Corpus Essonnien

Histoire et patrimoine du département de l'Essonne

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Les Noel et le potager seigneurial de 1650 à nos jours

Chronique du Vieux Marcoussy –Marcoussis————— _————————-___—_–Mai 2007

Extrait du plan terrier de Marcoussis.

JP. Dagnot

À Cécile Buisson et Pierre Noel, pour nos causeries sur Marcoussis.

L'origine de la famille Noel

Les ancêtres de cette famille ne viennent pas de la région de Marcoussis, mais certainement de l'Oise et ses environs. Ainsi, une après midi passée à la mairie de Creil m'a permis de remonter la branche matrimoniale des (de) Bury jusque que vers 1650. Notons que l'ancêtre François, né en 1655, est serrurier et donne naissance à la génération des jardiniers. Marié à Louise de Souslemoutier, ils ont cinq enfants dont deux survivent. Sa femme décède en 1693 et François se sentant seul, se remarie avec Magdeleine Prévost, fille d'un marchand bourgeois de Senlis, le personnage est certainement un notable, il meurt en 1749 agé de 94 ans.

Son fils Pierre a comme parrain, un escuier garde du corps de sa majesté qui confirme la remarque ci-dessus, et c'est lui qui poursuit la branche en se mariant avec Marie aux Oeufs; ils ont cinq enfants dont deux survivent. Pierre, jardinier, donne naissance à Marie-Louise qui va devenir l'épouse de Louis Noel, jardinier du potager du château seigneurial de Marcoussis.

Notons qu'à Creil on ne trouve pas d'actes concernant les Noel, cependant, en 1682, un nommé Louis Noel assiste à un enterrement et signe d'une manière qui révèle une situation aisée. La recherche de cette branche doit donc se faire autour de Creil. D'autre part en 1753, au décès de Pierre père de Marie Louise, ni elle ni son mari ne sont présents, ils ont déja quitté Creil, certainement depuis 4 ans. Enfin, un archiviste de la Comtesse d'Esclignac, Jean Adrien Noel est décédé au château le 24 janvier 1752, âgé de 52 ans est-ce la même famille?

Laissons pour le moment cette famille et revenons à Marcoussis.

L'origine du potager

Au milieu du 17ème siècle, sous les Léon d'Entragues, le potager mentionné dans le plan ci-dessus n'existait pas. Il se trouvait dans l'enclos contenant le château et était désigné comme “un grand jardin clos de murs tant en parterre que potager, allées que fruitiers et vivier à poissons contenant quatre arpents”.

Les ennuis des Léon de Balsac se poursuivent avec Alexandre (chronique à venir), un bail du début 18ème confirme le potager cité ci-dessus. Alexandre, créancier de la succession de son père doit entretenir les biens reçus en héritage et hypothéqués par les créanciers, la maison du jardin en fait partie. Il vend par la suite, la seigneurie de Bois Malherbes et règle les affaires courantes à Marcoussis. Son mariage fait en séparation de biens veut tout dire.

Il trouve plus désargenté que lui en la personne de Pierre Renault, manouvrier qui ne peut faire un grand nombre de réparations dans une maison (qui deviendra la futur potager) et la rendre habitable compte tenu de la rente attachée à ce bien (une rente est attachée à un bien dont l'état doit rester identique au fil du temps). De ce fait il transporte au seigneur: - la rente sur ladite maison contenant trois espaces de fond en comble appliqué en une chambre basse à feu, chambre à costé, estable et grenier au dessus, le tout couvert de tuilles, - plusieurs pièces de terres … cet ensemble venant d'une succession faite par adjudication au baillage de Marcoussis.

La vente de l'ensemble est faite moyennant la reprise de 59 livres de rentes et le paiement au vendeur de 300 livres. Le seigneur désigne“ Georges Benoist, charpentier, et François Legendre, masson en plastre pour procéder à la visitation prisée et estimation des réparations à faire à ladite maison”. Cinq ans plus tard le garde chasse seigneurial marié à la fille de Pierre Renault ratifie la vente (la fille devant être mineure à l'époque de la vente) et recoivent 150 livres d'Alexandre. C'est le potager du plan.

La confirmation du potager du 17ème se confirme jusqu'à l'achat de la seigneurie de Marcoussis en 1751 par Elizabeth Chevalier, veuve du comte de Sebbeville (elle deviendra la comtesse d'Esclignac).

Le potager sous les Noel

L'achat de la seigneurie par la comtesse est un placement bien géré et pas un lieu de villégiature. Elle réside, en dehors de la rue Saint Honoré à Paris, au Plessis Sebbeville (Plessis Pâté à Brétigny), dans un château avec un parc considéré comme un des plus remarquables de la région parisienne.

L'arrivée exacte des Noel au potager (du plan) n'a pas encore été trouvée; on apprend néanmoins le décès d'Elizabeth Chaudron, veuve de Jacques Noel, agée de 63 ans, “chez son fils Louis Noel, jardinier du chateau de Marcoussis”, ceci deux ans après l'achat de la seigneurie.

Le couple Noel s'installe à Marcoussis avec trois enfants dont un décèdera peu après son arrivée. Cette famille s'agrandit régulièrement jusqu'à la naissance de Jacques en 1764.

Les affaires paraissent aller au mieux pour le couple, ils achètent à un bourgeois de Paris, trois maisons, une rue des boulangers, les deux autres donnant sur la place du champ de foire, ainsi que neuf arpents de terres et de prés. Et pourtant onze jours plus tard, Marie Louise Debury décède de maladie?

Louis vit seul quatre années et pour se remarier, ses quatre enfants restants héritant de leur mère, il est alors procédé à un inventaire des biens de la famille. Le père et le fils aîné font leurs comptes car ils exploitent en commun les terres achetées au bourgeois. Le père se remarie début 1772, suivi par Louis son aîné le mois suivant et en octobre par sa fille Anne Louise (à cette occasion il est qualifié de “marêché”).

Le père aménage un four dans la maison rue des boulangers et en loue une partie à un de ceux-ci. L'autre partie de la maison avec grange, à un garde moulin. La fin de l'année se termine par le mariage de sa fille, née à Marcoussis.

L'anné 1777 voit Louis l'aîné procédant au partage de ses biens, ainsi que ceux de sa première femme, demandant pour lui une petite maison rue des boulangers et un partie de potager attenant à cette maison. Egalement lorsqu'il quittera le potager seigneurial, il aura une pension versée par ses quatre enfants. La fin de l'année verra la fin de son union avec sa seconde femme.

Quelques mois après, souhaitant une compagne, il convole une troisième fois avec Madeleine Bouet. Il décède deux ans plus tard sans avoir profité de la pension.

Son fils reprend le bail seigneurial fait à son père moyennant 300 livres par an ainsi que les dettes de son père! (trois ans de bail dus à la comtesse). Il procède comme son père avec la maison rue des boulangers qui est louée à Maurice Prenot marchand boulanger, l'étage de la maison réservée au vicaire.

Le fils perd sa première femme (des suites d'un accouchement), et se remarie avec comme condition, que son fils soit élevé jusqu'à l'âge de 14 ans et sa fille 12 ans. Il continuera néanmoins à assumer la fonction de jardinier jusqu'en 1786, époque où il jette l'éponge avec une rétrocession du bail à la comtesse et une ardoise de 958 livres pour lesquelles les Noel hypothèquent leurs biens.

L'année précédente, compte tenu de ses ennuis financiers, il avait vendu une rente à la comtesse, et avec cet argent il était devenu locataire (en payant un terme d'avance ce qui n'est pas fréquent), d'une partie du prieuré de Marcoussis occupé par Hébert, charron. Dans le bail est compris le jardin et la moitié du vivier du prieuré.

Notons ce qui n'est pas fréquent dans ces circonstances, qu'il conserve sa partie de la grande maison rue des boulangers.

Ainsi se termine l'histoire des Noel au potager seigneurial.

Les Noel une famille travaillant la terre jusqu'à nos jours

Nous reprendrons la suite de l'histoire du potager dans une autre chronique. Louis Noel et Jacques son frère abordent la Révolution en vendant leur deux dernières maisons sur le champ de foire en 1793, moyennant 3.000 livres payées en assignats.

Le groupe familial achète en indivis aux enchères huit arpents provenant de la commanderie du Déluge, à Marivaux et la Forest, et règlent également en assignats, la somme de 8.245 livres.

La suite classique est celle des travailleurs de la terre, que l'on appelle à la fin de la Révolution pour cette famille, maraîchers, puis cultivateurs. Comme pour de nombreuses familles de Marcoussis, les unions se font localement en essayant de conserver le patrimoine terrien.

Et c'est ainsi que j'ai pu voir jusqu'à ces dernières années Jean-Pierre Noel, cultivant ses champs près de l'endroit où je réside.

Pour réparer un oubli signalé par un membre de la famille, ajout de la branche Gaston Noel.

dagnot/chronique04.04.txt · Dernière modification: 2020/11/11 01:19 de bg