Corpus Essonnien

Histoire et patrimoine du département de l'Essonne

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Bois-Courtin à Villejust (5) (1974-2006)

Chronique du Vieux Marcoussy –Marcoussis————— _—————————–___—– Mai 2009

Le Bois-Courtin à Villejust cerné par le surplomb des lignes EDF, le tunnel du TGV et le couloir aérien des pistes d'atterrissage d'Orly.

JP Dagnot

C. Julien

Cette chronique est la cinquième partie de l'histoire du Bois-Courtin à Villejust (Essonne, cant. Villebon-sur-Yvette). Depuis 1954, le domaine de Bois-Courtin appartient à une association charitable qui l'avait reçue par l'apport de Mr et Mme de Ocampo. Nous avions laissé le Bois-Courtin en 1972 quand certaines difficultés se sont fait jour au sein de l'Association Charitable d'Entr'aide Féminine dirigée par sœur Madeleine.

La fin de l'Association Charitable de Bois-Courtin

Nous arrivons en 1974 quand une servitude est établie entre EDF et l'Association Charitable d'Entraide Féminine à Villejust devenue l'Association Charitable de Bois-Courtin. L'acte, reçu par Charles à Palaiseau, mentionne : « Madame Yvonne Dol, en religion sœur Madeleine, demeurant à Villejust, lieudit le Bois-Courtin, donne le droit de passage sur 822 mètres avec un pylône sur la propriété ». Une compensation forfaitaire de 10.000 frs est versée par EDF. La propriété est grevée d'une servitude de passage de lignes haute tension (90/225 kV) allant de Villejust à Charenton, Chevilly et Massy pour lesquelles EDF se réserve le droit de faire passer des conducteurs aériens, d'y établir des pylônes et de couper les arbres qui se trouvent à proximité des cables. L'oeuvre charitable est contrainte de subir des désagréments pour obtenir quelques deniers!

Un engagement de location, passé en 1976, concerne un bâtiment préfabriqué avec une parcelle de 450 m2. La parcelle B130, est louée au couple Nicias, apparemment par l'Association Charitable ou maison Marie-Jean-Joseph. C'est un terrain de forme triangulaire à droite de l'allée d'arbre à l'extérieur de la propriété. Monsieur et Madame Nicias, qui vivent actuellement au même endroit, nous ont confirmé l'existence de ce bail. Voici ce qu'ils disent : « À cette époque, il y aurait eu les femmes mais pas d'enfants .- Ils auraient habité une petite maison de deux-trois pièces dite la maison du jardinier des soeurs (confirmation par Mr Thourot). Ils ont connu Monsieur de Naurois et ont acheté ce terrain ensuite à la fondation de la Salle ».

Une assemblée générale extraordinaire est tenue fin 1979, modifiant l'objet de l'association dont le titre est devenu Association Charitable de Bois-Courtin . La déclaration de modification est notifiée à la sous-préfecture de Palaiseau. L'Association Charitable d'Entr'aide Féminine, change son titre, qui devient Association Charitable de Bois-Courtin, et modifie son objet “ rechercher des misères morales se révélant dans le monde et les soulager par tous moyens appropriés; accueillir, reclasser, soutenir et aider toute personne matériellement et moralement abandonnée, quelles qu'en soient les causes; contribuer au fonctionnement d'oeuvres charitables, sociales, éducatives d'enseignement, culturelles, sanitaires ou sportives s'inspirant de la doctrine chrétienne; affecter la propriété de Bois-Courtin à l'hébergement d'enfants ou adolescents issus de familles modestes, scolarisés ou non ”. Le siège social est fixé à Villejust. L'avis est publié au Journal Officiel .

On peut donc de cette assemblée confirmer la conversation de 2003, traduisant comme personne matériellement et moralement abandondonnée, les femmes non prostituées rencontrant des situations difficiles.

La dissolution et la fondation de la Salle

L'assemblée générale extraordinaire du 18 avril 1980 décide de dissoudre l'Association Charitable de Bois-Courtin . Paul Cordelier est nommé commissaire liquidateur. Les membres sont réunis à Neuilly chez Mr de Naurois, président du conseil d'administration, pour délibérer sur l'ordre du jour: - dissolution de l'association, - nomination de commissaires chargés de la liquidation, en la personne de Monsieur Paul Cordelier, …, Le président de Naurois expose qu'en raison de la fermeture du centre de Bois-Courtin, l'activité de l'association se trouve réduite, de ce fait, il propose la dissolution de l'Association Charitable, la dévolution des biens mobiliers au syndicat des maîtres des écoles libres de la région parisienne dont le siège est à Athis-Mons, et à l'oeuvre de réinsertion sociale de Paris. La déclaration de dissolution est enregistrée le 6 mai 1980, à la sous-préfecture de Palaiseau.

Le domaine de Bois-Courtin passe dans les mains d'un établissement dit « fondation de la Salle » qui a pour objet « l'aide aux frères enseignants âgés ou infirmes et bourses de futurs enseignants » et dont le siège est à Lyon, 4e arrondissement, 55 rue Henri Chevalier. La fondation avait été reconnue d'utilité publique par le décret du Conseil d'Etat du 18 juin 1973. Le président du conseil d'administration est Monsieur Paul Feuga.

Avant la clarification de la situation locative, l'immeuble principal de Bois-Courtin, et ses dépendances, sont mis provisoirement par convention verbale à la disposition de la communauté des frères des écoles chrétiennes de Bois-Courtin. Un bail sous seing privé est également signé le 24 avril 1980 pour le surplus des cinq hectares.

Un extrait du procès-verbal du conseil d'administration de la fondation de la Salle, daté du 8 mai 1980. L'acceptation de la donation par Monsieur et Madame de Ocampo est mis à l'ordre du jour : donation du château avec 12 hectares , le bâtiment est à la disposition de l'œuvre de Saint-Nicolas qui prend en charge les frais; les revenus seront ensuite alloués à l'entretien des frères âgés de la région parisienne.

Acte notarié en langue espagnole avec signature de Mr de Ocampo.

La donation du Bois-Courtin

Le 28 mai 1980, le domaine de Bois-Courtin change de mains. Deux actes notariés sont établis : d'une part, une reprise d'apport par les apporteurs, par voie de mandataire, conformément aux dispositions faites dans l'acte du 23 janvier 1954 stipulant le retour des biens en cas de dissolution de l'Association Charitable, et d'autre par une donation gratuite des mêmes biens au profit de la fondation de la Salle, sous condition suspensive de l'autorisation administrative (arrêté préfectoral).

Ledit jour, devant maître Ridel, notaire à Versailles, le Bois-Courtin est repris par Mr de Ocampo. Suite à la liquidation en cours de l'association Charitable de Bois-Courtin, dont le siège est à Villejust, et dont les statuts ont été refondus aux termes d'une décision, modifiant l'objet de l'association, représentée par Paul Cordelier, demeurant à Lyon, le notaire de Versailles reçoit l'acte fait entre : - Armand Manuel de Ocampo, né le 2 août 1893 à Versailles, retraité, de nationalité argentine et son épouse Magdeleine Suzanne de Saint-Léger, née le 27 novembre 1892 à Montceau-les-Mines, demeurant ensembles à Buenos Aires (Argentine), le couple donateur est de nationalité argentine et non résident. Les donateurs sont représentés par Antoine Robert Jacob de Naurois , époux de Geneviève Sébastienne de Ocampo, demeurant à Neuilly. - l'établissement dit « fondation de la Salle » dont la reconnaissance d'utilité publique par le décret du Conseil d'Etat du 18 juin 1973 a été publiée au Journal Officiel du 24 juin 1973, représenté par Monsieur Guy Pilot, administrateur.

La désignation des biens est identique à la description de la propriété en 1954 « la propriété bourgeoise du Bois-Courtin tenant d'un côté est, le chemin rural numéro 30 des Casseaux à la Poupardière, d'autre côté ouest, par une allée particulière au chemin départemental numéro 59, de Gometz, aux articles 4 et 5 , d'un bout nord, l'article 2 et Monsieur Gobe et d'autre bout sud, l'article 6 ».

Par un acte reçu le même jour, Monsieur de Ocampo a effectué la reprise des biens. La propriété est donnée à la fondation de la Salle « dont elle aura la jouissance à compter de ce même jour par la prise de possession réelle pour ceux libres de toute location ou occupation et par la perception des loyers à son profit pour ceux loués ». La situation locative est la suivante : 1°) l'immeuble principal est mis provisoirement par convention verbale à la disposition de la communauté des frères des écoles chrétiennes de Bois-Courtin et de l'oeuvre de Saint-Nicolas. 2°) cinq hectares sont louées à un exploitant agricole de Villebon, 3°) une petite parcelle de 17 ares est louée à unes SARL de Tigery, 4°) un petit bâtiment préfabriqué et terrain avoisinant, loués à Monsieur et Madame Michel Nicias, 5°) les parcelles de bois et taillis à Villejust ( La Poupardière et le Bois Puney ), à Villebon ( les Joncs Mariniers ) et à Saulx-les-Chartreux ( Fonds de Verry ou Le Cul de Lampe ), le tout d'une contenance de 57 ares 30 centiares « ne sont pas loués, ni exploités actuellement ».

Les parcelles sont louées aux trois locataires pour un loyer annuel d'un total de 10.000 frs environ. Tous les frais, droits et honoraires sont à la charge du donataire et les parties déclarent que les biens immobiliers objet de la présente donation ont une valeur de 1.200.000 frs.

La donation du 28 mai est faite sous condition suspensive à la fondation de la Salle. Dans la procuration faite à Buenos-Aires, Armand de Ocampo est argentin par option, Magdeleine de Saint-Léger, sa femme, par naturalisation, audit jour incapable de signer ni d'écrire; de par l'empêchement physique indiqué par certificat médical, à sa demande la signature est apposée par Madame Claudia Fos de Ocampo. Les donateurs informent la Fondation de la salle que « compte tenu des libéralités consenties par les donateurs à leurs deux enfants, seuls héritiers présumés, l'action en réduction qui sera entreprise à la mort des donateurs pourrait déterminer la réduction totale ou partielle, en nature ou en valeur des biens objet de la donation à réaliser comme indiqué… ».

Notons plusieurs servitudes de passage, consentie par la fondation de la Salle : - à EDF, en 1981 pour les parcelles B123 & 127 devenues B872, B130 devenue B1123, - aux Nicias, en 1983, devenus propriétaire de la parcelle B871 pour le passage d'une canalisation d'eaux usées à sur la parcelle B130. - en 1990, la fondation de la salle cède gratuitement à EDF, la parcelle B1122 pour l'implantation d'un poste de transformation.

Recueil de conversations: vie des frères

Pour compléter cette chronique, une recherche d'informations orales est réalisée auprès des villejustiens et des occupants de la propriété.

Frère Léon Thomas. Un contact téléphonique de 2006 avec ce frère âgé de 95 ans, en retraite à Athis-mons qui habita le Bois-Courtin, nous apprend qu'il occupait les lieux avec un autre frère enseignant à l'oeuvre Saint-Nicolas d'Igny, qui le rejoignait le soir pour occuper les lieux. Le site n'avait pas d'activité, cette période dura trois ans, de la donation de 1980 jusqu'en 1983, époque où le frère Léon retourna en Lorraine.

Frère Iréné. La même démarche fut réitéré avec frère Iréné qui se souvient avoir reçu Ocampo, vers 1990 ou environ, le décrivant veuf et très heureux de voir pendant deux jours son ancien domaine.

Quant à frère Iréné conformément à sa réputation, l'entretien téléphonique est très instructif. Il me confirme que pour de Ocampo, le petit château était un pied à terre ainsi que l'appartement à Paris. Cet homme représentant commercial de viande en Argentine, y possédait un élevage ainsi que quatre à cinq mille ruches. La donation de 1954 sous conditions à l'association féminine fut probablement pour éviter de laisser cet endroit à l'abandon et occuper les lieux. Ces religieuses dirigées par soeur Madeleine, faisaient partie d'un ordre très connu dont un lieu de retraite se trouve à Lyon. Soeur Madeleine supérieure ne pouvant plus assumer ses responsabilités du fait de son âge, ce fut la fin de l'oeuvre charitable. Cela dura de 1954 à 1980. À la suite d'une réunion de famille et avec l'accord de ses enfants qui préféraient l'appartement de Paris au domaine de Villejust pour leur séjour parisien, les biens de Villejust furent donnés après examen, au frère Couart de la fondation des écoles chrétiennes; ainsi le frère Thomas prît cette maison en 1980. L'établissement servit quelques temps de pensionnat aux élèves d'une école de cette fondation située à Igny.

Au bout de trois ans, arrivant de Bagneux, Frère Iréné arriva dans la communauté et resta quinze ans au Bois-Courtin. Sa mission fut de rendre plus accueillant le devant du manoir, sans moyen financier. Ce religieux trouva l'idée d'utiliser les moyens d'un centre de formation de travaux publics, le lieu servant de terrain d'exercice; c'est ainsi que commença le dessouchage des arbres dangereux, la récupération et la vente du bois, aussi défoncer l'allée principale; pour la rendre praticable aux camions ainsi que l'empierrement des allées secondaires, notre frère eut l'idée de trouver une entreprise à Longjumeau qui se débarrassait de 750 m3 de gravats sans passer dans une décharge! La contre partie était de nourrir ceux qui travaillaient.

Durant cette période eut lieu également l'éclaircissement du bois devant le manoir en remplaçant une partie de ceux arrachés par une cinquantaine de sapins. Egalement le nettoyage des deux mares en sortant trente sept camions de vase qui furent déposés derrière le château au fond de la propriété. La prairie se trouvant contigüe à la sortie ouest de la propriété, fut drainée et ensuite a servi pour les grains des élevages.

Parmi les occupations de la communauté, citons: - la proposition de la grande salle à des associations parisiennes (exemple les lozériens de Paris, les portugais de Paris) ou à des habitants de Villejust pour célébrer un évènement. - l'élevage de 200 à 300 poules avec la vente des “noeufs noeufs des frères” - également une période avec 150 canards très heureux dans les mares; dont les oeufs très appréciés des pâtissiers. - une période triste où un élevage de 150 lapins fut détruit par deux chiens dont un dauberman.

C'est ainsi que frère Iréné vécut au paradis pendant quinze ans. La communauté pour ses pratiques religieuses se rendait à la messe à Orsay chez les franciscains. Ils véhiculèrent Madame Andrieux qui pratiquait quotidiennement pendant huit ans. Durant son séjour il reçut également la visite d'une ancienne prostituée pour qui Bois Courtin fut une planche de salut.

Frère Michel Dumont pour sa part déclare qu'il s'agissait d'une communauté de quatre à cinq frères devant mettre en valeur le domaine; l'un de premiers arrivés étant le frère Léon Thomas d'Athis; ces religieux étant d'anciens enseignants proches de la retraite; le plus actif frère Iréné Lhermet en retraite à Saugues, étant décrit comme un homme entreprenant, voulant faire du domaine un relais pour les jeunes voulant visiter la capitale, son projet n'a jamais abouti faute de moyens.

Le domaine servait de lieu de réunion notamment pour les associations. Il a quitté Villejust en 1998, un an avant la vente. La présence de frères au domaine était surtout pour éviter qu'il ne soit occupé par des hôtes indésirables… Les dix dernières années en rotation, et avec but de la vente du domaine; le frère Dumont fut présent en 1999 pour les transactions avec le futur propriétaire. Il se souvient avoir remis les clefs à la mairie en présence du maire le 13 août 1999, à 18h15!!

Également mentionné par ce frère l'élevage de volailles et ventes d'oeufs; le nouveau propriétaire recevant des clients demandant des oeufs!!! Les contacts religieux se faisaient avec les franciscains d'Orsay et les dévotions à Frileuse.

Ce frère également se souvient avoir allumé un tube néon la nuit en le tenant sous une ligne électrique THT voisine du domaine. Egalement les bruits la nuit du TGV passant à - 38 mètres , et de l'autoroute que l'on entend également. La fondation d'Auteuil déjà présente à Marcoussis, a refusé ce domaine. La fondation de la Salle possède à Igny un centre d'enseignement horticole qui aurait aidé à l'entretien du domaine.

Frère André Prévôt en retraite à Metz, est moins prolixe ce dernier n'a été que visiteur les dix dernières années, et est parti trois ans avant la vente.

Me Holdener confirme lieu de retraite des frères et accessoirement organisation de banquet (dont un pour Mr Armand père).

Monsieur et Madame Nicias, qui vivent actuellement à l'entrée du domaine se souviennent du frère Thomas et ensuite d'Iréné qui était plus qu'un débrouillard. Les frères recevaient des associations et confirment leurs activités.

Vente par la fondation de la Salle

En 1999, la fondation de la Salle, siège à Lyon, vend une propriété bourgeoise, le Bois-Courtin, comportant: - un bâtiment principal à usage d'habitation élevé sur rez-de-chaussée composée d'un hall d'entrée, grande salle à manger, rotonde, autre grande salle, cuisine équipée et deux autres pièces - premier étage composé de six chambres avec coin toilette et douche; deuxième étage sous comble composé de six chambres avec douche et WC communs, - dépendances, parc autour, bois terres; cadastré B128, 129, 131, 132, 872, 1123, AB50, 102, 150. mention de parcelles cédées à la SNCF pour le passage du TGV ne faisant partie de la présente vente acquise en 1986. Egalement vente de parcelles à EDF en 1990.

Château Bois-Courtin (coll. Association Regards en arrière).

À ce jour un panneau sur le bord de la route mentionne « ce domaine à vendre… ».

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