Corpus Essonnien

Histoire et patrimoine du département de l'Essonne

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 BUREAU DE LA SOCIÉTÉ Présidents d'honneur: M. le Sous-Préfet de Corbeil.-M. le Sous-Préfet d'Étampes. Président : Vice-Présidents: Secrétaire-Général : Trésorier: M. François COPPÉE, de l'Académie française. M. le Dr P. BOUCHER, Médecin en chef de l'hôpital de Corbeil. M. G. de COURCEL, ancien officier de marine. M. BLAVET, Président de la Société d'horticulture d'Étampes. M. DUFOUR, Conservateur de la bibliothèque et des archives de la ville de Corbeil. M. LASNIER, Receveur des finances en non activité. Secrétaire-Rédacteur: M. GIRARD, Conservateur des hypothèques, à Corbeil. COMITÉ DE PUBLICATION MM. le Dr P. BOUCHER, Vice-Président, membre de droit. A. DUFOUR, Secrétaire général, membre de droit. V. de COURCEL, d'Athis-Mons.. GIRARD, Secrétaire-Rédacteur, à Corbeil. J. LEMAIRE, de Corbeil. J. PERIN, de Ris-Orangis. Léon MARQUIS, d'Étampes. BUREAU DE LA SOCIÉTÉ Présidents d'honneur: M. le Sous-Préfet de Corbeil.-M. le Sous-Préfet d'Étampes. Président : Vice-Présidents: Secrétaire-Général : Trésorier: M. François COPPÉE, de l'Académie française. M. le Dr P. BOUCHER, Médecin en chef de l'hôpital de Corbeil. M. G. de COURCEL, ancien officier de marine. M. BLAVET, Président de la Société d'horticulture d'Étampes. M. DUFOUR, Conservateur de la bibliothèque et des archives de la ville de Corbeil. M. LASNIER, Receveur des finances en non activité. Secrétaire-Rédacteur: M. GIRARD, Conservateur des hypothèques, à Corbeil. COMITÉ DE PUBLICATION MM. le Dr P. BOUCHER, Vice-Président, membre de droit. A. DUFOUR, Secrétaire général, membre de droit. V. de COURCEL, d'Athis-Mons.. GIRARD, Secrétaire-Rédacteur, à Corbeil. J. LEMAIRE, de Corbeil. J. PERIN, de Ris-Orangis. Léon MARQUIS, d'Étampes.
  
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 SOCIÉTÉS CORRESPONDANTES La Société de l'histoire de Paris et de l'Ile de France. La Société historique et archéologique de Pontoise et du Vexin. La Société archéologique de Rambouillet. La Société historique et archéologique du Gâtinais. La Société archéologique de Sens. La Société des sciences morales, des lettres et des arts de Seineet-Oise. La Commission des antiquités et des arts de Seine-et-Oise. L'Académie Royale des belles-lettres, d'histoire et des antiquités de Stockholm (Suède). La Société des Amis des monuments parisiens. La Société française d'archéologie. La Société archéologique d'Eure-et-Loir. La Société historique et archéologique de Brie-Comte-Robert (Seine-et-Marne). LG SOCIÉTÉS CORRESPONDANTES La Société de l'histoire de Paris et de l'Ile de France. La Société historique et archéologique de Pontoise et du Vexin. La Société archéologique de Rambouillet. La Société historique et archéologique du Gâtinais. La Société archéologique de Sens. La Société des sciences morales, des lettres et des arts de Seineet-Oise. La Commission des antiquités et des arts de Seine-et-Oise. L'Académie Royale des belles-lettres, d'histoire et des antiquités de Stockholm (Suède). La Société des Amis des monuments parisiens. La Société française d'archéologie. La Société archéologique d'Eure-et-Loir. La Société historique et archéologique de Brie-Comte-Robert (Seine-et-Marne). LG
  
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-|**1**| UN CONDAMNÉ A MORT Au XVIIe siècle JACQUES BOURGOIN, 1585-1661 La ville de Corbeil était autrefois riche en monuments anciens et elle n'avait rien à envier à ses voisines; mais tandis qu'Etampes, Melun, pour ne citer que celles qui sont proches, ont l'heureux privilège d'avoir pu conserver leurs anciens édifices, Corbeil a vu disparaître une à une toutes ses églises, qui, pendant des siècles, avaient fait la joie de nos pères et dont elle était fière à juste titre. Le siècle qui va finir en aura vu détruire six et non des moins intéressantes. Cette triste série s'ouvre en 1803 par la démolition de SaintJacques, qui était située dans le faubourg et dans la rue du même nom; Sainte-Geneviève, des Récollets, disparut ensuite, et l'année 1823 a vu s'achever la destruction de Notre-Dame, un admirable monument du XIIme siècle, qui serait aujourd'hui l'honneur de notre ville si nous le possédions encore. Dans ces dernières années, nous avons assisté à la disparition de la chapelle de l'Hôtel-Dieu, ancien reste de Saint-Jean-de-l'Ermitage, et des églises Saint Léonard et Saint-Guenault qui, toutes deux, dataient du XIIIme siècle. Et ce qui est le plus triste, c'est que le temps n'a été pour rien dans cette œuvre de destruction et que la main de l'homme est seule coupable de ces actes de vandalisme. De toutes nos églises, une seule nous reste, c'est Saint-Spire, qui remonte à l'époque romane et qui, à la suite d'un incendie, a été reconstruite en grande partie au XIIIme siècle. Ceux qui l'ont visitée ont certainement remarqué, dans la première chapelle du collatéral gauche, un monument funéraire en marbre+|**1**|  
 +=====UN CONDAMNÉ A MORT Au XVIIe siècle JACQUES BOURGOIN, 1585-1661=====
  
-|**2**| +La ville de Corbeil était autrefois riche en monuments anciens et elle n'avait rien à envier à ses voisines; mais tandis qu'Etampes, Melun, pour ne citer que celles qui sont proches, ont l'heureux privilège d'avoir pu conserver leurs anciens édifices, Corbeil a vu disparaître une à une toutes ses églises, qui, pendant des siècles, avaient fait la joie de nos pères et dont elle était fière à juste titre. Le siècle qui va finir en aura vu détruire six et non des moins intéressantes. Cette triste série s'ouvre en 1803 par la démolition de SaintJacques, qui était située dans le faubourg et dans la rue du même nom; Sainte-Geneviève, des Récollets, disparut ensuite, et l'année 1823 a vu s'achever la destruction de Notre-Dame, un admirable monument du XIIme siècle, qui serait aujourd'hui l'honneur de notre ville si nous le possédions encore. Dans ces dernières années, nous avons assisté à la disparition de la chapelle de l'Hôtel-Dieu, ancien reste de Saint-Jean-de-l'Ermitage, et des églises Saint Léonard et Saint-Guenault qui, toutes deux, dataient du XIIIme siècle. Et ce qui est le plus triste, c'est que le temps n'a été pour rien dans cette œuvre de destruction et que la main de l'homme est seule coupable de ces actes de vandalisme. De toutes nos églises, une seule nous reste, c'est Saint-Spire, qui remonte à l'époque romane et qui, à la suite d'un incendie, a été reconstruite en grande partie au XIIIme siècle. Ceux qui l'ont visitée ont certainement remarqué, dans la première chapelle du collatéral gauche, un monument funéraire en marbre |**2**| blanc, qui est un intéressant spécimen de la sculpture au XVIIe siècle (1). Ce cénotaphe est une épave de l'église Notre-Dame; lors de la destruction de celle-ci, il a été transporté à Saint-Spire, et la sépulture qu'il recouvrait a été abandonnée dans les caveaux de NotreDame, livrée aux plus viles destinations. Cette sépulture était celle de Jacques Bourgoin, un enfant du peuple, né à Corbeil en 1585, qui, par son mérite, atteignit un rang élevé dans les armées du Roi. Il servit sous Henri IV, Louis XIII et Louis XIV et eut l'occasion de rendre des services importants qui furent signalés dans des lettres Royales que nous aurons occasion de citer (2). Quand notre bon roi Henri IV eut définitivement conquis son royaume et qu'une ère de paix succéda aux longs troubles de la ligue, Bourgoin, qui n'aimait pas l'inaction, obtint du roi la permission d'aller servir en Suède. Là il devint colonel de la garde royale, sous les rois Charles IX et GustaveAdolphe, et pendant 16 ans qu'il resta dans ce pays, il guerroya sans cesse, rendant des services éminents qui furent hautement reconnus par Charles IX et Gustave-Adolphe. Nous possédons dans les archives de Corbeil une série de lettres, signées de ces deux rois, dans lesquelles ils font l'éloge de Jacques Bourgoin et de ses qualités militaires et reconnaissent les grands services qu'il leur a rendus. Revenu en France vers 1624, Bourgoin, ou plutôt M. de Corbeil, ainsi qu'on l'appelait toujours, reprit du service et entra au régiment de la Tour comme premier Capitaine, puis il devint lieutenantcolonel au même régiment, et passa plus tard avec le même grade au régiment de Gévaudan. Nous ne suivrons point ici M. de Corbeil dans sa carrière militaire, qui fut particulièrement brillante. C'est une biographie que nous ferons plus tard; nous nous arrêterons seulement à un événement qui causa de cruels soucis à notre compatriote et qui motive le titre de cette simple notice. Le 5 août 1628, le régiment de la Tour, dans lequel Bourgoin servait avec le grade de 1er capitaine, était en marche pour aller d'Orpières, en Dauphiné, à Vaynnes. C'était l'après-midi, Bourgoin était à cheval et discourait avec d'autres officiers du régiment. Tout (1) Le moulage de ce tombeau figure au musée de sculpture comparée du Trocadéro. (2) Voir les pièces justificatives, |**3**| à coup, à propos de la distribution des étapes, une querelle s'éleva entre lui et un autre capitaine nommé Jehan Jolly, sieur de la Houssaye. La querelle s'étant envenimée, celui-ci tira son pistolet et le déchargea à la tête de Bourgoin, qui ne fut pas atteint ; il voulut alors mettre l'épée à la main, mais Bourgoin le prévint en lui tirant un coup de pistolet qui le renversa à terre, grièvement blessé au côté gauche. Le procès-verbal de cet événement, rédigé le jour même par le Prévôt du régiment, dit que la Houssaye, se sentant mortellement atteint, avait déclaré « qu'il ne se pouvoit plaindre que de son « malheur, que c'estoit une punition du ciel et qu'il n'entendoit << pour ce regard qu'on fît aucune poursuite contre le Sr de Corbeil << auquel il pardonnoit de bon cœur >>. Transporté au village de Merueil, près duquel le régiment se trouvait alors, la Houssaye mourut dans la nuit suivante et fut enterré dans l'église de ce village. Puis le régiment de la Tour poursuivit sa marche et fut envoyé au loin et même en Italie. Mais la famille de la victime, qui était puissante et hautement apparentée, avait porté plainte au Parlement de Grenoble contre Bourgoin qu'elle traitait d'assassin, réclamant justice de cet assassinat. Le coupable était loin, le télégraphe n'existait pas encore, et Bourgoin n'eut pas même connaissance des nombreuses assignations lancées contre lui; il en résulta qu'il fut considéré comme contumax et que la cour criminelle du Parlement de Grenoble rendit le 17 mars 1729 l'arrêt suivant : << La Cour, en retenant la cognoissance de la cause, ordonne que « Corbeille (sic), Cappitaine au régiment de la Tour, sera prins et << saisy au corps, conduit et mené dans la conciergerie du palais << pour y estre détenu jusqu'à ce que aultrement soyt ordonné, et << ou il ne pourra estre appréhendé, sera crié à trois briefs jours, << ses biens saisys et mis sous la main du Roy et de justice et se- <<questre estably au régime d'iceux, pour le fait cy rapporté estre << prouvé ainsi qu'il escherra ». Et le 18 may suivant, la même cour rendait son jugement en ces termes, au nom du roi qui ne s'en doutait pas, mais c'était la formule : « Au nom du Roy, nostre dicte Cour a déclaré ledict Bourgoin |**4**| « vray défaillant et contumax, et tant pour le proffit de la dite con- << tumace que par ce que résulte des charges et informations contre << luy, l'a déclaré suffisamment convaincu du crime dont s'agit, << pour réparation duquel ordonne que lorsqu'il pourra estre appré- << hendé, qu'il sera livré entre les mains de l'exécuteur de la haulte << justice pour être par luy conduit en la place du Brueil (1) de << ceste ville et là pendu et estranglé en une potence qui sera dressée, << jusqu'à ce que mort s'en suive, et cependant, jusqu'à ce qu'il << puisse être appréhendé, ordonne qu'il sera exécuté en effigie, en << oultre a condamné ledict Corbeil en mil livres d'amende envers « les parties civiles, 500 livres envers le Roy et 100 livres en œuvres << pies... etc ». Quelques jours après, le jugement en effigie fut exécuté à Grenoble, sur la place du Brueil, par la main du bourreau. Bourgoin, prévenu enfin, adresse au Roi une requête au mois de juillet 1629, dans laquelle il invoque son éloignement et son service aux armées qui l'ont empêché d'avoir connaissance des assignations lancées contre lui. Dans ce même mois de juillet, le roi Louis XIII accordait à Jacques Bourgoin de Corbeil des lettres de grâce et de rémission qui annulaient le jugement rendu, et le déchargeait de toutes les peines portées contre lui, à raison, dit le roi « des grands services à luy rendus dans ses armées par le dit Bourgoin » (2). On pourrait croire que tout était fini: il n'en fut rien ; les lettres de grâce devaient être entérinées par le Parlement de Grenoble, et les héritiers de la Houssaye (frères et sœurs) poursuivant leur vengeance, s'opposèrent à cet entérinement, sous prétexte que Bourgoin n'avait pas purgé sa contumace en payant, dans les délais voulus, les amendes auxquelles il avait été condamné. Il s'ensuivit des procédures sans fin qui durèrent des années. Pendant ce temps, Bourgoin était en Italie, au siège de Pignerol et à Casal, ce qui laissait le champ libre à ses ennemis. Le 16 décembre 1633, le roi confirme au Parlement de Grenoble les lettres de grâces accordées par lui à J. Bourgoin (3). Les héritiers la Houssaye résistent par tous les moyens possibles, et demandent la nullité des lettres de grâce sous le prétexte qu'elles n'avaient pas été entérinées dans les délais voulus, mais ils ne (1) A Grenoble. (2) Voir aux pièces justificatives ci-après. (3) Pièces justificatives.
-blanc, qui est un intéressant spécimen de la sculpture au XVIIe siècle (1). Ce cénotaphe est une épave de l'église Notre-Dame; lors de la destruction de celle-ci, il a été transporté à Saint-Spire, et la sépulture qu'il recouvrait a été abandonnée dans les caveaux de NotreDame, livrée aux plus viles destinations. Cette sépulture était celle de Jacques Bourgoin, un enfant du peuple, né à Corbeil en 1585, qui, par son mérite, atteignit un rang élevé dans les armées du Roi. Il servit sous Henri IV, Louis XIII et Louis XIV et eut l'occasion de rendre des services importants qui furent signalés dans des lettres Royales que nous aurons occasion de citer (2). Quand notre bon roi Henri IV eut définitivement conquis son royaume et qu'une ère de paix succéda aux longs troubles de la ligue, Bourgoin, qui n'aimait pas l'inaction, obtint du roi la permission d'aller servir en Suède. Là il devint colonel de la garde royale, sous les rois Charles IX et GustaveAdolphe, et pendant 16 ans qu'il resta dans ce pays, il guerroya sans cesse, rendant des services éminents qui furent hautement reconnus par Charles IX et Gustave-Adolphe. Nous possédons dans les archives de Corbeil une série de lettres, signées de ces deux rois, dans lesquelles ils font l'éloge de Jacques Bourgoin et de ses qualités militaires et reconnaissent les grands services qu'il leur a rendus. Revenu en France vers 1624, Bourgoin, ou plutôt M. de Corbeil, ainsi qu'on l'appelait toujours, reprit du service et entra au régiment de la Tour comme premier Capitaine, puis il devint lieutenantcolonel au même régiment, et passa plus tard avec le même grade au régiment de Gévaudan. Nous ne suivrons point ici M. de Corbeil dans sa carrière militaire, qui fut particulièrement brillante. C'est une biographie que nous ferons plus tard; nous nous arrêterons seulement à un événement qui causa de cruels soucis à notre compatriote et qui motive le titre de cette simple notice. Le 5 août 1628, le régiment de la Tour, dans lequel Bourgoin servait avec le grade de 1er capitaine, était en marche pour aller d'Orpières, en Dauphiné, à Vaynnes. C'était l'après-midi, Bourgoin était à cheval et discourait avec d'autres officiers du régiment. Tout (1) Le moulage de ce tombeau figure au musée de sculpture comparée du Trocadéro. (2) Voir les pièces justificatives, +
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