Corpus Essonnien

Histoire et patrimoine du département de l'Essonne

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La Fronde dans la région de Montlhéry

Chronique du Vieux Marcoussy –Marcoussis———— _- ————————————–Juillet 2009

C. Julien

JP. Dagnot

Les chroniques du Vieux Marcoussis proposent une série de textes sur l'étude de l'état physique, civil et moral des villages du Hurepoix durant la Fronde (1). Le premier volet est consacré aux faits, et leurs conséquences, survenus dans la région de Montlhéry. Le choix des villages a été guidé par la présence de documents d'archives accessibles. Rappelons au lecteur qu'une première chronique a parlé des évènements de la Fronde à Marcoussis .

Les premiers faits politiques et militaires dans la Hurepoix

Ce sont des lettres de Mazarin qui nous renseignent sur les évènements qui ont eu lieu autour de Paris, ville qui était âprement disputée entre le Parlement et les Frondeurs, d'une part, et le gouvernement royal, d'autre part (2). Cette période de trouble a lieu pendant la minorité de Louis XIV et en pleine guerre avec l'Espagne. Les historiens distinguent trois facteurs explicatifs : - une pression croissante de la fiscalité royale, - une remise en cause des privilèges des parlementaires des cours souveraines et des officiers de robe, - un renforcement du pouvoir monarchique et volonté d'abaisser l'influence politique des ordres du royaume.

Dès le début de janvier 1649, le gouvernement avait décidé d'assiéger Paris en déployant quatre armées dont celle du comte d'Harcourt à Bourg-la-Reyne « et qu'on avoit donné une monstre aux trouppes qu'on avoit faict venir à se [ce] desseing et promis aux soldatz le pillage des faubourgs de Paris et des maisons des conseillers ». Voilà bien décrit la cause de tous les malheurs de cette guerre : la soldatesque vivant sur le pays par la rapine et le pillage.

On travaille au manifeste du Parlement « Union jurée et signée à Paris par les Princes, Seigneurs, Cours Souveraines, Corps de Ville et Bourgeois de Paris le 17 janvier 1649 ». Voici le commencement de ce texte « N'ayantz eu autre intention que celle de conserver l'Estat et authorité royalle dans le lustre et l'esclat que tous fidelles subjectz les doivent maintenir, et cognu que la mauvaise administration du cardinal Mazarin, marquée par une infinité d'actions injustes et violentes en causeroit indubitablement la ruyne, la dissipation, et l'abaissement, principalement dans l'opression notoirement entreprise contre les cours souveraines, la dignité des loix despuis si longtemps establies dans se [ce] rouyaume, nous avons promis et juré sur les saintz Evangiles d'ung commung consentement que pour le soubstenir nous employerons librement et franchement nos biens et nos vies; et pour se se [ce] subject nous voulons estre tenus, ou ceux de nous qui contreviendront à la parolle qu'ilz en ont si solennellement données, pour gens sans foy et sans honneur s'il arrive qu'en general ou en particulier il s'en rencontre aucung capable de se relascher, accepter nulles offres, ny conditions sans exceptions, sans que le cardinal Mazarin n'aie esté chassé du rouyaume comme perturbateur du repos public… ».

L'hiver 1649 a été très pluvieux, un chroniqueur fit remarquer « La rivière de Seine est tellement grossie puis trois jours qu'on ne l'a jamais veu si grosse; elle a emporté le moulin de la Grève et le bout de pont des Tuilleries du costé du faubourg Saint-Germain et amené une prodigieuse quantité de bois ». Ce qui présage des récoltes médiocres pour l'été 1650. Le ravitaillement en vivres est une question centrale pour les Parisiens et les armées en mouvement, c'est ce dont vont souffrir les villages du Hurepoix.

Le 15 janvier 1549, le marquis de La Boulaye fit une sortie avec 400 chevaux et fut jusqu'à Linas, à 4 lieues d'icy, où quelques officiers du party contraire arrestoient les vivres qu'on vouloit amener à Paris: lesquels ayant esté avertis de son approche se sauvèrent, de sorte qu'il s'en revint avec 12 ou 15 Suisses ou Allamans qu'il avoit faits prisonniers. Après le combat de Charenton remporté par l'armée royale le 8 février 1649, les soldats du roi ravagent le sud de Paris.

Extrait d'une carte de l'Isle de France (1632)

Les premiers ravages de 1649

Les ravages de la Fronde, particulièrement dans nos campagnes du sud de Paris, ont été effroyables. En parler seulement à propos des revenus des fermes agricoles peut paraître insuffisant. Mais ce point de vue, à lui seul, est déjà significatif. Dès 1649, à une époque où les Parisiens cherchent à armer les villages de banlieue pour les entraîner avec eux, la famine règne dans les campagnes.

Le 18 janvier 1649, quelques troupes du parti Mazarin se présentèrent devant Meudon pour y loger, « mais les habitans, assistez de plusieurs paysans des villages voisins qui y avoient réfugié leur bestial, se deffendèrent jusqu'au 19 au soir, que les premiers entrèrent par force; et après avoir pillé tout hormis le chasteau, n'ayant pas eu le loisir, ils abandonnèrent le village et se retirèrent avec le bestial qu'on y avoit réfugié; ils y perdirent quelques soldats et quelques officiers y furent blessez ».

Lescot, l'échevin de Paris, chargé d'une mission de subsistance entre Paris et Melun, écrit le 21 mars 1649 (Registres de l'Hôtel de Ville de Paris pendant la Fronde) :« Nous prévoions deux choses. La cherté extraordinaire du blé par l'artifice des marchands… L'autre est la disette de laquelle est menacée nostre ville à cause des mauvais effets que la guerre a causé en ce pays, tant à cause que l'armée a faict de très-grands dégasts de grains (ayant réduict la ville et pays circonvoisin de Corbeil dans une si grande disette que, pour faire du pain de munition, on vient achepter du bled en cette ville de Melun), que aussy que les mars manqueront, manque de chevaux, et que les laboureurs n'osent paroistre avec leurs chevaux et charues pour les volleurs qui courent toute la campagne; que mesme il a esté desrobé jusques aux portes de cette ville. Ausquelles nous pouvons adjouster une troisiesme, qui est l'abbord et l'affluence de la plus part des pauvres habitants de la campagne d'autour de Paris, qui ont été ruinez comme il est notoire à tout le monde, et ausquel il sembleroit que sans crime on ne leur en oseroit refuser ».

Fin avril, le calme était momentanément revenu « Tous les esprits raisonnables continuent à vivre icy dans le calme, quoique fort tristes et bien estonnés de ne voir d'apparence que la Cour revienne de long temps à Parys… », alors que le duc d'Orléans partant pour Amboise coucha le 25 avril dans son château de Limours « pour pacifier les brouilleries »..

Les Princes prisonniers à Marcoussis

La politique de Mazarin, qui prône le rapprochement avec quelques anciens frondeurs (Gondi, Beaufort), se fait contre la famille de Bourbon (Condé, Conti et leur beau-frère Longueville, mari de leur soeur). Ce retournement ouvre une nouvelle phase d'agitation appelée Fronde des Princes . Le 18 janvier 1650, l 'arrestation des princes de Condé et de Conti et de leur beau-frère le duc de Longueville est un véritable coup de théâtre. L'événement provoque le soulèvement de leurs clientèles et par conséquent, celui de leurs provinces. Les prisonniers sont détenus à Vincennes.

Craignant un coup de force, Mazarin décida « de faire transférer MM. les princes hors du Bois de Vincennes, où l'on avoit remarqué que M. Le Tellier feut la semaine passée 3 ou 4 fois pour en conférer avec M. de Bar, et que les trouppes qui estoint aux environs de Paris sans faire aucung désordre estoint destinées pour les escorter. Pour cest effects ces trouppes, qui consistoient en 2 ou 300 chevaux, sçavoir la compagnie des gens d'armes de M. le duc d'Orléans, qui est de 100 hommes bien faitz avec quelq'ungs de ses gardes, celle du Prevost de l'Isle, et quelques autres gens ramassés, s'estant trouvés le 29 à 5 heures du matin à Vincennes, on en fit partir à 8 heures MM. les princes dans trois carrosse conduitz par M. de Bar et escortés aussy par la garnison de Vincennes, laquelle grossit ces trouppes jusques à 500 chevaux et 300 fantassins. Ilz passerent la Marne sur le pont de Charenton, lequel feut rompu incontinent après, aussy bien que celuy de St Maur, et la Seine dans un bac; et parce qu'il sembloit par là qu'on leur voulut faire prendre le chemin d'Orléans, on creut qu'on les menoit au chasteau d'Amboise, mais on ne les mena que dans le chasteau de Marcoussy, qui apartient à M. d'Antragues, scitué proche Linas à 6 lieues d'icy , où ilz sont encor ».

Au début du mois de septembre « Le sieur de Champfleury, cappitaine des gardes de M. le Cardinal, arriva icy avant hier; et en passant à Marcoussy, eut une longue conférence avec M. de Bar et icy avec M. Le Tellier; et M. de la Tivoliere estant arrivé hier icy au matin, feut mené à M. le duc d'Orleans par M. le Garde des Sceaux et par M. Le Tellier, qui tiendrent Conseil avec S.A.R., sans qu'on aye peu encor sçavoir le suject ». Le 9 septembre une assemblée de la noblesse réunie à Sens envoya « 80 chevaux commandés par le comte de Bussy Rabuttin, passèrent par Pont sur Yonne et feurent à leur rendés vous aupres de Chastillon pour s'y joindre à quelque autre cavalerie qui le comte de Tavanes y avoit mené, afin d'aller faire un effort à Marcoussy pour enlever MM. les princes ». Puis, « M. de Bar a faict mettre des grilles de fer en la chambre où sont MM. les princes à Marcoussy à cause que les fenestres demeurant tousjours fermées, M. le Prince en avoit rompu les vitres pour veoir [ sic ] l'air. L'on y mena, la nuict du 10, 4 pièces de campagne avec des munitions de la Bastille ».

Finalement le 12 novembre 1650, on transféra les Princes de Marcoussis au Havre « Le régiment de la Villette estant arrivé dès le soir du 12 à Marcoussy avec les gendarmes et chevaux légers du roy et la compagnie des gardes du comte d'Harcourt, le tout faisant le nombre de 7 à 800 chevaux et 1500 fantassins, on en fit partir MM. les princes le 15 à 8 heures du matin, les deux frères dans un carrosse du Roy, et M. de Longueville dans une carrosse de la Reyne conduitz par ce comte ».

Les évènements de 1652

Reprenons les documents d'archives donnant la chronologie des évènements survenus en 1652. Dès mars, nous voyons le duc d'Orléans et sa fille parcourir le royaume en prônant la paix « Mademoiselle estant partie d'icy [Paris] le 25, feut coucher à Chastres [Arpajon], et envoya le marquis de Flamarins en toutte diligence à Orléans, pour y porter la nouvelle de sa venue et preparer les espritz à la recevoir ». Dans la lettre datée de Paris le 26 avril 1652, nous lisons « L'armée de la Cour s'estant aproché par le mesme chemin que le Roy a tenu, celle de MM. les princes decampa de Montargis, et s'en vient à Estampes, d'où elle s'est aproché à Estrechy [Etrechy], et la première vers Chastres [Châtres] et Linas, 6 à 7 lieues d'icy, en sorte qu'elles ne sont qu'à 3 lieues l'une de l'autre. Cette aproche a obligé tous les lieux voisins d'apporter icy tous les meubles et denrées… ». Le vicomte de Turenne et le maréchal d'Hocquincourt, chefs de l'armée royale étaient donc installés à Châtres-sous-Montlhéry où ils ôtaient au comte de Tavannes toute communication avec la capitale et observaient avec un soin vigilant tous les mouvements de l'armée des Princes.

Celle du 3 mai « Les mareschaux de Turenne et d'Hocquincourt ayant envoyé, dès le 3 au soir, à Mademoiselle le passeport qu'elle leur avoit demandé, celuy cy ayant aussy promit escorte, elle partit le 4, à 8 heures du matin, d'Estampes … apres quoy, Mademoiselle poursuivit son chemin vers Chastres, et y feut fort bien receue, où ces 2 mareschaux luy avoit fait aprester à disner, mais elle n'y voulut pas arrester. Ilz luy baillerent une escorte de 60 chevaux, qui la conduiserent jusques au Bourg la Reyne, où elle feut receu par M. le Prince ». La duchesse de Montpensier [Mademoiselle] faisait office de médiatrice tout en étant du parti des Frondeurs. « Mademoiselle n'ayant plus rien à faire à Orléans, en partit avant hier et arriva hier à Estampes, où est le principal quartier de l'armée de MM. les princes, d'où elle envoye un trompette au mareschal de Turenne (qui est tousjours avec son armée vers Chastres et Linas), pour luy demander un passeport et une escorte, afin de revenir à Paris ».

Puis, le 7 mai « L'armée de la Cour ayant decampé, hier au matin, de Chastres et de Linas, s'approcha de Paris et vient loger à Longemeaux [Longjumeau], Palaiseau, et aux environs, où elle a attaqué le chasteau d'Ambervilliers, dans lequel se sont réfugiés 900 paysans, avec leur bled et autres denrées ».

Dès le 24 mai 1652 « L'armée de la Cour, dont l'avant-garde avoit commencé de marcher dès le 24, décampa tout à fait de Palaiseau et des environs, et marcha vers Estampes au nombre de 10 mille hommes seulement, avec 14 pièces de canon, dont il y en a 4 de 24 livres de balle, et le reste de 12, 8, et 6, avec 2 mortiers, 106 bombes, et 600 bouletz, tous les chevaux de bagage de la Cour ayant esté employés à traisner cest attirail jusques à Estrichy [Etréchy], où cette armée arriva hier au soir, et n'est plus qu'à une lieue d'Estampes, qu'elle doit attaquer aujourd'huy. Il y a dedans 7000 hommes effectifs, bien retranchés, bien munis de touttes sortes de prouvision, hormis de fourage pour leurs chevaux, n'en ayant peu amasser que pour 15 jours au plus ». Les troupes royales repassent une nouvelle fois par le Hurepoix central « La nouvelle vient d'arriver que l'armée du mareschal de Turenne a décampé aujourd'huy de Palaiseau, et marche du costé de Chastres, pour aller à Estampes, ayant seulement laissé quelque cavalerie à Chilly, pour escorter 6 pièces de canon qui [qui y] sont demeurés parce que les affutz n'en sont pas achevés. Il y a quantité de malades dans son armée, aussy bien que dans celle de MM. les princes ». Les épidémies commencent donc à sévir.

Un lettre du 31 mai nous apprend « L'armée de la Cour estant arrivée à Estrichy [Etréchy], le Roy partit de Corbeil le 27, des 4 heures du matin, avec le cardinal Mazarin, pour y aller, tant afin d'obliger, par là, tous les volontaires qui sont à la Cour de s'y trouver, que pour faire passer l'armée en revue; et la Reyne demeura à Corbeil avec M. le duc d'Anjou. Ceux d'Estampes envoyèrent, le mesme jour, un party de cavalerie vers Estrechy, lequel enleva la compagnie des gendarmes de la reyne, apres un petit combat où il y en eut quelqu'ungs de tués de part et d'autre ».

Les ravages de 1652

La misère et la ruine culminent au printemps 1652, quand les armées de Condé et de Turenne manouvrent entre Étampes et Paris. Le 7 mai 1652, une partie des troupes de Turenne vient camper à Antony, le gros de l'armée est à Palaiseau : on pille les villages environnants. Le 7 juin, Turenne campe à Châtres, le 17, à Villeneuve-le-Roy, tandis que Condé est à Antony. Tous les témoignages confirment leurs ravages : en juillet 1652, divers fermiers de Brétigny font faire des visites pour constater l'état des récoltes «pour le regard des dommages et dégâts qui ont esté faicts par les gens de guerre depuis le vingt-troisième apvril dernier jusques à présent». Toutes les récoltes son anéanties, il n'y a plus un seul grain disponible sur le plateau de Valgrand-Brétigny. Les experts constatent que sur les terres dépendant de la ferme de Fresne, « depuis le lieu de Fresne jusques à Beaulieu, la Maison-Neuve et la Garde, ladite ferme appartenant au sieur Denis Magnan, garde provincial de l'arsenal de Paris », le fermier ne pourra recueillir que ce qui n'a pas été détruit, c'est-à-dire peu de chose. Puis, ils visitent l'état des récoltes sur les terres louées par Jehan Bourdon, sur le terroir de Brétigny. Le 16 juillet, ils arrivent sur les terres de la Maison-Neuve et tenues à ferme par Etienne Pardé, de François Martel, chevalier et seigneur de Brétigny. Quelques jours plus tard, ils constatent les dégâts sur les terres tenues à loyer, de la fabrique de l'église Saint-Pierre de Brétigny par Jehan Bourdon. Un acte de même nature est fait sur les terres de la ferme de la Moynerie, tenues du prieur de Longpont, par Boniface Pigeon. Les fermiers comptent naturellement obtenir pour cela des abattements sur leurs fermages. Dans le domaine de Saint-Placide ou de La Folie à Choisy, les gens de guerre de l'armée du duc Charles ont fait pour 2.000 livres de dégâts.

Le 24 juillet, saint Vincent de Paul écrit : « Nous avons entrepris à Palaiseau, où l'armée royale a campé vingt jours, un aussi grand travail que celui d'Etampes; les maladies et la pauvreté y sont extrêmes ». Et les “Relations” de Jean de Bernières signalent : « Les villages de Châtres, Linas… sont déserts ». Ces dévastations ne furent pas sans conséquence politique. Chéruel signale que « les membres du Parlement, dont les maisons de campagne étaient dévastées, se détachèrent d'un parti qui ne donnait ni ordre ni sécurité, et appelèrent de tous leurs vœux le retour du Roi ». Un des plus concernés est le président Lamoignon, marquis de Basville, pour son domaine de Courson. Les bourgeois parisiens propriétaires à Brétigny, Châtres, Avrainville, etc., sont aussi touchés.

Une transaction ou accord a été fait le 7 septembre 1652 entre Michel Lemasle, prieur commendataire de Longpont et Germain Moyneau, « à qui ledit sieur prieur avoit passé bail général de tous les revenus du prieuré pour neuf ans. Ladite transaction portant qu'attendu les courses des gens de guerre, ledit fermier n'ayant pu jouir ni labourer en 1652 , ledit bail n'aura lieu que pour huit ans, commençant par la récolte de 1654 » sans expliquer le prix ni les clauses dudit bail, ni même de date.

Ainsi le pays a été dépeuplé; et la Mère Angélique comprend bien que les propriétaires doivent en subir les effets : « On ne trouve presque plus de gens à la campagne pour cultiver les terres, tant il en est mort », écrit-elle à la reine de Pologne, le 28 janvier 1654. Et le 1er avril : « Les charités de ce pays sont changées, car ce n'est plus les pauvres ordinaires qui souffrent et ont besoin; au contraire la grande quantité que la guerre et la cherté du blé des dernières années a fait mourir, jointe à l'abondance des blés de l'an passée, les a mis à l'aise: car y en ayant peu, on a grand peine à en trouver pour les ouvrages nécessaires de la campagne et de même des artisans; de sorte qu'il les faut payer au double, et ils gagnent en un jour de quoi vivre une semaine. Mais les pauvres sont à cette heure les petits gentilshommes de la campagne, dont les maisons ont été pillées et ruinées, et les laboureurs qui, outre qu'ils ont connu la même fortune, sont ruinés par les tailles; de sorte que plusieurs sont contraints de tout abandonner ».

De très nombreux baux furent passés dans les années 1653-1654, c'est-à-dire au lendemain de la guerre, succédant à des règlements de compte. Après règlement de compte entre les religieux de Saint-Germain-des-Prés et leur fermier d'Avrainville, un nouveau bail fut conclu ; on y relève une clause selon laquelle « le fermier ne devra souffrir en icelle terre et maison seigneuriale et en ses dépendances aucunes personnes scandaleuses ni de mauvaise vie », ce qui laisse entendre bien des choses.

Encore en 1658 le bail général de Brétigny stipule : « Ont lesdites parties accordé qu'arrivant pendant le temps du présent bail des mouvements de guerre de Paris, sera loisible auxdits preneurs de remettre ès mains dudit seigneur bailleur sa ditte recette en payant par ledit preneur jusques au jour qu'ils auront joui, quoi faisant le surplus du présent bail demeurera résolu ». En 1655, dans un règlement de compte entre la femme d'Étienne Rozerot et son fermier de la Noue-Rousseau en vertu d'un bail de 1652, une diminution est accordée au fermier « en considération des pertes qu'il dit avoir fait pendant les mouvements ». Il reste que ce fermier, comme beaucoup d'autres dans le Hurepoix, est lourdement endetté envers ses maîtres.

De nombreuses obligations furent souscrites en 1653 et 1654 par les fermiers de la région de Montlhéry. Mais on remarque que ces fermiers endettés, après le règlement de compte, restent en général dans la ferme. Y aurait-il eu une disette de fermiers suite aux nombreux décès?

La ferme de la Maison-Neuve bornée au nord par le chemin d'Arpajon à Vert-le-Grand, route transversale qui rejoint la route de Mennecy, était sur le passage des troupes du prince de Condé. Il est difficile de juger des loyers des fermes de la Maison-Neuve et de Saint-Philibert pour lesquels nous manquons de données entre 1639 et 1654 : d'une date à l'autre, et une fois opérées les réductions nécessaires, les loyers se retrouvent très voisins : mais n'y avait-il pas eu de hausse à l'expiration des baux de 1639 ?

Bref, nous sommes mal renseignés sur les loyers de cette période troublée. Pourtant, il est possible d'avancer que si les propriétaires ont eu à subir des pertes importantes : dégâts causés aux bâtiments, remises faites aux fermiers, sans parler du retard des rentrées, les baux ont été renouvelés au lendemain de la guerre à un prix semblable, ou légèrement inférieur à ceux pratiqués la veille; on était pourtant dans une période d'inflation, mais la déflation qui suit bientôt va les dédommager.

Dégâts causés par les gens de guerre

Fresnes, hameau au sud-est du terroir de Plessis-Pâté, est situé sur l'ancien chemin de Paris à La Ferté-Alais qui fut également pratiqué par les mercenaires des Frondeurs. En 1654, le sieur Pigeon était le fermier de la Moinerie qu'il louait au prieuré de Longpont moyennant un loyer annuel de 400 livres . Ce laboureur demanda un rabais de son loyer pour effectuer des réparations « suite aux faicts de guerre ».

Le 27 mai 1650, une assemblée d'habitans, lesquels ont dit, juré, et affirmé en leur âme et conscience, qu'en 1649, les troupes de Sa Majesté conduits par le sieur Boysacq, arrivèrent au bourg de Linois où ils demeurèrent trois jours pendant lesquels ils firent de grandz desgatz en la paroisse dudit Linois mesme gastèrent et bruslèrent tout le bois qu'ils trouvaient en leur disposition de quelques quallité qu'ils puissent .., entre aultre se souviennent que ung carrosse ayant ses roues estant en une grange appartenant à Gervais M..(?), marchand boucher de Linois, et appartenant à une dame dont ils ne savent pas le nom qui a loué ladite grange deux ou trois jours après les gens de guerre revinrent au bourg de Linois firent grand désordre et bruslèrent ledit carrosse et emportèrent l'étoffe, le cuir dudit, ny ayant presques aucuns habitans audit Linois, ….

Le 24 avril 1652, la soldatesque pille le village de Marcoussis et attaque le monastère (cf. la chronique en ligne).

Un procès-verbal dressé le 29 juillet 1652 parle de lui-même (bien qui partiel) sur la terreur des habitants qui tentent de sauver le peu qu'ils possèdent. Aujourd'huy, lundy huit heures de relevé, sont comparus par devant le notaire royal gardenotte héréditaire de la ville, comté et prévosté royalle de Montlhéry, présentz les témoings soussignés, Michel Mesnager, vigneron demeurant à Ballainvilliers, Michel Mainfroy, vigneron demeurant à La Ville-du-Boys, Jean Mathieu, manouvrier, Marc Rousseau, touch..(?) de bestial appartenant à feu Barthélemy de présent demeurant audit Orléans, lesquels ont dû ..(?) pour éviter assaut … ? Catherine Provost … ils ont mis sur un harnois chargé de marchandises de toutes sortes, toutes emballées, attelé de cinq chevaulx conduit par Fiacre Choisy, voiturier demeurant audit Orléans .. (?) congoissant fort bien et sont partis à ladite heure (?) de l'hostellerie de (?) size à la porte Saint-Michel à Paris et continuer leur chemin par le grand chemin royal tendant dudit Paris audit Orléans, assistez d'un autre harnois à vuide attelé de deux chevaulx dit dessus (?) à l'endroit d'un pont prosche il a entendu appelé la maison de la Croix Saint-Jacques seroit arrivé à eux tant par .. (?) lesdits harnois ou estoient que par devant plusieurs gens de guerres et fantassins armez de fusiz et pistolletz au nombre de quatre-vingts ou environ , lesquels auroient fait arrestez ledits cinq chevaux et harnois tenant leurs fusilz bandés sur eux et en mesme temps ont jeter par terre tous les ballots qui estoient sur lesdits harnois et ensuite rompu, brizé et .. (?) tous les coffres malles biens de Catherine Provot procureur femme (?) de Blache Deshayes commis au .. (?) à Orléans, crevez un coffre de trois pieds de long, ouvert une malle de deux pieds et demy de long et une autre petite malle de longueur d'un pied et demy qui estoient emballez sur le milieu dudit harnois et ensuite ils ont … (?) plusieurs habitz pourpoint, hault de chausse, manteaux robbe de chambre, bas de soye, et soulliers à mulle qu'ils ont tirez du grand coffre…

Les évènements interviennent également à Courtabeuf pendant la guerre civile de la Fronde alors que la sécurité des biens et des personnes n'est plus garantie. Le 18 février 1652, Josias de Rouen, seigneur de Courtabeuf porte plainte disant que « suitte à labbas des murailles et comblement de fossés faict le 29 décembre dernier à lentour de son jardin et clos dudit Courtabeuf, par le nommé Delaslau et complices eux ou quelques gens du mesme estat, où nuittamment passé par les bresches ont percés la muraille de la grange ou ayant entré ilz ont pris du moing la valleur d'un muid de blé… ».

Incidences économiques

Les incidents économiques sont d'autant plus importants que la situation précédente était fragile avec des impôts de plus en plus lourds pour payer les dépenses de l'armée royale engagée dans la guerre de Trente ans. La Fronde réédite l'anomalie du dernier épisode le plus fameux des guerres de religion. La Fronde Parlementaire n'a pas épargné la région parisienne et, de janvier à mars 1649, les troupes royales s'efforcent sans trop de succès de bloquer l'approvisionnement de la capitale à ce moment particulièrement sensible de l'année. Du 2 au 9 janvier 1649, le prix du froment flambe de 13 livres 10 sols jusqu'à 30 livres le setier, puis reflue à 22 livres le 18 du même mois. Les prix reviennent en hausse au printemps et l'été 1649 quand se précise la certitude de la mauvaise récolte de l'année 1649.

Beaucoup plus sévères, les marches et contremarches des armées des Princes et des armées du Roi, de décembre 1651 à octobre 1652. La grande originalité de la crise terrible de la Fronde, c'est, plus que son amplitude, sa durée étonnante : trois années terribles 1649-52, avec un léger tassement en 1650-51. Le Fronde des Princes augmente la crise, de décembre 1651 à octobre 1652, les champs sont saccagés, l'approvisionnement réduit et l'acheminement des convois perturbé. Les prix montent considérablement en mai et juin 1652 avec l'avance des armées royales vers le nord sur Palaiseau et vers le nord-est sur Villeneuve-Saint-Georges. Le Hurepoix est ravagé, zone ordinaire d'approvisionnement de Paris.

Le 19 mai 1650, lors du baptême d'un enfant de deffunt Pierre Bourebvin, musnier du moulin à vent de Marcoussis et de Léonarde Petit demeurant à Freté, l'acte mentionne à la suite « le prix du septier de froment vendu 36 livres depuis septembre 1649 et maintenant revenu à 16 livres ».

Une assignation donnée le 16 juillet 1652, à la requeste de Gilles Hervet, marchand, à comparaître devant le prévost pour dire que ledit Hervet sera déchargé du loyer et fermage de la dixmes des grains de la paroisse de Linois qu'il tient à loyer du chapitre de Linois, pour la présente année à cause des dégats qui ont été faits aux grains tant bled avoine orge qui dépendent du dîmage des sieurs du chapitre tant par les gens de guerre pendant que l'armée du Roy a été campée à Chastres que depuis par celle des Princes par les allées et venues desdits gens de guerre à travers des grains et en ont soyé une partie pour donner à leur chevaux .

Depuis 1650, le propriétaire et seigneur de Fresnes est Denis Magnan, garde principal de l'arsenal de Paris, munitions et magasins de France. À sa requête, Jean Bézault, greffier et tabellion à Brétigny, se transporta, le 10 juillet 1652, avec Jean Bourdon, Étienne Pardé et Pierre Aumont, laboureurs à Brétigny, sur plusieurs pièces de terre, dépendant de la ferme de Fresnes, situées « depuis ledit lieu de Fresne jusques à Beaulieu, la Maison-Neuve et la Garde louées à Jean Lebas, pour y apprécier les dommages causés par les gens de guerre et les chevaux ».

Le fermier Jean Lebas est ruiné , couvert de dettes car il a perdu toute la récolte de 1652. Il doit déguerpir de Fresnes. Le 1er mars 1653, Anne Renier, veuve de Louis Crespin, vivant, bourgeois de Paris, fait bail pour neuf ans, à Robert Lecompte, laboureur à Fresnes, et Marie Fontaine, sa femme, d'une ferme sise à Fresnes, « louée auparavant à Jean Lebas » ; le loyer annuel est fixé à 700 livres tournois.

Étienne Pardé était encore fermier de la Maison-Neuve lorsque les terres en furent dévastées, sur une étendue de près de 60 arpents, par les gens de guerre, pendant la Fronde, depuis le 23 avril 1652 jusqu'au 16 juillet suivant . Pardé, qui avait succédé à Lyot, avait pris à bail la ferme de la Maison-Neuve le jour de Saint-Martin 1640 moyennant 380 livres tournois, plus deux muids de grains, dont un demi-muid de blé froment, un muid de blé méteil et un demi-muid d'avoine, le tout mesure de Montlhéry.

Faits anecdotiques

Le 13 juin 1652, en la maison de Gilles Rochereau, marchand de Montlhéry, Charles Rochereau déclare qu'il a mis en garde entre les mains de Gilles son frère, la somme de 410 livres tournois, en louis d'or, « qu'il a mis au chasteau de Marcoussis dans les cavec d'icelluy, savoir dans une des deux grandes caves il y a deux muids et deux demi muid de vin, clairet bon loyal et dans la cave de desous la montée dudit chasteau, il y a aussy un poinson un demy muid vin clairet et de poinson de vin blanc plus à porté à Paris, … et autres biens, que il y a encore audit chasteau en la grande salle d'icelluy, deux lits garnyes de plume, couverture, salle des communs, un manteau…, un demi muid enterré à la Pellerine où il estoit plein de vaisselle ».

Un inventaire d'une malle au château de Marcoussis est fait le 21 juin 1652 devant Charles Poullier, tabellion au baillage de Marcoussis « Jean Lecocq, marchand mercier demeurant à Leuville et Jean Aubert, marchand mégissier de Linoys, de présent au chasteau de Marcoussis, mis au chasteau à cause des guerres, mis dans un des hangards de la basse cour un coffre appartenant à Charles Chapelon ». Il s'agit surtout de linge.

La reconstruction

La reconstruction et la prospérité furent lentement recouvrés de 1654 à 1690, époque pendant laquelle la France connaît pratiquement la stabilité monétaire. Au lendemain de la Fronde, plusieurs années de bonnes récoltes font considérablement baisser le prix du blé, mais il reste du moins supérieur à celui des années, de bas prix, passées comme ceux des années 1639 et 1646.

Les propriétaires ont fort à faire à restaurer leurs domaines, soit qu'ils aient été ruinés par la guerre, soit, comme il semble aussi, qu'il y ait eu négligence de leur part dans les années antérieures. On fait pour 250 1.t. de travaux à la Maison-Neuve de Brétigny en 1655. Des réparations au Pavillon « dépendance du château des Hallières » sont entreprises en 1654 (3).

En 1657, Pierre Bretonnet, maçon à Brétigny, commença aux bâtiments de Fresnes, pour le compte de Jeanne Crespin, des travaux de maçonnerie d'une certaine importante à en juger par le chiffre du devis qui est de 300 livres tournois. La même dame paya 240 1ivres tournois en 1662 « pour travaux de massonerie et de couverture en thuille en fournissant les matériaux » à André Delaville et Jacques Le Gendre, maçons de Châtres. Le devis porte entre autres choses, « la démolition et la reconstruction de la grande porte cochère et de la petite porte à costé ». Voulant faire fructifier ses investissements, la dame de Fresnes voulut augmenter les loyers et entra en conflit avec son fermier Robert Leconte et sa femme « prétextant qu'ils ne cultivaient pas d'une façon convenable ». Par un acte du 22 octobre 1658, il fut convenu que Leconte allait « déguerpir le jour de Saint-Martin dhiver ». Le bail de la ferme de Fresnes pris par Jean Trottin, « laboureur à Cheilly », passa de 700 à 850 livres tournois.

Dans le bail fait en 1655 par les héritiers Bourdon-Delarue à Avrainville, les bailleurs reconnaissent qu'il y a de grosses réparations à faire à la ferme; si elles ne sont pas faites pendant le bail, ils consentent une diminution de 100 livres par an sur un loyer de 1.100 1ivres.

La période s'est donc ouverte aux dépens des propriétaires: mais bientôt ils vont se rattraper par la hausse des fermages. Le fermier de Saint-Placide a payé ses loyers de 1655 à 1661 avec une exactitude remarquable. La faillite du fermier de la Noue-Rousseau en 1658 venait seulement de ce qu'il traînait sa dette depuis le temps de la Fronde. Partout ailleurs, les échéances semblent s'être passées au mieux.

Cette aisance se traduisit par une montée générale des loyers. Nous avons vu que le bail de la ferme de Fresnes à Brétigny, passa, en 1658, de 700 l .t. à 850 l .t. Les autres baux à Brétigny subissent les mêmes augmentations ; celui de la Maison-Neuve accordé à Michel Leconte pour 660 l .t. passa à 750 l .t. lorsqu'il fut transporté à Simon Le Maire. Le 29 octobre 1658, la ferme et métairie de Saint-Philibert avec 150 arpents de terre appartenant au seigneur de Brétigny, est louée 800 livres tournois, 6 poules, 6 chapons et 2 poulets d'Inde à Pierre Richer et Julienne Crécy, sa femme. Le bail se trouve augmenté de 150 livres par rapport au précédent.

Par bail du 5 septembre 1653, la ferme de la Maison-Neuve fut louée, moyennant un loyer annuel de 660 livres tournois, à Jean Tholomé, laboureur, par André Josse, agent des affaires de François Martel. Le 30 septembre 1654, Tholomé céda son bail à Michel Le Compte (et mieux Leconte), laboureur au Mesnil, paroisse Saint-Philibert de Brétigny. Dans l'acte de cession il est dit que la ferme consiste en bâtiments et 200 arpents de terre, et que le prix annuel du loyer est de 660 livres tournois. Cette cession n'eut pas de résultat; elle fut annulée d'un commun accord entre les parties: le 10 octobre 1654.

En 1662, le bail de la ferme seigneuriale d'Avrainville fut augmenté de 1.100 l .t. à 1.200 l .t. En 1665, Maître Paul Portail fit passer à 650 l .t. un bail conclu en 1659 à 630 livres , en supprimant la clause de contrainte par corps.

Les troubles de la guerre passés, les bourgeois de Paris, propriétaires à Brétigny, remettent leurs domaines en exploitation. Pour la garde et l'exploitation de sa propriété de Fresnes, Denis Magnan avait fait avec Antoine Marinio, jardinier, et Xavière de Laforest, sa femme, un marché qui fut continué par acte du 29 juin 1654, passé entre les époux Marinio, d'une part, et Jeanne Crespin, veuve de Denis Magnan. Les premiers s'engagèrent à cultiver, pendant quatre ans, les jardin, parterre, potager et clos de Fresnes, garder et conserver la maison, soigner trois vaches, une monture, trois cochons et de la volaille, et à ne pas aller travailler ailleurs ; de son côté, la veuve Magnan leur promit de leur donner, chaque mois, « un septier de bon bled méteil, le dessoubz des vaches », une demi livre de beurre, pour la nourriture, par semaine, un boisseau de sel par an, et, chaque année également, « un cochon provenant de ceulx qu'ilz ont à garder », et enfin, la somme de 30 livres tournois « pour ayder à leur entretenementz de leurz habitz et chaussures et autres choses ».

Le 5 octobre 1654, Antoine Jamain, maçon couvreur à Brétigny, s'engage envers François Martel, seigneur dudit lieu, à faire, moyennant 40 livres tournois et la fourniture des matériaux, des ouvrages de maçonnerie au Pavillon.

Des travaux de maçonnerie et de couverture aux bâtiments de la ferme de la Maison-Neuve furent entrepris en 1655 ; on y dépensa près de 250 livres tournois. Toutefois, le laboureur de la Maison-Neuve avait subi de trop grandes pertes pour pouvoir continuer l'exploitation. Par acte du 14 novembre 1655, Jean Tholomé transporta son bail à Simon Le Maire, laboureur aux Noues, paroisse de « Villegrand ». Ce transport fut agréé et ratifié, le 12 mars 1656, par André Josse, agent des affaires du seigneur de Brétigny.

Les fossés du château des «Allières» durent subir ensuite des altérations notables; ils finirent par se vider de poissons, tellement que le seigneur de Brétigny dut aviser et prendre des mesures pour retirer quelque profit de ces fossés. Le 3 mai 1656, François Martel chargea Pierre Raguignau, charron à Brétigny, de « raccommoder les fossés du chasteau des Amères et les rendre propres pour y mettre du poisson, et s'engagea à lui payer à cet effet la somme de 40 livres tournois ».

Plus tard, dans son Traité des Grains , Boisguillebert, voulant prouver que la guerre n'était pas le facteur essentiel des crises, rappelait la prospérité des années qui avaient précédé la paix des Pyrénées. Par contre, la crise économique de 1668-1674 toucha le monde agricole avec une grande ampleur. Les fermiers venaient d'accepter les loyers les plus élevés du siècle quand se produisit, succédant à la disette de 1662, une chute sans précédent du prix du blé qui se prolongea pendant presque une décennie. Mais ceci sera l'occasion d'une nouvelle chronique du Vieux Marcoussy .

Notes

(1) Après « La Fronde à Marcoussis », le Vieux Marcoussy propose une histoire des “ Douleurs du Hurepoix sous la Fronde ” en trois parties. Les deux dernières seront consacrées, l'une à la démographie des paroisses pendant la Fronde et l'autre aux actions de Gaston d'Orléans dans son comté de Limours.

(2) Le lecteur pourra consulter : (a) M. de Sainte-Aulaire, Histoire de la Fronde , Libr. Baudouin, Paris, 1827 ; (b) A. Feillet, La misère au temps de la Fronde , Libr. Didier, Paris, 1862.

(3) Contrairement aux fables écrites par certains auteurs, sur la dénomination du château des Halliers (faussement dénommé « Allières » ou « Alliers »), le toponyme est donné par Buffon « les halliers, du latin alierius, sont des lieux anciennement défrichés et qui ne sont couverts que de petites broussailles ».

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