Corpus Essonnien

Histoire et patrimoine du département de l'Essonne

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etampes:voierie:carref.religieuses

Le carrefour des Religieuses à Étampes

Dénomination

Description

Histoire

Bibliographie

  • Léon Marquis, Les Rues d'Étampes et ses monuments, Étampes, Brières, 1881, pp. 122-124.
    • Carrefour des Religieuses. — À gauche de la rue Saint-Jacques, en face la rue d'Enfer. Son nom lui vient de l'ancien couvent des religieuses de la congrégation de Notre-Dame, établi à Étampes en 1630, du vivant de Pierre Fourier, fondateur de l'ordre. Ce couvent, primitivement rue Saint-Jacques, fut transporté quelques années après à l'endroit occupé aujourd'hui par le grenier d'abondance, dont la destination première était d'emmagasiner les farines jusqu'au chiffre de 14,000 quintaux. C'est maintenant un magasin succursale de la papeterie de M. Darblay, à Essonnes. Le grenier d'abondance est de 1823; il s'effondra vers 1825.
    • Les convois de prisonniers français qui passaient à Étampes en 1870 y séjournèrent près de trois mois. Un curé des environs de Vendôme, arrêté par les Prussiens à cause d'un drapeau placé sur son clocher, reçut sa grâce étant prisonnier en cet endroit.
    • La maison n°8 du carrefour des Religieuses dépendait de l'ancien couvent, et on y voit une belle cave de 11 mètres de profondeur qui contient une ancienne chapelle [Note de l'auteur. — Minute de Me Hautefeuille, notaire.].
    • Le 19 septembre 1645, les religieuses de la Congrégation, malgré l'opposition des Cordeliers, obtinrent de la duchesse de Vendôme et d'Étampes la permission de renfermer la rivière dans l'étendue de leurs héritages.
    • Le couvent eut beaucoup à souffrir en 1652. Les religieuses furent renfermées dans leur quartier et dans la cour des pensionnaires; le reste de la maison fut livré au pillage. Le jardin servait de place d'armes aux soldats des princes. Voyant les dangers continuels auxquels elles étaient exposées, vingt et une religieuses et pensionnaires munies de passeports furent menées avec une bonne escorte à Paris, chez les dames de Port-Royal. Les religieuses qui étaient restées pour empêcher la perte de la maison soutinrent de continuelles alarmes, mais les soldats n'entrèrent point dans leur quartier, où il y avait toujours deux gardes qui les préservaient des insultes [Note de l'auteur.Annales de la Congrégation.].
    • En 1695, le couvent était des plus florissants, car il était composé de cinquante-deux sœurs professes et de six converses [Note de l'auteur. — Almanach de Sens de 1778.]. En 1740, il n'est composé que de quarante à cinquante religieuses [Note de l'auteur. — Mémoires manuscrits particuliers.].
    • De 1752 à 1745, le désaccord régna entre le couvent et l'autorité diocésaine, à propos de la bulle Unigenitus et d'un nouveau catéchisme de l'archevêque de Sens. Durant la nuit du 1er juin 1756, huit religieuses furent enlevées et conduites par le prévôt de la maréchaussée chez les religieuses de Saint-Charles d'Orléans. Leur crime était d'avoir refusé de reconnaître pour supérieure celle que l'archevêque de Sens avait fait élire.
    • En janvier 1760, pour subvenir aux besoins de l'État, la congrégation de Notre-Dame d'Étampes fait l'envoi à la Monnaie de Paris de sa vaisselle d'argent, pesant 27 mars 4 onces 2 gros.
    • Le 5 septembre 1792, les religieuses, au nombre de trente, furent chassées de leur couvent, et on les recueillit dans différentes maisons de la paroisse Saint-Basile [Note de l'auteur. — Archives nationales, manuscrits particuliers. Le nombre de quarante à cinquante est indiqué sur un mémoire manuscrit de 1740.].
    • Le 4 novembre 1792, il y eut un envoi à la Monnaie de Paris, par les administrateurs et procureur syndic du district d'Étampes de l'argenterie provenant de la congrégation, pesée par les citoyens Hugo et Énard, orfèvres, après en avoir séparé les corps étrangers, savoir:
    • Deux calices, deux patènes, un plateau, un soleil et un ciboire, le tout en vermeil et pesant 17 mars 6 onces 1 gros;
    • Une lampe avec sa chaîne, quatre burettes et plats, un bénitier, un encensoir, une navette et sa cuillère, quatre chandeliers, deux croix, un calice, un ciboire et son couvercle, trois écuelles, une tasse, un gobelet à pied, deux boites, une plaque, trois statues représentant saint Augustin, saint Joseph et la sainte Vierge, le tout en argent et pesant 85 marcs 6 onces 7 gros.
    • L'inventaire fait en 1792 nous apprend que le clocher contenait quatre cloches, trois grosses et une petite [Note de l'auteur. — V. la note B.].
    • Les religieuses persécutées, accusées de complots contre la sûreté de l'État, furent obligées de quitter leur établissement, devenu bien national en 1792, et c'est un serrurier d'Étampes nommé Delaville qui l'acheta, le 9 fructidor an IV [Note de l'auteur. — V. la note C.].
    • Grâce à des temps meilleurs, les sœurs le rachetèrent et s'y établirent en 1808. Une ordonnance royale du 1er novembre 1826 leur a donné une existence légale.
    • En 1864, elles firent reconstruire l'ancienne chapelle des Cordeliers, qui leur était devenue insuffisante, et c'est l'abbé Guillet, ancien vicaire de Notre-Dame, mort directeur du petit séminaire de Versailles, qui se chargea de la plupart des décorations. On y remarque surtout un ancien tableau du peintre Liébaur, représentant l'apothéose du bienheureux Fourier.
    • Le clocheton de la chapelle a une ancienne cloche venant de la prison, et qui aurait été donnée au couvent par le maire Romanet au commencement de ce siècle. Elle porte cette inscription en lettres gothiques: JE FU FAICTE L'AN MIL Vc LV ET FU NOMMÉE MARTHE. Son diamètre est de 45 centimètres et sa hauteur de 40.
    • Derrière cette chapelle on en voit une autre très-ancienne où prêcha, dit-on, saint Bernard. A côté est une pièce munie d'une immense cheminée sur laquelle sont écrits dans un style gothique les mots: La Paix.
    • À droite est l'ancien cloître des Cordeliers, ayant une quinzaine de belles colonnes en pierre à chapiteaux sculptés; à côté, le pensionnat datant de 1847 et sous lequel sont d'anciens souterrains. Enfin, dans les cours, on voit les traces d'énormes piliers venant du couvent des Cordeliers.
    • (…)
    • Note justificative B (p. 401). — Inventaire fait en la Congrégation les 21, 22, 23, 20 et 27 juillet 1790. Récolement et évaluation de la maison les 3 et 4 septembre 1792. Sont comparues vingt-deux sœurs d'Étampes, deux de Meaux, quatre sœurs converses et deux novices… Suit l'inventaire des objets se trouvant dans l'établissement: la sacristie, l'église, la bibliothèque, l'infirmerie, l'apothicairerie, le laboratoire, le réfectoire, la cuisine, les trente-quatre lits dans les trente-quatre cellules, le chapitre, le pensionnat, le dortoir, les offices, le parloir, le noviciat, les serres, la laiterie, la basse-cour, la buanderie, les jardins, le poulailler, le bûcher et les caves… Biens immeubles, rentes, dettes passives, titres et papiers dont soixante-trois concernent la ferme de Guinette louée à Hélye….. Dans le clocher, trois cloches de différentes grandeurs et une autre petite cloche servant à une horloge en fer garnie de ses cordes et poids….. A chacune des sœurs il est demandé si elles veulent rester ou sortir de la maison; et toutes ont répondu que leur plus grand désir était d'y vivre et mourir… Signé: Voizot, Préaux, Sibillon, maire, Crosnier, secrétaire (Archives départementales.)“
    • (…)
    • Note justificative C (pp. 401-402) — La commune d'Étampes demande à être autorisée à faire l'acquisition de la maison conventuelle de la ci-devant Congrégation (12 novembre 1792). — “Vu la délibération du conseil général de la commune; considérant l'utilité dont peut être à la commune d'Étampes les bâtiments et dépendances de la Congrégation, soit pour y construire des casernes, soit pour y transporter l'hospice….. soit enfin pour y établir une maison d'éducation, estime qu'il y a lieu d'autoriser la commune à se rendre adjudicataire de la maison de la Congrégation.” Signé: Sagot, Crosnier, secrétaire. — Dans une autre pièce du 13 nivôse an II, on voit “le comité révolutionnaire de surveillance de la commune faire paraître devant lui les religieuses dénoncées indignement par la citoyenne Coffi, ex-religieuse, pour de prétendus complots qui auraient existé au couvent en 1788 et 1789.” — Il existe aux archives départementales des pièces analogues pour les autres couvents d'Étampes.
etampes/voierie/carref.religieuses.txt · Dernière modification: 2023/03/18 19:16 de bg