Corpus Essonnien

Histoire et patrimoine du département de l'Essonne

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Prieuré Saint-Wandrille de Marcoussis (4) (1637-1735)

Chronique du Vieux Marcoussy ———————– ———– _——————————– Janvier 2010

Le prieuré Saint-Wandrille de Marcoussis sur le plan terrier de 1782.

JP. Dagnot

C. Julien

Cette chronique est le quatrième volet de l'histoire du prieuré Saint-Wandrille de Marcoussis, couvent bénédictin sous l'obédience de la grande abbaye normande de Fontenelle. Nous avons appris que le prieuré était placé sous le régime de la commende. En 1629, le prieur titulaire est messire Louis Leroyer, prestre licencié en droit canon, doyen et curé de l'église Sainte-Trinité de Montlhéry, demeurant audit Montlhéry, qui afferme les revenus du prieuré par un bail de quatre années à messire Amand Pasquier, prestre demeurant à Saint-Germain les Chastres .

Le prieuré de Marcoussis sous le règne de Louis XIII

Un acte très instructif pour la consistance du prieuré de Marcoussis est signé en 1637. Nous y apprenons que le prieuré est toujours placé sur le régime de la commende et que le prieur titulaire, prélat de Paris, ne daigne pas se déplacer sur les lieux pour établir le bail d'affermage des revenus. Le chargé de procuration, homme de confiance du prélat, n'est autre que le doyen de Montlhéry. Voici l'acte : « Fut présent, Messire Barnabé Grente, prestre licencié en droit canon, doyen curé de l'église Sainte-Trinité de Montlhéry, demeurant audit lieu et comme chargé de noble personne Messire Fiacre Rivière, chanoine de l'église de Paris et prieur du prieuré Sainte-Marie-Magdeleine de Marcoussis pour lequel il promet faire ratiffier les présentes sy besoing est lequel a volontairement recognu et confessé avoir baillé à titre de ferme et prix d'argent jusqu'à six ans tous les revenus du prieuré à Messire Louis Lhéritier, notaire au siège royal de Montlhéry demeurant audit lieu preneur des revenus du temporel du prieuré ». Nous assistons donc à un « jeu de chaises musicales » entre gens de pouvoir. Il serait surprenant que le notaire de Montlhéry soit la personne qui collecte la dîme. L'officier royal engagera donc un employé à qui il délèguera ses pouvoirs. Le tout pour quelques livres sachant que les revenus du prieuré ne dépassent en aucun cas les 400 livres.

Continuons la lecture de l'acte qui nous donne la désignation : « lequel consistant en deux tiers des grosses dixmes de la paroisse dudit Marcoussis et en la moitié des autres menues dixmes…, avec les rentes, fondations, offrandes que des droits appartenant audit prieur, ensemble le manoir, logis, grange, jardin clos dudit prieuré siz proche l'église dudit lieu dont plus ample déclaration desquels revenus ledit preneur s'est tenu pour content disant le bien cognoistre pour en jouyr par luy audit titre ledit temps durant, ce bail et prisée audit titre faict à la réserve par ledit sieur bailleur au proffit dudit sieur Rivière de la chambre haulte à feu avec lestude ou garde robbe qui est à costé et le logement de ses chevaulx quand il ira audit lieu … quand bon luy semblera avec la liberté du jardin et clos, .. des allées et parterres moyennant le prix et somme de 280 livres tournois ». Comme nous le voyons le prieur a la dent dure, il se garde une bonne part de la jouissance du prieuré, mais il y a plus : « …., sera tenu ledit preneur une foys chacun an, d'employer un masson à refaire les murailles dudit prieuré, …., sera tenu de faire et acquitter le service divin dont ledit prieuré est chargé, de planter une douzaines d'arbres fruitiers dans ledit clos, de planter des saulles au bout dudit clos le long de la rivière, fournir deux hottes de fruits , nourrir et conserver les pigeons quy sont dans la fuye ou colombier à pied dudit prieuré » (1).

La semaine suivante le preneur envisage des travaux de réparation. Bien qu'il ait déclaré « les bien cognoistre », les bâtiments du prieuré semblent en mauvais état. Jehan Granjan, masson de Marcoussis et Pasquier Beurrier, charpentier de Montlhéry, se sont transportés sur les lieux dépendant du prieuré, au sujet des réparations urgentes et nécessaires à faire aux dits lieux… Passons sur les détails et retenons les pièces: - deux chambres basses dont une à feu, un petit sellier, - une cave dont il faut refaire la trappe, - deux chambres haultes, - un jardin, dont il faut refaire les murailles, - l'écurie, une mangeoire à refaire - la grange, dans laquelle il faut effectuer des travaux.

En 1648, Jacques Jagu, maître masson réputé de Marcoussis, sous-traite les ouvrages qu'on luy confie, ainsi c'est un masson du pays de Poitou, résidant à Boissy-sous-Saint-Yon qui promet et s'oblige à faire pour luy et construire toutes et chacune les clostures des murailles quy sont à faire tant en la prieurée dudit Marcoussis , qu'en la ferme du Chesneron, la haulteur desquelles clostures sera de douze pieds de rez-de-chaussée, ledit Jagu est tenu de fournir les matériaux, ce marché passé moyennant et à raison de 18 sols par chacune thoise que le dit Jagu s'oblige à paier au fur et à mesure qu'on travaillera auxdites clostures.

Le prieur Jean Bourguignon

Un changement de titulaire a lieu en 1687 ; ce qui nous permet d'apprendre la forme de cérémonie lors due la transmission du bénéfice. En présence de Messire Louis Chaindoiselle, prestre, docteur en théologie en la faculté de Paris, y demeurant rue Féron, paroisse Saint-Sulpice, en vertu des lettres de provision obtenues du Saint-Siège apostolique du prieuré simple de Saint-Vandrille, ordre de Saint-Benoist,… , vénérable et discrette personne Messire Jean Bourguignon, prestre baschellier en théologie en la faculté de Paris et curé à Sainte-Marie-Madeleine de Marcoussis, y demeurant, sur la résignation faite au profit dudit Bourguignon par Messire Alexandre François de la Rouarde, dernier paisible possesseur dudit prieuré le vingtième jour d'aoust de la présente année, signée Concessus et Petitur, du visa de Monseigneur l'archevesque de Paris en date du 29 novembre signé Francis Harley et contresigné par Vilbon, secrétaire, a mis installé iceluy sieur Bourguignon en la possession réelle et actuelle corporelle du prieuré simple de Saint-Vandrille en l'église paroissialle Sainte-Marie-Madeleine dudit Marcoussis, suite à renoncement ont tous les dessus nommés se sont transportés tant par l'entrée libre en ladite église, prise d'eau bénite, prière faite à l'autel affecté audit prieuré dédié à Saint Leu, Saint Gilles, sonnés les cloches de ladite église, publication faite de nos lettres de provision portant dispense et dudit visa de Monseigneur l'Archevêque,… ledit Champdoiselle a déclaré que ledit Bourguignon venoist de prendre possession réelle…

En 1691, Jean Bourguignon, prieur et curé de Marcoussis , les marguilliers et le procureur fiscal, pour le proffit d'icelle église, baillent à titre de rente annuelle à François Legendre, masson en plastre, une maison derrière l'église, au clos du prieuré consistant en plusieurs édifices sans couvertures, venant de la cession faite par Antoine Guérin jardinier demeurant à Janvry comme héritier de Louis Guérin devant le notaire soussigné le 11 avril 1689, en la censive du seigneur d'Entragues; les biens appartiennent à la fabrique, la vente faite moyennant 6 livres de rente, maison, cour, jardin…

Deux ans passent. Thomas de Saint-Denis, prestre ancien curé de Marcoussis y demeurant et Jean Bourguignon, aussi prestre prieur de Saint-Vandrille, curé de ladite église de Marcoussis, disant que les lieux dans lesquels les clochettes des églises … estant tenu des réparations dessus supplient le bailly de Marcoussis que le clocher de ladite église estant en péril et près à tomber par son ancienneté et caducité et que sa chute pourrait causer des désordres à ladite église, c'est pourquoi le sieur Bourguignon auroit fait desmolir le haut dudit clocher estant posé sur les murs, après le sieur Bourguignon auroit fait restablir ledit clocher en l'estat qu'il est à présent auquel restablissement Messire Alexandre de la Rouarde, prestre et cy-devant prieur dudit prieuré de Marcoussis et ledit Bourguignon auroient contribué pour deux tiers et le sieur de Saint-Denis pour un tiers dont il estoit tenu. De sorte que le clocher est purement en bon estat. C'est pourquoi, il vous supplie de constater cette réparation. Suit un procès-verbal répétant les faits. Cet acte sera repris dans l'étude de l'église.

Un mariage est célébré le 24 novembre 1705 auquel assistent des personnalités de Marcoussis. François Legendre, maçon en plâtre demeurant à Marcoussis, fils de François, se marie avec Jeanne Louise Jeulin. Sont présents au mariage Alexandre d'Illiers d'Entragues commandeur, Louis d'Illiers, abbé d'Entragues, aumonier du roy, Jean Bourguignon prestre prieur curé de Marcoussis. La dot se monte à la somme assez considérable de 1.000 livres.

En 1715, Jean-Baptiste Bourguignon, prêtre bachelier, prieur du prieuré de St Vandrille et curé de Marcoussis et Jean François Chardon, prestre, l'un des curés de Saint-Didier de Bruyères, lesquels font permutation du prieuré et cure de Marcoussis contre la cure de Bruyères, déclare ledit Bourguignon, en fin de l'acte suivant ne pouvoir écrire ni signer quant à présent étendu infirmité de maladie… La permutation est faite avec le bon plaisir et agrément du Saint-Père et tous autres supérieurs ecclésiastiques. Le document est établi en la maison prieuriale du sieur Bourguignon à Marcoussis.

Messire Louis d'Illiers d'Entragues

La même année, nous apprenons que le prieuré est vacant. Messire Noël Bosquillon, clerc du diocèse de Paris et licencié en droit canon de la faculté de Paris lequel à remis à Messire Baltazard de Fourcy, prestre docteur de la maison de Saint-Benoist, abbé commendataire de Saint-Wandrille (2), la nomination faite de sa personne et procuration qui luy accorde par acte reçu par Berruyer, du prieuré simple de Saint-Wandrille de Marcoussy…, qui estoit vaccant par le décès de Messire Jean-Baptiste Bourguignon, consent qu'elle demeure nulle comme non fait et que ledit seigneur abbé de Saint-Vandrille y pourvoira… Il sera resté prieur l'espace d'un mois! Le même jour, en la même étude, le dénommé de Fourcy, abbé de Saint-Vandrille de Rouen, nomme Louis d'Illiers d'Entragues, prestre du diocèse de Paris (3). Ce dernier, docteur de Sorbonne, a certainement bénéficié de passe-droit dû à sa famille.

Un autre acte est passé le lendemain. « Ce dimanche à une heure précise de relevée, en vertu de la collation faite par Messire Baltazard Henry de Fourcy, prestre docteur de Sorbonne, abbé commendataire de l'abbaye royalle de Saint-Wandrille, de l'ordre de Saint-Benoist, diocèze de Rouen, du prieuré simple de Saint-Wandrille de Marcoussy, dudit ordre, diocèze de Paris, vaccant par le décès de Messire Jean-Baptiste Bourguignon, dernier paisible possesseur d'iceluy, en faveur de Messire Louis d'Illiers d'Antagues, prestre du diocèze de Paris, docteur de Sorbonne, et aumosnier du Roy par acte passé … et dont j'ai la minute par ledit Berruyer, nous François Gallois, conseiller du Roy, notaire garde-notte et garde-seal de Sa Majesté en son Châtelet de Paris, en présence des témoins cy-après, nommez, à présent audit lieu de Marcoussis où nous nous sommes exprès transportés à l'effet cy-après, avons ledit sieur abbé d'Entragues ainsy pourvu, et le requérant mis en possession, réelle, actuelle et corporelle, dudit prieuré simple de Saint-Wandrille dudit Marcoussy, prise d'eau bénite, prière à Dieu devant le grand autel, toucher du pupitre, séance en la place ordinaire de prieur, au son des cloches et exhibition dudit acte de collation, à laquelle prise de possession, personne ne s'est opposé, ledit sieur abbé d'Entragues a requis et demandé acte à luy octroyé pour luy servir ce que de raison. Fait au dit Marcoussy en présence de Messrire Pierre Cazier, prestre curé dudit lieu, Messire Baltazard de Saint-André, vicaire… ».

Abbés de Saint-Vandrille : cardinal Charles de Bourbon (1568-1578), Balthazar-Henri de Fourcy (1690-1754) et cardinal Etienne-Charles de Loménie de Brienne (1785-1790).

Ensuite, Messire Louis d'Illiers, conseiller et aumosnier du Roy, abbé de l'abbaye Notre-Dame de Bellefontaine en Poitou, prieur du prieuré Saint-Vandrille de ce lieu de Marcoussis de présent en son hôtel dudit lieu, lequel a vendu promis et faire valoir et défendre et contre-cour, à Denis et Estienne Crosson, vignerons de ce lieu, c'est à savoir les deux thiers de tous les droits de dixmes tant grosses, menues,que dixmes générallement quelzquonques à percevoir en la saison prochaine sur toute l'étendue du territoire et paroisse de Marcoussis en ladite qualité de prieur dudit prieuré Saint-Vandrille, ce marché ainsy fait par lesdits Crosson sont tenus d'engranger tous les grains qui proviendront des droits de dixmes dans la grange dudit prieuré, et lorsque les grains seront battus, les réserver dans les greniers du prieuré et ce pour sûreté du paiement, à la charge néanmoins de rendre grange et greniers vuiddes et vague moyennant le prix et somme de 350 livres.

La succession de Jean Bourguignon, cy-devant prieur et curé dudit Marcoussis est liquidée selon le document suivant « Jacques Lesguillon, prieur de Chastres au nom de Messire Anthoine Dorsane, chanoine de la cathédrale de Paris, reconnaît avoir reçu de Messire Louis d'Illiers, prieur de ce lieu de Saint-Vandrille de Marcoussis, un matelas…, le tout provenant de la succession de Jean Bourguignon » (4). Le procès-verbal de visite de la maison prieuriale faite à la requête de l'abbé d'Entragues est ensuite dressé. Le prieur Louis d'Illiers est présent. Il sera repris dans les chroniques sur l'église.

L'année suivante le prieur a fait le bilan de sa prise de fonction du prieuré de Marcoussis, les revenus des dîmes lui apportent 400 livres, les réparations à sa charge pour le prieuré et l'église, chiffrées en 1715, estimées à 1.668 livres! Il va donc essayer de trouver un tiers payeur. Nicolas Chatelain, bourgeois de Paris, et Messire Louis d'Illiers, aumônier du Roy, évêque de Clermont-en-Auvergne, prieur du prieuré de Marcoussis, demeurant ordinairement audit Marcoussis, estant de présent à Paris chez Sa Majesté, logé rue de Tournon, disant que ledit seigneur d'Entragues a été pourvu dudit prieuré ayant trouvé que les lieux et batimens en dépendans étoient en fort mauvais état… Il s'est d'abord retourné contre les héritiers de Jean Bourguignon pour les obliger de faire faire les réparations, mais ces derniers ayant refusé sa sucession, il s'est pourvu alencontre dudit Chatelain, qu'il a trouvé créé pour curateur à la succession vacante… En résumé, il est le premier créancier sur la liste, mais il n'y a qu'une rente de 107 sols que ledit Chatelain lui octroira. La morale est sauve, le premier prieur, Noel Bocquillon, a échappé au désastre. Décidément, cette famille a le don de se trouver dans des situations impossibles (chronique sur Alexandre de Balsac).

En 1719, Louis Barillet, intendant de Monseigneur l'Évesque de Lectour, baille à prix d'argent, pour six ans, à Jean Bourdon, vigneron, une maison et jardin sur la rue tendante de l'église aux Célestins, et donnant sur le carrefour mitoyen, du jardin du presbitaire. Le bail est fait moyennant 28 livres.

Le bail d'affermage des dixmes de Marcoussis est passé en 1719 « Messire Louis d'Illiers, résidant au monastère des Célestins de Marcoussis,…, baille pour quatre à neuf ans, les biens et revenu du prieuré Saint-Vandrille, à Pierre Lucas, receveur et procureur fiscal de la seigneurie de Marcoussis », Le bail consistant en : - maison, cour et jardin, - toutes les dixmes grosses menues et vertes comme gros décimateur de Marcoussis, - coulombier à pied dépendant du prieuré, garny de pigeons. Le preneur devra faire réparer le pignon, les murs du canal d'eau et ceux du canal du jardin. Il aura la jouissance du poisson. Le bail est fait moyennant 750 livres, faire porter 300 livres au curé, 90 au vicaire,pour sa portion congrue… On notera que le prieur fait réaliser une partie des travaux que devait faire son prédécesseur.

Un acte passé quatre jours plus tard concerne le reste des réparations nécessaires au prieuré. « Messire Louis d'Illiers d'Entragues, évesque de Lestour, prieur du prieuré Saint-Vandrille de ce lieu, à présent au monastère des Célestins de Marcoussis, d'une part et Jacques Champagne, maçon en plastre demeurant à Montlhéry, d'autre part, lesquels ont fait le marché et convention quy ensuit, c'est à savoir s'oblige de restablir et maçonner à neuf, la goutte de la maison du prieuré du costé de la cour à prendre des fondements, reprendre l'autre goutte, refaire à neuf le pignon du costé du grand jardin, …., chambre, cheminées, four, chambre haute au dessus de la cuisine, carreler ladite de carreaux de six pans… Les travaux seront payés moyennant 600 livres » .

La quinzaine suivante, c'est au tour du receveur de la seigneurie de sous-traiter le travail . « Pierre Lucas, receveur et procureur fiscal, de la seigneurie de Marcoussis, baille à titre de loier et prix d'argent pour le temps de quatre à neuf ans, le bail fait audit Lucas par Monseigneur l'évesque de Lectoure, prieur du prieuré de ce lieu , à Jean Retourné vigneron demeurant en ce lieu dudit Marcoussis, et Marie-Anne Boulogne sa femme, c'est à savoir tous les droits de dixmes généralement quelconques qui en dépendent dudit prieuré, sans rien en excepter… ». Les conditions stipulent que le preneur devra engranger tous les grains de la dixme dans la grange du prieuré, jouissance du logement et de la grange moyennant 675 livres de loier, deux cents bottes de foin. L'acte est passé au chasteau de Marcoussis en la demeure du bailleur. L'intermédiaire prend donc 10% et se charge des réparations prévues ainsi que des revenus du pigeonnier et des poisons du canal.

Trois jours plus tard, le prieur est encore à Marcoussis pour liquider la rente obtenue du liquidateur de la succession Bourguignon. « Fut présent Messire Louis d'Illiers, evesque de Lectoure, prieur du prieuré Saint-Vandrille de ce lieu de Marcoussis, étant de présent en ce dit lieu, lequel seigneur au nom et comme créancier de la succession de deffunt Messire Jean Bourguignon , vivant prestre prieur dudit prieuré et cure de ce lieu, a volontairement vendu ceddé, quitté, transporté et délaissé par ces présentes, … à Anthoine Guérou, bourgeois de Paris, acheteur, …, c'est à savoir la somme de cent sept sols de rentes annuelles faite au sieur Bourguignon, au nom et en qualité de curateur de la succession dudit Bourguignon correspondant à 134 livres de principal… ». Notons que l'acheteur n'est autre que le propriétaire de “l'hôtel des Carneaux”.

En 1720, Jean Retourné, fermier des dixmes du territoire de la paroisse de Marcoussis, demandeur aux fins d'exploit, fait condamner Pierre Rousseau, marchand boucher de Montlhéry, propriétaire d'un troupeau de 200 bestes à laine se trouvant en la ferme des prés de Marcoussis. Il devra payer la somme 30 livres correspondant à huit agneaux pour droits de dixmes sur 200 brebis et huit toisons pour 100 autres bestes.

Déjà échaudé par la prise de possession du prieuré, notre évêque de Lectoure renonce en 1720 à la succession de son oncle Joseph d'Illiers, abbé d'Entragues. « Aujourd'huy, est comparu par devant les notaires roiaux de Montlhéry, hault et puissant seigneur Messire Louis d'Illiers, évêque de Lectoure , abbé de l'abbaie Nostre-Dame de Tallence et Bellefontaine, prieur du prieuré Saint Vandrille de ce lieu de Marcoussis, étant de présent au monastère des Célestins de ce dit lieu de Marcoussis, lequel seigneur évêque a dit et déclaré avoir renoncé et de fait renonce par ces présentes à la succession de feu Messire Joseph d'Illiers, abbé d'Entragues, son oncle, à part que ledit seigneur évêque a dit et affirmé devant lesdits notaires roiaux ne s'estre aucunement immissé en ladite succession et n'avoir pris ny appliqué à son proffit aucune chose de celle dont est ce que dessus… ». Afin de confirmer cette renonciation, la déclaration est inscrite sur le répertoire du notaire par le sieur Louis Barillet, intendant de Monseigneur l'évêque de Lectoure, demeurant à Marcoussis, ce qui arrive très rarement. Notons au passage la qualité de l'évêque devenu haut et puissant, ainsi que sa signature où ne figure plus son patronyme comme le roi!

C'est une année noire pour le prélat, il décède dans les mois suivants. Son frère est Alexandre de Balsac. Une requête est faite le 14 novembre 1720 au bailly de Marcoussis. Alexandre de Balsac a demandé que depuis le décès arrivé à Messire Louis d'Illiers, son frère, évêque de Lectoure, abbé… « il est habile à se porter héritier, notamment pour quelques meubles laissés au monastère des Célestins, il demande un inventaire conduit par Louis Barillet à l'abbaye de Bellefontaine où il est déceddé ». Louis Barillet se transporte au couvent des Célestins dans l'appartement par le feu seigneur évêque, appelé l'appartement de Monsieur d'Aubigny. Suit un inventaire de l'appartement qui comprend un office, une cuisine, chambre au dessus de la cuisine, une antichambre, une garde robbes, un cabinet servant de fruitier, une chambre de domestique, une écurie… où il est dit que le religieux ne possédait pas moins d'une dizaine de chevaux.

Messire Baltazar de Saint-André, curé et prieur du prieuré Saint-Wandrille

En 1730, Bernardin Barillet, fermier des dixmes du prieuré de ce lieu de Marcoussis y demeurant, lequel a volontairement baillé à titre de loier et prix d'argent pour le temps de trois années à Daniel Braux, jardinier présent et acceptant, c'est à savoir la jouissance du grand jardin potager dudit prieuré… à l'exception du terrain en pré quy est au bas d'icelluy jardin potager… Ce bail est fait moiennant le prix et somme de cinquante livres… La famille Barillet exploite toujours les revenus du prieuré.

En 1731, Anthoine Lhéritier, bailly du baillage en la châtellenie de Marcoussis et de cette paroisse, ont visité la maison prieuriale, lieux et bastimens, le choeur et clocher de l'église, et ont fait la prisée et estimée des grosses réparations qu'il convient de faire ; François Legendre masson en plastre, en présence du procureur fiscal, se sont transportés au dedans du choeur et du clocher ainsi qu'aux bastimens du prieuré. Il convient d'effectuer les travaux suivants : -arracher la couverture de thuilles … il s'agit de l'église et sera repris lors de la chronique à venir sur cet édifice. - arracher la couverture en thuille du corps de logis du prieuré en son étendue, y employer 800 thuilles, - item à remarquer que les planchers des deux chambres haultes sont remplies de plusieurs crevasses et les boucher avec plastre… item des portes desdites chambres… de celui du grenier ainsi que les marches de l'escalier… la trappe du plancher de la salle basse menant à la cave… le plancher en carreaux de la cuisine… le bossage de plus d'un pied de la charpente costé terrasse. Il est aussi fait mention d'autres travaux tels que: - réparations d'un petit logis, de la grange, sellier attenant à la grange, des deux écuries, du poulailler, du toit à porc, de l'appentis adossé au mur de la rue de ce lieu à Chastres, - remettre 800 thuilles au colombier à pied dans le petit jardin, - refaire 25 thoises de murs de closture au grand jardin potager du prieuré avec le fer pour les espalliers. - replanter 40 pieds d'arbres fruitiers qui manquent, pommiers qui sont morts, - item qu'ils ont remarqué que le petit vivier ou canal n'a point été revêtu d'aucune pierre, sans aucune vidange présentement entièrement rempli de boue et roseaux. - il est précisé que la porte du jardin vers le clocher de l'église ne sont que planches de bois blaissé. Ce document, ressemble à une prise de possession avec constat d'état des lieux du nouveau prieur Baltazar de Saint-André.

La fin de son mandat date de 1735. Le prieur décède et est inhumé dans le choeur de l'église, en présence des curés des paroisses environnantes.

À suivre…

Notes

(1) Le colombier de pied était sous l'Ancien régime une prérogative des seigneurs hauts justiciers. Iles étaient constitués par une tour ronde d'environ 20 mètres de circonférence, haute généralement de 5 mètres, et coiffés d'une toiture en éteignoir couverte de petites tuiles plates du pays. Quatre ouvertures avec petit balcon plat permettaient aux pigeons d'entrer et sortir de leur colombier.

(2) Balthasar-Henri de Fourcy de Chessy (24 juillet 1669-24 avril 1754) est originaire de Picardie, fils d'Henry II de Fourcy, conseiller d'État ordinaire et conseiller d'honneur au Parlement de Paris, prévôt des marchands de Paris, et de Madeleine de Boucherat. Il fut chevalier de Malte en 1675 à l'âge de 6 ans ; puis cumula les bénéfices : abbé de Saint-Sever au diocèse de Coutances (1680), chanoine de Notre-Dame de Paris (1685), soixante-douzième abbé de Saint-Wandrille (1690), prieur des Bons-Hommes (1693). Il fut reçu docteur en théologie le 2 août 1696.

(3) Louis de Balzac Illiers d'Entragues , mort le 6 août 1720, était le fils de Léon II d'Illiers d'Entragues, seigneur de Marcoussis et Bois-Malesherbes, et d'Anne de Rieux. Il fut successivement aumônier de Louis XIV en 1705, abbé de Notre-Dame de La Vieulle au diocèse d'Avranches (1706), et évêque de Clermont de 1716 à 1717. A ce propos Saint-Simon écrivit « Un abbé d'Entragues, aumônier du feu roi et de celui-ci, eut Clermont ». Le pape Clément XI lui refusa ses bulles. Louis de Balzac Illiers d'Entragues prit ensuite le siège épiscopal de Lectoure.

(4) Messire Anthoine Dorsane, chanoine de la cathédrale de Paris, signa à maintes reprises les registres paroissiaux en qualité d'archidiacre de Josas.

dagnot/chronique40.04.txt · Dernière modification: 2020/11/12 05:21 de bg