Corpus Essonnien

Histoire et patrimoine du département de l'Essonne

Outils pour utilisateurs

Outils du site


h:rigomer

Table des matières

Bernard Gineste

Redécouverte de la Légende de Rigomer et Ténestine par les Modernes

Vitrail de Vauhallan, peint par Jacques Rouvière-Delon (1859)

1. Mention par un clerc anonyme de Lübeck en addition au Martyrologe d'Usuard (1475)

  • Cenomannis, beati Rigomeri presbyteri et confessoris.

2. Mention par Lorenzo Bellini de Padoue en addition au Martyrologe d'Usuard (1498)

  • Nono kalendas septembris.
  • In pago cenomanico sancti Rigomari confessoris et beatissime Tenestuie [sic] virginis.

3. Mention par Hermann Greven, chartreux de Cologne, en addition au Martyrologe d'Usuard (1515)

  • Cenomannis, beati Rigomeri presbyteri et confessoris.

4. Mention par François Rabelais, secrétaire de l'évêque de Maillezais (1548)

  • Le Quart Livre, chapitre XXXVIII.
  • Si ces discours ne satisfont a l'incrédulité de vos seigneuries, præsentement (j'entends après boyre) visitez Lusignan, Partenay, Vovant, Mervant et Pouzauges en Poictou. Là trouverrez tesmoings vieulx de renom et de la bonne forge, lesquelz vous jureront sus le bras de sainct Rigomé, que Melusine, leur première fondatrice, avoit corps fœminin jusqu'aulx boursavits [bourse-à-vit, braguette], et que le reste en bas estoit andouille serpentine, ou bien serpent andouillicque1).

5. Mention par Jean Molan, de Louvain (1568)

  • IX. Cal. Sept.
  • In pago Cenomanico S. Rigomari confessoris.

6. Mention par Saint Pierre Canisius (1573)

  • IX. Calend. Septembris. — Der XXIIII. Tag im Augstmonat.
  • Item, zum Cenomannis der H. Priesters unnd Beichtigers Rigomari.

7. Mention par Filippo Ferrario, d'Orveglio près Alessandria (1609)

  • Loca inventa et sancti, dum Topographia typis ederetur, ex diversis, et praesertim ex additionibus Joan. Molani ad Usuardum, et ejusdem indice excerpti.
  • Cenomani. — 24 Aug. Rigomarus conf. in tertia, ex addit. ejusdem.

8. Mention par André du Saussay, évêque de Toul (1637)

  • Nono Kalendas Septembris.
  • Ispso die in Cenonmanensis tractu transitus sancti Rigomeri Confessoris, qui cùm diù strenuè sub Christi legibus militasset, ultimum præmium laborum suorum percepturus migravit ad Cœlum.
  • Septimo Kalendas Septembris.
  • In Cenomanis S. Tenestinæ Virginis gloriosæ, quæ à S. Innocentio Episcopo Cenomanensi sacro velamine amicta, se hostiam viventem voto perpetuæ integritatis spiritu et corpore dedicavit: atque in monasteriolo sanctæ Mariæ Virginis inter muros et aquam ædificato, cum puellis Deo devotis ope ipsius S. Innocentii et beati Dumnoli ejus successoris sustentata, vitam egit prorsus cœlestem, quousque immaculato tramite decursa suæ conversationis palæstra, moriens in Christi pace, viventium coram Deo Virginum gloriosum auxit numerum. Ejus corpus animae purissimæ domicilium Floriacum (ubi S. Benedictus cum aliis plerisque beatis quiescit) deinde delatum est, ubi decenti cultu asservatur, festòque proprio beata ipsius memoria honoratur. Ex ejus reliquiis Manasses Episcopus Aurelianensis particulam decerpsit; intulique in monasterium Curiæ Dei ad perennem venerationem.

9. Récit d'Antoine Le Corvaisier, lieutenant criminel au bailliage du Mans (1648)

  • C'estoit une benediction et un bonheur à nostre Evesque de peupler ainsi son Diocese de tant de saincts personnages, que la reputation de sa bonté et de la liberalité y attiroit de toutes les contrées du Royaume. Mais c'eust aussi esté une honte à nostre Province d'emprunter toute sa saincteté des Estrangers, |141| et ne pouvoir trouver dans toute l'estenduë de ses terres quelqu'un de ses habitans qui peust relever sa gloire par l'esclat et la renommée de ses actions vertueuses, et par les miracles de sa vie. Pour nous garantir de ce reproche le Ciel voulut en ces mesmes temps faire naistre dans ce païs sainct Rigomer et sainte Trenestine: Celuy-cy prit naissance dans le Sonnois au mesme lieu où l'on voit encores à present une parroisse située aux extremitez de la forest de Perseigne, qui jusques icy a retenu le nom de ce bienheureux Confesseur. Mais comme l'education est importante pour la conduite de toutes les actions de la vie, il fut dés son enfance instruit par un sage Prestre nommé Launide, sous lequel il fit un merveilleux progrés tant aux lettres qu'à la vertu: Ayant attaint l'aage, Innocent luy donna les ordres de Prestrise, et voyant que son eloquence et sa ferveur luy avoient donné un talent propre pour la Predication, il l'envoya pour convertir ceux qu'il reconnoistroit en son Diocese demeurer encore dans l'ignorance ou dans l'infidelité. Enquoy certes il reüssit si heureusement, qu'en peu de temps il changea un Temple où l'on faisoit des sacrifices aux fausses deitez, en une Eglise où le seul Dieu vivant fut adoré. Ayant esté appellé pour assister une des plus riches et plus honnestes Dames de la province, nommée Trude , dans une griefve maladie: il la guarit par ses prieres et par le moyen d'une huile sacrée dont il luy frotta la teste. Sa fille nommée Trenestine ayant entendu une partie des |142| saincts propos dont Rigomer entretenoit sa mere pour l'exhorter à la patience, estant d'ailleurs persuadée par ses raisons et advertissemens de quitter le monde pour se consacrer à Dieu, elle delibera d'executer ce qu'elle avoit projetté touchant ce dessein: et d'autant qu'elle craignoit les contraintes et les menaces de ses parens qui l'avoient promise en mariage, elle se retira quelque temps dans la solitude de ce sage et devot precepteur, autant pour imiter ses actions et suivre ses conseils, que pour se delivrer de l'importunité ou de la violence de ses plus proches, qui vouloient forcer son inclination d'embrasser un party auquel elle avoit de la repugnance. Mais cette retraite si soudaine et cette trop grande frequentation donnerent bien tost de l'ombrage aux soupçonneux et aux médisans: leur conversation quoy que tres-chaste et innocente fut incontinent prise pour un concubinage scandaleux; ce qui donna sujet aux envieux de semer de faux bruits contre leur honneur, qui esclatterent par tout le Royaume et parvinrent jusques aux oreilles de Clotaire; auquel l'amant de Trenestine avoit desja rendu sa plainte , et s'estoit jetté à ses pieds pour luy demander justice contre un Prestre, lequel ainsi qu'il disoit avoit par ses charmes et par ses prestiges seduit et suborné l'honneur d'une fille qui luy avoit esté promise en mariage. Ce Prince irrité par ces faux rapports,commanda que l'un et l'autre luy fussent amenez sous seure garde: ce qui fut executé, ils furent conduits à Pallaiseau où il estoit avec toute sa Cour. |143| Mais nos deux accusez s'estans justifiez devant luy, tant par leurs defenses pertinentes qu'ils alleguerent de leurs bouches, que par la preuve miraculeuse de deux flambeaux de cire qu'ils allumerent sans les souffler, et sans les approcher d'aucune lumiere, par la seule vertu de leur priere et la confiance qu'ils avoient en Dieu protecteur de leur innocence: Aussi Clotaire ayant reconnu par ces divins témoignages, la pureté de leurs affections, les renvoya non seulement absous de toutes les calomnies dont on vouloit ternir leur reputation, mais en outre les combla de presens pour s'en retourner. Rigomer estant libre et justifié s'en vint au Mans pour visiter l'Evesque Innocent qui avoit embrassé la defense de sa cause contre ses ennemis et calomniateurs: Il le voulut retenir auprés de soy, mais le voyant resolu d'embrasser la vie solitaire, afin de ne s'esloigner de la compagnie, et se seruir quelquefois de son conseil en l'administration spirituelle de son diocese, il luy assigna pour retraite une vallée couverte de bois pour y dresser quelque hermitage, qui estoit seulement distante de la ville de trois lieuës, qui s'appelloit en Latin Vallis sublignea, ou Subligniacum, que nous tournons maintenant en François Souligné sous vallon. Il y bastit une petite Eglise avec deux ou trois cellules pour quelques Confreres qui se retirerent avec luy. Il y demeura quelque temps, vivant avec beaucoup d'austerité: mais enfin estant chargé d'années il rendit son ame à Dieu,le vingt quatricesme d'Aoust: son corps ainsi que témoigne |144| le Cartulaire de sa vie, fut apporté au Mans, sans designer autrement le lieu où il fut enterré. J'apprends neantmoins par la lecture du Testament de S. Bertrand, qu'il y avoit en son temps une Eglise de sainct Rigomer, à laquelle il legua quelque somme comme à toutes les autres qui estoient lors situées dans la ville ou aux environs. Et je ne doute point que ce ne fust celle où l'on avoit deposé le corps de ce glorieux Confesseur, qui depuis par la rigueur des temps et le changement des siecles a peut-estre tellement esté démolie, qu'on a tout à fait perdu la memoire de son nom et du lieu où elle avoit autresfois esté bastie.
  • Trenestine ayant semblablement justifié son innocence se vint jetter aux pieds de nostre Evesque, et par son entremise fit dresser entre la riviere de Sarthe et les murailles de la ville, au pied du plus roide et plus penchant de la montagne, un hospice qu'elle dedia en l'honneur de Nostre-Dame et sainct Estienne. Depuis Haregaire son pere et Trude sa mere voyans qu'on ne la pouvoit destourner du vœu qu'elle avoit fait de se consacrer à Dieu tout le reste de sa vie, firent changer cet Oratoire en un petit Convent, et pour le dotter assignerent tous leurs biens meubles, immeubles, et tout ce qui leur pouvoit appartenir, à la charge que les filles qui y seroient receuës s'employeroient à loger les estrangers et traitter les malades qui viendroient pour faire leurs devotions à l'Eglise Cathedrale, de laquelle ils les rendirent tellement sujettes et tributaires, qu'ils voulurent |145| qu'elles fussent specialement destinées à nettoyer les paremens et les Chasubles à blanchir le linge qui servoit d'ordinaire à l'Autel, et lauer les surplis, aubes, nappes, et autres draps d'Eglise. Ils voulurent de plus qu'elles payassent tous les ans pour reconnoissance certaine quantité d'huile et de cire pour l'entretien du luminaire, et une livre d'argent de rente: et parce que le Monastere estoit basty sur un fond dépendant de l'Eglise de S. Geruais, ils l'assujettirent à la jurisdiction de l'Evesque et de ses successeurs; et voulurent que les filles qui l'habiteroient ne fussent qu'usufruitieres et dispensatrices du revenu, avec defense de rien aliener sans l'exprés consentement du Diocesain et de ses Chanoines. On void dans les registres du Pontifical les autres conditions de la fondation de cette Eglise, qui estoit comme il est à presumer par la description de son assiette et de son emplacement, au mesme lieu où l'on void à present la parroisse de Nostre-Dame de Gourdaine. Les corps de sainct Rigomer et de saincte Trenestine ont esté quatre ou cinq cens ans aprés leur deposition transferez en l'Abbaye de Maillesais en Poitou, laquelle ayant depuis esté changée en Evesché, ils ont esté honorez comme patrons de l'Eglise Cathedrale qui celebre tous les ans leur feste avec solemnité.
  • [Saisie de Bernard Gineste, 2021]

10. Note de Symphorien Guyon sur une relique de sainte Ténestine (1650)

  • XVIII. En cette mesme année 1216. fut parachevé l'édifice de l'Eglise de la Cour-Dieu, Abbaïe de l'Ordre de Cisteaux, ainsi nommée au Diocese d'Orleans, la fondation de laquelle a esté racontée au Siecle precedent. L'Evesque Manasses dedia solennellement cette Eglise le quatorziesme jour de Juillet de cette mesme année, et consacra le grand Autel au vray Dieu, sous l'invocation de la glorieuse Vierge Marie speciale patronne de tout l'Ordre de Cisteaux, et de sainct Jean Baptiste patron de tous les solitaires. Il mit en cét Autel diverses pretieuses Reliques, sçauoir du vestement duquel estoit revestuë nostre Dame lors qu'elle enfanta le Sauveur du monde, quelques Reliques de sainct Jean Baptiste, et de sainct Pierre, de sainct Laurent et de sainct Maur martyrs; des Saincts Innocens,de la poudre du corps de sainct Benoist, de sainct Malachie et de sainct Bernard Confesseurs, de la coste du sainct Roy Baltassar, l'un de ceux qui adorerent le fils de Dieu nostre Seigneur en son enfance, de saincte Anne, de Saincte Cecile, de Saincte Symphorose martyre, et de saincte Tenestine Vierge. L'Autel de S. Agnan, et l'Autel de S. Benoist, qui estoient en cette Eglise, avoient esté consacrés par Manasses de Garlande Euesque d'Orleans, avant que l'Eglise fust parachevée; l'Autel de S. Jan l’Evangeliste, et l'Autel de S. Martin furent consacrés par l'Evesque d'Orleans Henri de Dreux; l'Autel de sainct Estienne fut sacré par nostre Evesque Manasses de Signelay, celuy de sainct Laurent par Odon ou Eudes Evesque de Paris, et celuy de S. André par Gautier Evesque de Chartres.

11. Récit de Jean Bondonnet, Grand cellérier à Saint-Vincent du Mans (1651)

  • Tous ces saincts Confesseurs n'estoient pas originaires de cette Province, mais en voicy deux qui y ont pris naissance, Rigomer et Trenestine, et qui ont montré que nostre terre n'estoit pas si ingrate qu'elle ne cachast en son sein des |169| semences de sainteté, pour les faire germer, et produire d'excellents fruits dans la commodité de la saison.
  • Saint Rigomer prit naissance dans le Sonnois au bord de la forest de Perseigne, ou l'on void encore aujourd'huy une paroisse qui porte son nom. Il apprit les lettres avec la vertu sous l'instruction d'un Prestre nommé Launide. Quand il eut atteint l'âge, sainct Innocent le fit Prêtre, et ayant reconnu sa capacité luy donna la charge d'aller prescher dans son diocese et de travailler à la conversion des infideles, en quoy il reüssit si heureusement qu'il consacra un temple de leurs idoles au culte du vray Dieu.
  • Il guarit par ses prieres une des plus riches et honnestes Dames de la province nommée Trude, et comme il l'entretenoit de plusieurs discours spirituels, sa fille Trenestine qui estoit presente, et accordée à un jeune homme de sa condition y prit tant de goust, que dés lors elle fit resolution de quitter le monde pour se consacrer toute à Dieu. Elle abandonna donc la maison de ses parents, et se retira dans la solitude de saint Rigomer, afin d'apprendre d'un si bon maistre les rudiments de la vie spirituelle. Cette retraite si soudaine, et la frequentation ordinaire qu'elle avoit avec le Sainct donnerent occasion de mille faux bruits qu'on sema contre leur innocence: et principalement son amant picqué de jalousie et de depit de se voir meprisé, les accusa au Roy Childebert, et se jettant à ses pieds luy demanda justice contre un Prestre, qui par ses charmes avoit desbauché sa maîtresse qui luy estoit accordée. Ce Prince commande qu'on les luy amene en seure garde. Ils luy furent donc presentez à Palaiseau où il estoit avec sa Cour, où ils luy rendirent compte de leurs actions pures et chastes, avec tant d'efficace qu'aprés avoir miraculeusement allumé par la vertu de leurs prieres deux flambeaux esteints, en confirmation de leur innocence, le Roy tout content et satisfait les renvoya, absous de toutes calomnies, et les honora de quantité de riches presents.
  • Rigomer s'en revint au Mans pour visiter saint Innocent, qui ne l'ayant pû retenir auprés de soy, ny luy oster la resolution qu'il avoit prise d'embrasser la vie solitaire |170| ne voulut pas neantmoins l'éloigner beaucoup, mais il luy assigna une demeure à trois lieues du Mans en une vallée toute couverte de bois qui s'appelloit en Latin Vallis sublignea, ou Subligniacum, qu'on dit en François Souligné sous Vallon: il y bastit une petite Eglise avec deux ou trois cellules pour quelques Confreres, qui se retirerent avecque luy, où ayant achevé le reste de sa vie avec beaucoup d'austerité, il rendit l'esprit à Dieu le vingt-quatriéme d'Août. Son corps fut apporté au Mans, et mis en une Eglise qui fut bastie, et dediée en son nom, et qui a esté tellement démolie qu'on ne sçait plus aujourd'huy l'endroit où elle a esté construite.
  • Sainte Trenestine aprés avoir aussi esté justifiée, se vint jetter aux pieds de S.Innocent, qui luy fit dresser un hospice entre la riviere de Sarthe, et le pied de la montagne, sur laquelle la ville est située, et le dedia en l'honneur de Nostre-Dame et de saint Estienne. Depuis, son pere Haregaire et Trude sa mère y firent bastir un Convent de filles, qu'ils doterent de touts leurs biens, à la charge qu'elles s'employeroient à loger les pelerins qui venoient en voyage faire leurs dévotions à la grande Eglise, et à les traiter quand ils seroient malades. Il les obligea pareillement d'avoir soing de tenir proprement tous les paremens et ornemens de l'autel, et de blanchir tout le linge qui servoit à l'Eglise. Saincte Trestine vescut et mourut saintement en ce Convent, qui est aujourd'huy une des paroisses de la ville sous le nom de Gourdaines. Son corps et celuy de sainct Rigomer ont esté transferez en l'Abbaye de Maillezais en Poitou, qui est une Eglise Cathédrale et y sont honorez comme les Patrons.
  • [Saisie de Bernard Gineste, 2021]

12. Récit de Simon Martin (1652)

  • 26. Aoust.
  • Sainte Trenestine, vierge du Mans.
  • Un S. Prestre, appellé Rigomer fleurissoit au pays du Mans dans les commancemens du sixiéme siecle, lors que le S. Evesque Innocent gouvernoit prudemment cette Eglise: lequel estant tres-bien informé des riches talens et des grâces qui estoient en ce bon Prestre, il luy donna la charge de prescher par tout son Diocese, et d'y travailler soigneusement à la conversion des ames.
  • Fruit de la Prédication de S. Rigomer.
  • En quoy reüssit avec tant de bonheur, qu'en peu de jours il changea une mosquée des Idoles en un Temple du vray Dieu, qu il procura de luy estre consacré. Et comme le bruit de ses vertus couroit pat toute la Province, un Seigneur de qualité en ce mesme pays, appellé Haregaire, voyant sa femme, nommée Trude, malade à l'extrémité d'une véhémente fièvre, il manda ce S. Prestre en sa maison, afin de l’assister.
  • Conversion de sainte Trenestine.
  • Ce qu'il fit, mais avec beaucoup d'avantage, car non seulement il guérit la malade de ses fièvres, mais de plus, il fit fi bien par ses discours, qu’une jeune Demoiselle, appellée Trenestine, fille des mesmes Haregaire et Trude, conceut le dessein de demeurer à jamais vierge, pour les excellences qu'elle oyt prescher à ce bon Prestre de la virginité au dessus du mariage.
  • Sa retraite en la Solitude.
  • Dans ce dessein,la pieuse fille craignant les contraintes et les menaces de ses parens, qui l’avoient désja promise en mariage à un jeune Gentil-homme, elle abandonna la maison de son pere, et s'enfuit |760| la mesme Solitude, où se retiroit le S. Prestre Rigomer, afin d’y mieux apprendre de luy les rudimens de la vie spirituelle.
  • Innocence accusée.
  • Mais cette retraitte si subite, et cette hantise si familière de la fille avec le Prestre, fut bien-tost interprétée en la mauvaise part, et quoy que leur conversation fût tres sainte et tres-innocente, plusieurs ne feignirent point de l'appeller publiquement un concubinage scandaleux. Mais sur tout, le fiancé, picqué de dépit et de jalousie pour se voir mêprisé,les accusa,comme criminels au Roy Childebert, qui estoit alors en son chasteau de Palaiseau à quatre lieuës de Paris. Où cét amant se jettant aux pieds de sa Majesté, il luy demanda justice contre un Prestre, qui par ses charmes et ses sortileges avoit débauché sa Maistresse, qui luy estoit accordée de bonne foy sous le titre de Mariage. Sur quoy, le Prince faisant droit, il commanda que l'un et l'autre, le Prestre et la fille luy fussent emmenés, afin, ou de les convaincre et les punir, s’il estoit ainsi qu'on les accusoit, ou de les renvoyer absous, s'ils estoient innocens. Ce qui fut fait, car Rigomer et Trenestine furent emmenez, sous seure garde jusques à Palaiseau, où estoit le Roy avec toute sa Cour, et luy furent presentez.
  • Innocence reconnue.
  • Mais les deux accusez se justifierent si pleinement devant sa Majesté qu’il ne demeura aucun lieu de doute ny de soupçon touchant leur innocence. Car non seulement ils alléguèrent des deffenses pertinentes de leurs propres bouches: mais aussï par la preuve miraculeuse de deux flambeaux de cire, qu ils allumerent par leurs seules prières, sans les approcher d’aucune autre lumière ny du feu.Dequoy le Roy estant trces-satisfait, non seu­lement il les renvoya absous de toutes les calomnies, dont on vouloit ternir leur reputation, mais de plus, il les honora de quantité de presens avant que de les congedier.
  • Solitude de S. Rigomer.
  • Cela fait, l'un et l'autre s'en retournerent au Mans, où par l'ordre du S. Evesque Innocent, le Prestre S.Rigomer se retira à trois lieues de la ville, en une vallée toute couverte de bois, que l'on appelle en latin, Vallis sublignea, ou Subliniacum, et François, Souligne sous Vallon, où il bastit une petite Eglise avec deux ou trois cellules pour quelques Confrères, qui se retirèrent avecque luy, où ayant achevé le reste de sa vie avec beaucoup d'austeritez et de penitences, il deceda saintement le vingt-quatrième d'Aoust, vers le milieu du sixiéme siecle.
  • Solitude de sainte Trenestine.
  • Quant à sainte Trenestine, apres avoir |761| esté aussi justifiée, elle s’alla jetter aux pieds de son Evesque S.Innocent; il luy fit dresser un hospice entre la riviere de Sarthe et le pied de la montagne, sur laquelle la ville est située, et le dédia en l’honneür de Nostre Dame et de S. Estienne; où la sainte fille demeura quelques années Solitaire et comme Recluse. Mais depuis, ses parens voyans sa resolution, et qu’il n'y avoit pas d’apparence de la retirer jamais du service d’un si grand Maistre, qu’estoit l'Epoux, à qui elle s’estoit donnée, ils y firent bastir un Convent de filles, qu’ils doterent de tous leurs biens. Quoy qu’à cette charge: qu’ellcs logeroient les Pelerins, qui venoient en voyage faire leurs dévotions à la grande Eglise; et qu’elles les traitteroient, quand ils seroient malades. Et de plus, quelles auroient le soin de tenir proprement tous les paremens et les ornemens de l’Autel, et de blanchir tout le linge de la mesme Eglise.
  • Son deces.
  • Tels furent les employs de sainte Trenestine pour le reste de sa vie, qu'elle acheva en paix dans ce mesme Monastere, qui est aujourd’huy une des Paroisses de la ville sous le nom de Gourdaines.
  • patrone de Maillezais.
  • Depuis, son sacré corps avec celuy de son Pere Spirituel S. Rigomer ont esté transferez en l’Abbaye de Maillezais en Poictou, laquelle ayant depuis esté changée en Evesché, ces deux Saints y font honorez en qualité de Patrons Titulaires, d’où en suitte leur memoire y est tres-celebre, comme aussi par tout l’Evesché du Mans, ainsi qu'il est marqué au nouveau Martyrologe des Saints de France, et plus amplement dans le Recueil de l'histoire des Evesques du mesme Mans, tant par le sieur de Courteilles Avocat, que par Dom Jean Boudonnet Benedictin, desquels j’ay formé cét abrégé, d’où nous pouvons apprendre pour Maxime: Combien est fort le témoignage de la bonne conscience, ce qui me fera conclure par ces mesmes paroles de S. Paul.
  • Que nostre gloire ne consiste ailleurs, qu'au témoignage de nostre conscience.

13. Édition par Philippe Labbé du récit de la translation des reliques de Rigomer (1657)

  • Syllabus eorum quæ in tomo II Novæ Bibliothecæ Mss. librorum sive Corpore Rerum Aquitanicarum, continentur.
  • Sectio prima
  • […]
  • V.
  • Petri Malleacensis Cœnobii Monachi ad Goderannum Abbatem Malleacensem libri duo de Antiquitate et commutatione in melius Malleacensis insulaæ, et translatione corporis sancti Rigomeri: sive, qualiter fuit constructum Malleacense Monasterium et corpus sancti Rigomeri translatum. Ex eodem Codice Ms.Beslyano. pag. 222.
  • VI.
  • De Monasterii Malleacensis deuastatione facta à Gaufrido de Leziniaco Narratio scripta circa annum 1230. ab Anonymo eiusdem loci Monacho, qui turbis illis præsens interfuit; cum Diplomate Gregorii IX. Papæ de compositione litis ac controuersiæ illius inter Malleacensem Abbatem et Gaufredum Leziniacensem, Dominum Volventi et Maireventi, dato Spoleti Kalend. Maii anno MCCXXXII. Pontificatus ejus anno sexto. Eodem Codice Ms. Beslyano. Pag. 238
  • […]

14. Récit de Charles Le Cointe (1665)

  • Richomerus
  • Richomerus2) natus est in pago Sonnensi3), qui pertinet ad Episcopatum Cenomanensem; puer sub Launido Sacerdote plurimùm profecit; ab Innocentio Episcopo Presbyter ordinatus liberam facultatem accepit prædicandi verbum Dei per universam Diœcesim; templum ubi sacrificia Dæmonibus fieri consueverant, in Ecclesiam convertit, ubi Deus verus inposterum coleretur; Trudam prædivitem fœminam, quæ gravi morbo laborabat, sacro oleo quo caput illius unxit, et precibus quas pro illius incolumitate fudit, ad pristinam valetudinem revocauit. Trenestina [sic] Trudæ filia, quæ sæpè Richomerum de rebus diuinis colloquentem audierat, ubi matrem novo prodigio sanitati redditam vidit, illicò secularibus pompis nuntium remittere decrevit, et Richomerum secuta dum ad nuptias quærebatur, in eremo aliquandiu delituit. Eâ re detectâ Richomerus quasi fictæ pietatis dolo puellam decepisset ac constuprasset, vocatus est in judicium cum Trenestina coram Childeberto Rege, apud quem cùm uterque suam innocentiam non sermonibus modò sed et miraculis comprobasset, Richomerus Innocentium Episcopum adiit, ab eóque vallem subligneam sive Subligniacum4) obtinuit, ubi Oratorium construxit cum duabus aut tribus cellulis pro totidem sodalibus terciâ leucâ ab urbe primaria Cenomaniæ, Trenestinæ verò Innocentius inter Sartham fluvium ipsamque civitatem locum concessit, ubi in honorem beatissimæ Virginis ac Stephani protomartyris erectum primò fuit Oratorium, deinde Monasterium virginum, cui parentes Trenestinæ Haregarius et Truda facultates suas concesserunt iis legibus, ut Moniales peregrinos, qui sanctorum Gervasii ac Protasii Basilicam orationis causâ ex remotis oppidis ac pagis adibant, hospitio exciperent, eorumdémque, si fortè in morbum inciderent, curam singularem haberent, ac prætereà tergendis lavandísque ipsius Basilicæ ornamentis sedulò invigilarent. Lege Corvaisierum in Innocentio Episcopo, et observa eo loci Clotario, qui perperàm ex Scriptoris calamo cecidit, expuncto Childebertum à Bondonneto ritè restitui, quia quandiu Innocentius apud Cenomanos sedit, Cenomania5) Childeberto Regi morem gessit.
  • [Saisie de Bernard Gineste, 2021]

15. Remarque de Jean Mabillon (1672)

  • Richmirus, alius à S. Rigomaro seu Rigomero S. Tenestinæ patre spiritali itidem apud Cenomannos in Gallia, scriptorem Vitæ sortitus anonymum, sui temporis fere æqualem, ut qui superstite Arrio Abbate Richmiri successore huic scriptioni manum admovit, ex. num. 18.

16. Vie des saints par François Giry (1685)

  • Le vingt-quatriéme jour d'aoust. […] Dans le Maine, de saint Rigomere confesseur. […]
  • Le vingt-sixiéme jour d'aoust. […] A saint Benoît sur Loire, de sainte Tenestine vierge, qui vecut dans une admirable sainteté en un monastere qu'elle avoit fait bâtir auprés de la ville du Mans, sous la conduite de saint Innocent et de saint Domnole évêques: son corps aprés sa mort a été transféré en cette Abbaye, et repose auprés des ossemens du saint Patriarche des Religieux d'Occident. […]

17. Erreur de Claude Chastelain (1705)

  • Ricmirus
  • v. 710. S. Rigomer, etc. Bollandus doute s'il est le même que celuy que Bellin, Molan, Canisius, et Ferrarius, ont mis le 24 d'Aoust sous le nom de Rigomârus. En conférant sa Vie donnée par le même Bollandus avec les Actes des Evéques du Mans donnez par Dom Mabillon au 3ᵉ tome de ses Analectes, on voit qu'il est le même: et je m'y étois trompé dans l'Hagionomasticon que feu M. Ménage m'avojt demandé pour mettre à la tête de son Dictionaire-Etymologique. Du-Saussay s'y étoit trompé auparavant, l'aïant mis sous le nom de Rigomêrus le 24ᵉ d'Aoust, et sous le nom de Richmîrus le 14 de Février sans donner la raison du choix de ce jour.
  • Le 24ᵉ d'Aoust est le jour de sa Translation, et c'est principallement ce jour-là qu'à-cause de la commodité de la saison sa feste se célèbre dans la plupart des lieux où il est honoré, et sur tout à Maillezais en Poitou où il est Patron.
  • Il est nommé Ricmîrus sans h dans tous les manuscrits où on a trouvé de sa Vie jusqu'à-présent, l'un à Saint-Victor de Paris, l'autre à Saint-Cornille de Compiegne, un autre à la Rivour en Champagne, un quatrième dans une Eglise de Normandie d'où le P. Flouet Jesuite en envoya une copie à Anvers. Celuy qui l'a écrite se dit contemporain d'Arrius successeur immédiat de S. Rigomér. On y voit que ce Saint, attiré par la réputation de Gilbert Evêque du |322| Mans quita la Touraine pour aller demander à cet Evêque quelque lieu dans son Diocêse pour bâtir un Ermitage; Thierry, fils de Ste Bathilde,étant pour lors Roy de France. Cet Evêque luy aïant conféré l'Ordre de Prêtrise, luy donna permission de prêcher dans son Diocêse, et de s'établir où il voudroit. Il choisit un lieu sur le Loir, dit Tourdemenche, où une veuve nommée Cate luy donna des terres. Il s'établit ensuite en un autre endroit, sur la petite rivière de Gondre, où l'Evêque du Mans dédia l'Eglise en l'honneur de S. Pierre, et y assembla quarante Moines. Peu après, cet Evêque aïant fondé un Monastere de filles en l'honneur de St Aubin à la Porte du Mans sos la Règle de S. Benoist, il en donna la conduite à S. Rigomér. Après s'en être acquité durant quelque temps avec grande édification, il retourna à la cellule; où un de ses Religieux nommé Dodon qu'il trouva aveugle, luy aïant raconté qu'une nuit à l'issue de Complies cet accident luy étoit arrivé tout d'un coup, il le fit prosterner devant l'Autel pour faire sa prière, et luy frotta les yeux d'huile sacrée dont il fut guéry. Les Eulogies qu'il donna à un autre nommé Sylvain, le guérirent de la fievre-quarte. L'Auteur dit ensuite que S. Rigomér étoit toujours habillé pauvrement et que sa nourriture étoit fort modique; qu'en Carême il ne mangeoit que du pain d'orge et des chodes seiches: que sa pratique étoit de vivre du travail de ses mains: et qu'il mourut le 16 des Calendes de Février… Arrius, continue-t-il, qui luy a succêdé, gouverne encore aujourdhuy sous l'Evêque avec beaucoup de régularité.
  • On peut remarquer dans cette Vie, que l'Evêque du Mans qui y est nommé Gilbert est le même que celuy qui est nommé Aglibert dans les Actes des Evêques du Mans, où il est écrit qu'il fonda un Monastere à la Porte du Mans près de la Sarte. Ce Monastere est l'Abbayïe du Pré, dont la première Religieuse fut Ste Tenestine, honorée à Maillezais avec S. Rigomér, qui eut la conduite de ce même Monastere dit pour lors Saint- Aubin, et quelquefois Notre-Dame: et dont fut Abbêsse Ste Adenette parente du même Aglibert, comme on le lit en une Charte de cet Aglibert rapportée en ces mêmes Actes des Evêques du Mans, et datée de l'an VIᵉ du règne de Childebert.
  • Il y a encore à y remarquer que Complies y sont comptées entre les Heures de la nuit. Et véritablement neuf heures au soir ou environ, qui est le temps de faire cette prière du coucher, sont plus de la nuit que du jour.
  • Le lieu de son second établissement, qui n'est pas nommé |323| dans sa Vie, s'appelle Souligné, Sublignacum. Ce fut en ce lieu qu'il mourut.
  • [Saisie de Bernard Gineste, 2021]

18. Répertoire des additions au martyrologe d'Usuard par du Sollier (1714)

  • Augusti
  • IX Kal. — Die 240
  • Auctaria. […]
  • Deaveron. Cenomannis, beati Rigomeri presbyteri et confessoris. […]
  • Editio Lubeco-Col. […] Cenomannis, beati Rigomeri presbyteri et confessoris. […]
  • Belin. […] In pago cenomanico sancti Rigomari confessoris et beatissimæ Tenestinæ. […]
  • Greven. […] Cenomannis, beati Rigomeri presbyteri et confessoris. […]

19. La Vie des saints par Claude Proust (1724)

  • Le vingt-sixiéme jour d'aoust. […] A saint Benoît sur Loire, de sainte Tenestine vierge, qui vecut dans une admirable sainteté en un monastere qu'elle avoit fait bâtir auprés de la ville du Mans, sous la conduite de saint Innocent et de saint Domnole évêques: son corps aprés sa mort a été transféré en cette Abbaye, et repose auprés des ossemens du saint Patriarche des Religieux d'Occident. […]

20. Premières recherches de Jean Lebeuf (1739)

  • Raisons qui prouvent la distinction de deux Saints Personnages, morts au pays du Maine, qui ont été confondus par M. l'Abbé Chastelain; avec l'indication d'un Temple du Paganisme, qui étoit au sixiéme siécle en ces quartiers-là, de celle d'un ancien Palais de nos Rois, proche Paris.
  • Pendant que je suis sur le pays du Maine, je croy devoir écrire sur un article de l'Histoire Ecclésiastique |194| ce pays-là, que quelques auteurs de nos jours sont à la veille d'embroüiller. Ce n'est ni Courvaisier,ni Bondonnet, Historiens du Mans, qui donnent dans la l'erreur sur cet article: ce sont quelques-uns de nos modernes, et même des plus célébres dans l'Hagiologie. Comme je me suis toujours fait un véritable plaisir, de donner avis aux Continuateurs de Bollandus, des actes de Saints que je trouvois dans mes recherches; les voyant fort avancés dans la collection des Légendes du mois d'Aoust, je n'ai pas manqué de les avertir que j'avois trouvé une vie d'un S. Rigomer du pays du Maine, dont la Fête tombe au 24. de ce mois, laquelle me paroissoit n'être imprimée nulle part. Voici ce que me répondit l'an passé sur cet article, le Reverend Pere Guillaume Cuper.
  • “Pour ce qui est de S. Rigomer du Mans, je croy qu'il est le même que nous avons donné le 17. Janvier, puisque M. Chastelain dans ses Notes sur ce Saint au 17. Janvier, écrit de la sorte. Bollandus doute s'il est le même que Bellin, Molan, Canisius et Ferrarius, ont mis le 24. |195| d'Aoust sous le nom de Rigomarus. En conferant la vie donnée par le meme, avec les actes des Evêques du Mans, donnés par Dom Mabillon au troisiéme tome de ses Analectes; on voit qu'il est le même: et je m'y étois trompé dans l'Hagionomasticon, que feu M. Ménage m'avoit demandé pour mettre à la tête de son Dictionnaire Etymologique. Du Saussay s'y étoit trompé auparavant, l'ayant mis sous le nom de Rigomerus le 24. d'Aoust, et sous le nom de Richmirus le 14. de Fevrier, Sans donner la raison du choix de ce jour. Le 24. d'Aoust est le jour de la Translation: c'est principalement ce jour-là, qu'à cause de la commodité de la saison, sa Fete se célebre dans la plupart des lieux où il est honoré, et surtout à Maillezais en Poitou, où il est Patron. D'icy vous voyez, Monsieur, que c'est apparemment le même S. Rigomer, dont vous avez trouvé la vie.”
  • Après cette réponse du sçavant Jesuite, je n'ai aucunement douté qu'il n'eût pris le parti de faire de S. Rigomer et de S. Richmir, un seul et même |196| personnage, fondé sur le sentiment de M. l'Abbé Chastelain, qui après les avoir distingué autrefois, s'est avisé en 1706. de les confondre. J'appréhenderois que le pays du Maine n'y perdit, si ce sentiment venoit à être reçû: et quoique ce pays ait été fort fertile en Saints, je ne veux lui en ôter aucun, et je suis dans le dessein de montrer que S. Rigomer doit être distingué de S. Richmir.
  • Ici, contre mon ordinaire, je paroîtrai suivre du Saussay, et abandonner M. Chastelain, dont j'ai toujours respecté infiniment les lumieres. Mais du Saussay a quelquefois été bien servi; et je n'ai jamais prétendu que dans son Martyrologe Gallican, il y eût autant de fautes que d'articles. Que s'en soit une par exemple, de ce qu'il a placé S. Richmir le 14. Fevrier, au lieu du 17. Janvier; ce n'en est pas pour cela une, de l'avoir distingué de S. Rigomer, puisqu'en effet ils doivent être différens l'un de l'autre. Or voici, comment j'espére démontrer cette différence.
  • Elle ne consiste pas seulement dans le nom: de ce côté-là , elle n'est pas |197| assez grande; car ils sont tous les deux teutoniques: mais elle consiste dans le tems auquel ces deux personnages ont vécû, et dans les actions de leur vie qui sont toutes différentes. Commençons par S. Richmir, puisque sa vie est déja imprimés dans Bollandus au 17. Janvier.
  • On y lit que ce Saint vint de la Touraine, se retirer dans le pays du Maine; et qu'après avoir salué l'Evêque Agilbert, fait quelques stations pour trouver une solitude qui lui convint; il arriva enfin sur la riviere du Loir, dans un lieu qui fut nommé depuis Turris Dominica, et qui alors étoit inculte. De-là il passa dans un autre endroit, qui étoit peu éloigné, il s'arrêta sur un petit ruisseau nommé Gundridus: il y bâtit un Monastére, que le même Evêque du Mans dédia sous le nom de S. Pierre. Quelque tems après, ce Prélat l'appella pour conduire un Monastere de Religieuses, qu'il venoit de bâtir proche la porte du Mans, sous le titre de S. Aubin. Il y alla: et après avoir gouverné quelque tems ces Religieuses, il revint à son premier Monastére de S. Pierre, où il continua de |198| vivre dans une grande austerité et mourut le 17. Janvier, au commencement du huitiéme siécle. Il y a un village du nom de S.-Rimé proche Montoir au Diocèse du Mans, à demie lieuë du rivage méridional du Loir; et c'est S. Ricmirus qu'on y regarde comme Patron. Les Religieux de Marmoutier croyant que son corps pouvoit être encore en ce lieu, firent chercher dans une cave de la Paroisse, où l'on dit qu'il étoit mort, laquelle sert à present de grange, et ils n'y trouvérent rien. C'est ce qui peut confirmer la pensée que j'ai eu sur ce village; je croy que ce fut le lieu de la première retraite du Saint; et qu'ayant passé en fuite le Loir, il s'arreta à une lieuë de là sur un petit ruisseau, à la source duquel est le Prieuré de Gandry, qui tire sans doute son nom du ruisseau Gundridus. Ceci est d'autant plus vraisemblable, que la Paroisse de Fontaines où est situé ce Prieuré, et où ce ruisseau prend sa source, est du titre de S. Pierre. Je croirois que c'est là le lieu où fût le Monastére de S. Pierre , et où S. Ricmir mourut. Peut- être y repose-t'il encore dans un lieu inconnu. Dom |199| Mabillon6) avoit pensé que Saint Ricmir avoit demeuré dans le lieu appellé Court-Demanche au Maine, lequel est peu éloigné de la riviere du Loir, et dont le nom ressemble assez à celui de Turris Dominica. Mais il marque qu'après toutes les lettres qu'il a écrites, tant au Mans qu'en ce lieu là; tout ce qu'il a pû en apprendre, est que ce Saint n'étoit aucunement connu dans ce village, et qu'à peine le connoissoit-on au Mans. Ce sçavant ajoute, que son Monastére du titre de S. Pierre, fut apparemment l'un des trente-six que l'Evêque Gauziolen détruisit. Le Monastére du Mans, dont S. Ricmir avoit eu la conduite pendant quelque tems, fut aussi du même nombre. De sorte qu'il y a bien des siécles, que S. Aubin du Mans n'est plus un Monastére, mais seulement une Paroisse.
  • S. Rigomer n'étoit point étranger, par rapport au pays du Maine; aussi у est-il bien plus connu. Il y étoit né dans le canton qu'on appelle le Sonnois, in Condita Sagonensi. Un S. Prêtre appellé Launild, prit soin de son éducation; et il fit tant de progrès dans les lettres et dans la vertu, qu'il fut revêtu du Sacerdoce. |200| En cette qualité, il annonça par tout où il pût dans ce pays-là, la parole de Dieu: il exhortoit sur-tout les gens de la campagne, à ne point faire de vœux aux fontaines ni aux arbres, mais à recourir plutôt aux Eglises et aux Prêtres, et à leur demander de l'huile bénite pour la guérison de leurs maladies. Lui-même administra l'onction aux malades qui l'en prioient, et il en guérit plusieurs. Il apprit qu'assés près de-là étoit un Temple d'idoles, que le peuple appelloit Mori fanum, où les paysans alloient porter des offrandes. Il fit la recherche de ce lieu, avec quelques-uns qui secondoient son zéle; il y prêcha si efficacement contre l'idolâtrie, que les habitans détruisirent ce Temple des faux dieux, et élévérent une Eglise dans le même lieu, où maintenant, dit l'auteur de la vie, on les voit apporter leurs offrandes au vrai Dieu. Rigomer ayant été appellé pour guérir une Dame de qualité appellée Truda ou Trudana, et lui ayant admi nistré les onctions salutaires, avec les exhortations accoutumées, la fille de cette Dame qui s'appelloit Tenestine, conçut beaucoup de goût pour la parole |201| de Dieu, et le pria de venir quelquefois l'instruire. Pendant qu'il la formoit à la piété, les langues malignes de ces quartiers-là, la diffamérent dans le public: de sorte que celui qui la recherchoit en mariage, fit répandre de mauvais bruits contre lui jusqu'à la Cour. Rigomer et Tenestine furent mandés à Palaiseau proche Paris, où étoit alors le Roi Childebert I. et là, ils furent justifiés par un miracle qui arriva en presence du Prince, et qu'on peut lire dans la vie latine ici jointe. Childebert leur donna à l'un et à l'autre un territoire au Maine, pour y bâtir un Monastére, ce qui fut fait de concert avec Saint Innocent alors Evêque du Mans. Tenestine reçut le voile des mains de ce Prelat: elle vit les commencemens d'un petit Monastére qui fut bâti sous ce Saint Evêque, et sous S. Domnole son successeur, entre la riviere et les murs du Mans; et elle fit en sorte, que l'Evêque détacha une des terres de cette nouvelle maison appellée Souligné, afin que Rigomer y construisît une cellule. L'auteur de la vie touche ici en général leurs aumônes, et autres bonnes œuvres, et finit |202| en disant que les corps de Rigomer et de Tenestine reposoient dans la ville du Mans, où ils étoient fort honorés par le Clergé et par le peuple. Quant à Sainte Tenestine, il ne dit pas quel jour elle mourut; mais il marque expressément que la mort de S.Rigomer arriva le 24 jour d'Aoust. Tous les exemplaires du martyrologe d'Usuard rapportés par les Jesuites d'Anvers, le qualifient de Prêtre, et non pas d'Abbé. Aussi ne voit-on pas qu'il ait conduit des Moines, comme fit S. Ricmir; et Dom Mabillon ne l'a aucunement mis dans le rang des Saints Religieux, s'étant contenté de parler une seule fois de lui 7), et de dire que Saint Richmir est différent de S. Rigomer, pere spirituel de Sainte Tenestine. S. Richmirus alius à S. Rigomaro seu Rigomero S. Tenestinæ patre spirituali.
  • Ne peut-on pas dire après cela, qu'il y a une différence totale entre ces deux vies, et par conséquent entre S. Richmir et S. Rigomer? La différence de tems est très sensible; puisque l'un vivoit sous l'Evêque S. Innocent et, fut contemporain du Roi Childebert I. l'au tre au contraire ne vécut que sous |203| Aglibert Evêque du Mans, c'est-à-dire sur la fin du septiéme siécle, et vers le commencement du huitième: de sorte que S. Rigomer précéda S. Richmir de cent cinquante ans. Aussi Saint Bertran Evêque du Mans, qui mourut en 623. fit-il un legs à la Basilique de S. Rigomer Basilicæ S. Richomeri: ce qu'il n'auroit pû faire, si ce Saint ne fût mort que dans le siécle suivant.
  • Quoique la différence du culte rendu à deux Saints, ne les distingue pas aussi parfaitement que l'Histoire de leur vie; je ne laisserai pas de dire un mot du culte rendu à S. Rigomer, afin que la différence des deux Saints de vienne encore plus sensible. La Fête du 24. Août est si véritablement celle de la mort de Saint Rigomer, et non pas celle de la Translation de S. Richmir comme l'a cru M. Chartelain, qu'elle est marquée conjointement avec celle de S. Oüen Evêque de Rouen, dans les anciens calendriers du Mans. Or personne ne doute que le 24. Août ne soit le jour de la mort de S. Oüen. A l'Abbaye de Ferriéres dans le Diocèse de Sens, où l'on posséde de ses reliques , ainsi que la marqué Morin |204| dans son Histoire du Gâtinois; on ne la celebre que le 25. depuis deux cens ans au moins, à cause de la Fête de S. Barthelemi. Le culte de S. Rigomer fût étendu plus loin que le Diocèse de Sens, puisqu'il est Patron de Maillezais en Poitou. On peut voir dans le P. Labbe8), comment son corps fut enlevé de son Eglise du Mans l'an 1014. par Théodelin Abbé; la part que le Comte du Mans eût à cet enlevement, la déclaration que ce Seigneur avoit faite qu'il existoit des Actes de ce Saint, et celle que fait Pierre Moine de Maillezais qui a corrigé cette vie. Cette derniere circonstance peut faire croire que ce Religieux qui vivoit au XIᵉ siécle, loin de corriger cette légende, l'aura gâtée, et aura peut être mêlé les faits marqués dans celle de S. Richmir, avec ceux de S. Rigomer 9). Je n'ai point vû cette vie; mais celle que je donne ici, est plus ancienne. Quoiqu'il en soit, je ne connois aucune Eglise hors du Maine ou |205| du Diocèse du Mans, qui porte le nom ou qui honore un S. Richmir. C'est de S. Rigomer qu'étoit titrée celle à laquelle S. Bertran Evêque du Mans fait un legs en ces termes: Basilicæ S. Richomeri solidos decem10). Dans le détail des Eglises rendues à la Cathédrale du Mans par Charlemagne, sous l'Evêque Merolus, il y a cellulas S. Almiri, et S. Ulfacii, et S. Rigomiri. Sous l'Evêque Francon elle est appellée cellula S. Rigomeri. Dans une autre énumeration des Monastéres possedés par des Officiers du Roi, Monasteriolum S. Ricmiri ultra fluvium Sartæ. Ce qui prouve même que Saint Rigomer avoit plus d'une Eglise sous son nom dans le Diocèse du Mans, est une charte de Louis le Débonnaire,qui met ces deux articles parmi les choses qui sont apparemment à l'Eglise de S. Gervais, qui étoit alors la Cathédrale, de jure S. Gervasi, Monasteriolum S. Ricmeri ultra fluvium Sartæ; et plus bas, Tertia pars. de cella S. Rigmiri; quoi qu’absolument parlant, l'un de ces deux derniers lieux, pouvoit être dénommé de S. Ricmir, puisque ces expressions sont dans un titre qui lui étoit postérieur |206| de plus d'un siécle. Mais ce qui me fait plutôt pancher à attribuer tous ces lieux à S. Rigomer,est que S. Ricmir ne se trouve point dans les calendriers de l'Eglise du Mans, et que j'ai une preuve que le nom de S. Rigomer a été quelquefois reduit à deux syllabes dans le langage vulgaire. En effet, il y a au Diocèse du Mans une Paroisse dite Saint Remi du Plain, où ce n'est point S. Remi Evêque de Reims qu'on honore, mais seulement S. Rigomer. Ainsi le peuple qui l'avoit d'abord appellé S. Rimé, a transposé les deux voyelles, et l'a ensuite nommé Saint Remi.
  • La vie de ce Saint dont j'ai donné ci-dessus un précis, fait mention, comme on a vû, d'un Temple d'idoles dont le nom a été inconnu jusqu'ici, et elle nous apprend l'antiquité de la Maison Royale de Palaiseau, que nous ignorions. A l'égard de ce Temple d'idoles, appellé Mori Fanum; on ne peut décider sûrement s'il portoit le nom d'une divinité appellée Morus, ou si c'étoit un simple bocage, dans lequel il y auroit eu un meurier considérable qui lui auroit donné son nom. Des personnes |207| fort éclairées dans les antiquités du Maine, m'ont assuré que ce Temple du paganisme devoit être au village de S. Remi du Plain, dont je viens de parler. Ce village est situé à l'entrée de la plaine, sur l'extrémité d'une vallée dans laquelle s'étendoit autrefois la forêt de Perseigne. Il faut se ressouvenir que c'est S. Rigomer qui est Patron de l'Eglise. Le village de Saint-Rigomer des Bois, n'en est éloigné que d'une lieue et demie. Il y a dans ce dernier une fontaine, touchant laquelle les paysans racontent des merveilles; mais dont je croy qu'il faut se borner à dire, que c'est une de celles ausquelles le Saint exhorta ceux de son tems à ne point porter leurs veux ni leurs offrandes, non plus qu'au Fanum, ou bocage religieux qui pouvoit être à l'entrée de la forêt au bout de la plaine. Je ne doute point que le zele du Saint Prêtre ne l'ait transporté aussi quelquefois, au delà de la forêt de Perseigne, et jusques dans celle de Bellême qui en est peu éloignée; l'inscription qu'on y a trouvée, Diis Inferis, Veneri, Marti, et Mercurio sacrum; prouve qu'il y eut en ce lieu de quoi l'exciter |208|11). Au moins il s'étendit jusqu'au-delà d'Alençon: si la Paroisse de Colombiers qui en est à une lieuë, fut aussi l'un des endroits où il s'opposa aux restes du paganisme, j'observerai en passant, qu'il en est aussi le Patron. Le culte de ce Saint n'a pas subsisté de même à Palaiseau proche Paris, quoi qu'il y fut établi autrefois ainsi que l'écrit l'auteur de sa vie. Il est vrai que cette circonstance, de la maniere dont elle est rapportée, est une fourrure visible. Mais cela prouve toujours que du tems du copiste, il y avoit dans ce château une Basilique du titre de Saint Rigomer. Nous ne connoissions l'antiquité du même château de Palaiseau, que par ce que Dom Michel Germain en a dit au quatrieme livre De Re Diplomatica, où il ne remonte pas |209| plus haut que le Roi Pepin. La vie de S. Rigomer le suppose existant dès le régne de Childebert I. ce qui est une époque que j'ai cru digne d'être remarquée.
  • J'observerai aussi en finissant, que le Sulinniacus que l'Evêque du Mans détacha des biens de l'Abbaye fondée pour Sainte Tenestine, n'est point Souligné sous Ballon à trois lieuës du Mans vers le nord; mais Souligné sous Vallon, à pareille distance du Mans du côté de l'occident, et dont S. Rigomer est Patron de l'Eglise. Le Monastére fondé par Sainte Tenestine, étoit dans le quartier de la ville du Mans, qu'on appelle aujourd'hui Gourdaine. Ce quartier qui étoit un marais, se trouvoit alors infra muros Cenomannis, au dessous des murs de la ville et non au dedans. Mais l'aggrandissement fait de cette ville sous Philippe Auguste, jusqu'aux bords de la riviere de Sarte, est cause qu'il est aujourd'hui renfermé dans les murs. Le manuscrit de l'Abbaye de S. Germain des Prez, met: Cenomannis int. muros et aquam, ce qui est positivement la situation de Gourdaine, avant que la ville fut aggrandie |210| jusqu'à la riviere. Les chartes rapportées au troisiéme tome des Analectes12) de Dom Mabillon, placent aussi ce Monastére inter fluvium Sartæ et muros civitatis. Ce qui doit servir à rectifier ce qu'a écrit M. Chastelain, que c'étoit l'Abbaye du Pré. Car cette Abbaye est et a toujours été au delà de la riviere de Sarte, par rapport au Mans. C'étoit même alors un Monastére d'hommes. J'avouerai qu'il convenoit très fort, que les Religieuses qui y sont aujourd'hui, honorassent la mémoire des Saintes Religieuses du pays; mais M. Chastelain n'a pas dû inférer de ce culte rendu à Sainte Tenestine dans l'Abbaye du Pré, comme aussi à Sainte Adenette Abbesse du Couvent fondé pour Sainte Tenestine; que ces deux Saintes avoient été Religieuses de cette Maison du Pré. |211|

  • Vita S. Rigomeri, et S. Tenestinæ virginis.
  • Ex cod. MSS. S. Germani à Pratis 499. olim 627. collato cum alio cod. MS. S. Genov. Paris. in fol. maximo, qui olim attinuit ad ecclesiam Gastinensem in Turonia.
  • Quia Domino donante aliquid commemorare volumus, dignum est ut in laude Dei Santos ejus commemorare debeamus, et ut boni filii tales Patronos in honorem vel laudem memoriis commendemus. Et quia laus tantorum prolata Patrum ad dignitatem filiorum vel ad honorem Dei proficit, quis quidex [sic] dono Dei in Sanctorum laude proferimus fidei devotio non amittit. Temporibus quidem Domni Childeberti Regis vel Ultrogodæ Reginæ Christianorum gestum, et quod hic commemorare decrevimus ad petitionem fidelium, vel Sacerdotum profuturam memoriam. Incipit Vita. * Igitur eo tempore quo Childebertus prædictus Rex, vel Chlotharius germanus suus, Nustriam sive Franciam forte inter se diviserunt, duxerunt Reginas 13) Christianas: Chlotarius Rex domnam Radegundam Christianissimam feminam, et Childebertus Ultrogodam. Ex eorum permissu aliqua Monasteria Domino annuente in nostris partibus florere ceperunt. Sed et initia eorum |212| commemoranda sunt, necnon et eorum nomina, qui primi Abbates ibi fuisse testantur. Ut à fidelibus viris refertur, Domnus Maximinus Super Ligerim propè Aurelianis civitatem, vir religiosus et sanctus piè servivit Domino; cum jus discipuli eodem tempore Sanctus videlicet Avitus, et sanctus Carileffus duo socii, in vastis eremi solitudinibus binas cellulas sub sancta regula degentes mirificè ædificaverunt Domino, fulti S. Innocentis Episcopi Cenomannicæ urbis auxilio, qui tunc temporis hujusmodi partibus præesse videbatur. Qui cum supra fluvium Anisolæ, de jure suæ sedis Ecclesiæ, Sancto Karileffo ad construendum Monasterium privilegium dediffet, et Sancto Avito non minimum fecisset amminiculum, non magno intervallo, alii monacho sancto et religioso nomine Launomaro, in loco qui dicitur Curbionis à nomine alvei ibidem decurrentis cujus vocabulum dicitur Curbionis, supradicto auxilio indidit Monasterium, et sub regulari studio finetenus consummari fecit. In illis quidem temporibus, ut veracium et fidelium ho minum testimoniis approbatur ego cognitum per multos fideles , ortus est in condita Sagonensi ex liberis parentibus sanctus ac religiosus et bonis moribus ornatus Rigomerus Dei famulus, qui ab infantia sacris litteris eruditus à quodam religioso presbitero Sancto Launildo de Arverna 14), vel à quibus potuit quæsivit de verbo Dei bonum consilium humilitatis da castitatis, vel Sanctæ meditationis; et quod diligenter quæsivit sub prudentiæ testimonio, Domino largiente invenit de fide conservavit, |213| et bonis moribus se esse devovit, ac proinde ex Dei providentia et testimonio fidelium populorum, Sacerdos Dei probatus effectus est. Et cœpit circumquaque verbum Dei prædicare, tam parentibus quam et proximis vicinis; de quoscumque potuit tam ad pænitentiam exhortatus, quam ad reliquam observationem justitiæ causas misericordiæ, ut hospitales esse deberent, sive eleemosynas in pauperes alacriter largirentur, et voluntariè erogarent, ut ipsi pro his supernæ pietatis misericordiam possent promereri frequentissimè ammonebat et ne propter profanas causas ad fontes vel ad arbores vota facerent, sed potius ad Ecclesias vel ad Sacerdotes recurrerent, et pro infirmitatibus suis oleum benedictionis postularent. Et ipse quidem Dei famulus, se expetentes infirmos oleo sanctificato ungebat, et in nomine Domini multos ex ipsis ad sanitatem perducebat. Rogans ut ex hoc Deo gratias referrent. Audivit autem ipse Sanctus in proximo loco antiquum fanum quod vocabat populus Mori fanum quod plurimus populus venerabatur, et diabolica et illicita vota suis muneribus persolvebant. Tunc Dei famulus Sanctus Rigomerus condolens de rustico et infideli populo, qui hujusmodi culturam non in honorem Dei ad salutem suam, sed potius ad superstitionem diaboli ad suam perditionem faciebat, accensus zelo Christianorum, ad locum ipsum accessit cum Fratribus et Christianis fidelibus requirens diligenter; et inventa fraude diabolici figmenti prædicans vel annuntians Dei verbum in illa civitate, commonuit ut ipsi fanaticam observationem relinquerent, |214| Ecclesiam Dei potius frequentarent, et à Christo Jesu salutem expeterent. Quod et Domino auxiliante fecerunt. Et ipso Fano destructo Basilicam in eodem loco ædificaverunt, ubi sacras oblationes Deo nunc 15) videntur offerre. Contigit autem in diebus illis, ut aliqua matrona de genere nobili, nomine Truda 16), correpta febri, ipsum Sanctum Rigomerum necessitate conducta mandaverit ad se venire, audita ejus sanctitatis fama; ut per ejus orationem posset invenire salutem. Quam cum Sanctus Rigomerus causa pietatis pro caritate visitasset, per orationem et infusionem olei benedicti ipsam feminam confortare cœpisset, erat aliqua ibi tunc puella filia ejus nomine Tenestina. Audiens exhortationem ipsius servi Dei, quia solebat pro animæ salute annuntiare qualiter pænitentiam agere deberent, et à pœnis futuris animas suas liberarent, atque æternæ vitæ præmia promereri valerent. Hac audiens ipsa puella, credo, inspirante Deo adamavit ejusdem sancti viri consilium, ipsumque Sacerdotem sicut Dei nuntium attentius audire voluit, ex cœpit frequentare circa ipsum, et in quantum valebat, ministrare ei in vera dilectione. Sed contigit secundum antiquam consuetudinem, ut quorumdam hominum cordibus malitiæ stimulos inimicus contra ipsam commoveret, ea quod illa ex vera dilectione faciebat, sicut Maria quæ ad pedes Domini deflebat eosque lacrymis rigabat, et capillis tergebat atque osculabatur, hoc istam quidam |215| non caritate facere calumniabantur. Tamen ipsa Deo devota nihil curavit de adversitate detrahentium, sed magis ac magis Dei famulum suprascriptum Rigomerum diligebat, quia ei verbum Dei prædicabat. Tunc ipsi maligni homines sponso17) illius puellæ Severo nomine nuntiaverunt dicentes, quod sponsa ipsius Tenestina quemdam nimis singulari dilectione diligeret. Unde et ipsam indigna opinione inimici homines diffamabant dicentes: Quod plus illum clericum quam sponsum suum omnino amaret. Quod audiens vir ille credidit, et indignatione repletus in malum recepit quod pro caritate fuerat factum. In tantum hoc magis indignari18) cœpit, ut ad Palatium regi vel Senioribus suggesserit, quod clericus quidam Rigomerus sponsam suam Tenestinan ei abstrahere conaretur, et Missum de Palatio accepit, qui veniens ipsum servum Dei Rigomerum et suprascriptam puellam per fidejussores colligaret ut ad Palatium pergerent et ante Dominum Childebertum vel Seniores Palatii rationem ex supradictis calumniis pleniter redderent. Qui summâ festinatione ad Palatium pergentes pariter intrepidi, eo quod de vana suspicione ipsi innocentes calumniarentur, uterque Dei scilicet famulus Rigomerus Sanctus Sacerdos Tenestina Dei famula, fiducialiter ante ipsum Principem vel Seniores populi convenerunt et in loco qui Palatiolus vocatur perducti et præsentati sunt, habentes candelas sive cereolos munera religiosa, quæ pro |216| oblationibus in præsenti Regi obtulerunt. Sed aliqui Seniores verba blasphemiæ præsente Rege dixerunt: O sacerdotes tales, qui aliorum seducant uxores! Tunc Rex fertur dixisse: “Si verè digni estis et nihil per malitiam vel per libidinem agitis, hos cereos quos mihi offertis per vestra signacula sine igne accendite ut per hoc appareat si pura et religiosa est vestra devotio.” Et illi intrepidi fidenterque de divina pietate confisi, fixis genibus divinam Majestatem implorantes coram populo et Rege cœperunt ipsi cerei fumare; et extensa tunc manu dexterâ Sanctus Rigomerus, invocato nomine Domini nostri Jesu Christi manifestè cerei illi accensi sunt, et illuminati ex Dei virtute, do claro igne ac Splendore fulgere cœperunt; et cum hoc Rex ille Domnus Childebertus, vel Seniores Palatii vidissent, statim ad genua sive vestigia Sanctorum sese incurvaverunt petentes indulgentiam pro laboribus vel fatigationibus quas eis fecerunt. Qua propter Rex munerare eos volens, eis binas villas in pago Cenomannico concessit, et loca ad cellulas ædificandas cum Sancto Innocente Episcopo impetravit. Et de reliquo stipendio quicquid eorum petitio fuit: et præcepit ut nemo deinceps, id est post prædicti signi manifestationem jam dictos Sanctos inquietare auderet. Supplicavit etiam eis prædictus Rex atque Seniores populi, ut tam pro regni pace quam salute populi assiduè orarent. [Tunc Rex. insupra scripta villa19) Palatio Basilicam fieri jussit in Sancti Rigomeri honore, ubi et ipse et populus modò convenire ad orationem |217| solent, et sacras oblationes Domino offerre videntur:] et tunc20) ipsi Sancti Dei valedicentes regi cum magno honore ad propria revertentes cellulas ædificare cæperunt. Sancta vero Tenestina sub sacræ virginitatis honore velum à Sancto Innocente accepit et sanctè ac piè vivere studuit. Quæ etiam jussu prædicti Sancti Innocentis Episcopi et postea Domnoli ipsa Dei famula in honore Sanctæ Mariæ Monasteriolum vel Basilicam in solo matris Ecclesiæ Cenomannis intra muros et aquam solemniter Deo auxiliante, et memorato Episcopo opem ferente construxit, et inibi religiosam vitam cum ceteris puellis Deo devotè duxit, ibique Christo propitio beatum [sic] vitam consummavit. Et locum Sancto Rigomero de proprietate Ecclesiæ prædictæ ubi ipse Sanctus cellulam constitueret per Episcopi epistolam21) impetravit qui nunc dicitur Sulinniacus. Utrique verò Sancti illi sub Dei timore ob cultum Religionis perseverantes, et in plures pauperes facientes, eleemosynas sua omnia dispensabant in Sanctis Dei præceptis, jejuniis, vigiliis quotidiè et orationibus perseverantes. Sæpissimè plurimæ sanitates infirmis Dei gratiâ per eos impetrabantur: multi etiam per eorum exempla viri et feminæ ad cultum Dei perducebantur, et eos in vera omnino dilectione permanentes donis et muneribus plurimis populus multipliciter honorabat. Quorum |218| corpora sancta constat pro eorum meritis cum magno honore Cenomannis civitate honore debito requiescere, et cultu magno venerari à Sacerdotibus ac populo Christiano ad honorem et gloriam Domini nostri Jesu Christi qui vivit et regnat cum Patre in unitate Spiritus Sancti Deus per cuncta sæcula sæculorum. Amen.
    * Obiit autem Sanctus Rigomerus nono Kalendas Septembris celesti fruens perenniter beatitudine, conjunctus illi feliciter, cui famulatus est fideliter, Domino nostro scilicet Jesu-Christo, cui est cum Patre et Sancto Spiritu æqualis gloria, laus et potestas, per omnia sæcula sæculorum. Amen.
  • [Saisie de Bernard Gineste, 2021]

21. Recherches du bollandiste Jean Pien (1739)

  • DE S. RIGOMERO PRESB. ET CONF. SUBLIGNIACI APUD CENOMANOS IN GALLIA, COMMENTARIUS PRÆVIUS.
  • § I. Memoria in Fastis , Sanctus hic cum alio confusus; tempus mortis.
  • 1.
  • Medio circiter sec. VI.
  • Cultus ex Fastis:
  • Vallis sublignea, sive Subligniacum, vulgo Souligné sous Vallon, tertia leuca ab urbe primaria Cenomaniæ, ut verbis utar Cointii tomo I Annalium ecclesiasticorum Francorum, ad annum 541, num. 66, locus fuit, in quo S. Rigomerus,Rigomarus seu Richomerus Vitam hanc mortalem ornavit virtutibus ac meritis, eamque cum immortali commutavit hac die XXIV Augusti: qua annua ipsius memoria annuntiatur inter auctaria ad Martyrologium Usuardi, a nostro Sollerio editum ac illustratum. Codex enim Daveronensis22) ibidem sic eum refert: Cenomannis civitate , sancti Rigomeri presbyteri et confessoris. Editio Usuardina Lubeco-Coloniensis: Cenomannis, beati Rigomeri presbyteri et confessoris. In Belini editione altera, id est Parisensi, anno 1521 impressa, additur priori, seu Venetæ anni 1498: In pago Cenomanico, sancti Rigomari confessoris, et beatissimæ Tenestinæ virginis. Quibus adjungi possunt Florarium nostrum Ms., item Grevenus et Molanus, qui || Sancti nostri memoriam etiam signant, prout in dictis auctariis licet videre. Habetur etiam in Martyrologio, quod vulgò Canisii dicitur, et anno 1599 Dilingæ excusum est, et in Novo catalogo Sanctorum apud Ferrarium. De S. Tenestina erit infrà dicendi locus. Sunt inter hos, quos indicavi, Fastos sacros, qui ab immemorabili tempore ante famosum decretum Urbani PP. VIII, hodierno Confessori nostro tribuunt titulum sancti: quem jure ei deberi, confirmabitur ex aliis publicæ venerationis indiciis, quæ postea occurrent. Nunc interim discutiamus, an hic Sanctus idem sit cum Richmiro abbate, qui ipsi fere synonymus est, et a nobis jam pridem datus ad diem XVII Januarii, tomo II istius mensis pag. 177.
  • 2.
  • Costellanus vult hunc Sanctum esse eundem…
  • Postquam itaque de isto abbate, qui etiam fuit presbyter, apud Cenomanos in Gallia, recitata ibidem essent aliqua, sed pauca admodum, è Fastis sacris; additur, nihil de eo in aliis Martyrologiis reperiri, nisi Rigomarus sit aut Rigomerus, de quo XXIV Augusti Molanus, Bellinus edit. Parisien., Canisius, Ferrarius etc. An |784| verò hic cum illo sit idem, an diversus, non determinatur, sed in medio relinquitur, re utpote ista tunc neutiquam matura, ut ad hujus controversiæ decisionem perveniretur, cujus nunc proprius sese offert locus ac dies. Claudius Castel in suo bimestri, seu in tomo, quo mensem Januarium ac Februarium seorsim edidit anno 1705, in notis ad diem XVII Januarii pag. 321, eumdem utroque die signari judicat, idque his conatur probare argumentis, quæ è Gallico extracta sic sonant: Bollandus, inquit, dubitat, an sit idem ille, quem Bellinus, Molanus, Canisius, ac Ferrarius posuerunt die XXIV Augusti sub nomine Rigomari. Vitam ejus, ab eodem Bollando datam, conferendo cum Actis episcoporum Cenomanensium, à domno Mabillonio editis in tomo tertio Analectorum ejus; videmus eumdem esse: ac deceptus, inquit, eram in Hagionomastico, quod vita functus D. Menagius à me petierat, ut Dictionario suo etymologico illud praemitteret.
  • 3.
  • …cum S. Ricmiro abbate….
  • Saussayus in errorem erat lapsus antea, ponendo eum sub nomine Rigomeri die XXIV Augusti, et sub nomine Richmiri die XIV Februarii, non reddens rationem, cur hunc diem elegerit. Dies XXIV Augusti translationis ejus est dies: eoque praesertim die, propter commodam anni tempestatem, celebratur ipsius festum in plerisque locis, ubi honoratur, ac potissimum apud Malleacenses in provincia Pictavensi, ubi est patronus. Nominatur Ricmirus sine h, in manuscriptis omnibus, quae reperta sunt hactenus, vitæ ejus, et quæ ibi memorat. Qui illam scripsit, (ita pergit Castellanus) contemporaneum esse se dicit Arrio, immediato S. Rigomeri successori: id quod apud nos loco citato jam pridem etiam indicatum est; sed servato S. Ricmiri, non autem subtituto, ut facit Castellanus, S. Rigomeri nomine. Qua pag. 322 Castellanus subdit ex Vita ejus, pluribus memorantur apud nos pag. 177 citatâ, et sequentibus, et apud Mabillonium in actis Sanctorum Ordinis S. Benedicti, parte prima seculi 3, à pag. 118*; cujus Vitæ epitomen, veterum tamen codicum primigeniâ phrasi servatâ, dat Cointius in Annalibus ecclesiasticis Francorum tomo 4, ad annum 685, num. 13 et 14. Castellanus pag. 322 citatâ observari posse, monet, in ista Vita, quod episcopus Cenomanensis, qui ibi nominatur Gilbertus, sit idem ille, qui nominatur Aiglibertus in Actis episcoporum Cenomanensium, apud Mabillonium tomo 3 Veterum analectorum cap. 14 , a pag. 188 prioris editionis, anno 1682 vulgatæ; ubi scriptum est, inquit idem Castellanus, quòd fundarit monasterium ad portam Cenomanensis civitatis prope Sartam fluvium: primam verò hujus monasterii Religiosam asserit sanctam Tenestinam fuisse, honoratam Malleaci cum S. Rigomero, qui ejusdem monasterii director fuit, quod tunc S. Albini dicebatur, et aliquando Sanctæ Mariae. Consuli possunt eadem Vetera analecta pag. 192. Et pauculis interjectis, locus, ait, ubi secundò sedem fixit, non nominatus in Vita ejus, Subluniacum appellatur. In hoc loco mortuus est.
  • 4.
  • …sed quod duos istos sanctos…
  • Quantum in suprà allegatis Castellani notationibus confusionis chaos, quanta hallucinationum congeries! Quid miri? cùm duos Sanctos toto cælo diversos in unum unicum conflaverit, sanctum videlicet Ricmirum abbatem apud Cenomanos, et sanctum Rigomerum confessorem ibidem ac presbyterum, huic applicans Acta || istius, non secus ac si utriusque Acta longè inter se diversissima non exstarent; cùm tamen Acta S. Rigomeri anno 1681 ipsemet Castellanus huc transmiferit, prout apographo nostro adscripsit Papebrochius. Auctor idem eumdem commisit errorem in suo Martyrologio universali, ut videre licet ad diem XVII Januarii, et in indice Sanctorum ad dictum Martyrologium. Nec verò ipse solus utrumque hunc Sanctum confudit: etenim Cointius suprà citatus, num. 15 assignata varia nominis Aigliberti efformatione, Par, inquit, est ratio Ricmiri; nam qui Claudio Roberto Ricomirus est; aliis Richmirus, Richimirus, Ricmirus et Ricimirus dicitur, et à nonnullis male confunditur cum Richomero seu Rigomero vel Rigomaro, de quo nos tomo 1, postea hîc citando. Mabillonius in Actis Sanctorum Ordinis sui, quæ antea designabam, observationes prævias in Vitam S. Richmiri abbatis incipit his verbis: Richmirus, alius à S. Rigomaro seu Rigomero, S. Tenestinae patre spirituali, itidem apud Cenomannos in Gallia etc.
  • 5.
  • …inter se distinctissimos…
  • Quandoquidem verò tam clara et evidens est confusio, de quâ hîc agimus, ut multis argumentis probari non debeat; rem redigam ad capita tria præcipua. Primum itaque desumatur ex Sancti utriusque Actis. Prologus ad Vitam S. Richmiri (utimur editione Mabilloniana) sic incipit: Religiosorum vitas et actus narrare virorum, Deum indubitanter laudare est. Sancti autem Rigomeri sic: Quia Domino donante aliquod commemorare volumus, et dignum est etc. Vita Richmiri incipit ita: Beatus igitur Richimirus, Turonici pagi indigena, non exiguis parentibus procreatur; sed digni germinis dignissima proles effulsit… Eâ verò tempestate, quando Theodericus rex Francis principabatur, et Gilbertus dignus Deo episcopus Cenomannicam regebat ecclesiam etc. In Vita Rigomeri inferiùs apud nos num. 2 funt ista: Igitur eodem tempore cum Chiidebertus prædictus rex, vel Chlotarius germanus suus Neustriam sive Franciam sorte inter se divisissent; quia habuerunt reginas Christianas; Chlotarius ergo rex domnam [habebat] Radegundem, Christianissimam fæminam, et domnus Childebertus Uultrogodem. Temporibus horum regum, ex eorum permissu, aliqua monasteria florere cœperunt: sed et initia eorum commemoranda sunt… In illis quidem temporibus… ortus est in condita Saugonensi ex liberis parentibus vir sanctus ac religiosus… Rigomerus. Hæc in Vita ejus. Quæ immanè quantum discrepent a Vita Richmiri, nemo non videt. Pergamus ad aliud patentissima diversitatis specimen, nimirum diei emortualis, et ætatis.
  • 6.
  • …perperam in unum conflarit…
  • Vita S.Richmiri, Obiit, inquit, memoratus sanctus Richimirus sexto-decimo Kalendas Februarii. Vita autem S. Rigomeri hæc scribit: Obiit… sanctus Rigomerus nono Kalendas Septembris. Si ætatem consideremus, quâ uterque floruit; Rigomerus hodiernus per centum circiter et quadraginta annos antecessit ætate Richmirum abbatem. Hujus quippe obitum Mabillonius in suprà laudatis Actis Ordinis sui, eâdem pag. 228* indicat accidisse circa an. DCCX; et in nota ad Vitam pag. 232* observat, eum obiisse ante annum DCCXV: quo circiter anno Gilbertus seu Engilbertus Herlemondo episcopatum morte sua resignaverat. Apud nos vero ad diem XVII Januarii, quem nuper indicabam, mors ejusdem sancti abbatis aptatur circa an. DCC: gesta autem ejus memorantur à Cointio ad annum 685 || num. 13. Vixit itaque hic Sanctus seculo septimo: obiit autem eodem seculo exeunte, vel ineunte circiter octavo. Hunc itaque cum S. Rigomero confundere, quidnam est aliud, quàm in meridiana luce cæcutire? Sanctus quippe hic confessor ac presbyter pertinet ad seculum sextum, uti evincunt characteres chronologici, qui in variis personis in ipsius Vita nominatis relucent, et de quibus dicetur inferiùs post Vitam in Annotatis.
  • 7.
  • …variis demonstratur…
  • Sanctum Ricmirum abbatem rectè secrevit à S. Rigomero nostro Cointius in suis Annalibus ecclesiasticis tomo I ad annum 541 num. 56, ubi res ejus gestas narrat; rectè ante eum Corvaiserius in Historia episcoporum Cenomanensium pag. 141 et sequentibus vitæ ejus seriem referens, Sanctum eidem seculo aptavit, quando eidem Vita intexuit ea, quæ inter ipsum ac S. Innocentium seu Innocentem, Cenomanicæ sedis episcopum tunc temporis, acta fuerunt. Idem facit Bondonnetus in Vitis episcoporum Cenomanensium pag. 169. Verum quid diutius immoramur, quam par est, rei adeo perspicuæ? Maneat itaque, imperitè confundi à Castellano S. Ricmirum abbatem, et S. Rigomerum confessorem ac presbyterum. Tertium diversitatis specimen accipe.
  • 8.
  • …argumentis…
  • Dum enim idem Castellanus non duos, sed unum tantum invenisse se putavit in Actis episcoporum Cenomanensium, à Mabillonio editis, ut vidimus suprà num. 2; refellitur ex his ipsis Actis Veterum analectorum tomo 3, cap. XI; ubi in testamento Bertichramni, pag. 142, jubentur ab eo dari basilicae S. Richomeri sol. X. De hoc sancto præsule Cenomanensi tractavimus tomo 1 Junii, die VI, à pag. 710; ubi obitus ipsius affigitur anno 623, quem etiam signat Cointius tomo 2 ad eumdem annum num. 10; atque adeo diu ante Aglibertum, quocum vixit S. Ricmirus abbas, exstabat S. Rigomeri ecclesia, nostri sine dubio; quia in allegato testamento jubet Bertichramnus fieri donationes per omnes basilicas, quae circa civitatem nostram, inquit, id est Cenomanensem, esse noscuntur. Corvaiserius in S. Innocentio episcopo pag. 144 idem censuit; cujus textus è Gallico redditus sic sonat: Non dubito, quin fuerit ista ecclesia, in qua depositum fuerat corpus illius gloriosi confessoris, quæ temporum asperitate, ac seculorum mutatione ita fortasse destructa sit postmodùm, ut ejusdem nominis ac loci, in quo ædificata olim fuerat, memoria prorsus interciderit.
  • 9.
  • Tempus mortis…
  • Nunc juvat nonnulla his subjungere de Sancti nostri ætate. Vidimus quidem superius, eum floruisse seculo sexto: sed ulteriùs dispiciendum restat, an distinctiùs aliquid de annis, quibus tunc vixit, determinare possimus. Auctor Vitæ apud nos infra num. 12 hæc narrat: S. Tenestina sub sacro virginitatis honore velum a sancto Innocente accepit… Quæ etiam prædicti sancti Innocentis episcopi, et postea domni Domnoli [tempore] in honore sanctæ Mariæ monasteriolum, vel basilicam… Cenomanis intra muros et aquam… construxit,…et locum sancto Rigomero de proprietate ecclesiæ praedictæ, ubi ipse Sanctus cellam construeret, per episcopi epistolam impetravit. Floruit ergo sanctus Confessor noster sub Innocente episcopo Cenomanensi: cujus Acta illustravimus tomo III Junii, die XIX, à pag. 854, et cujus mors ibi innectitur anno Christi 542, differente eam Cointio ad annum proximè sequentem, sicut apud ipsum tomo I ad 531, num. 12. Verùm quidquid sit de initio sedis ab illo aditæ, in tanta ac tam diversæ serie chronologica episcoporum Cenomanensium, quam emendatum iri speramus à continuatoribus novæ editionis Galliæ Christianæ; quidquid, inquam, fit; sedebat saltem Innocens vel Innocentius anno 533, secundæ synodo Aurelianensi subscripsit. Vide Labbeum tomo 4 Conciliorum columnâ 1753, et Longuevallium tomo 2 Historiæ ecclesiæ Gallicanæ pag. 392. S. Domnolus episcopus Cenomanensis, de quo suprà fiebat mentio, habetur tomo III Maii, die XVI, à pag. 603: ubi ipsius transitus ad meliorem vitam aptatur anno 581, quem etiam signat Longuevallius tomo 3, pag. 211, tunc obiisse cum memorans post annos duos supra viginti episcopatûs. Sed ea, quæ de exordio episcopatûs ejus lego, intricatæ etiam sunt. Hoc constat, quod anno 567 praæesset cathedræ Cenomanensi, cùm tunc subscripserit concilio secundo Turonensi, apud Labbeum tomo 5, col. 865. Et hæc quidem conducunt ad formandam aliquam ideam temporis, quo S. Rigomerus, et S. Tenestina floruerunt, etiamsi annus utriusque emortualis non sit nobis satis compertus.
  • 10.
  • …accidit medio circiter seculo 6….
  • Cointius ad annum Christi 559, num 9, S. Rigomeri obitum quidem determinat his verbis: Richomerus, cùm in Valle Sublignea degisset, ibi vitam clausit nono Kalendas Septembris, eumdem diem morti ejus etiam assignante biographo apud nos infra sub finem Vitæ; sed quandoquidem prædictus Annalium auctor nullum ibidem affert idoneum scriptorem pro ista anni emortualis determinatione; nos eam latioribus temporis finibus in exordio hujus Commentarii circumscripsimus. Si enim τὸ episcopi in textu biographi suprà citato referri debeat vel ad utrumque præsulem, Innocentium videlicet ac Domnolum, vel ad solum Domnolum; tunc ex fide ejusdem biographi potuit S. Rigomerus supervixisse ultra medium seculi sexti; sed quia de sensu biographi non satis constat, nec de initio Sedis S. Domnoli; ideo in exordio hujus Commentarii eum signavi medio circiter seculo VI; quod in lata temporis extensione intelligi volo: de sancta verò Tenestina idem esto judicium.

§ II. Vitæ scriptores, exemplaria, translatio S. Rigomeri.

  • 11.
  • Variæ dantur observationes.
  • Qui Sancti Vitam scripsit, anonymus est; nec ullum prodit signum, vi cujus vel dvinari queat, quis fuerit, cujus instituti, aut cujus seculi. Quod verò satis remotus loco vel tempore post Sancti obitum scripserit, eruitur ex his indiciis, quæ Vitæ inspersit. Nam apud nos num. 4, In illis quidem temporibus, ut veracium et fidelium hominum testimoniis approbatur, et cognitum est per multos fideles, ortus est… Vir sanctus: et num. 10: Tunc rex fertur, dixisse. Gesta S. Rigomeri etiam collegerunt Corvaiserius supra designatus, ut videre apud ipsum datur à pag. 141; Bondonetus, asceta Benedictinus S. Vincentii Cenomanensis, in Vitis episcoporum Cenomanensium, inter ea, quæ scribit de S. Innocentio pag. 168 et sequentibus, ac Cointius, quem in hujus Commentarii principio allegavi. Porro hi tres auctores, et anonymus noster similia fere referunt in substantia. Prologum || verò ejus apud illos non lego. Idem verò Cointius corrigit lapsum Corvaiserii ex Bondonneto, his verbis: Observa, inquit, Clotario, qui perperam ex scriptoris calamo cecidit, expuncto, Childebertum à Bondonneto rectè restitui: quia quamdiu Innocentius apud Cenomanos sedit, Cenomania Childeberto regi morem gessit. Porrò hæc correctio conformis est biographo nostro anonymo, ut in Vita apud nos num. 10 patet.
  • 12.
  • …de Vitæ scriptoribus…
  • Sed, quæ num. 11 narrat de Childeberto rege, indigent explicatione, et commoda interpretatione: Tunc rex, ait, in suprascripta villa Palatiolo basilicam fieri jussit in sancti Rigomeri honore, ubi et ipse populus modo convenire ad orationem solet, et sacras oblationes Domino offerre videtur. Et tunc ipsi Sancti valedicentes regi, cum magno honore ad propria revertentes, cellulas ædificare cœperunt. Illud itaque in sancti Rigomeri honore, cave, ne ita intelligas, quasi rex Childebertus honores Cælitibus debitos exhibuerit ei viventi; sed quòd vel ex honorifico erga illum affectu, vel in memoriam insignis miraculi, ad testificandam vitæ ejus integritatem contra calumniatores (de qua re ibidem erat actum num. 10) patrati, ædem sacram Childebertus erigi jusserit Deo, qui facit mirabilia magna solus; vel quòd biographus usus hic sit prolepsi; de qua consule Annotata ad Vitam lit. u.
  • 13.
  • ..et exemplaribus ejusdem Mss.,…
  • Vitæ exemplar, quod daturi sumus, antiquis exaratum est characteribus, et habetur in codice membranaceo, qui apud nos asservatur, ac signatur Vitae SS. Mss. † Ms. 47. Titulus, eidem Vita præfixus, convenit S. Rigomero ac S. Tenestina; hæc quippe habet: Incipit Vita sancti Rigomeri presbyteri, et sanctæ Tenestinæ virginis. Porrò eam à mendis expurgavi, adhibito in hunc etiam finem alio ecgrapho, quocum illam contuli, et è quo accepi variantes lectiones, nec non additamenta uncinis inclusa. Anonymum illud vocabo, quia ignoro è quo codice seu exemplari sit transcriptum. Quod autem ex Ms. missa sit hæc Vita a D. Claudio Castellano, canonico D. V. Parisiis anno MDCXXXIX, indicatum reliquit noster Papebrochius. De historia translationis S. Rigomeri ad cœnobium Malleacense, quam post ipsius Vitam proferemus, nonnulla prænotare hic visum est, incipiendo a topographica loci notitia.
  • 14.
  • …nec non…
  • Malleaca, seu Malleacum, inquit Baudrandus, Maillezais, urbecula Galliæ in Pictavensi provincia intra paludes, in insula effecta à fluviis Separa (vulgò la Sevre) et L'Hautize (latinè Altizia), sicque ægrè habitata propter aëris inclementiam, priùs episcopalis erat sub archiepiscopo Burdegalensi, à Joanne XXII Pontifice Maximo facta, sed die IV Maii anno MDCXLIX ejus episcopatus suppressus fuit ab Innocentio X Papa; illiusque sedes episcopalis Rupellam translata fuit. Distat 5 leucis a Niortio in occasum, 9 a Rupella in ortum æstivum, et 2 à Fontenaco in meridiem. De hoc loco videri etiam potest Hadrianus Valesius in Notitia Galliarum, ubi inter alia dicitur veteri monasterio insignis: et Gallia Christiana tomo 2 novissima editionis pag. 1362; ubi agitur de monasterio veteri S. Petri; item de novo SS. Petri et Pauli, quod anno circiter 1010 ædificatum sit. Hæc verò, quæ ibidem sequuntur, ad translationem Sancti pertinent: Novum monasterium multis possessionibus Dux Willelmus ditavit, Sanctorumque reliquiis, quas inter corpus || sancti Rigomeri confessoris, è pago Cenomanensi solemniter translatum est ad Malleacense monasterium, agente apud Hugonem Cenomanensem Comitem Theodelino ejusdem loci abbate. Legi etiam possunt quæ de hujus monasterii constructione, ac prædictarum reliquiarum donatione refert Mabillonius tomo 4 Annalium Ordinis S. Benedicti ad annum Christi 1010, pag. 213, num. 37 (è quo anno de dictæ translationis tempore præterpropter conjici potest) ac præ omnibus Historia Malleacensis auctor; de quo nunc dicam.
  • 15
  • …de translatione S. Rigomeri…
  • Historia illa habetur Novæ bibliothecæ manuscriptorum librorum, à Labbeo edita, tomo secundo à pag. 222, hoc titulo: Petri Malleacenlis monachi ad Goderannum abbatem libri duo de antiquitate et commutatione in melius Malleacenlis insulæ, et translatione sancti Rigomeri. Translatio hæc, quæ propriè ad nos spectat, ab auctore Petro refertur libro 2, pag. 234 et seqq. Hanc verò quando scripserit, colligere licet ex Mabillonio, qui tomo 4 Annalium sui Ordinis, ad annum 1060, num, 64 hæc memorat: Humbertus Goderanni decessor… anno MLX finem vivendi fecit… In ejus locum assumptus est Goderannus; & mox observat, Petrum duos suos libros… composuisse Goderanni jussu, cùm ille necdum Santonensis episcopus esset…; quem episcopatum adeptus est sub initia Pontificatûs Alexandri II; videturque retinuisse Malliacensem abbatiam usque ad suum obitum, qui anno MLXXIV contigit. Pontifex autem iste Alexander ad cathedram Petri evectus est anno Christi 1061; obiit 1073.
  • 15.
  • …ad cœnobium Malleacense…
  • Corvaiserius pag. 145 scribit, corpora S. Rigomeri, et S. Trenestinae, uti eam vocat, translata fuisse ad abbatiam Malleacensem: quâ deinde in episcopatum mutatâ, honoratos affirmat tamquam patronos ecclesiæ cathedralis, festum eorum quotannis solemniter celebrantis. Ambos ibidem coli ut patronos, affirmat etiam Bondonnetus pag. 170. Ad cultum istum quod attinet; non gravatè admitto illum in fide istorum scriptorum. Sed translationem corporis S. Tenestinæ ad dictam abbatiam, non lego in documentis, quæ, ut commodiùs Annotatis elucidari possint, proferam post S. Rigomeri Vitam; ac deinde de ista translatione, quà S. Tenestina partim adscribitur, tractabo dum absolvero res S. Rigomeri, quibus subnectam syllogen historicam de eadem Sancta. Reliquum est, ut nostri sancti presbyteri Acta proferamus, quæ in numeros divisimus, et Annotatis elucidavimus.

Vita, auctore ignoti nominis, ex codice membranaceo antiquo Ms. + 47.

  • 1.
  • Biographus…
  • Quia, Domino donante, aliquid commemorare volumus, et dignum est, ut in laudem Dei Sanctos ejus commemorare debeamus, ut [boni filii] patres, in honorem vel in laudem patrum suorum, et facta et bona consilia || eorum memoriis commendare, et quia laus patrum ad dignitatem filiorum vel ad honorem Dei proficit, quidquid ex dono Dei in Sanctorum laude profertur. Temporibus quidem domni Childeberti23), vel Vultrogodæ24) reginæ suæ, Christianorum principum, gestum est, quod hîc commemorare decrevimus ad petitionem Christianorum vel sacerdotum pro futurâ memoria.
  • 2.
  • …varios…
  • Igitur eodem tempore, cum Childebertus prædictus rex, vel Clotharius germanus suus Neustriam sive Franciam sorte inter se divisissent25), quia26) habuerunt reginas Christianas; Clotharius ergo rex domnam [habebat] Radegundem27) Christianissimam fæminam, et domnus Childebertus Vultrogodem. Tempore horum regum, ex eorum permissu, aliqua monasteria florere cœperunt: sed et initia eorum commemoranda sunt, nec non et eorum nomina, qui primi abbates ibi fuisse testantur28). Domnus Maximinus super Ligerim prope Aurelianis civitatem, vir religiosus et sanctus, piè servivit domino; cujus discipuli eodem tempore, sanctus videlicet Avitus29), et sanctus Karileffus30), duo socii, in vastæ eremi solitudine31) binas cellulas, sub sancta regula degentes mirificè ædificarunt Deo.
  • 3.
  • ..charactere temporis præmittit huic Vitæ…
  • Fulti quoque sancti Innocentis32) Cenomanicæ urbis auxilio, quod cùm supra fluviolum Anilolæ33) de jure suæ sedis ecclesiæ sancto Karileffo ad construendum monasterium primò dedit 34), et sancto Avito non modicum fecit adminiculum. Nam magno intervallo, alii monacho sancto et religioso, nomine Launomaro35), in loco qui dicitur Curbionis, à nomine alvei ibidem decurrentis, cujus vocabulum dicitur Curbionis, supradicto auxilio condidit monasterium36), et sub regulari studio hæc omnia ei consummare videntur.
  • 4.
  • …post quos refert Sancti natales, educationem, sacerdotium…
  • In illis quidem temporibus, ut veracium et fidelium hominum testimoniis approbatur, et cognitum est per multos fideles, ortus est in condita37) Saugonensi38) ex liberis parentibus, Vir sanctus ac religiosus, et bonis moribus ornatus Rigomerus Dei famulus, qui ab infantia sacris literis eruditus est a quodam religioso presbytero [sancto] Launillo39) de Arverno, vel a quibus potuit quæsivit de verbo Dei bonum consilium humilitatis, et castitatis, vel sanctae meditationis: et quod diligenter quæsivit super prudentiæ testimonio, Domino largiente, invenit, et fide conservavit, et moribus40) se esse devovit, ac proinde ex Dei providentia, testimonio fidelium populorum, sacerdos Dei probatus effectus est.
  • 5.
  • …labores apostolicos…
  • Et cœpit circumquaque verbum Domini prædicare tam parentibus, quam et proximis vicinis, et quoscumque potuit tam ad pœnitentiam exhortari, quam ad reliquam observationem justitiæ, et causas misericordiæ, et ut hospitales esse deberent, sive eleemosynas in pauperes alacriter largirentur, etc voluntariè erogarent, ut ipsi pro his supernae pietatis misericordiam possent promereri, frequentissimè admonebat; et nec profanas causas, nec ad fontes vel ad arbores vota facerent, sed potius ad ecclesias vel ad sacerdotes recurrerent, et pro infirmitatibus suis oleum benedictionis postularent. Et ipse quidem Dei famulus se expetentes infirmos oleo sanctificato ungebat, et in nomine Domini multos ex ipsis ad sanitatem perducebat, rogans ut ex hoc Deo gratias referrent.
  • 6.
  • …ac superstitionem expugnatam…
  • Et audiens ipse Sanctus in proximo loco antiquum fanum esse, quod vocabat populus Morifanum41), quod populus42) venerabatur, et cui || diabolica et illicita vota fuis muneribus persolvebant; tunc Dei famulus sanctus Rigomerus condolens de rustico et infideli populo, qui hujusmodi culturam non in honorem Dei ad salutem suam, sed potius ad superstitionem diaboli, ad suam perditionem adoraret, accensus zelo Christianorum, ad locum ipsum accedit cum fratribus, et Christianis fidelibus, requirens diligenter, et inventa fraude diabolici figmenti, prædicans vel adnuntians Dei verbum in illa civitate commanentibus, ut ipsam fanaticam observationem relinquerent, ecclesiam Dei potius frequentarent, et a Christo Jesu salutem expeterent: quod et Domino auxiliante fecerunt, et ipso fano destructo, balilicam in eodem loco ædificaverunt, ubi sacræ oblationes Deo nunc videntur offerri.
  • 7.
  • …opem fert Trudæ febricitanti, cujus filiam Tenestinam dirigit in virtute;…
  • Contigit autem in diebus illis, ut aliqua matrona de genere nobili, nomine Truda, correpta febri, ipsum sanctum Rigomerum necessite conducta mandaverit ad se venire, auditâ ejus sanctitatis famâ, ut per ejus orationem posset dirigit in invenire salutem. Quam cùm sanctus Rigomerus causa pietatis pro charitate visitasset, et per orationem et infusionem olei benedicti ipsam fæminam confortare cœpisset43), erat aliqua ibi tunc puella filia ejus, nomine Tenestina44):45) audiens exhortationem ipsius Servi Dei46), quam solebat pro animæ salute annuntiare, qualiter pœnitentiam agere deberent, et a pœnis futuris animas suas liberarent, atque æternæ vitæ præmia promereri valerent: hæc audiens ipsa puella, credo inspirante Deo, adamavit ejusdem videlicet sancti Viri consilium, ipsumque sacerdotem, sicut Dei nuntium attentiùs audire volens, cœpit frequentare circa ipsum, et in quantum valebat, ministrare ei in vera dilectione.
  • 8.
  • …unde calumniæ contra ipsam;
  • Sed contigit secundum antiquam confuetudinem, ut in quorumdam hominum cordibus malitiæ stimulos inimicus contra ipsam commoveret; et quod illa ex vera dilectione faciebat, sicut Maria, quæ ad pedes Domini deflebat, eosque lacrymis rigabat, et capillis tergebat, atque osculabatur; hoc istam libidine, non charitate facere calumniabantur. Tamen ipsa Deov devota nihil curavit de adversitate detrahentium, sed magis ac magis Dei famulum suprascriptum Rigomerum diligebat, qui ei verbum Domini praedicabat. Tunc ipsi maligni homines sponso ipsius puellæ, Severo nomine, nuntiaverunt dicentes; quod sponsa ipsius Tenestina quemdam clericum nimis singulari dilectione diligeret: unde et ipsam indigna opinione inimici homines diffamabant dicentes, quod plus illum Clericum, quàm sponsum suum omnino amaret. *
  • 9
  • …quæ simul cum S. Rigomero ad palatium regis citatur…
  • Quod audiens vir ille, credidit, indignatione repletus, in malum recepit, quod pro caritate fuerat factum. In tantum hoc magis indignari cœpit, ut ad palatium regi vel senioribus suggesserit, quod clericus quidam Rigomerus sponsam suam Tenestinam ei abstrahere conaretur, et missum de palatio accepit, qui veniens ipsum Dei servum47) Rigomerum et suprascriptam puellam per fidejussores colligaret, ut ad palatium pergerent, et ante domnum Chil-debertum, vel seniores palatii rationem ex supradidis calumniis pleniter redderent. Qui summa festinatione ad palatium pergentes pariter intrepidi, eo quod de vana susceptione ipsi innocentes calumniabantur, uterque, scilicet famulus Dei Rigomerus, sanctus sacerdos, et Tenestina Dei famula certa48) et virgo Dei puella, fiducialiter || ante ipsum principem vel seniores populi pervenerunt, et in loco, qui Palatiolus49) vocatur, producti, et praesentati sunt, habentes candelas sive cereolos, munera religiosa, quae pro oblationibus, in præsenti, regi obtulerunt.
  • 10.
  • …Deus verò eos defendit par miraculum,…
  • Sed aliqui seniores verba blasphemiæ, præsente rege, dixerunt: O sacerdotes tales, qui aliorum seducant uxores! Tunc rex fertur dixisse: Si vere digni estis, et nihil per malitiam, vel per libidinem agitis, hos cereos, quos mihi offertis, per vestra signacula sine igne accendite, ut per hoc appareat, si pura ac religiosa est vestra devotio. Et illi intrepidi fidenterque de divina pietate confisi, flexis genibus divinam majestatem implorantes, coram populo et rege cœperunt ipsi cerei fumare: et extensa tunc manu dextera sanctus Rigomerus, et invocato nomine Domini nostri Jesu Christi, manifestè cereoli accensi sunt, et illuminati ex Dei virtute, Sc claro igne ac splendore publico fulgere cœperunt. Et cùm hoc rex ille domnus Childebertus, vel seniores palatii vidissent, statim ad genua sive vestigia Sanctorum sese incurvaverunt, petentes indulgentiam pro laboribus vel fatigationibus, quas eis fecerunt.
  • 11.
  • …et rex donationibus honorat.4
  • Quapropter rex munerare eos volens, eis binas villas in pago Cenomannico concessit, et loca ad cellulas ædificandas cum sancto Innocente episcopo imperavit, et de reliquo stipendio, quidquid eorum petitioni50) fuit. Et præcepit, ut nemo deinceps, id est, post prædicti signi manifestationem, jam dictos Sanctos inquietare auderet. Supplicavit etiam eos praedictus rex atque seniores populi, ut tam pro regni pace, quam et pro salute populi assiduè orarent. Tunc rex in suprascripta villa Palatiolo basilicam fieri jussit in sancti Rigomeri honore51), ubi et ipse populus52) modò convenire ad orationem solet, et sacras oblationes Domino offerre videtur. Et tunc ipsi Sancti Dei valedicentes regi, cùm magno honore ad propria revertentes, cellulas ædificare cœperunt.
  • 12.
  • S. Tenestina monasterium condit, S. Rigomero locum impetrat: eorum virtutes et miracula:…
  • Sancta vero Tenestina sub sacro virginitatis honore velum a sancto Innocente accepit, et sanctè ac piè vivere studuit. Quæ etiam praedicti sancti Innocentis episcopi, et postea domni Domnoli53) ipsa Dei famula in honore sanctæ Mariæ monasteriolum vel balilicam in solo sanctæ matris [ecclesiæ] Cenomannis intra muros, et aquam54), et solemniter, Deo auxiliante, et memorato episcopo opem ferente, construxit, et inibi religiosam vitam cum cæteris puellis Deo devotis duxit, ibique55), Christo propitio, beatam vitam consummavit, et locum sancto Rigomero de proprietate ecclesiæ praedictæ, ubi ipse Sanctus cellulam construeret, per episcopi epistolam impetravit, qui nunc dicitur Subligniacus. Utrique Sancti illi sub Dei timore et cultu religionis perseverantes, et in plures pauperes facientes eleemosynas, sua omnia dispensabant, et in sanctis Dei præceptis, jejuniis, vigiliis quotidie, et orationibus perseverantes. Saepissimè plurimae sanitates infirmis Dei gratia per eos præstabantur.
  • 13.
  • …exemplo multis prosunt: eorumque cultus, dies emortualis S. Rigomeri.
  • Multi etiam per eorum exempla viri et fæminæ ad cultum Dei perducebantur: et eos in vera omnino dilectione permanentes donis et muneribus plurimi populi multipliciter honorabant: quorum sancta corpora constat pro eorum meritis cium magno honore Cenomannis civitate requiescere, et cultu magno venerari a sacecrdotibus ac populo Christiano, ad honorem et gloriam Domini nostri Jesu Christi, qui vivit et || regnat cum Patre, in unitate Spiritûs sancti Deus, per cuncta sæcula sæculorum. Amen. Obiit autem sanctus Rigomerus IX Kal. Septembris in pace. Pro eorum sanctis laboribus et probata fide sine dubio, qualiter56) animas eorum remuneratas vel coronatas in regno Dei, et eorum fama beata ubique feliciter ad exemplum percurrit, et excoluntur ab hominibus.

Historia translationis, auctore Petro monacho Malleacensis

  • Edita apud Labbeum in Nova bibliotheca Mss. librorum tomo 2, à pag. 234.
  • 1.
  • Hugo Comes Cenomanensis…
  • Cùm in Commentario prævio ad Vitam S. Rigomeri § 2, à num. 14 datæ sint observationes variæ, quæ ad hanc translationem pertinent, ejusdemque narratio huc remissa ibidem à nobis fuerit, superest, ut illam nunc proferamus. Igitur post terminum rei præscriptas, dum ad propria remeasset is57), de quo agimus, causa intercessit, quâ eum Hugo Cenomanensis Comes conveniret. Si quidem imminebant ipsi permaxima quæque negotia, quæ eo inconsulto (diligebat namque illum charitate libera,) sibi timebat nocitura. Cumque ex omnibus, quibus eum consulturum pararat, egregiè accepisset responsa, demumque ad invicem familiaria quaedam alternarent colloquia; inter hæc et illa, Comes, ut videtur Domino inspirante, abbatem rogat, utrum sibi ad tanti operis supplementum boni afflueret ubertas, an se circumcingeret, uti in recentibus sæepe accidit, rerum tenuitas. At ille: Plurimis, inquit, si de temporalibus disputas, bonorum ad explendum abundo omnium copiis, sed quid mihi ex iis solaminis, dum Sanctorum pigneribus careo sacrofandis? Cumque allegantis modo nonnulla replicaret: Sed quoniam mihi tibique orta est hinc fabula, venerabile caput tuum deprecor, latissimos memoriæ campos percurrendo retracta, ac si quid prævales, praebe unde sitis meæ ardor capiat refrigeria.
  • 2.
  • …Theodelino abbati addicit S. Rigomeri reliquias…
  • Ad hæec admodùm attonitus Comes, primùm quidem paululùm verba faucibus occludit, deinde: Quoniam, inquit, nequaquam hæc tui tantùm reor petere causâ, quin potiùs multorum commodi gratiâ, et, ut legimus, plus aliorum quam nostra nos quærere decet opportuna præsidia, tale, quale postulas, in quadam juris mei ecclesia58) thesaurum progenitorum meorum reservavit industria, quo tua obstrictus dilectione me expolio, tibique hunc liberum concedo. Fuit siquidem Jesu Christi servus vocabulo Rigomerus, cujus viri leguntur actus, et apud nos crebris refulget miraculis: cujus forsan nec famam || acceperas hactenus. Mecum itaque aliquem arcani fidum custodem, nccnon et religione probatum dirigito. Ego autem ejus assignatione ad usque quo inferendus est locum digno, in quantum valuero, dignissimo prosequar obsequio. His auditis vir venerandus quanto tripudiavit gaudio, quamque festivè summo Domino tantique boni largitori multipliciter innumeras rependit gratias, reticeo: quoniam quidem luminorum oratorum poëmata his succumbere credo.
  • 3.
  • …quo modo ibidem obtentæ,…
  • Deligitur tandem communi consilio frater quidam et bonitate celeberrimus, et hujusmodi negotii, ut ferunt, ordinator peritissimus, Comitique longè sub alius operis intimatione associatur. At ubi Cenomanicam urbem ingredi sunt, intimat monacho præfatus Comes, ut a sui consortio se subtrahat, et quoquò potuerit, ac si eum à se pepulerit, hospitandi gratiâ divertat: rebus nocte decoloratis, ad sui suasionem legati, se quàm celerrime adeat. Hæc verbis ille; factis haud aliter supplevit iste. Denique ingreditur ille Comitatum: familiaribus se aliqua Sanctorum loca expetere velle orationis causa simulat: sagmarios59) demum, itemque sufficientem apparatum, prout longioris viæ necessitas postulasset, parari officialibus sub ejusdem noctis articulo imperitat. Finito autem die, cùm omnes sui monitis ejus parando opportuna perstreperent: urbs verò omnis peregrinari eum velle opinaretur, rem nimirum sublecuturam, nec ullus quidem levissimè saltem suspicaretur; clam idem Comes accersito, secundùm significatum fœdus, fratre, de quo superiùs dicebamus, una cum eo ecclesiam Rigomeri gloriosi penetrat, custodes quatenus rem occulant, jurejurando obligat: deinde suppliciter præmisso oratu ad glebam, quæ sanctissimum prælibati Patris retinebat corpus, appropiat: poStremò, patefactis ejusdem glebæ ostiis, sacrosanctos artus inde cum indicibili abstrahens reverentia, in scriniis ad hoc opportunè paratis transfert, omnique diligentia signat.
  • 4.
  • …aliò deportatæ fuerunt,…
  • Cumque hæc agerentur, dubito inopina concrepant tonitrua, densismaque coruscant fulgura, licèt paulo ante temperies adesset quàm serena. Mox quoque rei procuratores, præter Comitem ac monachum, sese hinc subtrahentes, metu correpti, conclamabant priori debere restitui loco sancta pignera, alioquin nequaquam evasuros hujusmodi discrimina. Quæ idcirco, ut credimus, divina egit potentia, quatenus is, qui transferri conabatur, solidiori veneraretur et coleretur diligentia. Enimverò paulò pòst reddito sereno, volente Christo, congruè omnibus, quæ res flagitabat, dispositis, viri ecclesiam egrediuntur, acceptoque itinere eadem die ad usque Andegavense60) oppidum mira celeritate proficiscuntur. Et quoniam ipsa eâadem die anniversariæ solemnitatis beati Albini61) episcopi urbis Andegavæ plebs festa recolebat, Missæ adipiscendæ voto sancti thesauri bajuli in basilica ejusdem Sancti divertunt, scrinia deponunt, officium, cujus causâ ædem sacram adierant, expetunt. Sed quid tunc novi per exanimata nostri Rigomeri membra effecerit Arbiter supremus, proferendum, quàm tacendum, videtur gratius: ut namque hinc paululum ludendo canam:
  • Virtus tecta parum refert, vitiumque sepultum.
  • 5.
  • ..facto per viam miraculo:…
  • Porrò autem dum sacrosancta mysteria præstolarentur viri, et scrinia, quæ, ut diximus, sacris erant pignoribus ditata, quodam ecclesiæ loco exposita haberentur, protinus quidam paralyticus, penè omnis corporeæ valetudinis expers, || portitoris officio illò adfertur, casuque supra prædicta scrinia orandi gratiâ, nescius quid in se retinerent, recubans, plus solito obrigitur, deinde tot incommodi infestationibus agitatur, ut sibi vitalem flatum amisisse videretur. Paulò pòst verò (mirum dictu!) stupentibus, qui aderant, omnibus, adest inopina salus, ac per mortui membra, viventi medela diu præstolata porrigitur. Quo patrato, dum plebs, quæ illuc solemnizandi causâ convenerat, unà cum meliorato ægroto exultaret pro miraculo in Domini laudibus, nullusque rei certitudinem agnosceret, præter Comitem ac socios ejus: ipsi autem timore Fulconis62), ejusdem urbis Comitis, ad quem attinebat et Cenomanensis Comitatus, de S. Rigomeri deportatione, et ab eo collata Ægroto sospitate conticerent penitus, prodigium illud magnificè beati Albini laudibus adscribitur. Verùm sancti thesauri latores, moras omnes rumpentes, acceptum iter studiosè persequentes, sequenti die cœnobium petivere Burguliense63). Et quoniam Theodelinum præfatum patrem illuc suspicabantur (nam spoponderat) occurrisse, atque adventum eorum opperiri valde sollicite, apparatum quoque nihilominus tantæ rei sufficientem vigilanter providere; è sociis aliquem præmittunt, se adesse , itemque cuncta, quæ optarant, auctore Domino Christo gnaviter, sed et ultra quam sperarant, qui intimaret, complesse. Quo vir Dei accepto, quanto lætificatus est tripudio, quantoque exhilaratus jubilo, quando id alicujus expediet etiam rhetoris oratio? Tandem accersitis ejusdem cœnobii fratribus rem patefecit, atque ut sese ad susceptionem cælestis protectionis præpararent, supplex imploravit. Illi verò hoc solemnissimè exsequentes omni studio receperunt, et in ecclesia Burguliensi quàm decenter exposuerunt, felices hos pronuntiantes, quibus tale Deus dirigebat patrocinium.
  • 6.
  • …ac deinde solenniter…
  • Interea pater Theodelinus ipsâ eadem horâ, quodam citissimo accito veredario, negotii totius feriem Malliacensibus fratribus intimavit, quidque ipsis in procinctu exceptionis sititæ providendum, potissimùmque procurandum necessario instaret, literis ordinavit. Cujus Malliacenses nutibus haustis legatarios circumquaque emittunt, multorum populorum catervas, itemque monachorum et clericorum non minimum caetum mira agilitate colligunt. Nocte interim illâ, quâ emigratâ sacrosanctæ gazæ Malliacendi monasterio erant inserendæ, quidam fratrum in eo quiescens, Barcinons64) natione, Tezo nomine, immensum luminis splendorem ab oriente in somnis65) emergere, deinde pedetentim omne omne cœnobii corpus complere, nec multo post innumeram populorum frequentiam undique concurrere, ac mirum nescio quid in eodem lumine suspenfam exspectare, itemque sibi quali submurmurando promittere. Et ipsum quidem hactenus beati Rigomeri latebat adventus. Si autem mortalium somnis nostra conjectura dignè porrigitur, videtur haud absurdè non unius tantum illius dici solemnem lætitiam, quin potiùs largifluam bonorum omnium affluentiam, ac ægrotantium non solum carne, sed etiam animis consolationem, quam ad beati Rigomeri suffragia concurrentibus confert Dominus, portendere optatam.
  • 7.
  • …ad Malleacenses translatæ: quæmiraculis deinceps claræ…
  • Verùm ubi latores superiùs assignati unà cum Theodelino venerando pretiosissimam gemmam Malliacensi insulæ intulerunt, clamor ingens utrimque oboritur: adest sacer conventus fratrum: hinc quoque et inde multiplex frequentia || turbarum laudem Domini undique resonantium: ministri, necnon cum crucibus et cereis circumdantibus aliis, humeris ovantes sanctum corpus imponunt; reliqua verò multitudo, flexis poplitibus, Rigomeri gloriosi cum multis lachrymis oppido licet exoptarent, rogitant patrocinium. Tandem sanè supplicatione debitâ completâ, antiphonâque impositâ, Malliacensi inducunt ecclesiæ jam olim à Domino prædestinata charismata, circumquaque concrepante lætitia. Et quoniam major ejusdem ecclesiæ crypta infecta adhuc his diebus manebat, in dextro membro componunt omni cum diligentiâ, quo sanctæ Dei Genitricis ac perpetuæ Virginis habetur et ara. De miraculis sanè deinceps per eum ibidem gestis, quæ tot ac tanta sunt, ut ea plenè referre nullus hominum, ut aiunt, sufficiat, ad præsens quidem tacemus: si vitam autem Deus dederit aliquantulum longam, quæ, vel quanta seniorum probatissimorum assertione de his accipimus, quolibet sermone ad laudem Domini nostri Jesu Christi, qui fecit quæ futura sunt, exarare aggrediemur66).

De S. Tenestina virgine apud Cenomanos in Gallia, Sylloge historica.

Cultus, elogium, monasterium, translatio corporis, reliquiæ.

  • Medio circiter sec VI. Memoria in Fastis,…
  • 1.
  • Cum proximè à nobis illustrata sit S. Rigomeri sita, eique hujus Sanctæ gesta sint immixta; non est, quòd lector multa hîc de ista Virgine seorsim exspectet. Id etiam causæ fuit, cur eam laudato Sancto proximè subjungendam censuerimus, præsertim quia dies ipsius emortualis in dicta Vita non exprimitur, et alicubi etiam annuntiatur hac die XXIV Augusti, ut modò videbimus, etiamsi ab aliis differatur ad diem XXVI ejusdem mensis. Belinus anno 1521 Parisiis editus illam memorat hodierna die, sicut dictum est in Commentario prævio ad Vitam S. Rigomeri num. 1. Sed Ferrarius in Novo catalogo Sanctorum die XXVI hujus ita eam refert: Floriaci in Gallia S. Tenestinæ virginis: quo etiam exstat apud Saussayum (sed rectiùs In Cenomanis ab eo annuntiatur) cum elogio. Tunc etiam memoratur a Castellano his terminis, qui è Gallico sic sonant: Cenomanis, sanctae Tenestinæ virginis, primæ Religiosæ abbatiæ Pratensis, quæ est ad portam istius civitatis. Eodem die habetur in Gynæceo Arturi, sed cum titulo virginis abbatissæ. Verùm publicus et antiquus S. Tenestinae cultus confirmatur sub finem vitæ, quæ tum ipsius tum S. Rigomeri est, et ex aliis de hac sancta Virgine mox proferendis, ut de eodem cultu non possit dubitari. Interim hîc videtur Castellanus confundere Cenomanense monasterium || S. Mariæ, quod erat S. Tenestinæ, cum cœnobio S. Juliani de Prato: de quibus agit Mabill. in Annal. Bened. tom. I ad an. 681, num. 15.
  • 2.
  • …hymnus seu elogium…
  • In nosto codice membranaceo Ms., è superius Vitam illam imprimi curavimus, incipiunt post eam versiculi; in quibus etiamsi nihil occurrat, quod valde dignum sit notatu; ne tamen hoc frustum vel exiguum in tenebris lateret, eo lectorem non frustrandum esse duximus, nonnullis mendis in eodem correctis. Hæc verò refert: Alma hîc mater virginum prima data a Domino, Theonefana nomine, nobilis fide [et] operâ. Beata ab adolescentia, amore Christi ignita, divinum [inJ cultum dedita, vitâ religiosissima. Culmen sanctimoniae adepta, feliciter calcans mundi inlicioras67), cælorum meruit praemia. Devotus ei proximus adfuit in Christo socius, Rigomerus nomine, vir præclarus merito. Erant ambo pariter beati Christi famuli; sed non credebant impii, falsum posuere crimine. Fruebant68) vitam invicem ut germani proximi; sed falfo testimonio plus imponebant impii. Gaudebant falsiloqui, putantes eos decipere, rege adstante præsenti, narrantesque mendacia. Hæc cum rex audiret, suâ eos vocare præsentia [traxit] in prætorio, claro vultu et hilari. Iratus rex, et discutiens eos, cur nefas facerent; respondent, se esse idoneos absque hoc [ad] malum crimine. Nec plura ibi invenio. Quid sibi || velit nomen Theonefana, non satis assequor; nisi duplex fortasse nomen habuerit S. Tenestina. His subdere lubet facta quædam historica ad majorem declarationem eorum, quæ in Vita prædicta obiter narrantur.
  • 3.
  • Virgo fuit Deo sacra,…
  • Ibidem num. 12 sunt hæc: Sancta verò Tenestina sub sacro virginitatis honore velum à sancto Innocente accepit. Tomo 3 Veterum analectorum, quæ à Mabillonio vulgata sunt, ac typis Parisinis edita anno 1682, pag. 92 et 93 habetur exemplar precariaæ, quam fecit sanctus Innocens episcopus Cenomanensis domnæ Tenestinæ de monasterio sanctæ Mariæ: in quo, Ego, inquit, in Dei nomine Tenestina Deo sacrata, filia quondam Haregario et Trudanæ, precatrix à vobis accedo. Plura de dicto loco instrumentum illud, quod signatur: Actum Cenomannis civitate publica. Data V Kal. Maii, anno XIII regnante Childeberto rege, apud Cenomanos post mortem Clodomiri, Christi 537, secundum dicta in Annotatis ad Vitam, de qua modò agebam, lit. C. In eisdem Analectis pag. 94 et 95 Sequitur exemplar præcepti, quod fecit Childebertus rex Francorum… super traditionem Haregarii, et coniugæ suæ Trudanæ, et filia eorum Tenestina Domino sacrata, id est de cellula sanctæ Mariæ etc.; è quo delibo ista: Præcipientes enim, ut sicut jam dictus Haregarius, et uxor ejus Truda, sive filia eorum Tenestina Deo sacrata, ipsa loca hereditatis eorum, unà cum terris, domibus, ædificiis, mancipiis, vineis, silvis, pratis, pascuis, aquis, aquarum-ve decuriibus , farinariis , peculiis , prxfidiis , mobilibus Sc immobilibus , vel reliquis quibuscumque beneficiis, ad ipsa casa Domini per strumenta justè et rationabiliter delegassent, et ad hoc præsens ibidem recto ordine videtur esse possessum, ita et inantea inspectâ epistolâ donationis per hoc præceptum plenius in Dei nomine confirmamus ipsa loca superiùs nominata etc. Childebertus rex Francorum subscripsit… Datum dies VIII, quod facit præsens mensis Junius, anno VII69) regni nostri, Opatinaco70), in Dei no* /. Captu- mine feliciter. Amen.
  • 4.
  • …ac monasterium construxit,…
  • Vidimus superiùs, Sanctam nostram ab Arturo annuntiari cum titulo abbatissæ: quem ex antiquis instrumentis satis probare non possumus: non ex Vita num. 12: nam etiamsi Dei Famula, ut ibi dicitur, monasteriolum vel basilicam… construxit, et inibi religiosam vitam cum cæteris puellis Deo devotis duxit; eâque fortasse de causa alma mater virginum prima data à Domino dicatur superiùs num. 2; hinc tamen non videtur extundi posse sufficienter, quod ipsa istis puellis abbatissa præfuerit. Non etiam ex dictis instrumentis; in quibus dicitur quidem virgo, Deo sacrata, et velata; non verò abbatissa; et ideo Artarum, qui exiguæ vel nullius potiùs in hac re est auctoritatis, non sumus secuti in ista dignitate Sanctæ nostræ tribuenda, de qua deberet aliunde nobis constare; sed cum aliis hagiologis virginis titulum ei dedimus ante hanc syllogen. In dicto autem monasterio beatam vitam consummavit, prout testatur ibidem biographus. De tempore mortis, quod in principio hujus sylloges signavi; vide Commentarium prævium S. Rigomeri § 1, num. 10. Ad religiosam vitam, quam ibidem cum cæteris puellis Deo devotis duxisse, modò dicebatur, quod spectat; videtur in isto parthenone regula aliqua viguisse, non Benedictina, sed verosimiliter S. Cæsarii Arelatensis. Bondonnetus in Digressione historica, de || qua inferiùs num. 6, ex his qua isti Digressioni præmiserat de S. Mauro, concludit, cùm Pratense monasterium condiderit S. Innocens pro feminis Religiosis, non fuisse eas BenediUinas in primæva sua institutione, fundatas utique priusquam S. Maurus venerit in Franciam, qui primus ibidem propagavit regulam S. Benedicti; easque in primis illis exordiis vixisse sub quamdam regula, tunc temporis æstimata; seque propendere indicat in illam opinionem, quod regula ista fuerit, quam S. Cæsarius, archiepiscopus Arelatensis dederat S. Cæsariæ sorori suæ, quæque tempore seculi VI erat in usu, et aliquo post tempore, quàm S. Maurus eò pervenisset. Res confirmatur exemplo S. Radegundis (Fuit hæc S. Tenestinæ synchrona) quæ monasterio suo Sanctæ crucis Pictavii istam regulam monialibus procuravit. Consule apud nos Commentarium prævium ad Acta S. Radegundis § 6, tomo III Augusti, die XIII, à pag 60. En tibi nunc aliqua de S. Tenestinæ translationibus. Quæres primò, an inde sacra ipsius ossa, et quando translata fuerint. 2°. An aliò delata?
  • 5
  • … Corpus ejus…
  • Respondeo ad primum: Translatio una accidit seculo nono, quæ in suprà allegato Veterum Analectorum tomo 3, pag. 60 et 61 translationi S. Juliani, aliorumque Sanctorum inventioni ac translationi inserta legitur, dum S. Galdricus cathedræ Cenomanicæ præesset. Narratio rei gestæ sic incipit: Ludovico piissimo imperatore totius Galliae sceptrum tenente, domnus Aldricus… Cenomannicam tunc regebat ecclesiam. Qui dum in eadem civitate consistens aspiceret loca sancta circa urbem ab antecessoribus suis quondam ædificata, interque omaia vidit ultra fluvium Sartae locum, in quo corpus beati Juliani, gentis Cenomannicæ apostoli et episcopi… olim humatum fuerat, destructum nimis, et ab omni clericali officio Deo inibi servientium valde derelictum… cogitare intra se ccepit…, ut inde sanctum afferret episcopum. Deinde exposita inventione istius sacri corporis, nec non SS. Turibii, Pavatii, Romani, atque sanctæ Tenesftinæ praecipuæ virginis, quæ et monasterium sanctæ Mariæ sub muro urbis situm, in rebus senioris ecclesiæ una cum adjutorio sancti Innocentis, supradictæ civitatis episcopi consftruxit; nec non aliorum Sanctorum, qui ibidem nominantur, pignoribus sacris, subduntur sequentia:
  • 6.
  • …seculo non transfertur,…
  • Quibus ita repertis, et miraculis multis ostensis, præsul cum populo valde gavisus, cum ardentibus cereis, cum crucibus et turibulis, et cum tripudio inæstimabili, ne amplius lux tanta lateret in tenebris, sed luceret omnibus, qui in domo Domini sunt; de parva ecclesiola intra muros urbis in seniorem ecclesiam Sanctorum suprascriptorum corpora honorifice transtulit, atque ibi cum summa veneratione collocavit: quatinus eorum meritis et piis intercessionibus ecclesiae major cultus excresceret, et divinus honor in melius multiplicaretur, sicut in porteris actum esse Domino annuente probatur. Ibidem pag. 62 notantur ista: Translata sunt autem sanctorum confessorum corpora, Juliani, Turibii, Pavatii, Romani, Liborii atque Haduindi ab Aldrico venerabili episcopo intra Cenomannicam urbem in seniorem ecclesiam, octavo Kalendas Augusti. Non est mihi exploratum, cur in ista clausula non notentur nomina S. Tenestinæ, nec non S. Adæ, quæ et Adrechildis alio nomine nuncupatur, quæ, ut legitur, deprecante || sancto Innocente episcopo, de monasterio sanctæ Mariæ, quod situm est in urbe Suessionis, ad Cenomannicam urbem venit, et ibi in suburbio, in monasterio videlicet sanctæ Mariæ, regulam beati Benedicti edocuit, et sanctimoniales feminas, ut ibi regulariter viverent, ordinavit; prout in præsenti narratione erat præmissum. Porro S. Tenestinæ, et S. Adæ seu Adrechildis inventio ac translatio inferiùs à nobis Confirmabitur; Adrechildem verò migrasse ad prædictum S. Mariæ monasterium deprecante S. Innocentio episcopo, falsissimum est, is quippe jam ab annis centum vel ampliùs vivere desierat. Mabillonius in suis Annalibus tomo I ad annum 660 num. 3 agens de synonymo monasterio S. Mariæ apud Suessiones, Ada, inquit, seu Adrechildis,… ex hoc beatæ Mariæ cœnobio ad Cenomannos ab Agliberto propinquo suo evocata est. Plura de hac re legi possunt apud Bondonnetum in Digressione historica de prima abbatissa Pratensi, quæ inter Vitas episcoporum Cenomanensium habetur in observationibus ad S. Innocentium, pag. 249 et seqq.; adde Michaëlem Germain Benedictum in Historia abbatiæ S. Mariæ virginis Suessionensis lib. 3, cap. 2, pag. 296. Sed ad priora redeamus.
  • 7.
  • .. et inquirtur,…
  • His visum est subnectere animadversiones nonnullas, quibus conabimur prædictæ translationis historiæ aliquid lucis afferre. Imprimis non convenit inter scriptores, quo anno acciderit. In Vita S. Aldrici apud nos tomo primo Januarii, die VII ejusdem mensis, pag. 388, S. Juliani translatio ponitur anno Christi DCCCXXXIV, et, sicut suprà notabatur, VIII Kal. Augusti. Ast alibi differtur ad annum 836. Bollandus noster in suo Commentario historico, quem anno 1648 de S. Liborio confessore et episcopo Cenomanensi supra laudato seorsim excudi typis curavit, quique postmodùm in tomo nostro quinto mensis Julii, ad diem XXIII recusus est, pag. 418 ejusdem tomi 9 scriptor translationis Sancti hujus sic memorat: Igitur anno Dominicæ Incarnationis octingentesimo trigesimo sexto, Indictione XIV, cum præfatus Ludovicus tertium et vigesimum in imperio annum ageret etc. Annum verò Ludovici imperatoris cum anno translationis ita combinat idem Bollandus in Annotatis pag. 419 lit. a. Ostendimus superiùs, rectè invicem congruere characteres chronologicos hic expressos, annumque Christi DCCCXXXVI fuisse Ludovici Pii XXIII a morte Caroli patris, et XXIV, ex quo imperiali eum diademate, ut in Vita ejus dicitur, coronaverat pater, medio fere ante mortem suam anno.
  • 8.
  • …quo anno..
  • Cointius ad annum 836, num. 83 sententiam Bollandi etiam amplectitur; et eadem occasione rectè rejicit opinionem Corvaiserii, qui in Historia episcoporum Cenomanensium, in S. Aldrico, pag. 283 censet, hanc ab eo translationem esse factam ex ecclesia Pratensi in cathedralem, ob metum Normannorum ac Danorum. Aldricus, inquit, videns quod abbatiæ Pratensi proxima minitaretur ruina, quodque terror ortus per excursiones Normannorum ac Danorum exegisset ex ea Religiosas etc. Sed ut ad rei gestæ annum redeamus; die XVI Aprilis, tomo II ejusdem mensis, pag. 415 S. Thuribium episcopum Cenomanensem dedimus, ac translatio, de qua hîc agimus, differtur in annum 838 ex Actis ejusdem Sancti, quæ ab Henschenio ibidem laudantur tamquam accuratè à discipulis ejus conscripta: è quibus ista ibidem delibantur: || Anno Incarnationis Domini nostri Jesu Christi DCCCXXXVIII, Indictione I, anno XXV imperii domni Ludovici Pii imperatoris, Aldricus, jam dictæ urbis episcopus venerabilis, invenit quædam corpora Sanctorum, quæ in valde desertis ecclesiis, divinis officiis et luminaribus, atque reliquis divinis cultibus negligebantur etc. Hæc ibi, et plura, quæ lector adire potest. Observa 1°., in laudatorum Actorum ecgrapho, quod ante me habeo, quodque apud nos asservatur pro die VII Januarii, inter alia corpora inventa designari corpus S. Tenestinæ praecipuæ virginis etc.; sed et sanctæ Adæ, quæ et Adrehildis alio nomine nominatur, quæ, ut legitur etc. Duarum istarum Sanctarum, ac S. Romani sacerdotis nomina Henschenius in mox allegato instrumento ac typis edito sciens omisit, ut indicant puncta, quæ textui interponuntur, quia ipsius scopus erat agere de solis episcopis Cenomanensibus ibidem expressis, uti præmonet his verbis: In hisce Actis, de quibus egi paullo ante, est, inquit, antiquissima memoria primorum episcoporum, quam hactenus licuit observare, cum certo cultus ecclesiastici indicio.
  • 9.
  • …translatio ista accederit…
  • Sanctæ itaque nostræ corpus è monafterio in quo mortem obierat, ad ecclesiam seniorem vel cathedralem civitatis Cenomanensis translatum videtur probabiliùs anno Christi 838, propter auctoritatem Actorum S. Thuribii, quæ jam laudata sunt. Atque hæc responsa sumo ad quæstionem primam anteà num. 4 propositam. Reliquum est, ut procedamus ad secundam, an videlicet alio etiam sint delata ossa ipsius sacra, data tamen prius notitiâ quorumdam Sanctorum, qui superiùs nominati sunt. S. Julianus habetur apud nos ad diem XXVII Januarii, pag. 761; S. Pavacius ad XXIV Julii, pag. 537; S. Haduindus seu Hadoïndus ad diem XX Januarii in Appendice pag. 1140; S. Romanus apud Castellanum in Martyrologio universali, et in novo Martyrologio Parisiensi ad diem VII Novembris; S. Adneta (alias Ada, seu Adrechildis) annuntiatur in Gynæceo Arturi ad diem IV Decembris, ubi videri de ea possunt notationes, nec non Mabillonius in Annalibus Benedictinis tomo I ad annum 836, num. 61, Cointius ad annum 686, num. 13. Sed veniamus ad secundam quæstionem.
  • 10.
  • …Sacra ejusdem lipsana apud Malleacenses ac Floriacenses…
  • Corvaiserius in Vitis episcoporum Cenomanensium pag. 170 vult, S. Tenestinæ ac S. Rigomeri corpora translata fuisse ad monasterium Malleacenfe. Sed difficultatem nobis movet in hac re auctoris fide dignissimi narratio, qui hujus quidem Sancti translationem describit; de illius autem non meminit. Non itaque videtur utriusque corpus eò simul transvectum fuisse. Consule, quæ præmisi in S. Rigomeri Commentario prævio § 2, num. 16. Non habemus tamen sufficiens fundamentum negandi, quòd antè, vel pòst pars aliqua corporis laudatæ Sanctæ pervenerit ad illud monasterium, cum ibidem colatur, ut dixi loco mox citato. Cœnobitis tamen Malleacensibus probandum relinquimus, an et quid de reliquiis istis possideant. Idem dicimus de Floriacensibus. Nam Carolus Sausseyus Annalium ecclesiæ Aurelianensis lib. 4, cap. 7, in quo agit de corporibus ac sacris lipsanis cœnobii Floriacensis, pag. 232 ponit ibidem corpus B. Tenestinæ virginis, cujus gesta habentur Floriaci manuscripta cum gestis S. Rigomeri confessoris in pago Cenomanico. Hadrianus Valesius in Notitia Galliarum cœnobium hoc ita describit: Floriacum || vicus ad Ligerim in Carnutibus (non verò agri Cenomanici, uti habet Ferrarius in suo Novo catalogo die XXVI Augusti in notis) diœcesique Aurelianensi, nomen suum dedit nobilissimo ac veterrimo monasterio Floriacensi vel Floriaca, quod et ante annos CM dici cœpit monasterium S. Benedicti, Fleury sur Loire, vel S. Benoist sur Loire. Deinde plura alia superaddit idem Geographus. Sausseyus modò citatus ex ejus reliquiis, inquit, Manasses episcopus Aurelianensis particulam intulit in monasterium Curiae Dei, vulgo la cour Dieu Ordinis Cisterciensis, in || diœcesi Aurelianensi ad Ligerim fluvium. Sausseyus lib. 6 à pag. 334 meminit de tribus Manassibus episcopis Aurelianensibus: sed is, de quo agit primo loco, suspectissimus ipsi est; et addit, se alios ab isto Manassem primum et Manassem secundum nominatim vocatos reperire in dedicatione altarium Curis Dei anno MCCXVI. Apud Sammarthanos in Gallia Christiana tomo 2, pag. 140 signatur Manasses I, Sausseyo dubius; quem, uti addunt, asruit Guyonus ex fide veterum diptychorum ecclesiæ. De alio agunt pag. 249; de tertio pag. 251.

22. Extraits de la Vie de Rigomer annotés par dom Martin Bouquet (1741)

  • Ex Vita71) S. Rigomeri confessoris.
  • Igitur eo tempore quo Childebertus Rex vel Chlotarius germanus suus Neustriam sive Franciam sorte inter se diviserunt, uxores duxerunt Reginas72) Christianas; Chlotarius Rex domnam Radegundam73) Christianissimam feminam, Childebertus Ultrogodam. Ex eorum permissu aliqua Monasteria, Domino annuente, in nostris partibus florere cœperunt: sed et initia eorum commemoranda sunt, necnon et eorum nomina, qui primi Abbates ibi fuisse testantur.
  • Ut a fidelibus viris refertur, domnus Maximinus74) super Ligerim prope Aurelianis civitatem, vir religiosus et sanctus, piè servivit Domino: cujus discipuii eodem tempore sanctus videlicet Avitus75) et sanctus Carileffus, duo socii, in vastis eremi solitudinibus binas cellulas sub sancta regula degentes mirificè aedificaverunt Domino, fulti sancti Innocentis Episcopi Cenomannicæ urbis auxilio, qui tunc temporis hujusmodi partibus praeesse videbatur. Qui cum supra fluvium Anisolæ de jure suæ sedis Ecclesiæ S. Karileffo ad construendum 76) Monasterium privilegium dedisset, et S. Avito non minimum fecisset amminiculum, non magno intervallo, alii Monacho sancto et religioso, nomine Launomaro, in loco qui dicitur |427| Curbionis, a nomine alvei ibidem decurrentis, cujus vocabulum dicitur Curbionis, supradido auxilio condidit Monasterium77), et sub regulari studio fine tenus consummari fecit.
  • In illis quidem temporibus, ut veracium et fidelium hominum testimoniis approbatur, et cognitum est per multos fideles, ortus est in condita Sagonensi78) ex liberis parentibus sanctus ac religiosus et bonis moribus ornatus Rigomerus Dei famulus, qui ab infantia sacris litteris eruditus a quodam religioso Presbytero sancto Launildo de Arverno79) ….. ac proinde ex Dei providentia, et testimonio fidelium populorum, Sacerdos Dei probatus effectus est…..
  • Audivit autem ipse Sanctus in proximo loco antiquum fanum esse, quod vocabat populus Mori-fanum, quod plurimus populus venerabatur, et cui diabolica et illicita vota suis muneribus persolvebant. Tunc Dei famulus sanctus Rigomerus condolens de rustico et infideli populo, qui hujusmodi culturam non in honorem Dei ad salutem suam, sed potius ad superstitionem diaboli ad suam perditionem faciebat; accensus zelo Christianorum, ad locum ipsum accessit cum fratribus et Christianis fidelibus, requirens diligenter: et inventa fraude diabolici figmenti, praedicans vel annuntians Dei verbum in illa civitate, commonuit ut ipsi fanaticam observationem relinquerent, Ecclesiam Dei potius frequentarent, et a Christo Jesu salutem expeterent. Quod et Domino auxiliante fecerunt: et ipso fano destructo, Basilicam in eodem loco ædificaverunt, ubi sacras oblationes nunc videntur offerre.
  • Contigit autem in diebus illis, ut aliqua matrona de genere nobili, nomine Truda80), correpta febri, ipsum sanctum Rigomerum necessitate conducta mandaverit ad se venire, audita ejus sanctitatis fama, ut per ejus orationem posset invenire salutem. Quam cum sanctus Rigomerus causa pietatis pro caritate visitasset, et per orationem et infusionem olei benedicti ipsam feminam confortare cœpisset, erat aliqua ibi tunc puella filia ejus, nomine Tenestina, audiens exhortationem ipsius servi Dei…. Haec audiens ipsa puella, credo, inspirante Deo, adamavit ejusdem sancti viri consilium, ipsumque Sacerdotem sicut Dei nuntium attentiùs audire voluit, et cœpit frequentare circa ipsum, et in quantum valebat, ministrare ei in vera dilectione…..
  • Tunc ipsi maligni homines sponso illius puellae, Severo nomine, nuntiaverunt dicentes quod sponsa ipsius Tenestina quemdam Clericum nimis singulari dilectione diligeret…. Quod audiens vir ille credidit, et indignatione repletus, in malum recepit quod pro caritate fuerat factum. In tantum hoc magis indignari cœpit, ut ad palarium Regi vel Senioribus suggesserit quod Clericus quidam Rigomerus sponsam suam Tenestinam ei abstrahere conaretur: et Missum de palatio accepit, qui veniens ipsum servum Dei Rigomerum et suprascriptam puellam per fidejussores colligaret, ut ad palarium pergerent, et ante domnum Childebertum vel Seniores palatii rationem ex supradidis calumniis pleniter redderent. Qui summa festinatione ad palatium pergentes intrepidi…… fiducialiter ante ipsum Principem vel Seniores populi convenerunt, et in loco, qui Palatiolus81) vocatur, perducti & præsentari sunt, habentes candelas sive cereolos, munera religiosa, quæ pro oblationibus in praesenti Regi obtulerunt.
  • Sed aliqui Seniores verba blasphemiae, præsente Rege, dixerunt: O Sacerdotes tales, qui aliorum seducant uxores! Tunc Rex fertur dixisse: Si verè digni estis, et nihil per malitiam vel per libidinem agitis, hos cereos, quos mihi offertis, per signacula sine igne accendite, ut per hoc appareat si pura et religiosa est vestra devotio. Et illi intrepide fidenterque, de divina pietate confisi, flexis genibus divinam Majestatem implorantes, coram populo et Rege cœperunt ipsi cerei fumare: et extensa tunc manu dextera sanctus Rigomerus, et invocato nomine Domini nostri J. C. manifestè cerei illi accensi sunt et illuminari ex Dei virtute, et claro igne ac splendore fulgere cœperunt. Et cum hoc Rex ille domnus Childebettus vel Seniores palatii vidissent, statim ad genua sive vestigia Sanctorum sese incurvaverunt, |428| petentes indulgentiam pro laboribus vel fatigationibus quas ei fecerunt.
  • Quapropter Rex munerare eos volens, eis binas villas in pago Cenomannico concessit, et loca ad cellulas ædificandas cum sancto Innocente Episcopo impetravit…… Supplicavit etiam eis praedictus Rex atque Seniores populi, ut tam pro regni pace quam et pro salute populi assiduè& orarent. Tunc Rex in suprascripta villa Palatiolo Basilicam fieri jussit82) in sancti Rigomeri honore, ubi et ipse83) et populus modò convenire ad orationem solent, et sacras oblationes Domino offerre videntur…….
  • Sancta vero Tenestina sub sacro virginitatis honore velum à sancto Innocente accepit, et sanctè ac piè vivere studuit. Quæ etiam jussu prædicti sancti Innocentis Episcopi, et postea domni Domnoli ipsa Dei famula in honore sanctæ Mariæ Monasteriolum vel Basilicam in solo matris Ecclesiæ Cenomannis intra muros et aquam84) solemniter, Deo auxiliante, et memorato Episcopo opem ferente, construxit, et inibi religiosam vitam cum ceteris puellis Deo devotis duxit, ibique Christo propitio beatam vitam consummavit: et locum sancto Rigomero de proprietate Ecclesiæ praedictæ, ubi ipse Sanctus cellulam construeret, per Episcopi epislolam impetravit, qui nunc dicitur 85) Sulinniacus86).
  • Obiit autem sanctus Rigomerus IX. Kalendas Septembris87), caelesti fruens perenniter beatitudine.

23. Notice sur Pierre de Maillezais par Antoine Rivet de la Grange (1746)

24. Notice de Louis-Etienne Arcere (1756)

  • On croit dans le Maine que le corps de S. Rigomer fut transféré à Maillezais avec celui de Sainte Tenestine, qui dans le sixieme siecle fonda un monastere au Mans, sous le titre de Sainte Marie , sur les bords de la riviere de Sarthe, monastere qui dans la suite fut ruiné par les Normands. Dans le breviaire du Mans, imprimé en 1748, on place la fête de Saint Rigomer au 15 d’Ayril, et dans la légende de ce Saint, il est fait mention de la translation de ses reliques et de de Sainte Tenestine à Maillezais, et dans la suite à la Rochelle. Dans quelle source a-t-on puisé ces faits-là ? Pierre de Maillezais, et l’anonyme de la chronique du même nom ne parlent en aucune façon de la translation des reliques de Sainte Tenestine. Le premier, sur-tout, qui donne un grand détail de la translation du corps de Saint Rigomer, auroit-il pu oublier les reliques de Sainte Tenestine , si ce dépôt précieux eût été conservé dans l’église de Maillezais? D’ailleurs la tradition du pays n’en a conservé aucune trace.
  • Suivant un ancien calendrier, la fête de Saint Rigomer tombe le 24 Août et non le 15 Avril. Ejus memoria habetur in hagiologis ms. Casalis benedicti , in biturigibus, nono kal. Septembris, his verbis, cenomannis civitate S. Rigomeri presbiteri et confessoris…. Antiquit. de Dom Etiennot.
  • M. Chatellain observe dans son martyrologe que ce Saint est nommé Richmirus dans tous les manuscrits qu’on a trouvés de sa vie jusqu’à présent, et que dans un manuscrit d’une église de Normandie, il est dit qu’il mourut le 16 des calendes de Février (17 Janvier ) et que le 14 Août est le jour de la translation.
  • Le Savant abbé le Beuf, dans ses dissertations sur l’histoire ecclésiastique et civile de Paris, imprimées en 1739, t. I, p. 193, releve doctement les erreurs de cet agiologiste, qui fait de Saint Rigomer et de Saint Richmir un seul et même personnage.
  • Richmirus vint de la Touraine se retirer dans le pays du Maine. Il bâtit un monastere sur un petit ruisseau nommé Gundridus, et mourut le 17 Janvier, au commencement du huitieme siecle. Rigomer n’étoit point étranger par rapport au pays du Maine. Il étoit né dans le canton qu’on appelle le Sonnois. Il fut revêtu du sacerdoce et s’appliqua à détruire dans son pays des restes d’idolâtrie. Il convertit Tenestine, fille d’une dame de qualité, nommée Truda ou Trudana. Tenestine bâtit un monastere, et reçut le voile des mains d’Innocent évêque du Mans. Rigomer vivoit au sixieme siecle du temps de Childebert I. mort en 558; ce qui établit une différence totale entre Rigomer et Richmir, qui mourut au huitieme siecle.
  • L’auteur de la vie de Saint Rigomer |600| marque expressément que la mort de ce Saint arriva le 24 Août. Tous les exemplaires du martyrologe d’Usuard le qualifient de prêtre et non d’abbé. La vie de Saint Rigomer ci-dessus mentionnée se trouve parmi les manuscrits de l’abbaye de S. Germain-des-Prez n°499, olim 627. M. le Beuf remarque encore que l’on conserve le corps de Saint Rigomer dans la paroisse de Saint Nicolas de Maillezais. M. Belle-Fontaine curé de cette paroisse, m’apprend qu’il n’y a que quelques ossemens, le reste ayant été brûlé ou dispersé durant les guerres du seizieme siecle… L’ancien bréviaire de Maillezais, place au mois de Mars la translation de Saint Rigomer.
  • Par rapport à la translation des reliques de S. Rigomer et Sainte Tenestine, de Maillezais à la Rochelle, on peut assurer qu’elle est imaginaire. Il est si notoire qu’il n’y a pas dans l’église de la Rochelle des reliques de ces Saints, qu’il seroit inutile d’en parler plus au long.

25. Nouvelles recherches de Jean Lebeuf (1757)

  • Vauhallan dont le nom latin est vraisemblablement Vallis Alani, ou Vallis Alanorum dont l'on a fait Vallis Hellandi, est à demi lieue de Saclé du côté de Paris. Ce Village, principale dépendance de Saclé, est situé sur un côteau qui regarde le couchant et le midi; aussi cette situation y a-t-elle fait planter quelques vignes. Il relevoit vers 1398 du Seigneur de Buc. Il y a une Eglise assez considerable accompagnée d'une tour pour les cloches. Il y a tout lieu de croire que c'est là qu'étoit l'Église que le Livre d’Irminon Abbé de saint Germain vers l'an 800 , dit |513| avoir été sur les bords du territoire de Palaiseau. Elle est appellée Cure dans les Pouillés manuscrits du quinziéme et du seiziéme siécle, et Jean Breaudeau en étoit Curé en 148188). Le peuple qui est dans la bonne foi, croit que saint Barthelemi Apôtre est Patron de cette Eglise, parce que de tems immémorial la Fête titulaire a été célébrée le 24 Août. Mais pour revenir de ce préjugé, il faut sçavoir que l'on a des exemples comme on s'est déja trompé ailleurs de la même maniere, en prenant pour Patrons d'Eglises quelques saints Apôtres, quoiqu'ils ne le fussent pas, et que ce fussent d'autres Saints décédés anciennement le jour auquel les Fêtes de ces Apôtres ont été depuis fixées. Tel est saint Eptade Patron de Cervon au Diocèse d'Autun décédé le 24 Août au sixiéme siécle, que le peuple appelle saint Barthelemi. Saint Ouën Evêque de Rouen mort le même jour est pris pareillement pour saint Barthelemi en quelques endroits, à cause du concours de sa Fête. On pourroit rapporter d'autres exemples de lieux où saint Jacques le Majeur fait perdre au 25 Juillet le souvenir de saint Christophe, et où saint Jacques le Mineur a fait éclipser au premier Mai la mémoire des Saints en grand nombre dont la Fête est le même jour. Etant donc assurés par la vie de saint Rigomer Prêtre du pays du Maine89), que lorsqu'elle fut écrite il y avoit une Eglise de son nom dans les limites de la Terre Royale de Palaiseau alors fort étendue: et étant également certain que la mort et la Fête de ce Saint tombent au 24 Août, il en reste à conclure que c'est saint Rigomer qui étoit le Saint titulaire de Vauhallan au septiéme et huitiéme siécles: mais que l'établissement du Calendrier Romain en France sous Charlemagne, |514| ayant introduit au 24 Août la Fête particuliere de S. Barthelemi, cette Fête d'Apôtre ayant été chommée par-tout, il a eté impossible par la suite de distinguer ceux qui chommoient pour un autre Saint ce jour-là, d'avec ceux qui chommoient pour saint Barthelemi avec le commun des autres Eglises du Royaume. C'est ainsi que le culte de saint Rigomer est tombé ici en oubli.
  • [Saisie de Bernard Gineste, 2021]

26. Réédition annotée de la donation d'Hargier par Bréquigny et Du Theil (1791)

  • An. 566. Mense maio.
  • Charta 90) quâ Haregarius, cum conjuge Trudâ et filiâ Tenestina, Ecclesiæ Cenomanicæ SS. Gervasii et Protasii dona confert.
  • Dum fragilitatis 91) humani generis pertimescit ultimum vitae tempore, subitaneâ transpositione venturâ, oportet ut non inveniat unumquemque hominem imparatum, ne sine aliquo boni operis respectum migrat de saeculo, nisi dum suo jure et potestate consistit, praeparet sibi viam salutis, per quam ad aeternam valeat beatitudinem pervenire. Ideoque ego in Dei nomine Haregarius et conjux mea Truda 92), et filia nostra Tenestina 93) Deo sacrata, unanimiter consentiente, pertractavimus de Dei misericordia, pro remedium animae nostrae et remissionem peccatorum nostrorum, ut aeternam mercedem in futurum apud dominum consequi mereamur, ut aliqua cellula ac monasterium in terraturium sanctae Mariae Dei genitricis et Domini nostri Jesu-Christi, vel sanctorum Apostolorum Petri et Pauli, construere ac aedificare deberemus: quod ita et fecimus: quem apud domno ac venerabile Sede Apostolico Innocenti, Cenomanicae Ecclesiae Praesule deprecavimus, una cum sanctâ congregatione in ipsa urbe consistente, ut per beneficium nobis concederet de rebus sanctae Mariae, vel sanctorum martyrum Gervasii et Protasii, per licentiam jam dicti Pontificis construere debeamus. Et omnes res nostras, atque mancipia, quem ex legitimâ successione nobis obvenerint, totum et ad integrum, ad jam dictum monasterium, per hoc testamentum conditionis tradidimus atque confirmavimus; et post nostrum discessum, jam dicta Ecclesia sanctae Mariae et sancti Gervasii et Protasii, Cenomanis civitate constructa, vel ejusdem Pontificis heredes instituimus, et eos appellare volumus. Cujus petitionis libenter animo suscepimus, et concessimus eis per nostrum beneficium, ipsam aream ad ipsum monasterium faciendum; et de rebus sanctae Mariae et sancti Gervasii et Protasii, villas duas in augmentum, ad ipsum monasterium construendum, ut melius valeant hanc cellulam construere ac aedificare. Et dedimus inter nos fidejussores, Bernhardum Episcopum |25| et Landolenum Abbatem, et Gundinum Comitem, per libras quingentas de auro pensante: et si aliquis de nos, de hac convenientiâ se mutaverit vel retraxerit, pari suo solvere faciat, eâ scilicet conditione, ut cum omni re emelioratâ vel suprapositâ, ad partibus sanctae Mariae et sanctorum Martyrum Gervasii et Protasii Cenomannis civitate, vel ejusdem Pontificis, ipsum monasteriolum cum omnes res ad se pertinentes vel aspicientes, tam illas quem nos ad ipsum locum sanctum tradidimus atque confirmavimus, quam et illas quae de rebus nostris per vestrum beneficium a vobis accepimus, absque ullius judicis consignatione, aut heredum nostrorum contradictione, cum omni integritate, in vestram faciatis revocare potestatem vel dominationem. Et censivimus annis singulis ad festivitatem sancti Gervasii et Protasii, quod est XIII kal. Julias, de argento libras transsolvere faciamus; et post nostrum, Deo jubente, de hac luce discessum, sicut superius insertum est, vos, aut Rectores Praesules, successoresque vestros in vestram faciatis revocare potestatem vel dominationem, ea scilicet ratione atque praetexto, ut rem data Pontificis simulque ecclesiasticorum omnium pontificalium seu publicorum omnium potestate privandas, nullas functiones vel exactiones, neque exquisita et lauda convivia, neque gratiosa vel insidiosa munuscula, neque etiam caballorum pastus, atque paravereda, vel angaria, aut in quodcumque functionis titulum judiciaria potestate dici potest, de ipsâ facultate penitùs non requiratur, sed sub integra emunitate facultaticulâ, sicut a nobis hucusque possessa est in jure oratorio sanctae Mariae et praedictorum sanctorum Apostolorum, sub jure et potestate et dominatione sanctae Mariae matris Domini nostri Jesu-Christi, vel sanctorum Martyrum Gervasii et Protasii et eorum Rectoribus atque Pontificis, debeat, Deo protegente et opitulante, consistere. Licet in cessionibus poenam adnecti non sit necesse, sed nobis pro omni firmitate placuit inserendum. Si quis vero, quod futurum esse non credimus, si nos ipsi, quod absit, aut aliquis de heredibus aut proheredibus nostris, seu quaelibet persona, calliditate commotus aut cupiditate praeventus, ullo unquam tempore comprehensam epistolam cessionis nostrae, quam propter nomen Domini et veneratione ipsius sancti loci, spontaneâ voluntate fieri decrevimus, venire aut aliquid agere voluerit, aut tergiversator exstiterit, anathema sit; et tam qui fecerit, quam qui faciendo consenserit, anathema sit, et cum suprascriptos sanctos ante tribunal Christi deducat rationes; insuper inferat juxta poenas saeculi, eum cogente fisco, partibus ipsius Ecclesiae vel eorum Rectoribus auri libras quingentas, argentum pondera mille transsolvere faciat, et quod repetit nullatenus valeat vindicare, sed praesens cessio, atque voluntas nostra omni tempore inviolata permaneat, cum stipulatione subnixa. Et ut haec cessio firmior habeatur, et inviolabiliter conservetur, manus nostras subter firmavimus, et aliorum bonorum virorum decrevimus roborari. Actum Cenomannis civitate publicâ. Data V nonas maii, anno II 94) regnante Childeberto Rege. Signum Haregario. Signum Trudane uxore ipsius. Signum Tenestina filia ejus Deo sacrata, unanimiter consentientes, qui hanc cessionem vel donationem a nobis facta fieri vel roborari decrevimus. Ego Innocens ac si indignus peccator Episcopus a me facta subscripsi. In Christi nomine 95) Landolenus indignus Episcopus subs. Ego Magnolenus acsi peccator Episcopus subs. Winimundus licet indignus Episcopus subs. Odolmarus quamvis indignus Episcopus subs. Abbo misericordia Christi Episcopus subs. In nomine Domini Hildemannus indignus Episcopus subs. Gotfridus indignus Episcopus subs. Signum Gondolini comite. Signum Ostremundi comite. Signum Winitmarci comite. Signum Gunduini comite. In Christi nomine Berardus indignus Episcopus subs. Ego Landolenus Abbas subs. Signum Adaluvini vicecomite. Signum Ostruini. Signum Hilderici. |26| Signum Richardi. Signum Emmoni. Heriard subs. Signum Inghilgarii. Signum Winctmari. Winctmundus scripsi et subscripsi.

27. Réédition annotée de la précaire de Ténestine par Bréquigny et Du Theil (1791)

  • XVII. — Charta 96) qua Tenestina, fila Haregarii, donat Innocenti Episcopo Cenomanico, monasteriolum Sanctae Maiae, juxta Sartam, et illud sub certo censu recipit, jure usufructuario possidendum.
  • Domino sancto ac venerabile sede apostolico Innocente, Cenomannicae ecclesiae Praesule, unà cum sanctâ congregatione ex ipsâ urbe consistente, |39| ego in Dei nomine Tenestina, Deo sacrata, filia quondam Haregario et Trudanae, peccatrix, a vobis accedo. Dum et mea fuit petitio, et mea decrevit voluntas, ut illud monasteriolum quod aedificare coeperat pater meus et mater mea, in honore Sanctae Dei genitricis Mariae et SS. Apostolorum, et imperfectum dimiserunt, quod est situm in terraturio Sanctae Mariae vel SS. Martyrum Gervasii et Protasii, juxta murum Cenomannis civitate, supra fluvium Sartae, quem genitor meus apud vos et vestram congregationem deprecatus fuit, ut eis per beneficium licentiam dedissent, in ipsam aream monasterium facere, et jam dictus genitor meus ipsam de rebus suis propriis hereditariis inccepit construere vel aedificare, vel quantum de suis propriis rebus habuit, totum ad jam dictum monasteriolum per strumenta cartarum legibus confirmavit atque delegavit, sub jure et potestate ac dominatione Sanctae Mariae, vel SS. Martyrum Gervasii et Protasii, vel ejusdem praesules, ut quod pontificis instituit atque heredes appellavit; et pro hac causa ego jam dictus pontifex, unà cum sanctâ congregatione, ibidem consistentes, per hanc precariam, tibi ipsum incoeptum monasteriolum, una cum ipsas res ad se pertinentes vel aspicientes, tam illas quem nos de rebus Sanctae Mariae vel SS. Gervasii et Protasii, in augmentum ad praesenti loco construendum , per beneficium condonavimus, quam et illas quem genitor vel genitrix mea per strumenta cartarum ibidem legibus tradiderunt atque confirmaverunt, tempore vitae meae, ad usufructuario ordine, per vestrum beneficium tenere permittimus: et censivimus vobis annis singulis ad festivitatem SS. Gervasii et Protasii, quod est XIII kal. julias, vestitos duos et capas duas episcopales, et de argento libra transolvere facias; et si negiigens aut tarda de ipso censo apparueris, fidem exinde facias, et ipsum incoeptum monasteriolum tempore vitae tuae perdere non debeas, et alicubi nec vendere nec donare nec alienare pontificium non habeas, nisi sub jure et potestate ac dominatione Sanctae Mariae vel SS. Martyrum Gervasii et Protasii permaneant; et post tuum ejuoque, Deo jubente, de hac luce discessum, absque ullius judicis consignatione aut heredum nostrorum contradictione, jam dictum incoeptum monasteriolum cum omni integritate, vel res ad se pertinentes vel aspicientes, in vestram faciatis revocare potestatem vel damnationem. Et ut hac precariae uno tenore conscriptae, una quae in thesauro SS. Gervasii et Protasii recondita sit, et alia, quam ego Tenestina , Deo sacrata, a vobis accepero, firmam obtineant vigorem, manus nostras proprias subterfirmavimus, et bonorum virorum decrevimus roborare. Actum Cenomannis civitate publica. Data 97) V kal. maii, anno XIII regnante Childeberto Rege. Ego Innocens episcopus hanc precariam a me factam subs. Hildemannus abbas subs. Rotfredus archipresbyter subs. Electus indignus presbyter subs. Bodolenus presbyter subs. Haregaudus diaconus subs. Bernaricus diae. subs. Odilo presbyter subs. Atto diaconus subs. Godescalcus abbas subs. Winetmundus levita subs. Ostremundus presbyter subs. Euremus subdiaconus subs. Winegaudus diaconus subs. Berto presbyter subs. Signum Haregaudo advocato. Signum Bernardo vice comite. Signum Winetmarco. Signum Ermunio. Signum Jonam. Signum Turpingo. Signum Ostrevini. Signum Hagenoni. Signum Gaurivinus. Serulus presbyter subs. Signum Inghilmarus. Godalmandus levita subs. Ego Levaldus notarius hanc precariam, praecipiente Innocenti episcopo, scripsi et subscripsi.

28. Récit de la destruction des reliques de saint Rigomer (1793)

  • Récit du Conseil général de Maillezais résumé par S. Baciocchi et D. Julia en 2009.
  • Le 22 frimaire an II (12 décembre 1793), le conseil général de Maillezais adresse à la Convention outre l’inventaire de l’or, l’argenterie et des ornements de son église, le procès-verbal de ses délibérations où est transcrit le récit de l’action menée. Non seulement la “couronne fleur de lyse” qui était sur le tabernacle et les “armes d’un ci-devant évêque qui étaient placées sur la porte” ont été détruites, mais “les ci-devant saints et saintes de bois” sont descendus “par terre plus vite qu’ils n’étaient montés […] lesquels en tombant se sont cassés les uns les bras, les autres les jambes”. Tous ces signes ont été soigneusement ramassés pour faire avec les missels, reliquaires, croix de bois, petits saints et anges un feu d’artifice dans le temple de la Raison le premier décadi. Quant aux reliques elles-mêmes — dont le Conseil général fait un inventaire précis, en particulier “le tibia du fameux saint Rigomer qui a fait tant de miracles en cette commune” – celui-ci décide de mettre toutes ces “béatilles très sèches” de “prétendus” saints pour “assister au feu de joie de la première décade afin d’être honorées comme elles en sont dignes98).

29. Notice anonyme sur Ténestine (1822)

  • 26 août.Sainte Ténestine, vierge.
  • Cette sainte naquit, à ce qu'il paraît, dans le Maine, d'une famille riche et distinguée. Mais elle eut de bonne heure un souverain mépris pour les frivoles avantages de la naissance et de la fortune; et , à douze ans, elle résolut de consacrer sa virginité à Jésus - Christ. Elle fit bâtir, auprès de la ville du Mans, un monastère où elle vécut dans une sainteté admirable, sous la conduite du saint évêque Domnole; et, après avoir fait long-temps la joie de l'église et l'édification des fidèles, elle mourut saintement devant le Seigneur. On transporta son corps à Saint-Benoît-sur-Loire, où elle reposait auprès des saintes reliques du patriarche des moines de l'Occident.

30. Notice sur Palaiseau d'Alexandre du Sommerard (1838)

  • Gibbon parlant (ch. XXVIII) des vastes domaines qui fournissaient à l'abondance de la table de Clovis et de ses successeurs, dit: “qu'on comptait, dans les différentes provinces qui composaient le royaume, soixante de ces palais que les rois habitaient successivement;” mais il ajoute: “ue ce n'était pour la plupart que des forteresses ou de riches fermes, etc.” Sans étendre nos recherches , que nous nous efforçons toujours de faire sur les textes originaux , à tout le royaume des Francs, il nous suffira de constater ici, pour atteindre le but de notre renvoi a cette note, que Childebert avait h sa disposition plusieurs de ces palais, dans une circonscription très rapprochée de sa résidence de Paris , tels que:
  • Palaiseau, “in loco qui Palatiolus (petit palais) vocatur” (voy. Michel Germain, au 4e liv. de Re diplom.).
  • Etc.
  • Note de bas de page. — Les légendes de saint Rigomer et de sainte Tenestine, vierge, disent que ce fut dans ce palais qu'ils comparurent ensemble devant Childebert pour se purger, par un miracle, des fausses et scandaleuses imputations qui pesaient sur leur sainte association: “ex calumniis pleniter redderent.” Ce petit palais devait exister encore au VIIIe siècle , d'après l'inscription citée par Dom Ruinart, et après lui par Dom Bouquet (Histoire des Gaules, t. II, p. 722). Cette maison de plaisance resta dans le domaine royal jusqu'en 754. Pépin la donna à cette époque au monastère de Saint-Germain-des-Prés, lorsqu'il assista avec ses deux, fils à la première translation du corps de ce saint.

31. Notice sur Souligné-sous-Vallon de Julien-Rémy Pesche (1842)

  • Souligné-sous-Vallon et Flacé; Vallis subLignum ; sub-Ligneium ; sub-Ligniacum , sub, vel prope Vallonium et Flacum ; commune formée, par décret du 8 nov. 1810, de la réunion de celle de Flacé à celle de Souligné-sous-Vallon, toutes deux, en 1790, du canton de Vallon, supprimé; actuellem. du cant. et à 9 k. 4 h. N. de la Suze ; de l'arrond. et à 15 k. 0. un peu vers S. du Mans; anciennem. du doyenne de Vallon, de l'archid. de Sablé, du dioc. et de l'élect. du Mans. — Dist. lég. : 11 et 17 kilom. […]
  • Hist. Ecclés. Eglise de Souligné, sous le patronage de S. Rigomer, prêtre et solitaire, qui, sous l'épiscopat de S. Innocent, 532-543, fit bâtir , dans cette paroisse, une petite église, avec deux ou trois cellules, pour quelques solitaires, qui s'y retirèrent avec lui, et où il mourut, le 23 août, vers 560, après avoir résidé 18 ans en ce lieu (Le Corvaisier, Asseline, Cenomania). Assemblée fixée au dim. le plus proche du 25 août, par arrêté préfectoral du 1er mars 1807. […]
  • Les historiens des évêques du Mans, ont annoncé, et nous l'avons répété, d'après eux, à l'art. S.-Rigomer-des. Bois (V-605), que le corps de S.-Rigomer, mort à Souligné, et celui de Ste-Tenestine, première supérieure d'un monastère de filles , établi dans la paroisse de Gourdaine au Mans (II-511), avaient été transférés en l'abbaye de Maillezais en Poitou. Il parait évident, d'après des autorités que nous ne pouvons relater ici, que c'est une erreur, en ce qui concerne le corps de Ste Tenestine, qui, au contraire, parait l'avoir été au monastère de Fleury ou S.-Benoit-sur-Loire. Du reste, la manière dont les reliques de S. Rigomer, passèrent en la possession des religieux de Maillezais , est assez curieuse, pour être raportée ici.
  • Peu d'années après l'an 1010, selon ce que raporte le moine Pierre, historien de ce monastère, Hugues (v. la Biogr., LXXXIX), comte du Maine, fut trouver, à son mopastère, l'abbé de Maillezais, Théodolin , afin d'employer son crédit auprès de Guillaume, duc d'Aquitaine, et comte du Poitou , avec qui il avait quelques affaires importantes à traiter. L'abbé Théodolin, ayant répondu favorablement aux avances du comte du Maine, celui-ci lui offrit des marques de sa munificence pour son monastère, soit en biens, soit en argent, ce que l'abbé refusa, son abbaye étant assez riche en biens temporels, lui demandant seulement quelques reliques de saints , dont elle l'était beaucoup moins. Hugues, frappé de cette demande , promit d'y satisfaire, et trouva moyen de faire enlever, de nuit, le corps de S. Rigomer, de l'église de Souligné, où il était déposé, pour le remettre entre les mains d'un moine de Maillézais, homme d'expédition, que l'abbé Théodolin avait adressé au comte Hugues, pour le recevoir. Dom Mabillon, dans ses annales de l'ordre de S.-Benoît, place ce fait en l’an 1014. Le moine, chargé de ces précieuses reliques, fit une telle diligence pour s'en retourner, que, du Mans, il arriva le soir même à Angers. Etant allé, le lendemain, avec son dépôt, assister à l'office de l'église de S.-Aubin, dont on célébrait la fête, un paralytique se trouva guéri par l'intercession de S. Rigomer. Craignant que le comte d'Anjou, Foulques, avertie par ce miracle du trésor dont il était chargé, et ne le lui fit enlever, le moine laissa prudemment attibuer, par le peuple, cette guérison à S. Aubin, D'Angers, les moines que l'abbé Théodolin avait envoyé recevoir , dans cette ville, les reliques de S. Rigomer, les conduisirent à Bourgueil, où l'abbé lui-même les attendait, et d'où elles furent transférées à Maillezais, reçues avec une grande pompe, placées dans la chapelle de la Ste-Vierge, la grande église du monastère n'étant pas encore terminée alors; et où elles furent , parmi les fidèles, l'objet d'une grande vénération, jusqu'au temps des guerres de religion. Depuis lors, la mémoire de S. Rigomer n'a point cessé d'étre honorée dans la paroisse de Maillezais, dans l'église de laquelle une portion des reliques de ce saint se trouvaient encore, à l'époque de la révolution.

32. Traduction d'Ambroise Gallois, ancien curé du Mans (1843)

  • Non consulté à ce jour.

33. Édition de la donation d'Hargier et de la précaire de Ténestine par Pardessus (1843)

  • [Prolegomena, pp. 16-19]
DIPLOMATA CHILDEBERTI I.DIPLÔMES DE CHILDEBERT I.
DIPLOMATA SPURIA.DIPLÔMES FAUX.
Diplomata duo supposititia quæ sub Childeberti nomine obtruduntur, ideo videntur fabricata, ut faverent episcopo Cenomanensi , jura plura repetenti ; nec alibi exstant, nisi inter Acta Cenomanensium episcoporum, à Mabillonio, Analect. pag. 114 et seqq., et Baluzio, Miscell. t . III, pag. 150 et 248, vulgata. In his actis inserta sunt plura Merovingica et Carlovingica instrumenta, quorum magna pars solemni judicio de falso damnata est, ut infra narrabimus, pag. xx.Deux diplômes supposés, sous le nom de Childebert, ont tous deux pour objet de favoriser les prétentions que formaient les évêques du Mans, et qui ne sont connues que par les actes de ces évêques, publiés par Mabillon et par Baluze. On a inséré dans ces actes quantité de chartes mérovingiennes et carlovingiennes, pour la plupart condamnées comme fausses par des jugements solennels, ainsi que nous le dirons dans un moment, p . 21 .
1. Ex his duobus diplomatibus primum, n. XIV [CXVII], in hunc scopum videtur conflatum, ut jus episcopo Cenomanensi assereretur in monasteriolum Sanctæ Mariæ, quod tunc construendum dicebatur juxta muros civitatis Cenomanensis, in ipsa Cenomanensis ecclesiæ area, consentiente Innocentio episcopo, et ex dono Haregarii, Trudæ uxoris ejus, ac Tenestinæ filiæ. Harum donationum instrumenta infra inter privatas chartas spurias recensebimus. Monasteriolum Sanctæ Mariæ conditum fuit, ubi nunc exstat, in civitate Cenomanensi, ecclesia parochialis sanctæ Mariæ dicata.1. Le but du premier de nos deux diplômes, n. XIV [CXVII], est d'appuyer le droit prétendu des évêques du Mans sur le petit monastère de Sainte-Marie, qu'on devait construire près des murs de la ville, dans un endroit dépendant de l'église du Mans, du consentement de l'évêque, et en vertu des donations d'Harégaire, de Truda, sa femme, et de leur fille Ténestine: donations supposées, et dont nous parlerons à l'article des fausses chartes des particuliers. Le petit monastère dont il s'agit fut bâti où est aujourd'hui située, dans la ville du Mans , l'église paroissiale de Notre-Dame.
Diploma de quo agimus commentitium esse liquet ex ipsis Actis Cenomanensium episcoporum, inter quæ etiam insertum est diploma anno 836, Baluz. Miscell. t. III, pag. 35, à Ludovico Pio prolatum, quo monasteriolum Sanctæ Mariæ transfert de suo jure in jus et potestatem ecclesiæ Cenomanensis. Ergo, seculis duobus post emissum Childeberti diploma, monasteriolum hoc adhuc erat juris regii.La fausseté du diplôme de Childebert qui concerne ce monastère, et qui le soumet aux évêques du Mans, se prouve par les actes mêmes de ces évêques, où on a aussi inséré un diplôme de Louis le Débonnaire, par lequel ce prince cède à l'église du Mans ses droits sur ce monastère même. Il était donc encore soumis au roi deux siècles après Childebert.
2. Supposititium alterum Childeberti diploma, n. XX [CXXXV], confictum fuit ut episcopis Cenomanensibus jus adstrueretur in Anisolense monasterium. Duo recensuimus Childeberti sincera diplomata, n. XII et XXVI [CXI et CXLIV], quibus docemur monasterium ab omni jugo liberum à Childeberto factum, et sub regia protectione susceptum fuisse. Nihil in utroque deprehenditur quod falsi suspicionem moveat; nihil quod cum veteri sancti Siviardi vita non concordet. Nono autem seculo, Baluz. Miscell. t. III, pag. 114 et seqq., Aldricus, Cenomanensis episcopus, Anisolense monasterium sibi subdere molitus est, et, Sigismundo abbate in jus vocato, anno 838, plura instrumenta protulit, quibus jus suum in Anisolenses assereret. Cùm summâ gratiâ apud regem valeret Aldricus, Sigismundo tutius visum est certamen declinare; et, ipso non comparente , vicit Aldricus in synodo Carisiaca. Sed, post Aldrici et Sigismundi obitum, Ingelgerius abbas litem renovavit, et prolata fuerunt iterum ab episcopo Roberto instrumenta; sed probata sunt inutilia et falsa, id fatente ipso episcopalis causæ patrono, in conventu Vermeriensi, coram Carolo Calvo rege, ac aboleri jussa ne lis aliquando refricaretur. Rem omnem aliàs, infra, pag. XXV, et part. III, Append. Misc. annot. 11, § 1, de Anisol, monast., fusiùs enarrabimus, et fraudem singulari artificio conceptam persequemur. Hic dixisse satis est Childeberti diploma de quo agimus unum fuisse ex spuriis instrumentis aboleri, quæ proinde minime mirum est non alibi exstare, nisi in Actis Cenomanensium episcoporum apud Mabill. Analect. pag. 248, in quibus transcripta credi possunt ante Vermeriensem conventum.2. Le dernier diplôme faussement attribué à Childebert, n. XX [CXXXV], a pour objet de fonder un droit également prétendu par l'évêque du Mans sur l'abbaye d'Anisole. Nous avons parlé ci-dessus de deux diplômes, n. XII et XXVI [CXI et CXLIV], par lesquels ce prince accorde toute indépendance à cette abbaye, qu'il prend sous sa protection. Ils ne contiennent rien qui puisse les rendre suspects, rien qui ne s'accorde avec l'ancienne vie que nous avons de S. Siviard. Cependant Aldric, évêque du Mans dans le IXe siècle, entreprit de soumettre à son église l'abbaye dont il est question, et, ayant cité en justice, l'année 838, l'abbé Sigismond, produisit plusieurs titres pour justifier sa prétention. Aldric avait un grand crédit auprès de Louis le Débonnaire, qui régnait alors. L'abbé crut qu'il était prudent de se laisser condamner par défaut à l'assemblée de Quierzy. Mais , après sa mort et celle d'Aldric, à l'assemblée de Verberie, et en présence de Charles le Chauve, Ingelger, devenu abbé d'Anisole, reprit le procès. Robert, alors évêque du Mans, produisit de nouveau les titres qui appuyaient ses prétentions; ils furent jugés insuffisants et faux, de l'aveu même de son défenseur, et il fut ordonné qu'ils seraient détruits, pour qu'ils ne fussent plus la source de nouvelles chicanes. Nous développerons ailleurs toute cette affaire, et nous suivrons le fil de la fraude. Il nous suffit de dire ici que le diplôme de Childebert dont il est question fut un des faux titres produits, et condamnés à être détruits. Ces titres n'ont été conservés que dans les actes des évêques du Mans, où il est assez probable qu'ils avaient été insérés avant l'assemblée de Verberie.
  • [Prolegomena, pp. 24-27]
CHARTÆ PRIVATORUM.CHARTES DES PARTICULIERS.
CHARTE SPURIÆ.CHARTES FAUSSES.
Spuriæ privatorum chartæ jam recensendæ sunt, quæ ad regna filiorum Chlodovei pertinent.Il faut maintenant faire connaître les fausses chartes des particuliers, sous les règnes de Childebert et de Clotaire.
1. Quinque omnino sunt, quarum una est exemplum prolixius testamenti sancti Remigii, n. XVI [XXIX] de quo supra.1. Il y en a cinq. Nous avons déjà parlé de la première: c'est l'exemplaire interpolé du testament de S. Remi, n. XVI [CXIX].
2. Ex reliquis quatuor, duæ tuentur jura episcoporum Cenomanensium in Sanctæ Mariæ monasteriolum juxta muros urbis Cenomanicæ, quæ supr , pag. XVIII, vidimus spurio Childeberti diplomate, n. XIV [CXVII], confirmata.2. Des quatre autres, deux ont pour but d'appuyer les droits prétendus par les évêques du Mans sur le petit monastère de Sainte-Marie, proche les murs de la ville du Mans. Nous avons vu ci-devant, page 19, le faux diplôme, n. XIV [CXVII], fabriqué sous le nom de Childebert pour confirmer ces deux chartes.
Harum prior est Haregarii charta, n. XII [CVIII], quâ cum uxore sua Truda, et filia Tenestina, recognoscit se ab Innocentio, Cenomanensi episcopo, impetrasse ut construeret monasterium de rebus ecclesiæ Cenomanensis. Huic verò monasterio Haregarius dotem assignat, et bona sua post decessum suum legat, ac monasterium ipsum ecclesiæ Cenomanensi tradit, ut sub jure, potestate et dominatione ejus in perpetuum consistat.Par la première, n. XI, [CVIII], Harégaire, avec Trude, sa femme, et Ténestine, leur fille, reconnaissent avoir construit un monastère au moyen des concessions qu'ils avaient obtenues d'Innocent, évêque du Mans: Harégaire, par cet acte, assigne une dot à ce monastère, auquel il lègue ses biens après sa mort, et donne le monastère même à l'église du Mans, pour qu'elle le tienne à perpétuité sous sa dépendance.
Plura autem in hoc instrumento deprehendimus falsi indicia. 1° Suspicionem movet quòd non exstat charta nisi inter Acta episcoporum Cenomanensium, Analect. Mabill. pag. 249, quæ falsis instrumentis referta sunt, et pugnat cum veteri vita sancti Rigomeri, apud Lebœuf, Dissert, ad hist. Eccl. Paris. spect. pag. 31, quæ conditum testatur monasterium temporibus Domnoli, episcopi Cenomanensis. 2° Innocentius, Domnoli decessor, infulas Cenomanenses non videtur assecutus ante annum 531, Mab. Annal. Ben. t. I , pag. 648 , Coll. script. rer. Fr. t. IV, pag. 619 , not. c, quod pugnat cum nota chronologica quam Haregarii charta exhibet, ab anno secundo regni Childeberti sumptam, qualemcumque adhibueris rationem hujus regni annos computandi. 3° Septem subscribunt episcopi, quos comprovinciales fuisse credendum est: nullum autem circa hæc tempora ex his nominibus exstat in indicibus episcoporum provinciæ Turonica. 4° Duobus elapsis seculis, monasterium Sanctæ Mariæ adhuc erat juris regii, et tunc fuit à Ludovico Pio de jure regio in jus ecclesiæ Cenomanensis translatum, ut supra monuimus, pag. XVIII, ad spurium Childeberti diploma, quo Haregarii charta confirmata fingitur.Nous avons remarqué dans cette charte bien des preuves de fausseté. 1° Il suffit, pour la rendre suspecte, de ce qu'elle se trouve uniquement dans les actes des évêques du Mans, si remplis de fausses chartes; et de ce qu'elle est démentie par une ancienne vie de S. Rigomer, qui place la fondation du monastère dont il s'agit sous l'épiscopat de Domnole, successeur d'Innocent. 2° Innocent, prédécesseur de Domnole, ne fut lui-même évêque du Mans qu'en 531; ce qui ne s'accorde pas avec la prétendue charte d'Harégaire, datée de la seconde année du règne de Childebert, à quelque époque que l'on puisse fixer le commencement de ce règne. 3° Les sept évêques dont on emploie les souscriptions auraient dû être les évêques de la province; or on ne trouve aucun de leurs noms dans les listes des évêques de ce temps. 4° Deux siècles après, nous voyons que ce monastère était encore dans la dépendance de la couronne; et ce fut alors que Louis le Débonnaire le céda à l'église du Mans, comme nous l'avons observé, page 19, en parlant de la fausse confirmation de cette charte par Childebert.
3. Altera in eumdem finem conficta charta, n. XVII [CXXVIII], Tenestinæ tribuitur , Haregarii filiæ , quæ Deo sacrata dicitur, et ab Innocentio, episcopo Cenomanensi, ad usumfructum recepisse monasterium Sanctæ Mariæ, sub certo censu. Consonat hæc charta cum charta Haregarii, in cujus subsidium videtur conflata; sed omnino pugnat cum sancti Rigomeri vita supra laudata. Frustra falsarius, ad majorem fidem conciliandam, viginti subscribentium testimonia adhibet; sed ipse insolitus testium numerus suspicionem parit. Adde eorumdem testium nomina sequente anno subscripta reperiri alteri chartæ, n. XIX [CXXXII], quam supposititiam mox monstrabimus; adde non aliâ auctoritate instrumentum defendi, nisi Actorum episcoporum Cenomanensium quæ instrumentis ibi insertis fidei adimendæ potius quàm conciliandæ inserviunt.3. L'autre charte, n. XVII [CXXXII], fabriquée pour le même but, est sous le nom de Ténestine, fille d'Harégaire, qu'on dit être consacrée à Dieu, et avoir obtenu d'Innocent, évêque du Mans, le monastère de Sainte-Marie, pour en jouir en usufruit et aux charges d'un cens. Cette charte s'accorde fort bien avec la charte d'Harégaire, et paraît faite pour l'appuyer; mais elle ne s'accorde point du tout avec l'ancienne vie de S. Rigomer, dont nous avons parlé ci-dessus. Le fabricateur a cru fortifier cet acte par vingt souscriptions, et ce grand nombre même le rend suspect. Ajoutez qu'elles sont exactement les mêmes dans une autre charte, n. XIX [CXXXII], datée postérieurement, dont nous montrerons aussi la fausseté. De plus, on ne la trouve que dans les actes des évêques du Mans, propres uniquement à décréditer les pièces qu'ils renferment.
4 et 5. Duas chartas non melioris notæ edimus, n. XVIII et XIX [CXXXI et CXXXII], quæ tuentur jura episcoporum Cenomanensium in monasterium Anisolense. Duo Childeberti diplomata omni fide digna, n. XII et XIV [CXI et CXVII], recensuimus, quibus ab omni jugo liberum hoc monasterium constitutum fuit. Cùm autem, pluribus seculis elapsis, Aldricus Cenomanensi Ecclesiæ præesset, illud sibi subdere voluit, ut jam diximus pag. XX; et anno 838 finxit se plurima vetera instrumenta invenisse in armario quodam ecclesiæ suæ, è quibus erant chartæ duæ quæ jus suum in Anisolenses asserebant. Has, lite motâ, in judicium audacter protulit; nec contradicere ausus est Sigismundus, abbas Anisolensis. Is enim nobilissima progenie natus, à pueritia in palatio nutritus, in maxima gratia erat apud Ludovicum regem. Ergo, causâ ab abbate desertâ, vicit episcopus. Sed, post Aldrici et Sigismundi mortem, ipso Ludovico rege è vivis sublato, lis renovata est, vid . Collect. script. rer. Franc. t. VII , pag. 297; et inter alia instrumenta numero plus quàm viginti prolatæ sunt chartæ duæ, quarum prima, Carilepho adscripta, fabulas aniles recitat de origine monasterii Anisolensis; tum illud ex donis et concessionibus Childeberti regis, et Innocentii episcopi conditum eâ lege testatur, ut in jure ecclesiæ Cenomanensis consisteret. Alterâ chartâ idem Carilephus recognoscit se, sub usufructuario ordine et censu annuo ecclesiæ Cenomanicæ solvendo, tenere Anisolense monasterium potestati et dominationi hujus ecclesiæ subjectum. Utraque charta, et aliæ in subsidium adjunctæ, judicio solemni in conventu Vermeriensi lato, falsi damnatæ fuerunt, anno 863, et iterum epistolâ decretoriâ Nicolai papæ I, inter Concil. Hard. t. V, pag. 298. Hæc spuria instrumenta in actis episcoporum Cenomanensium ab Aldrico episcopo inserta, buc usque servata sunt, nec alibi exstant, judicio regis aboleri jussa. Sæpiùs mentio recurret de aliis eâdem sententiâ damnatis chartis; et sententiam ipsam cum cæteris ad hanc litem pertinentibus in sequenti volumine exhibebimus. Non aliis sane opus est argumentis ut chartas duas Carilepho adscriptas commentitiis annumeremus. In utraque tamen varia falsi indicia notæ nostræ retegunt, quibus retractandis non immorabimur.4. et 5. On ne peut porter un jugement plus avantageux des deux autres chartes, n. XVII et XIX [CXXXI et CXXXII], qui appuient les prétentions des évêques du Mans sur le monastère d'Anisole. Nous avons parlé de deux diplômes de Childebert, n. XIII et XIV [CXI et CXVII], qui sont au-dessus du soupçon, par lesquels ce prince déclare que ce monastère est libre de tout joug. Plusieurs siècles après, l'évêque du Mans, Aldric, voulut le mettre sous sa dépendance, comme nous l'avons déjà dit p. 21. Pour y parvenir, il annonça, en 828, qu'il avait trouvé dans une vieille armoire de son église plusieurs anciens titres, du nombre desquels étaient deux chartes qui justifaient son droit sur ce monastère; et, ayant intenté un procès à Sigismond, qui en était alors abbé, il les produisit hardiment en justice. L'abbé n'osa soutenir le procès, parce que l'évêque, homme de haute naissance, et élevé dès l'enfance auprès du roi, jouissait du plus grand crédit. Aldric gagna donc sa cause par défaut; mais, après la mort de l'évêque, de l'abbé et du roi même, le procès recommença. Le nouvel évêque produisit de nouveau ses titres, au nombre de plus de vingt, parmi lesquels étaient les deux chartes dont nous avons à parler; la première est sous le nom de Carilephus. Il y raconte des fables misérables sur l'origine du monastère d'Anisole; il dit ensuite que ce monastère fut fondé en conséquence des concessions qui furent faites par roi Childebert à l'évêque Innocent, aux conditions qu'il demeurerait dans la dépendance de l'évêque du Mans. Par une seconde charte, le même Carilephus reconnaît qu'il ne possède ce monastère qu'en usufruit, sous la dépendance de l'église du Mans, et aux charges de lui payer un cens tous les ans. Les deux chartes, et toutes celles qu'on avait produites à leur appui, furent jugées fausses par un jugement solennel dans l'assemblée de Verberie en 863, et, depuis, par une décrétale du pape Nicolas I. On a recueilli ces faux titres dans les actes des évêques du Mans, et ce n'est que par là qu'ils se sont conservés; car le jugement du roi avait ordonné qu'ils seraient détruits, pour qu'ils ne servissent plus de fondement à de nouveaux procès. Il sera plus d'une fois mention des autres actes pareillement condamnés, et nous rapporterons le jugement même dans le volume suivant. Nous n'avons pas besoin d'alléguer d'autres preuves de fausseté. Nous en avons cependant indiqué plusieurs dans les notes, auxquelles nous renvoyons.
  • [Diplomata, pp. 72-74]
  • CVIII.
  • CHARTA QUÂ HAREGARIUS, CUM CONJUGE TRUDA ET FILIA TENESTINA, CENOMANICÆ SS. GERVASII ET PROTASII DONA CONFERT99) ( Ann. 526 ).
  • Dum fragilitatis 100) humani generis pertimescit ultimum vitæ tempore, subitaneâ transpositione venturâ, oportet ut non inveniat unumquemque hominem imparatum, |73| ne sine aliquo boni operis respectum migrat de seculo, nisi dum suo jure et potestate consistit, præparet sibi viam salutis, per quam ad æternam valeat beatitudinem pervenire. Ideoque ego in Dei nomine Haregarius et conjux mea Truta101), et filiâ nostrâ Tenestinâ102) Deo sacratâ, unanimiter consentiente, pertractavimus de Dei misericordia, pro remedium animæ nostræ et remissionem peccatorum nostrorum, ut æternam mercedem in futurum apud Dominum consequi mereamur, ut aliqua cellula ac monasterium in terraturium sanctæ Mariæ Dei genitricis et Domini nostri Jesu-Christi, vel sanctorum apostolorum Petri et Pauli, construere ac ædificare deberemus: quod ita et fecimus: quem apud domno ac venerabile sede apostolico Innocenti, Cenomanicæ ecclesiæ præsule deprecavimus, unà cum sancta congregatione in ipsa urbe consistente, ut per beneficium nobis concederet de rebus sanctæ Mariæ , vel sanctorum martyrum Gervasii et Protasii, per licentiam jam dicti pontificis construere debeamus. Et omnes res nostras, atque mancipia, quem ex legitima successione nobis obvenerint, totum et ad integrum, ad jam dictum monasterium, per hoc testamentum conditionis tradidimus atque confirmavimus; et post nostrum discessum, jam dicta ecclesia sanctæ Mariæ et sancti Gervasii et Protasii, Cenomanis civitate constructa, vel ejusdem pontificis heredes instituimus et eos appellare volumus. Cujus petitionis libenter animo suscepimus , et concessimus eis per nostrum beneficium, ipsam aream ad ipsum monasterium faciendum; et de rebus sanctæ Mariæ et sancti Gervasii et Protasii, villas duas in augmentum, ad ipsum monasterium construendum, ut meliùs valeant hanc cellulam construere ac ædificare. Et dedimus inter nos fidejussores, Berhardum episcopum, et Landolenum abbatem, et Gundinum comitem, per libras quingentas de auro pensante: et si aliquis de nos, de hac convenientia se mutaverit vel retraxerit, pari suo solvere faciat, eâ scilicet conditione, ut cum omni re emeliorata vel supraposita, ad partibus sanctæ Mariæ et sanctorum martyrum Gervasii et Protasii Cenomannis civitate, vel ejusdem pontificis, ipsum monasteriolum cum omnes res ad se pertinentes vel aspicientes, tam illas quas nos ad ipsum locum sanctum tradidimus atque confirmavimus, quàm et illas quæ de rebus nostris per vestrum beneficium à vobis accepimus, absque ullius judicis consignatione, aut heredum nostrorum contradictione, cum omni integritate, in vestram faciatis revocare potestatem vel dominationem. Et censivimus annis singulis ad festivitatem sancti Gervasii et Protasii, quod est XIII kalend. Julias, de argento libras transsolvere faciamus; et post nostrum, Deo jubente, de hac luce discessum, sicut superiùs insertum est, vos, aut rectores, præsules, successoresque vestros in vestram faciatis revocare potestatem vel dominationem, eâ scilicet ratione atque prætexto, ut rem data pontificis simulque ecclesiasticorum pontificalium seu publicorum omnium potestate privandas, nullas functiones vel exactiones, neque exquisita et lauda convivia, neque gratiosa vel insidiosa munuscula, neque etiam caballorum pastus, atque paravereda, vel angaria, aut in quodcumque functionis titulum judiciariâ potestate dici potest, de ipsa facultate penitus non requiratur, sed sub integra emunitate facultaticula, sicut à nobis hucusque possessa est in jure oratorio sanctæ Mariæ et prædictorum sanctorum apostolorum, sub jure et potestate et dominatione sanctæ Mariæ matris Domini nostri |74| Jesu-Cristi, vel sanctorum martyrum Gervasii et Protasii et eorum rectoribus atque pontificis, debeat, Deo protegente et opitulante, consistere. Licet in cessionibus poenam adnecti non sit necesse, sed nobis pro omni firmitate placuit inserendum. Si quis verò, quod futurum esse non credimus, si nos ipsi, quod absit, aut aliquis de heredibus aut proheredibus nostris, seu quælibet persona, calliditate commotus aut cupiditate præventus, ullo unquam tempore comprehensam epistolam cessionis nostræ, quam propter nomen Domini et veneratione ipsius sancti loci, spontaneâ voluntate fieri decrevimus, venire aut aliquid agere voluerit, aut tergiversator exstiterit, anathema sit; et tam qui fecerit, quàm qui faciendo consenserit, anathema sit, et cum suprascriptos sanctos ante tribunal Christi deducat rationes; insuper inferat juxta pænas sæculi, eum cogente fisco, partibus ipsius Ecclesiæ vel eorum rectoribus auri libras quingentas, argentum pondera mille transsolvere faciat, et quod repetit nullatenus valeat vindicare, sed præsens cessio, atque voluntas nostra omni tempore inviolata permaneat, cum stipulatione subnixa. Et ut hæc cessio firmior habeatur, et inviolabiliter conservetur, manus nostras subter firmavimus, et aliorum bonorum virorum decrevimus roborari.
  • Actum Cenomannis civitate publicâ. Data v nonas Maii, anno II103) regnante Childeberto rege.
  • Signum Trudane uxore ipsius, signum Tenestina filia ejus Deo sacrata , unanimiter consentientes, qui hanc cessionem vel donationem à nobis facta fieri vel roborari decrevimus. — Ego Innocens, ac si indignus peccator episcopus, à me facta subscripsi. — In Christi nomine104) Landolenus , indignus episcopus, subscripsi . — Ego Magnolenus, ac si peccator episcopus, subscripsi. — Winimundus, licet indignus episcopus, subscripsi. — Odolmarus, quamvis indignus episcopus, subscripsi. — Abbo, misericordiâ Christi episcopus, subscripsi. — In nomine Domini Hildemannus, indignus episcopus, subscripsi. — Gotfridus, indignus episcopus, subscripsi. — Signum Gondolini comite. Signum Ostremundi comite. — Signum Winitmarci comite. — Signum Gunduini comite. — In Christi nomine Berardus, indignus episcopus, subscripsi. — Ego Landolenus abbas subscripsi. — Signum Adaluvini vicecomite. — Signum Ostruini. — Signum Hilderici. — Signum Richardi. — Signum Emmoni. — Heriard subscripsi. — Signum Inghilgarii. — Signum Winctmari. Winctmundus scripsi et subscripsi.
  • [Diplomata, p. 80]
  • CXVII.
  • DIPLOMA CHILDEBERTI I, REGIS FRANCORUM, QUO CONFIRMAT DONA ECCLESIÆ CENOMANENSI COLLATA AB HAREGARIO, UXOREQUE EJUS TRUDA, ET TENESTINA FILIA EORUM105) (Ann. 531).
  • Childebertus, rex Francorum , vir illuster. Si petitionibus ancillarum Dei vel bonorum hominum, quæ nostris auribus fuerant relata, augmentum præstamus, et eas ad effectum perducimus, hoc nobis ad æternæ salutis præmium vel stabilitatem regni in Dei nomine pertinere confidimus. Igitur illuster vir Haregarius et uxor ejus Truda106), sive filia eorum Tenestina, Deo devota, directâ petitione clementia regni nostri asserentes, nobis per eorum missos intimaverunt, eo quòd ante hos dies in area sanctæ Mariæ et sanctorum martyrum Gervasii et Protasii, matris et Cenomannis civitatis senioris ecclesiæ, unà cum consensu Innocenti Cenomannicæ urbis episcopi, vel ejus congregatione, monasteriolum quoddam, prædicto episcopo consentiente, seu adjutorium non modicum præstante, in honore sanctæ Mariæ et sanctorum apostolorum, tam infra civitatem quàm et infra murum civitatis et fluvium Sartæ construere cæperunt , et locella proprietatis eorum , tam in pago Cenomannico, quàm et in aliis pagis , cum omnibus adjacentiis earum, cum omnibus appendiciis, cum omni re inexquisita, ad prædictam matrem et civitatis ecclesiam quæ est constructa in honore sanctæ Mariæ et sanctorum martyrum Gervasii et Protasii, vel domno Innocenti, prædictæ urbis episcopo, qui ibidem ad præsens custos et rector præesse videtur, ipsas res per eorum strumenta delegaverunt. Ideoque petierunt celsitudini nostræ ut hoc per auctoritatem nostram pleniùs confirmare fecissemus: quorum petitionibus gratanter adsensum præstavimus, et in omnibus confirmavimus. Præcipientes enim, ut sicut jam dictus Haregarius, et uxor ejus Truda, sive filia eorum Tenestina, Deo sacrata, ipsa loca hereditatis eorum, unà cum terris, domibus, ædificiis, mancipiis, vineis, silvis, pratis, pascuis, aquis, aquarumve decursibus, farinariis, peculiis, præsidiis, mobilibus et immobilibus, vel reliquis quibuscumque beneficiis, ad ipsa casa Domini per strumenta juste et rationabiliter delegassent, et hoc ad præsens ibidem recto ordine videtur esse possessum, ita et in antea, inspectâ epistolâ donationis, per hoc præceptum pleniùs in Dei nomine confirmamus ipsa loca superiùs nominata, cum omni integritate earum, ad ipsa casa sancti Gervasii et Protasii martyris, nostris et futuris temporibus jure firmissimum proficiat in augmentum. Et ut hæc præceptio firmior habeatur, et in omnibus conservetur, manûs nostræ subscriptionibus eam subter decrevimus roborare. Childebertus rex Francorum subscripsit. Adogrimus jussus obtolit et subscripsit. Datum dies VIII quod facit præsens mensis Junius, anno VII107) regni nostri, Opatinaco108), in Dei nomine feliciter. Amen.
  • [Diplomata, pp. 94-95]
  • CXXVIII.
  • CHARTA QUÂ TENESTINA, FILIA HAREGARII, DONAT INNOCENTI, EPISCOPO CENOMANICO, MONASTERIOLUM SANCTÆ MARIÆ, JUXTA SARTAM, ET ILLUD SUB CERTO CENSU RECIPIT, JURE USUFRUCTUARIO POSSIDENDUM109) (Ann. 537).
  • Domino sancto ac venerabile sede apostolico Innocente, Cenomannicæ ecclesiæ præsule, unà cum sancta congregatione ex ipsa urbe consistente, ego in Dei nomine Tenestina, Deo sacrata, filia quondam Haregario et Trudanæ, peccatrix, à vobis accedo. Dum et mea fuit petitio, et mea decrevit voluntas, ut illud monasteriolum, quod ædificare cœperat pater meus et mater mea, in honore Sanctæ Dei genitricis Mariæ et SS. Apostolorum, et imperfectum dimiserunt, quod est situm in terraturio |95| Sanctæ Mariæ vel SS. martyrum Gervasii et Protasii, juxta murum Cenomannis civitate, supra fluvium Sartæ, quem genitor meus apud vos et vestram congregationem deprecatus fuit, ut eis per beneficium licentiam dedissent, in ipsam aream monasterium facere, et jam dictus genitor meus ipsam de rebus suis propriis hereditariis incæpit construere vel ædificare, vel quantum de suis propriis rebus habuit, totum ad jam dictum monasteriolum per strumenta cartarum legibus confirmavit atque delegavit, sub jure et potestate ac dominatione Sanctæ Mariæ, vel SS. martyrum Gervasii et Protasii, vel ejusdem præsules, ut quod pontificis instituit atque heredes appellavit; et pro hac causa ego jam dictus pontifex , unà cum sancta congregatione ibidem consistentes, per hanc precariam tibi ipsum incæptum monasteriolum, unà cum ipsas res ad se pertinentes vel aspicientes, tam illas quem nos de rebus Sanctæ Mariæ vel SS. Gervasii et Protasii, in augmentum ad præsenti loco construendum, per beneficium condonavimus, quàm et illas quem genitor vel genitrix mea per strumenta cartarum ibidem legibus tradiderunt atque confirmaverunt, tempore vitæ meæ, ad usufructuario ordine, per vestrum beneficium tenere permittimus: et censivimus vobis annis singulis ad festivitatem SS. Gervasii et Protasii, quod est XIII kal. julias, vestitos duos et capas duas episcopales , et de argento libra transolvere facias; et si negligens aut tarda de ipso censo apparueris, fidem exindè facias, et ipsum inceptum monasteriolum tempore vitæ tuæ perdere non debeas, et alicubi nec vendere nec donare nec alienare pontificium non habeas, nisi sub jure et potestate ac dominatione Sanctæ Mariæ vel SS. martyrum Gervasii et Protasii permaneant; et post tuum quoque, Deo jubente, de hac luce discessum, absque ullius judicis consignatione aut heredum nostrorum contradictione, jam dictum inceptum monasteriolum cum omni integritate, vel res ad se pertinentes vel aspicientes, in vestram faciatis revocare potestatem vel damnationem. Et ut hâc precariæ uno tenore conscriptæ, una quæ in thesauro SS. Gervasii et Protasii recondita sit, et alia, quam ego Tenestina, Deo sacrata, à vobis accepero, firmam obtineant vigorem , manus nostras proprias subterfirmavimus, et bonorum virorum decrevimus roborare. Actum Cenomannis civitate publicâ. Data V kal. maii, anno XIII regnante Childeberto rege110). Ego Innocens episcopus hanc precariam à me factam subs. Hildemannus abbas subs. Rotfredus archipresbiter subs. Electus, indignus presbyter subs. Bodolenus presbyter subs. Haregaudus diaconus subs. Bernaricus diac. subs. Odilo presbyter subs. Atto diaconus subs. Godescalcus abbas subs. Winctmundus levita subs. Ostremundus presbyter subs. Euremus subdiaconus subs. Winegaudus diaconus subs. Berto presbyter subs. Signum Haregaudo advocato. Signum Bernardo vice comite. Signum Winetmarco. Signum Ermunio. Signum Jonam. Signum Turpingo. Signum Ostrevini. Signum Hagenoni. Signum Gaurivinus. Serulus presbyter subs. Signum Inghilmarus. Godalmandus levita subs. Ego Levaldus notarius hanc precariam, præcipiente Innocenti episcopo, scripsi et subscripsi.

34. Dictionnaire hagiographique de L.-M. Pétin (1848)

  • Ténestine (sainte ), Tenestina, vierge et religieuse, naquit dans le Maine, d'une famille noble et riche; mais loin de s'attacher aux avantages de la naissance et de la fortune, elle n'avait que douze ans lorsqu'elle prit la résolution de consacrer à Dieu sa virginité. Elle quitta ensuite le monde et se retira dans le monastère des Prés, qu'elle avait fait bâtir près du Mans, et elle y prit l'habit. Elle fit de grands progrès dans la perfection, sous la conduite de saint Domnole, évêque du Mans, qui lui servait de directeur. Elle mourut vers la fin du VIe siècle, et son corps fut transporté à l'abbaye de Saint-Benoît-sur-Loire.

35. Traduction de L. P. (1846)

  • La légende de St Rigomer et de Ste Ténestine
  • Le Seigneur, Dieu du ciel, nous en accordant la force et le loisir, nous allons faire un récit qui pourra servir à sa gloire et à l'édification des chrétiens fidèles, car les exemples des saints nous excitent puissamment à marcher sur leurs traces.
  • Or, ce que nous allons raconter arriva au temps que le seigneur Childebert et la reine Ultrogolhe étaient régnants dans la crainte de Dieu et dans la fidélité à son service. Alors Childebert et son frère Clotaire s'étaient partagé la Neustrie et la France; Radegonde , la femme de Clotaire était douée de toutes les vertus et d'une grande piété. À cette époque beaucoup de monastères s'élevèrent, à l'instigation de ces bons princes, et il ne serait pas sans intérêt pour la religion d'en faire l'histoire, surtout d'en raconter les édifiantes origines. C'est ainsi que près d'Orléans, sur les bords de la Loire, le pieux Maximin édifiait les fidèles par la bonne odeur de sa sainteté. Deux de ces disciples, Avit et Karileff, s'unirent d'amitié, et, retirés dans deux cellules différentes, ils y vécurent à l'exemple de leur |276| maître, en menant une vie pleine de bonnes et saintes œuvres. L'évêque du Mans St. Innocent céda à Karileff un terrain dépendant de son siège, situé sur les bords de la petite rivière d'Anisole, où celui-ci éleva un monastère. Le même évêque fut aussi d'un grand secours à Avit, et il lui céda également un lieu nommé Courbion, nom même du ruisseau qui l'arrose, où fut élevé encore par ses largesses un monastère à Launomer , homme d'une grande piété.
  • Vers ce même temps , comme il semble prouvé par de nombreux témoignages d'hommes véridiques, nâquit au pays du Sonnois, de parents riches, un grand serviteur de Dieu, nommé Rigomer. Dès son enfance, il fut confié à un religieux prêtre du nom de Launille ou Launide, pour être instruit des belles-lettres : le précepteur fit faire de rapides progrès à son élève dans les vertus recommandées spécialement par le Sauveur, l’humilité et l’esprit de sainte méditation ; il lui inspira également un grand amour pour la vertu des vierges, la céleste chasteté. Aussi la grâce du Seigneur ayant fécondé une terre si fertile déjà par elle-même et si prudemment cultivée, Rigomer avança rapidement dans les voies de la sanctification, ce qui lui permit , à son désir, d'être élevé au sublime sacerdoce. Il devint dans la suite, au témoignage du peuple fidèle, un prêtre véritable selon le cœur de Dieu.
  • Il se mit donc aussitôt a précher l'Évangile de Jésus-Christ, d'abord à ses proches, puis il s'avança dans les pays voisins, portant partout de salutaires instructions et des conseils de perfection. Il exhortait les peuples à la pénitence, leur enseignait les règles de la justice, et leur apprenait à mériter les bienfaits de la miséricorde divine, en exerçant l'hospitalité, en faisant de nombreuses aumônes aux misérables, et en priant avec ferveur et persévérance. Il s'appliquait surtout à les éloigner de rendre des hommages sacrilèges aux créatures, comme d'adorer des fontaines et des arbres, et il les conduisait à l'église et aux prêtres du Sauveur, pour s'y purifier de leurs fautes Lui-même il administrait la sainte-onction aux malades qui demandaient son secours ; et lorsqu'à sa prière , un grand nombre avaient recouvré la santé, il les conjurait de ne pas s'en retourner avant d'avoir rendu à Dieu de légitimes actions de grâces pour tant de bienfaits.
  • Un jour, ayant appris que dans un lieu voisin, existait un ancien temple, appelé temple de Mars (Morifanum), où le peuple se rendait en foule pour offrir à la divinité qu'on y vénérait de coupables offrandes, le pieux serviteur de Dieu de put s'empêcher de gémir sur l'ignorance grossière de ce peuple et il répandit en présence de son divin maître d'abondantes larmes. Poussé par son zèle ardent et sa charité sacerdotale, il se rend aussitôt, lui-même avec les chrétiens ses frères ; dans ce lieu, il élève la voix au milieu de la multitude, il montre à découvert les ruses et les fraudes de l'esprit du mal, il prêche hautement et avec véhémence la parole de Dieu, il presse ses auditeurs d'abandonner le temple qui sert de demeure au démon, et d'adresser leurs vœux et leurs offrandes au souverain maître et Seigneur de toutes choses, à Jésus-Christ, le Sauveur du monde, de qui seul ils peuvent attendre leur salut. Fidèles à la voix de l'apôtre, les habitants de la ville, s'empressent de se rendre à ses avis, ils renversent le temple, et, de leurs mains, ils élèvent en peu d'instants une magnifique basilique, où jusqu'à présent ils n'ont cessé de venir offrir leurs prières et leurs oblations au Dieu véritable qu'ils avaient méconnu. 111).
  • Il arriva aussi dans ces jours, qu'une femme noble, d'une haute distinction, nommée Truda, fut prise d'une maladie fort grave. Elle fit prier l'homme de Dieu, dout la réputation était si grande, de la venir visiter et de la soulager par ses prières. Le saint prêtre se rendit avec charité à sa |277| demande, puis l'ayant marquée du signe de la Rédemption, il la rendit à la santé par l'effusion de l'huile bénite 112). Or, il se trouvait auprès du lit de la malade, une jeune enfant qui était sa fille et qu'on appelait Tenestine. L'exhortation que Rigomer avait coutume de faire pour le salut de l'âme éveilla son attention, elle écouta ces dévotes paroles pour les graver dans son cœur : elle apprit ainsi comment nous devons faire pénitence afin d'effacer nos péchés et de gagner la vie éternelle. Cette doctrine lui plut tellement que, par une inspiration divine, elle s'attacha aux pas du ministre de l'évangile, pour profiter plus facilement de de ses conseils et de sa parole. Elle le suivit donc, et lui voua depuis lors une profonde estime et une sainte affection.
  • Mais, l'ennemi de notre salut est toujours méchamment ingénieux dans ses inventions pour perdre ceux qui s'attachent à imiter Jésus-Christ. À l'exemple de Marie qui pleurait aux pieds du Seigneur, les lavait de ses larmes, les essuyait de ses cheveux, et les baisait amoureusement, Ténestine s'était attachée à la suite du prêtre : l'esprit de ténèbres souffla dans le cœur méchants une pensée mauvaise; ils résolurent de perdre d'un seul coup les serviteurs de Dieu, et ils répandirent d'infames calomnies, disant que la jeune fille était poussée par une passion criminelle à agir ainsi, elle qui n'avait fait cette démarche que par la charité et le désir de sauver son âme. Forte de son innocence et confiante en la miséricorde divine, la vierge, méprisant les calomnies de ses détracteurs, ne quitta point pour cela le zélé directeur qui
  • Ténestine avait été promise en mariage à Sévère, jeune seigneur du pays; ce fut auprès de lui surtout que les méchants essayèrent de la perdre, “Votre fiancée, lui dirent-ils, a méprisé votre amour; elle vous dédaigne, pour s'attacher à un certain clerc pour qui elle brûle d'une flamme criminelle. Ce prêtre se disant homme de Dieu, l'a séduite et elle demeure avec lui.” À ces paroles, l'âme de Sévère fut saisie d'une subite indignation; il ajouta foi à la calomnie, et sa colère fut si grande, qu'il adressa même ses plaintes au roi et aux anciens du gouvernement.
  • Peu de temps après, un envoyé du Palais s'en vint avec des gardes pour saisir Rigomer et Ténestine, et les conduire auprès de Childebert, afin qu'en sa présence, ils donnassent raison de leur conduite. Les serviteurs de Dieu ne firent aucune opposition, ils se rendirent même avec empressement aux désirs du souverain. L'innocence et la sainteté de leur cause fortifièrent en eux la confiance en le Seigneur, et tous les deux parurent aux yeux de leurs juges pleins d'une généreuse intrépidité et tout prêts à confesser la foi dont ils pratiquaient les œuvres. La cour se tenait alors à Palaiseau 113) : les accusés apportèrent en hommage au roi plusieurs présents. Des objets de dévotion et en particulier des chandelles ou bougies bénites.
  • Un des anciens élevant la voix, «Prince juste, dit-il, comment souffrez-vous dans vos états de tels prêtres qui séduisent les femmes des autres?» «S'il est vrai, comme vous le dites, que vous innocents, reprit le roi en s'adressant jeune fille, et que vous n'ayez agi par mal ni par passion, donnez-en ici la preuve en allumant sans feu et par vos seules prières, ces chandelles que vous m'offrez; par là il sera évident pour tous que votre dévotion est pure et véritable.»
  • Alors les deux saints personnages , sans perdre confiance, et animés d'un zèle plus ardent encore pour procurer la gloire de Dieu, se jettent à genoux, ils prient, ils supplient par leurs ferventes invocations la bonté divine de leur venir en aide , et, pendant qu'il sont encore prosternés, la mèche des bougies commence à fumer. Rigomer se levant ensuite, étend la main vers les flambeaux et faisant sur eux le signe de la croix, après avoir invoqué le nom de Jésus-Christ, tous s'allumèrent incontinent |278| par la vertu d'en haut, et jetérent une lumière éclatante au milieu de l'assemblée stupéfaite et dans l'admiration. La scène changea aussitôt d'une manière étrange, car on vit le roi et les seigneurs de sa cour prosternés aux pieds des deux Saints, demandant qu'ils leur pardonnassent et les fatigues et les peines qu'ils leur avaient causées, en ajoutant trop facilement foi à des paroles de calomnie.
  • Après ce prodige, le roi se montra plein munificence, il fit donner à Saint Rigomer et à la vierge, deux villas qu'il possédait dans le pays du Maine, afin qu'après avoir obtenu le consentement de l'Évêque, ils y élevassent deux cellules. Il leur accorda mème tout l'argent nécessaire à ce dessein, et il défendit que dans la suite personne ne fût assez audacieux pour inquiéter ces fidèles serviteurs de Dieu. Avant de leur permettre de prendre congé, il les conjura de se souvenir de lui, de prier souvent pour la paix du royaume, pour son salut et pour celui de son peuple. Bien plus encore, dans cette même ville de Palaiseau, il fit élever une église, consacrée plus tard en l'honneur de Saint Rigomer, où le peuple se rend en foule, même de nos jours, pour y offrir à Dieu des vœux et des prières.
  • Les Saints s'en allèrent donc, dans le pays du Maine, pour s'y retirer loin du monde, dans la solitude, et y servir Dieu fidèlement. Ténestine reçut des mains de l'Évêque Saint-Innocent, le voile des vierges et s'appliqua à vivre de la vie religieuse dans une grande retraite et une grande mortification. Dans la suite, du vivant même de l'Évêque susdit, et durant la vie du Seigneur Domnole, son successeur, elle construisit un monastère et une église dédiée en l'honneur de la Bienheureuse Vierge Marie, entre les murs de la ville et le fleuve. Le terrain qui lui fut cédé à cet effet dépendait de l'Église du Mans et venait des largesses du saint Évêque Innocent. La pieuse vierge mena dans ce monastère une bienheureuse vie avec d'autres filles, dévotes comme elle et servant Dieu dans la religion: elle termina sa vie dans ce Saint asile, pleine d'années et de bonnes œuvres.
  • Pour Rigomer, le même seigneur évêque lui donna aussi un terrain dépendant de la susdite église du Mans, nommé Souligné. Il y bâtit une cellule, où, comme Ténestine, il passa sa vie dans la crainte de Dieu et dans le culte de la religion. Il faisait de si aumônes qu'il dépensa toutes ses richesses au soulagement des pauvres; il jeûnait et employait de longues veilles à la prière: en un mot tout son temps se consumait à l'observance des saintes règles du Seigneur, Une vie si parfaite était agréable à Dieu; aussi le saint homme obtint-il du ciel la guérison d'un grand nombre d'infirmes qui venaient tous les jours pour implorer son secours.
  • La renommée de la sainteté de ces deux fidèles religieux pénétra bientôt au loin, et les peuples vinrent en foule soit pour se consacrer à leur exemple aux devoirs de la vie retirée, soit même pour les honorer par des présents et leur prouver l'admiration qu'excitaient leurs œuvres. Quand ils furent morts, leurs corps furent religieusement ensevelis et conservés au lieu de cette ville du Mans, dont ils devaient être les protecteurs après avoir édifié les habitans par la sainteté de leur vie. Rigomer mourut, au rapport des historiens, le IX des kalendes de septembre : quant à l'époque de la mort de Ténestine, elle est inconnue. Du temps où vivait le Seigneur Hugues, comte du Maine, leurs corps furent emportés au monastère de Maillezais, où ils reçurent ensemble les honneurs que l'on rend aux saints 114).
  • Telle est la vie de Saint Rigomer, prêtre, et de Saint Ténestine, vierge, sa compagne, comme elle nous est racontée dans les anciens auteurs et en particulier dans un manuscrit très-vieux, conservé autrefois à l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés, à Paris, et publié par Bollandus, au XXIII août. Nous devons ajouter quelques particularités historiques relatives à ces deux saints et au diocèse du Mans , qui leur a donné naissance.
  • Trois églises de ce diocèse sont placées |279| sous le patronage de Saint Rigomer. Souligné-sous-Vallon, où nous avons vu qu'il éleva des cellules, et où, dit-on, il dut rester l'espace d'environ dix-huit ans. Dans le onzième siècle, ses reliques furent enlevées, si l'on en croit un moine historien, par fraude, et accordées à Théodolin, abbé de Maillezais. On en conservait encore une partie dans cette abbaye, à l’époque de la révolution. Le récit de cette translation est analysé dans les Bollandistes à la suite de sa vie. Saint-Rigomer-des-Bois, paroisse située à l'entrée de la forêt de Perseigne, et regardé comme le lieu de naissance du Saint. Saint-Remi-du-Plain 115) regarde aussi le même saint comme son patron : dans l'acte de donation faite par le comte du Maine à l'abbaye de la Couture au Xe siècle, cette paroisse est désignée sous le nom simple de villa. 116)
  • Le monastère dont Sainte Ténestine fut la fondatrice se nomma Sainte-Marie. Les premières abbesses furent, après elle, Sainte Ada ou Adrechilde et Arvine : ses bienfaiteurs furent Haregaire et Trude, le père et la mère de Ténestine. Les Normands ayant détruit ce monastère, il s'éleva dans la suite à sa place une église qui devint l'église paroissiale de Notre-Dame de Gourdaine.
  • Sainte Ténestine, avait été inhumée dans l'église des apôtres à côté des Saints Évêques : son corps fut levé de terre en 836 par Saint Aldric, et dans le XIe siècle transporté avec celui de Saint Rigomer dans l'abbaye de Maillezais. 117)
  • Saint Rigomer, prêtre du vrai Dieu, et Sainte Ténestine, vierge de pureté, priez pour nous!
  • L.P.

36. Récit de dom Paul Piolin, bénédictin (1851)

  • Saint Rigomer, ou Rigomerus, occupait un rang plus élevé dans la hiérarchie que saint Gervais; car il fut honoré du sacerdoce. Il était également né au diocèse du Mans, dans la partie connue sous le nom de Sonnois118), au lieu où l'on voit aujourd'hui un bourg qui porte son nom 119).|169|
  • Ses parents appartenaient à la classe des personnes libres, et, pour faire donner à leur fils une éducation qui répondît à ses heureuses inclinations, ils le mirent sous la conduite d'un saint prêtre, nommé Launillus. Ce saint homme, n'était pas originaire de notre diocèse; né au pays des Arveines, il était venu chercher dans les déserts du Maine la vie solitaire, et il habitait le canton où les Saxons s'étaient établis 120).
  • L'ardeur de Rigomer pour s'instruire de tout ce qui tient à la science du salut, ne se contenta point des leçons de ce saint prêtre; il allait interroger tous ceux qu'il croyait capables de lui apprendre les moyens d'avancer dans la pratique des conseils du Seigneur. Il donnait d'ailleurs l'exemple de toutes les vertus, et, sur le témoignage des fidèles édifiés de la pureté de ses mœurs, il fut élevé à la prêtrise 121).
  • Saint Innocent, en lui conférant l'onction sacerdotale, le chargea d'annoncer la parole de Dieu. Rigomer se mit donc, avec un zèle infatigable, à prêcher les vérités chrétiennes dans sa propre famille et dans toute la contrée du Sonnois. Outre les adorateurs d'Odin, il restait encore dans tout ce pays un grand nombre de personnes attachées aux pratiques du druidisme; on rendait des honneurs superstitieux aux arbres et aux fontaines; dans les maladies on recourait à des sacrifices et à des pratiques empruntées à la religion des faux dieux : Rigomer exhortait le peuple à quitter ces usages, à visiter les églises chrétiennes, à mettre plus de confiance dans les prières des prêtres, et dans l'onction de l'huile bénite par les ministres du Seigneur, que dans toutes ces pratiques sacrilèges. Pour donner une plus grande puissance à la parole |170| du saint prêtre, Dieu permit qu'il opérât plusieurs guérisons miraculeuses 122).
  • Rigomer apprit qu'il y avait dans la contrée un temple consacré au dieu Mars, sanctuaire où la population se rendait en foule, pour y prodiguer ses adorations à celte idole, et il se hâta d'aller prêcher dans ce lieu. Il parvint à éclairer les esprits des habitants, et à leur persuader d'abandonner leur superstition. Il fit renverser le temple et bâtir à la place une basilique, près de laquelle des moines ne tardèrent pas à établir leur demeure; ce qui engagea les nouveaux fidèles à venir y rendre leurs hommages à Dieu, comme ils le pratiquaient encore au temps où vivait le biographe de notre saint 123). Telle fut l'origine de la ville de Mamers.
  • Une dame d'une illustre famille, nommée Truda, tomba malade d'une fièvre violente et fit prier Rigomer de la visiter. Il se rendit à sa demande, et la guérit par ses prières et l'onction de l'huile bénite 124).
  • Après cette guérison, Rigomer adressa à celle femme de pressantes exhortations à la piété. Ces instructions firent la plus vive impression sur une jeune fille de la maison qui était présente. Cette enfant, nommée Ténestine, recueillit avec avidité toutes les paroles qui tombaient de la bouche du serviteur de Dieu; elle apprit de lui les exercices de la pénitence, et les moyens par lesquels l'âme peut acquérir les récompenses éternelles. Bientôt cette semence sacrée commença à porter ses fruits; Ténestine s'attacha à suivre les conseils de Rigomer dans toute leur étendue, et par respect pour ce saint prêtre, qu'elle regardait comme un envoyé que Dieu |171| lui avait adressé, elle entra en relations intimes avec lui, afin de ne rien perdre de ses instructions 125).
  • Les intentions pures de la jeune fille ne pouvaient être comprises de tout le monde; la malice des hommes ne tarda pas à couvrir des plus odieuses couleurs les offices de charité qu'elle rendait au serviteur de Dieu. Ténestine méprisa ces calomnies, et ne cessa point son pieux empressement à servir Rigomer. Mais elle avait été promise en mariage à un jeune homme nommé Sévère; la calomnie saisit cette circonstance; on fit croire à ce jeune homme que sa fiancée avait détourné de lui son affection pour la donner à un clerc: il le crut et en fut indigné. Il alla jusqu'à accuser auprès du conseil du roi le serviteur de Dieu, d'avoir voulu lui ravir l'épouse qui lui était promise. Sur cette plainte, un ordre arriva à Rigomer et à Ténestine de se présenter devant le roi et sa cour, pour répondre sur ces accusations. Ils obéirent avec promptitude, et, forts de leur seule innocence, ils se rendirent auprès de Childebert, qui était alors avec sa cour dans une de ses fermes royales peu éloignée de Paris, au lieu où l'on voit aujourd'hui le village de Palaiseau 126). Suivant l'étiquette du palais mérovingien, les deux prévenus apportaient chacun un présent pour le roi, et ils avaient choisi à cet effet des flambeaux de cire 127).
  • Quand Rigomer et Ténestine parurent en présence du roi, |172| quelques conseillers prononcèrent des paroles impies: “Voilà donc ces prêtres, disaient- ils, qui séduisent les épouses des autres!” Childebert leur dit qu'il ne voulait pour preuve de leur innocence qu'une chose: voir s'allumer sans feu, et par la seule force de leurs prières, les cierges qu'ils lui offraient. Aussitôt les deux saints se mirent à prier avec confiance, et les cierges commencèrent bientôt à donner quelque fumée; saint Rigomer levant les mains au ciel, invoqua avec une nouvelle ardeur le nom de Jésus-Christ, et les cierges parurent visiblement allumés par la vertu seule de la prière. Ce prodige fut si évident et si clairement constaté à la vue de toute l'assemblée, que Childebert et ses conseillers demandèrent pardon à Rigomer et à Ténestine des fatigues et des mauvais traitements qu'ils avaient éprouvés 128).
  • Le roi ne s'en tint pas là; il voulut témoigner hautement l'estime dont il était rempli pour leur vertu, en leur offrant à son tour des présents. Il leur donna deux fermes situées dans le territoire des Cénomans, et sur leur demande, il leur accorda des lieux propres pour y bâtir chacun un ermitage. Puis, en les congédiant, Childebert eut soin de déclarer qu'il les prenait sous sa protection royale, voulant que personne n'osât désormais les molester. Enfin, lui et toute sa cour leur recommandèrent de prier continuellement pour le bonheur du monarque et de son peuple 129).
  • Au VIIe siècle, on voyait dans le domaine royal de Palaiseau une basilique élevée en l'honneur de saint Rigomer, ded |173| moines la desservaient, et le peuple fidèle y venait fréquemment rendre ses hommages à Dieu et à son glorieux serviteur; on disait aussi alors que cette église avait été bâtie par Childebert, en mémoire du prodige arrivé sous ses yeux 130).
  • Dieu ayant donné un succès favorable à leur voyage, nos deux saints revinrent dans leur pays, désirant plus que jamais se livrer uniquement au service du Seigneur. A cet effet, ils se firent construire chacun une cellule, pour y vivre dans un plus grand dégagement des choses de la terre. Saint Rigomer se retira à trois lieues du Mans, dans un lieu solitaire et couvert de bois, là où se voit aujourd'hui la paroisse de Souligné-sous-Vallon.
  • Dans cette retraite, loin du bruit des hommes, il se livra à toute la ferveur de son zèle pour l'oraison et la pénitence. Justifié par le Ciel même des calomnies qu'on avait répandues sur sa vie, Rigomer était environné de l'estime publique; aussi, quoiqu'il eût choisi pour retraite un lieu fort désert jusqu'alors, et couvert de forêts, il se vit obligé de recevoir des disciples, et de leur bâtir des cellules autour de la sienne; telle fut la première origine du bourg de Souligné-sous-Vallon. Le saint prêtre, tout en conduisant ses nombreux disciples dans les voies de la perfection, donnait une partie de ses soins à l'instruction des populations voisines 131).
  • Il persévéra dans ce genre de vie pendant de longues années, sans quitter sa retraite de Souligné. Ayant vécu jusqu'au temps où saint Domnole gouverna l'Eglise du Mans (560-581), il mourut dans sa solitude, le 9 des calendes de septembre 132). Son corps fut transporté au Mans, et on construisit une basilique en son honneur. Un siècle environ après sa mort, le souvenir du saint prêtre était encore si vivant |174| dans nôtre Eglise, que le clergé et le peuple prièrent un moine du pays, personnage pieux et lettré, d'écrire les Actes du serviteur de Dieu 133).
  • Ténestine fit bâtir un oratoire avec un petit monastère entre la Sarthe et les murs de la ville, au lieu où fut depuis l'église paroissiale de Gourdaine. Les parents de cette sainte fille qui étaient riches firent, dit-on, les frais de cet établissement, et l'on prétend que saint Innocent non content d'intervenir pour ralifier par son autorité cette fondation, voulut y contribuer de ses deniers. Au IXe siècle, lorsque des seigneurs francs devenus évoques du Mans, essayèrent de s'emparer des biens de tous les monastères, à l'aide de pièces dont plusieurs furent plus tard reconnues fausses, on produisit une charte de Heregarius, père de sainte Ténestine et de Truda sa mère, qui donnait à la cathédrale et à l'évêque le monastère qu'ils avaient fondé pour leur fille. Cette charte était signée par Childebert, par saint Innocent et par six autres évêques, par un abbé et par quelques comtes. Toutefois, les noms de ces graves personnages n'ajoutent pas une grande autorité à cette charte, étant tous étrangers aux catalogues épiscopaux de la province et des provinces voisines, et d'ailleurs inconnus. Il est même aisé de reconnaître aux noms des évêques une couleur plus germanique que latine, indice certain d'une époque postérieure. Il n'est pas nécessaire d'alléguer ici d'autres raisons, pour démontrer l'entière supposition de cette charte, et c'est par distraction que plusieurs auteurs, s'appuyant sur son autorité, ont parlé d'une assemblée d'évêques, ou concile tenu dans notre cité pour sa ratification 134).
  • On ajoute que sainte Ténestine elle-même reconnut par un autre acte les droits de l'église cathédrale et de l'evêque du Mans sur son monastère, et sur tout ce qui lui appartenait; qu'elle obtint du roi Childebert un diplôme qui confirmait |175| cette donation, et y apposait la sanction de l'autorité royale; mais ce sont là des pièces qui ne peuvent avoir aucune autorité, étant produites uniquement par le collecteur des Gestes des Evëques du Mans, témoin intéressé, qui a eu pour but principal dans son travail, d'appuyer les droits très contestables de l'église cathédrale sur les monastères du diocèse.
  • S'il faut en croire les documents du IXe siècle, les religieuses du monastère fondé par sainte Ténestine, et qui était sous l'invocation de la sainte Vierge, devaient avoir soin des étrangers que leur dévotion attirait dans notre cité pour y visiter les sanctuaires; elles étaient tenues aussi à blanchir le linge de l'église cathédrale, et à entretenir les ornements sacrés. Sans doute, les monuments qui attestent ces faits n'ont pas une grande valeur, mais ces détails sont parfaitement d'accord avec les usages de l'époque. Les diaconesses et ces femmes dévotes qui vivaient dans le monde, sans être soumises à aucune règle, venaient d'être supprimées par le second concile d'Orléans, auquel assista saint Innocent. L'institution monastique, au contraire, se développait de plus en plus, et les offices que les diaconesses ne pouvaient plus remplir, revenaient naturellement aux religieuses consacrées à Dieu dans la vie claustrale.
  • Ténestine vécut long-temps dans cette communauté, et y donna constamment des marques d'une haute sainteté. Plusieurs fois elle rendit la santé à des malades par ses prières 135). Bien que l'antiquité n'ait pas eu soin de nous instruire de la règle qui fut d'abord établie dans ce monastère, il est permis de penser que ce fut celle que saint Césaire d'Arles avait composée pour sa sœur sainte Césarie; c'était, en effet, à peu près la seule suivie à celle époque dans les Gaules 136)

37. Récit d'Auguste Voisin (1852)

  • C'est au règne de Clotaire, et par conséquent au temps de l'épiscopat de saint Domnole, que quelques-uns, à tort assurément 137), rapportent le voyage de saint Rigmer et de sainte Ténestine pour se justifier en présence de la cour, à Palaiseau (le petit Palais-Royal). Saint Rigomer naquit dans le Sonnois, près de la forêt de Perseigne, à l'endroit où se voit la paroisse de son nom, Saint-Rigomer-des-Bois; confié, dès l'enfance, au saint prêtre Launild, il fit de rapides progrès dans les sciences et la piété. Saint Innocens lui conféra les ordres sacrés et l'envoya prêcher de divers côtés: ses paroles, soutenues de l'éclat des miracles, opérèrent de nombreuses conversions. Il parvint même à faire détruire, non loin du Mans, un temple d'idoles, et à élever une église sur ses débris. Sa réputation de sainteté devint si grande que beaucoup de malades avaient recours à ses prières pour obtenir leur guérison. Truda, noble matrone, dans une grave maladie recouvra la santé de cette manière: sa fille, Ténestine, fiancée au riche seigneur nommé Sévère fut tellement touchée des pieuses exhortations du Saint, qu'elle |201| se mit sous sa direction spirituelle , et y comme une autre Marie-Madeleine, elle s'attachait à lui pour le servir et de sa bouche recueillir la parole sainte.
  • Sévère, en ayant été instruit, s'indigna jusqu'à porter ses plaintes aux juges du Palais-Royal, de ce qu'un prêtre cherchait à séduire sa fiancée. Un légat fut, en conséquence, député pour instruire l'affaire sur les lieux , et obliger les prévenus à fournir des cautions et se rendre devant les juges royaux. Ils vinrent donc trouver la Cour, réunie en ce moment au bourg de Palaiseau; les juges, en les apercevant, se dirent: “Que penser de tels prêtres, qui séduisent les femmes des autres?” Parfaitement convaincu de leur innocence, après les avoir soumis à une épreuve miraculeuse, le roi, pour les dédommager des chagrins et des fatigues qui leur avaient été causés, leur concéda deux villas dans le pays des Cénomans, de concert avec l'évêque du Mans 138). Les deux saints se mirent ensuite à fonder chacun un monastère, où leurs corps furent ensevelis: Saint Bertram cite, en effet, au nombre des basiliques qui entouraient la cité, vers la fin du VIe siècle, celle de Sainte-Marie et celle de Saint-Richomer 139).

38. Vitrail de Vauhallan, peint par Jacques Rouvière-Delon (1859)

39. Notice de l'abbé A. Geoffroy curé de Vauhallan (1860)

Origine de l'église de Vauhallan. Son premier patron, saint Rigomer. Son antique pèlerinage. (pp. 7-10)

  • L'Eglise de Vauhallan fut fondée vers l'an 530140), par Childebert 1er, fils de Clovis et de sainte Clotilde, en mémoire d'un miracle que saint Rigomer venait d'opérer à Palaiseau en présence du roi.
  • Saint Rigomer était un prêtre confesseur originaire du Maine. Accusé d'entretenir des relations coupables avec une jeune fille noble, nommée Ténestina, dont il avait guéri la mère, il fut, sur la plainte du fiancé de cette jeune fille, conduit avec elle à Palaiseau, où se trouvait alors le roi Childebert, pour y rendre compte |8| de sa conduite en présence de ce prince et des anciens du peuple141).
  • Saint Rigomer et sainte Ténestina tenaient à la main des cierges éteints qu'ils apportaient en offrande au roi. “Si vous n'êtes pas coupables, leur dit ce prince, que ces cierges s'allument d'eux-mêmes : nous pourrons croire alors à la pureté de vos relations.” Les deux saints, pleins de confiance en la bonté et la puissance du Dieu qui protégea Suzanne contre la calomnie d'indignes vieillards, s'agenouillent et se mettent en prières: bientôt les cierges fument et à une dernière invocation de saint Rigomer, ils s'allument.
  • Frappés de ce miracle, le roi et les anciens du peuple se prosternent devant les saints, leur demandent pardon des épreuves qu'on leur a fait subir et les renvoient comblés de présents142). Puis Childebert ordonne que dans son domaine de Palaiseau il soit bâti une église en mémoire de ce miracle143).
  • Cette église, dont saint Rigomer devint ensuite le patron, et où il fut honoré le 24 août, jour de sa mort, est, ainsi que le démontre le savant abbé Lebeuf, |9| l'église de Vauhallan. Le peuple y vint en pèlerinage144)); et à raison du nombre des pèlerins il s'y établit une foire le jour de la fête du saint.
  • Dans les siècles suivants, après l'introduction de la liturgie romaine en France sous Charlemagne, laquelle fixe au 24 août la fête de saint Barthélemi, le nom du premier patron céda la place à celui de saint Barthélemi honoré le même jour, et le préjugé populaire, ainsi que l'explique le savant abbé Lebœuf dans la note que nous citons textuellement145)), a continué |10] jusqu'à ce jour à substituer le nom de l'apôtre à celui de saint Rigomer, premier et véritable patron de l'église de Vauhallan.
  • […]
  • Description des vitraux. (pp. 16-18)
  • Toutes les fenêtres et rosaces présentement ouvertes sont ornées de vitraux à sujets, peints et cuits au feu, selon les procédés anciens. Elles sont au nombre de douze. Nous en esquisserons ici la description: […]
  • 4° Dans la petite chapelle, dite de Saint-Vincent, le vitrail de saint Vincent, patron de la confrérie de ce nom, qui en a fait don à l'église. Cette confrérie se compose, en grande partie, des vignerons de la localité. Le saint diacre de Valence porte l'ancienne dalmatique des diacres, l'étole et le manipule; il a à la main la palme verte des martyrs. On voit à son côté droit le gril de fer, armé de pointes aiguës, sur lequel il a été martyrisé, et à sa gauche, le corbeau emblématique. La grappe de raisin, grosse et bien nourrie, qu'il tient de la gauche, est l'espoir du vigneron et le signe de la protection du saint sur sa précieuse récolte.
  • 5° Dans la même chapelle et au-dessus du rétable de l'autel, un charmant petit vitrail représentant le miracle opéré à Palaiseau par saint Rigomer et sainte Ténestina. Dans une salle de l'ancien château, Childebert ler est assis sur son siége royal : les deux saints en pied se présentent au premier plan, tenant à la main chacun un cierge qui s'allume miraculeusement. […]
  • […]
  • Origine de la Crypte. — Sa position par rapport à l'édifice. — Sa destination première. (pp. 47, 50-51 et )
  • […] La crypte a dû servir primitivement comme ailleurs, à renfermer les ossements des saints, peut-être une partie de ceux de saint Rigomer en vénération dans ces lieux. […]
  • […]
  • Au delà de la chapelle sainte Geneviève, s'ouvrent à droite et à gauche deux petites chapelles à peu près semblables, toutes deux couvertes d'arabesques et de peintures murales. Dans celle de droite, appelée chapelle Saint-Rigomer, sur une table de pierre recouverte d’un tapis, sont six reliquaires disposés en deux rangées de trois, comprenant les saints spécialement honorés dans la paroisse: chaque reliquaire est surmonté du buste de son saint: au premier rang : saint |51| Barthélemi , saint Rigomer, sainte Ténestine; au deuxième rang: saint Eutrope, saint Vincent diacre, sainte Barbe. […]
  • […]
  • Saint Rigomer, prêtre-confesseur et sainte Ténestina, vierge et fondatrice de l'abbaye Notre-Dame du Pré, au Mans.146)
  • Saint Rigomer naquit, vers le commencement du VIe siècle, à Saint-Remy-du-Plain, dans le pays du Maine, au territoire de Sonnois, dépendant de l'Evêché du Mans. Saint-Remy-du-Plain est aujourd'hui une commune du canton de Mamers (Sarthe). Ses parents étaient de condition libre. Instruit dès son enfance, par le vénérable saint Launille, dans la lecture des livres saints, il y puisa l'amour de l'humilité, de la chasteté, de la méditation; et, pour se consacrer tout entier à la pratique des bonnes œuvres, il embrassa [53| le sacerdoce. Il commença à prêcher la parole sainte à ses parents et à ses voisins, exhortant tous ceux qu'il rencontrait à observer la pénitence, la justice, la bienfaisance, l'hospitalité. Il les engageait à renoncer aux choses profanes, à cesser l'usage idolâtre d'adresser leurs voeux aux arbres et aux fontaines. Il les conjurait de recourir plutôt aux églises et aux prêtres, et d'invoquer, comme soulagement et remède dans leurs maladies, l'onction de l'huile sainte. C'était avec cette huile qu'en qualité de serviteur de Dieu, il touchait lui-même les malades; et lorsqu'il les avait rendus à la santé, il leur disait que c'était au Seigneur seul qu'ils devaient en rapporter leurs actions de grâces. Une dame noble, nommée Trudana, étant tombée malade et ayant entendu parler des miracles opérés par saint Rigomer, lui fit demander avec instance de venir la voir, espérant que, par ses prières, elle obtiendrait sa guérison. Le saint, toujours prêt à se rendre où la charité l'appelait, vint visiter la malade, lui fit des onctions d'huile sainte, pria pour elle, et Dieu accorda la guérison de cette dame. Pendant que le saint prêtre lui prodiguait ses exhortations et ses prières, la fille de cette dame, nommée Ténestina147), en fut tellement touchée, qu'elle pria saint Rigomer de vouloir bien lui continuer ses conseils, et se mit sous sa conduite spirituelle148). La malice humaine ne tarda pas à calomnier ces relations, et l'on en prévint le fiancé de Ténestina, nommé Sévère. Celui-ci, indigné, se plaignit dans le palais du |54| roi et près des anciens du peuple. A sa demande, un envoyé du palais vint chercher Rigomer et la jeune fille, pour qu'ils eussent à rendre compte, devant le roi et les anciens du peuple, des faits qui leur étaient reproches. Saint Rigomer et sainte Ténestina obéirent avec le calme de l'innocence. On les conduisit à Palaiseau où se trouvait alors le roi Childebert, et arrivés en présence du prince, ils lui offrirent en hommage les cierges qu'ils tenaient à la main. Les anciens du palais murmuraient en disant: “Les voilà” donc ces prêtres qui séduisent les femmes du prochain!” Le roi prit alors la parole: “Si vous êtes vraiment purs, dit-il, si vous n'avez rien à vous reprocher, que ces cierges que vous m'offrez s'allument d'eux-mêmes à un signe de votre main; nous pourrons croire alors à la pureté et à la sainteté de vos relations.”
  • Pleins de confiance dans la puissance et la bonté de Dieu, saint Rigomer et sa compagne s'agenouillent et se mettent en prière. Bientôt les cierges fument: Rigomer étend la main droite en invoquant le nom de Jésus-Christ, le feu s'allume alors, et, par la vertu de Dieu, resplendit devant tous. A cette vue, Childebert et les anciens du palais se précipitent aux pieds des saints, les priant de pardonner les peines et les fatigues qui leur ont été imposées; puis le roi, voulant les récompenser, leur donna deux domaines dans l'évêché du Mans, ainsi que des terrains pour y construire des cellules, les suppliant de prier assidûment pour la paix du royaume et le salut du peuple.
  • Le roi ordonna, en outre, que dans son domaine de Palaiseau il fût bâti une église, pour perpétuer le souvenir de ce miracle et honorer la mémoire de saint Rigomer. Le peuple prit l'habitude de venir |55| prier à cette église et d'y faire au Seigneur de pieuses offrandes. Retournés dans le Maine, les deux saints commencèrent à faire construire des cellules. Sainte Ténestina prit le voile des mains de saint Innocent, évêque du Mans, en 537, et bientôt elle établit un monastère en l'honneur de Notre-Dame149). Quant à saint Rigomer, il fonda le prieuré de Saint-Aubin150), puis une autre cellule ou prieuré à Souligné-sous-Vallon, à trois lieues du Mans, sur des terres dépendant de l'abbaye de sainte Ténestina. Ils se consacrérent tous deux à la prière, à toutes les bonnes œuvres, et beaucoup de malades furent guéris par leur intercession, ce qui ramena à Dieu un grand nombre d'âmes.
  • Saint Rigomer mourut à Souligné-sous-Vallon, le 24 août, vers l'année 560. Quant à sainte Ténestina, on ignore l'époque de sa mort. Leurs restes furent inhumés au Mans, dans le monastère de Notre-Dame de Gourdaine.
  • Les corps de saint Rigomer et de sainte Ténestina furent relevés en 838 par saint Aldrik, évêque du Mans, à raison de ce que l'église était presque entièrement abandonnée, et déposés avec grand honneur |56| à la cathédrale, sous des autels particuliers. Plus tard, vers l'an 1010, ces reliques furent transférées dans l'abbaye de Maillesaist, en Poitou, qui fut érigée depuis en évêché. Saint Rigomer et sainte Ténestina sont honorés le 24 août, comme patrons de l'église cathédrale de Maillesais.
  • Trois églises du diocèse du Mans: Saint-Rigomer ou Saint-Remy-du-Plain, Saint-Rigomer-des-Bois et Souligné-sous-Vallon, restent sous le même patronage.

40. Rapprochement avec un sermon de saint Avit de Vienne en date de 522, sur la consécration d'une église sur le site d'un ancien temple à Annemasse, par Albert Rilliet (1866)

  • Les choses ne marchèrent pas aussi vite dans les campagnes, ce dernier refuge des vieilles croyances, dont les sectateurs |55| ont dû précisément leur nom de pagani aux bourgades et aux villages, pagi, dans lesquels ils pouvaient rendre plus librement un culte aux anciens dieux151). Il suffit de lire les décrets des conciles pour s'assurer que, dans les Gaules, l'usage d'adorer les idoles et de s'adonner aux superstitions païennes n'avait pas encore disparu au sixième siècle.152) En 533 les évêques réunis à Orléans promulguent la défense déjà ancienne, mais, paraît-il, toujours nécessaire, qui interdisait aux fidèles, sous peine d'excommunication, de prendre part au culte des idoles ou de goûter des viandes immolées sur leurs autels.153) C'est à la même époque qu'on doit placer le récit dans lequel, d'après Grégoire de Tours, un voyageur, originaire de Clermont, raconte à saint Nicet (évêque de Trêves dès 527) que, s'étant embarqué pour l'Italie, les passagers du vaisseau qu'il montait se trouvèrent être tous des païens appartenant à la population des campagnes, et qu'une grande tempête s'étant élevée, ils se mirent à invoquer chacun la divinité de son choix.154) Et, dans l'homélie même qui nous occupe, Avitus ne paraît pas être bien sûr qu'il n'existe pas encore des idolâtres |57| tout auprès des lieux où il consacre la basilique nouvelle. Iln'y a donc pas à s'étonner d'entendre parler à cette époque, comme d'une chose récente, de la destruction d'un temple païen dans les limites du diocèse de Genève.
  • Nous voyons même, un peu plus tard encore, sur un autre point des Gaules, se passer un événement semblable, dont le récit pourrait sans invraisemblance convenir tout aussi bien à l'œuvre entreprise et consommée par l'évêque Maxime. Il s'agit des succès de la propagande religieuse tentée vers 540 par saint Rigomer dans le diocèse du Mans. “Ce saint avait appris, raconte son biographe155), qu'il se trouvait dans le voisinage un ancien temple païen (antiquum fanum), objet de la vénération d'un peuple nombreux et où se faisaient des vœux diaboliques et de criminelles offrandes. Rigomer fut ému d'une vive compassion pour cette gent rustique et infidèle (de rustico et infideli populo), qui, au lieu de rendre à Dieu le culte qui lui est dû, s'adonnait à celui du diable, et, loin de faire ainsi son salut, courait, au contraire, à la perdition. Enflammé d'un saint zèle, il vint sur les lieux avec d'autres chrétiens et s'enquit soigneusement de ce qui se passait. Ayant en effet constaté l'existence de cette tromperie diabolique, il se mit à prêcher aux habitants de l'endroit la parole de Dieu, en les exhortant à abandonner leur superstition abominable, à fréquenter l'église de Dieu et à chercher leur |57| salut en Jesus-Christ (in Christo Jesu salutem expeterent). C'est ce qu'ils firent avec le secours du Seigneur, et, ayant détruit le temple païen. Ils élevèrent à la môme place une basilique (et ipso fano destructo basilicam in eodem loco ædificaverunt).” Ce passage démontre la persistance jusque vers le milieu du sixième siècle, non-seulement des superstitions idolâtres, dont plus tard encore on trouve des traces156), mais de l'adoration publique des faux dieux. Quoiqu'on ne puisse pas l'envisager comme un témoignage historique de premier ordre, 11 n'en dépeint pas moins avec beaucoup de vraisemblance la manière dont les conquêtes du christianisme devaient amener peu à peu dans nos contrées la ruine du culte païen.

41. Note de Paulin Paris, reprise de dom Rivet (1869)

  • XXVII. Légendes de divers saints. Pages 546-553.
  • Dans les continuateurs de Bollandus, au 24 d'Août, on nous vient de donner une vie de S. Rigomer, Pretre et Solitaire au Maine, qui vivoit encore après le milieu du VIe siècle. La même année qu'elle a paru dans le public, où elle n'étoit point connue, M. l'abbé le Beuf en a publié une autre édition, sur deux manuscrits, l'un de Saint-Germain-des-Prés, l'autre de Sainte-Genevieve à Paris. L'écrit ne présente point d'indice visible du temps précis auquel il a été fait; quoiqu'il soit évident, par la lecture, que l'auteur qui étoit du païs ou du voisinage, comme le témoignent les expressions suivantes in nostris partibus, n'y a suivi que des traditions orales. Mais ces traditions ne paroissent pas fort éloignées de leur source, et nous font juger que cet auteur ecrivoit avant la fin du VIe siècle. Son ouvrage retient tout le génie et la manière d'écrire de ce temps-là: ce que nous entendons seulement des Légendaires judicieux, qui ne cherchoient point à charger leurs écrits de lieux communs et de choses qu'ils tiroient de leur propre fonds, ou à y faire entrer du merveilleux ou de l'extraordinaire. Il faut pourtant en excepter un endroit qui est manifestement une addition faite après coup. C'est ce qui s'y lit de la basilique ou chapelle qui fut érigée à Palaiseau en l'honneur de S. Rigomer. Les expressions de cet endroit prises à la letre feroient croire que ce fut le Roi Childebert qui fit lui-même élever cette chapelle du vivant du Saint, et que l'auteur qui le rapporte en avoit été témoin oculaire.
  • Cette légende est importante pour distinguer S. Rigomer de S. Richmir, abbé au Maine à la fin du VIIe siècle et au commencement du VIIIe, avec lequel on le confondoit commumément. C'est ce que les Editeurs ont particulièrement fait remarquer dans les savantes observations préliminaires dont il l'ont accompagnée. On y a aussi une partie considérable de l'histoire de Sainte Ténestine, abesse même païs, que S. Rigomer avoit pris soin de former à la pieté, et enfin de quoi prouver que Palaiseau étoit une maison roïale dès le règne de Childebert. (D. Rivet. T. V, 1740. Avertiss. p. VI.)

42. Tableau de Vauhallan dans le journal l'Illustration par César Perruchot (1870)

  • Un village inconnu
  • Qui l'a découvert? Ce sera moi, si vous voulez, à moins que ce ne soit quelque autre: Charles Monselet, par exemple, cet esprit si fin, cette fourchette si intelligente et si renommée.
  • Le nom de ce village? Vauhallan.
  • Et ne l’allez chercher ni dans les Vosges, ni dans les Alpes, ni dans les Pyrénées. Vous ne le trouverez pas plus en Bretagne qu’en Auvergne. Non, Dieu merci? il est là, à quatre pas de vous, près de Palaiseau, à quelques cigares de Paris, par l’omnibus qui vient justement d’être inauguré ces jours derniers, et qui désormais le relie à Paris, par la station de Meudon. Et laissez faire au temps! Il sera bientôt, vous le verrez, une perle de plus ajoutée aux perles qui composent le riche collier de la villégiature parisienne.
  • Avez-vous vu le Valais, ce long berceau où dort le Rhône naissant, entre une double bordure de montagnes géantes! De distance en distance la bordure se déchire, et la vallée s’enfonce dans cette déchirure. Autant de déchirures, autant de vallées latérales, dont plusieurs sont de vrais paradis. Eh bien! Vauhallan, c’est quelque chose comme cela, à la hauteur des montagnes près, bien entendu.
  • Une chose charmante. Un petit monde à part fermé aux visiteurs comme la vallée aux diamants du marin Sindbad. On ne va pas à Vauhallan, on y tombe. Là, point de bruit. Tout s’y fait doucement, sans presse et sans gêne. Le progrès n’y chemine qu’à pas de sénateur, et cela se comprend: face au passé, dos à l'avenir, ce n’est qu’en marchant à reculons que l'on avance. O Vauhallan! Vallis Herrlandi! Vallée du seigneur de la terre! O la belle au bois dormant des vallées! Toutes les montres y retardent.
  • Aussi ne s’en faut-il pas de beaucoup que l’on n'y soit de cent ans en arrière sur le temps présent. Hier encore, en cette autre Arcadie, le dieu Pan rendait des oracles écoutés. Les échos de la montagne se renvoyaient en tremblant les notes grêles de sa Syrinx. Mais, il faut le dire, il n’était pas toujours la terreur des nymphes de Vauhallan, le dieu cornu et libertin. Toutefois si, par suite, dans quelque libre union, Junon-Lucine était intervenue, la déesse des noces consacrées ne tardait pas à tout réparer. Elle rendait a Amaryllis cette fleur qu'elle avait perdue, en allant au bois. La cérémonie est naïve, car l'usage s'est conservé. Naturellement, le fruit tombé de la branche avant l'heure prescrite, il signor Bambino, est de la fête, et le rôle important, c'est lui qui le jour. Il marche devant les époux, portant gravement la couronne retrouvée, et c'est de sa petite main qu'il la pose finalement sur la ête de sa mère. L'innocence rendue par l'innocence! Le diamant seul peut tailler le diamant.
  • Je vous dis que Vauhallan est un bijou.
  • Et notez que cet aimable village, qu’a tiré de son sommeil un homme aussi distingué qu’excellent, dont le pays regrette la perte et honore la mémoire, M de Cayrol, fils du savant bibliophile de ce nom, a une histoire qui se perd dans la nuit des temps mérovingiens. II a été fondé par Childebert Ier; son église date du treizième siècle, et sa crypte du sixième. Il a eu sa maison seigneuriale, dont il reste quelques débris. Il compte parmi ses seigneurs, dont quelques-uns eurent un nom retentissant dans l’histoire, le fameux Enguerrand de Marigni qui, de par le bon plaisir de Philippe-le-Bel, fut le haut-justicier de Vauhallan, avant d'être, de par celui de Louis-le-Hutin, le simple justicié de Montfaucon. Voilà pour les amis de l’antiquité, pour les gourmets de curiosités historiques; mais pour les amoureux de la belle nature, oh! c’est bien autre chose. Une campagne incomparable: sites pittoresques ici, et là sites pittoresques; des monts du haut desquels se déroule à perte de vue le plus splendide panorama; des bois, des prés, des ruisseaux; voilà leur part à eux. Partout ce ne sont que nids délicieux offerts au doux far niente, sentiers solitaires ménagés à la rêverie, ombre, silence, fraîcheur. J’étais à peu de distance de cette séduisante villa que vous voyez sur la hauteur dans la gravure que nous donnons ci-joint. El mon regard allait du village à la maison, de la maison au village. Une pensée m’était venue…
  • — Voilà justement la retraite-qu’il me faudrait, pensais-je. Ah! si j’étais riche! Mais quoi, en travaillant, en économisant… au bout de quelques années… qui sait?
  • Quelques années! Ainsi le rêve heureux allait son train. Tout à coup, ô réveil! qu’avais-je vu?
  • Hélas! non, elle ne sera jamais à moi, cette maison si avenante, avec son joli petit parc, avec sa pelouse verte, et son bassin et son jet d’eau, et surtout sa vue magnifique, si loin portée, que le regard n’en peut atteindre la profondeur. Quelque autre certainement va me devancer et me la ravir; car, ô faunes et dryades! elle est à vendre!
  • Heureusement, une ressource me reste, et Vauhallan est encore à moi. Je trouverai toujours un asile dans son auberge gastronomico-artistique, si avenante, avec sa cuisine en pleine lumière, ses chambres gaies, ses ateliers de peintre, et ses tables servies, pendant les jours d’été, sous la tente parfumée des bois……
  • C. Perruchot.

43. Récit de l'abbé Leguicheux, curé de Souligné-sous-Vallon, pour les Petits Bollandistes (1876)

  • XXVIe jour d'août.
  • Martyrologe de France, revue et augmenté.
  • Au diocèse du Mans, saint Rigomer et sainte Ténestine, solitaires. VIe s.
  • Saint Rigomer et sainte Ténestine, solitaires, au diocèse du Mans (VIe siècle).
  • Rigomer naquit au diocèse du Mans, dans la partie connue sous le nom de Sonnois, où l'on voit aujourd'hui un bourg qui porte son nom (Saint-Rigomer-des-Bois, près de la forêt de Perseigne). Ses parents appartenaient à la classe des personnes libres, et, pour faire donner à leur fils une éducation conforme à ses pieuses inclinations, ils le confièrent, dès son enfance, à un saint prêtre nommé Launilius, sous lequel il fit de rapides progrès dans la piété et dans les lettres. Elevé à la prêtrise par saint Innocent, évêque du Mans (532-543), il fut chargé d'annoncer la parole de Dieu. Rigomer se mit donc, avec un zèle infatigable, à prêcher les vérités chrétiennes dans sa propre famille et dans toute la contrée du Sonnois, et à exhorter le peuple à quitter les usages superstitieux du paganisme. Ses discours, pleins d'une éloquente simplicité, et soutenus de l'éclat des miracles, opérèrent de nombreuses conversions; une multitude d'infidèles renoncèrent au culte des idoles, et embrassèrent la religion de Jésus-Christ. Ayant appris, dans une de ses courses apostoliques, qu'il y avait dans la contrée un temple consacré au dieu Mars, il se hâta d'aller prêcher dans ce lieu. Sa parole fut si efficace que les habitants détruisirent ce temple, et élevèrent sur ses débris une église où le vrai Dieu fût adoré. Telle fut l'origine de la ville de Mamers. La réputation de sainteté dont jouissait Rigomer était telle, que, de toutes parts, on venait se recommander à ses prières une foule de malades et d'infirmes le conjuraient d'intercéder pour eux auprès de Dieu; il formait sur eux le signe de la croix, et leur faisait une onction avec de l'huile bénite, et ils recouvraient la santé. Il guérit de la même manière une dame de naissance illustre, nommée Truda; puis il lui adressa de pressantes exhortations à la piété. Elles firent la plus vive impression sur une jeune fille de la maison nommée Ténestine. Renonçant dès lors à tous les avantages du siècle, elle suivit Rigomer dans la solitude, et alla habiter une cellule voisine de la sienne, pour se perfectionner sous sa direction, dans la vie spirituelle. La calomnie poursuivit ces deux âmes si pures jusque dans le désert mais Dieu prit en main la cause de ses serviteurs et se chargea lui-même de les justifier. Ténestine fit bâtir un oratoire avec un petit monastère près de la Sarthe, au lieu où fut depuis l'église paroissiale de Gourdaine. Pour Rigomer, il se retira à trois lieues et demie du Mans, dans un lieu solitaire et couvert de bois, là où se voit aujourd'hui la paroisse de Souligné-sous-Vallon (Sarthe, arrondissement du Mans, canton de la Suze). Elle doit, à son intervention miraculeuse, une fontaine dont l'eau très-limpide sert à l'entretien des habitants, et porte le nom de Saint-Rigomer; elle n'a jamais tari, même dans les plus grandes sécheresses. Saint Rigomer mourut dans sa solitude, le 24 août. Son corps fut transporté au Mans, et on construisit une basilique en son honneur; mais elle fut depuis démolie et aujourd'hui on ne sait même pas le lieu où elle était construite. Plus tard, on transporta son corps avec celui de sainte Ténestine, dans l'abbaye de Maillezais, en Poitou, où longtemps ils furent honorés comme patrons. La paroisse de Souligné-sous-Vallon est sous le vocable de saint Rigomer ainsi que celles de Saint-Rigomer-des-Bois et de Saint-Rémi-du-Plain. L'église de Souligné possède une statue du Saint; mais elle est privée de ses reliques.
  • Nous devons cette notice à l'obligeance de M. l'abbé Leguicheux, curé de Souligné-sous-Vallon.
  • XXVIe jour d'août.
  • Martyrologe de France, revu et augmenté.
  • Dans l'ancienne abbaye bénédictine de Fleury ou Saint-Benoit-sur-Loire (Floriacum ad Ligerim, S. Benedictus in pago Aurelianensi), au diocèse d'Orléans, sainte Ténestine, vierge, dont nous avons donné la vie, avec celle de saint Rigomer, au 24 août. Son corps, enterré d'abord au Mans, fut transféré par la suite |221| dans l'abbaye de Fleury.

44. Notice dans le Pouillé de Versailles par Gauthier (1876)

  • Saint Rigomer, Confesseur, et Sainte Ténestine, Vierge, 24 août.
  • Saint Rigomer, Rigomarus, était prêtre à Souligné-sous-Vallon, à trois lieues du Mans, où il menait une vie très-sainte, et était favorisé du don des miracles. Ayant converti un certain nombre de païens, entre autres sainte Ténestine, Tenestina, elle s'appliqua, comme autrefois les saintes femmes auprès de Notre-Seigneur, à lui rendre quelques services. Mais la calomnie ne tarda pas à les atteindre, et ils furent obligés de venir se justifier auprès du roi Childebert Ier, à Palaiseau, où ils passèrent quelques jours. Après plusieurs miracles qui prouvaient leur innocence, le roi les renvoya. Saint Rigomer quitta la vie le 24 août 541 et sainte Ténestine le 26 du même mois. Ils sont titulaires de l'église de Vauhallan, démembrée, en 1802, de la paroisse de Saclay.

45. Récit de l'abbé Laude, curé de Saint-Rigomer-des-Bois (1880)

  • Vies de saint Rigomer, prêtre, et de sainte Ténestine, vierge.
  • I.
  • Au VIe siècle de l'ère chrétienne, sous le règne du roi Childebert, la vie ascétique fut partout mise en grand honneur, et la France, à la faveur de la protection et des munificences royale, se couvrit bientôt de monastères florissants. Notre pays du Maine fut surtout favorisé sous ce rapport, grâce aux efforts de saint Innocent qui occupait alors le siège de saint Julien. Ce pontife, par ses bontés, sut bientôt attirer auprès de lui une foule de moines et de solitaires qui de toutes les provinces venaient se ranger sous sa direction. Innocent donnait à chacun de ces intrépides soldats du Christ quelque lieu aride de son diocèse à défricher, ou quelque portion de son troupeau à conduire dans les voies du salut.
  • Ce fut ainsi que sous les auspices de notre saint Évêque, saint Calais, saint Ulphace, saint Fraimbault, saint Borner, saint Léonard et tant d'autres portèrent, avec les lumières de la foi, celles de la civilisation dans les lieux autrefois incultes qui ont retenu leurs noms. |2]
  • Ces fleurs de sainteté choisies par les soins de saint Innocent et transplantées dans le jardin de son diocèse devinrent la tige de ces générations de chrétiens dont la sève, grâce à Dieu, n'est pas eucore tarie; et ce fut assurément la gloire de son épiscopat qui est appelé à juste titre l'âge héroïque de notre histoire religieuse. Toutefois, ainsi que le remarque un de nos historiens157), c'eût été aussi une honte pour notre province d'emprunter toute sa sainteté des étrangers, et de ne pouvoir trouver dans toute l'étendue de ses terres quelqu'un de ses habitants qui relevât sa gloire par l'héroïsme de ses actions et par l'éclat de ses miracles.
  • Saint Rigomer et sainte Ténestine sont venus nous garantir de ce reproche: tous deux nos compatriotes par leur naissance et par leur vie, ils ont montré que notre terre n'est pas si ingrate qu'elle ne cache dans son sein quelques germes de sainteté propres à donner en temps opportun les fruits les plus excellents 158).
  • II
  • Saint Rigomer159) naquit vers le commencement du VIe siècle dans le pays de Saosnois, aux lieux mêmes où sa mémoire est en honneur. Il témoigna,dès sa plus tendre enfance un grand amour de la piété et de la science sacrée. Ses parents avaient dans la société un rang- assez honorable. Voulant donner à leur fils une éducation qui répondît à ses inclinations, ils le confièrent à un saint prêtre nommé |3| Launillus ou Launildus, originaire de l'Auvergne. Sous la conduite du ministre de Jésus-Christ, Rigomer fit de rapides progrès dans l'étude des saintes lettres. Il ne se montra pas moins attentif à se perfectionner dans la science de l'oraison. On remarquait surtout sa profonde humilité et la vigilance qu'il apportait à ne blesser en rien les délicatesses de la modestie.
  • Ne voulant négliger aucun moyen de réussir dans sa noble ambition, le jeune disciple de Launillus ne se borna pas aux leçons de son maître, Il s'en allait souvent interroger tous ceux qu'il croyait capables de l'aider à pratiquer plus parfaitement les conseils évangéliques. Aussi, la grâce secondant de si heureuses dispositions, Rigomer s'éleva bientôt au faîte de la sainteté, et l'esprit de foi, qui ne cessa jamais de le guider, fit qu'il garda intact jusqu'à sa mort le trésor qu'il s'était acquis, sans déchoir un seul instant de sa première ferveur. Il paraît, du reste, qu'il se confirma de bonne heure en ses héroïques intentions par le vœu de passer toute sa vie dans les œuvres de la sainteté.
  • La conduite du jeune serviteur de Dieu parut un signe évident de sa vocation au sacerdoce. Le témoignage et les vœux des fidèles qu'il avait édifiés le signalèrent bientôt à saint Innocent qui l'appela au Mans, et, quand il eut atteint l'âge, lui conféra les ordres sacrés.
  • Rigomer devenu prêtre montra une aptitude remarquable pour la prédication. Saint Innocent ne voulut pas laisser inutile pour le bien de son troupeau un talent si bien soutenu par la sainteté de celui qui l'exerçait. Les populations qui habitaient les limites du diocèse, sans doute à cause de leur éloignement du siège épiscopal, étaient restées dans l'ignorance la plus grossière et dans une corruption de mœurs qui désolait le cœur du vénérable Pontife. Rigomer fut chargé de porter remède à ces maux et d'annoncer la parole de Dieu dans le pays même qui avait été témoin des vertus de son jeune âge. |4|
  • III
  • Au fond d'une étroite vallée perdue dans les hauteurs de la forêt de Perseigne se cache une humble mais antique église encore entourée de son cimetière. Autour du cimetière sont rangés sans aucune symétrie une quinzaine d'habitations de fort modeste apparence. Près de l'église coule une fontaine à laquelle vient puiser tout le village. Derrière les habitations s'étendent quelques petites prairies et un peu de terre en culture. Tout ce tableau est encadré par les majestueuses futaies qui se dressant tout autour sur les sommets à quelques pas seulement du bourg lui forment comme une couronne et donnent au paysage je ne sais quoi de mystérieux.
  • Tel est aujourd'hui le village de Saint-Rigomer-des-Bois; tel à peu près il devait être déjà lorsque saint Rigomer l'illustra par ses vertus. On dit que 70 ans avant Jésus-Christ une fraction des légions de César s'étant réfugiée dans la forêt de Perseigne, édifia en ce lieu un temple à Vénus pour obtenir de cette déesse la multiplication de la petite peuplade160). Les mœurs du pays ne pouvaient manquer de ressentir bien longtemps les tristes conséquences de ce culte infâme. Au temps de saint Rigomer, les vérités chrétiennes avaient déjà répandu leur salutaire influence dans ces pays retirés, comme le prouve l'éducation même de notre saint; mais le paganisme n'était pas entièrement détruit, et des chrétiens peu éclairés avaient eux-mêmes conservé certaines pratiques superstitieuses. Ainsi, on rendait un culte aux arbres et aux fontaines, et il est à croire que la source dont il a été question plus haut fut l'objet de ces superstitions païennes. C'est, du reste, à quoi |5| doit se borner la vérité dans les récits merveilleux que font les gens du pays à propos de leur fontaine.
  • Saint Rigomer donc bâtit sa cellule et son oratoire dans le lieu qui avait été souillé par le temple païen, peut-être même sur les ruines de ce monument. Les substructions découvertes récemment dans le cimetière, au midi de l'église actuelle, semblent indiquer l'emplacement précis de cette chapelle primitive qu'elles étaient sans doute destinées à soutenir. Quant aux parties supérieures de l'édifice, elles devaient être construites en bois, comme l'étaient toutes les maisons de la contrée à cette époque.
  • L'envoyé de saint Innocent commença l'exercice de son zèle par ses parents et ses plus proches voisins, profitant de toutes les circonstances favorables pour les engager à la pénitence et aux œuvres de justice. Il insistait particulièrement sur le pardon des injures, l'hospitalité à l'égard des étrangers et l'aumône envers les pauvres, rappelant que ces œuvres de charité, si l'on s'y dévoue avec un vrai désir de plaire à Dieu, nous assurent le pardon de nos offenses envers la divine bonté.
  • Il exhortait encore ses compatriotes à ne point aller présenter leurs vœux et leurs offrandes aux fontaines et aux bocages, mais à se porter plutôt aux églises chrétiennes pour y célébrer les fêtes du Christ et recourir au ministère des prêtres; ajoutant que dans les maladies, ils devaient chercher leur soulagement dans l'onction de l'huile consacrée. Lui-même en effet administrait l'onction sainte aux malades qui recouraient à lui et, par le signe de la croix et l'invocation du nom du Seigneur, il en rendit un grand nombre à la santé, leur recommandant bien de remercier Dieu d'une si grande faveur.
  • C'est ainsi que le ministre de Jésus-Christ appelant les miracles au secours de son éloquence et de ses bons exemples, ramena au devoir beaucoup de chrétiens ignorants ou relâchés, et convertit une multitude d'infidèles à la vraie foi. Car notre saint prêtre ne tarda pas à étendre son apostolat dans toutes les parties du Saosnois. On ne peut douter que son zèle ne l'ait transporté aussi quelquefois au delà de la forêt de Perseigne |6| et jusque dans celle de Bellême qui en est peu éloignée. L'inscription qu'on y a trouvée dans ces derniers temps: Diis inferis, Veneri, Marti et Mercurio sacrum, prouve qu'il y eut en ces régions de quoi l'exciter. Au moins il s'étendit au delà d'Alençon, et la paroisse de Colombiers qui est à deux lieues au delà de cette ville fut aussi l'un des endroits où il s'opposa aux restes du paganisme.
  • IV. Entre plusieurs faits qui signalèrent ce glorieux apostolat, il en est deux qui méritent d'être rapportés.
  • Rigomer apprit un jour que dans le voisinage existait un temple fameux que le peuple nommait Marti fanum, dédié au dieu Mars. Ce sanctuaire était en grande vénération dans la contrée et les populations voisines venaient en foule y faire leurs sacrifices. Le saint prêtre gémissant de ce que tant d'hommes grossiers et infidèles se livraient à des actes religieux qui loin de les sauver et de rendre hommage à Dieu, n'étaient, au contraire, que des superstitions inspirées par le démon pour la perte de leurs âmes, se sentit enflammé d'un saint zèle, et accompagné de quelques chrétiens dévoués, il se mit à la recherche de ce lieu. Ayant enfin découvert le repaire du culte infernal, il fit retentir la parole de Dieu dans tous les environs. Il engagea les habitants à abandonner leurs vaines observances pour les pratiques de la vraie religion et à ne remettre leur confiance qu'en Celui qui est Sauveur de tous les hommes.
  • La prédication de saint Rigomer fut si efficace, que ses auditeurs, de leur propre mouvement, détruisirent le temple des faux dieux et, dans le même lieu, élevèrent une église à Jésus-Christ. Des moines ne tardèrent pas à établir leur demeure près de cette église, ce qui engagea les nouveaux chrétiens à se joindre à eux pour y mieux honorer Celui qu'ils y avaient trop longtemps outragé. Telle fut l'origine de la ville de Mamers.
  • Quelques historiens cependant placent ce fait non à |7| Mamers, mais à Saint-Rémi-du-Plain. Cette paroisse est en effet dédiée non au saint évêque de Reims, mais à notre saint compatriote, et souvent on l'a appelée Saint-Rigomer du-Plain. Il y a donc lieu de supposer que saint Rigomer y a fait quelque action éclatante. Mais la distance du bourg de Saint-Rigomer-des-Bois à Saint-Rémi étant très petite, on ne s'expliquerait guère que de longues recherches eussent été nécessaires pour découvrir ce dernier lieu, d'autant plus que sa position fort élevée le rend visible dans toute la contrée.
  • V.
  • Cependant il arriva qu'une noble dame du nom de Truda ou Trudana, épouse d'un seigneur de la province nommé Haregaire, tomba malade. Ayant entendu parler de la sainteté de Rigomer, elle le fit demander, espérant que par ses prières elle pourrait recouvrer la santé. Saint Rigomer, mu par l'esprit de charité qui le guidait partout dans son divin ministère, partit aussitôt pour aller la visiter. Par sa prière et par l'onction de l'huile sainte, il guérit en effet la malade.
  • Mais le serviteur de Dieu ne se bornait jamais à guérir le corps. Il savait profiter des circonstances pour exhorter les infirmes à penser au salut de l'âme, et ne manquait pas de leur enseigner comment ils pourraient profiter de leurs souffrances pour faire pénitence. Il les pressait de se rendre à ses avis en leur faisant envisager les châtiments de l'autre vie qu'il leur était alors facile d'éviter et les joies du ciel qu'ils avaient occasion de s'assurer.
  • Or la noble dame que venait de guérir saint Rigomer avait une fille nommée Tenestine ou Trenestine. Cette jeune enfant, témoin du miracle et des instructions dont sa mère était l'objet, conçut, par une grâce particulière de Dieu, un goût extrême pour l'enseignement qu'elle entendait, développer avec tant d'onction. Bien que promise à un jeune homme de sa condition nommé Sévère, elle fit vœu de n'avoir jamais d'autre époux |8| que l'Époux des Vierges et ne songea dès lors qu'aux moyens de mettre à exécution son pieux dessein.
  • Voyant dans le saint prêtre un envoyé du ciel qui lui était adressé pour la conduire à la sainteté, elle voulut l'entendre plus à loisir; et dans ce but, aussi bien que pour se soustraire aux sollicitations et aux menaces de ses proches, lesquels voulaient la contraindre à prendre un parti qui lui répugnait, elle vint se fixer auprès de l'oratoire de son père spirituel. Elle y recevait ses instructions, et lui rendait en retour tous les services de charité qui étaient en son pouvoir.
  • Mais les intentions pures de la jeune chrétienne ne pouvaient être comprises de tout le monde. Il arriva comme toujours que l'ennemi du salut souleva contre elle les langues malignes du pays, et bientôt ce que la pieuse fille faisait pour le serviteur de Dieu, comme autrefois Marthe et Marie, dans toute la simplicité de sa foi, fut attribué à des sentiments moins relevés. Tenestine sans prendre garde aux interprétations de la calomnie, n'en continuait pas moins de se montrer très assidue aux prédications et au service de saint Rigomer.
  • Cependant Sévère, son fiancé, ne fut pas le dernier à répandre les bruits qui flétrissaient son innocence. Il y était du reste excité par les calomniateurs qui se plaisaient à lui présenter la conduite de Ténestine comme outrageante pour lui-même. Le jeune homme crut tout ce qu'on lui disait. Dans son indignation, il alla jusqu'à porter une accusation au tribunal de Childebert, et se jetant aux genoux du roi, il lui demanda justice contre le prêtre qui par ses manœuvres lui avait ravi sa fiancée.
  • Ordre fut donné d'amener, sous bonne garde, Rigomer et Ténestine, afin qu'ils eussent à répondre devant le monarque des accusations qui pesaient sur eux. Forts de leur innocence, les deux serviteurs de Dieu quittèrent leur solitude sans la moindre appréhension et se disposèrent à paraître devant Childebert.
  • Suivant l'usage des rois mérovingiens, ce prince faisait sa résidence à Palaiseau qui était à cette époque une ferme |9| royale, aux environs de Paris. C'est là que les accusés furent présentés devant toute la cour. Leur physionomie respirait l'innocence et la paix de l'âme; leurs mains portaient divers objets de dévotion, entre autres des flambeaux de cire qu'ils offrirent au roi conformément à l'étiquette du palais.
  • Quelques gens de la cour les montrant du doigt se permirent les plus grossières plaisanteries 161). Childebert lui-même parut fort irrité. Il leur demanda sévèrement pourquoi ils avaient osé tenir une si odieuse conduite. La réponse révéla en même temps l'humilité et la candeur des accusés. Ils dirent qu'ils se sentaient capables de tout mal excepté de celui qui leur était reproché. Puis ils rendirent compte de leurs actions en toute simplicité.
  • Mais le roi, soit qu'il ne fut pas lui-même entièrement convaincu, soit que, venant de reconnaître leur sainteté, il voulut la faire éclater aux yeux de ceux qui l'avaient si indignement méconnue, leur dit: “Si vous êtes vraiment innocents, si vous n'avez jamais eu l'un et l'autre aucun mauvais sentiment, allumez sans feu, par le signe de la Croix, les cierges que vous m'offrez. afin que par là on reconnaisse si votre piété est sincère.”
  • Et eux, se confiant dans la divine bonté se mirent à genoux en présence de la foule. Pendant leur prière, les cierges commencèrent à donner quelque fumée. Saint Rigomer levant alors les mains au ciel invoqua avec ardeur le nom de Notre Seigneur Jésus-Christ, et aussitôt les deux flambeaux parurent visiblement allumés par la seule vertu de la prière.
  • Ce miracle fut si éclatant, si évidemment constaté à la vue de toute l'assemblée que le roi Childebert et ses conseillers voulant donner l'exemple de la réparation, se jetèrent aux genoux des deux saints et leur demandèrent pardon des peines et des mauvais traitements qu'ils leur avaient fait subir. Childebert les prit sous sa protection royale et défendit que désormais |10|personne n'osât inquiéter ceux que le témoignage de Dieu lui-même avait justifiés. Voulant en outre les combler de sa munificence, il offrit de leur accorder tout ce qu'ils désireraient. Mais les solitaires acceptèrent seulement qu'une retraite dans le pays du Maine pût être assignée à chacun d'eux par leur Évêque pour y bâtir leurs cellules. Enfin le roi et les grands de la cour leur recommandèrent de prier souvent pour le salut du prince et la paix du royaume.
  • Le biographe auquel sont empruntés tous ces détails nous apprend que de son temps, au VIIe siècle, existait à Palaiseau une basilique dédiée à saint Rigomer où les fidèles venaient en foule rendre leurs hommages à Dieu et à son glorieux serviteur. Il affirme que Childebert lui-même avait fait bâtir cette église sur le théâtre du miracle accompli sous ses yeux afin d'en perpétuer le souvenir, et comme un témoignage glorieux contre les calomniateurs de Rigomer et de Ténestine.
  • VI.
  • Nos deux saints ayant donc pris congé du roi furent reconduits au Mans avec les plus grands honneurs. Ils allèrent se jeter aux pieds de saint Innocent.
  • Ténestine admise à l'honneur de finir sa vie sous le voile des vierges, s'efforça de se sanctifier de plus en plus dans les pratiques de la piété. Sous les auspices de saint Innocent qui l'aida même de ses deniers, la servante de Dieu construisit un oratoire sur un terrain appartenant à l'église Cathédrale Cette chapelle fut dédiée à Notre-Dame et à Saint-Étienne. Elle se trouvait en dehors des fortifications du Mans, entre la Sarthe et la colline sur laquelle repose l'ancienne ville, vers l'extrémité nord de la rue actuelle de Gourdaine. Les parents de Ténestine, Haregaire et Truda voyant qu'ils ne pourraient détourner leur fille du vœu qu'elle avait fait, bâtirent autour de son oratoire un couvent qui fut appelé monastère Sainte-Marie et qu'ils dotèrent de leurs biens. Mais tous ces biens ainsi que ceux qui furent légués dans la suite devaient rester sous l'administration de l'évêque et du chapitre de la Cathédrale, |11| en sorte que les religieuses n'en pouvait avoir que l'usage et nullement la propriété.
  • Sainte Ténestine fut la première supérieure du monastère de Sainte-Marie. Il est à croire que les religieuses de cette communauté observaient la règle que saint Césaire d'Arles venait de composer pour sa sœur sainte Césarie, jusqu'à ce que sainte Adnette ou Adrechilde, par ordre de saint Béraire y eut introduit la discipline de saint Benoît vers le milieu du siècle suivant. El!es offraient l'hospitalité aux nombreux pèlerins qui venaient en dévotion au tombeau de saint Julien et de ses premiers successeurs, elles prenaient soin des ornements sacrés de l'église Cathédrale et blanchissaient le linge destiné au service divin. C'est sans doute pour cette raison que les blanchisseuses du Mans choisirent sainte Ténestine pour leur patronne.
  • La charité des religieuses s'étendait en outre au soin des malades de la ville et à l'assistance des pauvres auxquels elles distribuaient tous leurs revenus. Lorsqu'elles furent assez nombreuses, elles se répandirent dans les campagnes pour donner l'instruction chrétienne aux enfants.
  • On voit qu'à Sainte Marie, la clôture ne fut pas d'abord observée strictement comme elle le fut dans la suite. Il n'est pas certain non plus que sainte Ténestine fût revêtue de la dignité d'abbesse comme les supérieures qui lui succédèrent, et ainsi la règle de saint Césaire dut subir plusieurs modifications pour s'adapter aux occupations extérieures des religieuses.
  • Quoi qu'il en soit, à cause de toutes ces œuvres de charité et de l'édification que sainte Ténestine répandait autour d'elle, le monastère de Sainte-Marie fut bientôt en grande vénération dans la ville et même au loin.
  • De tous côtés affluaient les témoignages de reconnaissance pour les grâces surnaturelles obtenues par les prières des religieuses. Ces pieuses filles, en effet, tout en faisant preuve d'un entier dévouement au bien du prochain, n'oubliaient pas de se sanctifier elles-mêmes par une grande assiduité à l'oraison, aux saintes veilles et au jeûne, et par une fidélité |12| exemplaire à l'observation des conseils évangéliques dont s'effraie le plus la nature.
  • Ce fut ainsi que sainte Ténestine, par la force de ses exemples, entraîna à sa suite un grand nombre d'âmes au service plus parfait de Jésus-Christ et à la pratique des œuvres héroïques de la virginité. Elle-même persévéra de longues années dans la sainteté et échangea enfin cette vie mortelle pour une vie meilleure, vers l'an 560, sous l'épiscopat de saint Domnole.
  • VII.
  • Retournons maintenant à saint Rigomer. Lorsqu'il revint de Palaiseau, l'évêque du Mans qui avait toujours pris la défense de son prêtre fidèle contre la calomnie, témoigna l'intention de le retenir auprès de lui. Mais il ne put ébranler la résolution que le saint avait prise de mener désormais la vie solitaire. Ne voulant pas néanmoins qu'il s'éloignât beaucoup, afin de recourir quelquefois à ses lumières pour l'administration spirituelle de son diocèse, il lui assigna une retraite à quelques lieues seulement de la ville épiscopale, dans une vallée couverte de bois nommée en latin Vallis sublignea ou suliniacum et qui est maintenant Souligné-sous-Vallon. Sainte Ténestine obtint dans la suite que par ordonnance épiscopale un terrain situé dans cette vallée fut détaché des biens de son monastère en faveur de saint Rigomer. Celui-ci y bâtit un petit oratoire auprès duquel il comptait finir ses jours en vrai solitaire. Mais la haute estime que l'on avait de ses vertus ne tarda pas à lui attirer des disciples pour lesquels il se vit obligé de bâtir des cellules autour de la sienne. Telle fut l'origine de l'abbaye de Saint-Pierre, qui fut ruinée par les Normands, vers l'an 873. Elle était située sur l'emplacement de la ferme actuelle de la Roche où l'on distingue encore des ruines. La tradition du pays désigne même le lieu précis de la cellule habitée par saint Rigomer.
  • Le saint prêtre vécut en ce lieu avec beaucoup d'austérité. Il faisait aux pauvres d'abondantes aumônes, et ceux qui venaient |13| de toutes parts se recommander à ses prières obtinrent souvent des guérisons miraculeuses.La fontaine qui coule encore près de l'église de Souligné et qui depuis son apparition n'a jamais cessé, même pendant les plus grandes sécheresses, de pourvoir aux besoins de toute la population, est aussi attribuée à l'intervention miraculeuse de saint Rigomer dont elle a retenu le nom. Le bruit de ses merveilles et de son éminente sainteté se répandant au loin, ramena à Dieu un grand nombre de personnes de ces régions,comme autrefois ses prédications dans le Saosnois. Il ne semble pas d'ailleurs que le saint ermite se soit entièrement abstenu de prêcher depuis sa retraite. Il est à croire que tout en conduisant dans les voies de la perfection les disciples qui venaient demander sa direction, le zélé prédicateur ne laissait pas de donner encore ses soins à l'instruction des populations voisines.
  • Dix-huit années à peu près se passèrent ainsi dans la solitude de Souligné. On ne saurait préciser l'âge que devait avoir saint Rigomer quand il mourut; il est probable que ce fut pendant l'année 559. Le bréviaire et le martyrologe affirment que ce bienheureux trépas arriva le IX des calendes de septembre, c'est-à-dire le 24 août, et la fête de notre saint que l'on célèbre en effet ce jour-là nous rappelle qu'il est maintenant et pour toujours en possession du bonheur auquel a daigné l'appeler dans le ciel Celui qu'il a si fidèlement servi sur la terre, J.-C. N.-S.

  • Culte de saint Rigomer et de sainte Ténestine
  • La mort, ou plutôt le jour natal, suivant l'expression de l'Église, n'est pour les saints que leur entrée dans une nouvelle phase plus glorieuse de leur vie. Leur vocation en ce monde n'est pas elle-même entièrement accomplie quand il plaît à Dieu de les récompenser. Ils ont été donnés à l'Église |14| pour l'édification des fidèles; après leur mort, ils nous parlent encore par les exemples qu'ils ont laissés, et leur intercession assure le succès de ceux qui veulent les suivre. Les saintes reliques sont à la fois cette prédication posthume qui nous encourage et le gage du secours divin qui nous affermit contre les difficultés de la vie.
  • I.
  • Lorsque l'âme du saint prêtre se fut envolée vers Dieu, son corps ne resta pas à Souligné; il fut presque aussitôt transporté au Mans. L'évêque, qui était alors saint Domnole, ne voulut pas laisser dans l'obscurité un si précieux trésor. D'ailleurs la dévotion des fidèles le réclamait; la sainteté de notre solitaire était bientôt devenue célèbre dans la capitale delà province, et telle était la vénération des Manceaux pour saint Rigomer à l'époque de sa mort, qu'ils élevèrent, pour recevoir ses restes, une basilique qui fut dédiée sous son nom. Cette église fut construite non loin du couvent de sainte Ténestine, de l'autre côté de la Poterne, mais au-dedans et près des remparts. Elle devait être attenante au palais des comtes du Maine. Par son testament, daté du 27 mars 618, l'évêque saint Bertrand voulant témoigner de sa dévotion envers saint Rigomer et sainte Ténestine, lègue 10 sous d'or à l'église de Sainte-Marie et pareille somme à la basilique de Saint-Rigomer.
  • Les reliques de sint Rigomer restèrent pendant 450 ans dans ce sanctuaire. Les précautions auxquelles on dut recourir pour les enlever montrent combien populaire était alors le culte de notre saint, et quel prix l'on attachait à la conservation de sa châsse vénérée. |15|
  • II.
  • Maillezais est aujourd'hui une petite ville de 1000 âmes environ. Située dans une presqu'île marécageuse et malsaine, au confluent de la Sèvre et de l'Autize, elle semble n'avoir jamais été fort importante par sa population, mais elle fut très célèbre au moyen âge par l'abbaye de Saint-Pierre qu'y fonda, en 990, Guillaume Fier-à-Bras, duc d'Aquitaine. Ce monastère,qui appartenait à l'Ordre de Saint-Benoît, fut d'abord construit dans une forêt dont il reste encore quelques parties, au lieu même où l'on voit aujourd'hui une église paroissiale appelée Saint-Pierre-le-Vieux. Vingt ans plus tard, les religieux se retirèrent à 1.500 mètres plus loin et y bâtirent le nouveau ou vrai monastère de Saint-Pierre. L'église de cette abbaye était d'abord une collégiale dépendant de l'évêché de Poitiers. Elle fut en 1317 érigée en cathédrale par le pape Jean XXII; mais cet évêché fut supprimé en 1649 et annexé au diocèse de la Rochelle qui venait d'être fondé. Depuis le Concordat, Maillezais appartient au diocèse de Luçon.
  • Au moment de sa fondation,le nouveau monastère de Saint-Pierre avait à sa tête l'abbé Théodelin. Ce religieux, issu d'une famille juive, apparaît dans l'histoire comme un personnage très vénérable par son zèle et sa piété aussi bien que par la grande autorité que sa haute sagesse lui avait acquise. Grâce à son intelligente activité, les nouvelles constructions de l'abbaye étaient près d'arriver à bonne fin. Mais ce n'était point assez pour le pieux abbé d'avoir élevé un des plus magnifiques monuments de la province; il eût désiré avant tout enrichir sa maison des reliques de quelque saint, car c'était, à son avis, le plus riche trésor qu'on pût ambitionner.
  • Le moine Pierre de Maillezais, historien de l'abbaye, nous apprend comment la translation de saint Rigomer réalisa le |16| pieux désir de Théodelin. Nous reproduirons presque en entier son intéressant récit162).
  • Hugues, comte du Maine, était lié d'une étroite amitié avec l'abbé de Maillezais, et dans les nombreuses difficultés qu'il avait à démêler, il n'eut rien voulu entreprendre sans consulter son ami. D'un autre côté,Théodelin était tout-puissant sur l'esprit de Guillaume duc d'Aquitaine. Le comte du Maine ayant eu besoin du crédit de l'abbé pour traiter avec Guillaume Fier-à-Bras une affaire importante, vint dans ce but à Maillezais, et par l'entremise de son ami, obtint tout ce qu'il désirait.
  • Cependant, entre divers propos familiers qui suivirent cette heureuse solution, le comte, comme par une inspiration divine, demanda à l'abbé Théodelin si pour achever les constructions de son monastère il ne manquait pas de ressources. “Si vous parlez de biens temporels, répondit l'abbé, j'en suis abondamment pourvu, grâce à Dieu; mais pourrai-je m'estimer riche,tant que je serai dépourvu de reliques sacrées qui m'assurent la protection des saints?…” Puis il ajouta: “Et puisque nous en sommes venus à ce sujet de conversation, je vous en supplie, voyez si vous ne pourriez satisfaire la soif ardente que j'ai de ces richesses.”
  • Le comte embarrassé resta d'abord quelque temps silencieux. “Je vois bien, dit-il enfin, que votre demande est inspirée par le désir de procurer le bien général et non de satisfaire une utilité personnelle. D'un autre côté, j'ai pour principe de sacrifier parfois mes intérêts pour l'avantage d'autrui. Eh bien, dans une église qui m'est soumise, mes ancêtres m'ont gardé précieusement un trésor que mon affection pour vous peut seule m'engager à vous abandonner. — Autrefois vécut un grand serviteur de Jésus-Christ nommé Rigomer. Peut-être jusqu'à présent n'avez-vous pas même entendu prononcer son nom?… Mais l'histoire de ses vertus a été chez nous conservée avec soin, et il est fort célèbre dans toute |17| notre province par les nombreux miracles qui s'accomplissent à son tombeau. — Laissez donc partir avec moi un homme d'une prudence bien éprouvée. Je m'engage à protéger dans sa route et à seconder de tout mon pouvoir celui que vous jugerez digne de cette mission.”
  • Aucune expression ne saurait rendre toute l'allégresse avec laquelle fut accueillie la proposition du comte, ni quelles actions de grâces le vénérable abbé sut trouver pour témoigner ses sentiments de reconnaissance envers Dieu et envers son bienfaiteur.
  • Cependant on choisit un Frère d'une vertu bien connue et réputé comme très propre à conduire une entreprise difficile.
  • Un compagnon lui est adjoint sous un autre prétexte, et tous deux se mettent en route avec le comte.
  • III.
  • Dès que les voyageurs furent entrés au Mans, le comte dit au moine qu'il devait se séparer de lui et chercher un asile comme s'ils n'avaient eu ensemble aucun rapport, lui recommandant toutefois de revenir le trouver à la tombée de la nuit. Tel était en effet rattachement de la population pour les restes de saint Rigomer, qu'un soulèvement eût été à craindre si l'on avait pu soupçonner la mission du religieux.
  • Le moine exécuta ponctuellement les instructions qu'il avait reçues. Il donna ordre de lui préparer pour la nuit ses chevaux et tout ce qui est nécessaire pour un long voyage, et, vers le soir, il se présentait au palais. A un signal convenu d'avance, le comte et le religieux se retrouvèrent et pénétrèrent ensemble dans l'église de Saint-Rigomer, sous le prétexte d'aller vénérer les reliques du Bienheureux.
  • Il faut remarquer qu'à cette époque c'était l'usage de passer la nuit dans les églises près des reliquaires des saints. La conduite de nos pèlerins ne pouvait donc éveiller aucun soupçon. D'un autre côté, le comte usa de son autorité pour |18| obliger par serment les gardiens à observer un silence absolu sur ce qui allait se passer.
  • Après s'être pieusement agenouillés devant les saintes reliques, les pèlerins ouvrirent la châsse qui les contenait; puis, retirant avec le plus grand respect chacun des ossements sacrés, ils les renfermèrent en des sacs ou étuis, préparés pour la circonstance et qui furent ensuite scellés avec soin.
  • Or, tandis que toutes ces choses se passaient, un bruit effroyable de tonnerre se fit entendre, bien que le ciel fût auparavant d'une sérénité parfaite. Les gens que le moine et le comte s'étaient adjoints voulaient s'enfuir, tant ils étaient saisis de terreur; ils criaient qu'il fallait remettre à sa place le dépôt sacré, si l'on voulait éviter de lamentables calamités.
  • Tout cela, dit l'historien que nous suivons toujours, arriva sans doute par un effet de la puissance divine, afin que celui dont on transférait les maintes reliques, devînt l'objet d'une plus grande vénération.
  • Quelques instants après, le ciel reprit en effet sa première sérénité, et tout ayant été disposé avec les précautions qu'exigeaient les circonstances, les pèlerins sortirent de l'église, puis aussitôt se mirent en route. Ils firent une telle diligence que le jour même ils arrivaient à Angers.
  • Comme on y célébrait la fête de saint Aubin, ils voulurent entendre la messe et déposèrent leur précieux fardeau en entrant dans la basilique du saint évêque. Pendant qu'ils assistaient aux saints mystères, il arriva qu'un paralytique, perclus de presque tous ses membres, fut apporté à l'église. Le malade s'étant appuyé sur les sacs pour prier, sans savoir ce qu'ils contenaient, se trouva tout à coup plus impotent que de coutume, puis sentit courir dans tous ses membres des douleurs si aiguës qu'il se crut près d'expirer. Mais, ô merveille! au grand étonnement de toute l'assistance une guérison complète succède aussitôt à de si horribles souffrances, et par des ossements inertes la vigueur est rendue à des membres vivants. |19|
  • Pendant que la foule assemblée pour la solennité partageait l'allégresse du miraculé et rendait grâce à Dieu d'une si admirable faveur, les voyageurs qui seuls connaissaient la vérité, craignant que Foulques d'Anjou, suzerain du Maine, ne s'opposât à la translation du saint manceau, laissèrent prudemment attribuer la gloire du prodige à l'intercession de saint Aubin; et, sans tarder plus longtemps, ils se hâtèrent de reprendre leur route.
  • L'abbé Théodelin avait promis de venir à leur rencontre et il les attendait en effet avec grande impatience au monastère de Bourgueil. Afin que le vénéré père, suivant qu'il en avait exprimé l'intention, pût se préparer à recevoir le trésor si désiré, un des pèlerins prit le devant et alla annoncer la prochaine arrivée des autres. On ne saurait dire quelle fut la joie de l'homme de Dieu, lorsque l'heureux messager lui raconta comment, par la protection divine, tout avait réussi au delà de ce qu'on pouvait espérer. Ayant réuni les religieux du monastère, le pieux abbé leur fit part de son bonheur, et les pria de préparer une digne ovation à ce présent du ciel. La réception de saint Rigomer à Bourgueil fut en effet très solennellel. Les religieux exposèrent les saintes reliques dans leur église et félicitèrent ceux de leurs frères auxquels Dieu destinait un gage si précieux de sa protection.
  • Le P. Théodelin, sans perdre un instant, dépêche une estafette qu'il charge de raconter à Maillezais tous les détails de l'affaire. Le même messager était porteur d'une lettre dans laquelle l'abbé traçait lui-même le cérémonial de la solennité prochaine. Les moines de Maillezais se conformant aux instructions de leur Père, font annoncer la fête de tous côtés, et bientôt une immense multitude de clercs, de religieux et de fidèles se trouvent réunis dans la ville.
  • Cependant, la nuit qui précéda la réception des reliques de saint Rigomer à Maillezais, il arriva qu'un frère du monastère, appelé Tezo, vit pendant son sommeil une vive clarté s'élever à l'Orient et remplir peu à peu toute l'étendue de l'abbaye; il aperçut ensuite une foule innombrable de fidèles accourir de toute part et attendre je ne sais quoi de merveilleux |20| qui était au milieu de la clarté et qui semblait lui être destiné. Or, ce religieux ignorait alors l'arrivée du bienheureux Rigomer. S'il est permis de tirer augure de ce qui se passe pendant le sommeil des hommes, je suis porté à croire, dit toujours notre historien, que ce fait n'était pas seulement un heureux préambule de la joyeuse aurore qui allait luire, mais présageait surtout l'abondance des bienfaits que le Seigneur se plaît à répandre depuis lors sur tous ceux qui recourent à l'intercession du bienheureux Rigomer, et la joie qu'il leur apporte par la guérison de leurs maux tant spirituels que corporels.
  • Dès que les porteurs du trésor sacré furent aperçus de Maillezais, une immense acclamation se fit entendre. Aussitôt le cortège des religieux s'organise. La foule rangée sur les côtés des rues, chante les louanges du Seigneur. Les plus dignes d'entre les ministres sacrés prennent les saintes reliques sur leurs épaules, tandis que les autres clercs les suivent sur deux longues files tenant des flambeaux à la main. Tous les fidèles se prosternent sur le passage et demandent avec larmes la protection du bienheureux Rigomer. Bientôt le cortège triomphal est près du monastère, et au milieu des transports d'allégresse qui éclatent de toute part, l'église de Maillezais, reçoit les ineffables présents que le ciel lui a si merveilleusement destinés.
  • IV.
  • Ainsi s'accomplit la translation des reliques de saint Rigomer. Le religieux à qui nous devons cette narration n'indique aucune date précise, mais nous savons par ailleurs 163) que le fait arriva l'an 1014,et la circonstance de la fête de saint Aubin, relatée ci-dessus, fait supposer que les envoyés de Théodelin quittèrent le Mans le 28 février et arrivèrent à Maillezais le 4 ou le 5 mars. Comme la nef principale n'était pas |21| encore entièrement terminée, les reliques furent déposées provisoirement dans la chapelle de la sainte Vierge.
  • “Nous ne parlerons point, ajoute l'historien, des miracles qu'il a plu au Tout-Puissant d'accomplir depuis lors en ce lieu. Ils sont si nombreux et si éclatants que nul ne saurait en faire un digne récit. Cependant, plus tard, si Dieu nous prête vie, nous essayerons d'en faire connaître quelques-uns.”
  • Plût à Dieu que cet auteur eut trouvé le temps de nous transmettre ces prodiges, ou que son ouvrage, s'il a pu le composer, ne fût pas resté quelque part ignoré! Quoi qu'il en soit, nous savons que les reliques de saint Rigomer et les miracles dont elles furent l'occasion contribuèrent puissamment à réveiller la foi dans le Poitou et assurèrent à notre thaumaturge les hommages des populations164). L'abbaye de Maillezais qui était, avons-nous dit, dédiée à Saint-Pierre, adopta désormais le patronage de Saint-Rigomer. Notre saint fut aussi le patron de la cathédrale, lorsque le monastère devint le siège d'un évêché, et chaque année sa fête y était célébrée avec la plus grande solennité. Aujourd'hui encore, il est honoré dans l'église paroissiale de Maillezais; et, il est à remarquer que cette église, qui date du XIe siècle, comme l'ancienne cathédrale, ayant toujours été en dehors du monastère, saint Rigomer dut pendant longtemps être honoré simultanément en deux sanctuaires de cette ville.
  • Maillezais ne conserva pas aussi longtemps son trésor que sa dévotion envers le saint prêtre manceau. Une première fois la châsse fut sauvée de la ruine que les Anglo-Normands firent subir au monastère en 1225. A l'époque des guerres de religion, les Huguenots dévastèrent de nouveau et brûlèrent la magnifique cathédrale romane, dont les ruines, encore assez importantes, en 89, pour attester son antique splendeur, n'ont pas entièrement succombé, même aujourd'hui, au vandalisme des révolutionnaires qui les ont acquises pour en |22| vendre les pierres. Les religieux, chassés de l'abbaye et dispersés par les hérétiques, ne purent soustraire les saintes reliques à la profanation. Néanmoins, une petite partie échappa une fois de plus à la destruction, et Maillezais vénérait encore quelques ossements de son patron à l'époque de la Révolution. Depuis ce temps on ne connaît plus aucun reste du corps de saint Rigomer.
  • V.
  • Nous ne saurions préciser en quelle année ni dans quelles circonstances l'abbaye de Ferrières (diocèse de Sens) obtint une relique de notre Saint. Un auteur165) écrivait au commencement du XVIIIe siècle, que sa fête se célébrait en ce lieu le 25 août depuis plus de 200 ans. Quant à Palaiseau, l'histoire ne dit point combien de siècles se maintint le pèlerinage qui s'y était établi, ni à quelle époque fut détruite la basilique édifiée par Childebert.
  • Saint Rigomer fut aussi pendant longtemps honoré d'un culte particulier au monastère de Saint-Laumer, près de Blois.
  • On ne sait combien de sanctuaires lui furent dédiés en notre diocèse. Outre l'église qui fut élevée au Mans spécialement pour recevoir son corps, et qui paraît n'avoir pas subsisté longtemps après qu'elle fut privée de son dépôt sacré, un autel lui fut aussi dédié par saint Aldric dans le pourtour du chœur de la Cathédrale. Nous avons suffisamment indiqué l'origine du culte rendu à saint Rigomer dans les paroisses qui sont actuellement sous son patronage 166). Ces lieux ayant été les théâtres de son zèle, il est probable que les oratoires élevés par ses soins furent bientôt placés sous son invocation. Le pays de Saosnois, après le départ de son apôtre, avait conservé pour lui une telle |23| vénération, qu'il continua d'appeler de son nom le lieu où il s'était habitué à aller chercher ses leçons et ses prières. On ne voit en effet nulle part que le village de Saint-Rigomer ait jamais été depuis ce temps désigné sous un autre nom 167). Cette bourgade elle-même qui avait calomnié son bienfaiteur ne tarda pas sans doute à réparer son ingratitude lorsqu'elle apprit sa glorieuse justification et les témoignages de respect dont il était ailleurs entouré. Si la pauvreté des habitants ne leur a jamais permis de consacrer à leur saint compatriote une église digne de ses bienfaits, on voit par les anciens actes de baptême conservés dans la paroisse depuis 1570, qu'il fut un temps où ils avaient souvent l'heureuse pensée de mettre leurs enfants sous son patronage.
  • VI.
  • Bien qu'il soit impossible de présenter sur les reliques de sainte Ténestine des détails aussi nombreux que sur saint Rigomer. nous pouvons affirmer cependant que cette sainte ne fut pas en moins grande vénération chez nos ancêtres. Il résulte de documents auciens 168) que son culte, comme celui de saint Rigomer, a été très répandu dans toute notre province, et qu'un certain nombre de sanctuaires ont été sous son patronage. La dévotion à sainte Ténestine fut populaire surtout dans la ville du Mans où le monastère de Sainte-Marie garda religieusement les traditions de son culte aussi bien que celles de ses œuvres de charité.
  • Toutefois, cette communauté n'eut pas le bonheur de conserver la dépouille mortelle de sa bienheureuse fondatrice. Sainte Tenestine fut inhumée dans la basilique des saints Apôtres au delà de la Sarthe, aujourd'hui l'église du Pré. C'est là du moins que saint Aldric la trouva le 25 juillet 836 ou 833, ainsi que sainte Adnette, abbesse du même monastère. Ce saint Evêque, voyant que ce lieu de sépulture était en mauvais état et privé du service divin, voulut transférer à |24| la Cathédrale, avec le corps de saint Julien, toutes les saintes reliques qui y étaient déposées. L'authenticité de ces reliques fut prouvée par de nombreux miracles, et l'on sait avec quelle pompe se fit la célèbre translation que les diocèses du Mans et de Laval solennisent encore chaque année le dimanche qui suit le 25 juillet.
  • Le corps de sainte Ténestine fut provisoirement déposé avec plusieurs autres dans une chapelle latérale de la basilique. Saint Aldric avait alors le projet de faire construire pour tous les saints du Mans, autant de monastères et d'églises où chacun d'eux serait particulièrement honoré. Le monastère de Sainte-Ténestine qui était proche de sa ruine fut magnifiquement restauré dans ce but, et une nouvelle église plus belle et plus vaste y fut consacrée le 12 octobre 840 en présence de tous les évêques de la province et d'un grand nombre de prélats convoqués par saint Aldric. Elle fut mise comme la cathédrale sous le patronage du Sauveur,des saints martyrs Gervais et Protais et de saint Etienne. Une station établie à Sainte-Marie rappelait chaque année cette dédicace solennelle. Ce jour-là, les chanoines devaient y célébrer leurs offices capitulaires.
  • Mais l'invasion des Normands vint arrêter le vénéré Pontife avant l'entière réalisation de son pieux dessein. Des clercs fuyant les incursions de ces barbares emportèrent avec eux dans l'Orléanais le corps de sainte Ténestine. Il fut conservé pendant l'invasion dans l'abbaye de Fleury ou Saint-Benoît-sur-Loire. Quand le calme fut rendu à la province, vers la fin du xe siècle, les reliques de la pieuse vierge furent rapportées au Mans 169).
  • Toutefois les religieux de Saint-Benoît s'étant attachés au culte de la sainte à laquelle ils avaient donné asile, réclamèrent une partie de ses ossements, et continuèrent longtemps de lui rendre les mêmes honneurs. Un célèbre abbé de ce monastère qui fut dans la suite archevêque de Bourges, Gauzlin, fils de Hugues Capet, avait une vénération toute |25| particulière pour notre sainte compatriote. Il fit faire, pour la portion de ses reliques qui était restée dans son église, une châsse du plus grand prix pour la richesse des métaux et des pierreries aussi bien que pour le travail des artistes 170). Lorsque Manassès, évêque d'Orléans, consacra la célèbre église abbatiale de la Cour-Dieu, le 14 juillet 1216, il emprunta à la châsse de Fleury quelques restes de sainte Ténestine pour les placer dans le maître-autel 171). Les ossements vénérés qui revinrent au Mans ne furent pas traités avec moins d'honneur. Ils reposèrent longtemps dans un tombeau de pierre, derrière l'autel de Notre-Dame du Chevet, à la cathédrale. Un siècle après leur retour, le saint évêque Hildebert voulut donner une marque de sa dévotion envers sainte Ténestine. Une châsse revêtue de lames d'or et d'argent fut fabriquée à ses frais, et lui-même y fit solennellement une nouvelle translation des saintes reliques.
  • VII.
  • Depuis cette époque, l'histoire perd complètement de vue les restes de la célèbre vierge du Mans. Nous savons seulement que les ossements restés à Fleury n'échappèrent à la destruction, ordonnée en 1661 par l'apostat Coligny, que pour être un mois plus tard, enlevés, profanés et livrés aux flammes par les troupes huguenotes du prince de Condé. C'est gratuitement, à notre avis, que plusieurs ont parlé d'une translation de sainte Ténestine à Maillezais 172). Sans doute on peut trouver naturel que les religieux de cette abbaye aient eu le désir d'unir au culte de saint Rigomer celui de sa fille spirituelle; mais rien ne fait supposer qu'ils aient osé demander son corps ni surtout qu'illeur ait été accordé. Corvaisier paraît avoir le premier émis cette assertion, |26| et les autres l'ont sans doute répétée sans plus amples informations, car nous n'avons pu découvrir aucun texte ancien qui puisse servir de base à une semblable supposition. Toujours est-il que cette prétendue translation n'a pu se faire en même temps que celle de saint Rigomer, ainsi qu'on paraît l'insinuer; ce n'est pas que les reliques de la sainte fussent alors à Fleury, comme semble le croire Pesche, lequel n'a pas remarqué qu'elles étaient déjà, au moins pour la plus grande partie, revenues au Mans en 1014; mais le moine Pierre de Maillezais qui détaille si minutieusement l'expédition des envoyés poitevins, n'aurait pas omis une particularité si remarquable, et d'ailleurs, ainsi que nous l'avons vu, lesdites reliques étaient encore chez nous au temps de l'évêque Hildebert, c'est-à-dire un siècle plus tard. Il n'est pas même vraisemblable qu'elles aient été transférées depuis cette dernière époque, car tandis que saint Rigomer est aujourd'hui encore honoré à Maillezais et que tout le diocèse de Luçon célèbre sa mémoire, le culte de sainte Ténestine est absolument inconnu dans ce pays, ainsi qu'il résulte des informations que nous avons prises sur les lieux mêmes. On est en droit, ce semble, d'inférer aussi de là que l'ancienne cathédrale de Maillezais n'a pas, comme on a paru le croire, ajouté le patronage de notre sainte à celui de saint Rigomer.
  • Quoi qu'il en soit, la province du Maine a gardé religieusement, jusqu'à ces derniers temps, le culte de sainte Ténestine. Le monastère de Sainte-Marie fut ruiné définitivement presque aussitôt après la belle restauration accomplie par saint Aldric, mais l'église subsista comme paroissiale jusqu'à la Révolution et garda les traditions de la célèbre abbaye.
  • Nous avons déjà fait observer que les blanchisseuses avaient adopté le patronage de notre sainte. Depuis la suppression de la paroisse de Gourdaine, c'était dans l'église de Saint-Benoît qu'elles allaient invoquer leur patronne. Une sorte de pèlerinage établi dans ce sanctuaire, témoignait naguère encore que le souvenir de la bien-aimée vierge restait toujours vivant dans le cœur des fidèles. Il est regrettable que la statue et l'autel de Sainte-Ténestine, enlevée pour faire place à une |27| tribune, n'aient pu, jusqu'à présent, être replacés dans quelque partie de l'église.
  • VIII.
  • La liturgie du Maine réservait une place d'honneur à sainte Ténestine. Nous connaissons une hymne fort ancienne, composée en l'honneur de cette vierge 173). Sa fête se célébrait le 17 avril, mais le calendrier fait remarquer que c'est par translation du 26 août. C'est à cette dernière date qu'elle était fixée à Fleury et à la Cour-Dieu. Faut-il en conclure que ce jour soit la vraie date de son trépas? Aucun document ne confirmant cette interprétation, on ne peut rien préciser à cet égard.
  • L'office de sainte Ténestine était autrefois du rit double pour tout le diocèse. La messe surtout était fort belle. Nous en extrairons seulement quelques parties:
  • Collecte.
  • Deus qui Ecclesiae Cenomanensi Virginem Tenestinam alumnam tribuere dignatus es: Concede propitius, ut quae praebuit castitatis et patientiae exempla, tuae gratiae donis adjuti, imitari valeamus.
  • Ô Dieu, qui avez daigné accorder à l'Eglise du Mans d'avoir pour enfant la vierge Ténestine, faites-nous la grâced'imiter, aidés de votre divin secours, les exemples de chasteté et de patience qu'elle nous a donnés pendant sa vie.
  • Alleluia
  • Dabitur illi fidei donum clectum et sors in templo Dei acceptissima (Sap. III, 14).
  • Elle aura en partage le don précieux de la foi et un bienheureux sort dans la maison du Seigneur.
  • Gracieuse allusion aux fonctions de sainte Ténestine et de ses religieuses relativement aux ornements de la cathédrale.
  • Secrète
  • Deus qui in puris gaudes manere pectoribus; virtute hostiæ quam tibi in solemnitate beatae Tenestinae Virginis offerimus, da nobis tales existere in quibus habitare digneris.
  • Ô Dieu, qui vous plaisez à habiterles cœurs purs; accordez-nous par la Victime que nous vous offrons en cette solennité de la bienheureuse vierge Ténestine, de rester toujours si purs que vous daigniez demeurer éternellement dans nos âmes. |28|
  • Un scrupule liturgique empêcha cet office d'être admis par la commission chargée de composer le Propre du diocèse, lors du retour au rit romain. Espérons que l'exclusion touchant le culte de notre glorieuse compatriote sera un jour moins absolue.
  • IX.
  • Quant à saint Rigomer, le diocèse du Mans et de Laval, célèbrent encore sa mémoire à la vraie date, c'est-à-dire au 24 août. Le Propre du diocèse de Luçon renvoie notre saint au 26 du même mois, et relate, à la IXe leçon de Matines, la translation de ses reliques à Maillezais.
  • Mais cette fête a été longtemps plus solennelle que de nos jours. Le bréviaire du Mans l'avait mise sous le rit double au 23 août, veille de l'incidence vraie, à cause ae saint Barthélémy. Depuis le retour au romain, les oraisons, qui étaient la partie la plus remarquable de l'office, ont été conservées avec un abrégé de la légende. Voici seulement la collecte qui terminera heureusement ce petit travail entrepris pour la gloire de Dieu et de son bienheureux serviteur.
  • Deus qui beati Rigomeri prebyteri exemplis et precibus Ecclesiam Cenomanensem illustrare dignatus es: concede, ut quem alumnum habuit in terris intercessorem in cœlis haber mereatur.
  • Ô Dieu, qui par les exemples et les prières du bienheureux prêtre Rigomer, avez daigné illustrer l'Église du Mans: faites qu'elle mérite d'avoir pour intercesseur dans le ciel celui que sur terre elle a eu pour enfant.

46. Remarque du numismate Gustave de Ponton d'Amécourt (1882)

  • Nous donnons ici une notice numismatique de Ponton d'Amécourt qui est aujourd'hui dépassée sur le fond, la monnaie dont il parle, aujourd'hui au Cabinet des Médailles, ayant depuis été attribuée à un atelier monétaire d'une autre région. Mais sur le point qui nous occupe, ses remarques gardent tous leurs intérêt. (B.G, 2021)

  • + VERNO VICO |. Buste diadèmé à droite, épaule en arc de cercle contenant la croisette initiale.
  • ꝶ.+ AIVLFVS M |. Croix grecque presque potencée, soudée sur un globe.
  • P. Poids, 1,10.
  • Des chartes carlovingiennes sont datées d'un palais de Vernum qui paraît être situé à Ver, près de Senlis, mais la monnaie que je donne ici n'a aucun rapport de style avec les monnaies du nord de Paris: elle a au contraire plusieurs des caractères des monnaies cénomanes, notamment l'épaule en arc de cercle. Or le Cenomannicum possède une très |16| ancienne localité du même nom: c'est aujourd'hui Saint-Cosme-de-Vair.
  • Histoire.
  • Saint Julien en consacre l'église: Ecclesias dedicavit de Verno. (Gest. Pont. Cen., 17, V. — Anal., 241.)
  • Entre 624 et 654 saint Hadouin reçoit d'Alain douze localités qualifiées optimas: Tradidit… Alanus. duodecim villas optimas… Vernum. (Gest. Pont. Cen., 46. — Anal., 264.)
  • Ver est la patrie de saint Launilde, maître de saint Rigomer: S. Launildus de Verno, presbyter, edocuit S. Rigomerum. (Vit. S. Rigom. Lebœuf, Diss., I, 212.)
  • En 802, Charlemagne confirme la possession de ce domaine à l'église du Mans: Villare de Verno. (Gest. Pont. Cen., 82. Anal., 295.)
  • En 832, Louis-le-Débonnaire en assure les revenus au clergé: De villare de Verno. (Gest. Ald., 14. – Bal., 30.)
  • Saint-Cosme-de-Vair appartenait au doyenné de Bonnétable.

47. Édition par les Bollandistes du remaniement de la Vie de Rigomer par Pierre de Maillezais (1890)

  • CCCXCIX. Codex signatus num. 5594.
  • Olim “Sancti Benigni Divionensis” (fol. 34v), deinde Colbertinus 5163, postea Regius C. 4177. 4.
  • Foliorum omnino 83, ex pluribus codicibus minoris formae compactus, qui exarati sunt saec. XI (fol. 1-34), saec XII (fol. 67-83), saec. XIII (fol. 35-58, columnis binis, reliqui vero lineis plenis) et saec. XIV (fol. 59-66).
  • […] |498| […]
  • 6° Vita sancti Rigomeri presbyteri et confessoris (fol. 26r-34v).
  • Auctore Petro illo monacho Malleacensi, qui Goderanni abbatis jussu circa medium saeculum XI historiam sui coenobii conscripsit (ed. ap. Labbe, Nov. Bibi. Mss., tom. 11, p. 222-38; cfr. Act. SS., ad d. 24 Aug., tom. IV, p. 786, num. 15). Is nempe in hujus historiae exordio significat se vitam actusque venerabilis confessoris Rigomeri ad calcem usque pio posse correxi[sse]. Atqui Vita Rigomeri, quam exhibet codex noster, eidem Goderanno abbati dicata est (cfr. infra, prol., num. 3) et profitetur scriptor (ibid., num. 2) satius sibi visum esse actus jam praefati patris, olim litteris insertos, expolire seu rem antiquam recenti, ut aiunt, incude renovare. Attamen asserere non ausim Vitam illam antiquiorem, quam prae oculis habuit Petrus, eam ipsam esse quam edidit Joannes Pinius noster (Act. SS., tom. cit., p. 786-88): nam huic certe non convenit quod de illa indicat Petrus, nimirum ipsam tam barbaro stilo conscriptam esse ut necesse fuerit eam e caeno abjectionis, quam aut inscitia dictantis aut incuria exceptoris incurrit, abstrahere sensumque nimia confusione irretitum elucidare atque propalare. Crediderim potius et anonymum illum a Pinio prolatum et Petrum hausisse ex communi fonte, Vita scilicet antiquiori, quae adhuc latet. Itaque nec Petri lucubrationem, hactenus ineditam, hic in lucem dare pigebit. Vid. Append.
  • […] |499-500|
  • Appendix ad cod. 5594.
  • Vita s. Rigomeri presbyteri (Cfr. supra, p. 498, 6°).

Prologus in vita sancti Rigomeri presbyteri et confessoris.

  • 1.
  • Cum dudum apud veteres, uti multimoda eorum monimenta enucleatius pandunt, plerique mortalium exstiterunt humani dumtaxat favoris nimium avidi, quorum pars quidem, quo subtilitate acuti ingenii et compositione cothurni sermonis non tantum aequaevorum, verum etiam posterorum, animos oblectaret, negotia antiquitus illustrium fortiter explicita chartis indere decreverunt, alii vero, proprietatem a se commentatae penitus materiae in propatulo evitantes, colicis notis quam plurima bella compacta clam quidem e suo dum polire disputationem molirentur, nonnulla verisimilia addentes, romana effecerunt, ne socordia ac desidia contritum redderet hebdomadarum suarum otium, reliqui quoque, fallacibus caducisque saeculi dignitatibus ultro exuti, quo liberius atque expeditius ad indagandam illam quam demum sui sequaces dixere philosophiam vacarent, academicum solum jugiter procellarum turbinibus obsitum petivere, quibus libidinosa mens refrenata non tantum simplicis incommutabilisque divinitatis omnipotentiam volucri theoriae penna, quin potius humani perennitatem quoquo modo haurirent, ac stili officio propriis auditoribus, haudquaquam gravi ipsi dispendio liberi, promulgarent, cognito quippe excelso omnium rerum principe, seseque ejus bonitate immortalitate donatos, glaucis ludificationibus corde obnubilati atque fide[i] per caritatem operantis inscii, Deum decenter minime honorarunt veraque pietate coluerunt, nullaque prorsus ad bene beateque vivendum gestu vel actu, saltem energia, nedum exempla, posteris relinquentes, totius carnis viam nudi et miseri ingressi sunt, quisquis pia compassione proximis subvenire captans, quae quisque deificus satelles, non solum camini examinatione excocto auro sed etiam lilio violisve tropice assimilatus, purissimae credulitatis candore peregerit, quo exemplo ipsius longanimitatis, mansuetudinis, sobrietatis, discretionis, castitatis, frugalitatis, puritatis, gravitatis, moderationis atque reliquarum virtutum decore hebetudo hominum reverberata et concussa aut verbis aut scriptis retulerit, non ut labile vocamen dilatare vel famam sui pauculis grammulis in ora superstitum signatam velit propagare, sed exercitiis praelibatis ad bonae artis studia provocando evehere, carissimo milii affectu amplectendus merito videtur, quoniam dum os illius non opera hominum, sed Dei in suos operantis eructuat, ad beatae hereditatis florigeram requiem, termino numquam obnoxiam, loquendo auditores inflammat.
  • 2.
  • Haec itaque mecum diu multumque pertractans, postquam saepenumero ab aliquibus germana mihi caritate connexis fratrum personis instigatus sum quatinus ex venerandi Domini sacerdotis Rigomeri sacra deportatione seu de miraculis |501| ejus intercessionibus creberrime patratis saltem annotando scriptitarem, instabilem cunctabundamque mentem, nunc in hoc nunc in illud partientem, vix tandem in sese pro posse contraxi, reputans quod tam caritativa rogantum instantia a conditore forsan luminum principium caperet, sique hanc omnino reicerem, debitus ejusdem patris, cujus ad urnam cotidie assisto, neglectus famulatus cum refragatione precum fratrum me in die Domini reum constringeret. Porro autem jam ad digerenda ea quae mens ad haec opportuna praetenderet, post tergum paululum recondito imperitiae pudore, ex integro de eo praesumens cujus ad nutum quondam silex effudit laticem, memet coegeram, cum ab intus suggestio hujusmodi emergens innuit, satius esse actus jam praefati patris, olim litteris insertos, e caeno abjectionis, quam aut inscitia dictantis aut incuria exceptoris incurrerunt, abstrahere sensumque nimia confusione irretitum elucidare atque propalare. Ad haec parum perfixo gradu pendulus suspendebar, donec speculo libratae rationis id maxime consonum animadversum est, quoniam quidem absurdissimum liquet exitum cujusque rei variis compositionibus redimiri, fronte aditus deformi neglecto. Hinc ergo propensius, factus hilarior, rem antiquam recenti, ut aiunt, incude renovare gestiens, multum commodum legentibus afferre deprehendi, dum ea re praecipue assignabitur victrix sufferentia virginitasve florida, quae utraeque res raro simul reperiuntur, vix interdum habitae retinentur, dicto citius amittuntur, quo foedere conserventur. Si vero quisquam, quod reor perfacile, hos conatus meos lividis contemplatur ocellis, irrisoris arbitris more subsannando proponat intolerabile fore tantae nobilitatis materiam tantillo homuncio [sic] impudenter occupare, quem nullus urbanae lepor eloquentiae ab ignobilitate sua aliquando excusserit, attendat me paulo ante fassum fratrum prece ac beatissimi viri Rigomeri amore ad hoc propulsum : illis siquidem obsequium, huic certe famulatum debeo, et quamdiu exteriorem interior homo incolo, quin aliquid gratum illis, utile multis, experiar, mihi jubere recuso. Quod si felleus rancor his minime complanatus grunnire desiverit, altum carmen syllogisticis nodatum plectibus multa per volumina evomat; sit subtilior prosa Lactantio, historia Hegesippo, versu Homero. Esto: et quid ad nos, si benevoli sociabilis plausus, luridum murmur si aemuli fuerimus?
  • 3.
  • Haec interim necessario superfluis pedetentim latratibus objecta, ceterum vobis, o praesul Domini Goderanne, cui ineptias meas referre soleo, certus quantum de probitatibus cordi vestro assit jubilum, vobis, inquam, has frugum mearum perexiles primitias dedico, quatinus excellens prudentia vestra hiantia suppleat, modum excedentia infra congruos limites abdat, opportune, si qua sunt, prolata roborando assignet, quo tanti per sacerdotis manus patri libatae spirituum, liberior exordiar, Rigomeri athletae Christi Dei et Domini nostri meritis ac vestris opitulatus suffragiis, sequens opusculum. Explicit. |502|

Incipiunt capitula.

  • I. De nativitate ejus, sub quibus regibus fuerit.
  • II. Quod sanctus Innocentius tum Cinomannensis antistes erat et sanctis eo tempore plurima juvamina florentibus subministrabat.
  • III. Quod a pueritia litteris eruditus sit, et presbyter factus verbum Dei praedicaverit.
  • IIII. Quod Orifanum straverit, et multum ibi populum ad fidem Christi adduxerit.
  • V. De matre beatae Thenestinae sanata.
  • VI. De conversione ejusdem beatae Thenestinae virginis.
  • VII. Quod ab ea infamatus, et ante regem accusatus, et flamma duobus cereis caelitus impetrata purgatus sit.
  • VIII. Quod postea Thenestina beata velata sit.
  • VIIII. Quod beatus Rigomerus jussu beati Innocentii ecclesiam apud Suliniacum aedificaverit.
  • X. Qualiter ad Christum migraverit.

Incipit vita ejusdem.

  • [I.] Ea igitur tempestate qua paternum imperium suorum assensu procerum Clotharius atque Childebertus aequa inter se lance pensantes diviserunt, quorum alter Radegundem gloriosam ac toto paene orbi famosam, nec tantum fragili muliebri verum etiam virili sexui juste imitandam, sortitus, regio sibi more copulavit, sequens vero Wltrogodam, multimoda, ut fertur, probitate vallatam, uxorem duxit, in suburbio Cenomannicae urbis, praediolo Condita Saugonensi vocitato, clarissimis dignitate et, quod pluris est, religione natalibus, fertili ceu e cespite rubens rosula, Rigomerus, Domini futurus agonitheta, feliciter emicuit. Genitores vero ipsius, diu praeoptata sobole Dei summi munere ditati, admodum gratulabundi, sacris primum lavacris expiari, deinde pari voto codemque decreto regi regum Altithrono statuunt promptius consecrari. Quod quonam pacto sit .factum, auctore vero et uno Deo, sequentia liquido perdocebunt.
  • II. Cathedrae sane sanctae matris Cenomannensis ecclesiae sub eodem rotatili annorum cardine sanctae recordationis Innocentius praesidebat antistes; qui adeo vocabulo opere consonabat suo ut clementissima pietate, utcumque sibi peculiariter caelitus attributa, omnium paene sub se degentium affectus couniret et vota. Et licet cunctis haberetur carissimus et affabilis, tamen quodam privilegio, apostolici exsecutor oraculi, aderat sanae fidei domesticis. Siquidem beato Karilepho in quodam diocesis suae loco supra amnis rivulum, Anisola praenominatum, quo coenobium instrueret amplissima juvamina concessit; nihilominus vero venerando Avito plurimum amminiculum indulsit utque aedificandae cellulae desiderium compleret compulit. Hi porro viri, Avitus videlicet et Karilephus, |503| Maximini sanctissimi, qui super Ligeris alveum haud procul ab altis moenibus Aurelianensis oppidi Christo Domitio gratanter valde militavit, disciplinis a pueritia traduntur edocti; diutinaque praeceptoris sui sollertia examinati, anachoreticum exercitium, ipsius opitulati orationibus, quo liberius divinae speculationis quiete perfrui valerent, arripuerunt, solo [sic] haerentes Deo suique curam fastidio habentes cum fallaci mundo. Verum non istis tantummodo bonae spei jam dictus Innocentius opportuna subsidia inferebat, sed etiam cuidam multae simplicitatis Dei servo, Launomaro nominato, monachili schema decorato, in vico quodam subter fluente latice, [qui] Curbio agnominatus est, coenobium condidit atque 10 largissime, quo promptius tum practicos tum theoreticos fructus metere valeret, multis opum copiis nobilitavit. His omnibus divae memoriae Childebertus augustus, cujus dicioni regio tum illa, fratre Clothario citeriore tenente Gallia [sic], subjacebat, assensum praebebat piisque talium conatibus festivo corde alludebat. Et recte quidem : ore profecto nostri purpurati exterius, paupere quoque 15 ac egeno interius, sancitum est quod honor regis judicium diligit, et quidam inter sui temporis primos permaximus philosophus beatas fore respublicas, si eas vel sapientes regerent vel eorum rectores sapientiae studerent, astipulavit. Ergo augustus iste, ut mihi videre videor, hoc uno facto utrique sententiae affuit: quoniam dum sanctis beati Dei suffragium intulit, judicium dilexit, et hoc agendo quod ad beatitudinem tendit, rempublicam beatitudine suo regimine insignivit. Ut autem a digressione pedem contrahamus, dum haec aguntur, Rigomerus, Jesu Christi famulus, eo in loco ea qua dictum est serie adoritur.
  • III.
  • Decursis quoque puellaribus annis Launildo sacerdoti mancipatur, quo ecclesiasticis exercitiis vigilanter imbueretur. Admotus itaque ad virum Dei puerulus, atque ex mitissima qualitate infantilis formulae non parvi boni participium sibi inesse conjectatus, ignita quippe caritas sui ardoris scintillam celerrime odoratur, blande nimium ipsius complexus indolem: Mi, inquit, nate, tegmine alarum Dei mei, ad quem confugii initium arripere videris, protectus, ad beatae immortalitatis solidissimum pervenire queas litus. Haec certe famina ubi heros silentio suppressit, priscos notarum characteres ei exhibuit; quos mira facilitate, utpote Deo fecunda, mens, licet tenera aetate, exhausit. Nimirum dehinc ad psalmicinis deificos cantus atque ad reliqua studia memoriae mandanda appulsus, quam compendiose non modo coaevos, quin potius eos qui se autumabant sciolos, arduis, ut complexive dicam, totius scientiae fastigiis sit supergressus, ad explicandum penuria nostri deficit sensus. Nec immerito: sicut enim litteris cecinere suis hi quos jam retinet curia caelestis, nulla condicione Spiritus sancti munus potest arceri; quod qui obtinere valuerit, vere liber erit. Ejus est enim qui habet Spiritum Christi, cujus ante notitiam legale opprimens jugum prorsus emarcuit, quo micante grata felicitas servitutis Dei per gratiam redemptionis Jesu Christi illuxit. Hujus nempe disciplinae vigore Rigomerus venerabilis ab imis evulsus, ad usque presbyteratus amoenum gradatim decus enituit; quo ita monitis salubribus parendo potiri, more recentis tironis audaci |504| animo multas catervas hostium prosternentis, meruit ut circumquaque omni aetati, omni professioni consona verbi Dei jugiter intorqueret jacula, quorum acri jactu et fideles expergiscerentur et increduli concuterentur. Et his quidem qui jam beneficentiae primordia incoharant illud propheticum: Ite de virtute in virtutem ingerebat, quoad visionem Dei deorum praetendatis in speculatione visionis pacis, fraterna dilectione conglutinati in eum; quodque redoleret illud dolentis Job: Visitans speciem tuam non peccabis; quod et apostoli Pauli: Alter alterius onera portate, et sic adimplebitis legem Christi; et evangelicum Salvatoris: Quaecumque vultis ut faciant vobis homines, haud dubium quin bona, eadem et vos facite illis: videlicet ut sese quilibet ex suis affectionibus pensans, eo animo inopi ac desolato occurreret quo miseriae propriae ab alio succurrere anhelaret, tumque speciem sui inviseret dum proximi onera bajularet, nihilominus et homini id quod ab homine sitibunde optaret impertiret. Eis autem quos tetra fuligo pravitatis in volutabro sordium involverat, quin disto[r]ta malitiae suae desererent compita intentabat: alioquin, nisi, dum arrideret eis volubile ac breve tempus, ad paenitentiae confugerent medicamina, imminere sibi diem Domini, quam praescius velocem, amaram, nebulosam, turbine vel clangore atque caligine completam indicat propheta, in qua, ubi regali suo diademate decoraverit justos judicis gratissima misericordia, demum iniquos petulantiaque infectos multabit ipsius justitia. His autem atque hujusmodi studiis Rigomero suo intento summae et incomprehensibili majestati divinae, ne quis saltem perversus mellitis ejus eloquiis quid fucatae vanitatis mente suspicaretur, adeo pervalidam curationis gratiam concedere placuit, ut quisquis, cujuscumque generis morbo elisus esset, usus benedictione et contrectatione ejus, incolumis ad sua remearet. Consecratum porro secum Deum, non surdus Jacobi apostoli auditor, ferebat, quo in ejusmodi negotiis ubiubi uteretur, hoc modo credens occulere posse coram omnibus non per se explicitas virtutes, quoniam nullatenus gloriam suam vulgi adulationibus venditare, sed potius archivis bonae conscientiae abdere malebat, corde retenta veritate, quae perhibet alumnis suis ne suam faciant justitiam coram hominibus ut videantur ab eis, quia quod altum sit hominibus, prorsus abominatur Deus.
  • IIII.
  • Itaque eodem tempore haud procul ab eo vico, quo idem deicola morabatur, devius rusticae plebis error antiquissimum sibi idolum, quod citabatur ac si pro reverentia Orifanum, recensendo dedicarat, cui, ut talibus moris est, fumosa saepissime cruentave mactabat libamina atque caenulenta donaria. Quod ubi Domini vexillifer advertit, condolens infelici admodum vulgo, qui in facie Dei sui terga, versuti serpentis dolo illectus, emiserat, quique falsa pro veris colendo theatrica festinabat ad exitia, metuens plurimum quod, si huic tacendo annueret nec acutas potentis sagittas, scripturarum scilicet divinarum, terrores ei intimaret (scriptum quidem a quodam nostro, cui ipsa vis deifica post densissimam filii hominis iterationem inculcarat, non ignorabat: Nisi iniquo iniquitatem suam allegaveris, discrimine cruoris ejus carere nequibis), ad praelium accensis |505| animis, aliquibus fratribus accitis sui causam detegit angoris, ilioque se praetendere velle asserit, dominicae confisus sufflamine virtutis. Porro autem illis obnixe probantibus seque commilitones profitentibus, locum vir Dei petit intrepidus. Nutu quoque, ut remur, Christi multa utriusque sexus, virorum scilicet ac mulierum, copia eo die ac si sollemnizatura simulacro confluxerat. Cujus se in medio Rigomerus inserens: O, inquit, pro pudor! cur ad injuriam cunctipotentis Dei operi ad libitum artificis imaginato cervicem flecteris, corpus prosternis, regalis imago certa? Cur, quaeso, fictilem effigiem, totius sensus ac rationis expertem, verbotenus saltem personas Deum, quae, ut re ipsa scitur, debilitati penitus fit obnoxia ni tua sit industria defensata? Ad haec efferae crudelitatis dudum gens mox conglobata, talibusque carminibus caelestis medicinae periti praecantata ac subacta, quid sibi restaret agendum supplex efflagitat. Respirans vero paulisper dulciloquus disputator, ubi multitudinem deifica aspiratione odoratur respersam, coeptum jam gratior repetit alloquium, multiplicique dogmate Christi et Ecclesiae plane nimium evangelizat sacramentum, assignans quo condicionis loro stringi debeat qui se dominico corpori mancipare deliberaverit membrum. Quid multa? Ubi scelerum suorum in sermonibus Rigomeri sanctissimi, ut ita dixerim, picturam prospicit, delusamque se versipellis hostis dolo, dum sabaea daemoni qui in fano latitabat tura accenderet, sentit, concio tota resolvitur in luctum, maestitudinemque non ferens, pari conspirationis voto, tamquam necis suae incentorem interemptura evorat ad delubrum, atque mille convicia evomens, fanum turpiter quidem, uti decebat, impellit ad solum particulatimque concisum dispergit in gyrum; sicque salutis propriae adit magistrum, errori suo salubre indulgere implorat antidotum. Cui belliger Domini admodum alacer opportunae paenitudinis designat spatium; nec multo post diligenter instrumentis fidei cameratam baptismate sacrosancto eluit ac in thesauris Ecclesiae inducit. At recens triticum Dei a paleis secretum, hortante Rigomero suo, multae pulchritudinis basilicam construit; ordinataque inibi Domini clientela, retrogradu calle repedat ad propria.
  • V.
  • Interea quaedam et generis et dignitatis nobilitate vernans matrona, Truda cognominata, cui tantummodo inerat unica, de qua suo loco paucis dicemus, nata, gravis incommodi vexatione valde tribulabatur, adeo ut de sui corpusculi relevatione omnino spes abesset. Sanctitate viri fama volitante comperta, legatione fungi quendam e suis industrium ad eum cum multa obsecratione dirigit, quo ad se sacerdos reverendus accedere non dedignaret mortique paene imminenti solamen solita pietate praetenderet. Nec cunctatus ille, quippe caritate ac clementia ditissimus, aegram invisere, recolens scriptum viduas et pupillos in tribulatione eorum debere visitare, Dominum quoque his qui tribulato sunt corde juxta fore. Extemplo ergo ei accedens, primum verbis salutari sale conditis demulcet; deinde, ne ullo se maerore pro his quae sibi a justo inferrentur judice ad meliorationem vitae labefactaret; postremo infert ut peccata sua elemosynis redimeret ac gazas sibi divinitus largissime praestitas, juxta Altissimi praecepta, |506| egenis propensius spargeret: sicuti enim latex ignem, ita alimonia pauperi concessa scelerum obruit molem. Cujus cum suasionibus mulier sapiens gratanter annueret eisque pro posse obsecundare profiteretur, solita sacerdos arma corripiens, humo provolvitur et piis votis summi dulcedinem opificis imprecatur, quo languidae suae se benignitati inclinanti auxiliari, nec tantum cadaveri verum etiam imagini suae, animae scilicet, priscum salutis robur redintegrare dignaretur. His ita peroratis, in pedes erigitur atque purificati olei liquore omnes liniens artus, fugato ex integro morbo, dicto citius sititae incolumitati aegra repraesentatur, atque in Domini laudibus cuncti spectantes accenduntur. Laudantum [sic] porro choreis filia ejusdem feminae, Thenestina dicta, de qua paulo superius paucis it absolvere promisimus, intererat, quam jam pridem genitrix ejus cuidam regis optimati, felicium genitorum sanguine creti [sic], desponsarat, attentius collocans animo quaecumque obtutibus auribusve colligebat.
  • VI.
  • Tanti itaque stuporis parum perstrepitu sedato, opportune puella audiens Rigomerum beatum, admodum ejus dictis oblectari fatetur, formulam vero conversationis sibi pernecessariam ab eo obnixe praestolari confitetur. At moderatissimus sacer, quamquam paratus esset omni poscenti se rationem pendere de fide ac spe quae in Deo est, volens tamen probare spiritum ipsius an ex Deo foret, infantulam adhuc eam ingeminat, matris potius ad libitum virili thoro uti oportere, sublime aliquod ad propositum aspirare posse denegat. Verum virginei fortitudo decoris, quam suis mitissimis amplexibus praeviderat virgo agnus: Adeo, inquit, sancte, pomposum hunc mundum, omniaque quae in eo mortales fallunt amplius quam quid perennis emolumenti praebeant, reicio funditus, ut ipsi etiam sponso renuntiaverim omnino, quem mihi providisse putarat amor maternus. Rigomerus nempe beatus, tantae professionis gaudio gavisus, quippe qui scriptum legerat: Laetare, sterilis, quae non paris, erumpe et clama quae non parturis, quoniam plures desertae filii quam ejus quae sub viro gemit, auspicio quodam eorum e numero illam praesagans qui virgines sequuntur agnum quocumque ierit quique sine macula sunt ante thronum Dei: O mi, ait, filiola, si vere ea, quae tibi secundum desideria erroris vivendo fuerant lucra, reris, uti fassa es, propter Christum Dominum et Deum nostrum detrimenta, quae suis spondeat amicis is quem amare, ambire, esurire, sitire, contemplari vera est vita, diligenter auscultando mente colloca. Atqui quodam in loco: “Vos, inquit, amici mei estis, si feceritis quae praecipio vobis”. Alias vero quid amicis suis pollicitus sit dilucidans: “Qui omiserit, ait, patrem aut matrem cunctaque quae possidere potuerit, secutus atque me fuerit, centuplum accipiet et vitam aeternam possidebit”. Porro autem, ut omnibus de se gaudere captantibus indicaret quam infatigabiliter obsequi congruat jussis ejus: “Nemo, infit, mittit manum ad aratrum et aspexerit retro, qui aptus sit Dei regno”. Paulus sane, hoc ipsum definiens: “Nullus, inquit, luctator regalibus sertis donabitur ni certator legitimus comprobetur”. Haec evangelica et |507| apostolica sunt. Jam si uniat tam arduum, ad ludum scande; si displicet, cede. Igitur cum ad haec experienda, Domini confisa sufflamine, Thenestina paratam se profiteretur, atque dehinc diatim sacra collatio ventilata ad invicem abunde sat agitaretur, humanae salutis hostis teterrimus, cum a cordium aditibus eorum cerneret exulare sese penitus, facibus invidiae accensus, veternosa ad molimina retorquens opaca tela, bellum immittere festinat saltem forinsecus, quo sancta societas altaque caritas tepesceret in Christi bellatoribus. Maledicis namque ac perditis mox suggerendo ingessit hominibus, admodum refragari religioni puberem puellam, spreto conjugii dote, omni obsequio ignoto clericello parere, praesertim cum divinae imperarent lineae adolescentiores nubere, filios procreare, matres fa[mi]lias esse. At ubi hujus zelotypii scelus a secreto paulatim dictantium in publico raptim prosilivit, videres inertes, falsiloquos, decolores, dentibus strictis, frementibus labiis prae immaturo furore, hac illacque nugarum phaleramenta dispergere, virumque beatum tanti facinoris auctorem cavillari. Nec hoc tantummodo suae malitiae suffecerat; quin potius Severum, praefatae virginis sponsum, ita quippe vocabatur, adeunt, tantoque angore percellunt, addentes quod nisi his machinamentis sagaciter obviare maturaret, amore peroptatae uxoris cunctique patrimonii in brevi careret. Eorum ergo delationibus, utpote totus libidine flagrans, nimium lacessitus, primatibus atque palatinis proprii, ut credebat, infortunii eventum intentat, quidque sibi consultius agendum sit ut decernant remota mora debacchando efflagitat. Tum siquidem nutu nobilium una cum eo illo regius miles dirigitur, quo facilius an hujusmodi fuerit, uti infelicitas ea divulgata est, detegatur. Citato quoque itinere ubi ad vicum quo Jesu Christi paupere? excubabant ventum est, ac si furciferi trahuntur, dehonestantur, tandem fidis assignati custodibus, principis ad usque Childeberti praesentiam inreverenter impelluntur, qui paulo ante eo in loco advenerat qui Palatiolus vocitatur, multo milite multaque plebis frequentia constipatus.
  • VII.
  • Interea praetaxatus innubae virginis sponsus Severus, querulo ore furibunda convicia in aethera spargens, irrumpit; cujus ad clamores utraque citius omnis confluit aetas, avida haurire oculis quo foedere lis instigata dirimeretur. Tum spectatores isti ista, illi illa frivola jacientes, gregale murmur dum faciunt: Vos, inquit Severus, o regalis claritatis judices egregii, omnipotentis Dei futurum examen vobis opponens appello. Non propriae infamiae notam, verum commune discrimen mente perpendite; et ne jugalis amor ab his qui sacerdotio specietenus palliantur, unde legitimae propagasse creduntur soboles, furentur puniendo concludite. At uterque Jesu Christi miles, verborum missilibus atque flagellis opposito longanimitatis umbone, ad requiem nitidis [sic] conscientiae, quo verbum editur verum, secesserant, facti ceu vir non audiens atque in ore redargutiones non habens, exspectantes eum qui munire novit suos a pusillanimitate spiritus et tempestate, quique erudit eos super jumenta terrae et praebet carmina in nocte. Igitur imperitante rerum domino, utrimque perplexa multitudinis declamatio alto sub silentio sepelitur; |508| Rigomerus quoque causas ut peroret, excusando an detegendo, tanti flagitii exhortatus est. Porro ille eleganter nimium ac modeste, quippe in quo Spiritus Patris eloquia concinnabat, haudquaquam se viro dempsisse, quo sibi annecteret ganeorum more, uti delatores criminabantur, optatum matrimonium, prosequitur, immo amatori integritatis inviolatum puellae corpus suis documentis sigillari voluisse fatetur. Hinc demum consequenter augustus: Jam, inquit, remotis dictorum ambagibus, an sincerae religioni tali negotio omnino deservieris, liquido dinosci faxo, scilicet si in illa ipsa quae nostrae majestati detulisti munuscula (cereolos etenim, ne regium penetral vacui ingrederentur, assumpserant) ignivomam caelitus adipisci menteris flammam. Ad haec senior, cor polo infigens, nullo pacto ejus ope diffisus qui de temptatione pios eripere atque auxilium opportune, praecipue in tribulationibus, novit immittere, cunctis speculantibus in arva una cum Christi dilecta Thenestiria omni corpore prosternitur, ejusve levamen pio affectu, qui vota flebilesque pauperum suorum gemitus exaudire consuevit, imprecatur. Nec eum fefellit spes ipsius. Atqui sanctae illius orationis modum ratum credimus reticere satiusque ex proventu colligere gestae rei, quoniam quidem adeo pervalida fertur fore devotae rogationis vis ut idem ipse cui Dei gratuito munere largitur, ubi de illo felici, opulentissimo, excellentissimo, dulcissimo quietissimoquc statu miseria sua reverberatus ad se redierit, quid pura mens summo confabulata sit piis votis, piis gemitibus, lenis clamoribus principi, plene reminisci nequierit. Itaque ut de his quae patulo exacta sunt tantisper loquamur, breve post spatium, terminato rogatu sancti, assurgunt; dominicoque signo cereolis infuso, cernitur his innasci ignis aethereis demissus ab oris. Tum profecto rex cum omni multitudine, tanto monstro perculsus, ac ne se vivum obsorberet tellus dehiscens veritus, eo quod Christi alumnos calumniatus sit reproborum insectationibus, regia spreta dignitate, agiliter ad sancta vestigia advolvitur, errori indulgendam veniam reverenter expostulans, de cetero nec se tale quid vel leviter suspicari pollicetur. Nec hoc quoque apud beatum Rigomerum grave impetratu erat: totus quippe clementi bonitate exundabat, quocirca nulli eam denegare quibat. Siquidem remissionem, quam supplicabat saepe libatus augustus, ei impendente, primum quidem in eodem vico ad recordationem sanctitatis Rigomeri basilicam miro aedificio cameratam instruxit; deinde, ex voluntate benedicti Innocentii, quem superius Cenomannis pontificatum regere adslipulavimus, bis binas villas utrique athletae Domini suum ad fiscum pertinentes contradidit, novissime obnixe obsecrans ut pro se atque regni stabilitate vel diuturna quiete totius boni conditorem jugiter exorarent, nativum ad solum reverti honoritice permisit. O te plane felicem omnique praeconio attollendum ac omni jubilo celebrandum, Rigomere sanctissime, merito praedicaverim; cujus invictae preci, ad ostendendum immaculatum candidissimum florem virginitatis atque ad refellendas lutulentas falsidicorum nugas, concessum sit rutilum caclici jubar luminis. Et quidem opportune nimis igne alendo operibus apum, quae causa liliorum, ut physicis placet, cedere respuunt corporeae immunitati, |509| pulcherrimae castitatis integritatem propalasti: sicuti enim ignis absque dispendio sui ex sese splendorem gignit atque apis sobolem inviolata virginitate concipit, ita nimirum, ita sacra virginitas sui pudoris sine diminutione, dum semper non pomposo mundo sed vero Deo complacere gestit, ipsi pignera verbo et exemplo incessanter parturit. Verum interim vellem tanti celsitudinem portenti quoquomodo mente animadvertere, vellem cujus sit comparationis, nisi ariditas tenuis propediret ingenii, pensando ruminare. Namque quid super hoc sapientium industria conjectaverit ipsa viderit; mihi nempe is qui tantum valuit, parvi nequaquam videtur meriti. Quotiescumque quippe sanctitatis illius beati calvi vatis, qui igne e caelo impetrato bis quinquagenarium cum suo agmine stravit, in cujusve sepulcro exanimatum hominis cadaver revixit, reminiscor, et hujus nostri Rigomeri factum e regione contemplor: quoniam primum fecit [scilicet ignem e caelo impetravit]174), secundum [scilicet hominem suscitare], si necessitas incumberet, efficere posse certissime credo; neque, quantum ad admirationem, primum [id est ignem], referre a secundo [id est ab homine vivificato], immo, si dici fas sit, quantum hoc rarius, tanto mirabilius assentior. Cum namque quis mortuo spiritum redintegrat, id quod habuit procul dubio restaurat; Rigomerus autem in hoc opere ineffabiliter exhibuit quod numquam illa materia continuit. Stupendum certe hoc, nihilominus et illud, et quod potissimum autumet definire pavitat animus, utrumque vero aeque pensat in eo qui mirabiliter disponit omnia in omnibus. Inter haec sane, o sancta dulcedo, dum tua maxima revolvo, meam imbecillitatem mihique similium pertractans compungor, quoniam, si aliquid boni vel strictim incohavero, ad tenuem cujuscumque objurgationis seu contemptus auram funditus reicio, ac si non speculetur Deus nisi quod ore celebratur humano. At tu, signipotens, nequaquam talis: coeptum quippe opus bonum neque suspicione neque declamatione neque despectione omisisti, sed ad talum usque perduxisti, eoque modo quia nulla umquam virtus nisi provida patientia servari valeat assignasti. Quisquis ergo hanc vere victricem adipisci desiderat, ab eo a quo tu obtinuisti inhianter deposcat: nam qui aliunde quicquam utilitatis praestolatus fuerit, sese fallere quandoque pervidebit.
  • [VIII.]
  • Jam vero ad supplendum propositum sermo redeat, quo citius perplexitati terminum indicat. Itaque, sicut praemisimus, regiis sanctis [sic] Domini, Rigomerus scilicet atque virgineus flos Thenestina, donati exeniis, valedicentes augusto, ad sua ocius sunt regressi. Paucis ergo post emensis diebus Thenestina beata sanctum antistitem adiens Innocentium, indicat tota se aviditate sanctimonialium sitire religionem, nullatenus tamen praesumere attingere nisi ob summi sacerdotis sollemnem consecrationis orationem. Tum vir Dei, discretam puellae advertens industriam ac devotionem, pia exhortatione abunde delinitam consecrat. Deinde, exemplo tali, utpote providus pater, multas suo regi praesagans lucrari ejus sexus personas, quo monasterium suae professioni idoneum penes Ciriomannense oppidum, hinc muro, hinc amne a saecularibus secretum, conderet assignat. Quod felix capella libenter complexa, ecclesiam in honore Dei genitricis perpetuaeque |510| virginis Mariae miro comptam decore construxit, maximumque sacraram feminarum coetum inibi aggessit; quibus, quousque advixit, quid sibi credendum, quidve sperandum, quid denique supra omnia diligendum existeret, sedule inculcavit.
  • VIII[I].
  • Praeceptori nihilominus suo sanctissimo, eo in vico, qui Suliniacus censetur, uti cellulam erigeret, a praefato praesule litteris impetravit. Demam quoque, laudabili vitae explicito cursu, gaudia sempiterna Domini Dei sui sublimiter introivit. Rigomerus quoque venerandus, ad conficiendam illam quam sibi infulatus pontifex concesserat deificam aram penitus intentus, nec tamen exteriore labore minuebatur Dei cultus, quin potius omni conamine quem diu arripuerat augmentari decertabat, sciens inutile quod non exornat bonorum clausura operum. Siquidem, materialis dum paries increscebat, quoscumque valebat, obsecrando, increpando, arguendo, Christo Domino incorporabat. Tandem porro aedificio ad votum peracto, religiosos quosque sibi fratres unire studuit atque eos tum justissimi exercitii exemplo tum sacrae ammonitionis verbo tumentia depraedantis saeculi molimina funditus a corde abigere, caelestia vero omni instantia expetere, infatigabiliter edocuit. Reliquum autem procinctus sui spatium quis umquam levi disputatione annotare poterit quam sancte, quam juste, quam pie peregerit? Omne etenim quodcumque sui juris extitit, jugi subministratione hilariter indigentibus erogavit. Et corpusculum quidem sanctum ejus perenni castigatione famis, vigiliarum, imbribus lacrimarum, densitate singultuum, continuatione orationum afficiebatur; animus vero illud Davidicum: Quando veniam ei apparebo ante faciem Dei? exspectando in superis elevabat. Igitur quo ejus intima paulatim attingamus, nostra nequaquam conjectura ea ad medium sunt documenta digerenda, quibus qui extorris convictus fuerit beatus nullo modo fi esse quibit. Sunt quippe hujusmodi: Si quis Dei cultor est et voluntatem ejus facit, hunc exaudit,peccatores autem disperdet; et: Deus superbis resistit, humilibus vero dat gratiam; et: Omnis qui caste vivit, templum est Dei, qui vero Dei templum violaverit, ipse eum disperdet; et: Qui voluerit esse amicus hujus saeculi, inimicus constituetur Dei; atque: Videte ne graventur corda vestra in crapula et ebrietate et curis hujus vitae; et: Vigilate et orate, ne intretis in temptationem; et: Obedire oportet Deo magis quam hominibus; et: Beati qui persecutionem patiuntur propter justitiam, quoniam ipsorum est regnum caelorum; aliaque quam multa, sine quibus perfectio non adipiscitur beata. Quod si haec ita se habent, immo quia ita, et Rigomerum nostrum beatum fore miracula praelibata testantur, quod ipse persecutionem propter justitiam sit passus, quod Deo obedierit, quod propter phantasticas temptationes oraverit et vigilaverit, quod sollicitudinem vitae nocivam non habuerit, quod sobrietatem cum frugalitate sectatus sit, quod amicus Dei et hostis saeculi esse voluerit, quod caste vixerit, quod humilis exsecransque superbiam exstiterit, quod justus, quod Dei cultor et voluntatis ejus effector fuerit. Hinc colligere verissime valemus quod eum in talibus et pro talibus rebus misericordissimus semper exaudierit Deus. |511|
  • [X.]
  • Cum igitur tot laborum exercitiis nitidum agnus spiritum cerneret undique bene limatum ac elutum: Jam, inquit, transito hieme, siccato imbre, apparentibus floribus, emittentibus floridis vineis odorem suum, quoniam tota pulchra es, filia principis, tota pulchra, surge, propera175), amica mea, speciosa mea, columba mea, formosa mea, et veni. Ad haec sponsa, dilecti odoratis blanditiis, quem votis jam dudum liquefacta quaerendo per vicos et plateas requisierat sed non invenerat: Dilecte mi, ait, dilecte mi, electe ex millibus, trahe me post te, in promptuaria tua introduc me: nam quia totus es desiderabilis, vulnerasti cor meum, vulnerasti caritate; en ego langueo, langueo amore. Interea, quo maturior foret sponsi sponsaeque praeoptata connexio, corporeae exuviae levi feriuntur incommodo, casuraque sui minitantes mox Alturum praesignant omnino; nec tamen solitum divinae majestatis ministerium linquitur ullo modo. Citatur176) interim, dum conquassatum cadaver ac funeri contiguum appeteret messionem, atque fragilitati cedere dedignans victor animus illud cogeret ad laborem. Tandem adest retributor piissimus, utque ad superos evolet innuit sacer omnique materiali decore pulchrior Spiritus. Ejus autem nutu nono kalendarum Septembrium die, corporeo posito onere, angelico regimine evehitur in aethere, felix felicis perpetua fruiturus Elysei amoenitate. Sacratae nempe Rigomeri sacer[dotis exim]ii exequiae devotissime ab omni clero necne et populo, uti decebat, celebratae sunt illo quo cellam confecerat suam praedio, cum multo tripudio, quoniam nullus ambigebat sanctorum eum adscitura numero vereque perenniter vivere in Christo.
  • Haec igitur ad laudem summae et individuae Trinitatis pauculis grammulis pro brevitate peritiae de sacro ortu, miraculis, actuque ac vitae tuae termino, non ut volui, sed, caritate tua strictus, Rigomere pater sanctissime, ut potui decerpsi. Tu vero, quia pius es, praesumptivo affectui meo pie parce, omnibusque te venerantibus et invocantibus propria benignitate succurre, quo per te apud Dominum peccatorum suorum indulgentiam consequantur celerrime: cui est honor et aeterna potestas et nunc et in aeternitatis die. Amen. Nos ergo jam hic metam figamus dicendi, ne interminata perplexitate cum sui etiam rusticitate abigamus animum captantis haec indagare amore patroni.

48. Note d'Auguste Longnon refusant l'hypothèse de Lebeuf (1895)

  • Le raisonnement spécieux par lequel l'abbé Lebeuf (t. VIII, p. 512) cherche à placer à Vauhallan la seconde des églises du domaine de Palaiseau ne saurait être admis. Guérard n'a pas hésité, au reste, à reconnaître

Gitum dans le village actuel de Gif (Seine-et-Oise, arr. de Versailles, cant. de Palaiseau), situé sur la rive gauche de l'Yvette, à 8 kilom. à l'ouest du chef-lieu du fisc abbatial. L'église de Gif est dédiée à saint Remy de Reims (Lebeuf, t. VIII, p. 100).

49. Biobibliographie d'Ulysse Robert (1905)

  • Rigomer (st), prê. à Souligné [Subligniaci] (Maine), † v. 550 août 24; translat. à Maillezais 1014 mars. 5.
  • Bolland., Catal. codd. hagiog. lat. B.N. Paris. (1890), III, 498, 500-11; — , Bibl. hag. lat. (1901), 1052. — Hist. litt. France (2a, III, 782), — Lebeuf, Dissert. hist. ecclés. Paris (1739), 193-218. — Mabillon, Acta ss. Bened. (1701). VI, I, 133-4 (2a, 119-120).— Pierre de Maillezais. — Pinius, Comment, præv. dans Acta ss. Bolland. (1739), aug. IV, 783-6. — Vies de st Rigomer, prêtre, et de ste Tenestine, vierge; Le Mans, 1881, 8°, 28 p.

50. Édition du Nécrologe du Mans par Gustave Busson et André Ledru (1906)

  • Introduction
  • Le Nécrologe-Obituaire de la Cathédrale du Mans, que nous publions, ne constitue pas un recueil spécialement réservé aux obits et anniversaires des bienfaiteurs de notre église. Ces obits et anniversaires sont intercalés dans un martyrologe d'Usuard, à la suite des saints de chaque jour. Ils font, pour ainsi dire, partie intégrante de ce martyrologe, car ils devaient être lus en Chapitre immédiatement après la mention des saints. “Dans l'église du Mans (dit Grandet), on lit encore au chapitre, le martirologe, mais dans l'église d'Angers, il se dit au chœur177)”.
  • Le martyrologe de l'église du Mans se trouve en tête d'un volume en parchemin, écrit sur deux colonnes, muni de sa vieille reliure en veau du XVIIe siècle. Depuis la Révolution, il est conservé à la Bibliothèque municipale du Mans, sous le numéro 244 des manuscrits. On y lit, sur le premier feuillet de garde, au milieu de plusieurs inscriptions du même genre: “Je suis à messieurs les vénérables doyen, chanoines et chappitre de l'église cathédrale du Mans. Si quelqu'un me |II| prend, ou trouve, rendez moy, s'il vous plaist, à mes maitres, car ils ont journellement affaire de moy… 1659”.
  • De 0,31 de hauteur sur 0,23 de largeur, il renferme 364 feuillets dont 210 seulement pour le Nécrologe-Obituaire proprement dit. Les folios 211-364 contiennent des documents divers concernant le chapitre, qui pourront faire plus tard l'objet d'une autre publication.
  • On a dit à la première page de ce volume, note 1, que le corps du “Martyrologe-Obituaire avait été établi entre les années 1283 et 1287, par la copie d'un ancien manuscrit, auquel il a emprunté, avec le martyrologe d'Usuard,… un grand nombre de mentions antérieures à l'époque de sa confection”. Il est possible, croyons-nous, de préciser encore davantage et d'affirmer que son établissement doit être placé vers 1284, sous l'épiscopat de Jean de Chanlay. L'obit de Julien de Chorulo, mort en 1283, marqué au 28 novembre, est du corps du manuscrit, mais un autre obit du même personnage, transcrit au 29 novembre, est d'une écriture un peu postérieure, par conséquent ajouté après coup178). Une ordonnance capitulaire du 26 mai 1285179), est également d'une écriture plus moderne, ainsi, naturellement, que l'obit du cardinal Gervais de Clinchamp, du 15 septembre 1287.
  • A partir de 1284, les chanoines, sur des blancs réservés par avance ou sur des folios intercalés dans le manuscrit, ont ajouté, au fur à mesure, jusqu'à la fin du XVIe siècle, les obits |III| de leurs confrères et d'autres bienfaiteurs, à l'exception cependant de ceux des évêques de cette dernière période180).
  • Dans notre publication, la lettre M indique que l'article qui précède fait partie du corps du manuscrit, par conséquent qu'il est antérieur à l'année 1284; XIII signifie qu'il est postérieur à 1284. Ceux des siècles suivants sont désignés par XIV, XV, XVI. […]
  • |11| […]
  • XVI kalendas februarii.
  • [17 janvier, vers 550]. — Eodem die, sancti Ricmiri, sacerdotis, vita eximii [M].
  • Note de bas-de-page — Ricmerus, Ricmirus, Ricomirus, Rigomerus, prêtre, à Souligné-sous-Vallon, mort vers 550, le 17 janvier; honoré aussi le 24 aoûl ; translation, 5 mars. […]
  • |223| […]
  • IX kalendas septembris.
  • [24 août]. — In pago Cenomannico, sancti Rigomeri, presbiteri et confessoris, et sancte Tenestine, virginis [M].

51. Notice sur Palaiseau par dom Pierre Anger (1907)

  • Palaiseau
  • Celle localité tirait son nom (Palatiolum) d'une résidence que les rois mérovingiens avaient fait construire au centre de leur, fisc royal, et où ils venaient faire de longs et fréquents séjours. L'histoire en fait mention des le VIe siècle. C'est dans cette résidence que se trouvait le roi Childebert Ier, vers l'année 530, lorsque comparurent devant lui deux vénérables personnages, saint Rigomer, prêtre du diocèse du Mans, et une jeune fille noble, Tenestina, qui avait voué sa virginité au Seigneur. Une infâme calomnie les accusait d'entretenir des relations criminelles; pour faire éclater l'innocence de ses deux serviteurs, Dieu permit que, miraculeusement, les cierges qu'ils tenaient dans leurs mains pour les offrir au Roi s'allumassent spontanément. Frappés de ce prodige, le Roi et les assistants se prosternèrent, adorèrent Dieu et renvoyèrent les accusés après les avoir comblés d'honneur et de présents. Pour perpétuer la mémoire de cet événement, Childebert fit construire une église sur le territoire de son domaine, c'était celle de Saint-Rigomer-Vauhallan proche la résidence royale. La reine Bathilde, veuve de Clovis II, demeura souvent à Palaiseau durant la minorité de son fils Clotaire. En 003, l'abbé saint Wandrille se rendit il Palaiseau pour obtenir du Roi Clothaire Ier la confirmation de la terre de Fontenelle au diocèse de Rouen181).
  • Sous la protection des murs du Palais-Royal et le patronage spirituel du saint qui avait illustré la contrée par la miraculeuse preuve de sa |251| vertu, les habitants vinrent grouper leurs demeures, et peu de temps après le bourg de Palaiseau existait et ne tarda pas à acquérir une réelle importance.
  • Le 25 juillet de l'année 754, alors que l'abbé Lanfroy faisait transporter dans son église de Saint-Vincent les précieux ossements de saint Germain qui avaient été déposés dans l'oratoire de Saint-Symphorien, les vieilles chroniques nous montrent le roi Pépin ravi des miracles opérés dans cette heureuse translation, et donnant au saint et par suite à son monastère la ville de Palaiseau avec toutes ses dépendances, par cette formule qui dut être dans le cœur du père de Charlemagne, si elle ne fut pas sur ses lèvres “Accipe, Beatissime Germane, villam nostram Palatiolum cum omnibus appenditiis suis, tibi familiœque lux hactenus inimicam, amodo autem et deinceps perpetuo profuturam182).” Cette donation se trouvait également confirmée par une inscription qui fut gravée sur le tombeau de saint Germain et qui ne disparut qu'à la Révolution française: ”Hic, pausante S. Germano in die translalionis, dedit ei rex Pipinus fiscum Palatiolum cum appendiciis suis omnibus.
  • Quelles avaient été les dissensions qui avaient existé entre les moines de Saint-Germain et les habitants de Palaiseau et qui avaient été assez envenimées et assez persistantes pour être mentionnées par le royal donateur? Dubois prétend que les religieux se plaignaient que quelques-unes des dépendances (villulæ) du monastère, situées près de Palaiseau, étaient souvent pillées par les habitants de cette localité. Ces plaintes durent être portées devant le Roi Pépin, qui, par sa donation, trouva le moyen de satisfaire sa piété et en même temps de mettre fin à ces débats183).
  • Le Polyptyque d'Irminon nous fait connaitre l'importance de la dotation du Roi Pépin: l'abbaye de Saint-Germain y possédait une maison seigneuriale avec tous les bâtiments qui en dépendaient. Le territoire était divisé en 6 autres exploitations ou cultures qui formaient 387 bonniers de terre, où on pouvait semer 1300 muids de froment, plus 127 arpents de vigne pouvant produire 800 muids de vin, et 100 arpents de pré donnant 150 charretées de foin; le bois avait une lieue de circuit et pouvait nourrir 50 porcs; il y avait, |252| de plus, trois moulins qui payaient un cens de i54 muids de grain. La ville de Palaiseau possédait une église construite en bel appareil (cum omni apparatu diligenter constructam). Cette église avait, pour son entretien et celui du prêtre qui la desservait, un domaine assez considérable: 17 bonniers de terre labourable, 5 arpents ½ de vigne, 3 arpents de pré, plus un manse ingénuile ayant 4 bonniers de terre labourable, 1 arpent ½ de vigne et 3 arpents de plus, 6 hôtes cultivant chacun 1 journal de terre et fournissant chaque semaine 1 jour de corvée, 1 poulets et 5 œufs. Il est question d'une seconde église située, dit le Polyptyque, in Gilo, localité du territoire de Palaiseau, dans laquelle Guérard reconnaît le village actuel de Gif, mais qui est plus probablement celui de Vauhallan.
  • Walafred, vassal de Saint-Germain et maire de Palaiseau, payait comme tous les autres hommes de l'abbaye, pour son manse ingénuile pour une année, 1 bœuf;-pour l'année suivante, 1 pourceau; pour le droit d'usage dans les bois, 4 deniérs pour le droit de paisson, 2 muids de vin et une brebis avec son agneau; il devait labourer, pour les semences d'hiver, 4 perches de terre et 2 pour lés semences de printemps; faire les corvées, les charrois; les manœuvres qui lui étaient commandées et donner 3 poulets et 15 œufs.
  • L'abbaye de Saint-Germain possédait 108 de ces manses ingénuiles, qui payaient annuellement 6 chariots militaires; une année, 108 pourceaux; l'autre année, 108 brebis avec leurs agneaux, 240 muids de vin pour le droit de paisson; en argent 35 sols pour les droits d'usage dans les bois; 350 poulets, 1750 œufs et 9 sols de capitation. Tous les manses ingénuiles ou serviles se montaient au nombre de 117.
  • Malgré toute cette prospérité, les moines ne purent conserver dans leur possession cette magnifique dépendance. Pendant la période tourmentée du Xe siècle elle fut usurpée par quelques-uns des hauts barons du voisinage, et les religieux de Saint-Germain ne furent pas assez influents, ou les rois carlovingiens assez puissants pour rétablir les droits de justice. Voici en quels termes Pierre de Courpaloy, le moine chroniqueur du XIVe siècle, mentionne la disparition de la ville de Palaiseau de la liste des dépendances de l'abbaye… ”post decursum fere CC annorum, solito vigore regum decedente, per cupiditatem quorumdam principum, hœc villa fuit a nobis ablata184)“. |253|
  • Dom Douillart pense avec raison que ce domaine fut aliéné ou plutôt inféodé par le duc de France, Hugues le Grand, abbé de Saint-Germain.
  • Au Xe siècle, la chapelle de Saclay, doyenné de Châteaufort, que les religieux de Saint-Germain-des-Prés avaient élevée dans une de leurs fermes du territoire de Palaiseau, fut érigée en paroisse et on y annexa l'église de Yauhallan185).

52. Almanach du Petit Journal (26 août 1951)

  • Petit almanach […] Dimanche 26 août 1951. — 238e jour, 4e dimanche, 8e mois. — 15e dimanche après la Pentecôte […] Sainte Ténestine. Jeune vierge gauloise, aspira de bonne heure à la perfection; elle réunit quelques compagnes et fonda un monastère dont elle fut la supérieure jusqu'à sa mort (620).

53. Note sur le vitrail de Vauhallan par Jacky Gélis (1996)

  • Saint Rigomer et sainte Ténestine. Vauhallan, église Saint-Rigomer et Sainte-Ténestine, chapelle sud. Atelier inconnu (sic), vers 1890 (sic).
  • À Vauhallan, qui est depuis des siècles un lieu de pèlerinage (sic), on a retenu le miracle des cierges. Vers 530 (sic), Rigomer, un religieux (sic) originaire du Maine et Ténestine, une jeune fille issue d’un noble lignage de Vauhallan (sic) avaient été accusés, par le fiancé de celle-ci, d’avoir péché. Le cas fut jugé suffisamment grave pour que le roi Childebert Ier les convoquât en son palais pour y rendre compte de leur conduite en présence des anciens.
  • Sur ce vitrail, où l’on a tenté de reconstituer l’atmosphère supposée du palais mérovingien de Childebert à Palaiseau, les cierges s’allument spontanément sous les yeux ébahis (sic) de l’assistance, prouvant ainsi l’innocence des deux saints. Par la fenêtre du fond, on aperçoit la façade de l’église de Vauhallan.


Vitrail de Vauhallan, peint par Jacques Rouvière-Delon (1859)

54. Recherches iconographiques de Gérard Troupeau (2003)

  • 5.L'iconographie de saint Rigomer.
  • À ma connaissance, il existe au moins deux statues de saint Rigomer: l'une dans l'église de Souligné-Flacé (Sarthe) et l'autre dans l'église de Colombiers (Orne). La statue de Souligné, qui fait partie d'un retable du XVIIIe siècle, représente le saint revêtu de ses habits sacerdotaux. Une bannière de procession en velours rouge, sur laquelle est brodée l'image du saint patron de la paroisse, est aussi conservée dans l'église de Souligné. Par ailleurs, un vitrail de la fin du XIXe siècle, éclairant une chapelle de l'église de Vauhallan, proche de Palaiseau (Essonne), représente saint Rigomer et sainte Ténestine debout, tenant leurs cierges allumés devant le roi Childebert et sa cour186).

55. Récit de Frédéric Gatineau, hagiographe de l'Essonne (2007)

  • Rigomarus serait né au début du VIe siècle à Saint-Rémy-du-Plain, dans le Maine. Il avait été formé par Saint Launille à la lecture des livres saints. Il devint prêtre à Souligné sous Vallon, à trois lieues du Mans, où il menait une vie très sainte. Il était favorisé du don des miracles. Le serviteur de Dieu soignait les malades avec l'huile sainte et il les incitait à l'action de grâces après leur guérison. Une noble dame, nommée Trudana, pria Saint Rigomer de venir la voir. Celui-ci vint la visiter, fit des onctions d'huile sainte et demanda à Dieu sa guérison qui lui fut accordée. La fille de cette dame, nommée Ténestina, touchée de ce miracle, l’adopta comme guide spirituel et se mit à son service. La calomnie ne tarda pas à les atteindre et on en prévint le fiancé de Ténestina dénommé Sevère. Celui-ci se plaignit au Roi. À sa demande un envoyé du palais vint chercher Rigomer et Ténestina afin qu'ils rendent compte des fautes qui leur étaient reprochées. Conduits à Palaiseau où se trouvait alors le Roi Childebert Ier, les deux saints, lui firent hommage des cierges qu'ils tenaient à la main. Les anciens du palais murmuraient: ”Le voilà donc ce prêtre qui séduit la femme du prochain!“ Le roi prit alors la parole: “Si vous êtes vraiment purs, si vous n'avez rien à vous reprocher, que ces cierges s'allument d'eux-mêmes, sur un signe de votre main”. Confiants en la puissance de Dieu, saint Rigomer et la jeune fille s'agenouillent et se mettent en prières. Bientôt une légère fumée s'élève des cierges. Rigomer étend la main droite en invoquant le nom de Jésus-Christ, les cierges alors s'allument. À cette vue, Childebert et les anciens du palais se précipitent aux pieds des saints, les priant de leur pardonner les peines et les fatigues qui leur ont été imposées. Ils passèrent quelques jours à Palatiolum. Childebert aurait ordonné alors de bâtir une église dans son domaine de Palaiseau pour perpétuer le souvenir de ce miracle. Ce fut, dit-on, Vauhallan que l'on choisit pour cette construction. Saint Rigomer quitta la vie le 24 Août 541 et sainte Ténestine le 26 du même mois. On les fête le 24 août. Ils sont devenus titulaires de l’église de Vauhallan. On reconnaît le miracle du cierge sur un vitrail du XIXe siècle dans l’église de Vauhallan. Des reliques des deux saints étaient conservées dans la crypte de la même église au XIXe siècle.

56. Récit de Pierre Wallez (2012)

  • Saints Rigomer et Ténestine
  • Rigomer naquit vers 500, à Saint-Remy-du-Plain, du canton de Mamers (Sarthe). Ses parents, de condition libre confièrent son éducation à un saint prêtre nommé Launillus. Il fut ordonné par saint Innocent, évêque du Mans (532-543). Il commença à prêcher: il engageait à renoncer aux choses profanes, à cesser l’usage idolâtre d'adresser leurs vœux aux arbres et aux fontaines. Il touchait lui-même les malades avec l'huile sainte et beaucoup guérirent. Une multitude d'infidèles se convertirent. Il étendit son apostolat dans tout le Saosnois, et au-delà de la forêt de Perseigne. Des habitants du voisinage détruisirent un temple dédié au dieu Mars et y élevèrent une église. Telle fut l'origine de la ville de Mamers. On connaît mal les origines de Ténestine, plus jeune. Ses parents étaient nobles.
  • Miracle dans le secteur de Palaiseau.
  • Rigomer, prêtre-confesseur, fut envoyé par son évêque dans la région de Palaiseau. La tradition raconte qu'une dame noble, nommée Trudana, étant tombée malade et ayant entendu parler des miracles opérés par Rigomer, lui fit demander avec insistance de venir la voir. Le prêtre vint visiter la malade, lui fit des onctions d’huile sainte, pria pour elle, et Dieu accorda la guérison. La fille de cette dame, nommée Ténestina, en fut tellement touchée, qu'elle pria Rigomer de vouloir bien la prendre sous sa conduite spirituelle. La malice humaine ne tarda pas à calomnier ces relations, et l'on en prévint Sévère, le fiancé de Ténestina. Celui-ci fit chercher Rigomer et la jeune fille, pour qu'ils comparaissent à Palaiseau devant Childebert (fils de Clovis) et les anciens du peuple. Arrivés en présence du roi, Rigomer et Ténestina lui offrirent les cierges qu'ils tenaient à la main. Les anciens du palais murmuraient en disant: “Les voilà donc ces prêtres qui séduisent les femmes du prochain!” Le roi prit alors la parole: “Si vous êtes vraiment purs, que ces cierges s'allument d’eux-mêmes; nous pourrons croire alors à la pureté et à la sainteté de vos relations”.
  • Pleins de confiance en Dieu, Rigomer et sa compagne s'agenouillent et se mettent en prière. Bientôt les cierges fument, le feu s'allume. A cette vue, Childebert et les anciens du palais se précipitent aux pieds des saints, les priant de leur pardonner. Puis le roi leur donne deux domaines dans l'évêché du Mans, et ordonne que dans son domaine de Palaiseau une église soit bâtie en souvenir de ce miracle. Le peuple prit l'habitude de venir prier à cette église et les deux saints retournèrent dans le Maine.
  • Retour dans la Sarthe.
  • A son retour dans le Maine, saint Innocent assigna à Rigomer une retraite au village actuel de Souligné-Flacé où une place et une fontaine portent son nom. Rigomer y construisit un oratoire auprès duquel il espérait vivre seul. Ses vertus ne tardèrent pas à lui attirer des disciples pour lesquels il dut bâtir des cellules autour de la sienne. Telle fut l'origine de l'abbaye de Saint-Pierre, ravagée par les Normands en 873. Le saint prêtre vécut en ce lieu dans une grande austérité, faisant des aumônes et obtenant des guérisons miraculeuses. Il continuait à instruire les populations voisines, et fonda le prieuré de Saint-Aubin, à l'intérieur du mur gallo-romain du Mans.
  • Sainte Ténestina prit le voile en 537 des mains de saint Innocent, qui lui permit de construire entre la Sarthe et les murs de la ville du Mans un oratoire qui devint le monastère Notre-Dame de Gourdaine dont elle fut la première supérieure.
  • Saint Rigomer mourut à Souligné-sous-Vallon un 24 août. Trois églises du diocèse du Mans sont sous son patronage ainsi que celle de Colombiers, dans le diocèse de Sées. Sainte Ténestina mourut vers 560, sous l'épiscopat de saint Domnole. Leurs restes furent inhumés à Notre-Dame de Gourdaine. Ils furent relevés en 838 par saint Aldrik, évêque du Mans et déposés à la cathédrale sous des autels particuliers. Plus tard, vers l'an 1010, ces reliques furent transférées dans l'abbaye de Maillesais, en Poitou. Saint Rigomer est honoré pour sa piété exemplaire et les nombreuses guérisons qu'il obtint; sainte Ténestine, patronne des blanchisseuses, (fête 15 avril) l'est pour le dévouement qu'elle porta à l'entretien du linge des pèlerins malades.
  • L'église de Vauhallan.
  • Elle fut fondée par le roi Childebert entre 532 et 537. Le souvenir de Saint Rigomer en fit un lieu de pèlerinage. Après l'introduction de la liturgie romaine en France sous Charlemagne, le patronage de l'église fut attribué à saint Barthélemi. En 1993, notre église est redevenue celle de Saint Rigomer et Sainte Ténestine.
  • Rigomer et Ténestine sont des saints modernes. Ils ne sont pas submergés de demandes d'intercession, n'hésitons pas à les solliciter!
  • Pierre Wallez

57. Version journalistique du Palaiseau mag' 206 (2016)

  • Ville miraculeuse
  • La légende de Rigomer et Ténestine
  • Rigomer et Ténestine ont, par leurs prières, allumé le feu sacré. Ce miracle serait à l’origine de la renommée soudaine de Palaiseau au VIe et VIIe siècle.
  • Romus et Romulus sont à l’origine de Rome, Enée à celle de Marseille, et Sainte Geneviève à celle de Paris. Et si Palaiseau avait aussi ses mythiques fondateurs? Voici la légende de Rigomer et Ténestine.
  • Le prêtre et sa dévouée
  • L’histoire se passe sous le règne de Childebert Ier (495-558187) ). Rigomer était un prêtre du diocèse du Mans.
  • Infatigable prédicateur, il passait son temps à exhorter le peuple à quitter les usages superstitieux. Ses prêches, pleins d'une éloquente simplicité, opérèrent de nombreuses conversions.
  • La réputation de sainteté dont il jouissait était telle que, de toutes parts, on venait se présenter à lui. Une dame noble nommée Truda, très malade, fut guérie par ses prières. Sa fille, Ténestine, en fut tellement heureuse qu'elle renonça à tous les avantages de sa haute situation, refusa d’épouser son fiancé (un garçon de noble famille également) et décida de se faire religieuse. Elle suivit Rigomer dans la solitude et s’installa dans une cellule voisine de la sienne, pour se perfectionner sous sa direction dans la vie spirituelle.
  • Ordalie
  • La calomnie ne tarda pas. Le fiancé lésé porta plainte auprès du roi Childebert (fils de Clovis), arguant que les deux amis étaient liés d’une passion un peu moins désincarnée que l’amour divin! Childebert se trouvant alors à Palaiseau, ordonna qu’on amène les deux suspects à son Palais. Afin de déterminer leur culpabilité ou leur innocence, ils furent soumis au jugement de dieu (aussi appelé ordalie). À cette époque, les diverses épreuves à subir n’offraient que peu de chances aux accusés. Il fallait par exemple plonger sa main dans l’eau bouillante ou dans un gant de fer rougi au feu et s’en sortir indemne afin d’être jugé innocent… Dans le cas contraire, la culpabilité paraissait évidente!
  • Rigomer et Ténestine tenaient à la main des cierges éteints qu'ils avaient apporté en offrande au Roi. Certainement dans un jour de bonté, Childebert se contenta de demander que les cierges s'allument d'eux-mêmes pour que preuve soit faite de l’innocence des pieux amis. Rigomer et Ténestine se jetèrent à genoux pour prier… et les cierges s’allumèrent!
  • Dans l'église de Vauhallan, un vitrail représente, cierges à la main, Ténestine et Rigomer.
  • Terre de miracle
  • Ébahi, le Roi a renvoyé Rigomer et Ténestine comblés de présents, puis ordonné que soit bâtie dans son domaine de Palaiseau une église en mémoire de ce miracle.
  • Durant le siècle suivant cet épisode, la population de Palaiseau a décuplé. Les historiens du culte des saints (la société des Bollandistes) racontent que la légende a attiré à Palaiseau une foule de gens pieux, venus pour vivre en terre de miracle et profiter de la sainteté des lieux.
  • Nous reste-t-il encore quelque chose de Ténestine et Rigomer? De l'église originelle du VIe siècle, ordonnée par Childebert, il n’existe plus que la crypte située sous l’église actuelle de Vauhallan au nord de Palaiseau. Renommée Saint Barthélemy sous Charlemagne, l’église a retrouvé son nom d'origine en 1993: Église Saint Rigomer et Sainte Ténestine.
  • Le gisant de sainte Ténestine, dans la crypte, vestige de l'église originelle du VIe siècle.188)

58. Bibliographie

  • † Laurentius Bellinus (Lorenzo Bellini ou Bellino da Padua), Martyrilogium secundum morem Romane Curie accuratissime emendatum per magistrum Bellinum de Padua Ordinis Fratrum Heremitarum sancti Augustini, necnon additionibus patrum aliarum religionum copiosum effectum, Heremitarum sancti Augustini, Venetiis (Venise), Lucas Antonius de Giunta, 1498.
  • Laurentius Bellinus, ”Nono kalendas septembris“, in Martyrologium secundum morem Romane curie (223 p. non paginées), Parisius (Paris), Marnet et Viart, 1521, p. 132.
  • Giuseppe Antonio Guazzelli, “Early printed Martyrologies in Italy (1486-c. 1584)”, in A. K. Frazier (éd.), The Saint between Manuscript and Print: Italy 1400-1600, Toronto 2015, pp. 221-251.
  • Joannes Molanus (Jean Molan), ”IX. Cal. Sept.“, in Usuardi Martyrologium, quo Romana Ecclesia ac permultæ aliæ utuntur: jussu Caroli Magni conscriptum ex Martyrologiis Eusebii, Hieronymi, Bedæ, et Flori, ac aliunde. Cum additionibus ex Martyr. Rom. Ecclesiæ, et aliarum, potissimum Germaniæ inferioris: Et metrice Martyrologio Wandelberti Prumiensis. Et annotationibus, in quibus voces aliquot obscuræ explicantur, et quid probati authores de Sanctorum vita ac martyrio conscripserint, copiosè insinuatur. Operâ Ioannis Molani Laviensis (542 p. non paginées), Lovanii (Louvain), Hieronymus Wellæus, 1568, p. 292.
  • Petrus Canisius (saint Pierre Canisius), Martyrologium: der Kirchenkalender, darinnen die Christlichen Feste und Hailigen Gottes bayder Testament begriffen …, auch mit verzaichnuss unzalbarer Hailigen, Dilingen, Sebalbus Mayer, 1573 (3e éd.: Johannes Mayer, 1583).
  • Philippus Ferrarius (Filippo Ferrario), Nova Topographia in Martyrologium Romanum, in qua loca omnia in Martyrologio memorata accurate describuntur, et Sancti, qui in iis floruerunt, subjiciuntur; ac multa loca, et Sancti, qui in ipso Martyriologio desiderantur, adjiciuntur, prout asterismi nota indicabit; et demum nonnulla in eodem Martyrologio maximè digna animadversione deteguntur, auctore F. Philippo Ferrario Alexand. totius ordinis Servorum B. M. V. priore generali, olim in alma Ticinensi Academia publico Mathematicarum interprete (5+140+5 folios), Venetiis (Venise), Bernardus Junta, Joannes Baptista Ciottus et socii, 1609, folios 131-132.
  • Andreas du Saussay (André du Saussay, évêque de Toul), Martyrologium gallicanum, in quo sanctorum beatorumque ac piorum, plusquam octoginta millium, ortu, vita, factis, doctrina, agonibus, trophæis, opitulationúmque gloriâ: ac cæteri quibusque sacræ venerationis tituli, in Gallia illustrium, certi natales indicantur, triumphi suspiciendi exhibentur, nitidáque ac vindicata eorumdem Elogia describuntur. Quæ commentariorum apodicticorum tomi quatuor subsequentes, uberiùs recensita, insignáque multiplica antiquitatis Ecclesiasticæ indagine, cumulabunt. Opus in cujus penu constat absoluta christianissimæ Ecclesiæ historia, pridem antè desiderat; jámque, ut ex rebus conserta per Sanctos divinè gestis; sic ex probatissimis quibusque monimentis, ac priscis Codd. Mss. summa fide, collecta, studio ac labore Andreæ Du Saussay Parisini, S.RE. Pronotarii, Concionatoris Regii, necnon Ecclesiæ SS. Lupi et Ægidii in urbe Pastoris (“Martyrologe français, dans lequel sont indiqués les anniversaires authentiques de plus de huit mille saints et bienheureux ou pieuses personnes illustres en France du fait de leur naissance, de leur vie, de leurs actions ou de leur doctrine, et où sont rédigés les éloges qui leur sont dus, par les soins d’André Du Saussay”), Lutetiae Parisiorum (Paris), sumptibus S. Cramoisy (Sébastien Cramoisy), (1 tome en 2 volumes in-folio, pièces liminaires, 1252 p.), Lutetiae [Paris], S. Richer, 1637, pp. 544-546 et 555-556.
  • Symphorien Guyon, Histoire de l'eglise et diocese, ville et université d'Orleans. Siecle treziesme de la loy de grace, Orléans, Claude et Jacques Borde, 1650, p. 12.
  • Jean Bondonnet, ”La vie de saint Innocent“, in Les vies des evesques du Mans restituées et corrigées, avec plusieurs belles remarques sur la chronologie, par Dom Jean Bondonnet benedictin de Saint Vincent du Mans et prieur de Sarcé (XXII+740+12, in-4°, table, index, errata), Paris, Edme Martin, 1651, pp. 161-253 (et spécialement, pour Rigomer et Ténestine, pp. 169-170).
  • Simon Martin, ”Sainte Trenestine, vierge du Mans“, in Les fleurs de la solitude, cueillies des plus belles vies des Saints, qui ont habité les Deserts, et qui ont chery plus expressément la Vie Solitaire, tant en l'Orient qu'en l'Occident, et particulièrement en France. Divisé en quatre livres. Le tout recueilly fidèlement des SS. Peres de l'Eglise, et des autres Autheurs Orthodoxes approuvez. Enrichie de Figures en Taille douce, et de plusieurs Tables pour le soulagement des Predicateurs, et la consoaltion des Lecteurs. Par le R. P. F. Simon Martin, Religieux de l'Ordre des Minimes, Paris, Gervais Alliot, 1652, col. 759-761.
  • Philippus Labbe (Philippe Labbé), “V. Petri Malleacensis Coenobii Monachi ad Goderannum Abbatem Malleacensem libri duo: De Antiquitate et commutatione in meliu Malleacensis insulæ, et translatione corporis sancti Rigomeri: sive qualiter fuit constructum Malleacense Monasterium et corpus sancti Rigomeri translatum”, in Novæ bibliothecæ manuscriptorum librorum tomus II. Rerum Aquitanarum præsertim Bituricensium uberrima collectio. Historias, Chronica, vitas Sanctorum, ac similia Antiquitatis monumenta, nunc primùm ex Mss. Codicibus eruta, copiosè repræentans, operâ ac studio Philippi Labbe, Biturici, Societ. Iesu Presbyteri. D.D.D. Illustrissimo Viro Nicolao Fucquetio, Regio in Parisiensi Senatu Procuratori, et summo Gallici Ærarii Præfecto, Parisis (Paris), Sebastianus et Gabriel Cramoisy, 1657, pp.
  • Charles Le Cointe, ”Richomerus“, Annales ecclesiastici Francorum, auctore Carolo Le Cointe Trecensi, congreg. Oratorii D.N. Jesus-Christi presbytero (XX+868+XXXVI p., in-folio, premier de 8 volumes) Parisiis (Paris), typographia regia (imprimerie royale), 1665, p. 161 (sous l'année 541).
  • François Giry, Les vies des saints dont on fait l'office dans le cours de l'année, et de plusieurs autres, dont la mémoire est plus célébre parmi les fidelles, composées aprés Lipoman, Surius, Ribadeneira, et quelques autres auteurs, par le R. P Simon Martin, religieux de l'ordre des minimes. NOuvellement recherchées dans leurs sources, corrigées sur les actes originaux qui ont depuis paru au public, et mises dans la pureté de nôtre langue. Avec les discours sur les mystères de Nostre Seigneur et de la Sacrée Vierge, dont l'Eglise fait la fête: Grand nombre de vies nouvelles, tant des saints canonisez, ou beatifiez depuis peu, que de plusieurs personnes de nôtre temps, qui sont mortes en odeur de sainteté. Le Martyrologe romain traduit en françois à la teste de chaque jour, et un martyrologe des saints de France qui ne sont pas dans le Romain, tiré des bréviaires et des calendriers des €glise particulieres, par le reverend pere François Giry, provincial du même ordre en la province de France. Tome second, Volume 2, Paris, Federic Leonard, 1685, col. 720 et 760.
  • François Giry, Les vies des saints dont on fait l'office dans le cours de l'année, avec des discours sur les mystères de Nostre Seigneur et de la Sainte Vierge. Le Martyrologe romain traduit en françois à la teste de chaque jour, et un martyrologe des saints de France, dont le Romain ne fait point mention, par le reverend pere François Giry, ancien provincial de l'ordre des minimes. Nouvelle edition reveuë et corrigée par l'auteur. Tome second, Paris, Nicolas Pepie, 1703, col. 606 et 638.
  • Claude Chastelain, ”S. Rigomer“, in Le Martyrologe romain traduit en français avec deux additions à chaque jour, des Saints qui ne sont point en ce martyrologe, placez selon l'ordre des siecles; la 1ere, de ceux de France; la 2nde, de ceux des autres pays; ces additions mises en titres separez, en en moindre caractere; et des notes sur chaque jour. Tome Ier contenant janvier et février (42+823+39 p.), Paris, Frederic Leonard, 1705, pp. 321-323.
  • Joannes Baptiste Sollerius (Jean-Baptiste du Sollier), ”Auctaria“ (additions au 24 août de quelques édition du martyrologe d'Usuard), in Martyrologium Usuardi monachi, hac nova editione ad excusa exemplaria quatuordecim, ad codices mss. integros decem & septem, atque ad alios ferme quinquaginta collatum, ab addimentis expurgatum, castigatum et quotidianis observationibus illustratum, opera et studio Johannis Baptistæ Sollerii Societatis Jesus theologi (), Atverpiæ (Anvers), Johannes Paulus Robins, 1714, p. 488.
  • Claude Proust, Les Vies des saints pour tous les jours de l'année, tirées des auteurs les plus célèbres avec des réfléxions chrêtiennes sur châcune d'icelles et sur les mystères de Notre-Seigneur & de la Sainte Vierge par le reverend pere Proust, religieux celestin. Tome premier, Bordeaux, Nicolas et Jean de Lacourt, 1724, p. 106.
  • Joannes Pinius (Jean Pien), “De S. Rigomero presb. et Conf. Subligniaci apud Cenomanos in Gallia”, in Joahannes Pinius (Jean Pien) et Guilielmus Cuperus (Guillaume Cuper), Acta Sanctorum Augusti, ex latinis et græcis, aliarumque gentium monumentis, servatâ primigeniâ veterum scriptorum phrasi, collecta, digesta, commentariis et observationis illustrata à Joanne Pinio, Guilielmo Cupero e Societate Jesus presbyteris theologis. Tomus IV, quo dies vicesimus, vicesimus primus, vicesimus secundus, vicesimus tertius et vicesimus quartus continentur, Antverpiæ (Anvers), Bernardus Albertus vander Plassche, 1739, pp. 783-781.
  • Joannes Pinius (Jean Pien), “De S. Tenestina virgine apud Cenomanos in Gallia, sylloge historica. Cultus, elogium, monasterium, translatio corporis, reliquiæ”, in Joahannes Pinius (Jean Pien) et Guilielmus Cuperus (Guillaume Cuper), Acta Sanctorum Augusti, ex latinis et græcis, aliarumque gentium monumentis, servatâ primigeniâ veterum scriptorum phrasi, collecta, digesta, commentariis et observationis illustrata à Joanne Pinio, Guilielmo Cupero e Societate Jesus presbyteris theologis. Tomus IV, quo dies vicesimus, vicesimus primus, vicesimus secundus, vicesimus tertius et vicesimus quartus continentur, Antverpiæ (Anvers), Bernardus Albertus vander Plassche, 1739, pp. 791-794.
  • Martin Bouquet, “Ex vita S. Rigomeri confessoris”, in Rerum Gallicarum et Francicarum Scriptores. Tomus tertius. Recueil des Historiens des Gaules et de la France. tome troisiéme, contenant ce qui s'est passé dans les Gaules, et ce que les François ont fait sous les Rois de la premiere Race, par Dom Martin Bouquet, prêtre et religieux de la Congrégation de Saint Maur, Paris, Libraires associés, 1741, pp. 426-427.
  • Antoine Rivet de La Grange, ”Pierre moine de Maillezais“, in Histoire literaire de la France où l'on traite de l'origine et du progrés, de la décadence et du retablissement des sciences parmi les Gaulois et parmi les François, du goût et de génie des uns et des autres pour les lettres en chaque siécle, de leurs anciennes écoles, de l'établissement des universités en France, les principaux colleges, des académies des sciences et belles lettres, des meilleurs bibliothéques anciennes et modernes, des plus célébres imprimeries et de tout ce qui a un rapport particulier à la litérature, avec les éloges historiques des Gaulois et des François qui s'y sont fait quelque réputation, le catalogue et la chronologie de leurs écrits, des remarques historiques et critiques sur les principaux ouvrages, le dénombrement des différentes éditions, le tout justifié par les citations des auteurs originaux, par des religieux de la Congrégation de Saint Maur. Tome VII qui comprend les soixante-huit premieres années du onziéme siécle de l'Eglise, Paris, Osmont, Huart, Chabert, Clousier et Durand, 1746, pp. 599-602.
  • Louis-Etienne Arcere, Histoire de La ville de La Rochelle et du pays D'Aulnis, composee d'apres les auteurs et les titres originaux, et enrichie de divers plans, par M. Arcere, de l'Oratoire, de l'Académie Royale des Belles-Lettres de cette Ville. Tome premier, La Rochelle, René-Jacob Desbordes, 1756, pp. 599-600.
  • L.G.O. Feudrix de Bréquigny et F.J.G La Porte du Theil, Diplomata, chartæ, epistolæ et alia documenta ad res Francicas spectantia, ex diversis regnis, exterarumque regionum archivis ac bibliothecis, jussu regis christianissimi, multorum eruditorum curis, plurimùm ad id conferente congregatione S. Mauri, eruta. Notis illustrarunt et ediderunt L.G.O Feudrix de Bréquigny, unus è quadraginta viris Academiæ Franciæ, Incriptionum ac humaniorum litterarum Parisiensis academiæ, necnon antiquariorum Londinensium, etc. socius. F.J.G. La Porte du Theil, ejusdem Inscriptionum ac humaniorum litterarum Parisiensis academiæ, socius. Pars prima, quæ diplomata, chartas et alia id genus instrumenta, quotquot ab origine regni Francici repetita supersunt, vel huc usque anecdota, vel ad fidem manuscriptorum codicum diligenter recognita, comprectitur. Tomus primus, diplomata, chartas et instrumenta ætatis Merovingicæ exhibens, Parisiis (Paris), Joannes Lucas Nyon et filius (Jean-Luc Nyon et fils), 1791, pp. 24-26 et 38-39.
  • Anonyme, “26 août. Sainte Ténestine, vierge”, in Vies des saintes femmes, des martyres et des vierges, pour tous les jours de l'année, tirées des écrivains sacrés, des actes sincères, des martyrologes et des monumens les plus authentiques, dédiées aux dames chrétiennes et publiées sous la direction de plusieurs ecclésiastiques. Tome troisième, Paris, Thiérot et Belin, 1822, p. 219.
  • Alexandre du Sommerard, Les arts au moyen âge, en ce qui concerne principalement le Palais romain de Paris, l'Hôtel de Cluny, issu de ses ruines, et les objets d'art de la collection classée dans cet hôtel, par Adre du Sommerard. Tome 1, Paris, Hôtel de Cluny, p. 117.
  • Ambroise Guillois, L'Évangile en action, ou Histoire de la vie des saints qui se sont sanctifiés dans le Maine et l'Anjou, ou qui y sont spécialement honorés, ouvrage rédigé d'après les Bollandistes et les hagiographes les plus célèbres, et publié par M. l'abbé Ambroise Guillois (3 volumes, 484 p., in-18), Le Mans, Fleuriot, 1843.
  • Jean-Marie Pardessus (éd.) et † Louis Georges Oudart-Feudrix de Bréquigny (premier auteur), Diplomata, chartae, epistolae, leges aliaque instrumenta ad res Gallo-Francicas spectantia, prius collecta a VV. CC. de Bréquigny et La Porte du Theil, nunc nova ratione ordinata, plurimumque aucta, jubente et moderanteAcademia inscriptionum et humaniorum litterarum, edidit J. M. Pardessus, ejusdem Academiae sodalis. Tomus primus. Instrumenta ab anno 417 ad annum 627, Lutetiae Parisiorum (Paris), ex Typographeo regio (Imprimerie royale), 1843, première partie pp. 18-27, et deuxième partie n°CVIII pp. 72-74, n°CXVII p. 80 et n°CXXVII pp. 94-95.
  • L. P., « La légende de St Rigomer et de Ste Ténestine », in La Province du Maine 2/35 (29 août 1846) 275-279.
  • Pétin, “Ténestine (sainte)”, in Dictionnaire hagiographique, ou, Vies des saints et des bienheureux, honorés en tout temps et en tous lieux depuis la naissance du christianisme jusqu'a nos jours, Avec un supplément pour les saints personnages de l'Ancien et du Nouveau Testament et des divers âges de l'Église auxquels on ne rend aucun culte public, ou dont le jour de fête est inconnu, par M. l'abbé Pétin, prêtre du diocèse de Saint-Dié, publié par M. l'abbé Migne, éditeur de la Bibliothèque universelle du clergé, ou des Cours complets sur chaque branche de la science ecclésiastique. Tome second, Montrouge, J.-P. Migne, 1848, col. 1082.
  • Paul Piolin, “Saint Rigomer et sainte Ténestine”, in Histoire de l'Église du Mans, par le R. P. dom Paul Piolin, bénédictin de la congrégation de France. Tome premier (CXXXV+473 p.), Paris, Julien, Lanier et Cie, J. Lecoffre et Cie, 1851, pp. 168-176.
  • Auguste Voisin, Les Cénomans anciens et modernes. Histoire du département de la Sarthe depuis les temps les plus reculés, par l'abbé Auguste Voisin, membre de plusieurs Académies scientifiques, Paris, Julien Lanier et Cie, 1852, pp. 200-201.
  • Alexandre Adrien Geoffroy, Pélerinage historique et religieux à l'église et à la crypte de Vanhallan, près Palaiseau, par M. l'Abbé A. Geoffroy, curé de Vauhallan, Versailles, Beau jeune, 1860.
  • Albert Rilliet, “Conjectures historiques sur les homélies prêchées par Avitus évéque de Vienne dans le diocèse de Genève et dans le monastère d'Agaune en Valais, par Albert Rilliet, ancien professeur à l'académie de Genève”, in Genève, , 166, pp. spécialement pp. 54-57.
  • César Perruchot, “Un village inconnu”, L'Illustration (4 juin 1870), p. ?.
  • Abbé Leguicheux, “Saint Rigomer et sainte Ténestine, solitaires, au diocèse du Mans (VIe siècle)”, in Paul Guérin, Les Petits Bollandistes. Vies des Saints d'après les Bollandistes, le père Giry, Surius, Ribadexeira, Godescard, les propres des diocèses et tous les travaux hagiographiques publiés jusqu'à ce jour, par Mgr Paul Guérin, camérier de Sa Sainteté Pie IX. Septième édition revue et corrigée avec le plus grand soin et considérablement augmentée (toisième tirage). Tome dixième, du 18 août et 9 septembre, Paris, Bloud et Barral, 1876, pp. 166 (voir aussi pp. 188 et 220).
  • Vital-Jean Gauthier, “Saint Rigomer, Confesseur, et Sainte Ténestine, Vierge, 24 août”, in Pouillé du diocèse de Versailles, par l'abbé Gauthier, curé des Clayes et aumônier de l'asile départemental des Petit-s-Prés, membre de la Société des sciences morales, des lettres et des arts de Seine-et-Oise, de la Société de l'histoire de Paris et de l'ïle-de-France, de la Société archéologique de Rambouillet et de plusieurs autres sociétés savantes, avec approbation de monseigneur l'évêque, Paris, Victore Palmé (“Société générale de librairie catholique”), 1876, p. 154
  • A. Laude, Vies de saint Rigomer prêtre et de sainte Ténestine vierge (115 p., 28 p., extrait de La Semaine du Fidèle. Diocèse du Mans), Le Mans, Leguicheux-Galienne, 1881.
  • Gustave de Ponton d'Amécourt, “Les monnaies mérovingiennes du Cenomannicum. 6° Archidiaconé de Montfort”, Revue historique et archéologique du Maine 12 (1882), 5-36 (spécialement n°126, pp. 14-15, pour une monnaie de “Vernum”).
  • Hagiographi Bollandiani (Société des Bollandistes), ”Appendix ad cod. 5594. Vita s. Rigomeri presbyteri“, Catalogus codicum hagiographicorum Latinorum antiquiorum saeculo XVI qui asservantur in Bibliotheca nationali Parisiensi (4 volumes dont 1 d'index, 606 p., XV+646 p, 739 p., 101 p., contenant divers textes latins désignés comme appendices de manuscrits et publiés à la suite de leur description), Bruxellis (Bruxelles), apud editores (Société des Bollandistes) / Parisiis (Paris), A. Picard / Bruxellis (Bruxelles), O. Schepens (coll. “Subsidia hagiographica” 2), 1889-1893, tome 2, 1890, pp. 500-511.
  • Auguste Longnon, “Note”, Polyptyque de l'abbaye de Saint-Germain des Prés, rédigé au temps de l'abbé Irminon et publié par Auguste Longnon. Tome II (2e partie), Paris, Honoré Champion, 1886-1895, p. 8 note 1.
  • Gustave Busson et André Ledru, Nécrologe-obituaire de la cathédrale du Mans publié par G. Busson et A. Ledru, avec une table alphabétique des noms dressée par Eugène Vallée, Le Mans, Société des archives historiques du Maine (“Archives historiques du Maine” 7), 1906, pp. 11 et 223.
  • Pierre Anger, “Palaiseau”, in Les dépendances de l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés, par D. Anger. Tome deuxième. Seine-et-Oise, Ligugé, abbaye de Saint-Martin et Paris, veuve Poussielgue, 1907, p. 250.
  • Anonyme, “Petit almanach”, in Le Petit Journal. Supplément (26 août 1951), p. 15.
  • † Adrien Geoffroy (auteur intitial), Michel Giraud (préfacier) et Philippe Montillet (postfacier), Vauhallan pèlerinage historique et religieux. Réédition augmentée d'une préface par Michel Giraud président du conseil régional d'Île-de-France et d'une postface par Philippe Montillet (20 cm, VI+68+VII p., reproduction en fac-similé de l'édition originale de Versialles, 1860), Vauhallan, Essonne millénaire et Paris, Université culture, 1994.
  • Jacky Gélis, “Thèmes iconographiques au XIXe siècle”, in Acte 91, Vitraux religieux de l'Essonne, Évry, Mémoire d'Essonne, 1994, pp. 69-99, spécialement p. 82.
  • Pierre Wallez, Le Jeu de Rigomer et de Ténestine. Pièce patrimoniale (brochure au format A5, 72 p., pièce de théâtre en 11 scènes), Vauhallan, Les Amis de Rigomer et de Ténestine, 2000.
  • Frédéric Gatineau, “Rigomer et Tenestine”, in Ils sont passés en faisant le bien. Saints et saintes de l’Essonne (21 cm, illustrations, préface de Mgr Michel Dubost, évêque d'Évry-Corbeil), Évry, Info 91, 2004, p. 73.
  • Stéphane Baciocchi et Dominique Julia, “Reliques et Révolution française (1789-1804)”, in Philippe Boutry, Pierre-Antoine Fabre et Dominique Julia (éd.), Cultes et usages chrétiens des corps saints des Réformes aux révolutions, vol. 2, Paris, École des hautes études en sciences sociales (coll. “En temps & lieux”), 2009, p.483-585, spécialement p. 533.
  • Pierre Wallez, “Saints Rigomer et Ténestine”, L'écho de nos clochers. Paroisses du secteur paroissial de Palaiseau, Bièvres, Igny, Vauhallan, Le Pileu, Palaiseau, Lozère, Villebon, Villejust 2 (mars 2012) 2.
1)
On suit ici le texte de l'édition de la Pléiade par Jacques Boulanger, 1955, pp. 641-642. — Note de B.G.
2)
Rigomer. — Note de Le Cointe.
3)
Le Sonnois. — Note de Le Cointe.
4)
Souligné sous Vallon. — Note de Le Cointe.
5)
Le Maine. — Note de Le Cointe.
6)
Sæc. III Bened. parte I. p. 228. — Note de Lebeuf.
7)
Sæc. III. Bened. parte I. p. 228. — Note de Lebeuf.
8)
Bibl. nov. Mss. T. 2. p. 222 et Chron. S. Marentii ibid. — Note de Lebeuf.
9)
Dans le Breviaire du Mans on avance, que ce Saint étoit de sang Royal: ce que la Légende ne dit pas. Son corps est aujourd'hui dans la paroisse de Saint Nicolas de Maillezais. On l'appelle en ce pays-là Saint Rigomier. — Note de Lebeuf.
10)
Analec. Mabill. T. 3. — Note de Lebeuf.
11)
Voyez l'explication de ce monument, donnée par M. Baudelot au deuxiéme ou quatriéme des Mémoires de l'Académie des Inscriptions. Et dans le Mercure de 1728. Il faut observer qu'il y avoit encore alors bien du Paganisme dans les Provinces de Tours,de Rouen, et de Reims. Les Francs répandus dans les Gaules, y conserverent long-tems des restes d'idolâtrie, Baudonivie Religieuse de Poitiers, dit dans la vie de Sainte Radegonde, dont elle étoit contemporaine, que cette Sainte Reine avoit fait mettre le feu un Temple des Francs proche Soissons. — Note de Lebeuf.
12)
Pag. 73. — Note de Lebeuf.
13)
De hac voce ut significante Filias Regum vide plura exempla apud Cangium. — Note de Lebeuf.
14)
De Verno in cod. S. Genovefæ.
15)
Inde fortè colligas antiquitatem hujusce narrationis. — Note de Lebeuf.
16)
Vocatur Trudana in Gestis S. Innocentii Ep. Cenom. apud Bolland. — Note de Lebeuf.
17)
Per hanc vocem intellige quod hodie dicimus, fiancé, promis. — Note de Lebeuf.
18)
Fortè legendum indagari. — Note de Lebeuf.
19)
Cod. S. Genov. supra scriptæ villæ. — Note de Lebeuf.
20)
Ex hac repetitione et tinc liquet præcedentem periodum similiter incipientem à quodam fuisse insertam. — Note de Lebeuf.
21)
Epistola pro Litteris seu Charta legitur etiam in vita S. Consortiæ Virg. — Note de Lebeuf.
22)
Note de Gineste — Un prieuré bénédictin dépendant de l'abbaye de Josaphat et dédié à sainte Madeleine est édifié vers 1117-1130 par Nivard de Poissy à Davron, Yvelines. Il possédait un des rares exemplaire du célèbre Martyrologe d'Usuard, connu sous le nom de codex de Davron ou davéronien (Daveronensis), rédigé par Usuard, moine bénédictin de l'Abbaye de Saint-Germain-des-Prés à la fin IXe siècle.
23)
Childebertus, Clodovei Magni regis filius, patri successit in partem regni anno Christi 511, ut videsis apud Cointium ad eumdem annum num. 56 : obiit autem anno 558; quo idem auctor num. 65 varia colligit ad mortem ejus ac virtutes spectantia.
24)
Vultrogodis reginæ pietatem ac peregrinationem ad tumulum S. Martini laudat S. Gregorius Turonensis De miraculis ejusdem Sancti lib. I , cap. 12, columnâ 1015 editionis Ruinartianæ: ubi in notis sunt ista: Mss. fere omnes Ultrogotho. Sic quoque dicitur apud Fortunat., et in can. 15 concilii V Aurelian. Bec. Ultrogodis. Hæc fuit Childeberti I uxor; de qua et duabus ejus filiabus Greg. lib. 4 Hist. cap. 20, et Fortunatus lib. 6 Carm. 8. Sepulta est in sancti Germani a Pratis monasterii balilica. Eam inter sanctas reginas laudat auctor Vitæ sanctæ Balthildis his verbis: “De Ultrogotha fertur regina, Childeberti videlicet Christianissimi regis conjuge, eo quòd nutrix esset orphanorum, consolatrix pupillorum, sustentatrix pauperum et Dei servorum, atque adjutrix fidelium monachorum”. De tumulo ejus agitur apud laudatum editorem in Appendice columnâ 1377.
25)
Contigit divisio regni Francorum inter fratres quatuor, Clodovei filios, Theodoricum, Clodomerum, Childebertum et Clotarium, anna Christi 511; quorum hic tribus aliis supervixit, et solus totam Franciæ monarchiam adeptus est, anno Christi 561 vitâ functus. Quænam verò inter dictos fratres regni paterni partitio fuerit, ex antiquis scriptoribus colligit Cointius ad annum 511, num. 56. Sed hîc consideranda est partitio alia, post mortem Clodomiri, qui anno 524 obiit, facta inter Childebertum et Clotarium, de qua Gregorius Turonensis in Historia Francorum a Ruinartio edita lib. 3, cap. 18, columnâ 125: Hi quoque regnum Chlodomeris inter se æqua lance diviserunt, videlicet Aurelianense, quod mediam Franciæ partem continebat, et inter alias complectebatur provinciam Cenomanicam, situmque erat in Neustria, seu in Occidentali Francia. Consule Notitiam Galliarum Hadriani Valesii in voce Neustria. Ex his rectè intelligitur illud biographi nostri cùm… Neustriam sive Franciam forte inter se divisissent.
26)
al. quique
27)
Conjugium ejus cum Clotario rege probabiliùs accidisse anno 538, apud nos statuitur tomo III Augusti, die XIII, quo istius sanctissimæ reginæ Acta pag. 46 et seqq. sunt illustrata; ubi in Commentario prævio § 2 varia alia huc spectantia memorantur, ac § 3 expenduntur difficultates in miro hujus Sanctæ divortio cum Clotario.
28)
In Ms. anonymo sequuntur ista: Fuit namque primus abbas, ut a fidelibus viris refertur; et mox pergit cum nostro exemplari domnus Maximinus etc. Sanctus hic inscribitur Martyrologio Romano ad diem 15 Decembris. Quædam de || illo in antecessum, ac de fundatione monasterii Miciacensis in territorio Aurelianensi; sed tempore Clodovei regis; videri possunt in S. Euspicio confessore ad diem 20 Julii, tomo V ejusdem mensis pag. 72 et sequentibus, et in Annalibus Benedictinis Mabillonii tomo I, ad an. 515, num. 82.
29)
De hoc sancto abbate Miciacensi tractatur ad diem 17 Junii pag. 350.
30)
Vita ejus illustrata est ad diem 1 Julii pag. 85 et seqq.
31)
De vita illorum solitaria in Pertico, vide diem 1 Julii mox allegatum, pag. 86.
32)
Innocentis seu Innocentii episcopi Cenomanensis gesta Commentario prævio apud nos elucidata sunt die 19 Junii 9 tomo III istius mensis à pag. 854.
33)
De monasterio Anisolæ vel Aninsolensi actum est ad diem I Julii in Commentario prævio ad Vitam S. Carilefi § 2, pag. 87: ubi inter alia expenditur controversia de tempore, quo illud monasterium conditum est, et objiciuntur nonnulla adversus Acta episcoporum Cenomanensium. Mabillonius tomo I Annalium Benedictinorum ad annum 537 num. 45, pag. 78, Tempus, inquit, conditi Aninsulensis monasterii certò definire in promptu non est. Id factum constat eo tempore, quo Cenomanni Childeberto regi parebant: ac proinde post mortem Chlodomiri Burgundiæ regis, cui hæc provincia ex paterna hereditate, fortitione obvenerat. Vide quæ nuperrimè dicebam lit. C.
34)
Legi possunt ea, quæ ex Actis episcoporum Cenomanensium apud nos ad diem 19 Junii pagg. 859 et 860 memorantur de S. Innocente.
35)
Launomarus a nobis datus est tomo II Januarii, die 19, à pag. 229. Hæc, quæ ibi dicta sunt, conferri possunt cum collectione chrono-logico-historica, quam de eo habet Cointius tomo I Annalium eccl. Franc. ad annum 558, num. 79 et 80. Adi etiam Mabillonium tom. II Annalium Benedictinorum variis locis, quæ assignantur ibi in indice.
36)
Monasterium hoc situm est in pago Carnutensi Gallia, cujus abbas fuit S. Launomarus. Cointius proxime allegatus affirmat, asceterium Curbionense structum fuisse… anno Christi quingentesimo sexagesimo tertio. Vide Mabillomum tomo I ad annum 562. Quomodo igitur scribit hic biographus, supradicto auxilio Innocentem (nam de eo hic est sermo) illud Launomaro condidisse, qui utpote ab anno Christi 542 vel 543 fertur obiisse, secundum Comm. prævium, suprà num. 9?
37)
Condita, est locus certus, territorium, villa, apud Cangium, qui exempla varia producit.
38)
Cointius ad annum 541, num. 66 in pago Sonnensi, le Sonnois, qui pertinet ad episcopatum Cenomanensem: de quo plura habet Hadrianus Valesius in Sagona, et Sagonensi pago.
39)
Launillo, uti hic, vel Launildo; Cointius ad annum 541, num. 66 Launido. In Ms. anonymo vocatur sanctus; ubi etiam additur de Arverno, quod hîc etiam posui pro deuerno, quod erat in exemplari, è quo hanc Vitam damus. Nihil de hoc viro explorati habeo, quod lectorem docere possim.
40)
Ms. anon. bonis moribus.
41)
f. Martis fanum.
42)
Ms. anon. plurimus.
43)
Ms. anon. confortasset
44)
Ms. anon. Beata Tenestina
45)
Sanctam hanc seorsim mox dabimus.
46)
Ibid. ejus, videlicet beati Rigomeri
47)
Ms. anon. abstrahere conaretur, et missum Dei servum Rigomerum etc.
48)
f. casta
49)
Palatiolus à re nomen habet. Fuit enim villa publica vel regia, una de minoribus, inquit || Hadrianus Valesius; apud quem plura.
50)
Ms. anon. petitio.
51)
In honore, intellige vel per prolepsin, ut Sanctus postmodùm ibi honoratus fuerit, dum obierat, vel eo sensu, quem habes in Commentario prævio num. 12. Forte eadem hæc est ecclesia S. Rigomeri; de qua ibidem egi num. 8.
52)
Ibid. mendosè ipse et populus
53)
Deest aliquid, forsan tempore.
54)
Erat enim constructum illud monasterium inter fluvium Sarta et muros civitatis.
55)
Bondonnetus pag. 170 dicit, conventum illum, in quo Sancta obiit, esse ex parœciis civitatis, sub nomine de Gourdaines. Videri etiam potest Corvaiserius pag. 145.
56)
f. ob animas
57)
Postquam hujus historiæ auctor traxtasset de magno desiderio, quo ferebatur Theodelinus abbas || Malleacensis erga sacra pignora Sanctorum; subdit, quomodo idem abbas, dum è monasterio Angeriacensi ad Malleacense effet reversus, corpus S. Rigomeri acceperit.
58)
De antiquissima Sancti ecclesia egimus in Commentario prævio num. 8.
59)
Sagmarios, id est, equos clitellarios, farcinarium jumentum. Vide Cangii Glossarium.
60)
Urbs est notissima Gallia, vulgo Angers, ac provincia Andegavensis caput.
61)
De hoc sancto præsule ædisis tomum I Martii, die I ejusdem mensis, a pag. 54, ubi Acta ejus illustravimus.
62)
Existimo hîc indicari Fulconem Comitem Andegavensem, cognomento Nerram seu Nigrum, quia illi convenit tempus, quo hæc translatio peracta est. Mabillomus varia de hoc Comite inseruit Annalibus suis tomo 4, pag. 108, 347, 195, 269, 149 etc. De tempore autem istius translationis consule Comm. præv. 14.
63)
Situm est hoc monasterium in Turonico pago, inter Caesarodunum Turonum et Salmurum, haud procul a Ligeri ad Cambionem fluviolum; ex Mabillonio mox citato pag. 63, ubi etiam agit de ejusdem monasterii fundatione.
64)
al. Barcinonis.
65)
f. addendum videt
66)
Utinam miracula illa, si auctor hic postmodum ea conscripserit, et si forte alicubi lateant, ad nostram pervenissent notitiam!
67)
f. inlecebras pro illecebras.
68)
f. Vivebant.
69)
f. XVII.
70)
l. Captunaco.
71)
Haec Vita a doctissimo Abbate Lebeuf Canonico et Subcantore Ecclesiæ Autissiod. post Dissertationes in Historiam Parisiensem ab ipso nuperrimè editas, vulgata est ex Cod. mss. S. Germani a Pratis N. 499. olim 627. collato cum alio Cod. ms. S. Genovefae Paris. Hanc etiam ediderunt Bollandiani ad diem 14. Augusti, ex Cod. ms. ad P. Papebrochium misso a D. Claudio Castellano. Alio quoque exemplari usi sunt, quod Anonymum vocant. — Note de Bouquet.
72)
Regum filiae Reginae vocabantur, ut saepe notavimus. — Note de Bouquet.
73)
Radegundis, Bertharii Thoringorum Regis à fratre suo Hermenfrido occisi filia, à Chlotario Rege circa annum 519. captiva abducta est, eique nupsit anno circiter 538. Ejus Vitam infra daturi sumus. De Ultrogotha vide Tomum præcedentem pag. 725. — Note de Bouquet.
74)
Maximinus in loco Miciaco dicto infra Aurelianos Monasterium condidit. — Note de Bouquet.
75)
Maximino in regimen Miciacensis Monasterii successit Avitus. — Note de Bouquet.
76)
Conditum est hoc Monasterium eo tempore quo Cenomanni Childeberto Regi parebant, ac proinde post mortem Chlodomiri Burgundiæ Regis, cui hæc provincia ex piterna hereditate sortitione obvenerat. Vide Mabillonium Tom. I. Anna. Bened. ad an. 537. Num. 45. — Note de Bouquet.
77)
Monasterium Curbionense, vulgò S. Lomer le Moutier, structum est anno 562. vel sequenti: quomodo igitur Innocentius Cenomannorum Episcopus, qui anno 542. aut 543. obierat, Launomarum adjuvare potuit in hoc Monasterio construendo? — Note de Bouquet.
78)
Condita seu pagus Sagonensis, le Sonnois, cui nomen dedit Sagona castrum in Cenomannis, vulgo Songue, Baronatûs titulo olim illustratus est, ut notat Valesius in Not. Gall. pag. 494. — Note de Bouquet.
79)
In Codice S. Genovefæ, et in Codice quo usi sunt Bollandiani, de Verno. — Note de Bouquet.
80)
Trudana vocatur in Gestis Innocentii Episc. Cenomannensis. — Note de Bouquet.
81)
Si fides est Auctori hujus Vitae, jam Palatiolum, vulgo Palaiseau, villa erat regia tempore Childeberti I. — Note de Bouquet.
82)
Non ampliùs perseverat cultus S. Rigomeri in hac Ecclefia. Praetereà hæc verba inserta putat doctissimus Abbas Lebeuf. — Note de Bouquet.
83)
Ita habent Codices S. Germani et S. Genovefæ: ita ms. Anonymus apud Bollandianos. Codex D. Castellani, ubi et ipse populus…. solet, et sacras oblationes Domino offerre videtur. — Note de Bouquet.
84)
Situm erat hoc Monasterium in ea urbis Cenomannicæ parte, quæ Gourdaine vocatur: illud inter fluvium Sarta et muros civitatis collocant Diplomata a Mabillonio recitata Tom. 3. Analect. pag. 73. — Note de Bouquet.
86)
Apud Bollandianos Subligniacus, vulgò Souligné sous Vallon, tribus leucis ab urbe Cenomannica occidentem versùs. — Note de Bouquet.
87)
Obiit Rigomerur medio circiter sæculo sexto: mortis annus incertus. — Note de Bouquet.
88)
Regist. Ep. Par. — Note de Lebeuf.
89)
Dissert. sur l'Hist. de Paris 1739. T. 1. p.
Bolland. 24 Aug. — Note de Lebeuf.
90)
Not. 1: Chartam hanc edidit Mabillonius (pag. 249, col. 1) inter acta Episcoporum Cenomanensium, ad annum Christi 526 referendam, ut infra (Notâ 5.) monstrabimus. Porro falsitatem arguunt subscriptiones testium quae profecto supposititiae videntur. Cum enim octo legantur nomina subscribentium Episcoporum, ne unum quidem nomen ex his apparet in indicibus Episcoporum provinciae Turonicae, excepto nomine Innocentii tunc Episcopi Cenomanici. Aliam proferemus Chartam sub anno 638, Carilefo adscriptam, ex eodem fonte sumptam, et olim falsi damnatam, quae easdem ad unam exhibet subscriptiones Episcoporum ignotorum his temporibus et locis.
91)
Not. 2: Idem omninò prooemium habet Carilefi Charta, de quâ in notâ praecedenti, emendatius tamen, et cujus ope, plurima possint amanuensium menda corrigi, quibus scatet Charta Hildegarii quam recudimus.
92)
Not. 3: Uxor Hildegarii, quae hîc Truda dicitur, Carilefi Chartae subscripsit Trudanae nomine, et Trudana vocatur in Chartâ Tenestinae quam infrà videsis sub anno 637. Truda vero appellatur in Diplomate Childeberti anno 531 et in vitâ Rigomeri, quam ex veteribus mss. sancti Germani de pratis et sanctae Genovefae Parisiensis edidit D. Lebeuf inter dissertationes ad Ecclesiam Parisiensem spectantes.
93)
Not. 4: Ipsius Tenestinae Chartam mox subjiciemus (pag. 38).
94)
Not. 5: Annus hic secundus regni Childeberti incidit in annum Christi 526. In hâc enim Chartâ quae apud Cenomanos data est, regni Childeberti initium sumitur, non à morte Chlodovei, sed a morte Chlodomiris, quo defuncto, Childebertus incepit regnare in Cenomanos.
95)
Not. 6: Nomina Episcoporum hic apposita, frustra quaesieris inter provinciae Turonicae Episcopos, ut jam monuimus (not. I).
96)
Inserta est Charta haec precaria in actis Cenomanensium episcoporum (Analect. p. 250. col. 1.) à Mabillonio editis. Quae ibi leguntur non videntur absona iis quae narrantur de Tenestina et |39| de monasteriolo Sanctae Mariae, in vita (Apud Lebeuf, dissert. ad eccl. Paris. spect. p. 211.) S. Rigomeri: sed precarias Chartas medio seculo VI in usu jam fuisse, non aliis exemplis constat quam iis quae exhibent acta Cenomanensium episcoporum, valde suspecta Charta quam hîc edimus, omninò consonat Haregarii spuriae Chartae, a nobis relatae, p. 24 , nec eam majori fide dignam censemus. Ergò fuit ab omni collectione instrumentorum bonae notae merito ablegata. Quis enim sine vehementi falsitatis suspicione, subscriptionibus plusquam viginti vallatum hâc aetate instrumentum viderit, quas ipsissimas deprehendit ad calcem alterius instrumenti (Vide Carilefi chartam, sub anno 538 Jan. 18.) ejusdem fere temporis, et pro supposititio solemniter declarati? Quis utrumque turpem ejusdem falsatoris foetum non agnoverit?
97)
Si spuriae Chartae annum inquirere, operae pretium foret, hanc ad annum Chr. 537 referendam diceremus, anno scilicet regni Childeberti I decimo tertio, initio regni repetito a morte Chlodomiris, cui, dum vixit, Cenomani paruerunt.
98)
A.P., t.83, Paris, 1961, p.463, n°11, séance de la Convention du 30 nivôse an II (19 janvier 1794). L’adresse du Conseil général de la commune de Maillezais est datée du 22 frimaire an II (12 décembre 1793). — Note de Baciocchi et Julia.
99)
Note de Pardessus — Chartam hanc edidit Mabillonius inter acta episcoporum Cenomanensium, pag. 249, col. 1, ad annum Christi 526 referendam, ut infra monstrabimus. [Ediderunt etiam Mansi, suppl. t. I, pag. 395, et D. Labbat sub. titulo Conventus episcoporum ad Cenomanos, col. 927, qui eam ann. 527 tribuit.] Porro falsitate arguunt subscriptiones testium quæ profectò supposititiæ videntur. Cùm enim octo legantur nomina subscribentium episcoporum, ne unum quidem nomen ex his apparet in indicibus episcoporum provinciæ Turonicæ, excepto nomine Innocentii, tunc episcopi Cenomanici. Aliam proferemus chartam sub anno 738, Carilepho adscriptam, ex eo dem fonte sumptam, et olim falsi damnatam, quæ easdem ad unam exhibet subscriptiones episcoporum ignotorum his temporibus et locis.
100)
Note de Pardessus — Idem omnino proæmium habetCarilephi charta, de qua in nota præcedenti, emendatiùs tamen, et cujus ope, plurima possint amanuensium menda corrigi, quibus scatet charta Hardegarii quam recudimus.
101)
Note de Pardessus — Uxor Hardegarii, quæ hic Tuta dicitur, Carilephi chartæ subscripsit Trudanæ nomine, et Trudana vocatur in charta Tenestinæ quam infra videsis pag. 94. Truda verò appellatur in diplomate Childeberti infra pag. 80, et in vita S. Rigomeri , quam ex veteribus mss. Sancti Germani de Pratis et sanctæ Genovefæ Parisiensis edidit D. Lebeuf inter dissertationes ad ecclesiam Parisiensem spectantes.
102)
Note de Pardessus — Ipsius Tenestinæ chartam mox subjiciemus pag. 94.
103)
Note de Pardessus — Annus hic secundus regni Childeberti incidit in annum Christi 526. In hac enim charta quæ apud Cenomanos data est, regni Childeberti initium sumitur, non à morte Chlodovei, sed à morte Chlodomiri, quo defuncto, Childebertus incepit regnare in Cenomanos, [interemptis nefarie duobus Chlodomiri, parvulis filiis, tertioque inamonasterium relegato]
104)
Note de Pardessus — Nomina episcoporum hic apposita, frustra quæsieris inter provinciæ Turonicæ episcopos, ut jam monuimus, not. 7 pag. 72.
105)
Note de Pardessus — Editum à Mabillonio, Analect. pag. 150, col. 2, inter acta episcoporum Cenomanensium; recusum in Collectione scriptorum rerum Francicarum, t. IV, pag. 618. Nemini sane melioris notæ videbitur quàm Haregarii charta, quæ ibi confirmatur: hanc autem valde suspectam esse monstravimus, in notis eidem chartæ subjectis, vide suprà, pag. 72 et sqq.
106)
Note de Pardessus — De Truda Haregarii filia, vide notam 1 ad chartam Haregarii, pag. 73. Tenestinæ ipsius chartam infra referemus pag. 94. Dechartis commentitiis, in actis episcoporum Cenomanensium insertis, quarum plures in judicio solemni falsi damnatæ sunt, non semel in collectione nostra mentio recurret.
107)
Note de Pardessus — Annus VII regni Childeberti apud Cenomanos, incidit in annum Christi 531. Vide supra quæ notavimus, pag. 77, not. 2, ad diploma Childeberti, anno IIl regni ejus.
108)
Note de Pardessus — Mabillonius, de arte diplomatica docet pro Opatinaco legendum esse Captunaco [nunc Chatou ad Sequanam], cui assentiuntur editores Collectionis script. rerum Francicarum, t. IV, pag. 619 , not. b; [vid. infra pag. 103, not. 1.]
109)
Inserta est charta hæc precaria in actis Cenomanensium episcoporum à Mabillonio editis, Analect. pag. 250 , col. 1. Quæ ibi leguntur non videntur absona iis quæ narrantur de Tenestina et de monasteriolo Sanctæ Mariæ, in vita S.Rigomeri, apud Lebeuf, Dissert. ad eccl. Paris. spect., pag. 211; sed precarias chartas medio seculo VI in usu jam fuisse, non aliis exemplis constat quàm iis quæ exhibent acta Cenomanensium episcoporum, valdè suspecta. Charta quam hic edimus, omninò consonat Haregarii spuriæ chartæ, à nobis relatæ, pag. 72, nec eam majori fide dignam censemus; ergo fuit ab omni collectione instrumentorum bonæ notæ meritò ablegata. Quis enim sine vehementi falsitatis suspicione, subscriptionibus plusquam viginti vallatum hac ætate instrumentum viderit, quas ipsissimas deprehendit ad calcem alterius instrumenti ejusdem ferè temporis, et pro supposititio solemniter declarati; vide Carilephi chartam, sub anno 538, pag. 98 infrà. Quis utrumque turpem ejusdem falsarii fætum non agnoverit?
110)
Note de Pardessus — Si spuriæ chartæ annum inquirere operæ pretium foret, hanc ad annum Chr. 537 referendam diceremus, anno scilicet regni Childeberti I decimo tertio, initio regni repetito à morte Chlodomiris, cui, dum vixit, Cenomani paruerunt; vid . pag. 74, not. 1.
111)
Il nous semble que c'est à tort que M. Cauvin dit dans la Statistique de l'arrondissement de Mamers, art. Mamers, p. 13, que saint Longis renversa vers le milieu du VIIe siècle un temple de Mars, situé en ce lieu : celui qui détruisit ce temple et qui prêcha la bonne nouvelle de l'Evangile aux peuples de ce pays est évidemment saint Rigomer. Au rapport de Corvaisier, auteur de l'Histoire des Évêques du Mans, Mamers tire son nom de ce temple de Mars qui y était établi avant le christianisme, et la tradition veut que l'Eglise de St.-Nicolas ait été construite dans l'emplacement même du vieux temple payen. — Note de L.P.
112)
L'édition du Ms. que nous traduisons ici emploie le terme oleum, que nous avons cru de voir traduire par huile. Nous ne savons pourquoi l'auteur de l'Evangile en action l'a traduit par eau. — Note de L.P.
113)
Palaiseau, n’est plus qu’un simple bourg du département de Seine-et-Oise, dans l’ancienne Île de France. — Note de L.P.
114)
L'histoire de cette Translation a été écrite par Pierre, moine de Maillezais, et publiée par Labbe, Nouvelle Biblioth., t. II, août, pag. 234. — Note de L.P.
115)
Et non pas Saint-Rémi-des-Monts, comme le dit par erreur l'auteur de l'Évangile en action, t. II, p. 525. — Note de L.P.
116)
Videlicet villam S. Rigomeri de Plano. (Ex compendio hist. Culturæ.) — Note de L.P.
117)
M. Pesche dit le contraire; il prétend que ce saint corps fut emporté dans le monastère de Fleury ou Saint Benoit-sur-Loire. Il ne cite point ses autorités et parait seul de son avis. Dict. Statist. T. VI, p. 211. — Note de L.P.
118)
In illis quidem temporibus, ut veracium et fidelium hominum testimoniis approbatur, et cognitum est per multos fideles, ortus est in condita Saugonensi ex liberis parentibus, vir sanctus ac religiosus, et bonis moribus ornatus Rigomerus Dei famulus, qui ab infantia sacris litteris eruditus est a quodam religioso presbytero sancto Launillo de Arverno, vel a quibus potuit quaesivit de verbo Dei bonum consilium humilitatis, et castitatis, vel sanctae meditationis… — Acta Sanctorum, ad diem xxiv augusti, Vita sancti Rigomeri, num. 4. — L'auteur de cette vie nous est inconnu, aussi bien que l'époque précise où il a vécu; on peut cependant croire avec fondement qu'il a fleuri au VIIe siècle, et qu'il était moine dans quelque monastère du diocèse du Mans, comme le prouvent les num. 2 et 3 de son ouvrage. Voici le jugement que Dom Rivet porte de cet auteur: “Son ouvrage retient tout le génie et la manière d'écrire de ce temps-là: ce que nous entendons seulement des légendaires judicieux qui ne cherchaient point à charger leurs écrits de lieux communs, et de choses qu'ils tiraient de leur propre fonds, ou à y faire entrer du merveilleux et de l'extraordinaire.” — Histoire littéraire de la France, tom. V, Avertissement, pag. VI. — Cette vie n'était point connue lorsque le P. Pinius la donna dans les Acta Sanctorum, au tom. IVe d'août, avec de savantes et judicieuses remarques. La même année, l'abbé Le Beuf en donna une autre édition, sur deux manuscrits, l'un de Saint-Germain-des-Prés, l'autre de Sainte-Geneviève, à Paris. — Le Beuf, Dissertations sur l'Histoire ecclésiastique et civile de Paris, tom. I, pag. 211-218. − Note de Piolin.
119)
Saint-Rigomer-des-Bois, Sanctus Rigomerus de Silva ou de Nemore, près de la forêt de Perseigne. Cette paroisse honore saint Rigomer comme son patron; une autre paroisse, placée aussi sous son invocation, après avoir porté son nom, a adopté depuis de patronage de saint Rémi; c'est Saint-Remi-du-Plain, Sanctus Rigomerus de Piano, puis Sanctus Rémigius de Piano. La paroisse de Souligné-sous-Vallon est également sous le patronage de saint Rigomer. − Note de Piolin.
120)
Launillus ou Launildus, ou, dans le P. Le Cointe, Annales Ecclesiastici Francorum, ad annum 541, num. 66. Launidus. — Ce pieux personnage ne nous est connu que par ce seul mot du légendaire, qui lui donne d'ailleurs le titre de saint. − Note de Piolin.
121)
… Ac proinde ex Dei providentia, testimonio fidelium populorum, sacerdos Dei probatus effectus est. — Vita sancti Rigomeri, num. 4. − Note de Piolin.
122)
Vita sancti Rigomeri, num. 5. − Note de Piolin.
123)
Et audiens ipse Sanctus in proximo loco antiquum fanum esse, quod vocabat populus Morifanum, quod populus vencrabatur, et cui diabolica et illicita vota suis muneribus persolvebant… et ipso fano destructo basilicam in eodem loco ædificaverunt, ubi sacræ oblationes Deo nunc videntur offerri. — Vita sancti Rigomeri. num. 6. − Note de Piolin.
124)
… Quam cum sanctus Rigomerus causa pietatis pro caritate visitasset, et per orationem et infusionem olei benedicti ipsam fæminam confortare cœpisset… — Vita sancti Rigomeri, num. 7. − Note de Piolin.
125)
Vita sancti Rigomeri, num. 7. − Note de Piolin.
126)
Département de Seine-et-Oise. − Note de Piolin.
127)
Sed contigit secundum antiquam consuetudinem, ut in quorumdam hominum cordibus, malitiæ stimulos inimicus contra ipsam commoveret… hoc istam libidine, non caritate facere calumniabantur… Tunc ipsi maligni hommes sponso ipsius puellœ, Severo nomine, nuntiaverunt dicentes; quod sponsa ipsius Tenestina quemdam clericum nimis singulari dilectione diligeret… Quod audiens vir ille, credidit, indignatione replelus, in malmn recepit, quod pro caritate fuerat factum… Qui summa festinatione ad palatium pergentes pariter intrepidi, eo quod de vana susceptione ipsi innocentes calumniabantur, uterque, scilicet famulus Dei Rigomerus et Tenestina, fiducialiter ante ipsum principem vel seniores populi pervenerunt, et in loco, qui Palatiolus vocatur, producti et præsentati sunt, habentes candelas sive cereolos, munera religiosa quæ pro oblationibus, in prœsenti, regi obtulerunt. — Vita sancti Rigomeri, num. 8 et 9. − Note de Piolin.
128)
Sed aliqui seniores verba blasphemiæ, præsente rege, dixerunt: sacerdotes tales, qui aliorum seducant uxores!… Et cum hoc rex ille domnus Childebertus, vel seniores palatii vidissent, statim ad genua sive vestigia sanctorum sese incurvaverunt, petentes indulgentiam pro laboribus vel fatigationibus quas eis fecerant. — Vita sancti Rigomeri, num. 10. − Note de Piolin.
129)
Vita sancti Rigomeri, num. 11. − Note de Piolin.
130)
Tunc rex in suprascripta villa Palatiolo basilicam fieri jussit in sancti Rigomeri honore… — Vita sancti Rigomeri, num. 11. — Le P. Pinins offre différentes explications de ce texte vraiment difficile; peut-ètre celle que nous donnons ici paraîtra satisfaisante à quelques lecteurs.
131)
Vita sancti Rigomeri, num. 12 et 13. − Note de Piolin.
132)
Le 24 août. − Note de Piolin.
133)
Vita sancti Rigomeri, num. 1 et 13. − Note de Piolin.
134)
Dom Labat, Concilia Galliæ, tom. i, col. 927. — Guettée, Histoire de l'Eglise de France, tom. II. − Note de Piolin.
135)
Vita sancti Rigomeri, num. 12. − Note de Piolin.
136)
Acta Sanctorum, ad diem XXIV augusti; Pinius, de sancta Tenestina, num. 4. − Note de Piolin.). Cette sainte vierge vécut jusqu'à l'épiscopat de saint Domnole, |176| et fut enterrée dans la basilique des saints Apôtres, au-delà de la Sarthe((Le P. Pinius, loc. cit., cherche à prouver que tous les auteurs qui ont écrit avant lui sur sainte Ténestine, sont tombés dans l'erreur en donnant à cette vierge le titre d'abbesse, que les monuments anciens ne lui attribuent pas; mais il pourrait se faire que ce savant se fut lui-même trompé. En effet, il est certain que Ténestine était supérieure et mère d'une communauté de vierges: Alma mater Virginum prima data a Domino, comme s'exprime une hymne ancienne en son honneur; or, il suffit que cette qualité lui soit assurée, car dans les temps où elle vécut, le nom d'abbesse était commun à toutes les supérieures qui étaient chargées de conduire une communauté de vierges. — Voyez Ducange, Abbatissæ. — Au lieu de Tenestina, on lit, dans une pièce de vers composée à sa louange, le nom de Theonefana. Peut-être, dit le P. Pinius, cette sainte vierge avait-elle deux noms. Nous apprenons du biographe de saint Rigomer à peu près tout ce que nous savons de sainte Ténestine; quant à la pièce de vers dont nous venons de parler, elle ne contient presque aucun renseignement, et la poésie en est peu remarquable. − Note de Piolin.
137)
Lecorvaisier, etc.
138)
Les Bollandistes, 24 août
139)
Vet. anal., III.
140)
Cette fondation est antérieure à l'année 537, époque à laquelle sainte Ténestina, étant de retour au Maine, ainsi que saint Rigomer, prit le voile des mains de saint Innocent, évêque du Mans. (Bolland., acta Augusti, t. IV, De S. Rigomero et S. Tenestina.
141)
Tous ces faits sont tirés de la vie de saint Rigomer, publiée d'après le manuscrit original: (N° 499, Olim. 627, fonds Saint-Germain-des-Prés, aujourd'hui à la bibliothèque impériale); 1° par l'abbé Lebœuf dans ses Dissertations sur l'histoire de Paris; 2° par les Bollandistes, Acta Augusti, t. IV, page 783; 3° par les éditeurs des Historiens de France, t. II, p. 428.
142)
Voir la vie de saint Rigomer à la seconde partie de la notice sur la crypte.
143)
On ne doit pas, dit l'éditeur de la vie des Saints, conclure de ce passage (in sancti Rigomeri honore) que le roi Childebert ait rendu à saint Rigomer vivant, des honneurs qui ne sont dus qu'aux habitants du ciel, mais que par respect et affection pour lui, ou pour consacrer la mémoire du miracle insigne qui attesta sa sainteté, le roi fit élever une église à Dieu, qui seul fait les miracles.
144)
Ubi et ipse populus modo convenire ad orationem solet, et sacras oblationes domino afferre videtur. (10.
145)
“Le peuple qui est dans la bonne foi, croit que saint Barthélemi, apôtre, est patron de cette église, parce que de temps immémorial la fête titulaire a été célébrée le 24 août. Mais pour revenir de ce préjugé, il faut savoir que l'on a des exemples comme on s'est déjà trompé ailleurs de la même manière, en prenant pour patrons d'églises quelques saints apôtres, quoiqu'ils ne le fussent pas, et que ce fussent d'autres saints décédés anciennement le jour auquel les fêtes de ces apôtres ont été depuis fixées. Tel est saint Eptade, patron de Cervon au diocèse d'Autun, décédé le 24 août au vie siècle, que le peuple appelle saint Barthélemi. Saint Ouen, évêque de Rouen, mort le même jour, est pris pareillement pour saint Barthélemi en quelques endroits, à cause du concours de sa fête. On pourrait rapporter d'autres exemples de lieux où saint Jacques le Majeur fait perdre, au 25 juillet, le souvenir de saint Christophe, et où saint Jacques le Mineur a fait éclipser au 1er mai la mémoire des saints en grand nombre dont la fête est le même jour. Étant donc assurés par la vie de saint Rigomer, prêtre du pays du Maine, que lorsqu'elle fut écrite, il y avait une église de son nom dans les limites de la terre royale de Palaiseau alors fort étendue, et étant également certains que la mort et la fête de ce saint tombent au 24 août, il en reste à conclure que c'est saint Rigomer qui était le saint titulaire de Vauhallan au VIIe et VIIIe siècles, mais que l'établissement du calendrier romain en France sous Charlemagne ayant introduit au 24 août la fête particulière de saint Barthélemi, cette fête d'apôtre ayant été chômée partout, il a été impossible par la suite de distinguer ceux qui chômaient pour un autre saint ce jour-là, d'avec ceux qui chômaient pour saint Barthélemi, avec le commun des autres églises du royaume. C'est ainsi que le culte de saint Rigomer est tombé ici en oubli.” (Lebœuf, Histoire du diocèse de Paris, t. VII, p. 512.
146)
D'après le recueil des Bollandistes, Acta Augusti, t. IV, f°783, M. l'abbé Voisin, très-versé dans l'histoire du diocèse du Mans, a bien voulu nous communiquer quelques renseignements supplémentaires fort intéressants.
147)
Sainte Ténestina était fille de Trudana et de Haregaire (Haregarius).
148)
D. Mabillon donne à saint Rigomer le nom de père spirituel de sainte Ténestina.
149)
Ce couvent était au-devant de la cathédrale du Mans, en dehors de la cité gallo-romaine, au pied du rempart, à la poterne de Gourdaine. Au temps de saint Aldrik, il tombait en ruines, mais jusqu'à la révolution du siecle dernier, l'église était celle de la paroisse de Gourdaine.
150)
De l'autre côté de la poterne de Gourdaine, mais à l'intérieur du mur gallo-romain. A la fin du dernier siècle, c'était encore une des maisons canoniales de la cathédrale. De nos jours, le séminaire diocésain, puis l'école des Frères de la Doctrine chrétienne, en occupèrent les bâtiments. La maison est aujourd'hui rasée. L'ancien oratoire occupait une tour du rempart, debout encore avec ses portes et ses fenêtres gallo-romaines.
151)
Note de Rilliet. — Orose (406), en rendant compte à saint Augustin de l'ouvrage qu'il avait entrepris sur son ordre, lui dit: “Praeceperas mihi ut scriberem adversus vaniloquam pravitatem eorum qui, alieni a civitale Dei, ex locorum agrestium compitis et pagis, pagani vocantur, sive gentiles.” “Historiarum Praefatio, 3.
152)
Note de Rilliet. — Voyez Beugnot, Hist. de la destruction du Paganisme en Occident, Paris, 1835, 2 vol. 8°, t. II, p. 314-16.
153)
Note de Rilliet. — ”Catholici, qui ad idolorum cultum revertuntur, vel qui cibis idolorum utuntur, ab ecclesiae coetibus arceantur.“ IIe concile d'Orléans, canon 20, dans Labbe, Concilia, t. IV, p. 1782.
154)
Note de Rilliet. — ”Nuperrimo tempore, quum, navem ascendens, Italiam peterem, multitudo paganorum mecum ingressa est, inter quos et ego tantum solus eram, inter illam rusticorum multitudinem , christianus…. Ortâ tempestate, coepi invocare nomen Domini…. pagani vero invocabant deos suos, et ille Jovem, iste Mercurium proclamabat, alius Minerva, alius Veneris auxilium implorabat.“ Grégoire de Tours, Vitae Patrum, c. 17.5.
155)
Note de Rilliet.Acta Sanctorum des Bollandistes, 24 août, p. 787, et dans le Recueil des historiens de la Gaule, de dom Bouquet, t. III, p. 427.
156)
Note de Rilliet. — Voyez Beugnot, ouvrage cité, t. II, p. 327-43.
157)
Cervaisier. — Note de Laude.
158)
La plupart des détails que nous avons sur saint Rigomer et sainte Ténestine sont dus à un moine anonyme du pays, qui, à la prière du clergé et du peuple, écrivit les actes de ces deux saints un siècle environ après leur mort, sous ce titre: Vita S. Rigomeri confessoris et S. Tenestinæ virginis. C'est un document des plus précieux de cette époque. — Note de Laude.
159)
Il ne faut pas confondre, comme on l'a fait quelquefois, saint Rigomer, nommé par certains auteurs Richomer, Rigoumer, Rigomier et même Richmir, avec un saint Richmir ou Rimé, originaire de la Touraine, qui, un siècle environ après notre compatriote, construisit un monastère sur les bords du Loir et fut ensuite chargé, par l'évêque Aiglebert, de diriger le monastère Saint-Aubin, près du Mans. (Voir à ce sujet l'abbé Lebœuf, Dissertations sur l'histoire ecclésiastique de Paris, tome 1). — Note de Laude.
160)
A. de Guéroust, auteur d'une histoire inédite du Saosnois, prétend que le conquérant des Gaules étant venu, à cette époque, assiéger Nogent-le-Rotrou, fut repoussé vers une forêt, appelée alors Persognia, et que les 6e et 14e légions de son armée, composées en grande partie de vétérans épuisés de fatigue, refusèrent de le suivre plus longtemps et s'établirent dans la forêt avec leurs femmes et leurs bagages. Outre le temple de Vénus dont il vient d'être parlé, ils élevèrent encore ceux de Mars (Mamers) et de Cérès (Cerisay). Voir Pesche, art. Saosnois et saint Rigomer. — Note de Laude.
161)
O tales sacerdotes qui aliorum seducant uxores!… (Vita S. Rigom. n. 10.). — Note de Laude.
162)
Petrus Malleacencis monachus, de Cœnobio Malleacensi apud Labbe Bibliotheca mss., t. 2, p. 234 et seq. — Note de Laude.
163)
Chronic. Malleac. apud Labbe, t. II, biblioth. — Note de Laude.
164)
V. D. Piolin, Hist. de l'Église du Mans, t. III, p. 82. — Note de Laude.
165)
Lebeuf, Dissert. sur l'hist. de Paris. 1739. — Note de Laude.
166)
Saint-Rigomer-des-Bois, Saint-Remi ou Rigomer-du-Plain, Souligné-sous-Vallon et Colombiers (diocèse de Séez). — Note de Laude.
167)
Voir Géographie de Cauvin. V° Rigomerus.. — Note de Laude.
168)
V. Acta Sanctorum O. S. B., vol. VI, p. 133. — Note de Laude.
169)
D. Piolin, t. II, p. 404. — Note de Laude.
170)
Vie de Gauzlin, apud D. Piolin, t. III, p. 55.. — Note de Laude.
171)
Saussaye, Annales eccles. Aurelia.n, lib. XII, 41. — Note de Laude.
172)
Corvaisier, p. 145; Bondonnet, p. 170; Pesche, art. Saint-Rigomer-des-Bois (il se rétracte à l'art. Souligné-sous-Vallon); D. Piolin, t. III, p. 82; J.-B. Guyard de la Fosse, p. 48, etc. — Note de Laude.
173)
Ex quodam codice ms. On peut lire cette hymne dans les Bollandistes, après la vie de sainte Ténestine (24 août). Elle paraît avoir été composée spécialement pour la ville du Mans. Notre sainte y est appelée Theonefana. Un scrupule liturgique empêcha cet office d'être admis par la commission chargée de composer le Propre du diocèse, lors du retour au rit romain. Espérons que l'exclusion touchant le culte de notre glorieuse compatriote sera un jour moins absolue. — Note de Laude.
174)
quae hic uncinis inclusa sunt, adjecit alia manus in margine vel supra lineam.
175)
cod. prospera.
176)
cod. Cetatur.
177)
Note de Busson et Ledru. — Bibl. mun. d'Angers, ms. 886. Note de Grandet (XVIIe siècle). — Revue de l'Anjou, t. LIII, p. 25. note 2. — Il existe à Paris deux copies, ou plutôt deux extraits, des XVIIe et XVIIIe siècles, de notre Nécrologe (Bibl. nat., f. lat., n°s 9206 et 10038. Le n° 10038 se trouve dans les Papiers de dom Briant relatifs à l'histoire du Maine). Ils n'ont aucune importance pour nous, puisque c'est le ms. 244 qui a servi à les constituer.
178)
Note de Busson et Ledru. — L'obit du cardinal Guillaume de Braio, mort en 1282, n'est pas du corps du manuscrit, il est vrai; il a pu être inséré après 1284, mais avant 1286. Voir p. 98.
179)
Note de Busson et Ledru. — Voir p. 122.
180)
Note de Busson et Ledru. — L'anniversaire du cardinal de Luxembourg n'est pas inscrit. Le cardinal, un des plus grands bienfaiteurs de la cathédrale, avait pourtant donné, le 15 avril 1507, dix mille écus et soixante livres de rente pour la fondation de son anniversaire. Arch. du Chap. du Mans, B 15, p. 41
181)
Note de dom AngerNotice historique sur Palaiseau, par Du Mesnil.
182)
Note de dom Anger — Dubreuil, Antiq. paris., p. 336; Dubois, Hist. Eccl. Paris., I, p. 247.
183)
Note de dom Anger — Dubois, Hist. Eccl. Paris., I, p. 247.
184)
Dubreuil, Ant. de Paris, p. 336.
185)
Note de dom Anger — Bonnin.
186)
Je dois la connaissance de ce vitrail à Mme la Secrétaire de la mairie de Saint-Rigomer-des-Bois, que je tiens à remercier ici. — Note de Troupeau.
187)
Note de Gineste. — Corrigez: 511-538.
188)
Note de Gineste. — Il s'agit en fait de celui de sainte Geneviève.
h/rigomer.txt · Dernière modification: 2024/01/11 19:18 de bg