Corpus Essonnien

Histoire et patrimoine du département de l'Essonne

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etampes:juine

La Juine à Étampes

  • La Juine est l'un des cours d'eau qui irriguent le territoire de la commune d'Étampes.

Dénomination

Description

Histoire

Bibliographie

  • Léon Marquis, Les Rues d'Étampes et ses monuments, Étampes, Brières, 1881, pp. 224-228.
    • La Juine. — La Juine est la plus importante des rivières qui passent a Étampes. Elle a un cours d'environ 55 kilomètres, prend sa source à Autruy (Loiret) et arrose:
    • Dans le canton de Méréville: les communes de Méréville, Saclas, Saint-Cyr-la-Rivière et Boissy-la-Rivière;
    • Dans le canton d'Étampes: Ormoy-la-Rivière, Étampes et Étréchy;
    • Dans le canton de La Ferté-Alais: Auvers-Saint-Georges, Chamarande, Lardy, Bouray et Itteville.
    • Ses affluents sont: le ruisseau de l'Arche, la rivière d'Éclimont, le ruisseau de Guillerval ou de la Filature, et la rivière d'Étampes. Elle se jette dans l'Essonne à Bouray, près la poudrerie du Bouchet.
    • Cette rivière coule à peu près dans tout son parcours, de Vauroux à Morigny, dans un lit artificiel. Son ancien lit se confond, dans la ville, avec celui du Juineteau. Pour prouver cette canalisation, il suffit de remarquer que le niveau de l'eau est à plus de 2 mètres au-dessus du sol de la prairie.
    • La Juine contient une grande variété de poissons, gardons, carpes, etc. Ses écrevisses y sont renommées de longue date, témoin le poème du Chien pêcheur. Coulom, qui écrivait en 1644 sur les rivières de France, dit en parlant de la Juine “qu'elle vient à Étampes couverte d'une si prodigieuse quantité d'écrevisses, que tant plus on en pêche, plus il en croît. Son eau est si froide qu'elle engourdit les pieds des chevaux qu'on y abreuve…”
    • La Juine suit la direction du sud au nord depuis sa source jusqu'à Chamarande, et se dirige ensuite vers l'est jusqu'à sa rencontre avec l'Essonne.
    • Elle était autrefois navigable, et le canal qui allait d'Étampes à Corbeil était formé: du port à Morigny par la rivière d'Étampes, de Morigny au Bouchet par la Juine, et du Bouchet à Corbeil par l'Essonne.
    • Nous avons déjà dit que la Juine était autrefois canalisée depuis le port d'Étampes jusqu'à sa rencontre avec l'Essonne. Le voyage par eau d'Étampes à Paris pourrait durer huit à dix jours. Claude Mignault, le savant jurisconsulte du XVIe siècle, avocat du roi à Étampes, composa ses principaux ouvrages en bateau sur ce canal; la préface de l'un d'eux nous apprend “qu'il travailla à cet ouvrage aux heures qu'il était contraint de perdre dans un bateau, voyageant plusieurs fois par occasion de ce lieu à Paris, à Corbeil, et d'illec à Estampes…” qu'il l'a lu et relu tant de fois, que non seulement il l'a appris par cœur, mais qu'il en a tiré le suc.“ [Note de l'auteur.Les emblèmes latins-françois du seigneur André Alciat (Claude Mignault). Paris, Richer, 1584, in-12. L'ouvrage en latin eut une multitude d'éditions, don sept de 1574 à 1880. La dernière édition est de Paris, 1859, in-8].
    • Dans son itinéraire en vers latins, Pierre Levenier, chanoine d'Auxerre, invitant Nicolas Le Mercier, son ami, à venir passer ses vacances auprès de lui, ne lui indique pas d'autre route que le cours de la Seine et de la Juine; Étampes n'y est pas oublié.
    • Voici la traduction de ce passage d'après un de nos amis:
    • “Si tu mets pied à terre, tu peux admirer les palais royaux; la route te conduira à l'antique citadelle de Corbeil, où se jette la Juine, rivière venant d'Étampes.”
    • Piganiol de la Force, dans sa Nouvelle description de la France, imprimée en 1722, disait en parlant d'Étampes:
    • “Il y a environ soixante-dix ans que cette ville était de beaucoup plus marchande qu'elle n'est aujourd'hui. La petite rivière était pour lors navigable par le moyen de plusieurs écluses, et il y avait toujours en ce temps-là à Étampes trente ou quarante bateaux de dix·muids de bleds chacun, qui arrivaient ensuite au port de la Tournelle, à Paris; mais les écluses ayant été rompues, les marchands de la Beauce amènent leur bleds par terre à Paris, et s'arrêtent à Montlhéry.”
    • L'origine du port d'Étampes remonte à l'année 1490, d'après une charte de Jean de Foix, comte d'Étampes; mais trente-sept ans auparavant existait déjà le port de l'Hôpital-Saint-Jacques-de-l'Épée, dont l'origine est inconnue. Ce port était situé à 1 kilomètre au-dessous du premier.
    • Un recueil de pièces de 1757, concernant la navigation des rivières d'Étampes et de La Ferté-Alais, est beaucoup plus explicite que Piganiol de la Force sur la fin de la navigation a Étampes, car il nous apprend qu'elle a cessé d'exister en 1676.
    • Le transport par eau aurait donc duré cent quatre-vingt-six ans rien que pour le port de la ville, qui avait 128 mètres de long sur 48 mètres de large, d'après les recherches de M. le docteur Bourgeois.
    • Depuis deux siècles que le canal d'Étampes n'existe plus, on a fait plusieurs tentatives sérieuses pour le rétablir, surtout à la fin du dernier siècle.
    • Dans l'un de ces projets, il est dit que, depuis le moment où la rivière n'est plus navigable, “il a été fait depuis Étampes jusqu'à Corbeil plus de cent quatre-vingts moulins ou usines.” Mais ces moulins n'étaient pas encore la grande difficulté, car il fallait en outre:
    • Curer et approfondir la rivière à 2 mètres;
    • Établir des écluses devant les moulins;
    • Enlever, depuis le port jusqu'à la jonction de la Juine avec l'Essonne, un million de mètres cubes de terre;
    • Jeter des ponts de 6 mètres d'ouverture et de 4 m 33 de hauteur sous clé.
    • On conseille d'ailleurs de se servir seulement des endroits de la rivière les plus commodes, et faire partout ailleurs des travaux neufs pour diminuer le nombre des écluses, et en même temps éviter les moulins [Note de l'auteur. — Manuscrit des moulins. — V. les notes 9, 30, 48, 58, 59, 60, 81].
    • D'après un devis des travaux sur le canal en l'année 1560, cité par M. le docteur Bourgeois, la charge des bateaux était de douze muids de blé, mesure d'Étampes, ou de trente-deux poinçons de vin [Note de l'auteur. — Bourgeois, Quelques recherches, p. 81]. On voit au musée d'Étampes (D. 26) un débris de rame qui servait autrefois·à mouvoir ces bateaux. Cette rame, qui a été trouvée à Brunehaut, dans la tourbe, mesure 3 m 20 de longueur, dont moitié pour la partie plate.
    • La Juine avait en moyenne 1 mètre à 1 m 33 de profondeur, et en certains endroits 2 mètres, 3 mètres, 4 mètres et même 5 mètres. Elle était bordée de joncs et de roseaux [Note de l'auteur. — Manuscrit des moulins].
    • En juin 1792, on fit des réparations importantes au portereau de Vauroux, d'où s'écoule dans le Juineteau le trop-plein de la Juine. Sur une pétition d'une partie des habitants de la rue du Perray, exposant qu'ils étaient privés d'eau, on établit une hausse de 14 centimètres; mais le 15 messidor an VI, on décida la reconstruction du portereau sur· un nouveau devis, par suite de la plainte de Claude Béchu, propriétaire du moulin de Saint-Pierre, et de treize habitants du Perray, riverains du Juineteau, disant qu'ils n'avaient pas assez d‘eau, mais qu'ils en ont trop maintenant [Note de l'auteur. — Manuscrit des moulins].
etampes/juine.txt · Dernière modification: 2023/03/17 23:36 de bg