Corpus Essonnien

Histoire et patrimoine du département de l'Essonne

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dagnot:chronique03.07

Page en chantier


Les moulins à vent de Marcoussis

Essai d'implantation des moulins

Chronique du Vieux Marcoussy –Marcoussis——————_—– —————————— avril 2007

Extrait de plans terriers de la comtesse d'Esclignac.

JP. Dagnot

L'histoire des moulins à vent sur Marcoussis n'est pas des plus aisée à narrer. En effet, en étudiant une seigneurie voisine de Marcoussis, il est fait mention d'un clos à Marcoussis ayant contenu un moulin sans autre détail. Malte-brun dans son histoire de Marcoussis joint une carte, et comme géographe, sa localisation d'un moulin sur Villejust paraît plausible, d'autant plus qu'il a peut être vu des vestiges deux siècles après la disparition de l'édifice. Pour corser le problème on trouve sur Villejust un chantier du moulin à vent à un troisième endroit. Et également à Marcoussis le chantier du moulin à vent existe, et semble déporté vers l'est…

Enfin la route au milieu du plan ci-dessus, allant de Montlhéry à Chevreuse, sert de limite géographique entre Villejust (fief de Fretay relevant du roy) et Marcoussis.

La chronique sera donc prudente et sans prise de position!!!

Les documents les plus anciens

De 1312 à 1367, les dons et aveux classiques des seigneurs de Marcoussis ne mentionnent pas de moulin. A cette date, il n'est fait mention en arrière fief, que du moulin de Bescherel à Marcoussis, tenu par Jehan Audry. Ce dernier vendra ce moulin à Bernard de Montlhéry, douze ans plus tard (pas de qualificatif associé à ce moulin à eau, rarement mentionné).

Le 15ème siècle avec la fin de la guerre de Cent Ans n'apporte pas d'éléments nouveaux. Nous arrivons à la période Louis de Graville où un livre de recette de la seigneurie de Marcoussis, permet par défaut d'information, de relever qu'au chapitre des moulins il n'est cité que celui de Guillerville (chronique prochaine). La succession de l'Amiral, vingt ans après confirme l'absence de moulin à vent.

Le moulin supposé côté Villejust

Trois ans après le partage, la très haute et très puissante dame Jehanne de Graville, dame de Marcoussis, veuve de feu messire Charles d'Amboise, en son vivant chevalier de l'ordre du roy, grand maître et maréchal de France, achète pour elle et ses hoirs à Philippe Rousseau, marchand de vin à Loppigny (entre le Déluge et la ferme de la Forêt), c'est à savoir “deux septiers de terre avec ung moullin estant sur iceulx deux septiers de terre, tornant et travaillant estant de présent en bonne nature et valeur, appartenant audit vendeur” ( en blanc). Le moulin est en censive de la dame et chargé envers elle de deux sols et six deniers (malheureusement pour la localisation, les deux côtés Marcoussis et Villejust dépendent de la seigneurie de Marcoussis). La vente est faite moyennant la somme de cent livres tournois reçus comptant et sans mentionner la paroisse. Au dos du document est écrit: “ acquisition du moulin à vent de Marcoussis par dame Jeanne de Graville”.

En 1535, Denis Michel, meunier de Marcoussis, transporte des grains à un marchand de Montlhéry, le texte est alléchant mais il s'agit du moulin de l'étang à Linas où il est locataire.

La succession de Jeanne de Graville se déroule, non sans problèmes, néanmoins on peut relever qu'entre François et Thomas de Balsac, il est question dans le chapitre des revenus de la succession: “plus ung moullin à vent affermé à 26 livres tournois par an”.

En cette période sans troubles, n'ayant pas encore à cette époque d'actes notariés locaux sur le moulin, nous nous contenterons de mentions marginales: - En 1565, apparaît Nicolas Hanyard, marchand meunier au moulin à vent près la justice de Forville (Folie Bessin actuelle), qui achète un quartier de vigne à Gassot Desforges, vigneron à Fretay (info Pascal Herbert). - L'aveu de la seigneurie par François de Balsac rédigé par le tabellion de Marcoussis confirme que parmi les biens il se trouve “le moullin à vent estant en ladite seigneurie avecq le droit de chasse (1) du moulin en icelle seigneurie, de présent affermé à Nicollas Hanyard à 22 septiers de grain mesure de Marcoussis”. - La même année, notre meunier demeurant au moulin à vent de Marcoussis, paroisse de Villejust, s'unit avec Jehanne Bréman fille de feu Léonard en son vivant meunier au moulin d'Aulnay (Leuville). Ce document confirmant la localisation définie par Malte-brun. - Des actes mentionnent Nicolas, toujours au même moulin de Marcoussis, sans autre qualificatif.

Nous arrivons à la période où ce dernier considére qu'il est plus facile de louer le droit de moudre à d'autres meuniers, accorde une série de droits de chasse: - À Jehan Marin, meunier de Grouteau (Longpont) pour aller chasser et moudre dans le village de la Ville du Bois moyennant trois septiers de blé métail. - Le même acte accordant les mêmes droits au meunier du moulin à vent de Villebouzin. - De nouveau à un nouveau meunier de Grouteau avec la réserve qu'Hanyard pourra également chasser, mais qu'il ne pourra accorder ce droit à un autre meunier. - Ce droit pouvant également concerner le grand Rouillon à Nozay, et même Marcoussis accordé au meunier du moulin neuf de “Chastres” (Arpajon). Le meunier de Guillerville fait aussi partie des accords pour chasser sur Marcoussis.

Cette période dure quelques années. Pendant ce laps de temps apparaît un meunier, Guillaume Bourset meunier audit moulin, est ce un sous-bail passé par Nicolas? C'est probable en raison d'un différent entre François de Balsac, seigneur de Marcoussis et noble homme Pierre Poussepin, secrétaire du roy, trouvé chassant sur ses terres et seigneuries de Marcoussis et Ville du Bois.

François de Balsac assigne à la chambre criminelle du châtelet ledit Poussepin, en se joignant avec son meunier Nicolas Hanyard, et obtient l'entière jouissance du droit de chasse et la condamnation de Poussepin par défaut. Poussepin fait appel arguant que le seigneur de Marcoussis ne peut présenter d'acte de banalité de son moulin !!

L'année suivante un titre nouvel déclaré par deux laboureurs de Fretay qui assurent être propriétaires d'une maison à Fretay et de terres au même terroir dont une pièce d'un demi arpent tenant au moulin à vent (donc sur Villejust).

Quatre ans avant les troubles des guerres de religion, Nicolas Haniast a perdu sa compagne et il se remarie avec la veuve d'un vigneron de la Poitevine. Le contrat de mariage précise que Charles premier enfant de Nicolas devra être nourri et entretenu jusqu'à l'âge de douze ans. L'intérêt de cet acte est qu'il précise clairement une seconde fois: “Nicolas Haniast, musnier demeurant au moullin a vent de Marcoussis en la paroisse de Villejust, en son nom …”.

La période agitée arrive sans acte direct sur le moulin, seulement quelques droits de chasse accordés au meunier du moulin de Gravigny (Longjumeau), à celui du moulin du Breuil (Epinay sur orge), la chasse se faisant au grand Rouillon et à la Ville du Bois, et allant même jusqu'à accorder ce droit au meunier du moulin de Falaize à Sain-Germain-les-Chastres (Saint-Germain-les-Arpajon).

La fin du siècle se déroule assez mal pour notre meunier, en effet le procureur de François de Balsac est chargé d'une transaction avec Nicolas et sa troisième femme. La fin d'un procès au baillage de Marcoussis où le meunier doit 309 livres pour le bail du moulin, se termine par la vente de 13 pièces de terres qu'il possédait. De cet acte on connaît le loyer annuel du moulin soit 20 septiers de grain. Deux après ce procès, Nicolas Haniard décède.

On peut néanmoins admettre que dans la quarantaine d'actes utilisés pour cette chronique, uniquement trois confirment “la localisation Malte-brun”; l es autres actes omettent la paroisse.

À suivre …

Note

(1) La chasse consiste à aller quérir les grains chez le particulier qui voudra bien les bailler, les moudre en son moulin et ramener la farine de blé bien moullue. Le meunier prélève une quotité de farine pour rétribuer son travail. Le travail devant être fait sous 48 heures.

dagnot/chronique03.07.txt · Dernière modification: 2020/11/11 00:37 de bg