Corpus Essonnien

Histoire et patrimoine du département de l'Essonne

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Saint-Pierre et Saint-Laurent du château de Montlhéry (4) (1604-1751)

Chronique du Vieux Marcoussy ————————————- _——————————-Juillet 2009

JP. Dagnot

C. Julien

Cette chronique est le quatrième volet de l'histoire du prieuré Saint-Pierre et Saint-Laurent du château de Montlhéry. Lors des textes précédents, nous avons pris connaissance de l'antiquité du prieuré bénédictin qui avait été placé sous l'obédience de l'ordre de Cluny ; puis le lent dépérissement du prieuré et l'état de ruine du bâtiment commencèrent après les guerres de religion, mais le prieuré continuait à exister juridiquement au travers du bénéfice du prieur commendataire à la collation du prieur de Longpont.

Dom Alexandre Le Roy, prieur commendataire de Saint-Laurent

En 1732, la succession de Michel Moynet, prieur de Saint-Pierre et Saint-Laurent est liquidée par pierre Bédée, notaire royal à Montlhéry, sur le réquisitoire de Thomas Gurlier, en présence de Pierre Gaudron, sieur de Vauguerain, lieutenant de cavalerie au régiment de Beauquaire demeurant à Linas et de Didier Hoüet, vigneron demeurant à Montlhéry.

Thomas Gurlier, marchand à Montlhéry est le donataire entre vifs de feu Messire Michel Moynet, prieur commendataire. Le notaire s'étant rendu à « lhostel du prieur » fait l'inventaire des titres du prieuré contenus dans deux cassettes. La première contient tous les papiers terriers sous formes de cahiers et registres dont :

• un livre relié en veau intitulé le papier terrier fait par Messire Roze, chanoine de Saint-Benoist pour la conservation des droits de son prieuré de Montlhéry en l'an 1630 ,

• un cahier en papier commun intitulé état général des terres, vignes, préz et héritages dépendans et appartenans à la seigneurie de Lormoye par nouveaux tenans et aboutissans fait en 1712

• une grosse liasse de déclarations de 1666 et environ, papier commun.

²²La seconde cassette contient des documents qui nous renseignent plus complètement sur le temporel du prieuré ; ce sont un cueilloir « des droits de cens, surcens et rentes » et 64 autres pièces dont nous donnons un résumé succinct :

• une liasse contenant « sentence du 20 mai 1685 de la prévôté de Montlhéry et autres procédures pour ledit prieuré contre Monsieur l'évêque d'Orléans ». Il s'agit d'un contentieux entre le prieur de Saint-Laurent et le chef du réseau clunisien de Longpont en la personne du cardinal Pierre du Combout de Coislin, prieur commendataire de N.-D. de Longpont.

• une liasse contenant « sentence de cette prévôté du 1er février 1720 pour ledit prieuré contre Monsieur le marquis de Marivaux et autres procédures ». Il s'agit d'un contentieux pour des censives sur la paroisse de Linas.

• un bail à rente de 28 livres tournois à prendre sur André Gallot et Marie Anne Mollu, sa femme, passé devant Lefeure, notaire en cette prévôté le 21 octobre 1719.

• un bail à rente seigneuriale de deux boisseaux et demi de seigle de surcens et rente devant Lhéritier et Hermier du 13 juillet 1723.

• un bail à rente, titre nouvel et sentence concernant la rente de 3 livres due audit prieuré par les Girardeau.

• bail à nouveau cens de 45 sols à prendre sur Pierre Peuvrier du 20 novembre 1723

• dénonciation à la requête du sieur abbé Dampierre faite au prieur au sujet de l'instance de Mr l'abbé Bignon. Il s'agit du procès qui fut porté devant le Grand Conseil par le prieur commendataire de Longpont contre le seigneur de Launay et Saint-Michel pour la propriété des eaux de la source de Lormoy à Longpont.

• plusieurs sentences de dixmes sur le terroir de Linois en 1502 et 1573 avec autres pièces en parchemin.

• un terrier su sieur Maillard, prieur en 1553.

• un contrat d'acquisition de 5 quartiers de vignes en 1550.

• l'accord entre le sieur prieur, simon Angot et Charles Bourgaux pour la disme d'agneaux devant Lhéritier le 30 avril 1720 ; autre accord avec Pierre Goix du 16 avril 1723 ; un autre accord avec trois autres bouchers le 10 juin 1723.

• un titre nouvel « pour le minage du onzième marché » du 19 avril 1694. Le droit de minage, pintage et plaçage sur le marché de Montlhéry appartenant au prieur de Saint-Laurent fut l'objet de nombreux contentieux, notamment avec les commissaires généraux de la Généralité de Paris qui voulaient défendre les intérêts du roi lors de l'adjudication du domaine à un seigneur engagiste. Un arrêt du 10 janvier 1586 au profit du prieur pour raison du minage. Un arrêt du Parlement de Paris du 19 mai 1668 « pour faire voir que le prieur a été maintenu dans le droit de minage ».

• un titre portant reconnaissance de 3 livres 1 sol 3 deniers de cens et rente seigneuriale sur le moulin du Petit Paris devant Blondeau le 22 mai 1720.

• un titre de 7 livres de rente à prendre sur Antoine Marlet devant Le Roy le 12 août 1697.

• un bail à rente de 70 livres à prendre sur Monsieur Desperières devant Le Roy le 11 août 1696.

• baux à rente de maison et place sizes proche l'enclos du château de Montlhéry, dont est entre autres une sentence du 27 février 1694 « qui a mis les parties hors de cour ».

• un titre nouvel de deux boisseaux et demi de bled seigle (méteil) passé par Jean Peuvrier le 19 mars 1690.

• une sentence rendue en la prévôté de Montlhéry le 4 may 1709 entre François Morice receveur, Philippe Massé, Pierre Lucas, marchands à Montlhéry et le sieur prieur contenant 26 rôles. Il s'agit encore une fois d'un contentieux sur les dîmes prélevées par le prieuré Saint-Laurent.

• un acte contenant une visite du visiteur de Cluny du 20 juillet 1702.

• un contrat d'acquisition d'un quartier d'héritage par le prieur en 1414.

• liasse qui renferme la sentence qui a débouté le sieur curé de Saint-Pierre de sa demande en portion congrue du 3 décembre 1695 (2) .

• un bail de cens et rente foncière au profit du sieur prieur par Monsieur le marquis de Leuville de 3 livres de rente, un sol 3 deniers de cens, du 2 mai 1720.

• un titre nouvel du 1er janvier 1691 au profit dudit prieur par le sieur curé de Montlhéry d'une rente de 12 livres 10 sols.

Plusieurs pièces concernant la possession de maisons « vis-à-vis l'église Sainte-Trinité, sur la Grande Rüe » dont :

• une sentence du prévôt de 24 sols parisis de rente contre le nommé Poussin.

• la sentence rendue le 26 janvier 1553 par Messieurs du Châtelet de Paris avait condamné Olivier Masson à passer titre nouvel et payer les arrérage de la rente de 24 sols sur cette maison au profit de Messire François Mullare, prieur de Saint-Pierre de Montlhéry.

• une autre sentence du 19 août 1572 donnée par Jehan Lehoux, greffier en chef de la châtellenie de Montlhéry, condamne Guillaume Poussin à payer 24 sols de rente sur la maison devant l'église.

• un titre nouvel d'une rente de 30 sols dues au prieuré Saint-Laurent à prendre sur une maison sise devant l'église Sainte-Trinité avait été passé par Denis Chartier, maître vitrier le 9 juillet 1665.

Les titres ont été partagés entre Messire Alexandre Le Roy, prieur entrant au prieuré de Saint-Laurent du château demeurant à Paris, rue de l'Echarpe, paroisse de Saint-Paul et Thomas Gurlier, donataire du prieur défunt afin qu'il puisse faire valoir ses droits au bénéfice d'archidiacre de l'église cathédrale de Tarbes dont Michel Moynet était titulaire et baillait les revenus à un fermier.

Une promesse de location, sous seing privé, de cinq quartiers de pré est donnée le 16 juin 1732 par Messire Alexandre le Roy à Robert Blanchard, marchand à Linas moyennant la somme de 40 livres par an « dont la première année de païement échera au 1 er octobre 1733 et moi Blanchard ai accepté la présente condition et m'oblige de les rendre en bon état à la fin du présent bail qui sera de trois ans, comme aussi de la passer incessamment devant notaire et alors de la faire pour sept ans et d'en fournir expédition à mes frais au prieur et ce comme connaissant bien lesdits prez ».

Dom Claude Baudinot, prieur commendataire de Saint-Laurent

Dom Alexandre Le Roy décède au début de l'année 1738. Le 10 juillet, les héritiers et les représentants de l'ordre du Cluny sont réunis chez maître Berruyer, notaire parisien, pour la liquidation de la succession du prieur de Saint-Pierre et Saint-Laurent de Montlhéry. Ce sont d'une part les frères et sœurs du défunt : Georges Le Roy, écuyer seigneur de la Tour Tigery, avocat au Parlemnt, Pierre Le Roy de Vallières, ancien avocat, Simon Charles Le Roy, écuyer et avocat au Parlement, secrétaire du roi, Madelaine geneviève Le Roy et Anne Louise le Roy, filles majeures demeurant au cloître Saint-Jean, paroisse Saint-Gervais à Paris, « tous héritiers pour chacun un cinquième par bénéfice d'inventaire » et d'autre part, le révérend père Dom Claude Baudinot, prieur claustral du prieuré de Saint-Martin des Champs et « prieur titulaire du prieuré Saint Pierre et Saint-Laurent du Chasteau de Montlhéry pourvu par provision du prieur de Longpont collateur ordinaire dudit prieuré en datte du 25 avril 1738 » et assisté du révérend père Dom Placide de Saint-Féréolle, substitut du procureur général de l'ordre de Cluny tous deux demeurant au prieuré parisien de Saint-Martin des Champs.

En 1738, à la requeste de Dom Claude Baudinot, prieur du prieuré Saint-Pierre et Saint-Laurent, demeurant à l'abbaye de Saint-Martin-des-Champs à Paris, un exploit est fait contre le sieur Leroy. Le personnage qui exerce provisoirement la justice se nomme Mathieu Sigonneau, lieutenant général de police, il nomme François Laudon, masson couvreur, est nommé d'office pour faire la prisée des réparations qui peuvent être à faire au prieuré, et écrit dans son procès verbal de visite « Nous nous sommes transportés en la chapelle dudit prieuré de Saint-Pierre et de Saint-Laurent du château de cette ville » pour constater ce qui suit : - en la chapelle de Saint-Laurent, il faut remettre cinq panneaux de vitres, remettre plusieurs carreaux, cy 20 livres , - remettre une claie d'osier à la croisée vis à vis l'autel, cy 4 livres , - refaire quatre toises de plafond, cy 15 livres , - refaire la charpente de comble quatre pannes, cy 30 livres , - une façon de charpentier, cy36 livres, - la couverture à remanier à neuf de quatre espasses avec 3.000 tuiles, 40 festiers, 50 bottes de lattes, …, cy 171 livres , - la façon du couvreur cy 60 livres , - rechercher la couverture du clocher et les quatre harestiers, cy 15 livres , - refaire la teste des cinq pilliers dudit clocher, cy 16 livres , - à la charpente dudit clocher, faire deux harpons, cy 8 livres ,

Après la visite du contenant, celle du contenu est faite par Jean Saugé, prestre curé de Saint-Pierre de Montlhéry, nommé d'office. Il ya : - un autel et marchepied en bois ancien assez propre, - un tableau au milieu du retable représentant Saint-Laurent en bon état, - point d'aube devant l'autel, seulement deux panneaux boisés en forme de bas d'armoire sur lesquels sont peints deux lettres croisées P et L signifiant Saint-Pierre et Saint-Laurent, - aux côtés duquel autel sont deux crédences où manquent deux tableaux, - une ouverture des deux battants du devant de l'autel : linge pour officier malpropre 40 livres pour le remplacer - un missel de 1686 à remplacer 26 livres , - pas de calice, ni burette 120 livres.

Vue de Montlhéry par de La Pointe (1650).

La réunion de Saint-Pierre à la paroisse Sainte-Trinité

Après avoir constaté que le curé de la paroisse de Saint-Pierre du château n'avait plus d'ouailles, la réunion de l'église primitive de Montlhéry à celle de la Sainte-Trinité devint inévitable. Ainsi, le 25 février 1739, la réunion de Saint-Pierre du château à celle de la Sainte-Trinité devint officielle par des lettres patentes du roi Louis XV. Ces lettres furent enregistrées par le Parlement de Paris le 14 juillet 1739 par décret et arrêt.

Lors du rapport financier des comptes de fabrique du 23 février 1742 « Déclaration des biens, rentes, revenus temporelles et droits dont jouit l'église, œuvre et fabrique Sainte-Trinité de Montlhéry », le notaire en charge du procès-verbal précise que « les revenus et droits de l'église et fabrique de Saint-Pierre du château dudit lieu sont joints à cause de la réunion des deux cures ». Ainsi, une rente foncière de 18 livres est due par Guillaume Marmiau, vigneron demeurant à Saint-Michel-sur-Orge suivant le titre passé devant Leroy, notaire à Montlhéry le 15 septembre 1703. Le même procès-verbal nous apprend que la réunion fut effective « la cure de l'église Saint-Pierre ayant été réuny à celle de la Trinité en l'année 1733, se montent lesdites rentes et revenus des terres et maisons en total à la somme de 1.903 livres 14 sols et 8 deniers ». Il semble que la date rapportée ici soit fausse ou bien celle du début d'une longue procédure car d'autres documents donne la date du 14 juillet 1739 comme étant celle de la réunion homologuée par un arrêt du Parlement de Paris.

Depuis la réunion des deux églises, le curé de Sainte-Trinité avait suivit la coutume d'aller dans l'église primitive du château afin « d'y chanter et célébrer tous les ans le service divin le jour de la feste St Pierre patron de ladite église ». Dans un acte du 29 juin 1749, en présence « du maitre d'escolle et du bedeau de la paroisse de la Sainte-Trinité », Messire Jacques Thiboust, prestre curé de l'église paroissiale de la Sainte-Trinité, précise « donc ce jour, nous avons remarqué que les trois vitraux de l'aile droite de ladite église et celui qui est derrière le maitre autel au haut de la sacristie, sont sans panneaux, ny vitres, que le vent entre dans ladite église par les ouvertures des vitreaux de manière qu'il porte à plein sur le maitre hotel qu'il est de par conséquence impossible d'y célébrer aujourdhuy la sainte messe sans courir le risque que la sainte hostie fut enlevée par l'impétuosité de l'air et du vent qui entre par lesdits vitreaux, qu'on a même été containt d'enlever le tableau du maitre autel et la pierre sacrée qui était posée sur iceluy; c'est pourquoy le dit curé ne célébrera pas le service pour les raison susdites et que l'on ne pourra pas luy imputer de la part de ses anciens paroissiens de ladite église ».

Prenant beaucoup de précautions, voici ce qu'écrit, en 1750, le curé de Montlhéry sur le registre de la fabrique « En vertu de la transaction et omologation du parlement touchant la réunion de l'église de Saint-Pierre du château avec l'église de Sainte-Trinité de Montlhéry an l'an 1739, le 14 juillet, le curé de Montlhéry s'est trouvé obligé d'aller tous les ans au jour de la feste de la saint Pierre le 29 juin à l'église du château, sur les huit heures du matin pour y célébrer la grande messe. Mais comme en 1749, le temps étoit si mauvais par les vents, les pluyes et l'air impétueux, que le sieur Thiboust, curé actuel n'a pu célébrer la ditte grande messe sans indécence et risques que la sainte hostie ne soit emportée par l'impétuosité de l'intempérie de l'air, et pour qu'il ne soit point imputé au sieur curé une négligence de sa part, ou une raison mal fondée pour se disculper par la suitte d'y aller célébrer la grande messe, il a voulu constater le fait par un acte notarié passé par Mr Lhéritier, le 29 juin 1742 à huit heures du matin qui a été contrôlé le 30 juin en la même année par laquelle il a constaté l'impossibilité d'y célébrer la grande messe, non seulement par l'intempérie de l'air que par ce que les vitraux sont sans vitres. Après que le sieur curé eut pris conseil de ses supérieurs sur ce qu'il devoit faire par la suitte, il luy a été conseillé de célébrer l'office du jour et feste de la saint Pierre à l'église de la Sainte-Trinité de Montlhéry, tant à cause que personne n'estoit obligé à réparer cette église qu'à cause de l'indécence du lieu. Sur quoy le sieur curé a fait accommoder la chapelle qu'on dit estre celle de saint Germain, et y a substitué à la place dudit tableau, le tableau de saint Pierre. Il en a fait la bénédiction dudit tableau selon le rituel, et a mis la pierre sacrée qui étoit au château à la dite chapelle où auparavant il a paru qu'il ne s'y est jamais dit la messe, et où il n'y a jamais eu la pierre sacrée ; la bénédiction de ce tableau a été faite le 28 e [jour] du mois de juin 1750, et cette chapelle s'appelle la chapelle de saint Pierre, et les jour et feste de saint Pierre, il y a été célébré la grande messe, et ainsi que tous les ans, le sieur curé se croira toujours tenu d'y célébrer ou faire célébrer en mémoire de la réunion des deux églises en la chapelle saint Pierre, et de plus, de faire au chœur l'office solennel majeur, regardant saint Pierre comme second patron de la ditte église. Lequel acte j'ay écris de ma main pour qu'il fusse le monument à la postérité. Signé : J. Thiboust, curé de Montlhéry ».

Le site du château de Montlhéry avec la chapelle Saint-Laurent et le fief de la Motte.

Ainsi, les autorités épiscopales auraient conseillé au curé de Montlhéry d'utiliser la chapelle dite Saint-Germain pour la replacer par celle de Saint-Pierre, et « de mettre la pierre sacrée qui estoit au château » . Il semble que le père Thiboust affabule car il n'y a jamais eu de pierre sacrée !

La ruine de l'église Saint-Pierre

Le 4 juillet 1751, à l'issue de la messe devant la grande porte de l'église de la Sainte-Trinité, une assemblée est réunie pour écouter la sommation faite par Dom Claude Boudineau, prieur de Saint-Laurent, de faire réédifier sans délai l'église de Saint-Pierre.

L'acte d'assemblée nous informe que Dom Claude Baudineau, prêtre religieux bénédictin est titulaire du prieuré simple de Saint-Laurent de Montlhéry et demeure à Paris au prieuré de Saint-Denis de la Chartre (1). Par un exploit de Lhéritier, notaire, daté du dimanche 6 juin précédent, ce religieux avait fait une sommation aux curé, marguilliers et habitants, corps et comté de la ville de Montlhéry, « parlant à la personne dudit Blavet, syndic des habitants, par laquelle ils sont tenus, sommez et interpellez de rétablir les gros murs, voute et converture de l'église de Saint-Pierre située au-dessus dudit Montlhéry qui étoit cy devant parroisse et a été réuny à la paroisse de Sainte-Trinité, laquelle église de Saint-Pierre est contiguë et sous le même toit que la chapelle du prieuré de Saint-Laurent et faire en sorte que le mur de séparation, couverture et autre ouvrage de la chapelle Saint-Laurent n'en soient point endommagez ou altérez… ». Précisons qu'à l'assemblée présidée par messire Jacques Thiboust, prestre curé de la paroisse Sainte-Trinité de Montlhéry, assistaient les notables : Denis Demoureaux, marchand potier d'étain, Charles Bourgaux, marchand boucher, tous deux marguilliers en charge, messire Jacques Susane, substitut de monseigneur le procureur général du Roy en la prévôté royale de Montlhéry, Raimond Huard, ancien marguillier, Denis Bataille, arpenteur royal et commis commissaire de la police dudit Montlhéry et de nombreux habitants et paroissiens dont : François Lecoy, marchand, Denis Legourd, Claude Besuard le jeune, tous deux vignerons, Cézar Worue, vannier, Charles Chesneau, Pierre Jolly, tous deux vignerons, Claude Barblay, marchand, Jean-Baptiste Goix, vigneron. Faute d'effectuer les réparations le titulaire du prieuré menace de s'en rapporter « à la justice de Monseigneur l'archevêque de Paris pour la suppression de l'union de la cure de saint-Pierre du château dudit Montlhéry à celle de Sainte-Trinité ». Et de préciser que cette réunion des paroisses de Montlhéry fut faite par décret le 25 février 1739 et par les lettres patentes données au mois de mars de la même année « confirmatives dudit décret et de l'arrest de nos seigneurs de Parlement portant enregistrement desdits décret et lettres patentes de 14 juillet 1739, et lesdits décret et lettres desquels il a été fait lecture, publication et affiche le dimanche 26 juillet, contrôlés à Montlhéry le 28 par Dabare… ».

Le curé Thiboust déclare « que vu la ruine actuelle de l'église de Saint-Pierre de Montlhéry, il conseille à la démolition d'icelle pour le soulagement des habitants et que la démolition d'icelle sera laissé aux mains du prieur du prieuré Saint-Laurent plus que par luy et de faire faire des réparations au prieuré Saint-Laurent tant de la couverture que pour des pilliers boutants et requiert en même temps qu'il soit fait un mur de closture à hauteur d'appuy pour enfermer le terrain de ladite église Saint-Pierre et que les tombes et épitaphes de ladite église Saint-Pierre et les grosses pierres d'autel soient laissées pour l'usage de l'église Sainte-Trinité de Montlhéry. Pour ladite démolition et mur d'appuy en forme de closture estre faite aux dépens dudit sieur prieur titulaire et à ledit sieur Thiboust ». Puis chaque groupe intervient sur le procès-verbal. Les marguilliers et le syndic approuvent les dires du curé. Messire Susane, substitut du procureur général du Roy, est aussi du même avis et propose au prieur de procéder « à la démolition si bon luy semble et à ses frais » et fasse un mur de clôture du terrain et forme un cimetière et « remettre toutefois à la fabrique de cette paroisse les pierres d'autel et épitaphes… ».

Signatures au bas du procès-verbal d'assemblée de juillet 1751.

Le procès-verbal est fait à la réquisition de Denis Blavet, portefaix, syndic des habitants de Montlhéry, « pour faire valoir quand et à qui il appartiendra et que de raison » et ont signé en présence de Michel Amable Henriette, maître d'école de cette paroisse , et Jean-Louis Doutté.

Trois semaines plus tard, le 1er août, une nouvelle assemblée est réunie devant la porte principale, à la réquisition du sindic ; lecture de l'assignation est donnée à la requeste de Dom Claude Bodinot, prestre religieux bénédictin ordre de Cluny, prieur titulaire du prieuré simple du prieuré de Montlhéry, les habitans sont condamnés à faire incessamment et sans delay, réparer, réédifier et rétablir le gros mur de ladite église Saint-Pierre dont la plus grande partie est tombée par le fait dit le religieux de gens mal intentionnés dont le surplus menace une ruine prochaine; comme aussy qu'ils seroient tenus de réparer la voute et la couverture de ladite église qui souffre beaucoup de la chute dudit mur, et menace d'entraîner la ruine du mur de séparation de la chapelle dudit prieuré et même la ruine totale de la chapelle et faute par ledit sieur curé, … et habitants et communauté de faire promptement les réparations ci dessus … « Les habitants préfèrent consulter un avocat du Grand Conseil ». Nous percevons, à la lecture de ce document, une certaine lassitude des paroissiens pour l'entretien de l'église primitive de Montlhéry. Souvenons-nous que l'église de Sainte-Trinité (cf. chronique ad-hoc ) venait d'être reconstruite à neuf et que les charges pour l'agrandissement du bas-côté méridional couraient toujours.

À suivre…

Notes

(1) Le prieuré parisien de Saint-Denis de la Chartre était une dépendance du prieuré clunisien de Saint-Martin-des-Champs. L'enclos Saint-Denis de la Chartre est délimité par la Seine, la rue du Haut Moulin et celles de la Lanterne et de Glatigny. Depuis les franchises de 1115, le prieuré abritait un nombre considérable de confréries de métiers, tant de maîtres que de compagnons.

(2) La portion congrue est la pension annuelle que le gros décimateur payait au curé pour sa subsistance. Un édit de Charles IX d'avril 1571 avait fixé la portion congrue à 120 livres , la déclaration de Louis XIII de décembre 1634 la porta à 300 livres.

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