Corpus Essonnien

Histoire et patrimoine du département de l'Essonne

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L'église Sainte-Trinité de Montlhéry (6) (XVIIIe siècle)

Chronique du Vieux Marcoussy –Marcoussis————— _——————————_—– Avril 2009

Plan de l'église Sainte-Trinité après la reconstruction de 1691.

JP. Dagnot

C. Julien

Cette chronique est la sixième et avant-dernière partie de l'histoire de l'église Sainte-Trinité de Montlhéry. Dans la précédente chronique nous avions appris que la sacristie avait été construite en 1745 pour remplacer celle qui menaçait ruine. En ce milieu du XVIIIe siècle, la paroisse est desservie par Jacques Thiboust, prestre curé, tandis que la fabrique est administrée par le sieur Claude Esnard, marchand épicier, et Jacques Angot, marchand boucher, marguilliers de présent en charge.

Après l'écroulement presque total de l'église et sa reconstruction, nous allons assister à la construction de la sacristie (1). Comme de coutume, les travaux sont donnés suite à une adjudication « au rabais et plus faible enchérisseur », qui semble-t-il, n'a pas été favorable aux finances de la fabrique de l'église de Montlhéry. Une autre préoccupation de la « grande œuvre », comme on disait pour la différencier des œuvres des confréries, était la concession des bancs et emplacements de chapelle dans l'église. Ce furent des sujets de procès comme nous le décrivons dans cette chronique.

La construction de la sacristie

Le 16 juin 1746, les marguilliers de la Sainte-Trinité présentent leurs excuses et « réparation faites pour le scandale par eux causé le jour de l'octave de Saint Sacrement au salut ». Voici ce que nous lisons pour geste de mauvaise humeur. « Nous Jacques Angot et Joachim Boudegoust, marguilliers en charge de la paroisse de la Sainte-Trinité de Montlhéry disons que l'action qui est arrivée le jour de l'octave de Saint Sacrement le 16e du mois de juin par laquelle nous avons refusé l'argenterie, croix d'argent, chappes, et autres ornements nécessaires à la célébration du salut du Saint-Sacrement comme coutume est une action de mauvaise humeur, que nous reconnaissons devant Dieu que nous avons tort, que nous promettons à l'avenir que sur le réquisitoire de Mr le curé à qui nous demandons excuses aussi bien qu'à la paroisse que nous avons scandalisé par un exemple semblable, et à son absence, de ces pêchés qui les représentent, nous ne refuserons rien, de ce qui sera nécessaire pour la célébration du saint office, et qu'à tort nous avons retardé l'office divin jusqu'à huit heures du soir, en foi de quoi, nous avons signé ce présent acte pour qu'il serve ainsi que de raison, tant pour le présent que pour l'avenir. Fait au banc de l'œuvre de la fabrique, issue des vêpres ce vingt six juin mil sept cent quarante six ». Signé Jacques Angot, J. Boudegoust.

Un devis et le marché sont examinés la même année à propos de la construction de la nouvelle sacristie. Le curé et les marguilliers rappellent la construction de « la nouvelle sacristie de 1745 » en dehors du cul de lampe de ladite église adjugée au sieur Dufour moyennant 1.860 livres et exécuté au mois de septembre. Il est dit que « cette construction faite dans un temps et saison défavorables, s'avère estre défectueuse au dire de gens à ce connoissant qui ont été prié et requis de l'examiner et condamné d'être démolye, refaite…. ». Un nouvel architecte est nommé pour refaire un nouvel édifice du côté de l'Hôtel Dieu, de procéder à la démolition de la nouvelle construction du coté du cul de lampe et cimetière …

Toujours la même année, une assemblée de paroisse est convoquée sur le changement du comble de la nouvelle sacristie en commande par ledit Dufour, et pour résoudre la difficulté de faire ledit comble. La convocation est lancée par les sieurs Jacques Angot marchand boucher et Joachim Boudegoust marchand tonnelier, tous deux marguilliers en charge qui se sont transportés avec le notaire royal au banc de l'œuvre à l'issue des vêpres suite à l'annonce faite le matin même au prône de la grand'messe. Se sont aussi présentés Messire Pierre Bedée: substitut du procureur général, Louis Perdrigeon, Claude Besnard, Jacques Jolivet vigneron, Jean-François Mauclerc tapissier, tous habitants de Montlhéry.

Dessin de l'architecte Puisieux afin de résoudre le problème de l'occultation de la croisée.

Par la sentence contradictoire « rendue par la prévôté entre la fabrique et le sieur Marin Dufour, maçon demeurant à Corbeil, il a été ordonné qu'allant faire droit sur la demande formée par iceux marguilliers contre ledit Dufour, il feroit à leur requête et diligence ce jourd'hui lieu et heure convoquée et fait une assemblée des habitants de cette ville sur le changement du comble de la nouvelle sacristie maçonnée par ledit Dufour, une exécution du marché qui a été faite entre les parties … ». Il est donc nécessaire de revoir les plans de « faire en forme de deux petits pavillons de la mesme hauteur que l'autre devoit être entre lesquels deux petits pavillons la croisée de la dite église et étoit vis-à-vis sera libre et de mettre un gouttière entre lesdits deux pavillons suivant le nouveau plan que le sieur Puisieux en a donné au sieur Dufour… ». Il s'agissait bien évidemment d'une erreur flagrante de conception qu'un simple dessin (que nous présentons) griffonné à main levée résolut immédiatement.

C'est alors qu'un contentieux apparaît car le maître maçon prétend que le retard et les changements dans la construction sont le fait des habitants et des marguilliers de Montlhéry, il demande une décharge de 150 livres de dommages et intérêt, peine pécuniaire prononcée à défaut de rendre la sacristie parfaite dans les délais prévus. Les marguilliers s'entêtent à dire que le retard est la faute de l'entrepreneur et non celles des maîtres d'œuvre; il n'est pas question de payer un supplément pour parfaire la construction de la sacristie. Inévitablement nous assistons à un échange de procédures.

Sur proposition du curé, il serait fait une visite par l'architecte Puisieux pour déterminer la responsabilité et savoir « si ledit sieur Dufour s'est conformé au devis cy devant datté et s'il y a défectuosité ou non et former pour raison devant telle demande qu'il appartiendra ». La motion est adoptée à l'unanimité des voix. Le nouveau plan sera placé dans une lettre missive et envoyée par le sieur Puisieux, puis annexé au procès-verbal après avoir été signée par toutes les parties.

Les travaux ne semblent pas être terminés en fin d'année, puisqu'un toisé de la charpente de la sacristie de l'église de Montlhéry sera encore fait.

La vie paroissiale sous Louis XV

L'an 1748, des modèles de nomination et quittance sont adressés à Messieurs les curés de Montlhéry, Chastres, Linois et Marcoussis « quand ces derniers nomment des filles à marier ou des garçons pour étudier au collège, le tout après un procès de près de quarante ans entre les curés contre les religieux Célestins ». Il s'agit des célèbres bourses d'étude de la fondation Charles de Balsac (2). « Montlhéry est l'un des quatre lieux qui peuvent fournir un jeune garçon qui sera présenté par le Curé aux Célestins de Marcouci, pour recevoir d'eux pendant trois ans, la somme de 100 livres, afin de l'aider à étudier au Collège ; la fondation est aussi pour fournir la même somme à une fille du lieu, afin delà marier, suivant le testament de Charles de Balzac, évêque de Noyon, de l'an 1627 ». Le contentieux se termina enfin en cette année qui obligea les moines Célestins à s'acquitter de la fondation de Balsac. « Nous… curé de l'église paroissiale de Sainte-Trinité de Montlhéry en conséquence du pouvoir à nous donné par la fondation de Charles de Balsac… ».

La bénédiction du tableau de Saint-Nicolas de la chapelle de Monsieur Francine eut lieu le 12 décembre 1748. Une exposition des morceaux de la sainte Croix s'est tenue à Paris en 1750. Une partie de cette exposition serait passée à Montlhéry le 20 septembre de la dite année.

Plusieurs articles du registre des comptes de la fabrique de l'église Sainte-Trinité méritent d'être cités. Le 28 mai 1751 « après les publications des criées faites par trois dimanches consécutifs à la porte de l'église , issue de la messe paroissiale selon la coutume par le bedeau de cette église, a été adjugé au plus offrant et enchérisseur à Pierre Honoré Boudegoust, cabaretier et Catherine Elisabeth Benard, sa femme qu'il autorise à l'effet des présentes, une maison et lieux et dépendances scise place du marché ayant pour enseigne « la Providence » moyennant le prix de 150 livres de loyer par an, à commencer ce jour pendant un bail de neuf années, à la Saint-Martin dhiver 1751, dont le premier payement échoiera à la Saint-Martin dhiver 1752 ».

Deux jours plus tard nous notons l'adjudication des prés de la fabrique à Nicolas Huard pour le prix de 512 livres. « Après les publications des criées… a été adjugé au plus offrant et enchérisseur à Nicolas Huard, épicier à Montlhéry, les prez de l'église moyennant le prix de 512 livres emploi seulement pour la récolte de l'année 1751 ». Nous remarquons dans cette adjudication l'importance des prés de la vallée de l'Orge pour l'élevage des bêtes de boucherie.

Plan pour la construction de la nouvelle sacristie de Montlhéry (1746).

En 1751, une décision est prise au banc de l'œuvre car « la couverture du clocher estoit en mauvais état ». Voici le procès-verbal dans son intégralité. « L'an mil sept cent cinquante et un, le vingt du mois de juin, après l'annonce faite au prosne de la messe paroissiale, issue des vespres chantées en ladite église, la cloche sonnée à la manière accoutumée, Mrs le Prévost, Estienne Lhéritier notaire, Denis Demonceaux et Charles Bourgeaux tous deux marguilliers, Jean Carré, François Goy, Henry le Doux, Pierre Jamet étant assemblés au banc de l'œuvre, il a été représenté que la couverture du clocher de l'église estoit en mauvais état, que les ardoises estoient tombées et que la charpente seroit endommagée si les réparations nécessaire ny estoient faites incessamment. En quoy l'assemblée a délibéré que ledit marguillier comptables sera authorisé pour faire faire les réparations audit clocher et qu'il en passera une adjudication par trois dimanches successifs au rabais, et qu'à l'effet, il sera mis des affiches en différents endroits, et que la maison de la communauté sera vüe et visité la couverture de l'église à la diligence du marguillier pour constater l'estat des lieux ».

Un devis des ouvrages à faire pour le rétablissement et la couverture en ardoise du clocher est établi le mois suivant: - sera faite la couverture en ardoise neuve carrée forte d'Angers sur le bas du cloché dans tout son pourtour sur six pieds de hauteur y compris l'égout qui sera composé de deux thuilles et deux ardoises formant une saillie noircie par dessous avec feuille en noir de fumée, - sera fourni quatre arrêtiers de plomb de trois pieds de long …., - sera pareillement rétabli la couverture des abats vent dudit cloché le devis est de 450 livres , adjugé au rabais à 350 livres , fut repris et adjugé finalement à 330 livres .

Ne pouvant plus accepter les chicanes engendrées par la possession de la chapelle Notre-Dame de Pitié qui a créé bien des soucis à sa famille et à elle-même, la détentrice abandonne son droit de chapelle. Ainsi, deux actes sont passés en 1752, devant deux notaires au Châtelet de Paris. Le premier est la vente par la veuve Mercier Delangevinière au profit de Claude Enard avec réserve des droits de chapelle de Notre-Dame de la Pitié . Les biens viennent de la succession Anne Barbe Desmaillets. Le second acte est la ratification du sieur Enard « au nom et comme fondé de pouvoir de la procuration de demoiselle Marguerite Bernard, son épouse, par lequel ladite veuve Delangevinière a bandonné audit sieur et demoiselle Enard son droit en ladite chapelle ». Nous reviendrons sur cette affaire plus loin, car cette chapelle fut l'objet d'un procès retentissant dont cette vente compliquera encore plus le dossier.

L'archidiacre de Josas visite l'église de Montlhéry le 16 juillet 1752. Dans son procès-verbal de visite « fait à Paris au cloître de l'église métropolitaine » , il constate que trois calices existent dont deux sont défectueux « et par nous interdits, les marguilliers sont enjoint à les changer », que les fonds de la fabrique sont suffisants, que le curé sera chargé des fondations des chapelles Saint-Laurent, Saint-Nicolas, et de l'Assomption.

Lors de l'assemblée réunie le dimanche 31 mars 1754, en la sacristie, Catherine Michelin, soeur supérieure de l'hospital de cette ville [l'Hôtel Dieu] désire faire élever une chapelle sous l'invocation de saint Vincent de Paul entre les deux croisées de l'aisle droite réservée aux dites soeurs, ceci à leurs frais.

Le 17 septembre 1756, Jacques Thiboust, prestre curé de la cure et église paroissiale de la Sainte-Trinité, et Jacques Susane, notaire et marguillier, d'une part, et dom Jean Joseph Faucheux, religieux du prieuré de Longpont d'autre part, « lesquelles parties pour terminer toutes difficultés et contestations entre elles au sujet du partage des trois cloches qui étoient dans le clocher de la paroisse Saint-Pierre de Montlhéry, et qui avaient été attribuées pour la plus grosse pesant 330 livres en la possession du prieur de Longpont, pour la moyenne pesant 278 livres et la petite pesant 204 livres , sont toutes deux en la possession du curé de la Sainte-Trinité, sont convenus que : - la plus grosse demeurerait à Longpont, ainsi que 65 livres pour compenser la plus value en regard de Montlhéry, - la moyenne appartiendra à la Sainte-Trinité, - à l'égard de la plus petite, le prieur la fera prendre et enlever de l'église de la Sainte-Trinité.

Comme toujours, préoccupés de donner l'heure aux Montlhériens, les marguilliers de Sainte-Trinité ont décidé de passer un marché pour l'entretien de l'horloge installée dans le nouveau clocher depuis 1691. Une adjudication au rabais est passée le 6 décembre 1761 parce que « l'horloge qui est en très mauvais ordre ». Sont réunis dans la sacristie : Mr le curé, MM. Pierre Groux, Antoine Bedeau tous deux marguilliers de la grande œuvre, et M. Jean Le Bas marguillier actuel de la confrérie du Saint-Sacrement et M. Pierre Jamet marguillier honoraire de la dite confrérie et M. Pierre Allorge taillandier habitant de ce lieu. « Pierre Groux, actuellement marguillier comptable a représenté à la dite assemblée que l'horloge de la paroisse depuis quatre semaines ne sonne plus les heures et qu'elle est en très mauvais état… et l'obligation des officiers divins est d'en faire faire les réparations et qu'on ne peut s'en passer ». L'adjudication au rabais est organisée, « à la charge de faire les réparations nécessaires, et la mettre en bon état, d'en demeurer garant et responsable pendant trois ans, de la monter tous les jours en recevant 20 livres annuelles attaché à celuy qui en est chargé… ». Deux adjudicataires se présentent : Pierre Sardat et Pierre Paul Peuvrier. Les enchères commencent à 200 livres pour arriver au final à 125 livres adjugées au sieur Sardat. Cette somme sera payée en deux paiements « sçavoir moitié lorsque l'ouvrage sera parfait et reçü par la visitte qui en sera faite, et l'autre moitié à la Saint-Martin d'hiver prochain 1762 et s'oblige ce qu'il soit en état d'y travailler ».

En 1763, Louis Gaudron Desromont achète le droit de la chapelle Saint-Nicolas. « Louis Gaudron Desromont, conseiller du roy, son procureur, en la prévôté royale de Montlhéry, y demeurant, propriétaire de la maison située près la porte de Linois, grande rue dudit Montlhéry , qui a cy devant appartenu à Mr Jean Fontaine, conseiller du roy, prévost de Montlhéry, et ensuite à Louis le Poupet, écuyer avocat en Parlement et dame Françoise Fontaine son épouse, seule héritière de maître Jean Fontaine et aussi au sieur Louis F. acquéreur de Le Poupet… ». Nous voyons encore une fois que les droits étaient attachés à la maison dont le sieur Desromont et son épouse étaient devenus les propriétaires. « Ce droit concédé par les marguilliers à Fontaine pour les propriétaires de ladite maison et sans préjudice des droits de la fabrique » (3). De ce fait, il est évident que la chapelle Saint-Nicolas fut fondée après la reconstruction de l'église.

Le procès des héritiers Bodin-Desperrières

Une affaire ressurgit en 1766 ; elle concerne le droit de chapelle sous le titre de Notre-Dame de Pitié qui avait été accordé par le curé et les marguilliers en 1610, plus de cent cinquante ans auparavant. Un mémoire de 7 feuillets est rédigé le lundi 14 avril 1766 sur papier timbré de la Généralité de Paris à raison de 2 sols les feuillets.

En voici les protagonistes, d'une part « Entre maître Etienne Lhéritier, procureur de demoiselle Marie-Anne Gaudeau, veuve du sieur Bernard Mathieu Sigonneau, officier de son Altesse Royale Madame la duchesse d'Orléans, et auparavant, veuve du sieur Pierre Desmaillet Desperrières chef fourrier de Madame la duchesse de Berry, avec lequel elle étoit commune en biens sa donataire entre vif par contrat de mariage et douairière et encore seule héritière quant aux meubles et acquets de demoiselle Barbe Anne Desmaillet leur fille, lequel sieur Desmaillet Desperrières était seul héritier de Jean-Baptiste Bodin sieur Desperrieres, son oncle, vivant conseiller du Roy et son procureur en cette prévôté, lequel sieur Bodin-Desperriere était aux droits de messire Paul Legendre, demeurant ladite dame veuve Sigonneau à Saint-Vrain en qualité de pensionnaire chez le sieur Sigonneau, son beau-frère, prêtre prieur et curé dudit lieu, demanderesse , au principal aux fins de l'exploit du 19 novembre 1757, contrôlé en cette ville le 22, et déffenderesse à la demande incidente cy après datté ».

Voyons la partie adverse « Et maître Jacques Suzane, procureur des sieurs curé et marguilliers en charge de l'église œuvre et fabrique Sainte-Trinité de Montlhéry, y demeurant, défendeurs , au principal à l'exploit sus daté et incidemment demandeurs aux fins de leur écriture signifiée le 4 novembre 1758, d'autre part ».

Nous épargnerons au lecteur le déchiffrage des quinze pages. Les différentes pièces s'articulent de la manière suivante : • un premier contrat passé en 1620 par lequel Messire Thomas Le Clerc, conseil d'état du Roi, intendant des finances, et dame Suzanne Le Sergent son épouse, avaient transporté, à la fabrique ,16 livres tournois de rente foncière venant de l'héritage de leur tante Catherine Louchard, veuve de Claude de Lavoisiers, procureur du roi à Montlhéry, ladite rente à prendre sur une maison au hameau de Mauvinet, paroisse de Linois constituée en 1610. • le transport de la rente constituait la fondation d'un obit, de prières qui sont de faire chanter et célébrer par chacun premier dimanche des mois de l'année au devant de ladite chapelle de la Vierge Marie Salva Regina avec oraison pendant le vivant dudit sieur et dame Le Clerc et après leur décès les Libera de Profondis et Oraison accoustumée. • et encore ladite chapelle de Notre-Dame de Pitié sera affectée aux sieur et dame Le Clerc et ceux de leur suite, hoirs et ayant cause, • un second contrat passé en 1666, passé devant un notaire au Châtelet de Paris, par lequel le curé et les marguilliers ont volontairement ratifié la convention de 1620, • un contrat d'échange passé la même année entre Le Clerc et Paul Legendre, seigneur de Lormoy au moyen d'une somme de 30 livres payées comptant, • une sentence rendue le 28 mars 1684 qui maintient le sieur Jean-Baptiste-Bodin Desperrières dans sa possession de ladite chapelle et déboute les sœurs de la Charité, • une ordonnance de l'intendant de la Généralité de Paris du 30 janvier 1692 fait défense aux dames de la Charité de troubler et empêcher le sieur Bodin Desperrières dans la construction de la chapelle, • l'arrêt de la Cour de Parlement du 9 février 1694 signifie que l'ordonnance précédente sortira son plein et entier effet, • une requête est présentée à l'archevêque de Paris pour la bénédiction de trois chapelles « par luy fait construire en l'église dudit Montlhéry la première sous le nom de Notre-Dame de la Pitié , la seconde dédiée à Saint-Nicolas, et la troisième à Saint-Jean et Saint-Clément, la permission est donnée au doyen rural de procéder à la bénédiction le 4 avril 1694, • par le contrat de mariage passé le 1er septembre 1723, la demoiselle Marie Anne Gaudeau, la clause de donation entre vif stipule qu'en absence d'enfant, la dite Melle Gaudeau peut prétendre à la propriété de moitié de tous les biens et de l'usufruit de l'autre moitié, • une demande en complainte est faite par le sieur Pierre Desmaillet Desperrières, et les marguilliers sont condamnés à payer 12 livres de dommages et intérêts, • suite à cette requête, le curé et les marguilliers reconnaissent le droit de chapelle au sieur Desmaillet « et luy ont permis de faire mettre à ses frais deux prie-Dieu, bancs et chaises » ; il aura une clef de la balustrade qu'il pourra fermer et l'autre clef demeurera dans les mains du curé moyennant 36 livres de reconnaissance payées à Gilles Lucas, marguillier encharge, • une expédition d'un acte passé le 18 juin 1732 par lequel les marguilliers, le curé et le procureur du Roi reconnaissent recevoir du sieur Bernard Sigonneau la somme de 48 livres pour le droit acquis de la succession Desmaillet-Desperrières, • une sommation adressée le 9 octobre 1757 au sieur Sigonneau par le curé et les marguilliers « à la charge par ledit Sigonneau de justifier et communiquer dans les trois jours le titre de commission sur le fondement duquel il prétend établir ladite possession et jouissance.. ». Bref, les autorités paroissiales veulent évincer Bernard Sigonneau pour concéder la chapelle au plus offrant et dernier enchérisseur et dans la forme prescrite par les ordonnance, arrêtés et règlements… Les places dans l'église deviennent des marchandises !!!

Le ton monte et les procédures deviennent de plus en plus violentes. Nous arrivons à une condamnation à payer 1.000 livres de dommages et intérêts et réparation civile et aux dépens pour trouble de possession. La réplique des officiers de la fabrique ne se fait pas attendre, on invoque, les droits non héréditaires, les droits honorifiques, l'attribution des places définies par les lois du royaume, que « les biens de l'église sont inaliénables mais seulement à vie et non pour les hoirs », que le droit de chapelle ne peut être accorder aux horsins, etc.

Dans un document introductif du 3 avril 1762, le procureur de la partie demanderesse rappelle l'écroulement de juillet 1689 « le sieur Bodin pouvait bien s'octroyer le droit de patron de la dite chapelle, puisque l'église dudit Montlhéry étant venue à tomber depuis la grille du choeur jusqu'au portail, elle fut réédifiée à la diligence et aux despens dudit sieur Desperrières à 10.000 livres qu'il fit donner par sa majesté et que ladite chapelle faisant partie de cette réédification, qu'il pouvait bien avec raison appliquer partie de ses deniers pour la réédification et construction de ladite chapelle… ». Ledit Bodin est déclaré, depuis 1620, patron de ladite chapelle qui revient aux survivants du bienfaiteur.

Un degré supplémentaire est atteint le 7 août 1762 quand une requête propose que le sieur Suzanne soit condamné personnellement et par copie à faire ladite remise du jugement du 17 juillet. Puis, la ronde des mémoires, contredits, répliques, requêtes, etc. reprend. Le 10 décembre 1765, il est ordonné que des pièces de procédures seront communiquées au procureur du Roi pour un jugement définitif et à l'effet de donner ses conclusions. Finalement, la partie de Lhéritier l'emporte « Disons qu'il sera sursoit à la concession de l'emplacement et jouissance d'icelle chapelle jusqu'à pour la durée de ladite partie… exécuté nonobstant et sans préjudice de l'appel ».

Nous lisons au bas de la grosse du jugement « Fait et jugé par nous Michel Pierre Emery sieur Delisle, avocat au Parlement, conseiller du Roy, président, prévost, juge et garde ordinaire, lieutenant civil et criminel, lieutenant général de police, commissaire enquêteur et examinateur de la ville comté, prévosté et chastellenie royalle de Montlhéry » [quelle carte de visite !!!].

À la date de 1768, un certificat concerne Pierre Dominique Debats âgé de 22 ans. Il est à Paris et il s'apprête à se marier. Il lui faut donc produire tous les papiers nécessaires pour prouver son identité, sa nationalité, dans un milieu qui lui est étranger. Le 18 avril 1768, il épouse en l'église de la Sainte-Trinité à Montlhéry, la demoiselle Marie Josèphe Hédouin , “native du Canada” . Que venait donc faire en France cette jeune “indienne”, née à Québec en 1741 ? Son père, Jean-Baptiste Hédouin, était capitaine caboteur à Québec, sa mère, Marie-Josèphe Ferret, était également canadienne; deux familles originaires de Normandie, qui avaient fait souche au Canada depuis au moins cent cinquante ans. Un indice permet peut-être de comprendre à la fois la venue de la fiancée à Paris et l'installation du couple dans notre région.

Le 1er avril 1781, le bail des chaises de l'église est renouvelé après résiliation du bail au nombre de 100 avec maximum de 6 deniers à chaque office et un sol les jours de Paques, Pentecôte, Sainte-Trinité, Assomption, Toussaint et Noël… ainsi qu'au sermon du vendredi Saint, moyennant 80 livres tournois.

À suivre…

Notes

(1) En compulsant les gravures de Claude Chastillon qui a présenté Montlhéry sous le règne d'Henri IV, la vue titrée « Passage notable » de la butte de Montlhéry montre les éléments du château et de la ville avec son église et ses remparts. Linas et Longpont sont aussi dessinés. L'église Sainte-Trinité (signalée par la flèche rouge) est bien le monument qui s'élevait avant l'écroulement avec le clocher au milieu de la nef. Il ne s'agit pas d'une « notation conventionnelle » (J. Gaugué-Bourdu, Bulletin monumental , 1981) alors que le dessin titré « aspeq méridional » décrit bien un clocher dans l'alignement de la nef sans bas-côté sud.

(2) Charles de Balsac était le troisième fils de Thomas de Balsac et Marie Gaillard de Longjumeau. Il est mort le 9 novembre 1625 en son abbaye de Chézy. Aumônier ordinaire du roi Henri IV, puis évêque de Noyon à partir de 1596, trésorier de la Sainte-Chapelle de Paris, doyen de l'église cathédrale de Tours, aussi abbé de Chézy-sur-Marne (1621). Il fut baron de Saint-Clair. Le titre d'évêque et comte de Noyon, conférait la pairie de France et le titulaire portait la ceinture du Roi au cours de la cérémonie du Sacre. Ce prélat fut nommé chevalier de l'ordre du Saint-Esprit sous Louis XIII lors de la promotion de 1618.

(3) Un homonyme, Messire Pierre Fontaine, chanoine de Linas, avait été inhumé un 24 janvier dans le chœur de l' église de Montlhéry, âgé de 42 ans environ.

dagnot/chronique37.02.txt · Dernière modification: 2020/11/12 04:49 de bg