Corpus Essonnien

Histoire et patrimoine du département de l'Essonne

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Le fief de Quincampoix à Fontenay-les-Briis Extrait des cartes de Cassini

Chronique du Vieux Marcoussy ————————————————————–DDécembre 2009

JP. Dagnot

Cette chronique doit être abordée après lecture de celle d'Ambroise Paré et de la famille Rousselet dans la région de Montlhéry(*).

L'analyse va également se faire au début de cette chronique en listant des opérations sectorielles réalisées par Jacques Rousselet et Marie Boullaye son épouse: terres, habitations, baux …

Une refonte de cette chronique est nécessaire en raison d'actes nouvellement trouvés au XVIIe siècle et qui met en évidence “deux Quincampoix”.

Achats de terres à Fontenay et environs

Rappelons les achats du couple Rousselet à partir de 1557: - Mathieu Chedeville laboureur à Mulleron vend à l'argentier du chancelier de France, demeurant à Leuville, des terres à Mulleron, tenant à Jehan de Baillon. L'acheteur donne faculté de réméré et baille ladite terre pour trois ans moyennant un septier de mestail rendu à Leuville (1). - Mery Tyvert marchand de Bruyères le Chastel, vend audit Rousselet, toujours à Leuville, plusieurs arpents à Bruyères, à la croix de l'orme, … en la censive du seigneur de Bruyères, chargé lesdits trois arpens de 12 deniers parisis. La vente faite moyennant 53 livres tournoys. L'acheteur comme pour l'achat précédent accorde réméré et baille les terres moyennant la quantité de trois septiers de mestail. - Jehan Ledoux, laboureur au petit Chantecoq, paroisse de Brys, vend à Jacques Rousselet maintenat à Montlhéry: 1) deux arpents près Chantecoq, 2) item 5 quartiers à Thuilières au chantier des surcroix, tenant aux dames de Lymours. La faculté de reméré est accordée au vendeur et ainsi que le bail des terres vendues, pour trois ans, moyennant trois septiers de blé mestail, rendus à Montlhéry en l'hostel du bailleur . - Ollivier Baladvoyne, vigneron de Fontenay les briis, cède des terres à Fontenay. Il renonce à son droit un an plus tard. - Morice Moreau, laboureur demeurant à Mulleron, vend deux arpents audit lieu. - Gervais Bredant, laboureur à Quincampoil vend demy arpen à Quiquenpoix. - Quellier laboureur à Muleron vend un arpen à Mulleron. - Jehan Brodan vend 5 quartiers aux Boulleaux paroisse de Fontenay. en la censive du seigneur du Plessis, moyennant 22 lt. Comme à l'accoutumée, la faculté de reméré et de bail est réalisée par l'acheteur, moyennant trois mynes de blé. - Jehan Bertaud vend 3 quartiers de terre…

Cette liste ne prétend pas résumer les achats du couple mais simplement montre qu'il acquiert des terres dans la région et en tire des revenus. Notons également que Jacques Rousselet argentier au service du seigneur de Leuville, y résidant, en quittant ce dernier, va pendant quelques années se loger à Montlhéry, en face de l'église. Il exercera alors les fonctions de chevaucheur des écuries du roy.

Achats de maisons à Fontenay et environs

- Jehan de Bourbon mégissier à Orsay vend une maison avec terres tenant à Soucy et à la ferme Houllier. - Jacques Rousselet demeurant à Montlhéry, confesse avoir vendu à noble homme Pierre de Ficte, seigneur de Soucy, une maison contenant un espace & demy (celle ci-dessus) , couverte de chaulme, court assis à Soucy, item deux arpents de terre prez la maison, item 5 quartiers, moyennant 160 lt. - Robert Bedouet vens une maison à Avrainville. - Jehan Ledoux, laboureur à Chantecoq vend une maison à Moullons et des terres à la Brosse. - Marguerite Penpelune, ratifie la vente faite à honorable homme Jacques Rousselet d'une maison à Chastres.

Le raisonnement pour les terres s'applique également aux maisons.

Baux et actes divers

Durant la même période nous résumons également les actes suivants: - constitution de 18 lt de rente par François Rousselet à Martin Roullet devant Ciriasse & Lechapelain, - André Lemaire laboureur à Soucy, retient à titre de loyer d'argent pour trois ans une vache sous poil rouge. - Jacques Belot, cousturier à Maryvault, paroisse de Janvrys, baille un troupeau de 50 bestes à laine brebis béliers moutons. - Jehan Bredant laboureur demeurant à Quincampoix prend à titre de loyer & prix d'argent jusqu'à trois ans deux vaches moyennant la somme de cent sols tournois. - Jehan Desforges laboureur de Fontenay reconnait debvoir 19 lt à Jacques Rousselet. - Jacques Chevallier, prévôt de Bruyères-le-Châtel, demeurant à Dollainville (Ollainville), vend 6 setiers de blé de rente, mesure de Bruyères, lui appartenant par acquisition faite de Jehan de Bohan, dit de la Rochette, écuyer, seigneur de Dollainville et de Bruyères en partie, et de Damoiselle Jehanne de Menchy, sa femme … - Jacques Rousselet baille à tiltre de ferme & moison de blé jusqu'à trois ans, à Laurens Gaudouyn, laboureur à Marivault, la quantité de six arpens de terres labourables en plusieurs pièces assises au terroir de Marivault, moyennant neuf boisseaux de blé mestail par arpent, mesure de Chastres. De toutes ces informations, il ressort que Jacques Rousselet cherche à créer un patrimoine dans la région et à le valoriser.

Revenons à Quincampoix dans les années 1560, Jehan Desforges, demeurant à Quincampoy, s'oblige envers noble homme Gilles Lemaistre, seigneur de Cincehour, de lui livrer devant son portail de l'hostel seigneurial, la quantité de 500 quartiers de grès de deulx pieds de de long sur un pied & deux milliers de sept pouces en carré, entre Pasques & la pentecoste, sur lesquels il confesse avoir reçu 3 escus sol. Nous retrouverons ces personnages dans l'histoire de Saint-Cehour (Launay-Courson). Notons que le lieu doit permettre d'extraire du grès.

Charles de Meurcent, seigneur de Quincampoix

En 1564, Charles de Meurcent, domestique de Pierre de Ficte, seigneur de Soucy, se transporte au prieuré du couvent de la Saussaye-les-Villejuifve, pour porter l'aveu au nom dudit de Ficte du lieu de Soucy dont les religieuses sont suzeraines. Son passage comme domestique va lui apprendre des rudiments financiers, l'apprentissage chez des spécialistes étant la règle à cette époque.

Dans la région tous se connaissent. Ainsi nous assistons en 1570, au mariage d'Anne de Lyon, fille de Marie de Baillon avec Charles de Meurcent, sieur de Quincampoix, devenu trésorier payeur de la gendarmerie: Bonnet Fourgonneau pour Marye de Baillon sa femme veuve de Loys de Lyon, vivant advocat, comme tuteur & curateur de Anne de Lyon, fille mineure d'une part, et noble homme Charles de Meursan, sieur de Quincampoix proche Fontenay les Briis, trésorier et payeur de la gendarmerie de France, en son nom d'autre part, lesquelles parties en la présence de Radegonde de Baillon, tante d'Anne, de Marye de Hacqueville veuve de Jehan de Baillon, seigneur de Janvris, son oncle, de noble homme Pierre de Ficte, seigneur de Soucy, trésorier de l'épargne du roy, époux de Loyse de Hacqueville, amis et alliés, de noble homme Jehan Jaupitre seigneur d'Etiolles, notaire et secrétaire du roy et Anne de Baillon sa cousine germaine… C'est un traité de mariage classique: - le couple Fourgonneau donne 100 lt de rente venant de la succession de son père; - le futur doue la future de 1.200 livres… Les Baillon sont présents au complet ainsi que l'instructeur financier de Soucy.

Ce mariage où apparaît le terme “sieur de Quincampoix” est significatif de biens attachés à ce lieu. Nous verrons par la suite qu'il dépend des “de Ficte”.

Trois ans après, notre personnage est devenu secrétaire de la chambre du Roy et demeure à Paris. Il accroît son domaine de Quincampoix en procédant à un échange avec Girard Girault, lieutenant général au baillage de Chastres (Arpajon), ledit Girault cède les biens venant de son père assis à Quincampoix: - 1) une maison couverte de thuille avec granche contenant quatre espasses, - 2) jardin derrière la maison, prez aulnoys plantez au dessous de la maison, - 3) petite maison, cour, jardin tenant à la maison de Meurcan, d'autre à la grand rue dudit Quincampoix en la censive du seigneur de Bruyères, 4) item deux espasses de maison couvertes de thuilles faisant moitié de quatre… tenant à la rue de la fontaine tenant de Quincampoix à Fontenay, - plusieurs pièces de terres dont les tenant et aboutissant mentionnent la grande rue de Quincampoix, le chemin de Fontenay à la Forest; en contre échange Meursent cède 74 lt de rente. La description ci-dessus semble situer cet ensemble entre le bourg de Fontenay et le Quincampoix de Rousselet dit “le haut” (au XVIIe siècle) proche la route de Soucy au Déluge.

En 1574, nous retrouvons ce petit monde financier de Soucy. Pierre de Ficte, trésorier de l'épargne a pris comme commis et gendre Pierre Sabatier, également notaire et secrétaire du roy. Ce dernier, représentant sa famille et sa soeur, native de Montpellier, la marie à un autre trésorier des réparations et fortifications des villes et places de Champagne, pays Messin, Luxembourg et autres terres de nouvelles conquestes. Ce fut fait et passé en la présence et advis du seigneur de Soucy et de Charles de Meurcent, seigneur de Quincampoix en la maison du seigneur de Soucy.

La même année, Jehan Dollyon, laboureur demeurant à Quincampoix paroisse de Fontenay, confesse avoir vendu et promet de livrer à Jehan Durand, marchand de Montlhéry, quatre milliers de thuilles au logis dudit Durand à Montlhéry moyennant 12 livres tournois. Le sujet d'une tuilerie à Fontenay, à Thuilières sur Janvry, ou à Bruyères, permettant d'en fabriquer est posé.

Charles de Meurcent est devenu en 1576, trésorier de la maison de Monseigneur de France et frère unique du Roy. Il achète à Jehan de la Rochette, escuyer, seigneur des Molières et y demeurant prez Chevreuze, une rente de 75 lt, venant de Jehanne de la Rochette sa cousine, dame en partie de Bruyères, femme de Jehan d'Allonville. La vente faite moyennant 900 lt.

François Rousselet, son mariage et son arrivée à Quincampoix

Une période reste sans informations jusqu'en 1581, où l'on retrouve Quincampoix avec d'autres acteurs célèbres. “Noble homme Messire Ambroise Paré, en son nom et pour Catherine Paré sa fille mineure de luy et de feu Jehanne Mazelin jadis sa femme en premières noces, et Messire François Rousselet, trésorier de l'argenterie de Monseigneur frère unique du roy et secrétaire ordinaire de sa maison pour luy, procèdent au contrat de mariage. Sont présents à la cérémonie du côté Paré, des chirurgiens, Claude Viart, Antoine Portail, des bourgeois de Paris, Charles Fournier, oncle et tuteur de la future, Loys de Prime, Jehan Quiquebeuf, et du côté Rousselet, Marie Boullais, veuve de feu honorable homme Jacques Rousselet en son vivant chevaucheur ordinaire de l'escurye du roy et bourgeois de Paris, Didier Martin beau-frère de François, archer des gardes du corps du roy… pour raison du mariage desdits…ladite Boullais mère du futur espoux apporte par don irrévocable et en advancement d'hoirie, une ferme & mestairie appelée de Quincampois assise en la paroisse de Fontenay les Briis, consistant en maison, court, granche, estable & jardin, le tout clos à murs et couvert de thuille, cinq arpents de grans aulnois bois et saussaye prés au devant de ladite ferme, quarante arpents de terres labourables en plusieurs pièces. La future apporte les biens venant de la succession de Jehanne Mazelin, sa mère. Fait et passé en l'hôtel dudit Paré rue de l'Erondelle, “le mardi ferier de Pasques”.

En 1586, François Rousselet devenu controlleur général de la maison de la reyne de Navarre, soeur unique du roy, demeurant à Paris rue des Augustins, paroisse St André des Arts, confesse avoir baillé à titre de ferme & moison de grain, à Jehan Brodan, laboureur demeurant à Quincampoix, paroisse de Fontenay les Briis, acceptant, la ferme & mestairie a lui échue par son mariage qui se consiste: - en maison manable court jardin, - les lieux qui se poursuivent assis audit Quincampoix, soit 40 arpents en plusieurs pièces … disant bien les congnoistre, moyennant 8 septiers de blé par arpent à porter au sieur bailleur à Montlhéry ou au lieu de la Ville-du-Bois. Egalement le preneur doit prêter ses chevaux pour les vendanges des vignes à Fontenay. Ce bail récemment trouvé confirme une fois de plus la présence des Rousselet à la Ville-du-Bois.

A Paris, l'année suivante, notre personnage loue une petite maison, court, puy & petit jardin, faubourg st Germain des Prez …

Dans sa fin de vie, la mère de François, Marye Boullaye, revient vivre à la Ville-du-Bois, elle remplace son défunt époux et en 1587, baille à titre de rente annuelle et perpétuelle, à Yvet du Perray laboureur demeurant à Mulleron, quatre espasses de logis avec un adam, couverts de chaulme court jardin & terre, assis audit Mulleron… en la censive du seigneur de Marivaulx, moyennant trois escus.

Les troubles des guerres de religion de ces années n'ont apparemment pas touché Quincampoix. Quatre ans après, François Rousselet qui demeure en sa maison des trois muriers, paroisse St André des Arts, procède à deux locations à Quincampoix: - Jehan Dard laboureur à Soucy, retient une ferme & mestairye audit Rousselet appartenant qui se consiste en maison manable grange, … court jardin, assis à Fontenay avecq 73 arpens de terres, moyennant quatre boisseaux de grain deux parts bled le tiers avoyne… et soixante escus. - à Pierre Marye, vigneron demeurant à Coquesalle paroisse de Fontenay, une maison, cour, jardin, trois arpens de terre, ce bail fait moyennant deux escus sol.

La même année, Simon Boutely & Georges Belloy carriers demeurant à Lynois, promettent de tailler pour François de Rousselet, controlleur général de la maison de la reine de France … de faire fendre & tailler pour ledit Rousselet 20.000 de coings de gresserie de chacun deulx pieds de long & de sept pouces carré ( 60x20x20cm, ce qui représente 2400m2!) moyennant la somme de dix escus sol par milliers. Nous avons donc une confirmation de l'existence d'une carrière proche Quincampoix et de travaux importants qui vont être réalisés audit lieu.

François Rousselet règle la succession de ses parents

Fin 1591, Lanoullier, procureur, représente les héritiers de deffunt Jacques Rousselet vivant chevaulcheur ordinaire des escuries du roy & Marye Boulais sa femme. Il reçoit un marchand de Chastres qui déclare dans un titre nouvel, une maison avec jardin assis à Leuville, avec une rente à payer aux héritiers.

Revenons en 1592, Mr François Rousselet est absent. Il est à cette époque, contrôleur des fortifications des villes de Meulun & Corbeil, et demeure à Corbeil. Il nomme Antoine Hervy, commissaire et examinateur en la prévosté de Montlhéry, procureur qui agit en son nom, et se faisant fort de ses frères & soeurs, cohéritiers de deffunt Jacques Rousselet & Marie Boullay jadis sa femme, leur père & mère. Il procède à un bail à rente annuelle & perpétuelle à Anthoine Forestu, laboureur demeurant à Leuville, preneur provenant des biens des parents Rousselets ci après: - trois quartiers de vignes à Leuville - un quartier de vigne à Lynois, le bail fait moyennant trois escus sol de rente… le reste hors sujet traité. Le notaire est à Corbeil et se nomme Jacques Regnault.

L'année suivante, un autre procureur, Lanoullier, agit pour François Rousselet, cette fois qualifié de controleur ordinaire de la maison de la reyne. Il représente également sa soeur Jacqueline Rousselet, veuve de feu Ambroise Paré, les intéressés estant héritiers de deffunt Jacques Rousselet, vivant chevaulcheur ordinaire des écuries du roy & Marye Boullaye sa femme , d'une part … et le procureur de Mathurin Martin, marchand demeurant à Chastres, d'autre part. Ils enterinent le titre nouvel de Mathurin Martin, marchand demeurant à Chastres, qui déclare estre détempteur d'une maison et jardin derrière à Leuville, reconnaît devoir payer trois escus d'or de rente sur les héritages. Egalement devant le commissaire de la prévosté de Montlhéry, ils procèdent au partage tant des biens de leurs parents que de ceux de Barbe leur soeur, en faisant deux lots .

à suivre (*)

Note

1) La vente à réméré est faite sous condition de rachat possible par le vendeur, moyennant la restitution du principal et de certains accessoires.

dagnot/chronique16.05.txt · Dernière modification: 2020/11/11 21:12 de bg