Corpus Essonnien

Histoire et patrimoine du département de l'Essonne

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La ferme du Château ou la Bergerie

Mai 2008

Chronique du vieux Marcoussy

JP. Dagnot

C. Julien

Cette chronique relate l'histoire de la ferme du Château aussi dite la Bergerie à Marcoussis (Essonne, arr. Palaiseau). Situés dans la basse-cour du château, les bâtiments forment un quadrilatère sur la rive droite de la Sallemouille. Nous apprenons l'existence et la description de la mestairie de la Bergerie par la prisée du 19 octobre 1518, lors du partage des biens de la succession de l'amiral Louis de Graville, seigneur de Marcoussis « près de devant la basse cour du chasteau, tenant aux fossz d'icelluy, consistante en maison & bâtiments cour devant non close de murs, petite cour derrière close de murs, jardin clos de murs le tout contenant 4 arpens 75 perches ». Les terres dépendantes de la ferme sont constituées par 123 arpents en une seule pièce.

Les fermiers de la Bergerie aux XVIe et XVIIe siècles

Le premier fermier connu est Jehan Querlain, laboureur demeurant à Marcoussis qui afferme la Bergerie le 11 septembre 1519 devant Divry, tabellion « fut présent en sa personne, lequel de sa bonne vollonté sans aucune contrainte recognoit et confesse avoir pris et réservé à titre de ferme et moison de grain du jour de la St Martin dyver prochain jusques à neuf ans et neuf dépouilles ». Le bail est passé par les commissaires assignés « estably de par le Roy et la cour de Parlement au gouvernement des biens de feu Monseigneur Loys de Graville en son vivant seigneur de Marcoussis, Bois-Malesherbes, etc., et de Demoiselle Marie de Balsac sa femme ». Ce sont les nobles hommes messire Jehan Marcelot, secrétaire du Roy, marchand commissaire avecq Jean Basannet, bourgeois de Paris. Le bail précise les lieux « c'est à savoir la mestairie de la Bergerie et le jardin derrière ce lieu ainsy qu'il se poursuit et comporte assis devant le chasteau dudit Marcoussis avec la quantité de six vingt quatre arpents de terres labourables, pasturages en plusieurs pièces ledit preneur s'est tenu pour content pour en jouir. Le bail moyennant faict pour la quantité de six muyds six et demi de grain dont les deux parts bled et le tiers avoyne, le tout bon grain loyal et marchand, avec deux pourceaulx gras ou pour la somme de xxxii sols, le tout des fermes et moisson que ledit preneur sera tenu de payer par luy et ses hoirs »..

En avril 1545, Guillaume et Thomas de Balsac, les neveux de Jehanne de Graville, dame de Marcoussis, se partagent la terre et seigneurie « à eux échues par le décès de dame Jehanne ». La seigneurie de Marcoussis échoit à Guillaume qui reçoit la ferme de la Bergerie et ses appartenances et 99 muyds de grain. La ferme comprend les bâtiments qui se consistent en « maisons, granches, le tout couvert de tuiles, toit à porc, à vaches et aultre bestail, couvert de chaulme, partie faict en massonnerie & aultre partie en cloison de boys, ung jardin derrière clos à murs, contenant en fond de terre quatre arpents trois quartiers et six vingts troys arpents de terre labourable, prisé pour la somme de mil livres ».

Dans son aveu présenté le 20 février 1574, François de Balsac énumère « item une autre mestairye assise devant & prez le chasteau, qui se consiste en maison et 140 arpens de terres de présent tenu de moytié par Jehan Pynoteau » (1).

En 1633, le fondé de pouvoir, Pierre Poullier, baille la ferme de la Bergerie « à titre de loier & prix d'argent jusqu'à trois années » à Jehan Guyot moyennant le prix de 60 livres et une douzaine de poulets. Le même bail est renouvelé le 11 novembre 1635 moyennant pour 72 livres et 12 poullets. L'aveu du 25 mai 1648 mentionne une ferme proche la basse-cour comprenant maison, granges, clos à murs avec arbres avec la cour et 150 arpents en plusieurs pièces.

En octobre 1657, Romaine Lanoullier, receveuse de la terre et seigneurie de Marcoussis, fondée de procuration de Léon de Balsac d'Illiers, baille à titre de loyer et prix d'argent pour trois ans à Anthoine Lhuissier, marchand, demeurant en la maison ferme de la Bergerye size au hameau du Guay et à Jacqueline Rognoy, sa femme, les preneurs âgés de plus de vingt cinq ans, ladite maison ferme de la Bergerye contenant deux espasses couvert de tuille, cour jardin, les preneurs disant bien le connoitre. Il ne s'agit pas de la ferme du château, mais d'une maison au Guay. Le bail est fait moyennant la somme de 55 livres tournoy (2).

La gestion défectueuse des Illiers de Balsac

Les Illiers de Balsac d'Entragues ont mené grand train à la Cour. Proche de Mazarin, Léon 1er vivait à Paris dans son hôtel d'Elbène, près du Luxembourg et résidait peu à Marcoussis (3). De son domaine de Marcoussis, Léon tirait des revenus insuffisants dont il avait besoin pour mener sa vie dispendieuse. Il était considéré comme un des plus riches courtisans de la Cour. À sa mort en 1669, il laissait de nombreux créanciers qui l'obligèrent à vendre la ferme de la Ronce, les deux étangs et les bois voisins. Son fils Léon II d'Illiers mourut à l'âge de 67 ans en juillet 1702, laissant Marcoussis à son fils aîné. Ce dernier décèda subitement, laissant à Alexandre d'Illiers de Balsac d'Entragues son frère, la seigneurie de Marcoussis.

Du fait des dettes hypothéquant la seigneurie, Léon II de Balsac d'Illiers passe un marché avec Pierre Legendre pour l'entretien des couvertures du château et de toutes les fermes de Marcoussis et Nozay. La clôture du parc fait également partie du marché, ce dernier fait moyennant le prix et somme de 45 livres. Une expertise faite 25 ans après, constate les dégradations des biens de la seigneurie, les créanciers en sont l'origine. On peut d'après cette prestation affirmer que la ferme comprend au moins: - grande grange avec appenti, grange à foin, grande grange à bled, - grand bastiment en retour appliqué en escuries, estables à vaches, dont une ruinée par manque d'entretien, bergerie de quatre travées. - plusieurs chambres, poulier, fournil, laiterie, remises, greniers carrelés, toit àporcs. Lors de la visite, il est fait mention de l'endroit de l'ancien pressoir. Le montant des réparations s'élevent à 2439 livres, soit plus de six mois de revenus de cette ferme.

En 1701, à la demande des créanciers, Alexandre, fils de Léon II de Balsac, est obligé de faire procéder à la réparation des bastimens de la seigneurie y compris le château par adjudication au rabais. Pour la ferme du Château il fallait réparer « la tourelle à l'angle avec les Célestins avec 500 thuilles, les combles du restant de l'escurie et de l'éddifice au dessus de la grande porte 24 par 7 thoises ». En ce qui concerne un lieu nommé “au jardin”, les travaux concernent la couverture de la maison du jardinier avec un millier de thuilles, puis plusieurs petits travaux. La terre nommée “le Potager” du plan de 1782, n'appartient pas au seigneur.

En 1710, Alexandre de Balsac baille directement la ferme du château à Mathurin Villaine, marchand hôtelier de Longjumeau, pour une durée de neuf années à titre de ferme et loyer. L'acte fait état des articles suivants : - toutes les terres labourables consistant en cinquante arpents en diverses parcelles, - le pré appelé le Grand-Pré, le pré dit le Petit-Pré-Derrière, - tous les logis lieux comme cuisine, salle, fournil, grenier, écurie, bergerie, grange, étant dans la basse-cour du château dudit seigneur ainsy qu'en ont joui les précédents fermiers ledit preneur se disant content pour les avoir vus et examinés, - le pré de la Saussaye, - le pré Girard proche la chaussée du Petit Étang, - le pré dit Vaularon avec la jouissance de l'émondage des arbres, - la couppe des bois taillis appartenant à cette seigneurie, - le droit du pressoirage aux pressoirs banaux. Ledit bail est fait à la charge d'entretenir les bastiments de ladite ferme basse et lesdits pressoirs, et moyennant le prix et somme de 4.200 livres (4).

Le bail de la seigneurie de janvier 1714 mentionne “ les revenus de la ferme de la Basse-cour dudit Marcoussy avec ses appartenances et pastures et de cent cinquante arpents de terres labourables ”. Il semble que, depuis le début de l'année, Alexandre d'Illiers ne gère plus Marcoussis qu'il laisse à « haute & puissante dame Louise Philberthe de Xaintrailles, son espouze , authorizée et fondée de procuration ». Le 13 avril 1714, la dame, présente en son château seigneurial, convoque Mathurin Villaine, cy devant fermier dudit seigneur en la ferme du Château « lesquelles parties ont aujourdhuy compté ensemble, sçavoir de toutes les jouissances qui ont été faites de ladite ferme & deppendances jusqu'au jour fixé par le désistement qui a été fait à ladite dame du bail à ferme fait par le seigneur, de tous les effets, grains, deniers, provenant de la vente qui a été faite par iceux, déduction faite des sommes paiées à différents particuliers sur créances, y compris 80 livres à Fontaine, bourgeois de Paris, 31 livres à Pierre Brizard, sindicq. Le solde de 1.380 livres sera payé par ledit Villaine par sa part sur une portion de bois exploitée par ledit Villaine & consors deppendants de ladite ferme du château ».

À la mort du marquis d'Entragues en 1742, le domaine de Marcoussis passa dans les mains de son neveu Alexandre Louis Henri de Balsac qui le laissa rapidement à sa sœur Louise Jeanne d'Illiers d'Entragues mariée au marquis de Rieux. Criblé de dettes, Louis Auguste de Rieux et la marquise furent obligés de vendre Marcoussis en 1751 pour payer une somme considérable, de plus d'un demi million de livres. L'inventaire et état de la seigneurie furent dressés le 26 avril 1751. La ferme près le château tenue par ledit Jean Antoine Fauve consiste : - en une grande cour ensuite de la première cour du château avec bâtiments en trois sens élevés d'un rez-de-chaussée et greniers couvert de thuile, le premier à droite appliqué à une écurie et grenier au dessus, - ensuite une grange de huit travées avec chaise aux bas côtés vers la cour et un porche où est un volet à pigeons non peuplé, - en retour à droite jusqu'à une tourelle où il y a un escalier, un bâtiment appliqué à deux écuries ayant plusieurs entrées, l'une desquelles est pour les chevaux du seigneur, et entre lesdites écuries un poulailler, - la partie ensuite appliquée à un passage de porte charretière, de communication à la pasture et chemin au devant du grand potager de cinq arpents dont il a été parlé, à côté duquel passage est un poulailler et au dessus une grande chambre à cheminée, - ensuite du passage un fournil et deux laiteries, le bâtiment en retour au fond de la cour est appliqué en la partie à droite au logement personnel du fermier, celle du milieu en un avant corps appliqué à cinq remises dont les entrées sont en arcade avec piedroits et fermetures de grais, et celle ensuite jusqu'aux bâtiments à gauche de ladite cour est une vacherie et une serre, - les bâtiments à gauche de la cour sont appliqués au bout près le précédent dont le plancher ainsi que les poteaux sont en mauvais état, le surplus à une bergerie de six travées et à une petite grange de cinq travées, - au derrière des bâtiments au fond de la cour et en retour à droite d'iceux, un jardin potager clos en deux sens par un fossé et un puits avec “ mardelle de grais ” et potence où est la poulie, ledit potager composé de quarrés de légumes et planté de quelques arbres fruitiers. Les terres labourables et prés sur le terroir de Marcoussy dépendants de ladite ferme sont loués audit Fauve suivant que lesdites terres sont figurées sur la carte d'arpentage de 1747 dressée par le sieur Claude Becet, montant en terres labourables à 219 arpents 89 perches compris ceux qui sont autour des étangs, le tout à 18 pieds pour perche.

Le nouveau seigneur de Marcoussis, Charles Preissac, comte d'Esclignac marié à Elisabeth Chevalier demeurant à Paris, en leur hostel, grande rue Faubourg St Honoré, paroisse de la Madeleine, de la Ville-Levesque. La comtesse d'Esclignac possédait également la seigneurie de Plessis-Sebbeville (5). Les nouveaux propriétaires, Charles Preissac et dame Elisabeth Chevalier ont reconnu avoir baillé et délaissé à titre de loyer fermage et prix d'argent, pour le temps et espace de neuf années & récoltes entières et consécutives… à Pierre Marchand, laboureur du costé de Chartres. L'acte d'affermage mentionne « les bastimens de la ferme de la seigneurie dudit Marcoussis, à l'exception toutefois des cinq remises fermées à clef qui sont au fond de la cour, ceux de la grande & petite écurie situées vis à vis le bimbrelan et logement des domestiques attenant, des greniers étant au dessus des écuries et d'une chambre sur la porte de la basse cour vis à vis le potager ». Les dépendances consistent en 73 arpents de terres labourables, les prés tant dudit Marcoussis que la Ronce à l'exception de ceux du Petit Parc ainsi qu'en a joui Jean Antoine Fauve fermier précédent. Ce bail est fait aux réserves habituelles. Le preneur aura la jouissance du pressoir banal, des prés autour des grands et petits étangs et laissera auxdits seigneurs 81 arpents soit en eau soit en herbe que doit contenir le grand étang et 70 arpents que doit contenir le petit étang, lequel présent bail est en outre moyennant 4.000 livres de ferme.

L'année suivante, à la requête du seigneur de Marcoussis, Laurent Poullet, concierge dudit seigneur, accompagné de l'architecte du seigneur , se sont transportés en la ferme du Château, à l'effet de procéder à l'état des réparations locatives à faire par Jean Antoine Fauve fermier actuel. Il s'agit essentiellement de travaux de menuiserie: porte de la cuisine, porte donnant sur le jardin, porte de la cave à deux vantaux, des deux laiteries, du fournil, porte du grenier à bled, de la foulerie. Sont aussi concernées, la grande porte donnant sur le grand jardin potager (cf chronique famille Noel) et la grande porte d'entrée du côté du château. Le rapport est signé par l'architecte et son collègue « maistre es arts en l'université de Paris ».

Le 16 juin 1765, le comte d'Esclignac baille pour 9 ans, à la veuve de Jean-François Grondart, les bâtiments de la ferme à l'exception de 5 remises au fond de la cour, de la grande et petite écurie vis à vis le “bienbelain”, d'une chambre sur la porte de la basse-cour vis à vis le potager, 72 arpents de terres et prés et 64 arpents qui composaient le petit étang. La jouissance du pressoir banal fait aussi partie du bail partagé avec le seigneur, le tout moyennant 4.000 livres . Le 13 janvier 1789, Jacques Hubert, régisseur de la ferme seigneuriale obtient la main levée d'une opposition faite pour 59 livres .

La ferme du Château sous la Révolution

La comtesse d'Esclignac meurt au commencement de 1790 et ses héritiers vont émigrer en partie. En avril 1791, une estimation à l'amiable des labours semences grains bestiaux chevaux voitures de la ferme de Marcoussis est faite incessamment par deux experts, dont l'un, futur propriétaire de la terre de Marcoussis et l'autre mandataire des héritiers copartageants. Nous apprenons que la ferme est régie pour le compte de la succession par le sieur Jacques Hubert, et lesdits biens sont mis dans le lot de Marcoussis à leur estimation. L'héritier futur propriétaire gérera la ferme au 1er mai 1791.

En 1792, la ferme est baillée pour 10 ans par les héritiers de la Comtesse à Jean François Plisson, laboureur de Mauchamps. Le contract de location mentionne: - les bastimens sur 3 arpents, - 1 arpent au nord de l'autre coté de la Sallemouille, - 85 arpents au chantier du Poirier de la Chapelle, - 41 arpents à la Ronce, - 28 arpents le long de l'étang, - le grand étang qui est en eau…. Soit 310 arpents en terre, 86 arpents en prés, 27 arpents pour le Petit Parc. Le bail est fait moyennant 9.600 livres de fermage payables en trois versements de 3.200 livres . Ce bail sera ensuite rétrocédé aux citoyens Renoult et Crécy. Dans l'évaluation de la terre de Marcoussis faite le 20 septembre 1792, la ferme comprend 310 arpents de terres, 86 de prés, 41 arpents en bois, 81 arpents en étang, 27 arpents au petit parc, le tout 525 arpents qui sont loués au citoyen Plisson.

Un mémoire de l'an 2 concerne des travaux de « massonnerie et fourniture de plâtre », le tout employé par ordre du maire et des officiers municipaux pour retourner les plaques de cheminée des ci-devant château, baillage et ferme de Marcoussis, saisis sur les héritiers Esclignac, émigrés, dans le courant de brumaire an 2. Les maçons ont trouvé au château, dix plaques de cheminée décellées et recellées, à la ferme une plaque, plus trois plaques au baillage (6).

La même année, Marguerite Crécy, fermière entrante, fait constater l'état du mobilier par le maire et deux membres du comité de surveillance ainsi que les réparations locatives à faire par le sieur Plisson. A la fin du mois, deux maçons de Marcoussis, commissaires nommés par le conseil général de la commune, ont fait le constat avec l'officier municipal Jean Maitrejean, de l'état des réparations locatives à faire par le fermier sortant Plisson de la ferme du ci-devant château (7). Quatre ans plus tard, la veuve Crécy, fermière du domaine de Marcoussis, loue, moyennant 200 frs, au citoyen Jacques Amelin, marchand de mouton à La Brosse : - le droit de faire pâturer deux à trois cents bêtes à laine sur l'étendue des terres, prés, friches de ladite ferme qui se trouveront dans le cas d'être pâturées, - qu'elle fournira les bergeries de la ferme, avec grenier à foin.

Au début de l'an 8, Pierre Louis Leroux, fondé de procuration du citoyen Armand Marc Jacques Chastenet Puységur (héritier non émigré), propriétaire à Buzancy, baille à ferme pour douze années, à la citoyenne Marie Marguerite Crécy, veuve Renoult, fermière en la ferme du Château, ladite ferme constituée par: - logement de fermier : cuisine, chambre basse à feu, autre chambre à feu, fournil, cellier, cave sous les chambres, - grande cour pavée ou pierrée, abreuvoir, - laiterie, vacherie, bergeries, granges, … - volière à pigeons, - les bâtiments clos de murs ouvrant par trois portes, - jardin derrière clos de murs contenant 12.197 m2 , ouvrant par trois portes dans lequel il y a un puits dans lequel est une pompe en bois donnant l'eau à la laiterie et 50 pieds d'arbres fruitiers, - 84 hectares de terres, - 14 hectares de pré dont un traversé par la nouvelle chaussée “ au carrefour d'Auteuil”, - 4 hectares de bois. Le bail fait moyennant 6.300 frs de fermage en pièces d'argent, douze paires de poulets, douze paires de chapons gras, cent poires et cent pommes. En l'an 9, Alexandre de Lamyre , propriétaire et sa femme Elisabeth Lepelletier (autres héritiers de la comtesse), demeurant dans la Somme, baillent à ferme et prix d'argent, pour neuf ans, à Marie Marguerite Crécy, veuve Renoult, fermière de la grande ferme dudit Marcoussis, dix neuf hectares de terres labourables.

La Bergerie sous l'Empire et la Restauration

Nous sommes en l'an 11 quand Marguerite Crécy disparaît. En l'absence de Jean-Baptiste Renoult, canonnier de marine embarqué en l'an 8 à Lorient, depuis sans nouvelles, Ambroise Germain Renoult, cultivateur à Marcoussis et Antoine Alexandre Renoult, soldat à la deuxième compagnie à Orléans, sont habilités à se porter héritiers de leur mère. Le 20 floréal, il est procédé à l'inventaire après décès à la ferme du château, que la veuve tenait à bail d'Armand Chastenet Puységur, propriétaire de la ferme. C'est Ambroise Germain qui garde la ferme où le bétail comprend 8 chevaux, 14 vaches, un taureau, un porc, une chèvre, 3 moutons et 55 volailles.

Le transport du bail de la ferme est signé le mois suivant. Les héritiers réunis, rappellent le bail d'Armand Chastenet Puységur, celui de Delamyre et celui de Bressières pour le château et cinq hectares, et décident d'adjuger au plus offrant lesdits baux. C'est Ambroise Germain Renoult qui pour le prix de la licitation du bail de 5.000 frs obtient la continuation. Quelques jours après, c'est la fête à la ferme pour le mariage d'Ambroise Germain Renoult, 25 ans, avec Marie-Victoire Mainfroy, 19 ans. En décembre, Marie-Victoire Mainfroy, épouse Renoult, cautionne la licitation à l'amiable de la succession de Marie Crécy. En 1815, Ambroise Germain Renoult est toujours « fermier de la ferme de Marcoussis, y demeurant ».

Le marquis Armand Chastenet Puységur n'est jamais venu s'installer à Marcoussis. Il était représenté dans ses affaires par son procureur Louis Boudier. Le 31 mars 1820, Louis Blanc loue 20 hectares de terres et prés faisant partie de la ferme de Marcoussis. En 1822, le même Boudier passe des baux de terres de la ferme. En février 1823, Pierre Joseph Noel et Louis François Petit louent 68.360 m2 faisant partie de la ferme du lieu. En juillet, plusieurs cultivateurs signent des contrat de location ; ce sont Potron pour 4.545 m2 dans le Petit Étang, Huré pour 6.836 m2 la Ronce, Cosme Giraud pour 16.400 m2 à la Ronce, Claude Retouné pour 30.604 m2 , Michel Legendre pour 30.625 m2 et Honoré Boutry pour 34.180 m2 . C'est à cette époque que l'emplacement des bâtiments va changer de destination.

Le 7 décembre 1823, Louis Boudier, mandataire d'Armand Marc Jacques de Chastenet, marquis de Puységur demeurant à Buzancy, lequel baille à ferme à Nicolas Retourné et d'autres cultivateurs 3,8 ha faisant partie de la ferme dudit lieu moyennant 400 frs, parmi les preneurs, nous trouvons Pierre Joseph Noel, fermier du bailleur. Mention de marnière du bailleur prés la chaussée du petit étang.

L'histoire des bâtiments, du second et du troisième château existant actuellement, ainsi que l'arrivée de la marquise de Puységur avec sa fille Pauline, feront l'objet de chroniques spécifiques.

Notes

(1) L'aveu de 1574 correspond à l'intronisation du suzerain du seigneur de Marcoussis, le roi Henri III qui succéda à son frère Charles IX mort le 30 mai 1574. Rappelons que l'aveu devait être remis dans les quarante jours qui suivaient la cérémonie de l'hommage.

(2) La mention « les preneurs âgés de plus de 25 ans » fait référence à l'âge de la “majorité”, moment où une personne est considérée comme capable d'exercer ses droits sans l'aide de ses parents ou de ses tuteurs. L'âge de la majorité a varié suivant les époques, suivant le sexe des individus. En France, il était en général admis que “ la pleine capacité civile n'était atteinte qu'à 25 ans ” (Arrêtés du président de Lamoignon, 1702).

(3) Veuf Léon 1er d'Illiers de Balsac d'Entragues s'était remarié avec Catherine d'Elbène qui lui donna onze enfants.

(4) Il semble que ce bail, dont la rédaction est inhabituelle, fut écrit sans passer par le receveur.

(5) Rappelons qu'Elisabeth Thérèse Chevalier fut mariée en premières noces à Louis Frédéric Kadot, comte de Sebbeville qui la laissa veuve en 1734 après deux ans de mariage. La comtesse acheta Marcoussis pour la somme de 572.000 livres par contrat du 14 juillet 1751. Elisabeth Chevalier épousa, le 13 juin 1752, en secondes noces Charles Louis de Pressac Fezensac, comte d'Esclignac.

(6) Notons au passage que le fanatisme à Marcoussis va jusqu'à faire retourner les de cheminées des bâtiments inhabités afin de ne plus voir les emblèmes de l'ancien régime et de la royauté .

(7) Remarquons que, depuis 1789, tout ce qui touchait au pouvoir d'ancien régime devenait “ci-devant”, les choses comme les personnes.

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