Corpus Essonnien

Histoire et patrimoine du département de l'Essonne

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Le fief de Courtabeuf (3) (1614-1654)

Chronique du Vieux Marcoussy –Marcoussis————— _——————————_- —- Juin 2009

Extrait du plan présenté par Ledur, commissaire à terrier (1780).

JP. Dagnot

C. Julien

Cette chronique est la troisième partie de l'histoire du fief de Courtabeuf. Précédemment, nous avons vu que la seigneurie de Courtabeuf relevait en partie de huit seigneuries dominantes : la châtellenie royale de Montlhéry, la baronnie de Magny-Lessart, la seigneurie de Marcoussis, la seigneurie ecclésiastique du prieuré de Saint-Eloy-les-Longjumeau, la seigneurie de Montjay, le comté d'Orsay, la seigneurie de Villarceaux, et le fief de Hautes Brières. En outre plusieurs familles en sont propriétaires, les biens se trouvant sur deux paroisses Orsay et Villejust.

Courtabeuf à Louise Lemercier

Le sieur Joseph Lemercier de La Ringuette était décédé en 1609, laissant une fille mineure, prénommée Louise, âgée de 13 ans qui resta sous la tutelle de sa mère. Cinq ans plus tard, la demoiselle Lemercier épouse le sieur François Tessier (ou Texier), écuyer. En 1614, un aveu est rendu au seigneur de Magny-Lessart par François Tessier, écuyer, seigneur de Courtabeuf, grand maître des Eaux et Forests en Champagne, pour la portion de terre de Courtabeuf, mouvante de Magny consistante en: - un grand corps d'hôtel bâti de neuf, deux granges, écuries, bergeries, étables, le tout clos de fossés plein d'eau fermant à pont-levis, - un jardin planté de palissade et arbres fruitiers, - les deux tiers d'une maison, grange, étable, cour, jardin assis audit Courtabeuf, - plus, 3 arpents 75 perches de terre sis audit Courtabeuf derrière lesdits fossés, - plus une autre maison, granges, étables et jardin clos de murailles, - et59 arpents 45 perches de terre en plusieurs pièces. « La foy et hommage,et l'aveu et dénombrement sont passés pour cause de son mariage avec Louise Lemercier, héritière de feu noble homme Joseph Lemercier, mouvant et relevant du seigneur évesque de Malzais, à cause de sa terre et seigneurie de Magny-Lessart, pour partie également du roy à cause de la terre de Montlhéry ». Le nouveau vassal propose de payer les droits de mutation. Suit l'aveu avec « partie de fief et manoir seigneurial de Courtabeuf soubz le de franc-alleu, une maison grange jardin clos de murailles avec un petit vivier et 18 arpents ». Cette version curieuse mélange des quantités généralement le plus important au début.

Un aveu et dénombrement est fourni le lendemain au roy par François Texier, écuyer, seigneur de Courtabeuf, du chef de Louise Mercier sa femme, dito cy dessus. Ladite héritière de Joseph et Louise Pelloquin, ses père et mère, relevant du seigneur de Magny et du roy seigneur de Montlhéry. En 1618, une déclaration de Louise Lemercier, femme de François Texier, concerne les 35 arpents au terroir de Courtabeuf, fief de Grandinvilliers, dans la censive des prieur et chanoine réguliers de Saint-Éloy-les-Longjumeau.

Pendant cette période, la vie continue à Villejust. En 1621, Pierre Leboucher, laboureur demeurant à Courtabeuf, paroisse de Viljust, confesse avoir transporté à Pierre Bourdon, marchand de Montlhéry, la quantité de six arpents de terres labourables, moyennant 210 livres tournois. Le 20 août 1625, foy et hommage est rendu au roy par Salomon de la Barre et Louis de Bosart pour la terre et seigneurie de Courtabeuf. Le 22 octobre 1629, le baptême de Marthe Bohan, fille de noble homme Louis, sieur de La Rochette, et de damoiselle Marthe Moret, demeurant à Courtabeuf, est célébré dans l'église de Villejust ; le parrain est Jehan Lejay, advocat en parlement, la marraine, damoiselle Hélène de La Barre, fille de feu sieur de La Barre. Le 26 septembre 1630, le mariage d'Estienne Gallopin avec Françoise Delarue est célébré à Villejust, l'épouse demeurait au logis de Monsieur Bohan à Courtabeuf.

Un bail à ferme est donné en 1631 par François Tessier au profit de Jean Duval, moyennant 800 livres tournois. Le 19 juillet 1635, foy et hommage est présenté par René Normandin, écuyer, seigneur en partie de Courtabeuf, à cause de Marthe Mousset sa femme, pour ladite terre et seigneurie. Une sentence de la prévôté royale de Montlhéry ordonne la consignation des fermages « arrêtée esmains » du fermier de Courtabeuf est faite le 8 février 1636 « pour sûreté du droit de rachat au seigneur de Montlhéry ».

Le 4 avril 1636, un acte par lequel François Texier, écuyer, sieur de Courtabeuf, déclare que les 200 arpents de terre qu'il prétendoit posséder en en franc-alleu font partie de la terre et seigneurie de Courtabeuf et sont mouvants de Montlhéry.

Souffrance est accordée le 6 juin 1636 aux enfants mineurs d'Antoine de Harville , pour faire la foi et hommage au roi de la terre et seigneurie de Courtabeuf. Le 19 juillet 1636, foy et hommage est rendu par René de Normandin pour une partie du fief de Courtabeuf.

La demoiselle Le Mercier disparaît en 1638. Le 5 juin, foi hommage est rendu au roy par Abraham de Bezu, écuyer, comme héritier de Louise Le Mercier , pour la portion de ladite terre et seigneurie de Courtabeuf. La semaine suivante, foi hommage est rendu au roy par Charles de la Biche, chanoine d'Evreux, héritier de Louise Le Mercier, sa mère, pour portion de ladite terre de Courtabeuf.

Courtabeuf à Charles de la Biche

Suite à sa prestation de foy et hommage, Charles de la Biche héritier de Louise Lemercier qui l'était de Joseph Lemercier, son père, donne au roi l'aveu et dénombrement de la moitié de terre et seigneurie de Courtabeuf le 20 août 1638. Il s'agit de la totalité du fief de Courtabeuf qui consiste en: - un clos planté d'arbres fruitiers où étoit anciennement la maison des seigneurs de Courtabeuf dans lequel il y a réservoir à poisson, colombier à pigeon, petite maison couverte de chaume le tout contenant 4 arpents, - plus 88 arpents de terre, 11 arpents de bois taillis, 3 écus de cens, 3 chapons de cens et rente. « Déclarant le dit La Biche qu'il y a audit Courtabeuf 200 arpents de terre avec une maison manable qui sont en franc-alleu et faisoient partie anciennement de terre et seigneurie Courtabeuf, passé devant Le Caron et Chaperon, blasmé par le procureur du roy de nulle valeur, aurait dû contenir 203 arpens avec maison manable ». Une copie de l'acte dossier Saint-Cyr mentionne les mêmes termes en février 1640 ; il concerne la moitié du fief moitié relevant de Montlhéry, l'autre moitié mouvant de la seigneurie de Magny ; voilà la raison du « blasme », par contre la description est bonne.

Un acte en parchemin, d'une compréhension difficile, mentionne que maistre Charles de la Biche, prestre chanoine en l'église cathédrale d'Evreux, héritier de Louise Lemercier, baille son aveu à Charles d'Escoubleau, baron de Magny (1). Louise Lemercier, sa cousine germaine, est mentionnée… La désignation des biens comprend « un grand corps de logis à présent basty de neuf qui se consiste en une salle basse et le reste non parachevé, un pavillon au bout de ladite salle et bastiment neuf, deux caves dessoubz, deux granches, escurie, bergerie, estable à vaches, cour, un puids en icelle, le tout clos de fossés plein d'eau fermant à pont-levis… ».

Ce même jour d'août 1638, deux références d'aveu sont données devant les notaires Chaperon et le Caron : - l'une comme héritier de Louise Lemercier au profit du seigneur de Magny, - l'autre, au profit du roy à cause du château de Montlhéry pour la moitié du fief et manoir seigneurial de Courtabeuf, réservoir à poissons, …, liste de terres dont 200 arpents en “franc-alleu” faisant anciennement partie de ladite seigneurie, lesquelles terres appartenant à Nicolas Deshommes.

Les prestations de foy et hommage continuent à Courtabeuf. Le 13 février 1640, un aveu et dénombrement de la terre et seigneurie de Courtabeuf est donné au roy par Charles la Biche et Abraham Bezu, seigneur de Courtabeuf (cf. le texte de 1638), par devant les notaires Pierre et Charles Beauperrin, « noble et discrette personne maistre Charles Delabiche, prestre chanoine de l'église et cathédrale d'Evreux, héritier quant aux propres paternels de deffunte Louise Lemercier, fille héritière de deffunt noble homme Joseph Lemercier, vivant sieur de La Rainguette et Courtabeuf, trésorier général des fortifications de Brie-Champagne, et Abraham de Bezu, à cause de Louise Rousseau, sa femme, cessionnaire de sa mère Magdeleine Pelloquin, donataire de Nicollas Pelloquin… reconnaissent qu'ils tiennent en fief, foy et hommage du roy à cause de son chastel de Montlhéry », c'est à savoir: - premièrement, partye du fief seigneurial de Courtabeuf consistant en un clos planté en arbres fruitier où anciennement soulloit estre la maison des seigneurs dudit Courtabeuf auquel il y a ung réservoir à poisson, ung colombier à pigeons, et une petite maison couverthe de chaulme, le tout contenant 4 arpents, - item, 25 arpens de terres labourables plantés en fruitiers au lieudit la mare des champs tenant au chemin de Courtabeuf à Longjumeau, - 26 arpens à la Charbonnière tenant au même chemin et à celui de Bris à Paris, - item, 37 arpents à l'Orme Couronné, au chemin de Courtabeuf à Villejust et celui de Bris à Paris, - item, 11 arpens de bois à la Garenne de Courtabeuf, tenant au chemin de Courtabeuf à Viljust. Soit 103 arpents avec 9 lt de cens et trois chappons. Cet aveu est porté au procureur pour qu'il « lève la saysie faite du fief de Courtabeuf et de payer les frais de 135 lt à prendre sur leur fermier Jehan Duval en déduction des loyers de son bail ».

Le dossier comprend plusieurs documents, dont : • Un mémoire qui signale « avec la réformation de l'aveu précédent en ce que ledit sieur “Labiche” y avoit porté 200 arpents et une maison en franc-alleu ». • Copie de l'aveu donné au roy par René de Normandin, écuyer, seigneur en partie de Courtabeuf. • Copie d'un hommage fourni au sieur d'Escoubleau, marquis de Sourdis, seigneur de Magny-Lessart, par René Parain, seigneur de Courtabeuf pour portion de ladite seigneurie relevant dudit Magny. • Liasse concernant la saisie féodale de la terre de Courtabeuf.

Le 27 août 1640, un aveu est donné au roy par Charles La Briche , de la terre et seigneurie de Courtabeuf.

Le 8 juin 1640, un aveu est rendu par René de Normandin pour une partie du fief de Courtabeuf. Le 16 juillet suivant, René de Normandin, escuier, sieur d'Orsin, lieutenant de la vennerie des “thoilles et chasses” des “tantes et pavillons” du roy, demeurant audit Orsin, lequel confesse avoir baillé à titre de ferme loyer et prix d'argent pour le temps et espasse de six ans à Pierre Ad..?, laboureur demeurant audit Courtabeuf, « c'est à savoir la ferme terres pastures et bois appartenant audit sieur d'Orsin à cause de sa femme, moyennant 475 livres. Le sieur se réserve pour son logement la chambre haulte en ladite ferme avec la garde-robe qui est proche, avec le logement de ses chevaux lorsqu'il aura affaires audit lieu… ».

Le 18 juin 1641, un aveu et dénombrement de la terre et seigneurie de Courtabeuf est donné au roy par ledit seigneur de Normandin et sa femme. « René de Normandin, sieur de Courtabeuf, advoue tenir un fief en foy et hommage du roy, en la personne de Monsieur son frère, seigneur par appanage de la chatellenie de Montlhéry, à cause de sa femme Marthe Moret, un lieu et manoir siz au village de Courtabeuf consistant en un corps de logis, grange, estable, bergerie et autres edifices, jardin clos à murs tenant à ladite maison pour deux arpents environ, …. » (2).

L'accaparement de Josias de Rouen

Nous assistons dans ce qui suit à une sorte d'usurpation de biens sous prétexte que des devoirs féodaux n'ont pas été faits. Deux personnages sont en présence : l'un, René Parrain, sieur des Coustures, secrétaire du roi, trésorier général des bastimens de Sa Majesté, l'autre Josias de Rouen, receveur du comté de Limours et Montlhéry.

En 1645, un arrêt du Grand Conseil contient l'adjudication de la terre et seigneurie de Courtabeuf au profit de René Parrain, sieur des Coustures, secrétaire du roi, trésorier général des bastimens de Sa Majesté. L'acte de mutation est passé devant les notaires Dupuy et Plastrier.

La cession sous seing privé du droit de retrait féodal dudit fief par le seigneur de Magny-Lessart au sieur Josias de Rouen est faite le 9 août 1645 (3). Voici l'acte : « Nous, marquis de Sourdis, seigneur de la terre de Magny, reconnaissons avoir cédé à Josias de Rouen, receveur du comté de Limours et Montlhéry, le droit qui nous appartient en tant que suzerain de prendre et retirer par retrait féodal, la maison terre et seigneurie de Courtabeuf qui relève du seigneur de Magny pour ce qui est en mouvance de sa seigneurie de Magny ; laquelle terre de Courtabeuf a été depuis naguères acquise par décret par René Parrain, sieur des Coustures, mettant et subrugeant ledit sieur de Rouen en nos droits pour poursuivre et exécuter ledit retrait féodal à ses dépends, périls et fortune tant ainsi que nous eussions fait ou pu faire, et à cette fin luy avons passé et délivré procuration pour la poursuite et exécution du retrait pour qu'il demeure propriétaire de la terre de Courtabeuf, la présente cession faite moyennant les droits de quint à nous deubs par ledit dit Parrain, à cause de l'acquisition faite moyennant 26.000 livres; ledit sieur de Rouen payant 2.600 livres ». À la suite de l'acte, le sieur Josias reconnaît que la somme de 2.600 livres ne constitue pas la moitié des droits ; la vérité est qu'ils ont convenu que c'était la totalité. Un mémoire résume la cession du droit de retrait pour ce qui relève du seigneur de Magny-Lessart par le marquis de Sourdis, seigneur dudit Magny, à Josias de Rouen, receveur du comté de Limours et Montlhéry, venant d'une acquisition par décret et arrêt du Grand Conseil par Parain, sieur des Coustures.

Le 16 août suivant, l'acte de foy et hommage est rendu au seigneur de Magny par René Parrain adjudicataire par décret dudit fief . L'acte précise : « À la requeste et compagnie de Messire René Parrain, escuyer, sieur Descoutures et du fief de Courtabeuf, maistre d'hostel ordinaire du roy, secrétaire de Sa Majesté et trésorier général de ses bastiments, demeurant au cloistre de Saint-Germain l'Auxerrois …. ». La prestation de foy et hommage est classique avec transport du vassal au lieu seigneurial de Magny-Lessart, « reçu par le receveur de la seigneurie, pour hault et puissant Charles d'Escoubleau, marquis de Sourdis et seigneur de Magny ». Ledit Parrain comme estant adjudicataire par décret de messeigneurs du Grand Conseil du roy du 11 juillet dernier du fief, terre et seigneurie de Courtabeuf et à cause de la mouvance de Magny pour une partie l'autre relevant du roy à cause de sa tour de Montlhéry, propose de payer les droits et de fournir l'aveu dès que l'on lui aura communiqué les anciens aveux, ne connaissant pas par le menu les héritages, étant nouvel acquéreur par décret et justice. Passé à Magny, le 16 e jour d'aoust 1645 (4). Un mémoire résume le foy et hommage par Parrain relevant de deux seigneurs.

Le 23 mars 1646, nous trouvons un arrêt d'ordre au Grand Conseil « par lequel Monseigneur le duc d'Orléans se seroit opposé pour les droits seigneuriaux à luy deubs à cause de son comté de Montlhéry, duquel ledit de Rouen est fermier », d'où naissance de la contestation avec le seigneur de Magny

Dans une sentence des requestes du palais du 29 mai 1646, il apparaît que la terre et seigneur de Courtabeuf a été adjugée audit Josias de Rouen, par retrait féodal comme ayant les droits du duc d'Orléans, oncle unique du roy. Un arrêt du Grand Conseil du 19 juillet 1646 existe dans le dossier Parrain, par lequel Parain est reçu « en l'instance pendante entre son altesse et le sieur marquis ». L'arrêt de la cour en la chambre de l'Édit du 21 juillet suivant est donné entre son altesse le sieur marquis de Rouen, comme ayant les droits cédés des dites seigneuries sur ledit Parrain.

Un inventaire des pièces produites le 20 septembre 1646 par Charles d'Escoubleau, marquis de Sourdis, seigneur de Jouy et de Magny-Lessart, contre Josias de Rouen en sommation aux fins de la requeste par luy présentée à la cour le “en blanc”, et une autre instance pendante entre ledit de Rouen et René Parrain : La terre de Courtabeuf relève pour la plus grande partye de la seigneurie de Magny-Lessart dont des actes justifient depuis 1501 jusqu'à présent 16 août 1645 par Parrain ; la terre ayant été saisie sur Charles de la Biche et Abraham de Bezu, pour être payé des arrérages des droits seigneuriaux tant du rachat des droits de quint, mention de l'arrest du mois de mars, de la réponse dudit d'Escoubleau, ledit Parrain prétend qu'étant serviteur du roy, il ne doit aucun profit de fief pour ce qui relève du comté de Montlhéry dont jouit le duc d'Orléans, ledit Parrain soutient que la totalité de la terre de Courtabeuf tenoit et relevoit de Montlhéry ; le défendeur déclare que les poursuites faites par la cour du Grand Conseil, sous son nom, il n'en a eu aucune cognoissance, et fait par ledit de Rouen, en conséquence du transport qu'il lui a accordé des droits seigneuriaux, mesme le droit de retrait féodal acquis par l'adjudication à Parrain, il proteste et n'est pas responsable des dires des autres.

Pour se justifier, il apporte « trois sacqs »: - le premier est la production par luy faite de l'opposition des deniers provenant de la vente de Courtabeuf, - le second est la production par le défendeur en exécution de l'arrest qui justifie la mouvance de Magny, - le troisième est une autre production par l'intervention de Parrain où tesmoigne sa mauvaise foy.

Trois autres productions comprennent : - une requeste présentée par de Rouen le 20 aoust pour assigner d'Escoubleau en la cour, - une supplique à la cour du défendeur pour estre entendu, - un avis du conseil …

La production des documents de René Parain comprend : - un appel de la sentence aux requestes du palais le condamnant à laisser la terre de Courtabeuf audit de Rouen pour retrait féodal, …. - une cession faite audit de Rouen par le seigneur de Magny du retrait féodal, - la liste des aveux depuis 1398, …., y compris une requeste du 30 aoust 1646 par Parrain pour révocquer l'instance pendante au Grand Conseil !!!…

Suivi de celle de Josias de Rouen, ….receveur et fondé de procuration du duc d'Orléans, On peut retenir d'un mémoire : - qu'en 1402, l'aveu rendu au roy comprend 88 arpents, - qu'en 1540, Esprit de Harville advoue pour la moitié 94 arpents et Jacqueline de Meauze 133 pour l'autre moitié, - qu'en 1638, Charles de la Biche déclare 133 arpents en 3 pièces…

Le 20 septembre 1646, une copie de plusieurs aveux est présentée « en vertu de l'arrest apossé, demandé par Parrain ».

Le 1er décembre 1647, le fondé de procuration de Marthe Moret, veuve de Messire René de Normandin, vivant escuier, sieur d'Orsin, lieutenant de la vennerie, des chasses, …, et pavillon du roy, confesse avoir baillé à prix d'argent à Claude Cyprian la maison, ferme, pasture au village de Courtabeuf. Le lendemain, Marthe Moret, veuve Normandin, via un procureur, présente ses foy et hommage « pour ung manoir siz au village de Courtabeuf », consistant : - premièrement, ung corps de logis, granges, estables, bergerie et autres ediffices, jardin clos à murs, tenant à ladite maison contenant deux arpents, - item, une pièce de trente arpents de terres, …, droits de colombier à pied, - item, vingt-un arpents, - item, quinze arpents,… - item, huit à neuf livres de menus cens et quelques chappons et poullets.

Un arrest du Grand Conseil est rendu le 18 février 1648, « portant l'ordre des deniers de la terre de Courtabeuf, entre Charles d'Escoubleau, seigneur de Magny-Lessart et Jean Gaston de France, duc d'Orléans, comte de Limours et Montlhéry, ou Josias de Rouen son receveur, à savoir moitié de 1.000 livres… ». L'intérêt de ce document se résume au passage de Louise Pelloquin aux sieurs de la Biche et Bezu/Rousseau, et à la taxation faite par Josias de Rouen pour faute d'hommage !!

Le 30 avril 1648, foy hommage est rendu au roy, par Anne de Harville et Elisabeth de Harville, épouse du marquis de Fosseuse, de leur terre et seigneurie de Courtabeuf, mouvante du roy à cause de Montlhéry.

L'arrêt rendu le 21 août 1649, règle la mouvance dudit fief de Courtabeuf entre les seigneurs de Montlhéry et de Magny. Un mémoire résume cet arrêt du Parlement « entre monsieur fils de France, oncle du roy, duc d'Orléans, comte de Montlhéry et de Limours, Charles d'Escoubleau, marquis de Sourdis, seigneur de Magny, et Josias de Rouen ayant le droit cédé de retrait féodal du fief, terre et seigneurie de Courtabeuf en faveur du duc d'Orléans par lettres du 29 juillet 1645 pour ce qui relève de Montlhéry et du sieur d'Escoubleau par autre cession du 9 aoust pour ce qui relève de Magny-Lessart, appelant d'une sentence du 29 may 1646, d'une part, et René Parrain appelant de ladite sentence,…. ». Un expert est nommé pour, selon la vente de 1601, séparer la mouvance en deux parties de la seigneurie et céder par Parrain à de Rouen ladite seigneurie moyennant 25.000 livres et 504 livres pour les frais, « en vertu de quoi ledit Josias de Rouen entrera en possession réelle et perpétuelle de la seigneurie ». le sieur Parrain est condamné aux dépens!!

Une autre version mal écrite mentionne « l'oncle du roy contre Charles Descoubleau, seigneur de Magny et le sieur de Rouen, receveur du duc d'Orléans… ». Le 7 septembre 1649, un arrêt de la Chambre des Édits, des requestes du palais envoie ledit Josias de Rouen en possession de ladite terre de Courtabeuf .

Le 22 septembre suivant , un acte est passé devant Le Semelier et Lecas, notaires, où Nicolas Duval, maitre d'hotel du roy, confesse avoir reçu 26.000 livres pour le prix de l'adjudication, avec également une quittance du prix à Duval et Parain à Josias. L'acte mentionne : « Nicolas Duval, maitre d'hôtel du roi, demeurant à Paris, rue Notre-Dame des Victoires, paroisse Saint-Eustache, confesse que Josias de Rouen, secrétaire des finances de Monsieur, fils de France, oncle unique du roy, duc d'Orléans , et son receveur général, en son comté de Limours et Montlhéry, demeurant à Paris, rue Pierre-Aulart, paroisse Saint-Médéric, présent qui luy a exibé un arrest de la cour de parlement, daté du 21 aoust dernier et 7 septembre donné à ,Parrain aussi maître-d'hôtel du roy, nommé par le premier arrest, condamné a délaisser audit de Rouen les droits cédés par son altesse, par retrait féodal la terre et seigneurie de Courtabeuf, maison, terres et héritages tant en fief que roture, adjugé audit seigneur de Courtabeuf par décret et arrest du Grand Conseil du 20 juillet 1645 sur Charles de la Biche, chanoine à Evreux, et Abraham de Rozu, en lui remboursant par ledit de Rouen la somme 26.000 livres pour le prix de ladite adjudication et 504 livres pour les frais de criées, somme de 22.000 livres tournois reçues par le sieur Duval sur déduction de 31.800 livres et obligation à luy faite par ledit Parrain sur des enchères par devant Dupuy et Plastrier en 1645, pour prix de l'adjudication de la terre et seigneurie de Courtabeuf ….. Duval se tient pour content, bien payé et décharge le sieur de Rouen ».

Nous constatons la complexité des décisions de justice par les décrets et arrêts de la Haute Cour. Bien que ces documents nous présentent des parties obscures, ils sont suffisants pour l'histoire du lieu. Le sieur Josias de Rouen s'est octroyé Courtabeuf en force !!! via Gaston d'Orléans par retrait féodal. Le 4 avril 1651, un arrêt en la Chambre des Édits est encore donné dans l'affaire entre Parain d'une part et Josias de Rouen pour raison de la terre de Courtabeuf.

La Fronde à Courtabeuf

Les évènements pendant la guerre civile de la Fronde interviennent à Courtabeuf. Le 18 février 1652, Josias de Rouen, seigneur de Courtabeuf porte plainte disant que « suitte à labbas des murailles et comblement de fossés faict le 29 décembre dernier à lentour de son jardin et clos dudit Courtabeuf, par le nommé Delaslau et complices eux ou quelques gens du mesme estat, où nuittamment passé par les bresches ont percés la muraille de la grange ou ayant entré ilz ont pris du moing la valleur d'un muid de blé… ».

Le 6 avril 1654, devant le notaire Jean Gilleton, une vente d'héritages est faite par François et Germain Crou au profit de Josias de Rouen « lesdits laboureurs demeurant à Orsay, âgés de 24 et 22 ans, vendent à noble homme Josias de Rouen, seigneur de Courtabeuf, demeurant à Paris rue Pierre Aulard, paroisse Saint-Médéric », consistant en: - premièrement, une pièce de terre de trois arpents à Courtabeuf, - item, cinq quartiers… la vente faite moyennant 400 livres … Le même jour un autre accord est passé concernant ces terres.

À suivre…

Notes

(1) Charles D'escoubleau , marquis de Sourdis & d'Alluye, chevalier des Ordres du Roi en 1633, mestre-de-camp de la Cavalerie Légère , maréchal des camps & armées du Roi, gouverneur de l'Orléanais, du pays Chartrain & du Blaisois, & conseiller d'Etat d'Epée, mourut à Paris le 21 décembre 1666, âgé de 78 ans. Il avoit épousé Jeanne de Montluc , comtesse de Carmain, princesse de Chabanois, &c. morte à Paris le 2 mai 1657. Elle était fille d'Adrien, seigneur de Montesquiou, & de Jeanne de Foix , dont — 1. François , Marquis d'Alluye, tué au siège de Renti au mois d'août 1637 ; — 2. Paul , Marquis d'Alluye & de Sourdis, gouverneur de l'Orléanais, pays Chartrain & Blaisois, allié, le 1 6 Février 1667, avec Bénigne de Meaux du Fouilloux . Ils font morts sans enfants, lui le 6 Janvier 1690, & elle le 14 mai 1721 ; — 3. Henri, comte de Montluc, qui épousa Marguerite le Lièvre , fille de Thomas, marquis de la Grange , premier président au Grand Conseil, & à Anne Faure . Il mourut sans enfants le 6 juin 1712, & sa veuve le 10 avril 1710 ; — 4. François , marquis de Sourdis, seigneur de Gaujac et d'Estillac, lieutenant général des armées du roi, gouverneur d'Orléans, puis de Bordeux, mort à Gaujac en Guyenne le 21 septembre 1707. Il avait épousé Marie-Charlotte de Béziade-d'Avaray ; — 5. Elisabeth , femme d'Antoine Rusé , marquis d'Effiat, fils aîné d'Antoine Coiffier, dit Rusé, maréchal de France ; — 6. N…. coadjutrice de l'abbaye de Montmartre, morte ; — 7. & Marie-Madelene , abbesse de Grigny, puis de Royaulieu près de Compiègne.

(2) Gaston Jean-Baptiste de France, troisième fils d'Henri IV, duc d'Orléans, frère du roi Louis XIII qui lui avait donné les comté de Limours et Montlhéry en apanage pour les réunir au duché de Chartres.

(3) Le retrait féodal était le droit que la coutume donnait aux seigneurs de retirer et retenir par puissance de fief, le fief mouvant de lui lorsqu'il avait été vendu par son vassal, en remboursant à l'acquéreur le prix de son acquisition et les loyaux coûts.

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