Corpus Essonnien

Histoire et patrimoine du département de l'Essonne

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La vie de Jean de Montagu (6) Le secrétaire du roi

Chronique du Vieux Marcoussy ————————————- _————————— Octobre 2009

C. Julien

JP. Dagnot

Nous donnons la sixième partie de la chronique consacrée à la vie de Jean de Montagu. Les chapitres précédents ont décrit la famille : ancêtres, proches parents, mariage avec Jacqueline de La Grange et enfin les enfants, le fils et les quatre filles. Cette fois, nous voulons évoquer les « honneurs et richesses », tâche délicate et complexe pour laquelle le lecteur avisé trouvera, sans doute, des lacunes (1). Pour ce faire, deux chroniques sont dédiées aux activités de gouvernement de Jean de Montagu, en considérant une date de rupture, le 4 octobre 1401 : celle du jour où il fut pourvu de la charge de « souverain maistre d'ostel du roy », nomination qui lui valut une pension de 2.400 livres à prendre sur les « coffres du roy ».

Le jeune secrétaire du roi

Nous savons que Jean de Montagu suivit la voie tracée par ses parents, celle de secrétaire et notaire du roi, pour laquelle son père l'avait bien préparé. Au temps de son adolescence, sous le règne de Charles V dit le Sage ou le Riche, le jeune homme vivait dans les allées du pouvoir. Son père possédant la charge éminente de secrétaire de Trésor des Chartes au Louvre et son oncle maternel étant le premier ministre, Jean fut élevé à la Cour « et grâce à un esprit prudent et sage par excellente, il sut mériter l'affection de Charles V » disent les historiens. Notons qu'il était âgé de près de trente ans à la mort du roi.

Le gouvernement du Languedoc étant vacant, en 1380, tant par le rappel du duc d'Anjou, que par la mort du connétable, le roi proposa à son conseil Gaston Phœbus comte de Foix, pour remplir cette place, comme étant très-propre à pacifier les esprits des peuples de cette province, extrêmement irrités des subsides dont le duc d'Anjou les avoit chargés sans mesure. Tous les princes du sang accoutumés de posséder ce riche gouvernement, s'opposèrent à cette nomination ; mais le roi passa outre, nonobstant leur avis contraire, et nomma le comte de Foix son lieutenant en Languedoc. De laquelle, le moine de Saint-Denis, historien contemporain dit « en quoi, il fit un choix digne du nom de Sage, qu'il a si bien mérite : car outre que ce comte étoit un homme fort juste, il étoit un des plus braves et des premiers capitaines de son tems ; et il ne le cédoit en aucune qualité à tous les autres barons, et il gouverna le païs avec beaucoup de prudence, et avec la bonne grâce et l'amour des peuples ». Le même observateur de la vie politique ajoute : « Il paroit que le roi lui donna un conseil pour ce gouvernement : car nous trouvons au mois d'août de l'an 1380, Nicolas Braque, chevalier, Arnaud Raymundet, Jean de Montaigu, Jean Omard, et B. de Montelerio, conseillers du roi, ordonnés par lui pour le gouvernement de la Languedoc. Ils voient chacun six francs d'or par jour de gages ».

Il est intéressant de noter qu'au cours de la mission ordonnée par le roi Charles V, Jean de Montagu était accompagné de Bernard de Montlhéry, alors seigneur de Marcoussis. Plus tard, Jean de Montagu pris possession Marcoussis par donation de son oncle Ferry Cassinel. L'évêque d'Auxerre l'avait échangé avec la seigneurie de Galargues du roi après la saisie féodale que celui-ci exerça sur la veuve du nommé Bernard de Montlhéry, l'un de ses trésoriers de guerre, pour une dette de 6.010 francs d'or.

Que dire des relations entre le jeune roi Charles VI, âgé de treize ans à la mort de son père et Jean de Montagu, de dix-sept ans son aîné ? Lucien Merlet écrivit « le nouveau roi avait en grande affection Jean de Montagu, qui, inspiré par sa mère, avait su gagner la faveur du jeune prince par sa souplesse et sa complaisance » (2). Sans doute, le roi était sensible au charme de Montagu dont le chancelier Cousinot, auteur de la Chronique de la Pucelle , donne un portait positif de Jean de Montagu, que d'aucuns avaient décrit comme laid et contrefait « Extraccion et manières du grant maistre d'ostel. Cestui messire Jehan de Montagu fut filz de maistre Girart de Montagu, secrétaire du roy, et moult fut bel, humble, joieux, plaisant, saige, large, charitable, et de toutes bonnes œuvres aourné ».

Ce sont les termes suivants du chancelier qui sont importants : « Environ le roy fut tout nourry [c'est-à-dire : il fut élevé sous les yeux du roi] et son plus privé secrétaire fut ou temps de son enfance. Si fut tant en la bonne grâce du roy et de ses princes que grans biens lui firent … ».

Dès les premières années du règne de Charles VI, sous la régence de Louis d'Anjou, oncle du jeune roi, Jean de Montagu appose sa signature au bas de nombreux lettres royaux, en latin « J. de Monteacuto » (3). Les lettres datées de Melun le 25 mai 1382, sont adressées à Messire Mahyet de Marquivillier, escuier, capitaine ou garde de la forteresse de l'esglise de Lumeau en Beausse au sujet d'une femme appellée Alipz, que l'on dit estre chambrière ou amie du prestre de Lingny en Beausse qui s'était réfugiée dans un fort, et que le capitaine abandonne par faiblesse à ses gens d'armes. « Laquèle Alipz, retournée d'avec les dictes gens d'armes, s'est alée plaindre du dit Mahiet au gouverneur du bailliage d'Orliens, qui pour le dit fait a ledit Mahiet fait emprisonner en nostre Chastellet d'Orliens. Et pour ce, se doute et est en aventure de griève punicion ou de perdre son corps, se par nous ne lui est sur ce faicte grace, etc… ».

L'affection de Charles pour Montagu provient de la participation de ce dernier pendant cette campagne militaire le jeune roi âgé de quinze ans répond à l'appel de son vassal, le comte de Flandres Louis de Male contre qui les tisserands gantois sont en révolte. L'armée royale conduite par le connétable Olivier de Clisson est victorieuse à la bataille de Rosbecque (ou Roosebeke) le 27 novembre 1382. En récompense, par lettres du 17 avril 1388, le roi assignait à Montagu une rente à vie sur le trésor « en considération de ce qu'il avait été le seul des secrétaires du roi qui s'était trouvé près de lui dans le combat » ; Montagu avait joué le rôle de tuteur. Aussi les Flamands lui offrirent-ils, en reconnaissance de ses bons offices, une somme n'argent assez considérable, qu'il accepta avec l'autorisation royale. En l'année 1385, il fut encore du voyage entrepris par Charles VI en Flandre pour la conclusion de la paix de Tournay, et, le 27 novembre 1386, il reçut du roi une nouvelle somme d'argent pour les grands frais et dépenses qu'il avait faits en l'accompagnant dans ce voyage.

En février 1383, des lettres de rémission sont écrites à Paris pour les attornés de Senlis, qui avaient rappelé leur contingent de l'armée de Flandre « considéré que nous avons obtenu la victoire [de Rosebeke] contre les Flamens paravant ladicte rescripcion et cassement, nous, sur ce, leur vueillons impartir nostre grace et miséricorde » ; lettres signées « par le Roy, à la relacion de messieurs les ducs de Berry et de Bourgogne. S. J. de Monteacuto ».

En qualité de secrétaire, Jean de Montagu recevait, au mois d'octobre 1383, des gages se montant à 82 livres 16 sols parisis ( 103 livres 10 sols tournois), comme il apparaît par une cédule de la chambre des deniers et une quittance du 24 décembre, donné par Jean de Montagu à Bertaut Aladent, receveur général des aides.

En fait, depuis le 19 juillet 1383, Jean de Montagu avait été commis pour percevoir les aides nécessaires à la guerre ; il était chargé de tout ce qui avait trait aux finances. On peut en juger par une lettre de Montagu au receveur des aides de Mantes « De par le roy. Receveur de Mante, nous te avons mandé par nos autres lettres que, ycelles veues, ou au plus tart et pour touz délaiz dedens 1e xxij e jour de ce présent mois de juing, tu nous prestasses la somme de deux cens livres tournoiz, et ycelle apportasses ou envoyasses senrement dedens ledict jour à Guillaume du Bazay, receveur des aides de la guerre à Rouen, pour convertir en certain fait hastif touchant le bien et honneur de notre royaume, et pour ce que depuis avons sceu que dommage iréparable se pourroit ensuir à nostre royaume, si faulte avoit an dit fait, se toy et les autres que nous avons requis de nous faire semblables prêts failloient de paier audit jour audit receveur de Rouen ce que requis leur avons pour la dicte cause, nous te mandons que, toutes excusations cessans et sans faillir, tu faces ce que dit est, et tu le reprendras selon le contenu de nos dictes autres lettres sans nul contredit. Saichant que, se faulte y a, nous te ferons monstrer que nous en desplaira. Donné à Paris, le xvij e jour de juing ».

Le gouvernement des Marmousets

La chronique de Cousinot décrit au chapitre “ Le roy cinquantiesme ” « Charles sixiesme d'icellui nom, après son père, fut couronné à Reims, en la fin du mois d'octobre mil ccc lxxx ans ; et au disner, le jour du sacre, s'efforça le duc Philippe de Bourgoigne de seoir au dois (dais) royal après le roy, devant les ducs d'Anjou et de Berry, ses ainsnez frères, disant avoir ce droit pour raison de son duchié, comme per et doian des pers de France… » Le ton était donné sur la politique à venir pendant quarante ans. Conduit par les oncles du roi assurant la régence (4), ce gouvernement aidé par Jehan Pastoret, président du Parlement de Paris, fut une catastrophe, car les princes n'eurent de cesse de se quereller et d'assécher le trésor royal.

Cependant Charles VI, poussé surtout par son frère cadet le duc de Touraine, par le connétable Olivier de Clisson et par ses secrétaires, dont Jean de Montagu n'était pas le moins influent, résolut secrètement de secouer le joug de ses oncles. Dans un assemblée composée des princes et d'évêque réunis à Reims le 1er novembre 1388, le roi décide de former un nouveau gouvernement et s'entoure d'administrateurs éminents formés par son père, issus de la petite noblesse (5).

Le règne personnel de Charles VI fut placé sous l'inspection du connétable Olivier de Clisson, Bureau de la Rivière , Jean Le Mercier, sire de Noviant, Pierre de Vilaines, dit le Bègue, et Jean de Montagu, firent les fonctions de ministres d'Etat. Noviant et Montagu furent en particulier chargés de l'administration des finances. Tous ces personnages sont eux que les grands seigneurs appelèrent par ironie les Marmousets . Le religieux de Saint-Denis écrivit : « Post recessum prenominatorum ducum, rex solum avunculum suum ducem Borboniensem secum retinuit ; quatriduoque transacto, dominum Burellum de Ripparia, dominum Johannem de Novianto et Johannem de Monte acuto, viros utique in secularibus plurimum circumspectos, inter omnes decuriones in partem regie sollicitudinis elegit, et ut sibi principales in consiliis astarent ». Ce qui signifie : le roi laissa partir lesdits ducs et ne retint auprès de lui que le duc de Bourbon, son oncle maternel; quatre jours après, il choisit parmi ceux de la cour messire Bureau de La Rivière , messire Jean de Noviant et Jean de Montaigu, personnages pleins d'expérience dans les affaires, et en fit ses principaux conseillers pour partager avec eux les soins du gouvernement.

Jean de Montagu entre le roi Charles VI et le duc de Bourgogne Jean sans Peur.

Ils étaient entourés d'hommes fidèles comme Etienne de la Grange , le beau-père de Montagu. Oudart des Moulins fut nommé premier président du parlement ; Arnaud de Corbie fut chancelier de France ; Jean Juvénal des Ursins, jurisconsulte, père de l'archevêque de Reims fut pourvu de la place de prévôt des marchands. D'autres sont souvent cités comme Nicolas du Bosc, Jean de Folleville, prévôt de Paris, etc. Choisis par Charles VI, ils firent le serment de rester unis et amis, solidaires l'un envers l'autre.

Plus tard, dans la Chronique Normande , Pierre Cochon dira « En icelui temps regnoit en Franche un chevalier nommé messire Johan Montagu, grant mestre d'ostel du roy, lequel gouverna le royaume par l'espasse de XX anz et de plus, et fist en son temps un chastel nommé Marcoussi, lequel cousta à faire plus de chinc chenz milles livres… ».

Les affaires allèrent ainsi, les nouveaux conseillers et ministres blâmant vivement la conduite de leurs prédécesseurs, tout en se récriant beaucoup contre les impôts excessifs mis sur le peuple, étaient tombés à peu près dans les mêmes abus; mais du moins ils avaient eu un très grand mérite, celui de voir que le seul moyen de faire prendre au peuple ses maux en patience, puisqu'ils ne voulaient pas ou qu'ils ne pouvaient pas y apporter remède, c'était de l'amuser par des fêtes brillantes et folles, qui du reste étaient tout à fait du goût du jeune souverain.

Ainsi, on peut citer celles qui furent célébrées lors de la réception en chevalerie des deux fils du duc d'Anjou, la commémoration des obsèques de Bertrand Duguesclin, à l'entrée de la reine Isabeau de Bavière dans la capitale, au mariage de Louis de Touraine avec Valentine Visconti, fille du duc de Milan, enfin au sacre de Louis II d'Anjou, roi de Naples et de Sicile, le 1er décembre 1389, à Avignon.

L'épisode du gouvernement personnel de Charles VI trouva sa fin lors de la terrible journée du 5 août 1392 dans la forêt du Mans « lequel roy venu sur les champs, sourpris de maladie furieuse, prinst à courit sur son destrier, par la champaigne et tenant son espée au poing et férant et abatant quanque il peut atteindre… ». La maladie et les crises de démence du roi ramenèrent les princes du sang au pouvoir. Montagu prit aussitôt ses dispositions et s'enfuit secrètement de Paris pour gagner Avignon rejoindre son oncle le cardinal La Grange qui y résidait auprès de Clément VII. Ce serait pendant ce séjour à la cour pontificale que Jean de Montagu aurait fait le vœu de fonder un monastère en l'honneur de la Très-Sainte -Trinité si le roi recouvrait la santé.

Montagu revint aux affaires vers le mois de mars 1393 quand la frénésie de Charles VI cessa. Dès le mois d'avril suivant, il reçut une somme de 1.000 francs d'or « pour lui aidier à supporter les fraiz, missions et despens qui lui convenait supporter pour soustenir son estat ». Une quittance fut délivrée le 17 décembre 1393 pour les gages qu'il recevait en qualité de secrétaire du roi.

Les grands officiers semblent avoir été onéreux pour les caisses royales. Corbie, Montaigu et quelques autres coûtent entre 50 et 100.00 francs par an à la monarchie. Olivier de Clisson est du nombre. Plus avides encore sont les grands barons et les princes pensionnés « les princes des fleurs de lis », français et étrangers ; au total 500 à 600.000 francs sont distribués (6).

Les actes du secrétaire du Roi

Au mois de mars 1384, des lettres sont envoyées au sujet de la persécution des juifs à Mantes « lesquielx furent pillez et robez par aucuns des habitans d'icelle, plusieur gens d'armes et autres qui estoient venuz et estoient lors ou païs d'environ la dicte ville de Mante, vindrent et se boutèrent en icelle à heure des portes ouvrie, crians et disans au menu peuple et habitans d'icelle qu'ils alassent sur les juifs qui y demeuroient… ».

Le 10 juillet 1385, Jean de Montagu est chargé d'adresser des instructions au sénéchal de Beaucaire et aux ambassadeurs royaux auprès de Provençaux : Anceau de Salins et maître Yve Derian, pour les avertir que le roi reprend le gouvernement de la Provence qui avait été laissé au duc de Berry sous l'administration duquel « les grans inconvéniens qui autrement s'en pourroient ensuir…. Le païs sera mis en la main du Roy du consentement des seigneurs et habitants des bonnes villes sont d'oppinion qui ainsi soit fait par la bonne ordenance et provision de monseigneur de Berry… ».

Autour de Monseigneur le chancelier, de Messire Estienne de La Grange , son beau-père, et de quarante-cinq autres conseillers, Jehan de Montagu assiste au Conseil du roi du vendredi 6 avril 1386 où l'on parle du vol du grand sceau royal. « En la présence de tous les seigneurs dessus nommez a esté mis au Conseil à savoir se Jehannin, fils de feu Nicolas Larcher, lequel Jehannin est clerc non marié, emprisonnez pour ce que l'an dit que son père, ledit Jehannin et plusieurs autres, avoient contrefait le grant séel et le contreséel du Roy nostre sire, et avoient séellé plusieurs lettres des dix fauls séel et contreséel ainsi contrefects, et s'étoient aidiés desdictes faulses lettres en jugement at autrement… ». Jehannin fut condamner à payer une amende de 1.000 livres tournois et retenu dans la prison de l'évêque jusqu'au paiement de la somme.

Le lundi 7 septembre 1394 une somme de 50.000 francs or est déposée au trésor du roi à la tour du Louvre. Sur un petit cahier qui contient un état des deniers comptants du roi, on lit « … furent mis de commandement du roy nostre sire en la tour du Louvre par ledit Chanteprime, présens Jehan de Montagu et moy J. Creté, en X sas de cuir, cinquante mille francs, en un coffre estant ou moyen estage de ladicte tout, et fu portée la clef dudit coffre avec les clefs des huis du dit estage au Roy par ledit Montagu, scellées en un sac du séel de moy Creté en la présence du chastellain et de plusieurs autres. De laquelle somme de L m frans ledit Chanteprime a descharge, donnée le Xe jour de septembre 1394, contenant XL m frans, tant pour monsieur le connestable dont mencion est faicte cy dessus, comme pour X m frans de monsieur de Bourbon, dont cy après sera faicte mencion ; pour ce L m frans ».

Le 29 juillet 1396, messire Jean de Montagu se trouve à Senlis, avec toute la Cour , pour le cortège de la reine Isabelle, fille du roi, pour son passage en Angleterre. Montagu reçoit 200 francs en tant qu'écuyer « sur le fait de l'alée de la royne d'Engleterre à Calais ». Il est cité en tant que « Monseigneur le vidame de Laonnioz » avec son beau-frère Guillaume Cassinel et ses neveux Raoul et Guillaume pour recevoir une houppelande « pour eulx vestir de la livrée que ycellui seigneur a faicte le premier jour de may lan mil CCCC ».

L'ordonnance publiée à Paris le 28 juillet 1406 régla les offices, les finances et le domaine pour diminuer la charge « à noz faiz et finances et à la chose publique de nostredit royaume ». Parmi les « diz consaulx du grant conseil » sont retenus l'archevêque de Sens [Jean III de Montagu], l'évêque de Poitiers [Gérard II de Montagu].

Le titre prestigieux

Au tournant du XVe siècle, la fortune de Montagu devenait immense. Outre les biens patrimoniaux de ses parents, de son oncle Cassinel, du cardinal de La Grange et de son beau-père, le grand maître recevait d'importants gages de ses charges. Les historiens ont estimés que le montant ses revenus ne pouvait pas être inférieur à 6.000 livres par an.

Il est toujours délicat de faire des comparaisons, mais cette somme est gigantesque quand on sait le prix du coût de la vie à cette époque. En 1397, un ouvrier de bras (tâcheron) est payé 10 livres pour l'année, un menuisier 12 livres . Ils sont nourris. En 1406, un serviteur se loue à un seigneur 50 sous tournois par an. En 1409, un gardien de vaches nourri reçoit 50 sous pour l'année ; un charpentier est payé 3 sous par jour, un terrassier 1 sou. Le setier de blé est vendu 15 sols sur le carreau de Montlhéry en 1388. Une vache vaut 40 à 50 sols en 1396.

Revenu dans la sphère parisienne, à partir de 1395, Montagu se rapprocha du duc de Berry qui était aux affaires qui le prit à son service dans différentes ambassades. Le 12 octobre 1395, il se fit décerner les fonctions d'intendant de la maison du Souverain, à laquelle étaient également rattachées celles de la reine, du dauphin et des enfants de France.

Le vidame de Laon participa, sous l'autorité de Jean le Meingre, dit Boucicaut, à l'expédition de 1398, pour réduire la rébellion en Périgord. Accompagné de Jean de Harpedenne, Montagu passa à Périgueux le 30 juillet 1398, pour aller rejoindre l'ost en route pour Montignac. Dans un acte du 31 août 1398, il est qualifié de « chambellan, conseiller du roi et gouverneur de la dépense des hôtels du roi, de la reine, du dauphin et du duc d'Orléans ». Il réussit même en 1397 à faire partie du Grand Conseil (7).

La nomination de chambellan doit être de l'armée 1397, car nous avons une lettre du 23 décembre 1396, à Guillaume de Gray, receveur des aides ès cité et diocèse de Lisieux, où Jean ne s'appelle encore que « Jehan, seigneur de Montagu, conseillier du roy nostre sire et commis à faire venir ens les deniers ordennés pour le fait des despences des hostelz dudit seigneur, de la roine, de monseigneur le dalphin, et de monseigneur d'Orléans ». Dans une autre du 31 août 1398, à Dreuc Dautrain, receveur des aides à Monstiervilliers, il prend au contraire les titres de « vidame de Launois, chevalier, chambellain et conseillier du roy nostre sire, commis par icelui seigneur au gouvernement de la despence des hostelz du roy, de la royne , de monseigneur le dalphin et de monseigneur d'Orléans ».

Au faîte de sa carrière, Jean de Montagu portait de plusieurs titres comme celui de sire de Montagu, « vidame du Laonnois » et « grant maistre d'ostel du Roy » – on disait à cette époque souverain maître d'hôtel du roi, ces deux derniers titres étant les plus courant, sans doute les plus prestigieux pour Montagu. Très rarement, hors les actes notariés, il était qualifié de seigneur de Marcoussis et autres lieux. Notons que Juvénal des Ursins fit une remarque assez singulière ; il dit que le grand maître fut condamné « combien qu'il fût clerc marié, “cum unica virgine”, et avoit été pris en habit, non difforme à clerc ».

Le titre que Jean de Montagu considérait non seulement comme le plus prestigieux, mais qui avait une importance pécuniaire certaine, était celui de vidame de Laonnais. C'est le titre qui suivait le patronyme. De plus la qualité de vidame le rapprochait de l'épiscopat et de la qualité de clerc. Au début de la féodalité, le vidame, en latin « vice dominus » était le seigneur qui représentait et tenait la place de l'évêque pour exercer certain nombre de droits féodaux. Il avait un titre de noblesse équivalent à celui de vicomte. Il n'y avait qu'un seul vidame par évêché qui tenait en fief la justice de l'évêque et qu'il avait haute moyenne et basse (8). Alors que certains vidamés étaient attachés à des fiefs territoriaux, celui de Laon ne l'était pas. Dans ses Mémoires, Saint-Simon dira « Il n'y eut donc jamais de comparaison entre le titre de vidame, qui ne marque que le vassal et l'officier d'un évêque, et les titres qui par fief émanent des rois. Mais comme on n'a guère connu de vidames que ceux de Laon, d'Amiens, du Mans et de Chartres … »

L'évêque de Laon était duc-pair de France et portait la sainte Ampoule au sacre de nos rois. Une charte de l'an 1125 créa les vidamé et prévôté de Laonnois. Le vidamé de Laon était dans les mains des seigneurs de Clacy au XIIIe siècle. L'évêque Barthelemi de Vir l'avait conféré à Gérard II de Clacy qui vivait en 1247, puis ses successeurs, son fils Baudouin 1er et sons petit-fils Baudouin II, en 1327, étaient « vidames de Laonnois » (9). La fille unique de ce dernier porta la charge dans la maison de Châtillon et la famille Cassinel la reçut par Guillaume, seigneur de Romainville (cf. Chronique précédente) qui transporta la charge à son neveu. « … non par prix d'argent comme a escrit le moyne de S. Denys, mais par l'eschange qu'il en avoit fait l'an 1390, avec Guillaume de Cassinel, son oncle, comme mary d'Isabiau de Chastillon, veufve de Mathieu seigneur de Roye et deuxième fille de Gaucher de Chastillon » nous dit Pijart.

Plusieurs actes évoquent le vidame de Laon seul. Le 6 janvier 1401, le roi Charles VI ordonne au vidame de Laonnais de payer sus ses revenus, à la duchesse d'Orléans, la somme de 6.000 francs d'or, pour lui aider à entretenir son argenterie et son écurie. Le 31 octobre 1403, une décharge de 1.450 livres pour les dépenses de l'hôtel du Roi des mois d'août et de septembre, est délivrée sur l'ordre de Jean de Montaigu, vidame du Laonnois, maître d'hôtel du Roi.

Quoi qu'il en soit, Montagu, dont la carrière fut celle d'un clerc, eut quelques expériences militaires. Dès 1394, il portait le titre d'écuyer, puis celui de chevalier banneret. Par lettres patente d'octobre 1398, il fut établi capitaine du château de la porte Saint-Antoine, autrement dit capitaine de la Bastille , commandant quatre hommes d'armes et six arbalétriers. Le 1er décembre suivant, nous le trouvons en qualité de vidame de Laonnois, chevalier banneret, capitaine du chastel de Saint-Antoine, avec trois écuyers et cinq arbalétriers de sa compagnie.

Les dons du roi s'accumulaient : le 20 septembre 1396, une gratification de 1.000 livres faite à Jean en considération de ses bons services ; le 23 du même mois, une somme de 4.000 livres , en récompense de ses peines et travaux et de la bonne diligence qu'il avait apportée à faire faire les joyaux et tous les habillements d'Isabelle de France, reine d'Angleterre; les 2 juin et 6 août 1397, même somme pour les grands frais qu'il lui convenait faire au gouvernement de l'hôtel du roi et de celui de la reine; le 27 mars 1398, 2.000 livres de vaisselle d'argent doré, en considération du baptême de Charles de Montagu son fils ; enfin, le 18 avril de la même année, une somme de 2.000 livres , en récompense des peines qu'il avait eues à faire venir à l'épargne celle d'un million pour délivrer au roi d'Angleterre.

Toutes ces gratifications, données à si peu de distance les unes des autres, jointes aux gages fixes que Jean avait comme secrétaire et surintendant, et aux profits énormes qu'il pouvait tirer de cette dernière charge, devaient nécessairement faire de sa maison une des plus opulentes du royaume.

Enfin, par lettres du 4 octobre 1401, le roi le pourvoit de la charge de « souverain et grant maistre de son ostel » et lui assigne une pension de 2.400 livres sur sa cassette.

Les hôtels parisiens

Pendant toute sa carrière, Jean de Montagu accumula richesses et biens immobiliers de toute sorte. Analysons maintenant les maisons et hôtels entrés dans son patrimoine. Nous ne parlerons pas ici du château de Marcoussis qu'il fit construire sur les ruines de l'hôtel de la Motte , désigné souvent par la Maison-fort , qu'il avait reçu de son oncle le 30 novembre 1388, avec la maison de La Ronce.

Dès 1387, Jean de Montagu reçut des gratifications de la part du roi « en consideration des grands frais et dépenses » pour ses voyages en Lombardie et en Flandres. Le 24 décembre il reçut une somme pour acquérir une maison à Paris. Dans la capitale, on compte quatre maisons ayant appartenu au grand maître :

  l'hôtel Soudreuille ou Sandreuille, plus connu sous le nom d'hôtel Barbette, qu'il vendit vers l'an 1403 à la reine Isabeau, et où elle se trouvait en couches quand le duc de Bourgogne, Jean sans Peur, fit assassiner le duc Louis d'Orléans.
  la grande et la petite maison de Savoie, situées rue du Grand-Chantier, et dans celles des Quatre-Fils et de l'Êchelle-du-Temple, qu'il vendit plus tard 4.500 livres à Hangest de Heuqueville, chambellan du roi, aussitôt qu'il eut pris possession de la maison du Porc-Épic, où il résidait le plus habituellement pendant son séjour à Paris.
  l'hôtel du Porc-Épic, rue de Jouy, au coin de la rue Percée, que le duc de Berry lui donna en 1404.
  l'hôtel du faubourg Saint-Marcel, dans le voisinage d'une habitation de la reine Isabeau, un hôtel et des jardins descendant jusqu'à la petite rivière de Bièvre.

Hôtel Barbette à Paris, qui fut en 1401 la demeure de Jean de Montagu.

Voulant être l'égal des princes, Jean de Montagu acquiert, en 1390, le vaste hôtel Barbette qu'il reconstruisit en partie, à proximité de la résidence royale Saint-Paul. Lors de cet achat le roi accorda un don à son secrétaire afin de « aidier a paier un hostel que j'ay nagueres acheté en la ville de Paris ». Située entre les Coultures ou Cultures Sainte-Catherine, du Temple et Saint-Gervais, la courtille Barbette appartenait aux chanoines de Sainte-Opportune. Quant à son nom, elle le devait à Etienne Barbette qui, en 1298, s'y était fait construire une maison de plaisance ; car telle fut dans l'origine la destination de cet hôtel qui, par une rare exception, a su conserver jusqu'au jour de sa destruction le nom de son premier propriétaire (10).

En 1401, l'hôtel Barbette fut acheté par Isabeau de Bavière. Sauval précise : « L'appartement de la reine y consistoit par bas en deux salles, l'une grande, l'autre petite; au-dessus se trouvoit une autre grande salle, une chambre attachée à un grand retrait et un petit; entre cela une chambre, une autre aux eaux roses, une de parade, une chambre blanche, deux chapelles, l'une grande, l'autre petite, un comptoir, des bains et des étuves ». Cet hôtel enfin était le petit séjour de la reine, qui aimait beaucoup cette résidence, où elle recevait le duc d'Orléans « ce grand desbaucheur des dames de la cour et des plus grandes », a dit Juvénal des Ursins.

L'hôtel de Savoie était bâti sur les terres du grand prieur du Temple. Il avait tant d'étendue qu'il était séparé en deux ; une moitié s'appelait l'hôtel de Savoie, rue du Chaume et rue de l'Échelle du Temple ou du Grand Chantier ; l'autre moitié était nommée le petit hôtel de Savoie, dressé dans la rue des Quatre Fils, qu'on nommait alors la rue des Deux Portes. « On passoit de l'un a l'autre par une galerie qui traversoit la rue du Chaume », dit Sauval. Montagu avait acquit cette propriété du comte de Savoie le 28 octobre 1401, mais ne la conserva pas, puisqu'il s'en sépara en 1404 moyennant 4.500 livres , pour habiter l'hôtel du prévôt dans le même quartier.

L'hôtel du Porc-Épic, qui avait jadis appartenu à Hugues Aubriot, prévôt de Paris, et à Pierre de Giac, est resté célèbre parmi les demeures seigneuriales. Selon Sauval (t. II, p. 81), il s'étendait avec ses jardins jusqu'à l'ancienne clôture de Philippe-Auguste, entre la rue Saint-Antoine, vis-à-vis le prieuré de Sainte-Catherine du Val-des-Écoliers, jusqu'à la Seine , dans le voisinage du chantier du Roi. Le 16 décembre 1397, le duc d'Orléans avait acquit cette maison pour 8.000 écus d'or à la couronne et en fit l'hôtel de son ordre du Porc-Épic ; dans ce contrat l'immeuble est ainsi décrit : « Un hostel, court, jardin, lounges, édifices, drois, etc. , séant à Paris en la rue de Jouy, et dont la maistre-entrée d'icelui hostel est sur ladicte rue de Jouy, et aiant issue en la rue Saint-Antoine, tenant d'une part aux anciens murs de la Ville , aboutissant par derrière aux maisons et héritages de Guillaume d'Orgement, des hoirs feu Pierre de Montigny, jadis notaire du Roy nostre sire oudit Chastellet de Paris, et à l'ostel de la Nef qui est en ladicte rue Saint-Anthoine, et qui en icelle rue le coing de la dicte rue Percée, ès censive des religieux de Thiron et de Saint-Eloy ».

Le 17 juin 1404, le duc d'Orléans abandonna cette maison au duc de Berry, son oncle, en l'échange de l'hôtel des Tournelles. Ce dernier en fit immédiatement don à Jean de Montagu qui embellit et augmenta cette demeure grâce au don que lui fit Charles VI le 8 août 1406, d'une portion des anciens murs de la ville, où il y avait un colombier, une terrasse et plusieurs tours, et qui s'étendait de la poterne Saint-Paul jusque vers la Seine , près du chantier de charpente du roi, le tout sur une longueur totale d'environ 116 toises. Selon Vallet de Viriville, dans un diplôme original et sur parchemin, Charles VI, roi de France, vers 1408, en faveur son grand maître de l'hôtel, concède une prise d'eau provenant d'une source comprise dans le domaine royal de l'hôtel de Saint-Paul, et qui se rendait à l'hôtel de Jean de Montaigu. Il est dit dans l'acte que Hugues Aubriot, prévôt de Paris, avait eu précédemment la jouissance de ce cours d'eau. Mais, c'est Pierre de Giac qui, par lettres patentes d'octobre 1385 avait obtenu le droit d'avoir de l'eau des fontaines de l'hôtel Saint-Paul « gros comme le bout d'un fuseau » pour l'usage de son hôtel. Plus tard, l'hôtel du Porc-Épic fut la demeure de l'amiral Louis de Graville.

Au mois de mai 1401, le roi Charles VI donne la conciergerie de l'hôtel royal de Chantelou, à Jean de Montagu. « Charles, etc. Savoir faisons à tous présens et avenir. Que nous considérans les grans, loyaulx et notables services que nostre amé et féal chevalier, chambellan et conseiller, jehan, seigneur de Montagu et de Marcoussis et vidame de Laonnois, nous a faiz ou temps passé en plusieurs et diverses manières, fait chascun jour et espérons que nous encores face ou temps avenir, et pour certaines grandes justes causes à ce nous mouvans, à ycelui, du gré, consentement et voulenté de nostre très cher et très amé oncle le duc de Berry, qui de ce nous a repris, avons donné et octroyé, donnons et octroyons par ces présentes, de nostre certaince science, grâce espécial, pleine puissance et auctorité royale, la garde et conciergerie de nostre hostel de Chantelou près de Montlehéry ; ensemble les prouffiz, revenues et émolumens quelconques appartenans à ycelle conciergerie ; et ainsy et par la manière que nostre amé et féal conseiller et maistre de nostre Chambre des Comptes à Paris, Jehan Chanteprime, naguère concierge de nostredit hostel, les avoit et prenoit. Pour en joyr par nostredit conseiller, ses hoirs, successeurs et ayans cause, perpétuellement et héréditairement. En oultre, de nostre plus ample grâce, avons voulu et octroyé, voulons et octroions à ycelui nostre conseiller, que nostre dicte conciergerie soit tenue de nous en foy et hommage par celui ou ceulx qui de lui auront cause, et soit adjointe avec le fié de la seigneurie de Marcoussis, laquelle nous, de nostre dicte grâce, y adjoignons par ces mesmes lettres. Si donnons en mandement à noz amez et féaulx gens de noz comptes et trésoriers à Paris, etc. Donné à Paris ou moys de may, l'an de grâce mil CCCC et un, et le XXIe de nostre règne ». Par le Roy en son conseil, monseigneur le duc de Berry, le sire de Préaux, l'évêque de Noyon et autres présens. Sigillata de expresso mandato regis. Signé : Derain.

Vers la même époque, Montagu avait reçut du roi l'hôtel de la Conciergerie de la Bastille qui comprenait « plusieurs eddifices et jardinages ». En décembre 1405, il s'en dessaisit en l'échangeant avec le duc d'Orléans contre l'hôtel du faubourg Saint-Marcel sur la rive gauche de la Seine. Cet immeuble avait jadis appartenu à Miles de Dormans.

Citons pour finir cette chronique une anecdote qui montre combien Montagu s'était ainsi hissé au sommet de l'échelle sociale, recevant le roi sous son toit. Le même jour, Froissard nous raconte que, comme la reine venait de recevoir les présents des bourgeois de Paris et que ceux-ci s'étaient éloignés, le roi appela Jean de Montagu et messire Guillaume des Bordes, et leur dit : « Venez veoir de plus près les présents quels ils sont; et ceux-ci vinrent jusqu'à la litière et regardèrent sus ». On voit par là combien le sire de Montagu était familier avec le roi. Froissard nous dit encore qu'un soir le roi, ayant pris congé avec le duc d'Orléans de la·reine Isabeau sa femme, de la duchesse d'Orléans et autres dames qui étaient à l'hôtel Saint-Paul, s'en vint souper et coucher chez Montagu avec le duc de Bourbon, le comte de Namur et le sire de Couci. « Le roy y coucha et disna le lendemain, et après disner, sur le point de relevée, il s'en départit en très-grand arroy ».

À suivre…

Notes

(1) Dans une note (p. 32) Malte-Brun donne une appréciation contradictoire sur le manuscrit de Pijart, qu'il écrit « un manuscrit de Guillaume Pijart, prieur du monastère de Marcoussis en 1656, et qui traite de la famille de Jean de Montagu. Il est moins complet que celui de Simon de la Mothe , mais on y rencontre d'autres détails que l'on ne saurait trouver ailleurs ». Malte-Brun introduit des erreurs : Guillaume Pijart ne fut jamais prieur de Marcoussis, mais seulement moine profès, par contre Simon de la Mothe , qui fut sous-prieur, profita de sa position hiérarchique pour piller et copier intégralement l'œuvre de Pijart (cf. “ Les Shadoks à Marcoussis ”).

(2) M. Vallet de Viriville, Chronique de la Pucelle par Guillaume Cousinot (Libr. Delahays, Paris, 1859), ch. CVI, p. 128 et 129. Jean Le Féron qui vivait sous Charles IX, en 1564, fit des erreurs dan son catalogue des officiers du roi « Grands maîtres, f°22, verso : Messire Jean de Montaigu, du temps du roy Charles sixiesme, mil quatre cens et cinq, et Charles septiesme, mil quatre cens et neuf » [erreur, puisque Charles VII ne régna qu'en 1422].

(3) L. Douët-d'Arcq, Choix de pièces inédites relatives au règne de Charles VI , tome 2 (chez Mme Ve Jules Renouard à Paris, 1864).

(4) Charles VI avait quatre oncles ; trois du côté paternel : les ducs Louis d'Anjou (41 ans), Jean de Berry (40 ans), et Philippe de Bourgogne (38 ans), et du côté maternel le duc Louis II de Bourbon (43 ans). Une ordonnance de 1374 avait fixé la majorité des rois à quatorze ans.

(5) Pierre Aycelin de Montagu, cardinal-évêque de Laon, avait prit la parole, et, dans un discours véhément, retraça tous les vices de l'administration depuis la mort de Charles V, représentant chaque prince, sans le nommer, d'une manière si expressive, qu'il était impossible de s'y tromper. Il conclut en disant qu'il croyait bon que le roi se chargeât seul du gouvernement. Cinq jours plus tard, le 8 novembre, le cardinal de Laon mourut, non sans soupçon d'empoisonnement.

(6) Juvénal des Ursins dit que Charles VI « estoit très large et abandonné à l'argent distribuer et donner les finances, et là où son père donnoit cent escus, il en donnoit mille, dont estoient ceulx de la chambre très-mécontens… ».

(7) J. Favier, Histoire d'un déficit : les finances de Charles VI ( Bibl. École des Chartes, vol. 124, II, Paris, 1966) p. 514-525 - M. Rey, Les finances sous Charles VI. Les causes du déficit, 1388-1413 (Éditions de l'École des Hautes Études en Sciences Sociales, Paris, 1965).

(8) La France ne comptait pas plus d'une douzaine de vidamés dont : Amiens, Beauvais, Cambrai, Châlons-en-Champagne, Chartres, Laon, Le Mans, Meaux, Reims, Rouen, Sens, Senlis.

(9) En 1635, nous trouvons « très haut et puissant seigneur François de La Rochefoucauld , comte de Roussy, baron de Chef-Bretonne, Marthon, Blanzac, Aulnay et autres places et vidame du Laonnais ». En 1682, Frédéric-Charles de Roye de La Rochefoucauld , comte de Roye est vidame du Laon .

(10) En 1298, Etienne Barbette était prévôt de Paris, maître des monnaies et l'un des principaux confidents de Philippe le Bel. Aussi en 1306, lorsque ce roi altéra la valeur du numéraire, le peuple en rejeta en grande partie le blâme sur son conseiller et se vengea en pillant et dévastant l'hôtel Barbette. La Courtille Barbette ne fut pas non plus épargnée, presque tous les arbres en furent arrachés.

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