Corpus Essonnien

Histoire et patrimoine du département de l'Essonne

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Le fief de Courtabeuf (1) (1150-1556)

Chronique du Vieux Marcoussy –Marcoussis————— _——————————_- —- Juin 2009

Extrait de la carte de Cassini (XVIIIe siècle).

JP. Dagnot

C. Julien

Cette chronique présente le fief de Courtabeuf (ou Courtabœuf) qui était situé sur les paroisses d'Orsay et de Villejust. De nos jours, ce lieu est au coeur du parc d'activité ou espace de développement de Courtabeuf, réparti sur les communes de Villebon-sur-Yvette, Villejust et les Ulis.

Le toponyme

Le mot « cortis » est ancien dans la langue latine dont le sens primitif a donné en vieux français, le mot « cors », puis en moderne « cour » ne désignait plus seulement la cour de ferme, mais le “ domaine rural ” en entier, et devient synonyme de « villa », c'est-à-dire l'exploitation agricole. Le grand médiéviste Auguste Longnon a écrit « …ainsi au VIe siècle, les termes fundus, praedium, ager, villa, cortis étaient synonymes, et c'est au sens de domaine rural que cortis figure en de nombreux noms de lieu composés de l'époque mérovingienne ». La forme romane a évolué en « court » et même en « curt ». Quelquefois, le mot cortis est combiné avec un nom propre d'origine germanique. S'il figure en tête de d'un nom de lieu de deux ou trois syllabes, sa forme romane est susceptible d'altérations. Courtabœuf n'échappe pas à cette règle où le « a » est employé comme voyelle de liaison (1).

Plusieurs actes d'allégeance nous montrent qu'à Courtabœuf « il existoit anciennement sous ce nom deux fiefs » : - l'un relevant du roy à cause de sa tour de Montlhéry, - l'autre duquel dépend le château de Courtabeuf est mouvant des dames de Saint-Cyr, à cause de leur baronnie de Magny-Lissard, unie au château de Chevreuse.

Ces lieux ont existé à partir d'une époque que nous allons découvrir par la suite. Pour les lecteurs qui visiteront ces endroits : le petit Courtabeuf « côté Bricorama », et l'ancien château de Courtabeuf avec ses douves qui existent encore en partie « côté Macif ».

Extrait d'un acte du XVIIIe siècle

Le fief, le plus anciennement connu par les titres, est celui mouvant du comté de Montlhéry, consistant anciennement en un beau corps de ferme avec 230 arpents et 90 autres mouvant de Saint-Éloy de Longjumeau.

Les anciens documents

Revenons un moment au XIIe siècle, quand le nom de Courtabœuf apparaît dans le cartulaire du prieuré de Longpont. Vers 1150-1200, le prieur de ce couvent fait savoir que le seigneur nommé Pierre de Monstrel (ou Pierre de Montreuil) « domnus Petrus defunctus, de Monstressis » donne toute sa part de dîme de Courtabœuf , tant la dîme de charnage [c'est-à-dire la dîme des agneaux], que celle de lin, de chanvre et celle du reste « totam minutam decimam suam de Curtebuf, scilicet de agnis, de lino, de canva et sic de ceteris ». Ce legs, qui sera reçu à la mort du chevalier pour le repos de son âme, est fait par Élisabeth, sa femme, et par ses fils Amauric et Guillermot « Elizabeth, uxor ejus, et ipso pro illo, et Amauricus et Guillermus, filii ejus ». Les témoins de ce don furent Guillermot de Linteis et Anselme, son fils (charte CCLXXXVI). Encore une fois, nous assistons au transport de dîmes inféodées. Nous sommes en droit de penser que Pierre de Montreuil était le seigneur du lieu dont les ancêtres avaient confisqué jadis le droit dîmier à l'Église.

Dans les titres de la collégiale saint-Médéric de Linas, nous trouvons un acte daté de 1240. ce sont les lettres de Raymond, archidiacre de Paris, faisant connaître que Jean, dit « Bouet de Couterbof », écuyer, et « Alipdis », sa femme, ayant acquis pendant leur mariage le cens et la dîme de blé et du vin « in territorio de Capremonte », et ledit Jean ayant constitué ses exécuteurs testamentaires Guillaume de Leuville, « de Lunvilla » et André de Chouanville, « de Chevanvilla », chevaliers, ces derniers vendent au Chapitre lesdits biens du défunt pour la prébende de Jean « de Salicibus ». Fidéjusseurs : Guillaume de Leuville, André de Chouanville, Pierre de Guillerville, chevaliers et Barthélemy de La Roue , « de Rota », écuyer.

Dans une lettre datée du mois de décembre 1248, l'official parisien reconnaît que l'abbé et le couvent cistercien des Vaux de Cernay « abbati et conventui Vallium Sarnaii » reçoivent du chevalier Pierre de Brueria la dîme et le champart d'une terre appelée Fromengiis, située entre Villehier et Courtabeuf « decima et campiparte terrarum de Fromengiis, sitarum inter Villeher et Cortabeuf ». De plus il est question d'un marais près du chemin de Villehier.

Courtabœuf à la fin du Moyen Âge

En 1382, Philippe de Levis, seigneur de Magny, baille à ferme « à toujours et jamais », à Jacques Gervaise demeurant à Courtabeuf pour luy et ses hoirs annuellement et perpétuellement, l'héritage, terre, cens, droitures, champart, amendes et autres proffits que soulloient tenir en fief des prédécesseurs du seigneur de Magny, comme l'on disoit Pierre Lebègue au temps qu'il vivoit au terroir de Courtabeuf, et que par deffaut d'hommes tenant d'un costé icelle terres et héritages à femme Jeanne, veuve de Robert de Machecourt, de l'autre costé à Adam Lebrun, d'un bout au prieur de Sainte-Catherine des Escoliers moyennant un muid de blé et un autre d'avoine.

En 1399, Jacques Lebrun, écuyer, seigneur de Palaiseau, fils d'Adam Lebrun rend foy et hommage au Roi. Cet acte est donné par un extrait de copies présentées par Parrain lors de son procès avec Josias de Rouen : « en hommage fait par Jacques Lebrun pour Courtabeuf; présenté aux gens de la Chambre des Comptes et au prévost de Montlhéry; Jacques Lebrun, escuier, nous a fait aujourd'hui son foy et hommage de sa terre de Courtabeuf mouvant de nous à cause de notre chastel de Montlhéry » (2).

Un aveu et dénombrement est fourni à la Chambre des Comptes le 20 juillet 1400 par Guillaume de Harville, échanson du roy, pour sa terre et seigneurie de Courtabeuf mouvante du roy à cause de son châtel de Montlhéry, consistant en ce qui suit : 1°) Premièrement une maison, cour et jardin et autres hébergements contenant en tout 4 arpents avec colombier à pied, jardin et fosse à poissons. Item, une pièce de terre tenant audit jardin, contenant 45 arpents environ. Item, 72 arpents de terre en sept pièces. Item, 4 livres de menus cens dépendants dudit fief et qui peuvent valoir 9 livres . Item, certains champarts de 112 gerbes qui peuvent valoir environ 4 muids de bled et de présent ne valant qu'un muid. Item les menus cens, censives et amandes, forage qui peuvent valoir 60 sols.

En 1402, un autre aveu est donné au roy par Guillaume de Harville, écuyer, eschanson du roy de sa terre et seigneurie de Courtabeuf, mouvant de Montlhéry, à cause de sa femme Jehanne Lebrun, fille de feu messire Adam Lebrun, jadis chevalier seigneur de Paloisel, « duquel fief je tiens à cause d'elle la déclaration qui ensuit » : - une maison cour et jardin avec hébergement contenant quatre arpents de terre, - item en ladite cour un coulombier à pied, - item en les jardins une fosse à poisson, - 137 arpents de terre en plusieurs pièces, 4 livres de cens, 4 muids de bled et qui ne valent que environ un muy ( apparemment suite à la guerre de Cent ans).

Une copie de trois aveux mentionne celui-ci, à cause du chastel de Montlhéry. Mentionnons les pièces de terre : - 45 arpents tenant au chemin de Courtabeuf à Villejust, - 50 arpents tenant au chantier de l'Orme couronné.

Ainsi, nous apprenons que la terre et principal fief de Courtabeuf mouvant de Montlhéry est un arrière-fief de la seigneurie de Palaiseau et, au début du XVe siècle, était dans les mains des Harville, ancienne famille beauceronne.

Pendant la même période, nous trouvons des actes relatifs au fief de Courtabœuf relevant du prieuré Saint-Éloy de Longjumeau : • une déclaration du XIVe siècle concerne les fiefs de la Taupinière et du Colombier. • des aveux et dénombrements de ces fiefs par Jean de Mignonville (écrit ailleurs Meignonville et Meignanville), écuyer, à cause d'Agnès de Puiseux, sa femme, fille de feu Thibault de Puiseux, sont établis les 29 avril 1398 et 1er octobre 1401. • le 1er septembre 1406, Jean Sassier, teinturier, bourgeois de Paris, avoue tenir en foi et hommage du prieur de Saint-Éloi cinq arpents de terre au terroir de Courtabeuf en la paroisse de Villejust près de Palaiseau, qui jadis furent à Jean l'Arbalestrier, depuis à feu Jean Lore, et dernièrement à son fils Simon Lore. • le 20 mai 1409, un aveu des fiefs de la Taupinière et du Colombier est donné par Raimond Raguier, clerc du Roi en sa chambre aux deniers.

Le fief Courtabœuf aux Guillaume de Harville

Guillaume II de Harville, seigneur de Chauhaudry et des Bordes, échanson du roi, était devenu seigneur de Palaiseau et de Nainville du chef de son épouse Jeanne Lebrun, fille d'Adam Lebrun, sœur et héritière de Jacques Lebrun. Guillaume est l'un des rares seigneurs d'Île-de-France qui resta fidèle au roi Charles VI, mais paya de sa vie cette fidélité en trouvant la mort lors de la bataille d'Azincourt en 1415. Après la mort de Jacques Lebrun, son oncle maternel tué aussi à la bataille d'Azincourt, Guillaume III de Harville devint seigneur de Palaiseau. Il épousa, en 1436, Anne de Coustes qui lui donna neuf enfants dont Fiacre de Harville et Jehanne de Harville, qui épousa Pierre de Meauze (3).

En 1456, les cens communs à Courtabeuf sont reçu par le seigneur de Magny et Robert de Machecourt, escuier. Il est fait mention de plusieurs censitaires dont : Pierre Millard, Alain Sextier, …, Perrin Vaularron et son frère Oudin, Louis de Mer.

Plusieurs actes de foy et hommage sont donnés au roi Louis XI qui vient de s'asseoir sur le trône de France depuis le 22 juillet 1461. Selon la coutume, tous les vassaux doivent présenter leurs devoirs de fidélité dans les quarante jours de la prise de pouvoir du suzerain. Le 3 septembre 1461, Guillaume III de Harville, écuyer, rend foy et hommage dans les mains du chancelier pour son fief de Courtabeuf, son fiefs de Brouville, ce dernier mouvant de Château-Landon, et du fief de Vatimesnil, mouvant de Gisors.

Un contentieux commença le 25 septembre 1488 pour la possession d'une terre de cinq arpents à Courtabœuf. « En la plaidoirie sur un jugement devant nous au Chastelet de Paris entre Jehan Gervaise dit le maistre et noble homme Guy de Louys seigneur de Marly-le-Chastel et de Courtabeuf, d'une part et noble homme Pierre de Meauze, escuier soit disant seigneur de Courtabeuf et pannetier du roy d'autre part, pour raison de la requeste faite ». La sentence rendue au Châtelet de Paris maintient les sieurs Jean Gervaise et Guy de Louys, seigneur de Marly et de Courtabeuf, en possession des cinq arpents.

La succession de Guillaume III de Harville fut très compliquée. Dans un premier temps, Les trois frères Esprit, Fiacre et Mathurin de Harville restent dans l'indivision qui cesse en 1484. Pierre de Meauze (ou Meaucé) reçoit la moitié du fief de Courtabœuf du chef de sa femme Jeanne de Harville dite la jeune.

Le fief de Courtabœuf à Fiacre de Harville

L'autre moitié reste dans les mains de Fiacre de Harville, l'aîné de la famille, qui décèdera beaucoup plus tard en 1530. Plusieurs actes concernent le fief de Courtabœuf, relevant de Montlhéry : • le 5 octobre 1516, un paiement est fait par Fiacre de Harville à Pierre Hardy, huissier des Requêtes de l'Hôtel, et à sa femme Jeanne, auparavant femme de Jean Reliant, mère et tutrice de son fils Jean Rollant, âgé de dix-neuf ans, qui lui ont vendu 20 livres tournois de rente sur les terres et seigneuries de Courtabeuf et « Grandivilliers ». • des lettres de souffrance sont accordées le 22 juillet1531 aux fils mineurs de Fiacre de Harville pour la foy et hommage de la terre et seigneurie de Palaiseau, qui relève du Roi à cause de son Châtelet de Paris, et pour la moitié du fief de Courtabeuf, qui relève du Roi à cause de son château de Montlhéry. • une sentence qui maintient Henri Picquet en jouissance locative de terres acquises par Jean de Harville en 1530 est rendue le 17 octobre 1534. • une sentence de partage de cinq arpents de bois, quatre arpents de pré, et des censives de Courtabeuf entre les enfants de Fiacre de Harville et Girault de Labadie et Jacqueline de Meaucé, sa femme est rendue le 9 août 1535.

D'autres actes concernent le fief de Courtabœuf , relevant du prieuré Saint-Éloy : • une quittance de 6 1. t. est donné à Fiacre de Harville par Jean Lecort, prieur de Saint-Eloi, le 12 janvier 1492 [1493]. • le 30 juillet 1506, Raimond Boucher, avocat en parlement, offre à Fiacre de Harville, qui a le droit des religieux de Saint-Éloi, de lui faire la foi et hommage du fief du Colombier. • le 5 juillet 1528, une transaction entre Fiacre de Harville et « maistre Nicole de Vesze, conseiller du Roy en sa court de parlement, prieur commendataire du prieuré conventuel de Saint-Éloy de Longjumel du Val des Escolliers soubz la règle monseigneur sainct Augustin, frères Pierre Lemarie, Nicolle Picot et Jehan Joubert, tous religieux faisans et représentans le convent dudict prieur », laquelle transaction porte à 30 livres la rente de 20 livres convenue par l'accord de 1524, etc.

Le fief de Courtabœuf aux Meauze

n contentieux commença le 25 septembre 1488 pour la possession d'une terre de cinq arpents à Courtabœuf. « En la plaidoirie sur un jugement devant nous au Chastelet de Paris entre Jehan Gervaise dit le maistre et noble homme Guy de Louys seigneur de Marly-le-Chastel et de Courtabeuf, d'une part et noble homme Pierre de Meauze, escuier soit disant seigneur de Courtabeuf et pannetier du roy d'autre part, pour raison de la requeste faite ». La sentence rendue au Châtelet de Paris maintient les sieurs Jean Gervaise et Guy de Louys, seigneur de Marly et de Courtabeuf, en possession des cinq arpents.

En 1498, la foy et hommage pour les fief, terre et seigneurie de Courtabeuf rendu au roi par Guillaume de Meauze écuyer. La copie de l'acte présenté dans le procès Parrain Rouen mentionne : « Louis, par la grâce de dieu, devant les gens de la chambre des comptes, Guillaume de Meauze escuier a fait foy et hommage du fief, terre et seigneurie de Courtabeuf, mouvant du chasteau de Montlhéry ». L'acte ne présente pas d'autre indication.

Une sentence rendue au Châtelet de Paris fait main-levée à Pierre Meauze, seigneur de Courtabeuf de la justice moyenne et basse ; saisie faite par le procureur du roy de Montlhéry.

Aux environs de l'an 1500, le fief d'une contenance de 230 arpents appartenait à Pierre de Meauze et Jeanne de Harville, qui moururent peu de temps après, le laissant à partager entre Guillaume, Jacqueline et Anne de Meauze, leurs enfants. Le 29 novembre 1501, devant Carrefour et Vabet, notaires au Châtelet, un échange a lieu entre noble homme Jean de Ganay, seigneur de Persan, et Antoine de Gottelas, procureur de Gabriel de Lévy, seigneur de Marly et Magny , de la part et portion audit Lévy appartenant de la seigneurie de Courtabeuf avec ses droits et appartenances, en contre échange de la terre d'Arpenty.

Le 2 mars 1508 est la date d'un mémoire du fief de 90 arpents en censive de Saint-Éloy (40 arpents pour le prince de Condé, 50 arpents pour le comte d'Orsay à la sortie de la Révolution). Le plus ancien en 1508, aux archives d'Orsay « en un beau corps de ferme environ 230 arpents non compris 90 arpents tenus en censive des religieux de Saint-Éloy à cause de leur fief de Grandinvilliers ». Pierre de Meauze et Jehanne de Harville, sa femme, laissèrent à leur décès trois enfants, Guillaume, Jacqueline et Anne de Meauze. À la date ci-dessus Guillaume a acquit de sa sœur Jacqueline, alors femme de Guy Dumesnil, la part venant de la succession des parents.

Le partage entre les trois enfants a lieu le 31 janvier 1509. Anne de Meauze reçoit une maison, alors neuve, « située devant et à l'opposé de l'hostel seigneurial ». À cette époque, le corps de ferme, qui avait été brûlé en la pièce de terre où ces bâtiments étaient situés, porte encore le nom de “ ferme brûlée ”. La dame possède également 88 arpents en deux pièces : une au chantier de Courtemeule et l'autre à l'Orme couronné.

Plus tard, le 2 mars 1518, Guillaume acquiert de Jacqueline, sa sœur, lors femme de Guy Dumesnil, sa part de succession pour un tiers. Comme toujours après une mutation, le 8 juillet 1518, Guillaume de Meauze, écuyer, rend foy et hommage au roi François 1er pour des fief, terre et seigneurie de Courtabeuf. La copie du dossier Parrain contre Josias de Rouen, mentionne « devant les gens de nos comptes, Guillaume de Meauze, escuier, rend foy et hommage pour raison du fief, terre et seigneurie de Courtabeuf, mouvant de nous à cause du château de Montlhéry, il a esté reçu, pour cause de devoirs non faits ».

Hommage de Courtabeuf rendu au roi par Guillaume de Meauze (8 juillet 1518).

Les devoirs féodaux sont donnés par Gui Dumesnil, écuyer et Anne de Meauze en 1521 « foy et hommage de terre et seigneurie de Courtabœuf rendu par Gui du Mesnil, écuyer et Anne de Meauze, ledit Dumesnil à cause de sa femme Jacqueline de Meauze héritière avec sa soeur Anne de leur père Guillaume seigneur desdits lieux ». Également, une copie du dossier Parrain précise « rendu au roy à cause du chastel de Montlhéry Guy Dumesnil, escuier, présente foy et hommage pour raison de Courtabeuf eschu à Jacqueline de Meauze, sa femme à cause du trépas de Guillaume de Meauze, à cause de devoirs non faits et payer les droits ».

La même année, devant Crozon, noble femme Anthoinnette de Ganay, veufve de feu noble homme maistre Pierre Barthomier, seigneur d'Ollivet, confesse ce jour dhuy avoir fait les foy et hommage à noble homme maistre Anthoine de Goncelas, sieur de Villiers, procureur de noble et puissant seigneur Gabriel de Cosin de la mare (??) à cause du fief de Courtabeuf appartenances et dépendances assis en la paroisse d'Orsay tenu et mouvant dudit seigneur à cause de son chastel de Magny Lessart auxquels foy et hommages ledit sieur de Villiers l'a reçu, et devra baillé son aveu…

À nouveau, nous trouvons un acte produit en 1524 « Aujourdhuy, noble homme maistre Jacques de Montdoré, seigneur de Rondeau et de Courtabeuf, notaire et secrétaire du roy, confesse avoir fait à noble homme Anthoine de Goncelas seigneur de Villiers, procureur de noble et puissant seigneur Gabriel de Couzant de la (??), seigneur de Marly et de Magny-Lessard, pour raison de deux fiefs unis en ung nommez Courtabeuf et Marchecourt, assis en la paroisse d'Orsay, tenu de Magny ; lesdits fiefs eschus et advenus audit de Montdort et Perrette Barthomier, sa femme, à cause de la succession de feue Anthoinette de Ganay, sa mère, qui a esté héritière en partie de feu noble et puissant seigneur messire Jehan de Ganay en son vivant chevalier, chancelier de France… baillé aveu… ».

Guillaume de Meauze étant mort sans enfant, sa succession fut divisée l'an 1526, entre les deux soeurs Jacqueline et Anne, femme séparée de Messire Jean de Famechon, chevalier. Les biens sont ensuite restés en l'état, à savoir au XVIIIe siècle : - le lot de Jacqueline , épouse de Guy du Mesnil, “représenté aujourd'hui par le seigneur d'Orsay”, - le lot d'Anne “représenté par le prince de Condé”, passa à Monsieur de la Badie, puis à Robert Mocet, à Robert Normandin, à cause de l'acquisition de Fiacre de Harville.

De ces quelques actes il apparaît que ce domaine relève de deux suzerains, le roi d'une part et le seigneur de Magny Lessart d'autre part.

Vers 1532, selon l'abbé Lebeuf, Fiacre de Harville rachète le fief à Anna de Meauze. En 1534, la recette du couvent de Saint-Éloy donne Jacques de Meauze, écuyer, pour 90 arpents. Puis l'année suivante la même recette porte Guillaume de Meauze, fils de Jacques. De plus quelques terres (Grandinvilliers) relèvent du couvent de Saint-Eloy!

Le 3 mars 1537, devant Créci notaire à Montlhéry, demoiselle Jacqueline de Meauze dame de Courtabeuf, donne à l'église et cure de Saint-Julien de Villejust, douze livres tournois de rente perpétuelle. Le 18 mai suivant, devant les gens des comptes, un aveu des fiefs et terre de Courtabeuf est rendu au roy « Anne-Esprit de Harville, escuier, seigneur de Paloyseau, fils aisné et principal héritier de feu Fiacre de Harville, en son vivant seigneur de Paloyseau, rend foy et hommage pour la moitié des terre et seigneurie de Courtabeuf et autre lieux… ». En 1539, la recette de Saint-Éloy donne Anne de Meauze, fille de Guillaume.

Les minutes notariales se faisant rares à cette époque, les aveux comme celui de 1540 nous permettent de suivre l'histoire du lieu. Ainsi Esprit de Harville, devant Laurent Bourdon, tabellion de Montlhéry. La copie de l'acte précise : « Esprit de Harville, escuier seigneur de Palloisel tant pour luy que pour François de Harville, son frère, advoue la moitié de l'hostel de Courtabeuf consistant en: - grange, place à faire colombier, maison à faire bergerie , estable à chevaux et autres bestiaux, pressoir avec l'aisance de derrière dudit lieu dont l'autre moitié appartient à Jacqueline de Nausay (Meauze), - item 52 arpents faisant moitié de 105 arpens assis prez lhostel seigneurial et jardin entre deux, lesquelles sont à présent en deux pièces. 26 arpents tenant à Jacqueline de Meauze, au jardin, au chemin de Courtabeuf à Montlhéry, et 26 arpents tenant à Jacqueline de Meauze et au chemin de Courtabeuf à Villejust, - autres terres avec mention de Villefeux, la garenne de Couratabeuf, Grandinvilliers …

Quelques semaines plus tard, le 10 août, un aveu est rendu au roy par Jacqueline de Meauze, pour sa moitié de Courtabeuf, à cause du chastel de Montlhéry « ladite veuve de Girard de la Badye , advoue tenir la moitié du fief de Coutabeuf qui se consiste en: - maison, coulombier, cour, jardin contenant 4 arpents, - item 26 arpents tenant au jardin au chemin de Courtabeuf à Villejust et au seigneur de Paloyseau, - 25 arpents tenant à Esprit de Harville, au chemin de Courtabeuf à Montlhéry, - 54 arpents tenant au chemin de Courtabeuf à Villejust d'autre au chemin de Bris à Paris, - item 11 arpens, 7 arpens,… terres, - item un autre manoir contenant 25 arpents tant jardin que taillis et terres tenant à la dame de Marcoussis, à Esprit de Harville au chemin de Courtabeuf à Montlhéry, - cens …

L'hommage du fief de Courtabeuf est rendu également par Jacqueline de Meauze, veuve de feu Girault de la Bastie , et héritière de feue Jeanne de Harville sa mère. Une copie des actes relevant de Montlhéry délivrée à Parrain pour son procès avec de Rouen donne : « Jacqueline de Meauze fait la foy et hommage de Courtabeuf relevant de Montlhéry, à elle appartenant par le trépas de feu Jehanne d'Harville à quoy elle est reçue ».

Les recettes de Saint-Éloy de 1548 et 1556 mentionnent également le fief de Courtabeuf. Un acte daté par erreur de 1552 (voir ci-dessus) précise que Fiacre de Harville achète le lot d'Anne de Meauze.

À suivre…

Notes

(1) Auguste Longnon, Les noms de lieu de la France (chez E. Champion, Paris, 1929).

(2) La seigneurie de Palaiseau avait été donnée à un Lebrun par le roi Saint-Louis en 1262. Au début du XVe siècle, Jacques Lebrun est tué à la bataille d'Azincourt sans laisser de postérité. La seigneurie passa dans les mains de Guillaume II de Harville, du chef de son épouse Jeanne Lebrun, dame de Palaiseau, sœur et héritière de Jacques Lebrun. Les Harville était une ancienne noblesse de Beauce qui tire son nom de la terre de Harville, située près d'Yenville.

3) Guillaume III de Harville, né en 1399, devint seigneur de Palaiseau à l'âge de 16 ans. Il épousa tardivement, en 1456, Anne de Coûtes, fille de Jean, dit Minguet, seigneur de Coûtes, Pinpret et Fresnay. En 1470, la dame de Paloisel est veuve avec de nombreux enfants, dont : 1. Esprit, seigneur de Palaiseau, lequel partagea avec ses frères et sœurs en 1477, & mourut sans enfants. — 2. Fiacre , qui reçut la seigneurie de Palaiseau. — 3. Mathurin , auteur de la branche des seigneurs de la Grange-du-Bois. — 4. Marie , abbesse de Saint-Avit, décède en 1470. — 5. Regnaude, femme de Robert de Gaillon, seigneur d'Ouesteville, puis se remarie avec Jacques de Vermon, seigneur de la Bretèche. — 6. Jeanne, dame du Plessis-Marby, femme du seigneur de Paiset. — 7. Nicole , dame des Bordes, épouse Gilles de Mauterne, écuyer, seigneur de Rufin en Beauce. — 8. Louise, mariée à Guillaume de Vatteville, seigneur du fief du Petit Palaiseau à Gometz. — 9. Jeanne, dite la jeune, femme du seigneur de Meauzes.

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