Corpus Essonnien

Histoire et patrimoine du département de l'Essonne

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Les premiers seigneurs de Palaiseau

Extrait de la carte de l'Archevêché de Paris (1706).

Mai 2008

Chronique du vieux Marcoussy

C. Julien

Cette chronique révèle un nouvel aspect de l'histoire de Palaiseau (ch.-l. arr., Essonne) dont le toponyme, d'origine mérovingienne, signifie petit palais en latin Palaciolum (en l'an 663) qui est le diminutif de Palatium . Nous trouvons encore Paleisol, Paleisolum, Palesiacum, Paleseolum, Paladiolo (1203), Palatiolo (1290), Pulesiolum et Palesel (XIIIe s.).

Le lecteur trouvera deux livres qui développent l'histoire de Palaiseau en compulsant l'ouvrage ancien de Cossonnet et celui plus récent de Gabriel Dauphin (1).

Préambule

Une grande partie des actes de Palaiseau est connue par les travaux de l'abbé Lebeuf qui considère la cité comme une des capitales mérovingiennes. Palaiseau aurait existé au temps des successeurs de Clovis quand, vers 530, le roi Childebert 1er y résidant reçu saint Rigomer et sainte Tenestine« in loco qui Palatiolus vocatur perducti et praesentatti sunt ». Puis, le même historien nous enseigne que le roi Clotaire III y rencontra saint Wandrille, abbé de Fontenelle qui se fit confirmer son monastère et la donation par Hartbain, fils d'Erambert de Fillancourt d'une terre nommée Buisun ou Buison (à Marcoussis) « quod cum praedium nomine Butionem donavit, ubi aedificata ecclesia, habitacula servorum Dei constructa et collocati … ». Ceci se passait en 663.

Jusqu'au XIIIe siècle, Palaiseau dépendait de la tour de Montlhéry et relevait directement du roi, ce qui explique la présence de nombreux “ aveux et hommages” rendus au roi en personne par les seigneurs. Tous les historiens mentionnent un éparpillement des fiefs qui serait du au démembrement du domaine abbatial. Du point de vue du pouvoir ecclésiastique, Palaiseau est une paroisse de l'évêché de Paris, dans l'archidiaconé du Josas et le doyenné de Châteaufort.

Selon le pouillé de l'évêché de Paris, écrit vers 1205, la nomination de la cure de Palaiseau était accordée à l'abbaye de Bourgueil qui détenait un prieuré (Saint-Martin) à Palaiseau « abbatis de Burgolio, ecclesia de Palaciolo ». Dans le registre des décimes de 1352, nous trouvons « in decanatu de Castroforti, prior de Palaciolo, 66 sols 8 deniers » pour une taxatio de 100 livres. La procuration de Palaiseau s'élève à 10 livres 10 sols en 1384.

Le domaine de l'abbaye de Saint-Germain

Sous Pépin le Bref, Palaiseau était une métairie royale qu'on nommait Petit-Palais , Palatiolum , d'où l'on a fait Palaiseau. La terre de Palaiseau était une des plus belles et plus riches possessions de l'abbaye de Saint-Germain-de-Prés, ainsi qu'on peut le voir dans le Polyptyque de l'abbé Irminon “ Polyptychum Irminonis abbatis sive liber censualis antiquus monasterii Sancti Germani pratensis ”.

L'auteur des Miracles de saint Germain met dans la bouche de Charlemagne, âgé de 12 ans, témoin oculaire, le récit de la translation du corps de Saint-Germain en présence de son père Pépin. Ne pouvant déplacer le cercueil « ce fut en vain qu'ils essayèrent de lui faire perdre terre ; enfin fatigués de ce travail inutile, ils avouèrent tout haut leur impuissance », après avis des évêques, des moines et des seigneurs, Pépin donna Palaiseau et ses dépendances à Saint-Germain-des-Prés. Le miracle s'opéra et la translation put avoir lieu. « Mon père pleurait, les seigneurs étaient tous grandement affligés, lorsque quelqu'un dit « Si monseigneur le roi veut, dans sa clémence, prêter l'oreille au discours de son humble serviteur, je pense pouvoir lui indiquer la cause de ce qui arrive. Il existe dans le territoire de Paris une ville qui est sous votre dépendance, et qu'on nomme Palaiseau, autour de laquelle sont plusieurs petites fermes appartenant à ce monastère. Vos officiers fiscaux, forts de votre puissance, sont très insolents, très audacieux, et font beaucoup de mal dans cet endroit. Ils frappent et tuent les hommes et les troupeaux, ils ravagent les vignobles et les blés, les prés et les bois, persécutent et ruinent de mille manière les vassaux de cette église … le saint demande à votre généreuse munificence le don de cette ville » (2).

L'existence de Palaiseau est donc attestée le 25 juillet 754, date à laquelle Pépin le Bref fait don du domaine et de ses dépendances à l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés. La donation se trouvait confirmée par une inscription gravée sur le tombeau de saint Germain « Ilic, pausante S. Germano in die translationis, dedit ei rex Pipinus fiscum Palatiolum cum appendiccis suis omnibus ».

Dans le polyptyque de l'abbé Irminon (début du IXe siècle), le domaine de Saint-Germain des Prés, on lit : “L'abbaye possède à Palaiseau un manse seigneurial avec une maison et autres bâtiments agricoles en nombre suffisant. Dans ce manse, elle a 6 coutures (cultures) de terre arable, d'une superficie de 287 bonniers, où peuvent être semés 1.300 muids de froment, et 127 arpents de vigne où peuvent être récoltés 800 muids de vin. Elle a 100 arpents de pré, où peuvent être ramassées 150 charrettes de foin. Il y a une forêt d'une lieue de circuit où 50 porcs peuvent être engraissés. Elle a là 3 moulins à blé, qui rapportent un cens de 154 muids de grain. Elle y possède une église, soigneusement construite, avec tout son mobilier, dont dépendent 17 bonniers de terre arable, 5 arpents et demi de vigne, 3 arpents de pré. Elle a là 6 hôtes qui ont chacun un journal de terre arable et qui doivent, pour cela, une journée chaque semaine, un poulet et 5 œufs” (3).

Le domaine de Palaiseau aurait été inféodé par le duc de France, Hugues le Grand, abbé laïc de Saint-Germain. Au Xe siècle, la chapelle de Saclay, que les religieux de Saint-Germain avaient élevée dans une de leurs fermes du territoire de Palaiseau, fut érigée en paroisse et on y annexa l'église de Vauhallan.

Les seigneurs aux XIe-XIIe siècles

Selon diverses sources historiques, les seigneurs de Palaiseau seraient issus de la famille Le Riche qui se distingua sous Hugues le Grand et donna des prévôts et des vicomtes de Paris. Ansoud II le Riche joua un rôle important dans les affaires de son temps en recevant le conseil de régence en tant qu'un des quatre grands officiers du royaume avec Bouchard de Vendôme, Hugues de Dreux et Hugues de Meulan. On connaît Ansoud II et sa femme Rotrude comme fondateurs du prieuré Saint-Denis de la Châtres en 1006, possédant le fief épiscopal à Marcoussis et Nozay. De l'un des fils d'Ansoud, le chevalier Teudon, prévôt de Paris en 1032, frère de Guérin de Paris, seraient issus les seigneurs de Palaiseau dont Ferri (ou Fredéric) est le chef de famille.

Les Le Riche tenaient de nombreux fiefs dans la région parisienne. Vers 1082, Geoffroy Le Riche (Dives), témoin d'une donation, est nommé comme vassal du chevalier Hervé de Montmorency. La seigneurie de Palaiseau est une de celles qui appartient aux Le Riche. Vers 1073, Hugues de Palaiseau donna l'aître et l'autel de Clamart à Saint-Martin-des-Champs (4). D'après la note du cartulaire, vers 1159, Achard, abbé de Saint-Victor, “ concedit quicquid ecclesia sua habet in decima de Palesel domno Ferrico de Paris ; ejusdem castri domino ”. C'est ce Ferri, conseiller de Louis VII, que ce prince appelle en 1151 “ miles noster ”. On a de lui une charte solennelle, où il s'intitule “ ego Fredericus miles Parisiensis ”; le sceau représente un chevalier armé.

Le cartulaire du prieuré N.-D. de Longpont renseigne sur les chevaliers et seigneurs de Palaiseau. Vers 1080, on trouve Hugues de Palaiseau « Hugo de Palaciolo » témoin en compagnie de Gui de Linas, Gérard de Sauz et Milon de Châtres lors de la prise d'habit à Longpont d'Aymon de Donjon « Aymo de Donione adhuc vivens ipsa die qua monachus effectus est … ». La dot du moine comprend une terre au moulin de Grotteau « molendino nomine Grostello », ce qu'il possédait dans le fief de la forêt de Séquigny, et un autre bien dans la paroisse de Longjumeau, et l'hostise d'Herman (charte XLIX). Hugues serait un des cousins d'Aymon issu de Ferri 1er seigneur d'Yerres et du Donjon.

À la même époque (entre 1060 et 1079), Hugues de Palaiseau et sa femme Théline « Hugo de Paleisol et uxor ejus Theilina dederunt ecclesiæ Sancti Martini de Campis », d'accord avec les fils de celle-ci, Payen et Geofroi d'Orsay, donnent l'autel et l'aître de Clamart, des vignes à Arcueil et leur four de Villejuif aux moines du prieuré Saint-Martin des Champs. Walter de Bagneux et Albert (ou Aubert) de Palaiseau sont les témoins de cette libéralité. Aubert était l'oncle de Gui, seigneur de Palaiseau et tous deux figurent dans un acte des Montlhéry pour Bourgueil, qui fut confirmé en 1073. De Gui descendait Ferri de Paris . Théline était veuve de Gui d'Orsay, dont elle eut deux fils : Galeran, dit Payen-Châtel, et Geoffroi. En 1084, Payen, fils de Gui, donnait à Marmoutier les sépultures des églises d'Issy et de Fontenay. Geoffroi, d'abord clerc, se fit chevalier, se maria contre les canons de l'Eglise et se fit enfin moine à Marmoutier.

Vers 1112, nous trouvons Hilduin et Hugues de Palaiseau qui assistent Milon II de Montlhéry, seigneur de Bray-sur-Seine qui confirme les libéralités de son père Milon 1er, et son frère, Guy le Rouge, en faisant la charité d'un cheval vair aux moines de Longpont (charte XLIII). Hugues de Palaiseau est alors l'un des moines du prieuré « Hugo, monachus, de Paleseolo » (5). Le moine Hugues est témoin du legs d'Hugues Basset, qui, pour son salut, donne deux hostises à Grotteau et une terre au Mesnil de Brétigny « duos hospites apud Groetellum & terram de Mesnil apud Britiniacum » (charte CLV). Vers 1100, le prêtre André, fils de Josbert, le bourreau de Palaiseau, est témoin de la donation de Jean de Massy « Johannes de Maciaco » d'une vigne jouxtant l'aumônerie de Longpont qui rend 5 sols de cens (charte LXXXV).

Dès le XIe siècle, Massy fit partie de la vicairie de Guérin II de Palaiseau. Ses descendants furent dénommés « les sires de Maci ». Vers 1159, Achard, abbé de St-Victor reçu une part de dime de Palaiseau « concedit quicquid ecclesia sua habet in decima de Palesel domno Ferrico de Paris, ejusdem castri domino ». C'est ce Ferri, conseiller de Louis VII, que ce prince appelle en 1151 « miles noster ». On a de lui une très belle charte solennelle, où il s'intitule « ego Fredericus miles Parisiensis » ; le sceau appendu représente un chevalier armé.

Au début du XIIe siècle, les legs continuent à Longpont. Les libéralités sont faites pour le salut des donateurs et celui de leurs ancêtres « pro animarum suarum & omnium antecessorum suorum salute ». Devant Guillaume, fils de Foulques de Palaiseau, et Albert de Palaiseau, Hugues de Monteler, sa femme Helvise et leur fils Pierre donnent l'église de Saint Julien le Pauvre, située près du Petit-Pont à Paris (charte CCCXII).

Le 14 septembre 1100, le jour de l'Exaltation de la Sainte Croix, Adelaïde de Palaiseau, femme de Gautier d'Orangis, assistée de son fils Aymon, donne toute la dîme et le cimetière d'Orangis. La donation est posée devant la coupe de Saint Macaire. Parmi les témoins d'Adelaïde, on trouve Tescelin de Palaiseau et son beau-frère Eudes de Ris, sa femme Gisburge et son fils Vulgrin (charte CCCII). Puis, Eudes de Ris, Vulgrin et Gisburge donnent toutes leurs parts de dîme et le cimetière dans l'église d'Orangis. A la mort d'Adélaïde de Palaiseau, ses enfants ne pourront réclamer ce bien qui restera dans les mains des moines (charte CCCIII).

Vers 1110, Tegerius de Palaiseau, qui par de nombreux surnoms est Tescelin, étant alité par la maladie dont il mourut « Tescelinus de Palesolio jacens in infirmitate de qua mortuus est », donna toute sa part de dîme se rapportant à toutes choses dans le village de Villebon. Le jour de l'enterrement, Adélaïde, sœur de Tescelin, femme de Gautier d'Orangis et ses fils Aymon et Azso, et l'autre sœur Élisabeth, femme de Pierre de Linas, posèrent l'acte de donation sur l'autel de Sainte Marie devant la coupe de Saint Macaire. Parmi les témoins de Tescelin, nous trouvons Aymon et Azso, Pierre de Linas, Aymon de Palaiseau, Wulgrin d'Orangis et Eudes de Ris (charte CCLXXV).

En 1140, Robert Chastel d'Orsay lègue ce qu'il possédait à Pecqueuse ( Piscosas ) pour le salut de son âme. C'est la censive comprenant trois hostises, la part de four banal, et trois portions de prés jouxtant l'église appartenant à la "bienheureuse Marie de Longpont". Plusieurs personnages interviennent pour approuver ce legs : les neveux de Robert, Walter Gohori et Gilbert, le seigneur dominant, le comte Simon de Rochefort. De plus, Robert donna la moitié du fief de Corbeville qui est dans la mouvance de trois seigneurs : Baudouin Cuungerio, Gui, fils de Frédéric de Palaiseau, et Burchard, frère de Guillelme d'Orsay, surnommé Pain et Eau (charte XI).

L'étude sur les Vicomtes de Corbeil contient un chapitre consacré à Gautier d'Etampes , à qui sa femme Adèle, fille de Hugues et sœur de Gui Payen, seigneur de Palaiseau. avait apporté en dot la moitié de la dîme d'Orsonville. Le Liber Testamentorum enregistre la cession de cette part de dîme à Saint-Martin-des-Champs par Gautier, Adèle et leurs deux fils, Pierre et Anseau .

Les seigneurs de Palaiseau au XIIIe siècle

C'est dans un acte daté du jour de la Sainte-Agathe, le 5 février 1181, que nous trouvons Gui de Palaiseau et son beau-frère Hécelin V de Linas qui assistent Philippe 1er de Lévis et sa femme Elisabeth vendant pour 80 livres parisis une rente à Vitry-sur-Seine à Maurice de Sully, évêque de Paris. Galéran de Gallardon et Idoine, sa femme ; Hécelin de Linas, Lohérengie, sa femme, et Hécelin, leur fils, approuvèrent cette vente. Galéran vendit aussi à l'évêque de Paris, moyennant le même prix, l'autre partie du même revenu qu'il possédait du chef de sa femme Idoine, laquelle consentit à ce marché. Le fief semble être en partie dans les mains de la famille de Linas car Hécelin de Linas et sa sœur Rencia, femme de Gui de Palaiseau fournissent toutes les garanties légales en mettant l'acte de vente sur l'autel de Notre-Dame de Paris.

Les Lévis entrèrent dans la famille de Linas quand Gui de Lévis se maria avec Aalès, la veuve de Hécelin V. Philippe de Lévis est nommé dans le rôle des fiefs de Montlhéry, rédigé sous Philippe-Auguste, dans lequel on lit que la terre de Palaiseau avait été détachée de Montlhéry et attribuée, avec Champlan, à la prévôté de Paris, devant laquelle cette seigneurie portait effectivement ses causes. Philippe de Lévis ( de Levies ) avait épousé avant 1180 Elisabeth ou Isabelle, sœur d'Idoine, femme de Galeran de Galardon, et issue de la maison de Palaiseau. Du mariage de Philippe et Elisabeth naîtront cinq fils : Milon, Gui, Philippe, Alexandre et Simon. Elisabeth avait donné en 1210 à l'abbaye N.-D. de la Roche un étang situé près du bois de Saint-Denis, et, de plus, deux arpents de terre et de pré que Milon, son fils aîné lui avait donnés à elle-même (6).

A la même époque, Ferri de Massy lègue aux moines de N.-D. de la Roche cinq parts de son héritage et le jardin rendant 6 deniers de cens situé dans la censive de Gui de Lévis. Il obtient l'approbation de la comtesse sa mère, de son père Jean, de sa femme Marguerite et de son frère Simon. La libéralité est approuvée par Guillaume de Vaugrigneuse et Ferri de Palaiseau que le donateur appelle « amicis meis domino », mon seigneur et ami.

En mars 1202, nous trouvons Ferri de Palaiseau « Ferricus de Palesiaco » qui est caution de la vente d'une partie de la forêt d'Ivete par Milon et Gui de Lévis à Hugues abbé de Saint-Denis. La vente est concédée au prix de 800 livres moyennant 6 annuités de 133 livres 6 sols 8 deniers payables le jour de saint Jean-Baptiste. Selon l'abbé Lebeuf, le territoire de Palaiseau était très morcelé sous Philippe Auguste. Outre le successeur de Hugues de Palaiseau, Ferri III « Ferri de Palesel » et sa femme Marie, les seigneurs “ fieffés” se nommaient : Gui de Paris qui possédait le château du lieu, Etienne Maleterre, Etienne de Guener qui avait une terre autrefois tenue par Renaud de Martigny.

Au XIIIe siècle, les familles de Palaiseau et de Linas étaient alliées. En juin 1216, actant comme seigneur dominant, le chevalier Gui de Linas « Guido de Linais miles dominus predicti feodi » notifie que dame Idoine de Galardon et son fils Hervé ont vendu à Aleaume Hécelin leur terre de Villeneuve-le-Roi (charte DCCXXI). Un des seigneurs se portant cautions de l'accord est Ferri III, seigneur de Palaiseau. Ferri est fils de Gui et de Rencie (Laurence), sœur d'Hécelin V de Linas ; elle est nommée avec son frère et deux sœurs plus jeunes en 1181.

Ferri IV de Palaiseau, mort après 1204, était marié à Isabelle. En mars 1203, Ferri et Isabelle « ego Ferricus de Paladiolo dominus predicti & uxor mea Isabel » donnent et concèdent 12 deniers de cens annuel avec 100 sols en aumône perpétuelle aux frères de l'Hôpital de Saint-Jean de Jérusalem. Le droit est prélevé sur une vigne qui jouxte la terre de Palaiseau « in vinea juxta terri de Paladiolo ». Les témoins sont Buchard de Granchus, Philip de Paladiolo, Simon de Corbolio, Rainaldus de Ville Buë et Héloïse, sœur de l'Hôpital de Saclay « Helois soror hospital de Sarcleio cognominara Boue ».

Le fils de Ferri IV est Ferri V de Palaiseau qui épouse en 1213 Marie de Beauvais, veuve de Jean de Nanteau, seigneur de Nanteau-sur-Lunanin, prévôt de Paris avant 1198. Au mois de décembre 1205, Baudouin de Paris et sa femme vendirent au roi Philippe Auguste un droit de péage qu'ils avaient à Montlhery. Ce qui fut confirmé par Fréderic de Palaiseau, duquel ce droit relevait en fief, et par Hesselin de Linas, duquel il relevait en arrière-fief. En 1228, Mathieu détient le fief de Mignaux à Verrières dans la mouvance de Ferric de Palaiseau. Au XIIIe siècle, Ferri de Palaiseau est également seigneur de Massy dont le lion léopardé est celui figurant en chef du sceau. En 1220, Ferri III fut nommé exécuteur testamentaire de Pierre de Nemours, évêque de Paris.

En 1262, faute de mâles dans la maison Le Riche, la seigneurie de Palaiseau passa dans les mains de la famille Le Brun. Le roi saint Louis autorisa le mariage de l'héritière Jeanne de Palaiseau avec un Le Brun, qui devint seigneur de Palaiseau (7). Le domaine resta dans les mains de cette famille jusqu'au XVe siècle, époque à laquelle Jacques Le Brun décéda sans descendance. Ce dernier fut tué en 1415 à la bataille d'Azincourt. La seigneurie fut alors transmise à sa sœur, une autre Jeanne, épouse du chevalier Guillaume II de Harville, échansson du roi Charles VI.

Comme partout dans le Hurepoix, le village de Palaiseau et le château furent ravagés et passèrent sous le commandement des Anglais comme les châteaux de Montlhéry, Marcoussis et Dourdan. C'est l'écuyer anglais Thomas Burcho qui fut investi en 1430 comme seigneur de Palaiseau. Finalement, la paix revenue en 1436, Guillaume III de Harville récupéra le fief de Palaiseau. La famille resta implantée jusqu'au XVIIIe siècle.

Notes

(1) F. Cossonnet, Recherches historiques sur Palaiseau (Le Livre d'Histoire, rééd. de 1895) ; G. Dauphin, Palaiseau d'hier et d'aujourd'hui (Impr. Humbert & Fils, 1970).

(2) J.B. Capefigue, Charlemagne (Langlois et Leclercq, Paris, 1842).

(3) D. Anger, Les dépendances de l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés , t. II (Libr. Poussiergue, Paris, 1907).

(4) J. Depoin, Chartes et documents de Saint-Martin-des-Champs, monastère parisien (Jouve Ed., Paris, 1912).

(5) Toutes les donations sont faites à “Dieu, Sainte-Marie et aux moines de Longpont”, les moines étant le plus souvent des cadets des familles aristocratiques « … concessit Deo & sancte Marie de Longo Ponte, & monachis ejusdem loci .. ». Vers 1100, le prieuré de Longpont comptait 22 moines. Dans cette charte, nous apprenons le nom de certains sous le priorat d'Henri Brito : Hugues de Vaugrigneuse, Hugues de Palaiseau, les moines Malger et Willerme.

(6) Sous Philippe-Auguste, Philippe de Lévis détenait l'office de juge royal. Au mois de mai 1200, nous le rencontrons comme “ plège ” et caution d'un traité de paix entre le roi et Jean-sans-Terre avec les comtes Robert de Dreux, Geoffroy du Perche, Barthélemy de Roye, Gervais de Châteauneuf, Guillaume de Garlande et plusieurs autres seigneurs. Barthélemy de Roye et Simon de Montfort auraient été les beaux-frères de Gui de Lévis, fils de Philippe ; Guillaume de Barres avait épousé Amicie de Beaumont, veuve de Simon, comte d'Evreux, mère et belle-mère de ces trois chevaliers.

(7) Récemment, plusieurs fantaisies historiques ont été introduites. Par exemple, nous trouvons « … ensuite, saint-Louis maria sa fille Jeanne (???) à Le Brun qui fut nommé Seigneur de Palaiseau ».

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