Corpus Essonnien

Histoire et patrimoine du département de l'Essonne

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Jean Alexandre Pauquet de Villejust (2)

Chronique du Vieux Marcoussy ———————– ———– _——————————– Janvier 2010

Extrait d'un plan de l'époque révolutionnaire. (source ADE)

JP. Dagnot

Cette chronique est le second volet de l'histoire de notre personnage. La première partie montrait l'arrivée du couple Pauquet-Ponson à Villejust, la prise de possession des biens par Jean Alexandre Pauquet et le début de ses acquisitions. Signalons que seulement une partie des documents a été utilisée pour cette chronique, la matrice cadastrale au nom de Pauquet uniquement pour Villejust, ne comprend pas moins de 169 lignes!

Pauquet et son anoblissement

Reprenons l'histoire de notre nouveau promu à l'ordre royal de chevalier de la Légion d'Honneur. Il adresse au garde des sceaux une requête pour ajouter à son nom celui “de Villejust”: “Pauquet, Jean Alexandre, avocat, …. supplie votre excellence de vouloir bien solliciter de sa majesté Louis XVIII, une ordonnance qui lui permette d'ajouter à son nom, celui de Villejust qui est celui du domaine qu'il possède et sous lequel il est connu”.

Le garde des sceaux dans un premier temps, considère que sa demande n'est pas attachée à un bien de famille, il propose de la rejeter: “ le sieur Pauquet, maire de Villejust et propriétaire d'un domaine de ce nom, sollicite l'autorisation de joindre à son nom celui de “de Villejust”. Sa demande n'est appuyée sur aucun motif de la faire prendre en compte je propose de la rejeter.”

En 1817, toujours maire, il prépare son dossier d'anoblissement, avec des courriers adressés au ministère de la justice. Afin de le décourager, on lui demande d'insérer un placard dans le journal des annonces judiciaires:

Au bout de quatre mois, il justifie au tribunal son insertion pour qu'il statue, et transmette son avis… Pendant l'année 1818, il continue les publications pour obtenir sa particule:

En 1819, Pauquet ne se décourage pas, il poursuit sa requête, les services persistent: sa demande est non motivée et Villejust n'est pas un bien de famille. Pauquet produit alors un certificat disant que depuis longtemps, il est connu sous le nom de Pauquet de Villejust. Ce sont sept parisiens, avocat, propriétaire, ancien magistrat, notaire, licencié en droit, qui attestent que Jean Alexandre Pauquet, ancien avocat, prend le surnom de Villejust qui est celui de sa propriété dans le canton de Palaiseau et qu'il est connu sous le nom de Pauquet de Villejust .

Enfin en 1820, après plus de deux ans d'échanges de courriers et interventions diverses, il obtient satisfaction.

Il est donc clair que le titre “Pauquet de Villejust” ne peut exister avant 1820.

Ses acquisitions à Villejust et environs

Nous avions laissé Pauquet à la fin du XVIIIe siècle propriétaire de l'ancienne ferme seigneuriale, du presbytère mitoyen, et d'environ 80 hectares de terres. Dans un premier temps il échange de petites parcelles autour de la ferme de manière à réaliser un ensemble homogène et il entreprend également la construction de la maison de maître sur l'emplacement de l'ancien presbytère.

Il déménage à Paris de la rue du Colombier à la rue des Saints Pères, 10e arrondissement, et Villejust devient sa résidence secondaire. Les échanges et petites acquisitions se multiplient durant la première décade du XIXe siècle. Plusieurs dizaines d'actes sont ainsi réalisés. A Villejust, il va même jusqu'à remplir les fonctions d'officier public de l'état civil, en enregistrant les naissances mais néanmoins en faisant suivre sa signature du qualificatif “maire”. Il rédige ainsi l'acte de naissance de Jean Honoré Fosse, fils de Jean Baptiste, son fermier. Le personnage jouit d'une certaine notoriété, le notaire et les vendeurs se rendent parfois en sa demeure de Villejust pour rédiger l'acte.

Il faut attendre 1814 pour voir l'achat de la maison Chappe, faisant face à la ferme. Le personnage, alors âgé de 65 ans, est toujours maire de Villejust et demeure toujours rue des Saints Pères.

En 1815, signalons le bail de sa ferme, mitoyenne de sa demeure avec ses 82 hectares. Le preneur devra fournir un agneau gras à Pâques, faire trois voyages à Paris de trois voitures à trois chevaux, et moyennant 3.900 frs de fermage, en espèces sonnantes d'or & d'argent, curer le puits en fin de bail. Le bailleur se réserve la chasse, comme tous les notables de l'époque.

Les achats et échanges continuent régulièrement. En 1818 il achète également une maison à Villejust qui va servir de logement pour le curé et l'instituteur.

Arrive l'année 1820, notre homme réalise deux grosses opérations sur des bois. Notons simplement que désormais, il apparaît comme Jean Alexandre Pauquet de Villejust, chevalier de la légion d'honneur, adjoint au maire du 10e arrondissement de Paris.

Le premier achat est fait avec Jean François Marie Albert Gaspard Grimod, comte d'Orsay, aîné, maréchal des camps et armées du Roi,… et Maximilien Joseph Charles Louis Gaspard Grimod, comte d'Orsay, jeune, chambellan de sa majesté l'empereur d'Autriche, …. en tant qu'héritiers chacun pour moitié de défunt Pierre Marie Gaspard Grimod, comte d'Orsay, leur père décédé en 1809 à la Sainte Trinité près de Vienne en Autriche. En effet ce dernier a quitté la France à l'époque de la terreur. Ses enfants ont recueilli ses biens en vertu de la loi du 5 décembre 1814, levant ainsi le séquestre sur les biens nationaux non vendus. La vente comprend 114 hectares de bois en 21 pièces s'étendant en partant de l'ouest, pratiquement de l'est des Ulis, traversant la zone de Courtabeuf pour finir à Villejust.

Partie du plan montrant les bois côté Villejust

La seconde vente met également en présence très haut, très puissant et très excellent prince monseigneur Louis Henry de Bourbon, prince de Condé …(une dizaine de qualificatifs!) demeurant au palais Bourbon, rue de l'Université, d'une part et de très haute, très puissante et très excellente princesse madame Louise Adélaïde de Bourbon Condé, en religion soeur de la Miséricorde, prieuse du monastère royal du Temple,… bien entendu représentés par un mandataire, vendent au chevalier Pauquet de Viljust … Il s'agit de bois au dessus du cimetière d'Orsay dont partie en carrières, représentant 23 hectares. L'origine des biens est analogue à la vente précédente, les biens appartenaient à Louis Joseph de Bourbon Condé, les titres ont été perdus ou brûlés pendant la Révolution, et les bois restitués en 1815.

La suite des acquisitions habituelles continue. Sans avoir retrouvé les originaux, signalons qu'après ces achats importants Pauquet a contracté des emprunts qu'il honore dans les années suivantes.

Relevons en 1821, l'acquisition à Saulx-les-Chartreux, d'une partie de l'ancienne demeure des religieux adjugée en 1791 comme bien national à Savalete, ancien garde du trésor royal.

En 1826, il renouvelle le bail de la ferme comportant désormais 85 hectares. La même année, il acquiert également une maison à Orsay. Où s'arrêtera-t-il? L'année suivante, il prête la somme de 50.000 frs, qui sert de caution pour un notaire parisien.

En 1828 , “le chevalier Pauquet de Villejust”, maire adjoint du dixième arrondissement, ….,vend à Alfred Félix comte de Montesquiou Ferenzac, les bois ci après, pour 119 hectares: 24 pièces allant de la ravine de Mondétour (à l'ouest de la F18 actuelle), la butte du Grand Vivier, la lisière de Coutabeuf, le petit plan de Courtabeuf, la route royale de chasse de Dourdan à Paris sur Villebon, la carrière de la Plesse, Vilfeu, le Bois Courtin à (à l'est de l'A10). En résumé couvrant l'étendue de la zone industrielle de Courtabeuf actuelle! Le vendeur se réserve la poursuite des actions en justice envers les entrepreneurs du pavé de Paris, Lemoine, Baron, Tourillon & Francastel qui fouillent et traversent les bois pour l'extraction du grès et débardage des bois, qui sont en cours au tribunal de la Seine. Egalement ne sont pas compris dans la vente, le bois de la Ciprenne, le petit plan de Courtabeuf & le bois Courtin représentant 19 hectares. La vente faite moyennant 150.000 frs devra être payée en espèces sonnantes d'or ou d'argent.

Cette vente nous apprend ainsi qu'en marge des opérations sur les terrains, une partie de ses revenus provenait de droits sur la location de bois utilisés pour l'extraction de grès et qui se terminaient souvent par des procès. Egalement les trois bois non vendus font certainement partie de son domaine de chasse.

En 1830, “ le chevalier” âgé de 81 ans continue ses occupations, il renouvelle le bail de la ferme de Villejust qui sera détaillé dans la chronique sur la ferme seigneuriale. Ne retenons que les terres qui maintenant représentent 86 hectares et toujours l'agneau gras à Pâques!

On se repose toujours sur lui en famille. Ainsi l'année suivante, sa soeur Marie-Anne Pélagie, veuve de Louis Henri Jacques Mulotin, lui demande de s'occuper de la succession de sa fille Hélène.

En 1833, notre homme fait donation à la commune, de 1.810 m2 à la basse Poupardière, tenant au sentier de Villejust à Villebon, et au chemin de Villejust à Saulx. La commune sera chargé de l'établissement d'un nouveau cimetière, en remplacement de celui existant actuellement devenu insuffisant et également de le faire clore. Cet acte présente un double intérêt, outre la donation, il nous apprend que notre personnage vient d'entrer dans sa nouvelle demeure parisienne de 260 m2 sur deux niveaux avec cour intérieure, dont le rez-de-chaussée est réservé aux communs!

Plans montrant la demeure et les lieux avant et après le percement de la rue.

Nous resterons sans informations sur ce personnage jusqu'au 9 octobre 1839 où il décèdera en sa demeure à Paris au 7 rue du 29 Juillet (1).

à suivre…

Note

(1) le nom de cette rue commémorait les journées de la révolution de 1830 appelées « les Trois Glorieuses ».

dagnot/chronique40.03.txt · Dernière modification: 2020/11/12 05:20 de bg