Corpus Essonnien

Histoire et patrimoine du département de l'Essonne

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Le moulin de Cholet à Linas (2) (1651-1937)

Chronique du Vieux Marcoussy ———————– ———– _——————————– Janvier 2010

Plan du moulin en 1862

JP. Dagnot

C. Julien

Cette chronique est la suite et fin de l'histoire d'un moulin à farine installé sur la Sallemouille à Linas (Essonne, cant. Montlhéry). Nous nous étions arrêté au milieu du XVIIe siècle, époque où le moulin de Cholet appartenait à la communauté religieuse de la collégiale Saint Merry (1). En 1641, les chanoines avaient baillé le moulin à Jehan Bourgeron le jeune moyennant la quantité de 24 setiers de bled mouture. Puis, ce meunier étant installé au moulin de Guillerville, ce fut Michel Beauvairs, meunier demeurant à Montlhéry, dont le père avait tenu le moulin de l'Étang, qui prit la location du moulin de Chollet en 1643.

Les meuniers du XVIIe siècle

En 1651, Michel Catholle transporte le bail fait par le chapitre à Sébastien Brancherye musnier demeurant au moulin de Tremerolle, paroisse de Bruyères-le-Châtel. Ce dernier ne reste que trois mois au moulin Chollet à Linas puisque et transporte à Jean Dheron, marchand boulanger de Montlhéry, le temps qui reste à jouir du moulin de Chollet.

En novembre 1657, Romaine Lanoullier, veuve Pierre Poullier, baille à titre de loyer et prix d'argent, à François Lesourd, meusnier du moullin de Chollet, le droict de chasse en la paroisse de Marcoussis, quérir les grains qui lui seront donnés par les particuliers, les convertir en farine, ce bail est prisé à loyer à la charge pour le preneur de laisser jouir du même droict de chasse le meusnier dudit lieu à cause du moulin à vent dudit Marcoussis, moyennant le prix et somme de soixante dix livres (2).

Un nouveau meunier arrive en 1660. Le bail à loyer est passé pour six années, au profit de Louis Guesdin le jeune et sa femme, moyennant 250 livres par an. À cette époque les loyers sont le plus souvent payés en argent comptant, la coutume du paiement en nature ayant disparue. En 1663, Louis Guesdin le jeune, musnier demeurant au moulin de Cholet, en la paroisse Saint Médéric de Linois, délaisse à Jean Martin, marchand boullanger, le droit de bail fait par le chapitre dudit moulin. Le contrat précise que le meunier entrant doit mettre une roue et un arbre neuf.

En novembre de la même année, une rente de 50 livres est constituée par le doyen du chapitre au profit de Marie Duclos, à prendre sur deux moulins, l'un appelé le moulin Cholet et l'autre le moulin de l'Étang et sur 20 arpents de prés; ladite constitution faite moyennant 1.000 livres , « laquelle somme a été employée à l'achat d'une chasse d'argent pour mettre sur les reliques de Saint Mery ».

Un accord sur le solde du transport du bail du moulin de Cholet est signé en 1666 entre Jean Martin et Louis Gueudin le jeune. Cinq ans plus tard, Michel Lesné transporte le bail du moulin de Chollet à Martin Chocquet à titre de loyer des sieurs doyens et autres chanoines de la collégiale Saint Médéric pour quinze mois, d'autre part il est question de « céder audit Chocquet d'aller à la chasse aux bleds dans le village de Marcoussis, prendre iceux bleds des habitants pour iceux convertir en farine audit moulin de Chollet et iceux rendre auxdits habitans ainsy qu'à l'accoutumée, le tout moyennant cent cinquante livres ». Le mois suivant, Michel Lesné, meusnier demeurant au moullin des Suzeaux délaisse le droit au bail du moulin de Chollet au marchand Estienne Leborgne.

En 1672, vénérable et discrette personne Claude Legrand, prestre chanoine en l'église collégiale Saint Médéric de Linois, représente le collège. Il nomme Michel Lesné du moulin des Suzeaux qui se transporte avec deux autres experts pour faire la prisée des ustancilles. La rapport précise que: - un arbre de 14 pieds de long, - une roue de 8 pieds de diamètre par 22 pouces de large. - les meules courante et gisant de 6 pieds de diamètre.

Une nouvelle prisée du moulin est faite en 1674, à la demande de Martin Chocquet. De nouveau fin mai 1677, la collégiale Saint Médéric et Martin Chocquet font la prisée. Les éléments décrits sont identiques.

Que se passe-t-il ? Rien n'est écrit mais, il semble que les parties soient en conflit et finalement Martin Chocquet décide de quitter le moulin de Cholet en 1678 « Martin Chocquet, musnier demeurant audit moulin, transporte le bail à Jacques Lebrun avec l'accord des chantres chanoines de l'église dudit Linoys, pour le temps qui reste à expirer dudit bail se consiste d'une maison manable et déppendances avec ledit moulin tournant et travaillant, garny de ses ustanciles, mesme de curer la rivière estang dudit moulin moyennant le prix et somme de cent livres ».

Le meunier Lebrun reste 14 mois au moulin de Cholet et le quittant laisse les lieux à Michel Lesné qui le baille du chapitre à raison de 160 livres et 12 chapons par an. Un mois plus tard, on assiste à une prisée faite « à la prière de Martin Chocquet, musnier du moulin de Cholet et de Michel Lesné entrant ». Le rapport précise l'existence d'une roue de 8 à 9 pieds de haut. En 1682, une autre prisée du moulin est effectuée à la réquisition de Michel Laisné, meusnier demeurant audit et de Antoine Laroche, garçon meusnier, des tournants, etc., appartenant au chapitre de Linois, comprenant une roue de 8 pieds et un arbre de 14 pouces . A ce moment les intentions de Michel Laisné sont claires, il veut quitter le moulin et une troisième prisée est faite la même année « à la prière et requeste de Nicolas Amet, marchand boulanger, au nom de Michel Laisné ».

Finalement, le nouveau meunier s'installe quand le chapitre baille pour quatre ans à Pierre Chartier le moulin à eau avec la maison, fournil estant à costé dudit, moyennant le prix et somme de 620 livres . Pierre Chartier restera à Cholet jusqu'au terme de son bail.

Louis Gueudin meunier à Cholet

Il semble que Pierre Chartier ne resta pas longtemps au moulin, sans doute, transportant le bail à Louis Guesdin, puisqu'en 1683, nous trouvons une assignation par devant le prévôt de Montlhéry à la requête des chanoines de Linas contre le nommé Louis Guesdin « pour être condamné à payer les loyers du moulin Cholet qu'il doit audit chapitre ».

Un nouveau bail est passé en 1689, les chanoines baillent le moulin de Cholet à titre de loyer et prix de grain pour six ans à Louis Guesdin le jeune, moyennant 150 livres . La même année, une assignation est portée devant le prévôt de Montlhéry par les chanoines de Linois contre Laurent Garnier « partie saisie pour estre condamné à payer les deniers qu'il peut devoir au nommé Guesdin locataire du moulin de Chollet ».

Il est intéressant de voir que les chanoines prennent soin et protègent leur locataire contre ses débiteurs. Certes leur intérêt est primordial, mais aussi parce qu'ils se connaissent bien. En effet, Louis Gueusdin le jeune, était devenu meunier au moulin de l'Étang en 1669 quand Martin Chocquet avait transporté le bail. En 1672, il avait affermé le droit de chasse « à prendre icelle sur les subjects deppendant dudit Marcoussis et les grains aller quérir des maisons des subjects dan le temps de l'ordinaire et ainsy et accoustumée, pour de ladite chasse des grains de jouir moyennant le prix somme de 70 livres ».

Revenons en janvier 1690 quand Louis Guesdin le jeune, meunier demeurant au moulin Chollet, a de gros soucis financiers, « lequel a volontairement déclaré qu'il s'est désisté de l'opposition par luy formée aux commandements et saisys sur et contre luy faite de ses biens meubles à la requeste des vénérables doyen, chantre, chanoines du chapitre, faute de payement aux fins de loyers de fermage dudit moulin Chollet ». Ledit Guesdin consent que le tout soit et demeure nul moyennant 900 livres pour les loyers et 180 livres pour les arrérages de la rente. Cette année, Mathias Berthay, charpentier à Linas déclare au profit du chapitre de Linas « la somme de 75 livres pour avoir rétabli à neuf la bonde vanne de la rivière qui fait couler le moulin Cholet ».

En fait, il semble que la cause des dettes soit la maladie du meunier qui décède quelques semaines plus tard. Le 24 février, le chapitre d'une part et Marie Petit, veuve Guesdin, d'autre part, avec leurs représentants respectifs font la prisée du moulin. Le procès-verbal mentionne un arbre de 14 pieds de long, une roue de huit pieds et demi de diamètre sur deux pieds de large, et les deux meules de six pieds.

Dès le départ de la veuve Guesdin, le chapitre assemblé, suite aux affiches et annonces publiées pour l'adjudication du moulin de Chollet, constate que personne n'a mis plus haut prix que Marie Petit, lesquels baillent à prix d'argent pour six ans ledit moulin moyennant 150 livres et six chapons gras de paille. À la Saint Martin d'hiver de la même année, Jean Thomas, meunier demeurant au moulin de Chollet, s'est présenté tant en son nom et que comme ayant épousé Marie Petit, et souscrit au bail fait à sa femme.

Les époux Thomas ne restent qu'un an à Cholet constaté par un transport du bail est fait par Thomas Meusnier à Charles Testu, meunier du moulin de Grenad à Vers. Ce dernier ne semble pas satisfaire aux conditions puisque la semaine suivante,'un nouveau transport du bail est fait par Jean Thomas, devenu meusnier au Petit Paris à Jean Barré, meusnier de Saint-Germain. La prisée a lieu le lendemain.

Une sentence de la prévôté de Montlhéry est rendue en 1692 à la requête du procureur du Roy contre les habitants de Linas « qui les condamnent à ôter les immondices qui sont devant leurs portes, à les balayer afin de ne point empêcher le cours de la rivière ».

Le marché pour reconstruire le mur de la vanne est passé le 16 juin 1698. « Léonard Marchalié dit la Liberté , masson du pays de la Basse Marche , de présent à Montlhéry, lequel s'oblige à rétablir le mur de la vanne principale du moullin pour Marguerite Lempereur, meunière. La vanne est située au bout du pré du moulin de Guillerville ». L'entrepreneur s'engage à abattre au préalable les deux murs existants jusqu'aux fondations, moyennant 32 livres .

Le moulin de Cholet au XVIIIe siècle

Dans son « Histoire humaine et comparée du climat », Emmanuel Leroy-Ladurie nous enseigne que la décennie 1690 voit se succéder une série de saisons pourries, froides et pluvieuses , qui vont aboutir en France à la famine de 1693-94, terriblement meurtrière. L'année 1690 est humide, l'année 1691 froide, 1692 froide et humide. Au printemps 1693, les pluies recommencent, qui compromettent les semailles de printemps, et le désastre se termine par un coup d'échaudage en août. L'hiver 1694-95 est très froid, et la fraîcheur est observée jusqu'en septembre. Pluviosité importante durant l'été, y compris sur le sud de la France. D 'une manière plus générale, 1695 serait une année froide sur l'ensemble de l'hémisphère nord. L'année 1696 est plutôt fraîche, de même pour 1697. L'hiver 1697-98 est à nouveau très froid, suivi d'un mois de mai également très froid. L'année est pluvieuse, l'été est frais. À partir de 1699, jusqu'en 1707, se profilent des années plus clémentes. La chaleur estivale revient. Le printemps-été 1704 est plutôt chaud : vendanges précoces et de très bonne qualité. En 1705, si le gel est observé début mai, deux énormes vagues de chaleur ont lieu en juillet et en août. Sur l'ouest, la sécheresse s'installe en juin, juillet et août. L'été 1706 est également chaud et donne un très bon vin. En 1707, forte vague de chaleur entre fin juillet et août.

En 1700, le moulin de Cholet est tenue par la meunière Marguerite Lempereur, qui, semble-t-il ne s'en laisse pas compter. Toutefois, la concurrence est rude et les mauvaises récoltes ne sont pas favorables au développement de la meunerie. Sans droit de chasse, le meunier ne rentre pas dans ses frais.

Une sommation faite en 1705 à la requête du sieur Jacques Chartier, meunier, à Messieurs du chapitre de Linois de lui passer bail devant notaire, du moulin de Cholet et « qu'ils luy ont loué verballement moyennant 80 livres par an pour la première année de 100 livres les autres ». Quatre mois après, en exécution de la sentence du 27 octobre dernier rendue contradictoirement avec Marguerite Lempereur, veuve Louis Dautier, cy devant meunier, et le prévôt de Montlhéry, le chapitre reprend la clef du moulin avec permission de louer le moulin, aux risques et péril et fortune de la veuve Dautier, qui a été condamnée aux dépens « faute de par elle d'en jouir conformément au bail pour trois ans ledit moulin n'estoit en état pour en jouir », le preneur n'a pu en jouir que le 1er mars 1705. Le bail du moulin fait au profit de Nicolas Lesné, meunier y demeurant ; ledit moulin consistant en un moulin avec ustancilles prisés à 193 livres et trois espaces, moyennant le loyer de 110 livres et six chapons. Une visite avec état et prisée est également faite.

Une sentence de la prévôté de Montlhéry est rendue en 1706 entre Messieurs les doyen, chantre et chanoines du chapitre de Linas et Nicolas Lainé, meunier demeurant au moulin du Petit Paris, paroisse de Leuville et sa femme « qui ordonne que faute par ces derniers d'avoir garny à meubles suffisants le moulin Cholet pour sûreté du loyer du auxdits sieurs du chapitre. Il leur sera dénier de louer ledit moulin aux risques, périls et fortunes desdits Lainé et sa femme pour le restant du bail à expirer qui leur en a été fait et les déboute de l'opposition par eux formée au commandement fait à la requette desdits sieurs du chapitre de Linois et les condamne en tous les dépens ».

En 1708, une assignation est donnée à la requête de Messieurs du chapitre contre Etienne Dautier pour le voir condamner à passer bail dans trois jours « du moulin Cholet qui luy avoit été loué verballement à raison de 75 livres par an et six chappons ». Finalement, après plus d'un an de discussions, l'écriture effective du bail est faite en 1709. En 1714, une prisée est faite à la demande de Laurent Lesourieux, le procès-verbal mentionne toujours une roue de huit pieds.

Pierre Valeille meunier à Cholet

Le successeur de Laurent Lesourieux est Pierre Valeille qui signe le bail à loyer du moulin de Cholet consenti par le chapitre de Linas en 1714. Au printemps de l'année suivante, Nicolas Gaudron, maistre des postes, demeurant à Linois, héritier de son père déclare au seigneur de Guillerville, un jardin planté en fruitier, chantier de Chollet, entre deux eaux, tenant à la rivière et à la morte eau.

Encore une fois le meunier de Chollet ne reste pas jusqu'au terme de son bail. En 1717, Pierre Valeille, marchand demeurant à Montlhéry, « lequel confesse avoir cédé le bail dudit moulin à Michel Langot, meunier à présent au moulin de Chollet, pour deux années restant à jouir, moyennant 90 livres ».

La visite du moulin a lieu le lendemain à la requeste de Pierre Valeille, meunier à Montlhéry, ayant occupé le moulin Chollet, appartenant au chapitre et de Michel Langot, meunier actuel dudit moulin, en présence de deux charpentiers, lesquels font la prisée du moulin, c'est à savoir : -deux fosses vannes servant à descharger de trois pieds de large, équipées de visse et écrou, avec la vanne servant à donner l'eau sur la roux garnie de sa visse et écrou, - l'auge de bois de chaisne de quinze à seize pieds de long sur 18 pouces de large en oeuvre servant à donner l'eau sur la roue, - les deux chaussiers servant à porter l'arbre tournant, - item, l'arbre tournant de bois de chaisne garni de ses frettes et torillons de fer de 14 pieds de long et 16 pouces de gros, - item, la roue de huit pieds de haut, deux pieds de grosseur garnie de ses embrassures coings et fermeture, - le roy de bois de noyer garny de ses embrassures de noyer et de sa lanterne aussy bois de noyer, - le grand et petit palier, garny de la poelette, la bluterie deux chaises, … , - la meule gissante de six pieds de diamètre de quatre pouces et demi d'épaisseur, - la meule courante d'épaisseur 6,75 pouces .

Le temps de présence des meuniers est de plus en plus court. En 1717, à peine quatre mois après y être entré, Michel Langot quitte le moulin de Chollet paroisse de Linois, « le musnier transporte à François Laubot, meusnier de Chastres, le droit du transport fait par Pierre Valeille, marchand de Montlhéry ». Nous en sommes arrivés à « transporter le droit de transport », c'est dire les difficultés à faire travailler l'usine.

Les derniers meuniers de Cholet

Il semble que le meunier de Châtres n'ait pas gardé longtemps la jouissance du moulin de Cholet comme le fait remarquer le notaire qui rédige le nouveau bail de 1726. C'est le bail à loyer passé par Pierre Hiérosme Morel,prestre, docteur de Sorbonne, doyen et curé de Linois, Jean-Baptiste Guillebert chantre, Jean Callou, Gillet Cousin, Mathurin Anquetil, Louis-François Galland, André Nicolas Blanchard, Jean Pernet et Marcellin de Faye diacre, tous prestres et chanoines de l'église collégiale et paroissiale Saint Merry de Linois, y demeurant, capitulairement assemblés au son de la cloche, en leur chapitre, …, au profit d'Etienne Dautier et d'Antoinette Fouquet, sa femme, à savoir : - le moulin à eau, appelé Chollet, garni de ses tournants … , - le logement du meunier, fournil, écurie, estables, et autres commodités, couvert de thuille, - la cour close, du costé de l'entrée desdits lieux, le jardin, desquels moulin, lieux les preneurs ont parfaite connaissance en jouissant depuis plusieurs années, ledit bail à loyer fait pour six années, moyennant 80 livres par an en la chambre du chapitre.

Collégiale Saint Mery dessinée d'après nature par Pyne 1855.

Deux actes passés en cette fin d'année 1733 concernent le moulin de Cholet. D'une part, un procès-verbal de visite et prisée et estimation des « réparations utiles et nécessaires qui estoient à faire aux bastiments et dépendances du moulin, ensuite duquel est celuy d'affirmation des experts qui ont procédé à la visitte ». D'autre part, un bail à rente est passé devant un notaire royal à Montlhéry. L'acte concerne les bastimens du moulin cour et dépendances appelé Cholet ensemble du droit sur les eaux qui y coulent par Messieurs les doyen, chantre, le chanoine de l'église collégialle de Saint Merry dudit Linois audit deffunt sieur Pierre Gaudron et à la dame Barault sa femme actuellement sa veuve moyennant cinquante livres de rente. Cet acte représente l'échec des religieux à conserver ce moulin, ce qui est pratiquement le seul exemple rencontré dans la région.

Un acte important pour l'histoire du moulin de Cholet apparaît à la date du 19 février 1750. Le sieur Pierre Gaudron le jeune, officier fourrier de fruiterie du roy, demeurant à Linois, lequel délaisse à titre de loyer et prix d'argent pour le temps et espace de 3, 6 et 9 ans à Pierre Verdier jardinier c'est à savoir une maison sise audit Linois, avec tous les bastimens, cour, jardin en dépendant appelé cy devant le moulin de Cholet excepté les deux pressoirs à vin et à cidre que le bailleur se réserve moyennant 70 livres . Il semble l'activité meunière ait cessé au moulin de Cholet.

Après l'arrêt de l'activité, Pierre Gaudron décède. L'inventaire des biens est fait en 1768 par Marie Anne Barrault, veuve de Pierre Gaudron, en présence des deux frères du défunt, chacun héritier pour moitié. Le 1er mars suivant, les deux frères héritiers Pierre et Médéric Gaudron, et l'épouse du défunt font une transaction. L'année suivante, Marie Anne Barrault, veuve de Pierre Gaudron, ancien officier sommier de fruiterie du roy, demeurante à Linois reconnaît avoir vendu à Claude Harivault, marchand hôtelier, c'est à savoir, « une maison sise audit Linois, appelée le moulin de Cholet lieux et bastimens et leur dépendance avec tous droits sur les eaux qui y coulent, etc. Plus ladite veuve cède et délaisse avec promesse de garantie de toutes revendication tous les tournans et travaillans effets et ustanciles quelconques en place et non en place destinés audit moulin de Cholet et le pressoir double étant dans les susdits bastimens tels qu'ils sont désignés dans l'inventaire du deffunt Gaudron, en censive du Chapitre Saint merry de Linas et de 50 livres de rente foncière moyennant laquelle, ils possèdent les droits sur les eaux qui coulent audit moulin ». La vente est faite moyennant 250 livres de rente viagère. La venderesse se réserve le droit de faire pressurer sa vendange.

Le moulin de Cholet au XIXe siècle

Les informations trouvées reprennent en 1821, nous trouvons Jean Baudet, grainetier et propriétaire demeurant à Linas « lequel a fait bail et donné à loyer pour quinze années, à Charles Hameroux, marchand de son et farine et cabaretier demeurant à Montlhéry, d'un moulin à eau, moulant, tournant, vivant et travaillant, de ses harnois, écurie, bûcher, cour, jardin bien planté d'arbres fruitiers et de treilles chasselas, coupé en deux parties par la rivière, le tout enclos de murs et auquel on arrive par une ruelle. Le présent bail fait moyennant 700 frs par an ».

Sept ans plus tard, Charles Hamouroux, marchand de son et de farine, demeurant rue de la Ferronerie à Montlhéry, résilie le bail fait en 1821 par Jean Baudet, ancien marchand grainetier de Linas. C'est « le moulin à eau, faisant de bled farine, appelé le moulin Chollet, garni de ses agrêts et ustensiles, en bon état ». Le même jour, ledit Baudet fait bail et donne à loyer, pour neuf années sept mois, à Jean Baptiste Gaudron, garde moulin demeurant à Breuillet « le moulin de Chollet, au fond d'une ruelle commune qui a son entrée sur la grande rue ou route de Paris à Orléans, garni de ses moulant, tournant vivant et travaillant, de ses harnois et ustensiles; consistant en bâtiments d'habitation et d'exploitation, écurie, bûcher, toit à porcs, poulailler, jardin bien planté d'arbres fruitiers, treilles chasselas et autres en plein vent, en espalier, et contre espaliers, coupé en deux parties inégales par la rivière, le tout enclos de murs. Le présent bail est fait moyennant 800 frs de fermage par chaque année ». Le nouveau locataire s'engage à faire curer la rivière et de s'arranger avec le sortant pour la prisée. L'entrant met une maison en gage à Breuillet.

Il semble que, jusqu'à cette époque, Cholet ait été utilisé pour la force hydraulique. En 1838, Mr Deneux est propriétaire du moulin où depuis un an se fabrique du papier gris. La papeterie occupe quatre hommes.

Une vente et adjudication définitive sur saisie immobilière a lieu en 1841 en l'audience des criées du tribunal civil de première instance de Corbeil, la brasserie de Linas consistant : 1°) une maison située à Linas, rez-de-chaussée, premier étage, grenier au dessus, avec cave écuries dans lesquels se trouve un moulin à farine et orge avec tournans et ses accessoires, 2°) un grand bâtiment en forme de hangard dans la deuxième cour où se trouve la brasserie, avec ses cuves, raffraichissoirs et autres accessoires, 3°) un petit bâtiment servant de séchoir à fécule, …., pressoir à vis, pressoir à cidre, 4°) un jardin potager et fruitier dans lequel se trouve un bassin d'eau vive, les regards conduits et source se trouvent dans la propriété, 5°) une pièce de terre au village avec réservoir, mise à prix 30.000frs, acquise en 1816 pour 36.000frs.

Il ne s'agit pas du moulin de Cholet, mais d'un autre voisin, alimenté par une fontaine et utilisé par le brasseur.

Les informations manquent. Nous arrivons en 1862, une demande avec plan de pose de vannes sur la Sallemouille est faite en août . Le plan en tête de la chronique montre la vanne ouvrière à l'intérieur des bâtiments et un réservoir devant. Un autre les deux bras de la Sallemouille avec le moulin, enfin une vue montrant la rue impériale n°20 le moulin et deux lavoirs.

La même année, dans une pétition, le sieur Clément, maître maçon, propriétaire du moulin, sollicite l'autorisation d'établissement d'une vanne de conserve et d'une troisième vanne de décharge pour faciliter l'écoulement des eaux des grandes crues. Quatre jours après, une enquête préfectorale montre le règlement du moulin Chollet pour la pose des vannes. Le 24 avril 1868, Pierre Clément, propriétaire demande le remplacement de la vanne vétuste du moulin.

La fin du moulin de Cholet

Le 23 juin 1873, un procès-verbal de récolement est dressé pour le remplacement du vannage de décharge du moulin demandé en 1868, appartenant à Mr Clément. La description n'a d'intérêt que par la mention de “l'usine”, et que le sieur Clément n'a pas remis en activité l'usine dite le moulin Chollet.

Le plan Cholet de 1902 situe la brasserie, 100 mètres au nord du moulin Cholet en chômage, au sieur Clément, et trois lavoirs sur la rivière suspendue. Le 10 juillet 1902, une plainte envers la veuve Clément est déposée devant le préfet pour entretenir le canal dérivé de la Sallemouille , en bon état de propreté, et autorisation de passage dans les autres propriétés « Ce canal ni fauché, ni curé, la vase et les herbes s'y accumulent et comme il est trop souvent dépourvu d'eau, il en résulte un danger d'infection. De plus nous sommes plusieurs à posséder un lavoir dépourvu d'eau par méchanceté… ».

Le rapport du “conducteur subdivisionnaire” du 14 août 1902, concerne une plainte par Mr Lefèvre en date du 10 juillet, qui mentionne que la veuve a commencé le curage dès qu'elle a eu connaissance de la plainte, mais qu'elle a interrompu sur l'opposition de riverains qui ont fait remarquer que l'opération ne doit s'exécuter que du 15 septembre au 15 octobre.

Le 20 décembre 1932, Jean Laval demande le déclassement de la chute d'eau du moulin de Chollet qui ne fonctionne pas depuis au moins 40 ou 50 ans, il ne reste aucune trace…

Le 23 mars 1937, la commission exécutive de l'Orge, après examen des demandes de Mr Albinet, propriétaire du moulin Basset et Mr Laval du moulin Cholet transmet au préfet un avis favorable pour le déclassement des moulins. Enfin, le 29 mai, la demande de Mr Laval est prise en compte, il est autorisé à démolir et enlever des vannes de décharge situées près de l'établissement et à 340 mètres . Le lit de la section de la Sallemouille , comprise entre le canal d'amenée et l'extrémité du canal de fuite devra être curé. La présente autorisation est valable un an.

Notes

(1) Les Religieux de la collégiale Saint Mery de Linas, doyen, chantre et chanoines étaient seigneurs ecclésiastiques de Linas qu'ils possédaient en partie. Deux moulins étaient dans leur temporel : le moulin de l'Étang et le moulin de Cholet.

(2) Pierre Poullier était le receveur de la seigneurie de Marcoussis et procureur de Léon de Balsac d'Entragues. Le droit de chasse faisant partie du ban seigneurial, il était donc affermé.

dagnot/chronique40.01.txt · Dernière modification: 2020/11/12 05:16 de bg