Corpus Essonnien

Histoire et patrimoine du département de l'Essonne

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L'église Sainte-Marie-Madeleine de Marcoussis (4) (de 1415 à 1506)

Chronique du Vieux Marcoussy —————————– —- _————————— Décembre 2009

JP. Dagnot

C. Julien

Nous présentons le quatrième volet de l'histoire de l'église Sainte-Marie-Madeleine de Marcoussis (1). Après avoir évoqué les débuts de la paroisse et présenté les phases de construction de l'église, nous continuons son histoire au cours des siècles suivants.

La dédicace

Nous avons appris la dualité paroisse-prieuré de l'église de Marcoussis, qui initialement était plutôt nommée « ecclesiam sancti Vandregesili » bien que la paroisse était sous le titre de Sainte Magdeleine « Parrochialis ecclesia beate Marie Magdalenes de Marcouciaco ». D'ailleurs, le nom la Magdelaine de Marcoussis avait remplacé le toponyme du bourg « Burgo Medio ».

Il semble que notre église changea progressivement de nom au cours du XVe siècle comme le montrent les procès-verbaux de visite de l'archidiacre de Josas. Il s'agissait premièrement de différentier deux entités : l'une placée sous l'autorité de l'évêché de Paris, l'autre sous celle de l'abbaye de Fontenelle à Rouen, bien que cette dernière possédait le droit de présentation à la cure de Marcoussis (2).

Coïncidence ou volonté délibérée les deux bienheureux saint Vandrille et sainte Marie-Madeleine sont commémorés le même jour : le 22 juillet.

Visites archidiaconales à Marcoussis

Sous la prélature de Guillaume Chartier, évêque de Paris, les visites de Jean Mouchard, vicaire de Jean de Courcelles, archidiacre de Josas, ont été rassemblées dans un cahier. Le scribe du manuscrit est Louis Penyot, secrétaire du visiteur épiscopal, l'un des promoteurs de son officialité (3). À la fin du Moyen-Âge, les archidiacres jouissaient d'un pouvoir considérable : présentation des clercs aux ordres sacrés, envoi en possession, installation des titulaires, collecte des offrandes et de nombreux revenus. Les paroisses leur payaient un tribut, nommé le droit de visite ou procuration . Ils recevaient le serment au moyen de lettres payées à l'entrée en fonction des marguilliers élus. Les fidèles étaient placés dans leur dépendance pour une multitude de circonstances : fiancés, époux, malades, délinquants, défunts morts intestats ou sans sacrements acquittaient soit des amendes soit des redevances, en prélevant les dépenses sur les deniers de la fabrique « expensis matriculariorum seu parrochianorum » (4). Nous présentons les visites archidiaconales à Marcoussis (le chiffre entre parenthèses est le numéro donné par l'abbé Alliot).

Texte latin d'une visite du vicaire épiscopal à Marcoussis (1462).

Le jeudi 18 mai 1458, visité ce jour le prieuré et l'église de la paroisse de Saint-Wandrille et Sainte-Marie, le prieur est absent, et en présence du prêtre Dom Vincent Folucque, curé de ce lieu et des nommés Jean Roger et Nicolas Charpentier, alias Loyseleux et d'autres paroissiens. L'église est sous le patronage de l'abbé de Saint-Wandrille au diocèse de Rouen. La fabrique possède la dîme sur sept arpents de terre situés devant la maison de justice du château de Marcoussis et huit sols parisis venant d'un bail à cens d'un arpent et demi de terre sur le territoire appelé Legay [le Gué]. De la même manière qu'en 1457, les marguilliers ont payé et signé le présent procès-verbal. Les paroissiens devront élire une sage-femme avant le mois d'août sous peine d'amende ( 34 ).

Le 1er août 1459, nous avons visité le prieuré et l'église paroissiale Sainte-Magdeleine de Marcoussis fondée sous le titre de Saint-Wandrille. Le prieur est absent. La visite faite en présence de Dom Jean de Ysiac, chapelain desservant, et Dom Guillaume Villain, prêtre curé de ce lieu. Les marguilliers nommés Collin Charpentier et Jean Roger sont présents. Nous leur avons ordonné de nettoyer les fonts baptismaux avant la Pentecôte ( 165 ).

Le mardi suivant, 11 juillet 1460, avons visité l'église paroissiale de Marcoussis sous le titre de Sainte-Magdeleine en présence de Dom Guillaume le Villain, curé, Jean Petit marguillier, et avec Simon le Cheron, Guillaume Petit et Laurent Petit, habitants présents. Il y a 12 paroissiens environ. Le trésor de l'église consiste en deux calices d'argent dorés de grande beauté. Le visiteur épiscopal ordonne au curé de ranger les hosties dans le calice sous peine d'amende ( 283 ).

Le dimanche 6ème jour d'octobre 1461, alors que Dom Guillaume Villain, curé de lieu est absent, nous avons visité l'église paroissiale de Sainte-Marie-Madeleine de Marcoussis en présence de Pierre du Doit vicaire dudit lieu, Dom Jean Boussanges, curé de La Ville-du-Bois, Jean Petit marguillier avec l'autre marguillier Simon le Charron, Laurent Petit, Guillaume Petit, Guillaume Hurtault et André Linote, habitants dudit lieu. La fabrique possède deux calices en argent d'or avec d'autres reliques inventoriées au cours des visites précédentes en 1459 et 1460. Le visiteur épiscopal ordonne que Pierre le Mercier vienne à Montlhéry pour l'élection des marguilliers. Le service de saint Mathieu, sainte Croix, saint Michel et Denis n'est pas fait le dimanche précédent la fête de saint Mathieu. Le visiteur épiscopal réunit les marguilliers Jean Petit et Pierre Charetier pour définir les revenus des services défectueux. Il y a 16 paroissiens. Le visiteur épiscopal impose que l'assemblée des femmes élise une sage-femme. La visite du prieuré de Marcoussis montre qu'il est en ruine et inhabité. Pierre Chartier nouvellement créé marguillier selon l'exposé de Jean Petit (376).

Le 6 octobre 1461, visite de l'église paroissiale de Saint-Germain de Nozay faite à La Ville-du-Bois en présence de Dom Jean Boussanges, prêtre curé de ce lieu, et Pierre du Doit son vicaire, les marguilliers sont absents. Dom Pierre du Doit, chapelain susdit, s'amende en célébrant deux fois par jours, sans audace, de desservir les cures de Nozay et Marcoussis. Plusieurs paroissiens accusent le vicaire de mener une vie licencieuse et d'être en concubinage depuis longtemps avec une nommée Berthelière ( 377 ).

Et ce jour, 28 juillet année susdite, 1462, visite de l'église paroissiale Sainte-Magdeleine de Marcoussis avec Dom Jean Piffart, le curé de Briis. Le curé Dom Guillaume le Villain est absent. Jean Petit est le seul marguillier présent avec Natali Mautrait. Le visiteur épiscopal ordonne aux marguilliers de faire fermer le tabernacle et d'ouvrir un inventaire. Il y a 16 paroissiens. Le visiteur épiscopal ordonne à Jean Petit de faire élire un second marguillier sous les quinze jours. Les revenus du curé sont dans les mains du visiteur en accord avec celui-là ( 473 ).

Ce même jour du 11 août 1463, visite de l'église paroissiale Sainte-Marie-Magdeleine de Marcoussis avec Dom Guillaume Boyvin, et Jean Petit, marguillier. Le curé Guillaume le Villain est absent. Il y a 18 paroissiens. De suite, Pierre Chartier a été élu marguillier selon l'exposé dudit vicaire en présence de Jean Petit, marguillier, Jean Roger, Jean Martin, Sanson du Four et plusieurs autres ( 572 ).

Ce jour, dans le village de Bruyères est comparu Dom Guillaume Boyvin, prêtre, naguère confirmé dans l'église paroissiale de Marcoussis, diocèse de Paris, et qui a été convoqué pour le délit de s'être retiré du village de Marcoussis et a été transféré du diocèse de Chartres. De cela ledit Boyvin supplie que son départ lui a été imposé. Le Vicaire épiscopal voulant résoudre ce problème, y réfléchissant et produire une résolution si ledit Boyvin est considéré comme non fautif. Et tous ont entendu, l'aveu de notre prévôt contre l'exposé des évènements au lendemain de la fête de Marie Madeleine, ledit Boyvin s'est déguisé en s'habillant en femme avec une tunique et un chapeau, en public, de jour, et il était déguisé de même à la noce de Jean Martin dans le village de Marcoussis dont il avait la charge et l'administration, en vitupérant et en faisant un scandale. Avec cela, aux vigiles de Pâques, il a célébré deux messes sans permission dans la cure de Marcoucy et de Fontenelles. Il confesse et promet qu'il va s'amender. De ce fait, Dom Louis Badin de Bruyères cautionne l'amendement susdit ; le délit et la reconnaissance proprement faits et ledit Boyvin a promis, que de cela n'étant pas condamné, il donne en retour qu'il élira domicile dans la paroisse de Bruyères dans la maison du curé Badin, et de là a été obligé de promettre, etc., dans les mains de Perrot et Hervie. Signé L. Penyot ( 623 ).

Vues de l'église de Marcoussis. La façade (Photo ancienne sur gélatine) et le clocher (Photo CVM), symbole du patronage de l'église.

Aux ravages causés par la guerre de Cent ans se joignirent les évènements de 1465, qui se déroulèrent en grande partie dans les limites de l'archidiaconé de Josas. Les troupes du Roi, après avoir passé la seine au pont de Saint-Cloud, traversèrent en diagonale une grande partie du doyenné de Châteaufort, semant sur leur passage la destruction et la ruine. Après l'incohérente bataille de Montlhéry, livrée sur un front de dix ou douze kilomètres, allant de Bruyères-le-Châtel à Villiers-sur-Orge, la peste envahit le pays. Elle est une cause nouvelle de dépopulation, et sévit avec tant d'intensité qu'elle ne permet pas à Jean Mouchard de visiter Marcoussis, où on avait entassé les blessés de l'aile droite ? Un peu plus tard, nous trouvons le fléau s'étendant jusqu'à Palaiseau, où il enlève la moitié de la population. La visite suivante fait suite à la bataille de Montlhéry du 16 juillet 1465 entre les Bourguignons et le roi Louis XI. Le curé et les marguilliers de Marcoussis font allusion au péril de voyager et aux destructions occasionnées par le passage des armées .

Le 2 décembre 1465, nous avons atteint la ville de Châtres où nous y avons passé la nuit. Et le 3 décembre nous avons visité l'église de Saint-Germain de Châtres. Le curé Dom Jean Langloys est absent. Les présents sont : Dom Guillaume Leureux prêtre chapelain, Jean Giraume unique marguillier, Denis de Bouville, Guillaume Boutet, Denis Maillart, Jean Calou et Louis Girart. Aujourd'hui Louis de Villiers est créé marguillier avec ledit Giraume sur l'exposé de Jean le Noir et Jean Calou. Ensuite dans ladite église, est comparu Dom Jean de Ysac, curé de Marcoussis, qui assure que tout est en bon ordre et que la route était périlleuse parce que la campagne n'est pas encore pacifiée, il venait pour la visite et qu'il voulait tenir sa place de procureur et statuer en temps utile.

Ensuite les marguilliers de Marcoussis, Pierre Petit et Pierre Chartier, comparaissent dans l'église de Saint-Germain lès Châtres et assurent que tout va bien et que rien n'a été détruit dans l'église. Et au jour dudit 3 décembre, nous poursuivons notre visite de Châtres. Jean Naisle dit Bellemere se plaint d'être convoqué à Paris par l'official de monseigneur l'archidiacre de Josas pour répondre à la requête d'Olivier Lyon des dîmes du prieur et du curé de Châtres et de la dîme de vin, et que cette convocation est un grand tourment et avec nulle résistance ni volonté : cette querelle sur la dîme est un prétexte, et pour ne pas augmenter son tourment, il est opportun de trouver une solution. Et pour ce qu'il promet, la sentence est donnée. Ceux qui ont entendu cela : d'une part, maître Louis Penyot, procureur dudit Lyon et d'autre part ledit Bellemere accepte notre sentence. Ledit Bellemere prête serment que lors de la vendange il délivrera deux queues et demie de vin. Les témoins ont entendu sa confession, qu'il accepte définitivement un setier pour toute queue de vin ou sa valeur reconnue et condamné en totalité à deux setiers quatre pintes de vin. La sentence est acceptée par ledit Bellemere et les témoins de cela sont Philippe Commant, Jean Vaudron, Jacques de la Porte et Colin Chevallier, habitants de Bruyères, frère Jean Boileau, prieur et curé de ce lieu, Michel Gouyn, Félix Biseau, Denis de Bouville, Denis Maillart, Simon du Mont, Pierre Bemont, Pierre Chevreuse, Guillaume Boutet, prieur et curé de Châtres ( 712 ).

Le 19 août 1466, visite de l'église paroissiale Sainte-Marie-Magdeleine de Marcoussis en présence de Dom Jean de Essaco, curé. Etaient aussi présents Pierre Chartier et Pierre Petit, marguilliers ainsi que Jean de Boussanges, prêtre et Thomas du Four, paroissien ( 781 ).

Le 18 juillet 1467, visite de l'église paroissiale Sainte-Marie-Magdeleine de Marcoussis sous la présentation de l'abbé de Saint-Wandrille. Le curé Dom Jean Dysiac est absent. Aujourd'hui, Jean Martin et Pierre Petit sont devenus marguilliers, ce dernier nommé après l'exposé fait par le curé et Jean Roger, tous ont fait serment ( 825 ).

Le 9 août 1468, visite de l'église paroissiale fondée en l'honneur de Sainte-Marie-Magdeleine dans le village de Marcoussis qui est la collation de l'abbé de Saint-Wandrille et étant un prieuré. Le curé Dom Gervais Gosse est absent. Dom Adam Louvel, prêtre, Pierre Petit et Jean Maleherbe, marguilliers sont présents. Il y a 20 paroissiens. Il n'y a pas de sage-femme. Nous avons visité l'église prieurale et le prieuré est délaissé. Le repas a été acceptable ( 951 ).

Le même jour 10 mars 1469, visite de l'église paroissiale Saint-Wandrille de Marcoussis à la collation de monseigneur (l'évêque) de Paris. Le curé Dom Gervais Gosse est absent mais son vicaire Jean et Pierre Petit marguillier sont présents. Jean Malarde marguillier est absent. Sont également présents Pierre Petit, le seigneur de Vy avec plusieurs autres. Les paroissiens sont au nombre de 14. Il n'y a pas de sage-femme. La fabrique possède deux calices en argent, une petite croix argentée, un petit plateau d'argent ( 1095 ).

Le vendredi 3 mai 1470, visite de l'église paroissiale Saint-Wandrille de Marcoussis. Le présentateur est le seigneur abbé de Saint-Wandrille. Sont présents, le curé Dom Gervais Gosse et le chapelain Dom Jean Thoré. Les hosties sont bien rangées dans le tabernacle. Les fonts baptismaux et l'eau sont acceptables. Les paroissiens sont au nombre de 14. Il n'y a pas de sage-femme et le visiteur épiscopal ordonne de tenir l'assemblée des femmes pour en élire une avant la fête de Marie Magdeleine, sous peine d'amende ( 1151 ).

Le même jour 6 septembre 1470, visite de l'église paroissiale Marie-Madeleine de Marcoussis à la collation du seigneur évêque de Paris. Dom Gervais Gosse, curé et Pierre Petit le jeune et Jean Talebre, marguilliers, sont présents. La fabrique possède plusieurs objets précieux. Le visiteur épiscopal ordonne aux marguilliers de nettoyer le cimetière, et ceci dans les trois semaines prochaines sous peine d'une amende de 20 sols parisis. De même, le curé se plaint qu'il n'a ni presbytère, ni ustensiles et demande qu'on les lui procure parce que s'il disposait d'une résidence il ne serait plus locataire. Il n'y a pas de sage-femme ( 1236 ).

En 1482, Claude Frollo, âgé de trente-six ans environ, était archidiacre de Josas, le second acolyte de l'évêque, ayant sur les bras les deux décanats de Montlhéry et de Châteaufort et 174 curés ruraux. Il avait fait ses études au collège Torchi.

Ces visites, mis à part la vie quelque peu trouble de ses curés et vicaire, nous apporte des informations intéressantes: - le village et ses hameaux ne représentent qu'entre 50 et 100 habitants. - le prieuré est à l'abandon et ne sera repris qu'à partir de 1470.

L'église de Marcoussis au XVe siècle

Revenons au début du XVe siècle pour donner les évènements survenus autour de l'église. Après l'exécution de Jean de Montagu en octobre 1409, la seigneurie fut donnée à Louis de Bavière frère de la reine Isabeau. Puis, les héritiers de Montagu reprirent la terre Marcoussis ; d'abord Bonne-Elisabeth et son mari Pierre de Bourbon-Préaux, qui obtint la charge de capitaine du château, suivis par Jacqueline et son époux Jean V Malet de Graville. Au mois de mars 1423, Marcoussis dut se rendre aux Anglais qui détenaient les places fortes des environs de Paris (5) . Un acte daté du 6 février 1424 décrit la vacance du prieuré pendant la présence des Anglais à Marcoussis.

Une lettre en parchemin en forme de bulle scellé en latin du 3 mars 1436, confirme la liberté et l'immunité de l'abbaye Saint-Wandrille de Fontenelles « sacrosaint synode generalis basiliensis confirmations omnis… », mais le prieuré de Marcoussis n'est pas cité.

Une sentence du 1er septembre 1440 concerne un procès, devant le Châtelet de Paris, entre le curé et les paroissiens de Marcoussis « fut présent en sa personne messire Mahy de Boisgiloust dit Routier, prestre curé de Marcoussis, lequel confesse qu'un procès au Châtelet de Paris entre ledit curé demandeur et à l'encontre de Michel Bourdon, Guillaume Chartier, marguilliers, Guillaume et Jehan Petit ; paroissiens de l'église paroissiale de Saint-Wandrille dudit Marcoussis pour raison d'une pièce de pré de six arpens assis ..(?) ». À cause de sa dite cure, le curé aurait droit de prendre « troys muids et trois mynes de grain sur toutes les dixmes du prioré appartenant au prieur ». Les habitants contestent et disent que ladite dixme est pour la fabrique. Finalement un arrangement est trouvé.

Le 17 janvier 1443, Dom Vincent Méquet est nommé prieur de Marcoussis. Dans un aveu et dénombrement à la Chambre des comptes, le 22 novembre 1454, rendu par le prieur de Marcoussis « disant que les maisons sont en ruynes et décadence à l'occasion de la guerre, et y avoient terres, jardins, dixmes, rentes, revenus et noblesse de fief… ». Nous avons encore une fois la confirmation de la seigneurie ecclésiastique du prieuré. Un acte latin du 31 décembre 1458, mentionne que Guillaume le Villain est prestre de Saint-Vandrille de Marcouciaco.

En 1461, village est toujours déclaré « en ruynes ». Les dommages de la guerre de Cent ans ont été importants à Marcoussis qui a vu le passage des Anglais et des Armagnacs qui ont ravagés le pays. Messire Guillaume Boyvin, demeurant à Brières prez Montlhéry, fut vicaire de Marcoussis « cet an par trois ans soubz messire Guillaume le Villain, curé dudit Marcoussis, et dit ledit Boyvin que audit temps, ladite paroisse estoit tout en boys, buissons et en toute ruyne, et ledit Boyvin tenoit ladite cure et prieuré dudit lieu pour quatre escus par an …et dit aussi ung curé de Marcoussis nommé Vincent … avoit gagné le procès des dixmes contre les Célestins au Châtelet de Paris et qu'il ne falloit plus que le juger ledit procès fut environ 1458 ». En ces temps troublés, les attaques contre le curé de Marcoussis viennent de toutes directions même par le couvent voisin.

Dans un vidimus ou extrait d'un autre acte passé le 21 août 1463, devant Symon Havart tabellion de Montlhéry « contenant comment Gauson Dufour vendit à Jehan Dufour troys arpens de terre assis sur l'Estang-Neuf, tenant d'un costé du prieur de la Madeleine, qui est la pièce contenant ung arpen nommée la haye du prieur par laquelle deux terres… ».

Pendant la décennie suivante, en 1479, Jehan Lehourt, procureur de Messire Loys de Graville, bailla « à fieffe » à Guillaume Gaignat quatre arpents et demi de pré assis à Marcoussis, …tenant au seigneur de Saint-Wandrille…L'année suivante, par devant Gervais Gosse, tabellion à Marcoussis, Jehan Lehourt baille à titre de cens à Loys Petit, neuf arpens à la Brosse tenant aux terres de Chenanville…

En 1486, Dom Nichol de Torchy, prieur du prieuré de Marcoussis, acquiert le jardin de la Planche. Le bail des terres du prieuré est passé au curé de Marcoussis. Dans la description, on lit la mention « une pièce de terre contenant sept arpents ou environ assise prez les dites terres de Chenanville, d'un costé les hoirs de Sanson Dufour, d'autre costé le seigneur de Chenanville, d'un bout le chemin tendant audit lieu de Chenanville… ».

La dernière décennie du XVe siècle est riche en évènement pour l'église de Marcoussis, dont la mise en commende du prieuré. En 1492, noble homme Amanion de Garlande, seigneur de la Roe baille à Yvonnet Hubert, lhostel de Chenanville appelé lhostel du Coullombier à titre de ferme contenant 40 arpens de terre en trois pièces : la première de 22 arpens tenant au chemin de Marcoussis à la Roe, …. aux terres du prieuré, la seconde de 16 arpens au dessous de celle de 22 arpens le chemin entre deux et d'autre à la rivière, aux terres du prieur.

La même année, par devant Jehan Pinot et Jehan Belin, notaires au Châtelet, fut présent maistre Gervais Gosse, prestre curé de Marcoussis, lequel de son bon gré confesse avoir pris et retenu de religieuse et honneste personne Dom Pierre Montelle, prestre religieux proffes de l'abbaye Saint-Wandrille, prieur du prieuré de Marcoussis, à titre de viager pour luy et ses ayans droit, ledit prieuré avesques le manoir d'icelluy assis audit lieu duquel a ung coulombier ancien, ensemble toutes les dixmes, proffits, revenus, appartenances et émoluments quelconques dicelluy prieuré pour en jouir sa vie durant. Cette prise faicte pour quatre livres parisis par chacun an durant ledit viager, ledit preneur promet de paier à Toussaint et Penthecouste. Ledit preneur sera tenu de faire réparer et mettre en valeur ledit coullombier, et aussy faire faire une maison sur la cave dudit hostel et manoir du prix de douze francs seulement, dont le bailleur paiera la moitié et le preneur l'autre moitié le tout dedans trois ans et oultre confesse ledit preneur et affirme pour vérité que ledit prieur dudit prieuré a droit de prendre les dixmes dudit Marcoussis et du terroir d'environ comme les autres prieurs voisins, sur quoy ledit curé a droit de prendre son gros accoustumé et baillera déclaration de trois ans en trois ans, sera tenu de garder lesdits dixmes ensemble…

Un autre acte est passé en 1491 par Pierre Montelle, qualifié de prieur de « Sancti Vandregisili de Marcociaco ». Il semble que ce soit le passage du prieuré en régime de commende. Le 2 février suivant, la ratification du bail est signée par le prieur Pierre Montel.

Un extrait d'aveu et dénombrement est baillé en la Chambre des Comptes de Paris en 1492, où les religieux du couvent de Saint-Vandrille déclarent un prieuré avec terres et rentes, jardins, dixmes, noblesse de fief, court et usage, et « le pronage de l'église ». En 1493, devant Jehan Laudigoys tabellion à Marcoussis, Jehan d'Espinay, abbé d'Arquin, procureur de Loys de Graville, baille à Liénard Monestier à titre de cens ung arpen de terre à estre vigne au dessus de la Madeleine.

Les terres appartenant au prieur sont baillées en 1494 par Gervais Gosse, prestre curé dudit lieu et fermier de la prieuré de Marcoussis. Voici les articles de la déclaration du prêtre qui concernent l'église : - item, une masure et terres labourables contenant deux arpens derrière l'église, aboutissant au cimetière, - item, une maison et masure laquelle est enclose dedans le prieuré que Guillaume Jacquemart a prise à titre de cens, de laquelle j'ai jouy longtemps, - item, une masure, court et jardin contenant un arpent tenant audit prieuré, - item, une autre pièce nommée le Champ du Prieur prez l'église de la Madeleine; - item, autre pièce de deux arpens prez l'église.

En 1494, Gervais Gosse curé de Marcoussis, confesse faire annexe du bail du prieuré.

Un mandement de l'official de Paris datant de 1497 touche ceux qui contestent les dixmes de Marcoussis à Dom Montelle, prieur dudit lieu. Décidément, les redevances dues à l'église seront des sujets de chicanes récurrentes jusqu'à la Révolution. Dans un estimé de 1499, le commissaire expose que « le prieuré de Marcoussis a esté en ruyne et décadence pendant l'espasse de soixante ou quatre-vingts ans et du tout inhabité tant pendant les guerres que aultrement et tellement qui ny avoit que cinq ou six personnes demeurant en ladite paroisse … ledit prieuré et la cure ensemble ne valloient pour le temps que 149 livres par an et du fait de la petite valleur le prieur se soit retiré à l'abbaye. Le seigneur du temporel voiant qu'il n'y avoit nul prieur résident sur le lieu assis aux homes de ladite paroisse, plusieurs des terres dudit prieuré par luy donnant d'entendre qu'ils estoient de sa seigneurie et teneur et que non comme il apparoit que les dits fieffes des …. appartenoient audit prieuré ». C'est bien un constat d'impuissance de l'abbaye de Fontenelle de maintenir sa dépendance de Marcoussis en bon état et qu'il y a apparence d'usurpation de la part du seigneur laïc de Marcoussis . L'amiral de Graville n'était pas tout à fait un saint… Le commissaire continue son exposition par « item, depuis trente-cinq ans, on va que ladite paroisse et commence et peuplé, le curé dudit lieu nommé messire Gervais Gosse à présent fermier par trente ans dudit prieuré ; toute la preuve, tous les héritages, cens, rentes, revenus et possessions, immeubles quelconques appartenant audit prieuré. Et estoit tenu ledit prieur de faire papiers nouveaulx de la recepte et paiements dudit prieuré et si ne pouvoit rien couppé des boys dudit prieuré sans déffricher…, et ledit religieux abbé convert … ». Il s'agit d'un mémoire pour plaider devant les juges civils, s'appuyant sur les faits du curé qui gérait les biens du prieuré. Il est fait mention du décès de Gervais Gosse qui peut être estimé avant 1506.

À suivre…

Notes

(1) Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l'année (Tours, Mame, 1950). - Marie-Madeleine, ainsi nommée en l'Évangile selon saint Luc [VIII 1-2] parmi les femmes qui suivent Jésus depuis la Galilée , se retrouve dans les récits de la Passion et de la Résurrection : « Les douze étaient avec lui, ainsi que quelques femmes qui avaient été guéries d'esprits mauvais et d'infirmités: Marie, appelée Magdaléenne, de laquelle sept démons étaient sortis ». Son identité avec Marie de Béthanie et la pécheresse [Évangile selon saint Luc, VII, 36-50] est depuis toujours discutée. Si la chose était de nature à pouvoir être parfaitement éclaircie, elle devrait l'être à présent, puisque tant d'habiles personnages l'ont traitée.

(2) Plusieurs sites sur Internet prétendant s'occuper du patrimoine se sont disqualifiés par les erreurs qu'ils apportent sur l'église de Marcoussis. « Le chœur est la partie la plus ancienne de l'église », non le chœur est du XVe s. alors que le clocher est du XIIe s. « L'église paroissiale Sainte-Marie-Madeleine fut construite par Jean de Montagu » c'est seulement le chœur. « La nef à trois travées fut bâtie au milieu du XVIe s. par Jeanne d'Amboise » c'est impossible et d'ailleurs Jeanne de Graville (non d'Amboise) était déjà morte au milieu du XVIe siècle. « Une Vierge à l'Enfant en marbre de Carrare, de 2 mètres de hauteur » non, elle mesure 1m75, la taille humaine moyenne. « La facade ( ?) est de style gothique flamboyant, la porte est sumontée ( ?) d'un galbe ( ?) en accolade », outre les fautes typographiques, c'est un gâble et non un galbe. « Le vitrail au dessus de la porte d'entrée représente les armoiries des seigneurs ….et les Esclignac », non il n'y a pas d'armes de la comtesse d'Esclignac. Que de fautes !!!.

(3) Abbé J.M. Alliot, Visites archidiaconales du Josas (chez A. Picard, Paris, 1902).

(4) En 1460, le chiffre maximum de la procuration semble être de 40 sols parisis, soit un encaissement annuel d'environ 2.000 livres . La visite était une charge lourde pour la paroisse, car à la procuration, il fallait ajouter le droit de registre, les émoluments du secrétaire, enfin héberger et parfois coucher le vicaire et toute sa suite.

(5) Après le désastreux traité de Troyes (21 mai 1420), les Anglais, sous le commandement du duc de Bedford, oncle du roi Henri VI, prirent Marcoussis.

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