Corpus Essonnien

Histoire et patrimoine du département de l'Essonne

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L'église Sainte-Trinité de Montlhéry (2) (XVIe-XVIIe siècles)

Chronique du Vieux Marcoussy –Marcoussis————— _——————————_—– Avril 2009

Testament de 1429 au profit de l'église Sainte-Trinité de Montlhéry.

JP. Dagnot

C. Julien

Cette seconde chronique sur l'église Sainte-Trinité de Montlhéry concerne les faits qui se sont déroulés au XVIIe siècle. Les archives sont riches de documents tirés des études notariales ou directement de la prévôté de Montlhéry (1). Nous avons vu précédemment que la paroisse de Notre-Dame, devenue paroisse Sainte-Trinité avait été créée vers 1400, issue du démembrement des paroisses de Saint-Merry de Linas et de Saint-Pierre du Château. Cette dernière ne concernant plus que quelques masures groupées au faite de la colline, tomba d'un l'oubli.

L'église Sainte-Trinité de Montlhéry était placée initialement sous le vocable de Notre-Dame, que l'on peut rapprocher à l'église Notre-Dame primitive dont l'abbé Lebeuf évoque la présence dans l'enceinte du château (2). Dans les provisions du 22 mai 1480 elle est dite Ecclesia Parochialis sanctae Trinitatis B. Mariae . Dans d'autres du 11 août 1490, il y a Ecclesia B. Mariae alias de Trinitate , et dans celle du 11 novembre 1525 la Cure est appelée Cura B. Mariae antiquitus, nunc vero sanctae Trinitatis .

L'église Sainte-Trinité au XVIe siècle

Ainsi que le montre la lecture du registre de l'inventaire des titres, la fabrique de l'église Sainte-Trinité de Montlhéry avaient fait l'objet depuis le XVe siècles d'un nombre assez considérable de dons et legs, fondations d'obits « pour le repos de l'âme du deffunt . ». Il s'agissait le plus souvent de rentes foncières, mais des donations en pleine propriété avaient également lieu. Parmi la multitude d'actes, nous en donnons quelques uns à titre d'exemple. Nous tenons à remercier Michèle Eschstruc et Pascal Herbert pour le travail de dépouillement qu'ils ont réalisé sur le sujet.

Jehan Dumor et Symon Peuvrier, laboureurs à Montlhéry, comme marguilliers et proviseurs de l'œuvre et fabrique Sainte-Trinité avaient rendu foy et hommage, le 14 août 1464, à noble homme Jehan Desnoiers, écuyer, sieur de Lipces, demeurant à Vauduy-en-Brie pour un fief ou arrière fief contenant quatre arpents de pré, au lieu-dit de la Chartre , appartenant à ladite église, et mouvant de la terre et seigneurie de Lipces. « Ledit seigneur quitte lesdits marguilliers de tous les droits et profits de reliefs, quints et requints et autres droits et devoirs seigneuriaux, moyennant 6 francs 12 sols parisis, réduits suivant l'ordonnance à 2 écus sols deux tiers, 5 sols tournois ».

Ces titres nous permettent de prendre connaissance des noms des marguilliers. Citons quelques uns d'entre eux qui ont officié au début du XVIe siècle: Symon Peuvier était marguillier quand Didier Mazallon était prêtre de l'église Sainte-Trinité ; les frères Anthoine et François Guyart en 1501; Anthoine Peuvrier en 1504; Guyon Bouthery et Guillaume Hardy en 1506; Jacques Prieur en 1513; Guillaume Cordeau en 1517 ; Symon Legrand en 1518 ; Simon Legrand et Pasquier Ballue, marguilliers en 1519; Pierre Bouthery et Albert Mitet en janvier 1528; ce dernier est encore marguillier avec Guillaume Hardy le jeune en 1531.

Jehan Legrand est marguillier en septembre 1536, Gérard Fontaine en 1538, puis Jehan Ballue, sergent en juin 1541 et Jehan Prunier, sergent en octobre 1542. En février 1547, Guillaume Mitet est qualifié de marguillier et proviseur. Messire Jehan Nyon est procureur à Montlhéry et marguillier de la fabrique Sainte-Trinité en février 1545. Jacques Blondel est marguillier et gouverneur en 1554.

Le 29 novembre 1560, Jacques Legrand reçoit la donation de Geoffroyne Richer, veuve Jean Chanteclerc qui consiste en une maison couverte de thuilles scise derrière l'église du lieu à la charge de dire « une messe basse annuelle de requiem, vigiles, libera, de profondis et oraisons acoustumez ».

En 1562, Jehan Cordeau et Jehan Angot sont les marguilliers. Maître Arnoul Durand en 1579 reçoit une rente à prendre sur une maison et lieu en la grand rue de Montlhéry « dessendant a la porte de Paris », couverte de chaume, cour et jardin, moyennant 8 écus d'or sol, que ledit Durand « ou dict nom en a baillez et paiez et par luy receuz » de Judde Chevrier, pour le rachat de 24 sols parisis de rente.

Devant Jehan Durand, notaire royal à Montlhéry, le 7 octobre 1568, Messire Jacques Legrand, procureur à Montlhéry, et Jehanne Demontqueron, sa femme, héritière de feue Anne Rousseau pour une seconde partie, et encore comme tuteur de Jacques et Marthe Demontqueron, héritiers pour l'autre moitié de la défunte Rousseau, délaissent à l'œuvre et fabrique et Marc Annetz, marguillier, 2 écus sol de rente annuelle que ladite veuve avait droit de prendre le jour de la Saint-Martin d'hiver, constitué de 1 écu sol sur un demi arpent trois quartiers de vigne en une pièce à Brétigny, chantier dit les Sablons, au dessous de Saint-Anthoine, dont Loïs Badault est détenteur. Le rachat de 20 écus sol et un autre écu sol sur les 3 quartiers de terre dont est détenteur ledit Logre à la charge de 6 obits « solempnels » de chacun une haute messe de requiem avec vigilles et recommandasses et oraisons, quatre obits chaque mercredi des Quatre temps, un autre la veille de Sainte-Anne, et le dernier le 26 mai. Le 16 janvier 1569, Thomas Logre passe titre nouvel à la fabrique de Montlhéry comme détenteur desdits trois quartiers de terre et vigne

Guillaume Meignen et Jehan Rousseau sont marguilliers de l'église Sainte-Trinité en avril 1580. En décembre de la même année, alors que Jehan Quatrehomme est marguillier, Jehan Bligny, agissant comme tuteur des mineurs Martine et Pierre Cordeau, rachète une rente de 20 sols au principal de 5 écus sol et demi qui étaient à prendre sur trois quartiers de vignes situés à Montlhéry au chantier des Poustilz qui appartenait en propre à feue Guillemette Bligny.

Une constitution de rente est faite en 1582 devant Estienne Boisneuf, notaire royal à Montlhéry, par Anthoine Peuvrier et Guillemette Gilles, sa femme, qui renoncent au profit de l'œuvre et fabrique de la Sainte-Trinité représentée par Messire Thomas Desflechières, prêtre curé et Pierre Clouzeau, marguillier, ladite constitution se montant à un écu sol et 10 sols tournois de rente annuelle, à prendre à la Saintt-Rémy , sur un quartier de vigne à Brétigny, chantier dit Herault et sur un autre quartier de vigne à Longpont, chantier dit les Champs-Familleux, … sur un quartier de vigne, et généralement sur tous leurs biens et héritages, moyennant 14 écus sol, baillés aux constituants par Jehanne Bourellier, veuve de feu Pierre Gourby, vivant marchand à Montlhéry, et honorable homme. Messire Mathurin Bligny, notaire à Montlhéry, comme exécuteurs du testament dudit Gourby, à la charge par ledit Clouzeau et ses successeurs de faire dire, chanter et célébrer chaque année le dernier octobre et premier mai, deux obits « solempnels » de chacun une messe de requiem, vigilles et recommandaces, oraisons, offrir pain et vin à l'offrande, et à la fin libera, sur la sépulture dudit défunt, la prière « aux quatre festes annuelles ». Cette rente rachetable pour 14 écus sol. Un codicille fut rédigé en 1614, pour le rachat de la rente par Marin Pinet à cause de Jehanne Peuvrier sa femme, le nommé Fontaine étant marguillier.

L'église de Montlhéry au début du XVIIe siècle

Avant de continuer notre récit, nous rapportons un drame, qui secoua la région de Montlhéry le lundy 3 may 1604 (jour de marché où il y avait foule sur la Grand 'place) ; l'affaire est rapportée par le prévôt de Montlhéry. À cette époque, la justice de l'Ancien régime était implacable et rendue en public « pour faire exemple » comme on disait. Le pouvoir haut justicier du Roy fut exercé à Montlhéry sur la personne de « Valentin Bourgault laboureur natif de Bajolet, aagé de 27 ans, et Isabelle Guillon sa concubine, native dudict lieu de Baijolet furent par sentence de Montlhéry à sçavoir ledict Bourgault pour avoir tué et bruslé sa femme,et donné un coup de hache à une sienne fille aagée de 3 ans, condamné à faire amende honorable, mit en chemise ayant une torche ardente poisant deux livres à la main, devant l'église Sainte-Trinité de Montlhéry, et de là estre conduit en la place du marché pour y avoir le poing de la main droite couppé,et ce faict y estre bruslé vif, ses biens acquis et confisquez au roy ».

L'histoire de l'église Sainte-Trinité de Montlhéry au XVIIe siècle est riche en évènements de toute sorte. C'est le temps des travaux, des agrandissements mais aussi de l'affirmation de la communauté paroissiale. Afin d'accomplir cette tâche il est décidé par les officiers de la fabrique de dresser l'inventaire des titres en 1607, à la requête de Jehan Fontaine, sergent royal, et Marc Paris, maître barbier et chirurgien à Montlhéry, marguilliers et proviseurs , et par Pierre Beauperrin, notaire royal à Montlhéry.

Enl 1610, Gilles de Beaumont, “ sergent roial fieffé hérédital ” en la ville de Montlhéry, procède à l'adjudication au plus offrant de la location des terres de l'œuvre et fabrique de l'église Sainte-Trinité. Le preneur Loys Gourby, marchand, s'engage pour neuf ans et avec la quantité de huit arpents de terres labourables. Anthoine Hervy le jeune est commissaire et marguillier en 1614.

En 1620, Anthoine Guidart, peintre et sculpteur demeurant à Longjumeau et Nicolas Damizet, masson tailleur de pierres demeurant à Bourg-la-Reyne … passent le marché de réfection du portail de l'église Sainte-Trinité avec une nommé Jehan Bourdon marguillier. « et le dix-septième jour de may, avant midy, une somme de 190 livres que le sieur Bourdon s'oblige à payer… ». Un droit de chapelle à Notre-Dame de la Pitié est accordé en 1621 par la fabrique et le curé de Montlhéry.

Essai de reconstitution de l'église Sainte-Trinité de Montlhéry dans son état du XIVe siècle.

Devant le même notaire, une donation est faite à l'église Sainte-Trinité en 1621 par Me Thomas Leclerc, conseiller du roi, et dame Suzanne Lesergent, sa femme, de Paris, rue de Grenelle, de 16 livres tournois de rente, à la charge chaque premier dimanche des mois de l'année, au devant de la chapelle Notre-Dame-de-Pitié, en fin “ des matines Lautienne de la Vierge Marye, salué, regina avec le verset et l'oraison pendant le vivant desdits Sieur et Dame, et après leur décès, ou l'un d'eux, un libera avec de profondis et oraisons acoustumees, et oultre qu'il sera loisible ausdicts sieur et dame Leclerc de faire fermer et clorre de boys de menuiserye a leurs despens la dicte chappelle quy leur sera et demeurera affectée pour y avoir et ceux de leurs suitte hoirs et ayant cause la jouissance entrée et sortye et la pouvoir fermer quand ilz ou ceux de leur part y seront en personnes ”.

Dix mois plus tard, un titre nouvel est passé devant Belleseur, notaire royal pour « laditte rente des dicts 16 livres tournois passé à la ditte église par ledit Langloix et Jehanne Cartier sa femme ». Puis, en 1627, nous assistons à « la renonciation au bail à rente ci dessus par ladite Chartier femme délaissée dudit Langloix, au profit des marguilliers de l'église de Montlhéry ».

Le bail d'un rente d'héritage ou foncière rachetable de 60 sols tournois avait été passé en 1623 par Abraham Richelet et Perette Cavé sa femme, demeurant à Linoys au profit de Jehan Gourby, sergent royal à Montlhéry à prendre sur trois quartiers de terre à Montlhéry, chantier des Sablons. Puis, le nommé Jehan Gourby délaissa la dite rente à la fabrique Sainte-Trinité moyennant « une place à l'église, dans la nef, au dessous du crucifix, de 7 pieds de long sur 5 de large à prendre immédiatement de la tombe de feu Me Claude de Lavoizier et au milieu d'icelle tirant vers la chappelle Sainct-Nicolas et desservant en bas la dicte conceddée aud Gourby suivant la donation de 1628 ».

Le concordat de 1623

Selon un acte de 1623, le temporel de l'église Sainte-Trinité ne consistait qu'en trois arpents de terre ou environ assis en la vallée de Longpont et le surplus du revenu du curé, et des vicaires, était le casuel et certaines sommes de deniers qui leur étaient annuellement payées « de quartier en quartier pour la cessation des messes de fondation et du surplus du service accoustumé de se dire en cette église ». Un concordat avait été passé en fin d'année, à l'issue des vêpres, entre Messire Louis Le Royer lors curé et les paroissiens, par lequel une somme de 300 livres était fixée. En voici la teneur bien que « depuis ce tems il a été faict de nouvelles fondations ou concordat ».

Voici l'acte notarié, dans sa version intégrale, avec les expressions et le langage du XVIIe siècle. « Fut présent vénérable et discrette personne Messire Louis Le Royer, prestre, doyen et curé de l'église Sainte-Trinité de Montlhéry, demeurant au dict lieu lequel volontairement recognut et promet par ces présentes aux marguilliers habitans et paroissiens de la ditte église Sainte-Trinité audict Montlhéry, ce acceptans par Messire Guillaume Divry et Toussaint Heruy, sergent royal, à présent marguillier de la ditte église, Messire Antoine Hervy laisné, Antoine Heruy son filz commissaire examinateur audict Montlhéry, Guillaume Desues, Louis Bourdon, Antoine Lanoullier, Jacques Dubois, Louis Lhéritier, Pierre Hargenvilliers l'aisné, procureur au siège royal du dict Montlhéry, Michel Hargenvilliers, Jean Bourdon, Jean Divry procureur, Guillaume Divruy laisné, Pierre Chasteau, Jean Dubois, Jacques Fontaine, sergent royal, Marc Patis, Jean Dupinceau, Jean Rousseau, Léon Fontaine, Louis Cordeau, Pierre Goix, Jean Cordeau et Mathias Bourgeron, marchands demeurans audict Montlhéry, à ce présents. C'est à sçavoir de dire ou faire dire, chanter et célébrer en la ditte église par chacun an le nombre de six vingt seize obits à quoy ont été réduits tous les obits qui sont fondéz en la susditte église jusques à huy à chacun desquels seront chantez vigiles, libera et commandaces ordinaires et acccoustumées. - Item douze messes basses les premiers mercredis de chacun mois pour la fondation de feu Guillaume Durand et ses successeurs et pour raison de quoy Messire Louis Durand, procureur du Roy audict Montlhéry, l'un d'iceeux successeurs a faict instance à l'encontre desdits marguilliers en exécution de la sentence obtenue par feu Arnoul Durand son père de Messire l'official de Paris ». Item douze autres messes à sçavoir deux hautes et dix basses à dire et célébrer le premier jour de chacun mois de l'année de la fondation qui a esté depuis naguères faitte par Messire Mathurin Bligny et Louise Bourby, sa femme suivant les lettres de fondation des dicts Durand et Bligny, desquelles le dict Leroy a en communication. - Item un service solennel à dire à l'intention de l'âme de deffunct et noble homme Messire Claude de La Voisière , vivant commissaire ordinaire des guerres, un autre service pour l'âme de deffuncte Louise Divry, veuve de deffunct Guillaume Asselin, les jours destinez et le tout conformément au martirologe qui en sera faict et dressé par les dicts habitans et marguilliers et signé et copié d'iceluy, baillé audict Le Royer dans huitaine. - Item de dire et chanter et célébrer chacun jour des dimanches et festes de l'année la grande messe parrochiale conformément aux ordonnances de l'église et ainsy qu'il est accoustumé. Item quatre services solennels ès quatre tems à trois messes hautes chacun et vigile chacun dimanche de caresme, faire les processions par chacun jour depuis le jour de Quasimodo jusques au jour de l'Ascension, les matines durant l'octave du Saint-Sacrement, faire les prières des quatre festes annuelles et festes Nostre-Dame fondées jusques à ce dict jour, chanter les matines accoustumes et quatre festes annuelles et le lendemain d'icelles et festes de la Circoncision et des Rois, de l'Ascension, Trinité, Nativité, de Saint-Jean-Baptiste, Saint-Pierre et Saint-Paul, jour de la Dédicace et ès cinq festes Nostre-Dame. - Item de chanter vespres tous les jours de l'année et chanter chacun mercredy, velle se dit à présent le vendredy, de l'année une messe basse qui serve de première messe pour la fondation de deffunct Bouchassier, pour quoy il a donné neuf arpens et demi de prez et 50 livres de rente, et également de servir la ditte église selon que ledict Le Royer est obligé, à cause de la ditte charge cette promesse faitte moyennant la somme de trois cens livres tournois qui seront payéz par avance audict sieur Le Royer audict nom chacun an sçavoir le premier quartier par l'ancien marguillier et les trois autres quartiers par le marguillier entrant en charge à quatre termes égaux de trois mois en trois mois qui seront les premiers jours de janvier, apvril et octobre à commencer le premier janvier prochain et continuer et à se faire ont les dicts paroissiens et marguilliers affecté obligé et hypothéqué le revenu de la ditte église car ainsy les promettans, obligeans et renonceans, ce faict à l'issue de vespres dittes et en la ditte église Sainte-Trinité de Montlhéry. Es présences de Louis Divry et Jean Beauperrin, clerc demeurans audict Montlhéry, tesmoings et ont lesdicts sieurs Le Berger, marguilliers paroissiens et tesmoings ci-dessus nommez signé en la minutte des présentes avec ledict notaire. Mais comme depuis ce tems il a été faict de nouvelles fondations de l'exécution desquelles les successeurs curez se sont pareillement voulu chargez la somme de trois cens livres portée par ce contract a depuis peu à peu été augmentée à proportion des ces nouvelles charges, en sorte que en l'année 1664 elle a été réglée à la somme de six cens trente livres.

Oultre les fondations prononcées dans ce contract et dans le martirologe, il y a encore en cette église une fondation d'une chapelle à simple tonlaie fondée par les nommez Jean Iseule et sa femme, anciens habitans de Montlhéry soubs le tiltre de Saint-Nicolas laquelle il se lit dans l'inscription estant dans la vitre d'icelle estre seulement chargée d'une messe basse tous les mercredis, jeudis et vendredis de chacune sebmaine pourquoy il a donné certaine quantité de prez et prairies de Paloiseau et plusieurs rentes seigneuriales avec le droit de censive sur une bonne partie des maisons du bourg de Longjumeau de valeur le tout de plus de 500 livres par chacun an qui est un revenu assez considérable pour obliger les titulaires de cette chapelle à se bien et fidèlement acquitter ces trois messes, ce qu'ils n'ont néant moins pas toujours faict avec la fidélité par eux deuë, en sorte que en l'année 1635 le procureur du Roy de Montlhéry a été contraint faute de célébration de ces messes de faire saisir et arrester le revenu temporel de cette chapelle, et sur la demande afin de mainlevée de Messire Jean Duval, lors titulaire de cette chapelle, est intervenue une première sentence du prévosté de Montlhéry le 21 may 1635 par laquelle après que ledict Duval soustenu par Lhéritier son procureur fondé de procuration, cette chapelle n'estre chargée que de deux messes par semaine lesquelles il a offert d'y dire ou faire dire aux jours et heures qui seront admises les plus commodes et que le procureur du Roy a soutenu la fondation estre de trois messes et employé pour justification le compulsoire auparavant faict faire par Messire Charles Duval, frère et prédécesseur immédiat dudict Jean Duval au mois de novembre de l'année 1614 de la ditte inscription en la présente du procureur du Roy, il luy a été faict mainlevée de la saisie à la charge de dire ou faire dire par ledict Jean Duval par chacune sebmaine de l'année en la ditte chapelle et jours de mercredy et jeudy à neuf heures du matin les deux messes par luy offertes lesquelles seront sonnées et tintées de douze coups de cloche sans préjudices de la troisième pour laquelle contesteroient plus amplement et par autre sentence depuis rendue le 10 novembre 1636 Messire Jean Duval a été condamné en conséquence de la susditte inscription ainsy que dit est compulsée de dire la ditte troisième messe tous les vendredis à pareille heure et de la mesme manière que les deux précédentes, et il est ordonné que pour l'entretenement de ces trois messes les fermiers du chapelain vuideront leurs mains jusques à la concurrence de ce qu'il appartiendra, des quelles sentences il n'y a jusques à présent en point d'appel, ainsi au contraire, les ont les chapelains ponctuellement exécutées par la célébration des trois messes en la manière susdite lesquelles les curez de Montlhéry se sont toujours depuis chargez de dire ou faire dire moyennant cent livres par an qui leur est pour ce donnée par chacun an par le chapelain dont ils en a dix livres pour la fabrique, à cause des ornemens luminaire, pain et vin qu'elle fourni pour cet effet.

L'église de Montlhéry du début du XVIIe siècle

On se souvient qu'en 1627 certaines habitations de la ville « estoient des paroisses de Longpont et de Saint-Pierre du Château, celles cy au nombre de huict ou dix sont demeurés et sont encores à présent de son ancienne parroisse du chasteau, mais celles estans de la paroisse de Longpont composoient au moins le quart de la ville… ». Sous l'impulsion et les menées de Messire Bernabé Grante lors curé de Montlhéry un procès fut porté devant les plus hautes juridictions du royaume par les paroissiens de Montlhéry qui voulaient s'affranchir de la dépendance de Longpont. Estienne Rioland, curé de cette paroisse fit intervenir un prélat en la personne du primat de Bourges qui arbitra le différend en imposant qu'une redevance de 30 livres serait payée chaque année pour dédommager le curé de Longpont. Le procès ruina la plupart des habitants engagés dans « une sale affaire qui n'intéressait que les curés ».

Des travaux pour la réparation de l'église furent entrepris à cette époque. Le 10 septembre 1640, « fut présent en sa personne Gatien Petineau, couvreur en ardoizes demeurant à Montlhéry, lequel a vollontairement reconnu avoir reçu soixante-dix livres des marguilliers de l'église Sainte-Trinité, … (ardu?)… bas du clocher, entablement de plastre, du costé du petit cimetière, … estant pourry, … entretenir la couverture dudit clocher à ses frais et despens pendant l'espace de neuf années moyennant la somme de huit livres… ».

La concession d'un banc dans la nef est faite en 1648 « furent présents vénérable personne Messire Barnabé Grente, prestre curé de l'église Sainte-Trinité à Montlhéry, Messieurs Jacques Fontaine et Jacques Lhéritier, procureur au siège royal dudit Montlhéry, marguilliers procureurs d'icelle église ont vollontairement accordé et concédé à toujours à Nicolas Lestache demeurant audit Montlhéry une place dans ladite église pour y placer et poser un banc au dessus des fonts baptismaux de ladite église, ledit banc appartenant à la veuve Jehan Quatrehomme avec possibilité de faire attacher un tableau de la flagellation de nostre seigneur… ».

Un “ estat et mémoire des réparations nécessaires à faire à l'église et presbitaire de Montlhéry ” est dressé en 1651. Il s'agit de refaire: - premièrement la couverture au dessus du chœur, - item reboucher avec du plastre à la hauteur de deux pieds l'une des fentes qui est au pignon regardant sur le cimetière du costé du presbitaire, - item remanier toute la couverture de thuilles au dessus de la chapelle Sainct-Claude, - item remanier toute la couverture de thuilles de la nef de ladite église et changer trois chevrons au dessus de l'espace du costé de l'autel, lesdits chevrons sont rongez, - item rechanger la couverture du dessus de la tour et la montre du clocher, - item remanier toutte la couverture des quatre-vingt un espaces du costé de l'hostel depuis la première panne jusqu'à sur l'esgout, - item rejoindre avec chaux et sable plusieurs pierres qui sont disjoinctes au parvis de ladite église, - item dans le presbitaire dépendance de ladite église, rechanger la couverture des deux espaces du corps de logis dudit presbitaire, faire les réparations nécessaires jusqu'à la première panne du costé de l'esgout, remanier le surplus de ladite couverture jusque sur ledit esgout. Trois dimanches après la publication des travaux à effectuer à la paroisse de la Sainte-Trinité a été faite au parvis de l'église à la diligence du sieur Jouy des Picq, marguillier de Montlhéry. Et le jeudy suivant, les travaux de ladite église ont été pris par adjudication au rabais par le sieur Guillet Juvyoin dit Ivan Mouqueron masson à Leuville.

En 1653, Jehan Delaistre et Bernard Petit, maistres fondeurs de cloches demeurant faubourg Saint-Marcel, paroisse Saint-Estienne-du-Mont, tant pour eulx en leur nom que se portant fort de Nicolas Chapelle aussy maistre fondeur de cloche « lesquels promettent de faire ratifier les présentes sous huitaine, s'engagent solidairement envers Messire Barnabé Grente, conseiller aulmosnier de sa majesté, curé et doyen de l'église de la Sainte-Trinité à Montlhéry et d'autres.., de faire …abimé fondre quatre cloches et les rendre, sonnant, accordant au clocher dudit Montlhéry, et pour faire fournir matériaulx d'icelles, à l'exception du métail qu'il conviendra, lequel sera fourni par les marguilliers, lesquels Delaistre et Petit seront tenus de descendre à leurs frais et despends les quatre cloches, lesquelles sont de présents audit clocher à l'exception de la petite qui demeurera audit clocher, lesquelles quatre cloches iceulx marguilliers pourront faire grossir jusqu'à la quantité de trois milliers de métail et non davantage, costé promessse faicte moyennant la somme de 260 livres tournois.. lesdites quatre cloches seront faictes et parfaictes et montées au clocher… lesquels marguilliers seront tenus de fournir deulx livres de cire jaulne pour servir à escrire les noms des parrain et marraine desdites cloches ». Le quinze décembre 1653, les trois fondeurs recoivent 260 livres comme il est mentionné au contrat. Il y avait donc cinq cloches à cette époque.

Souvenons-nous que l'une de ces cloches provenait de l'Hôtel-Dieu fondé par Louis VII. Un prévôt du XVIIe siècle avait mentionné, sur l'une des anciennes cloches de l'église, l'inscription suivante « je suis Jehanne de Lolon et appartient à la chapelle de Nostre Dame de Lhostel Dieu » . Et d'ajouter « il m'a été rapporté par des anciens habitans avoir été gravé sur une des anciennes cloches de l'église , laquelle avec quelques autres, ledit sieur Grente lors curé fait en sorte de faire refondre pour effacer la mémoire de la vérité de ce fait ». Le prévôt avait sans doute un contentieux avec le sieur curé pour l'accuser « d'effacer la mémoire ». N'y avait-il pas une question de finances derrière cette affaire ?

Une assemblée des paroissiens est réunie en 1655 pour autoriser les marguilliers à faire refondre la grosse cloche. Le 6 octobre, de nouveau un marché pour refondre la grosse cloche et la garantir accordant pendant deux ans à un fondeur de la rue Mouftard à Paris. Il s'agit du même Nicolas Chapelle !! Mais cette fois c'est le fondeur qui fournir les matériaux.

Signature au bas d'un marché pour les travaux de l'église (1620).

Règlement général des droits à l'église Sainte-Trinité

Un magnifique vieux parchemin daté de 1661 porte sur le « Reiglement général des droictz à l'église Saincte-Trinité de Montlhéry, du bedeau de ville tant aux ornements et mariages que convois et services et et aultres ». Voilà succinctement l'objet des règles qui s'appliquaient dans la paroisse au XVIIe siècle: • sera payé à la fabrique pour les ornements noirs pour chacun convoy 10 solz et pour chacun service 5 solz, • sera payé aux mariages lesquels on deservira les ornements blancs 10 solz au marguilliers et au bedeau 5 solz • pour la grosse sonnerye aux blaiz d'hommes et femmes sera payé aux marguilliers 15 solz et 8 pour la moienne sonnerye en laquelle la grosse cloche ne sera pas sonnée, ne sera payé que 8 solz pour ceulx de cette ville et paroisse seullement, • aux convoys et entièrement pour la grosse sonnerie, sera payé 20 solz et pour la moienne sera payé 12 solz pour chacun, le tout à la dite fabrique, • pour les blaiz et enterrements des enfants pour lesquels ne sera sonné que les deux petites cloches sera payé à la dite fabrique pour le tout 10 solz, • pour ceulx qui seront enterrés dans cette église sera payé pour les hommes et femmes ou autres au dessus de l'aage de douze ans pour le tout de l'ouverture de la fosse à la fabrique, 3 livres et pour les enfants au dessous dudit aage 30 solz, • pour le grande sonnerie sera payé au bedeau de ladite église aux blaiz d'hommes qui seront enterréz en icelle église sera payé le double des droictz susditz, • aux convoys et enterrements pour la grosse sonnerie, sera payé 20 solz, • pour la moienne sonnerie sera payé audit bedeau 20 solz. • etc. Un codicille au bas du règlement mentionne : « Sera permis aux parens des habitans décédez en cette ville de prendre des personnes qu'ils voudront choisir pour sonner les glas, convoys et services sans que ledit bedeau leur en puisse empescher et iceluy bedeau sonnera le gobet ou fera sonner pour quoy luy sera payé pour un glaur 10 sols, pour un convoy et 15 sols, pour un service 20 sols ».

Les paroissiens et les marguilliers sous Louis XIII

Au travers de l'inventaire des titres de la fabrique de la paroisse Sainte-Trinité, nous rencontrons le nom de quelques marguilliers (mis en gras) et des habitants de Montlhéry. Un nouveau terrier fut constitué en 1642 par Charles Beauperrin, notaire royal « à la requeste de Pierre Fontaine, premier huissier , audiencier à Montlhéry comme cy devant marguillier de l'église Saint-Trinité de Montlhéry ». Les actes concernent toutes des fondations ou des legs qui sont perpétués par des rentes foncières parfois rachetables. Le taux des rentes est souvent établi au sol la livre, soit un intérêt annuel de 5%.

En 1614, Anthoine Hervy le jeune , commissaire et marguillier, accepte le rachat d'une rente annuelle de 40 sols tournois par le sieur Symon. Cette rente de 8 écus d'or sol au principal, assise sur un demi arpent de vigne en deux pièces joignant l'une l'autre, à Montlhéry, chantier dit Benoiste, et sur un demi arpent de vigne à La Ville-du -Bois, chantier dit « la voye au dessoubz », avait été constituée en 1580 , par Ciprien Rousseau et sa femme Marie Gardenlorge, à la charge par les marguilliers les 3 et 4 août, de deux obits de chacun une messe haute de requiem, vigilles et oraisons, pain et vin à l'offrande.

Depuis 1620, les marguilliers de cette époque sont Jehan Cordeau , maître Vincent Belleseur , notaire royal. En 1624, une rente de 100 sols tournois est transportée par Philbert Auger et Françoise Prévost sa femme au profit de la fabrique de Montlhéry représentée par maître Vincent Belleseur , marguillier. La dite rente est assise sur « une maison et lieu, contenant trois espaces et demi, une espace d'adan, le tout couvert de chaume, cour, cave et jardin, à Guiperreulx, tenant à la veuve Denis Chartier, aux héritiers Toussaint Hervy, sur la rue, aux héritiers Nicolas Selourge, et d'un demi quartier de vigne audit lieu, chantier des Robineaux, tenant audit Auger, à Estienne Pillemy, au chemin, au chemin de Basset, et demi quartier de vigne au chantier dit Frilleuze, tenant à Jehan Cochin, audit Pinotteau, au chemin, à Louys Gourb y ».

Une sentence du prévôt de Montlhéry, datée de 1636, au profit de Jehan Brisard, comme marguillier de ladite église contre Maître Claude Leclerc, conseiller du roi, poursuivant la vente et adjudication par décret des lieux et héritages saisis à sa requête sur ledit Lesné et des successions de Jehanne Lelong sa femme, de Germain Heurtault et Ester Verdon sa femme. « Il a été ordonné que le bail à loyer vente et adjudication par décret seront faits à la charge de payer les arrérages, plus les “despens” ». Il s'agit du défaut de paiement d'une rente de 40 sols contractée par Michel Lesné, meunier au moulin de l'Estang comme détenteur d'un quartier de terre à Mauvinet [Linas].

L'église de Montlhéry recevait des legs de toute part. Ainsi, en 1639, nous trouvons le délaissement d'une rente à la fabrique par Demoiselle Jehanne Delamarche, veuve de feu Charles de Martines, écuyer, sieur en partie du Perray, et comme exécutrice testamentaire du défunt, et du consentement de Charles de Martines, fils et héritier unique du défunt, émancipé, assisté de Louys de Martines, son oncle et curateur, écuyer, sieur en partie du Perray. Il s'agit d'une donation de 10 livres tournois de rente à prendre le jour de la Saint-Martin d'hiver, sur une petite maison, jardin et clos de vigne au Perray, tenant audit Louys de Martines, au défunt, à la rue du Perray, « pour la fondation d'un service de quatre messes hautes avec vigilles, recommendaces, libera et oraisons acoustumées, le 12 octobre, et un salut le jour de la Sainte-Trinité, auquel seront chanté les letanyes de la vierge et a la charge de fournir de luminaire par les marguilliers de la dicte église ».

En l'an 1640, Jehan Duboys, marguillier, accepte le transport d'une rente de 10 livres tournois au prix de 150 livres au principal de la part de Fiacre Mauclerc, Denise Bonnemer sa femme de Guiperreulx, et Pierre Bonnemer de Linoys. Cette rente avait été constituée en avril 1624 « sur une maison et lieu contenant 2 espaces et demi , couverte de chaume où il y a chambre basse, grenier au dessus, un cellier, une étable couverte de chaume, cour devant commune, jardin derrière avec droit de passage, à Guiperreulx… ».

Le contentieux du “banc sous les cloches”

Avant d'exposer le fameux contentieux de novembre 1664, il convient de préciser pour la compréhension du texte que la disposition de l'église n'était pas celle que nous lui connaissons aujourd'hui. En effet, le chœur et les premières travées sont données pour avoir été bâtis au XIIIe siècle, de telle sorte que le clocher était assis à l'endroit qui se trouve, de nos jours, au milieu de l'église (cf. l'essai de reconstitution de l'église). Il fut déplacé un peu plus tard comme nous le verrons ultérieurement.

Un acte est passé « en l'estude et pardevant le notaire roial gardenotte héréditaire en la ville, comté et chastellenie de Montlehéry, y résidant, soubsigné . Est comparu Jehan Suzanne, bedeau de l'église de la Très Saincte Trinité dudit Montlehéry, y demeurant, lequel sur le réquisitoire à luy faict par Messire Mathieu Lhéritier, luy marguillier cy devant en charge à ce présent a dit et déclaré, juré et affirmé en sa conscience que depuis trois sebmaines, Monsieur Louis Vacqueret s'étant transporté en sa maison, le pria et requiert à luy réparer ung ban quy avoit esté déplacé en la nef et soubz les cloches d'icelle église, à quoi sur l'instant, il alla avecq ledit Vacqueret en ladite église luy réputa ledit ban … ». Puis, le notaire continue « Que ledit Vacqueret fait pour au lieu et son entier restablissement, et fut ledit ban restably, attaché et scellé par les nommez Sibruaire et Disnouvic, masson ». Il est aussi précisé que « le vallet et domestique dudit Vacqueret emporta le fond dudit banc en la maison de feu Messire Louis Durand en laquelle ledit Vacqueret estoit pour lors » (3). Ainsi les choses sont rentrées en ordre grâce à la vigilance du bedeau et à la fermeté du marguillier.

À suivre

Notes

(1) Selon l'usage des chroniques du Vieux Marcoussy, nous produisons les textes « in extenso » afin de garder l'ambiance de l'époque, doivent l'orthographe et le style en souffrir.

(2) Abbé Jean Lebeuf, Histoire du diocèse de Paris , tome IV (Libr. de Féchoz et Letouzey, Paris, 1883), p. 110.

(3) L'acte est signé par Lhéritier, Chartier et Fontaine. Il semble donc que Lhéritier est l'ancien marguillier, Chartier est le marguillier en charge et Fontaine est le notaire royal en titre.

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