Corpus Essonnien

Histoire et patrimoine du département de l'Essonne

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La ferme et le fief de Villarceau (1) (758-1638)

Chronique du Vieux Marcoussy ——————————————- _—————— ———mai 2008

Extrait du plan terrier dressé en 1781 avant son arrivée aux AD91.

JP. Dagnot

C. Julien

Cette chronique commence l'histoire de Villarceau, considéré, au Moyen Âge comme un hameau de la paroisse de Nozay (cant. Montlhéry, arr. Palaiseau, Essonne). Suivant les exemples de l'abbé Lebeuf et de Malte-Brun, nous prenons le parti d'écrire Villarceau sans - x , bien que l'on trouvât de nos jours l'orthographe « Villarceaux » avec un – x .

Toponymie et antiquités de Villarceau

L'abbé Lebeuf considère Villarceau comme le plus ancien hameau de Nozay (nommé Nooreio en latin et Noereiz en vieux français), mais ajoute « si même il ne surpasse pas Nozay en ancienneté ». Ici, notre célèbre historien voulait, sans doute, évoquer que Nozay était un domaine de l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés avec plus d'une dizaine de manses ingénuiles (cf. la chronique “ Les Antiquités de Nozay ”).

Le microtoponyme Villarceau, « Villarcel , Vilarcel » dans les chartes, possède la même origine « villa ». Quelquefois légèrement déformé en Villerseaux, Villarseau sur la carte de Cassini, on trouve Vilarceau sur le plan terrier de 1781 et le plan d'intendance de 1785. Il s'agit de la combinaison de villare et du diminutif –ellum qui donne l'idée de petit. On obtient ainsi, un Villarcellum signifiant une petite villa carolingienne siège d'une exploitation agricole. On a remarqué que les divers Villarceau de Seine-et-Oise sont toujours situés à une distance relativement faible d'un Villiers. Alors, pure coïncidence ou distinction toponymique ? Entre villare et villarcellum l'idée du “petit Villiers” pourrait être avancée.

À maintes reprises, le roi Pépin le Bref ( Pippini, regem Francorum ) se montra très généreux envers les abbayes parisiennes et notamment avec l'abbaye de Saint-Denis où il désirait être enterré. Lors de la translation du corps de saint Germain, le 25 juillet 754, il avait donné le domaine de Palaiseau à l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés. Puis, au cours de l'été 768, alors que sa santé déclinait fortement « in extremo vite positus », il légua le Hurepoix central à l'abbaye de Saint-Denis. La donation concernait principalement des fiefs et terres dans la région de Montlhéry, à l'extrémité orientale de la forêt d'Yveline (bas-latin, silva Aequalina , silva Equilina , puis vieux français, forest d'Iveline ) « laquelle avançoit alors jusqu'à la rivière d'Orge en avant vers Corbeil, après y avoir nommé le haut de Briis ». Et, le texte de la charte d'ajouter « et in Villarcelum mansum unum, in Brogarias mansum unum, apud Villare duo mansum et Ansbertovivino et Aerico Monte cum integritate ». Le roi mourut à Saint Denis le 24 septembre.

Pour l'abbé Lebeuf, il n'a aucune raison de douter de l'attribution Villarcellum à notre Villarceau, paroisse de Nozay. Sa démonstration s'appuie sur l'évidence « que Villarceau nommé comme voisin de Briis, de Brieères et de Montlhéry, ne peut être certainement que celui-ci. On n'en trouve point d'autre dans toute l'ancienne étendue de cette Forêt [d'Iveline] ».

Donc, Villarceau à été de tout temps un centre d'exploitation, une grosse ferme agricole du plateau de Nozay. Ce plateau fut certainement la clairière de la forêt d'Yveline exploitée par les deux abbayes parisiennes de Saint-Germain-des-Prés et de Saint-Denis. Au cours des siècles qui suivirent les déboisements et défrichements, les domaines abbatiaux furent redistribués par les abbés laïcs. Ainsi, vers 1006, nous trouvons le vicomte de Paris, Ansoud II le Riche donnant les dîmes du fief épiscopal à l'abbaye Saint-Denis-de-la-Châtres (cf. la chronique “Ansold et Rotrude”).

Le nom de Villarceau apparaît à plusieurs reprises au début du XIIe siècle dans le Cartulaire du prieuré de Longpont. Vers 1090, Roger de Moressart lègue à la communauté monastique de Longpont 12 sols de cens à prendre sur les hostises qu'il possède à Villarceau « XI nummos de censu, in commutacionem hunius hospitis … apud Villarcel » . Cette libéralité est faite le même jour que celle de sa femme Ermengarde et son fils Philippe donnant une terre à Savigny chargée de 3 mines d'avoine, pains et chapons (charte CXLIX). A la même époque, le prêtre Gautier donne à ce monastère un quartier et demi de vigne à Villarceau « vinee, que set in villa que nominatur Villarcel » (charte XCIV). Le même Roger de Moressart cède l'hostise d'Hugues de Rouillon à Villarceaux et toutes les droitures associées « unum hospitem, nomine Hugonem de Ruellis, cum omnibus que sibi reddi videbantur » avec l'approbation de sa femme et son fils (charte CXVI).

Vers 1100, Hermann, prêtre à Montlhéry, fait son testament et donne une vigne de son patrimoine à Villarceau « vineam suam, quam habebat apud Villarcel, dedit monachis » que les moines possèderont à sa mort (charte XCVIII). Nous trouvons également Arrald de Villarceau, fils de Foulques qui témoigne avec Thibaud de Morsang quand Hugues Wurred lègue son hostise de Longpont (charte C).

Villarceau à la fin du Moyen Âge

Nous ignorons le nom des propriétaires de Villarceau sous les règnes des Capétiens directs. Quelques documents nous informent de la situation juridique du domaine de Villarceau aux XIVe et XVe siècles. Comme celui rédigé sous Philippe le Bel, au lendemain de l'anéantissement de l'Ordre du Temple (1).

En 1314, Enguerrand de Marigny acquiert de Béraud de Mercœur les droits de justice sur plusieurs fiefs du sud parisien « Philippe par la grâce de Dieu Roy de France savoir faisons à tous présente et devenir que notre amé et féal homme et chambellan Enguerans sire de Marigny… de nous tenir et posséder à tous jours en la manière que nous les avions, tenons et possédons, c'est à sçavoir la haute, la moienne et la basse justice des lieux dessous nomez pareillement des villes de Locummel, de Champlant, de Villebon, de la Roche-lez-Palasel, de Orçay et des hameaux déppendants à la paroisse d'Orçay, de Cortavuef, de Ville Just, de Fretoy, de la Granche potevine, de Villarson, de La saussoie, de Ville Arcueil, de Ville Vent, de Linesi, de Ville seeur, de la Meson de la Plesse de Villiers-souz-Sauz, de Villegueeur-de-Sauz … ». Tous ces lieux sont déclarés « mitoyens » et nous trouvons également « … de Villiers-sous-Longpont, de Villebouzain, et de Pleseiz-Saint-Père, … , le fié de Jehan de Marcoucies assis à Bruères, … , le fié de Marcoucis y tient Pierre de Préaux lequel fié est Ronce, la ville de Marcoucie et six vinz arpens de bois et garenne . . » (2).

Dès 1388, Jean de Montagu prend possession de Marcoussis et de tous les fiefs relevant de cette seigneurie. Dans sa mouvance se trouve la seigneurie de Nozay et La Ville-du-Bois dont Villarceau relève. Désormais, les seigneurs possédant le fief de Villarceau rendront foi et hommage à leur suzerain de Marcoussis.

Le 26 mars 1410, Pierre de Marne, escuier, huissier d'armes du roy lequel advoue tenir en une seule foy & homage de très noble & puissant seigneur Loys, comte palatin du Rin, duc en Bavières & seigneur de Marcoussis (3), la moitié en indivis : - de 90 arpens de terres arables, - avecq la moitié aussi en indivis de 20 arpens de boys ou environ, - 12 arpens de pré & pastis tout en une pièce, assis au terroir de Villarceau en la paroisse de Villejust tenant d'une part à la terre de Lunesi et d'autre part au grand chemin de Lonjumel aboutissant d'un bout aux prés de la Saussoye et d'autre bout à lostel de Villevent , à cause de sa seigneurie de Nauzay.

Pierre de Marne peut avoir pour père ou grand-père Adam de Marne qui fut, avec René Menet, un des seigneurs possédant un arrière-fief à Nozay vers 1386 dont Jehan de la Neufville rendant foi et hommage au seigneur de Marcoussis (cf. la chronique “Les arrière-fiefs de Nozay au Moyen Âge”). Nous trouvons également « messire Pierre de la Neuveville, chevalier appelé Nouroy » faisant son devoir féodal devant Guillaume Despréaux en juillet 1367. Il semble que ces personnages étaient originaires de Champagne. Pierre et Jehan de Neufville pourraient être les cousins des Neufville, échevins d'Orléans, qui resteront à Nozay pendant plus de deux siècles ; comme nous le verrons par la suite.

Au XVe siècle, les terres de Marcoussis tombent dans les mains de la famille Malet de Graville quand Jean V Malet épouse Jacqueline de Montagu, veuve de Georges de Montbazon, sire de Craon. Le 19 octobre 1518, eurent lieu la prisée et le partage des biens de la succession de messire Loys de Graville. Dans un acte dressé quelques jours plus tard, nous trouvons : maison, trois arpens & 101 arpens 8 perches de part et d'autre du chemin de Nozay à Villiers et d'autre bout aux terres de la métairie de Villarceau.

Les Neufville seigneurs de Villarceau

Début du XVIe siècle, Nicolas de Neufville devient seigneur de Villarceau. En 1523, une déclaration de bail à cens au chapitre de Linas pour la “haye Saint-Merry”, par noble homme Nicolas de Neufville, sieur de Villeroy et Chanteloup. En 1541, une mention en marge d'une déclaration aux religieux de Saulx par Thevenin, de terres tenant au seigneur de Villeroy. En 1549, Pierre Mauduit, laboureur demeurant à Fretay, cède à Jehan Ledoner, demeurant à Villarceau paroisse de Nozay, demy arpen de terre en trois pièces à Nozay , l'une tient au seigneur de Villeroy, au ruisseau de Roullon, le tout en la censive du seigneur de Villeroy. La vente est accordée moyennant huit livres tournois.

Nous ne traiterons pas ici l'histoire de la famille de Neuville, bien qu'elle ne manquât pas d'intérêt puisqu'au XVIe siècle possédant de nombreux fiefs dans la châtellenie de Montlhéry dont la seigneurie de Chanteloup, paroisse de Saint-Germain-lès-Châtres. Nicolas II de Neuville, seigneur de Villeroy, secrétaire des finances, eut « la terre et l'hôtel de Chanteloup » du roi François 1er qui reçut en échange le 12 février 1518 la maison des Tuileries à Paris pour “Madame Louise de Savoye”. Nicolas II marié à Denise du Museau eut deux fils : Nicolas III, ancêtre des duc de Neufville-Villeroy et Jean de Neuville, secrétaire de la chambre du roi en 1549 (4). Ce Jean de Neuville était marié à Geneviève Alard, fille de Guillaume Alard, conseiller au Parlement et de Valentaine de Reillac. Il était titré seigneur de Chanteloup, Bouconvillier, Hardeville, Cresnes, La Grange-sur-Villeconin et Villarceau. Il fut bailli de Chaumont et Magny.

Généalogie de la famille de Neufville au XVIe siècle (d'après le Père Anselme).

Le 10 avril 1553, Nicolas de Neufville, chevalier, seigneur de Villeroy, secrétaire du roi en ses Conseils et trésorier de l'Ordre de Saint-Michel, fait le partage de ses biens en présence de son fils cadet Jehan de Neufville aussi conseiller et audiencier en sa chancellerie et secrétaire dudit seigneur. L'acte mentionne « … mes enffans naturels et légitimes avons faict accord et passé soubz seing manuel le contenu cy après, … , que ledit Jehan de Neuville prendra les maisons terres seigneurie et ferme de Villarceau, Villejust, Villevent Villeconin, Soucy, Crenes, Le Plessis près les Chantellou, Anthony et toutes les appartenances desdites terres, sans rien excepté … ».

Le 11 août 1554, messire Jean de Neufville, seigneur de Chanteloup et du fief de Villevent rend foi et hommage à messire François Olivier, seigneur de Leuville, du fief de Villevant et ses dépendances situé en la paroisse de Villejust, tenant et mouvant dudit Messire de Neufville à cause de son fief de la Poitevine. En 1566, Jehan de Neuville, seigneur de Chanteloup, confesse avoir vendu une terre à Jehan Duboys, marchand « c'est à savoir un demy arpent au terroir de Villejust chantier dit des Villevents, tenant au seigneur de Chantelou … ». En octobre 1574, Mathurin Haniard, laboureur demeurant à Villejust, vend à Jehan Duboys marchand un demi arpent de terre à Villejust chantier dit Villevent, tenant au seigneur de Chantelou et aux héritiers du président Dormy. Ce fief ne comporte plus à cette époque que des terres et des bois.

Les fermiers et laboureurs au XVIe siècle

Nous verrons plus en détail dans la suite que la ferme de Villarceau était très étendue sur le plateau de Nozay : plus de 500 arpents, soit plus du tiers de la superficie cultivable de la paroisse. A la Révolution, la surface de Villarceau est comptée comme étant de 413 arpents déclarés en terres de première catégorie. En règle générale, le domaine est affermé à un riche laboureur et quelques lopins de terres circonvoisins sont cédés à d'autres cultivateurs.

Le 6 novembre 1576, Jehan Ledourd laboureur demeurant à Villarceau, paroisse de Nozay, agit au nom et comme tuteur d'Henriette Ledourd « fille de demoiselle Vincent, jadis sa femme, et de luy ». Il place sa fille « chez son nepveu comme administrateur de la myneure ».

Trois ans plus tard, Marin Chastain (5), marchand demeurant à Villarceau, paroisse de Nozay, « comme soit disant et déclarant avoir les droits du seigneur de Chantelou » confesse avoir eu de Jehan Ledour, laboureur demeurant audit lieu, « la somme de 110 escus, concernant des quarterons de thoisons de laine ». Le 12 juin 1579, le même Marin Chastain, laboureur demeurant à Villarceau, vend une rente à noble homme Claude de la Gravière , archer des gardes du Roy demeurant à Paris. Puis, nous trouvons encore « honorable homme » Marin Chastain, marchand demeurant à Villarceau, paroisse de Nozay, lequel confesse avoir vendu à plusieurs « la couppe et tonture de la moitié des bois & taillis assis à Villejust » (6).

Fin février 1580, Mathurin Breton, laboureur demeurant à Villejust confesse avoir vendu à Mainfroy Nepveu, laboureur demeurant à Chenanville, un demy arpent chantier des Villevents tenant d'un bout au seigneur de Chantelou. On voit, dans un acte de 1581, Jehan de Balsac bailler à Marin Chastain, marchand et laboureur demeurant à Villarceau paroisse de Nozay « une ferme et mestayrie assize aux Viviers ». En octobre 1582, après s'être installé à Viviers, notre fermier revient à Villarceau. Audry de la Noue , laboureur demeurant de présent à Villarceau, paroisse de Nozay, confesse avoir ceddé et quité à Marin Chastain, marchand et laboureur demeurant à Viviers paroisse d'Orsay, une ferme et mestairie appelée la ferme de Villarceau . Le bail des terres, accepté par le seigneur de Chantelou, comprend « quatre chevaulx baillés audit Chastain ».

Le 5 juin 1584, Marin Chastain, marchand reconnaît avoir fait des comptes avec deffunt Claude Jarlier en son vivant, secrétaire et entremetteur de Messire Jean de Neuville, chevalier, seigneur de Chantelou, Bouconvillier, Villarceau et Villejust, conseiller et maitre d'hostel ordinaire du roy « de tous les arrérages de ferme que ledit Chastain devoit audit seigneur à cause des fermes & métairies appartenant audit seigneur assises audit Villejust & Villarceau ». Le fermier serait redevable de 362 livres . Le solde est effectué avec Nicollas Bessin, secrétaire dudit seigneur de Villarceau.

À l'été 1584, Jehan Goulon, vigneron demeurant à la Poupardière, fait un marché avec Marin Chastain, laboureur demeurant à Orsay « de faucher en la saison d'aoust prochaine toutes les avoynes qui sont ensemencées sur les terres de la ferme de Villarceau que ledit Chastin tient à moison du seigneur de Chantelou, moyennant dix sols pour chaque arpent ; réserve est faite au cas où Gouton serait malade pas de dommages ni intérêts ».

Le 12 novembre 1585, Claude Petit, laboureur demeurant à Villarceau, paroisse de Nozay passe un bail « c'est à savoir cent bestes à laynes tant malles que femelles » avec conditions de garde, nourriture et décès ; lequel confesse avoir retenu à titre de bail de haut et puissant seigneur Messire Jehan de Neufville, chevallier seigneur de Chantelou & Bouconvilliers, conseiller et maistre d'hostel ordinaire du Roy, bailly de Boissy et Chaulmont ». Dans un acte passé le 6 mai 1588, c'est Jasques Petit, laboureur et Emée Peuvrier, sa femme, demeurant à Villarceau, paroisse de Nosay qui sont concernés.

En mai 1592, il semble que Gabriel Leboucher, curé de Villejust y demeurant, soit procureur du seigneur de Villarceau. Le prêtre confesse « avoir ceddé et transporté à Michel Musnyer laboureur demeurant audit Villejust, le droit de bail à loyer fait par le seigneur de Chantelou d'une ferme & mestairie audit seigneur appartenant assis audit Villejust qui se consiste de maison manable, granche, estables couverts de thuille & chaulme, cour, jardin, terres labourables et trois arpens de pré audit Villejust et ses environs selon que le ceddant a dit estre du bail prcédédent par devant Claude Dauvergne, notaire royal, à Chastres ledit ceddant a dit pour neuf années moyennant six vingt escus d'or sol » . Des conditions spéciales concernent le « coulombier de ladite ferme » où sont logées deux douzaines de pigeonneaux. Le contrat mentionne également la possibilité de diminution du bail « en cas de perthes notoires soit par guerre ou autre » et l'obligation de prendre « 63 arpens labourez et aide un muyd de bled pour ensemencer ». Les désastres des guerres de religion de 1590 ont rendu les intervenants très prudents.

La succession de Jean de Neuville

En 1593, Jehan de Neufville, seigneur de Chanteloup, est « maître d'hôtel chez le roy » . Le 14 mai, il est présent « avecques Hiérosme Lemaitre, seigneur de Bellejamme » quand Suzanne de Chabanne organise sa succession en faisant son le testament et dictant ses dernières volontés. Elle est la veuve de Jehan Ollivier et nomme un procureur pour exécuter cette succession. L'acte est rédigé dans le jardin de la veuve d'Amagnon Lehoux. La présence de Jérôme Le Maître vient du fait que les biens de la testatrice sont situés dans le fief de Villejust mouvant de la seigneurie de Guillerville. Au mois de novembre de la même année, François Regnault, marchand de Marcoussis, fait son rapport de visite d'une « pièce de bois taillis assis audit lieu de Villarceau, paroisse de Villejust, appartenant au seigneur de Chanteloup ».

Jehan de Neufville décède le 22 septembre 1597 à l'âge de 70 ans et fut inhumé en l'église Saint-Eutrope de Chanteloup (7). Son épouse Geneviève Allard lui donna trois enfants : Jean de Neufville , seigneur de Chanteloup, secrétaire de la chambre du roi en survivance de son père, mourut sans avoir été marié ; Madeleine de Neufville , première femme de Jean Bochard, seigneur de Champigny, premier Président au Parlement de Paris et Anne de Neufville , mariée à Christophe de Thou, seigneur du Plessis-Pasly, maître des Eaux et Forêts de l'Île-de-France (8). De ce mariage vint Auguste de Thou et Anne de Thou, femme de François Savary, marquis de Breves et de Mauletrier, ambassadeur à Constantinople puis à Rome. Ce couple eut un garçon Cosme Savary .

Le 31 décembre 1597, la réunion de famille comprend noble homme Christophe-Auguste de Thou, gentilhomme ordinaire de la chambre du roy, grand maistre des eaux & forest de France, seigneur du Plessis, comme père & légitime administrateur des personnes & biens d'Auguste de Thou âgé de trois ans, d'Anne de Thou âgée de douze ans, enfants mineurs de luy & sa femme dame Anne de Neufville, et Jean Boschard, conseiller du roy en sa cour de Parlement & président, et tuteur de ses enfants mineurs et de Magdeleine de Neufville jadis sa femme, tous héritiers de Jehan de Neufville, vivant chevalier, seigneur de Chantelou & Bouconvilliers, leur ayeul maternel. « Nous sommes transportés devant la principale porte du chasteau de Marcoussis auquel lieu ont demandé si Messire François de Balsac, …, est audit chastel pour luy bailler et donner souffrance de ses vassaux mineurs de luy faire & présenter les foy & hommage. A qouoy est survenu Damien de Hirebec, escuyer, capitaine pour le seigneur d'Entragues audit chasteau auquel les sieurs de Thou et Bochard, …, présentent les foi & hommage à cause de partie du fief de Villarceau venant dans la succession de feu Jehan de Neufville, leur aïeul, mouvant de la terre & seigneurie de Nozay ».

Nous savions que Villarceau était un fief mouvant de Marcoussis. Tous les actes notariés font référence au seigneur de Chanteloup, comme l'acte de 1603, concernant un bail à rente à Villejust d'une pièce de terre « attenant au seigneur de Chantelou ». Le 15 mars 1605, un autre acte mentionne la censive dudit seigneur, donc Villarceau est un arrière-fief. De 1612 à 1620, Georges de la Vanne est nommé comme laboureur à la ferme de Villarceaux, paroisse de Viljust et Nozay. Le 1er avril 1619, Georges Delavanne, laboureur demeurant en la ferme de Villarceau & Perrette Trotier sa femme, marient leur fils Jehan, à une demoiselle Arsac. L'un des témoins est Jacques Lebas « recepveur de la seigneurie de Soucy ». La dot consiste en deux vaches et 200 livres tournois.

Par devant deux notaires parisiens, la succession d'Anne de Neufville est liquidée par ses enfants le 6 mars 1620 sous la forme d'une donation entre vifs. Augustin de Thou donne à sa soeur Anne de Thou, femme de François de Savary, divers fiefs dont Chanteloup et les fermes de Villarceaux & Villejust. C'est une donation entre vif irrévocable « Augustin de Thou à présent en la ville de Rome donne à sa soeur, femme du sieur de Bresnes, les lieux & fiefs de la fosse à Estampes, ….., Chanteloup, item les fiefs terres ou ferme de Cresne, Villeconin, Saint-Vrain, Villarceaux & Villejust, …. provenant de partage et division qui ont été fait entre lui & ladite dame ».

En décembre 1629, le seigneur de Chanteloup passe un aveu et dénombrement devant Jacques Vacher, notaire royal à Montlhéry, pour son fief de Villarceau. Le 9 février 1631, Anne de Thou fait donation du fief de Villarceau à son fils Cosme Savary. L'acte est passé devant deux notaires à Paris. Le 15 mai suivant, Cosme Savary fait son devoir féodal et rend foy et hommage à Messire Jérôme Le Maître, seigneur de Bellejame et Guillerville à cause de son fief de Villejust mouvant de Guillerville.

Finalement, Villarceau change de propriétaire, passant des mains des Neufville à celles des Louvain par un échange entre messire Louis de Louvain, conseiller du roi et contrôleur général des tailles de la généralité de Soissons, marié à Elisabeth de Félissan et Cosme Savary, marquis de Mauleuvrier. L'acte est passé le 4 mai 1638 devant maître Vacher, tabellion au baillage de Chanteloup. La description du domaine de Villarceau en est donnée : - la maison et fief de Villarceau consistant en trois espaces, cour, grange et autres lieux, parties couvertes de thuilles et l'autre en chaume, situés en la paroisse de Nozay, - neuf arpens de patis et garenne, situés derrière ladite maison, - quatorze arpens de bois taillis, tenant à ladite maison et auxdits neuf arpens, - le fief & mazure de Vilvan situé près ledit Villarceau et les censives et droits seigneuriaux dépendant desdits fiefs, - trois arpens au gros chesne Poitevine, -….., - 26 arpens à la grande mare de Vilarceau, - 31 arpens où soulloit est le moulin à vent , tenant d'une part au clos de ladite maison,, d'autre au chemin de Nozay à Roullon, d'un bout audit seigneur d'Entragues d'autre à la pièce suivante, - 32 arpents en hache au dessous dudit moulin à vent , tenant d'une part audit chemin de Nozay d'autre audit bois de Villarceau. Ledit fief de Villarceau relevant du seigneur de Marcoussis et celui de Villevant du seigneur de Leuville. Une autre description de Villarceau cite « un fournyl, une bergerie et la quantité de six vingt treize arpents de terres labourables » avec mention du président de Novion comme voisin.

Fin de la première partie. À suivre.

Notes

(1) Bien que certains écrits attribuent la ferme de Villarceau comme bien templier, aucun document ne renseigne sur cet aspect.

(2) Enguerrand de Marigny (vers 1260-1315) était chambellan et ministre du roi Philippe IV le Bel. Homme cultivé, courtisan adroit, il eut toute la confiance du roi. Après l'arrestation des Templiers et le procès auquel participa son frère Philippe de Marigny; Enguerrand reçut de nombreux fiefs en récompense. Accusé d'avoir reçu des pots-de-vin par Charles de Valois, il fut arrêté sur ordre du roi Louis X et condamné à la pendaison le 30 avril 1315 au gibet de Montfaucon.

(3) Après l'exécution de Jean de Montagu le 17 octobre 1409, Marcoussis fut attribué au fils aîné du roi, Louis, duc de Guyenne. Au commencement de 1410, ce prince donna la terre de Marcoussis à son oncle maternel, Louis de Bavière, en guise de présent pour le mariage que le frère de la reine Isabeau devait contracter avec la fille du roi de Navarre.

(4) La branche orléanaise des Neufville a produit une noblesse de robe au service de l'Etat. Nicolas II avait préparé pour ses fils une carrière brillante, suivant l'ascension sociale de sa famille en donnant résolument un air noble à cette lignée, héritière de marchands de poissons aux halles parisiennes. Le célèbre écrivain Saint-Simon a produit des propos railleurs sur les origines des ducs de Villeroy. Le plus vieil ancêtre connu, Richard de Neufville, originaire de Dieppe, faisait le commerce de la marée après s'être installé à Paris où il épousa Simone de Gisors avant de mourir le 18 février 1401. Nicolas II de Neuville avait recueilli en 1524 l'héritage de Pierre Le Gendre, son oncle maternel, à condition qu'il porte son nom et ses armes. Par ce testament, les terres de Villeroy, d'Hardeville, de la Chapelle-la-Reine, d'Halaincourt, de Magny et de Conflans entraient dans les biens de la famille de Neufville.

(5) Nous optons pour « Chastain » bien que l'on trouve différentes écritures telles que : Chastand, Chastan, Chastin.

(6) Nous pouvons remarquer le degré dans les titres sous l'Ancien régime. L'homme le plus simple est cité par son nom de baptême, puis on dit « noble homme » pour un bourgeois ou un personnage aisé, comme c'est le cas du fermier de Villarceau, considéré peut-être par d'aucuns comme le “coq du village”. Le petit seigneur est nommé par « messire » ou « noble homme » alors qu'un grand personnage aura droit au « hault et puissant seigneur ». Sans compter les altesses et princes « très hault et très puissant seigneur et prince, messire … ».

(7) Il y a un désaccord entre le Père Anselme et l'abbé Lebeuf. Le premier donne le 22 septembre, alors c'est le 22 décembre pour le second. L'abbé Lebeuf donne l'épitaphe en faisant une autre faute (1397 au lieu de 1597) en lisant « Cy gist Messire Jehan de Neuville, chevalier, … qui trépassa le 22 décembre 1397 le 70 de son âge ».

(8) La famille de Thou (l'une des plus célèbres familles du XVIe siècle) d'origine champenoise s'était fixée à Orléans. Vers 1460, Jacques de Thou s'installe à Paris où il est avocat général à la cour des Aides. Son fils Augustin, président à mortier au Parlement devint seigneur de Villebon-sur-Yvette. Le fils aîné de celui-ci, Christophe de Thou, devient premier président du Parlement en 1562 et son frère est l'évêque de Chartres Nicolas de Thou qui sacre le roi Henri IV en 1594.

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