Corpus Essonnien

Histoire et patrimoine du département de l'Essonne

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La Grand'Maison à la Ville-du-Bois

Chronique du vieux Marcoussy _Février 2010

Propriété des filles d'Ambroise Paré à la Ville-du-Bois

JP. Dagnot

C. Julien

Dans la chronique précédente, nous avions laissé l'histoire de La Grand'Maison de La Ville-du-Bois au décès de Marye Boullaye vers 1592. Nous avons eu la confirmation que la veuve de Jacques Rousselet possédait cette propriété où elle demeure et que son gendre Ambroise Paré, est de passage audit lieu pour la cérémonie de mariage de sa belle-sœur Barbe Rousselet avec Didier Martin. Marye Boulloye décède à la Ville-du-Bois vers 1591.

Dans cette chronique, nous proposons de continuer en scindant la suite en deux chroniques relatant les biens de la famille Rousselet-Paré au travers des lieux respectifs : - le fief de Quincampoix à Fontenay-les-Briis (chronique parue) - la Grand'Maison à La Ville-du-Bois.

Dans un premier temps, nous rassemblons les éléments concernant les successions des parents Rousselet et d'Ambroise Paré, puis nous présentons les deux héritières d'Ambroise Paré et Catherine Rousselet.

Successions d'Ambroise Paré et des parents Rousselet

Les éléments directs, partage ou inventaire après décès, n'ont pas été retrouvés. Nous devons nous contenter d'informations partielles secondaires ou extraites d'actes postérieurs, pour apporter des éléments sur les héritiers et les biens qui leur sont échus, notamment provenant des successions des Rousselet. Concernant la succession d'Ambroise Paré, sa veuve a réalisé « plusieurs cayers de papier reliés » ensemble couverts de parchemin dont le début date du premier avril 1591. Nous ne savons rien de plus ! Passons au quotidien des Rousselet.

Le premier document date de fin 1591. C'est un acte passé entre Lanoullier procureur de Messire François Rousselet, contrôleur général de la maison de la Reyne, et Jacqueline Rousselet, sa soeur veuve de feu Messire Ambroise Paré, héritiers de deffunt Jacques Rousselet, vivant chevaulcheur ordinaire des escuries du roy et Marye Boulais sa femme, d'une part, et Mathurin Martin, marchand de Chastres, d'autre part, lequel est détempteur d'une maison avec jardin assis à Leuville, sur lesquels il doit une rente de trois escus.

Le second document du début 1592, provient d'Anthoine Hervy, commissaire et examinateur en la prévôté de Montlhéry, agissant comme procureur de Mr François Rousselet, controlleur des fortifications des villes de Meulun et Corbeil, demeurant audit Corbeil en son nom et se faisant fort de ses frères et soeurs et cohéritiers de deffunt Jacques Rousselet & Marie Boullay jadis sa femme, leur père et mère, confesse avoir baillé par ces présentes à titre de rente annuelle & perpétuelle à Anthoine Forestu, laboureur demeurant à Leuville, preneur des héritages ci après … il s'agit de deux pièces de vignes.

Le troisième de 1593, où François Rousselet , contrôleur général (document coupé),… Jacqueline Rousselet sa soeur veuve d'Ambroise Paré, …., d'une part, et Durand, procureur de Marin Bezard, ont esté d'accord de ce qui ensuit pour appréhender la succession de deffunte Barbe Rousselet leur soeur jadis femme de feu Didier Martin, vivant escuier sieur de la Fontaine , pour le regard des biens acquis pendant leur mariage …. le document est déchiré … Il est question d'une somme de 1.000 escus sol d'or, baillé au couple Martin, en avance d'hoirie en contractant leur mariage, donnée par deffunte Marie Boullaye leur mère commune, de François, Jacqueline et Barbe Rousselet. Les héritiers pour payer prendront une maison assise à Boissy-sous-Saint-Yon, dont l'achat par le couple défunt a utilisé cette somme.

Du quatrième document, trouvé dans un acte du XVIIe siècle, on peut noter : partage fait par Anthoine Hervy, advocat et commissaire en la prévosté de Montlhéry entre François Rousselet et Jacqueline Rousselet des biens terres prés et vignes et autres choses demeurées tant du décès de Jacques Rousselet et Marye Boullaye, leur père et mère que de Barbe Rousselet, jadis leur soeur veuve de Didier Martin, desquels biens, il a été fait deux lots … (malheureusement pour nous, le contenu n'est pas décrit).

On peut donc résumer la situation : Marie Boullaye est décédée entre 1586 et 1592. Barbe Rousselet décède en 1592. Jacqueline et François sont les seuls héritiers de leurs père, mère et soeur. Jacques avait obtenu en avancement d'hoirie la ferme de Quincampoix, sa soeur simplement 2.000 livres. À partir de fin 1593, nous retrouvons Jacqueline Rousselet dans les actes suivants : - noble (erreur) femme Jacqueline Rousselet, veuve de feu noble homme Ambroise Paré vivant conseiller & premier chirurgien du Roy, demeurant à Paris sur le quai des Augustins paroisse Saint-André-des-Arts , confesse avoir baillé à rente, un arpent de terres à Leuville… - honorable femme Jacqueline Rousselet, …, demeurant à Paris rue des Hirondelles, paroisse Saint-André-des-Arts, vend et délaisse, à Pierre Mercier vigneron de Montlhéry un demy quartier de vigne assis à Guyperreux, moyennant trois escus sol. - Anthoine Hervy, commissaire à Montlhéry comme procureur de la veuve Jacqueline Rousselet, procède à une décharge de rente annuelle sur une terre à Leuville… - dame Jacqueline Rousselet, veuve de feu noble homme Ambroise Paré, …., demeurant rue de l'Hirondelle, comme tutrice & curatrice des enffans mineurs du deffunt & delle , confesse avoir reçu de Gilles Roze praticien & bourgeois de Paris … Il s'agit d'une rente venant d'Ambroise Paré pour laquelle Jacqueline agit comme tutrice de ses enfants. - une promesse en 1595 par laquelle Luillier, bourgeois de Paris, est redevable envers Paré d'une somme de 70 livres . - en 1596, fiançailles et mariage d'Anne Paré avec Henri Simon, conseiller du roy et trésorier de l'extraordinaire des guerres en Bourbonnais, demeurant paroisse Saint-Estienne du Mont. À la même époque, une transaction familiale et un partage sont réalisés entre François Rousselet et Catherine Paré, Jacqueline Rousselet en son nom et représentant ses filles et Henri Simon.

Généalogie simplifiée de la famille d'Ambroise Paré (1).

En 1597, la veuve achète plusieurs pièces de terres dont une proche du Plessis-Saint-Père. Quelques jours plus tard, Jehan et Ancelot Guérin, laboureurs de vignes demeurant à La Ville-du-Bois, confessent avoir reçu la somme de trente six escus d'or soleil pour la vente de troys arpents au terroir du Plessis-Saint-Père. Le 12 octobre 1598, dame Jacqueline Rousselet et Loys Divry, marchand, font les échanges de terres proches la Maladrerie. L'année suivante, dame Jacqueline Rousselet, veuve de feu Ambroise Paré, vivant conseiller et premier maître chirurgien du roy, demeurant à Paris rue de l'Hirondelle, confesse avoir reçu de Martin Andau, archer des gardes du corps du roy, la somme de trois escus sol vingt sols d'or pour le rachat d'une rente venant de Jacques Rousselet et Marie Boullay, ses père et mère sur une maison assis à Montlhéry rue Christophe de Saulx.

En mars 1600, dame Jacqueline Rousselet, veuve d'Ambroise, tutrice de Catherine sa fille mineure, d'elle et d'Ambroise, et noble homme Henry Simon à cause d'Anne Paré sa femme, demeurant en cette ville de Paris rue des Hirondelles, paroisse Saint-André-des-Arts, délaissent à Michel Hérouard, maistre tailleur d'habits, la maison située au bout du pont Saint-Michel consistant en un corps d'hotel.

Le 6 avril 1592, le procureur de Messire François Rousselet, contrôleur des fortifications des villes de Melun et Corbeil, demeurant audit Corbeil, en son nom et se faisant fort de ses frères et soeurs et cohéritiers de défunt Jacques Rousselet et Marie Boullay jadis sa femme, leur père et mère, confesse avoir baillé par ces présentes à titre de rente annuelle et perpétuelle à Anthoine Forestu, laboureur demeurant à Leuville, preneur des héritages à Leuville. Une procuration est rédigée devant Regnault, notaire de Corbeil.

Pour résumer la situation familiale d'Ambroise Paré, nous voyons, d'après ces actes, que le grand chirurgien ne laissa en mourant (2), outre sa seconde femme Jacqueline Rousselet, qui lui survécut de dix ans, que trois enfants vivants, trois filles, et qu'il eut la douleur de ne pas avoir de postérité mâle : Catherine (fille du premier lit), mariée, depuis neuf ans, à François Rousselet, trésorier du duc d'Anjou; Anne (fille du second lit), âgée alors de vingt-cinq ans, et qui devait épouser Henry Simon, conseiller et trésorier du roi; enfin Catherine (aussi fille du second lit), âgée alors de neuf ans, et qui fut mariée en 1603 à Claude Hedelin, conseiller du roi en la chambre du trésor. Des différents actes cités ci-dessus, on peut résumer que: - les biens à Paris rue des Hirondelles, appartenant à Ambroise Paré, sont en partie communs, en raison des deux “Catherine Paré”, certaines rentes également, - les biens à Leuville, Boissy-sous-Saint-Yon, proviennent essentiellement de la succession de Barbe Paré, - Jacqueline Rousselet gère les biens échus à ses deux filles provenant du décès d'Ambroise Paré . La maison de la Ville-du-Bois lui venant de la succession de sa mère, Marie Boullay, sera logiquement partagée entre les deux filles Anne et Catherine au décès de Jacqueline.

Catherine Paré et Claude Hédelin

Le 22 juin 1601, Gaston de Grieu rachète une rente qui avait été constituée par Ambroise Paré. L'acte est passé devant Levasseur et son confrère à Catherine Paré entre les mains de Symon. Deux ans plus tard, Catherine Paré vend la moitié d'une maison sise rue de Garancière à Paris à Mathurin Duhamel. Malheureusement pour nous, les documents existent mais ne sont pas consultables en raison de leur état.

Catherine Paré épouse Claude Hédelin, conseiller du roy en la justice de son trésor au Pallais à Paris le jeudi 25 septembre 1603. Le contrat de mariage nous confirme que l'épouse a deux soeurs dont l'aînée se prénommant également Catherine est la femme de François Rousselet.

Voici le contrat de mariage rédigé devant un véritable conseil de famille réuni rue de l'Hirondelle « Claude Hedelin, conseiller du roy en la justice de son trésor au Pallais à Paris, en son nom, .., assisté de ses père et mère, …. d'une part, damoiselle Catherine Paré joyssant de ses droits, fille de feu Ambroise et de feue Jacqueline Rousselet, assistée de noble personne François Rousselet, controlleur des fortifications, …, Catherine Paré sa femme, soeur paternelle, Henry Simon,…, trésorier provincial de l'extraordinaire de ses guerres en Bourbonnais, et Anne Paré sa femme, soeur de Catherine se mariant, Ambroise Rousselet cousin germain; assemblés en la maison de Symon rue des Hirondelles pour le contrat de mariage… ». Nous apprenons que Catherine apporte une dot de 8.000 livres tournois, dont 6.000 lt comptant et 2.000 lt de meubles et joyaux, qu'Ambroise Rousselet, cousin germain, est « advocat en la court de Parlement » et que la famille est assemblée en la maison de Symon « rüe de larondelle ». Le présent apport de 8.000 lt provient de 1.500 lt, par rachat des 41 escus de rente passé le 22 juin 1601 par Grien. Il est aussi fait mention de maisons vendues à Paris.

« Aussy à elle appartenant de son propre par les décès de ses deffunts père et mère savoir : - la tierce par indivis de deux maisons size en cette ville de Paris rue de l'Hirondelle appelé autrement la maison de la vache en l'une desquelles demeure Monsieur Noysille (venant d'Ambroise Paré et de ses trois filles), - la moitié par indivis d'une maison au pont Saint-Michel, où demeure la veuve Drouart (venant de Jacqueline Rousselet), - la moitié par indivis d'une maison terre vigne boys et héritages assis au lieu de Ville-du-Bois , avec la moitié de 50 escus de rentes dubs audit lieu en plusieurs parties, - item la moitié de 53 lt de rente restant à racheter de 33 escus un tiers de rente constitués par ledit René Bazoin et consors, - sept livres de rente sur un nommé Polion, - 125 livres de rente sur les héritiers d'Eloy Bourgeois, - 50 livres de rente, &c.

Il est précisé que somme de 6.000 livres tournois « sera apportée par ladite future sur tous les héritages et biens luy appartenant ». Ce qui veut dire en clair : la somme provient de la vente des rentes qu'Ambroise Paré avait constituées. Le contrat poursuit par les biens du mari. Les époux auront le régime de communauté de biens. Deux jours après, Hédelin encaisse les 6.000 livres. Les quotités associées aux biens confirment la provenance (ceux propres d'Ambroise sont partagés en trois).

Le 19 février 1604, suite à l'acte de mariage, le couple confesse que les parents Hédelin se sont acquittés de leur engagement financier avec la moitié d'une maison rue du Cocq. Ici, il nous faut “pister la provenance” de la moitié par indivis d'une maison , terre, vigne, bois et héritages assis au lieu de la Ville-du-Bois. Deux options s'imposent : soit Grand'Maison était dans la communauté Paré-Rousselet avant le décès du chirurgien, soit cette propriété est venue de Jacqueline Rousselet par héritage de sa mère Marie Boullaye, qui, semble-t-il est décédée après Ambroise Paré (3).

Un inventaire après décès révélateur

Jacqueline Rousselet, veufve de deffunct Ambroise Paré décède rue de l'Hirondelle le 26 juin 1600. Elle est inhumée en l'église Saint-André-des-Arts. L'inventaire après décès est le suivant: « à la requeste de noble homme Henry Simon, trésorier général du Bourbonnais et demeurant à Paris rue des Hirondelles, paroisse Saint-André-des-Arts et dame Anne Paré, sa femme de luy authorisée et de Catherine Paré, jouissant de ses droits, lesdites Anne et Catherine Paré, sœurs, enfants de défunt noble homme Messire Ambroise Paré, et de défunte dame Jacqueline Rousselet jadis sa femme, seules héritières de ladite défunte Rousselet leur mère. Lesdits notaires pour l'inventaire des biens de ladite dame Jacqueline Rousselet se transportent en la rue des Hirondelles, habitation principale».

Le trois aoust a été apporté l'inventaire des biens qui se trouvent au lieu de la maison assise à La Ville-du-Bois, appartenant à la succession de ladite deffunte dame Jacqueline Rousselet. Parmi l'inventaire des lieux et des meubles, notons : - en la grande cour dudit logis a esté trouvé la démolition d'une maison couverte bois et tuilles prisé trente livres, - en la cour dudit logis, quatre thoises de pierres provenant de la démolition douze livres, - cinq vaches “ maires ” 36 lt, - dans la foulerie une baignoire, - cuisine classique avec une couche, - première chambre au dessus de la cuisine, - garde robe joignant ladite chambre, - autre petite chambre proche la garde robe, - autre garde robe proche ladite chambre, cinq septiers de bled Ensuivent les papiers: - plusieurs cayers de papier reliés ensembles couverts de parchemin, fait après la succession d'Ambroise Paré, - le premier datant de 1591, le premier aoust, - un grand sac de thoille dans lequel sont ensembles les titres faisant mention des héritages et biens sis à La Ville-du-Bois, héritages et maison de La Ville-du-Bois estant en la succession de dame Jacqueline Rousselet. Nous considérons que ce document pourrait être capital. Il permettrait d'infirmer la présence d'Ambroise Paré comme propriétaire à La Ville-du-Bois. En effet, en absence de donation entre vifs, l'inventaire du 26 juin donne acte que la Grand'Maison est « la maison assise à La Ville-du-Bois, appartenant à la succession de ladite deffunte dame Jacqueline Rousselet » que nous voulons interpréter comme un héritage venant du patrimoine des Rousselet, c'est-à-dire de Marie Boullaye qui habitait encore cette maison en 1590. Rappelons enfin le contexte, notamment en juillet 1589, les troupes du roy ont causé des dégâts énormes dans la région expliquant peut-être les démolitions citées ci-dessus. Egalement, la veuve de Germain Martin, greffier des actes et des tailles déclare “que sa maison a été pillée par les gens de guerre, comme les autres maisons de Nosay & de la Ville-du-Bois, qu'elle ne peut représenter les dits rolles ainsy que les minutes d'iceux” …

Anne Paré et Henry Simon

Plusieurs actes nous montrent qu'Henri Simon traite les affaires de sa femme et celles de sa belle-sœur; ce sont les biens venant des parents de celles-ci. À la fin du même mois, fut présent noble homme Henry Simon, conseiller du roy, escuier et procureur de l'extraordinaire des guerres en Bourbonnais, demeurant en cette ville de Paris rue des Hirondelles, paroisse Saint-André-des-Arts, tant en son nom à cause de dame Anne Paré sa femme, au nom des héritiers de la succession de deffunte dame Jacqueline Rousselet, au jour de son décès veuve de deffunt noble homme Ambroise Paré, vivant conseiller et premier chirurgien du roy,…, confesse avoir baillé et délaissé à titre de loier et prix d'argent, pour trois années, à Jehan du Billon, un corps d'hostel, situé rue des Hirondelles, moyennant cinquante escus d'or soleil de loier. Le 19 mars 1601, Anne Paré, femme de noble homme Henry Simon,…, se portant fort de sa sœur Catherine, fille émancipée, filles et héritières de noble homme Ambroise Paré et de Jacqueline Rousselet délaisse un demy arpent à Leuville pour d'autre tenant à la mare du Guaison, à la voye de dessoulz.

En 1602, noble homme Henry Simon, à cause d'Anne Paré sa femme, Catherine Paré sa sœur, héritières de deffunte dame Jacqueline Rousset leur mère, .., tous demeurant rue des Hirondelles.., deux vignerons de Ville-du-Bois…, reconnaissent estre détempteurs lesdits Paré de trois arpens et les vignerons d'un arpen de bois et jardin avec fruitiers, le tout en une pièce à Ville-du-Bois, au “ Plaisir sainct Pierre ”, tenant aux hoirs de feu le président Perrot sur lesquels quatre arpens la fabrique de Ballainvilliers a droit de prendre treize sols de rente annuelle rachetable quatre escus.

Le 19 juillet 1603, Françoise Adeline, veuve Jean Tardy, pour la garantie des lieux cy après mentionnés d'une part, et Henry Symon et Anne Paré sa femme, font les cessions et transports tant de rente c'est à savoir : les Tardy transportent une maison de deux corps d'hôtel rue de l'Esperon avec jardin et étable moyennant 6.000 lt, le sieur Symon et sa femme promettent par ladite Anne Paré de payer moyennant 500 lt de rente hypothéquant ladite maison. La rente rachetable 8.000 lt. Suivent des additifs. Le premier est daté du 22 août 1603 par lequel Symon obtient la ratification et paye les 6.000 livres dont 5.007 lt proviennent des propres de sa femme.

La semaine suivante, les héritiers Paré s'activent toujours à résoudre leurs problèmes financiers « noble homme Henri Symon, trésorier principal de l'extraordinaire des guerres en Bourbonnais et Nyvernais, damoiselle Anne Paré sa femme, en partie, et Catherine Paré, fille joyssant de ses droits, lesdites Paré filles et héritières de deffunt noble homme Ambroise Paré et de deffunte dame Jacqueline Rousselet et d'autres ont reconnu que la somme de 3.820 lt consignées en les mains de Jehan Legrand, et d'autres par Nicol Guyot à cause de l'adjudication à luy faicte d'une maison rue Saint-Martin …..à cause d'une rente constituée audit Ambroise Paré devant Desnotz et Lecamus le 27 novembre 1579 … ». Bref, les filles Paré doivent acquitter le principal des rentes.

Le 22 août, suite de l'échange de juillet, Henry Symon reconnaît après ratification des Tardy avoir donné les 6.000 lt dont le propre d'Anne Paré se monte à 5.007 lt. C'est à savoir: 1°) 100 escus sol, pour le prix principal de 800 escus de rente qui estoient dus pour la soulte du partage par contrat fait entre ledit sieur Symon et sa femme d'une part, de noble Messire François Rousselet et dame Catherine Paré d'autre part, pour raison de la succession de feu noble homme Ambroyse Paré, par devant de Saint-Leu et Le Camus, notaires, le 29 août 1596, 2°) 200 escus sol du rachat par les héritiers Ytère de Launay, veuve Royer de 16 escus de rente ; 3°) 200 escus sol par le rachat de 16 escus faisant moitié de 33 de rente dus à un drappier ; 4°) 750 escus par la vente de la moitié appartenant à sa femme de deux maisons au faubourg Saint-Germain rue du fossoyeur vendues à Duhamel, secrétaire de la Reyne, 5°) 133 escus par le couple de Rousselet et sa femme sur Paulin et du Breul, 6°) 857 livres revenant au couple de Jean Legrand pour le rachat de partie de rente du audit feu Paré par Noel Chesneau libraire par contrat du 27 novembre 1579. Pour cette cause ledit Symon entend que l'acquisition soit entérinée.

Domicile d'Anne Paré et Henry Symon à Paris en 1610.

De 1603 à 1610, divers actes font intervenir les héritiers Paré en la personne d'Henry Symon et de son beau-frère Claude Hédelin, au nom des deux sœurs. Le 16 décembre 1603, noble homme Henry Symon, trésorier en la maison et finances de Monseigneur et madame de Nemours, s'est transporté devant Angélique Destrées, abbesse de Bethancourt, pour régler un différent à Bethancourt. Le 26 septembre 1606, Henry Simon et Claude Hedelin, un acte porte sur six livres de rentes sur un bois à Guillerville venant de l'héritage des soeurs Paré, Anne et Catherine « elles-mêmes de leur père Ambroise et mère Jacqueline Rousselet ». Le 14 août 1609, un contrat d'échange est passé sous seing entre les beaux-frères de la maison de la Ville-du-Bois. Cet accord est confirmé officiellement l'année suivante.

La sortie de l'indivision

Cet échange et transport se passe « en la maison du sieur Simon » et permet aux héritières d'Ambroise Paré de sortir de l'indivision. « Noble homme Henry Simon, conseiller et damoiselle Anne Paré sa femme, demeurant à Paris, rue des Prouvairs, paroisse Saint-Eustache, d'une part et noble homme Claude Hédelin, advocat en Parlement et damoiselle Catherine Paré, sa femme, demeurant à Paris rue du Fevre, paroisse Saint-Gervais d'autre part, lesquelles parties représentées par les femmes confessent par ces présentes avoir fait les eschanges, cessions et transports : audit Simon et sa femme ma moytié indivis audit sieur Hedelin et sa femme appartenant à icelle femme à cause de la succession à elle advenue par le décès d'Ambroise Paré et dame Jacqueline Rousselet, consistant en une maison, pressoir, terres, vignes, boys, saussayes, rentes foncières sur ladite maison, assise au village de La Ville-du-Boys; l'autre moytié de la maison appartenant au sieur Simon et sa femme aussy à cause de la même succession, également la moitié des meubles, ustancilles d'hostel estant présents en ladite maison, dont les parties ont joui jusques à présent en la censive des seigneurs et dame [en blanc pour de Marcoussis]. En contre eschange, Simon et sa femme délaissent à Hedelin et sa femme 245 livres de rente en 5 parties appartenant à ladite damoiselle, dont 75 relatées en temps réels du vivant d'Ambroise Paré ».

C'est à cette époque, selon Risch, qu'Henri Simon entreprit la construction d'une seconde allée en bordure du chemin de Nozay en vue de la clôture éventuelle du parc. Ils devinrent possesseurs de toutes les parcelles du chantier du Gason. Le 26 octobre 1611, noble homme Henry Symon et Anne Paré achètent pour cent cinquante livres tournois, trois quartiers de terres au chantier Gaillard, à Martin Moran, vigneron « passé en l'hostel desdits acheteurs à La Ville-du-Bois ».

Diverses transactions sont passées par les Simon. Le 6 avril 1612, Henry Symon, receveur des finances à Paris, et sa femme demeurant à Paris rue des Prouvairs, paroisse Saint-Eustache, estant de présent en leur maison à La Ville-du-Bois, lesquels vendent des rentes. Un transport entre les deux beaux-frères Simon et Hédelin intervient le 4 septembre 1612 devant des notaires parisiens. Deux mois plus tard, « noble homme Henry Symon, conseiller du roy, et Anne Paré sa femme font un échange avec Jehan Lebas d'un logis servant de cellier et cave devant la maison baillée par eux contre le surplus du grand jardin situé sur le chemin qui va de l'église à Viljust ». Nous connaissons les Lebas qui sont installés au Rouillon de Nozay.

En 1613, Martin Morant, marchand à La Ville-du-Bois, vend au couple Simon des vignes au chantier du Guesdon. Quinze jours après, un autre marchand de La Ville-du-Bois « confesse avoir vendu à Henry Symon et Anne Paré troys quartiers et demi sis près d'une mare appelée le Gayson moyennant 57 livres ». En octobre de la même année, Pierre Bourgeron, vigneron, délaisse à Henry Symon et Anne Paré trois quartiers de bois au chantier dit le Clos. Puis le couple continue les échanges pour un demi arpent de bois taillis au lieu de la voye du Mesnil contre un quartier et demi de saulsoye au chantier du Gaison et tenant à la mare. Le même jour, c'est un achat par les mêmes d'un demi arpent de terre naguère plantée en vignes tenant à la mare du Gayson « moiennant la somme de deulx cents quarante livres tournois ».

Durant l'été 1614, damoiselle Anne Paré, épouse Henry Symon, de présent en sa maison à La Ville-du-Bois, fait avec les marguilliers, le prestre vicaire et des habitants de La Ville-du-Bois, eschange avec la fabrique saint Fiacre de 117 sols de huit livres de rente comprenant une obligation de faire chanter le premier dimanche de chaque mois, à l'issue des vêpres un salut de saint Sacrement. Cet office sera fait au devant du maître autel de ladite église, à l'intention des donateurs et de leurs parents et amis trépassés. L'acte fait également mention du don d'un ciboire avec lequel sera célébré le premier office. Présents lors de la rédaction: Germain Pattou, laboureur, Denis Turet, jardinier en la ferme du Plessis Saint Père, paroisse de Ballainvilliers, tesmoings, ainsi qu'avecq Henri Rousseau, Bligny? Guedin, Michel Bourgeron, Pierre Rousseau lesné, Germain Rousseau et Jehan Lebas le jeune.

En date du 18 juillet 1616, nous trouvons une donation mutuelle entre Anne Paré et Henri Simon, receveur général des finances, demeurant à Paris, rue des Prouvairs, paroisse Saint-Eustache, de l'usufruit de tous les biens meubles et immeubles. L'acte est passé devant deux notaires parisiens en raison de l'absence de postérité du couple.

Le premier document utilisé par les auteurs de la vie d'Ambroise Paré est un acte de donation passé le 14 avril 1617 par Henri Simon, receveur général des finances et Anne Paré sa femme au profit de Catherine Paré, sa soeur, toutes deux filles d'Ambroise Paré. « Noble homme Henry Simon, conseiller du roy, et demoiselle Anne Paré, demeurant à Paris rue des Prouvairs, paroisse Saint-Eustache d'une part, et Messire Claude Edelin aussy conseiller du roy, lieutenant général civil au baillage de Nemours, espoux de Catherine Paré dont il se porte fort, font mention du contrat d'eschange de 1609 et depuis par devant Lecamus et son confrère le 15 avril 1610, lesdits sieur et demoiselle Simon en contre eschange de la moitié d'une maison, pressoir, terres, vignes, sise au village de La Ville-du-Bois , terre, vignes, bois, rentes foncières et autre choses et toutes dépendances spécifiées par le contrat, et transporté par iceulx Simon à Hedelin et sa femme audit sieur Simon et sa femme, contre 83 livres de rentes en deux parties à savoir 41 livres de rente faisant partie de cent livres de rente constitué par le deffunt Ambroise Paré avec Jehan de la Noue , et 41 livres faisant aussy partie de cent livres de rentes par ledit Ambroise avec Eloy Bourgeois et Baudine Bourgeois.

Le pauvre Hedelin va vite se rendre compte que son beau-frère l'a grugé. Iceux sieur et dame Symon disoient que de bonne foy, ils avoient ceddé lesdites rentes. Les rentes sont insolvables ce que le sieur Symon ne pouvait ignorer pour avoir fait plusieurs poursuites sans qu'il puisse tirer aucune chose. De ce fait le sieur Hedelin avoit faict plainte et commandement en 1614 et donner assignation pour estre condamné par devant le prevost de Paris casser ledit contrat d'eschange et renter en la possession de la moitié de ladite maison.

Finalement et pour conclure, au moien de quoy et pour obvier lesdites partyes a tous différent qui pourroient nourrir entrelles, afin de vivre en paix et amitié, icelles partyes font ce qui ensuit, c'est à savoir que le sieur Simon et sa femme promet de paier 83 livres de rente, speciallement sur ladite maison terre vigne bois assise audit lieu de la ville du Bois …et pour demeurer quite…une somme de 1.400 livres est remise par Simon à Hédelin . Les donateurs apparemment sans descendance, demandent la jouissance des choses données. Cet usufruit retournant aux bénéficiaires de la donation après décès du couple. Mention également d'annulation de la donation s'ils avaient un enfant. Notons qu'Anne est âgée de 42 ans.

La ratification par Catherine Paré de la donation par sa sœur est faite à Nemours le 25 avril 1617 « Catherine, femme de noble homme Claude Hedelin, conseiller du roy, lieutenant général au baillage de Nemours, de la donation d'une maison, pressoir, terres, … ».

La déconfiture des Simon

Il semble qu'après la vente des maisons à Paris, des rentes constituées par le père d'Anne, l'état pécuniaire du couple Simon ne soit pas brillant. Tous les biens acquis par Ambroise Paré sont rapidement liquidés.

Une saisie a lieu le 29 janvier 1618 à Grand'Maison « à la requeste de Christophe Perrotin, jardinier de Messire Henry Symon, cy devant receveur général des finances à Paris, demeurant à La Ville-du-Bois ». Le jardinier réclame la somme de six vingt livres qui lui sont dues pour les gages de sa personne, pour façonner le jardin dudit Symon sis à La Ville-du-Bois. Il a fait saisir : poutre de bois de chesne, table de pierre, nacelle garnie de sa chaîne, un tas de trois milliers de thuiles (ou six mille selon la version), quelques tuyaux de plomb « tous ces biens qu'il a fait saisir sur ledit Henry Symon et sa femme ». En outre Perrotin demande au prevost la vente des biens saisis car « Ledit Perrotin travaillait journellement au jardin de Symon ».

Le 9 février 1618, Thiboutot créancier d'Henri Simon et Anne Paré fait saisir la Grand'Maison, négligeant d'appeler tous les intéressés, les oppositions affluent, émanant de marchands et d'habitants de La Ville-du-Bois, des marguilliers de la fabrique, des chanoines de Linas, du seigneur de Villebouzin, de Bolaire, l'expulsé de Nevers, de François Rousselet, mari de feu Catherine Paré et de Claude Hédelin le beau frère, celui-là aux fins de distraction de la moitié des héritages appartenant en propre à Catherine. La procédure dura cinq ans, elle dut être recommencée par suite du décès du sieur Thiboutot et de la perte du dossier. Avec un nouveau syndic, la vente de la Grand'Maison était consommée en 1623.

Epilogue

Selon le maire Montgobert, il existerait un long document daté du 13 février 1618, acte de saisie de la Grand'Maison, comprenant une description détaillée du domaine, d'où il apparaît qu'il avait bien appartenu à Ambroise Paré. Dans sa monographie de 1938, Léon Risch, ajoute « dans ce document, il est fait incidemment état de renseignements plus anciens fort intéressants », mais l'auteur se garde bien de donner les détails. À ce jour, il semble que, seul l'inventaire après décès (celui du 26 juin 1600), donne le détail de l'origine de propriété de la Grand'Maison qui n'aurait jamais appartenu en propre à Ambroise Paré. Ceci ne retire pas le fait que le célèbre chirurgien soit venu visiter sa belle-mère à La Ville-du-Bois.

En 1623, la propriété de Grand'Maison est vendue par un syndic à un nommé Allix, commissaire des guerres, pour 9.040 livres. Le domaine passait à un étranger qui fit terminer l'aile restée inachevée par suite de la déconfiture des Simon et enclore le parc dans sa grandeur actuelle.

Dix ans plus tard, Allix cède la propriété à Jean Laurens, intendant des deniers communs et d'octroi des villes de Rethel et de Sézanne (4). Endetté, saisi une première fois, il en évite une seconde en vendant le domaine en 1647 à Charlotte Boileau sa femme séparée en biens pour 25.000 livres. Cette dame Boileau était sa seconde épouse, celle-ci étant veuve du sieur Guillaume Mesnager.

À suivre…

Notes

(1) Rappelons qu'Ambroise Paré fut marié deux fois. Jeanne Mazelin qui mourut le 4 novembre 1573 lui avait donné cinq enfants. Du second lit avec Jacqueline Rousselet, il eut six enfants dont les deux filles Anne et Catherine survécurent.

(2) L'illustre chirurgien a terminé sa noble carrière, à Paris, dans sa maison de la rue de l'Hirondelle, le jeudi 20 décembre 1590, à l'âge de quatre-vingts ans. Ambroise Paré fut inhumé dans un caveau de l'église Saint-André-des-Arts « En ce mesme jour de sabmedi vingt-deuxième de décembre 1590, a esté enterré dans l'église Sainct-André-des-Arcs à Paris, en bas de la nef, proche le cloché, Me Ambroise Paré, premier chirurgien du roy ». Selon Pierre de Lestoile, Ambroise, inhumé le samedi 22 décembre, était mort deux jours auparavant, le jeudi 20.

(3) Dans la précédente chronique « Ambroise Paré et les Rousselet », nous avions trouvé que le dernier acte, où le nom de Marye Boulloye apparaît, est daté de 1586 dans une location de maison à Linois. Son décès est estimé se situer vers 1591 alors qu'elle demeurait à la “ Grand'Maison de la Ville-du-Bois ”.

(4) Deux actes de baptême font intervenir Jehan Laurens. Le 23 octobre 1625, baptême de Louyse Buché, le parrain Jehan Laurent, secrétaire à la chambre du roy, demeurant à Paris, la marraine Louyse Perrot fille de Claude, écuyer sieur du Plessis et grand maistre des Eaux et Forestz, demeurant audit Plessis communément appelé la Croix-Saint-Jacques. Le 28 juillet 1626, baptême de Marguerite Pellier, le parrain Claude Perrot, seigneur du Plessis, la marraine damoiselle Marguerite Laurens, fille de noble homme Jehan Laurens, secrétaire à la chambre du roy.

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