Corpus Essonnien

Histoire et patrimoine du département de l'Essonne

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dagnot:chronique12.03

Le fief de la Forest appelé anciennement la Chalerie (1)

Chronique du Vieux Marcoussy –Marcoussis————— _———————————– Avril 2008

Environs de Paris par Andriveau .

JP. Dagnot

Comme à l'accoutumée, situons ce lieu entre Marcoussis et Fontenay-les-Briis. De Marcoussis prendre la départementale D3, passer devant le Déluge direction Fontenay et tourner à gauche, un panneau mentionne le lieu.

Du fait que cet endroit porte un nom commun, il n'est pas possible de le retrouver dans les cartulaires. Néanmoins on peut considérer que les transactions qui concernent ce fief sont mentionnées en la forest de Bruyères.

Documents probables

Extrait d'une déclaration censuelle du XVIIIe siècle, faite par la dame de la Roue (Linas), propriétaire de la ferme de la forest. Elle s'adresse au suzerain qui est le fameux André Pierre Haudry, seigneur de Soucy, toujours fermier général, et déclare ladite ferme. A la fin de la déclaration une annexe précisant qu'elle paie “20 sols tournois de redevance pour la permission de construire un pressoir en la ferme, accordée par Jacques de la Rochette, seigneur de Bruyères à Jehan Gourby, lors propriétaire de ladite ferme, passé par acte devant Coquelin, notaire de Bruyères le 16 décembre 1524”.

La même déclaration mentionne également que, dans la partie nord-est des 360 arpents de bois, était autrefois construite une ferme et ses dépendances dont on trouve encore aujourd'hui quelques vestiges de cave voutée, appelés les bois de la Challerie. Cet endroit correspond curieusement à Loppigny de la carte de Malte-Brun. La ferme probablement détruite au cours de la guerre de Cent Ans. Attention ne pas la confondre avec les bâtiments du Plessis-Saint-Thibaud.

Acquisition des terres par Jehan de Baillon

La première information digne de foi concernant cet endroit nous est apportée par Jehan de Baillon qui cherche déjà à étendre son domaine de Marivaux. En 1541, devant deux notaires parisiens, il baille à ferme jusqu'à sept années, à Jehan de Laulnay, 35 arpens de terre en une pièce assise au terroir de la forest de Bruyères moyennant ung muy d'avoine pour la première année et de 18 septiers les six autres années rendus à lhostel dudit de Baillon. La suite des évènements confirmera cette transaction qui concerne des terres comprises dans le futur fief.

Comme nous l'avons vu dans d'autres chroniques sur Janvry et les environs, il procède également à de multiples achats. Ces derniers confirment l'acte de 1524: - quatre arpens de boys taillis à la forest , moyennant 10 lt à Jehan Robert, charpentier de Montlhéry. - les trois treizièmes de quatre arpens…. moyennant 32 lt à Michel Gibert laboureur demeurant audit Bruyères-le-Chastel. - les deux treizième de quatre arpens venant de leur conquest, moyennant 20 lt à Charles Maulvaut, marchand boucher et Alexandre R? hostellier, demeurant audit Bruyères - deux arpens de terre en bois taillis assis au terroir de la forest de Bruyères-le-Chastel moyennant 35 lt à Emée Clément? veuve de Nicolas Raballe demeurant à Janvris. - la treizième partie de quatre arpens et demy de terre en boys taillis, avec droit de trois quartiers de terre labourable, le tout assis au terroir de la forest de Bruières le Chasteau, moyennant 9 lt à Jehan Maulvaulx marchand potier demeurant à Bruyères le Chasteau, tant en son nom que comme se portant fort de sa femme Jehanne Mullet. - deux arpens et demy de boys taillis indivis avec les héritiers de feu Gourby, item 25 arpens assis à la forest de Bruyères en la censive du seigneur de Dollainville, 2/13 de quatre arpens… moyennant 77 lt à Loys Boutet marchand espicier demeurant à Chastres sous Montlhéry. - cinq arpens de boys taillis à la forest à Brières le chastel, tenant aux hoirs de feu Vincent Gourby, au chemin de Marivaulx à Chastres, en censive du seigneur de Dolainville, chargé de 20 deniers de cens par arpen moyennant 75 lt payé en escus pistolles à Paul du Pavre, laboureur demeurant à Mulleron, se portant fort de Perrette Petit sa femme.

Création du fief de la Forest

Nous sommes en 1554. Jehan de Baillon, déjà seigneur de Marivault, devenu seigneur de Janvry, va trouver son voisin Jehan de Bohan dit de la Rochette, escuyer seigneur de Dollainville & de Bruyères pour moitié, demeurant audit Dollainville, ce dernier disant que de sa chatellenie est tenue en roture pour 86 arpens de terre en plusieurs pièces et 40 arpens de bois également en plusieurs pièces, le tout assis au terroir de la forest, le tout par ledit de Baillon, il érige en fief lesdits biens moyennant la somme de 300 lt que ledit Bohan confesse avoir reçu, Baillon sera tenu de fournir un aveu pour les biens “appelés les terres & boys du fief de la forest” à présenter à lhostel seigneurial de Dollainville.

Deux ans après, un fait divers de l'époque, où Guillaume Jubin, laboureur demeurant à Marivaulx, paroisse de Janvris, en raison de l'homicide par luy commis depuis quatre mois sur la personne de Gervais Soullart en son vivant laboureur demeurant audit lieu, rencontre Jehan de Baillon. Il a obtenu grâce par lettres de rémission et pour indemniser les héritiers du défunt et payer les frais de justice, confesse avoir vendu au seigneur de Janvry, les héritages cy après: - 33 perches de boys à Marivaulx au lieudit la forest, tenant à Jehan Jubin, d'autre aux héritiers de Justine Jubin frère & soeur, - 42 perches de terre la vente faite moyennant 21 livres tournois.

Pour ne pas alourdir la chronique, les achats de bois continuent. Le seigneur de Janvry décède subitement. Son beau-frère, Pierre de Ficte acquiert les droits de Guillaume de Baillon sur Bruyères. De ce fait il rend son aveu au roi. Dans la délimitation des lieux il est mentionné que le fief de la Forest appartient en biens, à la veuve et aux héritiers de Jehan de Baillon.

Le fief de la forêt sous Pierre de Ficte

En 1571, Pierre de Ficte, seigneur de Soucy & de Bruyères en partie advoue en une foy et hommage du Roy notre seigneur à cause de son chastellet, prevosté et vicomté de Paris, les terres & seigneuries qui ensuivent: - terres cens droits justice tabellionnage …, tuilleries, venant de l'échange avec Guillaume de Baillon, qui l'avait obtenu de la succession de son père Jehan de Baillon, qui lui l'avait acquis par eschange avec Jehan de la Rochette lors seigneur de Bruyères & à présent des Molières: - item le fief de Troux assis en la chatellenie & baronnie de Bruyères que tient de présent le sieur de Montagu (la Roue à Linas) qui se consiste en maison granges estables court jardin et 180 arpens de terre labourables, deux arpents de pré valant par an 150 lt de rente ces fiefs par moitié suivent ceux tenus entièrement par de Ficte: - item le fief de Mulleron, assis au village de Mulleron que tient damoiselle Marie de Hacqueville (belle-soeur), consistant en terre vignes bois friches à plusieurs personnes; le fief peut valoir six livres de menus cens, - item le fief de la Forest appartenant à ladite damoiselle qui est aussi tenu par elle en foy & hommage totalement du sieur advouant, tenant au chemin de Fresneau à Bruyères, qui se consiste en 132 arpens tant terre que boys pastils que genestiers & buisson qui peut valoir 80 lt de rente.

Pour les “puristes”, cet acte comporte une trentaine de pages d'où ont été extraits les lieux proches de la Forêt.

Le fief sous les Baudart et Acaquia

La dame de Janvry en difficulté pour solutionner la succession de son mari, est obligée de vendre les terres composant le fief. Elle en conserve les droits. L'acte n'a pas été retrouvé. En 1574, Georges Roger, laboureur demeurant à Marcoussis, devant Guillaume Belleseur, vend à René Baudart les logis, maison, granges, estables et terres appartenant audit Roger au lieu et terroir de la Forest pour 340 livres.

Cet achat est confirmé par une quittance où, Georges Roger, laboureur demeurant à Marcoussis, confesse avoir reçu de noble homme René Baudart, conseiller du roy nostre sire et son procureur en la grande prévosté et de son hostel, la somme de 70 lt faisant la part payée de 340 livres, mentionnée en une obligation passée par devant Guillaume Belleseur greffier et tabellion de Marcoussis à cause de l'acquisition faite par ledit Baudart dudit Roger des maisons granges et qu'il a déjà reçu 270 lt.

Dès l'achat réalisé, René Baudart, demeurant à Paris, loue ces biens et du bétail: “ confesse avoir baillé et délaissé à titre de moitié de croix de tous proffits par an jusqu'à trois ans, à Lucas St Yon laboureur demeurant à la forest, paroisse de Bruyères-le-Chastel, c'est à savoir la quantité de 75 bestes à laynes tant moutons brebis, avec 5 vaches… Ledit St Yon promet de livrer à l'hostel dudit Baudart blé avoine pareille quantité qu'il a reçu dudit Baudart pour ensemencer les terres”. Il s'agit de remettre en état les lieux et de les cultiver à nouveau.

Deux ans après, Claude de Lagranière, archer des gardes du roy, en vertu de pouvoir donné par Guillaume de Baillon, et son beau-frère Pierre de Lestoille, pour les mineurs de Marie de Hacqueville et Jehan de Baillon, s'adresse à noble homme Pierre de Ficte seigneur de Soucy, estant en sa maison de Soucy, pour présenter la souffrance des mineurs pour les foy & hommage, pour raison des fiefs de Mulleron & la Forest et mouvants dudit de Ficte à cause de son fief de Bruyères. Cet acte confirme la possession du fief en droits par le seigneur de Soucy.

La vie continue, Jehanne de Acaquia, femme Baudart, baille la ferme de la Forest à Jehan Brodan.

Cette époque est caractérisée par des solutions radicales de paiement. Lucas Sauguin, demeurant à Bruyères-le-Chastel, de présent prisonnier des prisons de la conciergerie du pallais à Paris, mis en lieu de liberté pour passer ce qui ensuit et Marie Bergerotte sa femme. Ils confessent devoir à René Baudart la somme de 190 lt, par arrest de la cour du 24 mars dernier. La femme Acaquia accepte un paiement échelonné et de le mettre hors de captivité pour luy donner meilleur moyen de paier…

Cette justice expéditive doit avoir un effet dissuasif car Jehan Brodan, laboureur demeurant à Quincampoix (Fontenay-les-Briis), résilie le bail de la ferme de la Forest parfait par noble femme Jehanne de Acaquia. De cet acte on apprend que le locataire doit deux muids de grains pour les 130 arpents et que les cens sont maintenant payés au seigneur de Soucy qui possède les droits du fief de la Forest.

René Baudart est qualifié en 1578, échevin de Paris. Il décède en 1589. La famille Akakia, (Acaquia et autres variantes) est composée de noble homme Martin Akakia, docteur régent en la faculté de médecine en l'université de Paris et de sa soeur noble femme, Jehanne Acaquia, épouse de René Baudart aussi advocat au conseil d'Estat.

Le fief sous les Mareschal

Nous arrivons en 1605, le couple Baudart a eu une fille Marguerite qui s'est unie avec noble homme Jacques Mareschal, conseiller & procureur du roy en la prévosté de lhostel et grande prévosté de France, advocat en conseils d'estat & privé de sa majesté, adjudicataire en hérédité de l'estat des controlleur, visiteur & marqueur du cuir en la ville aux faubourgs de Troyes, demeurant à Paris rue Thibaud, paroisse st Germain l'Auxerrois.

Ces charges lui permettent de bailler à tiltre de ferme et loyer d'argent, jusqu'à trois ans, à Nicollas Boissanot, taneur en cuivre, ledit estat du controlle visites & marqueur de cuivre de ladite ville de Troyes moyennant 1200 livres tounois de loyer, apporter deux cuirs de bonne vache bien tanné propre à faire des harnais à chevaulx. Le locataire apporte la caution de trois marchands de Troyes.

A Bruyères, ledit Maréchal auroit fait eschange d'une maison & d'un jardin assis audit lieu de la forest sur le chemin de Chastres avec Didier Legrand. Catherine Chevallier, femme de Didier Legrand, laboureur demeurant à la ferme de la forest, vient ratifier ce contrat en la ferme de la forest.

Toujours la même année, Ambroise Acaquia fille de feu Jehan, sieur de la Baste, disant que de son futur mariage avec noble homme Gervais Clersolier, docteur régent en la faculté de médecine, elle confirme la somme de 3.600 lt prévue pour son union. D'autre part, assisté d'un conseil de famille, elle se fait fort de Elizabeth Acaquia sa soeur, de la pourvoir de la même somme en exécution de son futur mariage avec Jacques Mareschal fils de Jacques et de Renée Baudart. Présents ce jour: - Charles Baudart, bachelier en théologie cousin germain, - Pierre Seyvin, docteur en la faculté de médecine et Anne Acaquia sa femme, cousins, - Pierre Cartier, greffier civil au Chastelet de Paris et Ambroise Acaquia sa femme, cousins.

Les informations manquent pendant une dizaine d'années, nous retrouvons Jacques Mareschal, père, demeurant à Paris, rue Thibaud, paroisse st Germain l'Auxerrois , lequel constitue Marguerite Baudart sa femme à qui il a donné plain pouvoir & puissance pour bailler à titre de ferme & moison de grain, les fermes de la Forest & Loppigny , comme bon lui semblera.

Le lendemain cette dernière, estant de présent en sa maison de la Forest, paroisse de Bruières le Chastel, baille à Deny Gauldeffroid, laboureur, à titre de ferme et moison jusqu'à six ans, la ferme de la Forest consistant en: - six vingt quinze arpents de terres labourables, sept arpents de bois, dix de prés; - il aura la jouissance de tous les logis excepté le pavillon couvert d'ardoises, le grand logis, et un certain nombre de bastiments, - item les preneurs auront tous les fruits qui sont sur les terres & dans les clos, - le cidre qui proviendra du pressurage du pressoir dudit lieu à condition de l'entretenir, - payer au seigneur de Soucy les volailles dues en cens. Le bail fait moyennant demy muid d'avoyne, quatre boisseaux de gros poix deux cents bottes de foin, demy douzaine de poulle & six grands poullets douze douzaines de pigeons trrois poinssons de cidre, - tout les bleds seront partagés esgallement et par moytié sur les champs entre le seigneur Mareschal et ledits preneurs et engranger les bled en la grange dudit seigneur. - bail à tiltre de croix deulx cents bestes à layne, et par partage par moytié esgalles, - bail à loier de onze vaches & ung torraulx, moyennant 24 livres de boeur bien sallé & accomodé par chacun an, - bail à moittyé de 22 ruches & paniers de mouches à miel qui sont dans les jardins dudit lieu.

L'intérêt de ce document est surtout de noter une modification majeure du lieu qui est devenu une résidence secondaire et le garde-manger des propriétaires. Pour éviter les désagréments de paiement, les intéressés se partagent les revenus.

Notons pour terminer cette première partie qu'en 1617, la veuve de Charles de Ficte, dame de Soucy, en son nom & turice de ses enfans mineurs, laquelle baille à titre de ferme & admodiation pour neuf années, à Jacques Lebas marchand demeurant à Nozay et Claude Breton sa femme les deux agés de 25 ans, c'est à savoir la recepte et revenu de la terre & seigneurie dudit Soucy qui se consiste en: - deux maisons, .. - revenu des bois de Soucy et du Plessis st Benoist …; - tous les lods et ventes pour les logis du Plessis Lefèvre, la Forest & Quincampoix, pour la maison du sieur Rousselet & damoiselle la Bussière.

Notes

(1) première partie de 1524 à 1617

dagnot/chronique12.03.txt · Dernière modification: 2020/11/11 18:40 de bg