Corpus Essonnien

Histoire et patrimoine du département de l'Essonne

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Le château de Saint-Cehours (actuel Courson)

de 1490 à 1660

Chronique du Vieux Marcoussy ————————————- _——————————- Août 2008

Plan du château au XVIIIe siècle

JP. Dagnot

D. Bassière

Des origines obscures (XIIIe -XVe siècle)

Les origines du domaine de Saint-Cehours, premier nom du château de Courson, nous sont mal connues. Ce fief apparaît pour la première fois en 1274 dans une lettre d'amortissement accordée à Martin de Vienne, seigneur de La Roue à Linas. Par la suite la maison seigneuriale de Saint-Cehours est probablement mentionnée dans les actes de foi et hommage rendus au roi, en 1496, 1498 et 1499, par Gilles Spifame, écuyer et seigneur de ce lieu.

D'après certains auteurs les Spifame auraient été appauvris voire ruinés par la guerre de Cent Ans et auraient vendu le fief à Geoffroy Lemaistre. Cette famille des Lemaistre gardera la seigneurie de Cincehours jusqu'en 1639, où leur succèdera Charles et François du Tronchet jusqu'en 1655, puis Balthazar de Fargues jusqu'en 1667, époque où il fut condamné à mort pour malversations. Ses biens furent alors donnés à Guillaume de Lamoignon. C'est son fils, Nicolas de Lamoignon qui fit construire le château bien connu de Courson que l'on peut encore admirer de nos jours. Mais qu'en était-il de la demeure construite avant les Lamoignon ?

Le château de Cincehours entre 1550 et 1666

Manoir ou château ?

Aux XVIe et XVIIe siècles, contrairement à ce qui est couramment écrit, Courson n'était pas qu'un simple manoir mais un véritable chastel comme le précisent souvent les actes notariés de l'époque, et ce, bien avant la demeure des Lamoignon : citons par exemple les mentions « d'une chambre du chastel de Cincehour » en 1561, de « Jehan Lausson, cappitaine et garde des terres et chasteau dudit Cincehours » en 1586, ou bien encore de la présence de « Marie Hennequin au chasteau de Saint-Cehours » en 1605, ou de ces baux de terres passés par Gilles Lemaistre « de present en son chasteau de Cincehours » en 1622 et 1625, ou « le corps de logis dudit chasteau » en 1637, etc.

Une demeure seigneuriale classique du Hurepoix

Aspect général et évolution du château de Cincehours

Du XVIe siècle au premier tiers du XVIIe siècle, le château des Lemaistre offrait l'aspect classique des maisons seigneuriales du Hurepoix issu des traditions architecturales du Bas Moyen Age. Cette demeure, en forme de « U » s'inscrivait dans un quadrilatère comprenant le logis seigneurial, appelé ici le « grand corps d'hostel » , et deux ailes en retour avec pavillons. Cet enclos, en forme de quadrilatère, était entouré « de fossés plein deau revestu de graisserie » traversés par trois ponts-levis et commandé par un châtelet d'entrée avec portail s'ouvrant sur la cour d'honneur. En 1605 et 1655, Cincehours est toujours décrit comme étant « une maison seigneurialle close de murs, fossez et pont levis » . Cependant, à l'époque de Louis XIII, une évolution significative des enclos seigneuriaux eut lieu avec la « migration » des dépendances en dehors du logis seigneurial. C'est ce qui arriva à Cincehours sous le règne de la famille du Tronchet ou plus probablement de Balthazar de Fargues.

Certains auteurs affirment que Gilles Lemaistre aurait fait construire en 1550 un château neuf de brique et de pierre à la place d'une ancienne demeure médiévale, sur une plate-forme surélevée, par deux maîtres maçons parisiens Blaise Amaury et Jean Arsillon.

En 1560-1561, Gilles Lemaistre entreprit de gros travaux aux abords du domaine et dans le château même. Pour ce faire, il fit livrer d'importantes quantités de pavés et blocs de grès se montant à 3.000 pièces au minimum. Il fit adjoindre au corps d'hôtel principal un nouveau pavillon et fit construire un petit corps d'hôtel supplémentaire. Enfin, il transforma l'intérieur en aménageant une chapelle privée, de nouvelles chambres et renouvela certains décors. Il fit paver l'allée d'honneur du château « comme pour les rues de cette ville de Paris » précise même un acte de cette époque. Lemaistre recruta plusieurs artisans et fournisseurs qui oeuvrèrent dans les cours et allées de Cincehours. Jehan Deforges et Brehier, laboureurs à Fontenay-les-Briis, se chargèrent du transport des blocs de grès. Jehan Girard, paveur à Longjumeau, se chargea « de paver de carreaulx de grez […] lallée estant sous le pavillon du chasteau et maison seigneurialle de St-Cehour, depuis le pont levis dudit chasteau jusqu'au puits dudit lieu » .

Aux XVIe et XVIIe siècles, les trois bâtiments constituant le château de Cincehours était couverts d'ardoise. C'était une marque de richesse. A cette époque, ce matériau devait être importé et transporté par voies fluviales et terrestres ce qui était long, difficile et onéreux. En 1637, Jehan Lemaistre baille à un marchand d'Arpajon une partie des bâtiments du château « a la réserve du corps de logis couvert d'ardoises » . Plus tard, en 1656, Balthazar de Fargues passe un marché avec Pierre Julien , « couvreur en ardoize pour entretenir la couverture en ardoizes du chasteau dudit seigneur, fournir les matériaux moienant la somme de 30 livres annuelles » . Autre marque de richesse, le château de Cincehours était éclairé par de larges baies vitrées. Certaines étant abîmées, le seigneur du lieu, fit refaire, en 1656, celles de sa chambre et de la galerie. Ces ouvertures étant nombreuses, le 8 novembre de la même année, Baltazar de Fargues passe marché avec un marchand nommé Henry Le Conte pour « entretenir toutes les vitres qui sont au chasteau de Cincehours, a la réserve de celles qui ont besoin d'estre rénovées et de celles [touchées récemment] par la foudre et les orages » , ce qui montre leur fragilité.

Durant les années 1640-1650, Charles et François du Tronchet, agrandirent le domaine et acquirent notamment des terres pour aménager une vaste allée dans l'axe de la façade du corps central du château. C'est à cette époque également qu'auraient été supprimés le châtelet d'entrée et les murs qui clôturaient la cour d'honneur. Cependant le château de Cincehours ne devait plus évoluer pendant une dizaine d'années, entre 1660 et 1670. En effet son propriétaire, Baltazard de Fargues, ayant commis malversations et détournements de fonds, vit sa seigneurie de Cincehours confisquée en 1661, et fut condamné à mort quatre ans plus tard en 1665. Ses biens furent alors redistribués à divers seigneurs locaux dont Guillaume de Lamoignon, président du Parlement et proche du roi Louis XIV. Ce fut lui qui paracheva l'unification des fiefs de Cincehours, de Monteloup et de Launay-Courson en une seule entité, origine de l'actuel domaine de Courson.

Le grand corps d'hostel

Le grand corps d'hôtel était orienté est-ouest pour une meilleure luminosité Il accueillait le logis seigneurial et ses dépendances. La façade fut transformée et monumentalisée en 1554. En janvier de cette année-là, Gilles Lemaistre fit appel à deux maîtres-maçons, Blaise Amaury et Jehan Arsillon, pour créer des lucarnes probablement en toiture, et surtout pour construire un perron orné d'un lion porte-écu, recevant vraisemblablement les armoiries des Lemaistre. Au rez-de-chaussée de ce grand corps d'hôtel on trouvait une cuisine, mentionnée dès 1555, et qui fut baillée le 22 juin 1637, par Jehan Lemaistre, à Ferry Simmoneau, marchand de Chastres, avec « la chambre ou est à présent le jardinier » . A l'étage, se trouvaient les appartements seigneuriaux. Ceux-ci comprenaient la chambre du seigneur communiquant avec sa chapelle privée et prolongée par une pièce pour la toilette et l'habillement. En 1561, Gilles Lemaistre passe marché avec « Blaise Amaury, maistre masson en la ville de Bourges, pour faire et parfaire de son estat de masson les ouvrages de maçonnerie cy après déclarés au chasteau de Sainct-Cehour suivant le plan qui en a été dressé par ledit Amaury […] [et indiquant qu'il] sera fait une chapelle proche la chambre dudit seigneur au premier estage avec une garde robe au premier estage [et] sera fait un petit clocher [où] sera déposé une orloge » . Au XVIe siècle, la chambre seigneuriale constituait une des pièces les plus importantes des châteaux. On y recevait des personnages importants, on s'y restaurait ou bien encore on y faisait sa toilette. Les chambres du château de Cincehours étaient décorées de lambris en bois peint. Gilles Lemaistre, par exemple, avait une certaine idée du décor à exécuter dans ses chambres si possible en harmonie avec ce qui se faisait dans son hôtel particulier parisien, rue des Massons. Ainsi le 15 janvier 1561, il demanda à Loys Aufray, menuisier à Saint-Arnoult-en-Yvelines, de lui faire « la lambrissure d'une chambre du chastel de Sainct-Cehour de semblable fasson que celle faicte à Paris pour ledit seigneur président, de la hauteur de six pieds en bon boys sain et secq » moyennant la somme de 25 livres tournois. Pièces à vivres, les chambres étaient équipées de cheminées parfois richement décorées. Dans la deuxième moitié du XVI e siècle, Mathieu Jacquet, sculpteur du roi à Fontainebleau, aurait élevé dans le château une belle cheminée à la mode du temps.

Dans la première moitié du XVIe siècle, les étages étaient reliés entre eux par un seul et unique escalier servant en même temps aux propriétaires et aux domestiques. Pour éviter cette promiscuité Gilles Lemaistre fit construire un escalier de service partant de la cuisine, traversant le premier étage pour atteindre le grenier sous les combles. C'était un escalier en pierre en colimaçon tournant autour d'un noyau central de section circulaire. Pour exécuter ces travaux importants, Gilles Lemaistre fit appel à deux maîtres-maçons, Blaise Amaury et Jean Arsillon. Il passa marché avec eux en 1555 en ces termes « pour faire édifier les marches d'une vis portans noyau, lequel noyau aura un pied de face et ce depuis le rez-de-chaussée de la cuysine jusqu'à auteur du dessus du plancher du grenier […] , sera faict de mesme manière que ladite vis taillée et polie comme il appartient en son chastel dudit Cincehour […] , moyennant la somme de 370 livres tournois ».

Un petit pavillon fut érigé au coin du grand corps d'hostel par Blaise Amaury, maître-maçon à Bourges, mentionné ci-dessus. Six ans après, Gilles Lemaistre lui demanda de construire « ung petit pavillon au coing du grand corps dhostel dudit chasteau, qui aura six pieds dans oeuvre sur la longueur du pavillon qui va du pied qui est en la cour dicelle chasteau, lequel sera maçonné par devant de pierres de grez taillées et […], au premier estage, sera fait de chaque costé une petite fenestre dun pied de large sur deux pieds et demi de long » .

Les petits corps d'hostel ou galeries

En 1561, Gilles Lemaistre fit édifier un deuxième petit corps d'hôtel à l'image de celui existant : « comme icelluy du fournil » nous précise le marché de construction passé avec le dit Blaise Amaury. Ce nouveau bâtiment fut construit avec des matériaux locaux sans ostentation : « basty de pierre de molières et de terre, crespy de chaulx » . A l'intérieur, deux petites chambres furent aménagées.

Ces galeries adjacentes au corps d'hôtel principal furent régulièrement entretenues comme nous l'indique plusieurs marchés de travaux. Le 19 septembre 1646, le sieur du Tronchet, alors seigneur du lieu, fit refaire « la couverture d'ardoize de la gallerie du costé de la bassecour » . Un an plus tard, il passa marché avec Gassien Petineau, couvreur à Marcoussis, pour entretenir durant 4 ans « la couverture d'ardoize qui sont dans le chasteau dudit Cincehour […] , tant pavillons que galleries, a la réserve des foudres et tempêtes qui pourrait arriver du ciel (sic !) » .

En 1637, l'un des petits corps d'hôtel était couvert d'ardoise et abritait une chambre et cuisine où était logé le jardinier. Une des galeries était contiguë à la chapelle/église Saint-Claude et permettait de pénétrer dans celle-ci. C'est ce que nous indique un marché de travaux du 4 mars 1656. Quand Baltazard de Fargues acquit Cincehours il fit achever, en 1655, les lambris de la galerie du château qui étaient en commande. Il fit repeindre les plafonds et poser de nouvelles vitres dans la chambre et la galerie et finir le plancher de la chambre.

Le parc et les jardins

Derrière le château de Cincehours s'étendait un vaste parc de plusieurs hectares. Celui-ci était constitué d'un jardin d'agrément comprenant des parterres et des bassins avec des jeux d'eau alimentés en eau courante par des canalisations en plomb reliées aux nombreuses sources présentes à proximité. Dans ce parc on trouvait également un potager destiné à alimenter les cuisines du château et une partie boisée, privilège seigneurial, produisant du bois de chauffage et probablement des pièces de charpente et de menuiserie. Cet ensemble était clos de murs pour en assurer la protection. Un jardinier entretenait ces jardins et était logé dans une aile du château où il bénéficiait d'une chambre avec cuisine.

L'aspect du parc de Cincehours évolua quelque peu entre le XVIe et la première moitié du XVIIe siècle. En effet, de nombreux travaux d'entretien et d'embellissement y furent entrepris. Ainsi, au milieu du XVIIe siècle, Balthazar de Fargues, seigneur du lieu, fit ajouter à l'ancien bassin d'ornement un nouveau de plus grand diamètre. Ainsi il passa un marché avec un marchand-fontainier nommé Jacques Laville, en 1656, pour « faire un grand bassin a sept thoise de diamaistre [c'est à dire d'environ 12,60 mètres de diamètre !] , semblable a celui qui est a present dans le parterre [et] refaire le vieil bassin […] avecq touttes la conduite de leau » . Le nouveau bassin devra être construit « a chaulx et a sable, de deux pieds despaysseur, et demi pied de siment pour faire laire [c'est à dire le fond] et la gresserie garni et maçonné [c'est à dire les bords] […] afin que ledit bassin ne puisse perdre son eau » . Cette nouvelle construction sera alimentée en eau par « deux robinets [et des tuyaux] en plom utilisé [pour] le grand bassin et aussi celui des viels vestiges dans le grenier » , ce qui prouve qu'auparavant il y avait eu d'autres pièces d'eau dans le parc et que celles-ci avaient été soigneusement démontées avec leurs tuyauteries et stockées en pièces détachées dans le grenier du château ou de ses dépendances dans le but d'être réutilisées un jour. Le coût des travaux fut important et atteignit 450 livres tournois, sans parler de l'entretien annuel qui fut fixé à 60 livres tournois.

Les pièces d'eau et les fossés du château étaient empoissonnés et louées diverses personnes. Cette activité pouvait se révéler très lucrative. En 1636, Jehan Lemaistre, seigneur de Cincehour, baillait pour 9 ans à un marchand d'Arpajon, Ferry Simmoneau, tout le revenu de la seigneurie comprenant le « droit de pesche, tant dans la rivière [c'est à dire les ruisseaux et une partie de l'Orge] que dans les fossez du chasteau [avec] le grand parc clos de murs ou ledit preneur ne pourra prendre que la moitié des fruits »

Les dépendances

Jusqu'au premier tiers du XVIIe siècle environ, les dépendances étaient comprises dans l'enceinte du château, conception classique des demeures seigneuriales jusque vers le règne de Louis XIII. Les ailes du château sont alors utilisées comme greniers à céréales, remises à voiture, écuries et pour le logement de certains employés du domaine comme le jardinier par exemple. Par la suite, vers 1640, ces dépendances ont « migré » en dehors de l'enceinte seigneuriale, au nord de celle-ci, près de l'église Saint-Claude. Ces bâtiments furent alors construits en pierres du pays : moellons, meulières et grès pour les pierres d'angles. Un acte de 1656 nous apprend la présence d'un colombier, privilège seigneurial.

Peut-être dans les années 1640-1650, François du Tronchet fit édifier un original château d'eau en meulière. Au rez-de-chaussée, un cheval tournait une roue de bois autour d'un axe pour pomper l'eau d'une source souterraine. Cette eau montait jusqu'à l'étage de l'édifice et remplissait plusieurs réservoirs métalliques. De là, par le système de la gravité, l'eau arrivait sous une pression toute relative jusqu'au château.

L'église Saint-Claude

L'origine de la chapelle de Cincehours nous est connu grâce à un acte passé en 1561 par Gilles Lemaistre, seigneur de ce lieu, et sa femme Marie Sapin dans lequel il est écrit qu'en 1534 ils « s'adressa aux lieux et petits hameaux dessus St-Cehour et trouvèrent les pauvres gens y habitant, ruraux assez mal intentionnés en la loy de Dieu, [et qu'ils] n'avoient de messe que le jour de Pasques, [qu'ils étaient] pescheurs, que entre St-Cehour et Briis [leur paroisse de rattachement] [il y avait] la distance d'une grande lieue. [Alors] , le seigneur, pour la commodité des habitans, fait bastir et eddifier audit lieu de St-Cehour une chapelle en l'honneur de Notre-Dame et de Saint-Claude » .

Si l'on en croit certains auteurs, la chapelle de Cincehours aurait été érigée par Gilles Lemaistre en 1541, 1543 ou 1544. Celle-ci aurait été bâtie dans la basse cour du château, sur le bord du fossé qui la séparait du château, pour d'autres cette implantation se situait plutôt à moitié sur les fossés et à moitié sur la basse-cour comme le présenterait encore un plan terrier de 1775 conservé au château.

Les travaux terminés, Gilles Lemaistre lui donna le vocable de Saint-Claude et l'aurait fait bénir en 1544 par Charles Boucher, évêque de Mégare et abbé de Saint-Magloire à Paris. Lors de la cérémonie de fondation, le 6 juillet 1545, on vit des personnages importants tels que François Bastonneau et Vincent Maupeou (notaires du châtelet). A cette occasion la chapelle reçut un « trésor » et plusieurs clefs. Suivant une vieille coutume médiévale, Gilles Lemaistre se réserva le droit de nommer les chapelains et vicaires desservant cette chapelle et y fonda une messe hebdomadaire à ses frais.

Gilles Lemaistre installa donc dans sa chapelle un chapelain : « vénérable personne maistre Jehan Clavyer, prestre-chapellain de la chapelle parochiale Notre-Dame de Saint-Claude de Saint-Cehour et Montelou » , assisté de Thomas Roussel, « prestre, compagnon et vicaire » . Pour que les desservants de cette chapelle puissent vivre décemment, Gilles Lemaistre les dota, en 1546, d'une rente perpétuelle de 10 livres avec une maison et un quartier de vigne. Cette maison se situait « vis à vis du grand portail et entrée du chasteau et hostel seigneurial » . Très simple, voire frustre, elle se composait d'une chambre avec cheminée accompagnée d'un four pour la cuisine quotidienne. D'autres revenus venaient agrémenter le quotidien des chapelains, comme la perception de 48 livres tournois et la quantité d'un muid de blé sur le moulin à eau des Pestils au bord de l'Orge ou celle de 25 livres de rentes diverses données lors de la cérémonie de fondation dont une d'entre elles devait être perçue sur l'hôtel de L'Homme Sauvage à Linas. En contrepartie, le chapelain devait, non seulement dire les offices, mais aussi « tenir les escolles dudit Cincehour » , tâche classiquement du ressort des prêtres à l'époque. C'est probablement là l'acte de naissance de l'école à Courson-Monteloup.

Gilles Lemaistre donna également une parcelle de terre pour y fonder un cimetière, sur le chemin d'Arpajon. Par la suite celui-ci fut clos de murs.

Cette simple chapelle aurait été érigée en paroisse en 1545 ou 1559 « afin que les vieillards, les vélétudinaires, les femmes grosses en hiver et en été puissent assister au service divin » .

De gros travaux de reconstruction de l'église Saint-Claude semblent avoir eu lieu en 1656. Ainsi, le 4 mars de cette année là, Balthazar de Fargues, seigneur du lieu passa un marché de travaux avec un maître maçon de Limours, Dominique Gaspart, dans lequel ce dernier « soblige de faire léglise dudit lieu a hauteur du coulombier dudit lieu et mesme cimenterie a raison de, pour la grosse massonnerie pour ladite église et gallerie, de 4 livres tournois par chacune thoise, le seigneur fournissant les matériaux, reblanchir les portes et vitraux pour 70 livres tournois pour la fasson et la couverture de ladite église et gallerie, outre le seigneur paira 25 livres tournois pour le carrelage de ladite église et gallerie » . Ainsi nous savons que l'église Saint-Claude était rectangulaire et se terminait par un chevet circulaire. Les murs, constitués de moellons et meulières étaient blanchis à la chaux. Le sol était carrelé et des vitraux ornaient les ouvertures. Cette simplicité architecturale est à mettre en relation avec la sensibilité religieuse de l'époque. Cette chapelle était reliée au château par une galerie couverte afin que le seigneur du lieu puisse se rendre aux offices à couvert. De nos jours on peut encore voir cet édifice situé entre l'aile nord du château et les nouvelles dépendances des années 1640.

dagnot/chronique18.06.txt · Dernière modification: 2020/11/12 00:13 de bg