Corpus Essonnien

Histoire et patrimoine du département de l'Essonne

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Le fief de la Poitevine

Le fief de la Poitevine sur le plan terrier de la comtesse d'Esclignac.

Juin 2008

Janvier 2009

Chronique du vieux Marcoussy

JP. Dagnot

C. Julien

Cette chronique concerne le fief de la Poitevine , hameau de la paroisse de Villejust (cant. Villebon-sur-Yvette, arr. Palaiseau, Essonne). Autrefois, on écrivait La Poictevine , avec un –c, comme Poictiers . Nous savons que la seigneurie de Villejust était dans la mouvance de Guillerville au XIVe siècle (cf. la chronique “Les Seigneurs de Villejust”). C'est Pierre de Villejust, escuyer, rendant foy et hommage en 1342 à noble homme Bennes d'Eschanvilliers, sire de Guillerville, puis, en 1362, les frères Pierre & Renaud de Villejust qui passent chacun leur aveu et dénombrement à messire d'Eschanvilliers.

Pour le fief de Poitevine il en va différemment. Nous allons voir que ce fief relevait de la seigneurie de Leuville dans la mouvance du roi à cause du comté de Montlhéry, puis à partir de 1703, il tombera en plein fief de Marcoussis (1).

Un paragraphe a été ajouté en fin de chronique relatif aux religieux de Sainte Catherine du Val des Escoliers qui concerne ce fief.

Le fief de la Poitevine au Moyen Âge

Pour l'abbé Lebeuf, le village de Villejust et ses hameaux la Poitevine , la Poupardière et Fretay sont situés « dans la plaine de labourages , … , et le territoire ne laisse pas d'être garni de vergers avec grande quantité de pommiers, …, en approchant de ce village, on trouve du côté de Paris une montagne raide vers le haut de laquelle sont les vignes exposées vers le levant produisant du bon vin blanc… ».

En 1384, Louis de Brétigny, écuyer, passe un aveu pour ce qu'il tient du roi « un fief séant à Ville Just contenant une grange appelé la Grange à la Poitevine à 90 arpens de terres labourables et 4 arpens de prez à chacun cens qui soloient valoir 18 solz parisis, item en droiture et 5 solz de menus cens, item 4 arpens de terre avec une mazure ».

La guerre de Cent ans passée, Messire Jehan Clérebourg rend foy et hommage à demoiselle Marguerite de Brétigny, dame de Fretay et de la Poitevine , veuve de messire de Fontaine, capitaine de Compiègne, du fief et seigneurie de Villevant et autres héritages tenant en partie et en censive à cause de ses dites terres. L'acte est passé le 4 août 1462 devant les notaires Billery et Moustier. « Noble dame, madame Marguerite de Brétigny, dame de Fretay et de la Poitevine , veuve de feu noble messire Regault de Fontaine, chevalier seigneur de Fontaine, confesse avoir reçu en foy et hommage, honorable homme Jehan Clerebourg, grand maistre des monnaies du Roy, à cause du fief de Villevent à luy vendu par maistre Oudart Lefer, procureur en Parlement partie desquels héritages sont tenus en fief de madame de Brétigny, en censive des terres et seigneuries de Fretay et la Poitevine et partie mouvant d'autres seigneuries, et de sa bonne grâce la dame lui donne jusqu'à Noël pour le passé aveu et dénombrement ».

Cet acte d'allégeance nous renseigne donc sur l'origine du fief de la Poitevine , qui avec le tiers de Fretay et le fief de Villevent sont dans les mains des seigneurs de Brétigny. Nous savons par ailleurs que les partages anciens et les mutations successives avaient fait passer plusieurs terres de Brétigny dans les mains des seigneurs voisins comme celui du Plessis-Pâté, de Leuville, etc.

La Poitevine dans la mouvance de Leuville

Par un bail à cens et rente du 21 janvier 1471, nous apprenons que le fief de la Poitevine appartient dorénavant au seigneur de Leuville. C'est Jacques Ollivier qui baille à Jean Arsac et Liger Arsac, son fils, et Antoine Sollé une masure où soulloit avoir hostel, jardin appelé l'hostel et fief de la Poitevine size en la paroisse de Villejust moyennant six livres tant pour cens que rente annuelle.

Marié à Jeanne de Noviant, Jacques 1er Olivier vient s'installer en région parisienne où il obtient la charge de procureur au Parlement de Paris. Faisant partie de la petite noblesse de robe, son alliance avec les Noviant lui permet de recevoir l'apanage de sa femme et d'agrandir son patrimoine (2). Il devient seigneur de Leuville. En novembre 1491, Jacques Ollivier, avocat au Parlement, rend foy et hommage au Roy pour sa terre & seigneurie de Leuville et deux fiefs dont celui de la Poitevine. En 1519, un procès verbal d'estimation des biens de la maison de Leuville mentionne les deux fiefs de Fretay et la Poitevine. Tout au long du XVIe siècle, les inventaires après décès des seigneurs de Leuville déclarent que « les fiefs de Fretay & la Poitevine les appartenoient et qu'ils avoit été baillé à toujours moyennant 18 livres de rentes foncières ». L'aveu du 13 mai 1534, montre que le fief de la Poitevine relève du Roy à cause de son comté de Montlhéry.

La famille Arsac cultive toujours la terre de la Poitevine dans la censive du seigneur de Leuville. Un titre nouvel et reconnaissance de Jean Arsac et autres particuliers est passé le 12 mai 1534 pour « des héritages faisant partie et portion de certaines mazures, jardins, cour, prez, et appartenances appelée l' hostel et fief de la Poitevine assis en la paroisse de Villejust ». Ce sont tous les biens pris et retenus à titre de cens et rentes par Jean et Léger Arsac, père & fils depuis 1471 dans la censive du seigneur de Leuville. « Lesdits héritages déclairez, chargez de six livres tournoy tant pour cens que pour rente que les dits détempteurs s'obligent à payer à messire François Ollivier ». Jehan Arsac, laboureur, agit tant en son nom que comme tuteur de Jehanne Guérard myneure, fille de Robert et Louyse Arsac, et encore Jehan Arsac se portant fort de Robin Guérard, Henry Robin, d'autres Arsac, et encore plusieurs autres sans contrainte, confessent qu'ils sont détempteurs des héritages cy après déclarés c'est àsavoir : - Jehan Arsac pour une maison contenant deux espasses court jardin, - Jéhanne Guérard pur également deux espasses, - etc…

Après Jacques 1er mort en 1488, son fils Jacques II Olivier, qui en cette année atteint sa majorité, hérite des seigneuries de Leuville, de Villemaréchal et de Puiseux-en-France. Comme son père, il appartient à la noblesse de robe et devient avocat au Châtelet en 1482. Il avait épousé, en secondes noces, Madeleine Lhuillier de Boulencourt qui lui donna deux filles et trois fils. Ces derniers devinrent des personnages importants : François, chancelier de France, Antoine, évêque de Lombez et seigneur de Villemaréchal, et Jean, archidiacre et doyen de la cathédrale de Paris. Suite au décès de ce dernier, un partage familial eut lieu 12 août 1534. Nous donnons la minute de la succession « Noble homme et saige Maistre François Olivier, conseiller du Roy nostre sire en son grand conseil & chevallier, d'une part et noble & saige maistre Anthoine Olivier, seigneur de Villemaréchal, les dits François & Anthoine frères du costé paternel de feu noble, et discrette personne maistre Jehan Olivier, en son vivant chanoine de Notre-Dame et archidiacre de Blois d'autre part, lesquelles partyes recongnaissent que par le trépas dudit deffunt Jehan Olivier leur frère, les fiefs de Leuville, de la Roche et moullin d'Aulnoy et autres terres tant en fief que roture situés en la chastellenie de Montlhéry et baillage d'Estampes, desquelles terres rentes qui estoient propres audit deffunt maistre Jehan Olivier du costé du père, leur reviennent par moitié ». Lors de la succession de Jean Olivier, ses frères font les échanges suivants : - ledit Anthoine Olivier délaisse à François les fiefs & terres de Leuville, Fretay la Poitevine , la Roche et le moulin d'Aulnay, le Couldray & le Petit-Paris , - ledit François délaisse à Anthoine les fiefs du Fay, la Bare et la Couldraye avec tous les cens et rentes, aux paroisses de Fayet, Chailly, la ferme d'Auxemotte et la terre de Perthes-en-Gastinois.

Lors du partage de 1545 de la terre et seigneurie de Marcoussis entre Guillaume de Balsac et son frère Thomas « à eux échues par le décès de dame Jehanne de Graville », nous apprenons que Guillaume reçoit les censives de Fretay et la Poitevine dont le revenu se monte à la somme de 5 livres avec une rente de trois muids de grain reçue à la Poitevine.

En août 1554, messire Jehan de Neufville, conseiller du Roy et audience de la chancellerie de Paris, seigneur de Chanteloup et du fief de Villevent « advoue tenir en foy et hommage de Messire François Ollivier, chevalier, seigneur de Leuville et de Montlhéry à cause de son fief terre & seigneurie de la Poitevine , icelluy fief de Villevant et appartenant à nous venu & échu par le transport & la succession de feu Messire Nicollas de Neufville nostre père en son vivant chevallier seigneur de Villevant ». Notons qu'à cette époque François Olivier possède la “ double casquette ” de seigneur de Leuville et de seigneur dominant puisqu'il est seigneur engagiste de Montlhéry, et à ce titre, il détient tous les droits que possédait le roi.

Le 20 mars 1562, Nicolas de Thou, l'héritier de Jean de Neufville se présente à l'étude des notaires Maupéou et Augirard pour signer l'acte d'acquisition d'un demi-arpent au terroir de la Poitevine en censive du sieur de Neufville, chargé de douze deniers par arpent, moyennant 14 livres tournois payées comptant. En 1574, Thomas de Balsac, seigneur de Villejust, afferme les revenus du fief, droits de cens, lods & ventes moyennant 120 livres.

Les fermiers et censitaires de la Poitevine

Jehan Bachelier est l'un des laboureurs de la Poitevine. Le 24 mars 1550, il confesse pour son profit avoir vendu à honorable homme Jehan Bonnost, examinateur au Châtelet, un demy arpent de vigne en deux pièces au terroir de Marcoussis au lieudit le Buisson Rond, tenant au sentier des vidanges, en la censive du seigneur de Marcoussis, moyennant 60 livres tournois.

Les hameaux de Villejust sur la carte de Cassini.

En 1578, les laboureurs de la Poitevine et Fretay comparaissent devant Contesse et son confrère, notaires. Une obligation est passée par Pierre Mauduit, Gilles Arsac, Augustin Rathuys, Michel Deforges, Simon Baudet et Marguerin Guezard, tous laboureurs demeurant à Fretay et la Poitevine, paroisse de Villejust, au profit de Jacques de Clerc, chevalier, et dame Loyse de Balsac son épouse, dame dudit Fretay, de 9 muids de grain pour trois années d'arrérages de rente due (3). Gilles Arsac agit comme commissaire remplaçant le défunt Toussaint Arsac, son cousin et à la requeste de Philippe Passart, marchand bourgeois de Paris. Tous les présents, de leur bon gré, confessent devoir à Jacques de Clerc et Loyse de Balsac absente « neuf muids de grain deux parts bled, le tiers avoyne à cause de certaine redevance de grains de la nature susdite sans préjudice de plus grande quantité que ladite dame de son chef a droit de prendre sur plusieurs héritages audit lieu qu'ils aparoit avoir payé en 1574 à Jacqueline de Marle, veuve de Pierre Le Maistre, en son vivant notaire et secrétaire du Roy et greffier de ses comptes dont la mandataire des seigneurs avait fait saisir les terres ».

En cette période de troubles, suite aux guerres de religion et aux mauvaises conditions climatiques (le fameux petit âge glaciaire) la misère des paysans est grande et les endettements fréquents. Les charges seigneuriales ne sont plus honorées et en 1585 une sentence « des requestes du Palais » porte condamnation contre plusieurs particuliers et de leur consentement à payer sans division, ni discussion deux escus de cens et rentes sur le fief de la Poitevine et à passer titre nouvel. Certains, ne pouvant pas payer, doivent vendre un lopin de terre ou tout autre bien. C'est le cas de la veuve Arsac remariée à un laboureur de la Saulsaye qui, le 5 mai 1586, est contrainte à vendre sa part constituée par le septième de la maison familiale à la Poitevine.

En décembre 1587, une sentence des Requêtes du Palais, est formulée pareillement à celle de 1585 sur les héritages pour la même condamnation. C'est un “ arrest ” de la cour rendu au profit du seigneur de Leuville et la Poitevine condamnant les Passard à deux escus sol. En mars 1589, une autre sentence « contre les détempteurs du fief de la Poitevine » est donnée pour la dette des fameux «deux escus sol de rente», toujours dans la justice de Marcoussis.

En 1594, François Rousselet, contrôleur général de la maison de la Reyne ( le beau-frère d'Ambroise Paré) baille « à titre de rente annuelle à Henry du Mesnil, escuyer, seigneur de Courtabeuf, gouverneur pour le roy de la ville & chasteau de Chevreuse, troys espasses de granches couvertes de chaulme, pressoir, petites masures, cinq quartiers de jardin avesque arbres fruitiers clos à murailles ». Le tout tient au chemin qui va de Fretay à Villejust. Notons que ces biens sont en censive du seigneur de Leuville à cause de sa terre de la Poitevine .

Nous arrivons à la fin du XVIe siècle, période toujours aussi difficile pour les paysans de la Poitevine. En juin 1599, une autre sentence rendue à Montlhéry contre un nommé Brizard pour non paiement du cens du au seigneur de la Poitevine. Plusieurs particuliers ont les mêmes difficultés en décembre 1599, février 1600 et juin 1604 quand trois autres sentences leur sont signifiées par les juges du Châtelet de Paris au profit du seigneur de Leuville. Décidément, la fameuse poule au pot promise par Henri IV n'est pas encore arrivée à la Poitevine !

La Poitevine au XVIIe siècle

Le 30 août 1604, un titre nouvel est passé par Charles Desprez comme la conséquence des sentences précédentes. L'acte contient les mêmes obligations qui concernent « le fief hostel de la Poitevine avec 58 articles et 6 masures à messire Jehan Ollivier ». Puis, au commencement de 1605, Guillaume Rochefort, vigneron de Leuville, confesse qu'à cause de la vente faite en octobre 1595 par Guillaume Angot à noble homme François Rousselet, il est redevable envers ledit Angot de 70 sols de rente, sur trois espasses de maison couvert de chaulme, droit de cour, sur le carrefour du Couldray, et des terres.

En 1616, la terre de Villejust change de mains, mais le fief de la Poitevine relève toujours de la seigneurie de Leuville. Loys Leroyer, greffier de la châtellenie de Montlhéry et sa femme ont mandaté leur fils, curé dudit Montlhéry, pour « eschanger avec Hiérosme Lemaistre, le fief terre & seigneurie de Guillerville ».

La même année, Loys Goix et Gillette Marchais, sa femme, sont déclarés comme vignerons demeurant à la Poitevine , paroisse de Viljust « lesquels vendent à Jehan Marchais, laboureur demeurant à Viviers, paroisse d'Orsay, trois quartiers audit lieu moyennant 24 livres ». C'est Charles Asselin, arpenteur à Montlhéry, qui est chargé du bornage du lopin de terre. Comme la plupart des paysans de l'époque, on s'intitule vigneron, tant bien que cette activité ne concerne que quelques lopins de vigne pour la consommation familiale. Toutefois, nous savons que la production de vin blanc n'était pas négligeable à Villejust sur le coteau de la vallée de l'Yvette.

En 1617, un titre nouvel de 6 livres de cens et rente est passé par divers particuliers au seigneur de Leuville. Ce sont les chefs de famille qui, à la sortie de la grand'messe sont invités par le fondé de pouvoir du seigneur de Leuville à satisfaire leurs obligations féodales. Nous trouvons également l'acte de François Hanias, « musnier au Grand Moullin comme héritier de Nicolas Hanias », les sieurs Desforges, Arsac, Fournier, Liger, Lebas, Bellesseur, Angoullant, Brethon, et autres. L'homme d'affaire est précis dans son énoncé « lesquels confessent qu'ils sont propriétaires des lieux et héritages ci après déclarés, les biens venant du bail à rente de 1472 par Jehan Arsac et Ligier Arsac fait par Jehan Ollivier, seigneur de Leuville ».

L'année suivante, Messire Jehan Ollivier, chevalier, gentilhomme ordinaire de la chambre du Roy, baron du Homet et la Rivière , seigneur de Leuville confesse avoir baillé à titre de ferme par an jusqu'à six ans, à Monsieur Jehan Lemaire, son receveur au dit Leuville, les cens et rentes, saisines et amendes, des acquisitions des droits que tient ledit seigneur sur Leuville, Fretay et la Poitevine ; sont également compris « les proufits de la justice de Leuville, deffaults & amendes, les droits de foirage & de rouage, enfin le collombier dudit Leuville ».

Jean II Olivier décède fin 1641. Selon la coutume, son fils, Louis Olivier, chevalier marquis de Leuville, rend foy et hommage le 3 octobre 1642 au seigneur de Montlhéry pour ladite seigneurie et des fiefs de la Poitevine et Fretay . Louis Olivier de Leuville décède en 1663 et sa femme Anne Morand, tutrice de Charles et Anne, ses enfants mineurs, gère la seigneurie. Le 6 août 1694, la dame de Leuville, passe aveu et dénombrement pour la terre et seigneurie de Leuville qui comprend les fiefs de Villevent près de Fretay, et celui de la Poitevine pour 6 livres de cens.

Le fief de la Poitevine revient à Marcoussis

La branche aînée des Olivier de Leuville étant éteinte avec Charles, c'est un cousin, Louis-Thomas du Bois de Fiennes, seigneur du Plessis-en-Touraine, qui hérite du marquisat de Leuville. Le nouveau marquis commence à démembrer la seigneurie en vendant, le 8 novembre 1703, les droits du fief de la Poitevine à Alexandre d'Illiers de Balsac, seigneur de Marcoussis.

Le 7 août 1721, Arnould Boucher, seigneur de Courtabeuf, de présent en son château d'Orsay, baille pour neuf années à Pierre Lerouge laboureur demeurant à Fretay, une petite maison à la Poitevine avec 45 arpents de terre audit lieu. En octobre 1756, nous retrouvons la famille Desforges, implantée à la Poitevine depuis plus de trois siècles, en la personne de Jacques Desforges, laboureur à Fretay, qui baille à rente annuelle et perpétuelle à Marie Anne Courbois « un bas de maison à la Poitevine ».

Depuis la vente de 1703, le Poitevine appartient au seigneur de Marcoussis et, à ce titre, nous voyons le 15 mars 1782, une déclaration censuelle par Etienne Baron à la comtesse d'Esclignac.

En juillet 1786, Nicolas Le Dure est commissaire aux droits seigneuriaux, fondé de procuration d'Elisabeth Chevalier, dame de Marcoussis, …, Fretay, la Poitevine , et autres lieux. Ladite dame est propriétaire et possède en l'étendue de la haute, moyenne et basse justice de Villejust, dont le seigneur est Benoist Marie de Montessuy, et pour éviter à ses censitaires de fournir leurs déclarations sèches de leurs héritages, prie ceux-ci de faire la déclaration présente avec leurs biens. Un fait, c'est une époque où les seigneurs défendent frénétiquement leurs domaines en renouvelant leurs papiers à terrier (4).

Avant la Révolution , le fief de la Poitevine , mouvant du Roy à cause de son comté de Montlhéry, consiste en maisons, bâtiments, jardins, terres et prés, le tout contenant 102 arpents.

La censive de Sainte-Catherine du Val-des-Écoliers

Nous avons vu à plusieurs reprises que le couvent parisien de Sainte-Catherine du Val-des-Écoliers possédait de nombreux fiefs dans la région. Il s'agissait de censives et de rentes foncières à Orsay, Mondétour, Villejust, Fretay, Montfaucon, Nozay. En gestionnaires avisés les religieux étaient payés en nature pour éviter l'érosion monétaire. Les héritages d'Orsay rapportaient 16 muids de grain, deux setiers de blé étaient prélevés sur les dîmes de Nozay, la ferme de la Boissière était chargé d'un muid de grain, etc.

Un acte passé le 9 septembre 1710 devant les notaires-gardenottes au Châtelet de Paris nous apprend que les religieux de Sainte-Catherine possédaient une censive à La Poitevine. Il s'agit d'une reconnaissance de dette faite par Jean Billaud, laboureur, et Marie Gipon “ sa femme de luy autorisée ” demeurant au village de La Poitevine paroisse de Villejust au Revérend père Jacques Habil “ prestre chanoine régulier du prieuré de Sainte Catherine du Val des Ecolliers à Paris au nom et comme procureur dudit prieuré ”. Jean Billaud reconnaît devoir la somme de 1065 livres 7 sols 6 deniers pour dix années à compter depuis le jour et feste Saint Martin d'hiver 1709, « des arrérages de 106 livres 10 sols 9 deniers de rente foncière d'héritages à la charge de laquelle ils tiennent et possèdent lesdits héritages mentionnés au contrat de ce fait et passé devant Bigot notaire à Longjumeau le 5 février 1699 audit prieuré Sainte-Catherine. Comme aussy au compte du payement qu'ils ont fait audit Révérend père Habil, gouverneur dudit prieuré suivant quittance par eux produite à la somme de 402 livres 8 sols laquelle déduite sur ladite de 1065 livres 7 sols 6 deniers, ne reste plus que la somme de 662 livres 19 sols 6 deniers de laquelle ledit Billaud et sa femme le recognoissent en reliquat ». L'acte est signé par les notaires, le père Habil et Jean Billaud « ladite Gipon a déclaré ne sçavoir écrire ny signer, de ce interpellée ».

Le 23 juillet 1715, Marie Gippon, veuve de Jean-Baptiste Billaud, demeurant ordinairement à Montlhéry, donne procuration au révérend père Jacques Habil « laquelle a fait constitué son procureur général et spécial, Révérend père Jacques Habil, prestre, chanoine régulier et procureur du prieuré de Ste Catherine du Val des Ecoliers à Paris et ses successeurs audit prieuré auxquels elle donne pouvoir de pour elle en son nom faire faire les réparations qu'il trouvera nécessaires et urgentes dans les maisons scize audit village de la Poitevine ditte paroisse de Villejust et donner à loyer par ledit feu sieur son mary et elle à Denis Burre, laboureur et Jeanne Marie sa femme par bail passé devant Funnechon, tabellion à Villiers près de Villebon le 18 juin 1712 party desquelles maisons et héritages portées audit bail appartiennent audit defunt Billaud et sa femme au moyen du bail à rente qui leur en a été fait par lesdits révérends religieux dudit prieuré de Sainte-Catherine du Val des Escolliers à Paris par contrat passé devant Le Bigot notaire royal de Montlhéry estably en la paroisse de Saulx le 5 février 1699 ». Ladite veuve Billard donne pouvoir pour parvenir aux réparations, faire tous marchés et devis nécessaires avec les convenus de prix et de temps pour leurs payements, payer et acquitter les prix convenus et portés audits devis et marchés en retirer quittances et décharges en avance les deniers… Il s'agit des héritages situés dans la censive de La Poitevine dont la propriétaire confie les intérêts au procureur du prieuré.

Notes

(1) Pour être plus précis, dans la mouvance du seigneur engagiste de Montlhéry, qui reçoit délégation du roi depuis 1534.

(2) En 1466, la seigneurie de Leuville est dans les mains de la famille Olivier. Jacques Olivier, natif de Bourgneuf près la Rochelle , était venu s'établir à Paris où il fut procureur au Parlement, il épousa Jeanne, fille d'Etienne de Noviant, procureur du roi en la Chambre des Comptes. Ce personnage les avait dotés des fiefs de Mons et de la Poitevine. Le père Anselme le qualifie seigneur de Leuville et du Coudray près Chartres (Eure-et-Loir). Jacques Olivier mourut vers 1488.

(3) Lors de la succession de son père Guillaume de Balsac, Louise avait reçu toutes les terres de Villejust, Nozay et La Ville-du -Bois qu'elle vendra à son frère François (cf. les chronique des fiefs de Fretay).

(4) Cet épisode marquera les esprits des paysans, puisqu'un des thèmes des cahiers de doléances de 1789 concernera les abus de renouvellement des papiers à terrier.

dagnot/chronique15.06.txt · Dernière modification: 2020/11/11 21:01 de bg