 ​Caα QVADRAGESIMO . W rua 3 ouul 83 21180 AD Heljog Dujardie RPIANITATIS trp Ch Wittmann TOMBE D'UN CURE DU VIEUX-CORBEIL decédé en 1340
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 +|**UCAL_$B769654_00000346**|
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 +|**UCAL_$B769654_00000347**| 13 - au nom patronymique, il a disparu: il n'en reste plus que la syllabe rio; voici cette épitaphe: * Hic · iacet · magifter. Johan.. rio. condam · canonicus · Cancti · Quintini - de · (sic) Wiromandia". ac · curatns · iltins · eccles • ie auno Domini ・ m・ ccc · nono · die; iovis · in · • • · vigilia aflumpcionis beate Marie Wirginis enins anima requielcat · in · pace · amen : • Haut. 2,84, larg. au sommet 1,44, larg. à la base 1,37. La troisième tombe (Pl. VIII) est de beaucoup la plus belle. Ici, le curé est coiffé de l'aumusse, insigne du canonicat; les mains jointes sont en marbre blanc ainsi que la tête et le cou. L'encadrement, d'une grande richesse, comporte deux piliers, divisés chacun en plusieurs étages, ornés de niches, gâbles à crochets, baies ajourées, pinacles et fléchettes. Le long des piliers, deux petites colonnes, que couronnent des chapiteaux à feuillage, soutiennent un arc brisé trilobé. Un tympan très ajouré, orné d'une jolie rosace, relie l'archivolte à un gâble fleuronné, garni de crochets. Une arcature svelte et élégante, qui réunit les piliers et s'engage derrière le tympan, supporte les anges thuriféraires. Les petits personnages représentés dans les niches, paraissent rappeler les différentes périodes de la vie du défunt; voici le texte de l'épitaphe: Hic iacet magis • . ter Johannes.... • curatus iltins · ecclelie - de - Weteri · Corbolio · z · decanus · chriſtianikakis · qui · obut · anno Domini . m · ccc · quadragefimo · die · • pro eo. • Haut. 2,53, larg. 1m,22. Dominiorate · Plus loin est une inscription qui relate les fondations faites par Germain Hébert, dit Oudart, pour lui-même et plusieurs membres de sa famille. Le texte est curieux par ses détails sur la cérémonie du jeudi saint et sur la distribution des petits gâteaux qui doit suivre l'obit annuel de la veuve Hébert. Le mauvais état de conservation de la partie inférieure de cette pierre ne permit pas à (1) Saint-Quentin en Vermandois.
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 +|**UCAL_$B769654_00000348**| — — 14 Guilhermy de déchiffrer les dernières lignes qu'avait en partie lues l'abbé Guiot. Le manuscrit déjà cité nous a facilité la lecture d'une vingtaine de mots, mais la ligne est restée incomplète, et on en voit encore une autre plus bas. Au-dessus du texte, est gravée une
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 +Ler marges or ceans lout tal fire dire et chunter le con biase De celle cale per chi premier jo es mopslam ans enrichment Tales and pleaulnes et neuf lecons lanes comentes et melle Jade a diacre Toubh diecer e choices fru gemein troet dit oudert urce faire ang alay eat worse tres tournops Tente pris pr chun an hr mailion geance citables regrettes et Jardin le tout dos auies al a tiller et bir yo suras te terer al ala bunte gue bergiees few a une ala egle quatre arus re alan tillrep muheil dit alle mele mis prices e la epile Delques reate et terre mor andre en afaict buiter les mains a late car par puillance de fiet et.ru eft put temptar pur Lequel cente et terre le Fandre almille le gyres tour Dont le cure on are quarraletres à cahir ter guaires arrus & terry delhi Fletely wrts out temp faire dirgr rhin an mur fours elcris au martilage quatre uelles balles De requiem feu facques brieet dit budirt pe dus gemat item ally lord train leg mrls faire dice le tenace dead ablob releure et laire les pie agnes anom rs y sufres et de alceule munires a com bug calea ettroys Colts et faire dire une meile balle le premier fo Conurnable dames ovena miques n'et a liminonak amiot yufur feu/aques bebet dat oudert etaule diftribuer Buy afilias and Cutter a counung til gallegu me faire Lane enile a comme un septier ble de rente a lane cult pris tur un arpent deterre alla dilep série de figures: le Christ nu, assis sur un tombeau et tenant un roseau; Germain Hébert, à genoux devant lui, ayant à ses côtés saint Germain évêque; à la gauche du Christ, la femme de Germain Hébert, également à genoux, est assistée par un diacre revêtu d'une dalmatique : c'est saint Vincent, premier patron de l'église de Saint-Germain, reconnaissable au cep de vigne gravé derrière lui. Voici cette inscription, attribuée par Guilhermy au xvi° siècle : Les margnilliers de ceans lont tennz faire dire et chanter par le cure on vicaire De celte eglile par chacun premier Jonr des mops de lan lans empelchement vigiles a nenf pleanlmes et nenf lecons landes commendaces et melle banlte a diacre fonbz diacre et choriers pour fen germain hebert dit ondart El pour ce faire a donne a ladite eglife donze livres tournoys de rente pris par chacun an fur la maison granche eltables bergerie et Jardin le tont clos a mars allis a tillery (2) et lur xv arpens de terre allis a la butle anx bergiers Jtem a donne a ladite eglile quatre arpens de ferre allis andit fillery an lien dit Jally ponr eltre mis anx priers de ladife eglise Delquels rente et terre monlienr de S' andre en a faict vuider les mains a ladite eglife par puillance de fief et en elt de prelent detemptenr pour (1) Pour choristes. (2) Pour Tigery, il y a là une faute du graveur. 1 (3) De même que l'abbé Guiot, nous avons lu puissance et non pas quittance, comme le dit Guilhermy.
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 +|**UCAL_$B769654_00000349**| FL IX
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 +Moble feme emile mris Javis la feme Qm Challa Paez neu peule: Hélieg Dujardin Cygilt doble home toys tillet enlon vialt Frownl le ybi Jo de feptemibze mil vez kye: Ct TOMBE DE LOYS TILLET. décédé en 1516. et de DENISE PARIS. sa femme coquatre degenolly z de la granche ala puote huller du Foy ure fire en la cot de plemet Qm Plmalla Imp Ch Wittmann
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 +|**UCAL_$B769654_00000351**| 15 · lefquels rente et terre ledit S¹ andre abaille leize · xx livres tournops Dont le care en a receu quarente livres a canle des quatre 7 arpens de terre dellns diks. Item leldits margnilliers sont tennz faire dire par chacun an anx Jours elcriptz an martnologe quatre melles balles De requiem pour fen Jacques heberk dik hondark pere dudik germain item anlli lont tenuz leldiks margnilliers faire dire le lervice du Jendy ablolu de relevee ef laver les piedz a xui panvres an nom des xiu apoltres et donner a Jcenlx panvres a chacun ung galtean et trops Colz tournops et faire dire nne melle balle le prenmier Jonr convenable dapres on devant palques pour et a lintencion de denile amiok venfve de fen Jacques þebert dık ondart et anſſi diſtribner anx alliltans andik lervice a chacnn nng petit galtean pour ce faire ladite denise a donne nu sepkier de ble de rente a ladite eglise pris fur un arpent de terre allis a killery.. Haut. om,86, larg. om,71. Au-dessous de la fenêtre qui s'ouvre à la hauteur du choeur, est scellée une grande dalle (Pl. IX) sur laquelle sont gravés deux personnages en pied, les mains jointes, le mari et la femme, avec leurs huit enfants agenouillés à leurs pieds. C'est la tombe de Loys Tillet, seigneur de Saint-Germain à la fin du xve siècle et au commencement du siècle suivant, et de Denise Paris, sa femme. Loys Tillet, huissier au Parlement, est représenté vêtu d'une longue robe fourrée; il porte une baguette, insigne de sa charge, sa femme a un gros chapelet attaché à la ceinture. L'encadrement très orné est formé de deux arcs en plein cintre, avec retombée médiane en pendentif. Au-dessus de chaque arcade et séparées par un large fleuron sont deux demi-rosaces en forme de coquille. L'épitaphe qui entoure la pierre est interrompue, à la hauteur de la ceinture des défunts, par deux écussons, celui de Loys Tillet à gauche, le même écartelé des armes de Denise Paris, à droite (2). Cette dalle funéraire a dû être faite du vivant de la (1) On doit lire mortuologe. (2) Ces armoiries, presque effacées sur la pierre, ont pu être rétablies grâce à deux manuscrits de la fin du xvº siècle, écrits par Loys Tillet lui-même, et en tête desquels ces mêmes armes sont dessinées en couleur. Ces manuscrits, restés dans les archives du château de Saint-Germain-lez-Corbeil, sont aujourd'hui en la possession de M. Paul Darblay. Voici la description de ces armoiries : D'azur à 3 coqs d'or, 2 et 1, crêtés et barbés de gueules, au vol de sinople, issant chacun d'une corbeille d'osier diaprée d'argent (alias d'or).
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 +|**UCAL_$B769654_00000352**| - 16 - veuve de Loys Tillet, comme paraît l'indiquer l'absence de la date de sa mort. Voici cette épitaphe: Cy gilt Noble homme lops fillet en lon vivault Seigneur du val coquatrix" de genoilly z de la granche a la prevote huillier du Foy notre lire en la court de parlement Qui frelpalla le xvi Jour de septembre mil v' z lerze: Et Noble femme denile paris Jadis la femme Qui treſpalla le…. Priez dien pour enlx: Haut. 2,30, larg. 1",15. Sous la chapelle de la Sainte-Vierge se trouve un caveau renfermant trois cercueils en plomb. Le plus grand porte, sur une plaque de cuivre, une inscription que l'on a reproduite sur une plaque de même métal sans s'astreindre à en observer les dimensions ni la forme des lettres grossièrement tracées. Cette plaque a été fixée au mur, on y lit : Messire Eustache Thibeuf, Seigneur de S-Germain le vieil Corbet, Val Coquatry et autres lieux, Coner du Roy en sa cour de parlement de Paris et grande chambre d'icelle, décédé le 12 Juillet agé de 76 ans et 10 mois. et plus bas, dans l'épaisseur du cadre en chêne : Texte de l'inscription gravée sur le plus grand des trois cercueils que renferme le caveau qui occupe le sous-sol de la Chapelle de la Ste Vierge. 1712 Vient ensuite une pierre relatant la fondation faite par Catherine du Tillet, fille de Loys dont nous venons de parler. Au-dessous de l'inscription, un dessin d'un réalisme un peu primitif nous montre (1) Le Val Coquatrix était le domaine seigneurial de Saint-Germain; il fut réuni à la terre de ce nom à la fin du XVIe siècle. Ce domaine du Val Coquatrix, du nom d'un de ses anciens possesseurs, avait été autrefois terre royale; on a des letrres et des ordonnances de Charles V datées du Val Coquatrix. Cf. L. Delisle, Actes et mandements de Charles V.
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 +|**UCAL_$B769654_00000353**| 17la fondatrice couchée dans son cercueil, le corps déjà envahi par les vers. Cette pierre était scellée sur un des piliers de la chapelle de Saint-Pierre, aujourd'hui consacrée à la Sainte-Vierge, c'est
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 +Les marguilliers paelens eta lenie te legte et paroille germain du bicil corbueil font terug face dice chanter et celebzer en la eate a toulious peetuellement a bintentio be fobleteme Catherine utillet efue de feu Tebo le cocheteen Con viuant buillier des requeltes duplas et de les parens et amps buns et trefalleg douge obitz Colewpnely par chi a quele afondes de lon but quá feront celebzez le premier leadede de chun moes heure de buiet atenda neuf heures du matin au cueur de ladicte egte Lelquely obity feront de bigilles a neuf plenulmes et neuf becons laudes Vecbmandaces et une melle po les teelpallez le tout chauta notte a multe wix et la melle a diacie loubg diace et chailles ala fin du fuice Ceza faicte procellion alentour des pilliers de ladicte egte auce la cor et lease temilte en chantant le teilet libera me domine de monte etema et aultres fuffrages zozailos propres Et ala fin de la procellion viendront les gens begile fur la folle et au lieu ou eft Jubume feu moys. Dutillet feigneur dual roquatris ze te ladicte lefue et aucuns tes frezes et leurs telle en la chapelle viere ou z adruezout leld fuffrages et y diront aulle le pleadme de deprofimdis et orailons popes pour la celebzation telquely obitz fences et melles lety mattre Cont temuz fournir et adminiftrer les plus beaulx et les plus boneltes amemens tes teelpallez de la eglife bare calice huminaire et aultres chules ace necellaires Et auant que comancer a chanter et celeber left obitz Cezont temy lely margalhiers faire tinter p de dueles fois les petites doces et ala troifiefme fors fare Conner les grolles cloches pour laquelle fondado ladicte dutillet a conlane alad egile vingt lures e de vente media ao Pachetable aux bous poinct et ailemens de la duillet a la charge que les tenies du vachapt lezout employez en autres Yentes toutefois et quantes que vachapt en Ceza faict es lers delquely emplois Ceza faict mention que left de la fondado de lad dutillet ainly que le tout eft aplain contenu au contract de ce faict et palle p deuat Jacques patio notaire Topal aud coburil le yeb Jour dail mil cinq cens (oixante fix Tequielcat Jn pace ce qui explique la vingtième ligne de cette longue inscription que nous transcrivons: Les margnilliers prefens et a venir de leglife et parroille k germain du vieil corbned font tennz faire dire chanter et celebrer en ladite eglile a tonlionrs perpetuellement a lintention de Noble femme Catherine dnkillet" vefne de fen Me Jehan le cochete en lon vivant huillier des Pequestes du palars et de les parens et amps vivans et trelpallez donze obitz Colempnel par chacun an quele a fondez de lon vivant z qui (1) On remarquera qu'entre 1516 et 1566 le nom de Tillet s'était enrichi de la particule.
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 +|**UCAL_$B769654_00000354**| 18 - Ceront celebrez le premier vendredy de chacun mops heare de þnick atendant nenf þenres du matin an cnenr de ladicte eglile Lelqnel; obitz leront de vigilles a nenf pleanlmes et nenf lecons landes Fecommandaces el nne melle pour les trespallez le tont chank a notte a hanlte voix et ladite melle a diacre lonbz diacre et choriftes a la fin dndit Cervice lera faicte procellion alentour des pilliers de ladicke eglile anec la croix et leane benilte en chantant le verlet libera me domine de morte eterna et anltres luffrages z orailons propres Et a la fin de ladite procellion viendront les gens deglile fur la folle et an lien on elt Jnhume fen m' loys dakillet leigneur du val coquatrix pere de ladicte vefne et ancnns des freres et leurs delle en la chapelle k¹ Pierre on ilz acheneront lesdits (uffrages et y diront anlly le pleaulme de Deprofundis et orailons propres pour la celebration delquelz obitz lernices et melles leldiks margnilliers lout tennz fournir et adminiffrer les plus beaulx et les plus honeftes ornemens des trelpallez de ladite eglise liure calice luminaire et anltres choles ace necellaires Et anant que commancer a chanter et celebrer leldiks obitz leront tennz lesdits margnilliers faire tinter par denx dinerles fois les petites cloches et a la troilielme foys faire Conner Les grolles cloches Pour laquelle fondation ladicke dnkillet a conftitne a ladite eglise vingt linres fonrnops de Vente par chacnn. an kachetable anx bons poinctz et ailemens de ladite dnkillet a la charge que les deniers du Vachapt feront Vemployez en autres Ventes tontesfois et quantes que Vachapt en Cera faict es lettres delquels Femploy lera faict mention que left de la fondation de ladite dutillet ainly que le kont elt aplain contenn an contract de ce faict et palle par denant Jacques patin notaire Voyal andit corbneil le xxvu Jour danrıl mil cinq cens foixante fix Veqnielcat In pace Haut. 1,51, larg. om,615.
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 +|**UCAL_$B769654_00000355**| - — 19 Nous avons retrouvé dans le manuscrit de l'abbé Guiot (1) les mots Noble, Seigneur, Royal, effacés en 1793, et déjà rétablis dans l'ouvrage de Guilhermy. La plaque de cuivre fixée à côté, est l'épitaphe de François Bastonneau, tué à la reprise de Corbeil sur les Espagnols en 1590, mention qui donne à cette inscription un certain intérêt pour l'histoire de notre pays.
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 +DO M Fey gift Francois Baftonneau viuat efeuyers de la Beranderie & Ber Jeuille Cappitame de gens de pied Toubzle Comanderant de Monteur de Giury qui fut the Flefcalde par les espagnolzalaroprie de Corbeil Muriceux par led, Seig de Giary level D. O. M. Icy gist Francois Bastonneau vivant escuyer S. de la Berauderie & Belleuille Cappitaine de gens de pied soubz le Comandemant de Monsieur de Givry qui fut tué a lescalade par les espagnolz a la reprise de Corbeil sur Iceux par led. Seig", de Givry le x Io" de Novem. bre M. vc xxx Priez dieu por so Ame Haut. om,275, larg. om,365. Deux écus découpés dans la partie inférieure de la plaque de cuivre ont dû contenir, en émaux peut-être, les armoiries du défunt. Le tombeau sur lequel se trouvait autrefois cette inscription n'existait déjà plus du temps de l'abbé Lebeuf, qui a trouvé cette plaque clouée au mur du collatéral nord, comme nous l'avons connue jusqu'en ces derniers temps (2). Dans le collatéral nord, sur la pierre qui avoisine le petit tam- (1) Bibliothèque de Rouen, fonds Montbret. (2) Histoire du diocèse de Paris, par l'abbé Lebeuf, t. XIII, p. 130.
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 +|**UCAL_$B769654_00000356**| - - 20 bour d'entrée, sont inscrits les curés de Saint-Germain dont nous avons pu retrouver les noms dans l'ouvrage de l'abbé Lebeuf et dans celui de l'abbé Guiot. Cette liste comporte, malheureusement, d'importantes lacunes. CURÉS DE SAINT-GERMAIN-LE-VIEUX-CORBEIL ETIENNE HENRY DE BRIE (1) NICOLAS JOHAN........ RIO JOHANNES..... JEAN DESNOYERS EUSTACHE DU BELLAY MICHEL AUBRY MICHEL BOUCHER CHARLES SÉNÉCHAL JEAN BOISNEUF JEAN BOISNEUF 1209 - 12931390 14 février 1599 ― - -- - 1309 - 1340 - - il était encore curé en 1400. évêque de Paris (1561). - 1599 28 février 1623 — 1653 1653 1690 11 déc. 1690 1725 1772 2 nov. JACQUES MARTIN BOUILLEROT (2) 15 février 1725 PIERRE LÉONOR MOUNOURY 1773 --- VINCENT DUVAL (3) 21 mars 1775 -- PIERRE GERMAIN JOZON 28 mai 1791 1791 1793 CHARLES ANTOINE MARIETTE II mars 1800 NICOLE 16 oct. 1802 - PIERRE FÇOIS JEAN GEOFFROY II déc. 1802 - ANTOINE Borel 10 août 1803 -- VITAL NEGRE 1er août 1809 1812 18 août -- CHARLES INNOCENT ANTOINE GAETAN MARIE FABRI 1er nov. PASCAL MERCADAL 1812 1818 - - FRANÇOIS JULIEen Gueret MATHURIN ROPERT 15 nov. - 1827 1851 10 sept. II sept. 1851 Mentionnons dans la deuxième travée une dalle finement gravée qui n'a jamais reçu d'épitaphe. Une tête de mort et deux ossements croisés occupent chacun des quatre angles. En haut sont deux (1) Annales de la St Hist. et Arch. du Gâtinais, t. XI, p. 29. (2) Il existe un portrait gravé de « Messire Jacques Boüillerot, Docteur de Sorbonne, Curé de Saint-Germain et de Saint-Jacques de Corbeil, 1762. Appelius Pin. Chevillet Sculpsit. 1762 ». (3) On a aussi un portrait gravé de « Vincent Duval. Ancien Chanoine de Champeaux, Curé de St-Jáques de Corbeil, puis à S¹-Jâq.-du-haut-pas à Paris ».
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 +|**UCAL_$B769654_00000357**| 21 écussons, supportés par deux lions, et surmontés d'un heaume à lambrequins, posé de face; l'un porte un chevron accompagné de trois aiglettes éployées, l'autre trois roses, avec un chef chargé de trois étoiles. Les armes de l'écusson de droite paraissent appartenir à un membre de la famille de Bretigneres (1): l'Armorial de Dubuisson (2) et le Dictionnaire héraldique de Chevillard (3) donnent les mêmes armes à M. de Bretigneres, seigneur de la Pertuisière, avec cette différence que le chef est chargé d'un soleil, tandis qu'ici il est chargé de trois étoiles. Dans la travée suivante, une très longue inscription rapporte deux arrêts du Parlement. Le premier, de l'année 1614, règle un différend qu'avait eu, pour la répartition des dimes, Michel Boucher, curé de Saint-Germain et de Saint-Jacques, avec les marguilliers et paroissiens du Vieux-Corbeil. Le second arrêt, qui est de 1617, indique les droits et les devoirs du curé Boucher envers ses paroissiens, surtout ceux de Saint-Germain. Ce curé avait élu domicile à Corbeil, au presbytère de Saint-Jacques (4), et comme la montée qui conduisait à Saint-Germain était assez difficile, il en résultait que les habitants de cette commune étaient fort négligés au point de vue des secours religieux et des offices de leur paroisse. L'archevêque de Paris vint même tout exprès pour régler ce différend (5), mais son intervention n'eut pas plus d'effet que l'arrêt du Par- (1) Eustache Thibeuf, seigneur de Saint-Germain, et Jacques de Bretigneres, son cousin, s'étaient légués leurs biens au dernier vivant; Eustache Thibeuf mourut le premier et Jacques de Bretigneres devint seigneur de Saint-Germain. Ses descendants ont possédé cette terre jusqu'à nos jours. Le dernier des Bretigneres n'avait qu'une fille, mariée au vicomte de la Tourdonnet, à la mort duquel M. Darblay jeune acquit, en 1834, le château de Saint-Germain. (2) Dubuisson, Armorial, t. I, p. 78. (3) Jaques Chevillard le fils, Dictionnaire héraldique, p. 114. (4) L'emplacement de cet ancien presbytère est occupé aujourd'hui par la pension Castagnié. (5) Nous en avons retrouvé la preuve dans un texte imprimé daté du 15 décembre 1698 dont un exemplaire se trouve dans la sacristie, et que nous reproduisons ci-après : Reglement pour la paroisse de Saint Germain le vieux Corbeil. Du quinze Decembre mil six cens quatre-vingt-dix-huit. « LOUIS-ANTOINE par la permission Divine & par la grace du Saint Siege Apostolique, Archevêque de Paris, Duc de S. Cloud, Pair de France, Commandeur de l'Ordre du S. Esprit : Vû par Nous l'Arrest du Parlement du deux Avril mil six cens
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 +|**UCAL_$B769654_00000358**| - ― 22 lement, puisque les successeurs de Michel Boucher continuèrent, jusqu'à la Révolution, de résider à Corbeil. quatre-vingt-dix-sept, intervenu entre Messire Eustache Thibeuf, Seigneur de S. Germain le vieux Corbeil, Conseiller en la Grand'Chambre dudit Parlement, d'une part Et les habitans du Fauxbourgs S. Jacques Paroisse dudit S. Germain, d'autre part : Par lequel du consentement dudit Seigneur de S. Germain, les Parties ont été renvoyées pardevant Nous sur leurs differens & contestations, les memoires & pieces mises par devers Nous en execution dudit Arrest, tant par ledit Seigneur de S. Germain, que par les habitans de ladite Paroisse; & après qu'iceux & le Curé de ladite Paroisse ont été entendus sur le fait de l'execution de l'Ordonnance par Nous decernée le vingt-sept Octobre mil six cens quatre-vingt-seize dans le cours de notre visite, sur la Requeste presentée par les Habitans dudit Fauxbourg; Tout consideré : Nous disons que notre Ordonnance dudit jour 27. Octobre 1696. sera executée selon sa forme & teneur, & interpretant icelle en tant que besoin seroit pour terminer les differens survenus & arrester ceux qui pourroient survenir dans la suite en la Paroisse de S. Germain le vieux Corbeil, Nous avons déclaré & déclarons n'avoir entendu par notredite Ordonnance innover ni préjudicier en aucune chose à l'état de ladite Paroisse, ni aux droits de l'Eglise Paroissiale dudit S. Germain, mais seulement permettre aux Habitans du Fauxbourg S. Jacques de recevoir la Communion Paschale en l'Eglise de S. Jacques située audit Fauxbourg succursale de ladite Eglise Paroissiale de S. Germain ; n'entendant les empêcher d'aller faire leurs Pâques & autres devoirs de Paroissiens en ladite Eglise de S. Germain lorsqu'ils en auront la devotion; enjoignons ausdits Habitans de la reconnoître pour leur Eglise Paroissiale; & en consequence seront tenus suivant les usages de tout tems observés, d'y aller en procession le Dimanche des Rameaux pour y assister à la benediction des Rameaux & à la Messe Paroissiale. Seront pareillement tenus d'y aller en Procession le jour de Pasques pour y assister à la Messe Paroissiale & à l'absoute; de même seront tenus les jours de Pentecôte, de Toussaints, & de Noël, & le vingt-huitième jour de May, jour de la Fête de S. Germain Patron de ladite Eglise, d'y aller en Procession pour y assister à la grande Messe. S'y rendront aussi en Procession le jour de S. Marc pour assister avec les autres Habitans de ladite Paroisse à la Procession qui se fait autour du territoire, & ensuite à la grande Messe qui se celebre en ladite l'Eglise de S. Germain. Seront tenus les trois jours des Rogations de se joindre à la Procession de saint Germain ; & le jour de l'Ascension d'assister à la Procession audit saint Germain & à la grande Messe qui s'y celebre ensuite ; & le jour de la Fête-Dieu ils attendront avec le Vicaire la Procession de ladite Eglise de saint Germain pour la recevoir; & aprés la premiere station ou reposoir qui s'y fait ordinairement, suivront ladite Procession & assisteront à la grande Messe qui se celebre ensuite en ladite Eglise de saint Germain ; comme aussi à la Procession & à la grande Messe ensuite audit saint Germain le jour de l'Octave de la Fête-Dieu; & generalement seront tenus d'observer les usages accoûtumés, sans que sous prétexte d'omission d'iceux dans notre presente Ordonnance, ils puissent s'en dispenser; ils ne pourront aussi se dispenser d'aquitter les charges de ladite Eglise Paroissiale de S. Germain avec les autres Habitans d'icelle; et en consequence seront tenus de subir, comme ils ont toûjours fait, les Charges de Marguilliers, lorsqu'ils seront élus à leur tour, & assisteront avec les autres Habitans à la reddition des comptes de la Fabrique dudit saint Germain ; & toutes les autres charges conjointement avec les autres Habitans de ladite Paroisse, comme les Habitans d'une même Paroisse y sont obligés, soit pour réparations de la nef & Presbytere, ou autres charges de ladite Eglise, ainsi que de droit, à l'exception du pain à benir qu'ils ne presenteront que deux fois par an les jours qu'ils en seront requis par les Marguilliers dudit saint Germain,
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 +|**UCAL_$B769654_00000359**| -- 23 Ces arrêts du Parlement intéressant également l'église SaintJacques, succursale de celle de Saint-Germain, la même inscription avait été scellée dans cette église (1). Bien qu'ils soient fort longs, nous ne croyons pas sans intérêt de reproduire ces deux arrêts: Extraict des Arrestz de la Court de Parlement de Paris du huicte Io', de Mars mil six cens quatorze entre Me Michel Boucher Prestre Curé des eglise St. Germain et St. Iacques & Docteur en la facqulté de theologye en la serbone de Paris Contre lesdes egle Margers & parroissies djcelle lesdz arrestz donné au proffict desdes Eglises et parroissiens Nostred Cour par son lugement & arrest faisant droict sur le tout sans sarrester ausd fins de nom Recepuoir a mis & mect lesd appellatios senteces & ce dont a esté appellé au neant sans amende en emendat a codanné & condane lesd Marguill payer & continuer par chacun an aud Boucher curé de S' Germain de Corbueil quatre muis de grain les deux thiers fromet & mestail & laultre thiers auoyne tel quil sera perceu desdes dixmes & vne queue de vin pour le gros quil a droict de prendre sur les dixmes de lad parroisse de St Germain suiuant la mesure encienne des dixmes de lad, egle qui ne pourra estre mainlequel pain lesdits jours sera rendu par celui qui sera en tour; & le Sieur Curé sera tenu d'y observer les anciennes fondations & usages ainsi qu'il est accoûtumé & a été reglé & établi par authorité legitime Au surplus pourront lesdits Habitans du Fauxbourg saint Jacques se servir de ladite Eglise de saint Jacques & du Cimetiere comme ils faisoient auparavant ; & le Sieur Curé ou autre Prêtre de sa part approuvé de Nous, y administrer les Sacremens & faire toutes les fonctions Curialles, sans que les revenus de la Fabrique de ladite Eglise de S. Germain puissent être tenus de contribuer à l'entretien de ladite Eglise de S. Jacques, soit pour réparations, aquit du Service divin, achapt de linges, livres & ornemens ou autres charges; & les jours que lesdits Habitans du Fauxbourg se rendront en Procession en ladite Eglise de saint Germain, ils y seront conduits par le Vicaire en étolle avec la Croix, sans qu'ils puissent se servir de Banniere distinguée de celle de ladite Paroisse de saint Germain ; & la grande Messe se dira ces jours là en ladite Eglise de saint Jacques à huit heures, afin de pouvoir se trouver sur les dix heures à saint Germain ; & à l'égard des autres jours, la Messe Paroissiale & les Vêpres se diront en ladite Eglise de saint Jacques, autant que l'on pourra, à des heures distinguées de celles ausquelles se fera l'Office audit saint Germain. Donné à Paris le quinziéme jour de Decembre mil six cens quatre-vingt-dix-huit. Signé, LOUIS-ANTOINE, Archevêque de Paris; Et plus bas, Par Monseigneur, CHEVALIER. Et scellé du sceau de Mondit Seigneur l'Archevêque. › (1) Lorsque l'église Saint-Jacques fut démolie, en 1803, cette pierre vint échouer dans une maison voisine où l'on en fit un appui de fenêtre. Cette maison existe encore rue du 14-Juillet. C'est aujourd'hui l'Asile Audiffred-Bastide. La pierre en question forme l'appui d'une fenêtre du petit pavillon qui est au bout du jardin, sur la Seine.
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 +|**UCAL_$B769654_00000360**| 24 dre que dung huict, de la mesure ordinaire de nre ville & chastellenye de corbueil le sur plus desde dixmes demeurans ausd Marguiller Abbesse de St. Anthoine & Prieur de St. Iehan en lisle & oultre codenné lesdz Marguill & Consors payer aud Boucher lesa Arrerages a luy deues dud gros pour lannée six cens sept sans aulcune diminution po' la sterilité de lad année deduction faicte de de ce qui se trouuera auoir esté sur ce payé a la charge que led Boucher et ses sucesseurs Curéz serot tenuz suiuat le tiltre de Tanée M. IIII pduict au pces oultre la Messe parrochialle de chacun dimache dire et celebrer par chacune sepmaines trois aues Messes compris en Icelle les grande Messes des festes y escheantes & oultre dire & celebrer les vespres esa festes & dimanches sabmedis & veilles de festes & les matines & heure Canonialles en touttes les festes sollempnelles & encorre en administrer les sacremens de legle & fe inhumer ses parroissiens q' nauront aulcuns moyens gratuitemet & sans predre aucune chose sans despes tant de la cause principalle que des causes dappel & de lad Instance. Aultre arrestz donné de Mesdz s" de la Court entre les partyes le xxi lor de Ianuier Mil six cents dix sept Nostred Cour executant larrest donné allencotre dud curé du 8 Mars M. VIC XIIII. A en loinct aud curé & ces sucesseurs curez de dire et celebrer le seruice diuin porté par Icelluy aultremet & a faulte de ce fe a pmis & pmect ausd Marger de fe dire & celebrer led seruice a laduenir aux fraiz & despes dud curé deffandeur po' lesqlz recourir se pouruoirot par saisye sur le reuenu teporel de lad cure & a ce fe en Ioinct au subtitud de Nre pcureur general tenir la main sans que led defadeur en puisse estre recherché por le passé & oultre a maitenu & garde Maictyent & garde lesd Margers & parroissies en pocession de ne payer aucune chose pour les celebratios des mariages et administration de lextremontio & enterm suyuat lencyen tiltre sauf cy por lesd Mariages & enterm estoit celebrer aultre мesse et seruice extraordinaire & neantmoings a pmis & pmect aud curé daxepter se quil luy sera gratuytement & liberallemet offert par lesd parroissiens sans quil puisse exiger ne vser de contrainte condempné led Boucher es despen' lesqlz Nostred Cour à licquidez & moderez a la somme de quarente liures parisis donné le iour & an que dessus Signé par la Chambre Gallard Ces pns Arrestz ont esté mis & possez en ce lieu par Me Claude Cartier pour lors Marguillier de ceans en lannée 1618. Haut. 1,52, larg. om,87.
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 +|**UCAL_$B769654_00000361**| 25 - Nous trouvons à côté le texte de la fondation de Vincent Dupont, que nous citons tel qu'il a pu être rétabli : D. 0. M. PAR CONTRAT PASSÉ DEVANT DU RUCHANOY (1) ET SON CONFRERE NORES ROYAUX (2) A CORBEIL LE 10 DECEMBRE 1733. LES SIEURS CURÉ ET MARGUILLIERS DE CETTE ÉGLISE SONT TENUS ET OBLIGÉS DE FAIRE DIRE ET CELEBRER A PERPETUITTÉE PAR CHACUN AN A L'INTENTION ET POUR LE REPOS DES AMES DE VINCENT DUPONT, VIVANT LABOUREUR, DEMEURANT A GRAvois, DANS LETENDUE DE CETTE PARROISSE, ET DE MARIE HOUDAN SA FEMME, SCAVOIR UN OBIT Haut le 15 DECEMBRE 1733 JOUR DU DECEDS DU DIT DUPONT, et un autre OBIT HAUT LE 21 MARS 1741 JOUR du de ceds de la dite HOUDAN, ET ENCORE UNE MESSE BASSE TOUS LES PREMIERS MARDIS DE CHACUN DES DOUZE MOIS DE L'ANNÉE LES QUELS OBITS SERONT SONNÉS AVEC LES QUATRE CLOCHES (3) EN LA MANIERE ACCOUSTUMÉE ET LES MESSES Basses TintÉES AVEC LA GROSSE CLOCHE SEULEMEnt (4) ET LE TOUT ANNONCÉS AU PROSNE LE DIMANCHE PRECEDANT, CHACUN DES DITS DEUX OBITS et Messes BASSES; POUR LA FONDATION DES QUELS LES D'. DUPONT ET HOUDAN SA FEMME ONT CEDDÉ ET TRANSPORTÉ A LA FABRIQUE DE CETTE EGLISE VINGT CINQ LIVRES DE RENTE FONCIERE DE BAIL D'HERITAGE ET NON RACHEPTABLE A PRENDRE SUR DEUX ARPENS DE VIGNE MENTIONNÉS AU CONTrat susdatté le TOUT AINSI QU'IL EST PLUS AU LONG EXPLIQUÉ ET AUX AUTRES CHARGES CLAUSES ET CONDITIONS (1) Nous avons retrouvé dans les minutes de l'étude de Me Jozon, qui fut jadis celle de Mo Duruchanoy, l'acte de vente et fondation dont cette inscription n'est qu'un extrait. (2) Mot rétabli. (3) Ces quatre mots avaient été grattés. (4) Mot rétabli.
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 +|**UCAL_$B769654_00000362**| 26 - PORTÉES PAR LE DIT CONTRat du quel cET EXTRAIT A ÉTÉ TIRÉ XAGé de 68 ans. Xagée de 78 ans (1). Requiescant in pace. Haut. 1,14, larg. om,79. L'angle gauche inférieur de cette pierre avait été brisé, et, avec lui, avaient disparu les premiers mots des six dernières lignes, plusieurs autres, dans le corps même du texte, avaient été grattés pendant la Révolution: le manuscrit Guiot est encore ici venu heureusement à notre aide en nous permettant de rétablir le texte primitif. Il pourrait, au premier abord, paraître bizarre que l'adverbe seulement, qui figure au milieu de cette inscription, n'ait pas trouvé grâce devant le ciseau qui effaçait ailleurs les adjectifs noble, seigneur, etc. L'explication en est fournie par une délibération du Conseil général de la commune de Saint-Germain-le-Vieux-Corbeil, en date du 11 septembre 1793. Les trois plus petites cloches furent envoyées au district de Corbeil, il ne restait donc que la cloche principale. Quelques semaines plus tard, le 15 octobre 1793, le haut clocher s'écroulait et la grosse cloche était brisée en plusieurs morceaux. Le rapprochement de ces dates nous indique, à peu de jours près, celle du travail de grattage opéré sur la pierre l'enlèvement des trois plus petites cloches rendait, en effet, le mot seulement superflu. Les mots effacés en 1793 ont été regravés et réchampis en rouge, mais la partie du texte de l'angle rompu, mis ci-dessus en italique, a été laissée en noir sur la pierre. Enfin, pour clore cette liste des richesses épigraphiques de l'église de Saint-Germain, nous donnons ci-dessous l'épitaphe de Nicolas Giroux, le maître-maçon de la rue des Marmousets à Paris, décédé en 1758, dans sa maison de campagne du VieuxCorbeil, circonstance qui vaudra à sa mémoire des siècles de durée, à la paroisse un monument de plus. JCY REPOSE LE CORPS DE NICOLAS GIROUX MAITRE MAÇON ENTREPRENEUR DE BATIMENTS DEMEURANT A PARIS RUE DES MARMOUZest (1) On avait omis d'indiquer l'âge des défunts; c'est pourquoi mention en a été faite au bas de l'inscription.
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 +|**UCAL_$B769654_00000363**| - - 27 PAROISSE SAINTE MARINE (1) EN LA CITE DECEDE EN SA MAISON DE CAMPAGNE SIZE A SAINT GERMAIN LEZ CORBEIL LE NEUF JUILLET MIL SEPT CENT CINQUANTE Huit AGE DE CINQUANTE HUIT ANS Priez Dieu pour le Repos de son ame Haut. 1,93, larg. om,98. La tombe de Nicolas Giroux est fort bien gravée, les insignes de la profession du défunt, enveloppés d'une draperie, surmontent l'épitaphe, au-dessous deux torches en sautoir sont réunies par un ruban auquel est suspendue une sonnette. Deux cassolettes où brûle de l'encens occupent les angles du haut. Nous avons malheureusement à regretter la disparition d'un certain nombre de dalles mentionnées dans divers écrits relatifs à l'église de Saint-Germain. Parmi elles la tombe d'un chevalier décrite par l'abbé Lebeuf qui la considère comme la plus importante de l'église (2), celle de Marie Le Teinturier, dont nous avons (1) Petite église près de Notre-Dame et derrière Saint-Pierre-aux-Bœufs. (2)« La sépulture la plus considérable de cette église est celle d'un chevalier représenté en homme de guerre avec un lion à ses pieds, il a le visage et les mains de marbre incrusté dans la tombe. Son bouclier, qui est sans armoiries, paroît désigner le treizième siècle. Il n'y a rien d'écrit autour de cette tombe, qui se trouve aujourd'hui placée dans le côté septentrional de la nef sous la chaire du prédicateur. » Histoire du diocèse de Paris, par l'abbé Lebeuf, t. XIII, p. 129. Pinard ayant reproduit mot pour mot ce passage de l'Histoire du Diocèse de Paris, pouvait faire croire que cette tombe n'avait disparu qu'au milieu du siècle actuel, mais des recherches faites dans les archives municipales de SaintGermain ont fait voir que l'enlèvement et sans doute la destruction de cet intéressant monument remontaient, comme très probablement celle de la tombe de M. de Bretigneres, à 1793. Voici l'extrait des registres municipaux de Saint-Germain : « Aujourd'huy premier prereal deuxe année de la Republique (20 mai 1794)... le citoyen Sallée agent nationale a representé... qu'il existe au cy devant maitre autel, le ci devant tabernacle et quatre tableaux de devotion ainsy qu'un autre tableau a la cy devant chapelle Saint-Pierre qui servoient pour lire, [qui] dans ces moments déplaise à quelques citoyens, de même qu'un espèce de tombeau au dessus duquel est une figure representant un homme guerrier taillé en pierre deposé sous la chaire de la ditte cy devant église... Surquoy l'assemblée ayant délibere a arreste unanimement que le cy devant tabernacle, les quatre tableaux du maitre autel, celuy de la cy devant chapelle Saint-Pierre et le tombeau de dessous la ditte chaire representant une figure d'homme guerrier, seront à l'instant demolis et suprimés du lieu ou ils sont pour qu'il n'y reste aucune trace apparente.... » Archives municipales du 1er prairial an II.
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 +|**UCAL_$B769654_00000364**| --- - 28 parlé plus haut, et celle de Jacques de Bretigneres. C'est dans le manuscrit de l'abbé Guiot, qui avait connu cette dernière tombe, que nous avons retrouvé le texte de son épitaphe, le voici : ICI REPOSE DANS L'ATTENTE DE LA RÉSURRECTION GLORIEUSE MESSIRE PIERRE JACQUES DE BRETIGNERES, CHEVALIER CONSEILLER Au parl. de PaRIS ET DE GRAND CHAMBRE, SEIGNEUR DE CETTE PAROISSE de St-Germain du Vieux CorbeIL NÉ LE 27 MAI 1697 DÉCÉDÉ LE 24 AVRIL 1772. LA NOBLESSE ET L'ANCIENNETÉ DE SON ORIgine est le´ MOINDRE DES AVANTAGES QU'IL Recut de la nature. A un esprit VIF ET PÉNÉTRANT IL JOIGNIT UN CŒUR Droit et généreux. IL FUT LIBÉRAL ET COMPATISSANT envers les pauvres, qui TOUJOURS ET PRINCIPALEMENT DANS ces derniers tems de disette, ont REÇU DE SA CHARITÉ DES SECOURS PROMTS ET ABONDANS. VRAI, SINCÈRE, ENNEMI DU LUXE, IL VÉCUT SANS FASTE, DANS UN GOUT DE SIMPLICITÉ CONVENABLE AU MAGISTRAT. Juge intègre dÉVOUÉ TOUT ENTIER AUX AUGUSTES FONCTIONS DE SA CHARGE, IL EN CONNUT LES DEVOIRS QU'IL REMPLIT AVEC EXACTITUDE. DÉLIVRÉ par LES CIRCONSTANCEs de l'EMBARRAS DES AFFaires il s'occUPPA UNIQUEMENT De la seule nÉCESSAIRE. ENFIN CONDUIT PAr une MALADIE DE LANGUEUR AU TERME DE SES JOURS, APRÈS AVOIR REÇU LES SACREmens de l'Eglise, IL A FINI Une vie active ET LABORIEUSE PAR UNE MORT ÉDIFIANTE AVEC LES PLUS VIFS SENTIMENS DE RELIGION ET D'HUMILITÉ. PRIÉS DIEU POUR LE REPOS DE SON AME. RESTITUTION FAITE EN 1896 D'APRÈS LE MS. de L'Abbé GUIOT CONSERVÉ A LA BIBLIOTHQUE DE ROUEN. Cette inscription, restituée sur pierre de Tonnerre, se voit aujourd'hui dans la chapelle de Saint-Joseph. Dans la même chapelle, tout près de l'autel, le Conseil de Fabrique a fait sceller une plaque de marbre gris en commémoration des dons et des importants travaux que l'église de Saint-Germain doit à la générosité de la famille Darblay. En voici le texte :
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 +|**UCAL_$B769654_00000365**| 29 CETTE ÉGLISE DOIT A M. AIMÉ-STANISLAS DARBLAY LA RECONSTRUCTION DE SA FAÇADE AU-DESSUS DU PORTAIL AVEC SON CAMPANILE ET SES STATUES (1862) SON TAMBOUR ET SES ORGUES (1878). LE CALORIFÈRE, DON DE M. PAUL DARBLAY, A ÉTÉ ÉTABLI EN 1882. EN 1888 ET EN 1889 MM. DARBLAY ONT ENRICHI DE VITRAUX LE COLLATÉRAL SUD. EN 1895-1896 M. PAUL DARBLAY A FAIT EXÉCUTER LES TRAVAUX SUIVANTS RÉFECTION DE LA TOITURE DES BAS COTÉS, RAVALEMENT DES FAÇADES LATÉRALES, RECONSTRUCTION DE LA SACRISTIE, RAVALEMENT INTÉRIEUR DE TOUTE L'ÉGLISE, RÉPARATION DES VERRIÈRES DE L'abside CENTRALE, Réfection des VITRAUX DES ABSIDES Latérales. DES FENÊTRES HAUTES ET DU COLLATÉRAL NORD, PEINTURES DES ABSIDES. LES TROIS AUTELS, LA SAINTE TABLE, LES Clotures du SANCTUAIRE ET DU CHEŒUR, LES STALLES, LA CHAIRE, LA RESTAURATION DES PIERRES TOMBALES ET DES INSCRIPTIONS SONT DUS A M. AIMÉ HENRI DARBLAY (1) (1896). LE CONSEIL DE FABRIQUE DE LA PAROISSE DE SAINT-GERMAINLEZ-CORBEIL A FAIT GRAVER CETTE PIERRE POUR PERPÉTUER LE SOUVENIR DE L'ŒUVRE GÉNÉREUSE DE LA FAMILLE DARBLAY. EXTRAIT DE LA DÉLIBÉRATION DU CONSEIL DE FABRIQUE DU 12 AVRIL 1896. Parmi les dalles qui formaient une partie du sol de l'église, beaucoup ne portaient aucune trace de gravure ou d'inscription; elles ont été débitées. Ces pierres très dures, d'un grain très fin, ont servi à l'établissement des trois marches qui donnent accès dans le chœur et sur la partie haute des bas-côtés : celles qui entourent le sanctuaire ont la même origine. L'enlèvement du dallage a amené la découverte d'un grand nombre de sépultures disposées sans aucun ordre dans le chœur et dans le voisinage de l'autel. Les débris nombreux d'ornements sa- (1) Nous devons ajouter que M. A. Darblay a pris une part très active à l'étude et à la direction des travaux de l'église de Saint-Germain, spécialement de ceux du domaine archéologique. 3
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 +|**UCAL_$B769654_00000366**| — - 30 cerdotaux trouvés dans le sol ne laissent aucun doute sur la nature de la plupart de ces tombes. C'était en effet dans le sanctuaire, ou tout au moins dans le chœur, qu'on déposait les corps des curés de la paroisse ou des ecclésiastiques attachés à son service. Nous avons également trouvé maints débris de petits vases à une seule anse, en poterie commune non vernissée. Deux étaient
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 +à peu près intacts, ils renfermaient encore des fragments de charbon de bois; quatre à cinq trous avaient été percés sur leur pourtour. C'était, on le sait, des sortes de brûle-parfums qu'on disposait auprès des corps. Le désordre de ces tombes indiquait clairement qu'elles avaient été déjà visitées. Tous ces ossements ont été réunis avec un soin pieux dans une caisse en chêne : cette caisse est aujourd'hui scellée dans un massif de maçonnerie, à droite du maître-autel. Le couvercle porte une plaque de cuivre avec la mention suivante : CETTE BOITE RENFERME DES OSSEMENTS QUI ONT ÉTÉ TROUVÉS DANS LE CHŒUR DE L'ÉGLISE DE SAINT-GERMAIN-LEZ-CORBEIL PENDANT LES TRAVAUX DE RESTAURATION QUI Y FURENT ENTREPRIS PAR LES SOINS ET AUX FRAIS DE MM. PAUL ET AIMÉ DARBLAY AU COURS DE L'ANNÉE 1895. Nous avons déjà parlé du caveau qui occupe une partie de la chapelle de la Sainte-Vierge. Il était recouvert d'une voûte dont la construction avait nécessité à cet endroit l'exhaussement du sol; elle a été remplacée par un solide plancher en fer qui protégera pendant longtemps encore la sépulture des anciens seigneurs du Vieux-Corbeil. Le sol entier de l'église est aujourd'hui recouvert de pierre de
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 +L'Ascension témoins Les de de Apôtres l'Ascension N.S. Ses Femmes Apparit du Christ a sa mère au Tombeau Anges adorant la Croix La Loi Le La Christ Loi Mosaïque Nouvelle en Croix Arreste de Jésus Flagellation Le Couronnement React de Jesus et de sa Mere d'épines Le L'Agonie La Cene Lavement des pieds Les Rameaux
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 +|**UCAL_$B769654_00000368**|
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 +noiensseA3 anioma? sb sb لوع 2.W noiansoek! Jog 20mm972 usedmal us espnA xion si trenobs tehub لو joj Jaind joj supiszol xion ne allevuok evestab noisllspet STEM ebarq 29b tramenntue eenigsb و auasl angus pinopAJ Kusem&Ras!
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 +|**UCAL_$B769654_00000371**| Isaac Trois Colombes Trois Colombes Le St Esprit Le Christ Moïse Manasses La Ste Vierge Salomon Daniel Josué Roboam Jeremie Jessé David Jacob Aaron Abraham des Anges présentent la Couronne desElus SCerma Mort de S: Germain S:Germain est sacré Evêque de Paris S'Germain devant le Roi Childebert Un Vieillard presente a S'Germain les clefs de la Ville de Paris S'Cerma éteint un incendie dans son couvent/ a Autun
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 +|**UCAL_$B769654_00000372**| McM 016792'2 01890'2 9762 les 0181972 adetlid 9092970 01650/26 2ns b 2922676M $2.54 mare dA 0076A namcl62 } bivse Meodof
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 +|**UCAL_$B769654_00000373**| PL. XI
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 +Hoog Dujardin VITRAUX DES PETITES BAIES du Sanctuaire Imp Ch Wittmann
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 +|**UCAL_$B769654_00000374**|
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 +Décollation de Martyre de SJean Baptiste S! Laurent Martyre de St Barbe Le couronnement Agneau Pascal de Charlemagne parle PapeS Léon St Martin coupant Martyre de son manteau S.Barthélemy
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 +|**UCAL_$B769654_00000376**| sMץ97 noits!lo390 sb eb nemann 9J 33sMץ97 engamehadab ubongA 160289 ab nos/29969 sineq 907582 sMנץ nisM 2 9b ymoladhs8:2 វពនqu03 1693n6m no2
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 +|**UCAL_$B769654_00000379**| 31 Tonnerre. Dans la partie réservée aux fidèles, il est coupé de passages dessinés par des bordures de marbre; dans le choeur et le sanctuaire, la disposition, quoique simple encore, acquiert un peu plus de richesse. Ce dallage, d'un aspect sobre, s'harmonise fort bien avec le caractère général de l'église dont il complète l'allure monumentale. Au fond de l'abside centrale s'ouvre une grande baie en ogive accostée de deux autres fenêtres plus petites, et surmontée d'un oculus. Nous avons déjà parlé des vitraux qui ornent ces ouvertures: la composition et le fini de leur dessin, l'harmonie de leurs tons, leur état relatif de conservation en font un des types les plus remarquables de l'art du peintre verrier au XIIIe siècle. En examinant ces reliques du temps passé, on éprouve un sentiment d'admiration pour les artistes inconnus, qui, aidés de moyens rudimentaires, ont su donner à leurs œuvres tant de perfection et de durée. Le vitrail le plus important (Pl. X), celui de la grande fenêtre centrale, comporte trois médaillons composés chacun de cinq parties circulaires, dont l'ensemble forme un quatre-feuilles avec un cercle au milieu. Ces médaillons occupent toute la largeur de la baie, empiétant sur la bordure qui encadre le tout. Quatre demi-cercles, disposés dans la partie libre des champs, complètent cette décoration. L'iconographie de cette verrière retrace les principaux épisodes de l'histoire de N.-S. Jésus-Christ. Cinq panneaux carrés, un panneau ogival rangés les uns audessus des autres, occupent le milieu du vitrail de gauche (Pl. XI); une large bordure à compartiments se développe autour de cet ensemble. Chacun des panneaux, y compris ceux de la bordure, porte un personnage appartenant à la généalogie du Christ, c'est l'arbre de Jessé. Le vitrail de droite (Pl. XI), formé d'une série verticale de petits motifs circulaires encadrée d'une légère bordure à crochets, est relatif à la vie de saint Germain, patron de la paroisse (1). (1) Pinard, Mémoire historique et archéologique sur la commune de Saint-Germain-leVieux-Corbeil, a cru que ce vitrail avait trait à la légende du diacre saint Vincent, à cause du mot Vicentius lu au bas de l'un des médaillons: mais un examen plus minutieux a permis de reconnaître qu'il représentait des scènes de la vie de saint Germain. La raison d'être du mot Vicentius est, sans doute, que ce saint fut enterré dans l'abbaye de Saint-Vincent, aujourd'hui Saint-Germain-des-Prés.
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 +|**UCAL_$B769654_00000380**| -- 32 Un petit panneau circulaire, représentant l'agneau pascal, forme le centre de l'oculus (Pl. XII); les six médaillons qui l'entourent nous montrent: la décollation de saint Jean-Baptiste, le martyre de sainte Barbe, saint Martin coupant son manteau, le martyre de saint Barthélemy, le couronnement de Charlemagne par le pape saint Léon, et le martyre de saint Laurent. Les sujets dessinés sur tous ces vitraux s'enlèvent nettement sur les fonds, le peintre a su éviter les effets de confusion, qui résultent souvent, dans ces petits médaillons, de la multiplicité des personnages. Tous ces verres ont été démontés, soigneusement nettoyés et garnis de plombs neufs. Quelques panneaux disparus ou trop détériorés ont été refaits en totalité, ce sont : les trois panneaux du bas dans la verrière centrale; dans le vitrail de gauche, le panneau inférieur et une partie de la bordure; le panneau supérieur, celui du bas et toute la bordure dans la fenêtre de droite. Enfin des reprises nombreuses ont dû être pratiquées dans les parties conservées. Les baies du collatéral sud étaient fermées par de riches mosaïques que MM. Darblay avaient données à l'église en 1888 et 1889 (1); il n'y avait pas à les modifier. Les grisailles de la façade principale, exposées aux vents d'ouest et dépourvues de grillage protecteur, ont nécessité d'importantes réparations. Dans le collatéral nord, une série de vitraux à médaillons, traités dans l'esprit du XIIIe siècle, remplacent aujourd'hui les vitraux en verre blanc qui s'y trouvaient avant la restauration de l'église. Les médaillons représentent des épisodes concernant les personnages religieux les plus vénérés de la région (2). : (1) Les trois principales fenêtres sont ornées de médaillons où sont représentées des scènes de la vie de saint Pierre, de saint Vincent et de saint Germain. La guérison par saint Pierre d'un paralytique à la porte du Temple, sa délivrance et la remise des clefs de la Ville Éternelle occupent la première fenêtre. Dans la seconde, saint Vincent est fait diacre il comparaît, accompagné par saint Valère, devant le proconsul d'Espagne qui le met à la torture sur un lit de fer garni de pointes, au milieu d'un brasier, afin de le forcer à sacrifier aux idoles. La troisième fenêtre, consacrée à saint Germain, nous le fait voir abbé du monastère de Saint-Symphorien, à Autun; puis endormi sur l'herbe verte, où il voit en songe un vieillard qui lui présente les clefs de la ville de Paris; enfin, le troisième médaillon représente la translation de son corps en présence de Pépin le Bref et de Charlemagne enfant. (2) Voici la description de ces vitraux en partant de l'entrée :
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 +|**UCAL_$B769654_00000381**| - - 33 Cette pratique est conforme à la tradition architecturale du moyen âge, dont l'iconographie et la sculpture faisaient de chaque église un livre ouvert de l'histoire de la religion et des légendes religieuses locales. Les plus anciens documents relatifs aux restaurations partielles de l'église de Saint-Germain remontent aux années 1625 et 1628; ce sont deux marchés passés pour la restauration des vitraux de l'église (1); le premier nous avait été signalé par M. Dufour, le rer vitrail de saint Jacques le Majeur: - Saint Jacques prêche les Juifs et les convertit; - il baptise Josias ; la sainte Vierge lui apparaît en Espagne; - il a la tête tranchée. 2º vitrail de saint Exupère: Le pape saint Clément l'envoie prêcher dans les Gaules; il rend la vue à un aveugle; - - il guérit des possédés; · - ses reliques sont apportées à Corbeil. 3º vitrail de saint Guenault : Sur sa prière, saint Guingalois l'emmène dans son monastère; de la pénitence, plongé dans l'eau froide jusqu'aux épaules; -- - les pèlerins vénèrent ses reliques à Corbeil. 4° vitrail de saint Melaine: - - il chante les psaumes - il fait jaillir une source; - Saint Melaine chasse le démon en donnant un soufflet à un possédé; il ressuscite un mort en lui mettant une croix sur la poitrine; remonte, sans voiles, la rivière. - un bateau chargé de sa dépouille 5° vitrail de saint Léonard : Clovis tient le futur saint sur la cuve baptismale; - accompagné de plusieurs religieux, saint Léonard demande à Clovis la grâce de prisonniers; il reçoit les hommages des prisonniers, délivrés à sa prière. - Comme on l'a vu plus haut, saint Jacques était le patron de l'église succursale du faubourg du Vieux Corbeil, saint Exupère (saint Spire), premier évêque de Bayeux, est celui de la paroisse actuelle de Corbeil, saint Guenault, abbé de Landevennec, en Bretagne, était le patron d'une église de Corbeil, désaffectée depuis la Révolution et démolie en 1885, saint Melaine a été le plus ancien patron de Saint-Pierre-du-Perray, commune voisine qui n'a plus aujourd'hui d'église et qui fait partie de la paroisse de Saint-Germain, enfin saint Léonard était le patron de la chapelle de ce nom, ancienne succursale de l'église du Perray, démolie en 1884, lors des expropriations nécessitées par la construction de la nouvelle route de Saint-Germain-lez-Corbeil. (1) « Du lundy vingtz ungniesme avril mil six cens vingtz cinq, devant midy. << Fut présent en sa personne Jehan Hébert, Mro vitrier, demeurant à Corbeil, lequel de sa bonne vollonté, sans contraincte aucune, confesse avoir entrepris de Guillaume Aumont, marchand laboureur, demeurant aux faulxbourgs de Corbeil, marguillier de l'esglise de Saint-Germain-du-Vieil-Corbeil, par l'advis et du consentement et en la présence de Jacques Dauvergne, marchand, demeurant ausdits faulxbourgs, Jacques Moireau, maçon, Jacques Girault, Baptiste Le Père, Denis Lefort, Imbert Pinet, Pierre Ferry, tous habitans et paroissiens de la dite esglise, à ce présens, les ouvrages de vitrerye qui sont, conviennent et sont nécessaire affaire en ladicte esglise de Saint-
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 +|**UCAL_$B769654_00000382**| - 34 savant bibliothécaire de la ville de Corbeil, dont les avis nous ont été précieux pendant le cours des travaux qui nous occupent. Les verrières qui en font l'objet représentaient saint Jean, saint Thomas, saint Paul, saint André, saint Philippe, saint Pierre et saint Germain qui seront déclarés par cy après par le menu et dont la teneur ensuict. << Premièrement, aux grand forme du hault des voulte de destacher trois grandz panneaulx qui sont de l'image saint Jehan, icelle nettoyer et replacer et remettre les oranges (sic) que conviendra; et en après les remectre en plomb neuf, et remectre des clavettes là où il y en conviendra, et replatrer de mesme que y a tousjours esté, et faire le tout bien et deuement. Item, de destacher trois panneaulx à l'image saint Thomas et refaire le tiers de la dicte image, et remectre le plomb que y conviendra, qui sera neuf, et remectre des bordeure de verre paincte, et mettre des clavette là où il y en conviendra, et mettre une barre plus que n'y en a eu par le passé, et icelle accommoder bien et deuement. Item, de faire et refaire et destacher trois panneaulx à l'image SaintPaul, et remectre deulx pièce de verre paincte, et mettre des clavette là où il y en conviendra, et replastrer le tout bien et deuement comme il apartient. Item, à l'image saint André destacher aussy trois panneaulx qui sont trop cours, iceulx allonger et fère en bon estat, mettre des clavette avecq tout ce que y conviendra. Item, du costé mesme destacher trois panneaulx à l'image saint Philippes, iceulx replacer et les nettoyer, fournir et garnir les oranges de vistres que y conviendra, et mettre une barre de fer avecq clavette, et replastrer le tout bien et deuement comme il appartient. Item, à l'image saint Pierre destacher trois panneaulx et une barre de fer pour fortiffier le corps de la dicte image, et y mettre clavette tant que y en conviendra, et icelle accommoder bien et deuement. Item, au basse forme destacher huict panneaulx et iceulx replacer lorsque seront refaictz, pourquoy fère sera remis des pièces par tout là où il y en conviendra, et la rendre bien cloze, et icelle accommoder bien et deuement. Item, aux quatre vistres qui sont à dessus du maistre-autel de la dicte église racommoder icelles sans lever les panneaux, pour quoy mettra tout les oranges que y conviendra, les nettoyer avecq linges ou autres ustancilles propre à ce, les garnir de clavette, et mettre des piéces painctes semblable et rapportante à celle que y sont. Item, de lever trois panneaulx à l'image saint Jacques, et iceulx laver et nettoyer et refaire bien et deuement, et iceulx replacer, mettre vergette et clavette se que y en conviendra. << Touttes lesquelles réparations le dit entrepreneur a promis de faire et refaire bien et deuement ainsy que apartient, au dire d'ouvriers, et mettre touttes les oranges que conviendra aux vitres et panneaulx qui sont à la dite esglise et fournir de tous mathériaulx que y conviendra pour la réfection d'iceulx, faire les faux trous qui se trouverront, pour quoy fère souffriront le dit marguillier et habitans au dit entrepreneur de prendre deulx corde de deux cloches soyt de Saint-Germain ou de Saint-Jacques, bailler les eschelles des dites esglises Saint-Germain et Saint-Jacques comme aussy une corbeilles, lesquelles le dit entrepreneur sera tenu de rapporter et replacer au lieu ou il les prendra lorsque les dictes besongnes seront faicte, parfaicte et receue, lesquelles ouvrages et reparacions le dict entrepreneur sera tenu de commencer à y travailler dans ceste sepmaine et iceulx rendre faicte et parfaicte d'huy en six sepmaine. « Ce marché faict aus dictes charges que le dict entrepreneur promect satisfaire, et outre moyennant le pris et somme de cinquante-quatre livres tournois que le dict marguillier sera tenu de bailler et paier au dit entrepreneur, et sur laquelle somme a esté présentement baillé et payé comptant au dit entrepreneur la somme de vingtquatre livres tournois, dont quictance, et le surplus de la dicte somme, qui est de trente livres, le dict marguillier sera tenu de icelle paier audit Hébert ou au porteur lorsque les
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 +|**UCAL_$B769654_00000383**| 35 — Jacques. Un fragment important du vitrail de saint Paul subsistait seul en 1895 au milieu des vitraux blancs, qui, dans toutes ces fenêtres, avaient remplacé les anciens panneaux à personnages.
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 +Ce fragment, qui n'a pu être utilisé, est aujourd'hui déposé au musée de Saint-Jean. On a adopté pour ces ouvertures des verres en forme d'écailles de diverses couleurs, régulièrement imbriquées. Chaque baie est encadrée d'une bordure unie alternativement rouge et bleue. Le ton très doux de ces vitraux permet à la lumière de pénétrer en quantité suffisante dans l'édifice. Nous regrettons que la note de M. Dufour nous soit parvenue dictes besongnes seront faicte, parfaicte et receue... Promettant, obligeant, renonçant, etc. << Faict et passé en l'hostel et domicille dudict Dauvergne, présen [ce] de Simon Loriot, sergent à verge au Chastelet de Paris, et Jacques Sourdeau, tesmoins. JACQUES GUILLAUME AUMONT, PIERRE FERRY, J. DAUVERGNE, BAPTISTE LEPÈRE, IMBERT PINET, J. HÉBERT, MOYREAU, — LORIOT, — ...... — HARLY, NOTAIRE. » — Archives de Seine-et-Oise. E. 6883. Pièce numérotée 47. << Du mardy XIIIIe Novembre mil six cens vingtz huict. << Fut présent Gabriel Guinault, vitrier, demeurant à Corbeil, lequel contesse avoir
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 +|**UCAL_$B769654_00000384**| 36 trop tard pour pouvoir, lors de l'établissement des nouvelles verrières, nous mieux conformer aux traditions de l'église de Saint-Germain. Les fenêtres qui s'ouvrent sur le fond des absides latérales ont reçu des verrières à grands personnages. Ce parti a été adopté pour éviter la monotonie d'une succession non interrompue de mosaïques à petits médaillons. Dans la chapelle de la SainteVierge, au-dessus de l'autel, le peintre verrier a représenté la visitation; dans la chapelle correspondante, dédiée à saint Joseph, une Sainte Famille. Les personnages de ces vitraux, bien groupés et traités avec soin, se détachent sur un fond plein de lumière d'une perspective saisissante. Nous retrouvons en partie, dans l'encadrement de ces tableaux, les motifs et les tons des verrières du sanctuaire. Ces deux fenêtres sortent des ateliers de M. Fournier, de Tours. C'est également à lui que nous devons la patiente et consciencieuse restauration des anciens vitraux, ainsi que les fenêtres du collatéral nord; ici encore, l'artiste s'est maintenu dans le faire et les tons de nos anciens peintres verriers; on ne peut que l'en féliciter. Un grillage à mailles serrées protège chaque fenêtre à l'extéentrepris de Guillaume Carsault, marguillier et proviseur de l'esglise de St-Germain du vieil Corbeil, et habitans de ladicte esglise : c'est assavoir de faire et refaire bien et deuement au dire d'ouvriers, dans le jour de Champdeleur prochain, à ladicte esglise de St-Germain de mectre dix panneaulx de vistre neufve, sçavoir à la vistre d'en bas au dessus du grand coffre huict panneaux, deulx grandz panneaulx neufz à la vistre de dessus la porte, et de refaire la vistre de la chappelle St-Pierre dont ung panneau à moictié neuf, et générallement faire et refaire par ledict entrepreneur toustes les vistres qui sont à ladicte esglise bien et deuement, comme il apartient, à la charge que, sy besoing est de lever quelque gros fer, la levée sera faicte par ledict marguillier et restablie aux despens de ladicte esglise, et pour les verjecte et clavette se il en convient, seront fournye par ledict marguillier et estachée par ledict entrepreneur à ces despens. Ce marché faict moyennant la somme de cinquante six livres tournois à payer : sçavoir la moictyé de ladicte somme présentement payée audict entrepreneur en une demy pistolle d'Espagne et quartz d'escus dont quictance, et l'autre moictyé de ladicte somme, montant vingtz huict livres tournois, sera payée par ledict marguillier à la réception desdicts ouvrages de vistreryes audict entrepreneur ou au porteur. Sera tenu ledict entrepreneur de mettre autant des présentes en pappier ès mains dudict marguillier. « Ce fut faict et passé en l'estude du dict notaire, présence de Jacques et Rocq Sourdeau, tesmoings. A esté nottiffié l'eedict du sceel. GUINAULT, - GUILLAUME CARSAULT, - HARLY, notaire. » Archives de Seine-et-Oise --- - E. 6883.
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 +|**UCAL_$B769654_00000385**| - - 37 rieur. Des précautions ont été prises à l'intérieur, contre les eaux de condensation, pour éviter les coulées qui pourraient altérer la surface des glacis. Une construction du plus mauvais effet, accolée au chevet de l'église, renfermait la sacristie; le faîtage de sa toiture venait butter dans la fenêtre du collatéral nord à la hauteur de la naissance des arcs. A l'intérieur de l'église, l'obligation de loger sous un même arc, dans un espace trop étroit, une porte et un autel nécessairement relégué contre un pilier, avait donné lieu à un ensemble d'un aspect boiteux, exactement en face de l'entrée la plus fréquentée par les fidèles. Après quelques hésitations, on s'est décidé à déplacer la sacristie (1). Son emplacement actuel s'étend le long du collatéral nord; ici, discrètement logée entre l'église et l'école des sœurs, elle ne dépare plus l'extérieur de l'édifice; à l'intérieur, son accès suffisamment dissimulé est à la fois plus commode et d'un meilleur effet. Cette construction est faite en meulière et mortier coloré, elle est recouverte d'un toit d'ardoises; la pente rapide du comble a permis de ménager sous la toiture un vaste débarras, éclairé par une lucarne. Les mosaïques qui ornent les fenêtres de la sacristie sont faites avec des débris de vitraux, qui, à diverses époques, avaient servi à réparer les anciennes verrières de l'abside. La majeure partie de ces verres, de provenance variée, paraît être du xv° siècle; beaucoup gardent encore les traces de peintures d'un certain intérêt. Trois autels en bois peint et doré occupaient le fond de l'église, ils étaient en assez mauvais état; l'obligation de les déplacer momentanément pour procéder à certains remaniements nécessaires du chevet, rendait leur conservation très difficile; de plus leur forme, dans l'esprit du xvII° siècle, ne rentrait pas dans le programme de la restauration. Ils ont dû être remplacés. (1) Dans le blocage des fondations de ce bâtiment, on a trouvé les restes d'un groupe en pierre représentant une mater dolorosa, tenant le Christ sur ses genoux. La tête de la Vierge avait disparu, de même que les extrémités des membres inférieurs des deux personnages. Ce fragment de sculpture, déposé aujourd'hui par la Fabrique de SaintGermain au musée de Saint-Jean, devait faire partie des figures de pierre qui, d'après l'abbé Guiot, furent enlevées de l'église vers 1760 (Bibliothèque de Rouen, fonds Montbret, ms. 115).
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 +|**UCAL_$B769654_00000386**| - 38 Un petit mur, surmonté d'une balustrade en bois, interrompu dans son milieu par un escalier de trois marches, séparait le chœur du reste de l'église. Des bancs vermoulus étaient scellés contre cette murette. Des bancs, également sans caractère et en mauvais état, occupaient l'emplacement actuel des stalles. La chaire, très primitive et nullement en harmonie avec le genre d'architecture de l'église, était accolée à un pilier de la nef. Son établissement avait nécessité la mutilation d'une colonne qui a été rétablie en pierre de taille (Pl. XIII). Les trois nouveaux autels en pierre blanche et marbres ont été dessinés par M. l'abbé Brisacier qui en a lui-même surveillé l'exécution. Un espace de trois pieds sépare le maître-autel du mur du fond. On a dû réduire à deux degrés la hauteur du marchepied, pour éviter l'encombrement du sanctuaire, de dimensions assez restreintes. Cet autel est en pierre de Lavoux; des colonnes en marbres de différentes natures en dessinent les principales divisions verticales, les lignes horizontales sont nettement accusées par des moulures saillantes; les détails de sculptures, nombreux et très soignés, sont mis en relief par une judicieuse répartition des fonds. Une gracieuse exposition s'élève au-dessus du tabernacle; quatre colonnes en onyx, en supportent les arcatures et le toit. Un lanterneau terminé par une flèche ajourée, surmontée d'une croix, couronne cet élégant édicule (Pl. XIV) (1). Les deux autres autels sont accolés au mur de fond des collatéraux. A droite, l'autel de la Vierge, en pierre du Poitou et colonnes de marbre, d'un dessin sobre, d'une grande fermeté de lignes, produit le meilleur effet; à gauche, l'autel de Saint-Joseph, un peu moins important, mérite aussi sa part d'éloges; il est également en pierre et marbre. Ces trois autels, fort bien traités comme moulures, ravalements, sculptures, font honneur à l'artiste consciencieux, M. Champeaux, de Tours, qui a bien su traduire la pensée de l'architecte. La table de communion, en pierre du Poitou et colonnettes de marbre rouge, sort des mêmes ateliers. Elle est formée de deux parties entre lesquelles s'ouvre un passage de 1,40. Chaque travée comporte trois panneaux largement ouverts, ornés de petites ferronneries, qui adoucissent la sécheresse de la pierre. (1) Sous le marchepied de l'autel a été placée une petite boîte renfermant quelques menues pièces de monnaie au millésime de 1895.
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 +Tujardin PL 12 HRIEUR DE LEGLISE avant la restauration de 1895 96. Imp. Ch. Wittmann
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 +1. Dujardin 165 INTERIEUR DE L'EGLISE EN 1897 Imp Ch. Wiumann
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 +Dujardin ESQUISSE DU TABLEAU DE L'ABSIDE DE
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 +EGLISE DE SAINT GERMAIN LEZ CORBEIL. Imp. Ch Wittmann
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 +|**UCAL_$B769654_00000394**|
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 +|**UCAL_$B769654_00000395**| - - 39 Des clôtures en fer forgé, dessinées dans le goût du xII° siècle, ferment le chœur du côté des fidèles et séparent le sanctuaire des bas-côtés. Une chaire isolée, en chêne, ornée de quelques sculptures, un banc d'œuvre et des stalles également en chêne sont venus compléter le mobilier de l'église. Dans la composition de ces objets, formés d'éléments appartenant à l'architecture ogivale, la note archaïque n'a pas été maintenue dans toute sa rigueur; toutefois ils s'harmonisent d'une façon satisfaisante avec la décoration générale de l'édifice. Pour donner aux autels toute leur valeur, dessiner leurs contours, faire valoir les tons de la pierre, il était indispensable de recouvrir de peintures la partie basse du chevet. Cette décoration, s'élevant jusqu'aux glacis des fenêtres, devait servir d'appui aux verrières et relier entre eux les éléments les plus riches de l'édifice et du mobilier. Plusieurs partis se présentaient : on pouvait figurer au-dessus du stylobate une tapisserie entourée de bordures ou bien un rideau archaïque, avec plis perdus derrière l'autel. Pour les collatéraux, l'espace restreint dont on disposait ne permettait pas de songer à d'autres dispositions. Dans l'abside centrale, au contraire, un parti plus décoratif, plus séduisant, se présentait à l'esprit ; il consistait à placer, au-dessus du maître-autel, une peinture magistrale à grands personnages, représentant un sujet eucharistique. Les exemples nombreux de ce genre de décoration sont en général d'un grand effet. En l'adoptant, on se conformait aux traditions de l'église de Saint-Germain, dont l'abside, depuis le x1° siècle au moins, a toujours été décorée de peintures représentant des personnages ou des scènes de l'Écriture sainte. Toutefois, une difficulté apparaissait entre la base des glacis et le retable du maîtreautel, on ne disposait que d'une aire de 1,20 à 1,50 de hauteur. Cet obstacle avait été surmonté, au commencement du siècle, à l'aide d'un procédé barbare que l'on ne pouvait songer à imiter; l'installation de hautes boiseries, masquant les glacis et une partie des fenêtres, avait permis de loger à cette place trois grands tableaux, dont la valeur était loin de justifier de pareils sacrifices architectoniques. Aux siècles précédents, on s'était contenté de peindre, au-dessous des fenêtres, dans de petits compartiments ménagés à cet effet, des personnages, des portraits, des emblèmes religieux.
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 +|**UCAL_$B769654_00000396**| - -- 40 L'effet était mesquin; il fallait se garder d'imiter une solution aussi primitive. On s'est décidé à relever la base des glacis, heureusement très allongés, des trois fenêtres de l'abside, en les terminant à leur naissance par un bandeau saillant qui aura pour effet d'éloigner de la peinture les poussières qui ne manqueront pas de glisser sur les allèges. Cette modification, dont l'effet n'a rien de choquant, a permis de disposer d'une surface de 2,50 de hauteur, à la rigueur suffisante. Le choix du sujet a lui-même donné lieu à quelques hésitations; il était limité par la disposition même de l'autel. On ne pouvait placer au centre du tableau le ou les personnages essentiels; ils eussent été masqués par l'exposition qui s'élève au-dessus du tabernacle. La nature même de la scène qu'il fallait représenter devait permettre à l'artiste de se conformer à ces exigences. La Multiplication des Pains, ou le Sermon sur la Montagne, se prêtait particulièrement à cette disposition. Pour ce motif et d'autres encore, ce sujet a réuni tous les suffrages. On ne pouvait faire un choix plus heureux pour la décoration d'une paroisse de la Brie, un de nos greniers d'abondance. L'exécution de cette peinture a été confiée à M. Douillard; c'est dire l'importance qu'attachaient à cette œuvre ceux qui, ayant entrepris la restauration de l'église de Saint-Germain, voulaient terminer dignement ce travail. Nous n'avons pas à faire ici la critique de l'œuvre remarquable de M. Douillard; disons seulement que les tons souples de l'ensemble traité à la manière d'un frottis, que la façon dont le peintre a compris les effets de perspective donnent à ce travail le caractère bien accusé de peinture murale. La même préoccupation se retrouve dans les couleurs sobres du ciel; ici, tout en laissant à son œuvre une allure franchement orientale, M. Douillard a su éviter certains effets de transparence peu compatibles avec la nature du fond. La planche XV reproduit l'esquisse de ce tableau, relevée sur la toile elle-même, avant l'exécution de la peinture; elle nous montre l'heureuse disposition des principaux personnages et des groupes dont se compose la scène. Des précautions spéciales ont été prises pour éloigner les moindres traces d'humidité de l'enduit sur lequel la toile doit être marouflée. Nous avons déjà parlé des réparations faites, vers 1862, à l'extérieur de l'église. Le côté sud avait été recouvert d'un enduit en
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 +|**UCAL_$B769654_00000397**| Heliog Dujardin. L EGLISE DE ST GERMAIN-LEZ-CORBEIL Imp. Ch Wittmann PL XVI
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 +|**UCAL_$B769654_00000398**|
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 +|**UCAL_$B769654_00000399**| - - 41 plâtre, sans caractère; le côté nord n'avait pas été touché. On a dû reprendre le ravalement de ces deux façades. Après la mise à nu du blocage, un enduit en ciment de Fresne a été étendu sur toute la surface décroûtée; sur le ciment encore frais, ont été pratiqués des joints de 0,025 d'épaisseur, avec un outil en forme de gorge de poulie. L'effet en est très monumental. Çà et là, des pierres diversement teintées par un lait de ciment, harmonisent le travail avec les façades antérieurement restaurées. Les pierres des contreforts, celles qui entourent les baies, jointoyées à nouveau, sont restées apparentes; leur appareillage a servi de base à celui des murs (Pl. XVI). Une partie du collatéral nord était dépourvue de corniche, un éperon manquait dans le voisinage de la nouvelle sacristie, à l'endroit où s'élevait jadis le clocher. Un nouveau contrefort a été érigé, la corniche complétée. Au midi, le long du trottoir de la route, le sol a été garni de dalles dans l'intervalle des éperons. Au pied du chevet, ce travail a été fait en pavés de grès jointoyés au ciment. Un pavage du même genre s'étend entre l'église et l'école des sœurs. Un préau gazonné, entouré d'une murette surmontée d'une grille sépare le chevet des terrains accessibles au public (1). Il n'est pas utile de s'étendre sur les nombreux détails qui ont dû être repris au cours de cette restauration; leur énumération serait plus longue qu'intéressante. Il nous reste, pour terminer, à parler de la belle cérémonie à laquelle a donné lieu, le 16 mai 1896, la consécration du maîtreautel par Me Goux, évêque de Versailles. Ce jour-là, une foule nombreuse et élégante remplissait l'église de Saint-Germain, spécialement décorée pour la circonstance. De grandes tentures à crépines d'or, drapées à l'antique, avaient été disposées derrière l'autel. Des massifs de verdure complétaient la décoration du sanctuaire. Dans le choeur, un superbe dais en velours et satin (1) Les deux inscriptions funéraires scellées contre le mur du chevet proviennent de l'ancien cimetière qui s'étendait autrefois derrière l'église. En voici le texte : D. O. M. Ici repose Monsieur Vital Nègre, chanoine régulier de la Congrégation de France, ex-prieur de Samoi et curé de Saint-Germain-les-Corbeil, décédé le 18 août 1812, âgé de 69 ans. Modèle de Douceur et de Bonté, fut regretté de tous ceux qui le connurent. Ici repose le corps de dile Marie-Louise Leclère, décédée à Villededon le 3 8bre 1818, âgée de 78 ans, De profundis, etc.
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 +|**UCAL_$B769654_00000400**| - — 42 rehaussé d'or abritait le trône épiscopal. Un groupe d'artistes de talent occupait la tribune. M. Galeotti tenait l'orgue. M. Lopez dirigeait les chœurs. A huit heures et demie, Sa Grandeur faisait son entrée solennelle dans l'église et procédait à la cérémonie de la consécration, suivie d'une messe basse, avec musique et chants. A onze heures, les assistants se retiraient; ce n'était parmi eux qu'un concert d'admiration pour l'église de Saint-Germain, d'éloges pour ses généreux paroissiens. L. VOLLANT.
  
  
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