Corpus Essonnien

Histoire et patrimoine du département de l'Essonne

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Le moulin de la Roue à Linas (2)

Chronique du Vieux Marcoussy —————————– _————————–NvemDécembre 2009

Carte extraite de l'atlas Trudaine.

JP. Dagnot

C. Julien

Cette chronique est la seconde partie de l'histoire du moulin de la Roue à Linas. Nous nous étions arrêtés précédemment au milieu du XVIIe siècle quand le moulin banal de la seigneurie de La Roue appartenait à Messire François de l'Isle, fils d'Anne de Balsac dont le trisaïeul était l'amiral Louis de Graville.

En 1655 le seigneur de La Roue déclare posséder « un moulin à eau banal, avec trois arpents dans lesquels sont compris l'étang et le moulin, tenant au ruisseau de la Pellerine qui va au moulin des Sureaux et d'autre bout au biez de la seigneurie ». Cinq ans plus tard , le moulin à farine était baillé à Louys Gueusdin l'aîné « musnier demeurant audit moulin proche la maison seigneuriale et chasteau moyennant 35 septiers de bled ». Lors de la prisée, les experts avaient déclaré que le moulin comportait un arbre de 13 pouces et une roue de 15 pieds.

Les meuniers du XVIIe siècle

Les affaires des meuniers de la Roue semblent être délicates en cette seconde partie du XVIIe siècle. Nous avons déjà évoqué les difficultés rencontrées par la meunerie. Les conditions climatiques terribles de la période 1658-1670 ont été décrites par Emmanuel Le Roy Ladurie « … dès 1658 les choses se gâtent avec des inondations catastrophiques. L'année 1661 voit une pluviosité continuelle, très dangereuse pour les céréales, un désastre sans nom. La mortalité maximale sévit pendant les deux derniers trimestres de 1661 et les deux premiers de 1662 : famine, raréfaction des mariages qui réduit les conceptions et les naissances, la France subit un demi million de décès supplémentaires. C'est toutefois moins que plus tard en 1693-94 et 1709-10. Ce qui n'empêche pas le roi Louis XIV de conduire le grand ballet du carrousel, d'un faste inouï, en juin 1662, au moment du maximum du prix du blé tout en menant pour la première fois une vaste et judicieuse politique sociale d'importation du blé » (1).

L'hiver 1662-1663 fut particulièrement froid et dévasta les blés semés en novembre. « Et estant au commencement de fébrier 1663, il faisait grandement froid, et estant au 13 du fébrier, il tomba grande quantité de neige, tellement qu'il y en abait jusques à la hauteur d'une grousse coudée et encore plus. Il faisait grandissime froid … ».

À Linas, le marasme de la meunerie se traduit par la rotation des meuniers : délaissement, rupture de bail, transport, etc. Louis Guesdin qui avait pris le moulin de Carouge dénonça son bail en 1665 et le transporta à son collègue de Lardy. Nous trouvons donc les deux actes successifs. Le premier, Messire François de l'Isle confesse avoir baillé « à titre de loyer et moison de grains pour six ou neuf ans à Estienne Mesnard, musnier demeurant au moulin de Lardy, le moulin à eau de la Roue, …, proche la maison seigneuriale et château de la Roue avec deux arpents aux environs du moulin, moyennant cinquante septiers de bled bon loyal ». Deux mois après, Louis Guesdin l'aîné, meunier demeurant au moulin du Carouge « lequel a volontairement reconnu avoir transporté & délaissé à Estienne Mesnard, marchand demeurant à Leuville, le bail à loyer fait par François de l'Isle, chevalier, seigneur de Marivaux et la Roue, dudit moulin avec ses dépendances ».

Les signataires de la prisée du moulin de la Roue du 12 avril 1667.

Encore une fois, le nouveau meunier de la Roue ne reste pas longtemps puisqu'en 1666, Estienne Mesnard, musnier dudit, transporte le droit de bail à Nicolas Coignet. Le nouveau venu ne nous est pas inconnu car nous trouvons sa famille tenant divers moulins de l'Orge. En 1629, Georges Coignet était meunier au moulin du Breuil, puis au moulin de Basset. À la même époque, Jacques Coignet était meunier à Villemoisson. Toutefois, il semble que l'ancien meunier, Louis Guesdin, soit impliqué dans le transport du bail puisqu'il réclame la prisée du moulin en avril 1667. Ce sont Jean Thualagan, receveur de la terre et seigneurie de Marcoussis, et Gilles Bourgeron, musnier demeurant audit moulin de Grousteau à Longpont, qui sont les experts. La prisée est effectuée « à la requeste de Louis Gueusdin lesné meunier au Carouge » au moulin de la Roue dont le propriétaire est « Louis de l'Isle, héritier de François de l'Isle, seigneurs de Marivaux et la Roue ». Le procès-verbal mentionne une roue de 18 à 19 pieds avec deux meules de 6 pieds

Le 12 septembre 1671, Catherine de Caillebot, dame de la Roue, (2) renouvelle le bail du moulin de la Roue pour 9 ans à Nicolas Coignet, meunier dudit moulin, ledit proche la maison seigneuriale « le bail moyennant vingt cinq septiers de bled mesure de Montlhéry ». Quatre jours plus tard, un marché est passé entre le meunier et la dame de la Roue. Le meunier s'engage à moudre du blé contre des chevaux. Le 18 août 1673, Catherine de Caillebot, à sa requête, fait transporter le bail du moulin par Nicolas Coignet et fait la prisée. Une roue de dix-sept pieds est portée au rapport.

Signature au bail du bail du 10 septembre 1671. On remarquera l'écriture soignée du meunier comparée à celle de la dame de la Roue.

Le nouveau meunier s'appelle René Crestin. Le bail pour six ans est signé en 1674 par dame Catherine. Le loyer se monte à 36 septiers de blé et six chappons gras. Au terme du bail le meunier Crestin quitte les lieux et six ans après, dame Catherine, demeurant à Paris rue Hyacinthe, paroisse Saint-Roch, baille son moulin de la Roue pour six ans à Anne Aubé, veuve de Nicolas Coignet et Sébastien Coignet son fils. Cette fois le loyer doit être payé en numéraire à raison de 300 livres. La prisée du moulin est faite en 2 janvier suivant et mentionne un arbre de 15 pouces et une roue de 16 pieds.

Six ans passent encore, le bail du moulin est passé par la dame Caillebot à Sébastien Coignet, meusnier actuellement audit moulin dudit, avec 2 arpents de terre, moyennant 300 livres et huit chapons gras et paillés. Le même mois, dame Catherine de Caillebot charge Estienne Picard, fontainier, demeurant à Villiers-sur-Orge de faire un puisard devant la grande porte du château de la Roue à la profondeur qui sera nécessaire pour fouiller par dessous oeuvre afin de trouver le moyen de couper le cour d'eau de la fontaine du chasteau.

La fin du XVIIe siècle est une période difficile pour la paysannerie et la meunerie. L'hiver 1693-94 compta parmi les plus terribles faisant plus de 2 millions de mort. Le moulin est loué en 1692 à Pierre Crestien meunier au moulin de Vaux, par le seigneur de la Roue Ardouin de l'Isle. Le bail est accordé pour trois ans mais les affaires du nouveau meunier ne sont pas florissantes puisqu'en 1693 nous trouvons un acte passé entre Anne Aubé et sa fille, meunières à la Roue qui semblent avoir succédé à Pierre Crestien.

Le bail du moulin est transporté la même année par Anne Aubé, veuve Coignet, à sa fille Jeanne. Le notaire royal de Montlhéry écrit « Anne Aubé, veufve de deffunt Nicolas Coignet demeurante au moullin de la Roux, paroisse de Linois, laquelle a recongnue et conffessé avoir aujourd'huy ceddé, quitté et transporté à Jeanne Coignet sa fille veuve de deffunt Gilles Gilbert Giron demeurante audit moullin de la Roux et des présentes acceptante pour elle tout et les droits de bail fait à ladite Aubé et ladite Coignet sa fille par Messire Ardouin de Lisle, seigneur de Marivault, la Roue et autres lieux, …, ledit bail passé devant le notaire royal,… ». Outre « le moulin de la Roue avec ses tournants et travaillants », la meunière prend les ustensiles et le mobilier ainsi que les animaux appartenant à sa mère « un cheval à poil rouge et bais, une bête asine avecq son asnon et une vache à poil rouge » moyennant une somme de 100 livres. L'acte du transport est passé en présence d'un témoin, le prêtre Claude Legrand. Une semaine plus tard, le bail du moulin de la Roue est passé définitivement par Messire de L'Isle à Jeanne Coignet. La meunière s'engage à payer un loyer de 300 livres tournois.

Le moulin de la Roue au XVIIIe siècle

Nous arrivons en 1720 quand la dame de la Roue baille à loyer son moulin à eau au meunier Claude Desjardins. Il s'agit de « haute et puissante dame Isabelle Alphonse du Guenegaud, veuve de haut et puissant seigneur Messire Hardouin de Lisle, chevalier, marquis de Marivault, seigneur de la Roue et autres lieux, lieutenant général des armées du roy » (3). Le nouveau meunier n'est autre que le second mari de Jeanne Coignet. Outre le moulin « faisant de bled farine », le bail comprend deux pièces de terre et un pré près de la chapelle de la Roue « le bail à loyer ainsi fait pour ledit temps de six années et moyennant 250 livres de ferme et loyer par chacune desdites années … ».

Vingt ans passent, un nouveau meunier s'installe au moulin de la Roue, c'est Jean-Jacques Guignard et Marie-Jeanne Audouard, sa femme. Le bail est passé par Messire François Penot Detournière de La Cossière, écuyer, conseiller et secrétaire du roi, ancien receveur général des finances de la Généralité de La Rochelle, seigneur de la Roue, la Pellerine et autres lieux . Le bail fait « moyennant le prix et somme de 400 livres et demi boisseau de farine de la plus blanche de bled pur froment de loyer ». Au premier terme échu de trois ans Jean-Jacques Guignard résilie son bail. Le même jour, le seigneur de la Roue « a donné à loyer ferme à prix d'argent pour trois, six et neuf années » le moulin à Pierre Lesné, garçon meunier demeurant à Villemoisson et Françoise Villiniaire, sa femme qui est absente « par laquelle il promet et s'oblige faite rattifier et à confirmer des présentes, se faisant la faire obliger solidairement avec luy pour les renonciations et acquitter au payment du loyer … ».

Deux jours plus tard, les experts Soyer et Martin visitent le moulin de la roue pour en faire la prisée. Le procès-verbal permet de connaître parfaitement l'état et de visualiser la mécanique du moulin. Chaque visiteur estime chaque pièce. Les offres du sieur Soyer sont moitié prix de celles du sieur Martin. Voici la prisée du moulin avec les estimations du sieur Martin (4): • la vanne de la roue garnie estimée à six livres, • le chenissier servant à porter l'arbre tournant tant dehors que dedans de 5 pieds de longueur garni de fer prisé à 115 sols, • l'arbre tournant de 15 pieds 4 pouces de longueur sur 18 pouces de gros garny de deux tourillons pour 50 livres, • la roue de dehors de 17 pieds de diamètre sur 6 pouces de largeur garny de fers embrassés pour 150 livres, • le rouet de bois de chesne de 7 pieds et demy de hauteur et 7 pouces d'épaisseur garny de fer chevillé et la lanterne garny de 8 fuzeaux pour 110 livres • le paillé servant à porter la meule tournante de 14 pieds 9 pouces sur 12 d'épaisseur garny de sa pinalette le noyau de fer et treizillon pour 22 livres, • le petit paillé de 10 pieds et demy de longueur de 6 pouces sur 4 garny de 2 frettes pour 6 livres, • deux chaises servant à porter le paillé chacune 4 pieds 9 pouces sur 4 d'épaisseur prisé à 6 livres, • la huche servant à recevoir les bluteaux en farine de différent bois de 6 pieds de long de 2 pieds 3 pouces de large prisée 12 livres, • sept bluteaux pour 15 livres, • quinze planches servant à porter les meules et à livrer le moulin de 6 pieds de long de différentes largeurs prisées à 12 livres, • la meule tournante de 6 pieds de diamètre sur 8 pouces et 3 lignes d'épaisseur garny estimée à 30 livres , • la meule gisante de pareille diamètre sur 4 pouces d'épaisseur prisée et estimée 20 livres, • les 4 enchentrures servant à entourer la meule gisante à 20 pouces de largeur sur 3 d'épaisseur prisées à 9 livres, • la trémie de bois blanc prisée 6 livres, • les deux escaliers garny chacun de 5 marches, estimés à 7 livres, • le verrin et la chaire estimés à 5 livres, • un minot, un boisseau, deux corbeilles prisés à 5 livres,

Comme pour beaucoup d'autres les mauvaises affaires de Pierre Laisné l'oblige à renoncer au bail fait deux ans auparavant . L'acte de résiliation est signé en 1745 suivi de la prisée. Le notaire écrit « par les présentes et rapatriement désiste et départi du bail à loyer fait par ledit sieur de la Cossière audit Laisné dudit moulin de la Roue… ». Nous apprenons ainsi que le loyer se montait à « 400 livres et 2 boisseaux de farine payable au jour de saint Rémy ». Le meunier est redevable d'un somme assez considérable « envers ledit seigneur de la Roue de la somme de cinq cent vingt livres treize sols huit deniers, laquelle somme ledit Laisné consent être prélevé par le seigneur de la Roue sur le prix de la prisée d'un tournant et travaillant du moulin de la Roue… ». La prisée est faite contradictoirement le mardi suivant par Guillaume Beurier, charpentier à Longjumeau, de la part du seigneur et Jean Martin, charpentier demeurant à Brétigny, de la part de Laisné « auxquels ils donnent plein entier pouvoir de procéder à la prisée et estimation des ustensiles meulants, tournants et travaillants du moulin de la Roue situé près le château du nom paroisse de Linois… ».

Signatures au bas du procès-verbal de la prisée du moulin de la Roue du 2 août 1745.

En 1747, le seigneur de la Roue et la Pelerine, messire François Penot de la Cossière, demeurant à Paris rue du Figuier, paroisse Saint-Paul, baille le moulin à François Belay, tisserand « tixier en toille » demeurant à Saint-Michel-sur-Orge et Geneviève Duboille, sa femme « qu'il autorise à l'effet des présentes ». Dans ce bail nous apprenons que outre le moulin et ses ustensiles « faisant de bled farine », il y a l'habitation du meunier, un petit jardin à côté, une pièce de terre labourable contenant environ 7 quartiers tenant d'un bout à la chapelle et d'autre bout au chemin qui conduit de l'avenue de la Roue, et 2 lopins de terre derrière ladite pièce contenant environ un quartier plus la ruelle. Le bail « moyennant le prix et somme de 225 livres de ferme et loyer que lesdits preneurs s'obligent solidairement l'un pour l'autre vie d'eux ». En 1750, François Bellay passe un marché avec Silvain Auclerc, charpentier de Saint-Maurice ; ce dernier s'engage à faire une roue neuve de dix sept pieds deux pouces de hauteur et treize pouces de diamètre de dedans…. pour le 8 septembre de monter aussi la lanterne dudit moulin moyennant 180 livres.

Suite à une sentence devant le prévôt de Montlhéry de mars 1767, le meunier de la Roue doit déguerpir et une prisée est faite le 31 courant. En août de la même année, dame Marie Geneviève Dhonneur, veuve de la Cossière, demeurant à Paris en son hôtel de Sion, rue de Grenelle, paroisse Saint-Eustache, loue une nouvelle fois le moulin de la Roue. Apparemment, le tissier en toile a bloqué les meules !!

En 1772, Marie Dhonneur, veuve, dame en partie de Linas, baille le moulin et bastimens pour 9 ans à Jacques Durant y demeurant, ledit moulin moyennant 300 livres et six chappons paillés de ferme et loyer. L'année 1779, la dame de la Roue baille à nouveau même preneur son moulin avec « une pièce de sept quartiers tenant à la chapelle de la Roue » moyennant un loyer identique. Une clause que nous qualifierons d'esthétique est portée au bail « interdiction de faire sécher le linge le long des ormes de l'avenue ».

Le moulin de la Roue sous la Révolution et l'Empire

Le régime constitutionnel de la France a changé, mais le meunier de la Roue est toujours le même, devenu bien évidemment le « citoyen meusnier Jacques Durand ». En 1791, le nouveau propriétaire baille le moulin de la Roue pour neuf années à Jacques Durand « fut présent Jean-Baptiste Laideguive, citoyen de Paris, propriétaire de la terre et cy devant seigneurie de la Roue, demeurant ordinairement à Paris en son hôtel rue Pierre Sarrazin, de présent au château de la Roue, lequel baille ledit moulin au citoyen Durand ». La clause esthétique est encore présente « il ne pourra tendre de corde pour faire sécher le linge le long de l'avenue ».

Un bail passé l'année quit suit fait mention de la dixme de Linas. Cette mention est d'autant plus surprenante que les communautés religieuses ont été dissoutes trois ans plus tôt.

Sous le Directoire, le citoyen Jean-Baptiste Laideguive a fait du château de la Roue « sa maison de campagne ». En 1798, il baille le moulin à Jacques Durant, meunier actuel dudit moulin situé au dessous de la maison de campagne du bailleur moyennant 400 frs de fermage.

Encore une fois nous retrouvons les mêmes personnages en 1807. Jean-Baptiste Laideguive, propriétaire, demeurant à Paris donne à titre de ferme et prix d'argent à Jacques Durand meunier actuel, le moulin de la roue, au dessous de la maison de campagne du bailleur, moyennant 400 frs. Le contrat de location mentionne que c'est le bailleur est chargé de curer l'étang.

Le moulin de la Roue au XIXe siècle

Nous trouvons, le 6 février 1838, Monsieur René François de la Bonnardière propriétaire du moulin de la Roue. Deux ans plus tard, René François de la Bonnardière passe un bail à Louis Vassard. « René François de la Bonnardière, demeurant à Paris rue Sarrazin, baille un moulin situé au dessous du château enclavé dans la propriété du bailleur pour six ou neuf ans à Louis Vassard, marchand meunier. Il est convenu qu'il sera fait d'ici l'année prochaine une roue neuve à auge plus haute que celle existant déjà. Monsieur de la Bonardière fournira le bois et payera la moitié de la façon, l'autre moitié à la charge des preneurs. Si le canal a besoin d'être rehaussé, c'est le bailleur qui paiera. Le bail est fait moyennant 600 francs.

Le domaine de la Roue comprenant le moulin est vendu en 1848 par René François Eugène Camet de la Bonnardière, propriétaire et Françoise Guéneau de Mussy, sa femme. La vente faite moyennant 85.000 frs. L'acquéreur est Jean-Baptiste Nicolas Léon Walter qui va dépecer le domaine.

En 1855, Jean-Baptiste Nicolas Léon Walter vend pour 10.000 frs à Antoine Vassard, propriétaire, marchand meunier, un moulin à eau faisant de blé farine avec tous ses accessoires consistant en deux corps de bâtiments comprenant : - l'un, l'usine et habitation du meunier avec greniers, - l'autre faisant retour sur le levant, écurie, remise et autres bâtiments, grenier dessus, - jardin non planté autour, - droit de prendre au réservoir situé derrière le moulin et qui ne fait pas partie de la présente vente, toute l'eau nécessaire pour alimenter le moulin. Pour faire les réparations qui pourraient être à faire à la roue extérieure du moulin, les acquéreurs auront le droit de passage sur une largeur de trois mètres soixante à partir du pignon. Ledit Vassard pourra vendre et utiliser l'eau pour le moulin des Suzeaux. Une autre convention est passée entre Vassard et Walter en 1858.

Le moulin de la Roue est possédé par une nouveau propriétaire en 1876 par l'adjudication faite par Vassard à Antoine Charles Laussel, son gendre, négociant à Vincennes, moyennant 20.200 frs. On notera ici la belle plus-value. La deuxième partie comprend les bâtiments de l'ancien moulin de la Roue avec le droit de prendre l'eau pour alimenter le moulin et une terre de 1.700 ares .

Déclassement du moulin

En 1880, le moulin de la Roue change de mains. La vente est passée devant maître Hourdou des Laussel par Lecoeur à Monsieur et Madame Saintin. Puis, quelque temps plus tard, un échange est fait entre Saintin et Bouzinard.

C'est en 1882, que le moulin change de mains une fois encore. Marie-Anne Ingrain, épouse Saintin et Marcel Bouzinard font les échanges suivants :

- Mme Saintin abandonne à Bouzinard les bâtiments de l'ancien moulin de la Roue, dans la ruelle conduisant de Linas à Guillerville, comprenant logement d'habitation, grange, écurie, cour devant, jardin autour et derrière ces bâtiments,

- le droit de faire usage de l'eau du réservoir se trouvant en limite de propriété pour les usages journaliers. Le tout contenant 7.565 centiares.

Cet immeuble comprend le lot n°4 de la propriété des Suzeaux vendu avec le n°1 à Saintin par procès-verbal. Il est fait mention de deux décharges et d'un tuyau dans le cahier des charges. Il s'agit de la récupération des eaux de Linas pour alimenter Montlhéry et qui fera l'objet d'une chronique spécifique.

La vente des bâtiments de l'ancien moulin de la Roue est faite en 1885 par le couple Bouzinard à Paul Heudeline, jardinier. Les biens sont situés « dans la ruelle conduisant de Linas à Guillerville » pour 1.565 centiares, moyennant 6.000 frs. Le droit d'utiliser l'eau reste supprimé.

La même année, un nouvel acte d'échange est passé entre Bouzinard et la veuve Saintin concernant tous les droits qu'ils pouvaient avoir de la jouissance des eaux de la source arrivant dans la fontaine située sous le bâtiment appartenant à Mme Thévenot, l'aqueduc “W” conduisant les eaux au lavoir des Bouzinard, le tuyau “D” servant à alimenter la petite Roue, et le droit de poser des tuyaux pour la distribution des eaux de la source.

En 1901, Mr Teigny, arboriculteur vend la propriété aux héritiers Bouzinard. Puis un demi-siècle plus tard, en 1951, Mr Lelièvre, horticulteur, vend la propriété qui est coupée en deux à cause de l'emprise de la RN20. Finalement, Mr Alain Mulot acquiert en 1975 l'ancien moulin qui n'est plus qu'une maison d'habitation.

Notes

(1) E. Leroy-Ladurie, Histoire humaine et comparée du climat - Canicules et glaciers XIII e -XVIII e siècles, tome 1 (Ed. Fayard, Paris 2004).

(2) Catherine de Caillebot était veuve du seigneur de Marivaux, François de l'Isle, mort en 1666. Nous connaissons deux fils de ce couple, Louis et Ardouin de l'Isle marié à Isabelle Alphonse du Guénegaud.

(3) La dame de la Roue, veuve d'Hardouin de Lisle, a obtenu la seigneurie de la Roue en douaire par la sentence rendu au Châtelet de Paris en 1712 entre ses enfants émancipés : le marquis Jean-Jacques de Lisle, chevalier, et demoiselle Elisabeth Claude de Marivault.

(4) Sous l'Ancien régime, les unités de mesures de longueurs dans le système du Roi sont : le pied vaut 12 pouces, et le pouce divisé en 12 lignes. La loi du 19 frimaire an VIII (10 décembre 1799) définissait le mètre comme étant 443,296 lignes du roi. Le pouce du roi vaut donc exactement 750/27706 mètre soit 27,069 mm. La toise de 6 pieds vaut donc 1,949 mètre.

dagnot/chronique38.05.txt · Dernière modification: 2020/11/12 05:04 de bg