Corpus Essonnien

Histoire et patrimoine du département de l'Essonne

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La Seigneurie du Plessis St Thibault (1100 à 1600)

Chronique du Vieux Marcoussy ————————–Ajout novembre 2010 –Refonte décembre 2009

plan extrait de l'histoire de Marcoussis par Malte-Brun

J.-P. Dagnot

C. Julien

Situons le lieu, entre Marcoussis et Fontenay-les-Briis, plus précisément entre le Déluge et Soucy. En traversant la forêt de la Roche Turpin, des panneaux vous indiqueront une place de pique-nique qui est le point de départ pour se rendre sur les lieux ( prendre une carte IGN). Sur ces derniers restent un puits non protégé et une cave fort ancienne (d'après Morize 1871). Se munir d'une torche.

Ce lieu fut primitivement appelé le Plessis Saint-Thomas, ensuite le Plessis-Lefèvre, enfin le Plessis Saint-Thibault. Il correspond au nom des propriétaires du lieu comme nous le verrons dans cette chronique.

Le but ici n'est pas de reproduire les textes habituels souvent recopiés, mais d'essayer de concevoir un récit original. Pour la clarté de l'histoire, les documents classiques seront néanmoins cités. Egalement précisons que l'histoire de Loppigny qui est généralement confondue avec celle du Plessis fait l'objet d'une chronique distincte.

Les patronymes anciens

Nous avions déjà vu lors de la première chronique sur les seigneurs de Janvry que vers 1100, “Simon de la Brosse” donna à Ste Marie de Longpont toute sa terre qu'il possédait au Plessis …

En 1162 et 1173, une donation de terre est faite au Plessis près de Bruyères (jouxta Bruieram apud Plesiz). Mention de Hugo de Plesiz, avec Isabelle sa femme.

Entre 1150 et 1185, en examinant le cartulaire de St Florent de Saumur, la Chapelle Saint-Thomas est bâtie par Thomas II de Bruyères. Cette chapelle est citée dans une bulle du pape Urbain III. Elle est désignée “du Plesseiz”.

En 1170, un concordat est réalisé entre Mairenius, abbé des Vaux de Cernay et Hamerico, abbé de St Pierre de Bourgueil, sur la gestion des dîmes qu'ils ont en commun au Plessis (Plesiacum) près de Bruyères-le-Châtel . Les dîmes prouvent une vie à cet endroit.

Pour l'année 1201, analysons deux chartes du cartulaire de Notre-Dame de Paris concernant la chapelle Saint-Thomas du Plessis: 1°) Institutio capelle du Plesseiz “Ego Thomas de Brueris, omnibus in perpetuum notum facio, quod capelle Sancti Thome de Pleisseiz donavi, in perpetuam elemosinam, quicquid habebam in decima bladii de Briis, et duos modios vini in reditu apud Doleinville ; ita quod in eodem loco sint redditus locis aliis assignati ; si duo prefati modii non inveniantur ibidem, ego et successores mei eos tenebimur bona fide aliunde perficere. Preterea donavi eidem capelle porprisium in quo sita est domus capellani et tres summas lignorum as ardedum capellano singulis septimanis in perpetuum in nemore de Buisson. Rogavimus autem venerabilem patrem nostrum Odonem, Parisiensem episcopum, ut hanc donationem suis petentibus litteris confirmaret. In cujus rei memoriam presentem cartam sigilli mei feci impressione muniri. Actum anno Domini MCCI. ” Sa traduction: Disposition sur la chapelle Saint-Thomas de Plessis “ Moi, Thomas de Bruyères, que tous les hommes sachent que j'ai donné, en guise de perpétuelle aumône, la chapelle Saint-Thomas de Plessis à laquelle est attaché la dîme de blé de Briis et deux muids de vin provenant de Ollainville, lesquelles dîmes sont assignées aux lieux susdits. Si les deux muids ne sont pas perçus en ce lieu, moi et mes successeurs, nous en fournirons provenant d'un autre endroit. Ensuite, nous donnons le pourpris où est située la maison du chapelain et le droit de prendre, chaque semaine, à perpétuité trois fagots de bois pour le chauffage du chapelain dans le bois de Buisson. Priant notre révérend père Eudes, évêque de Paris de confirmer les présentes lettres de donation. En mémoire de cette chose je mets mon scel pour la fortifier. Donné l'an 1201 de notre Seigneur. ” 2°) Quod collatio capellae du Plesseiz spectat ad episcopum. “ Ego Thomas de Brueris, omnibus in, perpetuum notum facio quod, cum venerabilis pater Odo, Parisiensis episcopus, mihi benigne concesserit ut quandocumque, dum vixero, capellanum Sancti Thome de Pleisseiz cedere vel decedere contigerit, capellanum quem voluero ad eamdem capellam valeam presentare, et idem episcopus presentatum, si inveniatur ydoneus, recipere teneatur ; si quid juris in illius capelle presentatione habueram, quitavi omnino dicto episcopo et successoribus ejus in perpetuum, salva concessione mihi ab eodem personaliter facta, sicut superius est expressum : ita quod, post decessum meum, heredes mei nullum jus habeant, nec aliquid valeant reclamare in presentatione predicta ; sed solud Parisiensis episcopus, pro beneplacito suo, possit in memorata capella eligere quem voluerit et instituere capellanum. In cujus rei memoriam presentem cartam sigilli mei feci impressione muniri. Actum anno Domini MCCI.” Sa traduction: Le droit de présentation est transporté à l'évêque de Paris “ Moi, Thomas de Bruyères, que tous les hommes sachent, qu'avec bienveillance, j'avais fait, de mon vivant, la donation au révérend père Eudes évêque de Paris de la chapelle Saint-Thomas de Plessis pour laquelle je détenais le droit de présentation ; de même, à cause de cette donation, l'évêque acquiert, accepte et détient le droit de présentation. Ce droit de présentation de ladite chapelle est totalement abandonné à perpétuité audit évêque et à ses successeurs. Comme pour fortifier ce que j'ai personnellement donné, j'exprime ce qui suit : après ma mort, nul ne pourra réclamer le susdit droit de présentation, seul l'évêque de Paris aura ce bon plaisir, ce qu'il convient de se souvenir qu'il pourra en disposer. En mémoire de cette présente charte je mets mon scel pour la fortifier. Donné l'an 1201 de notre Seigneur. ”

Ces deux chartes sont celles qui sont citées succintement dans les ouvrages classiques. Une famille du Plessis se manifeste en 1206: Hugo fils de Renaud de Plesiz & son épouse vendent six arpens aux moines de Bruyères pour prières & obits. Rappelons également le documents exploité dans les chroniques sur Chantecoq etle Déluge, où apparaît en 1232 un chapelain du Plessis près de Bruyères, avec sa maison qui jouissait de trois charges de bois à brûler chaque semaine à prendre dans les bois du Buisson.

Quelquefois, un acte apparemment sans intérêt, permet par un détail qu'il contient, de préciser l'histoire d'un autre lieu. C'est ainsi qu'au milieu du XIIIe siècle un acte, qui ne concerne pas le Plessis Saint-Thomas, contient une phrase intéressante: Thomas de Bruyères, seigneur de Lèves, autorisa les moines de Josaphat à clore de murs de pierres leurs prés de Josaphat… Acte daté au Plessis, près les Bruyères, la veille de la Saint-Martin d'été. Nous avons là une confirmation que cet endroit est habité d'une part, et de surcroit par le seigneur de Bruyères.

Dans le dernier quart du XIIIe siècle, Pierre prêtre du Plessis près de Bruyères est également cité dans un acte des religieux des Vaux de Cernay. Ce centre de vie dans les bois accueille même un prêtre.

Nous arrivons en 1352 avec le Pouillé de Longnon, dans lequel il est fait mention du curé de Plesseio juxta Bruerias pour 10 sols dans les comptes de ladite année. Dans un autre, il est dit expressément que cette chapelle avait été fondée par les seigneurs de Bruyères et que l'on possède les Lettres dans le Trésor de l'archevêché de Saumur.

Un autre acte à première vue sans intérêt, permet également de préciser l'histoire de ce lieu. Vers le milieu du XIVe siècle, nous trouvons Thomas, sire de Bruières-le-Chastel , chevalier, d'une part, et religieuses personnes et honnestes, nos biens amés abbé et couvent des Vaulx de Sarnay, d'autre part… il s'agit d'un concordat ayant pour cause le ban des vendanges dans une vigne à Bruyères-le-Châtel … L'intérêt de l'acte réside dans la dernière phrase: Fait et donné au Pleseis de Bruières. Le domaine est donc toujours habité par le seigneur de Bruyères.

Partie de plan extrait des cartes de chasses

Les premiers documents non religieux sur le lieu

Comme toujours, c'est à la sortie de la guerre de Cent ans que des textes apparaissent. Jehan de Voisins, escuyer, seigneur d'Arques, de Puyvert et de Bruyères, déclare ses biens à Bruyères en 1455. Nous ne retiendrons, outre la forêt qui contient deux à trois mille arpents, plusieurs étangs dont un nous intéresse, il s'agit de l'étang du Plessis qui peut valoir chacun an de huit à dix livres de rente. La guerre de Cent ans n'aura pas eu d'incidence sur les propriétaires du Plessis Saint-Thomas, il s'agit toujours des seigneurs de Bruyères.

Sept ans plus tard la seigneurie change de famille, et le nouvel acquéreur, Loys de Bohan, dit de la Rochette déclare qu'il a acquis ces biens de Jehan de Voisins, escuier, auxquelles terres étaient eschues par le décès de son père, Philippe. Suit le détail de la baronnie de Bruyères et notamment ung estang appelé lestang du Plessis assis dans la forest de Bruyères qui peut valloir pour chacune pesche 50 livres parisis. A cette occasion il confime que les villages Bailleau, Couart, le petit Ru, le Plessis de Bruyères, Mulleron, & Loppigny desquels soulloient un revenu de 80 à 100 escus et de présent ne demeure personne.

Il faut attendre les années 1520 pour entendre parler à nouveau de la butte du Plessis: noble homme Loys de la Rochette escuyer seigneur de Bruyères, baille à titre de prix chef cens, portant lodz, ventes saisines deffauts amendes et aultres droits seigneuriaux, plusieurs pièces de terre. Toujours pas trace de vie dans le bois. On peut raisonablement penser que la famille de la Rochette a vendu le Plessis-Saint-Thomas à Nicolas de Neufville, ou que ces lieux ont fait l'objet d'une saisie avec mise en adjudication.

Cinq ans après, le lieu qui nous intéresse fait l'objet d'un bail à rente perpétuel et seigneurial (équivalent à une vente tant que l'on verse la rente). Le propriétaire, Nicolas de Neufville, seigneur de Villeroy et de Chantelou, cède les lieux du Plessis à Jean Lefebvre (l'acte est passé devant Estienne d'Estrechy, notaire de Chastres [Arpajon]. Malheureusement il ne s'agit que d'un intitulé dont l'acte n'a pu être trouvé, et dont nous ne pouvons reproduire seulement que les termes venant d'un autre document. La même année la chapelle Saint-Thomas-du-Plessis est citée comme relevant de l'episcopus confert (pouillé du diocèse de Paris). C'est donc à cette époque que le qualificatif du lieu passe de Thomas à Lefèvre.

En 1532, une transaction est réalisée devant Poulvain et Destaing (notaires au Châtelet de Paris), entre Nicolas de Neufville, seigneur de Chanteloup d’une part, et les religieuses de Saint-Eutrope d'autre part. Ledit sieur de Neufville, pour se libérer de 200 livres de rente qu’il s’étoit obligé de payer audites religieuses pour la fondation de leur dit couvent et monastère, il leur abandonne 100 arpents de bois taillis en la forest de Bruyères. La religieuse soeur Jeanne Russel, de saint-Eutrope-les-Chanteloup, comme c'est la coutume advoue tenir en fief foy & hommage ladite pièce de bois taillis contenant 96 arpens en la forest de Bruyères. Egalement comme il s'agit d'un ordre religieux, pour régler les droits elle nomme Jehan Laudigié, menuisier de Chastres, comme homme vivant homme mourant. Cet acte est cité car il apparaîtra un siècle plus tard dans le domaine qui nous intéresse.

La vie au Plessis-Lefèvre

La première description des lieux est contenue dans l'acte de mariage de Jacques Boudet avec Marie de Rumet. Les parents présents, du côté de la future: - Philbert Rumet écuyer, lieutenant général du baillage de Meaulx, et son épouse Marguerite Bataille pour leur fille Marye, du côté du futur: - Pierre Boudet, marchand et bourgeois de Dourdan et son épouse Marguerite Lefeur (Lefèvre), pour leur fils maistre Jacques Boudet advocat en parlement, La future apporte 1500 escus d'or pour son habillement, le banquet, une métairie près de Meaulx. Le futur apporte 120 livres de rente à sa future sur la terre & seigneurie du Plessis en la forest de Bruyères le chastel, ainsi que cette dernière donnée en avance d'hoirie sur la succession de ses parents. La terre & seigneurie consiste en: - 170 arpens de terres labourables, - 100 arpens de boys taillis en deux pièces, - 4 arpens de vignes, - ung estang contenant 14 à 15 arpens d'eau, pastilz ou saulssoye - chapelle, maison manable, granches, bergerie, estable et aultres. Ceci se passe en 1550. Les constructions ont dû être réalisées entre 1523 et la date de mariage.

A la même époque, l'honorable homme Pierre Boudet, marchand demeurant à Dourdan, père de Jacques, déclare estre propriétaire d'une maison contenant trois corps d'hotel court vollières en la ville de Dourdan, tenant les halles dudit lieu …

Dans un acte concernant la succession des biens de du seigneur de Chantelou, retenons: Nicolas de Neufville, chevalier, seigneur de Villeroy, conseiller du roy, secrétaire de ses finances et trésorier de son ordre, (sur ses vieux jours), et Jehan de Neufville aussi conseiller et audiencier en sa chancellerie et secrétaire dudit seigneur, déclarent: Mes enffans naturels et légitimes avons faict accord et passé soubz seing manuel le contenu cy après …, que ledit Jehan de Neufville prendra les maisons terres seigneurie et ferme de Villarceau, Villejust, Villevent Villeconin, Soucy, Frenes, Le plessis près les Chantellou, Anthony et toutes les appartenances desdites terres, sans rien excepté … On a confirmation de la suzeraineté des Neufville sur le Plessis dit aussi Plessis-Lefèvre du nom des acquéreurs de 1523. L'acte est en fait un partage fait par le père à ses deux enfants, Nicolas et Jean, afin d'éviter des “ haynes et procès comme l'on voit advenir dans les grosses maisons causant la ruyne dicelles” . L'aîné aura entre autre, les maisons et jardins des Thuilleries (à Paris) .

Passons sur quelques actes avec Jacques Boudet ne concernant pas le Plessis, retenons simplement en 1560, une vente de rente par notre avocat de 25 livres tournois hypothéquant la terre du Plessis, ses appartenances, située & assise en la forest de Bruyères le chastel qui se consiste: - 170 arpens de terres labourables, - 160 arpens de boys & taillis, - deux pièces de quatre arpens de vignes, - ung estang contenant quatorze à quinze arpens pastilz et saussaye, - chapelle, maison manable granche bergeries estables & aultres choses, Le tout tenu en censive du seigneur de Bruyères et chargé de six chappons de cens. …. la vente faite moyennant 300 livres tournois que ledit vendeur confesse avoir reçu. Nous avons ainsi la confirmation de l'étendue du domaine.

La même année, noble homme & saige Mr Jacques Boudet advocat en parlement confesse que au moyen du don a luy fait par dame Marguerite Lefèvre sa mère, il est à présent détempteur propriétaire des possessions et héritages cy après déclarés, au Plessy paroisse de Bruyères le Chastel consistant en: - maison mazure & chapelle, ledit lieu appelé le Plessis, tenant d'une part audit Boudet d'autre part à messire Houllier (docteur régent en la faculté de médecine de Paris)… - item de terre & bois taillis prez joignant ledit lieu contenant 15 arpens lesdits héritages en censive de noble homme Jehan de Neufville trésorier de France seigneur de Chantelou et du Plessis qui a droit de prendre cent sols et six chappons de cens et 35 livres de rente. En principe ce type de document est réalisé quand un des intervenants change. Il est raisonnable de penser que cet acte est fait suite au changement de seigneur à Chantelou, décès de Nicolas et passage à Jehan, fils puiné. Relevons que le terme “mazure” est employé.

Dans un aveu de la seigneurie de Bruyères rendu par Pierre de Ficte en 1571, ce dernier mentionne que dans ses biens se trouve l'enclave du Plessis appartenant à monsieur Boudet, avec les maisons, granches, court, jardin, verger, estangs, quelques pièces d'autre boys & autres héritages du Plessis estant dans ladite enclave. Egalement dans cet acte très instructif, les religieuses de St Eutrope de Chantelou sont citées pour ung autre fief qu'elles tiennent de présent, contenant 80 arpens de boys, dont elles ont baillé homme vivant & mourant Pierre de Santeny lieutenant du bailly de Chastres (rituel pour les établissements religieux).

En 1576, Pierre Boudet, advocat en la court de Parlement à Paris, règle ses problèmes financiers à Paris et ceux ordinaires de fonctionnement dans les études notariales de Montlhéry, ainsi il confesse avoir baillé à titre de loyer d'argent jusqu'à six ans à Michel ..? laboureur demeurant au Plessis paroisse de Bruyères, c'est à savoir une pièce de terre labourable de 41 arpens assis audit Plessis, …, le bail fait moyennant 25 livres. Il cède également à noble homme Martin Rahier demeurant à Chastres prez Montlhéry acceptant, la pesche du poisson estant de présent en ung estang audict Boudet appartenant, assis au lieu du Plessis prez Brière le chastel avec l'estiffonet?? dudit estang jusqu'au jour de mi caresme, cette cession et transport faict moyennant la somme de 80 livres tournois que ledit Boudet confesse avoir reçu dudit Rahier. Ledit Boudet baille à titre de loyer jusqu'à neuf ans jusqu'en 1586 ledit estang pour en joir pour 80 livres par chacun an, porter audit bailleur en sa maison du Plessis trois carpes & trois brochets à chacune pesche dudict estang, rendre en fin de bail l'estang en bon estat de bonde et peuplé de 500 de peuple bon et loyal de cinq à six pouces entre louye et queue.

Six mois passent , Alain Jombert, marchand de Chastres, s'oblige à payer à Martin Rahier 80 livres pour la vente de la pesche du poisson qui est dans un estang au Plessis Lefèvre appartenant à Mr Boudet et lui remettre 6 carpes moyennes & 6 brochets moyens. L'affaire ne doit pas être suffisamment rentable pour le noble homme Martin Rahier, sieur de Champ Rozé, il renonce, cède et transporte les lettres de bail qui lui ont été cédées par Jacques Boudet, à Allain Jombert, marchand à saint Germain les Chastres. Le bail en question concerne un étang assis au Plessis le Fevre “ avec la pesche dudit estang. Ledit Jombert sera tenu de payer à la mi-carême la somme de 25 livres, bailler audit Boudet en sa maison du Plessis Lefevre trois carpes et trois brochets à chaque pesche dudit estang, et payer à Pâques la somme de 80 livres tournois.

En 1584, une minute du greffe de la prévôté de Montlhéry concerne le couple propriétaire du Plessis Lefèvre. A cette époque les époux sont séparés en biens. “Damoiselle Marye de Rumet contre Mr Jacques Boudet”: l'épouse réclame 2363 escus sur ses biens, utilisés par ledit Boudet son mari, dans la communauté sur la terre du Plessis & ses appartenances. Cette année-là, la terre du Plessis parait être gérée par Martin Rahier qui sous loue à un laboureur les terres et les chambres hautes du lieu avec un grenier.

Quatre années après, un acte servant de couverture d'une liasse de minutes, mentionne Pierre de Boudet, escuier, seigneur deschanson (fief près de Dourdan), demeurant au Plessis Lefèvre , paroisse & chatellenie de Bruyères le Chastel, qui se porte fort de Marie Rumet sa mère, & Marie Boudet sa soeur, lequel confesse que la promesse faite à Jacques Boué advocat en parlement à reprendre 40 arpens assis à la butte dudit lieu du Plessis… On est amené à penser que le père est décédé.

En 1592, Pierre Boudet sieur du Plessis, et Françoise de Reviers sa femme, Marye soeur de Pierre, font échange avec Barnabé Richer, marchand de Marcoussis, procureur, de trente arpents de boys à la butte du Plessis, faisant partie de trente cinq, les Boudet prendront les cinq arpents restant les plus proches et attenant les jardins de leur maison du Plessis pour la commodité d'icelle, cet échange fait contre une rente de soixante escus au duc de Guise.

La même année, Pierre Boudet, escuyer, Françoyse de Reviers sa femme, et Damoiselle Marie Boudet soeur de Pierre, tous demeurant audit Bruyères, vendent à noble homme Charles de Belin, trésorier de l'extraordinaire des guerres…. douze écus d'or de rente.

L'année suivante, Marie Boudet fille de feu noble homme Jacques Boudet et de feue Marie de Rumet son espouze, demeurant à Bruyères, se marie avec Robert le Morhier, seigneur de Fere demeurant à Villebouzin. Comme on pouvait le présumer dans les deux actes précédents, la mère de Marie est décédée, notons comme témoin Pierre Boudet, écuyer, seigneur du Plessis Lefèvre, son frère, et noble homme Charles de Renies, écuyer seigneur de Souzy.

A partir de cette époque, les deux couples résideront au Plessis. Pierre Boudet, comme sieur du Plessis Lefèvre et Françoise de Reviers, Robert le Morhier et Marye de Boudet, tous demeurant au lieu de Bruyères vendent à noble homme Charles de Belin demeurant de présent au chasteau de Marcoussis, absent, une rente…

Un certain nombre d'actes ponctue la vie des intéressés sans apporter d'informations sur le domaine qui nous intéresse. En 1601, Pierre Boudet vend une rente à son beau-frère, toujours sur le domaine du Plessis. Seule variante, il est précisé que les bâtiments déjà cités sont couverts de thuilles.

Conclusion sur la première époque

On peut dire que l'endroit est habité depuis la fin du XIIe siècle. Comme nous le verrons bientôt, les Thomas de Bruyères vont détenir cette paroisse quelques siècles. Leur demeure principale se trouve dans le sud-ouest, et ils ont un pied à terre en région parisienne, certainement un hôtel à Paris, et également comme parisiens, le Plessis près de Bruyères, composé d'un manoir avec une chapelle, ce qui est traditionnel. Durant la guerre de Cent ans, ces personnages sont restés loin des troubles, laissant les lieux inhabités et pillés. Ni Thomas VI, ni Marguerite de Bruyères, ne sont en mesure de défendre les lieux contre les anglais. Enfin, les terres constituant cette place leur appartiennent et l'hypothèse d'un hameau ne tient pas, seul le personnel à leur service y réside.

Le hameau voisin, Loppigny, souvent confondu avec le Plessis, est plutôt celui qui est concerné et qui fera l'objet d'une chronique distincte.

à suivre…

dagnot/chronique10.02.txt · Dernière modification: 2020/11/11 03:16 de bg