Corpus Essonnien

Histoire et patrimoine du département de l'Essonne

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L'église Saint-Fiacre de La Ville-du -Bois de 1714 à 1790

Chronique du Vieux Marcoussy –Marcoussis————— _——————————- Novembre 2008

JP. Dagnot

C. Julien

Cette chronique est la troisième et dernière partie de l'histoire de l'église Saint-Fiacre de La Ville-du -Bois. Nous avons vu précédemment qu'une chapelle avait été fondée en 1533 après la libéralité de “ très hault et très puissant seigneur ” Messire l'amiral Louis de Graville d'un terrain pour construire un sanctuaire pour servir de succursale à la paroisse de Nozay. Le petit sanctuaire fut agrandi au fil du temps pour accueillir des paroissiens toujours de plus en plus nombreux (1).

Rappelons au lecteur que les récentes recherches, nous ont appris que la nef de la chapelle primitive avait été agrandie avant 1615. En décembre 1644, Léon 1er d'Illiers de Balsac, marquis d'Entragues fait « faire bastir une chapelle à l'aisle gauche du choeur de l'église de la Villedubois pour y faire célébrer la saincte messe », puis le clocher est construit à partir de février 1646. Des chapelles avaient été construites dans la nef au profit du sieur Claude Erard. Un nouvel agrandissement fut entrepris en 1698.

Le contentieux de 1714 et le procès de 1715

Les différends reprennent en 1714 quand Alexandre de d'Illiers de Balsac s'aperçoit soudain que sa place honorifique et sa chapelle sont occupées par d'autres à La Ville-du -Bois. Mémoires, exploits, commandements, sont produits pendant deux ans. En 1715, l'avocat au Parlement de Paris est mort mais le contentieux est engagé entre la veuve Erard, les habitants et le seigneur pour « droit honorifique et prééminence en l'église de La Ville-du -Bois ».

La transaction du 1er avril 1714 est passé entre Messire le curé de Nozay et la Villedubois et Messire Erard demeurant audit lieu au sujet d'une chapelle. « Par devant le notaire royal, tabellion, gardenotte héréditaire en la ville, comté et châtellenie de Montlhéry furent présents vénérable et discrette personne Messire Pierre Chantreau, docteur en théologie de la faculté de Paris, curé de Nozay et La Villedubois son annexe, et Germain Froissant, marguillier en charge, Louis Rousseau aussy marguillier, Claude Bourgeron, Louis Goix, Henry Robin, Jean Petit, Pierre Gaspli, Pierre Gauvin, Fiacre Dauphin, Martin Rousseau, Jean Martin, Jean Rousseau, Jean Gallien, Simon Gallien, Jean Guignard, Marc Peuvrier, Jean Robin, Grégoire Billebault, François Cousin, Michel Pirse, Pierre Bourgeron, Valentin Heurtault, Jean Bourguigon, Pierre Bosches, Claude Peurige, Jean Gaignard, Pierre Dauphin, Jean Cossonnet, François Rousseau, Louis Lebeau, Germain Carré, Simon Robin, Denis Dauphin le jeune, Denis Dauphin l'aîné, Jean Dauphin, Charles Boudot, Michel Cossonnet l'aîné, Henry Rousseau, Germain Carré le jeune, et Denis Martin, tous habitants dudit lieu la Villedubois assemblez au son de la cloche et représentant la communauté, d'une part, et Monsieur Claude Erard, advocat au Parlement, propriétaire d'une maison et héritages scis audit lieu de la Villedubois , d'autre part ». Nous trouvons ainsi tous les chefs de famille de La Ville-du -Bois, les habitants les plus influents au sein de la communauté villageoise.

La transaction rappelle la cession des deux chapelles en 1698 « parce qu'il manque de place dans la nef qui est fort petite par la quantité des habitants qui prient Dieu dans ledit lieu, pour cela ils sçavaient obligez de construire leur église qui leur coutait beaucoup ». La cession est faite à condition de « faire mettre contre l'une de lesdites aisle un banc en croix de longueur de six ou huit pieds pour six domestiques au dessus du banc de Madame de Grand-Maison entre ledit banc et le lieu où est le confessional de mesme que ledit sieur Enard… ». D'autre part, nous trouvons mention de la fameuse libéralité concernant le luminaire du maître-autel « ledit sieur Erard et dame Marie Catherine Richer son épouse de luy … voulant exécuter et assurer l'acte de séans qu'ils ont dessein depuis longtemps de faire en ladite église pour rendre continuelle et perpétuelle le feu de la lampe qui est devant le maître autel et de coutume jouir laquelle lampe et céder à ladite œuvre et fabrique de saint Fiacre de la Villedubois ladite rente au curé au marguillier et habitants…, d'icelle assise et assignée sur la maison et héritage à eux appartenant dans lesdits lieux 20 livres tournois de rente non rachetable,… rente faite par ledit sieur et dame Erard pour la plus grande gloire de Dieu … et la miséricorde de leur famille… ».

Un acte du 4 avril 1714 est rédigé par maître Jean Laidour, huissier royal à Montlhéry « à la requête de Messire Alexandre de Balsac d'Illiers, chevalier, marquis d'Entragues, seigneur de Marcoucy, Nozay, Villedubois et autres lieux « lequel a esleü son domicile en son château de Marcoucy, ledit seigneur marquis d'Entragues, ledit seigneur de Nozay et Villedubois à quy appartient dans l'église dudit Villedubois la prominente place qui est en la chapelle de la Vierge qui est a …laquelle l'ay doit estre conservée et ne doit estre occupée d'aucune personne sans son consentement au préjudice de quoy il a appris que ledit sieur curé et les marguilliers de ladite église font accès pour ladite chapelle, journellement la tiennent à autres que ledit Sieur marquis voulant ainsi en …qui l'ay fait confiance et que personne ne s'y mettre sans son gré et faisant sa permission et que défense est signifiée en l'église de la Villedubois et Jean-Baptiste Goix, marguillier en charge de ladite église demeurant auxdits lieux à ce qu'il n'y ignore…à souffrir à aucune personne prendre place et … en ladite chapelle de la sainte Vierge dudit seigneur marquis et à tenir ladite chapelle close et fermée le tout à ce que ledit Jean-Baptiste Goix et marguillier n'en ignore ce fait et signifié de claire ladite déposition par moy Jean Laidour, huissier de police en la ville et chastellenie royale de Montlhéry demeurant ce lieu et assigné audit Goix audit nom parlant à sa femme en son domicile le quatrième jour de juillet 1714 et l'en ay baillé la présente coppie dont acte ».

À partir de ce jour, Jean-Baptiste Goix, marguillier en charge de l'église de la Villedubois est rendu responsable des désordres dans l'église Saint-Fiacre (2). Par un acte du 5 juillet 1714, il signifie à dame Catherine Richer, veuve Erard, bourgeoise demeurant audit lieu de la Villedubois « en parlant à sa personne et déclare à ce que du contenu en l'exploit de l'autre part elle n'en ignore et fait icelle défense [d'occuper] sa place en la chapelle de la Vierge sans l'agrément du seigneur marquis d'Entragues, seigneur dudit la Villedubois , si n'ay et la faute de ce prétexte ledit Goix audit nom de la rendue ». La réponse ne se fait pas attendre. Dans l'acte produit le 11 août 1714, Nicolas Lefebure, huissier demeurant à Montlhéry a « soubz signé , signiffié, dénoncé, baillé et laissé copie avec ces présentes à Messire Mousnier, prestre curé de Nozay et de la Villedubois son annexe en son presbytère audit lieu de la Villedubois ».

Puis, le 27 août 1714, Jean-Baptiste Goix, manant et marguillier de la paroisse de la Ville-du-Bois fait signifier à ladite dame Erard par un exploit « portant dénonciation d'un acte que ledit Goix prétend avoir esté signifié le 4 du mesme mois et dudit sieur curé de la Ville du Bois qu'à luy Goix à la requête demandée par Messire Alexandre de Balzac d'Illiers, marquis d'Entragues, seigneur de Marcoussis, Nozay, La Ville-du -Bois pour que ladite dame Erard [abandonne] à prendre la place dans la chapelle sous le titre de l'invocation de la sainte Vierge estant à costé du chœur de ladite église de La Ville-du -Bois sans l'agrément dudit seigneur marquis d'Entragues… ». La veuve Erard signifie alors à Jean-Baptiste Goix et à Messire Mousnier, curé, « qu'elle prend pour trouble en la paisible possession où elle est depuis plus de seize ans de la susdite chapelle… ». C'était, dit-elle, au temps où son défunt mari avait cédé au sieur curé et à la fabrique de ladite église et habitants, deux chapelles adossées contre le balustre « qui séparoient alors le chœur de la nef » avec l'accord de Messire Pierre Chantreau, curé, Germain Froissant, marguillier en charge, Louis Rousseau, ancien marguillier en charge, Michel Cossonnet, sindicq, Claude Bourgeron, Fiacre Goix et plusieurs autres, tous représentants la communauté. Ainsi, la transaction du 1er avril 1698 avait été passée hors la présence du seigneur haut justicier .

C'est ce fait qui viendra lors du procès suivant avec l'argument que les habitants et leur curé « ont donné et concédé audit feu sieur Erard à perpétuité et promirent de faire jouïr les hoirs et ayant cause de la susdite chapelle [de la Sainte Vierge ] estant acostée au chœur en l'estat qu'elle estoit alors qu'ils assument appartenir à leur communauté et fabrique n'ayant esté à personne depuis la construction n'étant pas mesme encore achevée pourroit audit sieur Erard, ses hoirs ou ayant cause d'y installer tel prie-Dieu et banc qu'il jugeroit à propos en exécution duquel acte lesdits curé, habitants et marguilliers ont fait donation entièrement lesites deux chapelles closes appartenir audit sieur Erard. Et ledit sieur Erard en cause qu'il fit achever à ses dépens ladite chapelle estant acostée du chœur l'a fait clore, boiser entièrement en a fourny tous les ornements et depuis il en atous les jours joüi et pareillement ladite dame sa veuve a veü et seü de tout le monde, sans aucune inquiétation au préjudice de laquelle possession sur un titre aussy authentique, ledit Jean-Baptiste Goix n'a pû ny de son autorité peiné trouble ladite dame Erard et encore moins les prétendües déffenses portées par l'acte qu'il luy a fait signifier ledit jour 5 juillet dernier et fait ester et enlever de ladite chapelle les prie-Dieu et bancs qui y estoient et que ledit feu sieur Erard y avoit fait mettre ».

Dans l'acte du 27 août, la dame Erard reprend l'offensive en faisant valoir le contrat précédent « ladite dame Erard forme complainte pour vérifier dudit trouble et pour se voir condamner le faire cesser et à faire jouir ladite dame Erard de la chapelle suivant la concession faite par l'acte du 1er avil 1698, enfin remettre les prie-Dieu et bancs dans la chapelle qui a esté furtivement vidée… ». L'injonction de l'huissier Guisson est notifiée au curé qui « sera tenû de faire restablir en leur estat et à leur dépens ledittes deux chapelles closes, …, remettre icelles chapelles au mesme estat qu'elles estoient pour que ladite dame en puisse jouir comme elles faisoient cy devant… », puis, au marguillier « déffenses seront faites tant audit Jean-Baptiste Goix et autres à l'y troubler à peine de 500 livres d'amende et de toutes parts de plus dommages et intérêts ».

Un procès a lieu en 1715 entre Catherine Richer, veuve de Messire Claude Erard, avocat, et les marguilliers, curé et habitants dudit lieu de Villedubois, pour lesquels le seigneur de Marcoussis intervient afin de défendre ses prérogatives de seigneur haut justicier à La Ville-du-Bois contre la veuve Erard. Dans son mémoire, le marquis rappelle les tenants et aboutissants. Son intervention parait être décisive, Monsieur le marquis d'Entragues veut conserver ses droits. « Sur la demande de la dame Erard, le curé, le marguillier ont cotte et ont dit pour deffenses qu'ils n'entendoient point contester le droit de Monsieur le marquis d'Entragues contre lequel elle pouvoit se pourvoir, et qu'il ne seroit pas juste que la fabrique souffrit de la faute qu'ont fait les précédents curés, marguilliers et habitants d'avoir dépouillé ledit seigneur marquis d'Entragues de son droit sans l'y appeler ».

Il est dit que de son vivant le sieur Erard se comportait comme le maître de La Ville-du-Bois et que personne n'osait dire les abus qu'il s'autorisait dans l'église. Avec la veuve c'est une autre chanson, les langues se délient et une pétition circule dans le village. « À l'égard des habitants, elle les a empêcher de s'être prononcer et a même tiré de plusieurs des principaux habitants un acte par lequel ils ont déclaré qu'ils n'avoient aucune part au trouble qu'on luy faisoit, elle a même engagé le curé ceux qui auroient [contesté] »

Depuis l'appointement rendu à la requête de la dame Erard, les sieurs curé, marguilliers et habitants déclarent que « si en cas que la dame Erard soit expulsée de la chapelle de la Vierge , elle doit être déchargée de la rente de 20 livres énoncée au contrat d'eschange fondé pour l'autre bien d'une lampe. Lesdits habitants ont exposé que eu égard au prix excessif de l'huile, ladite rente étoit plutôt à charge qu'à profit de leur fabrique, que cependant, il est de la pitié qu'avoir une lampe ardente dans le Saint Sacrement, ils consentirent de ladite part exécuter ladite fondation au moyen que la veuve Erard l'exécute de la sienne et au surplus se sont soumis ».

Encore une fois le seigneur haut justicier gagna la partie, se plaçant en protecteur des paroissiens de La Ville-du-Bois et en défendant ses propres droits honorifiques. Dans cette instance Monsieur le marquis d'Entragues a donné sa présence d'intervention par laquelle il a conclut à ce que la chapelle de la Vierge « comme la première place de l'église et la plus honorable soit déclarée luy appartenir et que déffenses soient faites à la veuve Erard d'y prendre place sans son agréement ».

Finalement, la dame de Marcoussis reprit les affaires de la seigneurie en mains pour affirmer la prééminence des droits honorifiques du seigneur haut-justicier dans l'église de La Ville-du-Bois et les prétentions de la veuve Erard furent rejetées. La rente de 20 livres fondée par le contrat de 1698 fut éteinte.

Nouvelles extensions

La vie continue sans faits marquants jusqu'en 1733. Le 27 octobre, l'ancien curé de Nozay, Michel Mousnier, décède à l'âge de 57 ans, alors curé de Châteaufort et chanoine de Linas. Il fut inhumé dans le chœur de l'église de La Ville-du-Bois en présence de son frère Jean, de son beau-frère François Mancion, de son cousin, Pierre Bonnemie, curé de Saint-Denis et de Jean-Baptiste Anquetil, vicaire de Longpont. Son successeur à la cure de Nozay, présenté par le prieur de Longpont, fut Jean-Baptiste Feragu. À cette époque, Jean Cossonnet était marguillier et Germain Carré était bedeau.

En 1736, Messire Alexandre de Balsac d'Illiers, marquis d'Entragues, seigneur de Marcoussis, Nozay, Ville-du-Bois, Fretay, la Poitevine et autres lieux s'est transporté audit lieu de la Ville-du-Bois pour y rencontrer Messire Jean-Baptiste Feragu, prêtre de Nozay-Ville-du-Bois, les marguilliers et d'autres habitants qui ont fait voir audit seigneur, “ l'endroit de la rue passant du chemin de Nozay au carrefour dudit lieu de la Ville-du -Bois, auquel endroit de ladite église les dits sieurs curé et marguilliers et habitans dudit lieu, prendront liberté et permission pour augmenter le vaisseau et bastiment de ladite église de la Ville-du -Bois, attendu le grand nombre de peuple habitans dudit lieu, d'accroître le bastimen et vaisseau de ladite église sur ladite rue depuis la sacristie en continuant le long de ladite rue de la même longueur du bastimen sur la largeur de douze pieds de toute ladite longueur sur ladite rue, qui composera une aile d'augmentation à ladite église, pour l'embellissement dudit vaisseau; lesdits curé et marguilliers ont dit suffire le passage d'une ruelle du costé cy dessus du carrefour à Nozay qui sera de largeur de quinze pieds…” .

Il s'agit donc de l'accroissement de l'église du côté méridional. La nouvelle aile d'une largeur de près de quatre mètres s'ouvrant sur la nef et le chœur. Ce sera le dernier agrandissement pour assister au service divin. Enfin, la sacristie fut augmentée du côté méridional pour terminer le bâtiment en 1784. Cette dernière extension correspond bien à la partie manquante du plan terrier de 1781.

L'église saint-Fiacre au XVIIIe siècle

En 1735, Jean-Baptiste Feragu, prêtre curé de Nozay et la Ville-du-Bois son annexe, demeurant audit Ville-du-Bois « lequel a volontairement baillé et délaissé à titre de loyer et prix d'argent pour cinq ans, sauf besoin pour ledit curé pour loger un vicaire ou un maitre d'école, à François Vadereau, menuisier, c'est à savoir la maison presbitérale dudit Ville-du-Bois, consistant en une cuisine salle et cabinet à coté par bas, chambre haute et cabinet à coté, cave, cour et jardin, ledit preneur dit bien savoir connoistre pour en jouir, moyennant trente trois livres ». Curieusement le curé ne loge plus au presbitère?

C'est le 17 octobre 1737 que Denise Bourgeron fait un legs considérable à la fabrique Saint-Fiacre pour fonder “ les petites écoles ” comme il était dit en ce temps. Demoiselle Denise Bourgeron, veuve du sieur Nicolas Girard, chef de la paneterie de feu Madame la Dauphine , demeurant ordinairement à Briis-sous-Forges, d'une part, et Jean-Baptiste Féragu, prestre curé de l'église de Nozay et la Ville-du-Bois son annexe, les deux marguilliers de Saint-Fiacre, plusieurs anciens marguilliers et habitants, d'autre part, ladite Denise Bourgeron annonce qu'elle a l'intention de fonder une école de charité pour que le jeunesse pauvre dudit la Ville-du -Bois soit instruite en la lecture, écriture, religion et à perpétuité dire des messes. Par laquelle lettre, déclare : - messe basse tous les dimanches à sept heures avec sonnerie avec établissement d'un chapelain qui sera à sa nomination dépendant du curé de la Ville-du-Bois, - que ledit sieur chapelain seroit tenu tous les jours ouvrables de l'année à l'exception des jeudis tems de moisson et vendanges d'enseigner et faire l'école à vingt cinq enfans les plus pauvres de ladite paroisse Saint-Fiacre, des pères et mères, il ne pourroit rien exiger, de faire le catéchisme les fêtes et dimanches en ladite église, de prier une heure de relevé avec le curé, servir de diacre, - qu'elle fait don pour la subsistance et entretien dudit chapelain, d'une grange, 95 arpents de terre labourable à Leuville affermés pour 450 livres , de 50 livres de rente, une poule, un chapon, et deux poulets de rente foncière, le tout géré par les marguilliers et distribué par douzième. En cas de refus d'enseigner du chapelain, serait distrait cent livres par an pour être distribué à un maître d'école nommé par le curé (3).

Des inhumations de donateurs sont faites dans l'église Saint-Fiacre, comme celle mentionnée par la pierre tombale de Denis Rousseau, buraliste, et sa femme Marie Rathuy, morte le 8 septembre 1739. Le 15 novembre 1739, le curé, les marguilliers et ses anciens prédécesseurs baillent 88 arpents moyennant 200 livres.

La vie paroissiale est toujours intense à La Ville-du -Bois qui reste toujours annexe de Nozay, au désespoir des habitants. Les familles Dauphin, Cossonnet, Cadard et Carré sont très actives au sein de la fabrique. En 1741, Jean Dauphin est marguillier et Claude, son frère, est chantre à l'église Saint-Fiacre. Le marguillier Denis Cadard décède à l'âge de 55 ans. Ses fils Jean-Denis, Henry-Fiacre et Etienne et son neveu Jean Gallot le conduisent en sa dernière demeure le 25 mars 1774.

Quelques fois, des scandales font jour. Ce fut le cas le 27 juillet 1743 quand Jean Gallien, vigneron âgé de 44 ans, veuf de Marie-Anne Bourgeron voulut épouser Marie-Anne Galland. La future mariée, âgée de 22 ans, était encore mineure et avait reçu l'autorisation de son tuteur, son oncle Denis Galland, laboureur à Ablis. C'est le curé de Saint-Michel-sur-Orge qui s'opposa au mariage jugeant que la procuration donnée à Jean Bourgeron n'était pas conforme, « bien que le tuteur ait laissé audit curé 3 livres attesté par Jean-Baptiste Bauson, cordonnier et Gaston Girardn, tailleur ».

En janvier 1746, Marie Rabbie est la gouvernante de Monsieur le curé qui héberge un pensionnaire en la personne de Jean-Baptiste Marchais. En cette même année 1746, Henry Robin est fermier de la dîme de La Ville-du-Bois au profit du prieur de Longpont. À 70 ans, Anne Rathuy, veuve de Guillaume Froissant assure sa fonction de sage-femme. Nicolas-Charles Froissant est le bedeau à l'église Saint-Fiacre. Le 21 août 1763, le curé Feragu est collateur de la chapelle Saint-Fiacre pour la fondation Bourgeron. La précédente semaine tous les curés des paroisses environnantes étaient venus à La Ville-du-Bois pour l'enterrement du prêtre Simon-Jacques Cheret, chapelain.

Plan de l'église de La Ville-du -Bois montrant les phases de sa construction. Le lecteur notera les dates révisées selon les derniers résultats des recherches historiques.

Plan et vue de la maison qui servait de presbytère à La Ville-du -Bois avant la Révolution.

Les habitants sont assemblés le 7 février 1745 pour statuer que, depuis plusieurs années, il règne une division entre le curé, les marguilliers et les habitants, des honoraires et rétribution qui doivent être annuellement payés au curé pour la desserte de l'église, et que des obits qui ont été fondés… L'assemblée réclame « l'union entre le pasteur et son troupeau ». De nouveau le 9 juillet 1747, une assemblée d'habitants concerne la mésintelligence « régnant entre le curé et les marguilliers et habitans au sujet des honoraires du curé ». On parle encore une fois de « l'union entre pasteur et les brebis » en mentionnant les fondations rétribuées.

En 1763, Claude Thavard est bedeau à l'église saint-Fiacre et Pierre Cotantin est maître d'école. Plus tard, Louis Desachy, “maître des petites écoles” et Louis-François Rozé, chapelain à La Ville-du-Bois sont souvent appelés comme témoins lors des enterrements. Le 11 juillet 1766, ce sont les obsèques de Marie Carpentier, qui habitait chez son fils François Brille, curé de Nozay et La Ville-du-Bois. L'enterrement a lieu en présence de Charles Brille son autre fils, prêtre lui aussi, et de Mathieu Rousseau, curé de Marcoussis.

Les déclarations faites le 15 juillet 1784 au terrier seigneurial permettent de connaître l'école et le presbytère: - la maison destinée aux écoles est constituée d'une grande chambre basse à feu au rez-de-chaussée, deux chambres à feu au dessus, grenier aussi au dessus couvert en thuille, cave sous lesdits bâtiments, cour et jardin, le tout clos, contenant trois perches tenant au nord au carrefour vis-à-vis l'église… d'un bout à l'est à la grand rue, - la maison destinée au presbytère est composée au rez-de-chaussée, de cuisine, salle à manger, allée, cour, autre chambre à coté de la salle à manger, trois chambres à feu au dessus des dites cuisine et salle à manger, grenier en mansarde sur le tout couvert de thuille, caves sous lesdits bâtiments, le tout contenant en fond de terre deux perches et demie, tenant d'un long à l'est à une cour commune, à l'ouest à une petite ruelle, au midy à la rue menant à Lunezy.

La bénédiction d'une cloche nommée Armande-Françoise eut lieu en 1765 par le curé François Brille. La cloche donnée par Vincent Martin avait été fabriquée par les fondeurs Jacques Gillot et Pierre Felimaux. Une lettre à l'intendant de la Généralité de Paris datée du 7 octobre 1783 est adressée par l'archevêché pour faire accélérer les réparations de l'église de la Ville-du-Bois et du presbytère de Nosay qui privent le curé du secours d'un vicaire qui lui est très nécessaire.

Terminons cette chronique par l'énumération de quelques biens de la fabrique Saint-Fiacre provenant principalement de fondations de messes et d'obits. En 1790, à Leuville, il s'agit d'une grange estimée 1.050 livres et de 93 arpents en 87 pièces, estimés 19.737 livres . C'est dire la richesse de l'œuvre de La Ville-du-Bois.

L'histoire de La Ville-du-Bois est fertile en évènements sous la Révolution. Ce sera l'objet d'une prochaine Chronique…

Notes

(1) La population de La Ville-du-Bois, qui comptait plus de 500 âmes en 1562, croît fortement au XVIIe siècle. Les dénombrements de 1713 et de 1784.donnent 100 et 158 feux.

(2) Jean-Baptiste Goix est nommé de nombreuses fois dans les registres paroissiaux. Aux obsèques de Denis Goix, époux de Geneviève Gallien, mort à l'âge de 48 ans, nous trouvons ses beaux-frères Jean Robin et Jean Gallien, et ses cousins Louis Bourgeron et Jean-Baptiste Goix, marguilliers de la fabrique Saint-Fiacre.

(3) On peut constater la distorsion des émoluments entre le chapelain qui reçoit 500 livres et les 100 livres accordées au maître d'école.

dagnot/chronique23.03.txt · Dernière modification: 2020/11/12 01:28 de bg