Corpus Essonnien

Histoire et patrimoine du département de l'Essonne

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Le fief de Courtabeuf (4) (1654-1708)

Chronique du Vieux Marcoussy –Marcoussis————— _——————————_- —- Juin 2009

Extrait de la carte des canaux et aqueducs servant le parc de Versailles (XVIIe s.).

JP. Dagnot

C. Julien

Cette chronique est la quatrième partie de l'histoire du fief et seigneurie de Courtabeuf. Nous avions laissé la narration en 1645 quand le sieur Josias de Rouen, bourgeois de Paris, receveur du comté de Limours et de la châtellenie de Montlhéry s'est octroyé Courtabeuf par la force en profitant de l'aval du puissant Gaston d'Orléans, oncle du roi. L'accaparement avait eu lieu sous la forme d'un retrait féodal.

Courtabeuf à la veuve Normandin

Nous avons appris qu'une partie du fief de Courtabeuf était dans les mains de René Normandin, écuyer, sieur d'Orsin qui était qualifié en juillet 1635 de seigneur en partie de Courtabeuf, à cause de Marthe Mousset (1), sa femme, en présentant foy et hommage au seigneur dominant. En juin 1640, le sieur d'Orsin, lieutenant de la vénerie et des chasses du roy, affermait le petit Courtabeuf moyennant 450 livres tournois, en se réservant un petit logement et une écurie pour ses chevaux.

En 1654, Marthe Mousset, veuve Normandin, nomme un procureur pour faire foy et hommage et adveux du fief de Courtabeuf, mouvant du comté de Montlhéry et demande la main levée de la saisie féodale.

L'aveu et dénombrement est rendu au roy dans le mois suivant par la veuve de René Normandin, escuyer, sieur d'Orsin, lieutenant des chasses, tentes et pavillons du Roy, demeurant à Orléans, paroisse Saint-Etienne, donne pouvoir pour obtenir la main levée de la saisie féodale faite à son encontre ; il s'agit d'un manoir avec ses appartenances et dépendances sise au village de Courtabeuf ; elle avance qu'elle a présenté ses devoirs de vassal en décembre 1647…. il y a donc deux propriétaires du fief : l'un à Viljust, l'autre à Orsay … Le 13 avril 1655, la ratification de la vente en 1654 du sieur Crou par François est faite au baillage de Limours devant Jean Douyn, tabellion.

En 1655, un aveu et dénombrement d'une partie du fief de Courtabeuf est donné au roy par Josias de Rouen, écuyer, seigneur de Courtabeuf. Le même jour, un second aveu et dénombrement de l'autre moitié du fief de Courtabeuf est donné au roy par François de Harville des Ursins, marquis de Palaiseau ; ladite moitié consistant en « l'hôtel et maison manable, grange, bergerie, place à faire colombier ; plus 78 arpents 52 perches de terre ; plus 107 arpents de bois taillis ».

En 1661, damoiselle Marthe Mocet, veufve de feu René de Normandin, escuier, sieur d'Orsin, lieutenant,…, de présent en sa maison et ferme de Courtabeuf, paroisse de Viljust, baille et délaisse à titre de ferme et loyer pour six années, à Toussain Reddon, laboureur de la paroisse d'Orsay, ladite ferme, maison, terre, pasture et boys appartenant à ladite damoiselle. Une clause précise que « le fermier devra fournir des chevaulx pour la conduite de la demoiselle à Paris », ce bail prisé moyennant le prix et somme de sept cens livres tournois, fait en la présence du sieur Josias de Rouen.

Un échange a lieu entre Marthe Mocet et son voisin Josias de Rouen. L'acte est passé la même année devant Jean Guilleton, notaire royal à Montlhéry.

Les laboureurs de Courtabeuf

La seigneurie de Courtabeuf comprenait deux fermes : le grand Courtabeuf, contigu au château et le petit Courtabeuf au-delà du chemin qui conduit à Villejust. Un bail de 60 bestes à laynes est passé en 1656, par Josias de Rouen, seigneur de Courtabeuf, à Jean Bassonnet , laboureur de Villiers… Jusqu'au XVIIe siècle, une des coutumes du monde agricole était d'affermer les troupeaux appartenant aux propriétaires des métairies. Sur le plateau de Nozay-Villejust, on trouvait de nombreux élevages de moutons « les bestes à layne ». Pour de multiples raisons, ce genre d'affermage avait disparu dès le début du XVIIIe siècle.

En 1657, François Crou , laboureur demeurant en la ferme de la Plaisse à Palaiseau, vend à Josias, la seconde moitié d'un héritage comprend clos fruitier de un arpent derrière la maison, moyennant 500 livres, tenant à la grande rue dudit Courtabeuf. Huit jours plus tard, Germain Crou, laboureur demeurant aux Molières, vend à noble homme Josias de Rouen, seigneur de Courtabeuf, demeurant à Paris, rue Pierre-Aulart, paroisse Saint-Médéric, la moitié des lieux et héritages qui lui appartiennent par héritage de deffunt Pierre Crou et Jehanne Huchery, sa femme, ses père et mère: - premièrement, la moitié d'une maison et granche size audit Courtabeuf contenant trois espaces couverts thuile et chaulme, - item, cour, jardin devant contenant demi arpent, - item, escurye, estable, estant dans ladite cour, - item, terres,…

L'acte mentionne « la rue de Courtabeuf », de la moitié des droits par indivis avec le sieur de Rouen venant de ceux de François Crou à cause de la succession de ses parents.

La même année Jean Duval , laboureur demeurant à Courtabeuf, paroisse d'Orsay, déclare tenir un héritage en censive de noble homme Josias de Rouen, seigneur de Courtabeuf. L'année suivante, un bail est passé par Marthe Moret au profit de Jacques Lebas et sa femme, d'une ferme comprenant maison, terres, pastures et boys appartenant à icelle damoiselle et située au hameau de Courtabeuf, paroisse de Villejust. Il est donc confirmé qu'il s'agit du petit Courtabeuf.

La vente de la terre et seigneurie de Courtabeuf, sçis audit Courtabeuf, paroisse de Villejust est réalisée en 1664 par Marthe Mocet, veuve René Normandin, au profit de Nicolas Potier, chevalier, seigneur de Novion, président à mortier au Parlement de Paris. Les héritages consistent en : - maison manable, grange couverte de tuile, bergerie, cellier, cour, puits en icelle, jardin, le tout clos de murailles, - un bois taillis proche la maison contenant 5 arpents entouré de fossés appelé la Garenne de Courtabeuf , - item 200 arpents tant terres labourables que bois dans lesquels sont comprises les terres de maitairies de Haute-Brières, - item, 30 arpents de friche sis aux terroirs de Villejust, Palaiseau et Orçay (Orsay) - plus le droit de colombier à pied, - plus 3 livres de rentes dues par Gelin, plus 25 sols de rentes dus sur la maison appelée le Petit Bois, plus quelques menus cens. Ledit fief tenu et mouvant du roy à cause de sa terre de Montlhéry et la métairie de Haute-Brière et dépendances, tenues et mouvantes du seigneur dont elles relèvent. Ladite vente faite moyennant 900 livres de rentes. Le petit Courtabeuf passe dans les biens du seigneur de Villebon.

Courtabeuf aux Harville

Nous retrouvons la famille de Harville, seigneurs de Palaiseau, possesseur du fief de Courtabeuf, en 1658, lors de l'aveu et dénombrement par François de Harville (2). Selon deux actes passés en 1659, Josias de Rouen fait eschange avec Appoline Brethon, de quelques arpents de terre pour harmoniser leurs biens à Villejust et Nozay.

Devant Boutard, notaire à Paris, une transaction en forme d'échange plus conséquent a lieu en 1661, entre Josias de Rouen et la dame de Palaiseau, de partie du domaine de Courtabeuf venant des hoirs de Guillaume et Anne de Meauze. L'acte mentionne les intervenants « Dame Elizabeth de Favier, veuve Antoine de Harville, chevalier seigneur et marquis de Palaiseau, demeurant à Saint-Germain des Prez, rue du Tournois, paroisse Saint-Sulpice, Messire François de Harville des Orsins, chevalier, marquis de Palaiseau, demeurant aussi à Saint-Germain des Prez, rue de l'Université, d'une part, et noble homme Josias de Rouen, sieur de Courtabeuf, secrétaire des finances de S.A.R. Monseigneur le duc d'Orléans , demeurant à Paris, rue Pierre-Aulard, paroisse Saint-Médéric, d'autre part ». Lesquelles parties pour terminer à l'amiable, tant l'interlocutoire porté par l'arrest d'ordre rendu au Grand Conseil du prix de la terre et seigneur de Courtabeuf de 1646, par lequel sur l'opposition formée audit décret, à la requeste de ladite dame de Palaiseau en son nom et comme tutrice de ses enfants, afin d'estre conservé et réparer une maison lui appartenant à Courtabeuf avec passage dans une pièce de terre appartenant à de Rouen appelé le Clos de la Seigneurie . De plus ledit de Rouen ayant fait construire des murs autour du clos de la seigneurie et d'une pièce de terre derrière sa maison pour y faire un jardin, et des fossés ensuite dudit mur, les fossés avoient été abattus à partir des fossés comblés par l'ordre de ladite dame, prétendant que ces obstacles avançoient dans les chemins; les parties transigent : - à l'égard du tour d'échelle dont la dame a besoin pour rétablir son bastiment de leur ferme du costé du Clos de la Seigneurie , ils pourront le faire, - quant aux arbres sur les bords et dans les fossés, ils appartiendront au sieur de Rouen, pour les murs abbattus ledit de Rouen pourra les restablir, laissant un chemin longeant la closture du grand clos, - également l'échange de quatre arpents à Grandinvilliers contre une autre … Le nouveau propriétaire pourra prendre le titre de seigneur de Courtabeuf dans ses terres. Ainsi demeureront tous procès nuls éteints et assoupys sans depens dommages & intérests prétendre de part et d'autre… On se méfie du personnage!

Dans un mémoire de consistance des fiefs et seigneurie de Courtabeuf relevant de Magny, daté de 1664, nous trouvons : « un grand corps d'hostel à présent basti de neuf et non parachevé, qui se consiste en cuisine, deux caves dessous avec granges,…, et des terres pour 61 arpents ». Également, un autre mémoire, rappelant des actes sur les droits du seigneur de Magny remontant jusqu'en 1382. Mais, on ne parle pas de la ferme voisine…

Une déclaration en forme d'aveu est donnée au greffe de la Chambre du Trésor, le 19 septembre 1672, par Josias de Rouen, de la terre et seigneurie de Courtabeuf, mouvante du roy à cause de Montlhéry, consistant en ce qui suit : « Premièrement, un petit clos appelé le Clos de la Seigneurie dans lequel il y a une maison couverte de chaume et un colombier à pied ; plus 85 arpents de terres labourables ; plus une pièce de bois taillis appelée la Garenne de Courtabeuf, contenant 8 arpents ; plus 9 livres de cens, 6 chapons et 9 poules, aussi de cens et rente ».

En 1676, devant le notaire Dorgerre, un bail de la ferme de Courtabeuf est accordé à Françoise Mercier, veuve Toussaint Redon, et Jean Avenesne, son fils.

Les difficultés de Josias de Rouen

À partir de 1680, l'ancien receveur du comté de Montlhéry éprouve quelques ennuis pécuniaires, peut-être dus à la vieillesse, mais surtout parce que son protecteur, l'oncle du roi est mort. Le 19 novembre, une sentence est rendue au Châtelet qui condamne Josias de Rouen à exhiber aux religieux de Saint- Éloy, les titres pour une pièce de 35 arpents. Il s'agit du fief de Grandainvilliers. Après quelques atermoiements, Josias de Rouen, seigneur de Courtabeuf, se décide à passer, le 6 octobre 1681, une déclaration pour la pièce de 35 arpents.

Les dettes s'accumulent. Le 18 février 1682, un abandonnement est fait par la famille de Rouen de leurs biens à Courtabeuf au syndicat des créanciers. Cinq jours plus tard, un arrêt demande « l'Estat véritable de toutes les debtes passives du sieur Josias de Rouen, bourgeois de Paris, qu'il est obligé de fournir à ses créanciers suivant le contrat de délaissement fait avec ses enfants le 18 février 1682 ». Le registre des délibérations des créanciers du sieur de Rouen, en date du 13 avril, suivant mentionne « le délaissement et abandonnement faits par le sieur de Rouen père, de ses biens aux créanciers en la présence de sa femme et de ses deux enfants Henry et Pierre devant les tabellions Lesec de Launay et Lesemelier, les 18, 20 et 21 février 1682 ».

Les prieur et chanoine du prieuré Saint- Éloy-les-Longjumeau continuent leur action en justice pour être payé de leurs créances. Le 3 mars 1682, une sentence condamne le sieur Josias de Rouen à payer 175 livres au profit de Saint- Éloy pour la pièce de terre de 35 arpents.

Un imprimé d'un arrêt du Parlement du 6 mars 1682 contenant contrat d'abandonnement fait par Daniel Josias de la terre de Courtabeuf aux créanciers de Josias de Rouen, leur père ledit contrat passé devant Baglan notaire à Paris le 20 février 1682 (4).

Un inventaire des titres est dressé le 11 septembre 1683, à la demande des directeurs des créanciers de Josias de Rouen, bourgeois de Paris, damoiselle Josias, Jacques et Jean de Rouen ses enfants qu'ils doivent remettre à l'acheteur de la terre et seigneurie de Courtabeuf, ces éléments replacés chronologiquement pour l'histoire du lieu, exception des petits achats après la Fronde qui ont permis l'agrandissement du fief. À la fin de l'acte, l'acheteuse Marie Girard demeurant rue de Tournon à Paris confesse avoir reçu les titres.

La liquidation du patrimoine de Josias de Rouen

Enfin, en septembre 1683, la vente est prononcée par les créanciers de Josias de Rouen à Marie Girard, veuve de Menguy . L'acte mentionne « les créanciers en la présence du consentement de la dame de Rouen et de ses fils Pierre et Henry, il s'agit de du fief terre et seigneurie Courtabeuf , chevaux, vaches et meubles y estant, la vente proclamée en les églises de Orçay, Villebon, Nozay, Palaiseau, Villejust, la chapelle Beauregard, les Mollières et Marcoussy ». Après avoir reçu les enchères, c'est Marie Girard, veuve Guillaume Menguy, advocat, qui obtient l'adjudication pure et simple de ladite seigneurie, moyennant la somme de 27.400 livres . La désignation des biens est la suivante : - premièrement, le fief, terre et seigneurie avec meubles et bestiaux, - plus le chasteau et maison dudit Courtabeuf composé d'un grand corps de logis fort eslevé couvert de tuilles, cloz de fossez à fond de cuve remplis d'eau, - item, avec deux pavillons à l'angle desdits fossés, - item, au bout de la cour autres bastimens, - item, autres bastimens à costé, - item, pont-levis devant et derrière, cour et avant-cour, - item, jardin et cloz entourés partie de meurs et l'autre de fossez avec hayes vives, dans lequel il y a 8 arpens de vignes, - item, ledit cloz consistant en bastimens, jardin, potzager, vignes, terre labourable, - item, la ferme à costé de ladite bassecour consistant en plusieurs logis manables …, pressoir avec entrée par deux portes cochères, le tout contenant 28 arpens, - item, suivent les terres …… sans de distinction de mouvance, - item, petite maison au hameau de Courtabeuf appelée la maison de Groue contenant deux espasses, une estable de trois espasses, cour, jardin, tenant à un ruisseau, - mention d'une pièce chantier du moulin à vent contenant un quartier tenant au chemin de Marcoussis à Orçay, - item, le Clos de la Seigneurie entouré en partie de murs dans lequel il y a petite maison de deux espasses, et un colombier, tenant au chemin de Courtabeuf à Palaiseau, d'autre à la rue de Courtabeuf à Montlhéry contenant quatre arpens, - item, une pièce enclose de vieux vestiges de murs appelée le Clos du Moulin à van de Marcoussis tenant des deux costés et d'un bout aux bois et friches du sieur d'Entragues et d'autre bout au susdit chemin tendant de Marcoussis à Orçay contenant quatre arpens et demy. Lesdits chasteau, terres consistants en 319 arpens conformément à l'arpentage fait le 14 décembre 1682, relevant de Sa Majesté à cause de sa tour de Montlhéry, et autres seigneurs.

Cet acte est important à plusieurs titres: - le château a été édifié sous Josias de Rouen, les pavillons d'angle également, - la mention d'une pièce de terre dans le chantier du moulin à vent de Marcoussis à Villejust, correspondant au moulin en activité, - la pièce du Clos du moulin a van de Marcoussis, confirmant la preuve qu'un premier moulin à vent banal a existé sur Marcoussis.

La version dans le dossier des dames de Saint-Cyr est une copie avec numéro des article et contenance, sur les terroirs d'Orsay, Villejust, Nozay, Poitevine, Fretay ; notons au : - n°29, 25 perches chantier du Moulin à vent, tenant au chemin de Marcoussis à Orsay, - n°30, 2 arpents 6 perches au même chantier tenant au chemin de Marcoussis à Fretay et à celui de Marcoussis à Orsay; - n°57 le Clos de la Seigneurie , …, avec colombier quarré à pied couvert de thuille, tenant également au chemin de sortie de la ferme de Mr de Palaiseau; - n°64 le fief de Grandinvilliers de 35 arpents à Courtabeuf; - n°78 dans la rubrique bois, la pièce enclose de vieux vestiges, appelée le Clos du Moulin à vent de Marcoussis, entouré de trois côtés par les bois du seigneur d'Entragues et du quatrième au chemin de Marcoussis à Orsay, contenant 4 arpents et demi. Un mémoire signale un extrait du contrat de vente par Jean-Baptiste Bordier, Anne Belleter, procuratrice de Benjamin Bédé, … créanciers de Josias de Rouen à Marie Girard des terre et seigneurie de Courtabeuf avec des bestiaux, …, moyennant 27.400 livres et 1.400 livres pour les bestiaux.

Courtabeuf à Marie Girard

Le mémoire daté du 17 novembre 1683, signale sous signature privée, la copie d'un aveu présenté à la Chambre des Comptes par Marie Girard, veuve Menguy, dame de Courtabeuf, venant de l'adjudication des créanciers, relevant du roy à cause de Montlhéry. La désignation des héritages comprend : - réservoir à poissons, colombier à pigeons et petite maison couverte de chaume contenant 4 arpents, - 25 arpents au lieu-dit la Marre-aux -Champs, 26 arpents à la Charbonnière , 37 arpents à l'Orme Couronné, 7 arpents à la Garenne , et 9 livres tournois de cens.

Comme de coutume, la dame de Courtabeuf doit présenter ses devoirs féodaux à son suzerain. Les 17 et 18 novembre 1683, foys et hommage suivi de l'aveu et dénombrement sont donnés par Marie Girard, veuve Guillaume Menguy, qui a obtenu sa seigneurie par adjudication sur les créanciers de Josias de Rouen. La désignation des biens précise toujours « un réservoir à poissons et un colombier à pied ». L'aveu fait par la veuve, mentionne que la terre et seigneurie de Courtabeuf relevent du roy à cause de sa tour de Montlhéry, et consiste en: - partie du fief de Courtabeuf auquel il y a un réservoir à poisson, un colombier à pigeons et une petite maison couverte de chaulme, le tout contenant quatre arpents, - 26 arpents de terre en une pièce à la Charbonnière , - 37 arpents de terres labourables à l'Orme Couronné, - 7 arpents à la Garenne de Courtabeuf; - 9 livres tournois de cens,

Nous remarquons que la déclaration reste constante, étant semblable à celle déposée à la Chambre des Comptes, enregistré au registre des bannières de Montlhéry le 6 mars 1684, pour une contenance totale de 74 arpents.

Une sentence d'aveu et dénombrement est donnée à la Chambre des Comptes le 8 mars 1684 par Marie Girard, veuve Guillaume de Meugny, secrétaire du roy pour la partie du fief acquise des créanciers de Josias de Rouen. Contenant ladite partie en ce qui suit : un réservoir à poissons, colombier, une petite maison couverte de chaume ; le tout contenant 4 arpents ; plus 88 arpents de terres labourables ; plus 7 arpents de bois taillis ; plus 9 livres de menus cens. Le 8 mai suivant, un décret volontaire aux requestes du palais est prescrit par Marie Girard pour la terre de Courtabeuf .

Un acte notarié de 1684 concerne l'acquisition des terres de Villebon, Villejust, et Courtabeuf par Marguerite Pottier à Ribeyre qui détenait les droits des héritiers de son mari Tubeuf.

L'année suivante, la foy et hommage est rendu au duc de Chevreuse, seigneur de Magny-Lessart par Marie Girard, veuve de Guillaume Meugny , pour la portion de la terre et seigneurie de Courtabeuf, relevant dudit Magny-Lessart, incorporé au duché de Chevreuse. C'est une autre partie différente de 1684 avec pont-levis. Une version en la possession des dames de Saint-Cyr, nous apprend qu'à cette époque c'est au duc de Chevreuse, comte de Monfort et baron de Magny-Lessard (incorporé à Chevreuse), qu'est mouvant la seigneurie de Courtabeuf. La prestation de foy et hommages est faite pour une portion du fief de Courtabeuf. Nous retrouverons le texte de l'aveu similaire à celui de 1702. Un second acte tiré du mémoire à la même date, fait au baillage de Chevreuse pour la partie relevant de Magny mentionne l'aveu et dénombrement donné audit seigneur suzerain : « un grand corps d'hotel, cuisine, salle basse, pavillon, deux caves, deux granges, écuries …. le tout clos à fossés pleins d'eau fermant à pont levis, jardin clos de murailles, basse cour, place où il avoit autrefois les deux tiers d'une maison manable ». La désignation des terres suit en 24 articles. Il y a 57 arpents 76 perches de terre en plusieurs pièces.

Le 29 novembre 1686, dame Marie Girard déclare lesdits 35 arpents du fief de Grandainvilliers auprès du fondé de procuration du prieuré Saint-Eloy. L'année suivante, Marguerite Potier, dame de Vilbon, baille la ferme de Courtabeuf à Toussaint Redon, laboureur demeurant audit Courtabeuf, paroisse de Viljust. Ils ont fait leurs comptes et ledit Redon est débiteur de 1.687 livres …. Le même jour, la dame lui baille de nouveau la ferme de Courtabeuf consistant en … « antichambre, fourny, chambre haute et grenier, granges, estables à vaches bergerie, toy à porc… moyennant 700 livres ».

Courtabeuf à Hubert de Champy

L'achat par Hubert de Champy de la terre et seigneurie de Villebon et Villejust est fait en 1696 devant deux notaires parisiens: dame Marguerite Pottier, veuve Charles Tubeuf, maître des requestes a vendu à Desclouzeaux, intendant de la marine en Bretagne… - la terre et seigneurie de Villebon,…. - les fermes de la Plaisse , Villejust et Courtabeuf ; consistant en bastimens terres, justice …, rentes seigneuriales… de la même manière qu'elle les a acquises en 1684 des héritiers du deffunt sieur Tubeuf, son espoux. Également un registre des actes est compris avec la vente.

Une saisie réelle de la terre de Courtabeuf a lieu en 1696, sur Hubert de Champy, conseiller du roy intendant de justice, police, finances des armées nouvelles de sa majesté et de la marine en Bretagne, seigneur des Clouzeaux, et dame … Dollet, son épouse … : - premièrement, du château de Villebon, - item, fief terre et seigneurie de Villejust, consistant en bâtiments composé de chambres basses et hautes, greniers, granges, écuries …, - item, fief terre et seigneurie de la Plaise …, - item, fief, terre et seigneurie de Courtabeuf en la paroisse de Villejust consistant en bâtiments composé d'une cuisine, chambre, …, cour au milieu fermé de deux portes, droit de colombier à pied, la métairie de Haute-Brière depuis en ruines, - … à Villebon, Palaiseau, Lonjumeau, Saclay, Vauhalan, énoncé suivant aveu fait par Novion devant seigneur et baron le 18 janvier 1689, et achat le 25 juin 1696 devant Auray et Sainfroy, …, Rollu et Parque le 18 septembre 1684 devant Antoine de Ribert, procureur…

Il s'agit donc du petit Courtabeuf.

Courtabeuf à la dame Girard et aux héritiers de Champy

Un aveu et dénombrement est donné en 1703 par la dame Marie Girard, veuve Guillaume Menguy , aux dames de Saint-Cyr (3) de partie du fief de Courtabeuf, l'une relevant desdites dames, l'autre du roy à cause de sa tour de Montlhéry, celle de Saint-Cyr, la seigneurie de Courtabeuf et ses dépendances situées en la paroisse d'Orsay, comprenant : - premièrement, un grand corps d'hôtel qui se consiste en cuisine, salle basse, pavillon au bas de ladite salle et bâtiments, deux caves dessous, deux granges écuries bergeries estables à vaches, - item, cour un puits en icelle le tout clos de fossés plein d'eau ferment à pont levis , - item, jardin à verdure planté de palissades et arbres fruitiers clos de murailles tenant auxdits fossés, - item, basse cour, - item, une place où il y avoit autrefois deux tiers d'une maison grange étable cour et jardin assis audit Courtabeuf, - item, suivent les terres, - item, article 12 une place où étoit les deux tiers d'une maison manable … jardin clos de murailles où il y avoit un petit vivier plein d'eau. L'aveu, passé chez Carnot et Meusnier notaires, comprenant 24 articles fait mention de 58 arpents 47 perches. Il constitue la déclaration d'une partie du fief relevant des dames de Saint-Cyr. Dans un mémoire fait aux dames religieuses de la maison royale de Saint-Louis établi à Saint-Cyr, nous apprenions qu'elles étaient devenues détentrices de Chevreuse par Marie Girard.

Une quittance de 200 livres est donnée la même année par Jean Phelippeaux, chevalier, intendant de Paris, seigneur de Montlhéry, à Guillaume de Lort de Sevignan, maréchal de camp, et de Claude Dolet son épouse, avant veuve dudit sieur de Champy « … à laquelle somme a été rendue le droit de relief dû audit seigneur de Montlhéry pour lesdits sieur et dame de Lort, pour la moitié de terre et seigneurie de Courtabeuf ». Puis, une quittance de 250 livres est donnée par ledit seigneur de Montlhéry à Hubert et Gabriel Duquesne, enfants mineurs de Abraham Duquesne, capitaine de vaisseau du roy et de Charles de Colas, écuyer, lieutenant du roy à Brest, héritier dudit feu sieur de Champy « …à laquelle somme à été réduit le droit de relief de l'autre moitié de ladite terre de Courtabeuf ».

La ruine du fermier de Courtabeuf

Le 22 novembre 1708, sont présents le comte Guillaume de Serignan, maréchal de camps et armées de Sa Majesté, seigneur de Villebon et autres lieux, d'une part, Michel Lamoureux, et Geneviève Laisné sa femme, fermier de la ferme de Courtabeuf située en la paroisse de Viljust, d'autre part, lesquels en exécution du bail passé en 1706, « comptent tous les fermages deubs [dus] dudit bail entre ledit sieur de Serignan et lesdits Lamoureux et Laisné sa femme portant obligation au profit dudit sieur de Serignan de la somme de 2.758 livres 13 sols 6 deniers passé devant Valet et son confrère »… Au vu des quittances présentées par le seigneur, les fermiers de Courtabeuf sont redevables d'une somme de 3.296 livres 3 sols 5 deniers tant pour reste du fermage de l'ancien bail que pour le loyer du troupeau « qui est deu au jour de Noël prochain à raison de 450 livres par an… ». En ces temps de grandes difficultés économiques, nous assistons à la ruine du fermier qui a également une dette de 206 livres 16 sols envers le curé de Villejust. Une autre somme est « deub aux ouvriers et journaliers qui ont amassé, façonné et vané les grains de la récolte de l'année suivant les mémoires que chacuns ont donnés au sieur Seriguan… ».

Procès-verbal de l'état des finances du fermier de Courtabeuf en 1708.

Deux experts agricoles ont été nommés le 19 novembre « de la part des parties pour faire la prisée et estimation des labours et semences de grains et aultres hustansilles servant au labourage quy sont dans ladite ferme de Courtabeuf ». Ce sont Jean Pasquier, laboureur demeurant à La Brosse et Louis de Lanoüe, laboureur demeurant à Massy. Le procès-verbal comporte vingt-sept articles, dont nous produisons les principaux : - premièrement 47 arpens de terre, sçavoir 44 et demy labouré de chacun quatre fassons, ung arpen de trois fassons et ung arpen et demy de deux fassons estimés à 4 lt l'arpen chacun labouré, cy 736 lt, - 28 arpens de terre fumés estimé à 4 lt l'arpent, cy 112 lt, - 115 bestes à laine tant mouton que brebis estimé à 5 lt 10 s la paire, cy 316 lt, pour 31 septiers 4 boisseaux de blé y compris ung septier de seigle pour avoir en semence lesdites terres cy dessus, le métaeil blanc estimé à 13 lt le septier et ung septier de seigle à 11 lt, cy 405 lt 6s, - 48 agneaux à choissy dans 54 estimé à 3 lt la paire, cy 72 lt, - la grande charrette tout montée, estimée à 68 lt, - la petite charrette tout montée, estimée à 50 lt, - deux porcq moyens estimés les deux à 20 lt, - ung cheval sous poil noir garni de son harnais de limon et de charrue, estimé à 110 lt, - 4 muids de blé plain méteil estimés à 13 lt 10 sols le septier tout criblé à ce que ledit Lamoureux nous a déclaré, cy 648 lt, - 3 muids de grains en demy, à ce que ledit Lamoureux nous a déclaré, estimés à 9 lt le septier mesure de Paris, cy 324 lt, - 48 pièces de volailles tant cocq que poulles estimées à 6 lt la douzaine, cy 24 lt, - 400 bottes de foin, estimées à 13 lt le cent, cy 52 lt, - 400 bottes de foin mal façonnées, estimées à 8 lt le cent, cy 32 lt, - 300 bottes de vesse non battues estimées à un sol la botte, cy 15 lt, - la charrue toute montée estimée à 15 lt, - une pièce de terre plantée en bois partie de chesne et l'autre partie en chastigné contenant 14 arpens à ce que ledit Lamoureux nous a déclaré estimé à 5 lt l'arpen pour chacun fouille et pour cinq fouilles quy est deub audit Lamoureux, cy 350 lt, « La présente estimation cy dessus ce monte à la somme de 3.502 lt 16 s 8 d ».

À suivre…

Notes

(1) Nous rencontrons plusieurs orthographes dont « Mousset », « Mocet ».

(2) François de Harville-des-Ursins, marquis de Palaiseau, fils d'Antoine de Harville et de Isabelle de Favier du Boulay, avait substitué au nom et aux armes des Ursins par le marquis de Trainel, son ayeul. Son fils aîné, Esprit Jouvenel de Harville-des-Ursins, lui succéda en 1701.

(3) Les dames de Saint-Cyr sont les religieuses de la maison Royale de Saint-Louis , école ouverte « aux filles des gentilshommes tués ou ayant ruiné leur santé et leur fortune pour le service de l'État » créée par Madame de Maintenon en 1684.

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