Théodule Pinard

Longjumeau historique, archéologique et biographique (1864)


Théodule Pinard, Histoire, archéologie, biographie du canton de Longjumeau, Paris, Auguste Durand,1864, premier chapitre (pp. 1-25)1).


Canton de Longjumeau

L'arrondissement de Corbeil renferme quatre-vingt-treize communes, divisées en quatre cantons : Arpajon, Boissy-Saint-Léger, Corbeil et Longjumeau. Nous commençons par l'histoire du dernier2).

LONGJUMEAU

Cette petite ville est le chef-lieu de son canton. Elle est agréablement posée, dans la riche vallée où coule l'Yvette qui y reçoit les eaux de la Morteau. Deparcieux nous apprend que l'Yvette est, en ce point, à 15 mètres au-dessus des tours de la cathédrale de Paris. Longjumeau est aussi traversé par le grand chemin de Paris à Orléans. La création des deux lignes de fer entre lesquelles il se trouve, presque à égale distance, lui a enlevé le passage incessant des diligences et du roulage; ils y entretenaient l'activité. Des omnibus transportent, plusieurs fois le jour, les voyageurs à Épinay, à Palaiseau, et vice versâ. On compte 22 kilomètres de Longjumeau à Corbeil, et 28 à Versailles. Le dernier recensement de la population a donné le chiffre de 2,300 habitants.

Le savant et judicieux abbé Lebeuf3) dit le nom de cette cité formé des débris de la langue latine usitée autrefois dans les Gaules, et ajoute qu'elle est le principe de la dénomination française. Noniumeau, dit-il, est le |2| diminutif de Noium. Le fait est prouvé par le cartulaire du prieuré de Longpont, monastère voisin. Le même document contient des actes des onzième et douzième siècles dans lesquels ce nom est écrit Non Gemellum, Nogemellum; mot formé de deux racines barbares, Noio ou Noveo, et de Mellum,qui vient du Maël des Germains ou des Saxons, et signifie: Congregatio, conventus. Il ajoute encore: On a beaucoup d'exemples du changement de la lettre i, voyelle, en celle j, consonne, et de celle-ci en g. M. l'abbé Barranger, curé de Villeneuve-le-Roi, qui s'est occupé de nos étymologies, partage l'opinion de ce savant. Je vois, dit-il, à l'aurore du christianisme en Gaule, une colonie de religieux, armés de la prière, puis de la hache et de la bêche, défricher le sol boisé des Gaules, le fécondant de leurs sueurs et fondant nos bourgades! Noïumeau conserve dans son nom, actuellement métamorphosé, l'une des plus belles et des plus pures gloires du catholicisme. Nous ajouterons que si saint Yon, apôtre du pays, n'a pas été le fondateur de Longjumeau, il y a tout au moins annoncé la parole du Christ.

L'historien précité dit encore: Nos rois de la première race ont dû tenir quelquefois leurs plaids publics en cet endroit; et il n'y a nul empêchement que Noïomaellum n'ait été le nom donné à un lieu de prairies où la convocation des plaids publics fut parfois fixée. C'est, sans doute en mémoire de cela que Longjumeau et Chilly sont restés, sous la troisième race, dans le rang des terres du domaine royal. Au dix-septième siècle, nos lois entretenaient à Longjumeau un lieutenant des |3| plaisirs de Longboyau; c'est le nom de la plaine élevée dans la direction de l'est. Un sieur Bourlon en était titulaire en 1661; nous en avons la preuve.

M. J. F. Daniélo avait promis l'histoire de la petite cité, autrefois fermée de murs défendus par l'Yvette. L'annonce de son travail se trouve dans la biographie de Seine-et-Oise, due à M. Daniel (Versailles, 1837, in-8). L'auteur n'a pas tenu parole. Son Histoire de toutes les villes de France s'est bornée à la publication de l'Ancienne province de Champagne (Paris, 1837, in-8). Mouthard-Effendi, officier supérieur du vice-roi d'Égypte, a levé le plan de Longjumeau en 1830. Nous ne connaissons que l'exemplaire lithographié alors, et déposé à la Topographie de la Bibliothèque impériale.

L'église paroissiale est dédiée à l'illustre saint Martin de Tours. Elle est orientée. C'est un monument des treizième et quatorzième siècles; les suivants sont venus y ajouter une pierre, un ornement. Cet édifice se compose de trois nefs terminées carrément et divisées par des colonnes monocylindriques. La voûte est d'une date plus récente; elle a dû être reconstruite après les guerres causées par le voisinage du château de Montlhéry; l'édifice dominant de la petite cité devait nécessairement avoir plus à souffrir. La sculpture des chapiteaux, celle de plusieurs niches distribuées çà et là, présentent de curieux détails, de riches dentelles. Il en est de même au frontispice extérieur. Sa construction accuse le commencement du quinzième siècle.

Là aussi la décoration a eu à souffrir dans les temps que nous venons d'indiquer. |4| L'apôtre de la Touraine a disparu de la niche qu'il y occupait; des fleurs de lis ont perdu leurs crochets. On espère la restauration de ce que le temps et les révolutions ont détruit. Le zèle du pasteur n'y fera pas défaut. Saint Martin reprendrait sa place. Deux autres niches également vides, seraient occupées, l'une par saint Éloi, anciennement patron d'un prieuré dont nous parlerons bientôt; l'autre, par saint Laurent, dont une dent était conservée dans la chapelle de la Maladrerie. Jadis, le cimetière entourait l'église. Une chose à remarquer dans la façade de ce monument, c'est la présence d'une lanterne des morts; elle est entée sur l'éperon au nord. C'était l'usage, au moyen âge, d'élever de semblables fanaux dans les cimetières; ils étaient de formes diverses; on les éclairait certains jours de l'année. C'était une invitation faite aux vivants de prier pour les morts. Les plus célèbres sont encore debout; on les trouve dans le Poitou, le Maine, la Normandie et l'Auvergne. La nôtre est d'autant plus précieuse qu'elle est seule dans nos cantons; nous n'en connaissons même pas d'autres aux environs de Paris.

On remarque encore ici, à l'intérieur et à l'extérieur du monument, une de ces bandes noires appelées Littre; elle rappelle également un ancien usage. Sa forme représente un lé de velours; son nom vient de Lista ou Listra, employé pour signifier une bordure. Tout seigneur ou patron d'une église avait le droit de faire exécuter cette peinture funèbre sur laquelle il faisait blasonner ses armes. Les églises de Ballainvilliers, Chilly, Villeneuve-le-Roi, dans le canton, portent encore la trace d'une pareille ceinture. Ici, le |5| blason du dehors est celui de la maison d'Effiat; au dedans, il est de celle de Mazarin. Celui-ci avait été recouvert d'une épaisse couche de badigeon. Il dut à cette circonstance, sans doute, de n'être pas détruit durant nos troubles civils. Le restaurateur intelligent du monument, M. l'abbé Laurent, curé de la paroisse, l'a fait remettre au jour.

La fenêtre de l'abside est décorée d'une belle verrière: le patron de la paroisse y est représenté. La menuiserie de la tribune de l'orgue vient de l'église priorale de Saint-Éloi. Ici, la sacristie est remarquablement vaste; elle a ses parois garnies de boiseries ; les panneaux sont occupés par des peintures sur toile où quelques traits de la vie de Jésus-Christ sont représentés. On y voit aussi saint Martin. Ces embellissements datent de 1745; ils ont été exécutés aux frais de l'abbé Berthe, alors titulaire de la cure. Un tableau de sainte Geneviève, dans la chapelle des fonts, n'est pas non plus sans mérite.

La tour des cloches est au midi. On se demande pourquoi elle a été surélevée. Son toit autrefois en bâtière, a été rétabli en forme de pavillon, à la suite d'un orage pendant lequel la foudre l'incendia.

Dans le chœur, se lisait jadis cette épitaphe: “Cy gist messire Florentin Nau, prêtre, prieur de Mons,et curé de cette paroisse de Longjumeau, qui, après l'avoir gouvernée trente-deux ans, décéda le 20 septembre 1677. Priez Dieu pour le repos de son âme.” Ce nom de Mon ne peut s'appliquer à l'annexe d'Athis, où il n'y eut jamais d'église, ni par conséquent de bénéfice.

On conservait dans cette église plusieurs ossements |6| provenant des catacombes de Rome. Ils lui avaient été donnés par un capucin. Le nom qu'on leur a imposé, dit M. l'abbé Lebeuf, et le jour choisi pour en célébrer la fête, se lisent dans une estampe gravée en 1667, aux dépens de la confrérie érigée à cette occasion. Ce mémorial ne se retrouve plus.

Nous lisons dans l'Histoire de l'Église de France pendant la révolution (t. III, p.483), publiée par M. l'abbé Jager: “Deux frères, MM. Nativelle, l'un vicaire d'Argenteuil, l'autre de Longjumeau (celui-ci portait le prénom de Jean-Baptiste, registres de la paroisse, son frère celui de Réné), étaient sur le point d'échapper au massacre de l'Abbaye (2 septembre 1792); ils étaient réclamés par des citoyens de la rue de Bussy, où ils s'étaient retirés après leur refus de serment. Leurs protecteurs s'étaient adressés au commissaire, en rendant un bon témoignage des deux ecclésiastiques. Le commissaire se laissa fléchir et leur promit leur délivance. Les exécuteurs y consentirent; mais au moment où ils partaient, on les arrêta en leur disant: “Un instant, Messieurs! Il nous faut le serment de la liberté et de l'égalité.” Les deux frères avaient déjà discuté ce serment et s'étaient convaincus qu'on ne pouvait pas le prêter, quoique d'autres ecclésiastiques fussent d'un avis contraire. Ils répondirent donc qu'ils aimaient mieux mourir que de faire ce serment. Faites vos réflexions, leur dit le commissaire en les abandonnant à leurs médiateurs. Ceux-ci firent tous leurs efforts pour les persuader, mais sans succès. Les deux frères marchèrent au martyre en voyant couler les larmes des citoyens |7| honnêtes qui étaient accourus pour les délivrer. Tous deux étaient prêtres du diocèse de Paris. Le vicaire de Longjumeau avait édifié cette paroisse pendant les quinze années qu'il y résida.”

L'archevêque de Paris avait la nomination à cette cure. Après la conclusion du concordat, Longjumeau et son canton ont été annexés au diocèse de Versailles. Nous citerons parmi les titulaires depuis cette époque: M. l'abbé Moreau, mort vicaire général du diocèse en 1830. Il était frère du président du tribunal de la Seine, tous deux ont laissé une mémoire vénérée. M. Jean-Nicolas Dumesnil, auparavant à Soisy-sous-Étioles. Lors des événements de 1830, il donna asile, dans son presbytère, au baron Capelle, ministre des finances du roi Charles X. Celui-ci y demeura caché plusieurs jours. M. l'abbé Laurent, dont on conserve le meilleur souvenir à Houilles et à Orçay, occupe cette cure depuis quinze ans à la satisfaction de tous.

Longjumeau a eu sa maladrerie. Les seigneurs du lieu, ses fondateurs au treizième siècle, en restèrent constamment les patrons. Cet hôpital était hors des murs du bourg, sur la rive gauche de l'Yvette, au lieu dit le Champtier Saint-Laurent, nom sous lequel il fut connu. Une dent de cet apôtre était conservée dans la chapelle. Les biens et revenus de la maladrerie furent réunis à ceux du prieuré Saint-Éloi, en 1745. Il ne reste rien des bâtiments, remplacés aujourd'hui par la maison de plaisance de M. Drouet. La chronique de Saint-Denis nous apprend que c'est dans cet hôpital de lépreux que se tint, à la prière du dominicain Simon de Langres, une |8| conférence entre Édouard II d'Angleterre, le duc de Lancastre, le connétable de Fresnes, le maréchal de Boucicault et les envoyés du pape, le 13 avril 1359. Cette réunion avait pour but d'arrêter les ravages causés aux environs par les troupes du monarque anglais. Il n'y fut rien conclu. Bientôt, on le sait, le malheureux roi Jean devint prisonnier de l'Angleterre. On dut pourvoir à sa rançon, et dans la liste de ceux qui y contribuèrent en la prévôté de Montlhéry, se trouve inscrit: Simon Roussel, qualifié seigneur de Longjumel, Chailly et Champlant 4).

Le prieuré Saint-Éloi est plus rapproché de l'Yvette, cette petite rivière borde son enclos. Le catalogue général des archives de la France nous apprend que celles du département sont en possession des titres de cette ancienne communauté, pour l'époque comprise entre 1185 et 1788. Il y a erreur dans ce premier millésime; l'abbé Lebeuf s'est trompé. Il dit à l'article de Chennevières-sur-Marne: Le prieur de Longjumeau eut en cette paroisse au douzième siècle, par la cession que lui en fit l'abbaye Saint-Maur des Fossés, Medietatem Piscopi gurgitis, moyennant une redevance de 12 écus. Peut-être faut-il lire treizième siècle, puisqu'il ne fait remonter lui-même la fondation de ce prieuré qu'à l'an 1234, et le Gallia christiana (t. VII, coll. 854) en 1214. Ce document le dit de la paroisse de Chilly. Jean de Dreux, seigneur de Braine, Chilly et Longjumeau, et Alix, sa femme, comtesse de Mâcon, en ont été les fondateurs; leurs descendants |9| ont été les constants bienfaiteurs de cette maison. Saint-Éloi est nommé le premier dans la nomenclature des biens appartenant aux religieux du Val Sainte-Catherine des Écoliers de Paris; c'est de là que furent tirés les chanoines réguliers à qui les fondateurs en firent don. Les chanoines de la congrégation de France y avaient été introduits, en 1662. Ceux-ci rebâtirent les lieux claustraux. Jean Coiffier Ruzé d'Effiat, alors prieur commendataire, les y aida; il orna et embellit aussi l'église. Cet abbé augmenta le nombre des prébendés de six nouveaux membres. Le clergé de cette communauté se trouvait considérablement réduit en 1790; il ne restait que trois chanoines. La maison d'Effiat en possession de la seigneurie du lieu avait la collation des titres bénéficiaires; elle passa ensuite à leurs successeurs à ce titre.

L'église, originairement vaste, avait été détruite en partie dès l'an 1606. La révolution fit le reste. Nous avons vu arracher les dernières pierres. Cette visite nous fournit l'occasion d'une notice publiée alors dans la Revue Archéologique (VIe année, lre partie, p. 385). Le principal autel était décoré, depuis 1690, d'un Christ en marbre, œuvre du sculpteur Magnier. L'autel et son retable ont seuls été portés à Chilly. Ils font le principal ornement de cette église. Le saint-sacrement reposait à Saint-Éloi, dans une suspense, suivant l'ancien usage, avant la pensée des tabernacles, dont on ne connaît pas d'exemple avant le dix-septième siècle. Il y avait en outre un autel dit des Trois-Maries, fondé et doté par Pierre de Mantes vers 1599, à la suite d'une guérison presque miraculeuse. |10| Cette fondation donna lieu à l'érection d'une confrérie en l'honneur de Notre-Dame de Lorette, en cette église. L'orgue qui s'y faisait entendre, avait été destiné à la chapelle de Versailles. Plusieurs monuments funèbres étaient encadrés dans le pavé. Nous empruntons au Gallia christiana (t. VII, col. 865), cette citation touchant le premier prieur de cette maison: Galterius, prior vallis sancti Eligii à priore S. Catharinæ Parisiensis institutus 1235. Obiit 1287. Hoc in choro prius quam renovaretur, decoratus epitaphio:
Qui videt hunc lapidem, Gualterum noscat eidem
Subdi, qui pridem prior esse solebat ibidem:
Hic expers fastus, prudens, discretus, honestus,
Carne fuit castus, animo pius, ore modestus.
Salvet eum dominus, qui tempore mille trecento
Sex septemque minus illatus in hoc monumento.

Cette épitaphe, on le voit, vient corroborer l'assertion relative à la fondation du prieuré.

Le Gallia christiana donne la chronologie des prieurs de Longjumeau; nous ne nous arrêterons qu'aux principaux. Comment oublier Théodore et Nicolas de Bèze? Le premier n'y résida pas longtemps. Il en partit en 1548, et alla abjurer sa religion et embrasser la réforme, sous le nom de Thibaut de Mai. Doué des agréments de la figure, comme de ceux de l'esprit, poète brillant, Théodore succéda dans Genève à l'austère Calvin, après avoir chanté la volupté comme Catulle, et la licence comme Pétrone! Il prétendait que Caton seul avait été plus grand que lui. Théodore de Bèze, né à Vézelay, le 24 juin 1519, est mort presque nonagénaire, en 1605. Ses partisans l'appelèrent le Phénix de son siècle, titre sans nul doute |11| exagéré, mais du genre de ceux que l'on donnait alors aux érudits et aux hommes de lettres. Nicolas de Bèze, son oncle, l'avait précédé à Saint-Éloi, dont il fut le dix-neuvième titulaire. Il a été, depuis, archidiacre d'Étampes en l'église de Sens et conseiller au parlement. Vézelay fut aussi sa patrie: il y naquit le 17 novembre 1543. Le Gallia christiana fait erreur en disant 1532, puisqu'il nous apprend qu'en 1542, il résigna son titre de prieur de Saint-Éloi à Théodore. Il a été inhumé dans l'église Saint-Côme à Paris. Le patriarche du calvinisme consacra à son oncle trois épitaphes. Les armes de sa famille étaient peintes sur le vitrail d'une fenêtre de cette église. Elles étaient de gueules, à la fasce d'or, chargée de trois roses d'azur, accompagnées d'une clef d'argent en pointe.

On connaît la fin tragique du malheureux marquis de Cinq-Mars. Il figure le vingt-huitième sur la liste chronologique des prieurs de Saint-Éloi, et le millésime 1630. Henricus postea notus marchionis Cinq Mars nomine, major equitis Franciæ præectus Lugduni capite truncatus est 12 decembris (Gallia christiana, coll. 867). Le Dictionnaire de Moréri (t. III) a écrit le 12 septembre. Ce jeune marquis eut beaucoup de part aux bonnes grâces du roi Louis XIII. Il avait beaucoup d'esprit; était bien fait de sa personne; mais sa jeunesse et sa faveur l'emportèrent trop loin. Henri d'Effiat était dans la vingt-deuxième année de son âge. Il y aurait bien des choses à dire, et toutes choses déplorables, touchantes, sur cette vie tranchée sitôt. La prose et les vers, le roman et l'histoire ont consacré leurs moyens à sa mémoire. |12| C'est en 1635 que Jean, son frère, fut substitué à son titre de prieur commendataire. Il refusa l'archevêché de Toulouse. Saint-Simon (v. ses Mémoires, t. III, p. 86, édition Sautelet), dit qu'il fit bien de décliner cet honneur, et ajoute: Ses mœurs n'étaient pas irréprochables! On sait qu'il devint aveugle vingt ans avant sa mort, et ne voulut pas le paraître. L'abbé d'Effiat avait de l'esprit; sa conversation agréable savait mille choses. Il est mort à Paris, dans la nuit du 18 au 19 octobre 1698, et a été inhumé dans l'église du prieuré, le 25 du même mois. Decessit Parisiis in Armamentario 18 octobris 1698. Sepultus 25. ejusdem mensis in ecclesia prioratus S. Eligii infra sanctuarium cum epitaphio sequenti quod insigniora ipsius facta commemorat, à quibus ideo recensendis abstinuimus (Gallia christiana):

Hic jacet Illustrissimus D. D. Joannes Ruzsé d'Effiat
Abbas sancti Saturnini Tolosensis
Triumque Fontium, et hujus ecclesiæ
Prior commendatorius. Vir familiæ splendore, formæ elegantia,
Maturitate judicii, morum suavitate
Præclarus, at religione, fide,
Effusa in pauperes charitate longe præstantior.
Quam dilexit decorem Domus Dei,
Hujus altaris exquisita constructio,
Totius pene reparatio et ornatus templi,
Sex canonicorum ad divina peragenda
Super addita institutio, œternum prædicabunt
Tot aliisque meritis insignis
Obiit anno ætatis 77. 1698, die 18 octobris.
In perpetuam sancti viri memoriam
Hoc grati animi monumentum
Cum lacrymis posuere canonici regulares
Hujus ecclesiæ. Requiescat in pace.
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Son successeur immédiat a été Joseph de Beaufort docteur en théologie, supérieur de plusieurs communautés religieuses. Il résigna en 1711, et mourut à l'archevêché de Paris le 26 octobre 1714 (Mercure de France). On a de lui le récit des vertus et de la mort de madame la duchesse douairière de Noailles (V. Sainte Geneviève), Châlons, 1698, in-12; et un extrait de Platon, Paris, 1688, in-12. Nommons encore à ce titre: Olivier-François de Fourcy5) d'une famille alliée à la maison d'Effiat. Il a été abbé de Saint-Ambroise de Bourges, et non de Trois-Fontaines, ainsi que le dit l'abbé Lebeuf (t. X, p. 96). Ce savant le confond avec l'abbé d'Effiat. L'abbé de Fourcy était chanoine de la cathédrale de Paris, et conseiller au parlement. Il est mort subitement, au château de Chilly, le 24 février 1717. Il ne faut pas non plus le confondre avec Henri-Balthasar de Fourcy, de la même famille, mort abbé de Saint Wandrille, le 24 avril 1754. Jacques le Fèvre de Caumartin, chanoine régulier de la congrégation de France, ancien sous-prieur de cette communauté, en devint alors prieur commendataire, il est mort au mois de septembre 1719.

On remarquait dans l'église de Saint-Éloi, la pierre tombale sous laquelle reposaient les restes de Raoul le Chevry, archidiacre de Paris, puis évêque d'Évreux, mort en ce prieuré, l'an 1269. Il avait été l'un des bienfaiteurs de la communauté, à laquelle il légua quatre- vingt-dix arpents de terre, avec d'autres biens (Lebeuf, |14| t. X, p. 109). Il est probable que ces terres étaient dans le voisinage du prieuré. Il y avait une vigne, au terroir de Chennevières-sur-Marne et des serfs en cette paroisse; leur affranchissement fut accordé en 1450. Un autre bienfaiteur de cette maison a été Adam du Emis, curé de Longjumeau. Il lui donna douze arpents de terre, quelques vignes et une maison à Saussiel6), écart de Saulx-les-Chartreux.

La demeure conventuelle a été transformée en une habitation particulière. M. Gallien, propriétaire actuel, vient de la rebâtir, les jardins sont dessinés à l'anglaise. A l'époque de la Restauration le Val Saint-Eloi, car c'est ainsi qu'on appelle ce domaine, fut acheté par le Baron de Lalive d'Épinay, introducteur des ambassadeurs, mort à Paris le 2 mai 1842. Son grand-père avait été fermier général. Il eut pour oncle, Lalive de Juilly, et pour tante madame d'Houdetot, née Élisabeth-Françoise-Sophie de Lalive de Bellegarde. Cette dame craignait de passer pour femme auteur. Après la mort de M. de Lalive, sa veuve continua à jouir de Saint-Éloi. Elle y reçut souvent sa nièce, madame la marquise de Fezensac. La baronne de Lalive, née Augustine-Agathe-Marie Masson (M.Borel d'Hauterive ajoute à son nom, celui de Saint-Amand, Annuaire de 1851, p. 316), était fille de Claude-Louis Masson, écuyer, conseiller secrétaire du roi; et de Marie-Françoise Radix; elle est morte à Saint-Éloi le 2 avril 1850, |15| dans sa quatre-vingt-treizième année. Si l'on en croit la chronique, la première jeunesse de cette dame s'écoula au théâtre. Elle épousa, d'abord en 1776, Charles-Claude-Alexandre Taillepied7), chevalier, seigneur de la Garenne, à qui le titre de vicomte fut accordé, et aussi la charge d'introducteur des ambassadeurs. De ce mariage est né un fils. Il a écrit, Domitor, le Dompteur de l'air; aérostat dirigeable, Paris, 1852, br. in-8° de 28 pages; M. le vicomte de la Garenne, a aliéné la plus grande portion de ce domaine. Il s'est créé une modeste villa, sur le surplus. La malignité lui donne le nom d'Oculi, fils du bon saint Éloi.

Plusieurs communautés religieuses avaient des biens à Longjumeau: le prieuré de Longpont; le chapitre de la métropole de Paris; l'abbaye de Saint-Maur des Fossés; la commanderie de Saint-Jean de Latran, et les Chartreux de Paris.

Les seigneurs de Longjumeau ont constamment été ceux de Chilly. Ces terres unies relevaient de la prévôté de Montlhéry. C'est à Chilly qu'ils ont toujours résidé. La Chenaye des Bois (édit. in-8°) et l'Histoire des grands officiers de la couronne donnent la généalogie d'une famille qui en porta le nom. Elle commence à Michel Gaillard8), originaire du Blaisois, sieur de |16| Longjumeau, et Chailly ou Chilly, favori du roi Louis XI. Ce seigneur épousa successivement Marguerite Bertelot, et Marguerite Bourdin, veuve de Macé Picot, notaire et secrétaire du roi; morte en 1501, inhumée dans l'église des Blancs-Manteaux à Paris 9). Il eut de cette dernière un fils; il porta aussi le prénom de Michel. On sait qu'il épousa, en 1512 au château d'Amboise Souveraine d'Angoulême, sœur naturelle du roi François Ier10). À la faveur de ce mariage le roi lui fit don du surplus des terres de Longjumeau et Chilly, que lui avait laissé en 1499, Louis d'Armagnac, comte de Guise. Michel Gaillard II est mort au château de Chilly, on n'est pas d'accord sur la date, les uns disent le 4 juillet, les autres le 15. Il faut aussi lire 1535, et non 1531, comme le marque l'abbé Lebeuf. Il a été inhumé dans l'église de Chilly. Son épouse lui survécut jusqu'au 23 février 1551. Elle mourut également à Chilly. Ils laissèrent deux fils et une fille. Denis, le Pieux, a été seigneur de Longjumeau et de Puteaux. Il eut de Louise de Sains (alias Bernarde), Michel III. Ce dernier épousa Claudine de la |17| Fayette Saint-Roman, petite-fille du maréchal de ce nom. La maison de Gaillard vendit les terres de Longjumeau et Chilly, à Martin Rusé (V. Chilly), en 1596.

Il est beaucoup parlé du dernier seigneur de la maison de Longjumeau du nom de Gaillard, dans l'histoire des guerres de religion. Il était huguenot, et avait une maison à Paris, attenant le Pré aux clercs, où se tenaient des assemblées. À la fin du dix-septième siècle, le siège épiscopal d'Apt était occupé par un Gaillard de Longjumeau. Moréri, son aumônier, lui dédia son Dictionnaire, en reconnaissance des recherches et matériaux immenses qu'il lui devait. Pierre-Joseph-Laurent Gaillard de Longjumeau, conseiller en la chambre des comptes et aides de Provence, amateur éclairé des beaux-arts, était artiste. Il a gravé plusieurs petites eaux-fortes. On a son portrait œuvre du graveur Balechou. César de Gaillard, l'un des descendants de la famille de Longjumeau, épousa au milieu du dernier siècle, Madeleine de Jarente, fille du baron de Senas. C'est à Chilly que nous continuons la liste des seigneurs du pays.

En 1568, les confédérés envoyèrent à Longjumeau des plénipotentiaires pour traiter de la paix. Le cardinal de Châtillon et son conseil y représentèrent le parti protestant. Charles IX délégua ses pouvoirs à Gontaut de Biron, maréchal de camp, et à de Mesmes, seigneur de Malassise, maître des requêtes. L'Angleterre et la Toscane furent représentées à ce congrès à titre de médiateurs. L'édit de pacification de l'an 1563, qui donnait aux réformés de si grands avantages, y fut rappelé |18| sans aucune restriction de celui de Roussillon. La paix conclue à Longjumeau dans cette assemblée, fut appelée la paix Boiteuse, par allusion au baron de Biron qui était boiteux et au seigneur de Malassise. Ceux qui ne s'y fièrent pas, dit Le Laboureur, furent les plus habiles. Cette trêve ne dura en effet que six mois.

La Fronde eut aussi son épisode à Longjumeau. Nous en trouvons la preuve dans le titre de deux brochures: La défaite d'une partie de la cavalerie du régiment de Corinthe (titre in-partibus du cardinal de Retz, coadjuteur de Paris), et de celui d'infanterie du duc de Bouillon au pont Antoni, et sur le chemin de Paris à Longjumeau avec la prise d'un convoi de soixante charrettes chargées de farine. (Imprimé à Saint-Ger- main-en-Laye, le 30 janvier 1649, in-4.) Et la Relation véritable de ce qui s'est passé au combat qui se rendit mardi au matin, seizième février, entre Longjumeau et Huit-Sous à l'escorte du convoi (Paris, C. Morlot, 1649, in-4).

Baillainvilliers a été démembré de Longjumeau et érigé en paroisse en 1265. Perron, l'auteur de l'Anastase de Marcoussis; l'abbé Lebeuf après lui (t. IX, p. 283), nous apprennent qu'autrefois le clos voisin de l'église de Longjumeau était le siège du fief de Bellejambe, dont le titre fut transféré en 1378, par Guillaume de Bellejambe dans la seigneurie de Chevauville en la vallée de Marcoussis. Claude Le Maistre, d'une famille originaire de Montlhéry, acheta le lieu et ancien manoir de Bellejambe, enclos de fossés, sis à Longjumeau, l'abandon datait déjà, puisqu'il est dit |19| être en ruine. Le Maistre éprouva quelques difficultés pour conserver son acquisition. Le roi lui en fit don, cela coupa court à l'incident. Le Maistre ajouta à son nom celui de Bellejame, qui fut donné à cet ancien fief sur sa supplique, parce qu'il était, dit la tradition, mal jambé. L'aubaine royale procura la noblesse à ses descendants (V. Montlhéry). La veuve de Claude Le Maistre jouissait encore de ce domaine en 1574. Ses héritiers en étaient encore en possession dans le cours du dix-huitième siècle.

Avant la révolution, le territoire de Longjumeau était fort circonscrit: Chilly, Champlant, l'enserraient. Il a maintenant pour écarts: 1° le hameau de Balizy; nos géographes le divisent en grand et petit. Une commanderie de Malte semble avoir été le principe du premier. Sauval, dans l'analyse qu'il fait des biens de cet ordre, l'appelle la ferme de Balaisis. La chapelle avait saint Jean pour patron. C'était un édifice du treizième siècle. On n'y voyait aucune tombe, et il n'y avait pas de cimetière. Le grand prieur de l'ordre de Malte était qualifié seigneur de Balizy. Le fief de Mauregard, sur le Rouillon, dépendait de cette seigneurie. Le seigneur laïc était au Petit-Balizy qui confinait la terre d'Épinay. 2° Le hameau de Gravigny, à la rive gauche de l'Yvette. Il était connu dès le treizième siècle. 3° Et la maison moderne qui borde la route départementale, et est connue sous le nom d'Engéthal. Elle a été construite en 1822, on y a employé des sculptures provenant de la démolition de l'église Notre-Dame de Corbeil. |20|

Longjumeau a vu naître des célébrités bien diverses. Nous citerons d'abord deux hommes qui en portèrent le nom: 1° André de Longjumeau, célèbre dominicain. Il était très-versé dans les langues orientales. Le pape l'envoya travailler à la conversion des Tartares. Depuis, ce moine suivit saint Louis en Afrique. C'est lui qui rapporta de Constantinople à Venise, ensuite en France, la sainte Couronne d'épines. C'était en 1239. Le saint roi se rendit à Sens, au-devant de la précieuse relique. On en conserve une portion à la métropole de Paris, elle lui vient de la Sainte-Chapelle du Palais. Le frère André partit une seconde fois pour l'Orient, en 1245. Trois religieux de son ordre l'accompagnaient. On n'entendit plus parler de lui après l'an 1253. Il nous a laissé la lettre qu'il adressa à saint Louis, et que le roi transmit à Blanche de Castille, sa mère; M. Abel Rémusat a réuni toutes les particularités relatives à sa mission, dans un travail qui a pour titre: Mémoire sur les relations politiques des princes chrétiens, et particulièrement des rois de France, avec les empereurs mogols. Quétif n'a pas oublié le frère André dans ses Annales des Frères-Prêcheurs. 2° Philippe de Longjumeau, peut-être de la même famille que le précédent. Il a été sous-prieur de l'abbaye royale de Saint-Victor de Paris et est compté parmi ses plus célèbres chanoines. Il est mort dans cette communauté, le 20 novembre 1380. (Lebeuf, t. X, p. 122.) Un autre dignitaire ecclésiastique, leur concitoyen, doit venir immédiatement après. C'est Jacques Cossard, chanoine de Paris, de Chartres et de Tournay, président au parlement |21| de Paris, mort le 21 janvier 1370. On lisait sur sa sépulture dans la cathédrale de Paris: Hic jacet vir magnæ conceptionis et prudentiæ magister
Jacobus Cossart, oriundus de Longojumello diœcesis Parisiensis
.

Dans nos temps modernes, sont nés à Longjumeau:
Nicolas-Charles Seringe,né le 1er décembre 1776. Son père y était contrôleur dans les aides. Ce savant naturaliste est mort à Lyon le 29 septembre 1858. Il était directeur du Jardin des Plantes et professeur à la Faculté des sciences de cette ville. Quérard11) et ourquelot12) donnent le catalogue des ouvrages laissés par M. Seringe, qui tous traitent de l'histoire naturelle. Il avait fait un long séjour en Suisse; ce qui lui a fait donner la qualification de naturaliste suisse par M. Quérard. Il ignorait certainement le lieu de sa naissance.
Jacques-François Roger, né le 26 janvier 1787, mort à Paris le 20 mai 1849. Il se destinait au barreau, les événements en firent un diplomate. Napoléon créa son père baron, en 1809, avec transmission de ce titre. Sous la Restauration, le baron Roger fut envoyé au Sénégal, avec le double titre de commandant et d'administrateur; il y résida de 1822 à 1827. À son retour, le département du Loiret, où il avait de grandes propriétés, l'envoya à la Chambre des députés. Il fit partie |22| de l'Assemblée constituante en 1848. Les diverses phases de sa vie politique ont été appréciées dans une Notice biographique publiée par M. Saint-Maurice Cabany13). Le baron Roger, officier de la Légion d'honneur, était membre de plusieurs sociétés savantes. Il a laissé: 1° Notice sur la découverte d'un emplacement de forges, de bains et et autres ruines et établissements romains, dans le département du Loiret; dans la collection des Mémoires de la Société des Antiquaires de France (2e série, tome Ier, p. 252). 2° Kélédor, histoire africaine; avec des notes sur la Sénégambie. Paris, 1829, 2 vol. in-12. Il y a deux éditions. 3° Recherches philosophiques sur la langue Ouolofe, suivies d'un vocabulaire. Paris, 1829, gr. in-8°. 4° Fables sénégalaises, recueillies de l'Ouolofe, et mises en vers français, avec des notes descriptives. Paris, Didot, 1828, in-8°. Monsieur le baron Roger n'a pas oublié les pauvres de Longjumeau dans son testament. On a son portrait lithographié.
Jean-Baptiste Fournier, ancien commissaire des guerres, condamné à mort par le Tribunal révolutionnaire de Paris, le 8 thermidor an II (26 juillet 1794), comme conspirateur; exécuté le même jour. C'est L. Prud'homme qui nous l'apprend 14). Il était âgé de 65 ans.
4° Et T.-F. Colard, ingénieur-mécanicien, industriel |23| à grandes vues, dont les ateliers sont à Paris, quartier de l'Observatoire.

À Longjumeau sont morts:
Robert de la Marche ou plutôt de la Mark15), troisième duc de Bouillon, au mois d'août 1537. Il était seigneur de Sédan de Florenges et chevalier des ordres du roi. Le maréchal de la Marck avait reçu le bâton de sa dignité en 1525. Il tomba malade dans l'hôtellerie des Trois-Rois, au retour d'un voyage à Fontainebleau où il était allé rendre compte d'une nouvelle victoire à François Ier, et y succomba. Ses entrailles ont été inhumées dans l'église paroissiale; son cœur porté dans l'église de Saint-Yved de Braine, et son corps à Saint-Laurent de Sédan (Le P. Anselme, Histoire des grands officiers de la couronne, t. VII, p. 164.). Robert de la Marck a laissé sous le pseudonyme du jeune aventureux: l'Histoire des choses mémorables arrivées en France, en Italie et en Allemagne, de l'an 1503 à 1521.
Savinien Lours, né à Grandgermont (Loiret) le 18 octobre 1772, mort le 27 janvier 1848. Il fit toutes les guerres de la République et de l'Empire, où il parvint au grade de lieutenant-colonel. 11 était officier de la Légion d'honneur et chevalier de Saint-Louis.
Henri-Anne Grondard, prêtre du diocèse, né à Morangis, mort le 11 janvier 1853, à l'âge de 65 ans. Il a été longtemps curé de Saulx-les-Chartreux.|24|
Athanasie-Désiré-Joseph Verjus, né à Lille (Nord), mort le 2 août 1855, à l'âge de 74 ans. Ce vieux soldat de la République et de l'Empire était chevalier de la Légion d'honneur.

À ces noms honorables, nous ajouterons celui d'une dame qui fut longtemps la providence du pays:
Dame Alexandrine de Pierrepont, vicomtesse de Chamailles, morte en Suisse le 22 septembre 1841, inhumée au cimetière du Montparnasse. Elle était parente de M. le comte Persigny, ministre de l'Intérieur.
M. Bénard, successivement juge de paix des cantons de Chevreuse, Longjumeau (du 11 décembre 1835 au 24 mai 1844) et Limours, a publié sous le pseudonyme d'Albert: Les cent et une charades de M. de Lignolles, mêlées de rien. Ce sont des critiques littéraires et politiques, en vers. Deux livraisons ont paru, ensemble 48 pages. (Paris, Ledoyen, 1837, in-8°.) La date prouve que c'est à Longjumeau que ce magistrat prit doublement la plume.

Il y eut jadis un commerce considérable à Longjumeau. L'Yvette y a facilité l'établissement de plusieurs mégisseries et tanneries. Ces dernières y sont toujours en voie de prospérité. Une manufacture d'apprêts de laine-mérinos ne s'est pas soutenue. L'établissement des foires de Longjumeau remonte au seizième siècle. Michel Gaillard, seigneur du lieu, obtint du roi François Ier la permission de les établir. L'édit les fixa aux 24 juin et 21 décembre de chaque année. La dernière durait huit jours. Elles ont été transférées au lundi avant la Saint-Jean, et au jour de Saint-André. Depuis, |25| on en a établi deux autres; elles arrivent le mercredi de la semaine sainte et le 29 septembre, jour de Saint- Michel. Il se tient un marché le mercredi de chaque semaine. Une sentence de M. d'Argenson du 14 septembre 1716 (in-4°) fixa les droits à percevoir. On a aussi des arrêts du Conseil d'État, y relatifs, des 19 juillet 1729 et 25 septembre 1744.

1)
[Saisie de Bernard Gineste, 2020.]
2)
On n'a pas oublié le prospectus qui a précédé la publication de cette monographie.On nous fit alors beaucoup d'objections; la plus spécieuse, à laquelle nous dûmes nous rendre, fut de ne pas astreindre nos lecteurs à l'acquisition de tout l'ouvrage. On a aussi donné la préférence au texte sur les gravures et blasons. Notre volume est donc entièrement en dehors du prospectus. Cela nous a conduit à adopter un nouveau titre. Le primitif est inscrit en tête du verso de chaque page.
Si l'accueil fait à notre travail répond à notre courage de Bénédictin , nous ferons tout pour nous perfectionner encore.
3)
Histoire du diocèse de Paris, t. X, p. 111.
4)
Mélanges de littérature et d'histoire, recueillis par la Société des bibliophiles français; Paris, 1850, in-12. C'est le premier volume.
5)
Armes: D'azur, à l'aigle d'or, au vol abaissé; au chef d'argent chargé de trois tourteaux de gueule.
6)
Histoire manuscrite du prieuré Sainte-Catherine du Val des Ecoliers, p. 65, par le P. Quesnel, conservée à la Bibliothèque Sainte-Geneviève.
7)
Armes: D'azur, à trois croissants d'or: au chef aussi d'or, chargé de trois molettes à l'éperon de gueules. Devise: Aspera non terrent.
8)
Armes: Écartelé au 1 d'Orléans-d'Angoulême, qui est d'azur à trois fleurs de lis d'or; au lambel d'argent, à la barre de même, périe en abîme. Au 2, de Vilages, qui est un quatre de chiffre de sable au champ d'argent, au milieu duquel est un cœur. Au 3, de Jarente Senas, qui est d'or au sautoir de gueules. Au 4, de Gantès, qui est d'azur, au chef emmanché de quatre pièces d'or. Et sur le tout, de Gaillard de Longjumeau, qui est d'argent semé de |16| trèfles de sinople, à deux T de gueules en chef, et de deux papegeais aussi de sinople, affrontés au dessous. C'est l'écu de la maison de Longjumeau qui se voit au titre.
9)
Recueil manuscrit des épitaphes des églises de Paris, t. III (bibliothèque de la ville, 1722, in-folio).
10)
Charles d'Orléans, comte d'Angoulême, eut de son commerce illégitime, avec Louise, fille du duc de Savoie: Jeanne, mariée à Jean de Longwy, seigneur de Givry, issu des comtes de Châlons-sur-Marne; Madeleine, abesse de Saint-Auzony et Souveraine (Art de vérifier les dates, t. II, p. 387).
11)
La France littéraire, IX, p. 75.
12)
Supplément à la France littéraire.
13)
Paris, 1850, br. in-8° de 24 pages.
14)
Dictionnaire des individus envoyés à la mort, judiciairement„ révolutionnairement et contre-révolutionnairement, sous le règne de la Convention nationale; Paris, an V (1797), 2 vol. in-8°.
15)
Armes: D'or, à la fasce echiquetée d'argent, et de gueules, de trois traits; au lion issant de gueules, en chef.