Corpus Essonnien

Histoire et patrimoine du département de l'Essonne

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Les seigneurs à Villejust (1170-1458)

Chronique du vieux MarcoussyDécembre 2006

1223 Guy de Villejust chevalier. Simon et Emeline de Villejust

JP. Dagnot

Les seigneurs à Villejust Les découpages et bornages administratifs, religieux et féodaux des périodes antérieures à la Révolution, forment un maillage très complexe pour l'historien des communes et des villages. Villejust ne fait pas exception à la règle.

Paroisse pleine et entière sur le plan religieux, Villejust comprenait une terre et seigneurie principale, mais aussi un certain nombre de fiefs comme Fretay, la Poitevine, Courtabeuf, Villevent, la Saussaye. Et pour simplifier l'analyse, certains fiefs dépendent eux-mêmes de plusieurs seigneurs !

Par ailleurs, pendant la guerre de Cent ans, une erreur manifeste s'est glissée dans la déclaration d'un vassal, ce qui a entretenu une certaine confusion au cours des siècles qui ont suivi.

Revenons donc à la seigneurie de Villejust. Il faut bien reconnaître que son histoire est assez mal connue du fait, qu'en l'absence de chateau sur le territoire, elle n'a pratiquement jamais été habitée par son seigneur, sauf avant 1400.

Les premiers documents mentionnant Villejust

La plus ancienne citation connue se trouve dans le cartulaire des religieux de Longpont. Il s'agit d'une donation datant des années 1100, faite par Emeline de Fleury, en présence “de Anseis de Villejust” . Nous trouvons aussi à la même époque la donation de tous ses biens à Villejust par une certaine “ Odeline”.

Interrompons ici pour un temps les références religieuses, qui seront reprises dans l'histoire de l'église Saint-Julien, et revenons aux seigneurs.

Vers 1170, le prieur de Longpont donna “au seigneur de Villejust” des terres et bois proche Villejust, moyennant six écus cinq sols de cens.

Cinquante plus tard, une lettre de vente d'hostises à Lardy fait mention de Guy de Villejust, chevalier. Cet acte est suivi par une cession, faite devant le doyen de Longjumeau, par Simon et Emeline de Villejust, des mêmes hostises (image ci-dessus).

L'année 1260 voit Girard de Villejust son épouse Aalix et d'autres dans une vente de deux muids de grain sur la grange de Montfaucon (grange aux moines de St Jean de Beauregard).

Les années passent et comme dans beaucoup de récits, nous nous retrouvons sans documentation jusqu'au mileu du 14ème siècle. Les 12ème et 13ème siècles restant bien obscurs pour l'histoire de Villejust.

En 1342, le mardi avant la nativité, “ Pierre de Villejust escuyer, rend aveu à noble homme Bennes Deschanvilliers, sire de Guillerville son suzerain”. L'aveu est rendu pour 56 arpens de terres en plusieurs pièces, un jardin et des droitures.

Ce document n'est pas un original et curieusement on en trouve un autre également du mardi avant la nativité mais pour 1362, avec les mêmes personnes mais comportant la description suivante: un manoir seigneurial, 97 arpents de terres, 14 arpents de bois, une droiture, un pain, un denier, une corvée, et 40 sols de cens. Cet aveu également tiré d'un autre mémoire n'est pas plus convaincant.

Cependant on est fondé à penser que les recopies ne sont pas exemptes d'erreurs et que les dates à l'époque s'écrivaient pour partie en chiffres romains : - mil ccc xl ii, soit 1342, - mil ccc lx ii, soit 1362,

Au lecteur de se faire une idée … une ambiguité dès les premiers actes connus, qui hélas ne sont pas des originaux.

Mentionnons néanmoins, un original datant de 1352, où : noble homme Pierre de Villejust, écuyer, sire de Villejust en la chatellenie de Montlhéry et damoiselle Yseurre de Voisins, sa feme, vendent des vignes à Hue du Mont examinateur au Châtelet.

Pour continuer ce récit plusieurs sources de documents sont possibles. Du fait des erreurs de recopie, de la faible crédibilité des attestations par témoins, des inventaire de titres du vassal et des mémoires de défense du suzerain (omettant délibérément ce qui gêne), on aboutit à une description incompréhensible, en essayant d'utiliser la chronologie des faits tirée de ces écrits rédigés à plusieurs siècles d'intervalle.

Pour la plus grande clarté de cette chronique, on s'en tiendra à une version épurée, avec une sélection de documents ( les plus fiables et les plus intéressants), complétée d'informations glanées à d'autres sources (mentionnées en fin de texte).

Les premiers seigneurs

Donc nous avons choisi un mémoire de défense qui rend compte sans trop entrer dans les détails :

« cette seigneurie était possédée en 1362 par les frères Pierre & Renaud de Villejust, qui en rendirent chacun leur aveu et dénombrement à Messieurs de Chanvilliers (Deschanvilliers dans les textes anciens), à cause de la seigneurie de Guillerville.

Le premier dénombrement fut celui de Pierre de Villejust en date du mardi avant la nativité de 1362, il possédait alors le manoir seigneurial, 97 arpents de terre, 14 de bois, une droiture, un pain, un denier, une corvée et 40 sols de cens.

Le second fut celui de Renaud de Villejust en date du 20 avril 1372, qui possédait alors, 77 arpents de terre, le bois Courtin contenant 14 arpents, deux droitures et un tiers, un pain, sept deniers, une corvée et 14 sols de cens.

La totalité de cette seigneurie consistait suivant les deux aveux et dénombrements cy devant, en un manoir avec colombier, 174 arpents de terre, 28 de bois, trois droitures un tiers, deux pains, huit deniers, deux corvées et 54 sols de cens.

En 1372, Renaud de Villejust était seul propriétaire de la terre de Villejust, il avait réuni la part de Pierre de Villejust son frère à la sienne.

Il a constitué sur ladite seigneurie, 12 livres parisis de rente au profit de Thibault Douzereaux. Le contrat de constitution mentionne le détail de toutes ses propriétés. On y reconnaît les mêmes objets que ceux portés dans l'aveu de Pierre de Villejust (rendu au seigneur de Guillerville en 1362).

Par erreur il déclare qu'ils sont mouvants du seigneur de Montfaucon (ancien nom de St-Jean-de-Beauregard à cette époque). Ce qui ne pouvait être vrai, puisque Pierre de Villejust son frère l'avait tenu en fief dudit seigneur de Guillerville (voir l'aveu de 1362).Cette erreur se trouve relevée par l'allégence continuelle faite au seigneur de Guillerville, seul depuis 1620.

Le même Renaud de Villejust constitue sur les mêmes objets, le 20 janvier 1394, une autre rente d'un muid de blé froment, au profit de Raoul Drobile. Renaud vendit cette rente à Jehan sire de Montagu, le 23 décembre suivant.

Renaud décède en 1396, et le curateur à la succession vacante de ce dernier, voit saisir réellement la seigneurie de Villejust. Le fait déclenchant étant le défaut de payement de ladite rente.

Marcelin de Chanvilliers, seigneur de Guillerville, fit opposition à ladite saisie réelle pour raison des droits seigneuriaux qu'il avait sur lesdits objets et pour raison de la rente de 12 livres énoncée ci dessus, qu'il avait fait mettre en sa main faute d'homme, depuis le décès dudit Thibault Douzereaux.

Bertrand Garnier fit aussi opposition à ladite saisie réelle, pour être conservé : - dans la propriété d'un muid de blé de rente sur la terre de Villejust ; - de 26 livres de rente pour le douaire de Yseure de Voisins, femme de Pierre de Villejust à prendre sur ladite terre ; - et de la moitié du revenu de ladite terre pour le douaire d'Isabelle Dubüé, femme dudit Renault de Villejust ;

Desquelles rentes et revenus il était dû pour Yseure 26 années et de celui d'Isabelle 24 années que ledit Garnier avait acquit . Ledit Garnier est décédé pendant la contestation, sa veuve et ses enfants furent assignés à la requête de Jehan de Montagu pour reprendre l'instance . Ils renoncèrent à la succession pour s'en tenir au douaire de la veuve qui était coutumier et qui consistait en la moitié des biens dudit Garnier, et il fut nommé un curateur à la succession vacante pour l'autre moitié des biens de Garnier . Ladite veuve , ses enfants, et le curateur, pour être conservés dans la propriété desdites rentes et droits, formèrent leur opposition à ladite saisie.

La veuve et les enfants dudit Bertrand Garnier, et le curateur à sa succession vaccante ont vendu leurs droits et prétentions audit Jehan sire de Montagu, par transaction du 24 juillet 1397.

Ladite terre et seigneurie de Villejust fût adjugée audit Jehan de Montagu par décrêt forcé aux requêtes du palais du 2 janvier 1398, moyennant 12 livres et à la charge de toutes les rentes et hypothèques cy dessus exprimées.

Par suite de l'erreur commise par Renault de Villejust devenu propriétaire de la part de Pierre son frère, Jehan de Montagu a fait payer par André Moulins au seigneur de Montfaucon, le 17 juillet 1397, vingt écus d'or pour le quint et tous les autres droits seigneuriaux qui pouvaient lui être dûs en raison de l'achat de la terre de Villejust (qui fut aux frères).

Le premier décembre 1399, ledit Jean de Montagu baille à loyer, l'hôtel, jardin et appartenances de Villejust avec 150 arpents de terre, moyennant trois muids de grain ; ce bail prouve que les deux aveux rendus au seigneur de Guillerville par Pierre & Regnault de Villejust en 1362 & 1372 comprennent la totalité de ladite terre de Villejust, puisqu'ils contiennent 174 arpents, soit 24 arpents de plus que le bail ; il y a lieu de croire que depuis l'époque desdits aveux il y avait eu aliénation desdits 24 arpents.

En 1406 & 1407, Messire Jehan de Montagu a acquis de Hüët et Pierre de Chanvilliers, la terre de Guillerville, et de ce fait, possédait les fiefs dominant(Guillerville) et servant (Villejust).

Le seigneur de Montagu et ses successeurs ont possédé ces seigneuries jusqu'en 1533. Le fief de Villejust ne fut plus déclaré jusqu'à cette date puisqu'il était un arrière fief et dépendance de Guillerville.

Au sortir de la guerre de cent ans, en 1448, Jean I de Graville, seigneur de Marcoussis et de Villejust a donné à cens et rente à Richard Breton et Jacques Frison, la maison de Villejust, les terres en dépendant consistant en 200 arpents dont deux de bois et trois de pré moyennant un muid de froment, quatre chappons et 6 livres de cens et rente.

La comparaison du bail à loyer de 1399, avec le bail à rente de 1448, montre une fois de plus les dégats occasionnés par la guerre au cours du 15ème siècle.

Extraits d'autres manuscrits sur le même sujet

Thibault Douzereaux, cité en 1372, était marchand de vin et bourgeois de Paris . Il a passé aveu de la rente l'année suivante.

Les frères Montmort, seigneurs de Vaugrigneuse, font mention en 1382 des hoirs de Pierre de Villejust, dans l'aveu de la terre de Vaugrigneuse.

En 1387, Guillaume Bellejambe et Guillaume de Liers rapportent à Beschepoix de la prévôté de Montlhéry les aveux de Pierre & Regnault de Villejust assis à Villejust au Plessis st Père !!!!( erreur manifeste), les deux mouvant de Guillerville( ce qui est vrai).

Le premier aveu de Villejust par Jean de Montagu au seigneur de Guillerville date de 1398, comme vassal pendant huit ans, avant de racheter le suzerain !!!

Devant le prévôt de Montlhéry, citons en 1405 une déclaration censuelle de Jean Baudin, demeurant à Villejust, qui advoue tenir en fief à une foi et hommage de Monseigneur Jean seigneur de Montagu et Marcoussis, maître d'hôtel du roi notre sire, “à cause de son chastel de Villejust qui fut feu Regnault de Villejust”, une pièce de terre contenant cinq quartiers.

Autre déclaration en 1410, par Jean Leclerc demeurant à Villejust, qui advoue devant le prévôt de Montlhéry, en une seule foi et hommage tenir en fief de noble et puissant seigneur Loys, comte palatin, duc en Bavière, seigneur de Marcoussis (Montagu fut pendu entre temps et ses biens remis au frère d'Isabeau de Bavière), à cause de son chastel et terre dudit lieu de Villejust, une masure et jardin …

Enfin en 1458, Richard Lebreton et Jacques Soison, demeurant a Palloisel , lesquels confessent de leur bon gré et bonne volonté avoit prins a titre de pur chef cens et croix de cens ou rente portant lod et vente de noble et puissant seigneur messire Jehan de Graville chevalier conseiller et chambellan du roy nostre sire seigneur de Marcoussis et de Villejust… un pourpris de mazure où souloit avoir maison grange estable jardin… moyennant le prix et somme de 50sols parisis de cens quatre chappons et ung muy de bled froment de rente par an. Ce bail représente trois fois moins que sous Montagu, avec une demeure en ruine, comme souvent constaté dans la région à cette époque (dito Marivaux).

À suivre …

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