Corpus Essonnien

Histoire et patrimoine du département de l'Essonne

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La ferme de Pilandry à Nozay

Extrait du plan napoléonien de Nozay Juillet 2008

Chronique du Vieux Marcoussy

JP. Dagnot

C. Julien

Cette chronique fait partie de la série des textes décrivant les fermes de Nozay (Essonne, arr. Palaiseau, cant. Montlhéry). Le plateau de Nozay-Villejust a connu de tout temps l'existence de grandes exploitations agricoles, depuis l'époque de l'installation de l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés jusqu'aux fermes seigneuriales du XVIIIe siècle. Le lecteur pourra lire les textes déjà parus comme le “Fief de Villarceau” ou les “Antiquités de Nozay” qui relatent la mise en culture de la plaine de Nozay (1).

Le toponyme

L'étymologie de Pilandry nous interpelle car ce toponyme n'est pas commun. Plusieurs hypothèses peuvent être avancées et nous les analyserons dans une chronique spécifique (cf. “ Les Pylandries, interprétation d'un toponyme de Nozay ”). Nous trouvons de nombreuses variantes orthographiques comme Puylandry (1547), Pilandryes (1652), Pillandry (1570), Pilandry (1571), et une fantaisie qui ne manque pas d'intérêt : Puide Landry (1657). Depuis le XVIIIe siècle, des variantes orthographiques existent pour aboutir, de nos jours, aux Pylandries, pluriel avec un –y .

Ce chantier est inscrit sur le plan terrier de la seigneurie de Nozay, dressé en 1781, en tant que le Pilandry , alors qu'il apparaît sur le plan d'intendance de Nozay publié en 1785 sous la dénomination le Pilardy . En 1809, c'est la variante orthographique les Pillandries qui prévaut sur le cadastre napoléonien. Sur la matrice cadastrale de Nozay, on peut trouver une grande variété d'inscriptions telles que L'Epilanderie (1833), les prés d'Epilandries (1899), le Pilanderie (1854), le Pillanderie (1859), le Pilendrie (1844) et même l'Epilandière (1865).

La ferme de Pilandry au XVIe siècle

Lors de la prisée du 19 octobre 1518 et du partage des biens de la succession de Louis de Graville, seigneur de Marcoussis, figure la seigneurie de Nozay et La Ville-du -Bois qui comprend plusieurs fermes dont Villiers, Pilandry et Saussaye de Nozay (2). Au moment de la succession de dame Jehanne de Graville, fille de l'amiral, en avril 1545, ses neveux Guillaume et Thomas de Balsac se partagent la terre et seigneurie de Marcoussis. Le lot de Guillaume de Balsac comprend les trois fermes de Nozay, à savoir Villiers, la Saulsaye et Puylandry .

Une bourse avait été fondée au collège de Montagu par Louis de Graville. Depuis longtemps, les descendants de l'amiral avaient oublié d'honorer cette contribution. L'administrateur du collège envoya, pour être payé le 21 juillet 1570, l'huissier royal de Montlhéry. Celui-ci fit un rapport que voici : « Moy, huissier du roy, de la part du principal du collège fait exploits au domicile de François de Balsac pour faute de paiement de la somme de 5.100 livres tournois, me suis transporté sur les terres et fermes de la Granche , de Chenanville prez Marcoussis et de la ferme de Pilandry size à Nozay prez Marcoussis et encore une autre ferme size à Nozay prez l'église, quatre fermes appartenant au seigneur d'Entragues, saysies en la main du roy ». Au cours de sa visite, le représentant du roi désigne un commissaire pour chaque lieu : - Symon Quelin à la ferme de la Granche , fermier dudit lieu, - Loys Gourby et Blaise de la Chaize , fermiers à la ferme de Chenanville, - Jehan Petit, fermier prez de l'église, - Marin Lemoyne, fermier de la ferme de Pillandry »

Trois mois plus tard, le principal du collège expose que « messire François de Balsac, seigneur de Marcoussis, doit 5.100 lt et a été condamné par arrest du 1er juillet, sur les fermes, terre et seigneurie de la Granche , Chenanville size près ledit Marcoussis et la ferme de Pilandry size à Nozet près ledit Marcoussis, et sur une aultre ferme size audit lieu de Nozet près l'église dudit lieu ». La sentence précise que le remboursement de la dette sera fait « par les fermiers dont leurs baux devront payer ladite somme ». Le 16 mars 1571, Marin Leroyer et Jehan Petit, laboureurs demeurant à Nozay, en leur nom, constituent François de l'Isle procureur pour rendre compte au principal du collège de la ferme de Pilandry pour Leroyer et de la ferme de Nozay pour Jehan Petit « lesdites fermes appartenant au seigneur d'Entragues, à savoir suivant le bail à Petit qui est de trois muids par chacun an payable au jour de la Saint-Martin dhiver … ».

Le 20 février 1574, François de Balsac passe un aveu et dénombrement au roi en tant que seigneur de Marcoussis, Nozay et La Ville-du -Bois, et autres lieux « ledit chevallier tient à une seulle foy et hommage du roy à cause de sondit chasteau de Montlhéry ». L'acte envoyé à la Chambre des Comptes révèle ce qui suit : - la terre et seigneurie de Nozay et Ville du Bois, et appartenances dicelles, comportant haute, moyenne et basse justice, four banal et menues dixmes, - item 60 arpents de boys taillis près La Ville-du -Bois, - item une mestairye audit Nozay qui se consiste en maison, cour, jardin et 133 arpents, appelée la mestairye de Pillandry que tient de présent Marin Royer, - item une aultre mestairye assise près de l'église qui se consiste en maison, …, et 120 arpents de terres que tient de présent Jehan Petit, - item une aultre ferme assise à Villiers , maison, …, et 103 arpents de terres.

Le 15 juillet 1579, Marin Leroyer, laboureur demeurant à Nozay, déclare « estre détempteur et propriétaire d'un demy arpen de terre chantier de Pilandri, … tenant d'autre bout à la veuve et aux héritiers de Messire Jehan Regnault ». En juillet 1595, François de Balsac achète des terres à Jean Mazurier laboureur demeurant en la ferme de Pillandry.

La ferme de Pilandry au XVIIe siècle

En 1639, le receveur de la seigneurie de Nozay nommé Pierre Poullier « baille à moisson, la ferme et mestairye scize audit Nozay audit Moreau et ladite Deforges, laboureur, pour le temps de neuf années au prix passé à Cornet devant Blaise Pasquier, commis du tabellion de Marcoussis, le 23 juin 1629 » (3). Au mois de novembre suivant, le bail d'affermage est négocié par à Pasquier Brunet devant Lemercier, tabellion à Marcoussis.

Dans son aveu et dénombrement du 15 mai 1648, le seigneur de Marcoussis mentionne trois fermes à Nozay et Villiers dont la ferme de Pillandry . En 1652, Pierre Poullier est procureur et receveur de Monseigneur d'Entragues en sa terre et seigneurie de Marcoussis « lequel confesse avoir reçu quatre muids quatre septiers deux minots de bled méteil que Pasquier Brunet laboureur à la Saussaye , paroisse de Villejust, devait de restes de la moisson de grain de la ferme appelé les Pilandryes échus à la Saint-Martin 1648, également 620 livres que ledit Brunet s'oblige à payer, sans préjudice des poullets et chappons portés au bail de 1639 ». Il semble que les troubles causés par la Fronde se fassent ressentir également à Nozay.

En l'année 1656, François Chevrier, procureur, baille à tiltre de ferme et prix d'argent, pour le temps de neuf années , à honorable femme Romaine Lanoullier, André Josse et François Leroyer, preneurs, le revenu de la terre et seigneurie de Marcoussis, Nozay, Ville-du-Bois et Fretay, comprenant la ferme de Villiers, la ferme proche l'église de Nozay , laquelle a esté donnée depuis quelques temps par ledit seigneur au nommé François Simoy demeurant à Nozay moyennant 80 livres de rente, de laquelle les preneurs jouiront et l'autre ferme appelée Pilandry en laquelle est de présent la veuve de François Brethon.

Dorénavant, il est coutumier de voir la gestion des biens de Marcoussis conduite par un fondé de pouvoir ou procureur qui tient la seigneurie en affermage. Le 1er décembre 1657, Romaine Lanoullier, veuve de Léon Poullier, fondée de procuration de Léon d'Illiers de Balsac, baille à titre de loyer et moisson de grain, jusqu'à neuf ans, à Anne Lebacle, veuve de François Brethon, la ferme et mestairye appelée le Puide Landry consistant en : - maison et manoir de demeure avec chambre basse à feu, escuryes, estables, bergeryes et eddifices couverts de tuille, - grande cour et jardin, - toutes les terres labourables dépendantes de ladite ferme. Le bail est fait moyennant la quantité de quatre muids six septiers de bled mestail, demy douzaine de chappons, une douzaine de poulets, etc.

En septembre 1671, Léon de Balsac étant dans son château de Marcoussis passe un marché avec Pierre Legendre, maçon couvreur, qui s'oblige d'entretenir « toutes les couvertures du château de Marcoussis, que de la basse cour d'iceluy, que celles des fermes de Pillandry , Villiers à Nozay, la Ronce , et la ferme des Prés à Marcoussis pour le temps et espasse de neuf années, les matériaux non fournis, également les bresches des murs de clôture du Petit Parc moyennant 45 livres pour les toitures et 15 livres pour les réparations du mur ».

À partir de 1672, Léon d'Illiers de Balsac, vivant le plus souvent à Paris et à Versailles, confie ses affaires à Léon Poullier le jeune, bourgeois de Paris, qui devient receveur de la terre et seigneurie de Marcoussis. Le 4 janvier, Jacques Duval signe le bail d'affermage pour neuf ans, à titre de loyer et prix d'argent, la ferme et mestairie de Puylaudry consistant « en maison manable, estable, bergerie, grange, et autres édiffices couvert partie de thuille, partie de chaulme, court, jardin derrière, toutes les terres deppendantes de ladite ferme consistant en 163 arpents. Ledit preneur a dit le tout bien cognoistre pour en jouir pendant le dy temps ainsi qu'en ont fait les précédents fermiers moyennant le prix et somme de 350 livres ». Le preneur pourra faire pâturer ses vaches dans les bois de Marcoussis dans les parcelles où les arbres ont plus de cinq ans d'âge et aussi « de prendre des épines et bois pour leur chauffage dans ces taillis qui seront à couper par ledit bailleur seulement ».

En 1681, le même “ recepveur ” de la terre et seigneurie de Marcoussis confesse avoir baillé et délaissé à titre de ferme et loyer pour neuf ans, à Jacques Thiboust, laboureur demeurant à Nozay, la ferme appelée de Pillandry, consistant en maison manable, …, « le bailleur disant bien les connaistre, moyennant la somme de trois cents livres ».

À cette époque, Guillaume Charpentier, demeurant rue Vieille du Temple à Paris, secrétaire du Roy, Maison & Couronne de France & de ses Finances, seigneur de Lunaisy, agrandit son domaine en rassemblant des terres du chantier voisin de Pilandry. Le 25 mars 1685, il achète à Pierre Jodele, laboureur demeurant à Fretay, un arpent tenant d'un bout sur le ruisseau de Lunaisy. Un achat similaire est réalisé pour deux autres pièces. C'est Michel Goix marchand à La Ville-du -Bois qui vend à Charpentier, le 2 avril 1685, un arpent et demi à Pilandry en deux pièces. Puis, le surlendemain, Louis Desimoy, vigneron de Nozay et Appoline Brethon, sa femme, vendent à “noble homme” Guillaume Charpentier, seigneur de Lunaisy , trois quartiers et demi de terre “ faisant moitié champtier dit Pillandry ”. C'est un héritage qui vient de la famille Brethon.

La ferme de Pilandry au XVIIIe siècle

En cette fin de XVIIe siècle, la ferme de Pilandry est proche de la ruine. Une expertise est faite en 1698 pour déterminer les réparations à faire. Les experts décident que deux bâtiments de la ferme d'Espilandry nécessitent une entière reconstruction. « Au bastiment servant de logement au fermier nous avons trouvé une couverture de thuiles en comble d'yceluy à la réserve qu'il y a des thuiles qui sont coulées,…, et faire lez plastres au besoing est estimé la somme de 20 livres ». Le rapport continue avec des travaux dans la chambre pour 10 lt, un plancher à refaire pour 30 lt y compris la menuiserie avec sa ferrure. Dans la cuisine, le jambage de la cheminée est tombé et le sol n'est plus de niveau. Dans l'écurie, il faut reconstruire la mangeoire et refaire les enduits “ sur plusieurs toises à hauteur convenable ”. La toiture en chaume de la grange est complètement ruinée et il en coutera 250 lt pour la restaurer. Les travaux estimés pour un total de 687 livres seront faits au titre des réparations d'usufruit.

Nous ignorons si les réparations prévues en 1698 ont été effectuées car, le 21 mai 1701, des travaux sont à nouveau envisagés et à adjuger à la ferme de Pilandry par le seigneur de Marcoussis. Ils consistent à « recouvrir la grange à neuf avec chaulme laquelle contient 11 thoises et demi de long sur 7 thoises, au comble de la bergerie faire à neuf une travée et couverture de chaulme en plusieurs endroits ».

En ce début du XVIIIe siècle le seigneur de Marcoussis est fortement endetté et avait fait plusieurs emprunts en hypothéquant les fermes de son domaine. En 1702, à la demande des créanciers, Alexandre d'Illiers de Balsac, fils ainé de Léon de Balsac, est obligé de faire procéder à la réparation des bâtiments de la seigneurie y compris le château par adjudication au rabais. Dans cette adjudication, les lieux de la ferme de Pilandry sont en piteux état. La grange doit « estre recouverte à neuf de chaulme », soit 11 thoises par 7, partiellement la bergerie, le toit à porc et le poulailler en totalité, également le toit de l'escurie et celui de l'estable à vaches. Il faudra plus de 1.500 thuilles sur un toit. Le plancher de la grange doit être refait. Trois panneaux de verre doivent être mis à la croisée de la chambre du fermier ; il faut refaire le plancher, la porte, etc.

Peu avant le début du XVIIe siècle, Jean Bruière, receveur de la terre et seigneurie de Marcoussis, baille jusqu'à sept années, à Louis Feuilleret, laboureur, la ferme et métairie de Pilandry avec 163 arpents, telle qu'en jouit encore Jean Artage moyennant 400 livres . Un nouveau bail est passé en 1702 par Alexandre de Balsac. Quatre ans après, Emmanuel Honoré Martin, secrétaire d'Alexandre de Balsac, demeurant ordinairement à Paris « estant de présent au chasteau seigneurial dudit Marcoussis, lequel ayant charge et pouvoir, lequel a baillé et délaissé à titre de loier ferme et prix d'argent pour le temps de neuf années à Jean Brière, receveur dudit Marcoussis, c'est à savoir les fermes et mestairies de Pilandry et Villiers, ainsy qu'en ont jouy et jouissent actuellement Louis Feuilleret et Philippe Guézard, fermiers d'icelles fermes, …, avec les grosses réparations nécessaires en déduction du loier, en outre moyennant 550 livres ».

Jean Brière laboureur et sa femme demeurant en la ferme de Pilandry, ont remontré le 9 septembre 1707, à Alexandre de Balsac, qu'ils sont dans l'impossibilité de continuer à faire valoir les dites fermes de Pilandry et de Villiers, attendu en premier lieu que tous les meubles meublants et bestiaux exploités dans ladite ferme appartiennent au seigneur. Le procès verbal de vente dressé avec les collecteurs de la paroisse de Marcoussis, faute du paiement du revenu de leur dernière année de la recette de Marcoussis, fait état de la saisie de tous les grains de la récolte que ledit Brières auroit ensemencé desdites fermes le 22 août . La raison vient des collecteurs de Marcoussis de 1707 qui ont imposé par des « rolles à des sommes exorbitantes », qu'ils ont causé leur ruine totale que quelque effort que ledit sieur Brière ait fait, les sommes restantes qui sont pour eux considérables, …, « de quoy ils ont donné leur requeste et aux menasses des collecteurs ».

Le lendemain, “hault et puissant” Messire Alexandre de Balsac fut présent en son château seigneurial de Marcoussis. Il semble qu'il a rejeté la supplique de son fermier et a décidé d'accorder un bail à ferme à un marchand nommé Pierre Guillier. « En conséquence de la résolution et rétrocession de bail à luy fait par Jean Brière cy devant receveur de la terre et seigneurie de Marcoussis des huit années de bail quy leur avoit été faite par ledit seigneur devant le notaire soussigné le 10 mars 1706, des fermes de Pilandry size à Nozay , et de celle de Villiers avec leurs circonstances et dépendances, a reconnu et confessé avoir baillé à titre de loier pour le temps de huit années et huit dépouilles, commencées dès à présent, de ensemencer les bleds en la saison prochaine, à Pierre Guillier, marchand, à savoir lesdites fermes avec tous les bastimens d'icelles, terres labourables et toutes leurs dépendances sans réserve, …, faire les grosses réparations, arretez par Nicolas Mole, procureur fiscal et concierge du seigneur, lesquelles viendront en déduction des loyers, en outre moyennant la somme de 550 livres en argent … »

Pilandry sous Pierre de Louvain

Les difficultés économiques de la France avaient déjà commencé dès 1672, mais elles culminèrent en 1709 avec la vague de froid intense qui commença dans la nuit du 6 janvier. En 24 heures le terrible hiver s'étendit sur toute la France on releva ainsi -25°C à Paris (4).

Alexandre de Balsac d'Illiers , marquis d'Entragues, seigneur de Marcoussis, de Nozay et La Ville-du -Bois et autres lieux est toujours à la recherche d'argent. Il a épousé Philberthe de Xaintrailles en 1707. Ce mariage représente un arrangement, les Xaintrailles apportent 120.000 livres qui permettent l'acquitement provisoire des dettes dues aux représentants de la dame d'Elbène son ayeule maternelle. Ils habitent Paris, rue d'Enfer, paroisse Saint-Cosme (chronique sur les seigneurs de Marcoussis à venir). En 1709, devant un notaire parisien, et faisant référence au contrat de donation substituée de César de Balsac, grand oncle maternel, ils vendent à Pierre de Louvain, écuyer de la petite écurie du Roy, seigneur de Villarceau et de Villevent , demeurant ordinairement à Versailles aux Petites Écuries, les fermes de Pilandry et de Villiers, sizes à Nozay. La ferme de Pilandry est constituée en un corps de ferme composé de bâtiments pour le fermier, écuries, granges, étables, bergeries, toits à porcs et à vaches, petit jardin à côté, clos non fermé dans lequel il y a quelques arbres fruitiers et pieds d'ormes émondéz le tout contenant environ deux arpents compris la cour qui est au milieu desdits bâtiments, le tout tenant d'une part au chemin de Nozay à Villejust, d'autre à différents particuliers et enfin au chemin de Fretay à Nozay. Les terres labourables sont évaluées à 142 arpents en plusieurs pièces.

Dès son entrée en possession, Pierre de Louvain afferme Pilandry à Pierre Guillier, laboureur demeurant à Nozay et à Louise Brière sa femme. Le contrat est passé six mois après l'achat pour trois ou neuf ans. Le seigneur de Villarceau « confesse avoir baillé à Pierre Guillier, laboureur, c'est à savoir : la ferme du Puy Landry consistant en corps de logis, escuries, vacherye, bergerye, grange, toit à porcs, cour jardin enclos planté en fruitiers, contenant le tout deux arpents, plus la quantité de 165 arpents de terres labourables. Le bail fait moyennant deux chappons et outre moyennant 350 livres passant à 400 livres après trois ans ».

Signatures de Pierre de Louvain et Etienne Leroy au bas de l'acte d'échange de 1714.

Pilandry sous Etienne Leroy

En 1714, le seigneur de Villarceau fait des échanges avec son voisin le seigneur de Lunaisy. Pierre de Louvain est intéressé par les terres de la ferme de Pilandry qu'il réunit à celle de Villarceau. Estienne Leroy prend la ferme Dupuy Laudry qui jouxte Lunésy et en garde une soixantaine d'arpents. En 1715, les terres de 97 arpents sont réunies au bail de la ferme de Villarceau.

L'année 1716, la ferme change encore de propriétaire: fut présent Messire Estienne Leroy, escuier, seigneur de Lunaisy, estant de présent en son château, lequel a volontairement baillé à titre de rente annuelle et perpétuelle à Jacques Morin , laboureur demeurant à Nozay, c'est à savoir la ferme, les lieux et tous les bâtiments qui sont dans la ferme appelée Pilandry, … le tout clos contenant quatre arpents enclos de fossés et haye dans lequel il y a dix arbres fruitiers, …, item 12 arpents en censive du seigneur d'Entragues, moyennant cent livres de rente annuelle, non rachetable.

Le fermier de Pilandry décède durant l'été 1759. Les seuls héritiers de Jacques Morin et d'Anne Guillou sont Marie-Anne Morin, leur fille mariée à Jacques Redon “ demeurant dans la ferme de Puilandry ”, et Pierre Morin leur fils, frère de Marie-Anne qui est déclaré absent le 23 septembre 1759 « dont ils n'ont point de nouvelle depuis plusieurs années ». Devant le notaire de Marcoussis, les présents « se portant fort néanmoins reconnoissent qu'ils sont détempteurs et propriétaires de la ferme appelée Puilandry des bastimens et lieux en dépendant, …, moyennant cent livres de rentes annuelles à Jacques Leroy, seigneur de Lunézy ». Nous apprenons dans cette succession que le fils d'Etienne Leroy a repris le domaine de Lunaizy et que sa sœur avait renoncé à la succession de son père. D'autre part, les héritiers Morin reconnaissent la rente de 100 livres sur la ferme.

Deux ans plus tard, les héritiers Barroyer, bourgeois de Paris, vendent un arpent de terre au chantier de Pilandry à Messire Jacques-Etienne Leroy, chevalier seigneur de Lunézy demeurant à Paris, rue Beaubourg, paroisse Saint-Merry. La vente est consentie au prix de 300 livres .

Le terrier de la seigneurie de Nozay établi en 1782, nous fait connaître les censitaires de la comtesse d'Esclignac au chantier de Pilandry. Outre le sieur Pillard et Jean-Claude Paupe, nous trouvons le sieur Boutrou, marié à Anne-Françoise Breton qui partage un puits avec la veuve Germain Leroy et Claude Martin. Marie-Anne Morin, veuve de Jacques Redon et ses enfants mineurs habitent aussi rue de Pilandry (5). Dans sa déclaration du 21 juillet 1782, cette veuve reconnaît tenir « 14 espaces de bâtiments, cour close de murs, grand et petit jardin clos de haye, le tout contenant 4 arpents tenant d'un long au chemin de Lunezy, d'autre long au chemin de Nozay à Villejust d'un bout à la rue de Nozay à Pilandry et d'autre bout à Mr de Durdan, chargé de 13 sols 9 deniers ».

Notes

(1) Comme bien souvent dans les Chroniques du Vieux Marcoussy, nous conservons, pour plus de réalisme, l 'orthographe de l'époque.

(2) Il y avait, au XVIe siècle, deux fermes appelées Saussaye ; celle de Nozay dans la mouvance de Marcoussis et celle de Villejust qui appartenait aux Célestins de Marcoussis.

(3) C'est un bail d'héritage appelé admodiation que l'on donne à moisson ou à moitié fruits, qui se partagent entre le propriétaire et le métayer.

(4) « On commença fore tard à couper les bleds ce qui les encherit si fore qua la Miaoust le méteil valloit jusqu a dix francs le boisseau et l'orge sept francs, par le peu d'espérance que 1 on voyait à la levée et qu'il étoit peu de bleds de l'année précédante, ou qu'ils avoient péri aussi par les pluyes continuelles ».

(5) Ne serait-ce pas le fameux puits de Landry ( Puylandry ) ?

dagnot/chronique16.06.txt · Dernière modification: 2020/11/11 21:14 de bg