Corpus Essonnien

Histoire et patrimoine du département de l'Essonne

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1790, an II de la liberté à Montlhéry

Chronique du Vieux Marcoussy –Marcoussis————— _——————————_—– Mars 2009

Signatures des officiers municipaux de Montlhéry en décembre 1790.

C. Julien

JP. Dagnot

Cette chronique, qui donne l'histoire de Montlhéry sous la Révolution (1), fait partie d'une série qui transcrit les délibérations du conseil municipal de cette ville (2). Dans le titre, la formule « an II de la liberté » est une formule parfois usitée à cette époque ; à ne pas confondre avec « an II de la République française » qui commença le 22 septembre 1792.

Rappelons succinctement la situation à l'automne 1790 début de notre chronique puisque le premier volume détenu par les Archives communales commence le 14 novembre 1790. Le premier volume des délibérations, témoin du début de l'histoire révolutionnaire de Montlhéry a disparu, peut-être pas pour tout le monde. Généralement pour ne pas voir les excès commis, ce sont plutôt ceux de 1793 et de l'an II qui sont absents.

La Révolution est bien engagée depuis plus d'un an. 1789 avait vu l'abolition des privilèges (4 août) et la déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen (26 août). Depuis le 9 juillet, le pouvoir est détenu par l'Assemblée nationale constituante chargée d'élaborer une constitution (3 septembre 1791). 1790 est tout d'abord l'année de la division du royaume en 83 départements (4 janvier), la suppression des ordres monastiques, les décrets pour la vente des Biens nationaux, la constitution civile du clergé (12 juillet), et l'organisation des ordres de juridiction (lois des 16 et 24 août).

Montlhéry en octobre 1790

Il est inutile de rappeler l'importance politique et économique de Montlhéry, l'une des principales places de la région parisienne pour le commerce des grains. En 1789, la population active comprend 384 individus dont 90 agriculteurs et vignerons, 98 journaliers et manœuvriers, 61 artisans, 55 commerçants, 45 domestiques et 16 personnes occupant des offices ou professions libérales. Il y a aussi 9 prêtres et 8 bourgeois. Ainsi, sans être négligeable l'agriculture tient une place secondaire à Montlhéry où le commerce, l'artisanat, l'hôtellerie et les fonctions administratives atteignent 40% de l'activité économique.

En considérant un court instant la démographie de la ville sur les deux dernières décennies, la population de Montlhéry évolua d'une manière significative puisque, sur cette période, nous comptons 1.084 naissances pour 923 décès, soit une progression de 17% environ. Pendant le même temps le curé de la Sainte-Trinité avait célébré 226 mariages.

La commune de Montlhéry s'étendait sur 985 arpents 98 perches 11/36e dont 891 arpents 42 perches en terres labourables et vignes, 18 arpents 35 perches en bois et 25 arpents 48 perches en friches, le reste étant occupé par les maisons et bâtiments (3). La majorité des terres était classée en première et seconde catégorie, c'est-à-dire avec une évaluation du revenu net de chaque arpent de 25 et 20 lt, respectivement, pour le calcul de la contribution foncière. À Montlhéry, les vignes sont au même taux que les terres labourables car les commissaires du cadastre disent « on a considéré que les dépenses de ce genre de culture absorbent le même rapport ».

Il est difficile de parler des revenus en 1789 car de nombreux individus aisés ne sont pas ou peu imposés sur la taille. C'est le cas des gens d'office et des hommes de loi comme le sieur Jean-Joseph Lardenois, huissier royal exempté de taille ou des bourgeois de Paris qui viennent habiter à la campagne. La cote de taille des notaires varie entre 30 et 55 lt 16 sols, c'est-à-dire peu de choses. Le médecin est imposé à hauteur de 17 lt 10 sols. Les revenus des artisans sont très faibles, la moyenne de la taille dépasse péniblement les 7 livres . Seuls trois individus “ crèvent le plafond ” à Montlhéry, ce sont les deux charbonniers, les sieurs Sanner et Bachellier, avec 80 lt 10 st et 60 lt 8 st et le sieur Pierre Sarda, serrurier, avec 33 lt 15 st . La situation est bien meilleure en ce qui concerne les commerçants de Montlhéry avec une moyenne de 48 livres de taille par commerce. Les hôteliers et cabaretiers de Montlhéry paient en moyenne 79 livres (4). Il faut y voir la double influence du marché et de la foire mais aussi la circulation importante de la route royale de Paris à Orléans qui drainent un flux important de clients. Mais, les revenus les plus importants se situent dans le domaine de l'alimentation. Un des bouchers de Montlhéry, le nommé Denis Blavet que nous allons rencontrer souvent au cours de ces récits, fait apparaître un rôle de taille de 120 livres .

Du point de vue politique, l'assemblée de la paroisse de Montlhéry avait eu lieu le 13 avril 1789 pour l'établissement du cahier de doléances qui devait être présenté aux États généraux du mois de mai. Le même jour eut lieu l'élection des députés primaires chargés de défendre les intérêts de la paroisse à l'assemblée de la prévôté et vicomté de Paris qui fut convoquée le 18 avril à l'archevêché de Paris. Les paroissiens (on ne disait pas encore “citoyens”) désignèrent Jean-Paul Loyal, notaire et procureur de la paroisse, le sieur Pierre Aufray, marchand épicier, Louis Jacques Sanner, marchand de bois et Nicolas Bachellier, charbonnier.

Enfin, la loi du 12 décembre 1789 décida de l'organisation administrative de la France « il y aura une municipalité dans chaque ville, village, bourg, paroisse et communauté d'habitants ». Le conseil général de la commune est alors composé d'un maire, d'officiers municipaux et de notables tous élus par les citoyens actifs , ceux qui payaient une imposition égale à 10 journées de travail.

Montlhéry, ville de plus de 500 habitants, devait élire un maire et cinq officiers municipaux qui formait la municipalité qui avec les douze notables formaient le conseil général de la commune. L'élection eut lieu le 31 janvier 1790 dans l'auditoire de la prévôté. Il y eut 45 votants sur 262 citoyens actifs, soit une très faible participation légèrement supérieure à 17%. Furent élus : • maire : Louis Jacques Sanner, 42 ans, charbonnier et marchand de bois. • officiers municipaux : Denis Blavet, Denis Legourd père, Nicolas Bachellier, Jean Collet, Pierre Sarda. • notables : Pierre Aufray, Mathurin Million, Jean-Gilles Soumagniat, Antoine Rémy Rondel, Étienne Buchery, Jean-Bernard Moilin, Jean-Jacques Blin, Pierre Enard, Denis Michelet, Thomas Gaillard, Jacques Claude Susane. Le procureur de la commune, le notaire Jean-Paul Loyal, fut également élu par l'assemblée. Enfin, le corps municipal désigna le secrétaire-greffier de la commune en la personne d'Étienne Charbonneau, notaire.

Les préoccupations de la municipalité en octobre 1790

Deux questions récurrentes reviennent lors des séances du conseil général de Montlhéry : les finances municipales et le maintien de l'ordre. On se souvient des troubles sur le marché de Montlhéry le lundi 13 avril 1789 quand la rareté des grains s'étala au grand jour (cf . la chronique “ le marché de Montlhéry ”).

Les désordres de toute sorte furent rapportés. Certains profitant de l'absence d'autorité et des difficultés économiques profitèrent de la situation difficile. Le maintien de l'ordre fut l'une des principales préoccupations du maire et de la municipalité de Montlhéry. Sentant que son pouvoir était restreint, bien qu'elle disposât de la Garde nationale, la municipalité de Montlhéry demanda souvent l'aide du Directoire du district de Corbeil. « … il est de la prudence de prendre des mesures convenables pour se garantir contre les entreprises qui pourraient être tentées contre l'ordre public, la tranquillité et la sûreté des Citoyens et contre les incursions des brigands ou autres qui pourraient profiter de la circonstance pour se livrer au pillage ou au meurtre ».

« La liberté, oui ! La chienlit, non ! » aurait pu dire Monsieur Sanner, maire, qui devait assurer la tranquillité du marché du lundi, où bien souvent les attroupements produisaient des troubles, voire même des émeutes. Le marché du 22 mars 1790 fut encore marqué par des manifestations qui entraînèrent « l'expulsion de la brigade de la maréchaussée qui était en résidence à Linas ». Le nommé Helvin fut désigné comme le meneur.

Une fois installée, la municipalité devait assurer les frais de la commune qui incombaient autrefois au seigneur engagiste. Celui-ci avait des revenus considérables : cens et rentes, lods et vente, amendes, droit d'octroi, droits de marché (mesurage, étalonnage, plaçage, etc.) alors que la commune n'avait rien. Il fallut donc demander des subsides au Directoire du département de la Seine-et-Oise, nouvellement créé, avant l'institution de la contribution foncière qui constituera la recette communale.

14 novembre 1790 : nomination des officiers municipaux et des notables

Aujourd'hui dimanche quatorze novembre mil sept cent quatre vingt dix sept heures du matin en conséquence de la convocation de l'assemblée générale des citoyens actifs de la ville de Montlhéry arresté par délibération de MM. le maire et officiers municipaux du dimanche sept du présent mois, lüe et publiée et affichée ledit jour aux lieux et endroits ordinaires et accoutumés.

Les citoyens actifs de la ville de Montlhéry se sont réunis en la salle ordinaire des assemblée de la commune à l'effet de conformément à l'article 42 du décret de l'Assemblée nationale du 14 décembre 1789 concernant la constitution des municipalités approuvé par le Roy, procéder à la nomination de deux officiers municipaux et de six notables pour remplacer ceux qui aux termes dudit article doivent sortir à cette époque par la voye du sort.

L'assemblée formée, M. Denis Legourd ayant été unanimement reconnu pour le doyen d'âge et comme devant aux termes du décret du 22 décembre dernier présider provisoirement l'assemblée, a prit place à cet effet.

MM. Jean Collet, Pierre Sarda et Jacques Cassard ayant été pareillement reconnus pour les plus anciens d'âge après le doyen et en état de faire provisoirement les fonctions de scrutateurs ont pareillement prit place à cet effet. M. Étienne Charbonneau sur l'invitation de l'assemblée y a pareillement prit place pour faire provisoirement la fonction de secrétaire.

Ensuite, voulant procéder par la voye du scrutin et à la pluralité relative à la nomination du président et du secrétaire, l'assemblée à nommé par acclamation M. Loyal, président et M. Charbonneau secrétaire, lesquels ont de l'instant prêté le serment civique dans les termes présentés par le décret du 4 février dernier, et M. le Président et tous les membres de l'assemblée. Après quoi l'assemblée a pareillement nommé par acclamation M. Denis Legourd père, Pierre Sarda et Jacques Cassard pour scrutateurs, lesquels ont à l'instant prêté serment de garder le sceau entre les mains de M. le Président.

Ce fait, il a été par la voye du sort procédé au tirage de deux officiers municipaux et six notables qui doivent cesser leurs fonctions aux termes du décret sus-annoncé, MM. Jean Collet et Pierre Sarda deux desdits officiers municipaux, et MM. Jean-Jacques Blin, Jean Carré, Jacques Cassard, Étienne Charbonneau, Pierre Enard et Denis Michelet, six dedits notables se sont trouvés être du nombre.

Ensuite, M. le Président a prononcé la formule du serment prévu par l'article 4 du décret du 28 may dernier et cette formule en caractère d'imprimerie a été exposée auprès du vase.

Aussitôt, il a été procédé par la voye du scrutin à la nomination de deux officiers municipaux qui doivent remplacer lesdits sieurs Jean Collet et Pierre Sarda sortants à l'effet de quoi chacun des membres composants l'assemblée a écrit ou fait écrire par les scrutateurs sur le bureau son scrutin qu'il a déposé dans le vase, en prononçant à haute voix “Je le jure”. Ce scrutin recueilly et dépouillé par lesdits sieurs Legourd, Sarda et Cassard scrutateurs, il en est résulté qu'une seule nomination qui est celle dudit sieur Collet qui a réuny 18 suffrages sur 26 votants, en conséquence il a été procédé à un second scrutin lequel recueilly et dépouillé comme dessus a donné audit sieur Sarda 17 suffrages sur 20 votants.

Et lesdits sieurs Collet et Sarda ayant accepté lesdites charges, ils ont été proclamé officiers municipaux par M. le Président en présence de l'assemblée, et ont prêté le serment prescrit par les décrets de l'Assemblée nationale.

Ensuite, il a été procédé par la voye du scrutin de liste simple à la nomination des six notables qui doivent remplacer les sortants. Ce scrutin recueilly et dépouillé comme les précédents, il en est résulté la nomination suivante, savoir, notables, Messieurs: - Jean-Jacques Blin, 13 suffrages, - Pierre Enard, 12 suffrages, - Denis Michelet, 12 suffrages, - Jean Carré, 12 suffrages, -Thomas Gaillard, 10 suffrages, - Jacques Claude Susane, 10 suffrages, Le tout fait le nombre de 20 votants. À l'instant le procureur de la commune a observé que M. Lhéritier, l'un des électeurs représentant la commune étant décédé, il conviendrait procéder à l'élection et nomination d'un autre électeur en son lieu et place, jugeant, il a été arresté qu'il serait procédé à l'instant conformément aux dispositions du décret du 22 janvier dernier à ladite nomination.

Et de fait, il a été procédé à la nomination par la voye du scrutin de liste double à la majorité absolue des suffrages et ce scrutin recueilly et dépouillé comme dessus, il en est résulté en faveur de MM. Moulin et Surant une majorité absolue des chacun 16 voix sur 23 votants, et attendu que M. Moulin est la plus ancien d'âge, il en devient nommé électeur au lieu et place dudit feu sieur Lhéritier, laquelle charge il a accepté.

Fait, clos et arresté en ladite assemblée où ont assisté M.M. Louis-Jacques Garnier, marchand de bois ; Jean Collet, vigneron ; Denis Blanc, boucher ; Denis Legourd l'aîné, vigneron ; Nicolas Bachelier l'aîné, marchand de bois ; Pierre Aufray, ancien marchand ; Jacques Cassard, hôtelier ; Jean Carré, vitrier ; Antoine Rémy Roudet, pâtissier ; François Didier Houet, vigneron ; Jean Bernard Moulin, bourgeois ; Pierre Enard, marchand épicier ; Denis Michelet, vigneron ; Jean-Gilles Soumagniat , ancien marchand ; Honoré Audouard, vigneron ; Louis Robert, l'aîné, vigneron ; Denis Peuvrier, aubergiste ; Nicolas Thomas Champagne, maçon ; Thomas Gaillard, vigneron ; Étienne Charbonneau, notaire ; Pierre Sarda, serrurier ; Denis Legourd fils, vigneron ; Mathurin Million, marchand grainetier ; Jean-Jacques Blin, marchand grainetier ; Jean-Paul Loyal, notaire ; Philippe Barbier, cordonnier ; Roch Lepretre, vigneron ; Étienne Huchery, tourainier ; Pierre Coctien, cordonnier ; Jean-Baptiste Thomas Genty, maçon ; Julien Lemerle, fontainier.

Ledit jour et an que dessus et ont lesdits membres restés jusqu'à la fin et la séance signé avec le président et le secrétaire greffier.

Abolition des ordres religieux (Caricature anonyme de 1790).

12 décembre 1790 : enregistrements de décrets

L'an mil sept cent quatre-vingt dix le douze décembre issue de la messe parroissiale, l'assemblée municipale tenant à l'auditoire lieu ordinaire (5). Il a été présenté sur le bureau et fait lecture par le sieur greffier. 1° D'une proclamation du Roy sur décret qui règle les différents… 2° …, etc. 12° Loi de l'Assemblée nationale du 12 octobre dernier contenant des articles additionnels sur l'ordre judiciaire. D'après laquelle lecture il a été arrêté unanimement que les dites lettres patentes des proclamations seroient déposées aux archives de la municipalité pour y avoir recours en tems et lieu. Arrêté en ladite assemblée, les jours et an que dessus, et ont les officiers municipaux de la commune, le secrétaire greffier signé. Sanner, maire ; Collet ; Bachellier ; P. Sarda ; D. Legourd ; Charbonneau, D. Blavet.

16 décembre 1790 : questions diverses d'organisation de la vie municipale

L'an mil sept cent quatre-vingt dix, le jeudy seize décembre, quatre heures de relevée.

L'assemblée du conseil général de la commune tenant en la salle ordinaire après convocation faitte d'ycelle par billet en la manière accoustumée, et a laquelle ont assisté Messieurs Sanner, maire ; Denis Blavet, Denis Legourd père, Nicolas Bachellier, Jean Collet, Pierre Sarda, officiers municipaux ; Pierre Aufray, Mathurin Million, Jean-Gilles Soumagniat, Antoine Rémy Rondel, Étienne Huchery, Jean-Bernard Moilin, Jean-Jacques Blin, Pierre Enard, Denis Michelet, Thomas Gaillard, Jacques Claude Susane, tous notables.

Rétribution du tambour de ville. Sur le réquisitoire et d'après l'avis de M. Jean-Paul Loyal, procureur de la commune, l'assemblée a arrêté unanimement qu'il sera accordé provisoirement à compter du premier janvier de l'année prochaine 1791 à Jean-Baptiste Cassard, la somme de 150 livres de gages en qualité de tambour de la ville, afficheur et commissionnaire de la municipalité, que lesdits gages seront apportés par la commune et provisoirement répartis au marc la livre des impositions et payé audit Cassard par quartier pour l'avenir. Arrêté montre que l'indemnité qu'il convient accorder audit Cassard pour les services qu'il a rendu et rendra jusqu'au dit jour premier janvier prochain, est et demeure fixée à la somme de 72 livres qui lui sera payée par le trésorier de la municipalité sur les fonds provenant de l'économie du marché.

Travaux de charité . L'assemblée a encore arrêté que la partie de la place du marché à partir de la rue Luisan jusqu'à la maison d'Etampes sera réparée provisoirement en blocage ou cailloutis de manière à la rendre propre, praticable et selon les règles de l'art, et que les citoyens indigents de cette ville seront employés de préférence aux travaux relatifs à ladite réparation et payés des fonds de charité qui ont été et pouvoient être accordés à la municipalité et outre dans la municipalité pourroit être dans le cas de disposer sauf en tel besoin et prendre sur lesdits fonds les sommes qui pourroient être nécessaires pour les travaux d'art que cette réparation pourroit exiger. Et que M. Soumagniat, l'un des notables expert en cette partie sera chargé de diriger surveiller lesdits travaux afin qu'ils soyent faits le plus régulièrement, le plus solidement et aux moindres frais possibles, ce qui a été accepté par ledit sieur Soumagniat (6).

Députation à M. de Noailles . L'assemblée a enfin arrêté qu'il sera fait une députation à M. Philippe de Noailles maréchal de France propriétaire du domaine et cette ville, composée de MM. Sanner et Moulin nommés à la pluralité des suffrages à l'effet de témoigner audit sieur de Noailles les sentiments de respect d'attachement et de reconnaissance dont la commune est pénétrée envers lui, et pour les bienfaits qu'elle a reçu et en même temps pour le prier de trouver bon et apparence que la municipalité et la commune continue continuent provisoirement de tenir leurs assemblées dans la salle de l'auditoire et la ci-devant prévôté de cette ville et que la municipalité fera vigilance présent en cas de nécessité (7).

Arrêté en ladite assemblée, les jours an que dessus, et ont lesdits sieurs officiers municipaux, notables, procureur den la commune et secrétaire greffier signé. Sanner, maire ; Le Gourd ; Bachellier ; Moulin ; Aufray ; Milon ; Enard ; Sarda ; etc.

25 décembre 1790 : délibération relative aux dettes de la ville

L'assemblée du conseil général de la commune tenante en la salle des assemblées après convocation faite en la manière accoutumée et laquelle on assiste : Sanner, maire ; Blavet, Legourd, Bachelier et Sarda, officiers municipaux ; Aufray, Millon, Soumagniat, Hachery, Blin, Enard, Michelet, Carré et Gaillard, notables.

Le tableau des dettes de la commune dudit Montlhéry a été formé de la manière suivante : 1°) au sieur Sarda, serrurier en la ville la somme de 75 livres pour le rétablissement du (?) conformément à l'adjudication du 28 sept 1789, cy 75 lt. 2°) au sieur Bachelier, marchand de bois, prix du drapeau, 84 lt, prix des hallebardes 56 lt 5 st , fourniture de bois et autres objets inscrits au mémoire arrêté par adjudication du 3 oct. 1789, cy 125 lt 15 st , total cy 266 lt. 3°) au sieur Renouf, tapissier pour ouvrages et son temps annoncé en son mémoire arresté par la mesme délibération, cy 9 lt. 4° au sieur Le Franc, marchand en cette ville pour loyer du corps de garde et fourniture de chandelle depuis le 17 juillet 1789 jusqu'au 1er janvier 1790, arresté par délibération du mesme jour 3 oct. 1789, cy 81 lt 18 st . Le prix pour le loyer et fournitures depuis ledit 1er janvier 1790 jusqu'au 25 février suivant jour de la cessation de la garde, cy 24 lt 2 st , total cy 106 lt. 5°) la somme de 150 lt pour les gages et salaire de Jean-Baptiste Cassard de l'année 1791 arresté par délibération du 16 décembre dernier, cy 150 lt. Total 606 lt. D'après lequel tableau et ouy le procureur de la commune, l'assemblée considérant que la commune n'a aucun revenu ny octroi pour acquitter lesdites dettes détaillées audit tableau a arrêté unanimement qu'il sera adressé un mémoire à MM. les administrateurs du département à l'effet d'obtenir une ordonnance pour parvenir à l'imposition au marc la livre de ladite somme de 606 livres sur la commune dudit Montlhéry et que copie de la présente délibération sera jointe audit mémoire.

Arresté en ladite assemblée, les jours et an que dessus, et ont lesdits sieurs officiers municipaux, notables, procureur de la commune et secrétaire greffier signé. Sanner, maire ; Sarda ; Bachellier ; D. Le Gourd ; Aufray ; D. Blavet ; Carré ; D. Michelet ; Milon ; Thomas Gaillard ; Blin ; Loyal ; Charbonneau.

26 décembre 1790 : lettre de MM. les thrésoriers des dons patriotiques

L'an mil sept cent quatre-vingt dix, le vingt-six décembre, l'assemblée municipale tenante en l'auditoire lieu ordinaire de l'assemblée.

Il a été fait part à l'assemblée d'une lettre adressée à la municipalité par MM. les thrésoriers des dons patriotiques de l'Assemblée nationale du 10 de ce mois par laquelle ils mandent que l'Assemblée nationale les a chargé de témoigner à la municipalité la satisfaction qu'elle a éprouvée du don patriotique qui lui a été offert au nom de la commune, des impositions des cy-devant privilégiés pour les six derniers mois de 1789, envoyant un extrait des registres des dons patriotiques offerts à l'Assemblée nationale qui renferme celles de la municipalité ; et il a été arrêté oui sur ce le procureur de la commune qui le dit et tient demeurera aux archives et la municipalité comme un témoignage du faible sacrifice du don et de la satisfaction que l'Assemblée nationale a bien voulu lui en marquer; au surplus il a été fait le rapport et appréciations faites pour parvenir à répondre aux demandes tacitement en ladite lettre et la réponse a été rédigée et signée à l'instant pour être envoyée instamment à MM. les thrésoriers des dons patriotiques. Arresté en la ditte assemblée, les jour et an que dessus, et ont lesdits officiers municipaux, le procureur de la commune et secrétaire greffier signé. Sanner, maire ; Bachellier ; D. Blavet ; P. Sarda ; Loyal ; D. Le Gourd ; Charbonneau.

À suivre…

Notes

(1) Dans cette chronique nous donnons le texte intégral de chaque délibération pour imprégner le lecteur de l'ambiance de l'époque, du langage et du style employés par le secrétaire-greffier. Ce sont des textes simples, mais très précis qui ne manquent pas de charme. Cela démontre la bonne instruction reçue par certaines personnes du Tiers-état, bien que plus de 50% de la population déclarait « ne sçavoir ny écrire ny signer ».

(2) Sous la Révolution, les registres des délibérations contiennent toutes les décisions concernant la vie communale, mais également la transcription des lois et de décrets votés par l'Assemblée nationale.

(3) L'arpent mesure de Montlhéry à 18 pieds pour perche (arpent de Paris) vaut 3.419 centiares. Il y a 100 perches dans un arpent.

(4) Les hôteliers et les aubergistes étaient installés principalement dans l'actuelle rue de la Chapelle dans le prolongement de la Grande-rue, voie principale de la ville et passage de la route d'Orléans avant le XVIIIe siècle. Il y avait les enseignes de l'hôtellerie à l'image de Notre-Dame, de Saint-Nicolas, du Cheval Rouge, du Chapeau Rouge, à l'Ecu de France, l'auberge du Dauphin, de l'image Saint-Martin, de la Galère , de la Croix de Fer.

(5) Nous verrons à plusieurs reprises que les Montlhériens sont restés fidèles à la religion catholique. D'ailleurs les prêtres et ecclésiastiques, dont le curé Nicolas Herbin, prêtèrent serment à la constitution civile du clergé votée le 12 juillet 1790 (remplaçant le concordat de 1516). Le vicaire Alexis Couguet tenait la fonction d'aumônier de la Garde nationale de Montlhéry. Quelques frictions eurent lieu pendant la terrible période de la Terreur.

(6) À Montlhéry, c'est, en quelque sorte, l'organisation destinée à fournir du travail aux chômeurs comme les ateliers nationaux qui verront le jour très officiellement un demi-siècle plus tard, en 1848, sous la Seconde République.

(7) Philippe de Noailles , duc de Mouchy fut le dernier seigneur engagiste de Montlhéry . Il était entré en possession de son domaine en 1764. On voit encore en 1790 un respect et une grande considération pour l'ancien seigneur de Montlhéry qui officiellement possédait le bien commun de la prévôté qui devait revenir à l'Etat. La situation allait rapidement basculer puisque le 27 juin 1794, avec sa femme Anne Claudine Louise d'Arpajon, le duc de Mouchy fut guillotiné à Paris.

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