Corpus Essonnien

Histoire et patrimoine du département de l'Essonne

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La ferme du Fay à Linas (3) (XVIIIe-XIXe siècles)

Chronique du Vieux Marcoussy –Marcoussis———— _———————————-AAA Avril 2009

Plan fin XIXe siècle

JP. Dagnot

C. Julien

Voici la dernière partie de l'histoire de la ferme du Fay à Linas (Essonne, cant. Montlhéry). La première chronique a été consacrée à la période 1100-1600 au cours de laquelle nous avons vu que le fief, qui existait déjà sous le règne de Louis VI le Gros, fut dévasté pendant la guerre de cent ans et acheté en 1462 par le monastère de Marcoussis . Après avoir remonté la ferme, les moines Célestins l'ont affermée sans cesse en faisant valoir les terres et les bois. Dans la seconde chronique, nous avons appréhendé les difficultés pécuniaires des fermiers qui bien souvent n'honoraient pas les baux jusqu'à leur terme. La dernière période 1700-1740 nous a montré que les terres étaient exploitées par des personnages extérieurs au monde paysan : hôteliers et boulangers demeurant à Linas.

Le Fay à la fin de l'Ancien régime

Nous arrivons en 1739-1740 dont la qualité de long hiver est dû à aussi bon titre que 1709 dont le nom d'année du grand hiver avait été donné par Réaumur dans les Mémoires de l'Académie des Sciences . Dans le Hurepoix, la saison froide dura du mois d'octobre 1739 jusqu'à mars 1740. On compta pendant ce temps 75 jours de gelées dont 22 consécutifs. Les gelées de 1740 furent moins rigoureuses que celles de 1709, mais la neige tomba en beaucoup plus grande abondance en janvier et février. Grâce à cette dernière circonstance, les blés se trouvèrent protégés et au début de juin ils présentaient une magnifique apparence. Malheureusement la récolte fut compromise par les froids pluvieux de l'été 1740, qui présenta une température si basse qu'on put écrire que dans la région parisienne “ il avait gelé en 1740 pendant tous les mois de l'année ” (1).

La rigueur de l'hiver 1740 a été la cause de délits dans les bois des Célestins et notamment ceux de la seigneurie du Fay, paroisse de Linas. Dans l'extrait des minutes du greffe de la maîtrise des Eaux et Forêts de Paris, Messire Jean-Louis Nicolas Trinquant, maître particulier de la ville, prévôté et vicomté de Paris et lieux en dépendants, précise qu'à cause de la cherté des vivres plusieurs particuliers se sont répandus dans les bois tant de jour que de nuit « que des parties entières de taillis se sont trouvées coupées, et la plupart des baliveaux de chênes étant sur iceux deshonorez, que les gardes s'étant transportéz de nuit dans les bois, ils ont trouvé nombre de personnes attroupées pillant les taillis, et d'autres montez sur les chênes qui les élaguoient… ». Débordés par le grand nombre de délinquants, les gardes ont du fuir. La sentence rendue le 17 juillet 1741 porte « déffenses à toutes personnes de commettre aucun délit dans les bois des Célestins de Marcoussy, soit en coupant des bois dans leurs bois taillis, soit en déhonorant les chênes et d'acheter aucuns desdits bois coupés et pris en délit sous les peines portées par les ordonnances des Eaux et Forêts. Lûë, publiée et affichée aux paroisses de Marcoussy, Linois, Chartres, Leuville et Bruyères-le-Chastel, le dimanche 15 mars 1744 » (2).

En 1742, les moines de Marcoussis décident de louer les terres du Fay “à la découpe” comme nous disons de nos jours. Ce sont des terres labourables d'une contenance totale de 67 arpents affermés à onze habitants de Leuville qui cultivent 28 arpents et demi et huit paysans de Linas qui louent 38 arpents et demi. Les terres sont louées à raison de 5 livres l'arpent, ce qui fait un revenu total de 335 livres.

La même année , devant un notaire royal de Montlhéry, le révérend père Claude Gadeau, prêtre religieux célestin baille les pièces de terre de la seigneurie du Fay « au terroir de Linois, lieudit le Feilly ou Champ de la Montre ». Il s'agit de 23 preneurs dont Denis Perrot fils de Denis, vigneron à Leuville qui prend deux arpents de terre labourable et « s'oblige à labourer, fumer, cultiver, ensemencer lesdites terres dans les conditions convenables…moyennant le prix et somme de 10 livres ». Puis se présente Denis Godefroy, vigneron à Leuville, demeurant près ce lieu qui prend également 2 arpents pour le même loyer de 10 livres. Les frères Jacques et Clément Lecocq , vignerons à Leuville, prennent 6 arpents pour neuf ans moyennant 30 livres par an. Suivent les frères Antoine et Pierre Nyon , preneurs de 4 arpents « tenant d'un costé à Denis Perrot et d'autre à Denis Godefroy,…, le bail fait moyennant le prix et somme de vingt livres pour chacune année… ». Nous trouvons encore François Bouché , vigneron paroisse de Linois prend deux lots, l'un de 2 arpents et l'autre d'un arpent et demi. Jean Brisset et Anne Peltier, sa femme qu'il autorise comme veuve de Denis Rousset dit Picard, vigneron demeurant à Linois prennent 10 arpents tenant à une pièce de 66 arpents pour le prix et la somme de 50 livres tournois. Louis Le Roy et sa femme « lesquels attestent demeurés à La Pellerine » prennent 3 arpents, de même que Geneviève Degoutes, veuve de Jacques Nyon habitante de Linas, tandis que Denis Fourré et Michel Vallé et sa femme ne prennent chacun qu'un arpent et demi. Par contre, Marin Mesureau, vigneron demeurant à Linas espère cultiver 12 arpents.

Les dîmes du chapitre de Linas au Fay

Les baux des dîmes de Linas sur la ferme du Fay sont passés par les sieurs du Chapitre pour neuf années. Devant maître Bedée, notaire à Montlhéry, les dixmes sont affermées à Nicolas Boutigny moyennant 400 livres par an.

Signatures des chanoines de Linas (novembre 1749).

En 1749, les chanoines de l'église collégiale de Saint-Médéric de Linois, y demeurant capitulairement assemblés au son de la cloche en la manière accoutumée pour y traiter des affaires temporelles de leur dit chapitre et notamment de leurs dixmes qu'ils ont affiché et publié aux portes des églises voisines baillent « le droit de toutes les dixmes de bled, seigle, orge, avoine, pois, aricots, vin, foin et autres choses, même la dixme à percevoir sur les terres de la ferme du Fay laquelle ferme appartient à Messieurs les Religieux de Marcoussis sans aucune retenue ni réserve pour les bailleurs… ». Parmi les chanoines, nous trouvons Messire Pierre Hiérome Morel, doyen, Christophe de La Haize, chantre en dignité, Jean Pernet, Nicolas François Blois, Luc François Langlois et Pierre Jubé. Il ne s'est présenté plus hauts enchérisseurs que les fermiers exploitants, c'est-à-dire François Goix et Marie-Louise Fessard, sa femme, « qu'il autorise à cet effet demeurant au hameau de La Pellerine, paroisse Saint-Médéric de Linois. Le bail est fait moyennant 400 livres en argent, plus de fournir 4 septiers de bled froment estimé 12 livres le septier, 2 septiers de seigle prisé 8 livres le septier, une mine d'orge estimé six livres le septiers, le tout de loier et mesure de Montlhéry, bon, loyal et marchand que lesdits Goix et sa femme promettent et s'obligent solidairement l'un pour l'autre et eux deux pour tous sous les renonciations de droit payer et livrer auxdits sieurs chanoines ou au porteur à chacun an le jour Saint-Martin d'hiver… » . Au bas de l'acte, nous trouvons un codicille « et encore 50 bottes de paille évaluées 5 livres dues annuellement ledit jour Saint-Martin, et que la dixme du Faÿ ne commencera à être perçue qu'en l'année 1751 et ne devra ladite perception que huit années seulement ». Les deux témoins présents lors de la signature sont Guillaume Guyot, officier du Chapitre demeurant à Linas et Claude Darblay, marchand demeurant à Montlhéry. Tous ont signé l'acte « excepté ladite Goix qui a déclaré ne le sçavoir, de ce interpellée suivant l'ordonnance ».

Puis en 1759, un autre bail à loyer pour neuf ans est passé par « Messieurs du chapitre de Linois des dixmes qui appartiennent sur les terroirs de Linois et du Fays » , l'assemblée du chapitre, après avoir fait afficher qu'elles étaient à donner à loyer, les a attribué à François Goix, vigneron, demeurant à la Pellerine , plus haut enchérisseur, le présent bail fait « moyennant 450 livres , 4 septiers de bled froment, 2 septiers de seigle et une mine d'orge par année ».

Enfin en 1764, les religieuses, supérieure et prieuré royal de la Saussaye-lès-Villejuifs baillent et délaissent à titre de ferme et prix d'argent pour neuf années et neuf dépouilles consécutives et s'obligent faire jouir pendant ledit tems » à Henry Pierre Robin, laboureur à Montlhéry et Marie Claude Billart sa femme qu'il autorise à l'effet des présentes les dixmes de Couard et de Trou ensemble celles du Fay si elle a lieu et sans garantie pour le dernière… Le bail d'affermage accordé à Henry Robin, fermier de Couart, est payé en deux termes dont « le premier à Noël 1769 et le second à Pasques 1770, chaque année 550 lt de loier et deux septiers d'orge ».

Le Fay à la fin de l'Ancien régime

Une adjudication de 41 arpents de bois scis au Faÿ, sçavoir le Vaugoulant et la Belle Croix est faite en 1759 aux sieurs Mainfroy, Hariveau et Coupas, marchands à Linois associés solidaires pour le prix et somme de 12.300 lt payables en deux termes égaux à la saint Jean et Noël 1760, et ce en vertu de l'arrêt du Conseil du 21 aoust 1759. Tout le principal et montant de cette adjudication a été payé le 1er janvier 1760 pour le bâtiment du monastère. La rentabilité des bois dépasse largement celle des terres et ces derniers ne subissent pas les dixmes des uns et des autres.

De nouveau en 1769, les chanoines de Linois donnent à loyer à Marie-Louise Fessart, pour neuf années consécutives, le droit de toutes les dixmes de bled, seigle, orge, avoine, poix, arricots, vin luzerne et autres choses mesmes les dixmes à percevoir sur les terres de la ferme du Fay qui appartient aux Célestins, le présent bail fait moyennant 450 livres en argent et quatre septiers de bled froment deux septiers de seigle et une mine d'orge ces grains pour le vicaire perpétuel de Linois. Les bailleurs reconnaisssent avoir reçu vingt livres de pot de vin.

En 1775, le révérend père Jean Charles Dupont, religieux célestin, procureur de la communauté de Marcoussy, lequel fait bail à loyer et prix d'argent pour neuf années à Jean Boullanger, taupier demeurant au Ménil d'une maison où ils demeurent, consistant en une chambre basse à feu, deux petites chambres, cave …., cour devant, tenant au chemin de l'auditoire aux Célestins, au bout au mur de clôture des Célestins , moyennant 36 livres . Est présent et témoin Jacques Aguesta, garde chasse des Célestins et des plaisirs de sa majesté, demeurant au Fay.

Le Fay sous la Révolution

L'année 1791 voit la soumission pour l'acquisition du Fay réalisée par le sieur Bouchet, marchand de salines au Conseil général et au Directoire du district de Corbeil, ce sont : - une maison au Fay occupée par le sieur Aguetat (4), garde des bois de Marcoussis, - 80 arpents environ affermés à Mainfroy et Raffard par adjudication d'un bail non réalisé, Le Directoire de Corbeil après examen refuse de « supercéder à la vente », la maison servant à garder les bois.

Une première publication est rédigée pour la vente des biens du Fay: - une petite maison, cuisine par le bas, chambre au premier et grenier au dessus, une espasse de vacherie, grange, toit à porc, poulailler, cave, cour, jardin, citerne, les lieux occupés par le sieur Aguestat, garde des bois de Marcoussis, pour un arpent estimée 400 livres , - 80 arpents de terres labourables et cinq arpents de pré estimés 42.586 livres.

La seconde publication pour la maison et les 80 arpents est faite début 1792. Un reçu est délivré en février par Claude Mainfroy, fermier et aubergiste à Linas, de la somme de 1.380 livres pour le fermage pendant une année des deux tiers de 64 arpents de terre dépendant des ci-devant Célestins de Marcoussis, que ledit sieur tient verbalement. Il s'agit de l'année 1790 échue!! Mention également au sommier des biens de Longjumeau. L'autre tiers est baillé à Claude Rassard, marchand de Linois, moyennant 690 livres . C'est la nation qui encaisse le loyer jusqu'au 11 novembre 1791.

L'adjudication se fait au début de la période troublée. Augustin Jacques Lhéritier, avocat au ci-devant Parlement et vétérant notaire au Châtelet de Paris, y demeurant rue de la Verrerie paroisse Saint-Gervais, et de demoiselle Marie-Anne de Lespine, son épouse, futurs acheteurs, ne se présentent pas à l'adjudication. Une procuration de Lhéritier est faite au profit de Leblanc. Ce dernier agit pour Danthonay. Une annotation faite en marge de la vente officielle précise que Danthonay, juge suppléant du Parlement de Paris, déclarant qu'il a acheté pour Augustin Lhéritier. Ce cas n'est pas isolé, la crainte des acheteurs multiplie les intermédiaires.

L'adjudication du Fay est faite moyennant 68.800 livres. « Le sieur Lhéritier solidaire avec dame Delépine, son épouse achètent : une maison située au Fays, paroisse de Linas, consistant en une cuisine par bas, chambre au premier et grenier au dessus d'une espace de grange, toit à porc, poulailler, cave, cour et jardin, plus citerne dans ladite cour le tout contenant en fond de terre environ un arpent, plus 15 arpents de terres près de ladite maison et 65 arpents au même lieu.»

Le sommier des biens nationaux mentionne la vente de la maison du Fay et de 15 arpents de terres, venant des Célestins; en marge le nommé Agueta, garde des bois de ladite communauté, jouissait de ces biens en déduction de ses gages.

En octobre de la même année, le citoyen Augustin Jacques Lhéritier, notaire vivant à Paris, et demoiselle Anne Delepine son épouse, lesquels ont fait bail et donné à loyer, pour neuf années, à Claude Hariveau et Jean Baptiste Médard, Valéry Hariveau frère, hôteliers demeurant audit lieu de Linas, soixante quinze arpents de terre labourable à prendre dans une pièce située au Fay appartenant ci-devant à la maison des Célestins et dont ledit sieur Lhéritier s'est rendu adjudicataire suivant le procès-verbal dressé par Messieurs les administrateurs du Directoire du district de Corbeil, tenant la quantité présentement louée au surplus de la pièce louée à Jacques Aguesta, …, ce bail fait moyennant la somme de 2.328 livres,…, les preneurs devront fournir et livrer en nature douze chapons vifs et bon à rôtir… Les bonnes habitudes n'ont pas cessé!

En 1795, le citoyen Agueta s'est présenté à la recette de Longjumeau pour affirmer qu'il avait joui à titre de loyer de la maison et d'un terrain de 16 arpents au Fay, moyennant la garde des bois des Célestins. Est accrochée à la feuille une déclaration des habitants et de la municipalité confirmant l'écrit jusqu'en 1792.

Le Fay au XIXe siècle

Le testament olographe de Marie Anne Delespine est rédigé le 22 août 1819 en faveur du vicomte de Viard. Fin 1823, ce dernier recueille la succession de Marie Anne de Lespine, veuve de Augustin Lhéritier, ancien notaire à Paris, couple de notables de Linas.

Il faut attendre 1831 pour assister à l'adjudication des bois du Fay provenant des Célestins. Le procès-verbal de vente des domaines mentionne une somme de 108.000 frs attribuée à Charles de Viart, moyennant 218.000 frs versés au receveur de Versailles.

En 1833, une vente au Fay est réalisée au profit de Monsieur Viard de Morin. C'est une maison forestière vendue 4.100 frs par Jean-Pierre Morin, propriétaire demeurant à Versailles, rue de l'Orangerie n°30, mandaté par plusieurs membres de sa famille, qui vend au vicomte Charles de Viard, demeurant en son château à Morigny, une maison dite la maison forestière du Fay consistant en : 1°) un corps de bâtiment distribué en une cuisine avec cheminée; deux chambres à feu avec grenier au dessus, 2°) un autre bâtiment en appentis consistant en écurie grenier au dessus, 3°) cour, jardin, terrain au pourtour dans lequel sont deux mares d'eaux pluviales. Le tout pour 64 ares, comme faisant l'article 1 de la vente des biens de l'état du 27 juin 1831, venant des Célestins. L'adjudication pour 108.500 frs. La vente est faite moyennant 4.100 frs.

L'année 1839, le vicomte Amédée de Viard hérite du vicomte Charles de Viard. Les liquidation et partage des biens de la succession du vicomte Charles de Viart ont lieu l'année suivante. Deux ans après, un bail de la maison et de la pièce du Fay, contenant 28 hectares est fait bail à Ducorps, moyennant un loyer annuel de 2.000 frs. En 1848, devant Godin à Etampes, Amédée de Viard est déclaré seul héritier du vicomte Charles.

De nouveau en 1851, les lieux sont attribués par le notaire représentant le vicomte de Viart au profit du couple Ducorps pour : - une maison située au Fay, bâtiments et autres dépendances, cour, jardin, mare, citerne dans laquelle est une pompe, le tout clos de haies vives, - une pièce de terre de trente hectares avec le droit de chasse sur ladite pièce. Ce bail est résilié le 21 février 1855. Relevons que le droit de chasse est la plupart du temps conservé par le bailleur, ce dernier résidant dans la région d'Etampes estime que l'éloignement est trop important.

Un mois plus tard, le bail de la ferme du Fay est fait par les Viard à Guéroux pour l'espace de quinze années « Antoine Devaux, notaire, agissant pour le vicomte Amédée, demeurant au château de Brunehault à Morigny, fait bail à ferme pour quinze années, selon les usages pour les jachères, à Robert Guéroux, cultivateur de Marcoussis, une petite ferme au Fay comprenant une maison, bâtiments et dépendances, cour, jardin, mare, citerne dans laquelle est une pompe, le tout clos de haies vives, plus une pièce appelée la pièce du Fay tenant au chemin des Vaugoulans et aux bâtiments de la ferme, au chemin du Fay à Arpajon le tout d'une contenance totale de 300.574 m2. Le bailleur se réserve le droit de chasse. Une caution de 24 pièces de terres par les parents du preneur est exigée ».

L'inventaire après décès du vicomte Amédée de Viard est fait en 1868, son fils Charles hérite. Le bail de la ferme du Fay fait pour quinze années au profit d'Alexis Guéroux cultivateur, expire en novembre 1869.

La vente du Fay est réalisée le 21 février 1870. Nous résumons l'acte : un clerc de notaire parisien, mandaté par Charles Georges, vicomte de Viart, propriétaire demeurant à Paris rue Barbet de Jouy, vend à Emile Jules Rabourdin, propriétaire parisien demeurant quai Voltaire, une petite ferme située au Fay contenant y compris l'emplacement des bâtiments d'exploitation, 300.560 m2 consistant en: 1°) une maison d'habitation élevée sur terre plein rez-de-chaussée et grenier au dessus, 2°) un petit bâtiment à la suite servant de cellier, un autre bâtiment, une grange de quatre espasses en pierre, 3°) un toit à porc, poulailler, cour, jardin, mare, citerne dans laquelle est une pompe le tout clos de haies vives contenant 6.605 m2. Le bois du Fay a été acquis par Charles à l'administration des Eaux et Forêts de l'État. La ferme n'est pas louée. Apparemment le vendeur se dégage sur l'État des bâtiments. La vente est faite moyennant 150.000 frs. La police d'assurance imprimée vient de la Paternelle.

Vingt années passent, suite à jugement, une adjudication est organisée en 1890. Le cahier des charges et l'adjudication demandés par Lehman-Levy et son épouse précisent la vente faite à Arthur Deshayes, négociant à Paris, d'une petite ferme située à Faÿ, d'une contenance de 30 hectares comprenant une maison, bâtiments et dépendances, cour, jardin, avec puits, mare, citerne le tout clos de haies vives et la pièce de terre du Faÿ. Finalement, la vente de la ferme du Faÿ avec trente hectares est enregistrée en novembre, 105.000 frs ont été payés par Deshayes à Lehman-Levy. L'année suivante, le même Lehman-Levy, propriétaire à Paris, vend les trente-deux hectares restant aux enchères en huit lots sous le nom de pièce du Fay.

Pour terminer avec des documents accessibles au particulier, relevons sur la matrice cadastrale de 1907, Arthur Deshayes (côte D67). Au rôle de 1908, Arthur Deshayes propriétaire demeurant rue Saint-Denis à Paris, pour une maison est mentionnée case 177.

Notes

(1) Après l'hiver très long d'octobre 1694 à mars 1695, avec de fortes gelées (minimum à Paris -15°), la première moitié du XVIIIe siècle vécut quatre épisodes glacés. Le tristement célèbre hiver 1708-1709, qui commença le lundi 7 janvier 1709 et dura jusqu'au 3 ou 4 février. De nombreux arbres furent gelés jusqu'à l'aubier, et la vigne disparut à plusieurs endroits. L'hiver 1715-1716 fut également froid et très neigeux du 20 décembre au 31 janvier. L'hiver 1728-1729 fut long et rude, en particulier du 24 décembre au 22 janvier et du début mars à la mi-avril. Le mois d'avril fut marqué par de fortes chutes de neige. La saison froide de l'hiver 1739-1740 dura cinq mois avec 75 jours de gelées dans la région parisienne. La neige tomba en beaucoup plus grande abondance en janvier et février. C'est l'hiver le plus long et 1740 est l'année la plus froide en Europe occidentale en 300 ans (1680-1980). Dès le 27 décembre 1741, l'hiver fut très rigoureux, les gelées furent ininterrompues du 2 au 25 janvier 1742 et la Seine fut prise par les glaces.

(2) Depuis l'ordonnance des Eaux et Forêts d'août 1669, la gestion et la coupe des bois était sévèrement contrôlée par une maîtrise ou gruerie qui exerçait un droit de police. Les titres 15 à 22 portaient attention sur les bois des ecclésiastiques et des communautés « Les adjudications des ventes de bois tant en fustaye que taillis, ne pourront estre faites à l'advenir que par les Grands Maistres… ».

(3) Étaient présentes la Révérende Discrètes Dame sœur Anne Le Maire de Flicourt de Maxime, supérieure et sœur Anne Magdeleine des Graits dite de Saint-Maur doyenne de toutes les religieuses.

(4) Jacques AGUETA (1704-1788) est arrivé Savoie (73) lors de son mariage avec Jeanne CONFLANS, il est dit Marchand épicier à Marcoussis. Son fils Jacques AGUETA (1735-1791) est le fils du précédent, garde bois des Célestins (information donnée par un fidèle lecteur dont les Agueta font partie de sa généalogie).

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