Corpus Essonnien

Histoire et patrimoine du département de l'Essonne

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Bois-Courtin à Villejust (2) (1859- 1945)

Chronique du Vieux Marcoussy –Marcoussis————— _—————————–___—– Mai 2009

Bois-Courtin à Villejust vers 1950

JP Dagnot

C. Julien

Cette chronique est la seconde partie de l'histoire du Bois-Courtin à Villejust (Essonne, cant. Villebon-sur-Yvette). Précédemment, nous avons décrit les péripéties financières des propriétaires qui passaient souvent obligations avec garanties hypothécaires et une donation qui nous a fait penser à une manipulation frauduleuse entre les Lézé père et fils et les époux Cagnier. Une nouvelle fois, suite au décès de Pierre Lezé à Lisbonne, un jugement du tribunal civil de Versailles est rendu le 21 juillet 1859 abrogeant l'usufruit du Bois-Courtin. Puis, le 17 mars 1860, devant le notaire Dumas, une obligation de 8.000 frs est faite par Cagnier au profit de Leblanc, négociant pour prêt remboursable à terme avec intérêt de 5% et hypothèque du Bois-Courtin.

Une situation très embrouillée

Revenons un moment quelques mois en arrière. À cette époque, les lieux paraissent être occupés par Monsieur Cagnier, qui se dit « locataire d'iceux ». Le logement du jardinier est occupé par Jacquillard, jardinier de la maison bourgeoise, et n'est pas habité. Les bâtiments sont, d'après les contributions foncières pour 1859, au nom de Louis Cagnier, ingénieur civil à Belleville, d'un revenu de 117 frs. On comprend mieux la difficulté pour Lezé ou Cagnier (?) d'assumer financièrement la construction d'une telle propriété. La présence des trois mares signifie que les pierres des constructions en ont été extraites.

Un dénommé Manière obtiendra cet usufruit pour 3.600 frs. Ceci se passe trois mois avant le décès de Pierre Lezé à Lisbonne !!! Ce fait non connu à l'époque, car l'usufruit revient à la nue-propriété! Le fils Lezé possède alors le tout avec l'acceptation de la donation… Cependant trois mois plus tard, il a dû apprendre le décès de son père et également savoir qu'il était couché sur l'acte fait par Cagnier. Il déclare ne pas être au courant et refuse purement et simplement la donation.

Que cache ce refus ? Qu'avaient-ils combiné? On apprend au fil du temps que Cagnier est endetté et qu'il doit notamment 6.000 frs à un propriétaire de Lisbonne ! Pour corser le tout, en 1861, Cagnier déclare qu'il a fait élever des constructions à Bois-Courtin de ses deniers , comme architecte, constructeur et fournisseur (en contradiction avec le cahier des charges de 1859!), et comme il veut dégager cette propriété de ses biens, il la revend à sa femme moyennant 16.000 frs.

La renonciation à la donation Cagnier

La renonciation à la donation Cagnier par le fils Lézé est passée devant Dumas le 17 mars 1860 et transcrite le 4 avril suivant au bureau des hypothèques. L'acte est ainsi rédigé : « Jules Armand Séraphin Lézé, sans profession, demeurant à Paris rue d'Hauteville, Jules Armand Séraphin Lezé, sans profession, majeur depuis le 27 décembre 1859, déclare renoncer purement et simplement de la manière la plus formelle à la donation entre vifs qui lui a été faite par Louis Félix Cagnier, ingénieur civil le 12 mars 1857, de la nue-propriété pour y réunir l'usufruit au décès de son père Pierre Lezé ingénieur civil demeurant à Paris rue du faubourg Saint Martin à qui l'usufruit a été donné dans le même acte … des immeubles ci après situés sur le terroir de Villejust, savoir six hectares en une seule pièce appelée le Bois-Courtin, et plusieurs petites pièces… ». Il déclare n'avoir jamais l'intention d'accepter la donation, connue depuis le décès de son père. En conséquence, Monsieur Cagnier reprend tous ses biens à l'extinction de l'usufruit de son père . Sont présents Mr Cagnier et également Mr Louis Manière, témoin instrumentaire! Le même jour les époux Cagnier s'obligent envers Leblanc, négociant, d'une somme de 8.000 frs pour prêt remboursable.

En octobre 1860, c'est une autre obligation pour les époux Cagnier faite au profit de Jules Isidore Guédes, propriétaire à Lisbonne, de la somme de 6.000 frs pour prêt remboursable dans un an. Le remboursement eut lieu le 19 juin 1862.

En 1861, une transcription aux hypothèques de Versailles fait mention que Cagnier a fait élever les constructions de ses deniers comme architecte, constructeur et fournisseur. Puis, une vente par Cagnier à sa femme à titre de réemploi, du Bois-Courtin, moyennant 16.000 frs, somme que devait le mari!! L'acte intitulé « Vente par Cagnier à son épouse » mentionne « Louis Félix Cagnier, ingénieur civil demeurant rue de Tourtille, ancienne commune de Belleville, dénommé à tort Canier et Ursule Jochain son épouse, lesquels exposent qu'aux termes de leur contrat de mariage en 1860, communauté réduite aux acquêts, …. sans intérêt, ils ont emprunté 62.000 frs en hypothéquant leur maison de Belleville et également pour ses affaires personnelles ». Ils ont vendu ladite maison 102.000frs à un citoyen belge…, bref Cagnier doit 53.000 frs à sa femme. Il lui vend les six hectares du Bois-Courtin, plus trois bricoles. « Ledit Cagnier est rentré dans la toute propriété de ces biens par la renonciation du fils Lezé et de la jouissance par le décès du père. Il avait acquis ces biens avant son mariage à Buran. La vente faite moyennant 16.000 frs ».

Les obligations financières des époux Cagnier sont multiples. Devant le notaire Dumas, la quittance de l'obligation est donnée par Guédes le 19 juin 1862. En 1865, Louis Félix Caniet (Cagnier) est toujours qualifié d'ingénieur civil à Belleville. Le 12 septembre 1865, devant Dumas, est passée une autre obligation par les époux Cagnier envers Legrand, négociant demeurant à Fontenay-sous-Bois, de la somme de 20.000 frs pour un prêt. En 1865, Legrand leur sert de prêteur à trois fois successives.

Cagnier et Legrand décèdent peu de temps après. Ursule Jochain, veuve Cagnier, est redevable envers les héritiers Legrand de la modique somme de 29.000 frs, ceci en 1875. Par la suite, ces derniers n'ayant pas été remboursés, seront les auteurs de la saisie de Bois-Courtin. Elle s'exercera sur Ursule Jochain, propriétaire, veuve de Louis Félix Cagnier, demeurant à Paris boulevard Voltaire. Dans cet acte, nous lisons « les immeubles mis en vente, appartiennent en propre à Madame Cagnier, par la vente en réemploi, qu'en a faite son mari, en 1861 ». L'obligation est remboursable en 1866.

La saisie immobilière de Bois-Courtin

Suite aux dettes de Madame Cagnier, la propriété du Bois-Courtin est une fois de plus saisie et mise en vente. La saisie immobilière a lieu le 17 février 1875 ; la description ressemble à celle de 1860. L'inventaire comprend : - une maison bourgeoise sise à Villejust au Bois-Courtin, élevée sur terre plein, d'un rez-de-chaussée, d'un premier étage avec comble plat, se compose d'un grand corps de bâtiment de forme carré, comparaissant être la réunion de deux anciens corps de bâtiments et ayant sa façade principale sur le bois regardant Villejust. Sur cette façade cinq portes persiennes à deux vantaux donnant jour et accès au rez-de-chaussée au devant de chacune d'elle est placé un seuil et une marche en pierre de taille. Le premier étage est éclairé lui même par cinq fenêtres garnies de persiennes. Deux tuyaux en fonte amenant l'eau des combles… - un terrain entourant la maison comprenant six hectares en une seule pièce, plantée partie en bois, partie en potager, entouré en presque totalité par des murs de bâtiments ci-après et ensuite par un mauvais treillage et des fossés, - sont élevées diverses constructions servant de logement au jardinier, écuries, remises basses cours et autres communs. Entre ces constructions et la maison bourgeoise se trouve le potager, planté de fruitiers. - le reste est planté en bois avec plusieurs pièces d'eau provenant de fouilles de pierres.

Le 5 mars suivant, le cahier des charges de la défaillance de la veuve Cagnier mentionne : une maison bourgeoise sise à Villejust au Bois-Courtin, un terrain entourant la maison, trois pièces de terre au même terroir… La suite est donnée dans l'acte de vente suivant.

Le 22 juin 1876, en son audience publique des criées, le tribunal civil de Versailles rend la sentence d'adjudication ci après à la suite du cahier des charges du 5 mars 1875. Louis Legrand, négociant, agissant comme créancier a déposé une enchère se montant à la somme de 12.000 frs à l'encontre d'Ursule Jochain, propriétaire, veuve Louis Félix Cagnier , demeurant à Belleville, partie saisie et défaillante. La veuve doit 29.000 frs aux héritiers Leblanc. La saisie immobilière a lieu à Villejust après publication dans l' Union Libérale de Seine-et-Oise du 18 mai 1876. L'adjudication est accordée à Jules Emile Mauras , pour 20.000 frs, sous le nom de Ducrocq, avoué. La quittance de libération de Legrand, créancier vis à vis des Mauras, est délivrée le 12 décembre 1878.

En marge d'un folio du cadastre, il est fait mention que l'acquéreur Emile Mauras, fabricant de peignes, demeure à Paris, 84 boulevard Sébastopol . Il gardera la propriété de Bois-Courtin pendant cinq ans pour la revendre à un médecin parisien demeurant rue de Rivoli. Ce dernier, d'après les revenus fonciers, y fera des transformations que nous supposerons être le grenier.

La ronde des propriétaires à Bois-Courtin

Qu'a donc ce lieu ? Quatre ans après, le négociant du boulevard Sébastopol cède la propriété à un médecin parisien. Cette fois, le bon docteur reste trois ans. Il revend la propriété à un rentier de Neuilly. Puis, c'est au bout de deux années que notre rentier cède le domaine au comte d'Ysarn Freissinet, propriétaire parisien, demeurant rue Victor Hugo. On peut raisonnablement penser que ce personnage va être celui par qui les bâtiments deviendront un château. Ce sont les impôts fonciers qui en font un indice, ces derniers ont plus que triplé, tant pour la maison que pour les communs, l'année suivant son arrivée. Le comte et la comtesse de Freissinet y séjourneront jusqu'à la fin du XIXe siècle. Suivons le détail des transactions.

En 1880, Bois-Courtin change une nouvelle fois de propriétaire. L'acte de vente est passé devant Robin et Carré, notaires. Jules Emile Mauras, négociant, vend sa propriété de Bois-Courtin à Jean-Edouard Derivaux. L'acte enregistré aux hypothèques: « Jules Emile Mauras négociant en tabletterie et son épouse, demeurant boulevard Sébastopol vendent à Jean Edouard Derivaux, docteur médecin et son épouse ». Les biens se décomposent comme suit : - une maison située à Villejust au Bois-Courtin, élevée sur terre plein d'un rez-de-chaussée et d'un premier étage avec combles plats, comprenant un grand corps de bâtiment ayant sa façade principale sur la partie regardant Villejust, - terrain entourant la maison de six hectares, - 718 m2 de chemin conduisant à la propriété et au chemin de la Poupardière, -1.085 m2…, - 854 m2 terrain exploité comme sablière sur Villebon… Le tout vendu moyennant 20.000 frs dont 5.000 frs comptants. En 1882, Jean-Edouard Deriveaux est imposé pour maison et pour un nouveau bâtiment.

Trois ans plus tard, en 1883, le docteur Derivaux et son épouse demeurant rue de Rivoli vendent Bois-Courtin à Charles Louis Roullier, rentier et son épouse pour la somme de 30.000 frs. Nous trouvons la même description que précédemment avec tous les droits que peuvent avoir les vendeurs sur un terrain exploité comme sablière à Villebon. L'acte est enregistré aux hypothèques. C'est une très bonne affaire pour le médecin qui encaisse une belle plus-value.

La ronde des propriétaires continue en 1885, Bois-Courtin est acheté par Alexandre Marie Hugues Jacques, comte Ysarn de Freissinet, propriétaire demeurant à Paris rue Victor Hugo, à Charles Louis Roullier et sa femme, vendeurs qui demeurent à Neuilly, moyennant 34.000 frs payés comptant. La transcription aux hypothèques Versailles comporte la même dénomination des biens avec mention « terrain entourant la maison de 6 hectares plus 3 petites pièces également droits sur la sablière de Villebon ayant appartenu à Mauras ». Cette fois la plus-value est moindre.

Château Bois-Courtin (coll. Association Regards en Arrière). Lors de la gestion du comte Ysarn de Freissinet (1), nous notons : - en 1886, au chapitre augmentation diminution. Pour la maison: diminution de revenus de 75 frs et augmentation à 250 frs soit trois fois plus grand. Pour les communs, diminution de 18 frs et augmentation à 48 frs pratiquement le même accroissement. Ce qui tendrait à penser que la demeure a été agrandie à cette époque. - en 1887, le comte Yzarn Fressinet demeure 253 av Victor Hugo, à Paris; puis 29 rue Voltaire à Levallois. - en 1889, mention du comte Ysarn de Freissinet 153 av victor Hugo à Paris, puis 123 rue de Longchamp, avec nouvelles lignes addition de construction maison et commun. - en 1889, au chapitre des augmentations mention de Ysarn de Freissinet pour addition de construction à la maison et aux communs réalisés en 1886.

Alexandre Marie Hugues Jacques, comte d'Ysarn Freissinet, propriétaire, et la comtesse Freissinet, née Alice Evelina Sogler, demeurant maintenant à Neuilly, vendent le Bois-Courtin en 1899 à Auguste Blain , entrepreneur de carrières à Choisy-le-Roi. Le château du Bois-Courtin , puisque l'acte parle de « château » est composé : • 1° d'un bâtiment principal comprenant au rez-de-chaussée, grand salon, salle à manger, office, cuisine et cabinet de débarras; deux chambres avec cabinet de toilette, water-closet. Au premier trois chambres à coucher et salle de bain. Au second deux chambres de domestiques, et grenier, caves. • 2° communs comprenant petit appartement, composé de trois pièces cuisine, maison de jardinier avec chambre et cuisine, trois écuries, trois remises, fruitier, poulailler. • 3° grand parc contenant six hectares divisé en potager, planté en fruitiers, prairie, bois, pièce d'eau. • 4° chemin d'accès conduisant à la Poupardière. La vente réalisée moyennant 40.000 frs avec transcription aux hypothèques de Versailles. La description, à la tourelle près, ressemble à la demeure actuelle. La matrice cadastrale de 1901, mentionne le passage de Bois-Courtin dans les mains de Louis Auguste Blain, entrepreneur à Choisy-le-Roi.

Ainsi, les propriétaires continuent à se succéder fréquemment. L'entrepreneur de carrières a dû extraire les dernières pierres restant sur le site, et au bout de trois ans, revend la propriété avec les meubles, au couple Mathieu, parisiens venant de la rue Lecourbe. « Le 10 juin 1902, devant maître Boisaubert, Auguste Blain, entrepreneur de carrières, demeurant à Choisy-le-Roi, cède la propriété au couple Mathieu, bâtiments avec les meubles. La transcription aux hypothèques de Versailles est faite le 26 du même mois (volume 52, n°1388) ».

Le rôle des contributions de 1904, mentionne le passage à Jean Mathieu , demeurant 81 rue Lecourbe à Paris, avec addition de construction de maison en 1910. L'entrepreneur de couverture décède en sa propriété de Villejust le 9 août 1909. Sa veuve, Julie Jommond, « épouse survivante commune en biens avec le défunt », est usufruitière du quart des biens, les héritiers étant chacun par moitié de ses deux enfants Alice et Maurice. L'inventaire après décès de Jean Mathieu est dressé par maître Courcier le 9 septembre suivant.

La veuve et les enfants y resteront encore deux ans et vendront, le 8 décembre 1911, le domaine à François Pau dit Edouard , entrepreneur de serrurerie. « Sont présents 1°) Julienne Eugénie Jommont, propriétaire veuve Jean Mathieu, 2°) Eugène Félix Maréchaux & Alice Mathieu son épouse, 3°) Maurice Mathieu, tous demeurant rue Lecourbe vendent au couple Pau ». La vente faite devant Champtier de Ribes et Courcier, moyennant 47.000 frs. Les rôles de 1913, mentionnent le passage de François Pau, dit Edouard, au Bois-Courtin. À cette époque on pense que les parcelles B 63, 62, 50, 49, 48, 46, 60, sont incluses dans la propriété.

Bois-Courtin après la Première Guerre mondiale

La première guerre mondiale arrive, rien ne se passe jusqu'en 1919, où Edouard vend le domaine à Adrien François Vochelle, négociant demeurant à Paris rue Soufflot. « Le 30 décembre 1919, acquisition par Vochelle à François dit Edouard Pau, propriétaire ancien entrepreneur de serrurerie et son épouse moyennant 75.000 frs ». Les rôles de 1921 notent le passage à Adrien Vochelle , venant du Pas-de-Calais et demeurant 16 rue Soufflot à Paris.

De nouveau Bois-Courtin ne semble pas satisfaire ses propriétaires. En 1923, la vente de la propriété est faite par Adrien François Henri Vochelle , négociant et son épouse, demeurant rue Soufflot au profit de madame Revol, moyennant 100.000 frs payés comptant devant Collet et Moreau, notaires. En 1925, on note le passage à la veuve Jean-François Revol, née Marie Marguerite Blanchet, 99 rue de Courcelles, puis 11 bis rue d'Edinbourg à Paris 8ème, puis à Villejust.

Après quatre années, Bois-Courtin passe dans les mains de Eleonor Herudon Steele, dame séparée de biens de Louis Marie Debonnesset, née Desbordes demeurant au N°14 avenue du Président Wilson à Paris. La vente a lieu en 1927 devant Dauchez, notaire à Paris, moyennant 300.000 frs payés comptant. Soit le triple de la vente de 1923, décidemment Bois-Courtin est une « poule aux œufs d'or ». La transcription au premier bureau des hypothèques de Versailles donne un résumé de cet acte de vente « Maguerite Blanchet, propriétaire, veuve Jean-François Revol, demeurant à Paris rue d'Edimbourg, laquelle vend à Eléonor Hérudon Steele, sans profession, divorcée, épouse actuelle de Louis Debonnesset, docteur en médecine, demeurant av du président Wilson, mariée sous le régime de la séparation de biens : une propriété d'agrément dite le Château Bois-Courtin consistant en un corps de bâtiments principal, cave sous partie du bâtiment, les communs comprenant petit bâtiment de trois pièces cuisine, maison de jardinier chambre et cuisine, trois écuries, trois remises, fruitier et poulailler, un grand parc divisé en potager planté de fruitiers, prairies, bois futaies et pièce d'eau, le tout d'une contenance de six hectares et une série de petites pièces de terre. Mme Revol fait observer qu'une partie des terrains a été exploité en carrières. La vente faite moyennant 300.000 frs payé comptant ».

Bois-Courtin à Armand Manuel de Ocampo

Ne changeant pas les habitudes, Bois-Courtin est cédé une fois encore en 1931, devant Besnard, notaire à Palaiseau « Eleonor Herudon Steele, américaine , propriétaire, divorcée en premières noces du comte Alexandre Basele de la Greze , en secondes noces de Louis Marie Charles de Bonnesset, et épouse en troisième noces de Monsieur Hall Clovis, propriétaire avec lequel elle demeurait à Villejust au château de Bois-Courtin, vend à Armand de Ocampo, moyennant 400.000 frs payé comptant ». La venderesse réside à Paris rue des Italiens n°1.

Il semble que l'acte de vente de juin serait aussi passé chez maître Dauchez notaire à Paris. Sur le rôle de 1933 est inscrit le passage à Armand Manuel de Ocampo demeurant 20 avenue de Lamballe à Paris 16ème.

Arrêtons-nous quelques instants pour connaître le nouveau propriétaire. Né le 2 août 1893, Armand Manuel Ocampo est le fils de Manuel Armand Ocampo, homme de lettres, âgé de 36 ans. Le père n'aurait pas connu l'Argentine mais serait Argentin. Un jugement du tribunal de la Seine, en date du 8 mars 1918, rectifie l'acte de naissance d'Armand en rajoutant la particule de noblesse. Le mariage du couple Ocampo est célébré le 5 juillet 1919 en la mairie à Paris 7ème, sous le régime de la non-communauté. Vers 1937, Mme Thourot se souvient des Ocampo allant à la messe à Villebon près des Lazaristes en l'église Saint-Côme et Saint-Damien. Suite à la conversation du narrateur avec Geneviève de Ocampo, des agrandissements ont été réalisés par son père à Bois-Courtin.

Une convention est signée le 6 mai 1938, entre la Lyonnaise des Eaux et Armand de Ocampo relative à des installations de conduites. L'acte est passé devant Lame à Villeneuve-Saint-Georges.

Pendant la guerre Monsieur Thourot se souvient s'être baigné dans une des mares avec le jardinier qui était célibataire. Le maire dit que Villejust n'a pas été occupé par les allemands, seulement deux jours à Fretay chez le père du maire.

À la Libération Armand de Ocampo quitte la France pour l'Argentine. Son fils le rejoindra plus tard. Il s'agit de Pierre-Marie, né en 1924 à Paris, vivant actuellement à Buenos-Aires.

À la fin de la Seconde Guerre mondiale, Madame de Ocampo, soeur de Pierre-Marie, confirme l'installation du téléphone à Bois-Courtin et laisse entendre que Bois-Courtin servit de refuge à sa famille (2). Elle dit qu'il y aurait eu également une occupation allemande et qu'ensuite des mal intentionnés auraient volé dans la propriété. Bois-Courtin était inhabité à la Libération. Elle ne connaît pas la passation faite entre les religieuses de Bethanie et ses parents (3).

Après la loi dite « Marthe Richard » sur la fermeture des maisons closes votée le 13 avril 1946, la première fille prostituée arrive à Bois-Courtin le 1er septembre 1946, elle ne restera que 18 jours. Face à ce bouleversement, l'action des religieuses fut admirable. Cette histoire sera l'objet de la prochaine chronique…

À suivre …

Notes

(1) Vers 1865, Ysarn de Freissinet était impliqué dans le transport et la navigation sur le Lot. Un mémoire du comte de Freissinet et de son associé de Pons de Caylus mentionne « le commerce d'Entraygues à Bouillac consiste en merrein de chesne, et depuis peu d'années en merrein de hêtre ». Le Port d'Agrès servait de port d'embarquement au merrain qui descendait d'Auvergne.

(2) Suite à l'entretien du narrateur avec la fille de Monsieur de Ocampo (87 ans en 2007) son père était parti en Argentine en 1948 à l'âge de 55 ans. Lors d'une conversation avec Geneviève de Ocampo, elle nous dit qu'elle a un frère qui vit actuellement en Argentine et aurait fait la guerre d'Indochine (1946-1954).

(3) La congrégation des Sœurs dominicaines de Béthanie a été fondée en 1866 par le Père Jean Joseph Lataste qui avait pris conscience de la détresse des femmes sorties de prison. La maison généralice est située à Saint-Sulpice-de-Favières (Essonne).

dagnot/chronique29.06.txt · Dernière modification: 2020/11/12 03:30 de bg