Page en chantier ---- Longpont sous le règne de François 1er Chronique du Vieux Marcoussy ------------------------------------- _------------------------ Septembre 2008 C. Julien Cette chronique relate la situation de Longpont-sur-Orge (Essonne, cant. Montlhéry) au début du XVIe siècle et plus particulièrement nous focalisons pour donner " une photographie du village " au cours du règne de François 1er. Pourquoi François 1er ? Alors que les registres paroissiaux n'existaient pas à cette époque, la chance d'avoir accès au terrier de 1529 nous a ouvert le grand livre du passé de Longpont pour la période 1515-1547. Le contexte historique Pour mieux comprendre la situation de Longpont, nous consacrons quelques lignes à rappeler le contexte historique de cette époque. Depuis son avènement au trône, François 1er est occupé en grande partie par la guerre d'Italie. Le roi revendique l'héritage de son aïeule Valentine de Visconti sur le duché de Milan. Après bien des malheurs et des déboires politiques, la guerre prend fin avec la paix honteuse de Cambrai signée le 5 août 1529 (1). Le règne de François 1er est celui de la Renaissance. Le roi ramena de nombreux artistes italiens et la France se couvrit de nouveaux châteaux et palais richement décorés. Précédemment, un acte fondamental avait changé l'organisation du clergé de France par la mise en commende des abbayes et prieurés. Un concordat fut passé entre le pape Léon X et le chancelier Duprat, envoyé de François 1er, à Bologne le 18 août 1516. Désormais le roi choisissait les prélats qui étaient ultérieurement investis officiellement par la cour de Rome. Le roi François 1er visita Longpont et vint y prier le 4 mai 1534 à la demande du nouveau prieur et peut être pour y installer un prieur commendataire selon le concordat de Bologne. Un autre acte fondamental allait bouleverser la vie des Français ; c'est l'ordonnance de Villers-Cotterêts du 10 août 1539 qui fait partie d'un ensemble de lois et était plus précisément intitulée « Ordonnance générale sur le fait de la justice, police et finances ». L'ordonnance limite la justice ecclésiastique aux causes purement religieuses, instaure de nouvelles règles pour la procédure pénale. Mais l'histoire a surtout retenu la création de l'état civil et l'emploi du français comme langue d'usage obligatoire pour tous les actes administratifs au lieu du latin (2). Le terrier de 1529 dit « Terrier Burgevin » Les documents anciens que nous avons consultés faisaient partie d'un ensemble cohérent de quelques 1.000 feuilles en plusieurs cahiers formant le terrier de Longpont. En effet, après la tourmente des XIVe et XVe siècles, il était nécessaire de mettre de l'ordre dans les titres et inventaires du temporel du prieuré Notre-Dame de Longpont. Ce fut l'œuvre d'un homme, le prieur Jacques de Puyvivant. L'exécution en fut confiée à Michel Burgevin, notaire royal à Montlhéry après les lettres de la Chancellerie reçues le 18 mars 1528. « Extrait d'un procès verbal de publication des Lettres de terrier du Prieuré de Longpont, contenant que lesdites Lettres à terrier ont été lües & publiées publiquement en tous les lieux de la dépendance dudit prieuré de Longpont, entr'autres, au village de Saint-Michel-sur-Orge à l'issue des Vêpres de ladite paroisse en présence de tous les habitans en général, et à tous ceux qui tenoient à cens, rentes, & autrement aucuns héritages & possessions immeubles desd. De Longpont, d'apporter & bailler par déclaration entre les mains de Michel Burgevin commis pour les recevoir, desdites terres & héritages, charges & redevances, & icelles être inscrites par ledit commissaire audit papier terrier du 18 mars 1528 ». Les lettres de la chancellerie furent « dûment enthériné par Messire Geoffroy Lemaistre prévôt de Montlhéry le vingt six avril l'an mil cinq cent vingt neuf », et la rédaction commença aussitôt. Pour certains tenanciers, la mesure fut sévère car il était question de payer les arrérages de cens ou rentes des 29 années précédentes. Beaucoup furent ruinés. Longpont au XVIe siècle Groupé autour de l'église Sainte Marie et de son prieuré, Longpont est un village relativement petit qui abrite une quinzaine de masures. L'autel paroissial est sous l'invocation de saint Barthélemy. Ce village exceptionnel, de type abbatial clunisien, est, depuis les temps les plus reculés, un site marial choisi par les seigneurs de Montlhéry pour y construire une église puis y fonder un couvent qu'ils donnèrent aux moines de Cluny « aliqua ecclesie Longipontis et etiam ecclesie Cluniacensis ». Venu à Longpont le 14 mars 1469 pour sa visite annuelle de l'église paroissiale, le vicaire épiscopal écrit qu'il y a 60 paroissiens environ « Numerus parrochianorum circa LX, non sunt matricularii, ... , quod in parrochia sua nullus est excommunicatus, nullus concubinarius ». Par paroissiens, il faut entendre les hommes qui ont fait leur communion. Selon Jean Jacquart, la population de Longpont se montait à 32 feux, environ 150 personnes en 1630. On peut donc estimer qu'il y avait entre 150 et 200 habitants dans la paroisse, au début du XVIe siècle. Il n'y a pas de marguilliers « à cause que la sacristie est tenue par le prieur et que tout le nécessaire à l'église est fournit par le même ». Outre la population ecclésiastique, leurs serviteurs et le fermier de Longpont, les habitants du bourg de Longpont étaient, avant tout, des ruraux : laboureurs, manœuvriers, journaliers, bref des gens simples bien que certains s'intitulaient vignerons alors qu'il ne possédaient que quelques perches de vignes. L'habitat est simple et rudimentaire comme il est précisé par les actes notariés. Ce sont des maisons faites de torchis montées sur un soubassement en pierres du pays, un mélange de silex, meulières et grès. Beaucoup de maisons ne comprennent qu'un espace de vie avec une cheminée, de petites fenêtres, le sol en terre battue et une toiture en chaume. En 1529, Jullien Michau, maçon, demeurant à Longpont, passe un bail à cens et rente pour une maison couverte de chaulme avec jardin tenant d'un côté à Anthoine Bourgeois d'autre à Jehan Georges chargée de 13 deniers tournois par an. Julienne Aubert déclare en son nom et comme tutrice des enfants, une maison couverte de chaulme jardin derrière le tout en fond de terre d'une quarte tenant à Jehanne Chignart d'autre à Guillaume Maulenault d'autre bout aux hoirs Chignart chargé de deux sols par an. Nous possédons peu d'éléments pour apprécier la production agricole de Longpont. Un demi-siècle auparavant, Philippe de Commine, chroniqueur de la bataille de Montlhéry du 16 juillet 1465 dit que dans la plaine de Longpont « les champs étaient couverts de bleds, de fèves, et d'autres grains très forts ...». La lecture du terrier Burgevin montre que le territoire est couvert par de petites parcelles et que les parcelles du vignoir tant à Guiperreux qu'aux Tuyaux ou qu'aux Villarceaux ont une surface moyenne de trois quartes ou environ (3). Claude Barron, vigneron demeurant à Longpont possède une quarte de vigne, assis au vignol de Longpont, qui lui vient de son père Jean Barron. Boniface Goy, vigneron demeurant au Mesnil, soigne deux quartiers de vigne, l'un assis « au vignol près le moullin de Grouteau, chantier des Gouards » tenant à Jehan Cordeau et à Michel Hardy chargé de 13 deniers parisis de cens par an, l'autre au chantier des Bas Villarceaux tenant à Jehan Ruelle et à Jean Chartier sur le chemin tendant de Guiperreux à Longpont, chargé de deux sols parisis de cens et rente par an. En 1518, certaines vignes qui avaient été délaissées au siècle dernier sont encore en friche. Les baux à cens mentionnent « terre en friche à faire vignes » ou bien comme au chantier des Sablons, censive de la confrérie « quartier tant vignes que friche ». Les terres labourables sont situées sur les chantiers des Murs Blancs, aux Bas Gaudrons et à la Couture où le prieuré détient la grande pièce du Château-Clair (4). On y cultive le blé, froment et méteil, l'avoine, les poix, les vesces, les haricots. En général les parcelles sont petites, le travail se fait à la main, les journaliers sont sollicités au moment des labours et des moissons. La richesse n'appartient pas au monde longpontais. C'est à Guiperreux que les parcelles sont les plus étroites, les paysans travaillent 150 parcelles sur 26 arpents environ, ce qui fait une moyenne de 3 quartes par parcelle. Par contre, la prairie de Longpont est riche et renommée pour être favorable à l'élevage. Les prés sont d'un bon rapport pour le prieuré qui les afferme à raison de 60 sols l'arpent. Le 20 mai 1524, le laboureur Pasquier Bourrelier afferme 2 arpents de pré, « ledit bail pour trois ans, moyennant 60 sols l'arpent ». Le lendemain, c'est Jean Gaudart qui prend un demi arpent de pré au même tarif. Pour la location de 5 quartiers de pré passée le 15 mars 1534 par les Religieux à Germain Moireau, laboureur demeurant à Guiperreux, il est payé 6 livres par an. Mais les locataires sont souvent les riches bouchers de Montlhéry qui mettent leurs bêtes à l'engrais dans les prairies de l'Orge. Les lieux-dits Sauveloup, Châtelains, les Buttes, Lamarcoussis sont les prés les plus réputés. En février 1526, Jean Cordeau et Albert Millet, marchands bouchers à Montlhéry, afferment 5 arpents de pré moyennant 15 livres. Le même jour, Jean Poirier, marchand, demeurant au moulin de Grouteau, afferme 2 arpents 3 quartiers de pré pour trois ans, moyennant 8 livres 5 sols par an. La seigneurie de Longpont Depuis la fondation de 1061, Longpont est placé sous le régime féodal de la seigneurie ecclésiastique, celle du prieuré Notre-Dame, couvent soumis à l'abbaye de Cluny. Les notaires écrivaient « le seigneur de Longpont » qui désignait bien évidemment une personne morale, la communauté des moines, ou « Messieurs de Longpont » tout simplement ou encore « les Prieur, couvent et Vénérables Religieux de Notre-Dame de Longpont ». Les décisions étaient prises par le chapitre conventuel « régulièrement assemblé au son de la cloche » et un fondé de pouvoir ou procureur actait au nom des moines. La situation était devenue complexe depuis l'introduction de la commende, car trois menses avaient été constituées pour la répartition des revenus, sujet à chicanes et procès nombreux. La seigneurie de Longpont s'étend sur quelques 190 arpents environ comprenant le bourg et le hameau de Guiperreux. Cette surface parait petite pour nourrir six moines, le numéraire du XVIe siècle. En fait, il ne faut pas oublier que le prieuré de Longpont était chef d'un groupement de 7 prieurés secondaires et possédait un immense canton dîmier qui couvrait une douzaine de paroisses. Longpont avait pour voisine la seigneurie de Launay et Saint-Michel-sur-Orge au-delà de l'Orge du côté du levant (5). La seigneurie de Villebouzin débordait du nord au sud, englobant le Mesnil, le Boulay et le terroir de Montlhéry jusque du côté de Biron, en passant par la partie occidentale sur La Ville-du-Bois, terre du seigneur de Marcoussis, des Célestins et du prieuré Saint-Eloy. Au sud de Guiperreux, la seigneurie de Brétigny et le terroir de Saint-Jean de Leuville étaient limitrophes. D'autre part, le prieuré Saint-Pierre du château de Montlhéry avait une censive du côté du Mesnil et le domaine de Lormoy n'était qu'une censive partie de Villebouzin et partie de Longpont (6). Par contre, la paroisse de Longpont avait une étendue bien plus grande, englobant tous les hameaux depuis Villebouzin au nord jusqu'à Guiperreux au sud, y compris une partie de Villiers-sur-Orge. Les fiefs du Mesnil, du Boulay, des Fontenelles et de cens communs avaient été vendus en 1357 par Amaury de Meulan, sire de Neufbourg et de La Queue-en -Brie, aux Maîtres et Écoliers de Saint-Nicolas-du-Louvre et des Bons Enfants, collège de l'université de Paris. Le fief de la Motte de Villebouzin , mouvant de Valgrand appartenait à Charles Allegrain, seigneur de Diant. Le tout fut acheté en 1543, par Robert Grisson, conseiller du roi. Depuis la charte d'exemption seigneuriale de 1061, le prieur avait droit de justice dans sa seigneurie « in omni terra sua seu potestare, justiciam sacere presumant, quoadusque ad proclamationem prioris res ipsa de qua criminatur homo sancte Marie perreniat » . L'aveu et dénombrement de 1383 précise « la moyenne et basse justice sur tous les hommes jusques à 60 sols » . Plus tard, ce privilège fut contesté par le prévôt de Montlhéry qui exigeait d'exercer toute la justice sur le terroir de Longpont. En réalité, plusieurs autres entités avaient un rang seigneurial avec droit de censive, lods et vente, saisine et amende etc. Ce sont les offices claustraux, l'aumônerie, la sacristie, la chantrerie, puis la cure Saint-Barthélemy, et enfin la confrérie Notre-Dame de Longpont (7). Ces entités avaient leurs revenus propres qu'elles défendaient vigoureusement devant l'autorité des prieurs commendataires. L'église Notre-Dame et le prieuré Le présentateur de la paroisse Saint Barthélemy de Longpont est le prieur du couvent Sainte Marie « patronus prior ejusdem loci ». Tout au long du XVIe siècle, les prieurs gardèrent ce droit de présentation, l'exerçant assidûment à Longpont et sur les paroisses qui étaient dans la dépendance de Longpont depuis le XIIIe siècle. Ainsi, les curés de Nozay, Champlan, Montlhéry, Orsay, Forges, Bondoufle, etc. étaient nommés par le prieur de Longpont. Alors que l'évêque a droit de regard sur la paroisse, des disputes ont souvent lieu car le curé est un des moines bénédictins et ne veut en aucun cas rendre compte à l'archidiacre du Josas. Ainsi la visite du mardi 22 décembre 1467 tourna court. Le curé Jean Boussac qui considérait qu'il n'avait rien à se reprocher, n'admit pas l'arrogance du vicaire envoyé par l'archidiacre « mandatis domini Archidiaconi ». Celui-ci voulant entrer pour voir les sacrements en fut empêché ; le curé avec les frères appelés à l'aide menacèrent de mettre le vicaire dans la prison du prieuré « poneret nos in carceribus ejusdem prioratus ». Ce dernier fila se réfugier à Montlhéry et alla à Linas continuer sa course épiscopale. Portraits du roi François 1 er en 1515 (anonyme, Musée Condé) en 1530 (Clouet, Louvre). La vocation funéraire est maintenue au XVIe siècle dans l'église de Longpont où les dalles funéraires marquent l'empreinte de l'aristocratie locale mais aussi du clergé séculier et régulier. Le 21 août 1523, Jean Laumônier, prêtre desservant la paroisse Saint-Barthélemy fut enterré dans la nef. Une rente de 50 sous parisis fut fondée le 25 septembre 1524 « au proffit des prieur, religieux et couvent de N.-D. de Longpont à la charge pour eulx de dire et chanter à voix haulte sur la sépulture dudit Jehan Laumosnier, prestre, par chaque dimanche de l'an un deprofondis qui se dira à la fin de la procession desdits religieux et à la fin dudit deprofondis jetter de l'eaüe bénite et dire telles oraisons que bon leur semblera sur ladite sépulture pour le repos de l'âme dudit deffunt, les parens et amies trépassés ». La rente était assise sur 3 quartiers de prés au chantier " près la Chaussée de Longpont ", un quartier de vigne au Bas-Gaudron et 6 quartes de vigne au chantier de La Folye . Le 19 mai 1524, devant le notaire royal maître de Marcouville, Marion Taillette, veuve de feu Jean Laumonier, mère du curé Jehan Laumônier, fait la donation d'une perche et demie de terre au bout du vivier de la maison et couvent de Longpont, « ladite donationfaite par au proffit des Religieux et couvent de N.-D. de Longpont à la charge par lesdits Religieux de dire et chanter pour le repos de l'âme de ladite veuve deux grandes messes de requiem tous les ans ». Le 11 janvier 1528, cette dame trépasse et est inhumée dans la tombe de son fils dont la dalle la représente « en coiffe de l'époque et robe à manches larges, un chapelet à la ceinture ». En 1532, le prieur Jacques de Puyvivant fut enterré au milieu de l'église dans la croisée du transept, puis l'année suivante, Antoine de Puyvivant, son neveu et successeur, fut enterré au bas des marches du portail occidental. La nomination des prieurs est du ressort exclusif de l'abbé mais les pressions extérieures sont souvent présentes. Dès le XIIIe siècle, le puissant prieuré de Saint-Martin-des-Champs tente à maintes reprises d'absorber Longpont. Ce fut le cas à la mort du prieur Eudes de Condom. En avril 1225, Baudoin était prieur de Saint-Martin-des-Champs et de Longpont « Ego frater Balduinus, humilis prior Sancti Martini de Campis et Longipontis , totusque ejus Longipontis conventus ». Avec les moines de Longpont, ils notifient que leur frère Gui, fils de sire Jean de Massy, chevalier, et de dame Marguerite, a été mis en possession par ses parents de biens consacrés à des œuvres pies, suivant la teneur de lettres de feu Guillaume II, évêque de Paris (charte 838). Mais après quelques mois la situation est rétablie à Longpont lorsque le prieur Drogon est nommé par l'abbé de Cluny. Le puissant prieur de Longpont Intéressons nous aux gens de pouvoir à Longpont pour l'époque étudiée. Tout d'abord celui qui est craint par les petites gens mais aussi par les moines, c'est Jacques de Puyvivant le prieur conventuel de Longpont ; il restera dans cette fonction jusqu'à sa mort en 1532 (8). « Hic jacet pie recordationis dominus Jacob de Puyvivant, doctor in theologia, pastor prior et reformator hujusce loci... » ; voilà ce qui était inscrit sur sa tombe. Le curé s'appelle Jehan Laumosnier « prestre bachelier en décret, curé de céans ». Jacques de Puyvivant qui fait partie de la petite noblesse est un personnage que le nouveau pouvoir royal veut imposer au haut clergé. Jacques de Puyvivant (en latin Jacob Puyvinauli ) était un moine bénédictin de Cluny qui fut licencié en théologie le 17 mars 1488 et promu docteur de la Sorbonne le 28 septembre 1488. Membre de la communauté clunisienne de La Charité-sur-Loire, il devient prieur de Joigny au diocèse de Sens en 1501. Lors de la réforme des statuts du Collège de Cluny par l'abbé Jacques d'Amboise (Jacob de Ambasia), le 10 décembre 1508, il est présenté avec le titre de prieur de Longpont. Dès lors, il est considéré comme un des grands réformateurs de l'Ordre et devient un haut dignitaire de Cluny, accompagné par Philippe Bourgoing (9). Lui-même présent au Chapitre Général de 1509, il est envoyé par l'abbé comme visiteur dans les couvents des provinces de France, Hainaut, Flandres, Picardie et Champagne. Puis en 1510, il visite les monastères d'Ecosse et d'Angleterre. De ce fait, il est absent de Longpont et n'assiste plus à la Diète de Cluny où il envoie plusieurs lettres d'excuse de 1510 à 1530. En 1512, il voyage en France puis s'excuse à nouveau en 1513. Au Chapitre Général de 1514, le prieur de Longpont est élu définiteur et appointé comme visiteur en Italie. En 1515, il fait partie du groupe de cinq commissaires pour la révision des statuts des règles de vie de l'Ordre. De nombreux actes de gestion sont signés au nom de Jacques de Puyvivant. Pour la raison de partage des lots du couvent de Longpont, un bail à ferme est passé le 19 mai 1526 par frère Jacques de Puyvivant, prieur conventuel du prieuré Notre-Dame de Longpont à Pierre et Jean Chastenay, Michel et Jean Chastenay, et Claude Dubois « d' une maison, étable, cave, cour, masure, puits, vignes et appartenance d'environ deux arpents, sise à Champlan près de l'église, plus un quartier audit lieudit terroir La Champagne, plus un arpent de vigne au lieudit Deux-arpents de Vigne. Deux arpens et demi sur la paroisse de Saulx, le tout moyennant 9 septiers de bled mesure de Longpont, six poulets et trois cents livres dix sols de ferme à la Saint-Martin des dites 5 années ». Comme nous venons de le voir, Jacques de Puyvivant est considéré comme un réformateur, qualité qu'il a fait graver dans la pierre. En effet, au lendemain de la fin de la guerre de Cent ans, le XVIe siècle s'ouvrait sur les temps modernes et la réforme monastique s'inscrivit dans la renaissance des vertus des anciens. Il fallait rompre avec les mauvaises habitudes et le relâchement de la règle . Pour certains juristes « le haut clergé étoufferait une réforme du système bénéficiaire dont il est faux de dire qu'elle ne fut envisagée par personne. Il fait donc le jeu de tous ceux qui veulent faire main basse sur les bénéfices… » (10). Le successeur de Jacques de Puyvivant fut son neveu Antoine qui ne lui survécut que d'un an et fut inhumé à Longpont en 1533. Puis, contrairement à ce qui est écrit parfois, le prieuré de Longpont fut mis en commende en 1534 au profit de Guillaume Raguyer (11). Ce fait est avéré par plusieurs documents, d'une part un mémoire du XVIIIe siècle au moment des contentieux des moines avec les voisins et d'autre part par les nombreux baux à cens et rente et affermage passés par ce prieur ou par Dom Christophe Cointet, le sous-prieur de Longpont. Un autre document prouve ce que nous avançons, il s'agit de la sentence du 4 février 1539 « rendue par messire Louis, prêtre, doyen de Meaux, au profit du prieur commendataire de Longpont contre Thomas Dupont curé de Courcouronne demandeur, prétendant la dixme sur une terre qui est enclavée dans la dixmerie de Bondoufle ». Puis, nous trouvons le nom des ecclésiastiques. En 1524, le prêtre Robert Machereau loue la maison de la Confrérie Notre-Dame de Longpont sise à Longpont avec jardin et cave. Dom Jean Desnoyers est procureur du couvent de Longpont et curé de Longpont en février 1526. En 1533, Dom Jean Denis agit en tant que fondé de procuration de Dom Charles de Rouvray, dit Saint-Simon, prieur de l'église et prieuré de Longpont pour la location de deux arpents de terre au chantier de La Plante-aux-Bœufs. Richard Le Maître, prêtre à Longpont, est procureur du couvent en 1542, quand un bail à ferme de 5 quartiers de pré est accordé à Michel Martin, laboureur demeurant à Longpont ledit bail pour 3 ans, moyennant 4 livres tournois par an. Dom Christophe Cointet est sous-prieur de Longpont en 1539 quand Guillaume Poirier le jeune, meunier au moulin de la Chaussée de Longpont prend le bail à ferme d'un quartier de pré pour six ans, moyennant 20 sols par an. À nouveau le 6 novembre 1546, nous trouvons Dom Christophe Cointet, grand vicaire et sous-prieur de Notre-Dame de Longpont au nom de noble messire Guillaume Raguyier, prieur dudit Longpont, qui, au nom de la communauté des religieux de Longpont, accorde un bail à cens à Pierre Cordeau, laboureur demeurant à Longpont pour « un demi arpent de terre à faire vignes, sçise au terroir et chantier des Prés-Neufs, moyennant 12 deniers parisis de cens, 32 sols tournois et deux poules de rente annuelle et perpétuelle, non rachetable ; et en outre sujet au pressoir et dixmes ». En 1540, Denis le Fournier, bourgeois de Paris, est receveur de Louis de Sauteoye, prieur claustral de Longpont. Le 7 janvier 1542, Richard Le Maître, prêtre à Longpont passe un bail à ferme de 5 quartiers de pré à Michel Martin, laboureur moyennant 4 livres par an au profit du petit couvent. Jean Lefebvre est prieur claustral à Longpont en juillet 1546 quand un bail à cens et rente est passé à Pasquier Bourrelier, meunier demeurant au moulin de Grouteau, à raison de 12 deniers parisis de cens, 2 sols de rente. Les censives de Longpont Sous l'impulsion du prieur Jacques de Puyvivant, le terrier général du prieuré est constitué par Michel Burgevin, notaire royal à Montlhéry. Les lettres royaux du 18 mars 1528 en donnent la concession. Les éléments de ce terrier présents aux archives, nous permettent d'établir une "photographie" de Longpont et ses habitants en 1529. Comme chaque terroir ou paroisse, Longpont est composé de cantons ou chantiers qui permettent de localiser plus facilement les parcelles. Bien souvent les toponymes sont évocateurs et sont encore usités de nos jours avec quelques modifications dans l'orthographe. Les chantiers où les eaux sont abondantes : les Fontenelles, les Bonnes Fontaines, la Douvière à Guiperreux, les Thuaux ; les chantiers relatifs à la religions : la Croix Jean de Brétigny, la Croix Boissée, la Croix-Rouge-Fer, les Hautes Croix, les Trois-Croix où la taille était exonérée ; les chantiers portant le nom de famille de ceux qui cultivaient la terre : le Bout Cordeau, les Gaudrons, les Robinaux, la Cour Bezault, le Pont à Langlois. Enfin certains chantiers ont disparu des cadastres : les Gohards, le Clos Carré, la Dubie, Sauveloup, le Châtelain (qui était près du moulin de la Chaussée), Groussette (au Mesnil). Les censitaires de la confrérie Notre-Dame tenait des terres et des vignes en roture. Le 3 février 1518, Jean Thomas reconnaît 4 sols parisis de rente à prendre sur un quartier tant vignes que friche, chantier des Sablons, par au profit de la Confrérie de Notre-Dame de Longpont. Pour le repos de l'âme de son oncle Michel Cordeau, Louise le Braseux et son mari Michel Boucher, laboureur fondent un obit le 8 juillet 1532 à la Confrérie « pour participer aux prières ». La maison de Laurent Besnard, sise rue Luisant à Montlhéry était dans la censive de la cure de Longpont. Le 7 juin 1512, le censitaire passait titre nouvel de 4 sols parisis de rente pour cette maison. La cure prélève également des cens et des rentes sur des terres et des prés à Villiers au chantier des Fossés à raison de 4 sols parisis de rente par arpent. Le 24 février 1520, Gouvin Moreau passe un titre nouvel de 18 sols parisis de rente à la cure de Longpont à prendre sur un arpent de terre situé à Guiperreux, près les Champs Familieux. Contrat d'échange passé en 1520 pour une vigne aux Bas-Graviers contre une terre au chantier de la Croix-Jean-de-Brétigny. Revenant un instant à la confrérie Notre-Dame de Longpont, selon Michel Réale, sa fondation daterait du XIe siècle du temps d'Hodierne de Gometz quand le nombre initial des moines diminua à Longpont (12). Le plus ancien document connu date du 8 mars 1415 ; c'est un bail à cens passé par Jean Beschepoix, vigneron au Mesnil de Longpont au profit de la confrérie de N.-D. de Longpont. En 1519, le frères Cordeau, Michel et Jean sont membres de la confrérie ; Jean en est le gouverneur. La confrérie continue de recevoir des biens ; les donations sont faites pour que les frères et le curé de Longpont « participe aux prières pour le repos de l'âme des donateurs ». À ce titre, la donation d'un quartier de vigne, chantier des Fontenelles, est faite le 9 juillet 1519 par Michel Cordeau. Une autre libéralité est faite le 14 février 1523, la confrérie reçoit le legs de Marc Delavergne, un carreau de vigne au chantier des Sablons. D'autres libéralités sont faites sous forme de rente. Pour la fondation d'un obit, une rente de 8 sols parisis est payée par Antoine Lovitache fils sur un quartier de vigne lieu-dit la Mare au terroir de Villiers ; une rente de 18 sols parisis charge un quartier de vigne chantier des Fontenelles tenu par Mathurin Argenvilliers, vigneron à Longpont, etc. Le 22 février 1523, Denise Bouzinard reconnaît 2 sols parisis de rente au profit de la Confrérie Notre-Dame de Longpont. En 1536, Jean Doublet fonde une rente de 16 sols parisis au profit de la cure de Saint-Barthélemy de Longpont à la charge par lesdits curés de chanter annuellement vigiles des morts à neuf leçons, une messe haute. En janvier 1542, Richard Le Maître, prêtre gère la censive de la cure de Longpont. Un bail à ferme est passé à Michel Martin, laboureur pour 5 quartiers de pré, moyennant 4 livres tournois par an. Les moulins de Longpont Ici, notre propos n'est pas de développer l'histoire des moulins et nous renvoyons le lecteur aux chroniques spécifiques. Seulement nous faisons le point sur la situation au cours de la période 1515-1547, ce qui permet une synthèse. Les deux moulins du prieuré de Longpont sont exploités sur l'Orge : Guillaume Poirier le jeune fait tourné le moulin de la Chaussée tandis que Pasquier Bourrellier demeure au moulin de Grouteau . Ces deux meuniers ont un différend en février 1543 au sujet de l'héritage de Guillaume Poirier l'aîné meunier à Grouteau dont le frère prétend y avoir des parts. Finalement celui-ci se désiste de « toutes les prétentions sur ledit moulin de Grousteau moyennant 20 écus d'or sol payés par ledit Bourrelier, …, sçavoir dix écus d'or sols dedans dimanche prochain venant et l'autre moitié dedans le jour de la St Gilles le tout prochainement venant ». Grouteau est aussi un hameau avec sa prairie et son vignoble sur le coteau. Le 14 septembre 1537, un bail à ferme est passé par Guillaume Raguyer, prieur commendataire du prieuré de Notre-Dame de Longpont à Jean Poirier dit Daulnoy, meunier demeurant au moulin de Grouteau de 3 quartiers de pré moyennant 4 livres par an, ledit bail pour quatre ans. Le 17 juin 1539, un bail à ferme est passé par Dom Christophe Cointet, sous-prieur de Longpont à Guillaume Poirier le jeune, meunier au moulin de la Chaussée de Longpont d'un quartier de pré pour six ans, moyennant 20 sols par an. Un troisième moulin, Basset, est situé sur la rivière en amont. En 1521, Jean Poirier, marchand meunier demeure au moulin de Basset , paroisse de Longpont « lequel de sa bonne volonté reconnu et confesse avoir vendu, céddé, quitté, transporté et prouvés garentir de tous empeschements quelsconques à Guillaume Chaulne aussi marchand, demeurant assis Saint-Michel-sur-Orge, d'un arpent de terre assis au terroir de Longpont prêz le moulin de Grouteau moyennant 16 livres 8 sols à Guillaume Chaulne, demeurant à Saint-Michel ». Le 22 avril de la même année, Jean Poirier, meunier afferme le moulin de Basset, à Jean Brissart-le-Jeune demeurant au moulin de Villemoisson, ledit bail pour neuf ans. Le 16 mai 1523, une vente est faite par Guillaume Nyon, marchand meunier demeurant au moulin de Basset et Perrette sa femme « de luy duement authorizée, lesquels de leurs bonnes volontés sans aucune contrainte confessent avoir vendu, céddé, quitté, transporté et délaissé dès maintenant et pour toujours à Albert Nutet, boucher demeurant à Montlhéry, c'est à savoir un arpent de terre des vendeurs apartenant tant en propre de ladite femme que le leur conquest assis près le moulin de Grouteau tenant d'une part au vieux chemin,…, cette vendition faiste moiennant la somme de 10 livres tournois ». Deux autres moulins sont en activité sur la paroisse de Longpont : le moulin à vent du Boulay et le moulin de Biron . Le premier appartient au seigneur du Mesnil-sous-Longpont, les Maîtres et Écoliers de Saint-Nicolas-du-Louvre et des Bons Enfants de Paris « un moullin baillé pour vingt septiers de moûture ». Le second est dans les mains d'un bourgeois nommé Prieur dont nous retrouvons les héritiers à Montlhéry et à Orsay. Le bourg de Longpont en 1529 Le bourg de Longpont est le lieu des rencontres dominicales. Le dimanche est sacré, c'est le jour du seigneur et la population vient prier à l'église, y bavarder à la sortie de la messe et des vêpres et y rencontrer le greffier du notaire ou le procureur prieural qui, appelant les censitaires, les convoque pour passer les titres nouvels ou les baux d'affermage. C'est aussi l'endroit où se trouve le pressoir banal, où tout vigneron est tenu de venir presser son raison. Au XVIe siècle, l'église sait tenir son monde. Nous avons vu que le vicaire épiscopal contrôlait les curés mais aussi les agissements des paroissiens et distribuaient des amendes pour non respect du droit canon. L'absence à la messe, le blasphème, le concubinage, étaient sévèrement punis. À Linas, en 1462, pour que les paroissiens viennent à la messe, il est ordonné au curé de commencer plus tôt. À Saint-Germain lès Arpajon, en 1468, un certain Jean Rousseau qui n'a pas communié n'est pas autorisé « à entrer dans le lit nuptial » et le curé qui veut le marier est convoqué devant l'official de Paris. Groupés le long des trois rues qui convergent sur l'atrium, les maisons du bourg de Longpont abritent environ un tiers de la population de la paroisse, soit une soixantaine de personnes. La plupart sont manœuvriers et journaliers, n'ayant que leurs bras pour nourrir leur nombreuse famille. La pauvreté est grande et la mortalité fait partie de la vie quotidienne. Gérard Farton fils de feu Gabriel, voisin de Jehan Georges, habite une maison couverte de chaulme, jardin chargée de dix deniers par an. Bien souvent, la misère est telle que les censitaires ne peuvent payer les religieux. Le 29 juin 1525, une sentence de la prévôté de Montlhéry, condamne Robert Lucas « à payer aux dits religieux de Longpont 24 sols de rente affectée sur une maison, masure, jardin et appartenances sis à Longpont sur la Grande Rue, avec les arrérages échus ». En 1529, au bourg, il y aussi Marin Cordeau dont la maison de quatre espaces ou environ couverte de chaulme avec jardin est mitoyenne de celles des héritiers de Gilles Mauvebaud et Jehanne Bourgeron sa femme. C'est dans la rue des Hôtes qu'habitent Michel Grandet, la veuve Julien Peuvrier et Jean Poyer. Ce dernier loue au couvent un demi arpent de pré moyennant 25 sols par an. Jean Lucas demeure sur la Grand'Rue de Longpont et paie le cens affecté sur une maison couverte de chaume, contenant deux espaces, cour et jardin. Et puis il y des vrais vignerons. Jean Ruelle, qui habite avec sa marmaille sur la rue de Châtre , cultive plusieurs lopins de vignes ; quatorze perches de vignes assis au vignol des Villarceaux , une quarte de terre à faire vignes assis au vignol de la Teste de Saulx « tenant à Marin Ruelle et d'un bout au chemin, chargé d'ung denier obole de cens chacun an » et « ung quartier de vignes assis au vignol chantier des Prés Neufs tenant à Guillot Bourgonnault et d'autre bout au chemin qui tend de Longpont à Villiers chargé du cens chacun an ». Jehan Cordeau est aussi vigneron et possède ung demy quartier de vignes en une pièce assis au vignoir de Longpont au chantier des Villarceaux. Le bourg est aussi l'endroit où habitent les maçons natifs du Limousin. Il y a Julien Michau et Jehan Georges qui possède un espace de logis couvert de chaume court et jardin le tout contenant un demi quartier ; il est voisin par un côté de la veuve Jehan Bourguignon et de l'autre tient à Gabriel Gouyn. En 1523, les frères Gaudart, Jean, Robert et Barthélemy, habitent sur la ruelle qui tend à Villiers dans une maison couverte de chaulme avec cour, jardin, le tout chargé de 18 sols parisis de rente annuelle et perpétuelle. Le 21 mai 1524, Jean Gaudart baille à ferme un demi arpent de pré moyennant 60 sols. En septembre 1532, Robert Machereau, prêtre, occupe une maison sise à Longpont avec jardin et cave et paie le droit censuel à la Confrérie. A cette époque les registres mentionnent la présence de nombreuses veuves. Les veuves de cette époque étaient jeunes 30, 35 ans, guère plus. En 1529, Gabrielle Biguyn, veuve de feu Cardin Bazille demeure une maison couverte de chaulme avec cour et jardin tenant au jardin de la cure, chargé de quatre sols de rente. Le 18 avril 1524, Marguerite, veuve Lucas, loue 11 quartiers de pré moyennant 48 sols par arpent. Il y a aussi la veuve Jean Thoreau sur la Chaussée de Longpont et Jeanne veuve de Jean Ruelle. Genfroine, la veuve Jean le Couturier a un lopin à la Croix Boissée, et la veuve Guillaume Dudoit et Collette veuve de Jean le Trappeur. Raouline, veuve Jean Poyer tient un lopin à La Folie à côté de celui de Jean Lesnaudé, prêtre à Longpont. Aux Marcoussets, on voit souvent la Denise, veuve de Denis Goix. Quelques habitants ne sont pas paysans, mais possèdent quelques lopins de terre. En 1504, Bertrand Aubert, boulanger habite une maison couverte de tuiles avec cour et jardin, assis audit Longpont sur la Grand'Rue dudit lieu et cultive un arpent de terre au lieu-dit les Grands Jardins, le tout chargé de 4 livres de rente et 18 sols parisis et une poule de cens envers les seigneurs de Longpont. Il y a également la demeure de Michel Burgevin, notaire royal à Montlhéry. Nous trouvons son nom dans un bail d'affermage du 26 février 1532 « passé par Dom Charles de Rouvray, dit de Saint-Simon, prieur de Longpont à Michel Burgevin, praticien demeurant à Longpont de 3 arpents de terre moyennant 40 sols par an ». Et puis, il y a le cabaretier sur la place de l'église. Quelques longpontais sont un peu plus aisés que les autres. C'est le cas de Jean Aubert qui, associé à Fiacre Mou1ineau, laboureur demeurant à Longjumeau, avait baillé à ferme « la tierce partie des dixmes de la chapelle de Champlan pour six années, moyennant 16 septiers de grains, deux tiers de bled, un tiers d'avoyne ». Guiperreux en 1529 Guiperreux est sous doute le plus vieux hameau de la paroisse. Ce terroir est compris dans la censive de Longpont avec quelques terres dans la mouvance à l'Hôtel-Dieu de Paris et de Saint-Spire de Corbeil. C'est un hameau de vignerons avec des maisons alignées le long de la Grand'Rue comportant foulerie et cave à vin. D'ailleurs, la seigneurie possède un pressoir banal à Guiperreux. La population de Guiperreux est égale ou sinon supérieure à celle du bourg avec une vingtaine de feux. Il y a les Chartier, Jean le jeune et Pierre le jeune, les Connart, Guérin et Georges, les Poyer, Dimanche et Liénarde la veuve de Jean. Il est vrai qu'il y a aussi des veuves à Guiperreux : Denise veuve de Jean Cordeau, Gillon veuve de Jean Chartier, Marion veuve de Fiacre Besnard, Jeanne veuve de Pierre Leblanc. Il y a aussi Mathurine, veuve de Guillaume Moreau, qui cultive un lopin aux Champs Familieux. Liénarde qui continue d'exploiter les terres de feu son mari, Jean Poyer, sur les chantiers près du moulin de Basset, de la Douvière, de l'Effondrée, sur les Champs Familieux, au-dessus du moulin de Grouteau, au chantier de Lespicière et aux Robineaux. À Guiperreux, nous trouvons des toponymes qui ont disparu de nos jours : les Hautes Plantes, la Ruelle-aux-Chevaux, le Cloux, la Barge de Friches. Près de la Chaussée de Guiperreux, il y a des prés tenus par les deux Denise, la veuve Pasquier Ballue et la veuve Jean Cordeau. À cette époque plusieurs terres de la censive de Guiperreux sont situées sur le chantier « près le puits de Guiperreux », le puits ancestral du carrefour de la rue de Leuville qui existe encore aujourd'hui. En 1538, Jean Peuvrier l'aîné, laboureur et Martine Moireau sa femme, vendent aux religieux du prieuré quatre quartiers de pré, près le moulin de la Chaussée de Longpont , moyennant 29 livres 10 sols. Le 27 décembre 1539, un bail à ferme est passé par la communauté des religieux à Germain Noireau, laboureur demeurant à Guiperreux de 5 quartiers de pré, ledit bail pour neuf ans, moyennant 6 livres par an. Le 8 novembre 1546, Marie Aubin, laboureur, demeurant à Guipéreux, baille à cens et rente un quartier de terre « à faire vigne sçis audit et terroir et chantier des Prés-Neufs, moyennant 6 deniers parisis de cens, 16 sols de rente et 1 poule; et en outre sujet au pressoir et dixmes ». Le Mesnil en 1529 Le Mesnil est un hameau de moindre importance qui n'appartient pas à ces Messieurs de Longpont mais où ceux-ci possèdent quelques censives. Au début du XVIe siècle, c'est un fief dans le temporel d'un collège parisien « les Écoliers de Saint-Nicolas-du-Louvre et des Bons Enfants ». Il y a là un pressoir banal et le moulin à vent du Boulay. Le Mesnil est peuplé de laboureurs et de quelques vignerons de condition modeste, dont les noms de famille, comme Moreau, Goix, Martin, Dubois, etc., nous font penser qu'ils étaient en cousinage avec ceux de Longpont ou ceux de La Ville-du-Bois. Comme ailleurs, il y a des veuves : Jeanne Buisson, veuve de Jean Dubois possède une vigne à Villebouzin ; Didière, veuve de Guillaume le Maréchal habite une chaumière au Mesnil ; Philippe Joygnet, veuve Martin Fortin cultive un lopin de vigne au Verger de Villiers. Le 22 novembre 1519, Etienne Bourgent, laboureur demeurant au Mesnil et sa femme, vendent un arpent de terre assis au terroir de Longpont à Pierre Bourgeron laisné laboureur demeurant à La Ville-du-Bois ; la vente faite moyennant 18 livres 10 sols et à la charge du cens envers le prieuré de Longpont. Le 5 mars 1522, un titre nouvel de 16 sols parisis de rente est passé à la cure de Longpont à prendre sur une maison, cour et jardin situés au Mesnil, par Guillaume Moreau, laboureur demeurant à Montlhéry. En 1529, un bail à cens et rente passé par Jehan Pellouard, laboureur demeurant au Mesnil paroisse de Longpont porte sur une maison assise à Longpont chargé de dix deniers de cens. Le 21 février 1540, un bail à rente est passé devant Louis Bourdon, notaire royal, par Philippe Pélouard, laboureur demeurant au Mesnil, à Yvon Legrand, laboureur demeurant à Longpont sur une maison, contenant environ quatre espaces, couverte de chaulme , cour et jardin, moyennant 20 livres de rente; chargés envers le prieuré de Notre-Dame de Longpont de 12 sols parisis de cens payable le jour de Saint-Rémy. Deux mois plus tard, Denise Dubois demeurant au Mesnil lègue 12 deniers parisis de rente au profit de la Confrérie Notre-Dame de Longpont « le chapelain priera pour ledit feü Jean Leroy à l'offectoire de la messe de la Confrérie ». Longpont à la fin du règne de François 1er À partir de 1540, les traces des malheurs du siècle précédent semblent effacées à Longpont. Avec la réforme engagée Jacques de Puyvivant, le terrier du prieuré est terminé. Le notaire royal de Montlhéry a rempli plusieurs cahiers et registres qui couvrent toutes les censives de Longpont sur plus d'une vingtaine de paroisses, depuis Louans au nord jusqu'à Etampes. Le 21 mars 1545, Jean Noireau, laboureur demeurant à Longpont loue 3 quartiers de pré, moyennant 28 sols par an. Le 14 mars 1545, Jean Baron, laboureur, demeurant à Longpont, agissant comme tuteur et curateur des enfants mineurs de défunt Jean Baron l'aisné et Michelle Ruelle sa femme, abandonne un quartier de terre à faire vignes, assis près la Croix de Rouge Fer au profit de la communauté des dits religieux de Longpont « Pour demeurer quitte envers eux des arrérages de 6 deniers parisis à cens et 16 sols tournois et une poule de rente affect sur le dit quartier ». À partir de 1545, les moines de Longpont étendent le vignoble de Longpont sur les chantiers de la Croix-Rouge-Fer et des Près-Neufs dont les terres sont faites de graviers et groues. Jean Peuvrier, Pierre Cordeau, Michel Siquart, Claude Cloteil, Pierre Chastenay, Jean Le Couturier et Jean Trappeur, tous laboureurs à Longpont, passent des déclarations de baux à cens et rente pour des « quartiers de terre à faire vigne ». Seul, Jean Baron le Jeune est nommé comme vigneron. Il y a aussi le boulanger Jean Jaqueau, le cuisinier Jean Girard et le couturier Simon Cordeau, qui ont leur lopin de vigne prés la Croix de Rouge Fer. Les redevances s'établissent comme suit : - aux Prés Neufs , 12 deniers parisis de cens, 2 sols et 2 poules de rente annuelle et perpétuelle, payable le jour Saint-Rémy et en outre sujet à la dixme et pressoir, - à la Croix de Rouge Fer , 6 deniers parisis de cens, 16 sols tournois et une poule de rente annuelle et perpétuelle non rachetable, payable le jour Saint-Rémy; et sujets aux droits de dixme et de pressoir. Avec l'arrivé de la commende à Longpont, le couvent était, dans la pratique, dirigé par un prieur claustral. Le prieur commendataire revendiquant une part importante des revenus, il fallut faire un partage et établir des règles strictes par un concordat. Le premier traité fut passé devant Maître Fontagne. Depuis, ce temps les biens dits « du Petit Couvent » étaient réservés aux moines et le reste était destiné au prieur commendataire (13). Depuis ce temps le numéraire de Longpont est resté fixé à six moines. Le 31 mars 1547, le roi meurt d'une septicémie au château de Rambouillet. Toutefois la vie dure et laborieuse continue à Longpont, mais cela constitue une autre histoire… Notes (1) Le traité de Cambrai ou paix des Dames , conclu entre Marguerite d'Autriche et la régente, Louise de Savoie. À propos de l'affrontement entre le roi de France et l'empereur Charles-Quint, Montluc écrivit « Dieu les fit naître [deux princes] envieux de la grandeur l'un de l'autre, ce qui a causé la ruine d'un million de familles ». Ce traité était un acte de trahison envers des alliés de la France qui étaient sacrifiés pour éviter de faire des concessions. (2) Plusieurs ordonnances royales de1490 avaient également traité de la langue dans des termes plus ou moins similaires; seule l'ordonnance de 1539 est demeurée dans l'imaginaire collectif. L'ordonnance fut enregistrée au Parlement de Paris, le 6 septembre 1539. L'ordonnance royale de Villers-Cotterêts obligeait également les curés de chaque paroisse à tenir un registre des naissances. Ce fut le début de l'état civil. (3) La quarte est le seizième partie de l'arpent ou 6 perches 1/4, ce qui équivaut à 214 centiares environ. (4) Contrairement à ce qui est écrit parfois le toponyme de ce chantier ne provient en rien de l'existence d'un antique château-fort. Mais, il y a plus fort dans l'imagination populaire en justifiant la présence de cette forteresse comme le siège du fief du Mesnil par une naïve proposition "seigneurie=château". D'autres, enfin, prétendent que les pierres de la forteresse ont servi à la construction de Lormoy. (5) Un acte de réception du 24 septembre 1524 nous indique que Léonard Cocquelet est seigneur de Launay et Saint-Michel placée dans la mouvant de Plessis-Pâté dont Jean Blosset est le seigneur. (6) La terre de Lormoy ne fut inféodée qu'en 1648 par Pierre Grisson au profit de Nicolas Arnoult pour devenir un fief dans la mouvance de Villebouzin. (7) En 1741, les revenus des offices claustraux étaient les suivants : aumônier (228 lt), sacristain (35 lt) et chantre (6lt). Le total des revenus de la mense conventuelle, du petit couvent et des offices claustraux se montait à 5.168 livres. (8) La famille Puyvivant serait originaire de la Haute-Marche. Vers 1415, Agnès de Puyvivant avait épousé Guyot Ajasson en un lieu qui s'appelle Puyvivand ou Puivinaud dans la paroisse de Saint-Aignan de Vercillat. Parmi les nobles appelés pour assister à la publication des coutumes de la Marche en 1520, on trouve Jean du Puyvivant, seigneur des Viergnes. (9) T. Sullivan, Bibliographie des Moines Bénédictins à l'Université de Paris (1995) en anglais . (10) J.-M. Le Gall, Les moines au temps des Réformes (Champvallon, 2001) (11) Il semble que Jules Marion ait fait une erreur quand il donne le commencement du priorat de Guillaume Raguyer qui fut prieur commendataire dès 1534. (12) On peu penser que le prieur Thibault avait fait allusion à la confrérie en 1150 quand il s'intitula serviteur des frères de Longpont « ego frater Thoebaldus, fratrum de Longo Ponte servus… » (Charte 288). (13) Selon Michel Réale « l'amputation des revenus du prieuré au profit d'un prélat extérieur se faisait au détriment des aumônes, de l'entretien des bâtiments et de la vie conventuelle. L'église et le couvent se dégradèrent ».