Corpus Essonnien

Histoire et patrimoine du département de l'Essonne

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La seigneurie des Molières (1142-1564)

Dans ce récit nous nous proposons d'écrire l'histoire de la paroisse des Molières (Essonne) depuis 1142 jusqu'à la fin de règne des Claustre-Boucher. Suite à des recherches dans la région de Chevreuse, cette chronique a été refondue. Remarquons la vue aérienne localisant les lieux qui laisse deviner la ceinture des fortifications.

JP.Dagnot Décembre 2010

Extrait d'un plan terrier du XVIIIe siècle

Les premiers documents

Provenant des titres du monastère Saint-Florent de Saumur, deux bulles pontificales citent la chapelle existant à cette époque; la première de 1142 émane d'Innocent II, la seconde de 1146 d'Eugène III, et mentionnent “capella Santae Mariae de Moleriis” cum omni dignitate et imminutate sua …

En 1162, les informations viennent cette fois de l'abbaye des Vaux de Cernay, c'est la confirmation par Louis roi de France et duc d'Aquitaine, des donations faites à ces religieux. Relevons la partie qui nous intéresse: de Cresches, … Isambardus, filius de Petrii panetariis dedit terram de suam qui est justa Molerias, liberam et quietam, cum decima…

Extrait d'un plan de la capitainerie de Limours du XVIIIe siècle.

Une autre charte de la même année concerne le même lieu, elle est fausse, il s'agit du fief de Crechiarum donné par Paganus, seigneur, en pure aumône aux mêmes religieux avec un luxe de détails, citant les chemins de Bonnelle aux Mollières, de Cernay aux Molières…

De nouveau en 1186, le monastère de Saint-Florent de Saumur possède une bulle d'Urbain III, dans laquelle on trouve in episcopus parisiensi: …cum ecclesiis Sancte Marie Magdalene de Moleriis…

Terminons le XIIe siècle par une donation à l'abbaye des Vaux de 70 arpents de terre au Fay jouxtant les terres de Craches détenues par Robertus Chalmont et son fils Amauricus, délimitées par le chemin de Bonnelles aux Molières … Parmi les personnes présentes citons Ricardus de Molleriis.

En 1203, une donation de terre à Pecqueuse, fait mention du chemin de Bonnelle aux Molières. Citons également pour terminer avec ces religieux la donation en 1215, par Ragildanus des Troux de marnierae juxta viam quae ducit ad Molerias.

Nous arrivons en 1224, Jehan de Soysel, échange avec le prieur de Saint-Paul-des-Aunaies, 5 sous de cens qu'il avait sur la bourgeoisie d'Etienne Garnier à Chevreuse contre une masure assise aux Mollières.

Les Molières au XIVe siècle

En 1316, au mois de mai, Renaud de Soisey, sire de Molières, chevalier, ratifie l'acquisition faite par l'abbaye des Vaux de Cernay d'un mui de grain de rente chacun an, en la maison de Crèches. On est en droit de penser que les “de Soisey” sont seigneurs des Molières depuis un siècle.

Le Pouillé de la province de Sens cite en 1352, la paroisse des Molières avec un curé. Nous apprenons que les taxes dues au monastère Saint-Florent de Saumur et les bénéfices distribués à ce curé sont du même ordre que ceux alloués pour la paroisse de Marcoussis.

Guillaume Despréaux, seigneur de Marcoussis, fait l'aveu de sa seigneurie en 1367, il déclare les deux parts (2/3) de 80 arpents appelés “le bois des Molières”, dont la tierce partie appartient à Messire Pierre de Craon seigneur de Gometz-le-Chastel. Ces bois que l'on imagine aux Molières n'en font pas partie. C'est dans un registre du Comté de Limours appartenant à la comtesse de Brionne, que ces bois sont cités et appelés les bois de la Brosse, “anciennement des Mollières”, et situés entre Saint-Jean-de-Beauregard, le hameau de la Brosse et le fief de Thuilières, séparés par un ruisseau… donc oublions cette mention des Molières. Cet aveu est réitéré par Jehanne Pizdoé en 1386. Nous sommes pendant la guerre de Cent Ans et la région souffre énormément.

Un aveu important pour la région est rendu en 1372 au seigneur de Chevreuse: De vous mon redoubté seigneur, monseigneur de Chevreuse, advoue tenir de vous à trois foys et trois hommaiges liges tieulx comme les fiefs le doibvent, Monsieur Symon de la Queue, chevalier, seigneur de Soyse (Choisel), au nom et à cause de Perrenelle, sa femme jadis fille et héritière seulle et pout le tout de feu monseigneur Ferry de Denisy, jadis seigneur dudit lieu de Soyse, les héritaiges et possessions qui cy après sont divisées: - premièrement lhostel dudit lieu de Soyse et les jardins aunaies et viviers, 106 arpents de terres 12 de prés, 44 de bois… et un fief de 8 arpents à Herbouvilliers… - … des biens ne nous intéressant pas… - item ung aultre hostel assis à Beuvillier que tient Jehan du Plessis avec les boys et terres appartenant à icelluy hostel, - item l'hostel des Molières que tient Huguelin Chauvel, et une pièce de bois derrière ledit hostel, - item les hôtels de Méridon et de la Boissière tenus par Jehan de Méridon. La masure de 1224 est-elle devenue un hôtel, n'allons pas jusque là et notons que le seigneur de Choisel est suzerain du lieu.

Vingt ans après, un changement est intervenu, un bourgeois de Paris, Hugues Arrode, tient de noble homme Loys seigneur de Chevreuse, la moitié de la salle de l'hôtel dudit Hugues aux Mollières les Chevreuses jusqu'au reg d'un pillier aboutissant au coin de la chambre neufve en venant droit au regard du colombier, la cour et les jardins de dessus icelle cour les jardins ainsy comme ils se comportent depuis le regard du colombier jusqu'au regard du chemin du petit estang et environ 28 arpens de boys en une pièce tenant aux hoirs de feu Jehan de Puiseaulx et aux jardins dicelluy hostel et si plus y en avoit plus en advoua..

Cet acte est le premier qui met en évidence la division de l'hôtel des Molières. Le seigneur de Choisel a été remplacé par celui de Chevreuse et pour la moitié des droits!

Les Claustre seigneurs des Molières

À la sortie des troubles de la guerre de Cent Ans, trouvé dans le sac de Gommez le Chastel appartenant à Monseigneur l'amiral de Graville, seigneur de ce lieu, Barthélemy Claustre, conseiller du roy nostre sire en sa cour de parlement seigneur dudit Claustre, tient à une foy & hommage de noble home Monseigneur de Graville de Marcoussis et de Gometz, chevalier et chambellan de monseigneur le dauphin à cause du chastel & chatellenie de Gommetz les choses qui ensuivent: - partie de la salle de mon hostel estant au lieu de Molières jusques au rez du pillier de icelle salle, la chambre neuve quy est en venant dudit hostel vers le colombier d'icellui lieu, une granche, court, estables & jardin, aboutissant d'un costé audit colombier que estables aboutissant au petit estang dudit lieu: - avecq la justice dudit Molières, - le bois dit le Genestoy comportant seize arpens de terre en une pièce , - une pièce de terre sur Quipepoix contenant 27 arpents, - plusieurs autres pièces de terre, - 8 livres de menus cens portant ventes saisines amendes … rouage forage, ung arpen de pré, - item le fief de Grignon avec ung hostel - l'arrière fief de Gissy devant Grignon, avec 120 arpents de terres arables en une pièce tenant au chemin de Chevreuse à Bonnelles, … - item un arrière fief avec lostel de Gissy à Grignon, avec grant quantité de terre, … - item lhostel du Fay, avec 80 arpens de pré en une pièce appartenant audit hostel, - item un fief appelé Quiquepoix auquel fief appartient l'hostel si come il se comporte avec le coulombier, les jardins de derrière. contenant quatre arpents avec un arpen de pré et plusieurs pièces de terre.

Le deuxième suzerain est maintenant connu, il s'agit du seigneur de Gometz en l'occurrence Jehan de Graville. Nous sommes alors en 1449. La chronique sur les seigneurs de Gometz nous avait appris que Jehan de Montagu en était devenu seigneur entre 1407 et 1408. Sept ans après, le même Barthélemy Claustre, présente ses hommages à Messire Jehan de Graville, seigneur de Marcoussis (fils du précédent), pour son fief assis aux Mollières, tenu et mouvant de la seigneurie de Gomez-le-Chastel .

En 1467, une visite de l'église Sainte Marie Madeleine des Mollières est faite par le vicaire Jean Mouchard assisté de son secrétaire Louis Penyot sous l'autorité de Jean de Courcelles, archidiacre de cette partie du diocèse de Paris, qui portait autrefois le nom de Josas. Voici son récit: Le curé réside à Paris. Le curé de Chevreuse dessert et administre les sacrements. Il y a trois paroissiens. Les objets sacrés sont en bon ordre et entiers, il n'y a pas d'hosties consacrées ni d'autres sacrements. La pierre des fonts baptismaux est entière et en bon état, mais il n'y a pas d'eau bénite. Il n'y a pas de marguilliers. Le procès-verbal de visite est fait en présence du curé de Chevreuse et de Stéphane le Rabateur, paroissien de ce lieu qui se plaint que quelqu'un a coupé du bois dans cette église, et qu'il est parti avant de rétablir les lieux en emportant son larcin. Denis le Pelletier, paroissien de cet endroit, ou bien sa famille, est même suspecté d'avoir habité l'église avant de partir de ce lieu; et l'on trouve de toute part leur impudence et ce qu'ils ont brisé avant de se sauver (1). On voit ainsi les conséquences de la guerre de Cent ans. Trois familles représentent donc la totalité de la paroisse et une quatrième a utilisé l'église et y a vécu!

L'année suivante nos religieux reviennent aux Molières: Il y a quatre paroissiens. Le curé maître André Marchant, neveu de maître Barthélemy du Cloistre, demeure à Paris. Dom Jean Révèrent, chapelain de l'abbaye de Gif, dessert de quinzaine en quinzaine. Le Corps du Christ n'existe pas dans cette église. Il n'y a pas d'eau dans les fonts baptismaux. L'huile sainte usagée est placée dans une ampoule d'étain. Le Saint Chrême et l'huile sainte sont très anciens et ne sont pas enfermés sous clé, mais sont posés près de la petite fenêtre à coté de l'autel. Reginald Mesnil encombre ladite église avec de nombreux grains mais également Jean le Peletier. Anatole le Peletier collecte les dîmes annuellement au nom du curé. Le procès-verbal a été écrit en présence du chapelain de Chevreuse (1). Depuis un an, une autre famille est revenue aux Molières. La famille Claustre, retranscrite “Cloistre” par le religieux, est maître des lieux, même de l'église! Notons un curé pour quatre familles!

La confirmation de l'hôtel seigneurial des Molières coupé en deux est faite en 1507. Le baron de Chevreuse, rend l'aveu de sa seigneurie en faisant “ la chevauchée dicelle” à commencer au coin de Courcelles, montant amont, laissant à main gauche les châtellenies de Chateaufort, Saint Clair, et la baronnie de Chevreuse à main droite, allant aux cinq ormes, droit aux Mollières passant par la grande salle, laissant Montabé, qui est de ladite baronnie à main droite, …

Généalogie des seigneurs des Molières

Examinons la généalogie ci-dessus, la famille Claustre règnera sur les Molières depuis la fin de la Guerre de Cent Ans, jusqu'aux années 1560. Cette affirmation va se vérifier au fil des actes qui vont suivre.

En 1510, un aveu est rendu par Jean Claustre, chevecier et chanoine de Chartres, seigneur des Mollières à Guillaume de Presles dit Pichot écuyer seigneur de Belleville pour raison de la terre d'Armenon, petit et grand, contenant maison, fosse à poissons et 80 arpens de terres. Cet acte concernant Armenon nous apprend que la famille Claustre est toujours dominante et possède le fief des Molières.

Le même, en 1527, se rend à Marcoussis pour entériner un aveu d'un lieu situé au sud d'Arpajon: noble homme et discrette personne Jehan Claustre, prestre chanoine chevessier en l'église Notre-Dame de Chartres, seigneur d'Amblainvilliers et de la Baste aux Charmeaux reçoit l'aveu de Regnault de la Villeneufve, seigneur de Bouville, pour son fief de la grant Baste, eschu par le trespas de feu Robert de la Villeneufve son père…

Les Molières aux Boucher

Dans un registre de 1537, citons la présence de Jehan Boucher, chantre de Notre-Dame de Chartres, sieur des Molières et de la Baste et également Guillaume Boucher seigneur de Limours. L'année suivante, le procureur de Jehan Boucher et de Jehan de Fontaines rend l'aveu des Grand et Petit Armenon à Gilles de Presles, seigneur de Belleville.

Généalogie simplifiée de la famille Boucher (3).

La vie continue aux Molières, Catherine Langlois dans un titre nouvel déclare ses biens aux Molières. Elle doit payer 11 sols de rente à mondit seigneur des Mollières.

En 1540, Jehan Janvier, prêtre curé des Molières, y demeurant, fait une donation à François Chavenon, escholier estudiant en l'université de Paris, de rentes et de terres au Pommeret prez de Limours.

Trois ans après, une autre donation est faite par Regnault Delalande, menuisier à Armenon, résidant à Paris en l'hôtel de Jean-Thomas Cordier, rue et près la porte Saint Denis, et Marion Donde sa femme, à Vincent Delalande, escholier en l'université de Paris, leur fils, de leurs droits sur la succession de Mathurin Delalande laboureur et Guillemine Dalleron, père et mère de Regnault, et de Charles Donde, faiseur de meules à moulin, père de Marion. Cette simple phrase confirme l'extraction de pierres aux Molières et leur mise en oeuvre pour faire des meules de moulin.

En 1545, Michel Laudeman, boulanger demeurant aux Molières prez Chevreuse confesse qu'il tient des héritiers de feu Jehan Lepelletier, en son vivant charron demeurant audit lieu, déclare qu'il est détenteur et propriétaire d'une maison court jardin audit lieu avec sept arpens de terre appartenances de ladite maison assis en la paroisse des Mollières au lieudit la Roche, tenant de part et d'autre aux hoirs de feu Nicolas Lepelletier, d'un bout au chemin qui va de Chaumusson à Pecqueuse, en la censive du seigneur des Mollières, sur lesquels une rente… On retrouve ainsi les Lepelletier du siècle précédent.

La même année, un bail à moisson de grains (pour 6 ans) est consenti par Guillaume Guillot, laboureur demeurant aux Mollières, en son nom, et comme tuteur & curateur de Pierre Guillot, fils mineur de feu Guillaume Guillot, le jeune, en son vivant demeurant au Fay, paroisse des Mollières, et de feue Parrette (Perrette) Ladnière, à Guillaume Roux, laboureur au Fay, la quantité de 10 arpents de terre en la paroisse de Pecqueuze (Pecqueuse)(2).

L'année suivante nous ramène à Chartres, cette fois c'est Jehan Boucher, chantre et chanoine en l'église Notre-Dame de Chartres, qui fait une donation à Catherine d'Angervillier, demeurant à Chartres, en récompense de ses services, d'une rente viagère d'un muid de blé sur la seigneurie des Molières, rachetable moyennant 100 escus d'or. Le religieux, seigneur des Molières, sent sa fin proche et récompense sa servante.

En 1546, Marguerite Boucher, soeur du seigneur des Molières, veuve de son mari Jehan de Fontaines, fait une donation à son fils aîné Jacques, des droits lui revenant de la succession de sa mère Marguerite et de ses aïeux Barthélemy Claustre et Jeanne Marchant. Ceci est fait en considération de plusieurs et agréables services et sollycitations que ledit maistre Jacques de Fontaynes luy a rendu depuis le temps et espace de neuf ans en ses négoces et affaires. Cette donation est ratifiée par Jehan, chanoine en l'église de Chartres, Pierre, Madeleine et Michelle de Fontaines, frères et soeurs du donataire. Ce document éclaircit finalement la présence des Claustre aux Molières depuis un siècle.

En 1550, Jehan Rousseau praticien en court-laye demeurant à Briis donne de façon irrévocable entre vifs à André Labbé son cousin, marchand laboureur demeurant à Thuillières paroisse de Janvris, présent & acceptant, des biens aux Molières … Malheureusement aucune précision n'est fournie sur les lieux.

La même année, Robert Feucher, laboureur demeurant à Quincampoix paroisse des Molières, et Marie Auger sa femme, font une donation à Guillaume Guérinot, escholier estudiant en l'université de Paris, leur beau-frère et frère,du droit de douaire de Marie Auger sur les biens de son premier mari.

L'année 1551, la dame des Molières décide de récompenser ses enfants préférés. Elle fait rédiger deux actes: - Marguerite Boucher, veufve de Jehan de Fontaynes, conseiller du roy et auditeur en sa chambre des comptes ayant hérité de noble et discrète personne Jehan Boucher, chantre et chanoine de Chartres et curé de Montfort Lamaury, son frère, cedde et transporte à Nicolas de Fontaynes son fils escollier en l'université de Paris, absent, l'héritage de son oncle, … en raison de la bonne et vraye amour maternelle qu'elle donne à sondit fils escollier … - Noble damoiselle Marguerite Boucher, …confesse avoir ceddé … en pur vray don, irrévocable faict entre vifs à toujours, à maistre Jacques de Fontaines advocat en la court de parlement son fils, présent et acceptant,les droits rescisoires que icelle damoiselle avoit des successions de feu Jehan Boucher et Marguerite Claustre, père et mère dicelle Marguerite,… Cette cession et transport faicts pour la bonne et vraye amour maternelle que icelle …

En août, on retrouve Jehan Boucher, chanoine à Chartes, qui participe à la rédaction d'un marché de travaux d'enluminures pour l'église N-D de Chartres. Ce sera sans doute sa dernière contribution à sa vie religieuse.

Nous arrivons au début de l'année 1552, Pierre Chenevière, marchand mercier demeurant aux Mollières, se faisant fort de Jacquette Bardet sa femme, confesse avoir vendu un quartier de terre … en la censive de la demoiselle des Molières, la vente faicte moyennany 9 lt et également à la charge par ledit acheteur de faire dire une messe basse à l'intention dudit vendeur en l'église des Molières. Suit un second acte où Loys Chedon, marchand de layne, demeurant aux Mollières et Catherine Leger sa femme, font eschange et permutations avec Martin Joigny… les terres proches de la ferme de Quiquenpoix sont en censive de la damoiselle des Mollières. Bien que nous n'ayons pas trouvé le document, il est évident que Jehan Boucher est décédé et que sa soeur, veuve est devenue la dame des Molières.

Au mois d'août, Marguerite Boucher, dame des Molières rend l'aveu d'Armenon. Puis en décembre Pierre de Fontaines, advocat en la court, au nom de damoiselle Marguerite Boucher, veufve de feu Jehan de Fontaines , dame des Molières, présente l'hommage de la seigneurie des Molières eschues par la succession mort et trespas de deffunt noble homme Jehan Boucher son frère en son vivant chantre chanoine de l'église de Chartres et sieur des Molières, mouvant et tenu en fief de Monseigneur à cause de son chastel de Chevreuse. Cet acte confirme la supposition précédente, le fils aîné agit pour sa mère.

Aux archives de Limours, on retrouve la foy et hommage des fiefs des Molières et de Soligny présenté à Thomas de Balsac, seigneur de Saint-Clair de Gometz en 1556. Il ne s'agit pas de l'acte mais de son intitulé qui ne mentionne pas le nom du seigneur des Molières. Cette référence est utilisée pour argumenter sur la seigneurie de Gometz dont le détenteur est, à cette époque, Thomas de Balsac.

En 1558, un acte original est conclu entre deux religieux, noble et scientifique personne messire Jehan de cinq arbres, lecteur es lettres hébeaïques et Chaldiques en l'université de Paris, prieur commandataire du prieuré Saint Clerc de Gometz le Chastel, et présentateur à cause de son prieuré à la cure de Sainte-Marie-Madeleine des Mollières, prez de Chevreuse, confesse avoir baillé à tiltre de ferme, jusqu'à ung an, à messire Pierre Bonnel, prestre, demeurant aux Mollières tous les droits proffits revenus et esmolumens appartenant à ladite cure… moyennant le prix et somme de 70 lt

Du côté religieux, un acte classique entre confrères, François de Dampmartin curé de l'église Sainte-Marie-Madeleine des Molières, demeurant à Paris, baille pour 4 années à Pierre Bouvecier, vicaire aux Molières, le revenu de la cure des Molières moyennant 180 livres par chacun an. Nous sommes en 1559.

L'année 1560 voit l'achat par noble dame Guillemette Hotman de la seigneurie de Bévilliers à Choisel. Dans cette acquisition figure le fief de Quincampoix aux Molières et comme à l'accoutumée, la nouvelle dame de Bévilliers se transporte à Paris en la maison de Marguerite Leboucher, rue de la Verrerie, à laquelle elle est venue pour porter les foy hommages et serment de fidélité, qu'elle estoit tenue en partie en raison du fief de Quincampoix, à ladite appartenant au moyen de l'acquisition par eschange qu'elle a fait le 31 may de Nicolas Lebouracher et sa femme, se portant fort de Jehanne de la Coschonnerye … tenu en foy et hommage de ladite Boucher à cause de sa seigneurie des Molières et outre icelle Hotman a offer de payer la somme de 100 sols tournois.

Les Molières aux Fontaines

Passons sur un nouvel hommage d'Armenon en 1561, qui est passé par Jacques de Fontaines, fils de la dame des Molières. L'aîné de la famille est-il devenu seigneur des Molières, nous ne pouvons l'affirmer. Le document n'est pas l'acte proprement dit, mais une citation utilisée dans un registre du XVIIIe siècle.

La même année, Jehan Chantelou le jeune, marchand demeurant à Notre Dame des Champs les Paris, transporte à Guillaume Dupont, aussi marchand & laboureur demeurant aux Molières près Chevreuse, la ferme du vin vendu en gros, venant du village de Saint Rémy, appartenant au cédant pour ladite année par messire les esleuz de Paris, ce transport fait moyennant 10 lt.

Début 1562, deux marchands demeurant aux Molières font également des échanges, il s'agit de Marin Seguy, marchand laboureur et de Thomas Garsay, passons sur le détail relevons que les biens échangés sont en censive des sieurs des Molières.

La même année, Guillaume Landemaine, demeurant à Montlhéry, en la paroisse St-Merry de Linas (sic), ratifie la vente faite par Jehan Landemaine, son frère, demeurant à Chastres (Arpajon), de la moitié de 60 perches de bois aux Mollières, à Pierre Landemaine, marchand hôtelier aux Mollières. Cette vente est passée devant Fabien Labbé, commis du tabellion de Saint-Clerc (Gommetz-le-Châtel).

En fin d'année, la famille Roger fait des échanges: Jehan Roger; marchand demeurant au Fay, d'une part, et vénérable et dicrette personne Messire Fabien Roger, prestre, demeurant audit lieu des Mollières, d'autre part, lesquelles parties font les eschanges et permutations qui ensuivent: - Jehan Roger cède ung arpen de terre assis au chantier nommé Maupdit tenant … en censive du sieur des Mollières… Messire Fabien Roger cède deulx arpens en deux pièces … le demy arpen en censive du sieur des Mollières … Un second acte suit où ledit Messire Fabien Roger vend ledit arpen cédé à Michel Roger, laboureur demeurant aux Mollières, en censive du sieur des Mollières, moyennant la somme de 46 lt…

En 1564, la seigneurie des Molières est partagée entre six héritiers. Nous n'avons pas retrouvé la succession de Marguerite Boucher, mais il est évident qu'un changement est intervenu aux Molières. En effet durant l'année 1564, Guillemette Hotman, dame de Quincampoix va trouver les nouveaux seigneurs des Molières: - Pierre de Fontaines, chanoine à qui elle présente foy et hommage pour un sixième de la seigneurie des Molières, - Jacques de Fontaines, pour raison du fief de Quincampoix, également pour un sixième, - enfin Nicolas de Fontaines, sieur des Mollières, pour un sixième de ladite terre et seigneurie. Ces informations sont sommaires et proviennent d'intitulés.

Le dernier document de cette chronique est un titre nouvel passé par Jehanne Duval, veuve Nicolas Faulcon, demeurant aux Mollières déclarant qu'elle est detemptresse et propriéteresse d'un quartier de terre sur lequel est assis une maison de fond en comble couverte de chaulme, cour et jardin, tenant à Michel Roger, d'autre à Nicolas Gohier, en la censive du sieur des Molières, sur laquelle messire Charles Roger, prestre habitué à Chevreuse, a droit de prendre 8 sols parisis de rente.

Ces énumérations paraissent fastidieuses, néanmoins elles permettent par leurs détails de retracer la vie de cette paroisse, qui à cette époque comprend des marchands, laboureurs, boulanger, mercier, hôtelier; ces derniers, lorsqu'ils sont aisés, envoient leur progéniture étudier à Paris.

À suivre…

Notes

(1) Traduction latine par Christian Julien.

(2) Informations provenant des recherches de Pascal Herbert.

(3) Généalogie extraite de “ Famille Boucher (d'Orsay)” par Etienne Patou.

dagnot/chronique29.02.txt · Dernière modification: 2020/11/12 03:20 de bg