Corpus Essonnien

Histoire et patrimoine du département de l'Essonne

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La chapelle Sainte-Catherine de Guillerville (1)

Chronique du Vieux Marcoussy –Marcoussis———— _—- ————————————–Juin 2009

Carte de l'archevêché de Paris (1706).

JP. Dagnot

C. Julien

Cette chronique relate l'histoire d'un lieu de culte disparu, la chapelle Sainte-Catherine de Guillerville qui était située dans la paroisse de Linas (Essonne). Cette chapelle est inscrite sur la Carte de l'Archevêché de Paris , 1706, chez Jean Besson, à l'échelle de 1/86,000 environ. Dans la vallée de Marcoussis, au lieu de Guillerville, on lit « chapelle Sainte-Catherine » (1).

L'Antiquité de Guillerville par l'abbé Lebeuf

L'abbé Lebeuf évoque à deux reprises le hameau de Guillerville. Une première fois lors de l'exposé sur Linas, paroisse du doyenné de Montlhéry et une seconde fois quand Marcouci, paroisse du doyenné de Chateaufort est décrite.

Le célèbre érudit parle brièvement du sanctuaire « Je trouve dans plusieurs titres que la chapelle de Sainte Catherine de Guillerville étoit autrefois située à Linas ; depuis ce temps les fondations de cette chapelle ont été transférés dans l'église de saint Merry, comme l'apprennent les registres de l'archevêché [dans le Registre Episcopal de Paris, 15 Avril 1491 et 12 décembre 1543] » (2).

Dans le chapitre se rapportant à l'histoire de Marcoussis, l'abbé Lebeuf développe ce qui avait été décrit par ses prédécesseurs en associant Guillerville au nom de Fontenelles, lieu primitif du village. L'auteur nous dit : « J'ai insinué que l'ancien nom de Fontenelle qui subsistoit encore au XIIe siècle dans la partie orientale du territoire de Marcoucies, fut éclipsé par un nommé Guillaume que les religieux de Saint-Wandrille accommodèrent d'une portion de leur terrain, ce qui y fit donner le nom de Guillerville , qui est quelquefois prononcé Guierville … ». Puis d'ajouter que ce fief eut au temps de Philippe Auguste des seigneurs feudataires de Montlhéry, vers 1200 ou 1220, parmi lesquels W. de Guillerville est déclaré homme lige du roi pour le moulin de Basset, sa maison et deux menses à Montlhéry « Guillelme de Guillervilla est homo Regis de Molendino de Basseto et de domo sua et debet custidiam duorum mensium apud Montem Lehericum ».

Les origines de Guillerville

Les origines de Guillerville ont été proposées par Bigard qui a pris les précautions de donner deux hypothèses possibles : - en 663, Hartbain, fils d'Erambert de Fillancourt, fondateur du prieuré de Saint-Wandrille, aurait rencontré le roi Clovis III et Wandrille, le saint homme fondateur de l'abbaye de Fontenelle, venu à Palaiseau pour solliciter la confirmation de son monastère. Selon les écrits que l'abbé Lebeuf tira d'un fragment de Mabillon, Hartbain aurait donné à Wandrille une terre nommée Bution, dans laquelle il bâtit une église et un petit couvent où il mit des moines « quod cum praedium nomine Butionem donavit, ubi aedificata ecclesia, habitacula servorum Dei constructa et collocati … » (3). - en 704, le roi Childebert aurait confirmé dans un diplôme les possessions de l'abbaye pour lesquelles le village de Marcoussis figure avec une église, les dîmes et des hostises « Marchoucies et ecclesiam cum decima et hospitibus ». Ce document a été reconnu comme un faux par plusieurs historiens médiévistes.

Puis, Bigard cite une charte de Quercy datée de 854 où Charles le Chauve attribue la “celle de Bution” avec la vigne de Marcoussis à l'abbaye de Fontenelle « in Parisio, Bucionem cum vineola in Marcocinto » . Ce diplôme est le seul qui parle de Bution , mentionnant un vignoble. On peut avancer que cette évocation de Bution confirmerait la première hypothèse.

Il faut attendre 1177, selon Bigard pour trouver une confirmation royale avec une différence pour « Marcoucies et ecclesiam cum decima et hospitibus ». La confirmation qui semble s'imposer pour Bigard c'est que Bution fut le premier siège du prieuré de Saint-Wandrille dans le pays chartrais (Chastres, alias Arpajon). L'abbaye de Fontenelle perdit Bution dans les temps qui suivirent l'an 854, par usurpation d'un tiers et vraisemblablement de celui qui tenait le château de Montlhéry, éloigné d'à peine 400 toises. L'abbaye ne pouvant recouvrer Bution, installa le prieuré à Marcoussis où elle était en possession d'un vignoble et s'y trouva sans doute plus en sûreté étant plus éloigné de la route de Paris à Orléans, source de désordres pour une communauté religieuse.

La suite du texte de Bigard situe le prieuré Saint-Wandrille à Marcoussis. D'après cet auteur, il n'existe aucune pièce qui désigne l'usurpateur probable ou qui fasse allusion à l'usurpation de Bution. D'ailleurs, cette abbaye n'avait aucun intérêt à la recherche de titres prouvant l'usurpation de Bution ruinant la véracité du diplôme de 704, qui entraînait la charte de 1177. Toutefois plusieurs indices d'usurpation apparaissent dans le cartulaire de Longpont que nous évoquerons plus loin.

Néanmoins, toujours d'après Bigard, Bution continue d'exister en tant que fief, ayant à sa tête, au XIIe siècle, un seigneur de quelque importance, Guillaume de Guillerville. Ce seigneur et ses successeurs sont nommés dans les titres de la collégiale Saint-Merry de Linas et dans la liste des feudataires de Montlhéry.

Il convient toutefois d'évoquer qu'un certain nombre d'historiens considère que Bution se trouve à Guillerville… Malte-Brun inscrivit sur la carte de la région de Marcoussis « Le Buisson plus tard Guillerville ancien fief et chapelle de St Vandrille ».

Finissons par un acte daté de 1282, extrait du cartulaire de Linas concernant le moulin Bution . Il s'agit d'une vente faite au Chapitre par Geoffroy, chantre de Linas, Michel et Jean Gautier, exécuteurs testamentaires de « Osanna », veuve de Michel dit « Gautere », de pièces de vigne sises au terroir « de pressorio Regis », l'une appelée vigne du « Neiplier », en censive de l'Hôtel-Dieu de Paris, et l'autre touchant en partie aux chemins « per quas itur ad pontem de Gueperreus et ad molendinum de Buison », en la censive du prieur de Saint-Pierre de Montlhéry. Il est évident que ce document désigne un lieu sur le chemin qui va du pont de Guyperreux à un moulin, en l'occurrence il ne s'agit pas de Guillerville mais plutôt celui que l'on appelle Biron !! On retiendra cependant que le cours d'eau n'est pas nommé et pourrait être la Sallemouille qui est souvent appelée Buisson, Buthion dans des titres du Moyen Âge.

Fontenelle dans le cartulaire de Longpont

Le territoire appelé Bution avait pris le nom de Fontenelle lors de la création du prieuré, vocable qui est nommé dans les chartes de Longpont. On y voit de nombreuses donations de toute espèce : terre, hôtes et principalement des dîmes. Examinons rapidement le cartulaire du prieuré clunisien de Longpont à ce sujet.

En 1070, Aveline, fille de Gautier Pinel fonde plusieurs obits auprès des moines de Longpont en donnant plusieurs biens dont les deux hôtes de Fontenelles nommés Oylard et Hunald « apud Fontenellas, duos hospites, Oylardum scilicet et Hanaldum ». Vers 1090, Milon Basset légua au même couvent un arpent de terre à Fontenelles « apud Fontenellas, unum arpennum terre », chargé de douze deniers de cens que tenait Herbert d'Opere.

Il semble que l'usurpation de Bution avait été faite par un membre de la famille seigneuriale de Linas, puisqu'au début du XIIe siècle, une partie des dîmes inféodées reviennent au prieuré de Longpont. Gui de Linas, malade, étant alité, concéda aux moines de Sainte-Marie de Longpont toute la dîme qu'il avait à Fontenelles « omnem decimam quam apud Funtenellas habebat ». Le jour des obsèques de Gui, sa femme Adélaïde et son fils Milon envoyèrent l'acte de donation dans les mains du prieur Henri.

À la même époque, Ansoud, chanoine de Saint-Pierre de Montlhéry donna une terre située à Fontenelle et l'hostise « terram quam apud Funtenellas habebat videlicet hospitem ». Ce bien, faisant partie de son fief patrimonial, était chargé de nombreuses redevances dont deux pains à Noël, deux chapons, deux setiers de blé et six d'avoine avec la dîme de vin et d'annone « decimam vini et decimam annone ». Puis, avec l'approbation de ses fils Eudes et Adam, Arnoult Malviel délaissa aux moines ses droits féodaux, c'est-à-dire les 8 deniers de cens perçus annuellement à Fontenelles « octo denarios de censu apud Funtenellas, quos ei reddebant, uno quoque anno ».

Ainsi, la réversion des dîmes indique une usurpation qui aurait eut lieu avant le Xe siècle. En effet, le legs du chanoine de Montlhéry correspond bien à l'inféodation de dîmes détenues par la famille Le Riche, vicomtes de Paris , dont l'ascension eut lieu grâce à ses alliances sous les premiers capétiens.

Le temporel de Saint-Merry de Linas

Le XIIIe siècle fut l'époque où le temporel de l'église de Linas s'accrut considérablement. De nombreuses libéralités pieuses furent adressées aux chanoines de la collégiale Saint-Merry de Linas qui semblent avoir remplacé les moines de Longpont lesquels avaient été richement dotés au cours des XIe et XIIe siècles. Cet élan se trouva favorisé par la présence de Philippe Auguste à Montlhéry (4). Ce roi avait fait rebâtir le château et avait réorganisé le domaine royal en instituant des tours de garde du château d'une durée deux mois chque année. Ainsi, tous les chevaliers de la châtellenie de Montlhéry « Feoda castellaniae Montis Leherici » étaient qualifiés d'hommes liges du roi.

Nous ne retiendrons à cet endroit que les actes où figure le nom de Bution . La notification de 1217 adressée par l'évêque de Paris est celle de l'amortissement par Milon de Chevreuse et « Rehemburgis », sa femme, de deux arpents de vigne « apud Beusum », ayant appartenu à la prébende de feu Guillaume « de Bussiaco », et que l'église de Saint-Vincent de Linas attribue à Vincent, fils dudit Milon, tant qu'il restera clerc, à condition que la vigne fasse retour à l'église après son décès.

En mars 1234, trois chevaliers, les frères Guillaume, Jean et Pierre de Guillerville, accordent l'amortissement de vignes sises « apud prata de Buison », ayant appartenu à feu Hugues « de Boissiaco ». Plus tard, en 1242, l'acte de ratification est donné sous le sceau de l'official de Jean, archidiacre de Paris, du legs fait aux chanoines de Linas, par Philippe de Boissy, écuyer, pour la fondation de son anniversaire, par feu Hugues de Boissy, son grand-père, d'un muid de vin sur une vigne au terroir dénommé « Clausum Regis », en la censive de Jean de Guillerville, chevalier.

En 1288, plusieurs actes concernent la vente faite au chapitre de Linas par Guillaume de Guillerville, écuyer, de deux deniers de cens dus par ledit chapitre pour les écluses « dou molin de Cholet » sur la partie cédée par Amaury de La Hunière. Ce dernier chevalier avait richement doté la collégiale Saint-Merry en léguant tout son patrimoine « pour faire Dieu son héritier », c'est-à-dire une grande partie du terroir de Linas pour constituer le cœur de la seigneurie ecclésiastique dite « Monsieur Saint-Merry ». L'amortissement de la vente précédente a été accordé par Pierre Despinci, écuyer, premier seigneur. Un engagement est pris la même année devant les prévôts de Montlhéry par « Esmauri de La Huinière », écuyer, d'amortir envers tous seigneurs le fief de Jean Brocart, mouvant de la seigneurie de Linas, ainsi que deux deniers de cens dus à Guillaume de Guillerville pour les écluses du moulin de Cholet. Les plèges de cet amortissement ont été Jean de Villepereur et Guiart du Codrey, écuyers.

Guillerville au Moyen Âge

Plusieurs anciens parchemins attestent l'existence d'un hameau à Guillerville. Une charte de l'église Saint-Merry de Linas écrite en 1207 mentionne la concession par Mathieu « de Mustyerello » et Marguerite, sa femme, à André, curé de Montlhéry, d'un cens que celui-ci leur payait, ainsi que son frère Clément, sur des vignes « apud Buison villam ». Cette dernière dénomination dénote que plusieurs masures étaient agglutinées autour du moulin et qu'une chapelle seigneuriale dédiée à sainte Catherine existait au début du XIIIe siècle. Plus tard, Buison ou Beusum a pris tout simplement le nom de la famille seigneuriale qui possédait ce fief.

La charte XXV du cartulaire de la collégiale Saint-Merry de Linas donne les lettres de Renaud, évêque de Paris, adressées en avril 1260 à la requête du chapitre de Linas, pour la fondation de deux charges de marguilliers, dont les titulaires seront tenus de sonner les heures canoniales, feront résidence et auront la garde des vases sacrés et ornements. On leur attribuera, pour pourvoir à leur besoins, la chapelle de Guillerville, « sitam infra metas parrochie de Linays », avec ses dépendances, après le décès du titulaire actuel. Ces marguilliers jureront de se faire ordonner prêtres dans l'année et feront alors leur service par semaines dans la chapelle. Ils y célèbreront au moins trois fois par semaine le service divin pour les défunts, et principalement pour les âmes des fondateurs. Ils seront à la collation de l'évêque.

Le hameau de Guillerville sur l'atlas de Trudaine, 1745.

(portion de route de part et d'autre de “Montlhéry” et “Linas”).

La notification de « Jehan dit Rousel », prévôt de Montlhéry, de 1275 portait que « Huede de Saint-Merri de Linais » et Ysabelle, sa femme, échangeaient avec le Chapitre une maison qu'ils avaient à Saint-Merry et un jardin allant « jusques au Mort Buison tenent à ladite meson », contre une vigne à « Villebosein », en la censive du Chapitre chargée annuellement de 12 deniers de cens. Le « mort Buison » était le nom donné au XIIIe siècle au lit naturel de la Sallemouille centrale.

Désormais, le toponyme « Buison » est abandonné au profit de « Guillerville » pour désigner le fief et le hameau où jadis avait été fondé le prieuré de Fontenelle. Les lettres de 1278 données par Étienne, évêque de Paris, instituaient pour l'avenir, deux charges de marguilliers, approuvant une décision capitulaire, ils s'entendaient pour célébrer à tour de rôle le service divin prescrit et restaient toute la nuit, l'un dans la chapelle de Guillerville et l'autre dans l'église.

En 1302 Simon, évêque de Paris, publie des lettres approuvant une requête du chapitre de Linas, présentée du consentement de Jean et Pierre, prêtres, marguilliers en charge, en date du mois de janvier 1302 [n.s.], où il est exposé que : attendu que pour remplir l'office de marguillier, un simple clerc ou même un laïque conviendraient mieux, et que l'église manque et manquera toujours de personnes pouvant faire fonctions de diacre, le Chapitre désire que les marguilliers soient déchargés désormais d'une partie de leur service et fassent l'office de diacres, qu'ils soient rétribués sur la bourse commune au gré du Chapitre, et, pour à ce aider, lesdits Jean et Pierre, pour eux et leurs successeurs, ont abandonné 4 sols de cens « pro quibusdam terris de Cocheto » et 2 sols « pro prato Andree Abbatis, silo propre molendinum de Alneto », revenus qu'ils retirent annuellement des anniversaires, ce qui permettra à l'église d'acheter en la censive de la chapelle de Guillerville des biens jusqu'à concurrence de la somme de 40 livres parisis. L'acte fut dicté à Gentilly.

Nous venons de voir l'identification, comme la plupart des églises et maisons religieuses au Moyen Âge, de la chapelle Sainte-Catherine de Guillerville élevée au rang de seigneurie ecclésiastique en y dénombrant des censives dans son temporel. En 1306, une notification est faite par Jean Soycha, prévôt de Montlhéry, de la vente faite au chapitre de Linas, par Pierre du Ruel, clerc, et Isabelle, sa femme, d'un demi-arpent de pré « lez la planche d'Aunoy », tenant au pré du presbytère de Brétigny, en la censive de la chapelle de Guillerville . Situation cocasse, d'une seigneurie ecclésiastique puissante devenue redevable d'un cens payé à un petit chapelain !!!

Lors de l'acquisition pour 1500 escus d'or de lhostel de Chetainville « tant en granches, maisons, estables, coulombier… » passée en 1399 devant un notaire royal du Châtelet de Paris par Jehan seigneur de Montagu et de Marcoussis de noble homme Loys de Hollevilliers et noble dame Jeanne Deschainvilliers, fille de feu messire Jacques Dechainvilliers, il est fait mention d'une droiture au chapelain de la chapelle de Guillerville et trois septiers de grains .

En 1400, un bail à croix de cens, ou rente annuelle et perpétuelle, est passé par Pierre Deschainvilliers, fils de Messire Mathurin Deschainvilliers, seigneur de Guillerville, de trois quartiers de jardins, séant devant la chapelle Sainte-Katherine dudit lieu, tenant d'une part audit chevalier chargés de deux sols de cens envers ledit chevalier à son hostel et pour le prix de 16 sols parisis de rente.

Dans un aveu et dénombrement donné le 15 juillet 1402 par le seigneur de Marcoussis, il est fait mention de plusieurs fiefs à Guillerville contenant un droit de pressoirage sur un demy arpen de vigne au chantier de Sainte-Katherine à Guillerville, un droit d'amortissement de pressoir « paié à la Sainct Martin diver » à Guillerville…. Dans une lettre datée du 5 mai 1412, pour Messire de Marcoussis contre Jehan Thomas de Guillerville, il est fait mention « lequel a pris dudit seigneur un quartier et demy d'aulnoy séant audit lieu de Guillerville tenant à la chapelle Saincte-Katherine…. ».

La visite archidiaconale du Josas

Les visites ont été effectuées de 1458 à 1470 par l'un de promoteurs de l'officialité de Paris, en la personne du vicaire Jean Mouchard assisté de son secrétaire Louis Penyot sous l'autorité de Jean de Courcelles, archidiacre de cette partie du diocèse de Paris, qui portait autrefois le nom de Josas. Dur et autoritaire, le visiteur épiscopal semble timide et timoré en face des audacieux, comme ce fut le cas à Longpont où un jeune moine en colère l'invite, lui et les siens, à quitter promptement les lieux menaçant de jeter tout le monde dans la geôle du prieur. Les visites sont toujours faites avec l'assistance de prêtres des paroisses voisines qui jouent le rôle de procureurs et de commissaires en cas de conflit.

Le visiteur contrôle soigneusement tout ce qui touche à l'Église et aux sacrements : le nombre des saintes hosties et des vases sacrés, le renouvellement des saintes huiles, l'état des fonts baptismaux, la convenance et la limpidité de l'eau bénite, la situation matérielle des linges et des objets servant au culte, le nom des marguilliers, les lettres d'accréditation de la curie épiscopale, le nom de la sage-femme, le nombre des paroissiens. Le vicaire cherche à connaître si les fidèles ont accompli le devoir pascal, si tous vivent en paix avec l'Église, si nul n'est frappé de peines canoniques. Il veut aussi savoir s'il existe des chrétiens scandaleux, des pêcheurs publics, etc.

Le droit de visite appelé la procuration désignait la somme due à l'archidiacre par chaque église visitée, soit par lui-même, soit par ses représentants. La règle était “ autant de paroissiens autant de procuration ”, d'où certaines tentatives de fraude. Certaines églises payaient un double droit, celles qui abritaient sous le même toit « sub eodem tecto » un autel paroissial et un prieuré. Longpont était dans ce cas pour sa paroisse Saint-Barthélemy et son prieuré Sainte-Marie. En 1460, le montant maximum de la procuration semble être de 40 sols parisis. Le visiteur avait droit de condamner en appliquant l'amende, et d'autres pénalités comme la suspense , l'excommunication et la citation , qui toutes étaient relevées moyennant finances.

Le 19 août 1466, le vicaire épiscopal visite de la chapelle Sainte Catherine de Guillerville « cappellaniam sancte Katharine de Guillerville » dans laquelle nous avons trouvé un calice en argent qui appartient au maître Pierre Panier, doyen de Linas. Le chapelain de cette chapelle est Pierre Chaumont présenté par notre seigneur l'évêque de Paris « ad collationem Domini parisiensis episcopi ». Il y a également plusieurs ornements qui sont possédés par Jean Fichet, agriculteur. Selon les dires de Panier, il y a un calice fabriqué récemment qu'il avait conservé auparavant, il reconnaît que ledit Fichet a les ornements en sa possession et ledit Panier confesse qu'à la fin cette histoire finira en justice. Le visiteur s'interroge si le calice est égaré ou s'il n'y a pas eu une malversation. Il est répondu que le plat aurait été perdu et que le calice était entier pesant 6 à 7 onces d'après le dire de Panier. Ledit offre un calice au cas où le précédent soit perdu, avec un plat d'un poids de 8 onces ; aussi, il restitue 16 sous parisis. Estimant qu'un nouveau calice est offert et que le poids de 6 onces est un poids juste, le calice est posé dans les mains du chapelain avec l'argent et la caution de Michel Garnier et Michel Fichet qui promettent de faire argenter ledit calice, ainsi un calice identique est restitué.

Et ce même jour, est comparu Jacques Loche, marguillier de Nozay, avec Jean Denis, dit Blanchet, qui exposent que la paroisse est redevable de 20 francs utilisés pour la réparation de la maison presbytérale et pour des ustensiles du curé et demandent d'abandonner la faute du calice et des deniers susdits, et de les dépenser pour l'usage susdit. De cette plaidoirie, ils font un serment, Dom Jean de Boussanges, curé, jure en premier, puis ledit Jacques Loche, marguillier, tous jurent que c'est ce qui manque en premier dans la paroisse. Le visiteur lui-même, nommant la fabrique et la paroisse, donne la susdite somme de 20 francs. Et ledit Loche jure fidélité. Messire le visiteur ordonne au chapelain de faire l'inventaire des ornements et des rentes de la chapelle et d'en faire état à la cour avant la fête de Notre Seigneur de septembre avec doublement de la peine s'il ne s'exécute pas. Ensuite, Jean Fichet recueille le don et jure de partager ce qui est reçu.

Le même jour, Guérin Renou, Gamin Payen, marguilliers de Linas, avec Pierre le Grant, Michel Goys, Guillaume Veau, Michel Garnier, Jean Fichet, Jean Gilbert, Guillaume Bérault supplient humblement d'employer 30 livres parisis pour faire les réparations du presbytère et l'achat d'ustensiles pour le curé. Avec Michel Garnier, Jean Gilbert et Guillaume Bérault, le marguillier Gamain, jurent d'exécuter ce qui vient d'être décidé (5).

À suivre…

Notes

(1) Dans son Histoire de Marcoussis, Malte-Lebrun écrit «Dans cette carte, la vallée de Marcoussis occupe un développement de 10 centimètres. Elle présente l'ensemble de tous les écarts et hameaux qui composent aujourd'hui la commune; les trois étangs y sont marqués ; au lieu de Guiberville on lit chapelle Sainte-Catherine, au lieu de la ferme de Trou: Chasteau B . La maladrerie de Saint-Lazare au haut de Linas, et le poteau de justice de Montlhéry, sur les pentes orientales du bois de Leuville, y sont également indiqués » (p. 389).

(2) Abbé Jean Lebeuf, Histoire de la ville et de tout le diocèse de Paris, tome X (chez Prault, Paris, 1757) p. 200.

(3) Dans les lettres datées de Fontainebleau en 1184, signées du sénéchal Thibaud, le roi Philippe-Auguste établit que la dîme de pain et de vin, qui se consommait pendant les séjours qu'il faisait à Montlhéry « quandiu apud Montem Lehericum », devienne l'objet d'une aumône dont il gratifia l'abbaye de Malnoue. [ Recueil des actes de Philippe Auguste , tome I, par Henri-François Delaborde, 1916].

(4) Fontenelle était le premier nom de l'abbaye Saint-Wandrille, nom du ruisseau affluent de la Seine sur les bords duquel elle était construite, dans la forêt de Jumièges.

(5) Abbé J.-M. Alliot, Visites Archidiaconales de Josas [texte latin, visite 783] (chez Alphonse Picard et fils, Paris, 1902).

dagnot/chronique30.01.txt · Dernière modification: 2020/11/12 03:31 de bg