Corpus Essonnien

Histoire et patrimoine du département de l'Essonne

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Les fermes de Villiers à Nozay (1)

Chronique du Vieux Marcoussy ———————————————————————Juillet 2008

JP. Dagnot

C. Julien

Cette chronique relate l'histoire des fermes de Villiers, que l'on peut considérer comme un des premiers lieux habités de Nozay (Essonne, arr. Palaiseau, cant. Montlhéry). Sans conteste, Villiers est un lieu chargé d'histoire , les titres du XIIe siècle l'appelle « Vilers supra Nooreium ». Nous avons déjà évoqué Villiers-sous-Nozay dans des chroniques précédentes (cf. “ Le site templier de Nozay ” , “ Ansold et Rotrude ” ou “ Les antiquités de Nozay ” ). Simple ferme au Moyen-Âge, devenu progressivement un hameau à partir du XVIIe siècle, Villiers est, de nos jours, un quartier de Nozay dont l'urbanisation a progressé jusqu'aux murs de l'ancienne ferme.

Les anciens documents

Rappelons que la charte du roi Pépin nomme un lieu « apud Villare » dans la charte de donation de 758. Il s'agit de deux manses « duo mansum » dans la forêt d'Yveline parmi les biens du Hurepoix central. Plus tard, vers 825, Irminon, abbé de Saint-Germain-des-Prés, donne l'état du temporel de son couvent à Nozay « de beneficio Acoini in villa Novarito ». Le célèbre prélat ne donne pas l'emplacement exacte des 9 manses et demi, mais nous savons que le domaine dirigé par le maire Dominicus couvre une étendue de 36 bonniers de terres arables, environ 9 arpents de vigne, 10 arpents de prés, des bois et un élevage de 100 porcs à l'engrais « porcos saginandos ».

Les chartes du prieuré de Longpont sont également des sources qui donnent l'antiquité de Villiers. Vers 1100, le chevalier Robert de Porte, surnommé Payen avait cédé la dîme prise sur toutes les richesses agricoles qu'il possédait à Villiers « omnem decimam quam habetat apud Villarem ». La donation fut remise dans les mains du prieur Henri avec l'accord d'Aldeburge et celui de Robert surnommé Cometisse, les mère et fils du donateur. À la même époque Ansold, fils de Lisiard donna la totalité de la terre à Villiers près de Nozay ( apud Vilers juxta Nooreium ) pour sauver l'âme de son fils Garin (charte 289). Cette terre lui venait de Robert de Porte, surnommé Payen et rapportait douze deniers de cens à ce même Robert.

Les Templiers possédaient des biens à Nozay. En 1243, un bail à cens de 42 arpents de terre à Nozay « Noeroy, apud Noreium » est passé en présence de Guy de Villily, des chevaliers Ralduf, Gautier et Anseau. Ces terres relèvent du chevalier Anseau de Gournay « Anselli de Gornaio, militis » . Ces chevaliers sont nommés par l'abbé Lebeuf comme hommes liges du roi Philippe-Auguste pour leur terre de Villiers-sur-Nozay « Radulfus miles de Garnaio tenet Villare supra Nooreium de rege. Galerannus Li Viautres est homo regis, et debet custodiam duorum mensium ad Montem Lehericum pro terra de Vilers supra Nucereium ».

Trois ans plus tard, un acte notarié est plus explicite. Il nous apprend que ces religieux reçoivent des terres du chevalier Herbertus de Monte Lehico au profit des frères de l'Ordre du Temple « frattibz milicie templi » . Ce legs comporte une grange et plusieurs pièces de terre d'une superficie totale de 67 arpents à Villiers-sous-Noeroi chargés de 62 sols 9 deniers de cens. Parmi les tenanciers on peut citer : Anselme de Nooroy qui paie 2 sols de cens, Pierre Mallart 12 sols 14 deniers, et Bartholomé de Longpont 10 deniers.

Sous le règne de Philippe Auguste, deux chevaliers nommés Rodolphe et Galéran étaient hommes liges du roi pour la terre de Villiers-sur-Nozay « Radulfus miles de Gonnaïtenet Villaret supra Nooreim de rege Galerannus li viautres est homo regis et debet custadium ducrum mensium ad montem Lethricum pro terra de Vilers supra Nucereium ».

Le fief de Villiers-soubz-Nouroy

En 1367, un chevalier nommé Uduet de Lens tient un fief à Villiers-soubz-Nouroy dans la mouvance de Guillaume de Préaux, seigneur de Marcoussis, en arrière fief du Roy « a cause de sa chastellenie et comté de Mont-le-Héry ».

Le 4 février 1388, la foy et hommage est rendue par Pierre Lestard à Jean de Montagu pour son fief des Fresneaux à Marcoussis et le quart « avecques ledit seigneur de tous les profits et fortages que doibvent les habitans de Villiers sur Noroy et des granches de Fretay pour cause des pasturages & usages de boys qui se disent avoir ».

Deux mois plus tard, une déclaration de titre nouvel est passé par Guillaume de Forges demeurant à Villiers-sur-Noroy qui « advoue tenir une maison, court, jardin et fosse à poisson séant en ladite ville de Villiers tenant aux maisons quy furent à feu Missemaille et d'autre part aux terres de Guiot Deforges le jeune ». Le déclarant mentionne également plusieurs pièces de terres, bois, cens, droitures et autres choses.

En 1392, Jehan Lefeuvre demeurant à Villiers sur Noray « advoue à tenir à une foy et hommage à cause de Jehanne sa femme, auparavant femme de feu Guiot Desforges, cinq arpens séant au terroir de Villiers au lieudit Jallant ». Dans la description des tenants et aboutissants, il est fait mention de Messire Guillaume Boulet. Il semble que la famille Deforges ( Desforges ou de Forge ) avait des intérêts à Nozay déjà au XIIe siècle. Rainold de Forges fut le témoin d'Ansold Lisiard quand celui-ci donna sa terre à Villiers « juxta Nooreium », assistés par le prêtre Yvon, le charpentier Gautier, les serviteurs Bernard et Isembert, et le cuisinier Josbert.

En septembre 1395, Jean de Montagu, seigneur de Marcoussis, grand maître de France, fait l'acquisition de cens, rentes, droitures. C'est à savoir, une masure où jadis soulloit avoir maison avec lavoir et jardin appelé Fresneau les Marcoussis, 54 arpents avec des droits de moisson se montant à 36 gerbes par les habitants de Villiers et ceux des Granges de Fretay. L'année suivante, Pierre de Villehier demeurant à Villiers-sur-Noroy vend des terres à Jean de Montagu. Le 28 mai 1396, le grand maître fait de nouvelles acquisitions, il s'agit de quatre arpents aux Carreaux à Marcoussis, à Perrette la Villehier demeurant à Villiers-sous-Noroy.

Villiers sous les Deforges

Nous venons de voir que les Desforges étaient installés dans la plaine de Nozay. Le 9 avril 1410, un adveu est passé par Guiot Deforges, demeurant à Noroy, à Loys comte Palatin, « à cause d'un fief séans à Villiers qui fut à madame de Vré, ce qui ensuit, c'est à savoir deux arpens et demy de terre séans au chantier du Marchois à la bergerie tenant à Bellon la Sagesse … ».

En cette même année 1410, tous les vassaux de Marcoussis sont tenus de faire leur serment de fidélité à leur nouveau seigneur éminent. Un aveu est passé par Thomas Deforges en une foy et hommage pour les biens suivants : - une masure jardin et fosse à poisson tenant à Jehan Deforges et d'autre aux hoirs de feu Guillaume Mussemaille, assis à Villiers sur Noroy, - une terre tenant au prieuré du Val des Escoliers, - une terre tenant aux Courtes Ruelles et une autre aux granches de Fretay.

Le même jour, la dame Belon, veufve de Guillaume le Saige, demeurant à Villiers-sur-Noroy passe l'aveu des biens qu'elle possède en arrière fief « comme elle disoit et advoue en une seule foy et hommage tenir de noble et puissant seigneur messire Loys, comte Palatin (1), une maison, cour, granche et jardin séant audit lieu de Villiers tenant d'une part à Thomas Desforges, et des terres labourable d'une contenance de 28 arpents en 5 pièces et 20 sols de menus cens ».

En juillet 1410, Thomas Desforges demeurant à Villiers sur Norroy, se présente une nouvelle fois devant la porte du château de Marcoussis pour passer aveu « et advoent tenir en une seule foy et hommage de noble et puissant seigneur, Monseigneur Loys, comte palatin du Rhin, duc en Bavière et seigneur de Marcoussis ce qui ensuit. C'est à sçavoir ung hostel, court, jardin et fosse à poisson tenant à Hay Desforges et à feu Guillaume Mussemaille » (2).

En 1454, c'est Robert Saulsoye, demeurant à Baigneux, que rend foy & hommage au seigneur de Marcousis « par lequel advoue envers Jehan de Graville, à cause de son chastel de Marcoussis, ce qui ensuyt: masure, jardin et fosse à poisson, tout de présent en désert, tenant aux hoirs de Jehan Desforges et aux hoirs de Guillaume Mussemaille avec 46 arpents en friches ou en désert proches des Granches de Fretay, et 46 arpents en 6 pièces aux Molières de Villiers ». Ici, on comprend bien l'état de ruine du pays à la sortie de la guerre de Cent ans : le greffier du notaire parle de friches et désert . Les stigmates de cette période resteront dans l'imaginaire des campagnes jusqu'à nommer des chantiers de Nozay comme l'Épine, le Pâtis-du-Bois, etc.

À Nozay, la période de reconstruction, qui suit, sera menée par les seigneurs de Marcoussis, Jean VI Mallet, le chambellan de Louis XI, et son fils, l'amiral Louis Malet de Graville. Lors de la prisée des biens de la succession de Loys de Graville, en octobre 1518, l'acte de partage mentionne une maison et 100 arpents, tenant aux hoirs de Pierre Lemaitre, d'un bout à la voirie de Villiers à Bruyères et d'autre aux terres dudit Lemaitre et aux terres de la Saussaye.

Villiers sous les Balsac d'Entragues

Nous avons vu plusieurs fois que les fermes de Nozay avaient été dévolues à dame Jehanne de Graville, la fille cadette de l'amiral. Dans le partage du 7 avril 1545, entre Guillaume et Thomas de Balsac, de la terre et seigneurie de Marcoussis, les trois fermes de Nozay, Pilandry, Villiers et la Saulsaye échoient à Guillaume. L'affermage de ces trois domaines agricoles donne un revenu de 17 muyds de grains . Le règlement de la succession fut l'objet d'un procès-verbal de visite de la ferme de Villiers par des experts « ont vu et visité les bastimens de la ferme et mestairye de Villiers-soubz-Nozay qui se consiste en une maison manable, granche couvert de thuille, estables, bergeries couvert de chaulme avec cour et jardin, clos en partie de murailles et haultes parties de hayes, le tout contenant en pourpris selon l'ancien mesurage cinq quartiers et demy trois perches prisé à la somme de 600 livres ».

Dans son aveu et dénombrement donné « au roy à cause de sondit chasteau de Montlhéry » le 20 février 1574, François de Balsac, chevalier, « tient à une seulle foy et hommage » la terre et seigneurie de Nozay et Ville-du-Bois, et appartenances dicelles, comportant haute, moyenne et basse justice, four banal et menues dixmes, avec 60 arpents de boys taillis près La Ville-du -Bois, et une aultre ferme assise à Villiers maison et 103 arpents.

La petite ferme de Villiers

Des documents de la fin du XVIe siècle, nous comprenons que les bâtiments du hameau de Villiers ont été scindés, formant la grande ferme appelée aussi “métairie” d'une part, et une petite ferme constituée par un logement une grange et étable, d'autre part. Les deux propriétés partagent une cour commune.

Un premier acte daté du 21 juin 1579, nous apprend un transport de bail à moisson à Villiers. Mainfroy Nepveu, laboureur demeurant à Villiers paroisse de Nozay, « lequel recongnoit avoir ceddé à André de la Noue , laboureur demeurant à Fretay, le droit au bail à moisson de grain fait le 16 juin 1576 par noble homme François Perdrier, seigneur de la Barre , notaire et secrétaire du roy, d'une ferme audit seigneur assise à Villiers consistant en maison granche estables avec cour et jardin le tout enclos de murs avec 80 arpents de terre labourable en plusieurs pièces, moyennant deux muids et demi de grains, deux parts bled mestail et le tiers avoyne ». Un second document est établi en mai 1587 ; c'est « la vente de quatre espasses de logis qui soulloit estre couvert de chaulme et à présent tout descouvert et en ruyne, cour, jardin, est réalisée par Mathurin Bergeron à François Perdrier, moyennant 36 escus ».

La situation patrimoniale de Villiers au XVIIe siècle.

Un troisième document daté de fin mai de la même année précise que « noble homme François Perdrier, seigneur de la Barre , bourgeois et monnayeur de la ville de Paris, estant présent en son hostel et ferme de Villiers soulz Nozay, conclut un bail à cause de l'acquisition qu'il a faite de Mathurin Bourgeron ». Il s'agit de l'acte d'achat par transport de rente annuelle et perpétuelle « des quatre espasses de logements couverts de chaulmes, cour, jardin, pour ung arpent, item quatre arpents de terres tenant d'un bout aux murailles de closture du grand parc de Marcoussis ». Un autre acte associé à ces biens le dit seigneur et joint quatre-vingt arpents de terres assis à Villiers ainsi que « la ferme et mestayrie qui consiste en maison manable, granche, estables couverts de thuilles et chaulmes ». L'ensemble de la ferme et métairie est baillé à titre de “ ferme et moisson de grain par an ” à Jehan Adel (?), laboureur demeurant audit Villiers, “ moyennant troys muids de grain, deulx parts de bled mestail, une d'avoyne en bon grain loyal marchand mesure de Montlhéry et six chappons ”. Suivent les conditions habituelles, néanmoins le bailleur se réserve sa chambre basse et garde robe “ joignant ycelle avesque une estable ” sans diminution du loyer.

Le 21 juillet 1660, messire Jean Martin, prestre docteur en Sorbonne , demeurant à Paris, confesse avoir vendu à Michel de Dessus le Pont, escuier, cappitaine d'infanterye , …: - une maison size en la paroisse de Nozay consistant en bastimens, cour, granges, estables et jardin clos de murs contenant environ trois arpents, - 90 arpents de terres labourables en plusieurs pièces. Ces biens viennent de l'héritage de son père François Martin vivant marchand bourgeois de Paris ayant acquit les droits du propriétaire précédent.

Nous arrivons en mars 1666, quand noble homme Robert Lucas, veuf de Catherine Bassy, vend à Claude de Louvain une maison sise au hameau de Villiers, consistant en ( plusieurs bastimens – mention barrée) cour, jardin le tout clos de murs contenant 3 arpents ou environ et la quantité de 90 arpents en terres labourables moyennant une somme de cinq mille livres . Le vendeur agit tant en son nom qu'en celui de son fils mineur ; il est conseiller du Roy cy devant lieutenant général en l'admiraulté de France, conseiller en la Table de Marbre du palais à Rouen, demeurant en la ville de Paris, faulxbourg Saint Michel, rue d'Enfer, paroisse Saint-Jacques d'en Hault . Nous connaissons bien l'acquéreur qui n'est rien moins que le seigneur de Villarceau qui est titré “ escuier, commandant de l'escurie de la reyne ”. L'acte de vente précise que la maison vient de l'acte de 1660, que devant la ferme passe le chemin conduisant de Nauroy aux moullins à vent et que l'ensemble est dans la censive de Monsieur d'Entragues, seigneur dudit Marcoussy.

Le mois suivant, Claude de Louvain, baille pour neuf ans la maison ferme dit la Sebuderie (?) acquise de Jacques Lebas et Estienne Rocquetin, son gendre, « avecq les terres en deppendant à André Lamoureulx, laboureur demeurant en ladite ferme comprenant plusieurs bastimens, granges, escurie, jardin et clos derrière ». Le preneur en a joui pendant six ans suivant le bail précédent que lui avaient fait lesdits Lebas et Rocquetain. Le sieur bailleur lui baille aussi les héritages venant du sieur Lucas, savoir les terres de la ferme de Villiers « le bail à loier ainsy faict que dict est moiennant le prix somme de 300 livres tournois que le preneur payera au jour feste sainct Martin dhiver ». Dans ce contrat, il est écrit « les terres provenant de la ferme de Villiers ». Le lundi 11 octobre 1666, Claude de Louvain, baille à Pierre Diderot, vigneron de Nozay, une maison de trois espaces moyennant 2 livres tournois.

C'est le bail à rente dressé à la sortie de la messe de Nozay, le dimanche 8 avril 1674, qui nous renseigne définitivement sur l'existence des deux fermes à Villiers. Claude de Louvain, écuyer, commandant l'écurie de la Reine , demeurant ordinairement près sa majesté, baille à titre de rente annuelle à Guillaume Mallet, jardinier d'Epinay, « une maison size à Villiers consistant en un grand corps de logis, chambre et fournil, chambre haulte et grenier au dessus, une grange et un vollet à pigeons, sous lequel est une estable, avecq cour, jardin le tout fermé de murailles, contenant trois arpents, tenant au chemin de Nozay au Moulin advent de Marcoussis, d'un bout à la ferme du sieur d'Entragues, moyennant 75 livres ». Nous avons bien confirmation que la petite ferme appartient au seigneur de Villarceau tandis que la grande est la propriété du marquis d'Entragues.

Le 3 décembre 1676, Claude de Louvain baille à Eustache Deneton , manouvrier, deux grandes espasses de logis, une appliquée en chambre basse à feu garnie au dessus l'autre servant de grange moyennant sept livres. En 1716, Pierre de Louvain, écuyer du Roi, seigneur de Villarceau, baille pour deux années, à Bernard Chevalier, laboureur de la ferme de Villiers, les bâtiments et logements de ladite ferme, avec plusieurs pièces de terre, moyennant 200 livres . C'est un nouveau bail suite à un résilié entre les mêmes.

Signatures au bas du bail du 5 avril 1666 : Claude de Louvain, bailleur ; Michel Goix, laboureur à Nozay, et Jacques Fontaine agissant en tant que témoins ; maître Conulher, notaire royal à Montlhéry.

La grande ferme et métairie de Villiers

Revenons maintenant en l'année 1616, quand Jehanne de Gaignon, la veuve de Charles de Balsac, réclame deux muids de bleds à Fiacre Lamoureux, laboureur demeurant en la ferme de Villiers. Il s'agit bien de la ferme et métairie laissée par François de Balsac à ses héritiers en 1610. Son fils Charles n'en profita pas car il disparaît dès 1613, “par le poison dit-on”. La succession de François de Balsac fut difficile car ayant eu des enfants de deux lits, ceux-ci se disputèrent le patrimoine familial.

Dans une quittance du 4 août 1625, Jehan Delavanne, laboureur demeurant en la ferme de Villiers, reconnaît avoir pris et retenu à titre de loyer jusqu'à trois ans, « de honorable homme Jehan Bourdon acceptant, la quantité de cent quatre bestes à laine tant brebis qu'agneaux ». Le preneur s'engage à bien nourrir les animaux et “ faire garder les bestes à laine ”.

Ayant reçu les seigneuries de Marcoussis, Nozay et la Ville-du -Bois du fait de la donation de son oncle, Léon 1er d'Illiers de Balsac engage maître Pierre Poullier comme receveur de la terre et seigneurie de Marcoussis pour organiser les affaires courantes et remettre de l'ordre dans la gestion des baux. Le vendredy 2 janvier 1632, furent présents devant Josse, greffier au baillage de Marcoussis, maistre Pierre Poullier, recepveur de la terre de Marcoussis, d'une part et Jehan Lamoureux, laboureur demeurant à Villiers, d'autre part, ledit Poullier confesse décharger ledit Lamoureux du bail à titre de ferme à luy fait par Blaise Pasquier, tabellion à Marcoussis le 11 juin 1629, à la réserve des bled dans la grange, les porter dans la tour du chasteau de Marcoussis ou 500 livres tournois. À la fin de l'été, Jacques Lamoureux, marchand demeurant à Orsay, délaisse au sieur Poullier « tous les bleds estant dans la grange de la ferme de Villiers à condition d'estre quitte envers ledit Poullier ».

Au cours de l'année suivante, maître Poullier baille pour six ans à Louis Bette ( ?), la ferme et mestairye appelée Villiers, en la paroisse de Nozay, qui consiste « en maison, grange, estables, bergery, et autres bastimens, cour, jardin, et la quantité de six-vingt arpents de terres labourables, …, le tout moyennant prix d'argent et demi douzaine de chappons, et douzaine de poullets »

François Chevrier afferme le revenu de la terre & seigneurie de Marcoussis, Nozay, La Ville-du -Bois, Fretay, en 1657. Le nouveau receveur baille les trois fermes de Nozay à tiltre de ferme et prix d'argent, pour le temps de neuf années, à honorable femme Romaine Lanoullier, veuve de Pierre Poullier, à André Josse et à François Leroyer. Les preneurs jouiront de la ferme de Villiers, celle proche l'église de Nozay « laquelle a esté donnée depuis quelques temps par ledit seigneur au nommé François Simoy » et l'autre ferme appelée Pilandry « en laquelle est de présent la veuve de François Brethon ». Quelques semaines après, en tant que fondée de procuration, la veuve Poullier baille la ferme de Villiers avec 150 arpents de terre à Jean Bassonnet, le preneur « disant bien la cognoistre moiennant la somme de 300 livres tournois » (3).

Huit ans après, Jacques Poit, laboureur demeurant à Villiers-soubz-Nozay, prend la ferme de Villiers « lequel baille pour deux années à la ferme de Villiers consistant en logement pour le fermier, granges, escuries, estables moyennant 90 livres » qui doivent être payées à échéance le jour de la saint Marthin dhyver . La description des lieux est toujours la même, mais il semble que la bergerie soit exclue du bail. Une clause est ajoutée en fin du contrat de location : « et laissera ledit preneur à la fin dudit bail les fumiers et le tiers des fourrages seulement ». Trois ans plus tard, le receveur de la seigneurie de Marcoussis, Charles Desprez, baille la ferme de Villiers pour huit années à Virgile Freslon.

Notes

(1) Loys, comte Palatin est Louis de Bavière beau-frère du roi Charles VI. Il avait reçu toutes les terres de Jean de Montagu après la condamnation à mort de celui-ci en octobre 1409.

(2) Dans tous les actes notariés d'avant le XIXe siècle, le mot « hostel ou hôtel » est utilisé dans sa signification originelle ( ostel au XIe s.), c'est-à-dire demeure, logis .

(3) Essayons-nous à calculer le revenu de la ferme de Villiers en cette année 1657 quand le froment a atteint, après la Fronde et l'hiver 1655-56 très rigoureux et à l'été caniculaire suivant, le prix le plus haut du XVIIe siècle. En prenant le ? de la surface semée en blé méteil et un rendement de 1½, nous obtenons une production de 150 × 2/3 × 1½ = 150 setiers. Après avoir enlevé les charges et la semence le setier revient à 6 livres, ce qui fait un bénéfice brut de 900 livres tournois au fermier de Villiers.

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