Corpus Essonnien

Histoire et patrimoine du département de l'Essonne

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La seigneurie de Valence (1310-1767)

Chronique du Vieux Marcoussy –Marcoussis————— _—-ajout août 2012_—_–septembre 2007

Extrait d'un plan terrier de Chevreuse.

JP. Dagnot

L'histoire de ce lieu, bien écarté de Marcoussis, est relatée car il a été possédé par la famille “de Baillon” pendant plus de deux siècles. Ce patronyme fait l'objet de nombreuses recherches généalogiques au Canada, en raison de l'exil de Catherine de Baillon, fille du roy au 17ème siècle, et de laquelle une partie du peuple nord-américain est issu ( Jean Chrétien premier ministre du Canada, Céline Dion [R.Ouimet]…)

On verra dans ce récit que Jean de Baillon, seigneur de Janvry vient également de cette branche de Valence. Cette seigneurie est située en bordure de Dampierre en Yvelines.

Les documents les plus anciens

Comme toujours c'est dans les dossiers religieux que se trouvent les premières traces.

En 1310, Béatriz du Boys, dame de Chevreuse, fame jadis de noble homme de bone mémoire monsieur Anseau, jadis sire de Chevreuse et queu de France, … , avons donné quitié et délessié, aux religieux des Vaux de Cernay, la moitié d'une pièce de bois, assise en la forest Saint-Denis envers Valences, mouvant de religieux homme et honneste abbé de Saint Denis. On peut raisonnablement penser qu'il s'agit de la “forêt appartenant aux religieux de Saint-Denis proche Valence”. Cette donation pour une messe annuelle en l'église Nostre Dame des Vaus de Sarnay.

Soixante quinze ans plus tard, un différent se déroule entre les religieux du couvent des Vaux de Cernay (possessions notamment proche Valence et à St Jean de Beauregard près de Marcoussis) complaignants et les religieux, abbé et couvent de Sainct Denis en France, opposants, d'autre part. Lesdits demandeurs disent être en possession de certains étangs et viviers joignant leur église. Ils reprochent à l'abbé de Saint Denis de l'avoir fait pêcher indûment. Que toutes fois que ledit monsieur abbé de Sainct Denis aloit en leur hostel de Valances ou en aucun de leurs autres hostelz prez des lieux dessus diz il povait faires pescher et prendre des poissons es estangs dessus diz. La transaction se termine par le paiement d'une rente perpétuelle et annuelle. Donc, de ce document, on sait que Valence possède une habitation pendant la guerre de Cent Ans.

Nous arrivons sans autre information en 1509, devant des notaires du Châtelet, Dom Pierre, abbé de l'abbaye de saint Denis, suzerain du fief de Valence, baille à vie à Adam de Baillon, receveur des aides et des tailles de Chartres, notaire et secrétaire du roy, pour luy & sa femme & leurs enfans nez & à naistre & enfants de leurs enfans et le survivant d'entre eux, ledit Vallance, moiennant 35 livres par chacun an, et de faire employ de 1000 lt en réparations et défrichements. Il est dit que ladite terre dépendoit de la chatellenie de Beaurain pour tenir & relever de sainct Denys en foy & homage.

On peut dire qu'une fois de plus que, pour rétablir des biens religieux dévastés par la guerre, l'abbaye de saint Denis aura recours également à des baux sur plusieurs vies. La famille de Baillon venant de Caudebec en normandie, passera par Orléans et Chartres pour venir prospérer en région parisienne.

Comme nous l'avons vu dans la chronique de Marivaux à Janvry, Adam s'unit en premières noces en 1512 avec Philippe Vaultier. Puis avec Jeanne Leclerc. La réhabilitation du lieu se fera à partir de cette période .

En 1529, Adam de Baillon est décédé depuis deux ans, les religieux de Saint Denis réclament au tuteur des enfants mineurs dudit Adam, 70 livres pour deux années d'arrérages deubz sur la terre et seigneurie de Valances.

Dans les années 1530 peu d'actes, Adam II reçoit un acte de son beau-frère Nicolle de Beauclerc. Les enfants de Adam I réclament des rentes à un valet du roy. Sur Dampierre peu de documents intéressants: - un marché de porte de sept pieds avec deux jambes pour 30 livres tournois. - une vente de terre par un laboureur de Dampierre où Adam II de Baillon est qualifié de noble homme, seigneur de Valances, notaire et secrétaire du roy.

- À une date indéterminée venant de l'inventaire après décès dudit Adam, les moulins du rocher et des boullonières à Senlisse font maintenant partie du patrimoine. - Adam II vend à son frère Jean l'aisné de sa part de Marivaux. Auparavant, les frères & soeurs étaient seigneurs en partie de Valence. Durant cette période, la fratrie se partage quelques terres à Anthony. C'est ainsi que l'on apprend l'existence de Jehan religieux à Saint Denis en France, de Domp André de Baillon, religieux à Bourg Fontaine, également de Jacques.

Au début des années 1540, Adam II s'unit avec Anne de la Saulssaye. D'une constitution de rente adossée à la terre et seigneurie de Vallances, on apprend par la désignation des biens hypothéqués, la description des lieux: maison seigneuriale, cens, terres, prés, mouvant de l'abbaye de saint Denis, avec le moulin des rochers en la censive du seigneur de Dampierre, et deux maisons à Paris. Notons également quelques acquisitions de terres.

En 1551, Adam II, noble, écuyer, seigneur de Valence, loue étangs et terres à un laboureur de Flins. Son frère Jean le jeune est toujours qualifié de seigneur de Vallances, en 1557, dans un échange de rentes sur Paris.

A la même époque, les religieux de Saint Denis font le point des biens de leur chatellennie de Beaurain dont dépend Vallances. Le frère Pierre Pichonat estime que Valence représente à présent 300 livres de revenu annuel et qu'il ne reste plus que deux vies, lesquelles expirées ladite ferme reviendrait à la chatellennie de Beaurain.

D'après un manuscrit de la Bibliothèque Nationale (Bimbenet), Adam est également secrétaire de nostre très chère et très amé compagne la Reyne (Marie de Mécicis) , et est député (nommé) pour se rendre au pays de Sienne et de Tuscanne ….

Vers 1560, Adam II devient admodiateur (administrateur de baux à ferme) des revenus de l'abbaye des Vaux de Cernay, proche Valence, louant la ferme de st Nom la Bretèche pour 20 muids de grain, l'hôtel de Ponchain à Bonnelles pour 165 livres et un muid de blé. Egalement constitution pour lui-même de quelques rentes avec ses voisins.

En 1564, la seconde femme d'Adam I, décède. Adam Il demeure maintenant à Paris et marie sa fille Anne avec Jean Jaupitre (chronique à venir sur Etiolles), receveur et payeur de la court du Parlement de Bordeaux, mais demeurant à Paris. Parmi les présents Jean de Baillon l'aisné, devenu également seigneur d'Ollainville. Le seigneur de Vallances apporte 6000 livres tournois dans la corbeille, une moitié en espèces l'autre moyennant une rente. A cette période Adam est devenu admodiateur du duché de Chevreuse, pour le cardinal de Lorraine.

La même année, nous retrouvons le seigneur de Palaiseau et celui de Vallence. Hault et puissant seigneur Messire Claude de Harville, chevalier des deux ordres du roy, …, confesse avoir reçu d'Adam de Baillon, escuyer, seigneur de Vallance prez Chevreuse, 120 lt pour le rachat de 10 lt de rente due au seigneur de Palaiseau sur le moulin des Roches assis audit Vallance, suivant un contrat passé le 18 février 1527 par ung nommé Guillaume Leconte…

Nous arrivons en 1569, devant le cardinal de Lorraine, le cardinal de Bourbon et le nonce du pape, commissaires pour les aliénations (ventes) de biens ecclésiastiques, Adam de Baillon se voit adjugé la terre & seigneurie de Vallence moyennant 2000 livres pour destenir dorénavant, ladite seigneurie en foy et hommage de l'abbaye de Saint Denis, à la charge aussi que ledit de Baillon ses hoirs & ayant cause, demeureront quite et deschargé des 35 livres de rente que ledit de Baillon estoit tenu de payer. Les biens consistent en maison et 235 arpents de terre, pré bois.

Onze ans plus tard, Adam II malade, rédige son testament. Il désire ête inhumé en l'église saint Roch et demande à son fils aîné de ne rien prendre en raison de son droit d'aînesse et de partager également avec ses frères et soeurs la terre de Valances. Son gendre Jean Jaupitre notaire et secrétaire du roy, sera l'exécuteur testamentaire du défunt. La seigneurie est composée de maison édifice, jardins… Les possessions comprennent également le fief des Boullons, et deux moulins dits du rocher et des boulonnières.

Le partage a dû se réaliser dans les années qui suivent Adam III reste seigneur de Valence , Loys sieur des boullons et de la Boissière.

Au début du 17ème Adam III est marié à Renée de Maillard, il demeure à Vallances et vend à Claude de Baillon, seigneur de Forges, une rente de 150 livres sur la seigneurie composée de : - maison seigneuriale, - 210 arpents de terres labourables, prés, étangs & bois.

En 1626, Adam IV suite au décès de son père présente lui aussi l'aveu de Valence. Les bâtiments sont devenus hôtel manoir avec colombier & pressoir. les terres estimées à 235 arpents.

L'année suivante, sa soeur Catherine demeurant audit Valence loue une mère vache contre du beurre. Egalement son frère Alphonse (sans titre, en blanc dans l'acte) se marie à Claude Dupuy. Son frère Adam est présent accompagnée de sa femme, ainsi que sa soeur Catherine mariée à un gentilhomme ordinaire du roy. Une semaine plus tard Alphonse achète la Massicoterie proche Valence (chronique à venir avec Catherine de Baillon).

Nous arrivons en 1638, Adam IV, chevalier seigneur de Valence, gentilhomme ordinaire de la grande fauconnerie du roy, écuyer de la duchesse de Chevreuse, demeurant à Paris, fait échange de seigneurie avec son cousin Claude Baillon seigneur de Montigny. Ce dernier ainsi que son frère aîné Alexandre ont fait des frasques, ce qui a conduit leur père, seigneur de Forges, à ne leur laisser uniquement que l'usufruit de ses biens, le principal allant aux petits enfants. Donc un échange de Montigny avec 5000 livres contre Valence qui est devenu un château, basse-cour parc, ainsi qu'une maison appelée la foulonnerie. C'est la fin des Baillon originaires de Valence à Valence.

L'année suivante, Claude devenu seigneur de Vallances, loue la ferme consistant en maison manable, grange, escuryes, bergeries, colombier et court close, vulgairement & antiennement appelée la colloderie, avec toutes les terres contenant 235 arpents….. à la réserve audit sieur bailleur de son chasteau & maison seigneuriale dudit Vallance. Le bail fait en outre moyennant 700 livres tournois, le tiers des fruits, nourrir deux vaches, paturage pour deux chevaux, enfin deux douzaines de pigeonneaux.

Dans la foulée il rend aveu et dénombrement de la terre de Vallence à messire Henry de Lorraine abbé de saint Denys. Claude et Françoise de Bordeaux, sa femme, demeurent à St Germain des prez les Paris, rue de la corne, paroisse st Sulpice. Ils considèrent que des rentes (retraite d'alors) sont préférables à Valence. C'est ainsi qu'en 1643, ils échangent avec Jehan de la Charnaye, escuier, sieur de Mollart demeurant à Chalyot les Paris: 1) la terre & seigneurie de Vallances à Dampierre, consistant en chasteau moyenne & basse justice, basse cour parc en fief, avec la quantité de 150 arpents tant terre que bois prés, 2) la maison appelée la Foulonnerie, Pour sa part, le sieur de la Charnaye apporte 1166 livres tournois de rente.

En 1657, la dite terre & seigneurie est saisie à la requeste de dame Françoise de Bordeaux, femme séparée de Claude de Baillon, sur Jean de la Chesnaye escuier sieur de Mollard et dudit Vallence. Edmé Cottard, ancien conseiller de lhostel, bourgeois de Paris, obtient la seigneurie pour la somme de 14000 livres. Il présentera ses foi et hommage au cardinal de Mazarin, qui dirige alors l'abbaye de Saint Denis. Quatre ans plus tard le même cérémonial cette fois, le seigneur de la terre et seigneurie de Vallence size prez Chevreuse, demeurant rue Beaubourg paroisse st Nicolas des champs, s'est transporté devant Louis Roger procureur de l'abbaye de saint Denis pour le cardinal de Retz. La déclaration mentionne chasteau, coullombier, granges, estables, bassecour parcq en fief, enclos de murailles, moyenne & basse justice avec la quantité de 150 arpens de terre prés bois, et la maison appelée la faulconnerie, cens rentes droits seigneuriaux.

En 1693, on assiste à la vente du fief de Valence par Edmé Cottard, sieur de Valance, conseiller du roy en l'hôtel, bourgeois de Paris, demeurant rue de la monnoye, paroisse st Germain l'Auxerrois, au sieur Jean Fenel, arquebusier du roy, et damoiselle Anne Bertin sa femme, demeurants à Versailles, consistant en: - justice moyenne et basse, - deux grands corps de logis, chapelle, prison, colombier à pied, pressoir, - plusieurs cours autour desquelles il y a écurie, vacherie, bergerie, granges et autres bâtiments, le tout en ruine et fort mauvais état, même ledit pressoir entièrement détruit, - grand parc derrière les lieux de 50 arpens, clos de murs, - parties en bois reste en jardinage , - partie prez avec étangs ruinés dont les digues sont rompues, - 200 arpens de terre. Le sieur Cottard pourra continuer à user du titre de sieur de Valance sa vie durant!

Jean Fenel seigneur de Valence, arquebusier du roy, demeurant à Versailles, se transporte devant la principale entrée du chasteau de Trappes, demande le prieur du couvent de saint Denis en France… c'est le procureur fiscal qui en fait office et reçoit les hommages du nouveau vassal.

Deux ans après, le suzerain n'est plus l'abbaye de Saint Denis mais maintenant les religieuses de saint Louis. Le sieur Fenel reçoit une quittance des dames de saint Louis pour la somme de 1430 livres pour les droits de quint venant de ladite acquisition.

Le lieu pose problème, en 1699, le fief de Valence est revendu & adjugé par décret au châtelet à Messire Hougant procureur du sieur Fenel, pour la somme de 14000 livres , sur la saisie réelle sur le sieur Fenel à la requeste de Jean Jacques Fenel bourgeois de Paris , faute de payer la somme de 300 livres par obligation de 1694.

Dix après, le sieur Fenel décède. Le fief de Valence appartient dorénavant par moitié à Anne Bertin sa veuve, demeurante à Versailles, et l'autre moitié à ses enfants.

En 1714, après le décès d'Anne Bertin, le partage de la succession du couple Fenel, entre les héritiers frères et soeurs aboutit à ce qu'Antoine Turault (signature) de la Martinière et Marie Fenel deviennent seuls propriétaires de la terre de Vallance, les autres se partageant des rentes et une maison à Versailles. L'hommage de Valence est fait à Paris à l'intendant des religieuses de saint Cyr, le fief relevant de la seigneurie de Trappes et dépendant de la manse abbatiale de st Denis.

La seigneurie restera dans la famille de la Martinière jusqu'en 1767. Marie Charles Louis d'Albert, duc de Luynes et de Chevreuse, gouverneur de Paris, acquiert le fief de Valence par sentence de licitation sur les héritiers du couple Pérignet Thurault de la Martinière mouvant en fief foy hommage des dames de la maison royale de st Cyr. Ces biens comprennent: - la maison seigneuriale du fief de valence consistant en différents bâtiments composant une ferme, savoir maison, grange, étable, écurie, bergerie, pressoir à faire vin & cidre, chapelle et colombier, - une avant cour close de mur dont l'entrée est sans porte au devant de laquelle est une avenue plantée d'ormes et fruitiers. A droite de l'avant cour est une petite pièce d'eau servant d'abreuvoir, à gauche un emplacement de jardin à présent en terre labourable enclos de murs, - grande cour ensuite ayant son entrée par grande & petite porte, colombier à pied à droite en entrant abreuvoir dans ladite cour, - au fond de la cour, principal manoir formant retour élevé d'un étage quarré et grenier au dessus, jardin autour desdits bâtiments dans l'un desquels est une citerne & dans l'autre un vivier, - un parc nommé “ le parcq de valence clos de murs le tout tenant aux dits bâtiments et jardin, contenant 45 arpents à raison de 20 pieds pour perche. Le tout en un enclos dans la paroisse de Dampierre. Suivent les terres … L'adjudication obtenue moyennant 22000 livres. Marie Charles d'Albert, duc de Luynes et de Chevreuse, demeure rue saint Dominique paroisse saint Sulpice.

En suite de cette adjudication, les dames assemblées, la supérieure, la maîtresse des novices, la maîtresse générale des classes, la dépositaire, de la Royale maison de Saint Louis établie à st Cyr, nomment un procureur, pour recevoir à Paris en l'hôtel de saint Cyr la foy & hommage du duc de Luynes, pour la terre & seigneurie de Valence.

Nous arrêtons là ce récit, la suite étant spécifiquement du ressort de la région de Chevreuse.

dagnot/chronique06.05.txt · Dernière modification: 2020/11/11 02:01 de bg