Corpus Essonnien

Histoire et patrimoine du département de l'Essonne

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Bois-Courtin à Villejust (1) (1352-1859)

Chronique du Vieux Marcoussy –Marcoussis————— _—————————–___—– Mai 2009

Plan de bornage du Bois-Courtin (1821).

JP Dagnot

C. Julien

« Je dédicace cette histoire aux religieux de la Fondation de la Salle qui m'ont aidé par leurs souvenirs et donné accès aux documents qu'ils possèdent. Ma reconnaissance est surtout adressée à Yvonne Dol, en religion sœur Madeleine, qui a réalisé dans cet endroit une oeuvre remarquable ».

Cette chronique concerne l'histoire du Bois-Courtin, lieu-dit de la commune de Villejust (Essonne, cant. Villebon-sur-Yvette) aussi appelé « château Courtin ». L'initiative d'une chronique sur ce lieu-dit est venue fortuitement lors d'une visite récente de l'endroit afin de connaître l'étendue des biens de Pauquet de Villejust.

Pour les lecteurs ne connaissant Villejust que de nom, n'y sont jamais allés, précisons que cet endroit est un cul-de-sac. Pour trouver ce domaine, depuis Tommy primeurs qui vend des légumes dans les champs , prendre la direction Villejust et tourner trois fois à gauche. Par ce trajet, au bout d'une allée de tilleuls, vous avez contourné la propriété dans laquelle est un petit château (1).

Les documents anciens

Comme à l'accoutumée, nous commencerons le récit avec les documents les plus anciens que nous avons déjà rencontrés lors de la chronique sur les seigneurs de Villejust. Nous trouvons la première mention du Bois-Courtin dans un acte du XIVe siècle, notamment, celui de 1372, où Regnault de Villejust déclare, dans un aveu et dénombrement à son suzerain, ses biens qui comprennent “14 arpents au Bois-Courtin ”. Nous retrouvons également Jean de Montagu en 1398, faisant de même. Bien plus tard, un autre document daté de 1517, mentionne un bien à Villejust de Courtin contenant 25 arpents.

Le Bois-Courtin reste dans la famille Montagu-Mallet-Graville pendant près de deux siècles. Le 21 juin 1560, Jehan Martin, laboureur demeurant à Villejust confesse avoir vendu à noble et scientifique personne Messire Nicollas de Thou, seigneur de la Plesse , chanoine de Paris, « un demy arpen prez du Bois-Courtin en censive du seigneur de Montagu, moyennant treize livres ». Ici, nous pouvons voir le titre « seigneur de Montagu » en la personne de Thomas de Balsac, qui possédait les terres et seigneuries de Villejust, Saint-Clerc et Gometz et autres lieux grâce à la succession de sa tante Jeanne de Graville. Ainsi en 1574, Thomas de Balsac, seigneur de Villejust, utilisait les services d'un fermier pour gérer ses terres ; cette année, il affermait les revenus du fief, droits de cens, lods et ventes moyennant 120 livres.

Dans un autre document, l'aveu de la seigneurie de la Roue [Linas] et de Villejust daté du 8 octobre 1574, copie de celui existant en la Chambre des Comptes, nous lisons « ledit chevallier tient et advoue tenir du roy à une seulle foy et hommage à cause de son chatel de Montlhéry, la terre et seigneurie de Villejust s es appartenances et deppendances ». La déclaration est composée de nombreux articles et notamment « item une pièce de boys assis audit Villejust appelé le boys des Courtines tenant d'une part et d'un bout aux fourches [patibulaires] et bruyères de Villiers d'autre… ». Les déclarations d'aveu et dénombrement de 1575 et 1576 décrivent la même situation juridique.

Nous pourrions continuer la liste des différents propriétaires déclarant ce bois, ce qui présente peu d'intérêt. Notons simplement qu'Anne de Longjumeau, veuve dudit Thomas, échangera ce bien avec Augustin de Thou.

Nous arrivons au début du XVIIe siècle. Votre narrateur n'étudiant pas les seigneuries d'Orsay et de Villebon, le Bois-Courtin restera dans les biens de ces seigneuries, sans plus d'informations jusqu'en 1789.

Le Bois-Courtin au citoyen Pauquet

Pendant la Révolution, Pierre Marie Gaspard Grimod, comte et seigneur d'Orsay, émigre en Autriche. Il y décède en 1809 (à la Sainte-Trinité près de Vienne), laissant ses deux fils héritiers. Ces derniers reviennent en France en 1815, et retrouvent une partie de leurs biens dont le Bois-Courtin à Villejust.

Pendant l'Empire, nous observons que le nommé Pauquet commence d'acquérir des biens à Villejust, comme ce jour du 16 octobre 1808, lors d'une adjudication faite par Charles Huart propriétaire à Anthony de trois pièces de terres à la Poitevine. Il s'agit de trois lopins de terre et bois : 513 centiares, chantier de la Longue Pré, 427 centiares de pré, chantier de la Chaussée et 1708 centiares, chantier de Bois-Courtin qui concerne l'article 41, moyennant 400 frs. En 1810, parmi les propriétaires à Villejust, nous trouvons ceux de la parcelle B55 dite du Bois-Courtin, au gouvernement pour 5 hectares 99 ares, également folio 150, Grimod d'Orsay sorti en 1833, et passé à Pauquet, folio 270.

Nous connaissons bien le citoyen Pauquet (cf. chronique “ Jean Alexandre Pauquet de Villejust ”) qui, marié à une riche veuve, vécut aisément sous la Révolution « ni inquiété ni recherché » en accumulant une immense fortune. Nous l'avons trouvé acquéreur de la cure de Villejust devenue Bien national avec l'église, le presbytère, le jardin et même le cimetière ; puis maire de Villejust en 1808 . Pendant la Restauration, il fonda une rente annuelle de 50 frs à la fabrique de Villejust pour messe solennelle et un Te Deum en action de grâce du retour de sa majesté Louis XVIII . Son action fut récompensée en 1817 par sa nomination en tant que chevalier de l'ordre royal de la Légion d'honneur.

En 1820, devant deux notaires parisiens, Pauquet achète le Bois-Courtin aux héritiers Grimod d'Orsay qui sont François Louis Albert Gaspard Grimod, comte d'Orsay, et de Maximilien Joseph Charles Gaspard Grimod, comte d'Orsay le jeune. La transcription aux hypothèques de Versailles précise les termes de la vente: « Gaspard Grimod comte d'Orsay, aîné, maréchal des camps des armées du roy, demeurant allée d'Auteuil quartier des Champs-Élysés à Paris 1er, et Maximilien Joseph, jeune, chambellan de l'empereur d'Autriche, demeurant à Vienne, lesquels vendent à Jean Alexandre Pauquet de Villejust, …., 114 ha de bois en 21 pièces sur Orsay, Villebon et Villejust » . Suit le détail des pièces; notons la pièce n°9 dans laquelle se trouve une masse de grès propre à être exploitée en carrière. Les biens viennent de la succession de leur père qui résidait en Autriche en 1809, d'après un acte déposé chez Chodron nous savons que « lesdits biens séquestrés pour cause d'émigration du père sont retournés aux enfants le 11 janvier 1815 ». Notons la pièce 21 appelée Bois-Courtin d'une superficie de 60.200 centiares au terroir de Villejust, tenant au nord à divers particuliers, à l'est au chemin de Palaiseau à Villejust, au midi et à l'ouest à divers propriétaires. La vente avait été faite moyennant 117.000 frs. Le même jour, l'inscription d'office est faite pour 117.000frs. Nous trouvons également, la transcription de 21 pièces de bois à Orsay, Villebon et Villejust pour 117.000 frs.

Deux ans plus tard, pour régler des litiges, il fait procéder à l'arpentage du bois qui sera délimité par seize bornes de grès (plan en tête de chronique). L'acquiescement des riverains du Bois-Courtin envers Jean-Alexandre Pauquet est donné en 1822 « de présent en sa maison de campagne à Villejust, avec les riverains, le conseil municipal, Jean-Baptiste Fosse, le maire et locataire de la ferme, et des cultivateurs ». L'arpentage du bois est réalisé par Chambrette d'Orsay qui précise “ un bois percé de quatre routes de chasse, à l'extrémité intérieure desquelles est une demi lune ”, entouré par un fossé de deux mètres. Il est fait mention du « chemin de Viljust à la mine », délimité par seize bornes en grès, le tout contenant 60.200 m2. La position et distance entre bornes sont également mentionnées. L'acte est passé en la demeure de Fosse avec un plan annexé. Précisons de suite qu'en parlant du “chemin de la Mine” il s'agit d'un chemin qui conduit au bois dit de “la mine d'or” sur Villebon .

En 1825, Pauquet fait l'acquisition de l'article 18 par échange avec Houdon devant Millet, notaire à Palaiseau. L'acte d'échange d'immeuble entre Pauquet et Houdon décrit que Pauquet cède 723 m2 de terre au Bout Galeux tenant aux Houdon, au roi de Suède et au chemin de Viljust à la Poitevine (2) ; cette pièce vient d'un achat en 1818 ; en contrepartie Houdon cède 752 m2 au Bois-Courtin, parcelle B60 tenant audit bois.

Extrait d'un plan dressé en 1828 par le géomètre de Palaiseau.

Pour terminer ce chapitre du Bois-Courtin sous la Restauration, nous citons la vente importante de bois faite en 1828 par “ le chevalier Pauquet de Villejust ” à Monsieur le comte de Montesquiou. L'acte est ainsi rédigé « le propriétaire, maire adjoint du dixième arrondissement.., vend à Alfred Félix, comte de Montesquiou-Ferenzac, les bois ci après, pour une superficie de 110 hectares ». Le dossier comprend une liste et un plan que l'on peut consulter. Les bois montent à la Ravine de Mondétour (actuelle autoroute F18), la Butte du Grand-Vivier, la lisière de Coutabeuf, au petit plan de Courtabeuf, une route de chasse, à la route royale de chasse de Dourdan à Paris sur Villebon, la Plesse (carrière) et Vilfeu. Il y a également un groupe de trois pièces au dessus du cimetière d'Orsay, où l'on extrait encore du grès, appelé la carrière d'Orsay. Il est fait mention des entrepreneurs du pavé de Paris, Lemoine, Baron, Tourillon et Francastel qui fouillent et traversent les bois pour l'extraction du grès et débardage des bois, et d'actions sur lesdits au tribunal de la Seine en date du 7 décembre 1807 et 13 décembre 1820. Dans cette transaction, Pauquet se réserve l'action contre Duval pour ses droits d'extractions; également ne sont pas compris dans la vente, le bois de la Ciprenne, le petit plan de Courtabeuf et le Bois-Courtin pour 7, 10, 21 et 19 ha . La vente a été faite moyennant 150.000 frs payés en espèces sonnantes d'or ou d'argent, sans papiers ni billets (3).

La succession Pauquet

Jean-Alexandre Pauquet décède en 1839, sans postérité. Comme bien souvent dans pareille situation, la liquidation de la succession n'est pas aisée ; le tribunal de la Seine prend l'affaire en main et, dans un premier temps, autorise les héritiers à procéder à l'adjudication d'une coupe de bois audit lieu. Le cahier des charges précise qu'il s'agit du Bois des Courtins, dont la coupe et les charrois se feront en empruntant le chemin de la Mine . La vente par adjudication du bois taillis d'une superficie de 125 ares est faite le dimanche 19 janvier 1840 à raison de 1.540 frs au profit de Claude Denis Cossonnet, marchand de bois à la Grange-aux-Cercles (4).

Pour résumer brièvement cette succession, nous pouvons dire que le Bois-Courtin fut, en février 1841, adjugé au tribunal civil de la Seine, associé à la ferme des Pavillons à Villejust. François Eugène Jarry, avocat parisien, se voit attribuer ce lot 21 à l'issue d'une enchère atteignant 22.000 frs. Quatre ans après, l'avocat revend ce bois, ayant demandé l'année précédente l'autorisation d'y exploiter une carrière de pierres meulières à ciel ouvert. Un chimiste parisien, Guillaume Edouard Buran, obtient ce bois « à essence dominante de chêne » pour 10.000 frs. Nous trouvons la trace de l'exploitation de la carrière dans le congé donné au locataire qui n'avait qu'un bail verbal… Voilà l'origine des “fosses” dans la propriété. L'acte mentionne également, qu'il existe en son milieu un petit bâtiment composé de deux parties en forme de pavillon, partie bois et partie zinc, et un autre sur le bord du chemin à usage de forge, couvert de tuile. Le vendeur se réserve les pierres déjà extraites, présentes sur le terrain. Le bois n'est toujours pas un lieu d'habitation.

Revenons aux détails de la succession. Les héritiers sont nommés dans le procès-verbal d'enchères de la coupe de bois du 19 janvier 1840 dont l'extrait des déclarations aux ventes est déposé au bureau d'enregistrement de Palaiseau : « le greffier de Palaiseau, mandaté sous seing privé par le notaire parisien de la succession, procède en la maison de campagne de Pauquet à Villejust, à la vente aux enchères de 12.500 m2 de bois à Villejust ». Sont présents : - Alexandre-Marc Bled, avocat, tuteur des enfants Saivre, la mère décédée Adrienne Bled, - Jules Saivre, ancien sous-préfet, - Augustine Bouchet, épouse Bohain, séparée judiciairement, représentée par un clerc, - Henri Pottier, professeur de rhétorique, au collège Charlemagne et Laure Bouchet son épouse, - Antoine Benjamin Paix-de-Cœur, ancien officier, demeurant à Rouen, agissant pour Madeleine Mulotin rentière, veuve Alexandre Paix-de-Cœur, - Félix Mulotin, chef de bureau ponts et chaussées, demeurant à Versailles, - Jean Louis Mulotin, officier en retraite, - Alexandre Charles Vigot, propriétaire à Paris, mandataire d'Aimable Mulotin à Pont-l'Évêque.

Bref, les héritiers sont nombreux et le détail n'est pas très utile pour notre récit. Précisons tout de même que Paix-de-Cœur et Mulotin, frères et sœur, sont germains issus du mariage de Marie-Anne Pélagie Pauquet avec Louis Henri Mulotin ; Bled est héritier comme ayant Pauquet son grand-oncle ainsi que Madame Saivre marié à Antoine Bled ; Geneviève Pauquet est l'épouse de Jean Louis Bouchet et soeur du deffunt.

Vu le nombre des héritiers et la quantité des biens, la succession Pauquet s'avère être très compliquée. Dans l'extrait des minutes du tribunal daté du 5 février 1840, nous retrouvons la liste des héritiers ci dessus rappelés, suivi de l'énumération des biens de la succession : - des ducats d'une rente de Naples, - des actions industrielles, - des rentes et créances sur l'état, - le domaine de Villejust consistant en une ferme, logement de fermier, trois pavillons et terres prés, bois sur les communes de Villejust et Orsay, - un grand nombre de pièces de terres sur lesdites communes et Villebon, Saulx; Gennevilliers, Remilly, etc. - plusieurs pièces de terre à Passy, Neuilly et Chaillot , - six maisons à Passy , - une maison aux Thernes, - deux maisons à Paris, grande rue de Chaillot , quatre jardins à la suite, - plusieurs pièces de terre à Chaillot dans Paris, - deux autres pièces à la Croix du Roule - une maison à Paris, rue du 29 juillet (habitée par le défunt), - une maison à Neuilly, dite le Pavillon, 4 avenue de Neuilly, - coupes de bois.

Ces valeurs sont indivises entre les héritiers. Pour sortir de cette indivision et régler les opérations de détail, maître Fabien notaire agira devant le tribunal qui ordonnera qu'il sera procédé aux comptes de liquidation et partage des valeurs mobilières et immobilières. L'un des héritiers, l'avocat Alexandre-Marc Bled, demande la vente séparée des ducats, rentes et actions.

Parmi la liasse des actes de la succession, l'un d'eux fait mention de l'abandon par Pauquet à la ville de Paris de 953 m2 , livrés à la voie publique tant sur le chemin de ronde que sur la rue Croix Bousier à Chaillot, moyennant 5.719 francs.

Nous arrivons au jugement. Pour payer les droits de mutation, le juge entérine la vente des titres et décide qu'il sera procédé par le ministère de maître Fabien à la vente aux enchères des actions. En ce qui concerne la ferme de Villejust et la maison des trois pavillons ainsi que le presbytère, la maison à Orsay, les deux maisons de Saulx, … les maisons de Paris, Passy, le pavillon avenue de Neuilly, bref la liste ci-dessus, ces propriétés seront visitées par des experts et pourront être attribuées aux héritiers « les experts désignés prépareront les lots et remettront leur dossier au tribunal pour préparer la vente par adjudication ». Maître Fabien est confirmé pour liquider la succession.

Le 23 février 1840, un procès-verbal d'enchères est dressé pour une coupe de bois à Orsay au profit de Bessin. Nous assistons d'une manière identique à la vente de janvier, à la Céprenne pour six hectares de bois comportant 131 chênes, également au plan de Courtabeuf. L'adjudication est faite au profit d'Hypolite Bessin, marchand de bois, demeurant à Orsay pour 6.350 frs.

L'attribution des rentes est réalisée le 27 février 1840 entre les héritiers de Pauquet de Villejust. En considérant l'arbre généalogique, les parts en seizièmes vont de deux à quatre. Suivant quatre exploits, Monsieur Bled a fait donner assignation à ses cohéritiers aussi intervenants de comparaître au tribunal de la Seine afin de procéder au compte de liquidation de la succession de Pauquet de Villejust. Sur cette assignation est intervenu un jugement le 5 février, le tribunal a ordonné entre autres les liquidation et partage des valeurs mobilières, maître Fabien étant administrateur de la succession. Passons les détails des dites rentes représentent une somme de 13.775 frs. L'intérêt réside en un extrait du jugement pour liquider la succession.

Le 21 mars 1840, le notaire Fabien insère une annonce dans la presse de Seine-et-Oise pour louer la ferme de Villejust d'une contenance de 90 hectares, avec bâtiments, grande cour, jardins…

Un jugement au tribunal de la Seine est rendu le 5 août 1840, à la requête des héritiers Pauquet, déclarant qu'il sera procédé en l'audience du tribunal à l'adjudication préparatoire du 27 février 1841 (une coquille inscrit l'an 1840) de : - la ferme des Pavillons, corps de ferme et 14 hectares. Les bâtiments comprennent : rez-de-chaussée, premier étage carré, second en mansarde, fronton triangulaire chacun de trois pièces avec échelle, aucun des intérieurs n'est terminé, au dessous une cave. Les parcelles B266 à 273, et 280-281 sont situées à Villejust pour 5 hectares, le Bois -Courtin contient 6 hectares , - la ferme de Villejust, corps de ferme maison de maître contiguë, jardin et terres pour 88 hectares, - une maison avec cour commune et jardin dite le presbytère face sur la rue pour 1.402 m2, - la maison Chappe sur 1.793 m2, - autres bois et maison à Orsay.

L'adjudication définitive des biens de Pauquet a lieu le 17 février 1841 en l'audience des criées du tribunal civil de la Seine. Parmi les lots notons : - lot n°21 , la ferme des Pavillons à Estienne, avoué, corps de ferme et 14 hectares, moyennant 22.000 frs, faite au profit de François Eugène Jarry , avocat demeurant à Paris rue Pavée, contient le Bois-Courtin , - lot n°22 , la ferme de Villejust à La Boissière, avoué, pour 194.800 frs, avec maison de maître et 88 hectares, au profit de Louis Stanilas Josse , cultivateur demeurant à Villejust dans ladite ferme, - lot n°23 , maison dite le presbytère pour 4.550 frs à La Boissière, agissant pour le compte de la commune de Villejust, avec seing privé de Julien Paupe, maire, - lot n°24 , une maison sis à Villejust dite maison Chappe, canton de Palaiseau, arrondissement de Versailles, à Félix Hyacinthe Mulotin, demeurant à Versailles par son avoué Chéron « cette adjudication passée au proffit de Mulotin moyennant la somme de 5.200 frs de principal payée par compensation au moyen de l'attribution faite aux représentants de partie des droits dans la succession Pauquet ».

Le cahier des charges pour l'adjudication des valeurs mobilières de la succession Pauquet est rédigé le 20 février 1841. Nous reconnaissons encore une fois, l'immense fortune accumulée par l'ancien maire de Villejust : - six actions du théâtre du Vaudeville, ancienne société, à liquider reste le terrain rue Saint-Thomas du Louvre formant l'emplacement de l'ancien théâtre ; une maison rue Saint-Germain l'Auxerrois ; 4.613 frs de rentes; le tout estimé à 330.000frs, - une action du journal politique La Quotidienne, - treize actions de la banque Générale Assurance contre l'incendie dite du Soleil, - quatre actions de la banque de Prévoyance, le tout fixé à 13.800 frs. La vente a lieu en mars et, mis à part l'action de La Quotidienne, c'est l'héritière Paix-de-Cœur qui achète l'ensemble.

Les transactions Buran-Jarry

Le Bois-Courtin apparaît dans divers titres au cours de l'année 1841. C'est d'abord un nommé Jarry qui est mentionné le 19 mai 1841 dans un acte d'hypothèque d'adjudication. Le 14 juin, une procuration est donnée par Melle Guérin à Mr Jarry. Le lendemain, une vente est faite par Jarry au profit de Legard. Le 26 novembre, Jarry se libère du prix de l'adjudication.

En 1844, le sieur Jarry, demeurant à Paris, rue Saint-André-des-Arts, désire exploiter une carrière de pierres meulières au Bois-des-Courtins .

L'année suivante, nous assistons à une acquisition par Buran de François Eugène Jarry et de Clémence Guérin, son épouse, demeurant rue Pavée n°1. La transcription de cette vente nous précise la mutation : Jarry est un avocat parisien et Guillaume Louis Edouard Buran est chimiste, demeurant à Paris rue du Faubourg Saint-Martin ; la vente comprend la quantité de 6 hectares de bois appelée le Bois-Courtin, d'essence dominante de chêne, faisant partie de la ferme des Pavillons, sur lequel se trouve au milieu un petit bâtiment composé de deux parties, l'une en forme de pavillon et l'autre en forme de galerie couverte partie en bois et partie en zinc; et un autre situé sur le bord du chemin à usage de forge couvert en tuile ; ces bâtiments sont compris dans la vente. Nous sommes encore loin du château!

Monsieur Jarry fait réserve expresse à son profit des pierres meulières extraites du sol. Il s'agit de 718 m2 de chemin conduisant au bois et tenant au chemin de la Poupardière. L'historique des biens précise que le bois est « venant des Grimod d'Orsay ». Il est fait mention d'un sieur Jouanneau qui sera évincé et congédié et qui exploite la pierre meulière verbalement. La vente est faite moyennant 10.000 frs.

L'enregistrement au cadastre de la vente de 1845 par Jarry à Buran est faite en 1848 au folio 16, avec sortie en 1858. Il semble que les parcelles B290, B343, B360 sont achetées à cette époque par Etienne Edouard Guillaume Bureau demeurant à Paris. De nouvelles acquisitions sont faites par Buran le 5 juin 1853, devant Boucher notaire à Orsay.

Nous arrivons en 1857, Edouard Buran, chimiste demeurant rue du Faubourg-Saint-Martin vend à Louis Félix Cagnier (Pierre Lézé rayé) la quantité de six hectares de terres en bois en une pièce appelée le Bois-Courtin, faisant autrefois partie de la ferme des Pavillons, le bois à essence de chêne. Et deux autres petites pièces. La vente est faite moyennant 10.000 frs (5).

Une nouvelle vente est faite le mois suivant. Guillaume Louis Edouard Buran, chimiste demeurant à Paris rue du Grand Saint-Michel, vend à Félix Cagnier, ingénieur demeurant à Belleville près de Paris rue de Tourtelle : 635 m2 à la Poupardière et 1.320 m2 aux Gripettes. Ces terres font partie de Bois-Courtin et « avaient été adjugées avec à François Jarry avocat, sous le nom de Etienne au tribunal civil de la Seine du 17 février 1841 du jugement du 5 février 1840 et 5 août 1840. Le sieur Jarry agissait également comme mandataire de Clémence Guérin sa femme. La vente moyennant 400 frs .». L'adjudication est faite moyennant 22.000 frs.

La donation Cagnier-Lézé

À partir de 1857, commencent de curieuses tractations entre deux voisins du faubourg Saint-Martin à Paris. Les transactions concernent la propriété du Bois-Courtin dont la description est classique mais avec des bâtiments qui semblent disparus. Les acteurs sont Guillaume Buran, Louis Félix Cagnier, et les voisins de Buran : Pierre Lezé et Jules Armand Séraphin Lézé, son fils mineur né en 1838. Tout d'abord, Buran vend le bois à Lezé (en marge de l'acte, le nom de Lezé est rayé et est remplacé par Félix Canier). Un mois plus tard, chez le même notaire, Félix Cagnier fait une donation entre vifs aux Lezé père et fils : - le père obtient la jouissance des biens et « accepte l'usufruit pendant sa vie entière », - le fils mineur, absent, représenté par son père, la-nue propriété qui sera réunie à l'usufruit au décès du père.

Notons que Cagnier et Lezé apparaissent tous les deux comme “ingénieur civil”. La donation comprend : - six hectares de bois au lieudit le Bois-Courtin , faisant partie autrefois de la ferme des Pavillons, bois à essence de chêne,….. - et trois petits terrains d'une contenance de 718, 1.085, 854 m2 venant de l'achat par Buran à Cagnier le mois précédent.

C'est alors que commencent d'étranges transactions très élaborées que nous n'osons qualifier de magouilles. Le 24 mars, Lezé fait à Ursule Jochain, épouse Cagnier, un bail sous seing privé du Bois-Courtin « Monsieur Pierre Lezé, usufruitier du Bois-Courtin, loue à madame Ursule Jochain ces biens au prix de 400 frs annuels, Monsieur Pierre Lezé reconnaît avoir reçu des mains de cette dame 2.000 frs correspondant au paiement de cinq années de loyer. Monsieur Lezé fait en conséquence un bail de 5 ou 10 ans à ladite dame ».

Le 15 octobre 1858, un jugement par défaut est rendu par le tribunal de commerce de la Seine, défaut par le sieur Lezé d'avoir satisfait au commandement à la requête de Grellon de payer 2.000 frs et des intérêts correspondants et des dépens. Faute de paiement, il sera procédé à la saisie de la donation!

La même année, sur le cadastre (folio 66) Louis Félix Cagnier, ingénieur à Belleville, est mentionné pour une construction nouvelle et dépendances portée en B29 avec sortie en 1860. Le 2 avril 1859, le conservateur des hypothèques, au vu de 2.562 frs non réglés, déclenche la vente sur saisie. Le cahier des charges de la vente aux enchères du 15 avril suivant contre le sieur Pierre Lezé, négociant ayant demeuré à Paris, actuellement sans domicile, ni résidence connue en France, partie saisie dont la teneur suit, vente au plus offrant en deux lots : d'une part la propriété appelée le Bois-Courtin et ses dépendances, d'autre part l'usufruit d'une pièce de bois par suite de saisie par Grellon, négociant, demeurant rue Rambuteau, sur Lezé, négociant, d'un jugement du 15 octobre 1858 ordonnant de payer audit Grellon 2.000 frs montant principal avec condamnation aux intérêts…

Finalement, nous assistons à la mise en vente de: 1°) l'usufruit et jouissance pendant sa vie de la propriété du Bois-Courtin, à savoir d'un bâtiment neuf en forme de pavillon, construit par Pierre Lezé, au milieu de ladite propriété, à usage d'habitation bourgeoise ayant un comble plat couvert en zinc, élevé d'un rez-de-chaussée et d'un premier étage ayant, savoir, cinq ouvertures au midi fermées par des portes doubles, cinq croisées sans persiennes, une marche en pierre servant de seuil à chaque entrée. Autre porte deux croisées au rez-de-chaussée trois croisées, au premier au nord formant avant corps au couchant et au levant autres croisées à glace sans persiennes, perron de deux marches au nord à la porte d'entrée … - au levant une fermette de service, scellée dans le mur; - autre logement servant au concierge ou au jardinier,…. - remise à côté, le tout couvert en ardoises; - écuries et vacheries ensuite, - basse-cour à la suite, le tout construit par Monsieur Lezé. Dans l'intérieur de cette propriété se trouvent: - trois pièces d'eau vive et un bassin entouré de treillages, - une cave voutée donnant sur le potager, - cette propriété est close de fossés et murs en terrasse à pierre sèche. Elle a une entrée sur ledit Villejust fermée par une grille, une autre entrée au levant sur porte à claire voie. Les bois sont de l'age de douze ans, partie jardin d'agrément et potager. Ces lieux paraissent être occupés par Monsieur Cagnier se disant locataire d'iceux . Le logement du jardinier est occupé par Jacquillard, jardinier de la maison bourgeoise et n'est pas habité. Ils sont d'après les contributions foncières pour 1859 au nom de Louis Cannier, ingénieur civil à Belleville, pour un revenu de117 frs. 2°) l'usufruit pendant la vie de Pierre Lezé d'une pièce de bois à Villebon aux Gripettes …

Lezé serait âgé de 45 à 50 ans. Adjudication est à risque rien n'est garanti!! La mise à prix est ridicule puisque se montant à 500 frs!!!

Les enchères de l'affaire Lézé sont faite par maître Manière le 31 avril 1859. Le dépôt de l'acte de mutation est fait au tribunal de Versailles rendu en son audience publique de criées survenues le 21 juillet. Le 26 mai, une publication d'audience publique de saisie est déposée par le sieur Grellon poursuivant le sieur Lezé, défaillant ; le tribunal donne défaut et fixe le jour de l'adjudication à huit semaines.

Le 21 juillet 1859, est comparue madame Ursule Jochain, propriétaire, demeurant à Belleville, laquelle a dit que sous seing privé, le 24 mars 1857, le sieur Pierre Lezé a fait un bail à la comparante du Bois-Courtin : « Pierre Lezé, usufruitier du Bois-Courtin, loue à madame Ursule Jochain ces biens au prix de 400 frs annuels ». Monsieur Pierre Lezé reconnait avoir reçu des mains de cette dame 2.000 frs correspondant au paiement de cinq années de loyer. Il fait en conséquence un bail de 5 ou 10 ans à ladite dame qui reconnait avoir reçu les lieux en parfait état et « cette dame demande à ce que l'adjudicataire se tienne audit bail ».

Le 21 juillet 1859, un jugement civil du tribunal de Versailles contient l'adjudication sur Pierre Lézé, négociant ayant demeuré à Paris alors sans résidence, ni domicile connus, au profit de Louis Manière, propriétaire à Paris de l'usufruit et jouissance de la propriété appelée le Bois-Courtin ; ces droits éteints par le décès de Pierre Lezé au Portugal à Lisbonne le 28 novembre 1859. L'adjudication faite à Mauras, sous le nom de Ducrocq du jugement du 22 juin 1876 et saisie Canier transcrite par procès-verbal aux hypothèques de Versailles comporte : - premier lot, usufruit mise à prix 500 frs, adjugé 3.600 frs au profit du sieur Louis Manière, demeurant à Paris, rue des Fossés du Temple, - second lot, Gripette à Villebon, également à Louis Manière pour 70 frs.

Après le jugement du tribunal civil de Versailles du 21 juillet 1859, du décès de Pierre Lezé à Lisbonne le 28 novembre, l'usufruit retourne à la propriété. Puis le 17 mars 1860, devant le notaire Dumas, une obligation de 8.000 frs est faite par Cagnier au profit de Leblanc, négociant pour prêt remboursable à terme du 17 mars 1865 avec intérêt de 5% et hypothèque du Bois-Courtin.

À suivre…

Notes

(1) Le Bois-Courtin est situé entre deux forêts départementales : celle du Bois des Gelles à Villebon-sur-Yvette et celle du Rocher de Saulx à Saulx-les-Chartreux.

(2) Pour l'histoire de la présence du roi de Suède à Villejust et Nozay, le lecteur visitera la chronique “ Passage de Bernadotte et des Clary ”.

(3) Le triste souvenir de la banqueroute des assignats avait marqué les esprits. Sous la Restauration les transactions se faisaient en monnaies « sonnantes et trébuchantes ».

(4) La Grange-aux-Cercles, com. de Longpont-sur-Orge.

(5) Nous trouvons deux orthographes : Canier et Cagnier. Nous adoptons cette dernière.

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