La maladrerie dont nous venons de dire quelques mots, était située à droite de la route de Paris en partant d'Étampes à quelques cent mètres environ avant
Étréchy, mais il y avait à gauche à peu près en face, sur les bords d'un petit ruisseau affluent de la
Juine, la chapelle dite des Corps-Saints, sur laquelle on n'a également que très peu de documents. Ajoutons que ce ruisseau s'appelle encore le ruisseau des Corps-Saints, sur l'emplacement de ladite chapelle est construit le lavoir public.
On sait cependant que la chapelle était de fondation royale et à la collation du roi et qu'elle rapportait environ 200 livres à son titulaire. En l'année 1658, Charton, grand pénitencier de Paris, en était chapelain et en 1695 elle était possédée par le sieur François, ex-chevalier.
Un miracle a été opéré, dit-on, à l'endroit appelé la chapelle des Corps-Saints, soit que cette chapelle existât déjà, soit qu'elle ait déjà été érigée à cette occasion.
C'était un jour où l'on faisait la translation des reliques, les corps saints ou patrons de la ville d'Étampes.
Un bûcheron d'
Étréchy s'était coupé le pied d'un coup de hache et, se sentant défaillir, tant par la vivacité de la douleur que par la quantité du sang qu'il perdait, il invoqua les saints dont on transférait ce jour-là les reliques et il fut instantanément guéri.
Nous trouvons la relation de ce miracle dans une notice sur les martyrs Can, Cantien, Cantianille par l'abbé Bonvoisin, curé de Notre-Dame d'Étampes, mais il n'y a aucune indication de la date à laquelle il a eu lieu. Nous y lisons que le récit a été puisé dans un vieil auteur.
La translation des reliques ayant eu lieu dans les années 1282, 1570 et 1620, c'est à l'une de ses trois dates qu'il faut, selon nous, rapporter le fait en question.
Un procès qui eut lieu vers le commencement du XVIIIe siècle nous fournit quelques détails sur la chapelle des Corps-Saints.
Nous les trouvons dans un mémoire imprimé, sans aucune indication de date ni de nom d'imprimeur, mais comme il est inséré dans les recueils de factums de la Bibliothèque de l'Arsenal, remontant la plupart aux dates de 1700 à 1725, nous pensons que celui qui nous occupe est de la même époque.
Dans cette pièce très rare, Jean Lazare Henrion, prêtre, chapelain de la chapelle des Corps-Saints, et en cette qualité seigneur du fief de Brétigny, conteste au marquis de Chalmasel la possession de ce fief, et comme principale preuve à l'appui, il cite le texte d'une pierre tombale adossée à un mur de la chapelle.
Suivant cette inscription, Arnault de Viscaret aurait donné en toute propriété à la chapelle des Corps-Saints, la seigneurie, les censives, rentes, revenus et héritages qu'il possédait à
Étréchy et aux environs.
Nous ne connaissons pas l'issue de ce procès dans lequel le chapelain eut sans doute gain de cause.
La chapelle des Corps-Saints fut adjugée comme bien national le 22 ventôse an II, au nommé Favereau, agent national d'
Étréchy, moyennant 805 livres.
La chapelle, qui a été démolie depuis 1791, était à quelques pas de la source du ruisseau, et avec les matériaux provenant de la démolition, on construisit une maison et quelques vingt ans après, un lavoir public sur son emplacement.