Corpus Essonnien

Histoire et patrimoine du département de l'Essonne

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Le fief du Bois des Petits à Marcoussis

Chronique du Vieux Marcoussy ————————————- _——————————-Juillet 2009

Extrait du plan terrier de Marcoussis (1786).

C. Julien

L'équipe du Vieux Marcoussy présente une brève chronique sur l'histoire d'un fief qui, sous l'Ancien régime relevait de la seigneurie de Marcousis : le “ fief du Bois des Petits ” dont les titres disent qu'il était anciennement nommé le “ fief du Taillis de la Brosse ” ou “ fief de la Brosse ”.

Le plan terrier de la seigneurie de Marcoussis, dressé par en 1781 par Dubray, géographe de la Généralité de Paris, nous indique clairement la position de ce Bois des Petits. Situé dans la partie orientale du terroir, au midi de l'Etang Neuf, il est contigu aux chantiers de l'Orme du fief, la Pièce d'Entragues, le Vaugoulan, les Bas-Moquets, et le Champ de l'Épine. Ces deux derniers lieux-dits indiquent, avec le fief de la Brosse , des terres difficiles et ingrates où les broussailles poussent si l'on n'y prend garde.

Toponymie et anciens documents

Comme toujours nous prenons appui sur le cartulaire du prieuré Notre-Dame de Longpont pour nous rapporter aux anciens documents. Nous trouvons onze chartes du début du XIIe siècle qui évoquent le nom d'un certain Simon de Brosse « Symon de Brucia ». Cet homme fréquente assidûment l'église de Longpont ; fidèle des moins, il est cité parmi les témoins.

Vers 1100, Simon de la Brosse donna à Sainte-Marie de Longpont et aux moines de ce lieu, toute sa terre qu'il possédait au Plessis « totam terram suam, quam habebat in Plesseio », excepté les bois qu'il avait là. Les témoins de ce legs furent le cuisinier Garnier, les serviteurs Robert, Bernard, Richard et Beloth.

Dans une charte de la même époque, une donation est faite aux moines de Longpont par le chevalier Hugues Chamillis, sa femme Lethelde et son fils Thomas de la tierce partie de la terre contiguë du buisson du nommé Guy « juxta bruciam Guidonis » dans la censive de Bernard d'Athis.

Dans son dictionnaire géographique Jules Marion désigne « Brucia » comme le nom primitif de La Brosse , hameau de la commune de Janvry. Nous en sommes moins certain pour les raisons suivantes : - il y a de nombreux lieux autour de Montlhéry appelés Brucia pour nommer des lieux en friche alors que ce toponyme venant du bas latin « broca » ou « brossa » désigne “une broussaille” ou “un buisson”, - le fief dont il s'agit est très proche du lieu nommé « Buisun » ou « Butio » qui aurait la même racine latine et est devenu Fontenelle au IXe siècle quand l'abbaye de Saint-Wandrille installa un prieuré dans la vallée de Marcoussis, - les chartes de Longpont semblent indiquer que le nommé Symon de Brucia était plutôt installé à l'orient de Montlhéry puisqu'il donna toute sa terre de Plessis-Pâté.

Les devoirs féodaux

Une fois constituée vers le Xe siècle la féodalité fut fondée sur le devoir de fidélité du vassal à son seigneur suzerain. Au cours des siècles, le droit féodal fut de plus en plus sophistiqué, mais toujours invariant quant à l'inféodation d'un bien ou d'un droit noble pour lequel le seigneur dominant oblige le vassal.

Deux actes majeurs constituent cette obligation : - la foy et hommage est dû à chaque mutation du suzerain et de vassal. Bien que le principe en fait une obligation strictement personnelle, la foy et hommage pouvait être remplie par un fondé de procuration ou un procureur par autorisation expresse. En fait, dès le XVIIe siècle, c'était encore une formalité importante comme nous le verrons après. Au XVIIIe siècle, un ou deux procureurs du bureau des Finances rendaient les hommages au Roi en nombre massif au nom de leurs clients. - l'aveu et dénombrement était fournit par le vassal une fois rendue la foy et hommage. Dans cet acte il “ advoue ” ou reconnaît sa vassalité, et il “ dénombre ” ou énumère dans le détail les droits et possessions qui composent son fief. Par cette énumération, le dénombrement est la source principale qui fasse connaître les droits seigneuriaux. Le dénombrement rendu au Roi par son vassal direct doit être vérifié, on dit “blâmé”, par la Cour des Comptes aux commissaires royaux délégués à cet effet. Le dénombrement rendu à un seigneur particulier doit être “blâmé” par celui-ci dans les 40 jours après sa remise; passé ce délai, il ne peut être discuté. Les dénombrements sont en effet des actes conservatoires de droits beaucoup plus importants pour le vassal que pour le suzerain.

Au reçu du dénombrement, le suzerain doit seulement s'assurer que le dénombrant n'a pas énuméré des droits empiétant sur les siens; c'est ainsi que les commissaires royaux poursuivent avec soin, dans l'intérêt public, l'usurpation des droits de souveraineté (justice), celle de privilèges fiscaux (biens nobles). Mais de son côté, le dénombrant cherche à maintenir tous ses droits à l'égard de ses inférieurs, un silence prolongé pouvant être considéré comme un abandon. Aussi, en fait, le dénombrement est-il surtout la liste des prétentions du seigneur.

La famille Petit de Marcoussis

Bien souvent, au Moyen Âge, il était de coutume de désigner les chantiers ou les lieux-dits par le nom de leurs propriétaires ou occupants. Ainsi, une famille Petit serait très ancienne à Marcoussis. Un bail à cens et rente fut passé en 1498 par le fondé de pouvoir de l'amiral de Graville au profit de Louis Petit pour des biens dans la seigneurie de Marcoussis. En 1559, Louis Petit , laboureur prend le bail de la ferme appelée la Bergerie appartenant à Louise de Humières, veuve de Guillaume de Balsac. En 1550, Robert Petit reçoit une taxe pour avoir conduit des prisonniers de la Conciergerie à la prison de Marcoussis.

Le terrier du XVIe siècle donne parmi les censitaires de la seigneurie de Marcoussis : Pierre Petit possédant une petite ferme à l'Etang Neuf en 1581 et cultivant 2 arpents au même chantier et quelques perches de terre au Houssaye, à la Grande Rüe et derrière l'église de Marcoussis. Dans son bail à cens du 3 octobre, il déclare posséder un arpent 37 perches et demie de terre au Bois des Petits dans la censive du seigneur de Marcoussis . Pierre Petit peut être considéré comme un riche laboureur puisqu'il déclare 12 arpents 67 perches 2/3 de terres dont près de 5 arpents de vignes aux chantiers de la Roche-Garnier , à La Madeleine , aux Champs-Félix et aux Audouardes. À cette époque il y a aussi Perrette Peuvrier, veuve François Petit , qui cultive quelques lopins de terre et 2 perches d'aulnoy à Marcoussis. En 1586, la coupe et dépouille d'une pièce de bois taillis au lieu-dit du Buisson Rond est vendu par François de Balsac d'Entragues à Pierre Petit.

Les déclarations censuelles de 1580 donnent également plusieurs autres membres de cette famille. C'est Lucas Petit , tuteur des enfants Caillet, qui habite à Beauvair et paie le cens sur 7 arpents 13 perches dont les 12 perches et demi de jardin derrière sa maison. Louis Petit déclare seulement 34 perches ¾ de terre dans la censive du seigneur de Marcoussis. Par contre, Nicole Petit, veuve de Michel Petit, est redevable du cens sur 4 arpents 9 perches et demie de vigne en 4 pièces, dont une vigne de 2 arpents 25 perches au chantier de Vaugoullant et une autre d'un arpent au Houssaye. Une autre veuve, Elisabeth Petit , femme de feu Jean Peuvrier, habitant une maison à la Grande Rüe avec un jardin de 18 perches, detient plusieurs pièces de terre dans la censive du seigneur de Marcoussis ; ce sont 2 arpents 12 perches et demie de terre au dessus du Bois des Petits, un arpent et demi aux Jardins, un arpents et demi au Champ de l'Epine, 2 arpent 25 perches au Vaugoullant et une demi arpent au chantier du Moquet, ce qui fait une superficie totale de 7 arpents 87 perches et demie de terre.

La foy et hommage de 1545

Le premier document d'archive est un acte de foy et hommage, aveu et dénombrement passé le 10 avril 1545 devant Bissel, tabellion de la prévosté de Marcoussis, pour le fief du Bois des Petitz anciennement appelé le Taillis de la Brosse . Il s'agit d'une petite terre d'une contenance de 14 arpents de bois taillis tenus en plein fief.

Le seigneur déclarant est Messire Charles Le Prince, écuyer et seigneur de la Bretonnière et La Norville qui fait ses devoirs féodaux auprès de Messire Guillaume de Balsac, baron de Dunes, seigneur de Marcoussis (1). Dans cet acte, nous apprenons que le fief de la Brosse a pris le nom des propriétaires voisins, certainement les ancêtres de Jean et Louis Les Petits qui sont nommés en 1545.

« À tous ceulx que ces présentes lettres verront, Jehan Peuvrier, juge et gardenotte de la prévosté de Marcoussis pour Monsieur dudit lieu, Salut. Savoir faisons que aujourd'huy en la personne de Guillaume Bissel, clerc, tabellion juré pour ledit seigneur en la prévosté, terre et seigneurie dudit Marcoussis, s'est transporté au chastel noble homme Charles Le Prince ecuyer seigneur de la Bretonnière , Mondonville et La Norville , lequel audict lieu il fait foy et hommage et serment de fidélité à hault et puissant seigneur Guillaume de Balsac, baron de Dunes et Clermont, seigneur de Bois Malesherbes et dudit Marcoussis, en parlant à sa personne de honorable homme Pierre Jouyn, procureur dudit seigneur en laditte terre et seigneurie de Marcoussis, d'un fief anciennement appelé le fief et taillis de la Brosse contenant quatorze arpens de bois taillis ou environ assis en laditte terre et seigneurie dudit Marcoussy tenant d'une part d'autre et d'un bout à Jehan et Louis Les Petitz et d'autre bout à Pierre Guenon. Et lequel a advoué et advoue tenu en plain fief dudict seigneur de Balsac à cause de son dit chastel, terre et seigneurie de Marcoussis, auxquels foy et hommage et serment de fidellitté… À la charge de payer les droits si aucuns sont deubs audict seigneur ». Grosse en parchemin signée Bissel.

La foy et hommage de 1607

Une expédition signée Belleseur, tabellion de Marcoussis, sur parchemin en forme de réception de la foy et hommage du fief de la Brosse est signée par François de Balsac le 1er août 1607. La foy et hommage portant aveu et dénombrement est rendu par Josias Mercier, écuyer, sieur des Bordes et autres lieux à Messire François de Balsac, seigneur d'Entragues et de Marcoussis et autres lieux, du fief du Bois des Petits anciennement appelé de la Brosse , consistant en 14 arpens de bois taillis en une pièce assise en la seigneurie de Marcoussis, tenant de deux parts et d'un bout aux terres des petits et d'autre bout à plusieurs particuliers, relevant en plein fief dudit seigneur de Balsac à cause de sa seigneurie de Marcoussis. Le dit acte donnant main levée de la saisie faitte par ledit seigneur de Marcoussis sur ledit fief, à la charge des droits seigneuriaux.

Josias Mercier était seigneur du fief de la Brosse du chef de sa femme Anne, fille de noble homme Charles Leprince, jadis seigneur de la Bretonnière et La Norville (2). Charles II Leprince mourut en 1601. Le 27 septembre de cette année, le partage de ses biens fut consenti entre ses trois enfants : Charles III, encore mineur, assisté de Jean Patru, son procureur, sous l'autorité de Jean de Châtres, écuyer, son curateur, Elisabeth, épouse de James William, gentilhomme anglais, et Anne, épouse de Josias Mercier, écuyer , seigneur de Grigny, des Bordes et du Plessis le Cote.

Signature de Louis Mercier, seigneur de Grigny (1607).

Le deuxième lot de la succession échut à Anne Leprince. Ce lot était composé d'un certain nombre de censives et de tous les fiefs autres que celui des Granges et ses dépendances dans la paroisse de La Norville et à Mondonville. Le fief de la Brosse à Marcoussis tomba dans les mains d'Anne, qui, avec son mari Josias Mercier, écuyer, seigneur de grigny, des Bordes et du Plessis-le-Comte, possédèrent ainsi tous les biens que feu Charles Leprince et son épouse Elisabeth de Bellemain (3).

À partir de 1605, Josias Mercier fait de nombreux échanges, d'abord son beau-frère, Charles Leprince lui avait cédé l'ancien lieu seigneurial de La Norville , consistant en une petite maison couverte en tuiles, un grand colombier, une cour où se trouvaient les pierres de vieilles masures, un jardin et terre derrière, contenant en fonds, sept quartiers environ, sis près de l'église, avec le droit de haute, moyenne et basse justice, ressortissant en appel du prévôt de Paris et mouvant en plein fief du roi à cause de son château de Montlhéry. Par cet échange, Josias Mercier et Anne Leprince, son épouse, depuis dix ans propriétaires à La Norville , devinrent l'un seigneur et l'autre dame de ce lieu.

Après Josias Mercier, nous ignorons la forme d'acquisition du fief du Bois des Petits par messire Paul Legendre, seigneur de Launay et Lormois, mais soit directement par vente ou soit par échange avec une terre au seigneur de Grigny (4). Sachant que Paul Legendre avait acquis la seigneurie de Launay de messire Nicolas Arnoult et dame Geneviève Saulger en 1660, il se peut que ce couple avait possédé le fief de la Brosse par cession du seigneur de Grigny.

L'acquisition de 1648

Le 2 avril 1648, l'acquisition est faite par Messire Le Clerc, capitaine de la volière du Roy, de Monsieur de La Norville de la censive et seigneurie sur 14 arpens de bois scis près Marcoussis appelés les Bois des Petits anciennement dit le fief de la Brosse relevant en plein fief de Messire d'Entragues à cause de son château de Marcoussis, moyennant le prix et somme de150 livres tournois que ledit sieur de la Norville a reconnû avoir reçu dudit sieur Le Clerc, signé Louis Mercier

« Je soubsigné sieur de La Norville reconnois par ces présentes avoir vendu et cédé à Monsieur Le Clerc, capitaine de la volière du Roy, la censive et fief quy contient quatorze arpens de bois sis proche Marcoussy au chantier dit le bois des Petits, appelé le fief de la Brosse mouvant en foy et hommage de Monsieur d'Entragues seigneur dudit Marcoussy, ensemble avoir guetté ledit sieur Le Clerc de touttes les arrérages de censive, droits de lods et ventes qu'il me pouvoit devoir à cause des acquisitions et des eschanges faites cy devant par feu Monsieur Le Clerc son père auxdits bois et l'avoir subrogé en ces droits, nous faisons pour le faire payer des cens et lods et ventes quy me peuvent estre deubs par les autres particuliers propriétaires du surplus dudict bois. Le présent traité fait moyennant la somme de 150 livres que j'ay prétendu receus dudit sieur dont je le tiens quitte et luy promet cy passer contrat par devant notaire d'huy en ung mois et luy délivrer en mesme temps touttes les déclarations foys et hommages et tiltres concernant lesdites cencives. Fait à Paris le 2 e avril mil six cens quarante huit. Signé Louis Mercier ».

Lettre de la main du marquis d'Entragues (1710).

La quittance de 1710

Une pièce papier datée du 16 aoust 1710 est une quittance délivrée pour les droits de quint et lods et ventes payés par Messire l'abbé Pajot montant à la somme de 100 livres tournois à cause de l'acquisition qu'il a faite dans l'entendue de la justice de Marcoussis appartenant à Messire d'Entragues sans préjudice des droits dus audit seigneur par Monsieur Le Gendre.

Voici le texte original écrit de la main du marquis d'Entragues « J'ay receu de monsieur l'abé Pajot par les mains de monsieur Godron, la somme de cent livres pour les droits de l'aquisicion quint et lots et ventes qu'il a faict dans ma justice de Marcoussy au quels cent libres je me suis restinct, sans préjudice des droits deubs par monsieur Legendre. Faict à Marcoussy, ce 16 aoust 1710, signé : Entragues ».

Foy et hommage et aveu de 1710

Le 9 octobre 1710, un acte de foy et hommage valant aveu et dénombrement est rendu par Messire Christophe Pajot, conseiller du roy, seigneur de Lormoy, à « hault et puissant seigneur » Alexandre de Balsac d'Illiers, marquis d'Entragues, seigneur de Marcoussis et autres lieux, du fief du Bois des Petits anciennement de la Brosse à la charge de payer les droits seigneuriaux et de bailler dénombrement dudit fief. L'acte, signé Blondeau, notaire et tabellion à Marcoussis, est établi sur papier timbré de la Généralité de Paris à 8 sols la feuille.

« Pardevant le notaire tabellion au baillage et chastellenie de Marcoussis et dépendances, en la présence et accompagné du notaire fondé de pouvoir de Messire Christophe Pajot, conseiller du roy en sa cour de Parlement à Paris, la grande chambre d'icelle, seigneur de Launay, Saint-Michel-sur-Orge, Lormois et autres lieux demeurant à Paris, paroisse Saint-Germain l'Auxerrois, s'est transporté au château seigneurial dudit lieu de Marcoussis au devant de la principale porte d'entrée dudit château où étant ledit sieur Pajot avoir demandé à haulte et intelligible voix sy hault et puissant seigneur Messire Alexandre de Balsac d'Illiers marquis d'Entragues, seigneur dudit Marcoussis étoit en son dit chasteau ont comparu ledit seigneur marquis d'Entragues auquel ledit sieur Pajot s'étant mis en devoir de vassal ainsy qu'il l'est porté par la coutume a dit et déclaré qu'il vient pour luy faire et porter foy et hommage et serment de fidélité qu'il est tenu luy rendre à cause du fief anciennement de la Brosse et présentement appelé le Bois des Petitz consistant en 14 arpens ou environ de bois taillis scitués en le terroir et paroisse de Marcoussis, comme faisant partie de l'acquisition par luy faite de la dite terre et seigneurie de Lormois de Messire Legendre intendant à Montauban. Relevant ledit fief de la Brosse dudit seigneur à cause de son dit château de Marcoussis. Requérant ledit sieur Pajot qu'il plaise audit seigneur le recevoir à la dite foy et hommage et serment de fidélité, laquelle ledit sieur Pajot emploie par ces présentes pour aveu et dénombrement à la consistance et dépendance dudit fief aux offres ce qu'il fait de fournir autant des présentes en forme es mains dudit seigneur, comme aussi par luy paier les droits qui se trouveront pay luy deubs. A laquelle foy et hommage ledit seigneur a receu ledit sieur Pajot aux offres par luy cy dessus faites audit seigneur. Dont et à cause ce que dessus, ledit sieur Pajot acquis acte audit notaire, tabellion soussigné à luy octroié pour luy servir et valloir ce que de raison. Fait et passé audit château seigneurial de ce lieu par devant ledit notaire tabellion soussigné, ledit jour, mois et an que dessus, en présence de Charles Deroupy, bourgeois de Paris, et messire Jean Noury, arpenteur roial, greffier tabellion de Bretigny ».

Foy et hommage et aveu de 1718

En présence de Pierre Gauttier, écuyer seigneur de Saint-Lambert, du sieur François Loiset, bourgeois de Paris, y demeurant rue Saint-Thomas, proche la porte Saint-Jacques, tous témoins, la foy et hommage valant aveu est rendue le 14 octobre 1718 par Messire Jean-Baptiste Pajot de Dampierre, chanoine de Paris, seigneur de Lormoy et Launay, à Messire Alexandre de Balsac d'Illiers, marquis d'Entragues, seigneur de Marcoussis et autres lieux, du fief du Bois des Petits anciennement appelé de la Brosse.

« Le vendredy quatorzième d'octobre mil sept cent dix-huit, Messire Jean Baptiste Pajot de Dampierre, chanoine de l'église de Paris, conseiller du roy en sa cour de Parlement à Paris, maison de la chapelle et musique de monseigneur le duc d'Orléans, régent, seigneur de Lormoy et Launay, Saint-Michel-sur-Orge, demeurant à Paris rue des Bourdonnois, paroisse Saint-Germain l'Auxerrois, s'est transporté au château de Marcoussis où… à la principale porte d'entrée…du fief de la Brosse … comme faisant partie de la donation à luy faite de lad terre et seigneurie de Lormoy par Messire Christophe Pajot son oncle, conseiller de Grande Chambre auparavant de Paris… ».

Une question peut se poser : quel est l'intérêt de posséder un terrain boisé de si petite superficie dans la plaine de Marcoussis ? Nous pouvons envisager que ce fief permettait la chasse à cet endroit ; seul le seigneur avait droit de chasse et le Bois des Petits pouvait constituer une réserve pour le gibier.

Aveu de 1730

Un aveu et dénombrement de la terre et seigneurie de Marcoussis est donné à Sa Majesté en la Chambre des Comptes le 30 mai 1730 par Messire Alexandre de Balsac d'Illiers, seigneur d'Entragures, Macoussis, Nozay, …, et autres lieux, suite à « l'hommage que nous avons fait à sa dite Majesté le 9 juillet 1729, en vertu de l'arrêt de la même chambre du jour précédent,…, lequel aveu et dénombrement contient les fiefs qui suivent… ».

Après l'énumération de la seigneurie directe (château, parc, boulevard, moulin, étangs, bois, près, terres,…) le seigneur de Marcoussis énonce les arrière-fiefs dans sa mouvance. Après le fief de Bellejame et Guillerville, nous trouvons le fief du Bois des Petits « Plus une pièce de bois taillis située en ladite paroisse justice de Marcoussy que tenoit en fief le sieur de la Bretonnière et depuis le sieur de La Neuville et à présent le sieur abbé Pajot, contenant 14 arpens ou environ cy devant appellé le fief de la Brosse et à présent le fief du Bois des Petits ».

La même description est faite lors de l'acte de foy et hommage rendue au roi le 21 janvier 1743 par Henry d'Illiers d'Entragues, frère du précédent « au moyen de la donation qui luy a été faitte en faveur de son contrat de mariage avec demoiselle Charlotte Cézarine d'Illiers d'Entragues ».

Le retrait féodal du fief

En 1746, la seigneurie de Marcoussis passe dans les mains du marquis de Rieux, du chef de sa femme Claude Louise Jeanne d'Illiers d'Entragues qui l'avait reçue par donation de son oncle . Deux ans plus tard, le 8 avril 1748, un retrait féodal du fief du Bois des Petits est fait par le marquis de Rieux et son épouse sur Louis Gaudron-Desromont, écuyer, conseiller du Roi, président trésorier de France en la généralité de Limoges, « demeurant ordinairement à Linas-sous-Montlhéry » . C'était le droit que la coutume donnait aux seigneurs de retirer et retenir par puissance de fief, le fief mouvant de lui lorsqu'il avait été vendu par son vassal, en remboursant à l'acquéreur le prix de son acquisition et les loyaux coûts. D'après le Dictionnaire encyclopédique de la noblesse de France , « l 'objet de retrait féodal était de donner au seigneur la faculté de réunir le fief errant au fief dominant, de profiter du bon marché de la vente, et empêcher que le fief ne soit vendu à vil prix en fraude du seigneur ; enfin que le seigneur ne soit point exposé à avoir malgré lui un vassal qui ne lui conviendrait pas ».

Le sieur Louis Gaudron-Desromont avait acheté, le 15 février 1748, de Messire Jean Pajot, conseiller du Roi et chanoine honoraire de l'Église de Paris, le fief du Bois des Petits « consistant en 14 arpens de bois taillis au terroir de Marcoucy tenant d'un côté au chemin de la Vieille Croix, d'autre au chemin tendant de Marcoucy à Arpajon avec déclaration faitte pat ledit sieur abbé Pajot par le contrat que desdits 14 arpens de bois taillis ou environ, il y en avoit 9 arpens ou environ que mondit sieur Pajot faisoit valloir, le surplus ayant été donné à cens par les auteurs, lesquels bois dudit fief sont en dégast et mauvais état pour un demi arpent seullement, plus deux arpens et demy de bois taillis en roture de la seigneurie de Marcoucy ».

Ainsi le sieur Gaudron-Desromont avait présenté son contrat d'acquisition et ayant offert de payer le droit de quint « pour raisons dudit fief anciennement de La Brosse » relevant en fief, foy et hommage de la seigneurie de Marcoussis et les droits de lods et ventes « pour raison des deux arpens et demy ou environ en bois taillis relevant en roture de la ditte seigneurie de Marcoucy ». Le marquis de Rieux et la dame de Marcoussis avaient accepté de le recevoir les arpents en roture et « qu'à l'égard desdits 14 arpents en fief dont il y en a cinq donnés à cens, leur intention étoit de les retenir par puissance de retrait féodal, ils luy auraient offert de luy rembourser le prix de son acquisition, droits d'insiuation et loyaux cousts qui consistent sçavoir en la somme de 1.200 livres pour le prix du fond, 24 livres pour le coust du contrat et 14 livres 8 sols pour le droit de centième denier et insinuation ».

Le sieur Gaudron-Desromont n'ayant pas les moyens pour empêcher ce retrait féodal a « ceddé, déllaissé et abandonné auxdits seigneur et dame Marquis et Marquise de Rieux lesdits 14 arpens de bois taillis ,…, et se déssaisy desdits arpens de bois taillis». Ainsi, il reconnaît recevoir « e n louis d'argent et monnoye ayant cours la somme de 1.238 livres 8 sols dont 1.200 livres pour le prix principal… ». Puis, le seigneur de Marcoussis exige les déclarations des terres en roture relevant de sa censive.

Signatures et sceau fleurdelisé des notaires au bas de l'acte de retrait féodal (1748).

Notes

(1) Charles Leprince, premier du nom, fils de Pierre Leprince et Pernelle de Brichanteau, était devenu à sa majorité, en 1526, seigneur de La Bretonnière , de La Norville et des Granges. Charles Leprince avait épousé, le 26 février 1527, Madeleine de Quincampoix, fille de Louis de Quincampoix, échanson de la reine Marie de Navarre, seigneur de Metz et de Longuesse. Cette dame lui donna deux fils et deux filles : Charles II, qui devint seigneur de La Bretonnière ; Pierre, qui fut un instant seigneur de La Norville ; Marie, qui épousa Oudard de Piédefer, seigneur de Saint-Marc, et en secondes noces Jacques de Vilcardel, seigneur de Fleury et marquis de Tréviers, en Piémont ; Anne, qui épousa François de Piédefer et plus tard Charles Delaporte, seigneur de Chevroches. L'alliance qu'il prit dans cette famille le jeta dans le parti calviniste. Après avoir honorablement servi le roi en Piémont dans l'arrière-ban de 1540, en qualité d'homme d'armes, il suivit, dans un âge avancé, le prince de Condé dans la révolte.

(2) Josias le Mercier, fils de Jean Le Mercier, cadet de Languedoc et de Marie d'Allier, prit le titre d'écuyer, seigneur des Bordes et de Grigny par l'arrêt du 26 juillet 1612. Il mourut le 5 décembre 1626.

(3) Le château de la Bretonnière , lieu seigneurial de La Norville , et un certain nombre de propriétés, devinrent l'apanage du fils. Le premier lot de la succession, composé de la ferme de La Bretonnière , du fief des Granges et de ses dépendances, des fiefs de la rue du Clos et de la Boucherie , à Châtres, échut à Elisabeth Leprince.

(4) Paul Legendre (1619-1710), demeurant rue du Lyon à Paris, est conseiller du Roy en ses conseils, procureur général de sa majesté en son Parlement de Metz. Il est marié à Françoise de Chaulnes.

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