Corpus Essonnien

Histoire et patrimoine du département de l'Essonne

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dagnot:chronique07.06

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Le site templier de Nozay (1243 à 1908)

Cette chronique relate la présence des Templiers à Nozay (Essonne, arr. Palaiseau). De nos jours cette présence est notifiée par différents toponymes et monuments nozéens, tels que : rue du Temple, chantier du Temple, puits du Temple et rue de la Pierre levée (cf. Chronique Le monolithe templier de Nozay ).

J.P Dagnot et C. Julien - Octobre - 2007

1781 extrait tiré du plan terrier de Nozay.

Hors sujet uniquement pour le sceau: 1194 donation aux templiers par Fouques d'Orangis

Rappelons que l'Ordre du Temple fut fondé à Jérusalem en 1118 par Hugues de Payns et Godefroy de Saint-Omer ; le but de cette milice était de protéger les pèlerins affluant d'Occident depuis la reconquête de Jérusalem, «garder voies et chemins contre les brigands, pour le salut des pèlerins» ( ut vias et itinera, ad salutem peregrinorum contra latronum ). Plus tard, l'Ordre devint le banquier de l'aristocratie européenne et notamment celui du roi de France.

Les premiers documents sur Nozay

L'acte le plus ancien date de mars 1243, c'est un bail à cens de 42 arpents de terre à Nozay « Noeroy, apud Noreium » passé en présence de Guy de Villily, des chevaliers Ralduf, Gautier et Anseau. Ces terres relèvent du chevalier Anseau de Gournay « Anselli de Gornaio, militis » . Ces chevaliers sont nommés par l'abbé Lebeuf comme hommes liges du roi Philippe-Auguste pour leur terre de Villiers-sur-Nozay « Radulfus miles de Garnaio tenet Villare supra Nooreium de rege. Galerannus Li Viautres est homo regis, et debet custodiam duorum mensium ad Montem Lehericum pro terra de Vilers supra Nucereium ».

Trois ans après, un acte notarié est plus explicite. Il nous apprend que le chevalier Hébert de Montlhéry « Herbertus de Monte Lehico » fit une donation au profit des frères de l'Ordre du Temple. Ce legs comporte une grange et plusieurs pièces de terre d'une superficie totale de 67 arpents à Villiers-sous-Noeroi. Malgré le mauvais état de l'acte, on peut entrevoir par la mention « frattibz milicie templi » qu'il s'agit des membres du Temple et que les terres sont chargées de 62 sols 9 deniers de cens. Parmi les tenanciers on peut citer : Anselme de Nooroy qui paie 2 sols de cens, Pierre Mallart 12 sols 14 deniers, Bartholomé de Longpont 10 deniers.

En juin 1248, les frères du Temple de Paris ( fratibz milicie templi parisios ) acquirent par lettres, les droits féodaux sur 50 arpents de terres arables qui étaient chargées à hauteur de 62 sols parisis de cens. La transaction est consentie par le chevalier Hébert de Montlhéry pour le repos de son âme en présence des chevaliers ( miles ) Pierre de Brana, seigneur de Braye et de Gautier et Anseau de Gournay qui détiennent ce fief.

Notons également qu'en examinant le plan terrier de Nozay, on observe la présence d'une Croix Rouge à l'ouest du village, au-delà de Villiers, au carrefour sur le chemin qui conduit de Nozay à la Folie-Bessin. Cette croix est typique de l'ordre du Temple. C'est celle représentée sur l'écu du premier grand-maître Hugues de Payns .

En 1288, la maison de la chevalerie du Temple de Paris, acquiert de messire Guillaume Bataille, chevalier, la terre et seigneurie de Balisy. Ces terres (110 arpents) et l'« hostel » devinrent la Commanderie templière du Hurepoix. L'année suivante, on trouve l'acquisition de prés chargés de 8 deniers de cens par arpent à la ville de Lymessi (en bas-latin Vilis Messy ou Villememem pour Villemoisson) de Jehan de Braye, sire de Villememem, l'écuyer Jehan de Braye sire de Gisonville, et le chevalier Pierre de Chailli. La transaction est passée devant Jean de Tour le trésorier de la maison des Chevaliers du Temple de Paris pour 4400 livres parisis.

C'est après ces acquisitions, que Nozay entra parmi les possessions de l'Ordre templier parisien et fut directement rattaché à la commanderie de Balisy.

1717 localisation maison du Temple à Paris

Fin des templiers et guerre de Cent Ans

Le vendredi 13 octobre 1307 fut tragique pour le Temple. Les chevaliers sont arrêtés, leurs biens saisis. La commanderie de Balizy va passer dans le giron des Hospitaliers. L'Ordre des Chevaliers de l'Hôpital de Saint-Jean-de-Jérusalem a été l'héritier des biens templiers (bulle papale du 2 mai 1312), sauf ceux sur lesquels Philippe le Bel avait mis la main. C'est ainsi que l'on peut consulter un terrier de 1407 qui relate les biens de la « maison de Lospital de Balisy» .

Curieusement, les terres de Nozay ne sont pas mentionnées dans ce terrier. Auraient-elles disparu des tables notariées ? Il faut dire que c'est en 1456 que frère Regnault Gouré, religieux de l'Hôpital, obtient du grand prieur de France la jouissance du domaine de Balizy en récompense de services rendus. Nous reviendrons sur cette question dans la suite.

Depuis le début du XVème siècle la famille Lebourrelier est présente dans la région. Dans une déclaration de 1410, Jehan Lebourrelier signala la présence de cette famille sur Longjumeau.

Pas de documents jusqu'en 1498 : “Thibaud Lebourrelier , laboureur, demeurant à Noray près la Ville au Bois près Montlhéry, pour le profit de luy sa femme et enfant faire et confesser avoir pris et retenu à titre de rente viagère pour luy sa dite femme et enfant présents loyal mariage entre deux, du grand prieur de France frère de la commanderie du Temple de Paris, à cause de la commanderie de Balisy membre dépendant dicelle commanderie du Temple de Paris , aux vies diceux mariés, enfants et des survivants deulx… , une place nommé le temple de Noroy ou jadis dancienneté souloit avoir maison estables granches court jardin et puits le tour fossoyé allentour, contenant environ 5 quartiers assis audit noroy pour en jouir … cette prisée faite parmy 10 sols parisis, deux chapons cens de rentes annuelles et viagère à payer leur vie durant au prieur de Balizy chacun an … contenant cinq quartiers ou environ comme dit est a esté longtemps et encore est de présent en grant ruyne & désolation et ny a que haulx arbres & buissons ledit preneur sera tenu & promet en dedans quatre ans ou environ .?? et dessuler ledit lieu & le mettre en bon et suffisant estat et planter des arbres portant fruits aussi dy faire une maison manable et estables au lieu où jadis souloit estre ou ailleurs pour luy est plus convenable et le ?? entretenu en bonne valeur tant que les dix sols parisis et chappons tels que dessus puissent estre prins .. et en la fin desdites vies rendre ledit lieu bien eddifié entièrement.

En résumé, il s'agit d'un “bail emphitéotique” pour deux vies à Nozay, « d'une place nommée le Temple où souloit avoir : maison, estables, court, jardin, puits contenant 5 quartiers en fossoyez ».

(Ajout). L'examen d'un compte des années 1500, nous éclaire sur la postion de cet homme c'est le fermier de la ferme de Nozay en centre ville, il doit acquitter pour ce bail 32 septiers de bled et 16 d'avoyne. Il a donc pris en complément le bail sur deux vies du lieu où se trouve l'oratoire.

Thibaut Lebourrelier est présent en 1511 et déclare trois masures se tenant l'une à l'autre et un jardin comme il se comporte assis audit Nozay, appelées les maisons du Temple contenant cinq quartiers de terre environ enclavé de troys chemins le reste en blanc!

Depuis la fin du Moyen Âge, les autres possessions de la commanderie de Balizy à Nozay ont disparu. À partir de 1320, les malheurs s'abattent sur le Hurepoix pendant près de trois siècles. Nozay eut beaucoup à souffrir. Les habitants souffrirent d'abord de la crise frumentaire qui annonça la dépression du XIVème siècle, enfin, de tous les malheurs induits la guerre de Cent ans. Dans son histoire de Paris, Dulaure écrit : « En décembre 1359, Édouard, roi d'Angleterre, n'abandonna les environs de Paris que par défaut absolu de toute espèce de vivres : son armée depuis Montlhéry, Longjumeau jusqu'à Vaugirard, Issy et Montrouge avait tout consommé, tout dévasté ». Ce qui a été sauvé est en ruine en raison de la sempiternelle guerre de Cent ans.

C'est au milieu du XVIIIème siècle que le commandeur de Balizy établit la déclaration des biens qu'il gère et plus particulièrement ceux de Nozay reprenant les titres notariés qui étaient conservés par l'Ordre Hospitalier. Son mémoire énumère les biens que l'Ordre devrait déclarer ainsi qu'il suit: 1°) audit seigneur commandeur à cause de sa dite commanderie appartient un héritage sis à Nozay, où il y avoit autrefois un hostel avec un oratoire appelé le Temple de Nozay avec un arpent de jardin derrière ledit hostel qui estoit entouré de fossés, et en outre droit de justice jusqu'à vingt sols parisis et au dessous. 2°) item derrière ledit hostel estoit une pièce de terre de 15 arpents ; 3°) item 20 arpents estant auprès des 15 arpents ; 4°) item quatre pièces tant en bois qu'en terre montant à 49 arpents qui tenoient aux friches; 5°) item 15 sols de menus cens; 6°) item 60 arpents tant en terre que friches assis à Villiers sous Nozay . Desquels héritages ledit seigneur Commandeur ne jouit plus aujourd'hui, à la réserve du terrain où estoit lesdits hostel, oratoire et jardin; De sorte que pour recouvrer le surplus usurpé par les seigneurs voisins, ainsy que par différents particuliers, il faudroit entrer en de très grands procès dont le résultat seroit d'autant plus incertain , qu'il y a plus de deux siècles que les différents objets sont extirpés des mains de ses précédents commandeurs.

Par son aveu d'impuissance l'administrateur de Balizy reconnaît ne plus posséder qu'une masure avec un jardin d'un arpent. Il manque 144 arpents à l'appel. C'est énorme ! Mais faute de finances et peut-être aussi de preuves incontestables, il renonce à des contentieux douteux avec les seigneurs voisins. Il faut dire que le XVIIIéme siècle fut celui des procès interminables entre les détenteurs de fiefs. Rappelons-nous les multiples procédures entre le seigneur de Marcoussis et le seigneur engagiste de Montlhéry qui dureront plus de deux cents ans et dont le dernier acte fut finalement gagné par la comtesse d'Esclignac en 1786.

Plusieurs questions peuvent être adressées à ce sujet. Quelle est la raison de la négligence des administrateurs de la Commanderie ? Qui ont été les usurpateurs ? A quelle époque eurent lieu les accaparements ?

Il n'y a pas eu négligence, mais absence. Une hypothèse parmi d'autres serait de considérer que les usurpateurs ont agi après la chute du Temple au cours de ce XIVème siècle troublé par la guerre de Cent Ans. On sait que, parmi les légistes de Philippe le Bel, Guillaume de Nogaret et les frères Philippe, Jean et Enguerrand de Marigny instruisirent les procès contre les Templiers. Une lettre patente (début XIVème) confirma à Enguerrand de Marigny la haute, moyenne et basse justice sur de nombreux fiefs du sud parisien dont Villarceaux et Lunezy à Nozay. Il semble que, dès 1388, les fiefs templiers avaient disparu au moment de la prise de possession de la seigneurie de Nozay par Jean de Montagu. C'est une affaire à suivre.

L'ancien cimetière de Nozay

Le plan terrier de la seigneurie de Nozay, réalisé en 1781 à la demande de la comtesse d'Esclignac, mentionne un « ancien cimetière » au carrefour du chemin Saint-Clair avec celui de Marcoussis à Nozay (cf. plan entête). Ce lieu proche du chantier du Temple fut dénommé plus tard « la Croix de Nozay ». C'est à cet endroit qu'est planté le « monolithe des Templiers » dont l'inscription semble être une épitaphe qui fut placé sur la sépulture d'un chevalier ou d'un membre de l'ordre du Temple ou tout simplement la croix templière de la nécropole (cf. Chronique Le monolithe templier de Nozay ).

1781: Croix, église et cimetière paroissial

Mais que dire de cet ancien cimetière? Assurément, le cimetière paroissial était situé depuis des temps immémoriaux autour de l'église, il en constituait l' atrium . Ce cimetière fut déplacé à l'endroit actuel à partir de 1870. L'histoire des Commanderies templières laisse penser que les cimetières qui en dépendaient étaient peu éloignés des lieux de culte (chapelle ou église). Sachant que le mémoire de 1758 fait état qu' il y avait « autrefois un hostel avec un oratoire appelé le Temple de Nozay avec un arpent de jardin » et que nous localisons la maison sur le chantier du Temple contigu, il est aisé de comprendre l'existence de l'ancien cimetière car la nécropole paroissiale (catholique romaine) n'acceptait pas les Templiers.

Lieux-dits relatifs au Temple de Nozay

Rue du Temple C'est la rue qui mène de la rue du Gros-Chêne au carrefour de la Croix de Nozay. La rue du Temple était une des rues principales du village au XVIIIème siècle. Il semble que ce toponyme fut abandonné au XIXème siècle puisque cette rue était appelée Chemin de la Croix sous la Révolution et au début du XIXème siècle. En 1782, le cueilloir de la seigneurie de Nozay mentionne le nom des habitants de cette rue. Ce furent Jean Tassin marié à Marie-Madeleine Chartier qui passa déclaration pour « une maison sise à Nozay sur la rue du Temple contenant un espace d'une chambre basse à feu, servant de cuisine four icelle, grenier au dessus, étable à vache, etc. ».

Rue Pierre Levée Le nom de cette rue fait allusion à la colonne monumentale, dite pierre des Templiers , plantée au bord de la mare de la Croix au nouveau carrefour du CD35 (cf. Chronique). Plusieurs hypothèses ont été proposées pour expliquer la présence de ce monolithe en grès. Il serait lié à l'existence de l'ancien cimetière templier à cet endroit. En effet, le plan terrier de la comtesse d'Esclignac (1781) et le plan d'intendance de 1785 font mention de l'ancien cimetière au chantier de la Croix Boisée.

Le puits du Temple

De tout temps l'eau manqua à Nozay. C'est aussi pour cette raison que l'on trouvait de nombreuses mares tant utiles à l'élevage. Dans l'acte de 1498, nous avons vu que la parcelle du Temple tenue par Thibaud Le Bourrelier possédait un puits dont nous ignorons les caractéristiques. Par contre, les documents du XVIIIème siècle montrent que le puits communal dit « du Temple » atteignait une profondeur de 72 mètres. La délibération du 30 floréal an II nous apprend que le puits du Temple est situé sur un terrain appartenant à la commanderie de Balizy. « Le corps municipal, conseil général et les citoyens de la commune de Nozay assemblé au temple de la Raison pour y entendre la lecture des lois, instructions et proclamations, après avoir entendu celle sous le N°74 concernant la vente des domaines nationaux et biens dépendant de la ci-devant commanderie de Balizy, ont été remarqué que dans l'énumération de ces biens dont l'adjudication définitive est indiquée au 17 prairial on y a employé par erreur deux objets sous les articles 8 et 6 qui n'en font qu'un. L'article deux doit être rayé de dessus ladite affiche comme nul et incorrect et l'article 6 conservé et maintenu dans toute son intégralité. En effet, il n'existe dans la commune et terroir de Nozay que les 130 perches énoncé dans l'article 6 de ladite affiche dépendant de la ci-devant commanderie de Balisy et que ce n'est encore que par erreur qu'on y a joint à Nozay le mot Ville du Bois. Les terroirs de deux communes étant distants et limités de toute ancienneté, observation qui n'est faite que pour éclairer de plus en plus la justice de l'administration du district de Versailles sur la copie de dénonciation des territoires de la commune de Nozay d'avec celle de La Ville-du -Bois, observant les citoyens de ladite commune de Nozay que sur la portion de terre en question dépendant de la ci-devant commanderie de Balisy, il existe un puits anciennement construit pour l'usage des citoyens habitants de la commune de Nozay dont il est indispensable de leur conserver l'usage et la liberté par les motifs et raison qu'ils ont déduit pour leur arrêté du 24 mars 1792 vieux style, et du 11 ventôse dernier dont les expéditions ont été envoyées à l'administration du district de Versailles. La matière mise en délibération, l'agent national entendu, le corps municipal conseil général et les citoyens habitants de cette commune de Nozay arrêtent à l'unanimité qu'en persistant aux deux arrêtés ci-dessus datés ils renouvellent leurs réclamations tendant à être maintenus dans le droit et possession de puiser de l'eau pour leurs usages et celui de leurs bestiaux au puits bâti et construit de toute ancienneté sur la portion de terre en question. Qu'en conséquence dans le cahier des charges de l'adjudication il sera distrait de ladite portion la quantité de six perches de terre pour servir de passage à aller et venir audit puits. Arrêtant que l'administration du directoire du district de Versailles sera de nouveau invité et prié de prendre en considérations et dépens dans la sagesse la réclamation des citoyens habitants de la commune de Nozay. Arrêtent que l'expédition du présent arrêté sera envoyé dans le plus bref délai au directoire du district de Versailles par l'agent national de cette commune. Au Temple de la Raison à Nozay le trente floréal an second de la République une et indivisible et avons signé excepté Louis Rivet notable qui a déclaré ne sçavoir signer. signé – Le Gendre maire, J. Tassin of ier ., Germain Le Roy notable, Dauphin agt n al , François Cossonnet n ble , Aboillard n ble , Denis Donné n ble , Liberolle, J.C. Martin, Le Roy, Redon ».

Sous le Consulat, un échange de lettres entre le citoyen Paupe, maire de Nozay et le citoyen Préfet de Seine-et-Oise concernait des réparations du puits. La lettre datée du 10 ventôse an IX demandait la dépense d'une somme modique de 50 Frs . Dans sa seconde lettre datée du 10 nivôse an IX, le maire précisait : « Ledit puits est construit solidement, il ne s'agit que de l'écurer, rétablir la margelle, acheter une corde, un seaux et une poulie, et vous prie de nous autoriser à employer une somme de 537 Frs 65 au rétablissement dudit puits dont cette commune a le plus grand besoin ». Le 4 floréal an IX, le Préfet répondait « Citoyen, je vous ai prévenu que je ne pouvais pas vous autoriser à employer la somme de 537 Frs 65 à la réparation du puits de votre commune avant que l'on eut constater le montant des travaux à faire par un devis estimatif ». Le Préfet envoya à Nozay l'ingénieur Pioche qui admit que la somme demandée était justifiée par la grande profondeur du puits.

Le puits communal foré en 1908 et son réservoir (Christian Julien).

Pour compléter l'histoire des Templiers à Nozay, nous présentons quelques faits qui concernent le puits du Temple situé dans le chantier du même nom. En 1762, Simon Pitoux, chirurgien à Linois réclame la somme de six livres pour avoir procédé à la visite d'un cadavre mort par accident en tombant dans un puits appelé le puit du Temple situé devant la maison de Jacques Petit, tant pour la visite que pour le transport à Nozay. Le sieur Delival, geollier et concierge des prisons de Montlhéry, reçu vingt sols pour avoir assisté le sieur Pitoux.

En 1800, le maire réunit ses concitoyens pour réparer le puits du Temple. Donc à cette époque on procède à l'adjudication du curage. « Après cinq toises de fouilles, à 18 toises de profondeur, il a été trouvé dans ledit puit tous les ossements d'un cadavre, ensemble des sabots & des morceaux de jupe de laine. Le maire après enquête auprès des plus anciens citoyens et citoyennes qui sont venus audit puit pour voir les objets susdits, d'où pouvoit provenir lesdits ossements, tous d'opinion unanime m'ont déclaré que ces ossements ne pouvoit être que ceux de Marie Phavard femme de Jacques Dubois, laquelle d'esprit un peu faible, quelques jours après avoir accouché d'un enfant mâle nommé Jean Jacques Dubois dont l'acte de naissance est inscrit au registre paroissial sous la date du 5 avril 1756 et par le mauvais traitement que lui faisoit son mary, l'a quitté et disparu de cette commune, laquelle depuis ce temps n'a été vue de personne ». Curieusement, d'après ces deux actes il y aurait eu pendant peu de temps deux corps dans le puits.

Le percepteur des impositions de la commune de Nozay confirme avoir payé pour l'année 1815, la somme de 12 frs pour le qurage du puits commun au sieur Geuzard.

Le 7 mai 1852, des réparations au puits communal du Temple furent effectuées par le sieur Pamplume pour un montant de 80 Frs . À la fin du XIXème siècle, la pénurie d'eau se fit rudement sentir à Nozay à cause de l'augmentation de la population mais aussi devant les nouveaux besoins de la culture légumière. Le puits communal dit des Templiers ne suffit plus à la consommation communale, il fallut envisager d'autres solutions. Après les élections municipales de 1902, le nouveau maire Gaston Ratel convoque le Conseil municipal le 20 octobre pour effectuer des travaux qui redonneraient sa profondeur primitive au puits du Temple : « c'est-à-dire de faire le curage à vif et jusqu'au rouet de façon à redonner dans ce puits la plus grande profondeur possible et la pose d'une cuve en tôle pour éviter les ensablements ». La construction d'un nouveau puits communal fut décidée en 1904. L'entreprise de travaux publics Portet-Bernard mentionnait dans son rapport au maire que la profondeur de 120 mètres était atteinte en décembre 1906. Finalement, le puits fut foré à 180 mètres en 1908 pour un débit journalier de 4.000 litres d'eau. La grande profondeur est due à l'épaisse couche des sables de Fontainebleau qui atteint 66 mètres sur le plateau de Nozay.

Terminons cette chronique par la visite virtuelle de ce puits.

Cette visite est possible en raison de l'autorisation donnée par son auteur.

dagnot/chronique07.06.txt · Dernière modification: 2020/11/11 02:40 de bg