Corpus Essonnien

Histoire et patrimoine du département de l'Essonne

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La ferme de la Boissière (XIIe au XVIe siècle)

Chronique du Vieux Marcoussy –Marcoussis————— _———————————- Janvier 2009

JP. Dagnot

C. Julien

Cette chronique relate l'histoire de la ferme de La Boissière qu'un inventaire donné à la Cour des Comptes en 1511 désigne comme « le fief, terre et seigneurie de la Bussière , autrement nommé Montfaulcon et de présent la Granche-aux-Moines… assis près Mont-le-Héry ». Dans leur dictionnaire topographique, Merlet et Moutié précisent que Montfaucon, ou la Bussière était un fief et seigneurie appartenant à l'abbaye des Vaux-de-Cernay, nommé plus tard la Grange-aux -Moines, dans la commune de Saint-Jean de Beauregard. Au XVIe siècle, cette paroisse s'appelait Saint-Jean de Montfaucon. Nous trouvons en langue latine « Mons Falco , Monsfauco » (1). Localisation.

Le domaine clunisien

Le premier couvent qui s'implante dans le secteur est le prieuré clunisien de Notre-Dame de Longpont. Au début du XIIe siècle, plusieurs chartes mentionnent des donations pieuses concernant des biens dans un lieu identifié comme La Boissière (2). D'abord, c'est le seigneur Gilbert de Balisy «Gislebertus de Balisiaco » qui lègue, devant Bernard d'Orsay et Frédéric de Morsang, deux arpents de terre, le long du chemin de Buxiarie [route du buis] « duos arpennos terre, secus viam Buxiarie », dans le fief de Gautier de Chastres (charte CXXX).

Il s'agit ici du lieu dont le toponyme, Buxiaria , Buxeria , Bosseria , Busseria , du latin « Buxus » désigne le buis ou un arbuste vert. On trouve également buxale , boisse , buisse, buoessière, buissière et bouchière qui désignent toute espèce végétale touffue de petite taille, mauvais bois ou bois dégradés. La présence de bois est bien évidemment le reste de la grande forêt d'Yveline qui s'étendait jusqu'aux rives de l'Orge. À cette époque, plusieurs chartes des Vaux de Cernay évoquent les bois de la Bussière; à contrario seules des terres labourables sont concernées à Longpont.

Vers 1100, la famille seigneuriale d'Orsay fait des libéralités aux moines du prieuré Saint-Martin, dépendance de Sainte-Marie de Longpont. Il s'agit de Sevin Chastel « Sevinus, filius Milonis Castelli », qui donne toute la dîme qu'il possédait à La Boissière et deux arpents de terre qu'il avait à Grand Viviers « omnem decimam quam habebat apud Bosseriam et duos arpentos terre quos habebat apud Viverios ». Parmi les témoins les oncles et les cousins du donateur sont présents Pierre Chastel et Gui, son fils, Payen Chastel et Hilduin son fils (charte CCLXV). Ce Sevin était l'un des fils de Milon d'Orsay qui avait pris le froc de moine à Longpont. Nous rencontrerons son frère Nantier délaissant sa part de La Boissière à un autre monastère du sud parisien, l'abbaye des Vaux de Cernay.

À la même époque, vingt arpents de terre sont donnés par Gautier Arbalaster avec approbation de sa femme et ses deux fils, Pierre et Drogon. Le scribe précise que la terre est située à La Boissière , près d'Orsay « in Buxeria, juxta Orceacum » (charte CCLXXVII). Puis en 1140, le chevalier Thomas, fils d'Hugues, prenant les habits monastiques à Longpont « seculum relinquens et ordinem monachicum expetens », lègue la moitié de la terre de la Boissière qu'Herbert de Ballainvilliers travaillait sans relâche « mediatatem terre de Busseria quam Hubertus de Bellemviler exercet ». La moitié de cette terre était déjà dans les mains des moines de Sainte-Marie. La dot de Thomas est approuvée par sa femme Odeline et par Nicolas, son neveu (charte CCXVI).

En 1133, un chevalier nommé Amaury lègue plusieurs biens et droits féodaux dont la moitié des dîmes de Bussière « dimidi decimis de Buxeco » avec l'approbation de son fils Arudph. La donation est faite avec le témoignage de nombreux chevaliers dont Eustache et Arudph de Brecolio, Amalric de Esparno, Richard de Ebroidi, moine, l'abbé Widmud et les clercs Radulf, Warin, Fulcher et Gilbert de Hodeingo. L'archiprêtre parisien Robert et les prêtres Gauffrid et Fulcher sont également présents.

En 1183, le roi Philippe-Auguste « Philippus regia Francorum rex » ratifie la donation faite au prieuré de Longpont par Béatrix de Pierrefond d'une partie de la forêt de Montfaucon « Beatrix de Perafonas ecclesie sancte Marie de Longo Ponte partam suam nemoris de Monte Falconis et de Vioneto in elemosinam donant » . La libéralité pieuse est acceptée par Agathe, la fille de la donatrice qui détenait les droits féodaux. L'acte est signé par le comte Theobald, sénéchal, le bouteiller Gui, le chambrier Martin et le connétable Radulf avec le monogramme du roi.

La localisation de la terre de Boissière pourrait donner à controverse si l'on s'en tenait à l'attribution faite par Jules Marion. En effet, l'éditeur du cartulaire de Longpont identifie Buxiaria, Buxeria, Bosseria, Busseria, par La Boissière sur la commune de Villebon-sur-Yvette, tandis que le dictionnaire topographique du cartulaire des Vaux de Cernay donne la Buxère, Buxeria, la Bussière comme la terre de Montfaucon, commune de Saint-Jean de Beauregard. Ce sont les chartes du début du XIIIe siècle qui donnent la clef de l'énigme, quand les deux couvents font l'échange des terres plus ou moins imbriquées à Montfaucon. La localisation avancée par Marion ne peut être exacte (3).

Charte de confirmation de Philippe Auguste au couvent de Longpont.

Le domaine cistercien

La seconde seigneurie ecclésiastique de La Boissière est tenue dès sa fondation par l'abbaye des Vaux-de-Cernay (4). Ce sont les chartes de ce monastère qui nous fournissent des renseignements sur la ferme de la Granche-aux-Moines comme on écrivait au XVe siècle. L'inventaire de 1511 nous apprend que les moines possédaient « le fief, terre et seigneurie de la Bussière, avec toute la justice et seigneurie dudit lieu et le ressort au prévost de Paris ». Mais, revenons au XIIe siècle.

Dans un diplôme de 1142, le roi Louis VII confirme les libéralités reçues par l'abbaye des Vaux de Cernay « monachis de Savigneio terram de Valle Sarnaii ». Parmi les nombreux donateurs, nous trouvons Hugo Bibens qui donna une partie d'un bois qu'il possédait à Montfaucon « partem nemoris sui quod habebat in Monte Faucone » avec une terre de culture à côté de la route de Gomez avec l'approbation de sa femme Marie et son fils Hugues. Ce dernier confirma cette libéralité par la charte de 1168 (charte III).

Une décennie plus tard, en 1156-1157, Théobald, évêque de Paris, délivra un diplôme de confirmation des biens détenus par les moines cisterciens des Vaux en reprenant les mêmes termes. De plus, Nantier d'Orsay avait légué une terre de neuf arpents située entre la vigne du monastère et la route de Montlhéry « que sita est inter vineam monachorum et viam que ducit ad Montem Lethericum ». Le donateur accorde la dîme de culture mais retient le champart « culturam cum decima, retenta tantummodo campiparte ». Ainsi, le fief des religieux comprend le bois de Montfaucon, des terres arables, une vigne et les droits dîmiers avec le champart (charte XIII). Cette charte nomme de nombreux chevaliers de la région vivant au XIIe siècle, dont Garinus de Guillervilla, Ursio, clericus de Marcociis, Raginaldus et Radulphus de Dolenvilla, Fulco de Lers, Thomas de Bruieriis, etc. (5).

En 1162, le roi Louis VII ratifie, au nom de la sainte Trinité, la cession de la terre de Bussière par Nantier d'Orsay « quod Nanterius de Orceis, assentiente filia sua, totam terram suam de Buxeria abbatiae de Sarnaio donavit in elemosinam ». À charge, les moines fourniront deux muids de céréales au donateur : un muid de blé d'hiver et un autre l'avoine « duos modios annonae, unum de ivernagio et alterum de avena ». Cette notation indique bien l'existence de l'assolement triennal sur ces terres. La donation est faite avec l'accord de plusieurs personnes dont la fille de Nantier, d'une part, et Geoffroy d'Orsay et ses fils Guillaume, Bouchard, Geoffroy et Gilbert, les détenteurs des droits féodaux d'autre part (charte XXI).

Le 2 mars 1163, le pape Alexandre III accordait sa protection aux moines des Vaux de Cernay en énumérant les biens de l'abbaye « Alexander episopus, servus servorum Dei, dilectis filiis Andrae, abbati monasterii sanctae Mariae de Sarnaio, ejusque fratibus… . ». La terre de La Bussière qui avait été donnée par Nantier d'Orsay est citée avec l'exemption de deux muids d'avoine de cens « Ex dono Nanterii, totam terram suam de Buxeria, sub annuo censu duos modios avenae sibi solvendo » (charte XXVI).

Au mois de juin 1206, sous l'autorité d'Eudes, évêque de Paris, le chevalier Jehan de Briis avait donné un muid de blé de la dîme qu'il percevait à Courtabeuf moitié en blé d'hiver, moitié en blé de printemps « unum modium bladi in decima sua de Cortebue, percipiendum in granchia sua, scilicet medietatem hybernagii et medietatem martiagii ». Au mois de mai de l'an 1238, l'abbaye des Vaux de Cernay céda ce muid de blé à la chapelle de Montfaucon pour sa construction « coram nobis, capellanie de Monte Falconis, ad opus capellani qui pro tempore inibi fuerit, predictum modium bladi… ». En cette même année 1206, un différend éclate entre le prieur de Bruyères et Hugues, chevalier de Baville, au sujet d'un arpent de terre apud Busseriam . Finalement, le chevalier renonce à ses prétentions en faveur des religieux du prieuré Saint-Didier.

Dans un acte daté de mai 1226, le comte Amaury de Montfort accorde à la grange de Montfaucon « Montisfalconis » le bénéfice des droits d'usages dans la forêt d'Yveline. Les moines disposaient du bois vif pour la construction et autres usages, sauf les échalas « vivum scilicet nemus ad edificia et ad usus necessarios, esceptis eschalaciis » et du bois mort pour le chauffage « et mortuum ad ardendum ». Les usages comportaient également le droit de pâture des troupeaux et le droit de glandée pour les porcs depuis les calendes d'avril jusqu'à celles de juillet « excepto quod porci non intrent forestam a kalendis aprilis usque ad kalendas julii ». Le comte Amaury renouvelait la concession de sa grand-mère Amicie de Leicester pour la collecte du bois par les charbonniers (charte CCLXVIII).

Dans ses lettres de mars 1237, Guillaume, évêque de Paris « Guillelmus, permissione divina, Parisiensis ecclesie minister indignus » fait savoir que le chevalier Eudes de Montfaucon, considérant toutes les donations pieuses de ses ancêtres, réclame que les moines des Vaux de Cernay fassent célébrer l'office divin dans la chapelle de Montfaucon « facimus universis quod cum dominus Odo de Monte Falconis, miles, peteret a viris religiosis abbate et conventu Vallium Sarnaii quod facerent celebrari divina in quadam capella sita in valle subtus domum dicti militis in Monte Falconis ». Les religieux ne l'entendaient pas de cette façon et soutenaient que n'étant pas liés par obligation, ils étaient prêts à porter l'affaire devant la justice « quod parati erant super hoc subire judicium et sententiam audire ». L'évêque arbitra avec diplomatie et obtint un compromis par lequel les moines acceptaient le transfert de la chapelle près de la maison du chevalier et à verser une rente annuelle de 19 setiers de blé d'hiver pris sur la grange de Gometz et un demi-muid d'avoine sur la grange de Jean de Briis à Courtabœuf et deux pièces de vins qu'ils récoltaient dans leur clos de Saulx-les-Chartreux « decem et novem sextarios hybernagii, singulis annis, in perpetuum percipiat quos dicti monachi habebant apud Gometum ; et iterum dimidium modium hybernagii et dimidium modium avene quos habebant in granchia domini Johannis de Briis, que vocatur de Cortherbof, et duas pecias vinee quas habebant, sitas apud villam que vocatur Salices » (charte CCCLXXIII).

En mai 1238, le même évêque Guillaume ratifie l'amodiation de 19 setiers de blé faite par les religieux des Vaux au chapelain de la chapelle de Montfaucon « assignassent capellanum capellanie de Monte-Falconis ad decem et novem sextarios bladi » produits sur 25 arpents de terre à Gometz. En juillet 1249, devant le prieur d'Athis, une sentence accommode le conflit entre Laurent, frère convers des Vaux de Cernay, et Bidaudus, écuyer d'Athis, qui réclame pour 20 sols parisis un demi-quartier de vigne à la Boissière. Les plèges de l'écuyer Bidaudus sont Bertaud Billet et Jehan de Villemirant.

Les lettres de l'official de Paris de décembre 1248, notifient que le chevalier Pierre de Bruyères admet ne pas posséder ni les dîmes ni le champart de la terre de Fromengiis située entre Villehier et Courtabœuf « nichil habebat in decima et campiparte terrarum de Fromengiis, sitarum inter Villeher et Corterbeuf » et que ledit chevalier reconnaît les droits de l'abbé et couvent des Vaux de Cernay à cet endroit.

En août 1275, les lettres des écuyers Robert d'Orphin, Nicolas d'Orphin dit Corme et du chevalier Gui de Rochefort confirment que le chevalier Jean de Bries et sa femme Aveline avaient donné aux religieux et couvent des Vaux de Cernay 30 arpent de bois à Montfaucon près des bois des religieux et de la fontaine Saint-Jean « sitis sub Monte Falcone, juxta nemora dictorum religiosorum et fontem Sancti Johannis ».

Le 11 mars 1282, veille de la sainct Grégoire, Guillaume Bidault, d'Athys, escuyer « faisons ascavoir à tous que je, Guillaume, ay donné et octroyé et quitté, de ma bonne volonté et pure aumosne, à l'abbé et couvent des Vaux de Cernay la propriété de demy quartier de vigne au lieu de la Boissière. Item je donne à l'abbé et couvent devant dit un denier de cens que celle vigne devoit à celuy Guillaume et toute la seigneurie qu'il avoit en icelle vigne devant dite. C'est à scavoir pour faire chacun an son anniversaire et pour estre és prières de léans à tousjours mais ; et oblige luy et ses hoirs à ce tenir ferme et stable ce don devant dit. En tesmoin de cette chose tenir et affermer, je, Guillaume, le certifie en cette lettre scellée de mon scel ».

La rente du prieuré Sainte-Catherine

En mai 1244, nous prenons connaissance d'une redevance à prendre sur la ferme de la Grange-aux -Moynes dite de La Bussière ou Montfaucon par un accord est passé entre Isabelle de L'Aulne (ou d'Aulnay ) et le couvent de Sarnay au sujet de la « redevance en bled seigle et avoine de la quantité de deux muids sur ce que lesdits de Sarnay prétendoient qu'il n'étoit du que du meteil et avoine et l'official de Paris décida que lesdits de Sarnay payeroit annuellement demi-muid du plus beau bled demi-muid de seigle et un muid d'avoine à quoi les parties accordèrent ». Le vendredi après la saint Mathieu 1260 a lieu par devant l'official de Paris, Guillaume d'Aulnay et sa femme Aveline la vente au profit des religieux et prieur de Sainte Catherine du Val des Ecoliers deux muids de grains consistant en un muid d'avoyne, demi-muid de froment et demi-muid de seigle « qu'ils avoient droit de prendre chacun an sur la granche de Montfaucon apartenante au couvent et abbé des Vaux Sernay moyennant huict vingt livres parisis et ce pour les tenir en mainmorte ». En juin 1261, Guyart de Villejust et Alipide sa femme et Isabelle, femme de Guiard d'Orcey ratifient ladite vente devant l'officialité de Paris.

À partir de cette date, le prieuré de Sainte-Catherine-du-Val-des-Écoliers détient un droit féodal sur la ferme de Montfaucon (6). Compte tenu du rendement relativement modeste, les 2 muids de grain, soit 24 setiers, étaient récoltés sur 12 arpents environs, après avoir retiré la quantité de grain pour la semence. Les grains (blé, avoine, seigle, haricots, pois, etc.) étaient toujours portés au marché et livrés en sacs (de grosse toile de chanvre ou de jute) d'une contenance de 8 boisseaux donc d'un hectolitre.

En mars 1267, par devant l'official de Paris, un bail à vie est accordé à la veuve Michel de Trie par les religieux de Sainte-Catherine de la susdite redevance. Plus 20 sols de croît de cens et rente à percevoir tous les ans sur la maison de la comtesse, 10 sols sur une maison à Pierre le Magueu sise près celle desdits religieux et dans leur censive, 16 sols sur celle de Guérin Bedel sise près la censive desdits religieux, 16 sols sur celle de Guillaume Vilain plus sur celle de Pierre de Saint-Yon, 46 sols, plus sur celle de Pierre de Beauvais 17 sols, plus sur celle d'Etienne Denar 5 sols, plus 20 sols sur deux maisons de Saint Marcel de la vieille monnoye.

Un titre nouvel du don de mars 1267 est passé par le donataire par devant l'official de Paris. Le lundi d'après les Brandons de l'année 1281 (7). Un titre nouvel et reconnaissance furent passés par Jeanne de Trie, veuve de Nicolas de Trie, de deux muids de grain « ensemble qui luy avoient esté céddé et baillé à vie par lesdits religieux de Sainte-Catherine ». Un autre titre fut passé devant l'official de Paris, c'est un transport et cession desdites rentes et de ladite redevance moyennant 42 livres parisis « le jeudy de devant la feste de saint Symon et saint Jude de l'année 1285 portant remise faicte par Geneviève fille de feu Pierre de Roidelon reportant la susdite Jeanne de Trie au profit desdits religieux et prieur et couvent de Sainte Catherine dudit bail à vie des susdits deux muids de grain et des cens et rentes par eux cy devant baillés… ».

Nous reviendrons de nombreuses fois sur cette fameuse redevance qui a engendré un contentieux entre le monastère des Vaux de Cernay et le prieuré Sainte-Catherine du Val des Écoliers, détenteur du droit seigneurial. Ainsi pour quelques sacs de blé, les deux couvents se sont chamaillés pendant plusieurs siècles.

Les échanges entre les couvents

En 1208, un échange est passé entre les religieux de Longpont et l'abbé de Cernay de quelques héritages près Viviers et la Bussière près la Grange-Montfaucon . La charte est écrite sous la dictée de Guillaume de Milly, prieur de Longpont « ego Willelmi prior Longipontis et ejusdem loci conventus, terram de Buxeria quam domus de Orceaco habetat apud grangiam monachorum Sarnaii que Mons Falconis dicitur… ». L'échange de la terre de Montfaucon est faite contre deux pièces de terre labourable situées à Viviers que dame Rancia de Palaiseau avait donné en aumône aux moines blancs des Vaux de Cernay « quam domina Rancia de Palaisol ipsis in elemosinam contulit apud Vivers ». Pour compenser la perte du droit dîmier, les moines de Longpont reçoivent un demi arpent supplémentaire. Parmi les témoins du côté des Vaux de Cernay, nous trouvons Amaury Moreher, Robert de Dourdan et Barthélemy de Chevreuse, tandis que du côté de Longpont sont présents le sous-prieur Ancher, Mathieu, prieur d'Orsay, Gui de Massy et Simon Paste. Une clause de retour est aussi envisagée.

Charte de Guillaume de Milly, prieur de Longpont (1208).

Les échanges entre les couvents étaient fréquents aux XIIe et XIIIe siècles, chacun essayant de regrouper les biens qui avaient fait l'objet de donations pieuses. Au bout d'un certain temps, le morcellement de terres avait entrainé une imbrication difficile à gérer. Ainsi, dès 1176, nous trouvons une convention entre les moines des Vaux de Cernay, ceux de Longpont et ceux du prieuré de Montlhéry « monachos de Sarneio et monachos de Longo Ponte et monachos de Monte Letherico » à propos d'une vigne appelée Peletart qui rendait 12 deniers de cens à Montlhéry et les dîmes de vin à Longpont.

L'amodiation des dîmes de toutes les terres possédées par les moines des Vaux de Cernay sur leur grange de Montfaucon est faite en 1232 par frère Drogon, prieur de Longpont « admodiavimus decimas omnium terrarum quasi psi possidebant apud granchiam suam de Monte Falconis… ». Les dîmes sont prélevées sur le fief du prieuré d'Orsay, dépendance de Longpont, comprenant un prélèvement annuel de sept setiers, un demi-muid de blé d'hiver et un setier d'avoine « … dimidio videlicet modio hybernagii et uno sextario avene… » (charte CCCXXXIV). Peu de temps après, Guillaume, évêque de Paris ratifie l'acte d'amodiation des dîmes de la grange de Montfaucon par le prieuré de Longpont « fecerunt monachis Vallium Sarnaii prior et conventus Longi-Pontis de decimis terrarum quas dicti monachi possidebant apud granchiam de Monte-Falconis, in decimatione prioratus de Orceio, sicut in eorum litteris vidimus, contineri, ratam habemus et auctoritate diocesana confirmamus », ainsi la Cour diocésaine exerçait son autorité sur le transport des dîmes (charte CCCXXXV).

L'économie rurale de la ferme de Montfaucon

L'état des revenus de la ferme de Montfaucon « Monsfalcon » est donné par le cartulaire de l'abbaye des Vaux de Cernay pour les années 1296 et 1297. Nous possédons ainsi d'importants renseignements pendant la période d'expansion économique de la fin du XIIIe siècle. L'actif de la ferme est évalué comme suit pour 1296 : • récolté de blé : 30 muids 4 setiers et mine desquels ont été prélevés 4 muids et 4 setiers pour la semence. Ont été vendus 5 muids et 10 setiers et mine, la maison a consommé 19 muids 2 setiers de la fête de l'Assomption 1296 à celle de 1297 « … domus expendit, a festo Assumptionis beate Marie anni nonagesimi VI usque ad sequens festum Assumptionis anni nonagesimi VII, XIX mod. II sext. », • récolte d'avoine : 27 muids 8 setiers desquels 5 muids sont pour la semence, la maison a consommé 21 muids et 8 setiers • récolte d'orge : 20 setiers dont 4 pour la semence, un muid a été utilisé pour le pain, le reste a servi à nourrir les porcs « residuum pro porcis », • récolte des pois : 2 muids 6 setiers dont 7 setiers pour la semence. L'abbaye a pris 2 setiers, la maison a consommé 19 setiers et 2 setiers ont été vendus, • vendanges : 12 tonneaux de vin, lesquels ont été distribués comme suit 4 tonneaux au couvent, 4 tonneaux au seigneur abbé « domno abbati », et 4 tonneaux pour la maison. L'actif de la ferme de Montfaucon pour l'année 1297 est rapporté comme suit : • récolte de blé : 26 muids desquels il faut retenir 6 muids de semence. Un seul muid a été récolté à Montdétour « Maudestor ». Il a été vendu 3 muids 10 setiers et mine, la maison a consommé 2 muids 8 setiers, • récolte d'avoine : 22 muids. La dîme de Gomez a rapporté 2 setiers et mines soit un total de 22 muids et 2 setiers, desquels sont pris 5 muids pour la semence, • récolte d'orge : 18 setiers • récolte de légumineuses en grains : 1 muid.

Un article entier concerne la récolte du maître qui comporte 5 muids 10 setiers de blé, vendus moyennant 52 livres 10 sols. De la sorte nous connaissons le prix du setier de froment en l'an 1297, soit 15 sols le setier. En outre le maître a vendu 180 fromages qui ont rapporté 11 livres , 12 porcs pour 6 livres , 7 veaux pour 36 sols, 4 tonneaux de vin pour 10 livres , 2 setiers de fèves pour 14 sols. La vente de la laine a rapporté 22 livres . De même, 3 muids 10 setiers de blé de la présente récolte vendus sur le marché ont rapporté 32 livres 4 sols ; ce qui fait le prix du setier à 14 sols. 2 bœufs ont été vendus à raison de 20 livres la bête. La recette totale pour l'année 1297 se monte à 138 livres 4 sols.

Les frais se montent à 21 livres 21 sols 3 deniers, montant qui comprend la paie des serviteurs du couvent pour 9 livres 4 sols, 4 livres 13 sols pour les bergers, 4 livres pour le forgeron, 22 sols 3 deniers pour le charretier, 37 sols pour le sellier. De même le maître de Saint-Benoît reçoit 12 livres , le maître de Crèches 4 livres , le seigneur Egidio de Capella 7 livres , Guillaume Anglais de Villehier « Guillelmo Anglico de Villehier » 18 sols, le seigneur Jean de Boscheta 30 sols, Richard de Linas « Richardo de Lynais » 30 sols. L'abbé a reçut 22 livres pour l'année précédente et 50 livres cette année. Le total fait 119 livres 12 sols et 3 deniers.

Dans le vignoble de Montfaucon, les vendanges produisent 20 tonneaux de vin pour une dépense de 11 livres 4 sols. La ferme comprend 23 porcs, 400 bêtes à laines dont 220 agneaux, 90 moutons castrés ; de ce cheptel l'abbé possède la moitié des naissances « de quibus abbas debet habere medietatem fetus », il y a 26 vaches et génisses, 2 taureaux et 9 boeufs. Cinq serviteurs travaillent à la ferme et reçoivent un salaire annuel de 113 sols.

Précisons, pour compléter cette évaluation, la composition de la ferme de La Boissière donnée par l'inventaire de 1511 « Auquel fief y a maison, granche, estable, court et jardin et le lieu clos à murs, assis et enclos de toute part de terres labourables et autres terres estant dudit hostel, qui contiennent la quantité de six cents arpents de terre ou environ, tout en une pièce ; et la plus grande partie d'icelles terres sont labourables. Au bout desquelles terres labourables sont les prez et nos appartenances audit lieu ; et à l'autre bout, au costé, sont bois, buissons et aulnoys. Auquel bois estant sur les larriz du costé du Déluge, y a un cloz de murs anciens qui contient douze arpents de terre, lequel d'ancienneté étoit planté en vignes. Toutes lesdites terres franches de dixmes… » (8).

Une transaction est passée le 24 décembre 1354 entre le prieur et couvent de Sainte-Catherine du Val des Escoliers à Paris, et les abbé et couvent des Vaux de Cernay au sujet « d'un demi muy de bon bled et demi muy de seigle, demi muy d'avoine que le prieur avoit [droit] de prendre sur la grange appelée de la Buxère ditte de Montfaucon, appartenant audit abbé ». Cette redevance sera l'objet d'un contentieux qui ne s'éteindra qu'après plusieurs siècles de procédure.

La ferme de la Boissière au XVe siècle

Une quittance du prieur de Sainte-Catherine est délivrée le 28 juin 1393 « Nous prieur et couvent de Sainte-Katherine du val des Escoliers à Paris confessons avoir reçu du prieur fermier de Montfaucon, la somme de trois muys de grain qu'il nous devoit à cause de deux muys de grain que nous prenons chacun an sur ladite granche… »

Des pièces de procédures apparaissent en 1444 et 1445, entre les religieux des Vaux de Cernay et les religieux de Sainte-Catherine du Val des Écoliers « ces derniers avoient formé leur demande contre lesdits Vau Cernay pour avoir payement de trente deux muids d'arrérages de ladite redevance, MM. de Vau Cernay prétendoient n'être point dans le cas de payer veu que la ferme de Montfaucon étoit non seulement demeurée inculte mais encore avoit été dévastée et ruinée par les guerres ayant égard à la raison les sieurs de Sainte-Catherine quittèrent à MM. de Vau Cernay lesdits arrérages de ladite redevance et la modérèrent jusqu'à un certain tems après lequel M de Vaux Cernay s'étoit soumis à payer auxdits de Sainte-Catherine 6 septiers de bled et 6 septiers avoine ».

Dans les titres des Vaux de Cernay, nous trouvons encore une fois une lettre en parchemin signée par l'abbé Jean V de Rully et scellée de deux sceaux portant un traité fait le 24 octobre 1454 entre les Vaux de Cernay et Sainte-Catherine du Val des Écoliers à Paris « lesquels religieux, abbé et couvent des Vaulx de Cernay sont obligez de rendre et paier par chacun an au jour de saint André auxdits religieux prieur et couvent de Sainte-Catherine la quantité de six septiers de bled froment et dix septiers d'avoine pris en ladite Granche de La Buxière dict de Montfaucon, mesure de Montlhéry comme plus au long est porté audit traitté ». Puis devant Jean de Reniers et Martin Le Maupis, notaires, un contrat est passé en février 1505 contenant la reconnaissance « au proffit desdicts de sainte-Catherine par les détenteurs et propriétaires de ladicte Granche de La Bucière dicte de Montfaucon pour le paiement des susdicts six septiers de bled et autant d'avoine ».

Au milieu du XVe siècle, la situation juridique de la ferme de La Boissière devient complexe, sans doute par les derniers troubles de la guerre de Cent ans et ceux de la Ligue du Bien Public de 1465. C'est la vente aux enchères du 7 mai 1661 qui nous donne tous les détails des avatars de la ferme « ladite terre estant detenuë par la Damoiselle Bezée, Marie du Try et Elizabeth de Montireau, comme estant aux droicts des sieurs Cohaires et Montireau, qui dez l'an 1468 s'en estoient emparez au moyen d'un bail emphiteose dont la longueur ayant osté aux Abbez et Religieux de ladite abbaye toute cognoissance de la propriété qu'ils y avoient, mettoit les detempteurs en estat de la leur disputer, ledit sieur Thibault par ses soins et diligence, ayant eu advis de cette usurpation, traita avec Monsieur l'Evesque de Mets, comme Abbé des Vaux de Cernay, pour reünir à la Mence de son Abbaye ladite terre de la Buxière , le 18 juillet 1627, par acte du mesme jour et an, receu par Boucot, notaire au Chastelet de Paris… » (9). Il y avait bien eu usurpation de la ferme dès la fin de la guerre de Cent ans.

La ferme de la Boissière au XVIe siècle

Le 12 juillet 1499, foi et hommage est rendu au roi Louis XII par Louis de Graville « Nostre cher et féal cousin conseiller et chambellan Louis seigneur de Graville admiral de France nous a ce jourdhuy fait en la personne de nostre amé et féal chancelier les foy et hommage lige que tenu nous estoit faire aconter et pour raison de son chastel chastellenie terre et seigneurie de Gometz le Chastel arrière fief avec droits dépendant d'icelle tenue et mouvant de nous acause de nostre Chastelet de Paris… ». Puis le commissaire du trésor, procureur et receveur de la prévôté et vicomté de Paris énumère les fiefs concernés par l'aveu « Et aussy du chastel chastellenie terre et seigneurie de Marcoussis, Villevier, Vallaron, La Ronce , Nozay, La Ville du Bois, Chastre sous Montlhéry, avec la haulte justice, fiefs, cens, rente et autres droits dépendant dudit lieu du chasteau de Boissy sous Saint-Yon, lhostel seigneurie et appartenance de Chetainville, Breuil, Eglis, Breuillet partie de censive et fief de saint-Yon, Guibeville, Bizerne, Vallegrand, Guillerville et La Boissière autrement dit La Grange-aux -Moines et tous les fiefs, arrière-fiefs et autres droits appartenances et dépendances qui en dépendent aussy tenus et mouvants de Nous… ».

Le contentieux avec le prieuré Sainte-Catherine est maintenant transporté sur la tête de Louis de Graville seigneur de Marcoussis. Des parchemins datés de l'an 1502 portent sur « les poursuites et procédures faictes à la requestres du prieur de Sainte-Catherine contre le Sieur de Graville, admiral de France afin de paiement des arrérages des muids de grain moittié froment et moittié avoine à prendre sur la susdite Granche et dépendances d'icelle dont le Sieur estoit détempteur en propre ».

La déclaration du temporel de l'abbaye des Vaux de Cernay a été donné à la Cour des Comptes en 1511. Un chapitre entier concerne le « Fief, terre et seigneurie de la Bussière , autrement nommée Montfaulcon ou la Granche-aux -Moines, en la chastellenie de Montlehéry ». L'abbaye des Vaux de Cernay possède le fief, terre et seigneurie de la Bussière , avec toute la justice et seigneurie dudit lieu, et le report au prévost de Paris, - ouquel fief y a maison, granches, estables, court et jardin, clos à murs, et la quantité de six cens arpens de terre ou environ, tout en une pièce, et la plus grande partie d'icelles terres sont labourables, - item quinze arpens et demy de terres labourables et trente-quatre arpens de haults bois, assis jouxte la fontaine de Sainct-Jean de Montfaulcon , - item sept arpens de bois appelez la Chasteigneraye , et deux arpens de prez au dessus de l'estang de Craon, appelé le pré à la Villehier , et trois quartiers d'aulnoy et un quartier de terre en une pièce appelée l'Aulnoy des Champs, - item un hostel, granche, court et jardins, au village d'Abluys, où pend pour enseigne l'image Nostre-Dame, et sert ledit hostel d'hostellerie, - item un corps de maison servant de bergerie, assis oudit village d'Abluys. Nous retrouvons bien tous les biens acquis aux XIe et XIIe siècles sous forme de donations pieuses ou d'échange.

Des pièces de procédures des années 1567-1568, nous apprennent que des poursuites ont été engagées contre « Gabriel de Monthireau, seigneur de Fresne et de Montfaucon pour le paiement dudict muid de grain à prendre sur la Grange de La Boissière ». Au cours des années 1578 et 1579, plusieurs actes sont produits faisant mention de saisies et poursuites contre ledit de Monthireau à la requête du prieur de Sainte-Catherine du Val des Écoliers.

Fin de la première partie. À suivre…

Notes

(1) L. Merlet et A. Moutié, Cartulaire de l'Abbaye de Notre-Dame des Vaux de Cernay de l'Ordre de Citeaux (. Plon, Paris, 1857) 3 tomes.

(2) J. Marion, Cartulaire du Prieuré de Notre-Dame de Longpont de l'Ordre de Cluny (Impr. Perrin et Marinet, Lyon, 1879).

(3) S. Lefèvre, Une Grange de l'Abbaye des Vaux de Cernay , Bull. SHACEH, 1979, 49 , 17.

(4) Ce fut en l'an 1118 qu'Arnaud, moine de l'abbaye de Savigny, fut chargé par saint Godefroy de la direction de quelques frères de la maison de Savigny qu'il établit dans la vallée Bric-Essart, à lui concédée par Simon de Neauphle. Le nouveau couvent, Notre-Dame des Vaux de Cernay, accueille bientôt de nombreux adeptes et reçut des libéralités pieuses.

(5) Une copie collationnée de la charte de l'évêque Théobald avait été requise en août 1535 par maître Jehan Bodin, procureur des religieux des Vaux au moment du procès entre Jeanne de Graville, dame de Marcoussis et Jehan d'O, mari d'Hélène d'Illiers, pour la succession de feu René d'Illiers, vivant chevalier de Marcoussis. Cette affaire fut réglée plus de dix ans après au profit de Guillaume de Balsac, l'héritier de Jeanne de Graville.

(6) Les Frères du Val-des-Écoliers étaient installés à l'extérieur des remparts de Paris, dans le quartier du Marais sur un terrain de 3 arpents donné par un bourgeois de Paris nommé Cibois. Dès sa fondation en 1229, le prieuré de Sainte-Catherine-du-Val-des-Écoliers est richement doté. Thomas de Châtres, puis Philippe de Massy en furent les prieurs au XIVe siècle. Des religieux furent détachés pour prendre possession du Val-Saint-Éloi dans la paroisse de Chilly, près Longjumeau. Jean IV Nervet, religieux du Val-Saint-Eloi devint aumônier ordinaire de Louis XI en 1474. Il dirigeait encore ce monastère en avril 1499 quand il aliéna une partie du fief de Fretay à Louis Malet de Graville.

(7) La fête des Brandons se situait le premier dimanche de Carême. Les villageois parcouraient la campagne en dansant et portant des brandons , sortes de torches faites avec de la paille tortillée.

(8) Au XVIIIe siècle, le partage des terres et biens de l'abbaye donne « le fief et seigneurie de la Grange-aux -Moines, proche Montfaucon » dans la manse de l'abbé commendataire.

(9) L'évêque de Metz est Henri de Bourbon, marquis de Verneuil , fils naturel d'Henri IV et Catherine-Henriette de Balsac, né au mois de janvier 1603. Il devint abbé des Vaux de Cernay à l'âge de 3 ans auquel il joignit bientôt les abbayes de Saint-Germain-des-Prés, de Fécamp, d'Ourscamp, de Saint-Taurin d'Evreux et l'évêché de Metz à l'âge de 9 ans. Il résigna le 12 octobre 1668, pour se marier. Henri de Bourbon n'a pas été ordonné prêtre et ne s'est jamais rendu à Metz.

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