Corpus Essonnien

Histoire et patrimoine du département de l'Essonne

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La seigneurie de Forges sous les Baillon

Chronique du Vieux Marcoussy –Marcoussis————— _——————————_—– Avril 2009

Forges sur la carte de Cassini.

JP. Dagnot

Cette incursion loin de Marcoussis a pour seule raison la famille de Baillon rencontrée lors de l'étude de Janvry. Il n'est pas question de recopier l'excellent travail fait par Marcelle Petit (1). Localisons le lieu seigneurial, rue des Richards .

Les documents anciens

Vers 1110, Tevin de Forges transmet à l'abbaye Sainte Marie de Longpont, l'église de Forges avec ses dépendances. « Nous voulons recommander à tous nos successeurs que Tevin de Forges avait transmis à Sainte Marie de Longpont, l'église qu'il avait à Forges, avec toutes ses dépendances, l'atrium, le cimetière, la dîme et la terre qui s'étend jusqu'à l'église; de plus, la terre que le laboureur supporte, & la maison & la moitié de la part de pré, rendant le don pour une mutation convenable; la moitié des frais de construction du moulin et de l'étang; dans le bois ce qui est nécessaire pour les habitants du lieu susdit & les fruits, que six hommes sont capables de ramasser chaque jour; la dîme du persil et celle des aliments des porcs & il donna son droit fiscal avec l'église susdite. Ce don fut fait en présence d'Eudes, qui dans ces circonstances prie ses frères du monastère de témoigner au grand jour, Geoffroy Bernoala, Baudouin de Longjumeau ; Hunger ; Geoffroy ; Rannulf ; Oylard, encore Oylard ; Harpin, & Rainard ».

A la même époque Tevin marie sa fille: « Le jour où Roger de Saint Yon, qui est surnommé Payen, se fiança ici avec sa femme nommée Adélaïde, fille de Tevin de Forges, Tevin partagea son aumône avant la fête des fiançailles, qui était le don fait à Dieu et à Sainte Marie de Longpont et aux moines de ce lieu, c'est-à-dire l'église de Forges et l'atrium, le cimetière et la dîme ; la terre pour une charrue, & le bois qui est nécessaire & les hommes eux-mêmes, & ces fruits des bois qui y sont ramassés & encore une fois leurs hommes & le four & l'étang & le moulin. Une foule de personnes qui assistèrent entendirent ce partage ; de ces gens les noms de quelques-un sont insérés dans cette charte pour le témoignage contre les chicaneurs. Les gens sont là : Roger de Saint Yon, susdit, qui est surnommé Payen : Haymon et Hugues, ses frères ; le clerc Étienne ; Théodore de Soisi ; le sénéchal Gautier ; Rainald de Breuillet; Herlan de Valles ; Roger de Saint Yon, fils de Gautier, & beaucoup d'autres, qu'il est trop long d'énumérer, ont vu et entendu ».

En 1112 une confirmation par Milan II de Bray des donations de ses parents. « Le seigneur Milon, fils de Milon, concéda à Dieu et à Sainte Marie de Longpont et aux moines de ce lieu, et confirma les dons faits par Milon son père et son frère Guy, se soumit & maintint les possessions quel qu'en soit son ancêtre. Pour que la confirmation de cela soit acceptée, lui-même donna la charité d'un cheval vair. Les témoins de cela, du côté de Milon Tevin de Forges ; Geoffroy de Joinville ; Burchard de Vaugrigneuse ; Guy Pinel ; Aymon de Saint-Yon ; Dionisien dit Payen ; Guillerme de Bonelle ; Hilduin de Palaiseau; Evrard Coysi; Évrard de Brétigny; du côté de Sainte Marie : le prieur Henri; Drogon de Corbii, moine de Saint Martin d'Étampes ; le moine Hugues, frère de Thibaud de Vaugrigneuse ; les moines Malger, Willerme, Hugues de Palaiseau les serviteurs Ranulf, Raimbaud; Ebroin, serviteur de Saint Martin d'Étampes ».

Arrêtons là ces donations qui ont déjà été publiées par Marcelle Petit. Reprenons le récit avec la famille de Baillon.

Pierre de Baillon

Revenons à la branche des Baillon dont est issu Odet. Cette famille, présente au XVe siècle en Normandie, est bien connue de la moitié des canadiens issus de la fameuse Catherine de Baillon, fille du roi (2).

Pierre de Baillon est fils de Michel, bourgeois de Chartres et vicomte de Caudebec, dont on trouve la présence en fin du XVe siècle dans les cautions de la Chambre. Michel restera en fonction de la charge de receveur et vicomte de Caudebec de 1495 à 1519.

“Pierre de Baillon, escuyer, Seigneur de Voirrières (Verrières), vicomte de Caudebec et garde du scel aux obligations de la viconté…” . Il reprendra la charge de son père en 1519. Il est également sieur de Louanville et de Méron. Pierre est l'époux de Rose de Mondoucet dont le frère Jehan est sieur de Monteaux et l'Eclat.

Odet de Baillon seigneur de Forges

Ce personnage apparaît en 1537 comme receveur ordinaire de Caudebec, ayant reçu cette charge de son père. Il reste en poste l'espace de quatre ans et en 1541, noble personne Odet de Baillon, vicomte & receveur ordinaire de Caudebec en Normandie, confesse avoir promis à Michel le Barquelet, sieur de Vertot, de résigner à son proffit l'office de vicomte et receveur ordinaire dudit Caudebec, moyennant la somme de 6.500 lt . Cette promesse a été faite par Jehan de Mondoucet, oncle dudit Odet trésorier et receveur général ordinaire de l'artillerie. Ce sera la fin de la présence de la famille en Normandie.

La tradition et les compétences de la famille pour les finances font qu' Oudet de Baillon, aura les charges suivantes : - trésorier des offrandes en 1547, - puis de la Marine du Levant de 1552 à 1553, - trésorier des réparations fortifications et advitaillement de Picardie, - trésorier de la maison du roi, - notaire et secrétaire du roi, charge du côté de sa belle-mère, - conseiller du roi et secrétaire de sa chambre, - commissaire des guerres.

Sa première union officielle se déroule à Blois le 13 décembre 1556. Il se marie avec Jehanne de Moulins, fille de Jacques, seigneur de Rochefort.

La famille des Baillon travaille de concert. En 1557, Jehan I, le trésorier de l'épargne et seigneur de Janvry a besoin de liquidités, il s'adresse à son cousin Odet, et constitue 200 lt de rente, sur une maison à Paris, dite de la Harpe, tenant à la rue des Rats & à la rue du Fouing, il obtient ainsi 2.400 lt.

Peu de temps après, Odet va s'installer à Forges en achetant devant Anthoine Favereau, licencié en loix, notaire royal au lieu de la Haye du ressort de Chinon, à Eustache de Villier et Philberthe de Panyot son épouse seigneur et dame de Folonière la terre & seigneurie de Forges, ses appartenances et dépendances assis en la prévosté de Paris consistant en : - ung manoir contenant maison basse, granges, estables, le tout couvert de thuille, cour, jardin avec ung plan d'arbres fruitiers joignant ledit lieu, le tout contenant contenant 2 arpens et demi, - un coulombier à pied pourpris alentour appelé le fief du coulombier, mouvant du seigneur de Marcousssy à cause de sa seigneurie de Saint-Yon, - le fief du douaire, - ung autre qui fut à Blanchette de Bajollet, - item les fiefs de Boissy le Rassicot & Malassis, …. le fief du Chardonnet - le fief de Launoys Baudoin, - le fief de l'orme gras, - item neuf vingts sept arpents de boys taillis, la vente faite moyennant 5.400 lt.

La période est fertile en évènements, trois mois après, il s'unit à Jehanne Lecret: Odet de Baillon, escuier, seigneur de Forges, conseiller du roy et trésorier de sa maison, faisant sa résidence à Paris d'une part, et damoiselle Jehanne Lecret, laquelle est présentée par Pierre Lecret, prévôt royal de la Rivière de Bauves au baillage de Sens. C'est un mariage classique, parmi les invités relevons Jacques Leroy, seigneur de la Potterie, beau-frère d'Odet, Jehan de Montdoulcet, secrétaire ordinaire de la Reine, oncle d'Odet. Les parents de la future apportent le trousseau et 6.000 lt en escus d'or soleil. Odet déclare que les deux tiers de cette somme seront attachés à la terre et seigneurie de Forges à luy appartenant. L'époux doue la future de 300 lt de rente. Les époux seront communs en biens.

On retrouve de nouveau les cousins, Jehan de Baillon transporte à Odet de Baillon, le droit de bail sur une maison à Paris en la vieille rue du Temple.

Nous sommes en 1561, Clérambault Lepicard et Denyse Fournier transportent à Odet de Baillon, seigneur de Forges, trésorier de la maison du roy, demeurant à Paris, absent, 125 lt de rente leur venant de l'échange avec Pierre de Ficte fait pour acheter Soucy. On retiendra qu'Odet habite à Paris, se fait représenter par Charles de Meursent, domestique à Soucy et règle comptant 5.100 lt.

Deux ans après, Odet de Baillon, secrétaire de la chambre du roy & controlleur de sa maison, déclare qu'en contemplation du mariage de luy & de damoiselle Jehanne Lecret sa femme luy a esté résigné, l'office de notaire & secrétaire du roy, venant de Jehan Duthier oncle de sa femme. Il a reçu de ce fait la somme de 8.500 lt. Cette dernière est employée à acquérir des biens à Launoy Jaudoin et à Bajollet.

La même année, le couple pour obtenir des liquidités, vend des rentes et obtient 5.000 lt. Cette somme permet de racheter les bagues et joyaux de son épouse, évalués à 3.859 livres, figurant au contrat de mariage.

Deux mois après, une sentence du Chatelet adjuge à Odet de Baillon, les droits du prieuré de Forges, à savoir 55 sols tournois, un chapon, une poule de cens, 20 arpents de terre et 29 perches de pâtis, moyennant 120 livres et à la charge que ledit fief sera tenu et mouvant du roy en fief foy et hommage à cause de la plus prochaine justice royale de Forges.

Odet sait déléguer, il charge cette fois Charles de Hacqueville… trésorier des menues affaires de la chambre du roy, de revendre à Jehan de Baillon, la rente achetée à Cléranbault Lepicart, la vente fait moyennant 3.600 lt. Notons que cette rente réapparaîtra lors de la fameuse vente de Marivaux en 1597.

Odet de Baillon, donne également pouvoir et puissance pour recevoir des revenus ne concernant pas notre chronique. Il agit de manière analogue à Jehan, son cousin trésorier de l'épargne.

Cet homme avisé doit sentir sa fin arriver, et pour ne pas avoir de remords, il fait donation à Anne appelée également Marye, sa fille naturelle, d'une somme de 600 escus soleil.

En 1569, Odet se rend au baillage de Marcoussis, et devant Guillaume Belleseur, tabellion juré, fait nommer Jehan Rousseau, bailly de Bruyères-le-Châtel, demeurant à Genvriis, pour le représenter. Il s'agit du revenu du gros et du huitième de Châteaudun. C'est une transaction avec la famille de Hacqueville, représentant 9.300 livres mais n'ayant pas d'intérêt pour l'histoire de notre région.

En 1571, Odet de Baillon, seigneur de Forges, est devenu commissaire ordinaire de ses guerres. Demeurant audit lieu de Forges, il confesse avoir reçu d'Estienne Debray la somme de 3.628 lt. Le niveau des transactions rappelle son cousin, le feu seigneur de Janvry.

En 1573, Odet de Baillon, fait écrire son testament. L'acte est rédigé au château de Rambouillet où il se trouve malade. Il désire que ses dettes soient payées, que son corps soit inhumé en l'église de son village de Forges devant la grande porte dicelle, veut et ordonne que ses habits soient vendus et les deniers qui en proviendront soient distribués aux pauvres. Il renouvelle son affection envers sa fille bastarde.

Dans l'église de Forges se trouve son tombeau, son épitaphe selon l'abbé Lebeuf comporte notamment “cy gist le corps de noble homme Odet de Baillon lui vivant escuyer, seigneur de Forges et de Bajolet, qui trépassa le dimanche 28 jour de juing 1573. Dieu ait l'âme de lui. ”

Claude de Baillon

Comme c'est la coutume après le décès du père, une souffrance est accordée par la Chambre des comptes à Claude de Baillon, fils mineur & héritier d'Odet de Baillon, pour son fief du prieuré de Forges. Le tuteur Jehan de Bonnelles procède de manière analogue en se rendant à la maison seigneuriale de Marolles pour porter la foy & hommage de Bajolet & Guybous, audit seigneur Jacques Mesmes, seigneur dudit Marolles; le droit attaché à ce devoir est de 100 livres avec mention de régulariser par l'héritier dès qu'il sera majeur.

Les devoirs réapparaissent au fil du temps. Ainsi en 1580, Claude de Baillon, écuyer, seigneur de Forges et de Bajollet, procède avec hault et puissant Jacques de Clerc, seigneur de Clerc et de Saint-Yon, pour une série de petits fiefs, devant Marin Robert, tabellion dudit St Yon.

Quatre ans après, Claude de Baillon, va devenir majeur, il acquiert l'office de grand audiencier, puis le mois suivant il s'unit Nicolle Hector de Marle. C'est un mariage équilibré au niveau des apports. Parmi les invités relevons du côté des Baillon, ses cousins Guillaume, seigneur de Louans, Claude Leroy et Jacques Menoust issus du côté d'Isabelle, soeur d'Odet.

De cette union naîtront quatre garçons, dont deux survivront, Alexandre et Claude, et trois filles, Antoinette, Madeleine et Anne.

En 1585, Claude de Baillon devenu majeur, présente cette fois lui même ses foy et hommage au seigneur de Marolles de la terre et seigneurie de Bajolet. La scène se passe à Paris rue de Jouy paroisse saint Paul où demeure le seigneur de Forges.

En 1587, Claude de Baillon, fait une transaction avec Jehan Pelletier, greffier des tailles de saint Arnould, en raison d'un bail à ferme de la terre et seigneurie de Forges en 1581 … Pour vuider et éteindre le différent au sujet d'une sentence arbitrale… Bref nous en concluons que Forges est surtout considéré comme une source de revenus. A la même époque, il agit pour sa famille du côté des Lecret en tant que représentant dans un différent avec des religieux, aboutissant à une transaction sans procès, c'est l'homme avisé auquel on confie ses problèmes. Sans en avoir la certitude, cette branche devait posséder une villégiature à Rambouillet.

L'année suivante, le couple a déménagé et revient vieille rue du Temple, paroisse saint Gervais, il a constitué sa femme Nicole Hector, procuratrice générale, pour recevoir la somme de 20.000 escus de la vente de son office de conseiller, notaire du roy & grand audiencier de France, et acheter pendant son absence, un office de maistre ordinaire en la chambre des comptes pour 10.500 escus. L'office est vendu à Claude Legras.

En 1599, il présente de nouveau ses devoirs de foy et hommage à la Chambre des comptes pour le fief de la Prieuré assis à Forges, qu'il a reçu par la succession de son père Odet. Ce dernier en avait fait l'acquisition en 1564.

Au début du XVIIe siècle, Claude de Baillon, héritier unique d'Odet de Baillon son père, se rend chez le tabellion de Saint-Yon pour présenter foy & hommage du fief du Colombier, au seigneur dudit saint Yon. Toujours en 1601, Claude se disant seigneur des fiefs du Colombier, des Chardonnets, qui fut à Blanchette de Bajolet, de Boissy le Rassicot présente ses devoirs, devant Anthoine Aumont substitut juré au village de Forges, au nouveau seigneur de Saint-Yon, Adrien Desmalleville qui a épousé Diane de Clerc.

La même année, la ferme de la basse-cour de Forges est louée par Claude de Baillon à Mathurin Rousseau.

En août, Gilles Lemaistre, seigneur de Ferrières et Cincehour, chevalier, demeurant à Paris rue des massons, et dame Marie Hennequin sa femme confessent avoir vendu, à noble homme Claude de Baillon, seigneur de Forges, conseiller du roy & maistre ordinaire en sa Chambre des comptes, demeurant rue vieille du temple, 200 escus de rente annuelle, hypothéquant la terre de Ferrières avec 300 arpens de terres, item la terre & seigneurie de Cincehour, consistant en en maison seigneurialle haulte justice moyenne & basse, 500 arpens de terres, 120 de bois, 40 de prés, cens rentes … mouvant du roy à cause de son chasteau de Montlhéry, …. Le dit Lemaistre reçoit 3.000 escus et les associe à d'autres constitutions de rente passées le même jour. En décembre, Gilles Lemaistre, renouvelle la même démarche avec le seigneur de Forges et obtient de nouveau 3.000 escus. Ces sommes prêtées par Claude de Baillon montrent l'aisance de sa situation financière.

En 1602, Claude de Baillon achète un corps d'hôtel, vieille rue du Temple, en laquelle est à présent monseigneur de Bellejambe. Sans en connaître le détail, on peut penser que Hièrosme Lemaistre n'est pas locataire d'une modeste demeure.

Deux ans après, messire Martin de la Roche Fumée, maistre des requestes ordinaires de l'hostel du roy, et son épouse, vendent et constituent à Claude de Baillon, sieur de Forges, 150 lt de rente, sur une grande maison à Paris, rue du foing. Le sieur de Forges leur donne ainsi 2.400 lt. Deux semaines après la même scène se déroule, et un autre versement de 2.400 livres est réalisé. Nous verrons dans une dizaines d'années le rachat desdites rentes et la raison.

Décidemment l'année consacre notre seigneur de Forges comme le banquier de la place. Cette fois c'est son cousin Adam de Baillon, demeurant audit lieu de Vallances paroisse de Dampierre, se portant fort de Renée de Maillard son espouze qui fait la même démarche pour constituer 150 lt de rente, sur la terre et seigneurie de Vallances … l'opération faite moyennant 2400 lt reçues par le seigneur de Vallances.

Nous arrivons en 1609, que se passe-t-il? une main levée de la saisie du fief de Bajolet est faite sur ledit de Baillon. Un renversement de situation semble s'opérer.

Notons en 1614, le bail de la ferme de la basse cour de Forges, jusqu'à neuf ans, par Claude de Baillon à Robert Persigny laboureur.

Deux ans après, la mise au grand jour d'un désastre se confirme. Claude de Baillon et Nicolle Hector de Marle son espouze, demeurant à Paris rue vieille du temple, paroisse st Gervais déclarent: que pour évitter aux rigoureuses poursuites que noble homme François Hubert, auditeur en la chambre des comptes voulloit continuer allencontre de Alexandre et Claude de Baillon, leurs enfants, ils doivent en exécutant la sentence arbitralle donnée du sieur de Villemorin de la Poterie & Arnault, du 14 du présent mois, ils doivent bailler & payer audit sieur Hubert, la somme 900 lt, pour les causes portées en ladite sentence arbitralle pour et en l'acquit de leur dits enfans & à leur extrême nécessité à condition que cette somme soit diminuée sur le partage que lesdits fils pourront avoir après en succession de leur père & mère. Egalement que la somme de 3.000 lt qu'ils ont payé pour le voiage que ledit Alexandre leur fils aisné a depuis quelques temps fait en Italie seront diminuées des successions; c'est la solution raisonnable pour ne pas pénaliser leurs soeurs. Cet acte représente la dernière partie d'une affaire qui reste à trouver dont nous ne voyons que les dernières conséquences.

Le moral de notre personnage est ébranlé. En 1618, il procède à l'élaboration d'un testament mûrement réfléchi. Claude de Baillon, déclare: - son corps mis dans un cercueil de plomb, près de celui de mon père & ma fille Magdelène; - faire une tombe bien engrainée de ma figure & de quelques vers biens faits au bas d'icelle tombe, - renouveler la cinture de l'église, - don aux pauvres…, - don à mes deux filles Magdeleine & Flavie de Baillon 30.000 livres à chacune sur mes biens, la jouissance intervenant après la mort de ma femme, - Anthoinette mariée a déjà joui de 33.000 lt, - Alexandre & Claude ont faits de grandes & excessives despenses & j'ay souffert de grandes pertes à cette occasion; considérant leurs mauvais mesnage, je leur laisse la jouissance par usufruit de tous les biens qui leur escherront après mon décez, la propriété desdits biens pour les enfants issus de leur mariage.

L'année suivante , devant Pierre de Buzenval, vicaire de l'église Note-Dame de Forges, Claude de Baillon seigneur de Forges dans son lit malade, ajoute un codicille, lègue 300 lt à Jehan Allard, dito à un domestique, une servante, le reste à la discrétion de sa femme Nicolle Hector de Marle. Il nomme sa femme pour assister Pierre de Marle de Beaubourg exécuteur du testament et du codicille.

Il décède en juin au château de Rambouillet et sera également inhumé en l'église de Forges.

Sa femme procède à l'exécution testamentaire. Ils demeurent toujours vieille rue du Temple. Sont concernés les enfants: - Madeleine 13 ans, - Anne 10 ans, - Alexandre, escuyer seigneur dudit Forges, fils aisné, - Claude de Baillon, agé de 25 ans, - Claude Brethe époux d'Antoinette de Baillon.

A cette occasion la demeure de Forges décrite au cours de l'inventaire des biens comporte une quinzaine de pièces en plusieurs corps d'hôtels, dont quatre salles basses et cinq chambres.

Les enfants de Claude de Baillon

Alexandre

En 1619, Alexandre de Baillon, l'enfant terrible devenu seigneur de Forges, fils aîné de deffunt Claude de Baillon, se transporte à Boissy-sous-Saint-Yon, demande Adrien Desmalleville, seigneur du lieu pour présenter les classiques devoirs, genou en terre, baiser le jambage de la porte de l'hostel seigneurial de saint Yon…

Egalement en 1620, Alexandre procède de la même manière pour son fief du prieuré situé à Forges.

En 1622, Alexandre de Baillon, vend une maison de deux espaces qui ne devait pas faire partie de la succession de ses parents. Il s'agit d'une vente représentant 180 livres. Mis à part les hommages en raison du testament de son père, le fils turbulent est réduit à la simple jouissance des lieux.

Sa mère confirme en 1624 l'avis de son défunt mari, elle donne à Alexandre dans son testament ses parts et droits dans la seigneurie de Forges avec l'interdiction de l'aliéner et d'asseoir tout don douaire ou convention matrimoniales…

L'abbé Lebeuf nous signale le décès en 1632 de Joachine du Mesnil épouse d'Alexandre de Baillon.

Deux ans après Alexandre se remarie avec Marguerite de Bezançon, son frère et ses soeurs sont présents. C'est un mariage médiocre, le testament du père exerce encore ses effets!

Claude

L'autre frère turbulent apparaît en 1638, un échange de biens est réalisé entre Adam de Baillon de la branche de Valence et Claude de Baillon de celle de Montigny. Il est qualifié à cette époque de seigneur de Montigny-les-Cormeilles et gentilhomme ordinaire de la chambre du roy. La seigneurie de Valence est troquée contre celle de Montigny. La suite est narrée dans la chronique consacrée à Valence.

Claude se marie en 1641 avec Françoise de Bordeaux. Cette dernière est la fille de Marie de Beauclerc elle-même fille de Nicolas de Beauclerc et de Radegonde de Baillon; on reste en famille! Le testament d'Odet agit toujours, le couple est séparé en biens. Ils demeurent au château de Valence.

Odet ne reste pas à Valence et revendra la seigneurie en 1643.

Antoinette Madeleine et Anne

Ces trois soeurs ne seront pas lésées par les ennuis financiers de leurs parents: - Antoinette s'unira avec Claude Brethe, seigneur de la Couldre, en 1614. - Madeleine deviendra l'épouse de Charles de Douault, seigneur d'Aulnaies, en 1622. - Anne la plus jeune se mariera en 1624 avec Jean Miron, seigneur de Bonnes (Chamarande de nos jours). Notons les apports supérieurs à 30.000 livres pour les épouses!

Les enfants d'Alexandre de Baillon

Pour terminer avec les Baillon de Forges, rappelons qu'Alexandre est décédé en 1643 et qu'en 1654, Robert de Baillon, seigneur de Forges et de Bajollet, demeurant ordinairement audit Forges, logé ce jour, rue de la Huchette, vend à Douart Olier, chevalier seigneur d'Angervilliers, demeurant à Paris paroisse Saint-Paul, la part et portion lui appartenant, comme fils aîné et principal héritier de deffunt Alexandre de Baillon et de dame Joachim du Mesnil Simon, ses père et mère. Les biens tant en fief qu'en roture, de la terre et seigneurie de Forges et Bajollet, se consistent en quatre fermes:

- la ferme du pressoir, proche la maison seigneurialle,

- la ferme de la grand cour proche l'église,

- la ferme de Bajollet au hameau de Bajollet, paroisse de Forges,

- la ferme de Launay Mareschal size audit Launay paroisse de Briis

- 360 arpents de bois taillis,

- plus le fief du colombier de la halette de la bretonnière du chardonnet …

La vente faite moyennant 60.000 lt pour la totalité. Le paiement se fera dès que Robert aura fait le partage ou la licitation. Ce partage fut réalisé l'année suivante:

- Robert de Baillon concrétise la vente en 1655,

- Ambroyse de Poliat représentant sa femme Joachine de Baillon en 1658,

- également la même année, François de Baillon cède sa part,

- enfin en 1659 Hiérosme de Baillon est le dernier à vendre la dernière partie de Forges.

Notes

(1) Forges-les-Bains. Les seigneurs, les eaux, l'hôpital, la famille Tolstoy, l'école. Tome 2. Marcelle Petit. Editions du soleil natal.

(2) Jeunes femmes célibataires qui voulaient immigrer en Nouvelle-France au XVIIe siècle pour y fonder une famille et coloniser le territoire canadien.

dagnot/chronique26.01.txt · Dernière modification: 2020/11/12 02:45 de bg